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2009
LA SITUATION
MONDIALE DE
L’ALIMENTATION
ET DE
L’AGRICULTURE
2009
LA SITUATION
MONDIALE DE
L’ALIMENTATION
ET DE
L’AGRICULTURE
ISBN 978-92-5-206215-8
Chef de la
Sous-division des politiques et de l’appui en matière de publications électroniques,
Division de la communication,
FAO,
Viale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome, Italie
ou, par courrier électronique, à:
copyright@fao.org
© FAO 2009
Note:
Sauf indication contraire, les données pour la Chine se rapportent à la Chine
continentale.
iii
Avant-propos vii
Remerciements ix
Sigles et abréviations xi
PREMIÈRE PARTIE
Le point sur l’élevage 1
DEUXIÈME PARTIE
Tour d’horizon de la situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 117
TROISIÈME PARTIE
Annexe statistique 141
Références 177
Chapitres spéciaux La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 185
TABLEAUX
ENCADRÉS
FIGURES
Avant-propos
ce secteur peut jouer un rôle capital dans pèsent sur le secteur ainsi que les possibilités
l’atténuation du changement climatique qui s’y ouvrent. Il met en exergue les risques
moyennant l’adoption de meilleures et les échecs systémiques résultant d’un
technologies. processus de croissance et de transformation
t La mondialisation des systèmes qui a dépassé la capacité et la volonté des
alimentaires s’est traduite par un États et des sociétés à assurer un contrôle
accroissement des flux de technologies, et une régulation. Il tente d’identifier les
de capitaux, de personnes et de problèmes qui nécessitent des solutions à
marchandises, y compris d’animaux divers niveaux pour permettre au secteur
vivants et de produits d’origine animale, de l’élevage de répondre aux attentes
dans le monde entier. L’intensification futures de la société en ce qui concerne
des échanges commerciaux, de pair avec l’approvisionnement des biens privés et
la concentration croissante d’animaux, publics. La question de la gouvernance est
souvent à proximité de populations centrale. Identifier et définir le rôle que
humaines importantes, ont contribué à doivent avoir les États, au sens large: tel
une hausse des risques de propagation est le socle sur lequel il convient d’appuyer
d’épizooties et des risques d’origine le développement futur du secteur de
animale pour la santé humaine, à l’élevage.
l’échelle mondiale. Parallèlement, l’accès Les défis posés par ce secteur ne peuvent
insuffisant aux services vétérinaires être résolus par une simple série d’actions
compromet les moyens de subsistance et ni par des acteurs isolés. Ils requièrent des
les perspectives de développement de efforts intégrés d’une multitude de parties
nombreux éleveurs pauvres des pays en prenantes. De tels efforts doivent s’attaquer
développement. aux causes profondes de ces problèmes
t Un ultime point essentiel concerne les dans des domaines où les impacts sociaux,
conséquences sociales des évolutions environnementaux et sanitaires du secteur
structurelles du secteur et le rôle de l’élevage et son développement rapide
qu’y joueront les personnes pauvres. sont négatifs. Ils doivent également être
Comment le secteur de l’élevage réalistes et équitables. En concentrant notre
peut-il contribuer plus efficacement attention de manière constructive, nous
à réduire la pauvreté et à assurer la pouvons opérer la transition vers un secteur
sécurité alimentaire pour tous? Le de l’élevage plus responsable, capable de
développement rapide de ce secteur répondre aux objectifs multiples et souvent
dans de nombreux pays a-t-il été contradictoires de la société. J’espère que le
bénéfique aux petits exploitants, ou présent rapport pourra contribuer à jeter les
ces derniers sont-ils de plus en plus premières bases d’une telle orientation.
marginalisés? Dans l’affirmative, cette
situation est-elle inévitable, ou les
pauvres peuvent-ils être réintégrés
au processus de développement de
l’élevage?
Pour chacun de ces trois domaines, le Jacques Diouf
rapport aborde les défis les plus difficiles qui DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA FAO
ix
Remerciements
Sigles et abréviations
CCCC Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques
FA fièvre aphteuse
UE Union européenne
5
emplois. Dans cette situation, les mesures de serre à l’échelle de la planète (Steinfeld
appropriées consisteraient à faciliter la et al., 2006). Il convient de noter toutefois
transition des éleveurs vers les autres que le PIB sous-estime le rôle économique
secteurs, notamment par des dispositifs et social de l’élevage en ne tenant pas
de protection sociale et des politiques de compte de ses nombreuses contributions
développement rural renforcées prenant multifonctionnelles aux moyens d’existence.
la forme d’investissements dans le secteur Il est donc urgent d’améliorer l’efficacité de
de l’éducation et des infrastructures et l’utilisation des ressources par l’élevage et de
de mesures institutionnelles axées sur la diminuer les externalités environnementales
croissance. Les petits agriculteurs doivent négatives produites par le secteur.
servir de point de départ au développement Les pâturages occupent 26 pour cent de
et non l’inverse. la superficie terrestre non couverte par les
Certains éleveurs sont simplement trop glaces, et la production d’aliments pour le
pauvres, et leurs exploitations trop petites, bétail, 33 pour cent des terres cultivables
pour dépasser les obstacles économiques (Steinfeld et al., 2006). L’augmentation des
et techniques et passer à la production surfaces allouées à l’élevage peut contribuer
commerciale. Les femmes sont généralement à la déforestation dans certains pays, alors
confrontées à de plus grandes difficultés que l’intensification de la production animale
que les hommes. En effet, elles ont moins peut entraîner un surpâturage dans d’autres.
accès au bétail et aux autres ressources En raison de la concentration géographique
nécessaires pour profiter de la croissance, croissante de la production animale,
telles que la terre, le crédit, la main-d’œuvre, la quantité de fumier produite par les
la technologie et les services. Elles contrôlent animaux est souvent supérieure à la capacité
également moins ces paramètres. Pour la d’absorption des sols. Le fumier devient
plupart des individus très pauvres, l’élevage ainsi un déchet au lieu d’être une précieuse
constitue un filet de sécurité et non une ressource comme dans les systèmes moins
activité commerciale. Des services de santé concentrés de production mixte. Il peut
animale plus accessibles et des mesures plus retrouver son rôle crucial si des incitations,
volontaristes de lutte contre les maladies des réglementations et des technologies
animales amélioreraient la situation de ces adéquates telles que la digestion anaérobie
personnes à court terme, mais la création de sont mises en œuvre. D’un point de vue plus
réseaux de protection sociale alternatifs qui général, pour atténuer les effets négatifs
préservent les moyens d’existence des chocs de l’élevage sur l’environnement, il faut
extérieurs leur serait plus bénéfique. Il faut instaurer des politiques appropriées.
garder à l’esprit que les éleveurs les plus La concentration de la production
pauvres font face à des incertitudes et des animale à grande proximité des populations
contraintes, et que l’élevage joue pour eux augmente les risques que font peser les
un rôle crucial de protection sociale. Ainsi, maladies animales sur la santé humaine. Ces
les décisions stratégiques les concernant affections ont toujours eu des répercussions
doivent prendre en compte les nombreuses sur les populations humaines. Il semble ainsi
fonctions de cette activité pour leurs moyens que la plupart des souches de grippe soit
d’existence. d’origine animale. Du fait des maladies qu’ils
Le secteur agricole est le plus grand causent, les agents pathogènes du bétail
utilisateur et gestionnaire mondial de ont toujours nui à la productivité du bétail
ressources naturelles et, comme toute et sont donc en concurrence avec l’être
activité de production, la production animale humain. Les maladies animales imposent de
implique un coût environnemental. L’élevage, lourdes contraintes aux éleveurs pauvres car
est aussi souvent conjugué aux distorsions ils vivent au plus près de leurs animaux et ont
politiques et aux dysfonctionnements un accès plus limité aux services vétérinaires,
du marché, et par conséquent il a sur et aussi parce que les mesures prises pour
l’environnement des conséquences qui sont lutter contre certaines d’entre elles peuvent
souvent sans commune mesure avec son rôle anéantir leurs principaux moyens d’existence
dans l’économie. Par exemple, s’il représente et le filet de sécurité dont ils dépendent en
moins de 2 pour cent du PIB mondial, il est cas d’urgence. Une gestion du bétail visant à
à l’origine de 18 pour cent des gaz à effet lutter plus efficacement contre les maladies
6 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
pourrait être très bénéfique du point de vue La hausse rapide des revenus et
économique, social et de la santé humaine, l’urbanisation observées au cours des
pour les personnes pauvres et pour la trois dernières décennies, conjuguées à la
société en général. Elle pourrait nécessiter croissance démographique, ont alimenté
de déplacer la production animale loin des la demande pour la viande et les autres
grands centres humains afin de limiter les produits animaux dans de nombreux pays
risques de transmission. en développement. Les facteurs liés à
l’offre, tels la mondialisation des chaînes
d’approvisionnement des aliments pour
Évolutions dans le secteur animaux, des stocks génétiques et des autres
de l’élevage technologies, modifient davantage encore
la structure du secteur. Complexe, celle-ci
C’est en 1982 que La situation mondiale varie selon les lieux et les espèces concernées,
de l’alimentation et de l’agriculture a mais un fossé grandissant se creuse: les
fourni pour la dernière fois une étude gros producteurs industriels fournissent les
approfondie du secteur de l’élevage. Depuis marchés dynamiques en pleine expansion
lors, le secteur de l’élevage se développe tandis que les pasteurs et les petits exploitants
et change rapidement en réponse aux traditionnels, même s’ils continuent souvent
bouleversements de l’économie mondiale, de soutenir les moyens d’existence locaux
à la hausse des revenus dans de nombreux et de concourir à la sécurité alimentaire,
pays en développement et aux évolutions des risquent d’être mis à l’écart.
attentes sociétales. On attend de plus en plus Dans de nombreuses régions du globe,
du secteur – qui doit fournir une nourriture la transformation du secteur de l’élevage
saine et abondante pour des populations intervient en l’absence d’une gouvernance
urbaines croissantes tout en mettant à forte, ce qui aboutit à des défaillances de
disposition des biens publics permettant de marché s’agissant de la santé publique et de
diminuer la pauvreté, d’assurer la sécurité l’utilisation des ressources naturelles. Peu
alimentaire et de protéger l’environnement d’actions ont été menées pour rectifier ces
et la santé publique. Ces tendances et les dysfonctionnements et, dans certains cas, les
défis qu’elles sous-tendent avaient été interventions des autorités ont elles-mêmes
mis en évidence il y a 10 ans par Delgado créé des distorsions. Les opportunités nées
et al. (1999), qui utilisent le terme de du développement de l’élevage n’ont pas été
«révolution de l’élevage» pour décrire les saisies en raison d’institutions et de politiques
transformations à l’œuvre: inadaptées, un problème que l’on retrouve
Une révolution est en cours au sein de dans d’autres secteurs. Par conséquent,
l’agriculture mondiale, induisant de profonds l’élevage n’a pas contribué autant qu’il
bouleversements pour la santé humaine, les aurait pu à la réduction de la pauvreté et à la
moyens d’existence et l’environnement. Dans sécurité alimentaire. De même, la croissance
les pays en développement, la croissance n’a pas été maîtrisée de manière à faire face
démographique, urbaine et des revenus aux pressions croissantes qui s’exercent sur les
entraîne une forte hausse de la demande en ressources naturelles ou à lutter efficacement
aliments d’origine animale. Cette évolution contre les maladies animales. Corriger les
des régimes alimentaires, qui concerne des dysfonctionnements du marché devrait donc
milliards de personnes, pourrait améliorer être le moteur des politiques publiques.
sensiblement le bien-être de nombreux
pauvres ruraux. Les gouvernements et Satisfaire les attentes de la société
le secteur doivent se préparer à cette Le secteur de l’élevage, comme une
révolution par des politiques et des grande partie de l’agriculture, joue un rôle
investissements de long terme qui satisferont économique, social et environnemental
la demande du consommateur, amélioreront complexe. La société attend qu’il continue
la nutrition, multiplieront les opportunités de répondre à une demande mondiale de
de revenus directs pour ceux qui en ont le plus en plus forte en produits animaux,
plus besoin, et limiteront les nuisances sur et ce, de manière économique, rapide
l’environnement et la santé publique. et fiable. Il doit satisfaire ces attentes en
(Delgado et al., 1999) respectant l’environnement, en maîtrisant
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7
les conséquences éventuelles des maladies compte des différents rôles qu’il peut
animales mais également en ouvrant des jouer comme moyen d’existence. Les petits
possibilités de développement rural, de exploitants qui pourraient être en mesure
réduction de la pauvreté et d’amélioration de soutenir la concurrence sur le marché
de la sécurité alimentaire. Étant donné doivent pouvoir compter sur des politiques
que la sécurité alimentaire et les moyens et un appui institutionnel qui puissent
d’existence de nombreuses personnes les aider à accéder à la technologie, à
dépendent du secteur, et au vu de ses coûts l’information et aux marchés pour améliorer
environnementaux et de santé humaine leur productivité. Parallèlement, les pressions
élevés, le défi consiste, en matière de économiques (examinées au Chapitre 2)
politiques, à trouver un équilibre approprié font que certains petits producteurs devront
entre des objectifs contradictoires. quitter le secteur et auront pour cela besoin
L’élevage, comme de nombreuses autres d’une aide. Pour d’autres, notamment les
activités humaines, accentue la pression sur très pauvres, l’élevage est d’abord un filet
les écosystèmes et les ressources naturelles de sécurité. La communauté de la recherche
telles que la terre, l’air, l’eau et la biodiversité. et du développement agricoles doit replacer
Dans le même temps, cette pression même l’élevage au cœur des préoccupations et y
et la concurrence féroce qui existe avec les investir de nouvelles ressources. De solides
autres secteurs pour capter ces ressources, mécanismes institutionnels et de gouvernance
freinent de plus en plus son développement. reflétant la diversité du secteur doivent
De surcroît, il apparaît de plus en plus également être mis en place. L’élevage peut
clairement que le changement climatique améliorer la sécurité alimentaire et contribuer
crée des conditions, et impose des contraintes, à réduire la pauvreté, mais des mesures sont
nouvelles pour le secteur. Le changement nécessaires pour s’assurer que cela se fasse
climatique va modifier les activités des d’une manière écologiquement viable et sûre
hommes et des femmes, faisant peser des pour la santé humaine.
risques inconnus jusqu’alors et ouvrant des Cette édition de La situation mondiale de
opportunités inédites. Par exemple, certains l’alimentation et de l’agriculture souligne que
hommes pourraient émigrer pour trouver du l’élevage pourrait aider la société à atteindre
travail, tandis que les femmes et les enfants ses objectifs, à condition de changements
assumeraient de nouvelles responsabilités. institutionnels et politiques significatifs.
Comme elles ont moins accès aux ressources L’expansion rapide du secteur, dans un
et qu’elles souffrent d’un niveau d’instruction contexte d’institutions et de gouvernance
plus faible, d’une charge de travail plus lourde faibles, a généré des risques systémiques
et d’une moins bonne santé, les femmes sont qui pourraient avoir des conséquences
davantage sensibles aux chocs extérieurs. catastrophiques sur les moyens d’existences,
Le commerce international croissant la santé humaine et animale ainsi que sur
de bétail et de produits de l’élevage a l’environnement. Des investissements sont
provoqué une augmentation des flux de nécessaires pour améliorer la productivité
technologies, de capitaux, de personnes du secteur et l’efficacité de l’utilisation
et de biens, y compris d’animaux vivants des ressources, à la fois pour satisfaire la
et de produits d’origine animale. En plus demande croissante des consommateurs
d’accroître la concentration des animaux, et pour atténuer les problèmes
souvent à proximité d’importants groupes environnementaux et sanitaires. Il convient,
de population, ce phénomène a alimenté tout particulièrement en temps de crise et de
les risques de propagation des maladies mutation, que les politiques, les institutions et
animales et ceux que les animaux font peser les technologies, tiennent compte des besoins
sur la santé humaine. Parallèlement, dans spécifiques des petits exploitants.
les pays en développement, les inégalités
d’accès aux services vétérinaires menacent
les moyens d’existence et les perspectives de Structure du rapport
développement de nombreux éleveurs. et messages clés
L’élevage peut être un moyen de sortir
certains petits exploitants de la pauvreté, Le Chapitre 2 aborde les tendances du secteur
et les responsables politiques doivent tenir de l’élevage, ses ressorts économiques et
8 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
sociaux, ses évolutions technologiques et les les ménages les plus pauvres pour qui
transformations structurelles qui s’en suivent. l’élevage constitue un filet de sécurité
Il revient également sur les conséquences essentiel; et iii) adopter des mesures de
de ces évolutions sur la pauvreté, la sécurité développement rural pour faciliter la
alimentaire, l’environnement et la santé transition de certains ménages ruraux
humaine. Les répercussions sociales des vers d’autres secteurs.
changements dans le secteur de l’élevage, et v Il conviendrait de renforcer la
le rôle de ce dernier dans le développement gouvernance du secteur de l’élevage
économique, la réduction de la pauvreté pour assurer une croissance continue
et l’amélioration de la sécurité alimentaire, respectueuse de l’environnement. La
sont abordés au Chapitre 3. Le Chapitre 4 production animale exerce une pression
s’intéresse quant à lui à l’interdépendance croissante sur la terre, l’air, l’eau et la
entre l’élevage, les ressources naturelles et biodiversité. Une action corrective est
les écosystèmes, et notamment au rôle du nécessaire pour encourager la mise à
secteur dans le changement climatique. Le disposition de biens publics, tels que les
Chapitre 5 porte sur les nombreux problèmes services écosystémiques et la protection
que soulèvent les maladies animales et de l’environnement. Il conviendra à
leur gestion. Le dernier chapitre aborde cette fin de s’intéresser aux précédents
les mesures politiques et institutionnelles échecs politiques et dysfonctionnements
nécessaires pour que l’élevage améliore de marché, et d’élaborer et d’appliquer
la sécurité alimentaire et participe à la des sanctions ou des incitations,
réduction de la pauvreté tout en respectant comme le paiement des services
l’environnement et en protégeant la santé environnementaux. L’élevage contribue
humaine. aux changements climatiques mais en
subit également les conséquences. Il peut
Messages clés du rapport jouer un rôle essentiel pour les atténuer:
v Le secteur de l’élevage est l’un des volets par exemple, l’utilisation de technologies
les plus dynamiques de l’agriculture. plus performantes, encouragées par des
Il s’est fortement développé au incitations économiques appropriées,
cours des dernières décennies et la peut réduire les émissions de gaz à effet
demande en viande devrait continuer de serre.
de croître rapidement jusqu’au milieu v Certains services de santé animale
du siècle, sous l’effet de la croissance constituent des biens publics en cela
démographique, de la hausse des qu’ils protègent la santé humaine et
niveaux de vie et de l’urbanisation. Des animale et profitent donc à la société
mesures fermes doivent être adoptées dans son ensemble. Les maladies
pour que le secteur puisse y répondre animales diminuent la production et la
tout en satisfaisant aux objectifs productivité, bouleversent les économies
sociétaux de réduction de la pauvreté, locales et nationales, menacent la santé
de sécurité alimentaire, de respect de humaine et aggravent la pauvreté.
l’environnement et d’amélioration de Les producteurs doivent affronter
la santé. Il convient de bien évaluer les plusieurs risques mais ils ne bénéficient
opportunités offertes par le secteur pas des mêmes mesures incitatives
comme les défis qu’il soulève. ni ne possèdent les mêmes moyens
v L’élevage apporte une grande pour y répondre. Dans de nombreuses
contribution à la sécurité alimentaire régions du monde, les systèmes de
et à la réduction de la pauvreté; il santé animale ont été négligés, d’où des
pourrait y contribuer encore plus en faiblesses institutionnelles, des déficits
mettant en œuvre des politiques et des d’information et des investissements
mesures judicieuses et en engageant inadaptés dans les biens publics liés à la
d’importants investissements publics et santé animale. Les producteurs à tous les
privés visant à: i) renforcer la capacité niveaux, y compris les éleveurs pauvres,
des petits exploitants à profiter doivent participer à l’élaboration de
des opportunités offertes par le programmes relatifs à la sécurité sanitaire
développement du secteur; ii) protéger des aliments et aux maladies animales.
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9
2. Changements dans le secteur
de l’élevage
FIGURE 1
Consommation par habitant des principales denrées alimentaires dans les pays
en développement, 1961-2005
600
500
400
300
200
100
0
61 63 65 67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05
FIGURE 2
Apport par habitant d’énergie dérivée des produits de l’élevage par région,
1961-2005
kcal/personne/jour
800
700
600
500
400
300
200
100
0
61 63 65 67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05
11
été marquée par une croissance soutenue si certains pays en développement comblent
bien que la consommation de viande rapidement l’écart existant (tableau 1). Cela
reste faible. Parmi les régions des pays en étant, le potentiel de croissance en la matière
développement, l’Afrique subsaharienne est important dans de nombreux pays en
est la seule dans laquelle un faible recul de développement, mais la manière dont ce
la consommation de viande et de lait a été potentiel se traduira par une hausse de la
observé. demande dépend de la croissance future des
Dans l’ensemble des pays développés, la revenus et de sa distribution dans les pays
croissance par habitant de la consommation et les régions. Un accroissement des revenus
de produits de l’élevage a été beaucoup devrait créer une demande ultérieure de
plus modeste. Les anciennes économies produits de l’élevage plus forte dans les pays
centralisées d’Europe de l’Est et d’Asie à faible revenu que dans les pays à revenu
centrale ont connu une baisse soudaine de moyen et élevé.
la consommation de produits de l’élevage
par habitant au début des années 90 et cette Facteurs moteurs de la croissance
consommation n’a pas repris depuis. En de la consommation
conséquence, la consommation de viande par La demande croissante de produits de
habitant en 2005 était inférieure de 20 pour l’élevage dans un certain nombre de pays
cent à son niveau de 1980. en développement a été stimulée par la
La consommation de produits de croissance économique, l’augmentation des
l’élevage par habitant dans les régions en revenus par habitant et l’urbanisation. Au
développement est encore nettement plus cours des récentes décennies, l’économie
faible que dans le monde développé, même mondiale a connu un développement sans
TABLEAU 1
Consommation par habitant de produits de l’élevage par région, groupes de pays
et pays, en 1980 et 2005
RÉGION/GROUPE DE PAYS/
VIANDE LAIT ŒUFS
PAYS
FIGURE 3
PIB et consommation de viande par habitant et par pays, 2005
140
États-Unis d’Amérique
120
100
Brésil
80
Chine
60
Japon
40
20
Inde
0
0 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000 40 000 45 000 50 000
Note: Le PIB par habitant est mesuré en parité du pouvoir d’achat (PPA) en dollars USD internationaux constants de 2005.
Source: Basé sur des données de FAOSTAT (FAO, 2009b) pour la consommation de viande par habitant et de la
Banque mondiale pour le PIB par habitant.
précédent, et les revenus par habitant ont Afrique subsaharienne à 2,6 pour cent en
augmenté rapidement. Le lien entre le Amérique latine, contre une moyenne de
revenu par habitant et la consommation de 0,8 pour cent dans les pays développés
viande en 2005 est illustré à la figure 3. Le (tableau 2).
graphique montre l’effet très positif de la L’urbanisation modifie également les
hausse des revenus sur la consommation des modes de consommation alimentaire, qui
produits de l’élevage dans les pays à faible peuvent influer sur la demande de produits
revenu. Cet effet est moindre, voire négatif, de l’élevage. Les citadins consomment en
dans les pays ayant un PIB par habitant plus général davantage de nourriture en dehors
élevé. de leur domicile et de plus grandes quantités
Des facteurs démographiques d’aliments précuisinés, ou préparés dans
expliquent également la modification la restauration rapide ou encore prêts
des comportements de consommation à consommer, que ne le font les ruraux
à l’égard des produits de l’élevage. (Schmidhuber et Shetty, 2005; King, Tietyen
L’urbanisation est un facteur important. et Vickner, 2000; Rae, 1998). L’urbanisation
La part de la population totale vivant dans détermine la nature des fonctions de
des zones urbaines est plus élevée dans consommation – c’est-à-dire le lien entre les
les pays développés que dans les pays en revenus et la consommation – des produits
développement (73 pour cent contre une alimentaires. En évaluant les fonctions de
moyenne de 42 pour cent). Cependant, consommation de l’ensemble des produits
l’urbanisation se développe plus vite d’origine animale dans un certain nombre
dans le premier groupe de pays cité que d’économies de l’Asie de l’Est, Rae (1998)
dans le second: pendant la période 1980- a observé que l’urbanisation avait une
2003, la croissance annuelle moyenne incidence importante sur ces produits,
de la population urbaine des pays en quels que soient les niveaux de revenus.
développement va de 4,9 pour cent en Une autre incidence de l’urbanisation dans
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13
TABLEAU 2
Urbanisation: niveaux et taux de croissance
PART URBAINE DE LA CROISSANCE DE LA CROISSANCE DE LA
RÉGION/GROUPE DE PAYS/PAYS
POPULATION TOTALE POPULATION TOTALE POPULATION URBAINE
de nombreuses parties du monde est la l’élevage. Par ailleurs, des raisons culturelles
concentration croissante d’animaux dans influent sur les modes de consommation. En
les villes, à proximité des citadins, car les Asie du Sud, par exemple, la consommation
activités d’élevage ont tendance à se fixer de viande par habitant est inférieure à ce
dans les zones urbaines. que le niveau de revenu à lui seul pourrait
Des facteurs sociaux et culturels ainsi que laisser supposer.
la base des ressources naturelles peuvent
aussi influer de manière importante sur la
demande locale et déterminer les évolutions Tendances et facteurs moteurs de
futures de la demande. Par exemple le Brésil la production
et la Thaïlande ont des niveaux de revenu
par habitant et d’urbanisation analogues, Tendances de la production
mais la consommation de produits d’élevage Les pays en développement ont répondu à la
est approximativement deux fois plus demande croissante de produits de l’élevage
élevée au Brésil qu’en Thaïlande. L’influence en augmentant rapidement la production
de la base des ressources naturelles peut (figure 4). Entre 1961 et 2007, la croissance
être observée dans le cas du Japon, qui la plus rapide de la production de viande
consomme beaucoup moins de produits a eu lieu en Asie de l’Est et du Sud-Est, et
de l’élevage que d’autres pays ayant un ensuite en Amérique latine et les Caraïbes.
niveau de revenu comparable, mais qui Le développement le plus soutenu de la
compense en consommant davantage de production d’œufs a été observé en Asie de
poisson. La base des ressources naturelles l’Est et du Sud-Est tandis que la production
joue sur les coûts relatifs des différents de lait a été la plus forte en Asie du Sud.
produits alimentaires. L’accès aux ressources En 2007, les pays en développement
marines favorise la consommation de poisson avaient dépassé les pays développés en ce qui
tandis que l’accès aux ressources naturelles concerne la production de viande et d’œufs
permettant le développement de l’élevage et comblaient leur retard pour ce qui est de
encourage la consommation de produits de la production de lait (tableau 3). La croissance
14 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
FIGURE 4
Production de viande, d’œufs et de lait par région dans les pays
en développement, 1961-2007
VIANDE
Millions de tonnes
120
100
80
60
40
20
0
61 63 65 67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07
ŒUFS
Millions de tonnes
35
30
25
20
15
10
0
61 63 65 67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07
LAIT
Millions de tonnes
140
120
100
80
60
40
20
0
61 63 65 67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07
Afrique subsaharienne
Source: FAO, 2009b.
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
15
TABLEAU 3
Production des produits de l’élevage par région, en 1980 et 2007
RÉGION/GROUPE DE PAYS/
VIANDE LAIT ŒUFS
PAYS
Note: Les totaux pour les pays en développement et le monde comprennent quelques pays non inclus dans les agrégats
régionaux.
Source: FAO, 2009b.
FIGURE 5
Production mondiale des principales catégories de viande, 1961-2007
1 000
800
600
400
200
0
61 63 65 67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07
Volaille Porc
TABLEAU 4
Production des principales catégories de viande par région, en 1987 et 2007
RÉGION/GROUPE DE PAYS/
PORC VOLAILLE BOVINS MOUTONS ET CHÈVRES
PAYS
PAYS DÉVELOPPÉS 37,1 39,5 22,9 37,0 34,1 29,4 3,7 3,2
Pays à économie 12,0 7,7 5,1 5,1 10,2 5,1 1,2 0,8
anciennement planifiée
Autres pays développés 25,0 31,7 17,8 31,8 23,8 24,3 2,5 2,5
PAYS EN DEVELOPPEMENT 26,6 76,0 13,0 49,8 16,9 32,5 5,0 10,8
Asie de l’Est et du Sud-Est 22,4 68,4 4,8 22,2 1,7 8,8 1,0 5,2
Reste de l’Amérique latine 2,0 3,0 2,7 8,3 6,1 7,9 0,3 0,3
Asie du Sud 0,4 0,5 0,5 3,0 1,5 2,1 1,1 1,5
Reste de l’Asie du Sud 0,0 0,0 0,2 0,7 0,5 0,8 0,5 0,8
Proche-Orient et Afrique 0,0 0,1 2,1 5,3 1,1 1,8 1,5 2,0
du Nord
Afrique subsaharienne 0,5 0,8 1,0 2,0 2,7 4,0 1,0 1,6
Note: Les totaux pour les pays en développement et le monde comprennent quelques pays non inclus dans les agrégats régionaux.
Source: FAO, 2009b.
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
17
La viande de porc représente plus de v une augmentation du nombre
40 pour cent des disponibilités mondiales d’animaux abattus (dans le cas de la
de viande, en partie à cause des niveaux viande) ou d’animaux producteurs (dans
de production élevés et de la croissance le cas du lait et des œufs);
rapide observés en Chine, qui prend en v une augmentation de la production par
charge plus de la moitié de la production animal (ou du rendement).
mondiale. La production de viande de Entre 1980 et 2007, le cheptel a
volaille qui, en 2007, comptait pour plus de généralement augmenté plus rapidement
26 pour cent des disponibilités mondiales que les rendements (figure 6), mais on doit
de viande, a été plus largement répartie noter cependant des différences entre les
entre les pays développés et les pays en régions et les espèces.
développement, sachant que c’est la Chine La variation du rendement par animal
qui a enregistré les taux de croissance est un indicateur de productivité
les plus élevés. Au niveau mondial, la important qui ne donne cependant
production de viande bovine a beaucoup qu’une idée partielle de l’augmentation
moins augmenté et uniquement dans les de la productivité. Il ne tient pas compte
pays en développement. La Chine et le par exemple des gains dus au taux de
Brésil, en particulier, ont considérablement croissance de l’animal, à la vitesse à laquelle
développé leur production au point qu’ils il prend du poids ou à d’autres facteurs
comptent désormais pour 12-13 pour cent de production. D’autres indicateurs de
de la production de viande bovine mondiale. productivité, encore imparfaits, peuvent
La viande de petits ruminants reste d’une fournir un tableau plus complet des
importance mineure au niveau mondial, tendances de la productivité des animaux
mais elle représente une proportion d’élevage. (voir encadré 1).
importante de la viande produite au Proche-
Orient et en Afrique du Nord, en Afrique Changement technologique dans la production
subsaharienne et en Asie du Sud. animale
Le changement technologique est le facteur
Facteurs moteurs de la croissance de la le plus important du développement de
production l’offre de produits de l’élevage bon marché.
Des facteurs liés à l’offre ont contribué au Ce facteur a profondément modifié la
développement de la production animale. Le structure du secteur dans de nombreuses
moindre coût des intrants, les changements régions du monde.
technologiques et les gains d’efficience Par changement technologique, on
ont progressivement fait baisser le prix des entend la mise en œuvre des évolutions et
produits de l’élevage. Les produits d’origine des innovations concernant tous les aspects
animale ont donc été plus accessibles, même de la production animale, de la sélection,
pour les consommateurs dont les revenus de l’alimentation et de la stabulation à la
n’avaient pas augmenté. Certains facteurs lutte contre les maladies, la transformation,
favorables, notamment les prix des intrants le transport et la commercialisation. Le
(par exemple les céréales pour l’alimentation changement technologique dans le secteur
animale et les carburants) ont joué un rôle de l’élevage est en grande partie dû aux
important. Le recul des prix des céréales activités de développement et de recherche
a encouragé les exploitants à les utiliser du secteur privé, alors que ce sont les
de manière croissante dans l’alimentation activités financées par le secteur public qui
animale. Les tendances à la baisse du coût ont conduit par exemple à la «révolution
des transports ont facilité la circulation des verte» dans les domaines du blé et du riz. Les
produits de l’élevage et des aliments pour petits exploitants n’ont donc pas pu profiter
animaux. Les récentes augmentations des pleinement des innovations technologiques
prix des céréales et de l’énergie sont peut- dans le secteur de l’élevage et les appliquer.
être le présage de la fin d’une ère de bas Par ailleurs, les recherches concernant les
coûts des intrants. aspects bénéfiques pour la société des
L’accroissement de la production animale développements technologiques en matière
se produit de deux façons distinctes ou d’élevage, comme l’impact sur les pauvres ou
combinées: les externalités liées à l’environnement ou la
18 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
FIGURE 6
Sources de croissance dans la production animale: croissance moyenne annuelle
en nombre d’animaux et en production par animal, 1980-2007
Nombre
PORC
Production
Nombre
VOLAILLE
Production
Nombre
BÉTAIL
Production
Nombre
LAIT
Production
Nombre
ŒUFS
Production
–2 0 2 4 6 8 10
santé publique, ont fait l’objet d’un certain petits ruminants. Le recours à l’hybridation
manque d’intérêt. et à l’insémination artificielle a accéléré
L’application de technologies innovantes le processus d’amélioration génétique.
de sélection et d’alimentation a permis La vitesse et la précision avec lesquelles
d’augmenter la productivité de manière les objectifs en matière de sélection
importante, notamment dans la production peuvent être atteints ont augmenté
d’œufs et de volailles de chair, de lait et de considérablement au cours des récentes
viande de porc. Leurs effets ont été moins décennies. Les progrès génétiques sont
prononcés pour la viande de bœuf et de beaucoup plus rapides pour les animaux
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
19
ENCADRÉ 1
Mesurer la croissance de la productivité dans le secteur de l’élevage
telles que la viande, le lait et les œufs. l’amélioration de la PBA explique plus
La PBA d’un troupeau ou cheptel est de 80 pour cent de la croissance de la
donnée par la production annuelle de production.
protéines divisée par la biomasse totale Même si elle présente quelques
du troupeau ou du cheptel, exprimée en avantages par rapport aux indicateurs
kilogrammes. La PBA pour l’ensemble du de productivité classiques fondés sur la
secteur de l’élevage d’un pays s’obtient production par animal, la PBA comporte
en additionnant la production protéique des limites. En particulier, elle ne considère
des sous-secteurs considérés (bovins, que la production vivrière issue d’un
porcins, volailles ou autres) divisée par leur troupeau et ne tient pas compte des
biomasse cumulée. produits non alimentaires, tels que la
Les estimations font apparaître des force de trait et le fumier. Elle peut donc
modifications de la PBA dans trois des entraîner une sous-estimation de la
principaux pays en développement production dans certaines zones où ces
producteurs, à savoir la Chine, l’Inde et produits revêtent de l’importance dans
le Brésil, pour la période allant de 1965 un contexte de production demeuré
à 2005. Le tableau ci-dessous fournit la traditionnel.
ventilation des taux de croissance annuelle
moyenne de la production totale du Source: Steinfeld et Opio, 2009.
