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Ce document ne prétend pas à l'exhaustivité, il constitue une contribution aux débats

des participants aux rencontres des collectivités locales.

© Direction Générale des Collectivités Locales


Conception et réalisation : CLE-Etudes
Impression : Imprimerie El Maârif Al Jadida
Dépôt légal : 2006/2740
ISBN : 9954-0-4474-4
SOMMAIRE
Introduction : La décentralisation et la gouvernance locale au Maroc............................................................. 5

CHAPITRE PREMIER : CADRE RELATIONNEL ENTRE L’ETAT ET LES COLLECTIVITES LOCALES ................ 6
1. Extension du champ de compétences des commune ........................................................................................... 6
1.1. Développement économique et social....................................................................................................................... 6
1.2. Services publics communaux et équipements collectifs ..................................................................................... 7
1.3. Actions socio-culturelles................................................................................................................................................... 7
1.4. Protection de l’environnement ...................................................................................................................................... 8
2. Mode d’intervention de l’Etat dans les villes ............................................................................................................ 8
3. Recentrage des missions de l’Etat .................................................................................................................................. 9
4. Perspective de modernisation et d’amélioration des relations Etat-villes ............................................. 10
5. La déconcentration, condition incontournable pour la réussite de la gouvernance
des villes.................................................................................................................................................................................... 10

DEUXIÈME CHAPITRE : LA COOPÉRATION ET LE PARTENARIAT ENTRE LES ACTEURS LOCAUX ......... 12


1. L’intercommunalité.............................................................................................................................................................. 12
1.1. Les dispositions juridiques régissant l’intercommunalité ................................................................................. 12
1.2. Bilan de l’intercommunalité au Maroc...................................................................................................................... 13
1.3. Les facteurs du faible recours à l’intercommunalité............................................................................................ 14
1.4. Pour un renouveau de l’intercommunalité ............................................................................................................. 15
1.5. Les pistes de réformes..................................................................................................................................................... 16
2. Rapports villes – partenaires locaux (secteur privé, société civile…) ........................................................ 19
2.1. Partenariat villes-secteur privé .................................................................................................................................... 19
2.2. Partenariat villes-société civile..................................................................................................................................... 21
2.3. L’expérimentation des techniques de management public local .................................................................. 22

TROISIÈME CHAPITRE : RÉGIME JURIDIQUE DES COMMUNES URBAINES DE PLUS DE 500.000


HABITANTS..................................................................................................................................... 23
1. Les mesures d’accompagnement du passage à l’unité de la ville................................................................ 25
2. Difficultés nées des relations du conseil communal avec les conseils d'arrondissements.............. 25
2.1. Relation entre la commune et le conseil d'arrondissement ............................................................................. 25
2.2. Relation entre le bureau du conseil communal et les présidents des conseils d'arrondissement..... 26
2.3. L'urbanisme......................................................................................................................................................................... 26
2.4. Le régime financier des arrondissements................................................................................................................ 26
2.5. L'état civil ............................................................................................................................................................................. 27
2.6. Le rapporteur du budget ............................................................................................................................................... 27
2.7. La police administrative communale ....................................................................................................................... 27
2.8. Statut de l’élu de l’arrondissement. ........................................................................................................................... 27
3. Piste de réformes .................................................................................................................................................................. 27
3.1. Propositions d’ordre général ........................................................................................................................................ 27
3.2. Propositions particulières .............................................................................................................................................. 28

4
INTRODUCTION pluriannuelle, nécessaires au dévelop-
pement harmonieux des grandes villes.
La problématique de la gouvernance des
villes est aujourd'hui universelle et fait Cette réforme permettra aux villes
l'objet d'un débat très large au sein des d’assumer parfaitement leur rôle de pôles
instances internationales. nationaux ou régionaux, de locomotives de
développement économique et social et
Nos villes, sont appelées à exercer des
d’espaces compétitifs offrant un environ-
missions de plus en plus complexes, dans
nement propice pour la promotion des
un contexte national caractérisé par une
investissements et la création des richesses.
croissance urbaine rapide qui soulève le
problème d’amélioration des services Tirant les enseignements des trois décennies
rendus aux citoyens. d’expérience communale, le débat porte
Le Royaume du Maroc, dès l’indépendance, aujourd’hui sur les aspects juridiques et
avait mis en place les premiers jalons du institutionnels de la problématique de la
processus de décentralisation qui visait à ville, la mobilisation des ressources
associer la population à la gestion des nécessaires à la réalisation des projets de
affaires tant dans les villes que dans le développement de la ville, ainsi que
monde rural. l’implication de tous les acteurs de la
décentralisation : l’Etat (départements
Grâce à la charte communale de 1976 qui a ministériels et établissements publics), les
marqué un tournant important dans la collectivités locales, les opérateurs privés et
gestion locale au Maroc, la décentralisation la société civile.
connaîtra un nouvel essor suite à la réforme
engagée par le Royaume par l’adoption,en Comment les villes marocaines doivent-elles
2002, d’une nouvelle Charte Communale qui tirer partie des opportunités qu’offrent les
constitue un véritable saut qualitatif en nouvelles approches de partenariat pour le
matière de gouvernance locale. développement des grandes agglomé-
rations ?
La nouvelle charte communale a renforcé
l’ancrage de la démocratie de proximité et Face aux enjeux de la gestion complexe des
a consolidé les espaces des responsabilités villes, que doit-on privilégier, le dévelop-
locales. Elle a consacré l’extension des pement des services municipaux ou du
attributions de la commune en tant secteur privé ?
qu’acteur du développement économique La question de la participation des
et social, fédérateur des différentes populations étant étroitement liée aux
initiatives locales. enjeux d’une démocratie de proximité,
Elle a innové en matière d’organisation des comment mieux faire participer les
villes, en mettant fin aux inconvénients habitants et la société civile aux projets de
inhérents au régime des communautés développement des grandes villes ?
urbaines, notamment sur les plans du Enfin, la gouvernance des villes pose la
chevauchement des compétences, des question du développement durable,
disparités économiques et financières, de devenue particulièrement cruciale dans le
l’éparpillement des ressources et de la but de préserver l’environnement et le
dispersion des actions et des efforts. Elle patrimoine socio-économique et culturel
devra permettre aussi d’avoir une vision qui détermine le devenir de nos villes et
globale de développement de l’espace l’héritage que nous léguerons aux géné-
urbain et une planification stratégique rations futures.

5
Chapitre premier
CADRE RELATIONNEL ENTRE L’ETAT
ET LES COLLECTIVITÉS LOCALES

1. Extension du champ de compétences des soit accompagné du transfert des


communes ressources nécessaires à leur exercice.
En effet, en consacrant « la clause générale
Le mouvement de décentralisation,
de compétence », la charte communale
consacré en 1976 et consolidé en 2002, a
permet aux conseils communaux
opéré plusieurs innovations visant le
d’intervenir dans des domaines très variés,
renforcement du processus de décentra-
de façon à ce que les compétences
lisation et l’ancrage de la démocratie
communales s’entrecroisent avec celles de
locale. A cet effet, la sphère des responsa-
l’Etat et des autres collectivités locales, qui
bilités communales a été largement
interviennent en vertu des textes en
étendue à de nouveaux champs de
vigueur, dans divers domaines.
compétences, sous forme, soit d'attri-
butions propres, soit de compétences Les compétences locales sont réparties
transférables. entre les trois catégories de collectivités
locales (région, préfecture ou province et
La nouvelle loi a établi une nouvelle commune). La cogestion forme donc le
typologie des compétences propres sous cadre le plus courant de l’exercice de
forme de sept blocs portant sur : certaines compétences telles que
• le développement économique et social ; l’environnement, l’urbanisme, l’aména-
• les finances, la fiscalité et les biens gement du territoire et le développement
communaux ; économique et pose le problème de la
• l'urbanisme et l'aménagement du territoire; territorialité.
• les services publics et les équipements De même, il est important de noter que les
collectifs ; communes urbaines et rurales supportent
également des charges se rapportant aux
• l'hygiène, la salubrité et l'environnement;
compétences de l’Etat qui pèsent d’un
• les équipements et les actions socio- poids important sur les finances
culturels ; communales. Il s’agit de la réalisation de la
• la coopération, l'association et le partenariat. petite hydraulique (barrages collinaires),
des activités relatives à la protection civile,
Par ailleurs, et lorsque l'intérêt général
de l’entretien et de la mise à niveau des
l'exige, l'Etat peut transférer certaines de
établissements scolaires, etc.
ses attributions aux communes (éducation
nationale, santé, formation professionnelle,
1.1. Développement économique et social
formation des personnels et des élus,
l'environnement, infrastructures et Le poids économique des communes,
équipements d'intérêt communal…) sous notamment urbaines, n’a cessé de s’accroître,
réserve que tout transfert de compétences souvent d’ailleurs à la faveur d’une

