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Devarim
Vaet’hanan
Ekev
Réé
Ki Tétsé
Ki Tavo
Choftim
Nitsavim
Vayelekh
Haazinou
Vezot Habérakha
Parachat Devarim
Et
ת.נ.צ.ב.ה.
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La Paracha
Après avoir défait les rois Si’hon et Og du côté Est du Jourdain, le peuple
Juif se tient aux portes d’Israël, prêt à entamer sa conquête.
Moshé, comme Hachem le lui avait annoncé, ne pénètrera pas en Terre
Sainte et se trouve sur le point de quitter les enfants d’Israël qu’il guide
depuis quarante ans.
Le livre de Devarim contient donc les évocations de notre Maître Moshé,
(qui exécute ainsi l’ordre d’Hachem), de tous les nombreux épisodes et
péripéties survenus dans le désert ; ainsi que des réprimandes, de
nombreuses recommandations et pour finir, une bénédiction 1.
On raconte que Rav Israël Baal Chem Tov (zatsal), s’élevait vertement
contre ceux, conférenciers ou autres, qui réprimandent leurs ouailles sans
ménagement et évoquent leurs fautes avec acidité. Le Baal Chem Tov
avait tout à fait conscience que cette façon de procéder pouvait éveiller le
public à la Techouva (repentir), pourtant il percevait aussi combien de
mal cela causait au peuple d’Israël qui se retrouvait alors sur le banc des
accusés du Tribunal Céleste, et il craignait que cela n’entraîne des
châtiments, collectifs ou individuels, que D. nous en préserve !
Après cette brève introduction, voici le verset qui nous intéresse pour
l’heure :
:… משה אֶ ל ּ ָכל יִ שְׂ ָראֵ ל
ֶ ׁ )א( אֵ ּ ֶלה הַ ְ ּדבָ ִרים אֲ ׁ ֶשר ִ ּד ּ ֶבר
« Ce sont les paroles que Moshé adressa à tout Israël… »
(Ch.1 ; verset 1)
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Une lecture minutieuse de ces passages dans un ‘Houmach ou une Bible française pour
les non hébraïsants est nécessaire.
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Parachat Devarim
Rachi explique qu’il leur adressa des paroles de remontrances.
Ce que fit alors Moshé aurait-il trouvé grâce aux yeux du Baal Chem
Tov ?
D’autre part il est écrit ceci dans le Midrash :
« Quiconque fait une réprimande à Mon insu trouvera grâce. »
(Proverbes 28 ; 23) […] HaKadosh Baroukh Hou (Le Saint béni soit-
Il) dit : « cela s’applique à Moshé qui a réprimandé Israël à Mon
insu… ! »
Que signifie que Moshé réprimanda Israël à l’insu de Hachem ? Peut-on
cacher quoi que ce soit au Créateur, Lui qui sonde nos pensées les plus
secrètes et devant Qui tout est dévoilé ?
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La Paracha
Le mot traduit ici par "ce sont" est : – אֵ ּ ֶלהÉlé, qui comme nous le fait
remarquer Rabbi Raphaël Kadir Tsaban (zatsal), est constitué des
initiales de אA -vak לL-achone הH-ara (poussière de médisance) :
expression désignant des paroles n’étant pas de la pure médisance
(strictement interdite par la Torah), mais ayant un goût, un soupçon de
médisance (moins grave, mais tout autant interdit !).
Qu’est-ce que la Torah veut nous apprendre en glissant une telle allusion
dans notre verset ?
Bien que nous ayons une Mitsva de réprimander notre prochain (comme
le fait Moshé dans ce passage), nous devons toujours bien vérifier les faits
à propos desquels nous adressons notre réprimande, et faire extrêmement
attention de ne pas transgresser l’interdit de Lachone Hara ou de Avak
Lachone Hara.
Par exemple, il sera interdit de réprimander quelqu’un à propos de faits
dont nous n’aurions pas été les témoins directs. En effet, ce qui nous a été
rapporté peut avoir été déformé, exagéré, certains détails déterminants
peuvent avoir été omis, d’autres accentués à outrance, etc.
Ainsi le « rapporteur » pouvant - et cela est assez inévitable, le domaine
humain étant régi par la subjectivité - avoir déformé les faits, un acte
anodin et permis peut prendre la forme d’une transgression grave, et peut
nous entraîner, de ce fait, à réprimander à tort.
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Parachat Devarim
marque. La tasse était recouverte à un endroit d’une fine pellicule de
poussière, et le Maarchal saisit cette occasion pour faire sa remontrance
avec finesse, il frotta la tasse avec un doigt et dit : « On dirait du Avak
Ribit (poussière d’intérêt) ! » La Rabbanit, qui était encore dans la pièce à
ce moment-là, entendit les paroles du Rav, comprit sur le champ ce qu’il
voulut dire et répartit sans l’ombre d’une hésitation : « Non Rav ! C’est
du Avak Lachone Hara (poussière de médisance) ! »
(Or Ha’hama, selon le Nefech ‘Haïa)
משה אֶ ל ּ ָכל יִ ְׂש ָראֵ ל ְּב ֵע בֶ ר הַ ּי ְַר ֵ ּדן ּ ַב ִּמ ְד ּ ָבר ֶׁ )א( אֵ ּ ֶלה הַ ְ ּדבָ ִרים אֲ ׁ ֶשר ִ ּד ּ ֶבר
:ארן ּובֵ ין ּתֹפֶ ל ְולָ בָ ן וַ חֲצֵ רֹת ְו ִדי זָהָ ב ָ מול ס ּוף ּ ֵבין ּ ָפ ֹ ּ ָבעֲ ָרבָ ה
Rachi :
Ce sont les paroles : Du fait que [ce qui va suivre] est une
remontrance (que Moshé va adresser au peuple) et que le [verset]
énumère tous les endroits où [le peuple] va mettre Hachem en
colère, [Moshé] va dissimuler leurs méfaits en ne les évoquant que
par allusion, afin de ménager l’honneur d’Israël. (Sifri)
Comme nous l’explique Rachi, chaque lieu rapporté dans notre verset fait
référence à un endroit où le peuple mit Hachem en colère.
