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DES ATELIERS
DES ATELIERS PERMANENTS DU CR•DSU
PERMANENTS DU
N°5
DÉCEMBRE 2009
Politique de la ville
et participation des habitants:
vers une gouvernance renouvelée
CR•DSU N°5 - DÉCEMBRE 2009
S ommaire
Préambule 3
P réambule
La participation des habitants, une antienne de l'Ardèche, tous les départements de Rhône-Alpes
de la politique de la ville étaient représentés) qu'au niveau de l'origine profes-
sionnelle, avec une répartition équilibrée entre les
La participation des habitants est une notion intrin- professionnels du développement social urbain (30%),
sèquement liée à la politique de la ville, depuis sa les chargés de mission “ démocratie locale ”ou
création. Il s'agit d'une notion centrale, perçue “démocratie participative” (30%), les élus locaux (20%)
comme un élément structurant de l'intervention et les salariés et bénévoles du monde associatif (20%).
publique. Aujourd'hui, ce terme est très à la mode, la
participation est partout et remise au goût du jour Les échanges se sont structurés autour de cinq grandes
avec les opérations de renouvellement urbain ou les interrogations, déterminées en amont, et qui corres-
projets de développement durable qui ont été l'occasion pondent aux questionnements préalables à toute
de re-questionner les modes de faire, mais aussi de démarche participative:
lancer des expérimentations et d'innover. • Pourquoi engager une telle démarche ?
La participation est un mot valise, voire un mot • Sur quel objet porte la démarche ?
piège, qui revêt des significations différentes selon • Qui fait participer et avec qui ?
les acteurs et les objectifs assignés et regroupe fina-
• Comment faire participer ?
lement différentes philosophies et différentes
méthodes de travail, allant de la simple information • Quand participer ? Quel est le “ bon moment ”
à une véritable co-production. De même, les actions pour participer ?
relevant de ce champ d'intervention sont multiples
et remarquables par leur diversité: elles peuvent aller Tout au long de l'atelier, ces cinq questions ont été
du conseil de quartier, à des instances appelées constamment réinterrogées par les participants qui,
“jurys citoyens” ou les budget participatifs, en passant malgré la diversité de leurs postures et leur degré
par le Fonds de participation des habitants ou de d'avancement dans une démarche participative,
simples outils de communication et d'information. étaient pour la plupart en demande de réponses face
à un champ qui leur paraissait complexe. À cet égard,
la liberté de parole, tant du côté des intervenants
“ Politique de la ville et participation des que des participants, a grandement facilité les
habitants”: un atelier permanent et participatif échanges dont la richesse a été reconnue par tous.
Après deux journées d'échanges, fin 2008, sur la parti-
cipation des habitants dans le cadre des opérations de Ce numéro des Échos vise à diffuser les échanges de
renouvellement urbain en Rhône-Alpes, organisées cet atelier, à donner des repères et des clés pour l'action
en partenariat avec Robins des Villes 1, le CR•DSU a et à soulever des points de vigilance. Il s'organise
souhaité approfondir cette thématique et l'élargir autour de quatre chapitres qui reprennent ces question- 1
Robins des Villes
aux projets (pris au sens large) initiés dans le cadre nements. Le premier pose les éléments de cadrage, est une association
tant historiques, notionnels que juridiques, et revient animée par des
de la politique de la ville. professionnels de
La collaboration avec Robins des Villes s'est donc sur les enjeux et fondements de la participation. l'urbain qui a pour
poursuivie en 2009 pour l'élaboration de cet atelier Le second s'intéresse aux acteurs en jeu dans les objectif d'améliorer
permanent qui avait pour objectif, à partir de cas démarches participatives. Le troisième propose des le cadre de ville,
concrets et d'échanges d'expériences, de chercher éléments de méthode et des outils. Le quatrième qu'il touche à
l'urbanisme,
à comprendre quand, comment, pourquoi faire aborde la question de la temporalité dans les démarches l'environnement,
participer les habitants à la réalisation d'un projet. participatives et donne quelques pistes en matière l'architecture
Le parti pris méthodologique a donc été de partir du d'évaluation. Des présentations d'expériences illustrent ou le patrimoine.