6
démultiplication des liens de partenariat rurales, dépourvues de ressources
entre elles et les autres collectivités financières suffisantes, ont du mal à exercer
publiques ainsi qu’avec le secteur privé. efficacement leurs compétences en
A ce sujet, l’Etat détient toujours un rôle matière de développement économique
très important, voire prépondérant en ce en réalisant les investissements nécessaires.
qui concerne la promotion et l’impulsion
1.2. Services publics communaux et équipements
économique et l’animation des activités
collectifs
économiques.
Cependant, les communes ont favorisé le Les services publics communaux sont des
développement économique et social en instruments d’intervention économique des
réalisant les infrastructures de base. Elles communes. Ils permettent à ces dernières de
ont exercé pleinement leurs compétences prendre en charge, dans des domaines
en matière de création des zones économiques et sociaux, des besoins
industrielles et de parcs d’activités. d’intérêt public communal qui donnent lieu
à des prestations de divers services au
De même, elles ont contribué à la création, bénéfice de la population locale.
à l’équipement et à la valorisation d’un
vaste programme de zones d’activités La nouvelle charte communale énumère la
économiques mené par l’Etat. La liste détaillée des services publics et des
répartition de ces zones s’établit à équipements collectifs communaux que la
l’avantage du secteur industriel suivi du commune peut créer, organiser et gérer
tourisme, des espaces d’activités poly- (collecte et traitement des ordures
valentes, du commerce et des services et ménagères, assainissement, distribution de
enfin de l’artisanat. l’eau et de l’électricité, stationnement,
transports collectifs, etc.). Mais ces
L’ensemble de ces activités a permis de attributions ne sont pas exhaustives eu
dynamiser l’économie locale, de créer les égard aux autres réglementations en
infrastructures et les équipements vigueur qui confèrent à l’Etat et aux autres
structurants qui drainent les investis- collectivités locales des prérogatives
sements privés et d’intervenir activement importantes en matière de transport public
sur le marché de travail en absorbant ainsi, urbain, d’approvisionnement en eau
par l’effet direct de leurs investissements potable, d’aménagements et d’ouvrages
économiques, un volume important de hydrauliques, de protection contre les
demandes d’emploi. inondations et dans les secteurs socio-
Aussi, les projets réalisés par les communes culturels.
couvrent des domaines aussi variés que les
infrastructures de base, les équipements 1.3. Actions socio-culturelles
sociaux, sportifs et touristiques et autres La charte communale a confié aux conseils
équipements visant à répondre aux communaux urbains et ruraux la respon-
besoins essentiels des populations. sabilité de la réalisation, de l’entretien et de
Il n’en demeure pas moins que les petites la gestion des équipements socio-culturels
communes urbaines et les communes divers. Il s’agit notamment des centres

7
sociaux, des maisons de jeunes, des foyers tous les aspects liés à ce secteur, notamment
féminins, des maisons de bienfaisance, des la création et la gestion des espaces verts et
salles de fêtes, des parcs et centres de loisirs, naturels, la lutte contre les pollutions, la
des complexes culturels, des bibliothèques collecte et le traitement des ordures
communales, des musées et théâtres, des ménagères, le traitement des eaux usées et
conservatoires de musique et d’art, des l’assainissement liquide, la protection des
crèches et jardins et des terrains de sport… milieux naturels et des paysages…
Les communes ont construit et financé les A signaler à cet égard que les planifications
bibliothèques, les centres et complexes qui touchent à l’environnement sont
culturels, les musées, les conservatoires de établies et conduites par les services de
musique. Elles ont financé, au même titre l’Etat. Ce qui montre clairement que les
que l’Etat et les autres collectivités locales, communes ne sont pas maîtresses de leurs
des actions en faveur du développement politiques environnementales.
de l’animation culturelle.
La consolidation de la décentralisation,
En matière de sports et de loisirs, les
consacrée par les nouveaux transferts de
communes ont réalisé des terrains ou
compétence, est tributaire des mesures
complexes de sport, des centres de loisirs
d’accompagnement entreprises par l’Etat
et d’estivages. Les budgets communaux
pour assurer une meilleure prise en charge
ont aussi injecté des sommes importantes
dans l’animation sportive et le soutien du par les collectivités locales, de leurs
secteur associatif opérant dans les nouvelles attributions.
différents domaines socio-culturels.
2. Modes d’intervention de l’Etat dans les villes
Aussi, les communes ont considérablement
développé et diversifié leurs interventions L’Etat a accompagné les collectivités
dans les secteurs de la prévention sanitaire locales, par la mise en œuvre des
et de la salubrité publique (à travers programmes de développement éco-
notamment les bureaux d’hygiène nomique et social, au niveau de la
municipaux). planification et de la programmation, et au
niveau de la réalisation. C’est ainsi que les
1.4. Protection de l’environnement programmes suivants ont été lancés :
Il est tout d’abord nécessaire de signaler • Le programme d’électrification rurale
que le secteur de l’environnement reste globale (PERG), lancé en 1996 et étalé sur
largement marqué par l’importance des quatre tranches, est réalisé selon une
compétences dévolues aux collectivités approche partenariale impliquant aussi
locales en vertu des textes de la bien l’Etat, les collectivité locales et les
décentralisation et des autres textes bénéficiaires dans la perspective de réaliser
spéciaux. un taux d’électrification de 98 % à l’horizon
Pour ce qui est des communes, la charte 2007. Dans ce cadre, 25. 000 douars ont été
communale ainsi que les lois sur l’environ- électrifiés jusqu’au mois de juillet 2006, soit
nement leur permettent d’intervenir dans 1. 500.000 foyers.

8
Evolution du taux d’électrification rurale l’Intérieur contribue à l’élaboration et la
1995-2006 réalisation de ce programme par le
Année 1995 1999 2002 Juillet soutien technique et financier aux
2006 collectivités locales.
Taux de 18 % 39 % 55 % 85 %
réalisation • Le programme national d’assainissement
solide, réalisé sur 15 ans et d’un montant
• Le programme national des routes rurales global de 37 milliards de dirhams,
(PNRR) : l’Etat a adopté une nouvelle consiste à organiser ce secteur et à
approche partenariale pour l’élaboration améliorer les techniques de ramassage et
et le financement de la deuxième tranche de traitement des déchets solides dans les
du programme national des routes rurales villes et centres urbains.
dont l’objectif est de réaliser 15.700 Km • Le programme national de mise à niveau
de routes rurales entre 2005 et 2015 ce urbain : dans le cadre de l’élaboration
qui permettra d’augmenter l’accessibilité des stratégies de développement des
aux routes pour la population rurales de communes urbaines, l’Etat accompagne
54 % en 2005 à 80 % en 2015. les villes pour l’élaboration et l’exécution
Le montant global de ce programme est des programmes pluriannuels pour la
estimé à 11, 2 milliards de dirhams réparti mise à niveau des infrastructures et les
entre le ministère de l’Equipement, 85 % et services publics locaux afin d’améliorer le
les collectivités locales 15 %. Le Ministère cadre de vie des citoyens.
de l’Intérieur participe, dans le cadre du Le montant des programmes triennaux,
soutien financier aux communes, à la quadriennaux ou quinquennaux, con-
réalisation de ce projet à hauteur de 100 ventionnés depuis 2005, est de 10,5 milliards
millions de dirhams. de dirhams dont 2,8 milliards de dirhams
• Le programme national d’alimentation en sont supportés par le ministère de
eau en milieu rural, regroupe plusieurs l’Intérieur.
partenaires, le ministère de l’Intérieur, le
secrétariat d’Etat chargé de l’hydraulique, 3. Recentrage des missions de l’Etat
l’ONEP et les collectivités locales. Le taux de Le renforcement de la décentralisation par le
réalisation de ce programme en 2006 est transfert de nouvelles compétences de l’Etat
de 80 %. aux collectivités locales a nécessité la
• Le programme national d’assainissement redéfinition des missions des secteurs
liquide dont la réalisation de la première publics à la lumière du nouveau rôle de l’Etat
tranche concerne 130 villes et centres conformément aux Hautes Orientations de
urbains et profitera à 7 millions d’habitants. Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu le
Le coût global de ce programme qui est Glorifie, lors du Discours du Trône du
de 8,30 milliards de dirhams, est supporté 30 juillet 2003, Sa Majesté a rappelé : « Nous
par le ministère de l’Aménagement du n’avons d’autres choix que de poursuivre
Territoire, de l’Eau et de l’Environnement, la modernisation des fonctions de l’Etat
l’ONEP, les régies intercommunales et les qui consistent à assurer le climat de
collectivités locales. Le ministère de confiance et de stabilité nécessaire et à