Pour quelle raison Rachi ne dit-il pas simplement ici que ces lieux nous
indiquent où se trouvaient les Béné Israël à ce moment-là ?
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La Paracha
Que signifie la fin de ce commentaire de Rachi qui dit que Moshé n’a pas
voulu rapporter les choses de façon plus explicite afin de ménager
l’honneur d’Israël ?
En effet, il est vrai qu’une remontrance doit toujours être faite avec tact et
douceur afin de ne pas froisser ni vexer notre prochain. D’autant que si
l’on ne procède pas ainsi, cela risque de braquer la personne en face qui
ne sera alors plus du tout capable de l’accepter. Toutefois, quel est
l’intérêt de le faire par allusion ? La personne visée pourrait en effet par
exemple ne pas avoir les capacités intellectuelles suffisantes pour la
comprendre !
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Parachat Devarim
Certains commentateurs expliquent d’ailleurs que Moshé préféra adresser
ses remontrances par allusion, craignant en parlant ouvertement de ne pas
atteindre son objectif (s’ils ne les acceptaient pas). Car comme nous
l’enseignent ‘Hazal : Tout comme il y a une Mitsva de dire ce qui peut
être accepté, il y a une Mitsva de ne PAS dire ce qui ne peut pas l’être !
En agissant ainsi, Moshé évita donc de transgresser ce commandement,
rien ne fut énoncé réellement, puisque le fait de mentionner uniquement
un mot ou un nom de lieu, cela peut tout vouloir dire ou ne rien vouloir
dire !
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La Paracha
Regardons à présent les noms de lieux rapportés dans notre verset, qui
font référence chacun à un endroit où le peuple Juif éveilla la colère
Divine.
Rachi :
… et [entre] Tofel et Lavân : Rabbi Yo’hanan dit : « Nous avons
parcouru toute l’Ecriture et nous n’avons pas trouvé un endroit du
nom de Tofel et Lavân. [A quoi faisons-nous allusion ?] D. leur fit
une remontrance pour avoir calomnié2 la Manne qui est blanche3,
1F 2F
2
En hébreu, Taflou de la même racine que Tofel.
3
En hébreu, Lavan.
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Parachat Devarim
La fin des paroles de Rachi peut être comprise de deux façons
différentes :
Ou bien, comme nous l’avons rapporté : les enfants d’Israël calomnièrent
la Manne qui est blanche.
Et sur quoi portait leur critique ? Ils dirent :
« Peut-il y avoir quelque chose qui rentre (que l’on mange) et qui ne sort
pas (déjection) ? » (En effet la Manne était totalement absorbée.)
(Il est entendu qu’à un niveau plus profond, leurs plaintes avaient d’autres
fondements, il est toutefois nécessaire d’expliquer ces passages au sens le
plus simple !)
Elle était certes blanche d’aspect, mais elle prenait le goût que l’on
désirait. Ainsi, tous les jours on choisissait son menu : aujourd’hui
chinois, demain oriental, après-demain gastronomie française etc. à
l’infini !
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La Paracha
Pour les individus moins Tsadikim, un peu plus loin… et il fallait aller la
chercher…
Tandis que pour les Récha’im (impies), il fallait la ramasser à la sortie du
camp.
C’est donc pour cette dernière catégorie que la Manne était peu
"digeste" ! Sans parler de la honte, du regard des autres, des réflexions :
« Eh bien, monsieur Rosenfeld, pas de Manne ce matin ?... »
Voilà pourquoi des plaintes furent émises à l’encontre de la Manne.
Mais une nouvelle question se pose maintenant :
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Parachat Devarim
lui tenir rancune, ne pas me venger de lui, le juger favorablement, l’aimer
comme moi-même… et donc vivre en paix avec tous. En me scrutant, je
peux comprendre en quoi le problème vient de moi et non pas de l’autre.
Certains êtres pensent, souvent de manière inconsciente, qu’ils sont
parfaits, qu’ils n’ont donc rien à se reprocher, rien à remettre en question,
et que le problème vient forcément de l’autre ! C’est comme un
automatisme intérieur, un aveuglement confortable : « J’ai posé comme
postulat au fond de moi que je suis parfait, ainsi je progresse dans la vie
sans secousses, sans douleurs puisque tous les problèmes viennent
d’autrui ! »
Et ces pauvres personnes, victimes d’elles-mêmes et de leur entêtement à
penser que leur position est confortable alors qu’il n’en est rien,
puisqu’un individu est d’autant plus aimable et aimé de tous (et c’est cela
le vrai confort), qu’il va sans cesse se remettre en question et accepter de
reconnaître ses torts ; ces pauvres personnes donc, passent à côté de la
vie ! En effet, nos sages, dont le Gaon de Vilna (Zatsal), nous enseignent
que le but de notre existence est le travail de nos Midot, soit
l’amélioration de nous-mêmes, et cela ne passe fatalement que par
l’acceptation du miroir que l’autre me renvoie !