terrain, de repérer les outils qui marchent, de pointer les propos et analyses développés tout au long de ce L'association se pose
dossier. en “relais citoyen”
les difficultés et les pistes de progrès. Il s'agissait et impulse
également d'identifier les points de vigilance en Ce document étant le résultat d'une production des actions de
terme de méthode comme en terme de stratégie de collective et participative, un grand merci à tous sensibilisation auprès
projet afin d'accompagner au mieux la réflexion des ceux qui y ont contribué! des habitants,
participants. avec pour finalité
de les inciter
Cinq rencontres de travail avec un groupe ouvert de à s'engager dans
participants ont été organisées de mars à octobre des démarches
2009. Chaque séance regroupait en moyenne une participatives.
vingtaine de participants aux horizons diversifiés,
tant au niveau de l'origine géographique (à l'exclusion
3
La participation : ce que l'on peut en dire
C e chapitre revient sur les cadres historiques et juridiques de la participation. Sont également rappelés les
différents niveaux de participation, selon plusieurs échelles théoriques, ainsi que les termes, les motivations
politiques et les enjeux stratégiques qui sont présents lors de la mise en place d'un dispositif participatif de
façon générale, et plus spécifiquement dans le cadre de la politique de la ville.
Ce chapitre s'appuie sur les interventions de Joseph Salamon, architecte urbaniste, et de Fabien Bressan de
Robins des Villes, lors du premier atelier.
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LES ÉCHOS...
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Pouvoir effectif
Co-production des citoyens
Elle correspond au niveau Elle comporte trois degrés:
du partage du pouvoir, •Le partenariat, dans lequel
de la co-décision, à toutes des comités représentant
les étapes du projet. divers acteurs sont formés
L'objectif est de constituer pour prendre les décisions
un partenariat équitable sur des propositions qui
entre maître d'ouvrage, émanent des négociations
maître d'œuvre et “maître entre citoyens et décideurs.
d'usage”, elle implique une •La délégation de pouvoir
mobilisation forte de tous est sensiblement la même
les partenaires. Une telle chose avec en plus un poids
démarche engendre toutefois supérieur des citoyens dans
une complexification du la décision (soit par majorité
processus de projet et peut dans les comités, soit par
déboucher sur des blocages droit de véto). Ils ont par
prolongeant sa durée. ailleurs la responsabilité de
Cette dernière forme semble rendre compte publiquement
être celle qui se rapproche par la suite.
le plus d'une véritable •Le “contrôle citoyen”,
démocratie participative. suppose que toutes les
phases du projet soient
Concertation gérées conjointement par
Plus active, elle engage les habitants et les bailleurs
les décideurs à réagir de fonds, de la conception
aux points de vue émis, à la réalisation.
le plus souvent sous forme Coopération
de débats. Elle demande
une forte disponibilité, symbolique
Elle comporte trois degrés:
une implication des élus •L'information est un
et techniciens, et nécessite premier stade nécessaire
un accompagnement dans à une démarche de
la durée. participation mais n'est pas
Consultation suffisant en tant que tel car
Elle consiste à demander c'est un flux à sens unique
l'avis des habitants ou du haut vers le bas.
usagers concernés par un •Puis viennent la consultation
projet mais sans obligation et la réassurance, au cours
de prise en compte du ou desquelles les participants
des avis formulés. C'est émettent des avis, mais
une forme passive de sans aucune assurance de
participation. prise en compte.
•La décision appartient aux
Information décideurs politiques.
Claire et compréhensible,
elle peut s'exprimer Non participation
Elle correspond aux degrés
à travers plusieurs outils. de la manipulation et de la
Cette étape ne génère pas thérapie. L'objectif est de
de dialogue entre les faire passer un plan unique,
décideurs et les utilisateurs, censé être la meilleure
ne tient pas compte des réponse aux besoins des
réactions suscitées, et n'a habitants. Les moyens sont
pas d'impact sur le projet. alors mis essentiellement sur
les outils de communication.
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... La participation : ce que l'on peut en dire
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Un dispositif de concertation, c'est avant tout gérer de l'humain. En effet, tout processus de participation
implique de gérer des rapports entre des personnes qui ont leurs logiques propres. L'enjeu de ce chapitre
est d'identifier les acteurs en jeu dans la concertation afin d'anticiper les difficultés qui pourraient apparaître
au cours du processus. Cette étape peut contribuer à la définition du dispositif de mobilisation, qui doit faire
comprendre aux participants et leur assurer qu'ils pourront s'exprimer et être entendus.