à cycle court que pour les espèces ayant des travaux de sélection tandis que les
un intervalle générationnel plus long, caractéristiques qui correspondent aux
comme les bovins. Pour toutes les espèces, demandes du consommateur, comme la
l’efficacité alimentaire et des paramètres teneur en matières grasses, sont de plus
associés comme le taux de croissance, la en plus importantes. Bien que des progrès
production de lait et la performance de impressionnants aient été accomplis
reproduction, ont été les principales cibles concernant les races développées pour les
20 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
régions tempérées, les résultats ont été industrielle proches des grands pôles de
moins convaincants pour les races de vaches consommation.
laitières, de porcs et de volailles adaptées Les innovations technologiques dans
aux environnements à coefficient d’intrants les domaines de la transformation, de la
faibles. distribution et de la commercialisation des
La technologie de l’alimentation animale produits de l’élevage ont aussi profondément
a beaucoup progressé, notamment dans les modifié la manière dont les aliments sont
domaines suivants: alimentation équilibrée, transformés, transportés et livrés aux
alimentation de précision, ajout optimal consommateurs, par exemple les chaînes du
d’acides aminés et de micronutriments froid, la durée de conservation, etc.
minéraux, et développement d’espèces L’encadré 2 montre la manière dont ces
d’herbages améliorées et de systèmes différents progrès technologiques ont
d’élevage tels que le labour zéro. contribué à améliorer la production dans
Les améliorations de la santé animale, l’industrie de la volaille commerciale.
y compris une plus grande utilisation des
vaccins et des antibiotiques, ont aussi
contribué à augmenter la productivité. Ces Tendances et facteurs moteurs
technologies se sont largement répandues du commerce
au cours de ces dernières années dans un
certain nombre de pays en développement, La croissance du commerce des produits de
notamment dans les systèmes de production l’élevage a été facilitée par l’augmentation
ENCADRÉ 2
Les progrès technologiques dans l’industrie avicole
21
de la consommation de ces produits et la dont les plantes fourragères, est de loin
libéralisation de l’économie. L’évolution supérieur à celui des produits de l’élevage.
du transport, comme le transport réfrigéré Entre 1980 et 2006, le volume total des
(chaînes du froid) et les moyens de livraison exportations de viande a plus que triplé,
plus rapides et à plus grande distance, ont celui des produits laitiers a plus que doublé
permis de commercialiser et de transporter et celui des œufs a quasiment été multiplié
des animaux, des produits et des aliments par deux (tableau 5). La part de la production
pour animaux sur de longues distances. Cela entrant dans le commerce international a
a permis à la production de s’écarter des augmenté, à l’exception de la viande de
pôles de production et de consommation mouton et des œufs, ce qui montre que le
des ressources d’aliments pour animaux. commerce est de plus en plus ouvert, en
L’accroissement des flux commerciaux particulier pour les animaux monogastriques.
a aussi des incidences sur la gestion des Bien que les produits de l’élevage soient
maladies animales et sur un certain nombre en grande partie consommés dans le pays
de questions liées à la sécurité sanitaire des de production et n’entrent pas dans le
aliments. commerce international, les exportations
Les produits de l’élevage représentent une de ces produits sont importantes pour
proportion grandissante des exportations quelques pays. Depuis le milieu de 2002,
agricoles. En valeur, leur part est passée de 11 les pays en développement ont tous été
à 17 pour cent entre 1961 et 2006 (figure 7). des exportateurs nets de viande (Figure 8),
Cependant le commerce des plantes cultivées, mais dans des proportions très diverses.
mais les améliorations apportées dans mixtes à petite échelle. Les agriculteurs
les secteurs des vaccins, de la nutrition et les plus pauvres sont généralement
de la prévention des risques biologiques ceux qui sont les moins avancés au
ont permis d’atténuer leurs effets. La plan technologique. Ils élèvent des
sélection en vue de renforcer la résistance oiseaux domestiques autochtones qui
aux maladies, en particulier par l’adoption se nourrissent de déchets, subissent un
de technologies moléculaires, sera un contrôle sanitaire minimal et sont gardés
élément important des programmes dans des abris rudimentaires. L’application
génétiques à venir. Les percées futures de quelques technologies relativement
dans l’industrie passent par le recours simples (comme le confinement des
aux nouveaux outils moléculaires poussins pendant les premières semaines
qui permettront la mise au point de et l’utilisation des aliments de haute
techniques améliorées de diagnostic dans qualité dispensés à ces derniers dans des
le cadre de programmes de surveillance nourrisseurs spéciaux, la vaccination contre
des maladies aviaires et de surveillance la maladie de Newcastle et l’hébergement
des agents pathogènes transmis par les nocturne des volatiles dans des abris sûrs)
aliments. L’expérience passée prouve que peut toutefois entraîner des améliorations
pour la viande de volailles et les œufs, il profondes de la rentabilité des petits
faut s’atteler rapidement à la résolution élevages, de la sécurité alimentaire des
des problèmes causés par les agents ménages et de l’emploi pour les femmes
pathogènes transmis par les aliments, en tant que gardiennes de troupeaux.
afin de ne pas entamer la confiance des
consommateurs.
Malheureusement, les technologies
adaptées aux systèmes de production
industrielle, qui comportent des contrôles
rigoureux de la biosécurité, sont difficiles
à appliquer aux systèmes de production Source: Pym et al., 2008.
22 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
Les exportations de viande des pays en nettes s’élevant à près de la moitié d’un
développement sont en effet dominées million de tonnes en 2006. Toutes les régions
par la contribution du Brésil, qui est le plus en développement sont de plus en plus
grand exportateur de viande du monde. Si dépendantes des importations de produits
les exportations du Brésil, de la Chine, de laitiers (figure 8).
l’Inde et de la Thaïlande sont exclues, toutes La place du Brésil dans les exportations des
les régions en développement sont des produits de l’élevage mérite d’être notée.
importateurs nets de viande. La Thaïlande Au cours de la dernière décennie, ce pays
est devenue un acteur majeur sur le marché a multiplié les exportations de viande de
mondial de la volaille, ses exportations poulet par cinq et celles de viande de bœuf
FIGURE 7
Valeur des produits de l’élevage en tant que part de la valeur à l’exportation
agricole mondiale, 1961-2006
Pourcentage
20
15
10
0
61 63 65 67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 06
TABLEAU 5
Commerce international en matière de produits de l’élevage, 1980 et 2006
2
Laitier 42,8 90,2 8,7 12,7
1
Comprend d’autres types de viande que ceux listés ci-dessous.
2
Équivalent du lait.
Source: FAO, 2009b.
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
23
FIGURE 8
Exportations nettes de viande et de produits laitiers depuis les pays développés
et en développement, 1961-2006
Viande
Millions de tonnes
–1
–2
–3
61 63 65 67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 06
Produits laitiers
Millions de tonnes
40
30
20
10
– 10
– 20
– 30
61 63 65 67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 06
FIGURE 9
Consommation de viande et part des importations nettes dans la consommation,
dans les pays les moins avancés, 1961-2005
9 8
8 7
7 6
6 5
5 4
4 3
3 2
2 1
1 0
0 -1
61 63 65 67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05
25
croissance mais aussi de sa distribution immense dans de vastes régions du monde
géographique. La demande de produits de en développement, d’autant que la hausse
l’élevage est plus sensible à la croissance des des revenus entraîne un accroissement
revenus dans les pays à faible revenu que du pouvoir d’achat. Tous les indicateurs
dans les pays à revenu élevé. La saturation montrent que la demande mondiale de
croissante par habitant dans les pays qui ont produits de l’élevage devrait croître de
atteint des niveaux relativement élevés de manière soutenue. En 2007, le modèle
consommation, notamment le Brésil et la «IMPACT» de l’Institut international de
Chine, pourrait conduire à un ralentissement recherche sur les politiques alimentaires
de la demande. La question de savoir si (IFPRI) a projeté une augmentation de la
d’autres pays en développement, dont les demande mondiale de viande par habitant
niveaux de consommation de viande sont s’échelonnant de 6 à 23 kg, selon la région
actuellement peu élevés, deviendront de et un scénario de «routine» (Rosegrant et
nouveaux pôles de croissance et soutiendront Thornton, 2008) (tableau 6). L’essentiel de la
la croissance mondiale est cruciale. L’Inde, croissance projetée concernerait les pays en
compte tenu de son énorme population développement. Les augmentations les plus
et des faibles niveaux de consommation fortes seraient observées en Amérique latine
de produits de l’élevage par habitant, a le et aux Caraïbes, en Asie de l’Est et du Sud et
potentiel pour être une nouvelle source de dans la région du Pacifique. La demande par
demande importante. Cependant, les avis habitant serait multipliée par deux – certes
divergent quant à la contribution future de en partant d’un niveau très bas – en Afrique
l’Inde à la demande mondiale de ces produits subsaharienne.
(voir Bruinsma, 2003). Le modèle prévoit qu’une demande
Autre question, celle de l’impact de la croissante conduira à une augmentation des
persistance des prix élevés sur la demande, cheptels, le nombre de bovins dans le monde
dans la mesure où les consommateurs passant de 1,5 à 2,6 milliards d’unités et
mondiaux modifient leurs habitudes de celui des ovins de 1,7 à 2,7 milliards d’unités
consommation. Bien qu’il soit difficile de entre 2000 et 2050. La demande de céréales
prévoir avec précision l’évolution des prix des secondaires pour l’alimentation animale
produits destinés à l’alimentation humaine devrait aussi augmenter de 553 millions
et animale, la plupart des analystes et des de tonnes pour la même période, ce
observateurs conviennent qu’à court et qui correspond à près de la moitié de
moyen termes, les prix resteront plus élevés l’augmentation totale de la demande.
que ceux observés dans un passé récent, mais La publication intitulée Perspectives
que la volatilité accrue des prix deviendra la agricoles de l’OCDE et de la FAO 2009-2018
norme (IFPRI, 2008; OCDE-FAO, 2008; Banque (OCDE-FAO, 2009) présente des projections
mondiale, 2008a). pour la décennie prochaine. Bien que les
Dans l’ensemble, le potentiel de différences méthodologiques et métriques
développement de la consommation par entre les deux organisations ne permettent
habitant de produits de l’élevage reste pas de comparer directement les chiffres, les
TABLEAU 6
Consommation de viande par région, 2000 et 2050 (prévisions)
2000 2050
(kg/personne/an)
Afrique subsaharienne 11 22
27
FIGURE 10
Classification des systèmes de production animale
Source: FAO.
s’appuient également sur des techniques de la santé humaine, et non pour suggérer
modernes comme la sélection des races et qu’un système est préférable à un autre.
la gestion des troupeaux. Ces termes sont
utilisés pour faciliter un examen comparatif Systèmes de pâturage
des coûts, des avantages et des arbitrages Les systèmes de pâturage occupent la plus
liés aux différents systèmes sur les plans de la large superficie terrestre, soit environ 26 pour
sécurité alimentaire, des moyens d’existence, cent de la surface du globe non recouverte
de la gestion durable de l’environnement et par les glaces (Steinfeld et al., 2006).
TABLEAU 7
Population et production animales mondiales, par système de production, moyenne
2001-2003
Hors sol/
Pâturage Mixte pluvial Mixte irrigué Total
industriel
(Millions de têtes)
POPULATION
(millions de tonnes)
PRODUCTION
29
exemple dans des installations comme les
Transformation des systèmes abattoirs et les unités de transformation des
d’élevage produits laitiers. La production de viande
de volaille est l’exploitation qui peut être la
La demande croissante de produits de plus facilement mécanisée, et des formes de
l’élevage et l’évolution technologique ont production industrielle de viande de volaille
profondément bouleversé les systèmes sont apparues même dans les pays les moins
d’élevage, en particulier la structure des avancés. En revanche, la production laitière
domaines les plus modernes du secteur ne permet pas d’économies d’échelle aussi
de la production animale dans les pays importantes à cause de ses besoins élevés
développés et certaines régions du monde en de main-d’œuvre. En ce qui concerne la
développement. La dimension moyenne des production laitière et de viande de petits
unités de production primaire a rapidement ruminants, les coûts de production d’une
augmenté et, dans de nombreuses régions petite exploitation sont souvent comparables
du monde, leur concentration a entraîné à ceux des entreprises à grande échelle, en
l’apparition d’exploitations plus grandes et général parce que la main-d’œuvre, issue de
moins nombreuses, souvent mieux placées la famille, est souvent payée en dessous du
pour profiter des progrès techniques et salaire minimum.
des économies d’échelle que permettent L’organisation de la production animale
notamment la génétique moderne, a des conséquences sur la manière dont le
les aliments composés ou une gestion secteur interagit avec la base de ressources
industrielle, en particulier dans la production naturelles et sur la gestion des maladies
de viande de porc ou de volaille. animales et des risques pour la santé
La demande mondiale de viande animale humaine. La transformation structurelle
a été en grande partie satisfaite par la du secteur peut avoir une incidence sur les
production industrialisée. Les grandes unités moyens d’existence, notamment dans les
de production ont un avantage comparatif zones rurales. La question de savoir si les
décisif sur les unités plus petites dans un petits exploitants peuvent tirer parti de la
marché de plus en plus mondialisé. Il existe demande croissante de produits de l’élevage
plusieurs raisons à cela. Premièrement, la et dans quelle mesure ils en ont profité
concentration du secteur des intrants et de effectivement est un facteur important qui
la transformation ainsi que l’intégration doit être pris en compte dans les efforts
verticale conduisent à une augmentation déployés pour développer l’élevage.
de la dimension des exploitations. Les
grands intégrateurs préfèrent traiter avec Des petits systèmes mixtes aux systèmes
les grandes unités de production. À court spécialisés à grande échelle
terme, l’agriculture contractuelle peut Le secteur de l’élevage moderne est
profiter aux petits exploitants mais à long caractérisé par des exploitations de grandes
terme les intégrateurs préfèrent s’entendre dimensions s’appuyant sur une utilisation
avec quelques grands producteurs au intensive d’intrants, de techniques et de
lieu de contractualiser un grand nombre capital, une spécialisation accrue d’unités
de petits producteurs. Il s’agit là d’un de production axées sur un produit et un
phénomène courant dans la production remplacement progressif des intrants non
de viande de volaille et de porc, parce que commercialisés par des intrants achetés
les transformateurs exigent de grandes auprès de fournisseurs externes, locaux ou
quantités de produits d’une qualité internationaux. La mécanisation remplace
constante. L’encadré 3 examine l’incidence de le travail humain, qui est utilisé comme
la coordination des chaînes de valeur sur les une source de connaissances techniques
systèmes de production animale. et un moyen de gestion. Le passage à
Les économies d’échelle peuvent des systèmes de production modernes a
concerner différents produits, à divers fait reculer les systèmes de culture mixtes
stades du processus de production. Elles sont intégrés, progressivement remplacés
potentiellement élevées dans des secteurs par des entreprises spécialisées. Dans ce
en aval du processus de production, par processus, le secteur de l’élevage n’est
30 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
ENCADRÉ 3
La coordination dans les chaînes de valeur pour la production animale
Les filières commerciales des produits entre l’industrie fourragère et les élevages
de l’élevage – en particulier pour la commerciaux.
viande – sont très complexes. Cette L’intégration verticale suppose un
complexité débute au moment de la degré de coordination plus étroit et
production, elle-même tributaire d’une se produit lorsque deux ou plusieurs
chaîne d’approvisionnement en aliments segments successifs de la chaîne
fourragers qui doit garantir l’offre d’approvisionnements alimentaires sont
d’intrants sûrs en temps opportun. Elle contrôlés et effectués par une même
continue lors du traitement et de la vente entreprise. Dans les cas extrêmes, toute
au détail; les étapes sont nombreuses la chaîne peut être intégrée. Parmi les
et les produits d’origine animale sont exemples de cette intégration verticale
souvent plus périssables que les aliments figurent les sociétés qui unissent les
issus des cultures. L’interdépendance qui producteurs et les acheteurs. Les sociétés
s’instaure entre les opérateurs de la filière de conditionnement possèdent souvent
pour les produits animaux exige une des élevages porcins et des parcs
coordination particulièrement rigoureuse, d’engraissement de bovins tandis que les
bien plus que pour les transactions producteurs laitiers peuvent produire leurs
commerciales en espèces. propres fourrages au lieu de les acheter.
Les sociétés d’une filière Lorsque l’intégration est verticale, les
d’approvisionnement alimentaire transferts de produits sont déterminés
peuvent mettre en place des mécanismes davantage par des décisions internes que
de coordination verticale tels que des par le jeu du marché.
contrats, des licences et des alliances La coordination horizontale peut
stratégiques permettant de gérer les aussi s’avérer nécessaire pour de
relations avec leurs fournisseurs et clients. bonnes performances dans la filière
Les opérateurs d’un même segment de d’approvisionnement. Les transformateurs
la filière peuvent établir des relations peuvent réduire les coûts de transaction
horizontales sous forme de groupements en traitant avec une seule organisation
ou de coopératives pour gérer les de producteurs, une coopérative par
transactions en amont et en aval et assurer exemple, au lieu d’avoir affaire à
la qualité des produits. une myriade de petites exploitations.
Les contrats sont la modalité la plus L’organisation en coopératives présente
courante de coordination verticale. Chez trois avantages potentiels pour les
les producteurs primaires, les contrats agriculteurs: la conclusion d’arrangements
permettent d’établir des relations pour la vente de la production fermière
d’affaires plus sûres avec les partenaires, à des entreprises en aval; l’échange
non seulement pour garantir le prix de d’informations avec les partenaires de la
la transaction d’achat ou de vente, ce qui filière alimentaire et leur diffusion parmi
réduit les risques liés aux marchés, mais les agriculteurs; et la fourniture d’avis aux
aussi pour spécifier les quantités et la producteurs sur les critères à suivre pour
qualité. Du point de vue du contractant/ assurer la qualité de la matière première.
acheteur, les contrats permettent des Dans bon nombre de pays parmi les
liens beaucoup plus étroits avec les moins avancés, les coopératives sont un
agriculteurs et peuvent offrir un contrôle dispositif essentiel qui permet aux petits
accru sur les décisions de production producteurs de rester en activité, voire de
de ces derniers. Les contrats de vente ne pas tomber dans la pauvreté.
peuvent être stipulés avec des entreprises
de traitement en aval, telles que des
sociétés de conditionnement, tandis que
les accords en amont peuvent intervenir Source: Adapté de Frohberg, 2009.
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
31
TABLEAU 8
Utilisation d’aliments concentrés par région, 1980 et 2005
1980 2005
(Millions de tonnes)
plus multifonctionnel mais centré sur L’usage d’aliments concentrés pour animaux
un produit. L’importance des fonctions dans les pays en développement a plus que
traditionnellement importantes de l’élevage doublé entre 1980 et 2005 (tableau 8). En
décroît, comme la fourniture de traction 2005, au total, 742 millions de tonnes de
animale et de fumier, qui sont des actifs céréales ont été absorbées par l’élevage,
et une assurance tout en assumant des soit près d’un tiers de la récolte mondiale de
fonctions socioculturelles. La production céréales et une part encore plus grande de
animale ne fait plus partie des systèmes céréales secondaires (tableau 9).
de production intégrés, fondés sur des La prédominance d’aliments concentrés
ressources locales et des produits non signifie que la production animale ne dépend
alimentaires servant d’intrants pour d’autres plus de la disponibilité locale d’aliments pour
activités productives du système. animaux et des ressources naturelles qui en
sont à l’origine. L’impact de la production
Des pâturages aux aliments concentrés sur les ressources naturelles n’est donc plus
pour animaux en partie associé au lieu de production et il
La production animale, à mesure qu’elle croît est transféré là où les aliments pour animaux
et s’intensifie, dépend de moins en moins des sont produits.
aliments pour animaux disponibles localement L’utilisation accrue d’aliments concentrés
et de plus en plus des aliments concentrés explique la croissance rapide de la
pour animaux qui sont commercialisés aux production de monogastriques, notamment
plans local et international. On passe donc la volaille. Lorsque l’élevage ne dépend plus
d’une utilisation de pâturages de qualité des ressources locales ou des déchets d’autres
médiocre (résidus de culture et pâturages activités pour l’alimentation animale, le
naturels) à une utilisation de coproduits et de rythme auquel les aliments pour animaux
concentrés agro-industriels de qualité élevée. sont transformés en produits d’origine
32 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
TABLEAU 9
Utilisation d’aliments concentrés par groupe de produits, 2005
(Millions de tonnes)
animale devient un facteur critique de traduisent par une forte demande d’aliments
l’efficience économique de la production. À d’origine animale. Ils sont initialement
cet égard, les monogastriques, qui ont un proches des villes et des agglomérations
meilleur taux de conversion des aliments urbaines. Les produits de l’élevage sont en
pour animaux, ont un avantage distinct sur effet parmi les denrées les plus périssables,
les ruminants. et leur conservation sans congélation et
transformation pose des risques graves pour
D’une production dispersée à une la santé humaine et la qualité. Les animaux
production concentrée d’élevage doivent donc être proches du
La consolidation des activités liées à la lieu de la demande. Par la suite, grâce
production animale, notamment celles qui au développement des infrastructures et
sont associées aux monogastriques, a eu un des techniques de transport des intrants
impact sur la géographie des populations et de transformation et de conservation
animales et de la production. des produits, la production animale peut
Lorsque la production animale était s’éloigner des pôles de la demande, sous
fondée sur les ressources alimentaires l’effet de certains facteurs comme la
disponibles localement, comme les réduction des prix de la terre et de la main-
pâturages naturels et les sous-produits d’œuvre, l’accès aux aliments pour animaux,
des cultures, la distribution des ruminants des normes environnementales moins
était déterminée en grande partie par rigoureuses, des incitations fiscales ou des
la disponibilité de ces ressources. La lieux moins sensibles aux pathogénies.
distribution des porcs et de la volaille D’un point de vue géographique, la
était très proche de celles des populations production animale est donc désormais
humaines parce que ces animaux jouaient composée de centres de production, de
leur rôle de convertisseurs de déchets. centres de transformation et d’infrastructures
L’utilisation croissante d’aliments achetés à de soutien logistique reliés entre eux, situés à
l’extérieur de l’exploitation, en particulier proximité les uns des autres et fonctionnant
les concentrés, a réduit l’importance de manière coordonnée. Ces changements
des conditions agroécologiques en tant de la structure de la production ont été
que facteur déterminant. Elles ont été accompagnés par une augmentation de la
remplacées par des facteurs comme le coût dimension des abattoirs et des usines de
d’opportunité de la terre et l’accès aux transformation, qui sont de plus en plus
marchés des intrants et des produits. situés dans la zone de production.
Les grands opérateurs apparaissent Dans les systèmes de production
lorsque l’urbanisation, la croissance traditionnels, mixtes ou pastoraux, des
économique et la hausse des revenus se produits non alimentaires comme le fumier
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
33
sont des intrants importants dans d’autres et de l’urbanisation. Le potentiel de
activités de production. La concentration développement de la demande de
signifie que ces produits sont souvent produits de l’élevage est très grand, ce
considérés comme des déchets qui doivent qui présente des défis dans l’utilisation
être éliminés. En outre, la concentration efficace des ressources naturelles,
croissante d’animaux, souvent proches des la gestion des risques pour la santé
grands centres urbains, peut aggraver les animale et humaine, l’atténuation de la
problèmes liés aux maladies animales et aux pauvreté et la réalisation de la sécurité
risques pour la santé humaine. alimentaire.
v La demande croissante de produits
de l’élevage et la mise en œuvre des
Défis liés à la croissance constante changements technologiques dans
du secteur de l’élevage l’ensemble de la chaîne alimentaire ont
profondément modifié certains systèmes
La demande croissante de produits de de production animale. Les systèmes de
l’élevage et l’augmentation constante production mixtes de petites dimensions
de leur production ont des conséquences sont aux prises avec la concurrence
à long terme importantes dans trois accrue de vastes unités de production
domaines, qui exigent d’être examinées. Elles spécialisées qui s’appuient sur des
supposent un accroissement de la pression intrants achetés auprès de fournisseurs
sur les ressources naturelles mondiales, extérieurs. Ces tendances sont autant de
car la demande d’aliments pour animaux défis à relever pour les petits exploitants
augmente, et la production animale est de et ont des conséquences sur la capacité
plus en plus découplée de la base locale des du secteur à réduire la pauvreté.
ressources naturelles. Elles ont une incidence v Le passage des systèmes de production
sur la santé animale et humaine à mesure mixtes de petites dimensions, fondés
que les populations et la concentration sur des ressources disponibles
humaines et animales augmentent, parce localement, à des systèmes industriels
que certains agents migrent facilement entre de grandes dimensions, a déplacé les
espèces. Enfin, les répercussions sociales sur lieux d’implantation des unités de
les petits exploitants, dont les possibilités production animale. À mesure que les
d’approvisionner de nouveaux marchés sont contraintes liées à la disponibilité locale
limitées et posent de graves défis en matière des ressources naturelles sont levées,
de politiques. la distribution spatiale des unités de
Le développement rapide et continu du production animale ressemble de plus en
secteur de l’élevage illustre les problèmes plus à des pôles fonctionnant de manière
critiques qui se posent pour l’avenir du interconnectée tout au long de la chaîne
secteur. Les gouvernements nationaux et d’approvisionnement, ce qui a augmenté
la communauté internationale doivent l’efficacité de la production tout en
impérativement les prendre en compte créant des problèmes liés à l’usage des
et s’efforcer notamment de maîtriser le ressources naturelles.
potentiel de croissance de la demande v La concentration croissante de la
de produits de l’élevage pour atténuer la production et du commerce pose de
pauvreté et améliorer la sécurité alimentaire, nouveaux défis à relever en matière de
d’accroître la gestion durable des ressources gestion des maladies animales.
naturelles et de renforcer les activités liées à
la gestion des maladies animales.
35
Le présent chapitre analyse le rôle s’étendent très au-delà de la production
de l’élevage sous l’angle de la sécurité animale destinée à la vente ou à la
alimentaire et des moyens d’existence des consommation directe.
hommes et des femmes qui vivent dans la L’élevage remplit d’autres fonctions tout
pauvreté. Il traite également du potentiel aussi importantes: il est source d’emplois
de ce secteur à devenir un moteur de la pour l’agriculteur et les membres de sa
croissance, à faire reculer la pauvreté et famille (Sansoucy, 1995); un moyen de
à promouvoir la sécurité alimentaire à thésaurisation (CAST, 2001); et une forme
long terme pour les personnes les plus d’assurance (Fafchamps et Gavian, 1997); il
vulnérables. Il détaille les conditions favorise l’égalité entre les sexes en créant
nécessaires pour que les petits exploitants des opportunités pour les femmes; il permet
puissent s’appuyer sur l’élevage pour le recyclage des déchets et résidus de récolte
s’extraire de la pauvreté. ou de l’agro-industrie (Ke, 1998; Steinfeld,
Les politiques visant ce secteur doivent 1998); il contribue à l’amélioration de la
prendre en compte les disparités entre les structure et de la fertilité des sols (de Wit,
producteurs en termes de capacité à van de Meer et Nell, 1997); et il participe à
intégrer des filières industrialisées la lutte contre les ravageurs (Pelant et al.,
modernes, capacité qui est souvent 1999).
déterminée par les questions de parité entre Les déchets de l’élevage peuvent
les sexes et autres facteurs socioculturels; aussi servir de source d’énergie pour la
elles doivent aussi reconnaître la fonction préparation des aliments et à ce titre
cruciale que remplit l’élevage pour de contribuer à la sécurité alimentaire. Les
nombreux petits agriculteurs en tant que résidus de l’élevage peuvent aussi servir
filet de sécurité. comme source d’énergie pour cuisiner,
contribuant ainsi à la sécurité alimentaire.
L’élevage a aussi une dimension culturelle:
Élevage et moyens d’existence la possession de bétail peut être à la base
de rites religieux (Horowitz, 2001; Ashdown,
L’élevage est un moyen d’existence 1992; Harris, 1978) ou refléter le statut
essentiel pour les plus pauvres. Il fait partie social de l’agriculteur (Birner, 1999). Les
intégrante des systèmes de production fonctions non marchandes de l’élevage
mixtes, en contribuant à l’augmentation de peuvent varier d’une région à l’autre dans
la productivité sur la ferme et en assurant un même pays, et bien entendu d’un pays à
une source stable d’aliments et de revenus l’autre. Elles sont aussi susceptibles d’évoluer
pour les ménages. Toutefois, son rôle et sa avec le temps, en fonction de la situation
contribution dans les pays en développement économique des éleveurs.
TABLEAU 10
Nombre et emplacement des éleveurs pauvres par catégorie et zone agro-écologique
TABLEAU 11
Pourcentage des ménages ruraux possédant du bétail, part des revenus provenant du
bétail et nombre de bêtes par ménage par pays
PART DES PART DES PART DE LA NOMBRE
MÉNAGES REVENUS ISSUE PRODUCTION DE BÊTES
PAYS ET ANNÉE RURAUX DU BÉTAIL1 ANIMALE DÉTENUES PAR
POSSÉDANT DU VENDUE LES MÉNAGES
BÉTAIL RURAUX1
(Pourcentage) (UBT2)
Afrique
Asie
Europe orientale
Amérique latine
Le nombre de pauvres dont les moyens base de données de la FAO sur les activités
d’existence reposent sur l’élevage n’est rurales génératrices de revenus (RIGA) (FAO,
pas connu avec certitude, mais l’estimation 2009a), qui recueille les données issues
la plus fréquemment avancée fait état de d’enquêtes sur les ménages représentatives à
987 millions (Livestock in Development, l’échelle nationale et provenant de 14 pays,
1999), soit environ 70 pour cent des indique que 60 pour cent des ménages
êtres humains vivant dans une «pauvreté ruraux possèdent du bétail (tableau 11).
extrême»2 dont le nombre est estimé à Les données correspondant aux 14 pays
1,4 milliard. Le tableau 10 détaille cette RIGA sont présentées par quintile de dépenses
estimation, ventilée par zone agroécologique figures 11-14. La possession de bétail concerne
et par type de système de production. La toutes les tranches de revenus chez les
ménages ruraux (figure 11). Dans un tiers
environ des pays de l’échantillon, les ménages
2
Définies comme celles dont la consommation est
plus pauvres pratiquent l’élevage davantage
inférieure à 1,25 USD par personne et par jour, mesurée
en parité de pouvoir d’achat par rapport à 2005, année de que les ménages plus aisés. Malgré l’absence
référence. de relation établie entre niveau de revenu et
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
37
FIGURE 11
Pourcentage des ménages ruraux possédant du bétail, par quintiles de dépenses
Albanie
2005
Bangladesh
2000
Bulgarie
2001
Équateur
1995
Ghana
1998
Guatemala
2000
Madagascar
1993
Malawi
2004
Népal
1996
Nicaragua
2001
Nigéria
2004
Pakistan
2001
Panama
2003
Viet Nam
1998
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Pourcentage
élevage, il apparaît clairement que dans tous Malawi. Même s’il n’existe pas de tendance
les pays, même les ménages les plus pauvres systématique, dans plusieurs pays les
possèdent du bétail. personnes pauvres tirent de l’élevage une
La part de l’élevage dans les revenus des part plus importante de leur revenu que les
ménages varie selon les pays et les niveaux ménages plus aisés.
de revenus (figure 12). Inférieure à 5 pour Bien que la plupart des ménages ruraux
cent pour un grand nombre de ménages, de l’échantillon RIGA élèvent du bétail, la
elle atteint plus de 45 pour cent pour taille moyenne de leur cheptel reste faible,
les ménages ayant un revenu moyen au entre 0,3 unité de bétail tropical (UBT) au
38 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
FIGURE 12
Part des revenus de l’élevage au sein des ménages ruraux, par quintile de dépenses
Albanie
2005
Bangladesh
2000
Bulgarie
2001
Équateur
1995
Ghana
1998
Guatemala
2000
Madagascar
1993
Malawi
2004
Népal
1996
Nicaragua
2001
Nigéria
2004
Pakistan
2001
Panama
2003
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Pourcentage
39
inférieurs par rapport aux quintiles de Dans tous les pays considérés, les hommes
dépenses supérieurs, ce qui tendrait à sont plus nombreux que les femmes à
indiquer que le bétail est destiné à une posséder du bétail, et les ménages ayant
consommation personnelle dans le cas à leur tête un homme ont plus de bétail
des ménages moins favorisés, alors qu’il que ceux dirigés par une femme. Cela est
représente une source de revenu monétaire particulièrement vrai dans le cas des grands
pour les ménages plus aisés. Cependant, animaux (bovins, buffles). Les disparités
cette tendance n’est pas homogène, plusieurs au niveau de la taille des troupeaux sont
pays présentant des situations différentes. particulièrement accusées au Bangladesh,
FIGURE 13
Nombre de bêtes détenues par les ménages ruraux, par quintiles de dépenses
Albanie
2005
Bangladesh
2000
Bulgarie
2001
Équateur
1995
Ghana
1998
Guatemala
2000
Madagascar
1993
Malawi
2004
Népal
1996
Nicaragua
2001
Nigéria
2004
Panama
2003
Viet Nam
1998
0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0
Nombre de bêtes
Note: Le nombre de bêtes est calculé à l’aide de l’unité de bétail tropical (UBT) qui est l’équivalent d’un animal de 250 kg
Cette échelle varie seolon les régions. Par exemple, en Amérique du Sud, l’échelle est comme suit: 1 bovin = 0,7 UBT,
1 cochon = 0,2, 1 mouton = 0,1, et 1 poulet = 0,01.
40 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
FIGURE 14
Pourcentage de la production totale de bétail des ménages ruraux qui est vendu,
par quintile de dépenses
Albanie
2005
Bangladesh
2000
Bulgarie
2001
Équateur
1995
Ghana
1998
Guatemala
2000
Madagascar
1993
Malawi
2004
Népal
1996
Nicaragua
2001
Nigéria
2004
Panama
2003
Viet Nam
1998
0 10 20 30 40 50 60 70
Pourcentage
41
au Cambodge, en République démocratique ses quatre dimensions: disponibilité, accès,
populaire lao et au Viet Nam (FAO, 2004b). stabilité et utilisation.
Dans de nombreux autres pays et régions, La disponibilité renvoie à la disponibilité
les femmes possèdent des volailles, en physique de denrées alimentaires en quantité
nombre parfois supérieur à celles détenues suffisante en un lieu donné. Les denrées
par les hommes, et contrairement à d’autres sont disponibles grâce à la production
productions, sont libres de disposer des domestique, aux marchés locaux et aux
volailles qu’elles élèvent sans consulter importations. L’accès recouvre la capacité
un homme. Le fait que les femmes soient des individus à acquérir des aliments. En
responsables de la production avicole dans effet, même si l’approvisionnement physique
ces régions a des implications également en produits alimentaires est assuré dans
pour les programmes de lutte contre la une région donnée, ces produits ne sont
grippe aviaire. pas nécessairement accessibles si leur prix
Les données provenant de la base est trop élevé ou si le pouvoir d’achat
RIGA confirment de manière générale les des populations locales est insuffisant.
observations antérieures. Delgado et al. L’élevage domestique et l’élevage extensif
(1999) ont analysé 16 pays différents pour à l’herbe, qui reposent sur l’utilisation
comparer la dépendance au revenu tiré des déchets et des terres impropres à la
de l’élevage des ménages «très pauvres» culture, contribuent indiscutablement à
et «moins pauvres». Ils ont observé que la la disponibilité alimentaire. Les systèmes
majorité des ménages ruraux pauvres d’élevage intensifs décrits au Chapitre 2
dépend dans une certaine mesure de sont une source importante de produits
l’élevage, mais que les «moins pauvres» carnés abordables pour les consommateurs
dépendent plus fortement des revenus urbains. Grâce à une utilisation rationnelle
tirés de l’élevage que les «très pauvres». des ressources, ils assurent une offre de
À l’inverse, Quisumbing et al. (1995) ont produits alimentaires abondants et à faible
constaté que, dans de nombreux cas, les coût, contribuant ainsi à la disponibilité des
pauvres tirent de l’élevage une part plus denrées et à leur accès. Ils sont appelés à
importante de leur revenu que les riches jouer un rôle de plus en plus important à
parce qu’ils peuvent utiliser pour la pâture l’avenir, sachant que la demande en produits
des terres communales, et bénéficier ainsi de de l’élevage continuera de croître dans les
coûts de production faibles. années qui viennent. Dans le même temps,
la hausse rapide de la demande en produits
carnés signifie qu’un tiers de l’ensemble des
Élevage et sécurité alimentaire terres cultivées est aujourd’hui consacré à la
production fourragère. Toutes choses étant
La dénutrition demeure un problème majeur égales par ailleurs, ce conflit d’usage sur des
dans de nombreux pays en développement. terres traditionnellement affectées à d’autres
Les dernières statistiques de la FAO (FAO, cultures est responsable de la hausse des prix
2009c) indiquent que près d’un milliard des produits alimentaires de base et pourrait
d’êtres humains dans le monde souffrent de avoir des effets négatifs sur l’accès aux
sous-alimentation. La sécurité alimentaire denrées. Ce sujet fait l’objet de l’encadré 4.
se définit comme l’accès de tous les êtres La plupart des ménages ruraux, y
humains, à tout moment, à une alimentation compris les très pauvres, élèvent du
sûre, nutritive et suffisante leur permettant bétail. L’élevage contribue directement
de mener une vie saine et active. Le secteur à la disponibilité alimentaire et à l’accès
de l’élevage est crucial pour la sécurité des petits exploitants à l’alimentation,
alimentaire, non seulement pour les petits souvent par des mécanismes complexes.
agriculteurs en milieu rural qui dépendent Les petits agriculteurs consomment parfois
directement de l’élevage pour leur directement leur production mais choisissent
alimentation et leurs revenus, mais aussi pour le plus souvent de vendre leurs œufs ou
les consommateurs urbains, qui bénéficient leur lait à haute valeur ajoutée, pour
de denrées d’origine animale de qualité à pouvoir acheter des produits de base d’un
un prix abordable. L’élevage joue un rôle moindre coût. La contribution indirecte de
important dans la sécurité alimentaire sous l’élevage à la sécurité alimentaire à travers
42 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
ENCADRÉ 4
Alimentation humaine et animale: les animaux d’élevage réduisent-ils
les disponibilités alimentaires pour la consommation humaine?