Voici à présent une histoire qui pourra faire sourire mais témoigne
néanmoins d’un mal bien répandu :
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La Paracha
Parmi les nombreuses explications de nos sages, nous avons retenu celle
de Rabbi Yossef, le Darchan de Pozna :
‘Hazal nous dévoilent que lorsque les membres du peuple Juif sont unis
(voir Midrash Tan’houma Choftim), Hachem leur pardonne même la terrible faute
d’idolâtrie. Nous voyons d’ailleurs qu’avant la contestation de l’autorité
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Parachat Devarim
de Moshé provenant de Kora’h et de son assemblée, Hachem avait
pratiquement pardonné la faute du veau d’or !
Seulement… lorsque la dispute éclata, scindant le peuple en trois : une
partie s’alliant à Kora’h, une autre demeurant fidèle à Moshé, une
troisième embourbée dans son indécision, la colère Divine se raviva,
somnolente jusque-là. C’est ainsi que la faute du veau d’or, qui était
presque oubliée, réapparut et devint l’un des principaux chefs
d’accusation du peuple Juif !
Rachi:
Di-Zahav : Il s’agit de Moshé qui leur reproche la faute du veau
d’or qu’ils commirent à cause de la grande quantité d’or qu’ils
possédaient […]
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La Paracha
Pourquoi donc n’avons-nous pas tous choisi d’être riches, forts, beaux,
intelligents, en bonne santé et célèbres ? Pourquoi avons-nous choisi d’être
ce que nous sommes ?
Le 'Hida
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Parachat Devarim
Comment est-ce possible ?
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Sage célèbre de l’époque des Tanaïm. Son surnom vient de ce qu’il avait l’habitude de
dire « Gam zo Lé Tova » (cela aussi est pour le Bien). Voir une histoire à son sujet dans
La Paracha, Berechit.
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La Paracha
Le 'Hafets 'Haïm
« Moshé dit aux Béné Israël tout ce que Hachem lui avait ordonné à
leur égard. »
(Ch.1 ; verset 3)
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Parachat Devarim
Pourquoi, à deux versets d’intervalle, La Torah écrit-elle presque la même
chose concernant Moshé qui s’adresse aux enfants d’Israël ?
La différence entre les deux, évidente, est qu’il est écrit ceci dans le
deuxième verset et non pas dans le premier : « … tout ce que Hachem lui
avait ordonné à leur égard. »
Cette dernière façon de procéder, tout en étant sans doute plus proche de
la vérité que le fauteur doit certes entendre, comporte toutefois certains
risques. En effet, le moralisateur peut devenir très vite l’antipathique, et
provoquer du même coup l’effet exactement inverse de celui escompté :
la personne fautive rejette la remontrance et s’endurcit dans son avancée
sur le mauvais chemin.
Parmi les prophètes qui réprimandèrent le peuple Juif, nous avons
l’exemple de Yéchayahou (Isaïe), qui du fait de l’urgence du moment,
estima qu’il fallait le faire sans détours, comme nous le voyons dans le
verset suivant :
« Oh, nation pécheresse, peuple chargé d’iniquités, lignée de renégats,
enfants nuisibles etc. » (Isaïe 1 ; 4)
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La Paracha
בו ֵתכֶ ם יֹסֵ ף עֲ לֵ יכֶ ם ּ ָככֶ ם אֶ לֶ ף ּ ְפ ָע ִמים ִויבָ ֵר ְך אֶ ְתכֶ ם ּ ַכאֲ ׁ ֶשר
ֹ ֲ)יא( ה' אֱ לֹהֵ י א
:ִ ּד ּ ֶבר לָ כֶ ם
« Hachem, D. de vos pères, vous rendra mille fois plus nombreux que
vous ne l’êtes. Il vous bénira comme Il vous l’a promis. »
(Ch. 1 ; verset 11)
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Parachat Devarim
En effet, Moshé limite leur reproduction à mille fois, puis, il leur assure
que Hachem les fera se multiplier comme Il l’a promis, c'est-à-dire
(comme nous allons le voir tout de suite au travers du commentaire de
Rachi) à l’infini !
Rachi relève cette difficulté et nous dit ceci :
Que signifie la répétition : « Il vous bénira comme Il vous l’a
promis ? » [Les Béné Israël] lui dirent : tu limites notre
bénédiction (à mille fois), alors que Hachem a déjà promis à
Avraham : « Je rendrai ta descendance semblable à la poussière
de la terre ; [tellement nombreuse] que si un homme peut
dénombrer la poussière de la terre, il pourra aussi dénombrer ta
descendance ! » (Berechit 13 ; 16) Moshé leur répondit : « C’est de
moi que [cette bénédiction] est venue, tandis que Hachem : Il vous
bénira comme Il vous l’a promis ! »
La réponse de Rachi est claire, mais elle suscite une autre question :
Pourquoi Moshé les bénit-il de la sorte, alors que sa bénédiction est déjà
incluse dans celle de Hachem ?