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Les hauts et bas Cette démarche a permis de autour de sujets qui les concernent
de la participation mobiliser des habitants, mais des au premier chef, comme l'emploi,
Chambéry
questions de représentativité, de avant d'aborder les questions de
diversité (générationnelle, sociale, rénovation du quartier. De leur
Dans le cadre du Projet de réno- ethnique…) et d'absence des côté, les conseils de quartiers procè-
vation urbaine du quartier des habitants cibles de la politique de dent au renouvellement de leurs
Hauts-de-Chambéry, une phase la ville se posent depuis le début. membres une fois par an afin
de concertation est prévue pour Les réponses apportées au fur et à d'intégrer de nouveaux habitants
chaque opération, avec des règles mesure de la démarche par les et éviter ainsi l'essoufflement des
et un calendrier définis au dé- techniciens, élus et acteurs asso- participants qui constitue un
marrage mais dans le cadre d'une ciatifs ont consisté à diversifier les autre biais des démarches partici-
démarche évolutive. Pour mener supports de communication sur le patives. D'autres problèmes se
à bien cette concertation, une projet et à mettre en place des posent en terme de relation au
palette diversifiée d'outils a été démarches pour “aller vers” les pouvoir des instances participatives:
mobilisée : réunions publiques, publics non représentés comme, par relations entre groupes majoritaires
permanences en mairie de quartier, exemple, des stands sur les marchés. et minoritaires, relations entre
lettres d'information, ateliers Par ce biais, ils parviennent à locataires et propriétaires… Le parti
thématiques, balades sur sites, et le mobiliser des habitants qui pris à Chambéry est que chaque
groupe de démarche participative. étaient jusqu'alors réticents à groupe puisse s'exprimer, dans un
Ce dernier regroupe une cinquan- s'impliquer. Ceci étant, l'absence premier temps dans un entre soi,
taine de représentants des différents des jeunes au processus de avant une mise en commun des
acteurs (associations locales, conseil concertation demeure problématique positions de chacun, en essayant
et régie de quartier, locataires, élus, alors qu'ils constituent une de concilier les objectifs d'une
bailleurs, commerçants, services grande partie des habitants du production collective et du maintien
techniques de la ville et de l'agglo- quartier en renouvellement urbain. du lien social.
mération) qui se réunissent tous Pour les mobiliser, il peut être fait ••• Contact: patricia.letourneux@
les deux mois, avec un triple rôle: usage de moyens de communication chambery-metropole.fr
transmission de l'information sur de type chat, blog, forum, mais
le terrain, remontée des habitants l'expérience prouve qu'il est tout
aux élus et aide à la décision. aussi important de les réunir
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... Qui participe ? Qui fait participer ?
Qui participe ?
Quelle que soit la “catégorie” à laquelle on appartient 2. … une démarche ouverte à tous
(riverain, citoyen, habitant…), il semble que l'action
collective soit plus efficace que la revendication À l'opposé, de plus en plus de démarches participatives
individuelle, et que l'une des premières conditions de se disent ouvertes au plus grand nombre. Ce type de
réussite d'une démarche participative soit de favoriser démarche permet de disposer d'une plus grande
le travail de groupe. Deux méthodes sont généralement diversité de points de vue: un avantage pour le
pratiquées. débat public et pour le projet dans son ensemble.
Mais dès lors que cette ouverture est affichée, la
question invariable et essentielle des “absents” de la
1. Les groupes constitués ou… concertation se pose.
Beaucoup d'organisateurs des démarches de partici- Sans se lancer dans un essai de définition des publics
pation choisissent de travailler avec des groupes déjà absents, sans voix, invisibles, il semble intéressant de
constitués et identifiés dans le jeu social. L'avantage donner quelques éléments de réflexion sur la
principal est la facilité à mobiliser les participants, manière de toucher ces publics, même s'il n'existe
puisqu'ils sont déjà “captifs” d'une structure, qui fait pas de méthode unique et efficace à coup sûr.
partie des réseaux d'information, avec des membres Beaucoup de témoignages préconisent d'“aller vers”,
souvent motivés et (re)connus par les décideurs en proposant dans un premier temps des sujets qui
publics. Ces derniers usent également d'un autre intéressent le plus grand nombre (qu'ils se situent à
argument pour défendre ce principe, celui de placer l'échelle du quotidien ou qu'ils soient des sujets
le niveau du débat à une certaine “hauteur” assez d'actualité).