Il n’est pas rare d’entendre qu’il suffirait, pas concurrence aux êtres humains pour
pour remédier à la pénurie d’aliments qui l’alimentation, les excédents de céréales
frappe les pauvres et les sous-alimentés, ne seraient pas pour autant disponibles
de réduire la demande d’aliments pour l’alimentation humaine; au contraire,
fourragers. En réalité la relation entre par effet de la demande réduite, une
demande en aliments pour animaux grande partie de ces quantités ne seraient
et sécurité alimentaire est complexe et pas produites. Toutefois, si à l’heure
comporte des aspects à la fois matériels et actuelle les besoins alimentaires des
économiques. animaux d’élevage ne concurrencent pas
Chaque année, le bétail consomme directement ceux des sous-alimentés,
77 millions de tonnes de protéines ils contribuent à faire monter la
contenues dans des aliments fourragers demande globale, et par conséquent
qui sont potentiellement aptes à la les prix, des cultures et des intrants
consommation humaine, alors que les agricoles. Ce phénomène, qui favorise
produits destinés à la consommation plutôt les producteurs nets, pénalise les
humaine et issus de l’élevage n’en consommateurs nets (des villes comme des
fournissent que 58 millions. (Steinfeld et zones rurales).
al., 2006). En termes d’apport énergétique Un aspect important souvent ignoré
alimentaire la perte relative est beaucoup est que les produits fourragers destinés
plus importante. Elle résulte, certes, à l’élevage jouent en faveur des
de la tendance récente à utiliser des objectifs de la sécurité alimentaire, en
aliments contenant davantage de produits tant que mécanisme régulateur des
concentrés pour nourrir les animaux, marchés nationaux et internationaux,
mais il ne faut pas tomber dans des utile en cas de pénurie alimentaire.
simplifications excessives ni oublier que Lors des précédentes crises mondiales
les protéines d’origine animale sont des prix en 1974/75 et 1981/82, les
d’une qualité plus élevée que celle des approvisionnements céréaliers ont
protéines fourragères dont se nourrissent chuté de manière considérable. Le
les animaux. secteur de l’élevage, moyennant la
Du point de vue économique, il contraction de l’offre en produits
faut savoir que la faim et l’insécurité fourragers ou le passage à d’autres
alimentaire ne découlent pas en général sources d’approvisionnement, a exercé
d’une limitation de l’offre mais plutôt une fonction régulatrice efficace, faisant
d’une défaillance de la demande en raison baisser la demande de céréales. Un effet
d’un pouvoir d’achat insuffisant. Si par tampon similaire a été observé lors de la
hypothèse le secteur de l’élevage ne faisait récente crise alimentaire en 2007 et 2008.
43
d’origine animale dans l’alimentation des mais elle s’accompagne également d’un
pauvres. prix économique élevé: chez l’adulte, elle
La stabilité est la troisième dimension de réduit la productivité et la performance
la sécurité alimentaire. L’élevage contribue au travail, elle limite le développement
à la stabilité de la sécurité alimentaire des du capital humain et entrave le potentiel
ménages ruraux en ce qu’il constitue un de croissance économique des pays (FAO,
actif, un moyen de thésaurisation et un 2004a). La dénutrition peut aussi accroître la
filet de sécurité. Le bétail peut servir de vulnérabilité des femmes, des hommes et des
garantie pour l’obtention d’un crédit, il peut enfants à des infections comme le paludisme,
être vendu pour augmenter un revenu ou la tuberculose et le VIH/SIDA.
directement consommé en période de crise, Les produits d’origine animale apportent
amortissant ainsi les chocs externes liés par des protéines de haute qualité et divers
exemple à la blessure ou à la maladie d’un micronutriments qu’il est difficile de trouver
membre productif de la famille. Le bétail en quantité suffisante dans des aliments
représente aussi une force de travail, une d’origine exclusivement végétale. Même si
source d’engrais et un instrument de lutte des minéraux essentiels comme le zinc et
contre les ravageurs dans le cas des systèmes le fer sont aussi présents dans les céréales,
mixtes d’exploitation, contribuant ainsi à la ils ont une faible biodisponibilité dans les
productivité globale de l’exploitation et donc aliments d’origine végétale en raison de
à la sécurité alimentaire. la présence d’inhibiteurs de l’absorption
La quatrième dimension de la comme les phytates; ils ont une meilleure
sécurité alimentaire – l’utilisation – est biodisponibilité dans les produits d’origine
particulièrement importante dans le cas animale.
des produits de l’élevage et des aliments La vitamine A, la vitamine B12, la
d’origine animale. La recherche confirme riboflavine, le calcium, le fer et le zinc sont
que ces produits sont une excellente six éléments nutritifs peu présents dans une
source de protéines de haute qualité et alimentation essentiellement végétarienne et
de micronutriments essentiels tels que la fournis par les produits d’origine animale. Les
vitamine B et des oligo-éléments hautement problèmes de santé associés à des carences
biodisponibles3 tels que le fer et le zinc. Cette de ces nutriments incluent l’anémie, les
«biodisponibilité» revêt une importance retards de croissance, l’altération de la vision
particulière pour les mères et les jeunes et la cécité, le rachitisme, les altérations des
enfants, qui ont du mal à trouver dans performances cognitives et le risque accru de
une alimentation d’origine végétale les morbidité et de mortalité liées aux maladies
micronutriments qui leur sont nécessaires. infectieuses, en particulier chez le nourrisson
La consommation en petites quantités de et l’enfant. Les produits d’origine animale
produits d’origine animale apporte les sont une source particulièrement riche de
éléments nutritifs essentiels nécessaires à la ces six nutriments, et leur consommation
santé maternelle et au bon développement en quantité relativement faible, conjuguée
physique et mental des jeunes enfants. à une alimentation végétarienne, peut
améliorer notablement l’état nutritionnel.
Élevage et nutrition La haute teneur en nutriments des
L’incidence négative d’une mauvaise produits d’origine animale offre par ailleurs
nutrition sur la croissance et le un avantage particulier dans le cadre des
développement mental des enfants est interventions alimentaires ciblant des
bien documentée et inclut notamment les groupes vulnérables comme les nourrissons,
retards de croissance et le risque accru de les enfants et les personnes atteintes du VIH/
maladies infectieuses, de morbidité et de SIDA, qui peuvent avoir des difficultés à
mortalité. À terme, la dénutrition entrave ingérer les grandes quantités de nourriture
le développement cognitif et les résultats nécessaires pour répondre à leurs besoins
scolaires. La dénutrition est non seulement nutritionnels.
inacceptable d’un point de vue moral, Les données disponibles indiquent
que, dans les pays les plus pauvres, où les
3
La biodisponibilité se dit de l’absorption et de l’utilisation carences en micronutriments sont les plus
d’un nutriment par l’organisme. répandues, une augmentation modérée
44 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
45
ENCADRÉ 5
Le projet de développement des caprins à vocation laitière en Éthiopie
Food and Agricultural Research effectuait deux traites par jour, obtenant
Management (FARM)-Africa est une en moyenne 75 litres de lait de chèvre
organisation non gouvernementale par an. La consommation individuelle
internationale, spécialisée dans la gestion moyenne était passée à 15 litres/par
de la recherche alimentaire et agricole, personne et par an. En outre, les ménages
qui s’efforce de réduire la pauvreté en se réservaient chacun entre 50 et 100 kg
favorisant l’amélioration durable des de céréales de plus qu’avant, au lieu de les
conditions de vie des agriculteurs et vendre pour acheter du lait.
des éleveurs en Afrique, grâce à une Une intervention similaire de FARM-
gestion plus efficace de leurs ressources Africa dans une autre région d’Éthiopie
naturelles renouvelables. Le projet de a augmenté la disponibilité de lait par
développement des caprins à vocation personne de 109 pour cent, l’apport
laitière a été lancé en Éthiopie afin énergétique d’origine animale de 39 pour
d’améliorer le bien-être des ménages cent, l’apport en protéines de 39 pour
en encourageant à la fois la création de cent et en lipides de 63 pour cent. La
revenus et la consommation de lait. Le proportion de protéines animales a atteint
projet visait en particulier l’accroissement 20 pour cent. Pendant l’étude d’une durée
de la productivité des chèvres locales, de trois ans, 67 ménages (soit 63 pour
dont les troupeaux sont gérés par les cent) ont tué 77 chèvres. La quantité de
femmes, grâce à des techniques d’élevage viande obtenue s’est élevée en moyenne
améliorées alliées à l’amélioration à 575 g par personne et par an. L’étude
génétique. a conclu que la possibilité offerte aux
Avant la mise en œuvre du projet de ménages de ruraux pauvres de posséder et
développement caprin, 21 pour cent de gérer un cheptel de petits ruminants,
des ménages bénéficiaires n’avaient pas tels que des chèvres laitières, influait
accès au lait; 67 pour cent d’entre eux directement sur leurs chances de sortir
achetaient du lait occasionnellement du cercle vicieux de la pauvreté et de la
pendant environ un trimestre par an. dénutrition tout en améliorant fortement
Quarante-deux pour cent des ménages l’accès aux aliments d’origine animale
interrogés consommaient de la viande, ainsi que les taux de consommation de ces
pour une quantité moyenne de 1,3 kg par produits.
an et par personne. Les 58 pour cent de
ménages restants ne consommaient jamais
de viande. Après le projet, chaque ménage Source: Ayele et Peacock, 2003.
47
Dans les pays en développement où la les réglementations locales le permettent, et
hausse des revenus et l’émergence d’une elle a des implications pour la santé animale
classe moyenne urbaine ont stimulé et humaine qui font l’objet du Chapitre 5.
la demande en produits de l’élevage, Dans les pays où la consommation de volaille
les petits éleveurs traditionnels restent a peu ou pas augmenté, ce qui est le cas
présents en milieu rural, mais les zones de la plupart des pays africains, l’essentiel
périurbaines voient se développer des de la production avicole provient toujours
opérateurs commerciaux, avec un élevage à d’élevages domestiques et villageois,
grande échelle plus intensif et des moyens fréquemment gérés par des femmes.
technologiques sophistiqués, en particulier
dans le secteur avicole. Des entreprises
intégrées font aussi leur apparition, de Élevage et réduction de la
grandes entreprises ou coopératives pauvreté
fournissant les intrants et assurant des
débouchés commerciaux à des exploitations L’expansion des marchés des produits de
de petite ou moyenne taille sous contrat. l’élevage devrait normalement offrir des
Sous l’effet de la croissance économique, possibilités nouvelles d’amélioration de leurs
les perspectives d’emploi hors agriculture revenus pour les nombreux ruraux pauvres
se développent, les salaires agricoles dont les moyens d’existence reposent sur
progressent, les supermarchés étendent l’élevage. Toutefois, si la croissance et la
leur influence au-delà des centres urbains transformation du secteur ont créé des
et la demande en produits de l’élevage opportunités, il n’est pas certain qu’elles
s’intensifie encore. Les petits éleveurs puissent être pleinement exploitées par
commencent à se désengager de cette les personnes vivant dans la pauvreté et
activité dans la mesure où ils ont moins dans des zones marginalisées. Du fait de
besoin d’avoir quelques têtes de bétail, et l’évolution rapide de la demande en produits
où l’intérêt et la viabilité de l’entreprise alimentaires dans certaines parties du monde
diminuent. La taille moyenne des élevages en développement, le secteur de l’élevage
de volailles et de porcs tend à s’accroître, a été appelé à produire le plus possible, le
alors que celle des cheptels laitiers reste plus vite possible, au moindre coût et dans le
souvent limitée. Même sur des marchés respect de la sécurité sanitaire des aliments.
en forte croissance, la production et la L’accent placé sur la vitesse, la quantité, le
commercialisation du lait restent parfois prix et la sécurité sanitaire a créé un biais en
dominés par le secteur informel. Les faveur de la production intensive à grande
opérateurs intégrés verticalement voient échelle, en particulier dans certains sous-
leur taille augmenter et acquièrent secteurs comme la production avicole et
progressivement une position dominante, porcine. En revanche, la situation semble
alors que les petits éleveurs de volailles ont être différente dans le sous-secteur laitier,
de plus en plus de difficultés à subsister – ce où l’on a vu des petits agriculteurs jouer un
qui ne semble pas le cas des petits éleveurs rôle prédominant pour satisfaire la demande
de porc. croissante (voir encadré 7).
Dans les économies en plus forte La nature du secteur de l’élevage a
croissance, les petits éleveurs, en particulier radicalement changé dans certaines régions
les producteurs de volailles et de porcs, du monde, même si les effets de cette
soit se tournent vers une agriculture de mutation varient selon les pays, les espèces
subsistance soit abandonnent l’élevage. Un et en fonction du sexe. Les pays dans lesquels
petit nombre d’entre eux peut évoluer vers la consommation de produits de l’élevage
des opérations à grande échelle. Toutefois, par habitant a connu une forte hausse au
dans de nombreux autres pays, le secteur cours des dernières décennies, en particulier
avicole connaît un développement «à deux les économies à forte croissance comme le
vitesses» qui voit coexister un élevage Brésil, la Chine et l’Inde, présentent une
domestique/villageois et une production situation très différente de celle des pays où
industrielle (voir encadré 6 avec l’exemple de cette consommation reste statique ou recule,
la Chine). Cette situation est appelée à durer comme c’est le cas pour une grande partie
tant que la pauvreté rurale subsiste et que de l’Afrique subsaharienne. Parallèlement,
48 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
ENCADRÉ 6
Un secteur en transition – l’élevage des volailles en Chine
dans les pays où la transformation du secteur dans certains cas, leur sécurité alimentaire.
est amorcée, un fossé se creuse entre la L’expérience des pays de l’OCDE depuis
production traditionnelle à petite échelle, les années 50 montre qu’un changement
dans laquelle les femmes jouent un rôle des structures de production requiert
actif, à une extrémité du spectre, et une un ajustement de la part du marché du
production à grande échelle, intensive, travail. Cependant, lorsque la transition
largement dominée par les hommes, à l’autre est extrêmement rapide, comme c’est le
extrémité. cas de l’élevage dans de nombreux pays
La croissance économique continuant aujourd’hui, les implications pour la pauvreté
d’avoir un effet d’entraînement sur le et la sécurité alimentaire peuvent se révéler
développement de l’élevage, la tendance dramatiques et justifier l’intervention
à l’industrialisation de certains pans publique.
du secteur s’intensifie. Globalement, si Ces 10 dernières années, les chercheurs
la forte croissance du secteur doit être et les décideurs politiques sont partis de
considérée comme un signe positif pour l’hypothèse que la croissance du secteur de
le développement économique, la vitesse l’élevage était principalement déterminée
du changement risque d’entraîner une par la demande (Delgado et al., 1999) et que
forte pression sur les petits agriculteurs. les politiques devaient avoir pour objectif
Certains éleveurs auront vraisemblablement de soutenir l’augmentation de la demande
des difficultés à s’adapter suffisamment et d’améliorer les opportunités de marché
rapidement pour préserver leur revenu et, (Banque mondiale, 2007). Cependant, des
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
49
travaux récents montrent que les facteurs puissent tirer parti de ces opportunités
liés à l’offre jouent aussi un rôle important. constitue un enjeu politique majeur et
Dans de nombreux pays en développement, implique de prendre soigneusement en
la croissance du secteur de l’élevage a de compte les questions de parité entre les
fait un effet d’entraînement sur la croissance sexes. Il importe d’aider les petits exploitants
du PIB (voir encadré 8). Il s’ensuit que les à surmonter les contraintes liées à l’offre et
politiques visant directement à promouvoir à améliorer leur productivité à la fois pour
la hausse de la productivité dans le secteur leur permettre de bénéficier des gains induits
de l’élevage peuvent stimuler une croissance par la demande et pour permettre au secteur
économique plus large. La chaîne de valeur dans son ensemble de continuer à remplir
complexe qui caractérise les produits son rôle de moteur de la croissance.
d’origine animale – depuis les aliments pour La hausse de la demande continuera
animaux et la production animale jusqu’à d’exercer une influence déterminante sur
sa transformation et sa commercialisation l’évolution future du secteur de l’élevage.
– signifie que la croissance du secteur Toutefois, les facteurs liés à l’offre, y compris
peut générer d’importantes associations la compétitivité relative des différents
économiques et opportunités d’emploi en systèmes de production et les contraintes
amont comme en aval, avec des répercussions rencontrées par les différents producteurs,
substantielles sur la croissance bénéfiques contribueront aussi à façonner le secteur et à
pour les pauvres. Créer les conditions déterminer sa contribution à la réduction de
nécessaires pour que les petits agriculteurs la pauvreté.
50 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
ENCADRÉ 7
Un secteur en transition – la production laitière en Inde et au Kenya
L’Inde, qui est aujourd’hui le plus gros des exploitations sont de petite taille,
producteur laitier du monde, a vu et 80 pour cent du cheptel national se
sa production de lait de vache et de trouve dans des exploitations possédant
bufflonne quadrupler entre 1963 et au maximum huit animaux laitiers (Staal,
2003. Pendant la même période, la taille Pratt et Jabbar, 2008a).
moyenne des troupeaux a baissé. Les Au Kenya aussi, la production laitière
augmentations de production sont le a augmenté de quatre fois au cours
résultat d’un accroissement de 40 pour des quatre dernières décennies. Tout
cent du nombre d’exploitations qui se comme en Inde, les petits exploitants
consacrent à la production laitière et dominent la production et représentent
d’une proportion accrue, au sein du 85 pour cent de la production nationale
cheptel national, de vaches laitières de lait. Deux millions de ménages
croisées. En 1982 moins de 5 pour cent élèvent du cheptel laitier au Kenya
des animaux du troupeau laitier indien pour un troupeau national atteignant
étaient sélectionnés. Dès 2003, cette quelque 5 millions de bovins à vocation
proportion avait presque triplé. Il a été laitière, de races croisées ou exotiques.
estimé que 56 pour cent de la croissance Les exploitations sont généralement
de la production est due à l’augmentation petites – de 1 à 2,5 hectares selon qu’elles
du cheptel à vocation laitière et 37 pour sont situées dans une zone à potentiel
cent à l’amélioration de la productivité élevé ou moyen – et l’élevage laitier
des races obtenues par croisement. La est souvent intégré à d’autres activités
production laitière des petits exploitants agricoles, notamment des cultures, au
a été stimulée grâce au soutien reçu sein de systèmes mixtes de faire-valoir.
dans le cadre de programmes parrainés Les systèmes de semi-pâturage ou de
par le Gouvernement, comme Operation non-pâturage sont courants et la culture
Flood, et à un effort important pour de plantes fourragères est pratiquée
commercialiser le lait dans les zones habituellement pour nourrir les animaux.
urbaines (Staal, Pratt et Jabbar, 2008a). Le lait est vendu le plus souvent sous
En 1999/2000, selon les estimations, forme de lait cru par le biais de petits
la filière laitière en Inde – comprenant négociants opérant dans des systèmes de
la production, le traitement et la commercialisation informels. La plupart
commercialisation – faisait travailler des consommateurs kényans préfèrent
environ 18 millions de personnes, soit le lait cru, vendu moins cher, au lait
5,5 pour cent de la force de travail pasteurisé nettement plus coûteux.
nationale. Sur ces emplois, 92 pour Puisque la grande majorité des personnes
cent intéressaient les zones rurales, fait bouillir le lait avant de le boire, les
58 pour cent étaient occupés par des risques sanitaires liés à la consommation
femmes et 69 pour cent par des groupes de lait cru sont largement évités. À
socialement et économiquement côté des systèmes de commercialisation
défavorisés. Les revenus annuels de informels, le marché officiel, bien
la main-d’œuvre employée dans les organisé mais beaucoup plus restreint,
exploitations laitières sont 2,5 fois fournit du lait traité et conditionné aux
supérieurs à ceux de l’ensemble des consommateurs urbains plus nantis (Staal,
emplois agricoles. Pour 1 000 litres de Pratt et Jabbar, 2008b). La production
lait produits chaque jour, 230 emplois et la commercialisation du lait au Kenya
ont été créés par les exploitations les constitue une source importante de
plus petites contre moins de 18 emplois revenus grâce aux possibilités offertes en
créés par les grandes exploitations matière d’emplois salariés et de création
commerciales. Toutefois, la plupart de micro-entreprises familiales.
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
51
ENCADRÉ 8
Secteur de l’élevage – l’influence des facteurs liés à l’offre
Une récente étude menée par Pica, Pica- de la croissance économique dans les
Ciamarra et Otte (2008) a constaté une pays en développement s’applique aussi
relation de cause à effet statistiquement à l’élevage. Il s’ensuit que la vision de
significative entre la croissance ce secteur comme étant principalement
économique nationale et la croissance mû par des facteurs exogènes peut
de la productivité du secteur laitier donner lieu à des politiques erronées.
dans 36 des 66 pays en développement Sans nier l’importance des politiques qui
examinés. Les 36 pays ont pour la plupart permettent aux petits exploitants de
une économie fondée sur l’agriculture ou réaliser des bénéfices en vendant sur les
en cours de transformation. Dans 33 des marchés à forte valeur, celles qui tendent
36 pays, la productivité du secteur de à surmonter les principaux obstacles
l’élevage semble avoir été le moteur de auxquels se heurte le développement de
la croissance du PIB par habitant. Dans la production animale sont probablement
neuf de ces pays, la relation de cause à tout aussi indispensables. Ainsi, les
effet était bidirectionnelle: la croissance politiques visant l’amélioration de la
du secteur de l’élevage stimulait l’essor productivité des petites exploitations
économique et ce dernier avait une devraient se concentrer non seulement
influence positive sur la productivité de ce sur les cultures de base mais aussi sur les
secteur. Dans trois seulement des 36 pays, produits de l’élevage qui sont parfois des
le lien était à sens unique, se traduisant aliments de base et une source importante
par des augmentations de la productivité de revenus pour de nombreuses
du secteur de l’élevage en fonction de communautés rurales dans les pays en
l’accroissement du PIB par habitant. développement.
Globalement, l’étude montre que
le paradigme classique du rôle de la
productivité agricole en tant que moteur Source: Pica, Pica-Ciamarra et Otte, 2008.
53
exemple, de 15-20 porcelets par an à 150-200, constitue un avantage compétitif par
ou de 1-2 vaches laitières à un troupeau de rapport aux grandes exploitations qui elles
15-30 têtes) entraîne des gains d’efficience dépendent d’une main-d’œuvre embauchée
significatifs; il faut ensuite, pour réaliser aux prix du marché, mais il a des implications
des gains additionnels importants, une sociales importantes en ce qui concerne la
augmentation beaucoup plus substantielle de scolarisation des filles et des garçons.
l’échelle d’exploitation. L’intégration verticale, De manière générale, les petits agriculteurs
à travers les coopératives et différents ont des coûts de transaction supérieurs à
systèmes d’agriculture contractuelle, est ceux des grandes exploitations. L’accès à
également associée à une efficience accrue du des intrants de haute qualité (alimentation
fait de la réduction des coûts de transaction. pour le bétail en particulier), au crédit et à
De manière générale, la capacité des la technologie leur est plus difficile et plus
petites exploitations à réaliser un bénéfice coûteux. Côté production, l’information sur
(mesure de l’efficacité de l’utilisation des les marchés est particulièrement importante
ressources), autrement dit leur efficience, est sur les marchés haut de gamme, pour
inférieure à celle des grandes exploitations, lesquels la qualité est importante. L’impact
même lorsque les coûts de main-d’oeuvre des coûts de transaction varie selon les
familiale ne sont pas comptabilisés pays et les secteurs couverts dans l’étude
comme tels. Les études ont examiné (Delgado, Narrod et Tiongco, 2008). Dans le
différents déterminants de l’efficience, secteur laitier, les coûts de transaction ont
y compris le traitement des externalités peu d’incidence sur la rentabilité dans la
environnementales. De manière générale, les mesure où l’alimentation du bétail repose
petits agriculteurs consacrent plus d’efforts largement sur le fourrage et ne nécessite
à l’atténuation des effets de leur élevage sur donc pas d’avoir recours au crédit. Toutefois,
l’environnement, et donc enregistrent des dans la distribution et la transformation
coûts supérieurs. laitière, ces coûts peuvent être plus
Dans le cas des exploitations plus grandes, importants et sont généralement plus élevés
les données disponibles montrent que dans le cas des petites exploitations. Dans
celles qui consacrent le plus d’efforts à certains pays, ce phénomène amène les
l’atténuation de l’impact environnemental petits producteurs à abandonner l’élevage
sont aussi relativement plus rentables car les laiteries considèrent que travailler
par unité de ressource utilisée. La raison avec eux leur revient trop cher. Les coûts de
en est peut-être que les exploitations transaction ont une plus forte incidence sur
qui considèrent l’atténuation de l’impact la compétitivité dans les secteurs avicole et
environnemental comme prioritaire ont aussi porcin que dans le secteur laitier, en raison
adopté d’autres meilleures pratiques, qui ont des besoins critiques de crédit pour l’achat
eu pour effet de stimuler leur productivité. des aliments pour le bétail et l’accès à
Deux facteurs semblent particulièrement l’information sur les marchés.
importants pour la compétitivité relative des
petits agriculteurs: les coûts de transaction Réduire les coûts de transaction
et les coûts de main-d’œuvre. D’un côté, les des petits producteurs
économies d’échelle associées aux marchés Il est possible de réduire les coûts de
des intrants et des produits tendent à transaction élevés des petits producteurs à
favoriser les grandes unités de production travers des actions collectives telles que la
qui bénéficient de coûts de transaction création de coopératives et diverses formes
inférieurs à ceux des petits producteurs. d’agriculture contractuelle. Les arrangements
L’écart est particulièrement marqué dans de ce type permettent aussi d’intégrer les
le cas des productions avicole et porcine. petits producteurs à des filières à haute
D’un autre côté, les petits producteurs valeur ajoutée dont ils se trouveraient sinon
font souvent appel à une main-d’œuvre exclus. Ils peuvent également favoriser
familiale, dont le coût d’opportunité est l’égalité entre les sexes en garantissant un
vraisemblablement plus faible, au moins accès égal aux ressources, y compris aux
lorsque cette main-d’œuvre est fournie par actions de développement des capacités qui
les femmes et les enfants et lorsque les autres s’adressent indistinctement aux femmes et
options d’emploi sont limitées. Cet élément aux hommes. Les modalités contractuelles
54 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
sont variables mais, en règle générale, donnée est un objectif déclaré de l’entreprise
l’entreprise contractante fournit des espèces d’intégration.
génétiquement supérieures – en particulier En règle générale, les petits producteurs
pour la production avicole et porcine, ne sont pas sous contrat mais indépendants:
des aliments pour le bétail, des conseils ils produisent et vendent leur production sur
et un soutien, ainsi qu’une garantie de les marchés au comptant. Dans une étude
commercialisation du produit final. portant sur différents types de contrat,
Les contrats formels passés avec les Costales et Catelo (2008) ont observé que
entreprises d’intégration concernent souvent l’analyse de «la capacité de l’agriculture
les grands producteurs implantés en zone contractuelle à intégrer efficacement et
périurbaine plutôt que les petits producteurs de manière rentable les petits producteurs
ruraux. Ces contrats s’accompagnent ruraux dans des marchés à haute valeur
fréquemment d’un nantissement destiné ajoutée débouchait sur des résultats mitigés,
à garantir l’entreprise d’intégration avec quelques réussites prometteuses et de
contre le risque initial qu’elle supporte en nombreux échecs». Un exemple de réussite
décidant de travailler avec un nouveau est celui des coopératives laitières en Inde. Le
producteur. Ces contrats formels tendent succès du mouvement coopératif laitier dans
à favoriser les grandes exploitations du le Gujarat est à rapprocher de la Révolution
fait des économies d’échelle que réalisent verte mise en œuvre en Inde et du soutien à
les entreprises d’intégration en traitant l’agriculture en général, à travers notamment
avec un petit nombre de producteurs les transferts de technologie (Staal,
capables de fournir de grandes quantités, Pratt et Jabbar, 2008a). L’exemple indien
et des coûts de transaction élevés qu’elles illustre l’importance de l’intégration et de
évitent ainsi et qui sont associés au fait de l’articulation du développement sectoriel
traiter et de suivre un nombre important avec le développement agricole et rural plus
d’éleveurs ayant des capacités de production large, au bénéfice des petits producteurs
différentes (Costales et Catelo, 2008). De plus, (voir encadré 9).
l’agriculture contractuelle n’a pas toujours L’analyse des avantages de l’agriculture
été bien accueillie par les petits producteurs, contractuelle pour les petits producteurs
parce qu’elle réduit leur marge et leur conclut donc à des résultats mitigés. Dans
indépendance (Harkin, 2004). En Chine, certains cas, l’agriculture contractuelle
certaines entreprises d’intégration honoraient s’avère plus rentable que l’exploitation
leurs contrats uniquement lorsque les prix du indépendante, mais dans d’autres – dans
marché excédaient les prix du contrat, ce qui le cas par exemple des petits producteurs
a eu pour effet de détourner les agriculteurs de porc aux Philippines – les exploitations
de ce type d’arrangements contractuels indépendantes sont plus rentables. Surtout,
(Zhang et al., 2004). l’agriculture contractuelle tend à favoriser la
Les petits producteurs sont plus compétitivité des grandes exploitations, et
généralement engagés dans des relations pour les entreprises d’intégration, il est plus
contractuelles informelles. L’établissement rentable en termes de coût et de contrôle
d’un contrat informel requiert au préalable de la qualité de traiter avec un petit nombre
un capital social tel que l’appartenance de grands producteurs plutôt qu’avec une
à une organisation paysanne ou une myriade de petits producteurs.
réputation établie, plutôt qu’une garantie Il semble que les petits producteurs
matérielle (Costales et Catelo, 2008). Les peuvent rester en activité aussi longtemps
petits agriculteurs sont visés par des contrats que le coût d’opportunité de la main-
formels uniquement lorsqu’ils représentent d’œuvre familiale reste faible et qu’ils
le système de production dominant et peuvent s’appuyer sur une quelconque forme
qu’ils sont les fournisseurs majoritaires d’organisation collective ou réseau de soutien
dans la région dans laquelle l’entreprise leur permettant de réduire leurs coûts de
d’intégration opère, lorsqu’ils possèdent un transaction. Lorsque d’autres types d’emplois
capital humain suffisant et lorsqu’ils sont offrent une meilleure rémunération, comme
réceptifs à des actions de formation au sein c’est le cas dans de nombreuses régions
du système, ou encore lorsque l’intégration développées en Chine, l’avantage compétitif
des petits producteurs dans une région des petits producteurs tend à disparaître et
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
55
ENCADRÉ 9
Les poulets Kuroiler™ – relier les élevages de basse-cour au secteur privé
Sans soutien adéquat en termes d’innovation bien-être (Hall et Dijkman, 2008). L’innovation
institutionnelle et technologique, de dans le domaine de la production animale,
nombreux petits agriculteurs seront de la transformation, de l’utilisation et de
incapables d’exploiter ces opportunités la distribution des produits de l’élevage
pour approvisionner de nouveaux marchés, survient habituellement lorsque les différents
et l’écart risque de se creuser entre ceux acteurs de la filière sont organisés en réseau
qui réussissent à négocier avec succès le efficace, ce qui leur permet d’exploiter de
changement et ceux qui n’y parviennent pas. manière créative les idées, technologies et
Certains petits producteurs seront contraints informations émanant de différentes sources,
d’abandonner le secteur à mesure que y compris de la recherche.
les forces de la concurrence érodent leur La viabilité des petits agriculteurs en
compétitivité et que le coût d’opportunité de général – et non pas seulement dans le
leur main-d’œuvre augmente. Pour nombre secteur de l’élevage – reste un sujet de débat
d’autres, l’élevage continuera de représenter important. S’agissant de gérer la transition
une part importante de leur subsistance ou du secteur, une difficulté substantielle
de leur stratégie de survie. La fonction de tient à l’identification des politiques
filet de sécurité que remplit l’élevage pour qui donnent de bons résultats dans des
ceux-là doit être prise en compte, sans pour contextes différents. Trois catégories de
autant être confondue avec une stratégie de petits éleveurs doivent être pris en compte:
développement. i) les petits opérateurs commerciaux qui sont
Une stratégie mêlant changement de compétitifs et qui peuvent le rester avec
politique, innovation institutionnelle des politiques, un soutien institutionnel et
et technologique et investissements est des investissements appropriés; ii) les petits
nécessaire. Le développement de capacités producteurs qui pratiquent un élevage
locales spécifiques capables de répondre domestique uniquement à cause de l’absence
au changement revêt une importance d’opportunités alternatives; et iii) les
particulière. En tout état de cause, il est ménages très pauvres qui élèvent du bétail
impératif d’envisager la gestion du secteur principalement comme une sorte d’assurance
de l’élevage dans le contexte plus large ou de filet de sécurité. Les gouvernements
du développement rural, autrement dit de devraient aider les petits producteurs qui
créer un secteur rural aussi dynamique que sont capables de développer leur activité
l’industrie manufacturière et le secteur des tout en ayant conscience que certains d’entre
services, et à même d’offrir un large éventail eux seront obligés de se désengager du
d’activités rémunératrices dans et en dehors secteur et auront besoin d’aide dans cette
du secteur de la production animale en soi transition. Des politiques plus étendues de
(PPLPI, 2008). développement rural visant à la création
Une innovation forte et soutenue dans les d’emplois hors agriculture, pour les femmes
systèmes agricoles et alimentaires nationaux, comme pour les hommes, le long de la
régionaux et mondiaux sera nécessaire chaîne de valeur de la filière ou en dehors
pour appuyer le développement rural. Dans du secteur, peuvent offrir des revenus plus
le cas de l’élevage, la notion de capacité stables à terme aux ménages qui élèvent
d’innovation doit être étendue pour englober aujourd’hui du bétail à des fins de survie
l’ensemble complexe d’activités, d’acteurs plutôt que de production.
et de politiques qui interviennent dans Certains petits producteurs commerciaux
l’élaboration, l’accès et l’utilisation du savoir sont compétitifs et à même de tirer parti
et de la technologie en faveur de l’innovation des opportunités liées à la croissance.
dans le domaine agricole et alimentaire Dans une économie en forte croissance
(Banque mondiale, 2006b). La recherche doit dans laquelle le secteur de l’élevage ne
prêter plus d’attention à la demande des fait qu’amorcer sa transition, les petits
utilisateurs en matière de technologie, en producteurs ont besoin d’aide pour pouvoir
particulier celle des femmes et des hommes participer à cette transition. Des mesures
pauvres, mais aussi celle d’autres acteurs d’intervention appropriées incluent: le
économiques clés, comme les entrepreneurs soutien à l’innovation technologique pour
et les industriels, qui peuvent créer de améliorer la productivité et satisfaire à des
nouvelles opportunités de croissance et de normes de plus en plus strictes en matière de
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
57
santé et de sécurité sanitaire des aliments;
l’accès aux capitaux et au crédit pour Principaux messages de ce chapitre
financer l’investissement; l’accès aux services
et aux marchés d’intrants et de produits; v L’élevage représente un moyen
et l’amélioration des infrastructures de d’existence important pour un grand
transport et de communication. La capacité nombre de femmes, d’hommes et
d’adaptation aux changements de contexte d’enfants en milieu rural qui vivent
et de conditions est cruciale pour l’avenir des dans la pauvreté. Il remplit un certain
petits producteurs. Cette capacité ne se limite nombre de fonctions différentes, depuis
pas aux moyens financiers, techniques et aux la création de revenus et la fourniture
infrastructures; elle implique également la d’intrants dans les systèmes de production
mise en place de procédures et de réseaux mixtes jusqu’à l’amortissement des chocs
qui, conjugués aux politiques, permettront environnementaux et économiques. Les
d’utiliser à des fins productives la technologie décideurs politiques doivent prendre
et d’autres formes de savoir et d’information en compte les multiples fonctions que
(Banque mondiale, 2007). remplit l’élevage dans les moyens
Certains petits producteurs ne parviendront d’existence et la sécurité alimentaire des
sans doute pas à rester compétitifs du fait pauvres.
de la concentration croissante de la filière et v Les petits producteurs ont besoin de
de son rapprochement des circuits modernes soutien pour tirer parti des opportunités
de transformation et de commercialisation. offertes par la croissance du secteur
Ces producteurs auront besoin d’aide pour et maîtriser les risques associés à une
changer d’activité. De nombreux producteurs concurrence accrue et à un rapprochement
abandonnent l’élevage lorsque le coût avec les chaînes de valeur modernes. Il
d’opportunité de la main-d’œuvre familiale faut pour cela des innovations fortes et
augmente. Le développement d’opportunités soutenues dans les systèmes agricoles
d’emploi rural hors agriculture, en et alimentaires nationaux, régionaux
améliorant la qualité et l’accès à l’éducation et mondiaux et une stratégie mêlant
pour les filles et les garçons, peut aider ces changement politique et institutionnel,
ménages à trouver de nouveaux moyens développement des capacités, innovation
d’existence plus viables. Dans ce scénario, technologique et investissements qui
les politiques de développement en faveur prennent en compte la parité hommes-
des pauvres qui visent le secteur de l’élevage femmes et qui soit réactive.
doivent avoir pour objectif d’accompagner v Les décideurs politiques doivent tenir
la transition, en appréhendant de manière compte des différences entre les petits
large le rôle des femmes, des hommes et producteurs en termes de capacités
des jeunes pauvres, notamment dans leur d’adaptation au changement. Certains
fonction de consommateurs, d’agents petits éleveurs ne pourront sans doute
économiques et de travailleurs comme de pas rester compétitifs dans un secteur
petits producteurs. qui se modernise rapidement et devront
Les ménages très pauvres, pour qui renoncer à leur élevage, du fait de
l’élevage sert avant tout de filet de sécurité, l’augmentation du coût d’opportunité de
ont besoin de politiques et de dispositions la main-d’œuvre familiale. Des stratégies
institutionnelles qui diminuent leur plus larges de développement rural visant
vulnérabilité. La production animale risque à créer des emplois hors agriculture pour
de rester un moyen d’existence et un filet de les femmes, les hommes et les jeunes
sécurité essentiels pour les ménages pauvres peuvent faciliter leur désengagement du
pendant de nombreuses années encore. secteur.