C’est pourquoi Moshé donne sa propre bénédiction aux Béné Israël, leur
signifiant ainsi que s’ils ne vivent pas en paix, si le feu de la discorde
brûle parmi eux, ils ne pourront pas bénéficier de la bénédiction que
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La Paracha
Lorsque l’on nous dit que s’il y a la paix il y a tout, on ne nous apprend
rien, tout le monde le sait ! C’est une évidence pour tous les êtres humains
que s’il y a guerre, il y a destruction, et s’il y a destruction, la vie ne peut
pas fleurir. La guerre, ce n’est bien sûr pas seulement un combat entre
deux armées.
Deux individus qui se disputent, quels qu’ils soient et quelles que soient
leurs relations, c’est déjà un petit peu de paix qui se trouve endommagée !
Ainsi, toute la vie semble n’être qu’une inlassable recherche pour
maintenir la paix : A celui qui est le plus conscient de son importance
vitale, et le plus intelligent, de faire des concessions à tout prix afin de la
sauvegarder ! Sans elle, pas de bénédiction, c’est la Mort !
Mort physique, mais aussi et surtout mort de l’harmonie. Ainsi, parce que
c’est sans doute le foyer de chacun qui est le plus important aux yeux de
Hachem, nous prendrons comme exemple le couple. En effet, seul un
couple vivant dans la paix, harmonieusement uni, pourra réussir à
construire un foyer édifiant. Et parce que nous aurons offert un foyer de
paix à nos enfants, parce que nous leur
aurons montré l’exemple de ce qu’il faut
s’efforcer pour maintenir la paix, nous
aurons le mérite de participer à la paix du
monde. Nos enfants en effet seront eux-
mêmes des Juifs pacifistes, aimant et
recherchant la paix, qui règnera donc dans
leurs foyers à leur tour, tout au long de leur
vie, avec leurs voisins, collègues, amis… et
si nous réalisons que chaque être qui vit
pour servir la paix et recevoir ainsi la
bénédiction de Hachem est un maillon d’une Ne pas se contenter d'accrocher
au mur de la maison une
chaîne infinie, nous aurons tout compris. bénédiction...
Notre descendance sera alors indénombrable
comme la poussière de la terre et vivra en
paix.
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Parachat Devarim
avait un "truc" pour avoir des enfants Tsadikim et Talmidé ‘Hakhamim
(érudits en Torah). Le Rav lui répondit en toute simplicité :
Chalom Baït (La paix dans le foyer) !
La paix, le Chalom est la clef de toutes les réussites !
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La Paracha
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Parachat Devarim
Le reproche que fait ici Moshé aux Béné Israël demande à être expliqué :
En effet, si Moshé leur avait simplement reproché de vouloir profiter de la
situation pour corrompre les juges, nous n’aurions pas de question, mais
leur reprocher de se simplifier un peu la vie ?
C’est étonnant !
Moshé avait-il donc oublié dans quelles circonstances ce conseil avait été
donné ?
Voici le contexte : Si des personnes avaient un différend, elles devaient se
rendre chez Moshé afin qu’il tranche le litige. Seulement il fallait parfois
attendre de très longues heures pour ce faire, il y avait en effet au même
moment des centaines, parfois des milliers de personnes qui attendaient
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La Paracha
aussi leur tour ! Ce conseil que Yitro lui donna d’instaurer des tribunaux
avec des juges visait donc le bien de tous, tant celui de Moshé que du
peuple. (Voir Parachat Yitro)
C’est vrai ! Sans doute que les juges et les tribunaux étaient nécessaires,
toutefois y avoir recours comportait une faille : en effet, de qui convient-il
mieux d’apprendre la Torah ?... Du maître ou des élèves ?
D’accord les conditions n’étaient pas faciles, il fallait faire la queue et
rester debout pendant des heures… Soit !
Avant d’aller plus loin nous voulons vous donner à lire une petite
anecdote comportant en soi un élément de réponse :
Ce que Rabbi Baroukh Beer répondit alors à son hôte était sans doute du
même ordre que ce que Moshé reprocha aux Béné Israël dans notre
verset : Ce sont dans ces conditions et de cette façon que l’on étudie la
Torah. C’est peut-être inconfortable mais c’est ainsi !
