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Tous usages confondus, 300 millions de m³ sont prélevés chaque année dans le
milieu naturel en Gironde.
La moitié, 150 millions de m³, est prélevée dans les eaux superficielles (lacs et cours
d’eau) et les nappes phréatiques (première nappe rencontrée sous le sol).
L’autre moitié est fournie par les quatre nappes souterraines profondes concernées
par le SAGE Nappes profondes (des terrains les plus jeunes et donc les moins
profonds vers les plus anciens) : Miocène, Oligocène, Eocène, Crétacé.
A noter que 108 des 110 millions de m³ (soit 98 %) nécessaires pour l’alimentation
en eau potable sont fournis par ces quatre nappes.
L’impact sur ces nappes des prélèvements en constante augmentation depuis plus
de 50 ans varie suivant la nappe considérée et suivant le lieu.
Parmi ces quatre nappes, la plus sollicitée est celle de l’Eocène dans laquelle près
de 60 millions de m³ sont prélevés chaque année (AEP 84 %, agriculture 4 %,
industrie 8 %) alors qu’une gestion durable imposerait que ces prélèvements
n’excèdent pas 45 millions de m³.
A noter : la Gironde est riche en eau superficielle. Les principaux cours d'eau,
(Garonne et Dordogne) sont sous influence marine avec la présence d'un bouchon
vaseux. Pour les cours d'eau non influencés par l'océan et donc de meilleurs qualité,
ils sont éloignés des zones de besoin. La nappe peu profonde du Plio-Quaternaire
(sab le des landes) présente fréquemment des teneurs en fer handicapantes quel que
soit l'usage, même agricole. Ces ressources superficielles sont donc très ab ondantes
mais peu attractives du point de vue qualitatif.
Les ressources en eau
En comparaison avec les eaux superficielles, les nappes dites profondes présentent
les spécificités suivantes :
- une grande stabilité dans leurs caractéristiques physico-chimiques ;
- une faible vulnérabilité vis-à-vis des pollutions accidentelles sauf dans les zones
d’affleurement ;
- une répartition géographique large ;
- une grande inertie des systèmes liée à l’importance des stocks qui se traduit par
une faible sensibilité aux aléas climatiques.
Ces caractères deviennent fondamentaux lorsque l’on s’engage dans une politique
dite de "gestion durable", car les concepts de risque (surexploitation et pollution) et
de solidarité doivent s’envisager sur des durées très longues (une à plusieurs
décennies).
Principes
L’eau est un constituant normal du sous-sol qui occupe les vides des roches en
profondeur (porosité) et le stock d’eau représente une proportion notable du volume
de la roche (de quelques % à plus de 20%). Cette eau est toujours tombée à la
surface sous forme de précipitations avant de percoler plus ou moins rapidement en
profondeur. Une roche qui renferme de l'eau libre, et donc exploitable, est appelée
aquifère. Un aquifère est généralement désigné par le nom de l’étage géologique
auquel est rattaché cette roche.
La nappe phréatique est la première nappe rencontrée dans le sous -sol. C'est
généralement une nappe à écoulement libre, c'est-à-dire une nappe alimentée
directement par percolation verticale des précipitations depuis la surface du sol. La
pression à la surface de l'eau d'une nappe libre est égale à la pression
atmosphérique.
Les nappes captives sont isolées de la nappe phréatique par des couches de roches
imperméables, généralement argileuses. L'eau est sous pression sous ce toit
imperméable et l'on dit que la nappe est artésienne. Les nappes captives sont
principalement alimentées dans leur périphérie où l'aquifère qui les porte affleure à la
surface du sol. C'est dans ces zones que se fait leur mise en pression qui permet
pour certaines nappes dans des secteurs précis d'être jaillissantes.
La circulation est régie d'une part par la différence de pression existant entre deux
points, appelée gradient hydraulique, et d’autre part par la perméabilité de la roche.
Ces deux paramètres suffisent à décrire la "loi de Darcy" qui stipule que la vitesse de
propagation dépend de la différence de pression et de la perméabilité.
Comme il est impossible de mesurer directement le débit d'une nappe entre deux
points, celui-ci est calculé à partir de mesures des pressions de l'eau en différents
points (piézométrie) et de la perméabilité mesurée ou estimée de l'aquifère. A partir
des mesures des pressions en de nombreux forages, il est possible de tracer une
carte de la surface de la nappe qui met en évidence les sens et les directions
d'écoulement. La comparaison de deux cartes piézométriques pour des années
différentes permet d'apprécier l'évolution des réserves en eau.
L’âge de l’étage géologique concerné permet de baptiser d’un seul et même nom
des ensembles parfois fort complexes dans le détail quant à la nature des roches et
à leurs propriétés physiques vis-à-vis des eaux souterraines.
Cette dénomination reste cohérente car, pour des raisons historiques, les étages
géologiques se trouvent correspondre grossièrement chacun à un intervalle
transgressif sur le plateau continental.