Comme le rappellent les Chapitres 4 et 5, v Les décideurs politiques doivent
il est nécessaire de réduire le plus possible apprécier et préserver la fonction de filet
les risques de zoonoses et de maladies de sécurité que remplit l’élevage pour les
d’origine alimentaire ainsi que les risques très pauvres. Dans le secteur de l’élevage,
environnementaux dans l’intérêt même de les pauvres sont particulièrement
ces éleveurs et de la communauté dans son vulnérables aux zoonoses et aux risques
ensemble (Sones et Dijkman, 2008). environnementaux.
58 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
4. Élevage et environnement
59
ENCADRÉ 10
L’essor de la production des biocarburants
mettre à l’épreuve la capacité d’absorption plutôt fermés, dans lesquels les déchets
des nutriments de l’environnement. d’une activité productive (fumier, résidus de
À l’inverse, la pâture et les systèmes récolte) sont utilisés comme ressources ou
d’exploitation mixtes sont des systèmes intrants par l’autre activité.
60 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
L’élevage est aussi source d’émissions 0,5 milliard d’hectares plantés en cultures
gazeuses qui polluent l’atmosphère et fourragères (Steinfeld et al., 2006), ce
contribuent à l’effet de serre. La croissance dernier chiffre correspondant à un tiers de la
continue de la production animale va superficie cultivée totale.
exacerber les pressions sur l’environnement La superficie totale affectée aux pâturages
et les ressources naturelles, d’où la nécessité équivaut à 26 pour cent des terres émergées
d’une approche conciliant augmentation du globe libres de glace, dont une grande
de la production et réduction de la charge partie trop sèche ou trop froide pour être
environnementale. cultivée et très faiblement peuplée. Les
pratiques de gestion et d’utilisation des
Élevage et terres pâturages varient largement, de même que
L’élevage est le premier utilisateur des la productivité de l’élevage à l’hectare. Sur
ressources terrestres de la planète, les les terres de parcours arides et semi-arides,
pâturages et les terres cultivées affectées à la qui représentent la majeure partie des
production de fourrage représentant près de pâturages de la planète, l’intensification
80 pour cent de la superficie agricole totale. de la pâture est souvent techniquement
Le secteur utilise 3,4 milliards d’hectares impossible ou non rentable. De surcroît, dans
sous forme de pâturages (tableau 12) et une grande partie de l’Afrique et de l’Asie,
TABLEAU 12
Utilisation des terres par région et groupe de pays, 1961, 1991 et 2007
RÉGION/GROUPEMENT
TERRES ARABLES PÂTURAGE FORÊT1
DE PAYS
1961 1991 2007 2007 1961 1991 2007 2007 1991 2007 2007
(Millions ha) (Pourcentage) (Millions ha) (Pourcentage) (Millions ha) (Pourcentage)
États Baltes et CEI2 235,4 224,4 198,5 9,2 302,0 326,5 362,1 16,9 848,8 849,9 39,6
Europe orientale 48,7 45,0 39,7 34,9 20,0 20,4 16,6 14,6 34,7 35,9 31,6
Europe occidentale 89,0 78,6 72,8 20,4 69,7 60,7 58,9 16,5 122,5 132,9 37,2
Asie en développement 404,4 452,5 466,4 17,6 623,4 805,1 832,8 31,5 532,8 532,6 20,1
Afrique du Nord 20,4 23,0 23,1 3,8 73,4 74,4 77,3 12,9 8,1 9,1 1,5
Afrique subsaharienne 133,8 161,3 196,1 8,3 811,8 823,8 833,7 35,3 686,8 618,2 26,2
Amérique latine 88,7 133,6 148,8 7,3 458,4 538,5 550,1 27,1 988,3 914,6 45,1
et Caraïbes
Amérique du Nord 221,5 231,3 215,5 11,5 282,3 255,4 253,7 13,6 609,2 613,5 32,9
Océanie 33,4 48,5 45,6 5,4 444,5 431,4 393,0 46,3 211,9 205,5 24,2
PAYS DÉVELOPPÉS 633,8 632,4 576,2 10,9 1 119,0 1 094,1 1 083,4 20,5 1 815,7 1 829,0 34,7
PAYS EN 647,6 770,9 834,9 10,8 1 967,8 2 242,6 2 294,8 29,7 2 252,6 2 108,4 27,3
DÉVELOPPEMENT
MONDE 1 281,3 1 403,2 1 411,1 10,8 3 086,7 3 336,8 3 378,2 26,0 4 068,3 3 937,3 30,3
1
Données forestières disponibles depuis 1991 seulement.
2
CEI = Communauté des États indépendants.
Source: FAO, 2009b.
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
61
les pâturages relèvent traditionnellement climats secs. Mais du fait de l’affaiblissement
d’une propriété collective. Du fait des institutions traditionnelles, de
de l’affaiblissement des institutions l’augmentation de la pression sur les
traditionnelles et de la pression accrue sur les ressources et des obstacles croissants aux
terres, une grande partie de ces pâturages mouvements du bétail, souvent de tels
sont devenus des ressources en accès libre. ajustements ne sont pas possibles. Cela vaut
Là comme ailleurs, il faudrait qu’il y ait en particulier dans les aires communales de
des mesures d’incitation pour améliorer la pâturage arides et semi-arides du Sahel et
gestion des terres et il faudrait disposer des d’Asie centrale. Dans ces régions, la pression
techniques voulues; en leur absence, il y a démographique et l’empiètement des
une perte de gains de productivité potentiels cultures sur les pâturages ont sévèrement
et de services écosystémiques. restreint la mobilité des troupeaux et limité
Trois grandes tendances se dégagent en les options de gestion. La dégradation
ce qui concerne les pâturages: la conversion des pâturages a des conséquences sur
d’importants écosystèmes en pâturages (par l’environnement, parmi lesquelles l’érosion
exemple, défrichement des forêts pour mise des sols, la dégradation de la végétation,
en pâture); la conversion des pâturages l’émission de carbone par les dépôts de
à d’autres usages (terres cultivées, zones matière organique, la perte de biodiversité
urbaines et forêts); et la dégradation des et l’altération des cycles de l’eau.
pâturages. Il est possible d’enrayer la détérioration
Le déboisement lié au pâturage extensif des pâturages dans une certaine mesure,
est un phénomène courant en Amérique mais il reste à établir quels seraient les
centrale et du Sud (Wassenaar et al., 2006). délais nécessaires et les méthodes les mieux
Dans le même temps, les pâturages sont de adaptées pour y parvenir. En tout état
plus en plus fragmentés et les terres cultivées de cause, il ne fait guère de doute que la
comme les zones urbaines ne cessent productivité actuelle est contrainte par
d’empiéter sur les parcours. White, Murray une charge animale élevée dans certaines
et Rohweder (2000) estiment que plus de régions d’Afrique et d’Asie, où les terres de
90 pour cent des prairies d’herbes hautes pacage sont surexploitées. Dans un système
d’Amérique du Nord et près de 80 pour où ils sont un bien commun, les pâturages
cent du cerrado d’Amérique du Sud ont été peuvent être gérés de manière à pouvoir être
convertis en terres cultivées et urbanisées. durablement exploités, et lorsque ce système
Par contraste, la steppe daurienne d’Asie s’est disloqué, la surexploitation est souvent
et les terres boisées du Mopane et du observée. La logique économique qui pousse
Miombo dans l’est et le sud de l’Afrique les éleveurs individuellement à tenter de
subsaharienne sont relativement intactes, la maximiser leur profit personnel lorsque les
part des terres converties à d’autres usages systèmes de propriété commune se divisent
représentant moins de 30 pour cent. est simple: maximiser les nombre d’animaux
Environ 20 pour cent des pâturages par hectare permet d’exploiter davantage
et des terres de parcours de la planète de ressources pour le profit individuel. Ce
se sont dégradées, et ce pourcentage système encourage la surexploitation de la
pourrait atteindre jusqu’à 73 pour cent ressource au détriment de la productivité
dans les zones sèches (PNUE, 2004). globale.
L’Évaluation des écosystèmes à l’aube du
millénaire a estimé que 10 à 20 pour cent Terres affectées à la production fourragère
des prairies étaient dégradés, en raison La plupart des terres affectées à la
principalement du surpâturage. De façon production fourragère se trouvent dans
générale, la dégradation des pâturages les pays de l’OCDE, mais certains pays en
est la conséquence d’un décalage entre développement intensifient rapidement
la densité d’élevage et la capacité des leur production de cultures fourragères,
pâturages dégradés par la pâture et le principalement de maïs et soja en Amérique
piétinement des animaux de se régénérer. du Sud.
Idéalement, le ratio animaux-terre devrait La production intensive de cultures
être ajusté en permanence en fonction de fourragères se traduit souvent par une
l’état des pâturages, en particulier sous les dégradation importante des terres, la
62 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
63
effluents et des techniques de fertilisation les structures sociales et n’est pas également
des cultures fourragères) et en favorisant la partagée ou nécessairement accessible à
reconstitution des réserves en eau grâce à des groupes extérieurs, notamment groupes
une meilleure gestion des terres. ethniques, clans, groupes d’hommes/femmes
À propos du traitement des effluents ou groupes économiques (FAO, 2004b).
d’élevage en particulier, il existe tout Les femmes qui transforment la laine, par
un éventail de techniques éprouvées, exemple, peuvent avoir du fait de leur
notamment les techniques de séparation, activité spécifique des connaissances sur les
le compost et la digestion anaérobie ou caractéristiques d’une race très différentes
méthanisation. Ces pratiques offrent de celles des hommes qui conduisent les
un certain nombre d’avantages, parmi troupeaux et s’attachent davantage à leur
lesquels l’application sans danger des alimentation et à leur consommation d’eau
effluents pour la fertilisation des cultures ou à leur résistance aux maladies.
vivrières et fourragères; l’amélioration de Les systèmes de production animale ont
l’assainissement; le contrôle des odeurs; un impact variable sur la biodiversité. Les
la production de biogaz; et la valorisation systèmes intensifs reposent sur un nombre
des effluents comme fertilisants. Surtout, le limité de cultures et de races animales,
fait de remplacer les engrais minéraux par même si chacune peut être très riche en
des effluents d’élevage aurait pour effet termes de patrimoine génétique. Ces
d’abaisser l’impact environnemental de la systèmes dépendent de cultures fourragères
production alimentaire (Menzi et al., 2009). gérées de manière intensive et souvent
L’accroissement des effectifs nécessaire rendues responsables de la dégradation
pour satisfaire la croissance projetée de des écosystèmes. Cependant, l’utilisation
la demande en produits de l’élevage aura intensive des terres peut de fait protéger
d’importantes répercussions sur la ressource la biodiversité non agricole en réduisant
hydrique et ne manquera pas d’entraîner la pression visant à étendre les terres
des conflits d’usage. Cependant, la recherche cultivées et les pâturages. Les systèmes
et la planification visant à la fois l’eau extensifs pour leur part abritent un plus
et l’élevage ont très largement ignoré grand nombre d’espèces et utilisent un plus
jusqu’ici les interactions entre l’élevage et large éventail de ressources végétales pour
l’eau (Peden, Tadesse et Misra, 2007). Cette l’alimentation du bétail, mais leur plus faible
lacune devra être comblée pour que le productivité peut accroître la pression sur
secteur de l’élevage puisse continuer à se les habitats naturels. De manière générale,
développer sans causer de dommage grave à l’impact de l’élevage sur la biodiversité
l’environnement. dépend de l’ampleur de ses effets ou du
degré d’exposition de la biodiversité à ces
Élevage et biodiversité impacts, de la sensibilité de la biodiversité
La biodiversité désigne l’ensemble des en question à l’élevage et des modalités de
espèces animales, végétales et microbiennes réponse à ces impacts (Reid, et al., 2009).
(biodiversité interspécifique) de la planète De nombreuses races d’élevage – qui sont
ainsi que la diversité génétique au sein d’une une composante de la biodiversité agricole
même espèce (biodiversité intraspécifique). – sont menacées de disparition, en raison
Elle englobe la variabilité génétique entre principalement de l’utilisation croissante
individus d’une même population et d’un nombre réduit d’espèces dans les
entre populations différentes. La diversité systèmes intensifs. L’encadré 11 traite de la
écosystémique est une autre dimension de la nécessité de préserver la diversité animale
biodiversité. domestique.
La biodiversité agricole est un cas D’après l’Évaluation des écosystèmes
particulier de diversité intraspécifique qui en début de millénaire (MEA, 2005),
résulte de l’activité humaine. Elle inclut les les principaux facteurs directement
espèces animales et végétales domestiquées responsables de la perte de biodiversité
ainsi que les espèces non cultivées qui et des changements dans les services
sont une source d’alimentation dans les écosystémiques sont: la transformation des
agroécosystèmes agricoles. La connaissance habitats (changements d’utilisation des
de la biodiversité est souvent enracinée dans terres, modification physique des cours d’eau
64 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
ENCADRÉ 11
La conservation des ressources zoogénétiques
65
«Élevage et changement climatique») pollution due aux élevages industriels, ainsi
lequel à son tour affecte les écosystèmes et que la surpêche liée à la production de farine
les espèces. Il affecte aussi la biodiversité de poisson pour l’alimentation animale,
directement à travers l’introduction d’espèces réduit la biodiversité des écosystèmes marins
exotiques envahissantes et la surexploitation, (Reid et al., 2009).
à travers par exemple le surpâturage de la L’élevage affecte la biodiversité depuis
ressource végétale. La pollution de l’eau et la domestication des animaux il y a de cela
les émissions d’ammoniac, essentiellement plusieurs millénaires et il a fourni à l’être
dues à l’élevage industriel, réduisent la humain un moyen d’exploiter de nouvelles
biodiversité, souvent de façon dramatique ressources et des territoires jusque-là
dans le cas des écosystèmes aquatiques. La inaccessibles. Les processus de dégradation
67
alimentation dans les exploitations intensives production industrielle est donc le mode
limitent les émissions de méthane dues à la de production le plus efficace, malgré sa
fermentation entérique par unité de produit dépendance des céréales fourragères et
animal. autres aliments à haute valeur nutritionnelle.
La production ovine et caprine est Le fumier de volaille a une teneur élevée
généralement extensive, exception faite de en nutriments, il est relativement aisé à
quelques poches de parcs d’engraissement gérer et largement utilisé comme engrais; il
au Proche-Orient, en Asie de l’Ouest et est aussi parfois utilisé dans l’alimentation
en Amérique du Nord. Du fait de leur des ruminants. En dehors de son incidence
capacité à grandir et à se reproduire dans sur la production fourragère, le secteur
des conditions impropres à toute autre avicole cause beaucoup moins de dommages
forme de production agricole, les petits à l’environnement que d’autres espèces,
ruminants, les chèvres en particulier, sont une même si ses effets sont parfois importants à
ressource utile voire très souvent essentielle l’échelle locale.
pour les agriculteurs pauvres contraints de
subsister dans ce type d’environnement, Les systèmes de production
du fait de l’absence de moyens d’existence Comme on a pu le voir au Chapitre 2,
alternatifs. Cependant, les moutons et les pour répondre à la demande croissante
chèvres peuvent causer une réduction grave de produits d’élevage, le secteur connaît
du couvert végétal et de la capacité de actuellement une transformation structurelle
régénération des terres boisées. En cas de qui privilégie des systèmes de production
densité excessive, ces animaux causent des à forte intensité de capitaux, des unités de
dommages particulièrement importants à production à grande échelle et spécialisées
l’environnement en dégradant le couvert qui reposent sur l’achat d’intrants,
végétal et les sols. l’augmentation de la productivité animale
Dans les systèmes mixtes traditionnels, et une concentration géographique accrue.
les porcs nourris de déchets domestiques Cette mutation a changé les impacts
et de sous-produits de l’agro-industrie, environnementaux du secteur. Elle lui fournit
transforment en protéines animales à haute aussi de nouvelles options pour l’atténuation
valeur nutritionnelle une biomasse qui serait de ces effets, avec des implications
sinon perdue. Par ailleurs, leurs besoins diverses en termes de coûts, d’aspects
alimentaires par unité de produit animal sont socioéconomiques et sexospécifiques.
inférieurs à ceux des ruminants. De ce fait, L’évolution structurelle constatée dans
l’élevage porcin représente une demande l’élevage est souvent source de dommages
moindre en terres affectées à la production environnementaux mais, sur d’autres plans,
fourragère. Toutefois, selon les estimations offre aussi des possibilités. Le tableau 13 rend
les plus récentes, les porcs élevés dans compte d’observations préliminaires sur la
des systèmes mixtes représentent à peine relation entre les impacts environnementaux
35 pour cent de la production mondiale. Le et les différents niveaux d’intensité de
lisier de porc est un engrais précieux mais production (voir ci-dessous). La spécialisation
les cultivateurs préfèrent généralement les et son corollaire et la concentration de
fumiers de bovins et de volailles parce que le déjections animales dans certaines régions,
lisier a une odeur forte et qu’il se présente ont pour effets de rompre les cycles nutritifs
souvent sous forme liquide. Il est en revanche qui se produisent traditionnellement dans
bien adapté aux biodigesteurs. les systèmes associant culture et élevage. Les
La production avicole est le sous-secteur coûts de transport des nutriments jusqu’aux
qui a subi les changements structurels les terres cultivées sont souvent prohibitifs (en
plus importants. Dans les pays de l’OCDE, particulier dans le cas des effluents à forte
elle est quasiment entièrement industrielle, teneur en eau), et les effluents sont rejetés
tandis que dans de nombreux pays en dans l’environnement local, dont ils excèdent
développement, l’élevage industriel est bien souvent la capacité d’absorption. Cela
déjà prédominant. De toutes les espèces se traduit par une grave pollution des sols et
traditionnellement exploitées (à l’exception de l’eau, en particulier dans les zones à forte
des poissons), ce sont les volailles qui ont densité de population. Toutefois, sous l’angle
la plus grande efficacité alimentaire, et la positif, la concentration géographique et
68 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
TABLEAU 13
Principaux impacts environnementaux causés par les différents systèmes de production1
ÉMISSIONS DE GAZ
À EFFET DE SERRE
Émissions de CO2 générées par l’utilisation
des terres et du passage au pâturage et à la --- - ns --
production de plantes fourragères
Émissions de CO2 générées par l’utilisation
d’énergie et d’intrants
ns -- ns --
Séquestration du carbone dans les terrains
de pâturage ++ ns ns ns
BIODIVERSITÉ
1
Relations observées dans le cadre des pratiques de gestion courantes.
2
Les systèmes de pâturage extensif pour les ruminants reposent principalement sur les prairies naturelles et les environnements marginaux.
3
Les systèmes intensifs pour les ruminants reposent généralement sur les prairies améliorées (ayant recours à l’irrigation, aux fertilisants, aux
variétés améliorées et aux pesticides), avec une alimentation complémentaire ou à l’étable composée de graines et d’ensilage.
4
Les systèmes traditionnels pour les animaux monogastriques comprennent des systèmes d’exploitation mixtes ou des systèmes d’élevage en
divagation.
Note: ns = non signifiant.
Source: FAO.
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
69
l’augmentation de l’échelle de production des races à haut rendement, la concentration
facilitent la mise en œuvre des politiques des effectifs animaux au sein de grandes
environnementales en entraînant une baisse unités de production et la nécessité d’éviter
de leurs coûts d’application. La meilleure les épisodes infectieux ont conduit les
rentabilité des unités de production permet producteurs à utiliser des médicaments en
d’abaisser les coûts de conformité, tandis que grande quantité, souvent comme mesures
la concentration de la production au sein de prévention de routine. Les résidus
d’un plus petit nombre d’unités d’accès aisé de ces médicaments se retrouvent dans
réduit les coûts de contrôle et de surveillance. l’environnement, avec des conséquences
Sous l’angle négatif, le pouvoir de lobbying préjudiciables pour les écosystèmes et la
des grands producteurs est souvent perçu santé humaine. En particulier, l’utilisation
comme un frein au développement des parfois aveugle des antibiotiques a entraîné
politiques environnementales. l’apparition de souches bactériennes
Étant donné l’allongement des chaînes résistantes aux antibiotiques, qui constituent
alimentaires, qui résulte de la concentration aujourd’hui une menace pour la santé
des consommateurs dans les centres urbains, humaine en Europe et en Amérique du
les systèmes de production doivent couvrir Nord (Johnson et al., 2009). Les races à
d’importantes distances géographiques haut rendement demandent par ailleurs
entre les sites de production fourragère et un environnement plus strictement
le consommateur. La baisse des coûts de contrôlé (température, lumière) que les
transport a favorisé la délocalisation des races traditionnelles, d’où une hausse de la
activités de production et de transformation consommation d’eau et d’énergie.
dans le but de réduire au minimum les La déforestation et la dégradation des
coûts de production. À l’échelle mondiale, terres sont les principaux processus par
cette évolution a permis de surmonter lesquels les systèmes de pâturage extensifs
les contraintes rencontrées localement émettent des gaz à effet de serre. On
au niveau des ressources disponibles et pourrait améliorer la gestion des parcours de
de nourrir les populations vivant dans manière à empêcher les pertes de carbone
des régions souffrant de déficit vivrier. et à fixer celui-ci, en transformant des
Toutefois, elle implique également des systèmes extensifs en systèmes permettant
prélèvements et des transferts à grande une réduction nette des gaz à effet de serre.
échelle des nutriments et de l’eau contenus Un usage plus intensif des pâtures, la remise
dans les aliments pour animaux et les en valeur des pâturages et la production
produits de l’élevage, avec des conséquences fourragère, stimulées par la hausse des
dommageables à terme pour les écosystèmes prix du foncier, ont souvent un effet positif
et la fertilité des sols. sur l’environnement car ils permettent de
L’amélioration de la productivité animale limiter l’expansion des terres agricoles et
et de l’efficacité alimentaire a été obtenue d’améliorer la qualité des aliments pour
grâce à l’application de technologies animaux. Cette dernière à son tour contribue
variées, notamment dans les domaines de à la réduction des émissions de méthane dues
l’alimentation, de la génétique, de la santé à la fermentation entérique. La surcharge
animale et des bâtiments d’élevage. La en nutriments des zones de production
transition vers des espèces monogastriques, laitière est généralement attribuée aux
avicoles en particulier, a par ailleurs apports extérieurs de nutriments à travers les
contribué à améliorer encore l’efficacité compléments alimentaires et à l’utilisation
alimentaire du secteur, ce qui s’est traduit d’engrais pour la production d’ensilage
par une réduction substantielle des besoins plutôt qu’à une mauvaise gestion des
en terre et en eau pour produire les aliments pâturages.
nécessaires pour atteindre des niveaux Globalement, le passage de systèmes
de production permettant de satisfaire la traditionnels mixtes et extensifs à des
demande actuelle. systèmes de production plus intensifs a sans
Cependant ces gains de productivité doute eu un effet positif sur l’amélioration
sont aussi associés à un certain nombre de l’efficacité d’utilisation des terres et de
de préoccupations environnementales. La l’eau mais des effets négatifs sur la pollution
résistance aux maladies relativement faible de l’eau, la consommation d’énergie et la
70 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
diversité génétique. De surcroît, les systèmes Les systèmes de production intensifs ont
mixtes et traditionnels n’ont pas réussi à par ailleurs un potentiel d’amélioration
satisfaire la demande naissante en produits de leur impact environnemental supérieur
d’élevage dans de nombreux pays en à celui des systèmes traditionnels et
développement, non seulement en termes extensifs. L’expérience montre qu’en
de volume mais aussi de normes sanitaires et présence d’incitations économiques
de qualité. L’intensification de la production adéquates, les gains de productivité
apparaît donc comme indispensable, associés à l’intensification de capitaux et
mais il faut en même temps éviter une de main-d’œuvre permettent d’améliorer
concentration géographique excessive des notablement l’utilisation rationnelle des
animaux. ressources naturelles; lorsque les ressources
ENCADRÉ 12
Évaluer la contribution de l’élevage aux émissions de gaz à effet de serre
71
et la pollution sont évaluées à leur juste
prix, l’intensification de la production Élevage et changement climatique
s’accompagne d’une amélioration de
l’efficacité environnementale (baisse de la Les températures de la surface du globe
consommation de ressources naturelles et ont augmenté d’environ 0,7 oC en moyenne
réduction des émissions par unité de produit au cours du siècle dernier (GIEC, 2007). La
animal). Cela est déjà vrai pour ce qui est de température des océans s’est élevée, la
l’occupation des sols à l’échelle mondiale, fonte des neiges et des glaces observée
mais aussi de la consommation d’eau et de dans les régions polaires est significative
nutriments dans un nombre croissant de pays et les experts prévoient une élévation
de l’OCDE. du niveau des mers. Le Groupe d’experts
TABLEAU 14
Impacts directs et indirects du changement climatique sur les systèmes de production animale
v Évolutions agro-écologiques et transformation des v Augmentation des prix des ressources, par exemple,
écosystèmes entraînant: les aliments, l’eau et l’énergie
une altération de la qualité et de la quantité du v Épidémies de maladies
fourrage v Augmentation du coût des logements
IMPACTS INDIRECTS
des évolutions au niveau des interactions hôte- pour animaux, par exemple les systèmes de
pathogène entraînant une incidence accrue des refroidissement
maladies naissantes
des épidémies de maladies
Source: FAO.
73
Impact du changement climatique sur Le changement climatique jouera un rôle
l’élevage significatif dans la propagation des maladies
Le tableau 14 résume les impacts directs à transmission vectorielle et des parasites
et indirects du changement climatique sur animaux, lesquels auront des répercussions
les systèmes de production traditionnels et infiniment plus graves pour les hommes et
industriels. Selon toute probabilité, certains les femmes les plus vulnérables engagés
de ces impacts seront plus marqués pour dans le secteur de l’élevage. Avec la hausse
les systèmes de pâture en zones arides des températures et la variabilité accrue des
et semi-arides, particulièrement sous des précipitations, de nouvelles maladies risquent
latitudes basses (Hoffman et Vogel, 2008). Le d’apparaître ou des maladies connues
changement climatique aura de très larges toucher des régions jusque-là préservées.
répercussions sur la production animale en De plus, le changement climatique pourrait
raison de son incidence sur l’alimentation favoriser le développement de nouveaux
du bétail et sa productivité. La hausse mécanismes de transmission et de nouvelles
des températures et la diminution des espèces hôtes. Tous les pays seront
précipitations entraînent une diminution vraisemblablement affectés par l’incidence
du rendement des terres de parcours et accrue des maladies animales mais les pays
contribuent à leur dégradation. La hausse pauvres sont particulièrement vulnérables
des températures a également pour effet face à l’émergence de nouvelles maladies
de réduire les quantités ingérées par les du fait des faibles moyens de leurs services
animaux et d’abaisser les taux de conversion vétérinaires.
alimentaire (Rowlinson, 2008). La diminution Le changement climatique peut-il être
des précipitations et la fréquence accrue des bénéfique pour l’élevage? Il se peut que
sécheresses entraîneront une baisse de la le réchauffement des températures ait
productivité primaire des parcours, avec un des effets positifs sur l’élevage, mais cela
risque de surpâturage et de dégradation des dépendra largement du lieu et du moment
sols; elles pourraient aggraver l’insécurité où se produiront ces changements. Le
alimentaire et être à l’origine de conflits relèvement des températures en hiver,
pour l’accès à des ressources raréfiées. Les par exemple, peut réduire le stress lié au
données montrent également que la période froid du bétail élevé en plein air. Il peut
de croissance végétale pourrait se raccourcir par ailleurs entraîner une diminution des
sur de nombreux pâturages, en particulier besoins énergétiques des animaux et réduire
en Afrique subsaharienne. La probabilité les besoins en chauffage dans les bâtiments
d’événements climatiques extrêmes devrait d’élevage.
augmenter.
Dans les systèmes de production hors
pâturages, qui se caractérisent par le Améliorer l’utilisation des
confinement des animaux, souvent dans ressources naturelles dans
des bâtiments climatisés, le changement la production animale
climatique devrait avoir peu d’impacts
directs et des effets principalement indirects Il est nécessaire d’adopter des mesures
(tableau 14). La diminution des rendements appropriées pour traiter l’impact de la
agricoles et la concurrence accrue d’autres production animale sur les écosystèmes, qui
secteurs auront probablement pour effet pourraient sinon subir des dégradations
d’entraîner à la hausse le prix des céréales dramatiques étant donné les prévisions
et des tourteaux oléagineux, qui sont les d’expansion du secteur. Un équilibre doit
principales sources d’alimentation animale être trouvé entre la demande en produits
dans ces systèmes (OCDE-FAO, 2008). La mise d’élevage et la demande croissante de
en œuvre de programmes et politiques de services environnementaux, notamment d’air
réduction de la consommation énergétique et d’eau pure et d’aires de loisir.
favorisant l’énergie propre pourrait aussi Les prix actuels des terres, de l’eau et de
entraîner une hausse des prix de l’énergie. l’alimentation du bétail qui entrent dans
Enfin, le réchauffement climatique risque la production animale souvent ne reflètent
aussi d’augmenter le coût du refroidissement pas la vraie valeur rare de ces ressources,
des animaux. ce qui entraîne leur surconsommation et
74 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
75
à travers des ajustements dans la gestion les niveaux techniquement réalisables, ce qui
de la pâture ou l’abandon des pâturages, tendrait à indiquer que des gains d’efficience
sont aussi appelés à jouer un rôle important. considérables pourraient être réalisés grâce à
Étant donné le potentiel que représentent une meilleure gestion. Cependant, c’est là un
les immenses pâturages de la planète de ce objectif difficile à atteindre dans les régions
point de vue, des mécanismes sont en cours pauvres en ressources, qui sont souvent
d’élaboration en vue d’exploiter cette piste aussi des zones plus marginales sur le plan
prometteuse en termes de coût-efficacité écologique.
face au changement climatique. Il existe des technologies améliorées
La transition des systèmes actuels et efficaces pour tous les systèmes de
de pâture dite «extractive» vers des production animale. Mais l’accès à
pratiques privilégiant la fourniture de l’information pertinente et la capacité de
services environnementaux pose deux choisir et d’appliquer les technologies les
questions fondamentales: Comment mieux adaptées sont autant d’obstacles
répartir les bénéfices dérivés des services qu’il serait possible de réduire grâce à une
environnementaux? Et comment permettre gestion interactive des connaissances, au
aux agriculteurs pauvres dont les moyens développement des capacités et à une
d’existence reposent sur l’élevage extensif prise de décisions informée au niveau
d’en bénéficier? La situation mondiale des politiques, des investissements, du
de l’alimentation et de l’agriculture 2007 développement rural et des producteurs. Les
examine en détail la question du paiement avancées technologiques doivent tendre vers
des services environnementaux (FAO, 2007a). l’optimisation de l’utilisation intégrée des
ressources en terre, en eau, en capital humain,
Accélérer le changement technologique en animaux et en alimentation pour le bétail.
Un certain nombre d’options techniques
pourraient permettre d’atténuer les impacts Réduire les impacts négatifs de l’élevage
de la production animale intensive. De intensif sur l’environnement
bonnes pratiques agricoles peuvent réduire En dehors des inefficiences inhérentes à
la consommation d’engrais et de pesticides l’élevage intensif, les problèmes causés
dans la production fourragère et la gestion à l’environnement par les systèmes
des pâturages intensifs. La combinaison de de production industriels découlent
systèmes et de technologies de production essentiellement de leur localisation
respectueux de l’environnement permet de géographique et de leur concentration. Dans
restaurer des habitats importants et d’enrayer les cas extrêmes, la taille des exploitations
la dégradation des sols. L’amélioration peut constituer un problème: ces unités
des systèmes d’élevage intensif peut sont parfois si importantes (des centaines
aussi contribuer à la conservation de la de milliers de porcs par exemple) que
biodiversité, à travers notamment l’adoption l’élimination des effluents d’élevage restera
de techniques sylvopastorales et de systèmes toujours un problème, quelle que soit
de gestion flexible des pâturages qui ont l’implantation géographique de ces unités de
effectivement pour effet d’accroître la production.
biodiversité, les quantités de fourrage, le Il est donc indispensable de faire
couvert végétal et la teneur des sols en correspondre la quantité d’effluents
matière organique, et partant de réduire les générés avec la capacité d’absorption de
pertes d’eau et l’impact des sécheresses, et de l’environnement local. L’élevage industriel
favoriser la séquestration du CO2. Combiner doit, autant que faire se peut, être implanté
ce type d’améliorations avec la restauration à proximité de terres arables pouvant être
ou la conservation des infrastructures utilisées pour l’élimination des effluents
écologiques au niveau des bassins versants d’élevage, sans créer de problèmes de
peut être un bon moyen de réconcilier surcharge en nutriments, plutôt que
fonction écosystémique et expansion de la géographiquement concentré dans certaines
production agricole. zones pour des raisons d’accès aux marchés et
Dans les systèmes de production mixtes de disponibilité des aliments pour bétail
et industriels, il existe un écart important comme c’est le cas actuellement. Les options
entre les niveaux de productivité actuels et politiques permettant de contrebalancer les
76 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
ENCADRÉ 13
L’Union européenne – l’intégration des impératifs de protection environnementale
dans la Politique agricole commune
77
ENCADRÉ 14
La réduction de la pollution aux nitrates au Danemark
79
du changement climatique sur la L’élevage représente une ressource
santé humaine. En ce qui concerne cruciale pour les personnes pauvres, en
l’atténuation des effets de l’élevage sur particulier dans les systèmes pastoraux
le changement climatique, les efforts ou sylvopastoraux: il remplit de multiples
portent essentiellement sur la réduction fonctions économiques, sociales et de gestion
des émissions de gaz à effet de serre. des risques. Il représente aussi un mécanisme
L’élevage peut aussi aider les pauvres crucial d’adaptation à un environnement
à s’adapter aux effets du changement changeant, et il est appelé à prendre plus
climatique. La capacité des communautés d’importance encore à mesure que cette
à s’adapter et à atténuer ces effets dépend variabilité augmente. Pour de nombreux
de leurs conditions socioéconomiques et êtres humains vivant dans la pauvreté, la
environnementales ainsi que de leur accès perte de cette ressource est synonyme de
à l’information et à la technologie qui plongée dans une pauvreté chronique, avec
répondent à leurs besoins. des effets à long terme sur leurs moyens
Une question importante mérite réflexion: d’existence.
comment combiner stratégies d’adaptation Il existe un certain nombre de mécanismes
et stratégies d’atténuation? La réponse permettant d’augmenter la capacité
à cette question implique une analyse d’adaptation des producteurs traditionnels
approfondie des équilibres à réaliser entre dans les systèmes extensifs (Sidahmed, 2008),
croissance économique, équité et protection et notamment:
durable de l’environnement. Le changement v Les ajustements de production:
climatique soulève des enjeux importants en i) diversification, intensification et
termes de croissance et de développement, intégration de la gestion des pâturages,
en particulier dans les pays à faible revenu, de l’élevage et des cultures, changement
mais il existe également des synergies d’utilisation des terres et irrigation,
importantes entre stratégies d’adaptation modification des opérations dans le
et d’atténuation, comme le fait qu’une temps, conservation de la nature et
amélioration de la gestion des parcours des écosystèmes; et ii) introduction de
peut contribuer à la fois à la séquestration systèmes mixtes de production animale,
du carbone et à l’augmentation de la c’est-à-dire pâture et engraissement à
productivité des pâturages. l’étable.
v Les stratégies d’élevage: i) accent mis
Stratégies d’adaptation sur les races locales, adaptées au stress
Il est absolument urgent d’adopter des climatique et aux sources d’alimentation
stratégies efficaces d’adaptation au locales; et ii) amélioration des races
changement climatique, sachant que locales par croisement avec des races
ce changement prend de vitesse nos résistantes à la chaleur et aux
capacités d’adaptation. Il peut aggraver maladies.
les vulnérabilités existantes et accroître v Les réponses du marché à travers la
l’impact d’autres stress tels que catastrophes promotion des échanges interrégionaux,
naturelles, pauvreté, inégalité d’accès aux le crédit et l’accès aux marchés.
ressources, insécurité alimentaire et incidence v Les changements politiques et
des maladies. institutionnels, par exemple
Les éleveurs de bétail se sont de l’introduction de dispositifs d’alerte
tous temps adaptés aux changements rapide pour le bétail, ainsi que d’autres
environnementaux et climatiques. Mais la systèmes de prévision et de préparation
pression démographique, l’urbanisation, la aux situations de crise.
croissance économique, la consommation v La recherche scientifique et
croissante de produits d’origine animale technologique, pour mieux comprendre
et leur commercialisation réduisent les causes du changement climatique et
l’efficacité des mécanismes d’adaptation son incidence sur l’élevage, pour faciliter
traditionnels (Sidahmed, 2008). Des stratégies le développement de nouvelles races
d’adaptation et de gestion des risques et types génétiques et pour améliorer
doivent absolument être mises en œuvre sans la santé animale ainsi que la gestion de
attendre. l’eau et des sols.