9
garantir la suprématie de la loi en veillant La conception et la mise en place d’un
aux missions de régulation, d’évaluation nouveau cadre contractuel entre l’Etat et la
et de mobilisation des énergies. » ville s’avèrent nécessaires. Les objectifs de
C’est ainsi que l’Etat a recentré son action, se ce nouveau cadre seraient de :
limitant ainsi aux missions d’encadrement, • mettre en place une stratégie nationale de
d’orientation, de normalisation, et de développement des villes à moyen et à
contrôle par le soutien aux projets de long terme afin de garantir l’exécution des
développement économique et social programmes conventionnés ;
initiées par les collectivités locales. L’appui • la clarification des responsabilités et le
de l’Etat prend deux dimensions : respect des engagements de l’Etat et des
• La première dimension au soutien au communes urbaines ;
développement, inclut toutes les formes • la mobilisation des ressources financières
d’accompagnement et d’animation pour la réalisation des projets de
permettant la concertation et la mobi- développements selon une approche
lisation des collectivités locales (plani- partenariale et une programmation pluri-
fication stratégique, plans d’actions pluri- annuelle garantissant l’équilibre financier
annuelles) visant l’amélioration des du budget communal.
performances des services publics locaux. L’institutionnalisation des relations entre
• La deuxième dimension du soutien est l’Etat et la ville à travers un contrat
directement liée à l’attribution des aides programme pourrait être le cadre adéquat
directes aux collectivités locales pouvant de la rationalisation des différentes inter-
prendre la forme : de conseil, d’orientation, ventions, de la consécration du principe de
d’accès aux programmes ainsi que les aides solidarité et de la pérennisation des
financières. programmes de développement. Celle-ci,
La raison d’être de ces formes de soutien appelle, au préalable, un renforcement des
est de permettre l’émergence de projets pouvoirs et des moyens de l’Etat au niveau
dynamiques et mobilisateurs favorisant territorial.
l’investissement, la création de l’emploi et
l’amélioration du cadre de vie des
5. La déconcentration, condition incontournable
populations. pour la réussite de la gouvernance des villes
La réussite de ce nouveau cadre
4. Perspective de modernisation et d’amélioration contractuel est tributaire du renforcement
de la relation Etat-ville de la déconcentration, par le transfert des
L’implication des différents acteurs publics compétences de l’Etat aux walis dans
(les départements ministériels, les établis- les régions conformément aux Hautes
sements publics, les régions, les provinces et Orientations Royales de Sa Majesté le Roi
préfectures, et les communes) pour la Mohammed VI que Dieu le glorifie. A cet
réalisation des projets de développement effet, dans le Discours du Trône du 30 juillet
économique et social dans les villes, 2006, Sa Majesté a défini le nouveau cadre
nécessite plus de coordination entre ces d'intervention des représentants de l'Etat :
différents acteurs afin de rationaliser leurs « …A cet égard , il nous incombe de
interventions. donner une nouvelle impulsion à la

10
dynamique de décentralisation et de centration administrative, il s’agit pour les
régionalisation, et de veiller à ce que la administrations d’arrêter avec précision la
gestion déconcentrée, indissociable du liste des attributions devant être
choix de la décentralisation, devienne transférées aux services extérieurs de l’Etat,
une règle de base dans tous les services ainsi que les ressources et moyens
du secteur public et un instrument correspondants et les mesures d’accom-
indispensable de la bonne gouvernance pagnement qui sont de nature à assurer
territoriale…». tout le succès à cette opération que les
Pour la mise en œuvre de la politique de walis et gouverneurs sont appelés à piloter
déconcentration dont l’orientation a été et à animer au niveau territorial en leur
fixée par le Discours du Trône susvisé, il qualité de représentants de l’Etat et
importe d’élaborer un programme détaillé d’interlocuteurs principaux des instances
des actions à entreprendre à court et élues qui représentent la population.
moyen terme. Dans l’ensemble, la démarche devrait
La doctrine générale a été déclinée par les s’inspirer de la procédure adoptée en
dispositions du décret du 2 décembre 2005 matière de gestion déconcentrée de
fixant les règles d’organisation des l’investissement mise en œuvre depuis
départements ministériels et de la décon- mars 2002.

11
Deuxième chapitre
LA COOPÉRATION ET LE PARTENARIAT
ENTRE LES ACTEURS LOCAUX

1. L’intercommunalité sociales ou politiques. C’est une forme de


resserrement des liens entre entités
L’intercommunalité répond à trois objectifs juridiques séparées certes, mais qui sont
majeurs : néanmoins conscientes d’appartenir à
• La promotion du développement éco- une même communauté sociale d’origine
nomique et social est le but principal de ou de partager le même territoire ou de
l’intercommunalité. Par l’amélioration des croire à des valeurs politiques communes.
conditions de vie de la population, Plus les solidarités intercommunales sont
l’intercommunalité permet de combler le fortes et se développent, plus
manque et l’insuffisance en matière l’intercommunalité gagne du terrain et
d’infrastructures et d’équipements trouve moyen de s’exprimer concrè-
publics et contribue à la satisfaction des tement, tant en milieu urbain qu’en milieu
demandes sociales exprimées à une rural.
échelle plus étendue que l’échelle 1.1. Les dispositions juridiques régissant
communale et, partant, favorise le l’intercommunalité
déploiement d’activités créatrices
d’emplois. C’est dans cet esprit que le législateur
marocain a favorisé, en 2002, l’inter-
• L’intercommunalité, a pour objectif communalité, essentiellement de projets, en
également, la préservation des ressources. autorisant les communes à créer des
En effet, l’intercommunalité procède d’un groupements de communes ou des
fait ou constat réel : les ressources collectivités locales, qui se sont substitués
disponibles sont insuffisantes. De ce fait, aux syndicats de communes, et ce pour la
l’intercommunalité offre le mérite de réalisation d’une œuvre commune ou pour
permettre aux collectivités qui s’y la gestion d’un service d’intérêt général du
adonnent, de mener des actions de groupement.
développement, en mobilisant un
Cette création est conditionnée par
minimum de ressources propres. La
l’adoption des délibérations concordantes
mutualisation des moyens et ressources,
des assemblées des collectivités associées.
offerte dans le cadre de l’intercom-
Par ailleurs, des communes autres que
munalité, devrait constituer un horizon
celles initialement associées, peuvent être
fondamental de gestion et de bonne
admises à faire partie d’un groupement
gouvernance pour toute assemblée
déjà constitué. En outre, le Premier ministre
communale, soucieuse de préserver
peut décider d’adjoindre d’office pour
l’intérêt de sa commune. cause d’utilité publique, par décret motivé,
• L’intercommunalité favorise enfin, pris sur proposition du ministre de
l’expression des solidarités spatiales, l’Intérieur, une ou plusieurs collectivités

12
locales à un groupement constitué ou à des collectivités locales associées. Le
constituer après consultation du ou des groupement ne peut à la différence des
conseils communaux concernés. collectivités locales, percevoir d’impôts ou
L’objet, la dénomination, le siège, la nature créer des taxes.
ou le montant des apports et la durée du 1.2. Bilan de l’intercommunalité au Maroc
groupement sont fixés de manière
Il existe aujourd’hui 111 groupements de
concordante, après accord entre les parties
communes regroupant 856 communes
associées par les délibérations relatives à la
dont 114 communes urbaines et
création ou à la participation au
742 communes rurales. Ces groupements
groupement.
couvrent un bassin de 12 millions de
Le groupement est administré par un citoyens dont 7 millions de ruraux et
Conseil du groupement dont le nombre 5 millions d’urbains qui bénéficient des
des membres est fixé sur proposition des projets et programmes de développement
collectivités associées par arrêté du initiés par les groupements de communes.
ministre de l’Intérieur. Celles-ci, y sont Il convient de signaler à ce sujet que pour la
représentées au prorata de leur apport et plupart, ces groupements de communes
au moins par un délégué pour chacune des ont été crées avec l’appui du ministère de
communes membres. Le conseil du l'Intérieur.
groupement élit parmi ses membres un
président, deux vice présidents au moins et Le champ d’intervention des groupements
quatre au plus, qui constituent le bureau du de communes a pour sa part couvert
groupement. De même qu’il élit un toutes sortes de secteurs aussi bien de
secrétaire et un rapporteur du budget. fonctionnement que d’investissement ;
adduction d’eau potable, électrification,
Les délégués communaux au conseil du réseaux routiers et chemins vicinaux,
groupement sont élus pour une durée transports intercommunaux, gestion et
égale à celle du mandat du conseil qu’ils maintenance des réseaux d’assainis-
représentent. sement, lotissements et habitat, résorption
En tant qu’établissement public, le des bidonvilles, conservation et exploitation
groupement dispose d’un patrimoine des ressources forestières, exploitation
propre et d’un budget propre distinct des communes des souks hebdomadaires,
budgets et des patrimoines des collectivités réalisation et gestion des cimetières,
locales membres. La législation et la exploitation des pépinières, investis-
réglementation relatives à la tutelle des sements touristiques et industriels,
communes s’appliquent au groupement de aménagement du littoral, acquisition et
même que les règles financières entretien des engins et matériels…
et comptables des collectivités locales Les réalisations ainsi accomplies, et les
s’appliquent à son budget et à sa moyens humains et financiers mis en
comptabilité. commun pour les réaliser sont consi-
Le budget du groupement est essentiel- dérables. Ils permettent de relever que ce
lement alimenté par les apports financiers procédé de coopération intercommunal

