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LA PSALMODIE INTÉRIEUR DE L’OFFICE DE LA VIERGE

TANT SELON L'USAGE ROMAIN QUE SELON LE MONASTIQUE

CHAPITRE SEPT :

MÉDITATION DES PSAUMES

DE

VÊPRES

DOM INNOCENT LE MASSON

A Grenoble
Par Andre Faure Imprimeur et Libraire

1689

Avec Approbation & Privilège du Roy

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LA PSALMODIE INTÉRIEUR DE L’OFFICE DE LA VIERGE

À VEPRES

C'étoit l'ancien usage des Juifs d'offrir à Dieu chaque soir un sacrifice, & c'est de quoi David fait mention san
son psaume 140, quand il dit : Que ma prière s’élève vers vous comme la fumée de l'encens, a que l'élévation de mes
mains vous soit agréable comme le sacrifice du soir. C'est aussi à la même heure que Jésus-Christ a célébré la Cène & a
fait l'institution de la sainte Eucharistie, qui est le sacrifice de la Loi de grâce, & qu'il a été dépose de la Croix, après y
avoir consommé l'œuvre de notre Rédemption. Voilà pourquoi on appelle Vespres l'Office divin qui se dit sur le soir
pour honorer ces mystères divins de Jésus-Christ, & le culte divin qui étoit établi par la Loi ancienne.
L'Office de Complies se dit ainsi, parce qu'en achevant &consommant l'Office divin du même jour, il se rend
complet & entier ; ais la raison pourquoi il se dit à la fin du jour, c'est pour honorer la sépulture de Jésus-Christ, qui s'est
faite à la même heure, pour obtenir de Dieu la protection pendant le sommeil contre les pièges & les tentations du
Démon, & pour rendre nos hommages à la Divine Majesté, avant que notre raison s'aille comme ensevelir dans le
sommeil.

Ave Maria

V/. Deus, in adjutorium meum intende.


R/. Domine, ad adjuvandum me festina.

V/. Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto.


R/. Sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.

Il n'y a qu'une antienne pour tous les psaumes des Vêpres de la Vierge selon notre usage.

Sicut lilium inter spinas, sic amica mea inter filias.


Ma bien aimée est entre les Filles, comme le Lys est entre les épines.

Psaume Premier

Ps. CLXXX Dixit Dominus Domino meo

v. 1 dixit Dominus Domino meo sede a dextris meis


Le Seigneur a dit à mon seigneur, asseyez vous à ma droite.

v. 2 donec ponam inimicos tuos scabellum pedum tuorum


Jusqu'à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marchepied.

C'est à juste titre qu'on peut appeler ce psaume le plus sublime de tous les psaumes ; parce qu'il ne nous
prophétise pas seulement la venue du Messie & le Mystère de l'Incarnation, mais il nous instruit d'une manière
prophétique des plus profonds mystères de notre Foi. On voit la génération éternelle du Verbe Divin ; le Sacerdoce
éternel de Jésus-Christ ; son sacrifice, ses travaux, & ses souffrances, son triomphe & sa gloire. Il est aussi le plus
célèbre de tous les psaumes ; car c'est un cantique de joie, par lequel l'Église commence les Vêpres des fêtes de l'année.
Chacun le sait, chacun le chante, & on a bien raison, puisqu'il contient le plus grand sujet de joie que nous puissions
avoir, qui est celui de notre Rédemption, de notre adoption, & de notre bonheur éternel. Nous y trouvons les qualités de
notre Rédempteur ; la Charité de notre Libérateur, qui s'est fait le prêtre & la victime de notre salut ; & la Gloire de
celui qui n'est venu sur la terre s'unir à notre nature, y souffrir & y mourir que pour nous rendre participants de son
royaume, & nous associer à son héritage.
Le saint prophète commence mystérieusement à nous prédire la qualité & la gloire du Messie, afin que sachant
ce qu'il est, nous soyons prévenus de sentiments d'admiration, de respect & de joie, en connoissant que celui qui veut se
faire homme pour l'amour de nous est Dieu lui-même, & que par une charité qui passe tout ce que nous pouvons penser,
le Père éternel, qui n'a qu'un fils unique, le donne pour notre rédemption, & pour nous rendre dignes de sa gloire.
C'est des paroles du premier verset de ce psaume que Jésus-Christ s'est servi pour confondre les docteurs de la
Loi, & pour leur faire connoître qu'ils n'entendoient pas les saintes Écritures. Ils les avoient entre les mains ; mais elles
étoient comme scellées à leur égard, & il n'y avoit qu'un Maître descendu du Ciel qui peut rompre ce sceau, ouvrir le
Livre, & découvrir le sens pour les bien entendre. On peut dire aussi que la dispersion des Juifs a servi au dessein de

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Dieu, en ce qu'ils ont conservés les Livres sur lesquels la religion chrétienne est fondée, qu'ils les ont porté par toute la
terre, & qu'ils ont fourni par ce moyen de quoi prouver les vérités de la Foi dans leurs propres Livres, qu'ils ne
comprennent point ; parce que leur obstination & leur incrédulité leur ont mis un bandeau sur les yeux.
Dieu ayant donc révélé à ce saint Prophète les chose inconnues & cachées de sa Sagesse divine, ainsi qu'il le
dit dans son psaume 50, & ayant déjà prédit dans les psaumes précédents la Passion du Fils de Dieu, ses opprobres &
ses victoires, & même sa Résurrection, son triomphe & sa Gloire ; il prophétise dans celui-ci le Mystère de sa divinité &
de son humanité unies ensemble dans une même Personne. Il nous dit ce que Dieu lui a révélé de ce divin Mystère qui
est ineffable ; mais il s’accommode à notre façon de concevoir, en introduisant le Père Éternel comme parlant à son Fils.
David l'appelle son Seigneur, pour nous faire entendre l'égalité du Fils avec le Père, & que le Fils est autant son
Seigneur que le Père même.
Il exprime encore mieux cette égalité par ces paroles : assoyez vous à ma droite, & en même temps ce que la
sainte Humanité de Jésus-Christ a mérité par son anéantissement, & par sa Charité, par ses combats contre les ennemis
de Dieu, & par ses souffrances. Il a mérité d'être élevé au pus haut degré de dignité, & de recevoir un nom qui est au
dessus de tout ce qui est nommé au Ciel, en la terre, & dans les enfers. S'assoir c'est se reposer après avoir travaillé ; &
faire assoir à sa droite c'est montrer qu'on traite d'égalité celui à qui l'on dit de s'assoir ; & on peut dire encore que quand
on lui donne la droite, c'est ôter toutes sortes de doutes qu'on ne le reconnoisse comme son égal, puisque la droite est
censée la place d'honneur.
Jésus-Christ a vaincu le Diable & le Monde ; mais les hommes qui sans faire attention à ses bienfaits, se
remettent sous la domination de l'un, & qui suivent les dérèglements de l'autre deviennent encore plus ses ennemis que
s'ils n'avoient pas été rachetés de son Sang précieux parce qu'outre l’injure qu'ils font à Dieu en méprisant ses Lois, &
les effets de son admirable Charité : ils offensent Jésus-Christ mortellement en foulant aux pieds son sang précieux &
en le crucifiant derechef dans eux même, ainsi que parle saint Paul.
Néanmoins, quoiqu'ils soient particulièrement ses ennemis, Dieu les attend avec patience, & la Charité de
Jésus-Christ les attire cependant par les attraits de sa grâce, pour les faire ses amis en les portant à rentrer en eux même
& à se convertir ; afin de ne point perdre ce qu'il a aimé si tendrement, & racheté si chèrement. Il est assis comme pour
les attendre : mais quand le temps de la miséricorde sera passé, & que la fin du monde sera arrivée, ce sera alors que
tous ses ennemis seront sous ses pieds comme un marchepied, c'est à dire comme des criminels, qui recevront de sa
bouche la sentence de leur condamnation : & c'est ce que ce saint Prophète nous enseigne dans ces deux premiers
versets.
Jésus-Christ mon sauveur : je vous adore comme Dieu & Homme tout ensemble, assis à la droite de votre Père
éternel, égal à lui en toutes choses selon votre Divinité, & uni à son Verbe par votre sainte Humanité. Je me réjouis de
vous voir couronné d'honneur & de gloire ; & de ce que par l'anéantissement que Vous avez embrassé en vous faisant le
dernier des hommes pour obéir aux ordres de votre Pères éternel & rendre une soumission parfaite à sa sainte volonté,
Vous êtes élevé au dessus de toutes les puissances du Ciel & de la terre. Faites moi la grâce de devenir un de vos plus
fidèles serviteurs, & par ce moyen j'aurais l'honneur d'être de vos amis, selon la promesse que vous en avez faite ; & je
serai par conséquent bien éloigné d'être du nombre de vos ennemis. Je m'estimerai heureux d'être comme votre
marchepied en cette vie, en vous glorifiant & en vous portant en moi, préservez du malheur de l'être en l'autre vie de la
manière que l'entend ici le prophète.