80 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
81
ENCADRÉ 15
Atténuation des effets du changement climatique: exploiter les chances offertes
par la gestion améliorée des sols dans les systèmes d’élevage
Les systèmes agricoles qui combinent sols dans les dispositifs compensatoires
la gestion améliorée des pâturages et envisagés par le Protocole de Kyoto.
l’amélioration des sols (réduction des Jusqu’à présent, seule la gestion des
perturbations du sol et amélioration déchets animaux (capture et combustion
de la couverture pédologique) peuvent du méthane) et les activités de plantation
piéger davantage de carbone dans les forestière ou de reboisement ont une
sols et la biomasse, émettre moins de valeur de compensation sur le marché du
méthane (CH4) par unité produite et carbone. De tels efforts ne représentent
libérer moins d’oxyde nitreux (N2O) que qu’environ 1 pour cent de la valeur totale
des systèmes moins aménagés. Nombre de des crédits carbone octroyés au titre du
ces mesures peuvent également accroître Mécanisme du développement propre en
la productivité en augmentant les 2007, soit environ 140 millions d’USD sur
quantités de fourrages disponibles et en un total de quelque 14 milliards d’USD de
augmentant la capacité de rétention d’eau crédits mis à disposition par le Mécanisme.
des sols. En Amérique latine, un projet qui Les mesures d’atténuation axées sur la
introduisait des mesures sylvopastorales gestion des sols sont plus représentées
(pratiques d’alimentation animale sur les marchés volontaires du carbone.
améliorées associées à des périmètres Il existe à l’heure actuelle deux marchés
d’arbres et d’arbustes) pour accroître la volontaires pour la certification des
biodiversité et le piégeage du carbone réductions d’émissions liées à la gestion
a eu pour effet accessoire d’accroître le des pâturages, celui de la Norme
stockage du carbone et de réduire les volontaire sur le carbone (VCS) et celui
émissions de CH4 et de N2O (de 21 pour de la bourse du climat de Chicago (CCX).
cent et de 36 pour cent respectivement) La norme VCS a récemment promulgué
(Banque mondiale, 2008b). Les des directives relatives aux activités
modifications de l’utilisation des sols se génératrices de crédits de carbone dans
sont également traduites par une hausse le cadre de la gestion améliorée des
des revenus de 55,5 pour cent au Costa pâturages. Les pratiques améliorées
Rica et de 66,9 pour cent au Nicaragua visent l’accroissement des stocks de
(Banque mondiale, 2008b). carbone à travers l’augmentation des
Actuellement, la généralisation des quantités d’intrants enfouis dans le sol
techniques de gestion améliorée des ou le ralentissement de la décomposition,
sols pour lutter contre les effets des gaz l’optimisation de l’efficacité d’utilisation
à effet de serre est freinée, en partie, de l’azote pour certaines cultures, la
par les coûts élevés encourus par un gestion des incendies, l’amélioration
producteur qui s’efforce d’accéder au des cultures fourragères, l’amélioration
marché du carbone. Accéder au marché génétique des races d’élevage et la
du carbone demeure un processus gestion améliorée des taux de charge
coûteux et complexe, qui nécessite un (VCS, 2008). Les crédits de carbone
investissement initial important pour générés par la gestion des sols
l’analyse financière et biophysique avant représentent environ la moitié des crédits
de parvenir à la certification de réduction échangés au CCX, et près de 20 pour
d’émissions. Des doutes concernant la cent des crédits échangés sur l’ensemble
permanence et l’additionalité1 de ce type des marchés volontaires du carbone.
d’activité de renforcement des puits de Le marché volontaire est relativement
carbone, les risques d’investissement et les restreint mais enregistre une croissance
incertitudes comptables ont empêché la rapide – de 97 millions d’USD en 2006
prise en compte de la plupart des mesures à 331 millions d’USD en 2007 (Hamilton
d’atténuation axées sur la gestion des et al., 2008).
82 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
ENCADRÉ 15 (fin)
Atténuation des effets du changement climatique: exploiter les chances offertes
par la gestion améliorée des sols dans les systèmes d’élevage
83
à réduire les émissions sans effets le déboisement, la surexploitation des
préjudiciables sur la santé (McMichael ressources en eau ou les émissions de
et al., 2007). gaz à effet de serre devraient être
réduites ou éliminées. Des politiques
Les contraintes qui pèsent sur faisant appel aux lois du marché, comme
l’adaptation et l’atténuation les taxes ou droits d’utilisation des
Il subsiste de très nombreuses incertitudes ressources naturelles, devraient amener
encore quant à la manière dont le les producteurs à internaliser les coûts
changement climatique affectera la des dommages environnementaux causés
production animale. Il nous faut en particulier par la production animale.
mieux connaître les effets du climat sur les v Certains effets négatifs de l’élevage sur
pâturages et la composition des terres de l’environnement découlent de problèmes
parcours, ainsi que les conséquences pour associés à des ressources collectives
l’élevage. L’Organisation mondiale de la santé en accès libre. Clarifier les droits de
animale (OIE) estime qu’à ce jour, 70 pour propriété foncière et promouvoir des
cent de toutes les maladies infectieuses mécanismes de coopération sont une
humaines émergentes sont d’origine animale exigence absolue pour une gestion
(OIE, 2008a). Ce que l’on sait moins, c’est durable des biens collectifs.
dans quelle mesure exactement la chaleur v L’application de technologies au service
affecte la biologie des animaux et favorise de l’emploi rationnel des terres et des
l’apparition de nouvelles maladies. Nous aliments pour bétail peut atténuer
avons aujourd’hui une bonne compréhension les effets négatifs de l’élevage sur
des effets du changement climatique sur de la biodiversité, les écosystèmes et
vastes régions, en revanche nous ne savons le réchauffement planétaire. Les
pas grand-chose de ses effets à l’échelle locale, technologies visant à améliorer le
sur les communautés et les ménages pauvres. rendement de l’élevage incluent
L’incidence du changement climatique sur la l’amélioration des races animales, de
relation fragile entre moyens d’existence et la gestion des pâturages, de la santé
production tributaire des ressources naturelles animale et le sylvopastoralisme.
est particulièrement mal connue. v La rémunération des services
environnementaux par des sources
publiques ou privées peut être un moyen
Principaux messages efficace de promouvoir de meilleurs
de ce chapitre résultats, en termes notamment de
conservation des sols, de conservation
v Les gouvernements et les institutions de la flore et de la faune sauvages ainsi
doivent sans délai élaborer et mettre en que des paysages, et de séquestration du
œuvre des politiques appropriées, aux carbone.
niveaux national et international, pour v Le secteur de l’élevage a un potentiel
traiter les interactions entre l’élevage et énorme en matière de contribution à
l’environnement. La hausse constante l’atténuation des effets du changement
de la production animale se traduira climatique. Réaliser ce potentiel implique
sinon par d’énormes pressions sur la des initiatives nouvelles et ambitieuses
santé des écosystèmes, la biodiversité, à l’échelle nationale et internationale,
les ressources en terres et forêts ainsi notamment la promotion de la recherche
que la qualité de l’eau, et contribuera de et du développement dans le domaine
manière substantielle au réchauffement des technologies d’atténuation; des
de la planète. moyens efficaces et renforcés pour
v Les politiques doivent viser avant tout à financer les activités d’élevage; le
corriger les distorsions du marché et les déploiement, la diffusion et le transfert
dysfonctionnements qui encouragent des technologies visant à réduire les
la dégradation de l’environnement. Les émissions des gaz à effet de serre; et
aides ou subventions qui encouragent le développement des capacités pour
directement ou indirectement le contrôler, documenter et vérifier le
surpâturage, la dégradation des terres, niveau des émissions liées à l’élevage.
84 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
Les risques que les maladies animales à de nouveaux défis. Simultanément, les
présentent pour l’économie et la santé réglementations relatives à la santé animale
humaine appellent des stratégies et des et à la sécurité des aliments ainsi que les
solutions novatrices. Le risque le plus grave normes du secteur privé visant à promouvoir
pour la santé humaine est celui d’une le bien-être du consommateur deviennent
pandémie, comme l’a récemment montré de plus en plus contraignantes, créant des
l’apparition de la nouvelle souche de grippe difficultés pour les producteurs, spécialement
A(H1N1), composée de matériel génétique les petits exploitants qui n’ont pas la capacité
viral d’origine humaine, porcine et aviaire. technique et financière nécessaire pour s’y
Les risques économiques liés aux maladies adapter.
animales, pour être moins graves, n’en sont De nombreux organismes nationaux de
pas moins très coûteux en termes de bien- lutte contre les maladies sont contraints
être humain et peuvent menacer les moyens de réagir à un nombre croissant de crises
de subsistance des petits producteurs. au lieu de se concentrer sur la prévention,
Les humains, les animaux et leurs la maîtrise progressive des maladies ou
pathogènes coexistent depuis des l’élimination des maladies nouvelles
millénaires, mais l’évolution récente dans émergentes avant qu’elles ne se propagent.
les domaines économique, institutionnel et Le résultat est que l’incidence économique
environnemental crée des risques nouveaux des maladies et le coût des mesures de lutte
et aggrave ceux qui existaient déjà. Des sont élevés et iront croissant. Par ailleurs,
risques systémiques font leur apparition par des mesures de lutte qui sont parfois
suite de la conjugaison d’un changement nécessaires, comme l’élimination préventive,
structurel rapide dans le secteur de peuvent avoir un impact important sur
l’élevage, de la concentration géographique l’ensemble du secteur de la production
d’unités de production animale intensive et se révéler désastreuses pour les ménages
à proximité des centres urbains et du les plus pauvres pour lesquels l’élevage
mouvement des animaux, des personnes est à la fois un actif essentiel et un filet de
et des pathogènes entre les systèmes de sécurité.
production traditionnels et intensifs. Du fait On examine dans le présent chapitre
que ces systèmes de production mettent en quelques-uns des principaux problèmes
œuvre des stratégies différentes de lutte et controverses relatifs aux questions de
contre les maladies, l’échange de pathogènes santé animale et de sécurité sanitaire des
de l’un à l’autre peut causer des épidémies aliments ainsi que les solutions de rechange
d’une certaine ampleur. Entre-temps, le disponibles pour lutter contre les maladies
changement climatique modifie la structure animales et en atténuer les effets. On y met
de l’incidence des maladies animales, à en relief le fait que les interventions, les
mesure que les pathogènes, les insectes investissements et les institutions se sont
et les autres vecteurs responsables de leur concentrés principalement sur le commerce
transmission gagnent de nouvelles zones et les systèmes alimentaires mondiaux,
écologiques. négligeant les préoccupations des pauvres
En raison de l’allongement des filières ainsi que les maladies endémiques et les
d’approvisionnement du secteur de l’élevage problèmes de sécurité sanitaire des aliments
et de leur complexité croissante, favorisés non enregistrés, qui affectent leurs moyens
par la mondialisation et la libéralisation du de subsistance. Le défi consiste à gérer les
commerce, les systèmes de santé animale maladies animales et les maladies d’origine
et de sécurité des aliments sont confrontés alimentaire de manière à optimiser les effets
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
85
sur l’économie et la santé humaine dans
les divers systèmes, partout et pour tout le Risques pour l’économie
monde. et la santé humaine liés
Les décideurs politiques devraient arbitrer aux maladies animales
entre les besoins des producteurs au regard
de ceux des consommateurs, entre les besoins Les maladies animales posent aux humains
des petits exploitants au regard de ceux des les deux principaux types de problèmes
producteurs commerciaux, et enfin entre suivants: des problèmes socioéconomiques et
les problèmes courants de santé animale et des problèmes sanitaires. La figure 15 montre
de sécurité sanitaire des aliments au regard par quelles voies les maladies animales et le
des risques potentiellement catastrophiques. risque de maladie animale ont une incidence
Ils devront peut-être prendre des mesures sur le bien-être humain.
destinées à encourager le départ des unités Les risques économiques et
d’élevage intensif situées à proximité des socioéconomiques présentés par les maladies
centres urbains et à réduire les possibilités animales se divisent en deux grandes
de mouvement des pathogènes entre les catégories: i) les pertes de production,
systèmes. La gestion des risques liés aux de productivité et de rentabilité causées
maladies animales devrait être soucieuse par les agents pathogènes et le coût
d’améliorer les systèmes d’information et de leur traitement; ii) la perturbation
d’alerte rapide et de favoriser la participation des marchés locaux, du commerce
de toutes les parties prenantes, y compris international et des économies rurales
les pauvres, aux processus de décision. Pour imputable aux maladies et aux mesures
cela il faudra aussi renforcer les capacités prises pour en endiguer la propagation,
locales, améliorer la collaboration entre telles que l’abattage sélectif, l’isolement et
les autorités nationales et internationales l’interdiction des déplacements; et iii) les
compétentes en matière de santé animale risques pour les moyens de subsistance
et de sécurité sanitaire des aliments (et des pauvres. Ces derniers découlent des
notamment accroître la transparence relative deux premières catégories de risques. En
à l’occurrence des maladies animales) et raison des multiples fonctions que remplit
investir dans les technologies nécessaires le bétail dans la subsistance des pauvres,
pour atténuer les risques. les maladies animales ne touchent pas les
FIGURE 15
Conséquences des épizooties sur le bien-être des personnes
ÉPIZOOTIES
Bien-être humain
Source: FAO.
86 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
éleveurs pauvres de la même façon que points d’intersection entre l’être humain,
les producteurs commerciaux. Les pauvres l’animal et l’écosystème.
répondent à différentes incitations et n’ont Il n’y a pas de «remède unique» sur les
pas la même capacité de réaction face mesures qui conviennent face aux maladies
aux maladies. Ce qui pour les uns est un parce que les conséquences de ces dernières
problème économique peut signifier la ruine sur les personnes et les pays diffèrent selon
pour les autres. leur niveau économique. L’impact d’une
Les risques que présente le bétail pour maladie varie avec l’échelle et l’intensité
la santé humaine revêtent principalement de la production, et avec l’importance
les deux formes suivantes: i) les maladies des débouchés commerciaux. De ce fait,
zoonotiques, et ii) les maladies d’origine les coûts et les incitations sont différents
alimentaire. Les premières sont celles suivant les pays, de même que les capacités
qui naissent chez les animaux mais sont de mise en œuvre des mesures de lutte.
transmissibles aux humains. Les virus à Nombre de ces différences s’expliquent par
potentiel pandémique tels que celui de la l’évolution des systèmes de production et
grippe sont les plus connus, mais il en existe de commercialisation, par la coexistence
beaucoup d’autres, par exemple, ceux de persistante des systèmes traditionnels et
la rage, de la brucellose ou du charbon. Les industriels et par les déséquilibres qui en
maladies d’origine alimentaire proviennent découlent pour les systèmes nationaux de
d’agents pathogènes tels que salmonella et santé animale et de sécurité sanitaire des
E. coli ou de contaminants introduits dans aliments. Bien que l’objectif des mesures de
la chaîne alimentaire au cours du processus lutte contre les épizooties soit la protection de
de production ou de transformation des la santé humaine et animale, les responsables
produits d’origine animale. Ces maladies et la politiques devraient prendre en compte
façon de les gérer créent des problèmes pour la diversité des impacts et des stimulants
tous, mais les petits exploitants sont souvent auxquels sont confrontés les différents acteurs
particulièrement vulnérables en raison de du secteur et adapter les interventions et les
leur plus grande exposition au risque et mesures compensatoires en conséquence.
de leur moindre capacité de réaction et de Des mesures rigoureuses de biosécurité et
rétablissement. de sécurité des aliments sont mises en œuvre
Les spécialistes des maladies animales pour limiter l’apparition et la propagation
ont des opinions divergentes quant à la des maladies dans les pays où le secteur
prévalence et l’impact des maladies, en de l’élevage est dominé par de grands
partie à cause du manque d’informations. systèmes de production intensive et par
Dans certaines régions, par exemple, il est des processus complexes de transformation
difficile de savoir s’il y a augmentation et de commercialisation. Ces systèmes de
effective de la prévalence d’une maladie production et les filières qui en dépendent
animale ou si le nombre de cas détectés correspondent grossièrement aux systèmes
s’accroît du fait d’une amélioration des de production «industrielle» décrits dans les
capacités de veille et de diagnostic. Il semble, chapitres précédents. Ils sont généralement
d’après les éléments dont on dispose, qu’il appuyés par des systèmes solides de santé
y ait eu, dans les pays développés, une animale et de sécurité des aliments et par
diminution régulière de la prévalence de de puissants groupes d’intérêt public, de
nombreuses maladies animales, bien qu’ils consommateurs et de détaillants du secteur
soient encore périodiquement sujets à alimentaire, soucieux de disposer de normes
certaines épidémies et que la prévalence élevées en matière de santé publique, de
des maladies liées au stress causé par les sécurité sanitaire des aliments et de qualité.
systèmes de production intensive y soit en La stratégie des systèmes industriels
hausse. En revanche, il semble qu’il n’y ait consiste essentiellement à lutter contre les
guère eu de changement dans la prévalence agents pathogènes en les éliminant de la
des maladies animales endémiques dans les chaîne alimentaire: de l’alimentation des
pays en développement, en particulier dans animaux à la vente au détail des aliments,
beaucoup de pays d’Afrique. Cependant, en passant par la production animale et la
au niveau mondial, il semble établi que de transformation des produits. Des mesures
nouveaux pathogènes apparaissent aux de biosécurité et des procédures de
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
87
TABLEAU 15
Quelques coûts estimés concernant les foyers de maladies animales dans les pays développés et en
développement
Amérique du Nord Maladie de Lyme (endémique) Environ 20 millions d’USD par an (Maes, Lecomte et Ray, 1998)
Union européenne ESB dans les années 90 Coût à long terme de 92 millions d’euros (Cunningham, 2003)
États-Unis d’Amérique ESB en 2003 11 milliards d’USD à cause des restrictions à l’exportation (USITC, 2008)
Afrique PPCB annuellement 44,8 millions d’euros (Tambi, Maina et Ndi, 2006)
Notes: ESB = encéphalopathie spongiforme bovine; PPCB = pleuropneumonie contagieuse des bovins;
PPC = peste porcine classique; FA = fièvre aphteuse; IAHP = Influenza aviaire hautement pathogène.
TABLEAU 16
Quelques coûts estimés concernant les maladies d’origine alimentaire dans les pays développés
Le coût annuel de cette maladie causée par O157 STEC était de 405 millions d’USD
Shiga-toxines productrices
États-Unis d’Escherichia coli O157
(en USD de 2003), à savoir 370 millions d’USD pour les décès prématurés,
d’Amérique (O157 STEC)
30 millions d’USD pour les soins médicaux et 5 millions d’USD pour la productivité
perdue (Frenzen, Drake and Angulo, 2005)
82 686 000 de JPY. Frais de laboratoire, environ 21 204 000 de JPY. Mais également
le coût des denrées alimentaires non achetées pendant la suspension du service de
restauration (environ 19 pour cent), frais de personnel versés aux salariés du service
Japon Foyer d’E. coli O157-H7
de restauration (environ 17 pour cent), coûts engendrés par les maladies humaines
(environ 15 pour cent) et frais de réparation des installations (environ 15 %) (Abe,
Yamamoto et Shinagawa, 2002)
éleveurs pauvres. Bien que les systèmes Lorsque les systèmes traditionnels et
à petite échelle soient moins vulnérables les systèmes industriels s’entrecroisent, à
aux graves épidémies que les systèmes l’occasion du commerce ou des mouvements,
industriels, les maladies n’en n’ont pas moins des problèmes peuvent surgir. Les systèmes
des coûts importants, rarement mesurés, industriels sont toujours vulnérables à
pour les producteurs et les consommateurs. l’apparition ou à la réapparition d’agents
En Afrique, par exemple, il existe plusieurs pathogènes, auxquels les pays à faibles
parasitoses animales tropicales qui ne se systèmes de santé animale servent souvent
développent que dans cette région, comme de réservoirs. Simultanément, les normes
la fièvre de la côte orientale (Theileria élevées de santé animale et de sécurité
parva), propagée par une tique, et le sanitaire des aliments nécessaires pour
trypanosome transmis par la mouche tsé-tsé. protéger les animaux et les consommateurs
Ces deux parasitoses ont une distribution des pays dotés de systèmes d’élevage
sous-continentale ainsi qu’une incidence industriel, peuvent représenter un obstacle
particulièrement négative sur l’élevage et insurmontable au commerce des produits en
les moyens d’existence, même s’il n’existe provenance de pays à systèmes plus faibles,
pas d’estimations de coûts les concernant. limitant les possibilités d’exportation des
La pleuropneumonie contagieuse du bœuf pays pauvres.
coûte selon les estimations près de 45 millions
d’euros par an en pertes de productivité. Risques économiques
Le tableau 15 compare les estimations de Du point de vue des producteurs, les
coût des foyers de diverses maladies dans maladies animales sont essentiellement
les pays développés et en développement. un problème économique. Les maladies
La variabilité exprime l’ampleur des réduisent la production et la productivité,
phénomènes observés ainsi que la difficulté perturbent le commerce ainsi que les
de comparer des pays, des maladies et leur économies locales et régionales, et
incidence. Le coût des maladies d’origine exacerbent la pauvreté. Au niveau
alimentaire n’est pas connu avec précision biologique, les pathogènes se disputent le
dans les pays en développement car les cas y potentiel productif des animaux et réduisent
sont rarement déclarés. la part qui peut être exploitée au profit
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
89
des humains. Un animal malade produit animale sont de qualité médiocre ou si le
moins de viande, moins de lait ou moins traitement n’est pas appliqué correctement.
d’œufs. Il a une moindre puissance de trait C’est un grave problème dans beaucoup de
et fournit de la viande et des fibres de moins régions reculées des pays en développement,
bonne qualité. En termes économiques, la où les services vétérinaires sont rares.
production diminue, les coûts augmentent et Dans les pays en développement, le bétail
les profits baissent. est exposé à une multitude de maladies qui
Dans les systèmes traditionnels, le coût nuisent à la productivité. En Afrique, par
des maladies animales est considérable mais exemple, la pleuropneumonie contagieuse
rarement calculé explicitement. Souvent, les du bœuf et la peste des petits ruminants
services vétérinaires ne sont pas disponibles (PPR) affectent les bovins et les ovins,
ou bien ils sont trop chers, si bien que respectivement; ces deux maladies semblent
les dépenses courantes de maîtrise et de actuellement se propager, causant la mort
traitement des maladies sont faibles dans ces du bétail local. Au Viet Nam, la peste
systèmes; cependant, la ponction continue porcine classique (PPC) cause de lourdes
exercée par les maladies infectiueses et pertes aux petits élevages de porcins mais
parasitaires endémiques sur la production et a peu de répercussions sur le commerce
la productivité réduit la capacité des petits d’exportation car le pays n’exporte que
exploitants à sortir de la pauvreté. de faibles quantités de viande porcine. En
Dans les systèmes industriels, les Inde et dans d’autres pays d’Asie, la fièvre
producteurs considèrent que les dépenses aphteuse (FA) est responsable de pertes de
de maîtrise et de traitement des maladies production considérables; le problème est
animales font partie du coût économique particulièrement grave lorsqu’elle infecte
de la production. Le poids des maladies en les animaux de trait pendant la saison des
soi est relativement faible, mais les dépenses labours, limitant leur capacité de travail. Les
nécessaires pour assurer la biosécurité des revenus des paysans qui louent leurs animaux
unités de production, et le coût des services de trait s’en trouvent réduits, tandis que la
vétérinaires et des médicaments peuvent être superficie des terres ensemencées en cultures
importants. Ces coûts pèsent sur la rentabilité vivrières de base se rétrécit.
globale de l’entreprise.
Marchés, commerce et économies rurales
Production, productivité et rentabilité Les maladies animales qui provoquent une
Nombre de maladies influent sur la forte mortalité animale et se répandent
productivité de l’élevage. On en examinera rapidement à l’échelle nationale et
quelques-unes ci-dessous avec les maladies internationale dans des zones indemnes de
transfrontières et émergentes ou avec les maladies peuvent avoir un coût économique
maladies d’origine alimentaire, mais les particulièrement élevé. Ces maladies, dites
mêmes maladies peuvent aussi persister sous transfrontières et émergentes, peuvent
forme endémique, pesant en permanence être transmises par les oiseaux, les rongeurs
sur la productivité. Parmi les causes des et les insectes et transportées par des
pertes de productivité figurent la mort animaux vivants ou des produits animaux
de l’animal ou la maladie conduisant à la ou par les vêtements, les chaussures et
décision d’abattage, la réduction du gain de les pneus des véhicules de personnes qui
poids, du rendement laitier, de la conversion traversent une zone infestée. L’apparition
des aliments, ainsi que de la capacité de de nouvelles maladies qui ne sont pas
reproduction et de travail pour le labour ou comprises ou pour lesquelles on ne dispose
le transport. pas des techniques nécessaires à leur
Le coût du traitement, lorsque des services maîtrise, est particulièrement préoccupante.
vétérinaires sont disponibles, comprend le En raison de leurs effets spectaculaires
coût financier direct et le coût indirect du sur la mortalité animale et de leur coût
temps passé à chercher ou à administrer un économique élevé, ces maladies occupent
traitement. L’alourdissement des coûts de en général une place privilégiée dans les
production est censé être compensé par la programmes publics de santé animale ainsi
réduction des pertes de productivité, mais ce que dans les réglementations nationales et
n’est pas toujours le cas si les services de santé internationales.
90 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
ENCADRÉ 16
Santé et bien-être des animaux
La manière dont les personnes traitent sur ceux des animaux a plus de chances
les animaux dépend de leurs croyances de réussir, notamment dans les régions
et leurs valeurs, mais également de la du monde où de nombreuses personnes
nature des animaux et de l’importance souffrent de la pauvreté et d’inanition.
morale qu’ils leur accordent. Or ces deux Un large éventail de normes et de
concepts varient d’une culture à l’autre. programmes a été créé pour veiller à
La perception de l’animal en tant qu’«être la mise en œuvre des bonnes pratiques
sensible» se répand dans la communauté en matière de bien-être animal, telles
scientifique et vétérinaire, imprimant un que des codes volontaires de bien-être,
nouvel élan en faveur de la protection du souvent créés par les organisations
bien-être des animaux. sectorielles, des programmes d’entreprise,
Une bonne gestion du bien-être des programmes de différenciation
animal passe par la mise en œuvre de des produits qui permettent aux
pratiques qui empêchent et atténuent consommateurs d’acheter de manière
les souffrances et la détresse animales, sélective, des normes réglementaires et
préviennent et prennent en charge les des accords internationaux élaborés dans
maladies et les blessures, et aménagent le cadre de traités ou par des organisations
des conditions de vie qui permettent intergouvernementales. Les différents
aux animaux d’avoir un comportement types de programmes servent divers
naturel. De telles pratiques sont bien objectifs politiques et commerciaux et
souvent bénéfiques pour les personnes présentent chacun leurs avantages et leurs
comme pour les animaux: elles peuvent faiblesses; une approche réglementaire,
contribuer à améliorer la productivité, par exemple, sera efficace uniquement si
le niveau de vie, la sécurité et la sûreté des ressources suffisantes sont allouées à
alimentaires, la santé mais également le sa gestion et à sa mise en œuvre.
bien-être psychologique des personnes. Le bien-être animal est de plus en
Cependant, elles peuvent également plus lié aux échanges commerciaux et
entraîner des frais, sous la forme à l’accès au marché. Certains pays en
d’investissements dans des équipements développement redoutent de voir un jour
d’accueil respectueux du bien-être animal, le bien-être des animaux devenir une
de la formation du personnel, d’un barrière non tarifaire limitant leur accès
allongement des périodes de production aux marchés.
ou d’une diminution de la production par Les producteurs des pays développés,
unité de surface allouée aux animaux. Une par ailleurs, s’inquiètent de voir les coûts
approche du bien-être animal axée sur supplémentaires de mise en conformité à
les bénéfices de la population plutôt que la réglementation et aux normes sur leur
91
93
D’autres maladies frappent indistinctement matière de santé animale, propres à réduire
les riches et les pauvres, mais leurs effets le risque de maladie. Elles ne répondent
sur les pauvres sont très particuliers. Par toutefois pas aux besoins spécifiques des
exemple, la fièvre aphteuse, maladie qui éleveurs pauvres des pays en développement.
perturbe le commerce international, n’est pas En outre, leur mise à la disposition des petits
habituellement une source de préoccupation producteurs se heurte à des contraintes
importante pour les éleveurs extensifs et les financières et institutionnelles.
éleveurs-agriculteurs, mais elle a un impact Les pays en développement et
considérable quand elle frappe les animaux particulièrement leurs agriculteurs pauvres
de trait en période de travail du sol (Thuy, sont pénalisés par la contraction, depuis
2001). La fièvre porcine classique pose un deux ou trois décennies, des services et des
problème aux éleveurs orientés vers les interventions de l’État. Ainsi, le financement
marchés internationaux, mais à très faible des services vétérinaires publics est très
niveau d’incidence, c’est un risque acceptable insuffisant, la législation régissant le secteur
pour les petits éleveurs. de l’élevage est souvent périmée, tandis que
Les maladies ont un impact sur le montant, les services de santé animale privés y sont
la régularité et la certitude des revenus des très limités. Rares sont les agriculteurs qui
élevages, et privent notamment les petits ont recours au vétérinaire, surtout dans les
producteurs de l’accès au crédit nécessaire à zones rurales reculées. En outre, ils doivent
l’achat des aliments du bétail et des animaux parcourir de grandes distances pour avoir
ou au remplacement de ces derniers. Les accès aux médicaments ou aux vaccins.
pauvres ont plus de probabilités de souffrir Par conséquent, en cas de crise appelant
de problèmes de santé chroniques contractés l’intervention des services vétérinaires
au contact d’animaux malades, comme la de l’État, ceux-ci peinent à mobiliser les
brucellose et les parasites endodermes. personnes, les transports et le matériel
De nombreux travailleurs gagnent leur vie nécessaire pour y remédier. De même, les
dans des entreprises de production animale pays qui disposent de peu de ressources
intensive ou de commercialisation. Les et concentrent leurs efforts sur le soutien
maladies animales peuvent mettre en danger aux exportations de produits alimentaires,
cette source de revenus. peuvent négliger l’infrastructure
Pour toutes ces raisons, la réduction de indispensable aux systèmes nationaux de
l’incidence des maladies animales peut sécurité sanitaire des aliments. Pour être
contribuer à l’atténuation de la pauvreté. en mesure d’entretenir l’infrastructure
Cependant, comme noté précédemment, nécessaire à la sécurité sanitaire globale
les éleveurs ont différents objectifs et sont des aliments, les pays doivent être dotés
confrontés à des incitations et des risques de systèmes de sécurité des aliments
différents. Les responsables politiques adaptés aux marchés à la fois locaux et
doivent tenir compte de ces différences en d’exportation.
formulant des réponses, même si les objectifs Malgré le changement mondial en
sanitaires demeurent prioritaires. Il convient faveur de la production animale intensive,
de reconnaître que des mesures planifiées les nombreux pauvres qui continueront à
et exécutées de manière médiocre peuvent dépendre de petits élevages de volaille ou
porter de graves préjudices aux éleveurs d’autres animaux pour diversifier et sécuriser
pauvres sans parvenir à réaliser les objectifs leurs revenus auront toujours besoin de
de santé visés en matière de santé animale. meilleurs services de santé animale que
Par exemple, l’interdiction, décidée dans la ceux qui existent actuellement. L’une des
hâte, d’élever de la volaille dans une capitale principales difficultés sera de trouver les
de l’Asie du Sud-Est a entraîné une perte de moyens de soutenir ces services dans les pays
revenus dans de nombreuses familles sans où l’investissement qui leur est consacré est
toutefois faire disparaître la volaille de la en baisse depuis de nombreuses années.
ville, la mesure n’ayant pas été totalement Récemment, par exemple, les fonds destinés
respectée (ICASEPS, 2008). à la lutte contre la grippe aviaire hautement
Au cours des dernières années, la pathogène ont contribué, dans un certain
communauté scientifique a mis au point nombre de pays, à renforcer le soutien aux
diverses technologies et interventions en services communautaires de santé animale
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95
aigu sévère (SRAS), de la grippe aviaire souvent dans les populations les plus pauvres
hautement pathogène (causée par le virus et les plus vulnérables. Le manque de
A[H5N1]) et la grippe porcine (causée par le sensibilisation et de volonté des pouvoirs
virus A[H1N1]), maladies qui ont suscité une publics aggrave généralement la situation.
inquiétude considérable dans le public quant
au risque d’une pandémie mondiale majeure. Maladies d’origine alimentaire
Des efforts nationaux et internationaux Si plusieurs des maladies mentionnées
considérables ont permis d’endiguer précédemment peuvent être transmises
efficacement le SRAS. Toutefois, même si par les aliments, les maladies d’origine
la grippe aviaire hautement pathogène alimentaires sont toutefois considérées
H5N1 a disparu de la plupart des pays, elle comme un groupe à part. Des organismes tels
persiste obstinément dans plusieurs pays. La que salmonella (en particulier S. enteritidis
grippe porcine a récemment été déclarée et S. typhimurium), Campylobacter et E. coli
pandémie mondiale par l’Organisation O157:H7 sont d’importantes causes de
mondiale de la santé (OMS). Les infections maladies d’origine alimentaire, qui affectent
et les décès continuent de croître. La chaque année dans le monde des millions de
propagation mondiale de l’encéphalopathie personnes.
spongiforme bovine a été évitée, mais des Il est difficile d’estimer l’incidence
cas continuent d’être dépistés de temps à mondiale des maladies causées par des
autre en dehors des îles Britanniques. La fin aliments d’origine animale. Maxwell et
de 2008 a été marquée par le dépistage du Slater (2003) ont constaté que jusqu’à
virus Ebola Reston, circulant chez les porcins 30 pour cent de la population des pays
et les travailleurs des élevages porcins aux industrialisés souffraient chaque année de
Philippines. En outre, des flambées du virus maladies d’origine alimentaire. L’attitude
Ebola se produisent de temps à autre en des consommateurs à l’égard du risque
République démocratique du Congo, en et le degré de risque lié à la salubrité des
Ouganda et dans d’autres pays d’Afrique, aliments, ainsi que les priorités et les mesures
provoquant la mort d’êtres humains et de en matière de sécurité et de qualité des
nombreux grands singes. aliments varient beaucoup entre les pays
Certaines maladies zoonotiques sont développés et les pays en développement.
maîtrisées dans certains pays alors que dans Les pays réagissent différemment face
d’autres elles sont en expansion. La rage est aux préoccupations croissantes des
en grande partie maîtrisée en Europe depuis consommateurs à l’égard de la sécurité
l’introduction de vaccins oraux permettant sanitaire des aliments. Certains abordent
de lutter contre la maladie chez les renards, le problème sous l’angle du bien-être
principal réservoir du virus. En France, par des consommateurs nationaux, d’autres
exemple, le nombre de cas de rage chez les fortement orientés vers l’exportation y voient
animaux domestiques est tombé de 463 en une menace pour leurs débouchés extérieurs.