rapidement, en ayant affaire à des personnes bien Il est également judicieux de diversifier les outils de
informées, voire formées aux sujets abordés et aux mobilisation et d'échange, qui doivent s'adapter aux
outils de dialogue. pratiques des personnes rencontrées et permettre
Néanmoins, cette méthode de travail pose une série l'expression de tous: certaines personnes préfèrent
de questionnements. Le premier est celui de la ainsi s'exprimer individuellement et ont moins de
représentativité: comment choisir les groupes qui facilité à le faire publiquement, surtout au début d'une
seront invités à participer? Prend-on les personnes concertation. C'est aussi l'occasion d'expérimenter,
les plus impliquées, les volontaires? Procède-t-on à d'innover, de faire varier ses méthodes de travail,
un tirage au sort? Et en quoi peut-on être assuré que tout en ne craignant pas de se tromper; le tout étant
ces participants seront représentatifs de l'ensemble de le reconnaître et de savoir évoluer.
des avis que l'on veut recueillir? Au final, on peut Il semble également essentiel de prendre en compte
très facilement rassembler ces questionnements en un la parole, d'écouter et de comprendre pour (re)donner
seul: doit-on favoriser les systèmes de représentation confiance. Il faut pouvoir démontrer aux personnes
dans un processus de démocratie participative? qui participent qu'elles ont été entendues, comprises
Il s'avère que sur un même territoire, après plusieurs et que leur parole sera autant prise en compte que
concertations, les participants sont souvent les celle des autres: ni plus, ni moins.
mêmes et une tendance à la “professionnalisation” En aucun cas, il ne faut donner plus de poids à une
se dessine: ils ont tellement d'informations qu'ils parole qu'à une autre en portant un jugement sur
pensent parler au nom des habitants et revendiquent celui ou celle qui l'a prononcée. Plusieurs techniques
cette représentativité. Ils considèrent être détenteurs d'animation permettent ainsi à chacun de s'exprimer,
d'un mandat synonyme de pouvoir, sans jamais avoir puis de débattre et enfin de choisir, éventuellement,
été “élus” par d'autres habitants. des propositions ou solutions partagées.
De plus, après quelques années de forte sollicitation, Enfin, il est primordial de restituer collectivement les
lorsque ces personnes s'essoufflent et arrêtent, se résultats de la concertation. Ces temps de valorisation
pose la question du renouvellement. collective permettent de voir l'aboutissement du travail
Pour autant, il n'est pas question de dévaloriser ces mais aussi de remettre les participants ensemble et
“super habitants” car cette catégorie fait vivre les montrer que chacun a sa place.
instances de participation. Et il ne faut pas que le
“super citoyen” devienne un argument en faveur de
ceux qui décrédibilisent les démarches participatives
(“on rencontre toujours les mêmes”).
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L'idée serait donc de proposer une méthodologie qui d'études, d'indépendants... se placent en spécialistes du
s'adapte aux différents acteurs, mais ne crée pas de rôle du 4è acteur. Ce “chaînon manquant” du triangle
différences. En effet, au démarrage d'un dispositif de maîtrise d'ouvrage/maîtrise d'œuvre/maîtrise d'usage
concertation, tout le monde n'est pas égal, tant au est parfois appelé médiateur, facilitateur, animateur,
niveau de l'information que de l'habitude de parler, 4è acteur. Quel que soit le terme, il n'est certainement
ce qui entraîne la “prise de pouvoir” par les publics pas qu'un fusible. La participation est un processus
les plus habitués, et la disparition progressive des complexe, qui nécessite des compétences particulières,
autres. Pour l'éviter, l'organisation de groupes d'acteurs donc un vrai métier en soi. Le rôle du 4è acteur peut
partageant des intérêts communs facilite l'expression être à la fois d'offrir des méthodes et outils à la maîtrise
de tous. Cette première phase peut ainsi être proposée d'usage pour qu'elle soit entendue, mais également
pour un diagnostic. Ensuite, lors d'une deuxième d'aider les maîtrises d'ouvrage et d'œuvre à informer,
phase, dont l'objectif est d'élaborer des propositions, sensibiliser, transmettre, etc. Pour faciliter ce rôle, il
il est alors intéressant de “mélanger” les publics, afin convient de conserver une position de neutralité, à la
de provoquer le débat, l'échange, la mise en commun fois dans le projet et dans le jeu d'acteurs, tout en
et/ou le conflit. Des participants qui auront acquis faisant en sorte que la parole des habitants soit bien
une certaine confiance, n'hésiteront pas à confronter prise en compte.
leurs opinions, parfois contraires, tout en s'ouvrant à
la différence et au dialogue. Ceci permet également
de ne pas stigmatiser certaines populations, d'assurer
une prise de conscience collective à un problème (par
exemple, la confrontation entre les différents usagers
et les services responsables de la mise en œuvre du
projet permet de faire comprendre à chacun que les
contraintes d'exigences d'usages se heurtent parfois à
d'autres composantes importantes (contraintes techni-
ques, financières voire esthétiques) et de rechercher Zoom sur les conseils de quartier
des solutions qui tendent vers l'intérêt général.
