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GEJ10 C220
A propos des miracles
1. (Le Seigneur :) « Il faut certes propager Mon évangile sur toute la terre, mais Je ne
fais un devoir à aucun vrai maître et prophète d'amener tous les hommes au grand jour de Ma
vérité. Il suffit de transmettre la pure doctrine à l'homme le meilleur et le plus accompli, et de
lui donner le droit de la répandre ensuite autant que possible parmi les autres hommes.
Heureux ceux qui la recevront ! Mais même le maître et le prophète le plus accompli ne
pourra faire que les raisins poussent sur les épines et les figues sur les chardons.
2. Moi-même, Je suis le Seigneur, et vous savez que rien ne M'est impossible - et
pourtant, avec tout Mon amour et la meilleure volonté du monde, Je ne peux hausser les
hommes de cette terre jusqu'à la lumière éternelle de Ma vérité, parce que Je dois leur laisser
leur complet libre arbitre. Et ce que Je ne peux ni ne dois faire Moi-même, vous le pouvez et
le devez d'autant moins.
3. Bien sûr, il vous semble que cela aussi, Je devrais pouvoir le réaliser par quelque
miracle grandiose, et, Je vous le dis, vous avez en partie raison - mais en partie seulement !
Car un miracle a certes un effet à l'endroit et surtout au moment où il s'accomplit - mais,
ailleurs, il faut déjà le raconter, et alors, certains y croiront sans doute, mais d'autres diront
"S'il y a eu un miracle là-bas pour éveiller la foi, pourquoi n'est-ce pas le cas chez nous ?" Et,
dans la suite des temps, comme pour n'importe quel autre événement, on croira d'autant moins
même au plus grand des miracles qu'il aura fait davantage sensation. Il entrera donc dans le
domaine des contes et des fables, et, chez les hommes crédules, qui sont le plus grand
nombre, il servira davantage à renforcer par ailleurs la superstition qu'à éveiller la vraie
lumière dans leur cœur.
4. Car les hommes ne font aucune différence entre un miracle authentique et un faux
miracle, ils les considèrent l'un et l'autre comme une chose extraordinaire qui les contraint de
croire.
5. C'est pourquoi vous devez faire aussi peu de miracles que possible, si ce n'est guérir
les malades par l'imposition des mains et baptiser ceux qui ont tout à fait la foi, afin qu'ils
reçoivent en eux l'esprit de vérité.
6. Et c'est aussi pourquoi vous devez vous en tenir à la pure vérité, car elle seule rend
l'homme tout à fait libre ; tout le reste laissera dans son âme la trace plus ou moins durable de
la contrainte, dont il aura beaucoup de peine à se défaire. Or, une foi forcée est la plupart du
temps bien pire que pas de foi du tout.
7. Les stoïciens, pour la plupart disciples du Grec Diogène, ne croient en rien, et
pourtant, Je vous le dis, Je les préfère de beaucoup à ces Juifs stupides qui croient
aveuglément, aujourd'hui encore, que la fumée du temple vivifie et fertilise leurs champs,
leurs vergers, leurs prairies et leurs vignes, et que celui qui dépose son argent en sacrifice
dans les caisses de Dieu au Temple de Jérusalem rend à Dieu un service bien plus agréable
que s'il donnait cet argent à un autre homme pauvre qui serait ainsi secouru pour longtemps.
Aussi, ne prêchez jamais que la vérité, et soyez avares de miracles ! »
8. Pour une fois, ce fut Mon Jean qui répondit : « Seigneur et Maître, en ce qui me
concerne, je ferai aussi peu de miracles que possible, car je comprends bien désormais que
cela est bien moins utile aux hommes que la seule parole.
9. Celui que la vraie parole ne libère pas sera encore moins libéré par un signe. Il est
vrai que les signes peuvent faire beaucoup de bien lorsque c'est Toi qui les accomplis, parce
que Toi seul es capable de calculer au mieux le moment où un signe est nécessaire, et en quoi
il doit consister ; mais nous, Tes disciples, nous ne le saurons jamais tout à fait tant que nos
âmes seront dans cette enveloppe de chair, et c'est pourquoi je pense qu'il vaut mieux s'en
tenir à la parole, qui se confortera d'elle-même par son contenu de vérité sans avoir besoin
d'une confirmation accessoire, comme on le voit aussi d'une manière évidente dans nos
mathématiques.
10. Si je dis à quelqu'un que deux et deux font exactement quatre, faut-il donc encore
que j'accomplisse un signe devant lui pour confirmer cette vérité mathématique ? Je crois que
cela n'est pas nécessaire ! De même, Ta doctrine parfaitement simple est en soi pareille à une
vérité mathématique que tout homme ayant un peu de bonne volonté peut appréhender et
comprendre à la première audition.