v. 3 virgam virtutis tuae emittet Dominus ex Sion dominare in medio inimicorum tuorum
Le Seigneur fera sortir de Sion le Sceptre de votre Puissance ; régnez au milieu de vos ennemis.

v. 4 Tecum principium in die virtutis tuae in splendoribus sanctorum ex utero ante luciferum genui te
Vous possederez la principauté & l'empire au jour de votre Puissance & au milieu de l'eclat qui environera vos
saints. Je vous ai engendré de mon sein avant l'étoile du jour.

Le prophète adresse ici sa parole à se Seigneur, que le Père éternel lui a fait voir en esprit assis à sa droite ; &
en lui parlant il nous apprend que sa puissance devoit commencer dans Sion c'est à dire dans Jérusalem ; & de là
s'étendre dans toute la terre. Il le reconnoit revêtu de la Puissance souveraine, & par une exclamation il souhaite qu'il
ressuscite & qu'il triomphe de tous ses ennemis.
Il exprime ultérieurement la qualité du règne de Jésus-Christ en ce monde : il en est le roi & le maître absolu ;
mais il exerce son empire au milieu de ses ennemis car il y règne d'une manière pleine de douceur, qui n'impose si
contrainte ni nécessite à la liberté des hommes. Il est un roi patient, qui les attend à pénitence, qui souffre leurs injures,
& qui ne les punit, que lorsqu’après avoir abusé de sa patience ils le contraignent de les traiter comme ses ennemis. Il
règne donc à présent au milieu de ses ennemis ; mais après la consommation des siècles il régnera sur tous ses ennemis.
C'est en ce dernier jour, dans ce jour du Jugement Universel, qu'on connoitra manifestement qu'il est le roi des
rois & le Seigneur des Seigneurs puisque tous les hommes y seront soumis à son jugement. Le Prophète l'appelle le
Grand Jour de la Puissance, parce que tous les hommes en ressentiront les effets, & il paroîtra accompagné de tous les
saints, dont l’éclat fera conoître à tout le monde, la différence infinie qu'il y a entre la Cour céleste & celle des grands de
la terre. Quelle gloire, quel bonheur sera-ce pour nous, si nous avons l'avantage d'être de cette Cour.
Les dernières paroles du quatrième verset ne sont pas de David ; mais il rapporte celles du Père éternel, & la
déclaration qu'il fait de la qualité de son fils, qui est Dieu comme lui & engendré de sa propre substance. Si un homme

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mortel engendre dans l'ordre naturel un autre homme semblable à lui, égal à lui en toutes choses, selon l'âme & ses
puissances, & selon le corps & toutes ses facultés & ses membres, en sorte que le fils est autant homme que le père :
faut il s'étonner après cela de ce que le fils de Dieu est Dieu comme lui ; & si les erreurs d'Arius ont été rejetées comme
autant d'impiétés. Cette génération qui précédé la création des Astres marque son éternité.
Ô Sauveur mon Dieu, vous êtes le Prince & le principe de toutes choses ; c'est par vous que nous avons reçu
l'être naturel, & c'est par vous aussi que nous avons reçu le surnaturel, qui est celui de la grâce. Régnez absolument sur
nous & dans nous, & ne permettez pas que nous soyons jamais de ces ennemis au milieu desquels vous régnez, &
régnerez malgré eux. Vous êtes le Saints des Saints & toute leur splendeur vient de vous comme la lumière des astres
procède du Soleil. Je me réjouis par avance de divin éclat de gloire qui paroîtra aux yeux de tout le monde au jour de
votre grand Jugement ; & j’espère que vous me ferez ressentir ce terrible jour les effets de votre miséricorde, à
proportion de mon espérance que je met toute en vous.

v. 5 Juravit Dominus et non poenitebit eum tu es sacerdos in aeternum secundum ordinem Melchisedech
Le Seigneur a juré, son serment demeurera immuable, que vous êtes le Prêtre éternel selon l'ordre de
Melchisedech.

Le pouvoir d'offrir à Dieu des sacrifices avoit été donné à Aaron & à ses descendants. Les Sacrifices qu'ils
offroient ne consistoient qu'en des victimes d'animaux, & n'étoient que des figures de ce grand & unique sacrifice que
Jésus-Christ devoit offrir lui-même, & dont il devoit être le Prêtre & la victime ; ce sacerdoce devoit cesser comme les
ombres de la nuit cessent de paroître quand le Soleil est levé. Le Prophète prédit donc ici que le Fils de Dieu devoit être
Prêtre, mais d'une autre manière que ne l'étoit Aaron.
Son Sacerdoce durera toujours, & la mort ne le finira point comme celui d'Aaron. Ce Prêtre éternel est Roi &
Prêtre tout ensemble, comme l'a été Melchisedech : & le Prophète nous apprend que le sacrifice que Jésus-Christ devoit
instituer dans son Église sous la figure du pain & du vin, a été représenté par Melchisedech, qui s'est servi de ces
matières pour offrir à Dieu un Sacrifice. C'est ainsi qu'il nous prédit l'institution du Sacrement de l'Eucharistie, dans
lequel Jésus-Christ lui-même est le Prêtre & la Victime.
Le Prophète emprunte de l'usage des hommes le terme de jurer dont ils se servent pur rendre une chose
croyable, mais il ne signifie ici autre chose que le Décret immuable de l'admirable Charité de Dieu, qui non content de
nous donner son Fils pour racheter tout le monde par son sang précieux, a voulu qu'il fut toujours pour nous, & le Prêtre
qui lui offrit des sacrifices, & la Victime offerte pour l'expiation de nos péchés. Il a voulu que le même Sacrifice de
notre Rédemption put être renouvelé par le même Prêtre qui l'a offert sur la Croix ; & qu'il durât jusqu'à la fin des
siècles, parce que cette offrande lui rend une gloire ineffable, & qu'il sait notre faiblesse. Il sait que nous péchons tous
les jours, & il a voulu que tous les jours le remède nous fut appliqué.
Ô Sauveur du monde, c'est ici que se trouve la merveille des merveilles de votre Charité, aussi bien que
l'abrégé de tous vos miracles, le miracle des miracles. Je suis redevable à votre Charité de ce qu'elle Vous a porté jusqu'à
mourir pour me racheter ; mais nous vous sommes infiniment redevable, de ce que Vous avez voulu fournir aux
hommes de se racheter plusieurs fois, quand ils seroient assez malheureux de se perdre de nouveau en se précipitant
dans le péché. C'est par cette admirable industrie de votre Charité, que vous nous dites tous les jours, prends moi &
rachète toi. Ô Seigneur, l'ami, l'unique ami, l'incomparable ami de nos âmes, qui ne vous êtes pas contenté de donner
une fois votre vie pour vos amis ; mais qui la reproduisez miraculeusement tous les jours pour pour la donner pour eux
une infinité de fois : préservez moi du malheur d'offenser une si admirable Charité & conservez moi dans votre amour.

v. 6 Dominus a dextris tuis confregit in die irae suae reges


Le Seigneur est à votre droite, il a brisé & mis en poudre les Rois au jour de sa colère.

v. 7 Judicabit in nationibus implebit ruinas conquassabit capita in terra multorum


Il exercera son jugement au milieu des Nations ; il remplira tout de la ruine de ses ennemis ; il ecrasera sur la
terre les têtes d'un grand nombre de personnes