• Créés par la loi du 27 février 2002, dite loi Vaillant.
Qui fait participer ? • Obligatoires dans les communes de plus de 80 000 habitants
et facultatifs dans les communes de 20 000 à 80 000 habitants.
Que la participation s'inscrive dans le cadre de procé- Le conseil municipal définit le périmètre du quartier couvert
dures légales ou qu'elle soit plus informelle, qu'elle et sa composition.
soit initiée par des politiques ou par des citoyens, il
est obligatoire qu'un ou des acteurs en organisent le • Il dispose d'un budget de fonctionnement et d'un budget
dispositif. Cependant, le plus souvent, les moyens d'investissement (ou “fonds de participation des habitants”).
humains sont limités: équipes techniques restreintes Le conseil de quartier n'a pas de pouvoir de décision,
ou absence d'équipe dédiée. La participation est mais le maire et ses services peuvent le consulter sur
alors théoriquement gérée transversalement dans les décisions affectant le quartier ou la ville.
tous les services avec le risque qu'elle soit reléguée
aux oubliettes faute de temps, en raison de problèmes • Lieu d'informations, de débats et de réflexions sur la vie
de coût (pour les petites collectivités notamment), de quartier et les projets d'aménagement et d'amélioration,
ou parce qu'elle est perçue comme une remise en c'est un relais entre les services de la mairie et la population
cause de l'expertise technique des services. du quartier, sans représenter l'un ou l'autre.
Le rôle du portage politique est nécessaire et essentiel.
En effet, aucune démarche participative ne peut • Cette instance est aujourd'hui beaucoup critiquée:
exister pendant un temps relativement long si un ou difficulté de renouvellement des participants, souvent d'un
des élus ne sont pas investis dans la durée. Or le portage certain âge; instrumentalisation par les élus politiques;
politique est souvent lacunaire. D'abord, parce que la non intérêt des sujets abordés; absence de pouvoir de décision.
concertation est une forme de remise en cause du
pouvoir de décision, auquel peu d'élus sont prêts. • Il sert également parfois de système d'ascension politique,
Ensuite, parce que certaines démarches de concertation différent du système classique par adhésion, interne aux
ne sont que des alibis pour faire passer des projets partis politiques.
déjà ficelés. Et même lorsque certains élus osent se
lancer dans une démarche participative, ils sont • De nombreuses collectivités ont lancé une évaluation de
encore peu suivis par leurs collègues et ils manquent ces structures afin d'établir un bilan de leur fonctionnement
souvent d'outillage sur ces questions. Par conséquent, et tenter de les faire évoluer.
pour les élus, conduire une démarche participative
peut être considéré comme un exercice à haut risque
qui suppose de la volonté et de l'engagement.
De plus en plus de structures associatives, de cabinets
11
Comment faire participer ?
C e chapitre aborde la question des méthodes pour mener à bien une démarche participative. L'objectif n'est
pas de livrer un guide méthodologique mais d'insister sur les leviers indispensables et les difficultés inhérentes
à toute démarche de ce type. Cette partie s’appuie sur l’intervention de Manu Bodinier, de la fédération
régionale des centres sociaux, lors du troisième atelier.
Un zoom particulier est fait sur la participation des habitants à la co-gestion de budgets publics.