1990 à un seul en 2007. Par contre, la rage Le risque principal concernant la sécurité
est en expansion dans nombre de pays en sanitaire des produits animaux est imputable
développement. Une récente épidémie à à des contaminants biologiques ou chimiques.
Bali (Indonésie), semble difficile à contrôler Ces contaminants peuvent provenir de l’air,
à cause d’un manque de sensibilisation du sol, de l’eau, des aliments du bétail, des
générale aux effets de cette poussée engrais (y compris les engrais naturels), des
épidémique et d’une incapacité à s’accorder produits phytosanitaires, des médicaments
sur une stratégie efficace, par exemple le vétérinaires ou de tout autre agent
choix du vaccin qui convient ou la décision de intervenant dans le processus de production
savoir s’il faut, ou non, vacciner, stériliser ou primaire, ou encore d’animaux malades.
éliminer les chiens errants. Les contaminants biologiques des produits
Un autre groupe de maladies zoonotiques, animaux comprennent des protéines
celui des maladies souvent dites anormales, comme celles qui sont associées
«négligées» en raison de leur caractère à l’ESB; des bactéries telles que Salmonella
endémique, comprend les cysticercoses, les et Brucella spp. et certains types de E. coli;
échinococcoses et les brucelloses. On leur et des parasites, comme Echinococcus spp.
prête peu d’attention et elles persistent Les contaminants chimiques et biologiques
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97
plus loin. Bien que ces normes privées soient secteur, surtout quand on est mal renseigné
«volontaires», la concentration est telle dans sur l’ampleur des problèmes. S’il est
le secteur de la distribution que beaucoup possible de réduire au minimum les risques
de producteurs des pays en développement relatifs à la sécurité sanitaire des aliments,
sont obligés de les appliquer pour pouvoir l’élimination complète du risque n’existe
exporter. pas en matière de sécurité des aliments, de
À mesure que l’économie se développe, sorte que les décideurs politiques, ainsi que
la transformation et la préparation des les scientifiques et l’industrie alimentaire,
aliments a tendance à quitter le foyer devront définir des niveaux acceptables de
domestique, tandis que les supermarchés risque.
dominent de plus en plus la vente au détail
des produits alimentaires en milieu urbain.
Dans de nombreux pays en développement, Lutte contre les maladies
cette évolution a conduit la classe moyenne et gestion du risque
aisée de plus en plus nombreuse à réclamer
des améliorations de la sécurité sanitaire des La gestion des maladies animales et
aliments. l’amélioration du bien-être social exige une
Par exemple, le Gouvernement chinois a action sur plusieurs fronts. La lutte contre
établi un label «aliment vert» pour une vaste les maladies transfrontières passe par une
gamme de produits, notamment la viande coopération régionale ou par des approches
bovine, en réponse aux préoccupations groupées prenant en considération la
exprimées par les consommateurs urbains propagation et l’évolution rapides de ces
aisés. Une enquête a révélé que les maladies. Les moyens propres à réduire les
consommateurs riches sont prêts à payer risques présentés par les maladies animales
de 20 à 30 pour cent plus cher les «aliments comprennent la relocalisation des unités
verts». Au niveau de la production, le label de production animale intensive à grande
interdit les activateurs de croissance, impose distance des centres urbains de population;
un délai de commercialisation visant certains le renforcement des systèmes de santé
produits vétérinaires et fixe des normes animale et de sécurité sanitaire des aliments,
nationales relatives à l’utilisation des additifs y compris en matière d’information et
fourragers et des antibiotiques (Brown et d’alerte rapide; la participation de tous
Waldron, 2003). les acteurs, y compris les pauvres, aux
Les pays en développement n’ont décisions relatives aux programmes de santé
généralement pas la capacité technique et animale; l’élaboration de stratégies de santé
institutionnelle (laboratoires d’analyse des animale adaptées aux conditions locales;
aliments, ressources humaines et financières, l’amélioration de la collaboration entre
législation et réglementation nationales, les autorités nationales et internationales
capacité d’action coercitive, gestion et responsables de la santé animale et de
coordination) nécessaire pour assurer la la sécurité sanitaire des aliments; et
conformité aux normes internationales, l’investissement dans des technologies
au préjudice de la sécurité sanitaire des destinées à réduire les risques.
aliments. Ces faiblesses systémiques non
seulement menacent la santé publique, Localisation de la production
mais elles peuvent aussi avoir pour effet La concentration géographique de la
de réduire l’accès aux marchés alimentaires production à proximité des centres urbains
mondiaux. Umali-Deininger et Sur (2007) accroît les risques d’épidémies au sein
ont aussi noté que des facteurs culturels, de la population animale, en particulier
tels que les croyances religieuses, peuvent lorsqu’il y a mouvement des humains et des
entraver l’adoption de mesures appropriées animaux entre les systèmes traditionnels et
en matière de sécurité sanitaire des les systèmes intensifs, ainsi que l’exposition
aliments. de la population urbaine aux maladies
En raison de la complexité des questions animales. La protection de la santé animale
de sécurité sanitaire des aliments, il est au sein de grandes unités de production
difficile de déterminer les bonnes politiques concentrées est simple à certains égards. Il y
à suivre pour réduire les problèmes du a peu d’unités à surveiller, et les vétérinaires
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99
la contribution qu’une bonne information et de la sécurité sanitaire des aliments. Les
sur les maladies apporte aux biens publics pays doivent poursuivre l’élaboration de
mondiaux, une part au moins de cet méthodes/techniques d’analyse simples et
investissement devrait provenir de la peu coûteuses pour toutes les substances
communauté internationale. et microorganismes dangereux. Elles
Le renforcement des systèmes de santé devraient être applicables dans un contexte
animale et de sécurité sanitaire des aliments communautaire plus large afin d’être
exige un financement régulier et soutenu, qui bénéfiques sur les plans tant culturel
devra provenir de sources locales et nationales qu’économique.
ainsi que de la communauté internationale. Les efforts visant à réduire l’impact des
Une planification, un plaidoyer et un suivi maladies animales sur les personnes vivant
renforcés de l’impact seront importants, de dans la pauvreté doivent prendre en compte
même qu’une coopération plus étroite entre la vaste gamme de maladies qui affectent
les secteurs public et privé dans les pays la vie des pauvres, y compris celles qui sont
où le secteur privé est suffisamment fort. Il actuellement négligées. Ils doivent aussi
existe quelques exemples de financements avoir pour but de réduire au minimum les
mixtes publics et privés, mais aucun dans dommages causés par les mesures de lutte
les pays en développement. L’exemple mises en œuvre pour endiguer les poussées
le plus connu provient d’Australie, où le de maladies zoonotiques et transfrontières.
gouvernement central, les gouvernements Leur réussite dépendra de l’association
des États et les collectivités territoriales ainsi étroite des pauvres et de leurs représentants
que les principales organisations nationales à la planification et à la mise en œuvre
du secteur de la production animale ont des mesures de prévention et de maîtrise
créé une société publique à but non lucratif des maladies. De la sorte, un plus grand
chargée de gérer au nom de ses membres les nombre des solutions proposées pourront
programmes de santé animale (AHA, 2009). être appropriées et acceptées par les
Un comportement individuel responsable est communautés.
nécessaire afin de réduire les coûts externes Une telle approche est essentielle à la fois
et un fonds mixte public-privé permet pour protéger les moyens de subsistance
d’assurer le partage à la fois des risques et des pauvres et pour renforcer les chances
des responsabilités. Nombre de problèmes de succès des efforts de maîtrise des
de lutte contre les maladies renvoient à un maladies. On a cité ci-dessus plusieurs
mélange d’intérêts publics et privés. Les exemples des problèmes qui peuvent se
actions privées prises par des éleveurs pour poser quand les pauvres ne sont pas associés
protéger leurs propres troupeaux, telles que à la planification et à la mise en œuvre
la vaccination volontaire ou l’application des mesures de lutte contre les maladies,
de mesures de biosécurité, peuvent aussi du non-respect de celles-ci à la création de
présenter un intérêt public en limitant la problèmes de sécurité alimentaire au niveau
propagation de la maladie aux animaux ou des ménages.
aux humains. Force est, toutefois, de reconnaître que
cette approche est particulièrement difficile
Participation des pauvres aux à mettre en œuvre face à une menace de
programmes de santé animale progression rapide de la maladie, en raison
Des processus consultatifs sont nécessaires de la nécessité de traiter d’urgence un
pour faire en sorte que l’État, les problème en voie d’expansion avant qu’il
organisations non gouvernementales, les n’ait pris trop d’ampleur. Par exemple, les
milieux universitaires et les groupes du éleveurs pauvres n’ont pratiquement pas été
secteur privé qui participent à l’élaboration associés aux mesures de planification et de
de programmes à assise communautaire, mise en œuvre des politiques adoptées pour
apportent collectivement leur contribution lutter contre la grippe aviaire hautement
au processus de gestion de la santé animale pathogène, mais à présent un important
et de la sécurité sanitaire des aliments. Il effort est déployé pour trouver des moyens
faut accorder un degré élevé de priorité de se préparer aux situations d’urgence
à la recherche axée sur les aspects tant permettant de prendre en considération
fondamentaux qu’appliqués de la qualité les conditions locales et de repasser de
100 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
ENCADRÉ 17
Programme mondial d’éradication de la peste bovine – éléments
d’une initiative réussie
Le virus de la peste bovine est à l’origine ait été atteint. Cependant, le processus
de la maladie bovine sans doute la plus de reconnaissance internationale doit
terrible d’une série d’épidémies qui ont être encouragé et les processus observés
décimé le bétail et la faune sauvage sur pour garantir que les dossiers des pays
trois continents et qui ont provoqué soient transmis pour être évalués par la
plusieurs famines chez des populations communauté internationale comme établi
d’agriculteurs au cours des XVIIIe, XIXe par l’OIE. Une déclaration internationale
et XXe siècles. En lançant en 1994 le relative à l’éradication de la peste bovine
Programme mondial d’éradication de au plan mondial devrait être formulée
la peste bovine, la FAO a pris la tête en 2010. Ce serait seulement la deuxième
d’une initiative visant à consolider les maladie éradiquée dans le monde (la
avancées obtenues dans la maîtrise de première étant la variole chez l’être
la peste bovine et pour progresser dans humain).
l’éradication de ce fléau. En étroite
association avec l’Organisation mondiale Partenariats et soutien des donateurs.
de la santé animale (OIE), l’Agence Le Programme mondial d’éradication
internationale de l’énergie atomique de la peste bovine a pu compter sur le
(AIEA), le Bureau interafricain pour les partenariat de l’OIE, des blocs économiques
ressources animales de l’Union africaine et des organisations spécialisées régionales
(UA/BIRA) et d’autres partenaires, le (par exemple l’Union africaine et
Programme mondial d’éradication de l’Association sud-asiatique de coopération
la peste bovine, unité clé au sein du régionale [ASACR]) et de nombreuses
Système de prévention et de réponse institutions donatrices, telles que la
rapide contre les ravageurs et les maladies Commission européenne, l’Agence
transfrontières des animaux et des plantes des États-Unis pour le développement
(EMPRES), a été conçu comme mécanisme international, le Département du
de coordination international visant développement international du Royaume-
à promouvoir l’éradication mondiale Uni et les Gouvernements irlandais et
de la peste bovine et la vérification de italien. Toutefois, les partenaires les plus
l’éradication de cette maladie, tout en importants du Programme sont les pays
fournissant des indications techniques eux-mêmes. Dans plusieurs situations,
pour atteindre ces objectifs. Depuis le financement de projets au titre du
le début, le Programme mondial Programme de coopération technique
d’éradication de la peste bovine est un de la FAO a été utilisé pour maîtriser
programme à durée limitée se référant rapidement des flambées de peste bovine
à une déclaration mondiale visant ou pour entreprendre des activités
l’éradication de cette maladie en 2010. visant à promouvoir le renforcement
des laboratoires de diagnostic, la
Objectif atteint. La dernière flambée planification des interventions dans
épidémique de peste bovine avérée a eu l’éventualité d’une situation d’urgence,
lieu au Kenya en 2001 et c’est en 2007 la veille et le renforcement des capacités.
qu’on a fait usage pour la dernière fois Le Programme mondial d’éradication
de la vaccination contre cette maladie. de la peste bovine a par ailleurs joué un
Non seulement il a été démontré que rôle déterminant s’agissant de définir et
l’éradication était un objectif réaliste, mais réviser les Orientations de l’OIE (activité
il est en outre probable que cet objectif normative visant à déterminer la situation
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
101
ENCADRÉ 18
Un monde, une santé
Le concept «Un monde, une santé» et les réactions aux situations d’urgence,
illustre une approche interdisciplinaire au travers du renforcement des
et intersectorielle visant à promouvoir systèmes de santé publique et de santé
et à améliorer la compréhension des animale. L’approche appelle à une plus
facteurs et des causes de l’émergence et large coopération interdisciplinaire
de l’expansion des maladies infectieuses et intersectorielle, et s’intéresse en
(www.oneworldhealth.org). Ce concept, priorité aux nouveaux foyers de maladies
une marque déposée de la Wildlife infectieuses.
Conservation Society, a été adopté en Le cadre stratégique est principalement
octobre 2008 comme fondement du cadre consacré aux maladies infectieuses
stratégique pour la réduction des risques associées aux interactions entre les êtres
de maladies infectieuses associés aux humains, les animaux et les écosystèmes,
interactions entre les êtres humains, les lorsqu’une épidémie ou une pandémie
animaux et les écosystèmes par un groupe peut potentiellement avoir un impact
d’organismes internationaux, dont la significatif aux niveaux national, régional
FAO, l’Organisation mondiale de la santé et international. L’objectif de ce cadre
animale (OIE), l’Organisation mondiale stratégique est de trouver les moyens de
de la Santé (OMS), le Fonds des Nations réduire le risque et l’impact à l’échelle
Unies pour l’enfance (UNICEF), la Banque mondiale des épidémies et des pandémies
mondiale et le Coordonnateur du système de nouvelles maladies infectieuses.
des Nations Unies pour la grippe (UNSIC) Pour ce faire, il est indispensable de
(FAO et al., 2008). renforcer la connaissance des maladies,
Le principal objectif de l’approche leur surveillance ainsi que les systèmes de
«Un monde, une santé» est de réduire réaction d’urgence à tous les niveaux, ce
le risque et l’impact mondial des qui appelle à son tour la consolidation des
foyers infectieux en améliorant les services de santé publique et animale mais
connaissances sur les animaux tant également de l’efficacité des stratégies de
d’élevage que sauvages, leur surveillance communication.
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
103
financièrement viables ne concernent acteurs des systèmes de santé animale, à
que les grands élevages intensifs, lacune partir de leur expérience.
que la communauté internationale tente Dans tous ces efforts, il est essentiel
de combler, par exemple à la suite de d’établir une communication à double
l’épidémie de grippe aviaire hautement sens. Les stratégies de communication
pathogène H5N1 (FAO, Banque mondiale et visant à promouvoir, aux niveaux des
OIE, 2008). communautés et des ménages, des
Il faut disposer d’un ensemble plus comportements aptes à prévenir et à
nuancé de solutions tenant compte maîtriser les poussées de maladies animales
des besoins et des atouts des grands, sont notamment les suivantes: informer
moyens et petits producteurs dans les les communautés des risques sanitaires
différentes filières de production et nouveaux ou émergents et leur enseigner
de commercialisation. En matière de la façon de les reconnaître; engager les
santé animale, les solutions doivent populations locales à réagir à ces risques et
être élaborées sur place et adaptées aux à élaborer des mesures de prévention des
conditions locales, et elles doivent être maladies nouvelles; lancer des campagnes
envisagées dans le contexte plus large du publiques nationales d’éducation afin de
développement du secteur de l’élevage sensibiliser le public à l’impact des maladies
et au-delà. L’expérience met aussi en animales et de lui apprendre ce qu’il peut
évidence la nécessité d’une évaluation et faire pour aider à prévenir et à maîtriser les
d’un apprentissage constants de la part des infections.
105
la chaîne alimentaire. Cette participation mobilisant les groupes de pays qui partagent
intersectorielle permet de remédier aux les défis posés par la production animale et
pratiques professionnelles susceptibles de les risques de maladies. Dans ce contexte, il
présenter un risque pour la sécurité sanitaire faut souvent recourir à des vaccins adaptés à
des aliments. plusieurs maladies animales transfrontières.
Ces vaccins peuvent être fabriqués par
Innovation technologique l’industrie sur une base durable, à condition
Les nouvelles technologies peuvent favoriser qu’un accord public soit conclu par les pays
une meilleure gestion des risques en rapport concernés visant à maîtriser et éliminer
avec la santé animale. Les progrès de la progressivement la maladie concernée.
protéomique, de la transcriptomique et de
la génomique mèneront probablement, au
cours des prochaines années, à la création Principaux messages de ce chapitre
de nombreux produits nouveaux. La récente
course à la mise au point d’un vaccin suivant v Parce qu’elles peuvent mettre en
l’apparition et la propagation en Allemagne, danger la santé humaine, perturber
en Belgique, en France, aux Pays-Bas et au les marchés et le commerce, réduire la
Royaume-Uni, en 2006, du sérotype 8 de la productivité et aggraver la pauvreté,
fièvre catarrhale du mouton, (jamais vu en les maladies animales ainsi que les
Europe auparavant) a montré que l’industrie maladies d’origine alimentaire causées
pharmaceutique pouvait réagir rapidement par le manque d’hygiène alimentaire,
quand des incitations appropriées étaient en posent un problème à tout un chacun.
place. Le Gouvernement du Royaume-Uni a L’amélioration de la gestion de l’élevage,
lancé en novembre 2007 un appel d’offres en vue de prévenir et de maîtriser ces
pour la production et la fourniture de maladies peut être porteuse de bienfaits
22,5 millions de doses de vaccin contre cette économiques, sociaux et sanitaires pour
maladie. La société qui a remporté le marché les pauvres et pour l’ensemble de la
a mis exactement deux ans à fabriquer le société.
vaccin. v L’évolution des pathogènes est
Le marché des produits de santé animale, imprévisible; il est donc impossible
tels que vaccins et produits pharmaceutiques, de se prémunir. De nouveaux agents
est restreint dans les pays en développement. pathogènes continueront d’apparaître
Cela n’a rien de surprenant, vu les faibles et le risque de propagation doit être
revenus de la majorité des éleveurs. En traité au cas par cas. Un cadre mondial
conséquence, les sociétés pharmaceutiques approprié est nécessaire pour lutter
internationales ne sont guère incitées à contre les zoonoses et les maladies
élaborer de nouvelles technologies destinées animales transfrontières apparues
à résoudre les problèmes de santé animale récemment.
de ces pays. v Les systèmes publics de santé animale
Cet état de choses soulève une double et de sécurité sanitaire des aliments
question. Premièrement, comment persuader doivent tenir compte du fait que l’impact
les sociétés pharmaceutiques d’investir dans des maladies animales et des maladies
la fabrication de nouveaux produits adaptés d’origine alimentaire varie d’un pays et
aux éleveurs pauvres dont les ressources sont d’un système de production à l’autre,
limitées? Deuxièmement, que peuvent faire selon le niveau économique. La capacité
les gouvernements pour favoriser la diffusion des différents groupes à relever ces
des technologies de lutte contre les maladies défis et les incitations nécessaires à
prioritaires pour les pauvres? La mise en les encourager à le faire, doivent être
place de solutions efficaces, en réponse à ces prises en compte dans la conception des
questions, est essentielle à l’amélioration des stratégies de gestion des risques et de
services de santé animale pour tous. lutte contre les maladies.
Dans de vastes étendues du monde v Un investissement important, stratégique
en développement, par exemple, il est et soutenu dans l’infrastructure
possible de contenir des maladies animales nationale de santé animale et de sécurité
transfrontières au niveau régional, en sanitaire des aliments est nécessaire
106 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
107
6. Conclusions: équilibre entre
les objectifs de la société en
matière d’élevage
109
la politique agricole vise à accroître la
Équilibre entre sécurité alimentaire disponibilité et l’accessibilité des produits
et nutrition alimentaires, mais il peut être nécessaire de
promouvoir un meilleur équilibre dans les
Les produits animaux apportent une choix offerts à la population.
contribution importante à la sécurité
alimentaire des ménages et sont
particulièrement utiles à la satisfaction Équilibre des choix entre systèmes,
des besoins en micronutriments des espèces, objectifs et impacts
femmes et des jeunes enfants. Ajoutée à
un régime alimentaire à base de végétaux, Il faut tenir compte des choix concernant
une petite quantité d’aliments d’origine l’utilisation de divers systèmes de production
animale peut améliorer beaucoup la et espèces animales, les objectifs assignés
santé maternelle et le développement des au secteur et les impacts sociaux et
enfants. La dénutrition, notamment le environnementaux de l’élevage. Les systèmes
manque d’aliments d’origine animale, est de production intensive sont extrêmement
un problème énorme et persistant dans efficaces dans la transformation des
les pays en développement. Des régimes ressources (aliments du bétail, eau, etc.)
alimentaires inappropriés entravent le en produits, tels que viande, lait et œufs,
développement physique et mental de peu chers et de haute qualité. Cela vaut en
l’enfant, et entraîne une morbidité et une particulier pour la volaille et les porcins.
mortalité accrue des maladies infectieuses. Les systèmes de production intensive
Elle a aussi un coût économique important peuvent aussi produire moins de gaz à
qui se manifeste sous la forme d’une effet de serre par unité de produit que les
réduction de la performance professionnelle systèmes extensifs. Ils peuvent satisfaire
et de la productivité du travail des adultes. la demande d’aliments d’origine animale,
L’augmentation du revenu peut contribuer en augmentation rapide dans les pays en
à l’amélioration de la nutrition: à mesure développement, avec le plus d’efficacité et
que croît leur revenu, les pauvres achètent avec le moins d’impacts sur le changement
généralement une nourriture plus abondante climatique. Mais la production intensive à
et de meilleure qualité, notamment des aussi son coût.
produits d’origine animale. Attendre que Les systèmes intensifs produisent de
la croissance économique vienne améliorer grandes quantités de déchets qui excèdent
la nutrition ne saurait toutefois être une la capacité d’absorption nutritionnelle des
solution acceptable. Il faut agir pour assurer lieux où ils sont implantés. Des mesures
dans l’immédiat l’accès à une alimentation rigoureuses sont nécessaires pour imposer
adéquate. On pourra ainsi apporter une la récupération de ces déchets et leur
contribution indispensable pour aider restitution à la terre sous forme d’engrais ou
les pauvres à sortir du piège de la sous- leur utilisation à d’autres fins productives.
alimentation/dénutrition-pauvreté. La quantité de ressources utilisées par
D’un autre côté, de nombreux les systèmes de production intensive et
pays du monde, y compris les pays en extensive dépend des animaux et des
développement, connaissent une épidémie lieux, mais partout la mise en œuvre de
d’obésité et de maladies non transmissibles pratiques améliorées de gestion peut réduire
liées au régime alimentaire, qui coûtent l’impact de la production animale sur
cher à l’économie et à la santé nationales. l’environnement.
La consommation excessive de produits La concentration géographique des
animaux contribue à ce problème bien que systèmes de production animale intensive à
d’autres choix en matière d’alimentation proximité des centres urbains peut offrir un
et de style de vie soient évidemment terreau extrêmement fertile aux maladies
aussi en cause. Les politiques agricoles et nouvelles, en particulier lorsque de petits
commerciales peuvent avoir une influence élevages traditionnels subsistent dans le
sur les choix alimentaires en agissant sur voisinage. Elle accroît aussi l’exposition
la plus ou moins grande disponibilité de de la population urbaine aux maladies
certains produits. De manière générale, animales, ce qui aggrave le risque de
110 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
FIGURE 16
Répartition des objectifs politiques
MOYENS DE SUBSISTANCE
Source: FAO.
L E P O I N T S U R L' É L E VAG E
111
peu d’autres possibilités, sera probablement Pour relever les défis et surmonter les
un objectif primordial dans ces pays. Les pays contraintes auxquels il est confronté, le
à bas revenus peuvent devoir aussi prendre secteur de l’élevage a besoin d’un regain
en considération d’autres facteurs, tels que la d’attention et d’investissements de la part de
gestion des maladies animales, pour soutenir la recherche agricole et de la communauté
la durabilité des moyens de subsistance. du développement, ainsi que de solides
À des stades ultérieurs de développement, mécanismes institutionnels et de gouvernance
il est probable que les politiques seront reflétant la diversité de ce secteur et les
axées sur des objectifs différents, tels que nombreuses exigences qu’il doit satisfaire.
les suivants: ravitaillement de populations, Une action est nécessaire à tous les
en particulier urbaines, croissantes; niveaux: du niveau local, en passant par les
réduction des risques pour la santé humaine niveaux régional et national jusqu’au niveau
des maladies animales; et protection international. Les institutions multilatérales
de l’environnement et des ressources doivent y participer, de même que la société
naturelles. Dans les économies avancées, civile. Cependant, aucune institution n’est
où la production animale ne représente en mesure d’accomplir sa tâche isolément. Il
qu’une petite part de l’économie globale, les est par conséquent indispensable de réunir
préoccupations de la société se concentreront les multiples parties prenantes, y compris le
probablement avant tout sur la santé secteur privé, au sein d’un effort coordonné.
humaine, la sécurité sanitaire des aliments et Il est évident qu’au niveau international,
l’environnement. le secteur de l’élevage et les enjeux auxquels
Il est important de reconnaître au niveau il est confronté doivent focaliser l’attention.
international la légitimité de ces différences L’élaboration d’un programme d’action
de priorités et de veiller à ce que les politiques visant le secteur de l’élevage, appuyé
et les accords internationaux ne soient pas par les gouvernements, les institutions
conçus exclusivement en fonction des priorités internationales, multilatérales aussi bien
d’un groupe restreint de pays riches. que bilatérales, les bailleurs de fonds et les
acteurs de la société civile, est un premier
pas essentiel vers l’instauration d’un secteur
La voie à suivre: un programme de l’élevage présentant les caractéristiques
d’action pour le secteur de suivantes: une meilleure gouvernance; une
l’élevage plus grande attention aux problèmes et aux
enjeux; un processus de développement plus
Le secteur de l’élevage est censé fournir des intégrateur; des niveaux d’investissements
aliments salubres, peu coûteux et abondants proportionnels à l’importance du secteur
aux populations urbaines croissantes et aux défis qu’il doit relever; et une
ainsi que des moyens de subsistance aux coopération internationale améliorée.
producteurs; préserver les ressources De fait, si l’on considère les effets
naturelles tout en les exploitant avec négatifs et positifs très importants du
efficacité; et réduire au minimum les risques secteur de l’élevage sur les objectifs sociaux,
sanitaires pour la population humaine. environnementaux et de santé publique, et
On soutient, dans la présente édition de l’importance de la gouvernance mondiale
La situation mondiale de l’alimentation et de pour l’agriculture dans son ensemble,
l’agriculture, que le secteur de l’élevage ne un tel cadre pourrait ouvrir la voie à une
contribue pas aussi bien qu’il le pourrait à la action internationale concertée visant à
fourniture des biens privés et publics qu’on accompagner le développement du secteur
attend de lui, principalement faute d’avoir de l’élevage.
réalisé les réformes et les investissements
nécessaires. La croissance rapide de ce
secteur, sur fond de faiblesse des institutions Principaux messages du rapport
et de la gouvernance, a engendré des
risques systémiques qui pourraient avoir v L’élevage: un secteur en pleine
des conséquences catastrophiques pour les évolution. Le secteur de l’élevage est
moyens de subsistance, ainsi que pour la santé un des éléments les plus dynamiques
humaine et animale et pour l’environnement. de l’économie agricole. Son expansion
112 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
113
mêlant changement politique et peut réduire les émissions de gaz à effet
institutionnel, développement des de serre.
capacités, innovation technologique et – Les gouvernements et les institutions
investissements qui prennent en compte doivent sans délai élaborer et mettre
la parité hommes-femmes et qui soit en œuvre des politiques appropriées,
réactive. aux niveaux national et international,
– Les décideurs politiques doivent tenir pour traiter les interactions entre
compte des différences entre les petits l’élevage et l’environnement. La
producteurs en termes de capacités hausse constante de la production
d’adaptation au changement. Certains animale se traduira sinon par
petits éleveurs ne pourront sans d’énormes pressions sur la santé
doute pas rester compétitifs dans un des écosystèmes, la biodiversité, les
secteur qui se modernise rapidement ressources en terres et forêts ainsi
et devront renoncer à leur élevage, que la qualité de l’eau, et contribuera
du fait de l’augmentation du coût de manière substantielle au
d’opportunité de la main-d’œuvre réchauffement de la planète.
familiale. Des stratégies plus larges de – Les politiques doivent viser avant
développement rural visant à créer tout à corriger les distorsions du
des emplois hors agriculture pour les marché et les dysfonctionnements
femmes, les hommes et les jeunes qui encouragent la dégradation
peuvent faciliter leur désengagement de l’environnement. Les aides
du secteur. ou subventions qui encouragent
– Les décideurs politiques doivent directement ou indirectement le
apprécier et préserver la fonction surpâturage, la dégradation des terres,
de filet de sécurité que remplit le déboisement, la surexploitation
l’élevage pour les très pauvres. Dans des ressources en eau ou les émissions
le secteur de l’élevage, les pauvres de gaz à effet de serre devraient
sont particulièrement vulnérables être réduites ou éliminées. Des
aux zoonoses et aux risques politiques faisant appel aux lois du
environnementaux. marché, comme les taxes ou droits
v Le secteur de l’élevage doit améliorer d’utilisation des ressources naturelles,
sa performance environnementale. Il devraient amener les producteurs à
conviendrait de renforcer la internaliser les coûts des dommages
gouvernance du secteur de l’élevage environnementaux causés par la
pour assurer une croissance continue production animale.
respectueuse de l’environnement. La – Certains effets négatifs de l’élevage
production animale exerce une pression sur l’environnement découlent de
croissante sur la terre, l’air, l’eau et la problèmes associés à des ressources
biodiversité. Une action corrective est collectives en accès libre. Clarifier
nécessaire pour encourager la mise à les droits de propriété foncière et
disposition de biens publics, tels que les promouvoir des mécanismes de
services écosystémiques et la protection coopération sont une exigence absolue
de l’environnement. Il conviendra à pour une gestion durable des biens
cette fin de s’intéresser aux précédents collectifs.
échecs politiques et dysfonctionnements – L’application de technologies au
de marché, et d’élaborer et d’appliquer service de l’emploi rationnel des
des incitations ou des sanctions. terres et des aliments pour bétail
L’élevage contribue aux changements peut atténuer les effets négatifs
climatiques mais en subit également de l’élevage sur la biodiversité, les
les conséquences. Il peut jouer un écosystèmes et le réchauffement
rôle essentiel pour les atténuer: par planétaire. Les technologies visant
exemple, l’utilisation de technologies à améliorer le rendement de
plus performantes, encouragées par des l’élevage incluent l’amélioration des
incitations économiques appropriées, races animales, de la gestion des
114 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
115
être renforcée de manière à leur – La concentration de systèmes de
permettre d’améliorer leurs systèmes production intensive à proximité
de santé animale et de sécurité immédiate des centres de population
sanitaire des aliments et d’élargir urbaine accroît le risque d’apparition
l’accès aux marchés de leurs produits et de transmission des maladies au
animaux. sein des populations animales et
– Indépendamment de leur niveau et humaines. C’est le cas en particulier
de leurs capacités, les producteurs lorsqu’il y a mouvement des
doivent être associés à la conception personnes et des animaux entre
et à la mise en œuvre des programmes les systèmes traditionnels et les
de prévention et de maîtrise des systèmes industriels. Des incitations
maladies animales et d’amélioration et des réglementations peuvent alors
de la sécurité sanitaire des aliments. être nécessaires pour encourager
Les éleveurs pauvres doivent participer l’implantation des unités de
davantage à la lutte contre les production animale dans des zones à
maladies, dans leur propre intérêt et plus faible densité de population.
dans celui de tous.
Deuxième partie
TOUR D’HORIZON DE LA
SITUATION MONDIALE
DE L’ALIMENTATION
ET DE L’AGRICULTURE
p
TO U R D ’ H O R I ZO N D E L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L’A L I M E N TAT I O N E T D E L’AG R I C U LT U R E
119
Tour d’horizon de la situation mondiale
de l’alimentation et de l’agriculture
121
FIGURE 17
Estimations de la FAO du nombre de personnes sous-alimentées en 2009,
par région (en millions de personnes)
les ménages dirigés par des femmes et les consommation n’ont cédé que lentement. Les
pauvres des zones urbaines (FAO, 2008c) – prix ont entamé une lente ascension pendant
sont dans des conditions particulièrement les premières années de la présente décennie,
précaires. Leur capacité de résistance est le qui s’est brusquement accélérée à la fin
plus souvent épuisée ou réduite à l’extrême. 2006. L’indice de la FAO relatif aux prix des
Les zones rurales comme les zones urbaines denrées alimentaires de base faisant l’objet
sont touchées par une baisse importante d’échanges internationaux calculé par la
des sources de revenus, notamment celle FAO (base = 100 en 2002-04) a atteint un pic
des envois de fonds. Les pauvres des zones historique de 214 en juin 2008, soit plus du
urbaines risquent d’être particulièrement double par rapport à la période de référence
touchés car les villes sont plus sensibles aux et 139 pour cent de plus que la moyenne
cours des marchés mondiaux et subissent de l’année 2000. De juin 2008 à la fin du
plus directement le contrecoup d’un premier trimestre de 2009, l’indice a chuté de
fléchissement de la demande d’exportation 35 pour cent, revenant au niveau enregistré
et d’un recul des investissements directs à au premier trimestre de 2007. En mai 2009,
l’étranger. Les zones rurales sont toutefois après une nouvelle poussée internationale
exposées aux effets du ralentissement des prix de certains produits alimentaires de
éventuel des activités agro-industrielles et du base importants (à l’exclusion du riz et de
retour des émigrés. la viande), l’indice affichait une valeur de
152, près de 30 pour cent en deçà du niveau
record de juin 2008. Encore faut-il préciser
que ce chiffre dépassait encore de 152 pour
ÉVOLUTION DES PRIX AGRICOLES cent la valeur de référence et de près de
– LA FORTE VARIABILITÉ DES PRIX 70 pour cent le niveau enregistré en 2000.
DES DENRÉES DE BASE Pour la plupart des produits agricoles,
Après une période de hausse générale des l’augmentation des prix a été encore plus
prix, les cours des denrées alimentaires sur marquée lors de la période de hausse
les marchés internationaux ont amorcé généralisée mais le fait que les denrées
une baisse (figure 18, page 121). Ils restent de base, en particulier les céréales et
néanmoins élevés, au regard des tendances les huiles végétales, aient présenté à
historiques, souvent, les prix intérieurs à la la fois l’augmentation la plus forte et
122 la situation mondiale de l ‘ alimentation et de l ‘ agriculture 2 0 0 9
encadré 19
Les crises alimentaires
Le nombre de pays en crise qui nécessitent une aide extérieure est un indicateur de
vulnérabilité. Depuis avril 2009, 31 pays se trouvent dans cette situation, dont 20 en
Afrique, 9 en Asie et au Proche-Orient, et 2 en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Ces pays devraient manquer des ressources nécessaires pour gérer des situations graves
d’insécurité alimentaire. Les crises alimentaires sont toujours le résultat d’un ensemble
de paramètres. Cependant, pour pouvoir leur apporter une réponse planifiée, il
convient de déterminer si la nature des crises alimentaires est liée principalement à la
faible disponibilité des produits alimentaires, à un accès limité à ces produits ou à des
problèmes graves mais localisés (voir la carte).
les fluctuations les plus prononcées a des cuirs et peaux utilisés dans la fabrication
particulièrement retenu l’attention compte de biens de consommation durables tels que
tenu du rôle essentiel de ces denrées, tant les véhicules automobiles en est un exemple.
dans la production des revenus ruraux que Depuis le début de la crise mondiale, la
dans l’alimentation des populations pauvres demande relative à ces produits a chuté de
des pays en développement. Les autres prix façon spectaculaire.
agricoles ont également fluctué mais, à La baisse des prix a été largement imputée
l’exception des produits laitiers, dans une aux défaillances de la demande, du côté
bien moindre mesure. C’est à peine si les de la consommation et des importations
matières premières, qui sont importantes en raison de la crise mondiale ainsi qu’à
pour l’économie de certains pays en la faible disponibilité de crédit et à une
développement, ont augmenté pendant contraction de la demande de matières
la période critique de 2006-08. En outre, premières pour les biocombustibles résultant
en termes relatifs, ces prix ont été le plus de la diminution des prix de l’énergie. Les
durement touchés pendant la récession, vu indicateurs relatifs à l’offre ont toutefois
leur grande dépendance vis-à-vis de secteurs joué un rôle important dans la baisse des prix
qui sont très sensibles aux revenus. Le secteur compte tenu, en particulier, de l’abondance
TO U R D ’ H O R I ZO N D E L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L’A L I M E N TAT I O N E T D E L’AG R I C U LT U R E
123
FIGURE 18
Indices des prix agricoles
200 Fruits
Matières premières
150
100
50
0
00 01 02 03 04 05 06 07 08 09
100
50
0
00 01 02 03 04 05 06 07 08 09
Source: Indices FAO des prix des produits alimentaires; indices FMI des matières premières et des boissons (actualisés); indice FAO des fruits.