Une personne qui ne serait jamais entrée dans le Bet Hamidrash (salle
principale d’étude de la Torah) d’une grande Yeshiva s’imaginerait sans
doute avant d’y pénétrer qu’il y règne un calme absolu, comme à la
bibliothèque, et que les étudiants sont assis en silence, plongés dans leurs
livres et concentrés intensément, murmurant, presque inaudibles,
quelques mots de ci de là à leurs compagnons d’étude… Elle
s’imaginerait aussi que le cours du Rav ressemblerait à celui d’un
conférencier dans un amphithéâtre d’université : on n’entend pas une
mouche voler pendant l’exposé du maître, il répond parfois à une rare
question…
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Parachat Devarim
Et bien, il faut le voir pour le croire, mais dans une Yeshiva… c’est
exactement le contraire ! On y trouve des centaines d’étudiants en
effervescence, bruyants, parlant fort, debout et agitant les bras dans tous
les sens. Le cours ? Le Rav ressemble à un chef d’orchestre dirigeant des
dizaines d’instruments à la fois, les questions fusent de partout, une
personne externe à la Yeshiva et assistant à ce spectacle serait stupéfaite :
« Est-ce ainsi que l’on étudie la Torah ? » ne manquerait-elle pas de
s’exclamer ! Oui, c’est ainsi, parce que la Torah est de feu, elle s’étudie
dans l’effervescence et l’excitation…
C’est cela que Moshé voulut leur signifier : La Torah ne s’étudie pas
comme les autres sciences, ni dans le confort, ni dans le calme, ni dans la
tranquillité. Ce qui n’est pas antinomique avec la notion d’ordre et de
rigueur bien au contraire, mais il ne s’agit pas de se reposer, le repos, ce
sera après 120 ans si D. veut…
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La Paracha
Troisième (Chlichi) et
quatrième (Revii) montées :
Dans ces versets, Moshé adresse une nouvelle remontrance aux Béné
Israël au sujet de la fameuse faute des explorateurs que nous avons
rencontrée dans le livre de Bamidbar, Parachat Chela’h Lekha. Les
enfants d’Israël, avant d’entrer en Terre Sainte, avaient demandé à Moshé
d’envoyer d’abord des explorateurs afin d’évaluer la situation, alors qu’ils
devaient y entrer en toute confiance puisque Hachem leur avait promis
une victoire facile.
Examinons à présent les versets d’un peu plus près, nous constatons que
les paroles de Moshé renferment une certaine profondeur que nous ne
pouvions pas percevoir immédiatement, mais afin de la révéler faisons un
petit voyage dans le passé :
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Parachat Devarim
Les "bonnes idées" de ce genre, les arguments, les conseils affluent de
tous côtés. L’excitation populaire atteint son paroxysme et à l’unisson, ils
se précipitent tous chez Moshé afin de lui soumettre leur "bonne idée".
La suite, nous la connaissons, Moshé envoie des explorateurs (malgré la
mise en garde de Hachem), qui à leur retour émettent des critiques sur la
Terre promise. A l’écoute de leur récit, le peuple plonge dans le
désespoir. Les enfants d’Israël pleurent et se lamentent pendant toute cette
fameuse nuit du 9 Av ! Hachem Se met alors en colère : « Vous avez
pleuré ce soir pour rien, et bien vous pleurerez tous ces soirs-là pour
quelque chose 5 dorénavant (tous les 9 Av)… » Toute la génération sera
punie et devra errer pendant quarante ans dans le désert jusqu'à sa totale
disparition. Seuls leurs enfants mériteront donc d’entrer en Erets Israël !
Nous sommes à présent quarante ans plus tard, et Moshé leur rappelle
cette fameuse faute… Si nous avions été à sa place, quel est le reproche
principal que nous aurions fait aux Béné Israël ? - D’avoir voulu envoyer
des explorateurs ? - D’avoir cru les explorateurs ? - D’avoir pleuré ? - Un
peu des trois ?
Sans doute ! Pourtant lorsque nous lisons le commentaire de Rachi sur
notre verset, nous constatons que Moshé va essentiellement insister sur ce
qui peut apparaître comme un détail, et leur adresser un reproche tout à
fait différent de ce que nous attendions.
De quoi s’agit-il ?
Rachi :
Et vous vîntes vers moi, tous… : Bé’irbouvia, en désordre ! […]
Ici, les jeunes bousculent les anciens et les anciens bousculent les
chefs.
Rachi nous explique que les enfants d’Israël ont adressé leur requête de
façon désordonnée, les jeunes gens parlant à la place des anciens, sans se
faire représenter par leurs chefs, sans élaborer de discours clair et
consistant, laissant seulement s’exprimer de manière débridée leurs
inquiétudes et leurs angoisses, en bref : Cela s’est fait n’importe
comment !
Moshé ne leur reproche donc pas précisément d’avoir voulu envoyer des
explorateurs, ni de les avoir crus, mais plutôt la façon dont ils ont fait leur
5
Et en effet, à cette date, de nombreux malheurs se sont abattus sur notre peuple, dont la
destruction du Premier et du Deuxième Templ e de Jérusalem.
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La Paracha
requête. Ce n’est donc pas tant le fond de la plainte qui leur est reproché,
que la forme !
En désordre : Bé’irbouvia, sans respecter la hiérarchie sociale, en
bousculant les principes de base de la vie.
Pourquoi accorder tant d’importance à la forme ?
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Parachat Devarim
Les Baaléi Hamoussar (les Rabbanim spécialisés dans la morale)
rapportent à ce sujet une parabole très populaire :
Un roi fit un jour appeler l’un de ses plus fidèles messagers : « Tu dois te
rendre chez le roi Untel pour lui confier ceci, mais attention je te mets en
garde : Tu ne dois faire aucun pari ni avec lui ni avec aucun de ses
ministres, et sous aucun prétexte ! » Le messager prit la route et arriva
dans le royaume en question. Avec la plus grande application, il
accomplit la mission de son roi bien-aimé. Il témoigna de façon
exemplaire aux yeux de tous, de sa fidélité totale à son monarque.
Pourtant, juste avant de repartir, l’un des ministres entama une
conversation avec lui, et ils se mirent à plaisanter amicalement. Et puis le
ministre posa soudain une étrange question à notre messager :
- La bosse que tu as sur ton dos ne te fait pas mal ?
- La bosse ? Mais je n’ai pas de bosse !
- Que racontes-tu là ? Je vois bien que tu as une bosse dans le dos !
- Mais pas du tout !