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Un observatoire des pratiques Dans le cadre de ses travaux sur Constitué en association, le Forum
participatives a été mis en place les inégalités sociales et la réussite Saint-Jean Charmilles est un
par la Métro, fondé sur l'idée scolaire, la Mrie (Mission régionale espace d'information et de débat
d'une participation synonyme de d'information sur l'exclusion) pour les habitants et les associations
partage du pouvoir, de cohésion souhaitait approfondir la question locales. En 1999, plusieurs événe-
sociale et d'amélioration du débat du décrochage scolaire. Dans un ments mobilisent les habitants de
public. Intégrant élus, techniciens premier temps, un partenariat s'est ce quartier de 30 000 habitants,
et habitants, l'observatoire vise à construit entre la Mrie, le Collectif en particulier la suppression d'un
développer des outils innovants Paroles de femmes (groupe de bureau de poste. Le Forum naît
pour mobiliser sur le long terme, à Pierre-Bénite) et l'association ATD dans ce contexte, porté par la
capitaliser, valoriser les démarches et Quart monde (groupes de Bron, maison de quartier de St-Jean; son
favoriser les échanges de pratiques. Lyon 9è, Saint-Étienne, Vénissieux, groupe de pilotage est composé
Les actions menées vont des Villefranche-sur-Saône). Puis la Mrie d'habitants du quartier, de représen-
séminaires d'acteurs, aux recherches a engagé une coopération avec le tants d'associations et d'institutions,
actions (avec enquêtes) en passant rectorat de Lyon et a mobilisé des ainsi que des élus de la ville et du
par un laboratoire expérimental des professionnels de l'Éducation canton. Son objectif premier est de
pratiques participatives (production nationale qui se sont portés favoriser la circulation d'informations
de fiches outils). volontaires pour tenter l'expé- et de faciliter les contacts entre
Par exemple, ce laboratoire a lancé rience d'une réflexion commune habitants, institutions, associations...
l'utilisation de la vidéo sur l'espace avec des parents. En 2004, un secrétariat est monté,
public pour éviter l'entre soi des L'ensemble de la démarche, animée renforcé par la création d'un poste,
conseils de quartier et permettre par la Mrie, a bénéficié du concours pour assurer la continuité du Forum.
des allers-retours avec micro-trottoir, de Daniel Thin (sociologue à Les groupes de travail se constituent
ou encore d'autres innovations l'université Lyon 2) et s'est déroulée par thématique et s'organisent en
comme Les canapés de l'actu en trois temps: un temps pour 3 temps: information, puis débats-
(débats politiques avec les jeunes l'entre-soi, entre pairs, pour échanges, et ensuite action. Les
sur l'espace public), le théâtre travailler sur ses représentations, habitants se mobilisent lorsqu'ils se
forum ou le festival forum Merci son analyse de la situation et sentent concernés et que l'enjeu a
de déranger. construire une parole collective; une incidence sur leur environne-
Ces différentes expériences ont un temps pour l'ouverture à l'autre, ment direct: opération de rénovation
montré l'importance d'un portage en ateliers mixtes, qui permet de du quartier, projet de création
politique, d'un lien clair à la décision partager ses représentations et d'une crèche, aménagement d'un
ainsi que de la restitution des travaux analyses et aboutit à une production éco-quartier… Les groupes de travail
aux participants et dans le débat collective; un temps de restitution recueillent et débattent des propo-
public. Les outils qui marchent lors d'un séminaire de travail. sitions des habitants et réalisent
sont ceux qui permettent d'“aller L'apport majeur de la démarche des diagnostics qu'ils soumettront
vers”, de s'adapter aux contextes est la méthode employée, résumée au porteur de projet. Les travaux
et aux publics. Ils réinterrogent la en ces termes par la Mrie, thématiques débouchent aussi sur
place laissée à l'initiative citoyenne “connaître avec pour agir ensemble”, des actions collectives visant à
et les nouvelles formes de débat qui permet de croiser les points améliorer la qualité de vie, sur des
public, ainsi que les échelles de vue, partager les constats et projets concrets comme des potagers
géographiques pertinentes pour proposer collectivement des pistes urbains, des fêtes de quartier, une
conduire la participation. de changement, tout en étant prêt coopérative d'habitation... Le Forum
••• Contact: www.lametro.fr à la confrontation et à la transfor- est un moyen pour les habitants
mation du regard sur l'autre. Il de prendre conscience de l'impor-
convient également d'avoir à l'esprit tance de l'engagement dans la vie
que cette démarche est, d'une locale et d'inventer en permanence
part, un cheminement qui prend de nouveaux moyens pour se faire
du temps (depuis le repérage du entendre. Cependant, le rapport
sujet, puis le travail en groupe et de force avec les autorités étant
la restitution) et, d'autre part, qui souvent instable, il faut sans cesse
se construit en marchant et convaincre de l'utilité d'associer
nécessite un accompagnement les habitants, et se battre pour
dans la durée. conserver une reconnaissance
••• Contact: www.mrie.org difficilement acquise.
••• Contact: www.forum1203.ch
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... Comment faire participer ?