Si les couches géologiques sont tabulaires, elles n’en sont pas moins affectées de
déformations de type plis ou failles qui favorisent leur remontée à l’affleurement ou
leur enfoncement en profondeur et sont aussi à l’origine de nombreuses irrégularités
géométriques dont certaines sont importantes pour le SAGE compte tenu de leurs
effets sur le fonctionnement hydrogéologique.
C’est ainsi que le département de la Gironde se trouve encadré par deux structures
anticlinales qui font remonter l’ensemble des couches et amènent le Crétacé à
l’affleurement. Au nord, il s’agit du seuil charentais de Jonzac et au sud de l’anticlinal
de Villagrain - Landiras. De petits plis affectent le détail des couches, décrivant des
seuils et des bassins tels les rides de Couquèques et de Blaye - Listrac dans
l’estuaire. Ces structures ont rejoué pendant le dépôt des couches et confèrent très
grossièrement à chaque dépôt unitaire une forme « en cuillère » axée plus ou moins
grossièrement sur l’estuaire.
Les eaux souterraines sont diversement réparties dans le sous -sol de la Gironde.
Les nappes ont des extensions spatiales différentes, parfois au-delà des limites
départementales et la qualité de leurs eaux comme leurs caractéristiques
hydrodynamiques peuvent varier d'un point à un autre.
Dans le Médoc, tous les systèmes aquifères sont représentés. Ils se répartissent
selon deux domaines relativement indépendants, séparés par une crête
piézométrique, l’un s’écoulant vers la Gironde et l’autre vers le littoral.
Dans le sous-sol Bordelais, le Miocène n’existe que vers l’ouest. L’Oligocène est à
faible profondeur et représente une ressource abondante de Langon à Lesparre,
mais très vulnérable dans ses zones d’affleurement. Les trop pleins de cette nappe
donnent naissance à de très grosses sources captées par des galeries (Budos à
l’Est, Gamarde et le Tilh à St-Médard-en-Jalles ). Elles sont exploitées pour
l’alimentation en eau potable de la Communauté Urbaine de Bordeaux. Cette nappe
contribue à l’alimentation des Jalles et des ruisseaux affluents de la Garonne.
L’Eocène et le Crétacé constituent d’importants réservoirs aquifères bien protégés.
Vers l’ouest, la nappe de l’Oligocène devient rapidement captive, elle présente une
productivité importante et bénéficie d’une bonne protection.
La gestion quantitative d’une nappe vise à respecter un bilan équilibré entre les flux
entrants (alimentation directe en périphérie et drainance) et sortants (prélèvements et
sorties naturelles aux exutoires par les sources, les percolations sous marines et les
drainances).
Les ordres de grandeur de l’équilibre actuel des bilans des grands systèmes
profonds de Girondes sont résumés dans le schéma suivant, établi par le BRGM
pour la phase d'état des lieux du SAGE Nappes profondes :
Ces ordres de grandeurs sont des valeurs moyennes sur huit années qui intègrent
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des fluctuations climatiques interannuelles et qui concernent, en millions de m /an :
- les sorties naturelles vers les sources (débordement) ;
- la recharge naturelle aux limites des nappes en saison humide ;
- les prélèvements humains ;
- les apports par drainance depuis les autres nappes ;
- les sorties par drainance vers les autres nappes.
Pour préserver les ressources souterraines profondes sur le long terme, le SAGE
Nappes profondes a arrêté des volumes maximum prélevables objectif (VMPO) pour
chaque nappe sur des territoires délimités (unités de gestion). Il fixe comme objectif
le respect de ces VMPO en 2013 au plus tard.
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Volume Maximum Prélevable Obj ectif (VMPO) en millions de m /an
Unité de gestion Centre Médoc - Littoral Nord Sud
Estuaire
Miocène 10,0 3,0 5,0 sans objet 12,0
Oligocène 48,0 7,0 18,0 sans objet 1,0
Eocène 30,0 3,5 3,0 8,0 sans objet
Crétacé 2,5 0,4 3,0 0,5 0,1
TOTAL 90,5 13,9 29,0 8,5 13,1
En comparant les volumes effectivement prélevés à ces objectifs, il est possible de
classer chaque unité de gestion dans l'une des trois catégories : non déficitaire, à
l'équilibre et déficitaire.
La rivière souterraine, concept qui hante l'imaginaire collectif, est un cas rare dans la
nature. Il est réservé aux massifs karstiques (certains massifs calcaires) avec la
création de grotte parfois visitables (c'est pourquoi le commun des mortels retient
cette image). En fait, dans plus de 90 % des cas, l'eau souterraine imprègne touts les
cavités d'une roche et forme une nappe. Les cavités dans lesquelles circule l'eau
sont parfois microscopiques.
L'age important des eaux de certaines nappes ne permet de les qualifier de fossiles
car elles se renouvellent. Si elles ne se renouvelaient pas, elles auraient des ages
moins différents de celui des roches aquifères.