- Ah, tu caches bien ton jeu ! Mais je ne suis pas dupe, et je suis même
prêt à parier avec toi que tu as une bosse dans le dos !
- Il vaudrait mieux pour toi ne pas parier si tu ne veux pas perdre ton
argent !
- Je suis tellement sûr de ce que j’affirme que je parie un million de
dollars que tu es bossu !
Le messager éclata de rire, comment un homme peut-il être aussi stupide
et risquer une somme aussi colossale, se dit-il ! Puis il pensa que s’il
prouvait à ce ministre idiot qu’il n’était pas bossu, il empocherait un
million de dollars bien facilement… Toutefois il se rappela les paroles de
son roi qui l’avait mis en garde et lui avait demandé de ne pas parier avec
qui que ce soit. Mais, cédant à la tentation, il argumenta en lui-
même : « La raison pour laquelle mon roi m’a interdit de parier est qu’il
craint que je ne perde ! Mais dans le cas présent, aucun risque ! Le roi
sera donc même heureux que je rapporte un million de dollars pour les
caisses du royaume ! » Palpitant de joie, il annonça alors au ministre :
- Je suis prêt à parier !
- Très bien. Ote tes habits et prouve-nous que tu n’es pas bossu !
Sans discuter, le messager retira sa chemise et prouva ainsi qu’il n’avait
pas de bosse dans le dos. Le ministre fit mine d’être désolé de perdre un
million de dollars, mais il donna l’argent sans l’ombre d’une hésitation,
en acceptant étrangement et très sereinement son sort.
30
La Paracha
31
Parachat Devarim
L’explication de Rachi semble contredire notre verset !
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La Paracha
même de ses enfants. Il est prêt à se faire se fait exploser pour nous tuer,
comme les abeilles.
Ces dernières années furent pour le peuple Juif des années très difficiles,
deux guerres en moins de trois ans, sans compter les multiples attentats
meurtriers que l’on subit au quotidien, incessamment, et malgré tout cela
les médias internationaux nous font passer pour les bourreaux, mais ne
nous inquiétons pas : « D. fait la justice ! » dit David Ha Melekh dans les
Téhilim ! Accomplissons notre devoir, rapprochons-nous de notre
Créateur, c’est notre seul salut.
Par ailleurs réjouissons-nous d’être Juifs, en effet regardez la grandeur
morale de notre peuple au travers de ses souffrances ! Alors que nos
maudits ennemis faisaient tout pour nous anéantir, lors de cette dernière
guerre (en 2009 en Israël), sacrifiant sans hésiter femmes et enfants qu’ils
utilisaient comme boucliers, nous Juifs, mettions tout en œuvre au
contraire afin de protéger la population civile. Ils agissaient sans foi ni loi
mais au nom de leur foi, pour dissimuler leur haine, tandis que nous, Juifs
du monde entier, nous sommes mobilisés afin de soutenir et soulager la
population ainsi que nos soldats en envoyant de partout colis et cadeaux.
Des dizaines d’organismes ont distribué de la nourriture ainsi que toutes
sortes d’objets de première nécessité à ceux qui ont dû fuir leurs maisons.
Des milliers de nos frères ont ouvert leur porte afin d’accueillir les
exilés ! Il y a eu un déferlement de soutien, de bonté et d’entraide durant
cette douloureuse période. Nous pouvons être fiers de nous ! Et chercher
un vainqueur est bien inutile quand on voit la grandeur de Am (peuple)
Israël, le véritable gagnant de ces guerres, qui a su placer la vie avant tout,
respecter l’ennemi et se montrer totalement solidaire et uni malgré les
pressions et les mauvaises langues qui auraient pu abattre notre moral et
nous rendre mauvais, ou amers, quelle grandeur !
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Parachat Devarim
Cinquième (‘Hamichi), sixième (Chichi)
et septième (Chevii) montées :
)יט( ְו ָק ַר ְב ּ ָת מ ּול ְ ּבנֵ י ַע ּמ ֹון ַאל ְּתצֻ ֵר ם ְו ַאל ִּת ְת ָ ּגר ָּבם ִ ּכי לֹא אֶ ּ ֵתן מֵ אֶ ֶרץ ְ ּבנֵ י
ֹ ַע ּמ ֹון ְל ָך יְ ֻר ּׁ ָשה ִ ּכי ִל ְבנֵ י
:לוט ְנ ַת ִּתיהָ יְ ֻר ּׁ ָשה
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La Paracha
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Parachat Devarim
enfant Ben Ami) tellement éloigné dans le temps peut-il avoir encore une
influence sur la postérité ?
La réponse est toute simple : oui !
Le Rav Chakh (zatsal) explique que tous les actes commis du début à la
fin de la création sont liés les uns aux autres comme une immense chaîne.
C’est ainsi que nous-mêmes sommes directement liés aux actes de nos
pères qui le sont eux-mêmes aux leurs et ainsi de suite jusqu'à Avraham,
Its’hak et Yaacov. Nous sommes chacun un maillon de la chaîne de
l’Histoire. Et ce qui s’est passé il y a plusieurs milliers d’années nous
touche concrètement aujourd’hui et influera aussi sur nos descendants et
ceci jusqu’à la fin des temps. Nos actes, petits et grands, auront un impact
sur toutes les générations suivantes, nous touchons là du doigt à
l’infinitude de notre responsabilité individuelle !