13
Groupements de communes par objet
Objet Nombre
Acquisition et entretien d’engins et de matériel 18
Conservation et exploitation des ressources forestières et protection de l’environnement 14
Transport intercommunal 12
Réseaux routiers et chemins vicinaux 11
Adduction d’eau et électrification 10
Exploitation commune de souks hebdomadaires 06
Habitat et résorption de bidonvilles 05
Travaux d’équipement 05
Equipements touristiques 05
Création de zones économiques et de complexes commerciaux et de loisirs 05
Zones industrielles 04
Réalisation et gestion de gares routières 04
Pépinières 03
Réalisation et gestion de cimetières 03
Réalisation et gestion de réseaux d’assainissement 03
Informatique 02
Construction et équipement d’une caserne pour la protection civile 01
Construction et gestion d’un abattoir moderne 01
Total 112

gagne progressivement les faveurs des nécessairement à la création d’une


communes, qu’il réunit des collectivités personne morale publique qui est
locales de niveau aussi bien égal que l’émanation des communes ou collectivités
différent et qu’elles seront de plus en plus locales qui lui ont donné naissance.
nombreuses à pratiquer cette forme
d’intercommunalité ; à mesure qu’elles 1.3. Les facteurs du faible recours à l’inter-
achèvent de parer au plus urgent, que se communalité
consolident leurs moyens, qu’elles Le bilan de l’intercommunalité rend
s’inspirent de l’expérience de celles qui les compte de la faible propension à la
y auront précédées et qu’elles réalisent les coopération intercommunale. Cette
vertus de l’intercommunalité. situation trouve son explication dans une
Ce choix, s’explique par le fait que le série de facteurs.
groupement de communes ou de Au chapitre des insuffisances juridiques,
collectivités locales est le modèle idéal du l’inadéquation du Droit de la coopération
concept d’intercommunalité : il correspond intercommunale est souvent citée, en effet
véritablement au sens dans le quel le droit et malgré les innovations apportées par la
administratif et la doctrine emploient loi en 2002 en matière de groupement.
habituellement ce terme, c’est-à-dire, Cette technique de coopération, fait encore
processus de regroupement aboutissant l’objet de nombreux griefs portant sur le

14
formalisme et l’imprécision des dispositions Les communes marocaines sont appelées
qui la réglementent notamment, l’initiative aujourd’hui, bien plus qu’auparavant à
de sa création, la modification de son objet, entamer une nouvelle dynamique de
la dissolution, le patrimoine et le personnel. coopération intercommunale et à établir
Dans l’organisation actuelle de l’espace un nouvel ordre des échanges, il suffit pour
territorial, le besoin d’intercommunalité ne cela que se développe entre elles la
semble pas encore figurer au rang des volonté qu’elles peuvent le faire et qu’elles
priorités. en ont les moyens et qu’elles mettent en
Enfin, la plupart des domaines, particu- commun leurs expériences et leurs
lièrement en milieu rural, dont l’inter- énergies.
communalité est indiquée, échappe dans la D’autres facteurs devront également
pratique à l’exercice communal ; tel est le favoriser dans le court terme l’action
cas de la desserte en eau et en électricité concertée, synergique ou conjointe des
rurale, l’assainissement liquide et solide et communes.
du réseau routier.
a. L’expérience a montré que l’efficacité de
Dans le prolongement des dysfonctions toute forme de coopération inter-
juridiques citées, d’autres limites d’ordre
communale est tributaire d’un certain
pratique peuvent également être évoquées
nombre de facteurs : nature des actions,
comme le refus des communes nanties à
existence d’affinités et d’intérêts réci-
coopérer avec les communes démunies ou
proques, développement des synergies…
encore le poids des intérêts partisans qui
Dans ce cadre, toute action de
peut entraver ou desservir l’inter-
coopération intercommunale doit
communalité objective ou enfin le réflexe
naturel des élus à rejeter toute forme de s’orienter vers des secteurs précis et de
dessaisissement de leurs prérogatives, fut-il grande préoccupation locale, car elle
au service d’un intérêt commun réel. favorise les identités de vue et s’accorde
plus utilement sur les centres d’intérêt.
1.4. Pour un renouveau de l’intercommunalité Les domaines techniques et écono-
miques constituent, à cet effet, des
Le développement de la coopération inter-
terrains fertiles de développement
communale, conçue comme une valeur
ajoutée et une étape qualitative supérieure, d’initiatives concrètes et de synergies
s’inscrit dans l’évolution normale de nouvelles.
la décentralisation, à mesure que se b. Les communes sont appelées à orienter
consolident les autonomies, les ressources leurs relations de coopération vers des
et les compétences des collectivités locales. actions précises, susceptibles d’aboutir à
Mais, au-delà de cette évolution naturelle, la formation de projets concrets et mieux
la coopération intercommunale reste articulés avec les priorités nationales ce
perfectible et doit continuer à se qui permet de les insérer dans une
consolider pour gagner en efficacité et en dynamique de réalisation et de
légitimité et devenir ainsi un réel moyen de financement. L’intégration aux pro-
promotion du développement et de grammes nationaux doit pouvoir être
l’émancipation des collectivités locales. recherchée, autant que faire se peut, de

15
la part des communes pour un ensemble de communes se pose en terme de choix et
de raisons objectives, notamment, la d’options de réforme sur le plan
mise à profit de l’expérience existante et institutionnel, sur les plans humain et
la nécessite de se conformer aux priorités financier et au niveau des modalités
et aux objectifs nationaux de dévelop- d’incitation que les pouvoirs publics
pement que la rationalité et la solidarité pourraient mettre en œuvre.
territoriale imposent.
c. Le succès des actions de coopération Sur le plan institutionnel
intercommunale dépend également des Il est nécessaire, au préalable de préciser
partenaires en présence, de leur enga- certains concepts clés comme « l’intérêt
gement et de leur réelle volonté de communautaire ou intercommunal ».
travailler en commun. Aussi, le rôle des
communes ne doit pas supposer de leur Il convient également de préciser les cas
part, une fonction de simple gestion dans lesquels l’Etat peut imposer la
administrative et financière des projets création d’un groupement de commune
mais une responsabilité de dynamiser les lorsque l’intérêt général l’exige et les cas où
relations et d’instaurer une tradition de les communes demeurent libres de se
coopération. constituer en groupement pour la
réalisation d’un projet intercommunal.
Conçue au départ pour faciliter la gestion
de services publics ou d’équipements en La détermination d’un statut doit tenir
commun, la coopération intercommunale compte, à la fois, de l’autonomie des
apparaît pour certains, comme un simple communes, de leurs droits et aussi de leurs
moyen de promotion de la solidarité entre obligations et responsabilités dans le cadre
les communes. Or, il est plus que temps du groupement, étant bien observé que le
qu’elle devienne l’un des principaux choix en faveur de l’intercommunalité
instruments des politiques d’aména- engage durablement les communes qui
gement du territoire, de développement dès lors ne peuvent plus légalement
économique et de répartition des charges intervenir, sous quelque forme que ce soit,
et des ressources entre les collectivités dans les domaines des compétences
locales. transférées au groupement intercommunal
(principe d'exclusivité) et doivent respecter
Aussi, il importe que les vocations des trois des règles très strictes si elles désirent
niveaux de décentralisation se raffer- ultérieurement se retirer de ce groupement.
missent pour permettre aux entités de
même niveau d’envisager le regroupement Dans cette perspective la réflexion doit
de leurs efforts, et la mutualisation de leurs porter sur les mentions minimales devant
moyens, en vue de s’acquitter de leurs figurer dans les statuts et notamment :
tâches. • la liste des communes membres du
groupement ;
1.5. Les pistes de réformes • le siège de celui-ci ;
Le renforcement de la coopération inter- • le cas échéant, la durée pour laquelle il est
communale sous forme de groupements constitué ;