Créé en 2005, le Fonds de partici- comité de gestion en 2008, avec Créé en 2005 dans le cadre d'un
pation des habitants (FPH) du un montant moyen d'environ 760 € dispositif global de participation,
Pays viennois vise à favoriser les alloués par projet, portant sur des porté par le service démocratie
prises d'initiatives de groupes actions aussi variées que des fêtes participative, le budget participatif
d'habitants ou d'associations et de quartier, des animations spor- de Grigny (commune de 10 000
soutient la réalisation de projets tives et culturelles, des initiatives habitants) représente 400 000 €
ponctuels ayant un impact sur les individuelles ou collectives… Cette par an soit 25 % du budget annuel
quartiers. Mis en place et animé par démarche vise à renforcer les d'investissement de la ville, et
la Communauté d'agglomération capacités des habitants à s'organiser, porte sur des propositions autour
du pays viennois, son comité de seul ou en groupe, pour monter du cadre de vie: aménagements
gestion autonome est composé de des projets et les argumenter. Elle urbains, environnement, jeunesse,
12 habitants des quartiers prioritaires a permis de soutenir les centres équipements, sport, culture… Les
impliqués dans la vie associative sociaux dans leurs missions d'accom- structures participatives impliquées
locale, et qui sont devenus depuis pagnement de projets d'habitants, sont les six conseils de quartier,
2008 membres de droit du et de développer des animations le conseil municipal jeunes et le
Conseil local de développement. de proximité ou des temps forts conseil associatif. Outre ces instan-
Le budget du FPH, alimenté par créateurs de lien social. Au final, ces, les habitants peuvent faire
l'agglomération et l'État dans le cet outil a permis de soutenir des propositions via le forum
cadre du Contrat urbain de cohésion l'émergence de nouveaux acteurs internet ou un questionnaire papier
sociale, est passé en 4 ans de associatifs, de faciliter et de valoriser distribué deux fois par an. Le
11 000 € à plus de 22 000 €, per- l'implication citoyenne et l'enga- service démopart est ensuite chargé
mettant ainsi de soutenir chaque gement des habitants. de rassembler et synthétiser
année des projets plus nombreux. ••• Contact: www.paysviennois.fr l'ensemble des propositions. Après
23 projets ont été examinés par le avoir proposé, discuté, débattu des
projets, les habitants sont ensuite
invités à venir prioriser et voter par
eux-mêmes les propositions lors
d'une soirée de mise aux voix, en
décembre de chaque année, avant
que le conseil municipal ne vote
le budget communal en janvier.
La réussite du dispositif tient en
grande partie à l'engagement
et la volonté politique forte du
maire sur ce projet, à la tenue des
délais, la clarté dans la prise de
décision et la faisabilité des projets.
Les moyens de communication
mobilisés sont nombreux (journal,
site internet, courriers…) entraînant
une augmentation progressive du
nombre de participants. Cet outil
a un intérêt pédagogique pour les
habitants en termes de démarche
citoyenne et de gestion “respon-
sable”, moins consumériste du
budget communal. Les participants
expriment aussi leur satisfaction
d'être impliqués, associés à toutes
les étapes des projets.
••• Contact: www.demopart.fr
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L'émergence de bureaux des temps à travers l'Europe illustre la multiplication des réflexions sur les temporalités.
Concernant la participation des habitants, outre le temps parfois long de la démarche participative, la principale
question qui se pose est: “à quel moment du projet faire participer?”. Ce chapitre s'appuie sur l'intervention
de Thérèse Rabatel, adjointe au maire de Lyon aux droits des femmes et aux temps de la ville, à l'origine de
la création du Bureau des temps au Grand Lyon en 2002. En outre, introduire la question du temps implique
également de s'interroger sur l'évaluation et la capitalisation, moments clés des démarches participatives, qui
feront l'objet d'une attention particulière dans ce chapitre.
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Pour aller plus loin
C onclusion
Les démarches participatives sont constitutives de la • Il est enfin important d'évaluer, de valoriser collec-
politique de la ville depuis sa création et, pour autant, tivement la démarche participative, et de restituer
elles ne sont pas assorties d'un cadre théorique précis les travaux aux participants, car ces temps privilégiés
ni de conditions d'application bien définies. L'expérience permettent, entre autres, la reconnaissance des
prouve que nombre de démarches participatives participants (notamment les plus précaires), et
naissent d'un événement déclencheur fort qui tourne l'échange de pratiques pour évoluer.