C'est à Dieu le Père que le Prophète parle ici de son Seigneur qui est assis à sa droite, & il nous apprend ce qui
doit arriver aux Rois de la terre après le triomphe de Jésus-Christ. Il sont persécuté son Église ; & ils ont fait tous leurs
efforts pour l'anéantir ; mais ils ont tous été vains, & ils n'ont servi que pour faire éclater davantage sa puissance & sa
gloire. La fin malheureuse de ces persécuteurs a fait connoître que s'étant rendus les objets de la colère du Fils de Dieu,
ils ont reçu de lui les effets de sa vengeance.
Du jugement particulier qu'il a exercé sur ces persécuteurs, il passe à celui qui sera Universel, & il nous le
décrit en peu de mots d'un manière prophétique. Toutes les Nations seront sujettes au jugement de Jésus-Christ, &
toutes les ruines & les désastres qui sont arrivés dans la diversité des temps, n'auront été que comme des signes de la
ruine universelle qui arrivera alors. Tous les desseins & les travaux des hommes seront renversés, & les calamités seront
parvenues à leur dernière période. Les superbes, qui sont en bien plus grand nombre sur la terre que ne sont les
humbles, seront alors dans la confusion, & leur têtes élevées seront abaissées & écrasées. Voilà ce que le Prophète nous
veut apprendre. Détruisons donc en nous l’esprit d'orgueil afin que nos têtes ne soient pas du nombre de cs

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malheureuses qui seront écrasées.
Ô mon Seigneur, vous m'en avez enseigné le secret. Je n'ai qu'à bien apprendre la leçon que vous voulez me
donner vous-même, d'être doux & humble de cœur. J'ai la tête bien grossière & peu capable de comprendre vos
instructions célestes & d'en profiter. Que votre sainte grâce me l'amollisse aussi bien que mon cœur, afin que l'un étant
amolli & soumis, &l'autre brisé & contrit, je n'ai point de part à ce terrible Jugement qui remplira l'enfer de ces têtes
cassées par le foudre de votre Sentence de condamnation.

v. 8 De torrente in via bibet propterea exaltabit caput


Il boira de l'eau du torrent dans le chemin, & c'est pour cela qu'il élèvera sa tête.

V/. Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto.


R/. Sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.

Nous sommes en ce monde comme des voyageurs, qui marchent sur le chemin de la vie mortelle & du temps
qui passe pour parvenir à la vie immortelle & à l’éternité qui demeure. Cette vie est comme un torrent de calamités, qui
passent & qui reviennent, de même que les eaux des torrents passent avec beaucoup de rapidité, & emportent tout, tant
que la pluie dure, à proportion que la pluie est forte, ou petite ; mais quand la pluie est cessée, ce torrent devient sec,
jusqu'à ce que la pluie recommence. Rien en peut mieux nous représenter l'état des misères de cette vie, où les
afflictions viennent & se passent & recommencent souvent.
Le Prophète nous prédit donc ici, ce que le Fils de Dieu son Seigneur a voulu faire pour nous. Il s'est fait
homme mortel & voyageur comme nous sur la terre ; il y a bu de l'eau du torrent des souffrances jusqu'ua point & en la
manière que nous le savons ; mais cet abaissement, cet anéantissement, ont été la cause de la suprême gloire qu'il a
méritée. Le Prophète dit ici par avance ce que saint Paul a dit depuis en d'autres termes, mais qui signifient la même
chose. Il s'est humilié lui-même, dit il, en se rendant obéissant jusqu'à la mort, & à la mort de la Croix ; & Dieu à
cause de cela l'a élevé, & lui a donné un nom qui est au dessus de tous les noms.
Ô Jésus, mon Sauveur, la Souveraine gloire vous est due par nature en qualité de Fils unique de Dieu ; mais
elle vous est aussi due par titre d'acquisition & de mérite ; vous avez porté l'obéissance à Dieu votre Père jusqu'à la
dernière extrémité ; & i est bien juste que votre exaltation ait correspondu à votre obéissance. Relevez votre gloire sur
moi, en me faisant devenir un véritable imitateur de votre obéissance, fidèle à garder vos saintes Lois, & à correspondre
aux attraits & aux impressions de votre sainte grâce. C'est l'unique moyen de demeurer uni à vous, comme les membres
le sont à la tête, & d'avoir part à votre exaltation, après avoir participé, comme je le dois, à votre humiliation.

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Second Psaume

Ps. CXII Laudate Pueri

v. 1 Laudate, pueri, Dominum : laudate Nomen Domini.


Louez le Seigneur vous qui êtes ses serviteurs ; louez le nom du Seigneur.

v. 2 Sit Nomen Domini benedictum : ex hoc nunc et usque in saeculum.


Que le nom du Seigneur soit béni dès maintenant & dans tous les siècles.

v. 3 A solis ortu usque ad occasum : laudabile Nomen Domini.


Le nom du Seigneur doit être loué depuis le levé du Soleil jusqu'au couchant.

Le saint Prophète enflammé du désir de louer Dieu, exhorte ici les serviteurs de ce divin Maître à le louer d'une
manière proportionnée à leur connoissance, & à leur amour. C'est à dire avec l’innocence d'un cœur véritablement pur,
comme le terme d’enfants ,dont le Texte latin se sert, veut nous le faire concevoir, & que les bons serviteurs doivent
toujours être petit &leurs yeux devant Dieu & devant les hommes.
Il déclare ensuite ce que ces serviteurs doivent avoir en tout temps dans le cœur & à la bouche : que le nom du
Seigneur soit bénit &c. C'est ce que le saint Homme Job a pratiqué admirablement bien dans ses plus grandes calamités,
faisant voir par là qu'il étoit véritable & fidèle serviteur de Dieu : car ne le pouvoit porter à la bénir que le respect & la
fidélité, étant alors environné & comme accablé de souffrances. Il est bien facile de bénir Dieu dans la prospérité, parce
qu'on reçoit ses bienfaits & qu'on en jouit d'une manière agréable à la nature, & il n'y a que la bénédiction qu'on lui
donne dans l'adversité, qui fasse la preuve d'une véritable fidélité.
En tous temps & à toute heure nous avons des sujets de louer Dieu, parce que nous recevons ses bienfaits à
tous moments soit de jour, soit de nuit : ses secours & sa grâce sont comme un cours réglé sur nous, qui est aussi assidu
que celui que fait le soleil pour nous en éclairer. C'est ce que le saint Prophète nous veut faire entendre dans le troisième
verset.
Ô Seigneur, je voudrois être capble, & en état, de vous donner des louanges qui vous fussent agréables. Mais
n'étant rien par moi même, je ne puis vous louer qu'en devenant quelque chose par votre sainte grâce. Détruisez dans
moi le néant du péché & faites moi devenir une créature, qui vous soit parfaitement soumise & fidèles ; car c'est
l'unique moyen de devenir de ces serviteurs, que le Prophète exhorte ici à vous louer, & dont il sait que les louanges
vous sont agréables.

v. 4 Excelsus super omnes Gentes Dominus : et super cœlos gloria ejus.


Le Seigneur est élevé au dessus de toutes les Nations, & sa gloire au dessus des cieux.

v. 5 Quis sicut Dominus Deus noster qui in altis habitat : et humilia respicit in cœlo et in terra ?
Qui sest semblable au Seigneur notre Dieu, qui habite les lieux les plus élevés, & qui regarde ce qu'il y a de
plus abaissé dans le Ciel & sur la terre.