16
• les modalités de répartition des sièges ; de façon adaptée à la vocation du
• le nombre de sièges attribué à chaque groupement.
commune membre ;
Sur le plan humain
• les compétences transférées peuvent
varier d’un groupement à l’autre, en La réussite de l’intercommunalité est
fonction de leur catégorie juridique et tributaire de fonds propres et d’un budget
aussi de leurs statuts. Elles doivent être adéquat afin qu’elle puisse fonctionner
décrites avec précision dans ces derniers à normalement.
l’occasion de la création des groupements
Mais elle a besoin aussi d’un personnel
ou lors d’une modification statuaire.
propre doté de flexibilité et de souplesse.
Sur le plan financier et fiscal Ce personnel pourrait comprendre des
agents détachés de la fonction publique.
Le succès de l’intercommunalité dépend
Les communes membres pourraient
également des mécanismes financiers et
également détacher des agents auprès du
fiscaux qui peuvent prendre diverses
groupement institué.
formes. Dans cette optique une taxe
spéciale pourrait être instituée au profit Le texte de loi pourrait ainsi mentionner
des groupements de communes dont que le transfert de compétences d’une
l'objet présente un intérêt commun et commune à un groupement entraîne le
s'intègre dans le cadre des programmes de transfert de service ou de la partie du
développement appuyés par l'Etat. service chargé de sa mise en œuvre. Le
En outre, une dotation globale de fonction- texte de loi pourrait prévoir également que
nement pourrait être accordée par l’Etat les fonctionnaires et agents territoriaux qui
aux communes qui désirent constituer des remplissent en totalité leurs fonctions dans
groupements pour réaliser des projets ou un service ou une partie de service
gérer des services dont l'intérêt social et transféré, sont mis à la disposition du
économique est jugé prioritaire pour la groupement. Ils relèveront de cet
collectivité publique. établissement dans les conditions de statut
et d’emploi qui sont les leurs.
Le montant de la dotation accordée, les
bases de calcul de celle-ci et les modalités Aussi, des règles adaptées au personnel
de sa répartition entre les communes intercommunal s’avèrent nécessaires. Elles
candidates à l’intercommunalité pourraient pourraient être élaborées par voie
être prévus par la loi sur les groupements réglementaire et permettraient de fixer les
de communes. conditions d’accès au groupement, les
En plus des moyens financiers qui possibilités de carrière, le régime de
pourraient être accordés aux groupements, rémunération ainsi que la situation
ces derniers auraient besoin également juridique du personnel vis-à-vis de l’établis-
des moyens humains nécessaires à leur sement public territorial qui serait institué.
fonctionnement. Outre les agents détachés auxquels il a été
Le régime des biens de groupement de fait allusion précédemment, l’établis-
commune mérite également d’être défini sement public de coopération inter-

17
communal pourrait recruter son personnel • de favoriser des projets d’intercom-
par voie contractuelle. munalité lorsque l’intérêt intercommunal
est évident.
Stratégie nationale d’appui à l’intercommunalité
Il serait important qu’un programme Appui aux communes limitrophes en matière d’identification
d’appui au développement de l’inter- des projets d’intérêt communs
communalité soit mis en place. Néanmoins,
Le projet d’intérêt commun est au cœur du
quelle que soit l’envergure du programme
d’appui suggéré, il est important qu’il soit processus d’intercommunalité. On distingue
élaboré en concertation avec les élus d’ailleurs l’intercommunalité de gestion et
communaux. En effet, l’intercommunalité l’intercommunalité de projet.
doit se faire dans un esprit de confiance Et dans ce paragraphe, il importe de
avec les élus locaux ; la participation de cibler davantage le second type d’inter-
ceux-ci à l’identification du contenu et à la communalité à cause de son importance
précision des modalités de fonction- pour le pays, en plein développement
nement du programme d’appui proposé, économique et social. En effet, les pouvoirs
garantit la bonne conduite des opérations publics se doivent d’apporter appui et
de création de groupements intercom- soutien aux communes limitrophes
munaux envisagés. – notamment en milieu rural et périurbain –
Compte tenu des nombreux avantages que pour les aider à identifier les opportunités
procure l’intercommunalité pour le déve- de collaboration et de coopération. Certes,
loppement local, la mise en place d’une le projet, objet de la coopération, doit
structure de coordination et d’impulsion normalement émaner des communes elles-
des initiatives intercommunales parait mêmes ; il doit répondre à un besoin
nécessaire. Cette structure pourrait éven- ressenti par les élus des communes
tuellement avoir pour missions : intéressées. Le projet peut également être
• d’orienter l’action de l’Etat en matière adopté sur proposition de l'Etat ou de ses
d’intercommunalité en donnant des représentants territoriaux lorsque des
indications aux walis et gouverneurs sur la considérations d'intérêt public l'exigent.
manière dont il faut promouvoir l’inter- Il arrive souvent que les communes
communalité ; limitrophes ne parviennent pas à
• d’aider et d’appuyer la réalisation de s’entendre sur l’utilité de tel ou tel projet,
projets d’intercommunalité suffisamment pourtant nécessaire au regard des
avancés ; exigences du développement économique
• de proposer au gouvernement toute et social de la localité. D’où, l’importance
mesure susceptible d’améliorer le fonction- de l’intervention/accompagnement des
nement de l’intercommunalité ; pouvoirs publics – notamment l’inter-
vention des autorités déconcentrées – afin
• de formuler toute proposition pour d’aider les communes concernées à
renforcer cette coopération ; identifier le(s) projet(s) d’intérêt commun
• d’accompagner le processus d’inter- ou de convaincre la partie récalcitrante du
communalité ; caractère intercommunal et d’intérêt

18
commun du projet identifié. Notons à cet Les mesures d’accompagnement
égard que les espaces périphériques sont
Les mesures d’accompagnement sont
ceux qui concentrent des problèmes
indispensables, parce qu’il s’agit de faire de
sociaux majeurs qui nécessitent un
l’intercommunalité un levier majeur de
aménagement d’ensemble, c’est-à-dire
développement économique et social sur
une démarche ou vision intercommunale.
le plan local. En effet, il ne s’agit pas
Sur le plan des règles de bonne gouvernance seulement de favoriser ou de promouvoir
l’intercommunalité, mais d’en faire une
Les modes de gestion classique de nature option stratégique ou une sorte de
purement administrative, se révèlent tendance lourde au sein du système de
incompatibles avec le concept d’inter- gouvernance locale.
communalité qui implique l’existence d’un Les mesures d’accompagnement qui
espace de solidarité au sein duquel peuvent être envisagées sont au nombre
s’exercent des compétences autour d’un de cinq (5) :
projet commun ou pour fournir des
• concevoir un programme d’appui au
prestations de qualité à un nombre
développement de l’intercommunalité
important de citoyens.
concerté avec les élus communaux ;
Ainsi, qu’il s’agisse d’une intercommunalité • apporter appui à l’identification des projets
de projet ou de services publics d’intérêt communs entre communes
(essentiellement en réseaux), la gestion des limitrophes ainsi que le soutien financier
affaires locales communes par le grou- pour la réalisation de ces projets ;
pement intercommunal nécessite des
• sensibiliser les élus locaux à l’importance
règles de bonne gouvernance fondées
stratégique de l’intercommunalité pour
sur la transparence, la communication, la
l’essor économique et social de leur
confiance, la participation, la respon-
territoire ;
sabilité, débarrassées des mécanismes
bureaucratiques, des mauvaises pratiques, • mobiliser la coopération décentralisée
des négligences et des complexités pour les projets d’intercommunalité ;
administratives. • renforcer les capacités de gestion des élus
La bonne gouvernance locale, nécessite une et des personnels communaux en matière
répartition claire des compétences et des de gestion de l’intercommunalité.
responsabilités des élus communaux et des
élus intercommunaux. Elle doit être fondée 2. Rapports villes-partenaires locaux
sur des règles comptables et financières 2.1. Partenariat villes-secteur privé
adaptées à la vocation intercommunale des
entités membres. Les responsables de la La gouvernance des villes implique la mise
gestion des groupements doivent être en cohérence des efforts des opérateurs
soumis à l’obligation de rendre compte, économiques aux projets des élus par
notamment par la production de rapports et l’amélioration du partenariat public/privé.
d’états financiers à adresser aux assemblées Les opportunités qu’offrent le dévelop-
des communes membres. pement concerté et participatif et l’action