Un acte, une parole, les plus petits soient-ils, peuvent avoir une portée
extraordinaire sur le monde et la postérité. Rien ne se perd, le Bien
comme le Mal, mais lisez plutôt…
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La Paracha
Verker, n’était qu’une enfant lorsqu’elle perdit ses parents dans les camps
de concentration. Toute jeune et orpheline, ayant survécu à cette guerre
innommable, elle monta seule en Erets Israël. Les années passèrent et la
cicatrice se referma tout doucement, elle construisit un foyer heureux,
mais pourtant, quelque chose de mystérieux enveloppait sa famille,
comme ce fut le cas pour toutes les familles issues de rescapés de la
Shoa : on ne parla jamais de cette guerre ou plutôt de ce massacre barbare
dans la maison de Guidi, et sa grand-mère Brouria ne lui raconta jamais le
moindre petit évènement au sujet de ce qu’elle vécut dans les camps, ni
ne prononça la moindre allusion à son terrible passé.
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Parachat Devarim
Leur dernière destination est le camp de la mort de Struthof. Dès qu’il y
pénètre, Guidi ressent comme un feu inexplicable monter en lui. Lorsque
le Rav Chaoul Dror sonne du Chofar à la porte du camp, Guidi quitte son
groupe et se dirige vers les chambres à gaz qui l’attirent irrésistiblement.
Il regarde l’intérieur de l’une des chambres et tout son corps se met alors
à trembler. Il sort et contemple les terribles fours crématoires, et puis
soudain, une folle envie le prend de… danser ! Oui, de danser ! Il palpe
ses poches et en sort le petit livre de Tehilim que le Rav lui a donné, le
presse contre son cœur, et se met à danser ! Il saute, élance ses bras, plie
son corps, se relève, balance ses jambes… Il ne manque que la musique !
Guidi Kats, le soldat tellement sérieux et organisé se laisse aller sans
comprendre lui-même, il fredonne à présent une chanson qui était enfouie
jusque-là dans sa mémoire d’enfant " Sissou véssim’hou béssim’hat
Torah, outnou kavod laTorah" (Réjouissez-vous le jour de Sim’hat Torah
et exprimez votre respect à la Torah). « Je suis devenu fou ! se dit Guidi,
je danse avec un livre de Tehilim et fredonne un chant Juif traditionnel au
beau milieu des chambres à gaz et des crématoriums ? » Guidi ressentit
alors le besoin de téléphoner à sa mère afin de partager avec elle ce
moment tellement intense. Il sort son téléphone portable et compose le
numéro de téléphone de la maison : « Allo maman, je me trouve en ce
moment précis dans les camps de Struthof, ne me demande pas pourquoi
ni comment, mais je me suis mis à danser, un livre de Tehilim dans les
mains, en face des chambres à gaz ! » Ahouva Kats, après avoir gardé le
silence une bonne longue minute, lui dit : « Téléphone à Savta (grand-
mère) et raconte-lui où tu te trouves… » Guidi s’exécuta :
-Savta (grand-mère) Brouria, nous n’avons jamais parlé ensemble de ce
sujet, mais je tiens aujourd’hui à te raconter quelque chose d’incroyable
qui m’arrive. Nous avons voyagé en Europe pour visiter les camps de la
mort et je me trouve à cet instant précis dans le camp de Struthof, en
Alsace, je tiens en main un petit livre de Tehilim et je chante et danse…
comme un Juif religieux d’antan…
-Guidone (Guidi étant le diminutif de ce prénom) mon petit-fils… Je suis
une rescapée du camp de Struthof. J’y ai vécu l’enfer durant quatre ans.
Là-bas j’y ai perdu mon père et mes deux sœurs. Te trouves-tu à côté des
crématoriums ?
-Oui, Savta. Après un silence où l’hésitation était comme palpable, Savta
Brouria lui raconta :
-Guidone, tu me dis qu’une envie incontrôlable t’a pris de danser et de
chanter et que tu ne comprends pas pourquoi ? Alors laisse-moi te
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La Paracha
raconter… J’avais huit ans lorsqu’un jour funeste, les maudits nazis ont
entraîné mon père et neuf autres Juifs jusqu’aux chambres à gaz, en leur
donnant l’abominable mission de sortir les cadavres des chambres à gaz et
de les traîner jusqu’aux crématoriums. Je les observais depuis le hangar
adjacent dont le numéro était 121.
-Oui, Savta, je vois le hangar, dit Guidi.