La grandeur de Dieu est incompréhensible & ineffable, mais on se sert de ce qu'on peut, & de ce qui peut
tomber sous nos sens pour nous aider à penser de Dieu ce qui est au dessus de tout ce qui paroit grand. L'empire de tout
le monde est quelque chose de grand, selon notre façon de concevoir ; rien n'est plus élevé que les Cieux. Le saint
Prophète nous veut donc mettre ici dans la bouche un cantique d'allégresse par lequel nous confessions & publiions que
tout cela n'est rien en comparaison de Dieu.
Ne pouvant rien dire de plus, il dit tout ce qu'il voudroit dire, & qu'il ne peut suffisamment exprimer comme il
le désiroit : Qui est semblable au Seigneur. C'est comme s'il disoit : ce seroit en vain que nous parcourrions tous les états
des créatures du Ciel & de la terre ; ce seroit perdre le temps. Car qu'y a t-il au Ciel & en la terre qui soit comparable à
lui en grandeur & en puissance. Mais ce grand Dieu, qui a tout tiré du néant, & qui est au dessus de tout, ne peut rien
souffrir qui se veuille retirer de l'ordre de la création en s'élevant devant lui ; comme si ce qu'il a tiré du néant étoit
quelque chose de lui-même. Il ne regarde donc que les choses humbles, soit au Ciel, dont il a chassé les mauvais anges à
cause de leur orgueil, soit en la terre où il résiste aux superbes, & ne donne sa grâce qu'aux humbles. Voilà ce que le
saint Prophète nous veut enseigner.
Vous êtes juste, Seigneur, & vos jugements sont équitables. L'orgueil d'une de vos créatures est une injustice
punissable puisqu'elle veut s'attribuer ce qui n'appartient qu'à vous seul. Plus je serai humble, & plus j'attirerai sur moi
vos divins regards. C'est aussi ce que votre Fils bien aimé m'a enseigné & recommandé sur toutes choses. Faites moi la
grâce d'être une fidèle disciple de son humilité.

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v. 6 Suscitans a terra inopem : et de stercore erigens pauperem.
Qui tire de la poussière celui qui est dans l'indigence, & qui élève le pauvre de dessus le fumier.

v. 7 Ut collocet eum cum principibus : cum principibus populi sui.


Pour le placer avec les Princes, avec les Princes de son peuple.

v. 8 Qui habitare facit sterilem in domo : matrem filiorum laetantem.


Qui donne à celle qui étoit stérile le joie de se voir dans sa maison la mère de plusieurs enfants.

V/. Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto.


R/. Sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.

Le Fils de Dieu a prononcé des oracles sur les humbles, dont l'accomplissement se fait en toutes manières ; car
la Providence divine se pit à faire voir le soin qu'elle prend d'eux. Mais ces termes de poussière & d'indigence, de
pauvreté & de fumier, doivent s'entendre ici beaucoup plus du spirituel, que du temporel. Car Dieu se plait à relever & à
élever l'homme qui est persuadé de son néant, qui reconnoit son indigence absolue, & qu'il n'est que cendres &
poussières, & qui considère sa nature corrompue comme un fumier sur lequel il croupiroit, si la grâce de Dieu ne l'aidoit
à s'en relever.
Il ne se contente pas de le tirer de cet état d’abjection spirituelle pour l'enrichir des dons de son Esprit ; mais il
le fait parvenir à la gloire des Bien-Heureux. C'est là où il l’élève au rang des Princes de son peuple, qui jouissent de la
vision de leur Roi, qui sont assis auprès de lui : c'est à dire qui jouissent du même repos éternel dont il jouit lui-même.
Ce que dit ici le saint Prophète s'est aussi accompli corporellement dans plusieurs grands serviteurs de Dieu,
comme dans Job, dans Moïse, dans David lui-même : mais ce qui étoit le plus humiliant & le plus affligeant aux dames
Juives, c'étoit la stérilité. Il veut leur donner un sujet de se consoler par l'espérance, & de louer Dieu de ce qu'il a retiré
de cette confusion plusieurs autres femmes qui étoit dans le même état, comme Sara, Rebecca, Rachel, Anne mère de
Samuel, & tant d'autres qui sont devenues des mères de famille après avoir demeuré long-temps dans la stérilité.
Ô Seigneur, vous avez retiré de la poussière & de dessus le fumier le Genre humain, que l'orgueil & la
désobéissance de notre premier Père y avoit jeté, & qui y seroit demeuré si votre miséricorde ne l'eut prévenu ; mais
Vous l'avez élevé au dessus même des Princes de votre peuple, en unissant sa nature à la votre dans votre Fils unique.
Vous avez fait sur votre Église le miracle de la fécondité dont parle ici votre Prophète. C'est donc sur moi-même que
tout ce qu'il dit ici s'est accompli ; puisqu'étant de la race d'Abraham & enfant de votre Église j'ai part à ces merveilles
de votre miséricorde. Faites moi la grâce de ne retourner jamais à la faiblesse dont vous m'avez retiré, & d'être un fidèle
enfant de la mère, dont vous m'avez fait renaitre, afin que je vous ai toujours pour Père débonnaire ayant toujours
l'Église pour Mère.

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Troisième Psaume

Ps. CXXI Laetatus sum in his quae dicat sunt mihi

Vous le trouverez rapporté ci dessus à l'Office de Tierce.

Quatrième Psaume

Ps. CXXVI Nisi Dominus aedificaverit

Vous le trouverez rapporté ci dessus à l'Office de None.

Cinquième Psaume

Ps. XIV Lauda Jérusalem Dominum

v. 1 Lauda, Jerusalem, Dominum : lauda Deum tuum, Sion.


Jérusalem loue le Seigneur ; Sion, loue ton Dieu

v. 2 Quoniam confortavit seras portarum tuarum :benedixit filiis tuis in te.


Parce qu'il a fortifié les serrures de tes portes ; & qu'il a béni les enfants que tu renferme dans ton enceinte.

v. 3 Qui posuit fines tuos pacem : et adipe frumenti satiat te.


Il a établi la paix jusqu'aux confins des tes Etats ; & il te rassasie du meilleurs froment.

Ce psaume n'est qu'une continuation de celui qui précède, & il n'est pas aussi partagé dans l'Hebreu ; mais les
Septante interprètes l'ont partagé en deux, comme on le voit à présent. Sion étoit dans l'enceinte des murs de Jérusalem,
& elle en faisoit la plus noble partie, parce que c'étoit où le Temple de Dieu étoit bâti. C’est pourquoi le saint Prophète
l'a distingué ici d'avec le reste de la Ville. Ce qu'il dit néanmoins, ne peut convenir que fort imparfaitement à la
Jérusalem terrestre, d'autant qu'elle a été plusieurs fois attaquée, sa paix troublée, & ses murs ont été renversés.
C'est donc de la céleste Jérusalem qu'il veut parler, dont les habitants louent le Seigneur sans interruption &
sans trouble. Les portes de leur Ville sont en grande assurance ; & elle ne peut être attaquée ni forcée, si ce n'est de la
manière dont Dieu l'a dit dans l'Évangile : Le Royaume des Cieux se prend par violence, & ce sont les violents qui
l'emportent [Matth. XI, 12]. Mais cette violence est un effet de la grâce & du libre arbitre dont Dieu est l'auteur & le
promoteur. C'est un effet de la bénédiction de Dieu qui durera à jamais.
La paix règne d'une manière parfaite dans cette sainte cité entre les citoyens. La Charité les a fait devenir
comme une même chose. Le froment dont sont nourris ces Bien-Heureux habitants est appelé le froment des Élus dans
un autre endroit de l'Écriture [Zac. XXIX, 17], & il est bien différent de celui qui nourrit nos corps. Car celui-ci n'apaise
la faim que pour un temps, mais ce céleste froment rassasie pour toujours les élus, sans leur laisser aucune ombre de
faim, parce que tous leurs désirs sont remplis des biens de leur Seigneur. La Vérité & la Sagesse les repait sans cesse, &
ils goutent le Verbe Divin dans sa source.
Les âmes fidèles goutent bien, dès cette vie, combien Dieu est bon & doux ; elles boivent quelque fois de l'eau
de la Sagesse, & mangent quelque fois du pain de la Vérité ; mais ce n'est que par un petit écoulement & par quelque
aumône passagère ; ce n'est que comme à travers d'un miroir, & par énigme qu'elles les reçoivent ; mais ce sera dans
cette céleste Sion qu'elles seront enivrées des biens de la Maison de Dieu, qu'elles seront abreuvées du torrent de ses
délices. Voilà ce que le saint Prophète nous veut signifier par ces paroles : Heureux ceux qui seront rassasiés de ce
froment ; mais il faut qu'auparavant ils aient eu faim & soif de la justice en cette vie.
Ô mon Seigneur, votre douceur est ineffable, & Vous ressentir dès cette vie à vos fidèles que votre Charité,
votre Vérité, & votre sagesse sont la véritable nourriture des âmes. Leur goût fait facilement mépriser celui des choses
de la terre, & reconnoitre qu'elles ne sont pas les viandes naturelles des âmes. Vous ne nous faites aussi gouter en cette
vie un peu de votre douceur, que pour nous faire aspirer au bonheur d'en jouir & d'en être éternellement rassasiés dans
l'autre. Achevez donc, s'il vous plait, dans nous votre ouvrage, & faites nous la grâce de ne point perdre le grand bien
que vous voulez nous faire, de nous mettre au nombre des citoyens de votre céleste Jérusalem, & des domestiques de
votre maison.