19
partenariale pour la gestion des services nement et non de s’enliser dans des
publics, et la mobilisation des finan- maquis procéduriers.
cements extra-institutionnels ont incité les Marqué par une forte dilution des
pouvoirs publics à prévoir un large éventail ressources, l’espace urbain exige que les
d’instruments juridiques et économiques : politiques soient de plus en plus négociées
conventions de coopération et de et produites à travers des coalitions
partenariat, sociétés d’économie mixte et
d’intérêts publics et privés. Il en découle
divers modes de gestion des services
une multiplication des scènes où l’action
publics locaux.
publique est négociée et une margina-
La charte communale 2002 a ainsi innové lisation corrélative des lieux traditionnels
en la matière, dans la mesure où, elle de délibération.
autorise de manière explicite les Du reste, la démarche partenariale offre
communes à engager toutes actions l’avantage de clarification des enga-
de coopération, d’association ou de gements respectifs des acteurs et des
partenariat avec l’administration, les autres conditions juridiques et institutionnelles y
personnes morales de droit public et les afférentes et une fiabilisation financière
acteurs économiques et sociaux privés. des opérations à réaliser. La flexibilité et la
souplesse des partenariats sont une
Partenariat public- privé condition supplémentaire de réussite des
L’enjeu des partenariats public-privé, projets urbains.
établis dans le cadre de la contra- Par ailleurs, les facteurs de compétitivité du
ctualisation des services publics urbains territoire ont changé et exigent des
locaux, l’envergure des projets urbains à la pouvoirs publics un rôle d’animation très
réalisation desquels ces collectivités différent allant bien au-delà d’une simple
concourent, les engagements financiers offre de zones d’activités ou d’aide directe
qui en découlent, les effets inattendus ou à la création d’entreprise. En effet,
pervers des politiques en termes d’immo- construire une nouvelle relation entre le
bilisme et de gaspillage notamment qu’il public et le privé implique sans doute de
importe de déterminer et de corriger, créer des outils financiers, mais cela impose
l'émergence des problèmes de désinté- surtout un autre état d’esprit, d’adopter
gration et de précarité sociale renforcent une autre culture, celle du partenariat
l’importance de l’outil d’évaluation et public-privé. A cet effet, le législateur a
conduisent à poser de plus en plus la adopté en 2005 une loi sur la gestion
question de la pertinence et de l’efficacité déléguée des services publics locaux afin
des politiques publiques urbaines mises en de permettre un encadrement juridique
œuvre. efficace de la gestion des services locaux
Plus particulièrement, une politique par le secteur privé.
moderne de la ville devrait s’appuyer sur de L’émergence d’un nouveau type d’investis-
nouveaux mécanismes de gestion et de sement privé visant la dynamisation des
décision. Sa raison essentielle est d’induire économies locales et régionales à l’image
l’innovation dans les modes de fonction- de l’off shoring et des pôles d’activité

20
économique et technologique dans les Pour l’essentiel, cette nouvelle législation
périphéries des grandes agglomérations permettrait aux collectivités locales et à
urbaines s’inscrit dans cette optique leurs groupements de disposer d’un cadre
d’ouverture de l’Etat et des collectivités juridique performant en matière d’éco-
locales sur l’environnement concurrentiel nomie mixte, s’articulant autour de
des territoires. mesures destinées à améliorer l’efficacité,
la sécurité juridique et la transparence du
Les sociétés d’économie mixte
mode d’intervention des ces sociétés.
Le cadre juridique de la décentralisation
permet aux collectivités locales de s’associer 2.2. Partenariat villes- société civile
aux opérateurs économiques privés par la
création ou la participation aux sociétés La charte communale 2002 a libéré
d’économie mixte. Les principaux champs l’initiative d’association et de partenariat,
d’intervention des sociétés d’économie en habilitant les communes à contracter
mixte au Maroc aujourd’hui sont les tout type de coopération avec l’ensemble
transports, le renouvellement urbain, des partenaires, notamment les associations
l’aménagement et le logement. de la société civile.
C’est dire que le secteur privé peut A cet effet, l’Initiative nationale pour le
contribuer à la production des biens développement humain (INDH), annoncée
collectifs que la puissance publique doit le 18 mai 2005 par Sa Majesté le Roi
offrir ou assurer à la société. Le recours au Mohammed VI que Dieu le glorifie, a
secteur privé en matière de mise en œuvre donné une signification encore plus
des politiques urbaines est en général plus profonde à ce partenariat.
efficace, du point de vue économique, que si
les collectivités locales devaient en assurer Cette Initiative nationale s’est caractérisée
elle-même l’accomplissement. Il permet par le concours de tous les partenaires du
l'allègement de la pression budgétaire et la développement, l’Etat, les collectivités
mobilisation de nouvelles ressources. locales, la société civile et les opérateurs
économiques privés.
La charte communale ne précise ni la
forme juridique de la société d’économie Elle nécessite également la mobilisation
mixte, ni la part minimale ou maximale de des associations locales afin de permettre
la collectivité locale dans le capital de la la participation des citoyens aux
société. L’adoption d’une législation différentes phases de réalisation des
spéciale régissant les sociétés d’économie projets locaux. De nouvelles prérogatives
mixte est nécessaire pour clarifier le statut ont été attribuées aux communes urbaines
des élus représentants les collectivités pour solliciter la participation des citoyens
locales ou leurs groupements au sein du à la gestion de la chose publique locale. En
conseil d’administration ou de surveillance effet, le dispositif juridique mis en place en
de ces sociétés ainsi que les mesures 2002 consolide la démocratie locale et
favorisant les obligations de transparence incite les villes à encourager la création des
et de communication attachées aux associations de quartier, lieux d’échange et
sociétés d’économie mixte locales. de dialogue entre les élus et les citoyens.

21
La gouvernance, dont il est question, est gestion de l’espace à l’image du
une affaire de tous. Elle doit impliquer tous partenariat, le benchmark, le marketing et
les acteurs qui interviennent sur le plan l’évaluation des projets.
local : l’Etat, les élus communaux et A cet égard, l’expérience de la dualité de
intercommunaux, le secteur privé et la gestion des grandes agglomérations
société civile. Elle doit également favoriser urbaines gagnerait en efficacité et en
l’adhésion des citoyens aux projets ancrage si le recours à ces procédés était
communs de développement et leur assuré par les acteurs locaux. L’efficacité du
donner le maximum de satisfaction dans nouveau mode de gestion municipale
les prestations fournies. reste, en effet, tributaire du degré
La démarche de partenariat engagée dans d’assimilation de ses finalités par les élus et
le cadre de l’INDH, porte principalement de l'utilisation des règles du management
sur la catégorie de projets énumérés à public. L'enjeu étant de doter les
l’article 43 de la charte communale relatif institutions municipales d’un mode
aux compétences transférables. Les d’organisation efficace et performant,
communes, à la faveur de l’INDH, ont capable de fédérer les énergies, d'améliorer
montré beaucoup de volontarisme pour le cadre de vie des citoyens et de recréer le
puiser dans les matières énumérées dans lien d’identification à leur ville.
cet article, sans attendre le « transfert des Dans cet esprit, la démarche de
ressources » exigé par la loi. planification stratégique permet d’assurer
une conception cohérente des politiques
2.3. L’expérimentation des techniques de management urbaines, une hiérarchisation des actions
public local prioritaires à entreprendre, une visibilité
Loin de répondre à un effet de mode, le des projets à réaliser.
management public local offre des Par ailleurs, il existe un lien direct entre le
opportunités de changement qualitatif des rayonnement d’une ville et son attractivité
modes de gestion classiques des affaires économique et touristique, en ce sens où la
publiques urbaines. Appliquée à ce niveau, construction de son capital-image est un
l’approche managériale devient une facteur incitatif aux investissements.
nécessité pour donner aux collectivités les L’établissement d’alliances dans le cadre de
moyens de remplir leur rôle social ou la coopération intercommunale et la
sociétal et ce, en expérimentant des coopération internationale décentralisée
mécanismes opératoires et flexibles de s’inscrivent également dans ce cadre.