11. Car il y a en tout homme un élan intérieur qui le pousse d'abord à chercher Celui
qui a créé ce monde avec tout ce qu'il porte, parce que cet homme voit bien que le Créateur de
toutes ces grandes choses doit être très sage, très puissant et parfaitement bon, et, dès lors qu'il
a reconnu cela en Lui, il ne peut que Le respecter et L'aimer par-dessus tout, de même qu'il ne
peut alors que respecter et aimer comme lui-même son prochain, qui est comme lui l’œuvre
très merveilleuse de Dieu. Ce sont là deux vérités mathématiques desquelles nul ne peut
douter. Ensuite, l'homme qui comprend clairement que la puissance et la sagesse de Dieu ont
créé toutes ces choses doit nécessairement comprendre aussi que Dieu n'a pas fait exister ces
merveilles en quelque sorte pour passer le temps d'un jour à l'autre, mais que même la plus
petite de ses œuvres porte en elle pour l'éternité une destinée toujours plus élevée.
12. Je crois que tout homme peut comprendre cette vérité sans l'aide d'aucun signe ;
cela dépend seulement de la façon dont on la lui présente.
13. Par exemple, guérir des malades, ou même délivrer un possédé des esprits qui
l'affligent, donc faire ainsi le bien à son prochain, ce sont là sans doute des œuvres d'amour,
mais il ne faut les accomplir que par amour, et non pour qu'elles viennent à l'appui de la vérité
!
14. Seigneur et Maître, ai-je bien parlé, ou peut-être pas tout à fait, avec ces mots
simples ? »
GEJ10 C221
De la conversion par les miracles
1. Je dis : « Mon cher Jean, ce que tu as dit est parfaitement bon et vrai, et c'est ainsi
qu'il faut apporter Ma doctrine aux autres hommes pour qu'elle porte de bons fruits durables.
Car si on l'imposait aux hommes avec trop de miracles, elle serait comme un fruit mal mûri,
qui ne contient souvent pas grand-chose et ne se garde guère longtemps.
2. Car tout ce qui est mûri de force n'a que peu d'esprit en soi et ne tarde guère à se
corrompre et à pourrir - et tout ce qui peut se faire vite et facilement est comme la maison que
cet architecte avait bâtie à peu de frais sur le sable : quand les tempêtes et les pluies
diluviennes sont venues, elle ne put leur résister et fut abattue. Et il en va de même de la
doctrine du royaume de Dieu lorsqu'elle est prêchée et imposée aux hommes à grand renfort
de signes et de miracles.
3. Oui, ils l'accepteront alors facilement ; mais quand, avec le temps, viendront les
tentations et les épreuves, ils n'auront rien à opposer à ces tentations - c'est-à-dire à ceux qui
les tenteront par une autre doctrine mensongère - que les signes miraculeux qu'ils auront vus.
Et si les tentateurs que sont les faux maîtres et les faux prophètes exécutent leurs faux
miracles sous les yeux de ces chrétiens mûris de force, ceux-ci, n'ayant rien en eux qui puisse
conforter la vérité profonde de Ma doctrine, la renient et rejoignent les faux maîtres et faux
prophètes.
4. Car ces hommes qui n'ont pas encore saisi la vérité sont pareils à un roseau que les
vents font pencher de tous côtés.
5. Mais le vent ne peut pas jouer ainsi avec les chênes et les cèdres. Et seuls sont
pareils à des chênes et à des cèdres les hommes qui ont été convertis par la seule vérité de Ma
doctrine. Les faux maîtres et les faux prophètes auront beau s'époumoner devant eux, ils ne
les feront pas plier, parce que la vérité intérieure est plus puissante que toutes les forces de la
terre.
6. Si vous observez ce principe lorsque vous répandrez Ma doctrine, vous serez
vériitablement pareils à ce semeur qui ne sème le blé que dans un bon champ et en récolte
bientôt le centuple ; mais celui qui n'observera pas ou pas assez ce principe sèmera aussi son
blé par les chemins, sur les pierres et les rochers, et parmi les épines et les chardons, et il fera
une mauvaise récolte pour la peine prise.
7. De même, vous ne devez pas trop ébruiter les miracles que J'ai faits, mais plutôt
montrer très clairement aux gens les merveilles et les signes que J'accomplis chaque jour aux
yeux de tous, car vous ferez ainsi une bien meilleure récolte que si vous leur racontiez Mes
miracles en long et en large. Car, si les gens comprennent que Je suis le Seigneur et le Maître
éternel de toute chose, ils devraient bien comprendre aussi que rien ne Me fut impossible
durant Mon existence terrestre.
8. Que celui qui comprend cela s'y conforme, et il Me rapportera de bons fruits !
Pourtant, Je vous dis encore ceci il en est encore quelques-uns parmi Mes disciples qui ne
comprennent pas cela comme Mon disciple Jean. C'est pourquoi sa parole restera jusqu'à la
fin des temps, mais non pas celle de tous les autres, surtout pas de celui qui en dira trop
lorsqu'il racontera Mes miracles par la suite. »
9. Ce discours, comme les paroles précédentes de Jean, ne plut certes guère à certains
des autres disciples présents, mais aucun n'osa rien dire là-contre.