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v. 4 Qui emittit eloquium sum terræ : velociter currit sermo ejus.
Il envoie sa parole à la terre, & cette parole est portée par tout avec une extrême vitesse.

v. 5 Qui dat nivem sicut lanam : nebulam sicut cinerem spargit.


Il fait que la neigne tombe comme la laine sur la terre & il y répand la gelée blanche comme de la cendre.

v. 6 Mittit crystallumsuam sicut buccellas: ante faciem frigoris ejus quis sustinebit ?
Il envoie sa glace qui se divise comme en morceaux : qui pourra soutenir la rigueur de son froid ?

v. 7 Emittet Verbum suum, et liquefaciet ea : flabit Spiritus ejus, et fluent aquæ.


Mais au moment qu'il aura donné ses ordres, il fera fondre toutes ses glaces : son vent soufflera & les eaux
couleront à l'heure même.

Le saint Prophète représente ici les ordres de la Providence sous le symbole d'un mandement qu'on envoie par
tout en diligence par divers courriers ; mais il n'y a rien au monde qui nous puisse représenter la vitesse avec laquelle les
ordres de la Providence divine sont signifiés à toutes les créatures. Elles en reçoivent les impressions en même temsp
que le concours qui les fait subsister dans l'être, & elles les accomplissent sans y manquer ; n'y ayant que l'homme que
Dieu a honoré du libre arbitre qui puisse y apporter de l'obstacle.
Les choses que le saint Prophète nous met ici devant les yeux, sont toutes connues nos expériences ; mais elles
n'en sont pas moins admirables ; & pour être des effets que nous appelons naturels, la puissance du Créateur, & l'ordre
de la Providence, ne laisse pas d'y éclater d'une manière qui mérite notre attention singulière. Qu'y a t-il de plus
admirable que cette neige, qui vient couvrir les blés durant les grandes froidures de l'hiver, & qui sert à la terre comme
d'un vêtement de laine ? Que peut on voir de plus merveilleux que ces gelées blanches, qui se répandent par tout,
comme de la cendre jetée en l'air ?
Nous voyons l'eau devenir dure & solide comme de la pierre par le moyen de la gelée. De telle sorte que cet
élément, qui de sa nature n'a pas de consistance solide, porte des chevaux, des chars, & des fardeaux considérables ; &
tout à coup la même Providence fait fondre tout cela par son ordre. Elle fait souffler un vent, & toute cette dureté se
résout en eau. La violence du froid, qu'on en pourroit supporter, si elle passoit à l'extrémité, se dissipe, & il lui succède,
par le moyen de ce vent, une chaleur tempérée, qui fait cesser ce que la froidure faisoit souffrir. Ce sont de grands
miracles, que le saint Prophète nous expose, afin de nous porter à considérer & à honorer la Providence universelle, & à
nous regarder comme étant du nombre des autres créatures, sujettes en toutes choses, & en tout temps, aux mêmes
ordres de la Providence.
Ô mon Seogneur, que je serois heureux, si ma raison & ma volonté étoient autant soumises aux ordres de votre
sainte Providence que l'est le reste de vos créatures. Je vous dirois voontier avec votre serviteur Job : Pourquoi m'avez-
vous établi contraire à vous, & pourquoi suis-je devenu à charge à moi-même ? Pourquoi n'ôtez vous pas mon péché, &
pourquoi n'enlevez vous pas mon injustice ?[Job. VII, 20]. Mais c'est par un ordre secret de votre Providence, que vous
me laissez en cet état. C'est pourquoi j'adore cette disposition ; & je vous demande votre sainte grâce pour correspondre
aux desseins que vous avez sur moi, & pour les accomplir.

v. 8 Qui annuntiat Verbum suum Jacob : justitias, et judicia sua Israël.


Il annonce sa parole à Jacob, ses jugements & ses ordonnances à Israël

v. 9 Non fecit taliter omni nationi : et judicia sua non manifestavit eis.
Il n'a point traité de la sorte toutes les autres Nations ; & il ne leur a pas manifesté ses préceptes.

V/. Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto.


R/. Sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.

Tout ce que le saint Prophète a dit jusques ici ne contient que des effets naturels, qui sont exposés aux yeux de
tous les hommes, pour les conduire à la connoissance & à l'amour de leu créateur ; mais c'est d'une manière muette, qui
ne donne point d'instruction spécifique, Elle attire seulement la raison par son instinct naturel à reconnoitre un être
Souverain, à recourir à lui par la prière, & à suivre les principes d'équité qu'il a gravés dans elle.
C'est donc une faveur singulière que Dieu a faite aux enfants d'Israël, d'ajouter à ces instructions naturelles, les
instructions divines de sa parole, qui leur apprend les sentiments qu'ils doivent avoir de Dieu, ce qu'ils doivent faire
pour lui plaire, & ce qu'ils ont à craindre & à espérer de lui. Il leur a annoncé sa parole par les Livres de la Loi qu'il a
inspirés à Moise, & par la bouche des prophète qui ont parlé de sa part ; & tout a été confirmé par une infinité de
miracles, qui prouvoit que celui qui a crée le Ciel & la terre, & qui gouverne tout ce qui est dans le monde, étoit le
même qui leur faisoit annoncer toutes ces vérités.
Ce devoit être un motif aux enfants d'Israël d'une grande reconnaissance envers Dieu, de voir qu'il n'avoit rien
accordé de semblable aux autres Nations, & c'est aussi lui dont ce sert le saint Prophète pur les exciter à en rednre à
Dieu des reconnoissances & des actions de grâce toutes singulières ; mais ces paroles du Prophète nous doivent être
encore bien plus à cœur qu'aux anciens israélites ; à nous catholiques qui sommes distingués de tant de Nations, dont les

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unes sont idolâtres, les autres infidèles, les autres hérétiques ; à nous religieux, qui sommes séparés par la grâce d'une
vocation singulière du torrent de la corruption du monde, de ses obstacles de vanités, & de ses dangers.
Nous devons toujours avoir dans le cœur, & souvent dans la bouche, ces paroles du dernier verset de ce
psaume : Il n'a point traité comme nous tant d'autres peuples, & tant d'autres personnes. Mais souvenons nous aussi du
malheur de Jésus-Christ a prononcée sur Bethsaïde & sur Corozaïm, parce que si les miracles qu'il avoit fait dans les
deux villes avoient été fait dans Tyr & dans Sidon, les habitants de ces deux dernières villes auroient fait pénitence
depuis longtemps dans le cilice & dans la cendre. C'est ce qui s'appelle le jugement de comparaison, qui s'exercera sur
nous, si nous ne profitons des avantages de la grâce de notre vocation.
Ô mon Dieu, celui a qui vous avez donné davantage vous est le plus redevable ; c'est avec bien de la justice,
que vous lui demanderez raison de l'usage de vos dons. Vous nous avez ouvert la porte du salut éternel & le chemin de
la béatitude ; & Vous nous avez fourni tous les moyens nécessaires pour y parvenir. Je suis donc coupable de l'abus de
vos grâce, & de ma propre perte si j'en abuse ; mais vous savez quelle est ma faiblesse, & que j'abuserai sans cesse de
vos dons, si vous ne m'accordez la grâce de m'en bien servir. C'est ce que je vous demande de tout mon cœur, par les
mérites de mon seigneur Jésus-Christ.