FIGURE 19
Inflation des prix à la consommation des produits alimentaires, 2007-2009, pays choisis
Févr. 07 – févr. 08
Bangladesh
Févr. 08 – févr. 09
Sept. 08 – sept. 09
Brésil
Déc. 08 – déc. 09
Burkina Faso
Chine
Guatemala
Inde
Indonésie
Kenya
Pakistan
Fédération
de Russie
Afrique
du Sud
Sri Lanka
-10 -5 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Pourcentage
Source: OCDE-FAO, 2009.
C’est à partir de 2008 que l’augmentation et n’ont baissé que marginalement dans
des prix au détail des denrées alimentaires d’autres (figure 19). La «viscosité» des
a suscité des inquiétudes graves dans prix de détail, qui est une caractéristique
les économies en développement et commune des marchés alimentaires, est
développées. Tout semble indiquer que liée à l’influence accrue sur les prix des
l’inflation des prix des denrées alimentaires produits de divers facteurs qui entrent en
a marqué un sérieux coup d’arrêt après jeu au moment de la transformation et de la
la chute des prix des denrées de base à la distribution.
mi-2008. Toutefois les prix de détail ont Au moment où la crise économique réduit
continué à augmenter dans certains pays les revenus de manière radicale, la hausse
TO U R D ’ H O R I ZO N D E L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L’A L I M E N TAT I O N E T D E L’AG R I C U LT U R E
125
persistante des prix alimentaires continue de leurs matières premières (FAO, 2008b).
par conséquent à compromettre l’accès à En deuxième lieu, tandis que le niveau
la nourriture de très nombreux groupes de actuel des prix du brut n’est pas de nature à
population à faible revenu, ceux-là mêmes entraîner une nouvelle augmentation de la
qui dépensent habituellement une large part production de biocarburants à court terme,
de leurs revenus pour acheter des aliments. les prix resteront élevés en termes réels,
Les plus gravement touchés sont les pauvres au regard des tendances historiques. Cette
des zones urbaines et les acheteurs nets situation continuera de se traduire par le
d’aliments dans les zones rurales. renchérissement des engrais chimiques et
organiques, et par des coûts de transport
élevés. Enfin, le ralentissement qui semble
frapper la productivité agricole suppose que
LES PRIX MONDIAUX DES toute augmentation de la production aura
PRODUITS AGRICOLES: pour corollaire une majoration des coûts
PERSPECTIVES À MOYEN TERME unitaires réels. L’analyse de l’évolution de la
Bien que nettement inférieurs aux niveaux situation des prix réels des produits cultivés
records de juin 2008, les prix des produits montre que la tendance à long terme à la
alimentaires restent élevés en 2009 par baisse, évidente depuis plusieurs décennies,
rapport aux tendances des 10 dernières pourrait avoir pris fin en 2000 et que les
années. Les projections de l’Organisation projections ne laissent prévoir aucune reprise
de coopération et de développement de la tendance à la baisse à moyen terme.
économiques (OCDE) et de la FAO indiquent (voir la figure 20, page 126).
que les prix des denrées alimentaires
se maintiendront à ces niveaux, voire
augmenteront à moyen terme, continuant
ainsi à dépasser en termes réels les niveaux LA PRODUCTION AGRICOLE
antérieurs aux flambées de 2007-08 (OCDE- Comment l’agriculture s’est-elle comportée
FAO, 2009). face à la crise des prix de 2007-08 et
Les projections de l’OCDE-FAO indiquent comment peut-elle réagir dans le contexte
que ces conditions sont relativement blindées de la récession mondiale et au-delà? D’après
contre la crise généralisée même si certains les estimations reposant sur les chiffres8 de
produits plus sensibles aux revenus, tels que production issus de l’indice de la FAO et de
les huiles végétales et les produits carnés l’estimation OCDE-FAO (2009), la production
et laitiers, pourraient être plus touchés si agricole mondiale a augmenté en 2008 de
la situation économique devait encore se 3,9 pour cent par rapport à 2007, un certain
dégrader. nombre de pays ayant accru la production
Le maintien des prix réels des produits en réponse à l’augmentation des prix de
agricoles à un niveau plus élevé à moyen 2007 et même de meilleures perspectives de
terme dépend essentiellement de trois prix pour 2008 (figure 21, page 127). Cette
facteurs importants. Tout d’abord, les expansion de la production faisait suite à
objectifs de consommation de biocarburants deux années consécutives (2006 et 2007) de
dans plusieurs pays – qui définissent les taux performances inférieures à la tendance de
d’incorporation d’éthanol et de biodiesel la croissance mondiale pour la décennie, soit
dans la consommation totale de carburant, environ 2,2 pour cent.
indépendamment des conditions du marché Les réponses de l’offre agricole en 2008
– ainsi que divers types de subventions ont varié selon les régions. Dans ce domaine,
et d’incitations fiscales semblent devoir ce sont surtout les pays européens et de la
entretenir l’influence de la production Communauté des États indépendants (CEI)
de biocarburants sur les prix agricoles, et et les pays industrialisés en général qui ont
cela, bien que les perspectives relatives réagi. L’accroissement de l’offre dans le
au prix du brut semblent plus modestes premier groupe est estimé à 13 pour cent,
qu’au début de 2008. Les marchés de même si ce taux élevé est essentiellement
l’énergie étant plus vastes que les marchés
agricoles, les prix de l’énergie tendent à 8
Indices FAOSTAT de la production agricole: chiffres de la
déterminer les prix des biocarburants et production agricole nette (FAO, 2009b).
126 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
ENCADRÉ 20
Les prix des produits alimentaires sur le marché intérieur des pays en développement
restent élevés
Dans le cadre de l’Initiative de la FAO révèlent une hausse par rapport à l’année
contre la flambée des prix des denrées précédente. Entre 35 et 65 pour cent
alimentaires qui vise à contribuer des pays, selon le type de céréales, ont
au suivi et à l’analyse des tendances enregistré une augmentation par rapport
des prix des produits alimentaires à trois mois plus tôt, et les derniers prix
sur le marché intérieur des pays en des aliments disponibles dans la base
développement, le Système mondial SMIAR, à savoir du mois de mars 2009,
d’information et d’alerte rapide dans 10 à 30 pour cent des pays ils sont les
(SMIAR) de la FAO a lancé le projet plus élevés jamais enregistrés.
«Prix nationaux des aliments – base de La situation est encore plus grave en
données et outil d’analyse»1. Cette base Afrique subsaharienne. Les prix du riz sur
de données couvre près de 800 séries le marché intérieur sont beaucoup plus
mensuelles des prix du commerce de élevés qu’il y a 12 mois dans l’ensemble
détail et du commerce de gros des des pays recensés dans la base de données,
principaux aliments2 consommés dans tandis que les prix du maïs, du millet et
58 pays en développement, ainsi que les du sorgho ont progressé dans 89 pour
prix à l’exportation des céréales. cent de ces pays. S’agissant du blé et de
Une première analyse (en avril 2009) ses produits dérivés, 71 pour cent des
des données a confirmé que les pays étudiés ont enregistré des prix plus
prix sur le marché intérieur des élevés que 12 mois plus tôt. À l’exception
pays en développement sont restés du millet, les derniers prix pour les autres
globalement très élevés, bien que céréales ont largement dépassé leur
les prix sur le marché international niveau record de 2008 dans près d’un
aient considérablement reculé par tiers des pays, dont la plupart en Afrique
rapport à 2008. Les prix sur le marché orientale et australe. Cependant, les prix
international de l’exportation du des aliments demeurent également élevés
maïs, du sorgho, du blé et du riz ont dans d’autres régions, notamment ceux
diminué respectivement de 31, 38, 39 du riz en Asie et du maïs et du blé en
et 30 pour cent par rapport à 12 mois Amérique centrale et du Sud.
plus tôt et entre 37 et 53 pour cent
par rapport à leur niveau record de
2008. La situation des prix des céréales
1
Disponible à l’adresse suivante: www.fao.org/
giews/pricetool
sur le marché intérieur des pays en 2
Principalement les céréales et les produits à
développement contraste fortement base de céréales, mais également les haricots, le
manioc, les pommes de terre et certains produits
avec ce constat. Dans environ 80 pour de l’élevage.
cent des pays recensés dans la base de 3
L’estimation des prix la plus récente se rapporte, à
quelques exceptions près, à la période entre janvier
données, les dernières estimations des
et avril 2009.
prix nominaux3 sur le marché intérieur Source: FAO, 2009d.
dû à des récoltes excellentes après plusieurs une reprise après la croissance négative de
années de croissance au ralenti. L’apport 2007.
quantitatif le plus significatif est celui des Les estimations relatives au groupe
pays industrialisés, qui dominent aussi les des pays en développement excluent
marchés d’exportation. La production en pratiquement toute production supérieure
provenance de ce groupe a augmenté de à la tendance, avec une croissance en deçà
près de 6 pour cent en 2008. des valeurs de référence en Amérique
Parmi les pays en développement, la latine et une légère diminution de la
croissance été importante en Afrique où le production en Asie. En raison de la faible
taux de 4 pour cent traduit essentiellement transmission des prix dans les pays en
TO U R D ’ H O R I ZO N D E L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L’A L I M E N TAT I O N E T D E L’AG R I C U LT U R E
127
Pourcentage des pays de la base de données dont les dernières estimations des prix
sont supérieures à la période spécifiée ou au maximum enregistré
Maïs
Millet et sorgho
Riz
Blé et produits
Maïs
Millet et sorgho
Riz
Blé et produits
Maïs
Millet et sorgho
Riz
Blé et produits
0 20 40 60 80 100
Pourcentage des pays
FIGURE 20
Prix réels des céréales
USD/tonne
1 600 Riz
Maïs
1 400
Blé
1 200
1 000
800
600
400
200
0
70 75 80 85 90 95 00 05 10 15
Note: Blé des États-Unis, HRW no 2; maïs des États-Unis, no 2; riz usiné, grade B, Bangkok. Source: OCDE-FAO, 2009,
Corrigé avec le PIB des États-Unis comme déflateur. pour des projections de 2009 à 2018.
leurs performances de 2008. De plus, les agricole aux États-Unis d’Amérique n’a
dérogations aux obligations de mise hors- augmenté que d’environ 12 pour cent
culture au sein de l’Union européenne (UE) pendant la même période. De plus, pendant
ont joué pour beaucoup dans l’augmentation les 10 prochaines années, la croissance de
de la production. La production dans la CEI la production agricole devrait être plus
et les pays industrialisés n’atteindra pas le lente dans les pays industrialisés, tandis que
niveau de 2008. En revanche, elle sera sans les pays d’Amérique latine, d’Asie et de la
doute plus réactive dans de nombreux pays CEI connaîtront une croissance beaucoup
en développement si les prix restent élevés plus rapide. D’ici 2018, la production
dans ces régions. agricole dans ces régions devrait s’accroître
À moyen terme, les estimations OCDE- respectivement de 75,53 et 58 pour cent par
FAO (2009) indiquent que la croissance rapport à 2000, contre une augmentation de
de la production agricole pendant les 12 pour cent seulement pour les économies
10 prochaines années n’égalera pas celle de industrialisées. Il se peut que la production
la décennie écoulée, la croissance annuelle agricole du Brésil, pour laquelle les
moyenne passant de 2,0 pour cent en estimations font état d’un remarquable bond
1999-2008 à 1,7 pour cent en 2009-2018. de 50 pour cent depuis 2000, bénéficie d’une
En conséquence, les taux de croissance par nouvelle expansion de 50 pour cent au cours
habitant devraient être identiques (soit des 10 années à venir.
0,6 pour cent). Les chances de croissance à plus long
Dans les pays industrialisés, la production terme dans le domaine agricole semblent
agricole a connu la plus faible croissance au résider dans les régions situées en dehors
cours des 10 dernières années, en particulier des pays industriels (figure 22, page 128). À
en raison de la stagnation des taux de cet égard, des investissements sont réalisés
croissance en Europe. De fait, en 2009, la dans ces régions de développement potentiel
production agricole de l’Europe à 27 s’établit de l’offre, par des pays en développement
selon les estimations à un niveau plus bas à revenu plus élevé soucieux de leur
qu’en 2000. Malgré la dépréciation du taux propre sécurité alimentaire à long terme.
de change qui a généralement pour effet Ces investissements peuvent favoriser le
de stimuler la demande à l’exportation, développement du secteur agricole et,
les prévisions indiquent que la production dans la foulée, modifier à long terme
TO U R D ’ H O R I ZO N D E L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L’A L I M E N TAT I O N E T D E L’AG R I C U LT U R E
129
FIGURE 21
Croissance de la production agricole, par région
Afrique
Asie-Pacifique
1998-2007
CEI
Pays en
développement
Pays
2006 industrialisés
Amérique latine
PMA
Monde
2007
2008
2009
2010
-6 -4 -2 0 2 4 6 8 10 12 14
Pourcentage
Source: Indice FAOSTAT de la production agricole nette jusqu’en 2007 (FAO, 2009b). Extrapolation d’après OCDE-FAO, 2009.
FIGURE 22
Tendances à long terme de la production agricole, par région
0.6
0.4
0.2
0
95 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17 19
Source: Indice FAOSTAT de la production agricole nette jusqu’en 2007 (FAO, 2009b). Extrapolation d’après OCDE-FAO, 2009.
FIGURE 23
Évolution des exportations réelles mondiales de produits alimentaires
130
110
90
70
50
00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Note: L’indice des exportations réelles, qui utilise des prix de référence 1999-2001 pour pondérer les exportations Source: OCDE-FAO, 2009.
par produit, mesure les variations des exportations en USD constants.
TO U R D ’ H O R I ZO N D E L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L’A L I M E N TAT I O N E T D E L’AG R I C U LT U R E
131
FIGURE 24
Évolution du commerce net réel des produits alimentaires par région
-300
-400
00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Note: Indice des exportations nettes réelles par région, à l’aide des prix de référence 2000 Source: OCDE-FAO, 2009.
comme pondération des exportations nettes par produit.
ENCADRÉ 21
Le retour des prix élevés pour les produits agricoles?
Les prix des produits agricoles ont de la croissance et de hausse des prix du
fortement reculé au début de la brut, les prix internationaux des produits
récession mondiale du deuxième alimentaires de base augmenteraient
semestre 2008. Pratiquement tous de 20 à 25 pour cent par rapport à la
les produits de base ont brutalement projection de référence. Néanmoins, ils
chuté en raison d’une faible demande ne retrouveraient pas leurs niveaux de
et des réponses apportées, en termes 2007-08, à l’exception du maïs qui dépend
d’approvisionnement, aux prix souvent davantage du prix du brut (en raison
vertigineux enregistrés par les produits de son importance en tant que matière
agricoles ces deux dernières années. première pour la production d’éthanol).
Quelle est la probabilité d’une résurgence Cependant, l’analyse montre clairement
des prix si la croissance mondiale devait l’extrême sensibilité actuelle du secteur
retrouver un rythme plus dynamique et si agricole aux hausses des prix de l’énergie,
les prix du pétrole renouaient avec leurs qui affectent l’offre mais également de
niveaux de 2008? plus en plus la demande sur le marché
Le modèle Aglink-Cosimo OCDE-FAO mondial des produits alimentaires.
a permis d’élaborer un scénario selon
lequel la croissance économique mondiale
de l’ensemble des pays retrouverait la
vigueur enregistrée entre 2004 et 2007 et
les prix du pétrole renoueraient avec les
100 USD le baril1. Le scénario ainsi obtenu
est comparé à la projection de référence
tirée des Perspectives agricoles de l’OCDE
et de la FAO 2009-2018 (OCDE-FAO, 2009),
qui prévoit une croissance économique
des pays développés et en développement
inférieure respectivement de1 pour cent 1
Plus précisément, selon ce scénario, la croissance
et de 2 pour cent, et des prix du pétrole reprendrait en 2011 et les prix du pétrole
atteindraient 100 USD le baril, d’ici à 2012. Tous
oscillant entre 60 USD en 2012 et 70 USD les autres facteurs déterminants, tels que la
le baril en 2018. productivité, l’inflation et les taux de change,
restent constants comme illustré dans OCDE-FAO
Les simulations du modèle indiquent (2009).
que d’après ce simple scénario de reprise Source: FAO.
termes réels dans les 10 prochaines années, classes de produits importants, relèvent
accentuant la dépendance de ces pays vis-à- de quatre grands domaines: les politiques
vis des livraisons étrangères. relatives au commerce, à la production, à la
consommation et aux stocks. La plupart de
ces politiques ont été appliquées pendant
des périodes limitées. Toutefois, certaines
LES MESURES PRISES FACE À LA d’entre elles, qui avaient été introduites
HAUSSE DES PRIX DES DENRÉES en 2007, sont toujours en vigueur en
ALIMENTAIRES ET LEUR IMPACT 2009 malgré le recul sensible des prix
SUR LES MARCHÉS AGRICOLES internationaux.
Confrontés à la hausse continue des prix Une interrogation importante porte sur
des denrées alimentaires sur les marchés l’impact conjugué de ces politiques sur les
mondiaux en 2007 et 2008, de nombreux marchés internationaux et intérieurs et sur
pays ont adopté des mesures destinées à l’effet de déstabilisation éventuellement
atténuer son impact sur la population (FAO, produit par l’absence de coordination de
2009e). Ces mesures, qui visent diverses telles mesures, qui accentueraient la volatilité
TO U R D ’ H O R I ZO N D E L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L’A L I M E N TAT I O N E T D E L’AG R I C U LT U R E
133
400
350
300
Scénario
250
200
Référence
150
100
50
0
05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18
250
Scénario
200
150
Référence
100
50
0
05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18
des prix. Cette question est importante FAO afin de mesurer la nature et l’ampleur
pour deux raisons au moins. Tout d’abord de l’impact de ces mesures sur les marchés
les politiques d’un pays ou d’un groupe de agricoles.
pays peuvent annuler ou réduire l’efficacité
des politiques adoptées par d’autres. Les politiques relatives au commerce
Ensuite, certaines mesures peuvent être Mesures visant les exportations
simplement inefficaces, voire compromettre Les politiques relatives à l’exportation
la résolution du problème le plus important, comprennent les taxes à l’exportation et les
qui est l’impact de la hausse des prix sur les subventions, les interdictions d’exporter et
consommateurs pauvres. autres mesures de restriction quantitatives.
La présente section passe en revue les Elles sont généralement appliquées par les
divers types de mesures mises en place dans pays exportateurs nets pour améliorer la
les pays et en examine les répercussions situation de l’offre sur le marché intérieur.
éventuelles. Elle présente en conclusion Ces mesures de taxation, d’interdiction
quelques analyses de scénarios simples sur et de contingentement sont un puissant
la base du modèle Aglink-Cosimo OCDE- facteur de distorsion, en particulier les
134 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
interdictions (qui coupent net le lien entre consommation et les prix à la production.
marchés domestiques et internationaux). Toutefois, l’échelle de réduction des prix est
Selon la mesure appliquée et son incidence souvent moins étendue que dans le cas des
précise sur la restriction des échanges, ces mesures d’interdiction et de taxation des
politiques réduisent à divers degrés les prix exportations car elle est limitée par le seuil
à la consommation intérieure. Toutefois, du droit tarifaire ou de la taxe en vigueur.
elles réduisent les gains et, par conséquent, Ces mesures occasionnent une diminution
l’encouragement à la production qui s’exerce des recettes pour les gouvernements. Pour les
lorsque les prix sont élevés, limitant ainsi denrées alimentaires, la réduction des taxes
la réponse de l’offre à plus long terme. De est fonction des revenus car les segments
plus, en réduisant les exportations, elles ont les plus pauvres de la population consacrent
tendance à faire monter les cours sur les une part plus large de leurs revenus à
marchés internationaux. En revanche, les l’achat de nourriture. Toutefois, le ciblage
taxes à l’exportation peuvent renforcer la n’est pas aussi efficace que dans le cadre de
position budgétaire d’un gouvernement et programmes de protection sociale créés à cet
lui permettre d’introduire des mesures et effet.
programmes de protection sociale ciblés. Certains pays (et l’UE) ont réduit ou
L’Inde, qui est le troisième exportateur éliminé les droits tarifaires ou les taxes sur
mondial de riz, a interdit les exportations les produits alimentaires. Il s’agit notamment
rizicoles autres que celles du riz basmati du Bangladesh, de l’Égypte, de l’Inde, de
et limité les exportations de ce produit, l’Indonésie, de la République islamique
entraînant une baisse significative des d’Iran, du Mali, du Mexique, du Maroc,
disponibilités exportables. De surcroît, du Pakistan, du Pérou, des Philippines, du
l’Inde a interdit les exportations de maïs. Sénégal et de la Turquie. Dans certains
La Chine a éliminé les remises sur la taxe à cas, les réductions tarifaires ont été très
la valeur ajoutée relatives aux exportations importantes. Le Nigéria a opéré une
de blé, de maïs et de soja et a imposé réduction spectaculaire des droits sur les
une taxe à l’exportation sur une série importations de riz de 100 à 2,7 pour cent et
de produits céréaliers et autres. Avant le la Turquie a réduit les taxes à l’importation
20 décembre 2007, les exportations de ces sur le blé de 130 à 8 pour cent et ceux sur
produits agricoles bénéficiaient d’une remise l’orge de 100 à zéro pour cent, tandis que
de 13 pour cent de leur valeur déclarée l’Inde a révoqué un prélèvement de 36 pour
au port d’exportation. Le Bangladesh, le cent sur les importations de farine de blé.
Cambodge, l’Égypte, l’Indonésie et le Viet Plusieurs pays ont suspendu ou réduit les
Nam ont interdit les exportations de riz taxes intérieures sur les produits alimentaires.
tandis que l’Inde, le Pakistan, la Serbie Le Brésil a allégé le régime de taxation du
et l’Ukraine ont interdit celles de blé. Le blé, de la farine de blé et du pain. De même,
Kazakhstan et la Fédération de Russie ont la taxe à la valeur ajoutée a été diminuée
relevé les taxes sur les exportations de blé et pour une gamme de denrées alimentaires de
la Fédération de Russie a introduit une taxe base importées et autres produits au Congo,
à l’exportation de 30 pour cent sur l’orge. pour le riz à Madagascar, le riz et le pain au
De même, la Malaisie a infligé des taxes à Kenya et les céréales vivrières et la farine en
l’exportation sur l’huile de palme, tandis Éthiopie.
que l’Argentine a renforcé la taxation des
exportations de blé, de maïs, de soja et de Les politiques relatives à la production
ses produits dérivés. Afin d’encourager l’essor de la production,
différentes mesures de soutien aux
Mesures visant les importations producteurs ont été introduites, notamment
L’une des mesures les plus courantes, surtout des subventions pour l’achat d’intrants, le
dans les pays importateurs nets, était soutien des prix à la production accompagné
l’élimination ou la réduction des droits et d’un allégement des critères de mise hors
des taxes à l’importation pour les produits culture des terres arables. Ces politiques
alimentaires. Tout comme les politiques peuvent être onéreuses et leur impact
appliquées aux exportations, ces mesures sur les prix à la consommation est limité
ont pour effet de faire baisser les prix à la si le marché intérieur est ouvert mais
TO U R D ’ H O R I ZO N D E L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L’A L I M E N TAT I O N E T D E L’AG R I C U LT U R E
135
plus substantiel lorsque les liens avec les hors culture de 5 pour cent pour les terres
marchés internationaux sont fragiles. S’il arables pour la campagne 2008/09, mesure
n’est pas bien géré, le subventionnement qui a largement contribué à l’augmentation
des intrants peut aussi entraîner une sensible de la production céréalière de l’UE
augmentation des prix de ces derniers, en 2008.
sous l’effet d’une demande accrue, ce qui Les préoccupations à l’égard de la
avantage les fournisseurs d’intrants plus que fiabilité des marchés internationaux en
les producteurs agricoles. L’assouplissement tant que source d’approvisionnements
des critères de mise hors culture, sans lequel alimentaires sont à l’origine, dans de
la production risque de rester insensible à nombreux pays, d’un regain d’intérêt pour
la hausse des prix, est très efficace lorsqu’il l’autosuffisance alimentaire, considérée
s’agit de stimuler la production et peut comme un moyen pour réaliser la sécurité
effectivement réduire les prix intérieurs en alimentaire nationale. De nombreux pays
présence d’un marché fermé. Lorsqu’il est importateurs nets d’aliments dans le monde
appliqué par les principaux exportateurs, procèdent à l’ajustement de leur stratégie
comme l’UE, il peut aussi avoir un important de développement agricole et accordent la
effet modérateur sur les prix internationaux. priorité à l’expansion de la production afin
Les pays qui ont renforcé les subventions d’être moins dépendants des importations.
aux intrants sont entre autres le Bangladesh, Les Philippines ont décidé d’encourager
la Chine, la République dominicaine, la production alimentaire dans le but de
l’Indonésie et Madagascar. Dans certains parvenir à l’autosuffisance pour les aliments
cas, cette politique a été accompagnée de de base d’ici 2010. L’Arménie a annoncé
mesures favorisant l’accès aux mécanismes qu’elle s’efforce de devenir autosuffisante en
de financement et de crédit et de mesures blé d’ici 2009/10 par le biais de subventions
douanières telles que la réduction des taxes qui favorisent l’expansion des terres
à l’importation et la majoration des droits arables et de l’irrigation. Le Gouvernement
d’exportation sur les intrants. La Chine a du Kazakhstan a prévu d’injecter
augmenté son prix plancher pour le riz et le 3 millions d’USD dans le secteur agricole pour
blé. Elle a aussi renforcé en 2008 le soutien aider les agriculteurs à résister aux effets
accordé par l’État aux agriculteurs sans de la crise mondiale du crédit. La Malaisie a
intervention sur les prix, notamment sous alloué 1,29 milliard d’USD pour encourager
forme de paiements directs, de subventions la riziculture tout en augmentant le prix de
pour l’achat des semences et de machines soutien minimum du riz.
agricoles, de subventions pour les carburants
agricoles, et pour les engrais (Fang, 2009). Les Les politiques relatives à la
subventions totales en 2008 se sont élevées à consommation
102,9 milliards de RMB (14,8 milliards d’USD), Les politiques de soutien aux consommateurs
soit deux fois le montant de l’année et groupes vulnérables ont comporté entre
précédente. Le Gouvernement a recouru autres les mesures suivantes:
plusieurs fois en 2008 à la taxation des t subventions directes à la consommation;
exportations d’engrais chimiques, afin de t déductions fiscales;
contrôler les exportations et de satisfaire la t distribution des stocks publics;
demande des agriculteurs chinois. En Inde, t soutien des prix;
le prix de soutien minimum du paddy a fait t augmentation des salaires du secteur
un bond de 37 pour cent entre la campagne public;
de 2006/07 et celle de 2008/09 (de 6 200 à t programmes de protection sociale.
8 500 INR la tonne) (Gulati et Dutta, 2009). Les programmes ciblés de transfert de
Afin de stimuler la production, l’Indonésie a revenus peuvent s’avérer beaucoup plus
lancé un programme d’intensification de la efficaces et efficients pour atteindre les
production rizicole auquel participent l’Office pauvres que les abattements fiscaux et
national de la logistique (Bulog), des sociétés les subventions à la consommation. Les
privées, des banques et des groupements transferts d’aliments, les coupons et les bons
d’agriculteurs. Le subventionnement des d’alimentation ainsi que les programmes
engrais a également augmenté de 240 pour d’alimentation scolaire sont des exemples de
cent. L’UE a abrogé l’obligation de mise ce type d’assistance alimentaire.
136 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
137
caduques. Les mesures encore en vigueur limité sur les prix du marché. Globalement, il
ont été conservées dans le protocole de est estimé que les politiques examinées ont
modélisation pendant toute la période de accru la production mondiale de riz en 2007-
référence jusqu’en 201211. L’analyse s’est 09 mais ont fait baisser la consommation à
concentrée sur les marchés mondiaux du l’échelle mondiale en 2007.
riz et du blé qui sont les marchés les plus Pour les marchés du blé, les effets
touchés par les politiques adoptées. Les estimés sur les prix mondiaux sont plus
estimations de l’impact par pays peuvent atténués que pour le riz. À l’exception
varier considérablement par rapport aux de la période initiale, où les mesures
résultats cumulatifs12. douanières induisent une augmentation
Les impacts sur les marchés du riz et du des prix de 4 à 5 pour cent, l’impact le plus
blé, obtenus sur la base de ces scénarios significatif sur les marchés est imputable
et présentés dans la figure 25 illustrent aux politiques relatives à la production, qui
quelques aspects importants. Les marchés ont effectivement entraîné jusqu’à 6 pour
rizicoles, qui sont relativement «minces» si cent de baisse des prix (en 2009) et donné
on les compare aux niveaux de production une impulsion à la consommation et à la
et de consommation mondiaux, ont très production de blé. Si dans le cas du blé, le
nettement ressenti l’effet déstabilisateur des rôle estimé des mesures douanières est bien
mesures de lutte contre la hausse des prix, moins important que pour le riz, c’est que
avec des prix internationaux beaucoup plus d’une part leur prévalence est plus faible
élevés en 2007 et 2008 que dans le scénario que celles qui touchent le riz et que d’autre
de base. Dans le cas du riz, les distorsions part les marchés internationaux du blé sont
les plus importantes ont été provoquées par beaucoup moins «minces» que ceux du riz.
les mesures douanières mises en œuvre en En conclusion, l’analyse suggère que
2007 et 2008. Elles auraient à elles seules les politiques mises en œuvre ont accru la
fait monter les cours mondiaux du riz de production et la consommation de blé, avec
12 pour cent sur une base annualisée, aussi une baisse des prix de référence à l’échelle
bien en 2007 qu’en 2008. Si les mesures mondiale. Elle indique toutefois qu’elles ont
avaient été maintenues pendant les deux déstabilisé les marchés rizicoles, sans effet
campagnes commerciales, les effets auraient significatif à long terme sur les niveaux de
été encore plus marqués. Les estimations consommation. Il importe d’ajouter que la
indiquent que les politiques en matière de suspension totale de l’obligation de mise
stocks ont entraîné un relèvement des stocks hors culture de terres arables au sein de
de riz d’environ 30 à 35 pour cent pendant l’UE n’a pas été prise en compte. Dans le
ces deux années, majorant de quelque cas contraire, l’impact positif estimé sur la
5 et 3 pour cent respectivement les prix production et la consommation de produits
internationaux du riz pendant les campagnes cultivés aurait été beaucoup plus élevé,
de commercialisation de 2007 et 2008. surtout pour le blé et les autres grandes
Les mesures appliquées à la production, cultures d’Europe.
relativement mineures dans le cas des
marchés rizicoles, sont réputées n’avoir eu
aucune incidence sur les prix internationaux
pendant les premières années de la période CONCLUSIONS
à l’étude. En outre, les mesures prises pour La succession rapide de deux crises majeures
stimuler la consommation ont eu un impact – la crise alimentaire mondiale et la crise
financière couplée à la récession économique
11
Le modèle Aglink-Cosimo OCDE-FAO est annuel. Les – ont représenté le coup le plus dur porté
incidences des politiques en place pendant une partie à la sécurité alimentaire mondiale depuis
seulement d’une période de deux années ou plus ont plusieurs décennies. Ces deux crises ont
été introduites proportionnellement à leur durée sur les
différentes campagnes de commercialisation. Toutefois, entraîné une augmentation brutale du
pour les mesures à brève échéance, cette procédure peut nombre des personnes qui souffrent de la
avoir entraîné une sous-estimation de l’ampleur des effets à faim chronique et de la sous-alimentation
court terme en les répartissant sur plus de deux ans.
dans le monde ainsi qu’un renversement de
12
Un rapport en cours de préparation évaluera les
incidences pour d’autres secteurs de produits et affinera la tendance à la baisse, observée jusqu’alors,
l’analyse. de la proportion de la population mondiale
138 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
FIGURE 25
Estimation de l’impact des mesures relatives à la production, à la consommation, aux stocks
et aux frontières sur les marchés du riz et du blé
15
Production
10
Consommation
5
Stock
0
Frontière
–5
–15
2007 2008 2009 2010 2011 2012
1,0
Production
0,5
Consommation
0
–0,5 Stock
–1,0
Frontière
–1,5
Toutes les mesures
–2,0
–2,5
2007 2008 2009 2010 2011 2012
1,5
Production
1,0
Consommation
0,5
0 Stock
–0,5
Frontière
–1,0
Toutes les mesures
–1,5
–2,0
2007 2008 2009 2010 2011 2012
(Suite)
TO U R D ’ H O R I ZO N D E L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L’A L I M E N TAT I O N E T D E L’AG R I C U LT U R E
139
FIGURE 25 (fin)
Estimation de l’impact des mesures relatives à la production, à la consommation, aux stocks
et aux frontières sur les marchés du riz et du blé
4
Production
2
Consommation
0
Stock
–2
Frontière
–4
–8
2007 2008 2009 2010 2011 2012
1,5
Production
Consommation
1,0
Stock
0,5
Frontière
0
Toutes les mesures
– 0,5
2007 2008 2009 2010 2011 2012
140 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
n’ayant pas accès à une alimentation aggravé les problèmes rencontrés au niveau
adéquate pour mener une vie saine et active. international et provoqué la déstabilisation
Les origines de la crise financière – et des marchés.
du ralentissement économique qu’elle a Ce rapport a présenté une analyse
déclenché – sont totalement étrangères des conséquences probables d’une
au secteur agricole ainsi qu’aux pays en amélioration de la croissance des revenus
développement où les segments les plus et de la remontée des cours des produits
pauvres de la population en subissent énergétiques. Elle confirme que l’impact
aujourd’hui les effets les plus dévastateurs. serait considérable et que, de fait, les prix
S’il est vrai qu’indépendamment de sa agricoles pourraient encore monter. Le
rapidité, la reprise de l’économie mondiale rapport a également analysé l’impact sur
dépendra de facteurs qui dépassent le cadre la production et les marchés agricoles des
de l’alimentation et de l’agriculture, l’impact politiques introduites en guise de protection
de la crise exige dans l’immédiat des mesures contre la hausse des prix et constaté que
efficaces afin de protéger les premières nombre d’entre elles ont eu un effet
victimes de la crise, qui sont les pauvres déstabilisateur. La situation mondiale de
et les personnes vivant dans l’insécurité l’alimentation et de l’agriculture 2008
alimentaire. (FAO, 2008b) analysait aussi les effets de
Au-delà du redressement après la crise – la demande croissante de biocarburants
dont on espère qu’il sera prompt – il reste sur les marchés agricoles et les incidences
de nombreux problèmes liés à l’alimentation de différents scénarios de croissance de la
et à l’agriculture mondiale, soulignés productivité agricole.
dans le présent rapport, qui suscitent Dans le contexte actuel, marqué par
des inquiétudes. En dépit d’une baisse de graves difficultés et par des risques
par rapport à la ligne de crête de 2008, et incertitudes concernant l’avenir, des
et hors effets de la crise économique, les efforts doivent être déployés dans quatre
cours mondiaux des denrées alimentaires directions au moins. Il importe de faire
sont encore élevés par rapport aux face aux répercussions immédiates de
macrotendances récentes et rien ne laisse la crise au moyen de filets de sécurité
prévoir une baisse, du moins sur le moyen et de programmes de protection sociale
terme. En même temps, divers facteurs appropriés afin de protéger les pauvres et
latents pourraient provoquer une nouvelle les victimes de l’insécurité alimentaire. Il est
poussée des prix encore plus forte que la nécessaire d’intensifier les investissements
précédente. Le retour de conditions de dans l’agriculture dans le double but
croissance des revenus dans les pays en de stimuler des accroissements durables
développement fera repartir la demande de de la productivité, afin d’améliorer la
produits agricoles. L’augmentation des prix situation de l’offre, et d’exploiter le rôle
réels de l’énergie pourra avoir un effet sur la potentiel de l’agriculture en tant qu’agent
production vivrière en raison d’une part de du développement économique et de
ses répercussions sur les coûts des intrants et lutte contre la pauvreté dans les PMA. À
des transports et d’autre part de la demande cet égard, les prix élevés offrent aussi de
accrue de produits agricoles servant de nouvelles chances aux producteurs et sous-
matières premières aux biocarburants. entendent des rendements accrus pour les
L’incorporation obligatoire de biocarburants investissements privés ou publics réalisés
et d’autres mesures d’incitation en faveur dans le secteur agricole. La progression de la
de la production et de la consommation de faim dans le monde bien avant l’apparition
biocarburants, en vigueur dans plusieurs de la crise économique suggère que les
pays, entraîneront mécaniquement la hausse solutions techniques étaient insuffisantes.
des prix agricoles. À ces facteurs s’ajoutent Pour se sortir de la sous-alimentation, ceux
les inquiétudes suscitées par le recul de la qui souffrent d’insécurité alimentaire doivent
croissance de la productivité agricole, tandis pouvoir exercer le contrôle des ressources,
que l’expérience de la crise alimentaire des profiter de toutes les possibilités et bénéficier
années 2006-08 a montré que plusieurs d’un contexte de gouvernance améliorée aux
mesures adoptées dans le but de protéger niveaux local, national et international sur la
les populations des pays peuvent avoir base des principes du droit à l’alimentation.