-Papa et ses amis, des Juifs barbus squelettiques, des ombres d’hommes,
traînaient les corps à grand peine, trop faibles qu’ils étaient, et recevaient
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Parachat Devarim
fameuse chanson Sissou véssim’hou béssim’hat Torah. Les pauvres Juifs
décharnés qui dansaient sous mes yeux d’enfant étaient comme des anges
face à l’ange de la mort. Mais cela finit mal Guidi… Les nazis tirèrent sur
eux à bout portant, et appelèrent d’autres pauvres Juifs pour les jeter à
leur tour dans les fours crématoires, ce fut la dernière fois que je vis mon
père… il était si joyeux… et tu sais quoi Guidi ? Tu portes son nom,
Guidone ! Tu as sans doute dansé exactement au même endroit où ton
arrière grand-père a dansé ! » Savta Brouria essuya ses larmes tandis que
Guidi, s’appuyant contre l’un des murs du crématorium murmura, secoué
par de violents sanglots : « Saba (grand-père) Saba, je vais décoller
maintenant, depuis l’endroit où ils t’ont fait mourir… »
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La Paracha
Rabbi Mechoulam naquit dans une famille d’une extrême pauvreté, ce qui
ne l’empêcha pas de s’adonner à l’étude de la Torah de façon
exceptionnelle. A huit ans déjà sa réputation était faite, tous voyaient en
lui le potentiel d’un futur génie de l’histoire. A cette époque, lorsque le
nom d’un enfant prometteur circulait dans les villes, toutes les familles
riches se le disputaient comme futur gendre, ainsi, dès l’âge de treize ans,
il se trouvait fiancé. Le père de la fiancée s’engageait à assurer la
subsistance du jeune couple afin de lui permettre de grandir en Torah
jusqu'à devenir un Talmid ‘Hakham. C’est ce qui arriva donc à Rabbi
Mechoulam, le plus important notable (le Parnasse) de la ville souhaita le
marier à l’une de ses filles.
Rabbi Aharon Kotler (zatsal) avait l’habitude de raconter autour de lui
cette première rencontre de Mechoulam avec sa future belle-famille.
La coutume voulait que l’on invite le futur gendre à dîner dans la maison
de la promise. Le jeune Mechoulam se rendit ainsi chez le Parnasse de la
ville. A cette époque, le commerce de café
commençait à se développer et il n’était donc
encore qu’un produit de luxe que seuls les
riches avaient le privilège de s’offrir. C’est
ainsi que pour l’occasion, et afin d’honorer le
jeune érudit, du café fut servi. Sur le plateau se
trouvaient un petit carafon de lait, ainsi qu’une
coupelle de sucre et une tasse à café. Rabbi
Mechoulam, n’ayant de sa vie ni vu ni goûté à du café, ne savait pas du
tout comment procéder : du lait, du sucre, du café ?! Par quoi fallait-il
commencer ? Il réfléchit, et en s’aidant de ses connaissances
Talmudiques, il fit ce raisonnement : par exemple il savait que nos sages
nous enseignent que la nourriture se consomme avant la boisson, il prit
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Parachat Devarim
donc la coupelle de sucre et en vida le contenu ! La fiancée qui se trouvait
en face de lui le regarda alors d’une façon que le langage ne peut décrire !
Rabbi Mechoulam quant à lui, poursuivait ses réflexions, se trouvant face
à un nouveau dilemme : d’abord le café noir ou le lait blanc ? Encore une
fois il s’aida de ses connaissances en Torah : Il est écrit que la nuit vint
avant le jour ! Il but donc le café en premier et ensuite le lait. Mais après
avoir fini son café, il vit du marc au fond de sa tasse, il se demanda de
nouveau ce qu’il convenait de faire, puis presque instantanément il trouva
la réponse : si on lui avait donné une cuillère, c’était forcément pour
manger le marc. Et c’est ce qu’il fit, jusqu’au dernier grain ! Le visage de
la fiancée s’était complètement transformé, voyant la façon dont son
fiancé avait bu et… mangé son café, elle éclata en sanglots et se réfugia
dans la cuisine afin de trouver du réconfort auprès de sa mère. Le père
embarrassé accourut à son tour dans la cuisine… La jeune fille leur
raconta avec force détails ce qu’elle venait de voir, elle pleura et se
lamenta, elle ne pourrait jamais épouser un tel garçon ! Son père essaya
de la consoler en lui assurant qu’il s’agissait d’un véritable Sefer Torah
vivant ! Elle lui répondit que la place d’un Sefer Torah était dans le Aron
Hakodesh mais pas dans sa future demeure ! Le père n’eut donc pas
d’autre choix que d’annuler le mariage.
Très peu de temps après, la jeune fille trouva un autre ‘Hatan (fiancé), et
Rabbi Mechoulam une autre Cala (fiancée).
Dix-sept années passèrent, et le Parnasse dut se rendre un jour à
Bresslavia pour affaire. Il décida de rendre visite au Rav de la ville,
célèbre érudit de la génération : Rabbi Yéoshoua Fik (zatsal). Autorisé à
pénétrer dans sa chambre, il entra donc, et constata que le Rav était très
troublé, il allait et venait dans la pièce sans discontinuer. Quelque chose
le tracassait. Le Parnasse, voyant le Rav dans cet état, lui proposa son
aide : Avait-il besoin d’argent, d’un conseil ? Rabbi Yéoshoua se tourna
alors vers lui et dit : « Je suis vraiment désolé, mais je ne pense pas que
vous puissiez m’aider dans ce cas précis. » Le Rav continua à aller et
venir et le Parnasse désemparé proposa de nouveau son aide. Rabbi
Yéoshoua lui dit alors : « Je viens de recevoir une lettre d’un jeune érudit
et je ne parviens pas à pénétrer le fond de sa pensée tant ce qu’il écrit est
profond ! Je te présente mes excuses de ne pas pouvoir encore être à toi
mais je dois me concentrer afin de le comprendre. » Le Parnasse fut
stupéfait : Comment ? Rabbi Yéoshoua, un Rav d’une telle grandeur, ne
comprend pas ce qu’un jeune érudit lui écrit ! Piqué par la curiosité, il lui
demanda le nom de ce jeune érudit. Le Rav se tourna vers lui et répondit :
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