Petit Chapitre

Quasi cedrus exaltata sum in Libano, et quasi cypressus in monte Sion : quasi palma exaltata sum in Cades, et
quasi plantatio rosæ in Jéricho. R/. Deo Gratias.
Je me suis élevée comme un cèdre du Liban & comme un cyprès de la montagne de Sion. J'ai poussé mes branche en
haut comme les palmiers de Cades, & comme les plantes des rosiers de Jéricho.

Hymne

Ave maris stella, Dei mater alma Atque semper virgo Felix caeli porta
Etoile de la mer qui calmes les orages, Glorieuse mère de Dieu, Vierge en tout temps & célèbre en tous lieux, Porte
heureuse du Ciel, agrée nos hommage.

Sumens illud ave Gabrielis ore Funda nos in pace Mutans Evae nomen
Recevant le salut qu'autrefois vous reçûtes de la bouche de Gabriel, Affermissez la paix qu'avec lui vous conclûtes, Et
qu'Eve avoit rompue entre nous & le Ciel.

Solve vincla reis Profer lumen caecis Mala nostra pelle Bona cuncta posce
Briser de nos péchés les funestes liens, & rendez la lumière à nos âmes aveuglées, Eloignez tous les maux dont la vie
est troublée, Et demandez pour nous toutes sortes de biens.

Monstra te esse matrem Sumat per te preces Qui pro nobis natus Tulit esse tuus
Montrez Vous notre bonne Mère, & que par vous nos vœux présentés au Sauveur né de vous pour notre bonheur,
puissent en obtenir ce que chacun espère.

Virgo singularis Inter omnes mitis Nos culpis solutos Mites fac et castos
Vierge qui surpassez tout autre, en pureté comme en douceur, faites que ces vertus règnent dans notre cœur, Rendez e
doux & pur comme le votre.

Vitam praesta puram Iter para tutum Ut videntes Jesum Semper collaetemur
Faites nous vivre innocemment, Conduisez nous si bien par les plus sures voies, Que nous voyions Jésus &
qu’éternellement Nous participions à vos joies.

Sit laus Deo Patri Summo Christo decus Spiritui sancto Tribus honor unus. Amen.
Gloire & louange au Père tout-puissant, Gloire à votre divin fils fait de votre substance, Gloire à l'Esprit vivifiant, même
gloire à ces trois qui sont un par essence. Ainsi soit-il.

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V/. Ave Maria gratia plena
R/. Dominus tecum

Ant. Tota pulchra es amica mea & macula non est in te.
Vous êtes toute belle ma bien-aimée, & il n'y a aucune tache en vous.

Cantique de la Sainte Vierge

Magnificat anima mea Dominum, et exultavit spiritus meus in Deo salutari meo.
Mon âme glorifie le Seigneur, & mon esprit est ravi de joie en Dieu mon sauveur.

Quia respexit humilitatem ancillae suae. Ecce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes.
De ce qu'il a regardé la bassesse de sa servante ; var voilà ce qui me fera désormais appeler bienheureuse dans
la suite des tous le siècles.

Quia fecit mihi magna qui potens est. Et sanctum nomen ejus.
Parce que le Tout-Puissant m'a fait de grandes choses, lui dont le nom est saint.

Et misericordia ejus a progenie in progenies timentibus eum.


Sa miséricorde se répand d'âge en âge sur ceux qui le craignent.

Sainte Elizabeth venoit de dire de très grande choses à l'avantage de la sainte Vierge, en lui déclarant ce que
Dieu lui avoit fait connoitre des merveilles qu'il avoit opérées dans elle. Elle écoutoit tout dans un profond silence ;
cependant son cœur étoit rempli, non pas d'une complaisance vaine, mais de reconnaissance envers celui qui est la
source & le principe de tous ces biens. Son esprit se remplissoit de vues surnaturelles & d'admiration en écoutant ces
merveilles ; de sorte que ne pouvant plus se contenir, son cœur & son esprit se sont fondus & répandus en louanges dans
ce saint cantique.
Elle ne peut souffrir qu'on lui attribue rien de toutes ces grandes choses, & elle reconnoit qu'il n'y a rien dans
elle, qui ait pu mériter des faveurs si singulières. Elle dit seulement qu'il a plu à Dieu de regarder sa bassesse. Elle tire
toute sa gloire de son néant reconnu aux yeux de Dieu, d'une manière qui a rendu son humilité parfaite. Elle nous
apprend que la véritable joie de l'âme ne peut se trouver qu'en Dieu, & que l'humilité est comme la source du mérite,
aussi bien qu'elle est la mesure de la grandeur de l'âme. L'humilité est le refuge de Marie dans les louanges ; elle nous
montre où il faut que nous nous retirions à son exemple, quand on nous donne des louanges.
Elle sait les grands biens que Dieu a opérés en elle : elle ne fait point de difficulté de les reconnoitre, & de dire
ce qu'elle pense des sentiments qu'on aura d'elle dans toute la suite des temps ; mais elle attribue tout cela au regard de
Dieu, qui ayant purifié son âme de tout l'humain par une humilité parfaite, l'a voulu ainsi honorer, la remplir, non
seulement de ses grâces, mais aussi de lui-même. Apprenons de son exemple, qu'il n'y a rien dans nous qui puisse attirer
la complaisance & les dons de Dieu, que l'humilité.
Elle attribue à Dieu la puissance, la miséricorde & la sainteté & elle comprend dans ces trois mots tout ce que
nous en pouvons dire. Il peut tout & il est le seul qui peut par lui-même. C'est lui qui es le Père des miséricordes, & il
n'y a que lui qui la puisse exercer su nos misères. Il est le seul saint ; & il n'y a point de sainteté qui ne soit un
écoulement de la sienne. Elle en parle comme savante, parce qu'elle a éprouvé par excellence dans elle même les effets
de ces trois attributs de Dieu.
On l'appelle ainsi à bon droit le Temple de la sainte Trinité. Elle est la fille de Dieu le père auquel on attribue la
puissance, comme étant la divinité fontale. Elle est la mère de Dieu le fils, auquel on attribue la miséricorde ; & c'est
pour cette raison qu'on l'appelle à bon droit la mère de miséricorde. Elle est l'épouse du Saint Esprit auquel on attribue
la sainteté ; & c'est de cette source qu'elle a conçu le Fils de Dieu dans ses chastes entrailles. Le Père a fait éclater dans
elle sa puissance, en l'élevant à la dignité de Mère de Dieu ; le Fils sa miséricorde, en se faisant miséricorde pour
racheter les hommes du péché, & de l'enfer ; & le Saint Esprit sa sainteté en la remplissant de lui-même, & en la faisant
la plus sainte de toutes les pures créatures.
Mais elle nous encourage par un témoignage, qui nous doit être d'autant plus considérable, qu'il vient de celle
qui a enfanté la vérité, que David dit, qui est sortie de la terre, c'est à dire du sein de la Vierge qui a enfanté Jésus-Christ.
Ce témoignage nous assure de la miséricorde de Dieu qui en cessera point & qui ne se lassera point de s'exercer envers
ceux qui ont sa sainte crainte. C'est donc un remède qui ne leur manquera jamais, tant qu'ils y auront recours avec
confiance.
Ô très sainte vierge, il vous appartient plus qu'à personne, de parler de la puissance, de la miséricorde, & de la
sainteté de Dieu, parce que vous en avez fait des expériences, qu'il n'y a que vous seule qui ayez faites. C'est votre
humilité qui a attiré sur vous toutes ces grandes choses. Vous nous l'apprenez vous-même & vous nous enseignez en
même temps, ce que peut auprès de Dieu cette sainte vertu. Nous nous réjouissons en esprit avec Vous, en chantant
votre saint cantique, de ce que Dieu a opéré dans vous tant de merveilles. Vous êtes pleine de grâces, & vous avez porté

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dans votre sein la source de la grâce. Que ne pouvez Vous donc pas pour la faire découler sur nous avec abondance par
vos puissantes intercessions ? Faites nous ressentir que vous êtes toujours la même, qui avez engagé Dieu votre Fils a
convertir l'eau en vin aux noces de Cana ; Faites par votre entremise qu'il convertisse votre faiblesses en force, & qu'il
nous remplisse de ce vin nouveau qui produit les Vierges. Mais très-sainte Mère de Dieu, il faut que nous ayons des
vaisseaux qui soient vides pour le recevoir : & cela ne peut être que par l'imitation de votre humilité. Soyez donc notre
maitresse pour vous apprendre à profiter de votre exemple, & de la leçon de votre cher fils, qui nous veut enseigner à
devenir doux & humbles de cœur. Ce sera par ce moyen que nous ressentirons les effets de la Puissance du Père, de la
miséricorde du Fils, & de la sainteté du saint Esprit.