très souvent autour d'une situation conflictuelle. Si
la participation ne doit pas servir à l'achat de la paix Les principes ainsi posés sont loin d'être d'une appli-
sociale, il ne faut pas pour autant en avoir peur car cation aisée et nombre de difficultés et de questions
le conflit peut être aussi générateur de débat. non résolues font obstacle au bon déroulement des
démarches participatives:
Bien qu'il n'existe pas de recettes miracles pour mettre • Comment mobiliser les invisibles, les absents, les
en œuvre et accompagner des démarches participatives, fameux “sans-voix” (exemple: les jeunes, les actifs…)?
certains principes permettent néanmoins de poser un • Comment mobiliser dans la durée?
cadre de référence, utile aux personnes qui souhaitent • Comment favoriser les démarches ascendantes et
s'engager dans un tel processus: laisser de la place à l'initiative citoyenne sans que
• Il est indispensable de bénéficier d'un portage poli- l'une et l'autre ne soient perçues comme une simple
tique fort et d'une réelle gouvernance, et ce tout au manifestation revendicatrice?
long de la démarche. En outre, aucune démarche de • La persistance d'un fossé entre l'expertise technique
participation ne peut fonctionner sans un réel impact et les connaissances profanes peut-elle expliquer
sur la décision politique. dans certains cas des décalages dans la mise en
• Il est, d'une part, certes difficile mais nécessaire œuvre et la réalisation des projets? Cette question
“d'aller vers” les publics pour les impliquer dans une renvoie au problème de légitimité des habitants face
démarche participative et, d'autre part, il convient aux élus et aux techniciens.
d'adapter les réponses à l'objet de la concertation, • La mise en place d'une démarche participative
aux publics et aux situations locales. Si la question suppose bien souvent un changement de pratiques
“comment faire participer?” n'a pas de réponse des élus et des services. Or même si les uns comme
idéale, il est conseillé d'adapter la méthode à la les autres sont prêts à faire le pas, la faiblesse des
démarche, de multiplier les outils (qui ne sont pas moyens humains, tant du côté des services techniques
une fin en soi mais une aide au dispositif) er de faire que des élus, empêche souvent de mener à bien de
preuve d'imagination et d'innovation. tels processus.
• C'est dans le croisement des deux formes de
démarches participatives (descendantes et ascendantes) Ces constats de faiblesse dans les démarches partici-
que l'on trouvera les clés de réussite d'un processus patives ne doivent pas faire oublier les atouts qu'elles
participatif. peuvent constituer en matière de démocratie participative.
• Il est important d'intégrer le principe de la partici- La participation peut être facteur de changement
pation au sein même du processus du projet; et ce social, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, les
quelle que soit la taille du projet. Et il est fortement démarches participatives participent de l'évolution
conseillé de démarrer le processus de concertation le des politiques publiques, et au-delà de l'implication
plus tôt possible. citoyenne et de l'évolution des rapports et modes de
• Il faut avoir conscience que la participation nécessite décision. Quand les habitants bénéficient d'un terrain
une organisation dont les modalités doivent être d'expression élargi, ils font à nouveau confiance à
expliquées aux participants dès le démarrage de la l'action publique et s'impliquent davantage dans la vie
démarche. Celles-ci portent tout à la fois sur le cadre de la Cité. Ensuite, la démocratie participative est un
de travail, les objectifs, les règles, ce qui est négociable formidable terreau d'imagination, d'expérimentation
ou pas, le fonctionnement, les modalités de la prise et de créativité.
de parole, le calendrier.
• Il est nécessaire de communiquer sur le projet et ce Finalement la participation ne serait-elle pas qu'une
quelle que soit sa durée. Ce suivi peut permettre la affaire de passion?
non diffusion des rumeurs et de mieux gérer les aléas et
les contretemps (juridiques, administratifs, techniques).
• Il faut avoir conscience que faire de la participation
est un vrai métier, qui exige des compétences et des
savoir-faire spécifiques, et il ne faut pas hésiter à
avoir recours à un tiers extérieur qui accompagnera
le processus.
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LES ÉCHOS...
DES ATELIERS PERMANENTS DU CR•DSU N°5
DÉCEMBRE 2009
R essources
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Crédits photos:
© MP Ruch, Agence d’urbanisme du Grand Lyon: pages 1, 4 et 6
© Aude Tallaron, CR•DSU: pages 1, 8 et 10
© Aude Tallaron, CR•DSU: pages 1, 12 et 14
© Pays viennois: page 14
© Michael Brown, Fotolia.com: pages 1 et 16
© Aude Tallaron, CR•DSU: page 19