GEJ10 C222
Des âmes mal mûries et des âmes tout à fait mûres
GEJ10 C223
Judas l'Iscariote
1. Le lendemain, tout le monde fut debout très tôt, et Moi de même avec Mes
disciples, aussi l'aubergiste avait-il mis de bonne heure à l'ouvrage sa femme et les
domestiques de cuisine, afin que l'on préparât notre repas du matin.
2. Cependant, Je sortis d'abord avec Jean, Pierre et Jacques et retournai sur le mont
Nébo. Les autres disciples avaient encore à faire avec leurs vêtements et leur toilette, et ils
devaient aussi remettre de l'ordre dans leurs cheveux.
3. Quant à l'aubergiste lui-même, il ne tarda pas à Me rejoindre avec son fils - de
même que le magistrat, cette fois accompagné de sa femme et de ses enfants, qui n'étaient pas
encore bien grands. Les trois prêtres d'Apollon ne se firent guère attendre non plus, suivis de
peu par Mes autres disciples, à l'exception de Judas l'Iscariote. Car celui-ci avait préféré courir
la ville et célébrer les bienfaits de Mes miracles devant les habitants, si bien que ceux-ci lui
avaient ensuite offert un peu d'argent qu'il avait mis dans son sac ; puis il était allé à l'auberge
et s'était fait servir du pain et du vin une bonne heure avant le repas du matin.
4. Or, sur la montagne, l'aubergiste Me demanda ce qu'avait ce disciple qui n'était pas
venu ce matin.
5. Je lui répondis : « Qu'il reste où il est ; car son absence M'est plus agréable que sa
présence, et Je n'ai pas besoin de t'en dire davantage. »
6. Mais le juge Me demanda à son tour : « O Seigneur et Maître, comment se fait-il
que cet homme soit du nombre de Tes disciples ? Vois-Tu, je ne Te demande pas cela pour
rien ; car cet homme a frappé sur-le-champ mon regard de juge, parce qu'il ne regarde
personne en face et que, même lorsque Tu prononces Tes paroles les plus divines, il regarde
devant lui d'un air indifférent et sombre, sans manifester le moindre étonnement ni la moindre
approbation ! Il n'a même pas dit un mot qui permît au moins de connaître le son de sa voix,
alors que tous Tes autres disciples, au contraire, parlaient de temps à autre, tantôt avec Toi-
même, tantôt entre eux. Bref, je dois Te dire que ce disciple ne me plaît pas du tout. Si j'avais
eu un homme comme lui parmi mes nombreux serviteurs, il y a bien longtemps que je l'aurais
congédié. De quelle ville est-il donc originaire ? »
7. Je dis : « Il est Galiléen, et potier de son métier. De tous Mes disciples, c'est le plus
instruit, et il parle aussi bien que n'importe quel maître ; mais il est aussi fort cupide, et c'est là
en lui le vrai démon dont il ne pourra jamais se défaire - car le démon de l'avarice est le plus
difficile à déloger de toutes les espèces de diables et d'esprits malins qui peuvent prendre
possession du cœur d'un homme.
8. Car, en tout autre esprit malin, on peut encore trouver une lueur d'amour du
prochain, mais non pas chez un démon de l'avarice ; c'est pourquoi il est aussi le plus obstiné,
et il imprègne l'homme tout entier jusqu'à ce que celui-ci devienne tout pareil à lui et qu'il
puisse s'en servir au mieux pour accomplir les actes les plus honteux. Aussi, que chacun se
garde avant tout de l'avarice ; car tout autre pécheur entrera plus facilement au royaume de
Dieu qu'un avare ! »
9. Le juge dit : « Si Ton disciple est de cette sorte, Toi qui es tout-puissant, éloigne-le
de Toi ! Que vient faire un tel homme dans Ta compagnie ? »
10. Je dis : « C'est précisément parce que Je suis le Seigneur tout-puissant que -
surtout sur cette terre qui est une pépinière pour Mes enfants - Je dois tolérer aussi bien les
diables que les anges ; car nul ne peut devenir un enfant de Dieu sans le libre arbitre le plus
parfait, et, même au diable, le chemin de la conversion n'est pas entièrement fermé. Cela te
permettra sans doute de comprendre pourquoi Je supporte qu'un disciple qui ne Me plaît
nullement reste auprès de Moi aussi longtemps qu'il le voudra lui-même ; mais s'il veut Me
quitter demain, personne dans Ma compagnie ne lui barrera le chemin.
11. Au reste, s'il ne change pas, il ne tardera pas à trouver sa récompense. Mais pour
l'heure, oublions ce disciple absent, car nous avons à parler de bien d'autres choses.
12. Après le repas du matin. Je partirai sans retard pour Me rendre dans la contrée où
le ruisseau connu sous le nom d'Arnon prend sa source. Car d'ici, les chemins qui mènent à la
vallée du Jourdain sont fort mauvais et difficiles ; mais, par la vallée de l'Arnon, il y a un
assez bon chemin, qui devient cependant lui aussi fort malaisé par la suite.
13. J'ai encore beaucoup à faire dans la vallée du Jourdain, et il se passera encore un
peu de temps avant que Je ne retourne à Jérusalem. »