Fecit potentiam in brachio suo. Dispersit superbos mente cordis sui.


Il a employé la force de sont bras : il a dissipé ceux qui s'élevoient d'orgueil dans les pensées de leur cœur.

Deposuit potentes de sede, et exaltavit humiles.


Il a renversé les grands de leur trône ; & il a élevé les petits.

Esurientes implevit bonis, et divites dimisit inanes.


Il a rempli de biens ceux qui étoient affamés ; & il a renvoyé vides ceux qui étoient riches.

Cette sainte maitresse de l'humilité qui rend ici gloire & louange à Dieu d'une manière si fervente, & qui
attribue tout son bonheur à l'humilité, nous veut persuader que c'est par le moyen de cette vertu qu'on reçoit les bienfaits
de Dieu, car elle rassemble ici tout ce qui peut nous en convaincre, non seulement par ce que Dieu accorde aux humbles
; mais aussi par le rebut qu'il fait de tous ceux qui leur sont opposés par leur orgueil.
Elle exprime en deux mots toutes les merveilles que Dieu opéroit dans elle par les mérites de l'Incarnation. Il a
employé, dit elle, la force de son bras. Tous les effets que Dieu a fait paroître de sa puissance dans la délivrance de son
peuple, dans les victoires qu'il lui a fait remporter en son trajet du désert dans son entrée en possession de la terre
promise, n'étoient que peu de chose en comparaison du grand mystère de notre Rédemption. Le Fils de Dieu s'y est
employé lui-même de la manière que nous le savons, il a combattu le Diable & le monde, & il les a vaincu, il a établi
son Église, & opéré le salut du genre humain.
La Charité & la bonté de Dieu ont ici comme épuisé sa puissance, puis qu'il ne pouvoit rien faire de plus que ce
qu'il a fait. Le Père en donnant son Fils, le Fils en se livrant lui-même à la mort, & le saint Esprit en se répandant sur
nous. Mais elle remarque le renversement des desseins & des pensées des superbes comme un exercice que Dieu a
entrepris de faire, afin que nous comprissions que l'orgueil est le vice que Dieu a le plus en horreur. Elle nous découvre
aussi toute l’économie du mystère de l'Incarnation. L'Orgueil & les pensées du cœur de l'homme, lui faisoient estimer la
grandeur, l'honneur & les richesses du monde ; mais le Fils de Dieu se faisant homme a renversé toute cette façon de
concevoir, en se rendant pauvre, inconnu & anéanti. C'étoit là l'unique moyen de désabuser les hommes, & de dissiper
les desseins & les pensées du cœur des superbes.
Elle prédit aussi ce que Dieu devoit opérer par le moyen des apôtres & des disciples de son fils. Les puissances
du monde ont été vaincues, & comme réduites en poudre par la vertu de la Croix. Le Diable a été chassé de son trône &
les disciples de l'humilité de Jésus-Christ ont été élevés en gloire, en honneur & en sainteté ; en sorte que leur mémoire
est en bénédiction. On fait gloire de porter leur nom, on érige des Temples à Dieu en leur honneur ; on révère leur
Image, & on célèbre leurs fêtes ; on les considère enfin comme ceux que Dieu a établi les Princes de toute la terre.
Elle s'explique même d'une manière mystérieuse de la doctrine de son Fils, en disant Il a rempli de biens &c.
C’est ce que Jésus-Christ nous a dite depuis de la faim & de la soif de la justice, & de la pauvreté d'esprit. Ce sont ces
faméliques de la justice, qui sont rassasiés des biens célestes, & ces pauvres d'esprit qui reçoivent les véritables
richesses de l'esprit ; au lieu que les riches d'esprit, c'est à dire ceux qui ont l'esprit & le cœur attachés aux richesses sont
dépourvus des dons de la grâce, & ils sont ainsi plus vides des véritables richesses, que ne l'est le vide même & le néant.
Ô sainte Mère de Dieu, le verbe divin parloit autrefois par la bouche des Prophètes, mais ce n'étoit que par la
voie d'inspiration : Vous parlez bien d'une autre manière, & vos prédictions sont bien plus digne de vénération ; car le
Verbe divin étoit renfermé dans votre sein, & parloit lui-même par votre bouche sacrée. En même temps que vous lui
fournissez de votre propre substance l'entretien de sa vie dans son corps mortel, il Vous fournissoit des paroles pour
composer ce divin cantique. C'est dans ce saint cantique que vous renfermez & que vous nous apprenez tous les
desseins de Dieu dans le mystère de l'Incarnation de votre Fils ; le précis de sa doctrine, & ce que nous devons faire
pour avoir part à sa gloire. Vos paroles sont des paroles de vie, & qui sont émanées de la source de la vie que vous aviez
dans votre sein, lorsque vous les prononciez. Mais la force de vos intercessions les peut les faire pénétrer bien avant
dans nos cœurs. C'est ce que je Vous demande, & que j'attends de vous, ô Mère de miséricorde, qui nous avez enfanté la
miséricorde de Dieu dans Jésus-Christ votre fils.

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Suscepit Israël puerum suum, recordatus misericordiae suae.
Il s'ests uni Israël son serviteur, se ressouvenant de sa miséricorde.

Sicut locutus est ad patres nostros, Abraham et semini ejus in saecula.


Selon les promesses qu'il a faites à Abraham & à sa postérité à jamais.

V/. Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto.


R/. Sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.

La sainte vierge nous veut parler ici d'une union qui est bien autre que l'alliance que Dieu avoit faite avec
l'ancien Israël, & ses descendants, qui n'étoit qu'une alliance de charité. C'est d'un autre Israël qu'elle parle ici, qui tire
son origine de l'ancien Israël selon la chair, mais qui est avant cet Israël & avant ses Pères Isaac & Abraham. C'est cet
Israël, cette humanité sainte, que le verbe divin a pris pour unir à la nature divine & n'en faire qu'une seule personne.
Voilà donc la profondeur du mystère de l'Incarnation contenue sous ces paroles. C'est en lui & par lui que Dieu a
accompli les anciens conseils de sa miséricorde, & qu'il s'est acquitté parfaitement des promesses qu'il avoit faites à
Abraham & à toute sa postérité, qui ne doit pas être considérée selon la chair, mais selon l'esprit. Il est appelé le Père
des âmes fidèles & sa postérité s'étend à toutes les bonnes âmes, qui montreront par œuvres, qu'elles sont les héritières
de la Foi & de la fidélité.
C'est par vous & dans vous, ô très sainte Vierge, que s'est faite cette union de Dieu avec ce nouvel Israël son
serviteur. C'est par votre canal que l'accomplissement de ces anciennes promesses a passé pour venir jusqu'à nous. Nous
avons donc aussi grand sujet d'espérer que ce sera par votre entremise que nous recevrons les secours de Dieu, dont
nous avons besoin, pour ne pas rendre inutiles à notre égard ces merveilles de la miséricorde de Dieu, & pour n'être
point frustrés de ses promesses. J'implore votre puissante assistance & je vous prie de me faire ressentir que vous êtes
encore bien plus la mère des fidèles, qu'Abraham n'étoit leur père. Montrez nous, je Vous prie que Vous êtes Mère, en
offrant vos prières pour nous, à celui qui voulant naître pour nous, a voulu être votre Fils. Amen.

V/. Domine exaudi orationem meam.


Seigneur, écoutez ma prière
R/. Et clamor meus ad te veniat.
Et que mes cris s’élèvent jusqu'à Vous.