22
Troisième chapitre
RÉGIME JURIDIQUE DES COMMUNES URBAINES
DE PLUS DE 500.000 HABITANTS

La décentralisation marocaine a abordé sa une personne morale de droit public dotée


phase critique avec les lois de 1976 qui ont de l’autonomie financière, la gestion et la
rénové l’institution communale et fixé les coordination dans les domaines suivants :
bases institutionnelles d’une autonomie et signalisation et voirie, distribution d’eau et
d’une démocratie locales avancées. d’électricité, transport public urbain,
Depuis ce tournant historique, la création et gestion des installations
consolidation de la décentralisation et le frigorifiques, assainissement, traitement
renforcement de la démocratie de des ordures ménagères, éclairage public,
proximité ont occupé une grande place abattoirs et marchés de gros, etc.
dans le grand mouvement des réformes La formule des villes scindées en deux ou
constitutionnelles, politiques et admi- plusieurs communes, et dotées d’un régime
nistratives des trente dernières années. de communauté urbaine, avait révélé de
Le législateur marocain a instauré, en 1976, grandes imperfections. Parmi les aspects
le régime de la communauté urbaine dans négatifs les plus manifestes, les disparités
les grandes villes, il y a lieu de rappeler à ce économiques et financières au sein de la
sujet que la première communauté même ville, le manque de cohérence
urbaine date de la même année, suite au urbaine et de vision d’aménagement, la
découpage de la ville de Casablanca en 5 prédominance des petits projets d’investis-
communes, la deuxième de 1984, pour la sement au détriment des équipements
ville de Rabat. Les 12 autres communautés structurants.
urbaines ont été créées en 1992 dans les Dans le but de pallier les insuffisances
villes de Fès, Kenitra, Marrakech, Mèknes, constatées après 27 ans d’exercice
Agadir, Safi, Salé, Témara, Tanger, Taza, communautaire, la nouvelle organisation
Tétouan et Oujda. des villes, instaurée en 2002, est venue,
Le régime de la communauté urbaine avait donc, pour remédier aux chevauchements
notamment pour objectifs la création des des compétences entre communauté
équipements structurants, intéressant urbaine et communes membres, aux
l’ensemble de la population d’une même inégalités économiques et financières, aux
ville et le développement équilibré de toute disparités fiscales contraires au principe de
les communes membres et en particulier l’égalité devant l’impôt, à l’éparpillement
leurs quartiers périphériques. des moyens, à la dispersion des actions
La mise en place de ces communautés menées et des efforts consentis et à
urbaines consistait à confier les l’atomisation du pouvoir au sein d’un
compétences supra-communales, inté- même espace urbain.
ressant deux ou plusieurs communes En vertu de ce régime spécial, les villes, de
urbaines d’une même agglomération, à plus de 500.000 habitants, sont organisées

23
sous forme d’une commune urbaine régie Le conseil communal exerce les fonctions
par le droit commun et d’arrondissements de droit commun, dévolues aux communes
dotés de conseils élus et de compétences urbaines et rurales, sous réserve d’un
de proximité. champ de compétence de proximité
Cette formule a l’avantage d’une part de reconnu de plein droit aux arrondis-
recentrer les attributions éclatées de la ville sements, qui sont conçus comme de
et d’autre part de continuer à assurer la simples démembrements communaux
délocalisation au plus près des citoyens des sans personnalité juridique propre mais
fonctions du quotidien. jouissant d’une autonomie budgétaire.
Etendues comme des échelons communaux
L’adoption du régime de l’unité de la ville a
rapprochés et de contact direct avec le
permis :
citoyen, les arrondissements ont pour rôle
• une meilleure mobilisation des ressources la gestion des équipements et des services
locales ; public de base (état civil, légalisation de
• une plus grande optimisation des projets signature, police administrative, autori-
de développement. sations d’urbanisme).
De ce fait, une vision d’ensemble cohérente Pour l’exercice de ces activités, le conseil
du développement de la ville réunifiée et communal met à la disposition des
une politique de planification stratégique, arrondissements un personnel, des biens et
sur plusieurs années, indispensables à son une dotation budgétaire de fonction-
essor harmonieux et intégré seront nement.
possibles. La réforme permet, en outre, une Le découpage des villes, organisées en
meilleure rentabilisation des projets de conseil communal et conseils d’arrondis-
développement ainsi qu’une participation sements, a été élaboré sur la base du
plus active des acteurs et des décideurs recensement général de la population et
locaux. de l’habitat de 1994, en prenant en compte
La réforme introduite par la charte des critères relatifs à l’équilibre démo-
communale, qui vise à rendre les villes graphique, l’identité socio-culturelle des
marocaines plus harmonieuses, à les doter quartiers et la superficie de chaque
de conseils dynamiques, et ayant une vision arrondissement, dans le but d’assurer un
globale garantissant aux citoyens un meilleur service de proximité au plan
meilleur service public local et un administratif, économique, social et
développement équitable, prévoit pour les culturel.
6 villes (Casablanca, Fès, Marrakech, Rabat, Le nouveau régime est porteur
Salé et Tanger), la création d’une commune d'opportunités. Il comporte nombre d'in-
urbaine dotée d’un conseil communal et de novations et présente des points positifs et
conseils d’arrondissements dépourvus des de grands avantages que sa mise en œuvre
personnalités juridiques et jouissant d’une n'a pas encore mis en évidence en raison
autonomie administrative et financière avec de l'apparition d'un certain nombre de
des compétences de proximité limitati- difficultés d'ordre juridique ou de fonction-
vement énumérées par la loi. nement, qu'il convient de maîtriser pour

24
mettre “le train” de l'unité de la ville sur des Par ailleurs, et poursuivant l’effort de
“rails solides”. soutien au passage à l’unité de la ville, une
cellule a été mise en place au ministère de
1. Les mesures d’accompagnement du passage l’Intérieur chargée d’appuyer et d’assister
à l’unité de la ville les communes concernées par ce régime;
de préparer les textes d’application de la
En application des dispositions de la charte
charte communale; de trouver des
communale, relatives aux communes
solutions aux problèmes soulevés par les
urbaines de plus de 500.000 habitants,
communes et d’expliciter la relation entre
celles-ci ont procédé, en 2003, à la
la commune et les arrondissements.
concrétisation des mesures nécessaires au
passage à l'unité de la ville, à la prise en
2. Difficultés nées des relations du conseil
charge, par les nouveaux conseils
communal avec les conseils d'arrondissements
communaux, des compétences exercées
par les ex-communautés et communes La première évaluation du régime de
urbaines ainsi qu'à la répartition des l’unité de la ville, conduite par le ministère
attributions et des moyens nécessaires à de l’Intérieur auprès des communes
leur exercice au profit des conseils concernées, a dégagé un constat
d'arrondissements. préliminaire sur quelques difficultés qui
Le ministère de l'Intérieur a accompagné marquent cette jeune expérience.
ces efforts par la mise en œuvre de
2.1. Relation entre la commune et le conseil
plusieurs mesures pour faciliter la
d’arrondissement
transition et la mise en place des nouvelles
structures et ce par l’élaboration de guides La nature des relations entre le conseil
pratiques des opérations de recensement communal et le conseil d’arrondissement
des moyens humains et financiers et figure parmi les questions qui paraissent
l'inventaire des équipements de proximité. retenir l’attention dans la gestion des
C'est ainsi que les circulaires n° 110, 116, grandes villes. En effet, le manque de
175 et 206 ont défini les principales actions précision des dispositions de la charte
devant permettre une transition normale communale donne lieu à des interprétations
vers les nouvelles structures, notamment : et compréhensions diverses de la loi. Ce qui
amène à réclamer la révision de certaines
• la mise en place des instances élues
dispositions de la charte communale pour
(bureau du conseil, organes auxiliaires, appréhender plus précisément l'esprit de la
commissions permanentes) ; loi et mettre un terme aux divergences qui
• l'établissement des inventaires ; apparaissent ici et là.
• la répartition des moyens humains et A ce sujet, des divergences sont apparues à
matériels ; l’occasion de la gestion quotidienne des
affaires locales, notamment sur l'inter-
• la répartition des dotations de fonction- prétation du concept : « le président de
nement entre les arrondissements ; l'arrondissement exerce ses attributions
• l'unification des arrêtés réglementaires. pour le compte et sous la responsabilité et

25
le contrôle du conseil communal ». Il s’agit 2.3. L'urbanisme
de savoir si les rapports entre le président
La terminologie juridique utilisée, pour
du conseil d'arrondissement et le président répartir les pouvoirs en matière d’urbanisme
du conseil communal sont des rapports de entre le président du conseil communal et
subordination ou de tutelle ? le président du conseil d’arrondissement,
L'ambiguïté de cette disposition a ouvert la semble manquer de clarté et constituerait
voie à plusieurs interprétations relatives une source de confusion et de litiges entre
aux modalités d’exercice du contrôle les deux autorités.
(contrôle a priori ou a posteriori, obligation
En effet, une nécessité de reformulation de
de transmission des actes des
la terminologie s’avère nécessaire pour
arrondissements au conseil communal,
clarifier le champ des autorisations indi-
délais de transmission…). viduelles et de l’habitat collectif, rappelant
2.2. Relation entre le bureau du conseil communal et à ce sujet que les pratiques au niveau local
les présidents des conseils d'arrondissements sont différentes selon les interprétations
ou ententes entre le président du conseil
Le constat révèle l’ existence d’un manque communal et les présidents des conseils
de communication et de coordination d’arrondissements.
entre le bureau du conseil communal et les
La pratique a soulevé le problème de la
présidents des conseils d'arrondissements.
compréhension des concepts “habitat en
Aussi, et vu l’étendue du territoire des copropriété” et “habitat collectif”. Le
grandes villes et de la répartition des chevauchement des compétences dans ce
compétences entre le conseil communal et domaine et les différentes interprétations
les conseils d’arrondissements opérée par de ces deux concepts compliquent la
la loi, la présence des vices présidents du procédure de délivrance des permis de
conseil communal dans les arrondis- construire.
sements est jugée insuffisante, ce qui
explique le retard dans les prestations 2.4. Le régime financier des arrondissements
offertes aux usagers du service public.. Les modes de calcul de la dotation globale
De même, les attributions conférées au de fonctionnement et les critères retenus
président du conseil d’arrondissement en (population et équipements) ne sont pas
matière d’équipements, dits « de bien définis, le problème est soulevé quant
proximité », manquent de précisions. Cette à la somme globale de la dotation et aussi
divergence dans l’interprétation entraîne le mode de financement des équipements
des chevauchements dans la gestion et de proximité pris en charge par l’arrondis-
dans la détermination des responsabilités. sement.
D’où la nécessité d’établir un système De même que la dotation est attribuée
national de classification des équipements seulement pour l’entretien des équipe-
publics communaux qui servirait de ments de proximité mais ne prévoit pas le
référence pour l’établissement des listes financement de l’animation ou de l’investi-
par les assemblées élues des villes. ssement.