TO U R D ’ H O R I ZO N D E L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L’A L I M E N TAT I O N E T D E L’AG R I C U LT U R E
141
Enfin il est nécessaire de renforcer le système l’agriculture, du développement agricole et
commercial international afin que les mesures de la sécurité alimentaire mondiale. Cette
adoptées pour protéger la population du attention trouve de plus en plus d’occasions
pays ne puissent déstabiliser les marchés de s’exprimer et mobilise des enceintes
internationaux et pénaliser d’autres pays. toujours plus prestigieuses. Elle devrait être
Ces grands domaines d’actions sont le germe d’efforts plus déterminés à tous
désormais largement reconnus et appuyés les niveaux pour promouvoir l’agriculture
par la communauté internationale. S’il fallait en tant que source de développement et de
souligner un seul aspect positif de la grave réduction de la pauvreté et d’actions plus
crise actuelle, ce serait certainement le décisives afin d’éliminer la faim et l’insécurité
regain d’intérêt qu’elle suscite en faveur de alimentaire dans le monde.
Troisième partie
ANNEXE STATISTIQUE
p
ANNEXE STATISTIQUE
145
TABLEAU A1
Production de produits de l’élevage, 1995-2007
MONDE 206 853 285 700 2,7 540 207 671 274 1,8 46 853 67 751 3,1
PAYS DÉVELOPPÉS 99 572 110 250 0,9 345 533 357 774 0,3 17 317 18 860 0,7
PAYS À ÉCONOMIE
19 541 18 993 –0,2 107 554 101 505 –0,5 4 375 5 078 1,2
ANCIENNEMENT PLANIFIÉE
AUTRES PAYS DÉVELOPPÉS 80 031 91 257 1,1 237 979 256 268 0,6 12 942 13 782 0,5
Allemagne 5 822 7 053 1,6 28 629 27 935 –0,2 836 800 –0,4
Australie 3 297 4 164 2,0 8 460 10 350 1,7 138 166 1,5
Autriche 874 854 –0,2 3 168 3 167 0,0 103 90 –1,1
146 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
TABLEAU A1 (suite)
PAYS EN DÉVELOPPEMENT 107 281 175 450 4,2 194 675 313 500 4,1 29 536 48 891 4,3
ASIE DE L’EST
58 411 106 248 5,1 13 627 42 909 10,0 20 130 34 626 4,6
ET DU SUD-EST
147
TABLEAU A1 (suite)
AMÉRIQUE LATINE
27 449 40 262 3,2 49 768 68 733 2,7 4 281 6 317 3,3
ET CARAÏBES
TABLEAU A1 (suite)
PROCHE-ORIENT ET
6 610 9 693 3,2 25 442 36 413 3,0 2 011 2 999 3,4
AFRIQUE DU NORD
ASIE DU SUD 7 159 9 353 2,3 87 655 140 614 4,0 1 965 3 369 4,6
Bangladesh 370 502 2,6 1 985 2 888 3,2 116 161 2,7
Inde 4 631 6 322 2,6 65 368 102 923 3,9 1 496 2 670 4,9
Népal 205 270 2,3 1 008 1 397 2,8 20 28 2,9
Pakistan 1 857 2 161 1,3 19 006 33 230 4,8 285 459 4,1
Sri Lanka 95 99 0,3 288 176 –4,0 49 52 0,5
AFRIQUE SUBSAHARIENNE 7 129 9 291 2,2 17 635 24 319 2,7 1 106 1 539 2,8
Afrique du Sud 1 397 2 111 3,5 2 794 3 000 0,6 251 385 3,6
Angola 112 140 1,9 147 195 2,4 4 4 0,4
Bénin 45 58 2,2 24 37 3,8 6 11 4,4
Botswana 74 56 –2,3 109 106 –0,2 3 3 0,5
ANNEXE STATISTIQUE
149
TABLEAU A1 (fin)
TABLEAU A2
Production des principales catégories de viande, 1995-2007
MONDE 80 123 115 454 54 602 86 772 54 191 61 881 10 436 14 038
PAYS DÉVELOPPÉS 35 990 39 457 27 746 36 956 30 774 29 398 3 498 3 233
PAYS À ÉCONOMIE
8 407 7 742 2 917 5 135 6 968 5 078 948 774
ANCIENNEMENT PLANIFIÉE
Albanie 14 10 4 8 31 42 18 20
Arménie 5 12 7 6 30 43 7 10
Azerbaïdjan 2 1 14 49 41 76 23 46
Bélarus 263 368 69 155 316 290 4 1
Bosnie-Herzégovine 11 11 11 24 16 25 1 2
Bulgarie 256 75 106 105 63 23 45 24
Croatie 56 56 39 46 26 32 2 2
Estoni 35 35 6 12 26 14 1 1
Fédération de Russie 1 865 1 788 859 1 769 2 733 1 828 261 160
Géorgie 44 35 10 15 53 49 8 9
Hongrie 578 490 387 379 58 34 2 1
Kazakhstan 113 218 53 52 548 384 206 125
Kirghizistan 28 19 3 6 85 92 54 47
Lettonie 63 40 11 21 48 23 1 1
Lituanie 93 114 26 73 87 60 2 1
Macédoine, L’ex
9 9 5 4 7 7 10 7
République yougoslave de
Monténégro 2
Ouzbékistan 16 19 16 25 392 586 83 89
Pologne 1 962 2 100 384 878 386 355 6 1
République de Moldova 60 54 25 35 47 17 3 3
République tchèque 502 360 152 236 170 80 4 2
Roumanie 673 526 286 318 202 186 75 61
Serbie 560 96 80 21
Serbie-et-Monténégro 644 107 227 29
Slovaquie 243 130 31 87 59 25 2 1
Slovénea 61 57 67 54 51 36 1 2
Tadjikistan 1 3 1 1 32 27 11 29
Turkménistan 3 0 4 13 51 102 50 97
Ukraine 807 650 235 670 1 186 563 40 15
AUTRES PAYS
27 583 31 716 24 830 31 820 23 806 24 320 2 550 2 459
DÉVELOPPÉS
151
TABLEAU A2 (suite)
PAYS EN
44 133 75 996 26 855 49 817 23 417 32 483 6 938 10 805
DÉVELOPPEMENT
ASIE DE L’EST
37 793 68 355 12 522 22 158 4 530 8 768 2 007 5 202
ET DU SUD-EST
Brunéi Darussalam 0 0 4 18 1 2 0 0
Cambodge 82 140 20 25 40 63
Chine continentale 32 000 60 000 8 000 15 320 3 265 7 250 1 745 4 850
Chine, Hong Kong
Région administrative 159 185 59 41 25 15 0 0
spéciale
Chine, Macao Région
9 5 7 1 1 0 0
administrative spéciale
Chine, Taïwan Province de 1 233 965 610 666 5 6 4 4
Corée, République de 799 915 402 596 221 237 3 3
Corée, République
populaire démocratique 115 169 24 45 31 21 4 12
de
Indonésie 572 597 876 1 356 312 418 94 148
Malaisie 283 226 707 1 042 16 22 1 1
Mongolie 1 0 0 0 69 52 112 111
Myanmar 116 380 117 726 95 122 8 24
Philippines 805 1 501 419 649 97 170 31 35
152 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
TABLEAU A2 (suite)
République
démocratique populaire 29 47 10 21 13 23 0 1
lao
Singapour 86 19 86 81 0 0 0 0
Thaïlande 489 700 1 007 1 136 254 198 1 1
Timor-Leste 9 10 1 2 1 1 1 0
Viet Nam 1 007 2 500 176 428 83 166 4 11
AMÉRIQUE LATINE
5 044 6 149 8 894 17 249 12 595 15 773 439 456
ET CARAÏBES
Antigua-et-Barbuda 0 0 0 0 1 1 0 0
Antilles néerlandaises 0 0 1 0 0 0 0 0
Argentine 211 230 817 1 204 2 688 2 830 88 62
Bahamas 0 0 7 8 0 0 0 0
Barbade 3 2 11 15 1 0 0 0
Belize 1 1 7 15 1 3 0 0
Bolivie, État
62 108 97 134 140 170 20 24
plurinational de
Brésil 2 800 3 130 4 154 8 907 5 710 7 900 125 120
Chili 172 470 321 614 258 240 15 17
Colombie 133 130 553 760 702 790 14 14
Costa Rica 24 39 60 97 94 82 0 0
Cuba 107 100 57 31 67 56 4 10
Dominique 0 0 0 0 0 1 0 0
Équateur 89 165 105 210 149 210 7 13
El Salvador 11 17 40 109 29 34 0 0
Grenade 0 0 0 1 0 0 0 0
Guatemala 9 27 105 160 54 65 3 2
Guyana 1 1 7 24 4 2 1 1
Haïti 23 33 7 8 24 42 4 7
Honduras 8 10 50 145 64 75 0 0
Jamaïque 7 9 45 102 17 14 0 1
Mexique 922 1 200 1 315 2 543 1 412 1 650 68 95
Nicaragua 5 7 29 88 49 90 0 0
Panama 17 22 59 85 61 57
Paraguay 130 99 34 39 226 220 3 4
Pérou 80 108 355 800 107 165 26 42
République dominicaine 62 79 137 297 80 74 1 2
Saint-Kitts-et-Nevis 0 0 0 0 0 0 0 0
Sainte-Lucie 1 1 1 1 1 1 0 0
Saint-Vincent-et-les
1 1 0 0 0 0 0 0
Grenadines
Suriname 1 2 4 6 2 2 0 0
Trinité-et-Tobago 2 3 30 60 1 1 0 0
Uruguay 22 19 41 46 338 570 52 32
ANNEXE STATISTIQUE
153
TABLEAU A2 (suite)
Venezuela, République
139 138 445 740 316 430 7 10
bolivarienne du
PROCHE-ORIENT ET
51 54 2 901 5 291 1 370 1 832 1 811 1 963
AFRIQUE DU NORD
ASIE DU SUD 509 515 1 103 2 988 1 929 2 105 1 490 1 545
AFRIQUE
634 805 1 336 2 031 2 941 3 962 1 176 1 630
SUBSAHARIENNE
Afrique du Sud 127 150 604 982 508 805 146 155
Angola 26 28 7 9 65 85 6 11
Bénin 7 4 11 17 15 23 6 8
Botswana 0 0 8 5 46 31 9 7
Burkina Faso 12 40 22 33 67 116 33 46
154 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
TABLEAU A2 (fin)
Burundi 5 4 6 6 10 6 5 4
Cameron 12 16 21 30 73 92 28 32
Cap-Vert 8 8 1 0 0 0 0 1
Comores 0 1 1 1 0 0
Congo 2 2 6 5 1 2 1 1
Congo, République
28 24 13 11 16 13 23 21
démocratique du
Côte d’Ivoire 13 12 24 69 37 52 11 9
Djibouti 3 6 4 5
Érythrée 4 2 10 17 10 11
Éthiopie 1 2 36 48 235 350 61 124
Gabon 2 3 3 4 1 1 1 1
Gambie 0 1 1 1 3 3 1 1
Ghana 11 4 12 30 21 24 11 22
Guinée 1 2 3 6 25 41 6 12
Guinée-Bissau 10 12 1 2 4 5 1 2
Kenya 8 12 20 17 239 390 59 75
Lesotho 3 3 2 2 11 11 6 6
Libéria 4 6 5 10 1 1 1 2
Madagascar 65 70 48 72 146 147 10 9
Malawi 16 21 14 15 15 16 3 7
Mali 2 2 26 38 85 134 48 89
Maurice 1 1 19 37 3 2 0 0
Mauritanie 0 0 4 4 10 23 21 39
Mozambique 12 13 30 40 37 38 3 3
Namibie 2 2 3 8 48 42 7 12
Niger 1 1 24 29 25 45 35 44
Nigéria 130 212 169 233 267 287 180 254
Ouganda 66 60 36 38 86 106 26 35
République
10 13 3 4 48 74 8 13
centrafricaine
République-Unie de
10 13 35 47 246 247 37 41
Tanzanie
Rwanda 2 5 1 2 10 22 2 5
Sao Tomé-et-Principe 0 0 0 1 0 0 0 0
Sénégal 4 11 17 31 44 49 23 29
Seychelles 1 1 1 1 0 0 0 0
Sierra Leone 2 2 9 11 6 5 1 3
Somalie 0 0 3 4 50 66 57 90
Soudan 25 28 225 340 237 334
Swaziland 1 1 1 5 14 13 3 2
Tchad 0 1 4 5 63 86 24 38
Togo 5 5 7 13 6 6 3 8
Zambie 10 11 25 37 44 42 3 5
Zimbabwe 13 28 19 40 73 97 11 14
Note: Les totaux pour les pays en développement et le monde comprennent quelques pays non inclus dans les agrégats régionaux.
ANNEXE STATISTIQUE
155
TABLEAU A3
Consommation de produits de l’élevage par habitant, 1995-2005
MONDE 35,7 41,2 1,5 75,6 82,1 0,8 7,3 9,0 2,1
PAYS DÉVELOPPÉS 77,3 82,1 0,6 198,3 207,7 0,5 12,3 13,0 0,6
PAYS À ÉCONOMIE
50,6 51,5 0,2 156,6 176,0 1,2 9,6 11,4 1,7
ANCIENNEMENT PLANIFIÉE
Albanie 27,6 40,9 4,0 289,8 296,4 0,2 5,4 5,7 0,6
Arménie 23,0 29,2 2,4 70,8 107,5 4,3 3,6 6,9 6,7
Azerbaïdjan 13,5 19,4 3,7 98,5 132,3 3,0 4,3 5,5 2,6
Bélarus 59,4 60,9 0,3 252,0 191,9 –2,7 16,5 14,5 –1,3
Bosnie-Herzégovine 23,8 21,7 –0,9 97,3 172,6 5,9 4,2 4,9 1,6
Bulgarie 59,0 51,2 –1,4 157,8 158,0 0,0 11,5 12,1 0,6
Croatie 35,2 38,9 1,0 163,0 197,2 1,9 9,5 10,2 0,7
Estonie 49,2 59,7 2,0 273,3 254,6 –0,7 13,4 10,4 –2,5
Fédération de Russie 52,9 52,1 –0,1 129,0 168,8 2,7 11,9 13,9 1,5
Géorgie 27,6 31,2 1,2 90,0 149,1 5,2 5,7 7,3 2,6
Hongrie 77,9 155,3 16,8
Kazakhstan 54,3 56,0 0,3 171,0 245,7 3,7 5,7 8,7 4,3
Kirghizistan 37,7 34,9 –0,8 172,4 202,9 1,6 1,7 3,4 6,8
Lettonie 57,3 57,5 0,0 243,4 280,1 1,4 9,3 13,3 3,6
Lituanie 52,5 70,6 3,0 140,8 230,6 5,1 10,0 10,6 0,6
Macédoine, L’ex
République yougoslave 37,2 37,9 0,2 103,9 127,4 2,1 10,5 8,9 –1,7
de
Ouzbékistan 29,3 24,5 –1,8 162,6 157,8 –0,3 2,9 3,9 2,9
Pologne 69,0 76,8 1,1 194,3 178,7 –0,8 8,6 12,0 3,4
République de Moldova 22,5 38,2 5,4 140,0 158,0 1,2 4,1 9,7 9,0
République tchèque 84,2 86,6 0,3 200,9 195,7 –0,3 13,1 9,5 –3,2
Roumanie 54,7 63,9 1,6 194,6 246,5 2,4 9,9 14,3 3,7
Serbie-et-Monténégro 94,1 82,0 –1,4 151,3 161,9 0,7 7,9 7,1 –1,1
Slovaquie 65,0 64,7 0,0 136,0 125,8 –0,8 16,5 12,5 –2,7
Slovénie 91,6 93,9 0,2 208,5 253,1 2,0 7,0 6,0 –1,5
Tadjikistan 11,0 11,9 0,8 67,0 81,8 2,0 0,5 0,8 6,2
Turkménistan 30,1 42,8 3,6 127,5 146,9 1,4 3,5 6,7 6,7
Ukraine 39,3 38,6 –0,2 180,8 162,7 –1,0 10,0 13,4 2,9
AUTRES PAYS DÉVELOPPÉS 90,2 95,8 0,6 218,7 221,8 0,1 13,6 13,8 0,1
Allemagne 83,2 83,3 0,0 238,2 248,7 0,4 12,3 11,8 –0,4
Australie 105,7 117,6 1,1 246,6 233,9 –0,5 6,2 5,2 –1,7
Autriche 106,3 109,1 0,3 271,0 226,6 –1,8 13,5 13,3 –0,2
Belgique 82,4 244,5 11,4
Belgique-Luxembourg 88,7 200,9 13,9
Canada 93,7 96,3 0,3 204,7 201,2 –0,2 10,3 11,6 1,3
156 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
TABLEAU A3 (suite)
Danemark 101,7 100,7 –0,1 253,8 296,8 1,6 16,1 19,0 1,6
Espagne 101,9 107,9 0,6 162,0 160,4 –0,1 13,9 15,5 1,0
États-Unis d’Amérique 117,1 126,6 0,8 258,2 256,5 –0,1 13,3 14,6 1,0
Finlande 61,5 70,8 1,4 361,5 339,3 –0,6 11,2 8,3 –2,9
France 97,4 88,6 –0,9 269,5 263,3 –0,2 15,8 13,0 –1,9
Grèce 80,1 79,2 –0,1 257,3 271,3 0,5 9,8 9,2 –0,6
Irlande 84,6 100,7 1,8 246,7 254,5 0,3 7,6 7,0 –0,9
Islande 70,0 83,7 1,8 256,6 233,7 –0,9 7,3 8,7 1,8
Israël 66,3 99,7 4,2 218,0 183,9 –1,7 13,2 9,2 –3,6
Italie 83,6 88,0 0,5 232,2 252,1 0,8 11,9 11,6 –0,3
Japon 43,6 45,4 0,4 68,3 64,5 –0,6 19,6 19,0 –0,3
Luxembourg 142,5 316,5 7,5
Malte 77,2 82,4 0,6 172,5 186,5 0,8 20,5 12,0 –5,2
Norvège 57,7 65,7 1,3 263,9 260,4 –0,1 10,5 10,1 –0,4
Nouvelle-Zélande 122,6 104,0 –1,6 103,9 92,0 –1,2 9,7 10,8 1,1
Pays-Bas 91,2 77,8 –1,6 365,8 313,2 –1,5 16,5 16,9 0,2
Portugal 74,8 86,0 1,4 168,8 216,5 2,5 8,5 9,7 1,4
Royaume-Uni 73,5 83,9 1,3 216,1 248,9 1,4 9,9 10,2 0,3
Suisse 73,6 72,3 –0,2 319,4 302,6 –0,5 9,8 10,1 0,3
Sweden 64,8 77,1 1,8 346,8 367,7 0,6 11,3 11,1 –0,2
PAYS EN
24,0 30,9 2,6 41,1 50,5 2,1 6,0 8,0 3,1
DÉVELOPPEMENT
ASIE DE L’EST
32,3 48,2 4,1 9,1 21,0 8,7 10,2 15,4 4,2
ET DU SUD-EST
Brunéi Darussalam 70,2 60,6 –1,5 78,9 138,8 5,8 17,4 14,6 –1,7
Cambodge 13,3 16,4 2,1 4,7 5,5 1,5 1,1 1,1 0,6
Chine continentale 38,2 59,5 4,5 6,6 23,2 13,4 12,8 20,2 4,7
Chine, Hong Kong
Région administrative 121,2 134,2 1,0 60,5 58,2 –0,4 12,9 11,6 –1,1
spéciale
Chine, Macao Région
84,4 97,2 1,4 53,6 55,9 0,4 9,3 15,2 5,0
administrative spéciale
Chine, Taïwan
75,0 78,7 0,5 51,5 35,6 –3,6 12,1 12,4 0,2
Province de
Corée, République de 38,1 48,9 2,5 20,5 26,8 2,7 9,2 9,9 0,8
Corée, République
populaire 8,1 14,6 6,0 3,7 4,8 2,5 2,6 5,5 7,6
démocratique de
Indonésie 9,7 10,0 0,3 7,4 9,5 2,5 3,0 3,8 2,4
Malaisie 52,2 51,3 –0,2 60,2 44,8 –2,9 12,4 9,6 –2,5
Mongolie 87,8 72,3 –1,9 106,5 126,6 1,7 0,1 0,5 20,8
Myanmar 8,2 23,0 10,8 13,9 22,3 4,9 1,0 3,5 13,0
République démocratique
14,4 17,6 2,0 4,6 5,1 0,9 0,8 1,9 9,3
populaire lao
ANNEXE STATISTIQUE
157
TABLEAU A3 (suite)
Singapour 23,9 29,6 2,2 22,0 16,0 –3,1 5,8 6,4 1,1
Thaïlande 28,5 26,7 –0,6 26,4 26,0 –0,2 10,4 9,4 –1,0
Timor-Leste 38,0 34,0 –1,1 11,7 24,7 7,8 1,2 2,3 6,4
Viet Nam 18,8 34,9 6,4 4,0 11,2 11,0 1,6 2,1 2,5
AMÉRIQUE LATINE
54,8 61,9 1,2 106,1 109,7 0,3 7,5 8,6 1,3
ET CARAÏBES
Antigua-et-Barbuda 68,3 78,8 1,4 142,7 136,9 –0,4 2,5 4,3 5,6
Antilles néerlandaises 83,4 95,2 1,3 164,4 130,9 –2,3 3,1 3,9 2,2
Argentine 90,9 88,6 –0,3 211,5 186,1 –1,3 7,1 6,5 –0,8
Bahamas 90,0 98,8 0,9 102,0 70,5 –3,6 3,2 3,8 1,7
Barbade 72,6 73,4 0,1 99,8 116,2 1,5 3,0 5,4 6,0
Belize 41,3 49,2 1,8 84,4 92,9 1,0 5,6 3,3 –5,2
Bolivie, État
43,2 51,3 1,7 35,7 41,0 1,4 7,5 4,8 –4,4
plurinational de
Brésil 75,3 80,8 0,7 114,7 120,8 0,5 7,4 6,8 –0,9
Chili 57,0 70,6 2,2 120,4 104,3 –1,4 4,6 5,8 2,4
Colombie 37,1 38,2 0,3 110,2 120,3 0,9 7,8 9,3 1,7
Costa Rica 42,8 39,5 –0,8 158,5 164,7 0,4 13,3 9,2 –3,7
Cuba 24,1 31,6 2,8 95,0 73,0 –2,6 5,5 7,6 3,3
Dominique 65,6 71,2 0,8 141,1 147,2 0,4 2,6 2,6 0,1
El Salvador 15,9 24,9 4,6 74,8 102,6 3,2 6,5 8,8 3,1
Équateur 31,6 46,5 3,9 97,5 94,0 –0,4 4,5 5,0 1,3
Grenade 51,9 65,4 2,3 95,3 140,6 4,0 7,3 6,9 –0,6
Guatemala 17,6 24,6 3,4 41,1 42,2 0,3 8,6 6,2 –3,2
Guyana 25,5 36,9 3,8 61,6 161,3 10,1 1,8 1,5 –1,9
Haïti 9,3 14,1 4,2 15,8 13,3 –1,7 0,5 0,5 –1,1
Honduras 21,4 36,5 5,5 90,0 105,9 1,6 6,2 4,8 –2,6
Jamaïque 38,8 61,2 4,7 107,7 109,0 0,1 2,3 2,9 2,6
Mexique 44,9 62,2 3,3 94,5 117,1 2,2 11,6 16,6 3,6
Nicaragua 12,2 20,3 5,2 43,0 87,4 7,4 5,5 3,5 –4,3
Panama 51,5 57,7 1,1 59,5 67,5 1,3 3,4 6,5 6,7
Paraguay 77,3 32,3 –8,4 82,5 63,9 –2,5 7,8 16,1 7,5
Pérou 18,8 25,9 3,3 51,0 49,9 –0,2 3,5 4,7 3,2
République dominicaine 34,9 47,7 3,2 75,9 80,7 0,6 4,4 5,9 3,1
Sainte-Lucie 88,0 88,1 0,0 99,8 111,0 1,1 3,4 8,2 9,1
Saint-Kitts-et-Nevis 73,5 85,4 1,5 80,5 85,5 0,6 5,5 3,5 –4,5
Saint-Vincent-et-les
63,9 76,7 1,8 54,9 73,5 3,0 5,2 5,0 –0,4
Grenadines
Suriname 32,2 45,4 3,5 57,8 44,5 –2,6 9,1 5,0 –5,8
Trinité-et-Tobago 33,6 41,8 2,2 103,5 99,5 –0,4 1,9 3,3 6,0
Uruguay 99,2 68,4 –3,6 196,2 150,0 –2,6 8,3 10,9 2,8
Venezuela, République
48,2 60,8 2,3 89,4 68,2 –2,7 4,9 5,5 1,0
bolivarienne du
158 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
TABLEAU A3 (suite)
PROCHE-ORIENT ET
22,6 27,3 1,9 74,8 81,6 0,9 5,4 6,3 1,5
AFRIQUE DU NORD
Afghanistan 15,7 13,6 –1,4 68,2 63,0 –0,8 0,7 0,7 0,3
Algérie 18,8 21,6 1,4 102,8 119,2 1,5 4,0 4,7 1,5
Arabie saoudite 46,3 54,5 1,6 70,8 85,5 1,9 5,2 5,0 –0,5
Chypre 99,4 104,4 0,5 176,4 162,8 –0,8 10,7 9,6 –1,1
Égypte 19,5 22,3 1,4 40,9 50,6 2,2 2,2 2,7 1,8
Émirats arabes unis 94,4 72,4 –2,6 141,7 97,0 –3,7 12,3 10,0 –2,1
Iran, République
22,2 30,4 3,2 53,7 70,5 2,8 6,4 8,9 3,4
islamique d’
Iraq 5,3 7,1 2,9 17,2 42,9 9,6 0,9 2,6 11,1
Jamahiriya arabe
34,7 27,6 –2,3 86,5 110,5 2,5 7,5 9,2 2,0
libyenne
Jordanie 34,2 36,5 0,7 64,7 65,4 0,1 7,4 4,4 –5,2
Koweït 66,3 92,9 3,4 175,4 82,4 –7,3 12,2 12,8 0,5
Liban 32,1 54,5 5,5 94,8 110,0 1,5 5,3 7,9 4,2
Maroc 18,6 23,8 2,5 32,9 38,1 1,5 6,2 5,2 –1,8
République arabe
18,5 19,5 0,5 85,2 104,9 2,1 6,1 7,3 1,7
syrienne
Territoire palestinien
27,0 56,2 8,9
occupé
Tunisie 20,9 25,7 2,1 78,1 98,4 2,3 5,8 7,2 2,3
Turquie 19,4 21,2 0,9 137,4 125,3 –0,9 7,8 9,1 1,6
Yémen 9,7 17,1 5,8 23,7 36,5 4,4 1,1 1,8 5,2
ASIE DU SUD 5,6 5,8 0,3 59,8 69,5 1,5 1,3 1,7 2,6
Bangladesh 2,9 3,1 0,7 13,1 15,1 1,4 0,7 0,9 1,6
Inde 4,7 5,1 0,8 57,7 65,2 1,2 1,3 1,8 3,0
Maldives 11,1 19,4 5,7 45,0 90,8 7,3 5,6 9,9 5,9
Népal 9,4 9,7 0,3 36,4 40,7 1,1 0,8 1,0 2,0
Pakistan 14,5 12,2 –1,7 126,1 158,3 2,3 1,8 2,2 1,7
Sri Lanka 5,3 7,1 3,0 31,5 30,8 –0,2 2,4 2,0 –1,6
AFRIQUE
12,4 13,3 0,7 27,9 30,1 0,7 1,6 1,6 0,3
SUBSAHARIENNE
Afrique du Sud 37,3 46,2 2,2 56,1 54,1 –0,4 4,6 5,8 2,3
Angola 11,3 18,8 5,3 18,6 12,8 –3,7 0,3 1,1 13,3
Bénin 10,3 12,3 1,8 6,2 8,8 3,6 0,8 0,9 1,2
Botswana 32,3 26,0 –2,1 113,7 82,3 –3,2 1,7 2,8 5,3
Burkina Faso 13,9 15,9 1,4 18,1 16,3 –1,0 2,4 2,4 –0,3
Burundi 4,3 3,7 –1,5 7,1 3,5 –6,9 0,4 0,3 –4,1
ANNEXE STATISTIQUE
159
TABLEAU A3 (suite)
Cameroun 12,9 13,5 0,4 14,4 13,7 –0,5 0,7 0,5 –2,4
Cap-Vert 29,3 33,7 1,4 88,7 94,6 0,6 4,9 3,4 –3,7
Comores 7,9 11,2 3,6 11,8 9,0 –2,7 1,0 0,9 –1,8
Congo 18,3 21,0 1,4 10,1 20,9 7,5 0,3 0,8 9,8
Congo, République
5,4 4,6 –1,6 0,9 1,3 3,2 0,1 0,1 –0,2
démocratique du
Côte d’Ivoire 13,7 13,0 –0,5 8,5 10,0 1,6 0,9 1,2 3,2
Djibouti 15,2 20,9 3,2 58,2 53,1 –0,9 0,8 0,3 –9,1
Érythrée 7,8 7,1 –0,9 16,9 13,1 –2,5 1,2 0,4 –11,0
Éthiopie 7,8 8,3 0,7 16,3 22,4 3,2 0,4 0,4 –0,2
Gabon 57,0 64,4 1,2 26,1 37,5 3,7 1,3 1,2 –0,8
Gambie 5,9 8,7 4,0 14,6 19,9 3,1 1,0 1,6 4,2
Ghana 9,5 10,6 1,1 2,8 7,2 10,0 0,6 0,8 4,0
Guinée 5,8 7,5 2,6 14,2 13,1 –0,8 1,1 1,8 4,8
Guinée-Bissau 13,8 12,9 –0,7 16,5 13,2 –2,2 0,4 0,6 3,9
Kenya 13,0 15,4 1,7 73,5 75,8 0,3 1,5 1,4 –1,1
Lesotho 17,8 17,1 –0,4 18,2 19,5 0,7 0,7 0,7 0,5
Libéria 9,4 9,5 0,2 3,4 3,8 1,1 1,8 2,3 2,6
Madagascar 19,2 14,2 –2,9 35,6 27,6 –2,5 0,9 0,8 –1,1
Malawi 4,7 4,6 –0,2 3,7 5,1 3,1 1,5 1,3 –1,4
Mali 21,1 22,4 0,6 52,7 56,7 0,7 0,8 0,4 –6,1
Maurice 31,4 42,4 3,1 110,8 118,1 0,6 3,0 3,8 2,6
Mauritanie 24,3 32,2 2,8 145,4 151,4 0,4 1,7 1,5 –1,3
Mozambique 5,3 5,7 0,8 6,9 4,5 –4,2 0,6 0,5 –1,7
Namibie 14,7 30,1 7,4 38,1 82,6 8,1 0,8 1,5 5,7
Niger 11,3 11,4 0,1 33,1 29,6 –1,1 0,7 0,5 –2,3
Nigéria 7,8 7,5 –0,4 12,4 6,2 –6,6 3,3 3,3 –0,1
Ouganda 10,9 10,2 –0,7 21,2 24,3 1,4 0,6 0,5 –2,2
République centrafricaine 25,8 31,0 1,8 14,2 16,2 1,4 0,4 0,3 –1,2
République-Unie de
11,4 9,5 –1,8 22,7 24,3 0,7 1,1 0,8 –2,8
Tanzanie
Rwanda 4,3 5,6 2,7 18,1 15,4 –1,6 0,3 0,2 –3,2
Sao Tomé-et-Principe 7,9 13,7 5,7 11,3 34,7 11,8 1,7 3,0 6,0
Sénégal 11,2 12,4 1,1 26,5 26,6 0,1 1,0 1,9 6,7
Seychelles 22,9 29,0 2,4 95,3 78,8 –1,9 6,1 6,1 0,0
Sierra Leone 5,2 4,9 –0,7 6,4 4,2 –4,0 1,4 1,3 –0,8
Somalie 22,3 23,5 0,5 247,5 191,4 –2,5 0,3 0,2 –1,6
Soudan 18,6 22,0 1,7 141,8 202,7 3,6 1,1 1,1 0,1
Swaziland 25,1 32,6 2,7 43,0 82,3 6,7 2,0 4,9 9,3
Tchad 13,3 12,6 –0,6 23,0 22,5 –0,2 0,4 0,3 –3,3
Togo 6,2 6,5 0,5 5,2 4,3 –1,8 1,1 0,7 –3,5
Zambie 12,1 13,4 1,0 8,9 7,4 –1,8 3,1 3,6 1,6
Zimbabwe 9,6 16,9 5,9 17,4 17,1 –0,2 1,3 1,4 1,0
160 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 9
TABLEAU A4
Apports caloriques des produits de l’élevage, par habitant, 1995-2005
Calories issues des produits Part des calories venant des produits
de l’élevage de l’élevage
(Kcal/personne/jour) (Taux de croissance (Pourcentage) (Taux de croissance
annuelle en %) annuelle en %)
161
TABLEAU A4 (suite)
Calories issues des produits Part des calories venant des produits
de l’élevage de l’élevage
(Kcal/personne/jour) (Taux de croissance (Pourcentage) (Taux de croissance
annuelle en %) annuelle en %)
TABLEAU A4 (suite)
Calories issues des produits Part des calories venant des produits
de l’élevage de l’élevage
(Kcal/personne/jour) (Taux de croissance (Pourcentage) (Taux de croissance
annuelle en %) annuelle en %)
163
TABLEAU A4 (suite)
Calories issues des produits Part des calories venant des produits
de l’élevage de l’élevage
(Kcal/personne/jour) (Taux de croissance (Pourcentage) (Taux de croissance
annuelle en %) annuelle en %)
TABLEAU A4 (fin)
Calories issues des produits Part des calories venant des produits
de l’élevage de l’élevage
(Kcal/personne/jour) (Taux de croissance (Pourcentage) (Taux de croissance
annuelle en %) annuelle en %)
165
TABLEAU A5
Apports protéiniques des produits de l’élevage, par habitant, 1995-2005
PAYS À ÉCONOMIE
35,2 37,5 0,7 40,0 41,0 0,2
ANCIENNEMENT PLANIFIÉE
TABLEAU A5 (suite)
167
TABLEAU A5 (suite)
AMÉRIQUE LATINE
30,5 33,6 1,0 40,8 41,7 0,2
ET CARAÏBES
TABLEAU A5 (suite)
PROCHE-ORIENT
16,0 18,3 1,3 19,6 22,0 1,1
ET AFRIQUE DU NORD
169
TABLEAU A5 (fin)
TABLEAU A6
Commerce de produits de l’élevage, 1995-20061
171
TABLEAU A6 (suite)
TABLEAU A6 (suite)
173
TABLEAU A6 (suite)
TABLEAU A6 (fin)
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185
Chapitres spéciaux de
La situation mondiale de
l’alimentation et de l’agriculture
La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture présente chaque année,
depuis 1957, après ses rapports de conjoncture mondiale et régionale, une étude
spéciale sur un ou plusieurs sujets permanents relevant du domaine de la FAO. Les
thèmes traités sont les suivants:
9 7 8 9 2 5 2 0 6 2 1 5 8
I0680F/1/10.09/1300