Oremus. Deus, qui salutis aeternae, beatae Mariae virginitate fecunda, humano generi praemia
praestitisti: tribue quaesumus; ut ipsam pro nobis intercedere sentiamus, per quem meruimus auctorem vitae
suscipere, Dominum nostrum Iesum Christum Filium tuum. Qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti
Deus, per omnia saecula saeculorum.
Ô Dieu qui avez fait part aux hommes du salut éternel par la virginité féconde de la bienheureuse Marie, faites s'il vous
plait que nous eprouvions dans nos besoins combien est puissante envers vous l'intercession de celle par laquelle nous
avons reçu l'auteur de la vie Notre Seigneur Jésus-Christ qui vit & règne avec vous en l'unité du saint Esprit. Ô Dieu !
Par tous les siècles des siècles. Ainsi soit il.

V/. Domine exaudi orationem meam.


Seigneur, écoutez ma prière
R/. Et clamor meus ad te veniat.
Et que mes cris s’élèvent jusqu'à Vous.

Animae omnium fidelium

Salve Regina

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L'OFFICE DE VÊPRES
SELON L'USAGE DE ROME

Les psaumes sont les mêmes que les nôtres, mais chaque psaume a plusieurs antiennes, qui se disent selon la variété de
temps.

Les antiennes du premier psaume Dixit Dominus sont :

Depuis la Purification jusqu'à l'Avent


Dum esset Rex in acubitu suo, nardus mea dedit odorem avitatis
Le Roi étant assis sur son lit, mon nard a répandu une odeur agréable.
En Avent
Missus est Angelus ad Mariam Virginem desponsatam Joseph.
L'Ange Gabriel a été envoyé à Marie Vierge, épouse de Joseph.
Depuis Noël jusqu'à la Purification
O admirabile commercium ! Creator generis humani, animatum corpus sumens, de Virgine nasci dignatus est:
et procedens homo sine semine, largitus est nobis suam Deitatem.

Les antiennes du second psaume Laudate Pueri sont

Depuis la Purification jusqu'à l'Avent


Laeva ejus sub capite meo, & dextera illius amplexabitur me.
Il mettra sa main gauche sous ma tête, & il m'embrassera de sa droite.
En Avent
Ave Maria Dominus tecum, benedicta tu in mulieribus.
Je vous salue Marie pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie par dessus toutes les femmes.
Depuis la Purification jusqu'à Noël
Quando naetus es

Les antiennes du troisième psaume Laetatus sum sont

Depuis Noël jusqu'à la Purification


Nigra sum, sed formosa, filiae Jerusalem: ideo dilexit me Rex, et introduxit me in cubiculum suum
Je suis noire, mais je suis belle, ô Filles de Jérusalem, c'est pourquoi le Roi m'a aimée, & m'a fait entrer dans sa
chambre.
En Avent
Ne timeas Maria, invenisti gratiam apud Dominum : ecce paries & concipies Filium. Alleluia.
Marie ne craignez point, Vous avez trouvé grâce devant le Seigneur. Voici que vous concevrez & enfanterez un
Fils. Louez le Seigneur.
Depuis Noël jusqu'à la Purification
Rubum quem viderat

Les antiennes du quatrième psaume Nisi Dominus sont

Depuis la Purification jusqu'à l'Avent


Iam Hiems transiit, imber abiit & recessit : surge amica mea & veni.
L'hiver est déjà passé, les pluies se sont écoulées, levez-vous ma bien-aimée & venez.
En Avent
Dabit ei Dominus sedem David Patris ejus & regnabit in aeternum.
Le seigneur lui donera le Trône de Davod son père, & il régnera éternellement.
Depuis Noël jusqu'à la Purification
Germinavit radix

Les antiennes du cinquième psaume Laudate Jérusalem sont

Depuis la Purification jusqu'à l'Avent


Speciosa facta est & suavis in deliciis tuis, sancta Dei Genitrix.
Vous êtes belle & toute pleine de douceur & de charmes célestes, ô sainte Mère de Dieu.
En Avent
Ecce ancilla Domini fiat mihi secundum verbum tuum.
Voici la servante du Seigneur, que ce que vous m'avez dit me soit fait selon votre parole.
Depuis Noël jusqu'à la Purification
Ecce Maria

15
Petit Chapitre

Depuis Noël jusqu'à l'Avent


Ab initio et ante saecula creata sum, et usque ad futurum saeculum non desinam, et in habitatione sancta
coram ipso ministravi. R/. Deo Gratias.
J'ai été formé dès le commencement & avant les siècles, & je demeurerai jusques dans l’éternité & j'exercerai
devant lui dans son sanctuaire le ministère qu'il m'a commis.
En Avent
Egredietur virga de radice Jesse& flos de radice ejus ascendet & requiesccet super eum Spiritus Domini.
Il sortira un rejeton du tronc de Jesse & une fleur poussera de sa racine & L'Esprit du Seigneur se reposera sur
lui.

Hymne

Ave Maris Stella

R/. Diffusa est gratia in labiis tuis.


V/. Propterea benedixit te Deus in aeternum.

Les antiennes du Magnificat sont

Depuis la Purification jusqu'à l'Avent


Beata Mater & intacta virgo, gloriosa Regina mundi intercede pro nobis ad Dominum.
Mère bienheureuse, vierge toujours pure, glorieuse Reine du monde, intercédez pour nous envers le Seigneur.
En Avent
Spiritus Sanctus in te descendet Maria : ni timeas habebis in utero Filium Dei.
L'Esprit saint descendra sur vous Marie, ne craignez point, vous concevrez dans votre sein le Fils de Dieu.
Depuis Noël jusqu'à la Purification
Magnum haereditatis Mysterium ! Templum dei factus est uterus nesciens viram : non est pollutus ex ea
carnem assumens. Omnes gentes venient dicenes : Gloria tibi Domine.
Ô grand Mystère ! Qui nous appelle à l'héritage du Ciel ; le sein d'une fille est devenu le Temple de Dieu. Le
Verbe éternel n'a point blessé sa divine Pureté en prenant notre chair dans ses sacrés flancs. Toutes les Nations
viendront & diront : Que l'on vous rende tout honneur & toute gloire Seigneur.
Depuis Pâques jusqu'à la Trinité
Regina Coeli laetare

Magnificat

Kyrie Eleison, Christe Eleison, Kyrie Eleison

V/. Domine exaudi orationem meam.


Seigneur, écoutez ma prière
R/. Et clamor meus ad te veniat.
Et que mes cris s’élèvent jusqu'à Vous.

Collecte

Depuis la Purification jusqu'à l'Avent


Oremus. Concede nos famulos tuos
En l'Avent
Oremus. Deus, qui de beatae
Depuis l'Avent jusqu'à la Purification
Oremus. Deus qui salutis aeternae

On dit les antiennes pour les saints de même qu'à la fin de Laudes

16
TABLE DES MATIÈRES

Psaume Premier
Ps. CLXXX Dixit Dominus Domino meo..............................................................................................................3

Second Psaume
Ps. CXII Laudate Pueri...........................................................................................................................................7

Troisième Psaume
Ps. CXXI Laetatus sum Vous le trouverez rapporté ci dessus à l'Office de Tierce................................................9

Quatrième Psaume
Ps. CXXVI Nisi Dominus aedificaverit Vous le trouverez rapporté ci dessus à l'Office de None.........................9

Cinquième Psaume...............................................................................................................................................................9
Ps. XIV Lauda Jérusalem Dominum......................................................................................................................9

Petit Chapitre......................................................................................................................................................................11

Cantique de la Sainte Vierge...............................................................................................................................................12

L'Office de Vêpres Selon l'Usage de Rome


Les psaumes sont les mêmes que les nôtres, mais chaque psaume a plusieurs antiennes, qui se disent selon la
variété de temps....................................................................................................................................................15

SUJETS DE MÉDITATION SUR LES VÊPRES

CHAPITRE SEPTIEME

DE LA

PSALMODIE INTÉRIEURE

PAR

DOM INNOCENT LE MASSON

ÉDITE

PAR

saletensis@gmail.com

disponible à

http://www.jesusmarie.com

et

http://www.scribd.com/doc/34452727/Psalmodie-Interieure-7-Vepres-Dom-Innocent-Le-Masson

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