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2.5. L'état civil en vigueur mais ils diffèrent d'un
Des problèmes de nature juridique sont arrondissement à l'autre, ce qui appelle leur
apparus en matière d'état civil, à l'occasion unification dans un seul arrêté régle-
de l'exercice de cette prérogative attribuée mentaire pour toute la ville.
conjointement par la loi au président du Cette situation a poussé certains
conseil communal, au président du conseil présidents d'arrondissements à adopter
d'arrondissement et à ses adjoints. La certaines mesures individuelles en arguant
multiplication des officiers d’état civil au que leurs attributions s'exercent en vertu
niveau d’une même ville complique des arrêtés réglementaires déjà en vigueur.
l’informatisation de cette activité et la
création d’une base de données unifiée au 2.8. Statut de l’élu de l’arrondissement
niveau de la ville. Le nouveau dispositif juridique fait une
distinction entre les membres du bureau du
2.6. Le rapporteur du budget conseil communal et les membres du
Le législateur a accordé la personnalité bureau du conseil d’arrondissement, ces
juridique à la commune et une autonomie derniers perçoivent la moitié des
administrative et financière à l’arrondis- indemnités de fonction et de repré-
sement, entraînant ainsi des difficultés sentation accordées aux membres du
relatives à la contractualisation entre bureau du conseil communal.
l’arrondissement et les prestataires de
D’autre part, les conseillers d’arrondis-
service et par conséquent la nécessité de la
sement sont privés du droit de vote et
présence dans l’arrondissement d’un
d’éligibilité pour la fonction de conseiller
rapporteur de budget, membre de droit de
du conseil provincial ou régional et par
la commission d’ouverture des plis, prévue
conséquent de se porter candidat à la
par les textes portant organisation des
Chambre des Conseillers.
finances et de la comptabilité des
collectivités locales. 3. Piste de réformes
Pour certains, cette lacune de la loi doit être
comblée. Pour d'autres, cette situation est Les pistes de réforme, formulées par les
normale, vu que l'arrondissement est élus lors de différents séminaires et
dépourvu de la personnalité juridique, qu'il rencontres, s’articulent autour des propo-
ne peut donc ni acquérir des droits ni sitions suivantes :
assumer des obligations.
3.1. Propositions d’ordre général
2.7. La police administrative communale a. Maintenir les dispositions législatives
S'agissant du secteur de la police relatives aux grandes villes qui favorisent
administrative, le retour au régime de une amélioration de la gouvernance
l'unité de la ville a engendré de nombreuses locale et de mieux définir la notion de
interrogations au sujet du sort des arrêtés proximité pour le renforcement de la
réglementaires qui étaient en vigueur démocratie locale et la participation des
quand la ville était scindée en plusieurs citoyens à la gestion des affaires
municipalités. Ces arrêtés sont demeurés publiques locales.

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b. Moderniser et simplifier les régimes de l’équipement et le coût afférent à sa
financiers et comptables des collectivités gestion, afin d’identifier clairement et sans
locales et élaborer des outils de gestion ambiguïté les compétences des conseils
adaptés aux nouvelles dispositions de d’arrondissement en matière de gestion
la charte communale (comptabilité des équipements.
patrimoniale, instruments budgétaires, Toutefois, il est nécessaire de lancer une
nomenclature comptable). étude pour la mise en place d’un système
c. Procéder à la modification des dispo- de classification nationale des équi-
sitions législatives et réglementaires pements publics locaux devant servir de
relatives à la répartition des compétences référence à la répartition des compétences
en matière d’urbanisme, et à la répar- et aux choix en matière de planification et
tition de la dotation globale de fonction- de programmation budgétaire.
nement pour assurer une bonne gestion
des comptes financiers. Relations entre le président du conseil communal et les
présidents des conseils d’arrondissements
d. Doter les villes d’une administration
structurée, nécessaire à la réussite de la L’amélioration des relations entre le
réforme de l’unité de la ville. président du conseil communal et les
présidents des conseils d’arrondissements
3.2. Propositions particulières nécessite une meilleure clarification par la
définition des relations entre les deux
Notion de proximité
autorités en fonction de la notion de
• Préciser et clarifier la notion de proximité, responsabilité et non pas des pouvoirs
notamment en ce qui concerne les hiérarchiques.
équipements de proximité, destinés aux Une éventuelle révision pourrait porter sur
habitants de l’arrondissement. l’introduction de nouvelles dispositions
• Mettre en place un véritable rééquilibrage prévoyant la création d’une structure de
au profit des arrondissements dépourvus coordination et autorisant les délégations
d’équipements de proximité, à l’occasion qui pourraient être octroyées par le
des modifications des documents président du conseil communal aux
d’urbanisme (S.D.A.U). Ce qui permettrait présidents des conseils d’arrondissements
une réelle gestion de proximité et une dans certains domaines.
véritable affectation de la dotation
globale de fonctionnement. Organisation financière et comptable

Prérogatives des conseils d’arrondissements L’adaptation de la législation et de la


réglementation relatives à l’organisation
Le transfert et la gestion des équipements financière et comptable des collectivités
de proximité aux arrondissements est locales figure parmi les attentes des élus
tributaire de la mise en place (par voie des grandes villes avec notamment des
réglementaire) d’une nomenclature des dispositions particulières aux communes
équipements communaux destinés aux concernées par l’unité de la ville afin
arrondissements définissant la dimension d’accorder des attributions propres aux

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arrondissements pour le recouvrement des d’arrondissement ainsi que la définition
recettes fiscales et du produit d’exploitation des concepts (autorisation de construction
des équipements dont elles ont la charge, individuelle, projets d’habitat collectif, la
ainsi que la désignation du comptable de copropriété) et enfin les mécanismes de
rattachement à l’arrondissement. A cet
contrôle exercés par le président du conseil
effet, il est proposé de :
communal dans ce domaine.
• mettre en place une méthode claire pour
le calcul de la dotation globale de Statut de l’élu d’arrondissement
fonctionnement, sur la base de critères
objectifs permettant d’identifier les coûts • Développer les notions de concertation et
de fonctionnement des équipements de services de proximité pour permettre
gérés par l’arrondissement et sur la base au conseiller d’arrondissement de jouer le
de références récentes ;
rôle d’interface ;
• définir les quotes-parts de la dotation
globale de fonctionnement réservées à • Permettre aux présidents des conseils
l’animation et à l’équipement ; d’arrondissement d’assurer une partici-
pation plus active des arrondissements
• réévaluer les coûts de fonctionnement
des équipements pour éviter les reports dans la vie de la cité.
d’excédents ;
Police administrative communale
• doter les arrondissements d'un budget
annexe permettant de retracer des Le domaine de la police administrative
opérations de recettes et des dépenses. souffre de certains dysfonctionnements
dont la principale raison est l’absence des
Organisation administrative des communes et des
arrêtés réglementaires applicables à
arrondissements
l’ensemble du territoire de la commune
Il est souhaité aussi d’adopter des organi- unifiée, deux mesures sont envisageables:
grammes modernes et efficaces pour le
conseil communal et les conseils d’arron- • La première, consiste à doter les
dissements, en vue de rendre plus lisibles communes d’arrêtés réglementaires
les attributions et les compétences de ces types relatifs à différents domaines
deux entités. d’activités.

Autorisations d’urbanisme • La deuxième mesure, consiste à actualiser


la réglementation en vigueur régissant la
Les difficultés engendrées par la répartition police administrative et à codifier les
des compétences en matière d’urbanisme
dispositions législatives et réglementaires
nécessiteraient éventuellement la modi-
fication de la loi ou l’adoption d’un décret relatives à la police administrative afin de
d’application pour une clarification des les rendre plus accessibles aux élus
attributions entre le président du conseil comme aux usagers des services publics
communal et le président du conseil locaux.

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