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SEPTEMBRE 1996 - N° 97 - SOF ISSN 0182-0567 Economies d’eau Dinoterbe DOSSIER : Le schéma régional de Peau PRR ey Eau & Riviéres de Bretagne - APPSB - 12, rue Lanveur - 56100 Lorient - CPPAP 52518 EAU & RIVIERES DE BRETAGNE : LECOLOGIE DE TERRAIN ! Fondée en 1969 par des amoureux du saumon, Eau & Riviéres a su redonner vie aux cours d'eau oubliés, envahis par la végétation et menacés par la pollution. Ses opérations Rivieres propres ont mobilise, tout au long des années soixante- dix, des milliers de bénévoles et le nettoyage des cours d’eau est rapidement devenu Vaffaire de tous. Mais la dégradation de la qualité de Peau des sources, des rivieres, des estuaires, du littoral est due a une multitude agressions qui affectent le milieu naturel. Eau & Rivigres a done étendu son action, et s'intéresse a des questions res diverses : - aux pollutions : rejets industriels, urbains, pollutions agricoles ; Térosion des sols, favoris¢e par l'arasement des talus et cer- taines méthodes de culture, qui entratne des sédiments vers les cours d'eau ; -a la rectification des cours d’eau qui enlaidit nos paysages, detruit la richesse des ruisseaux, des rivieres, et favorise les crues ; ~a la destruction des zones humides qui régularisent le debit des cours d'eau et ralentissent les crues ; -a la multiplication des plans d’eau qui contribuent au réchauffement des eaux (pollution thermique) et aggravent les pertes par évaporation ; - au gaspillage de Peau, pourtant si précieuse. La pollution de l'eau est dangereuse pour l'économie de la Bretagne, dangereuse aussi pour la santé des Bretons. Fefficacité et independance d'Eau & Riviéres sont recon- | nues de tous. En lui apportant votre soutien, vous permettez a Vassociation de poursuivre son action en totale liberté. et — Editorial Une énitme réforme de PEtat Q Economies d’eau : Eau & Rivieres en action La biodistribution 8 Pesticides : le mini: se dégonfle Qo DOSSIER : Le schéma régional @alimentation en eau potable © Nature: Les tourbieres des Monts d’Arrée Bréves des départements ® Ricochets ® Alire ® Echo des marais "EAU ET RIVIERES N° 97 aD - a © e = ‘a rT UNE ENIEME REFORME DE L'ETAT Llagence de l'eau Loire-Bretagne vient de diffuser les cartes réactualisées de la qualité de nos cours d'eau ; une nouvelle étape dans la dégradation de la res- source commune a été allégrement franchie, Si cette situation ne laisse plus personne indiflérent, les regards convergent naturellement vers I'Btat, littéra- lement "ce qui tient debout" La gestion administrative de l'environnement est marquée a travers les si¢cles par un souci de domestication forcenée. Les réformes récentes de déconcen- tration et de décentralisation ont accentué cette tendance en affaiblissant le rale de I'Etat. Il en est désormais réduit a établir des compromis, a gérer ponc- tuellement les crises, parfois méme en marge du cadre légal. Bref, il s'épuise souvent dans des régulations impossibles, aux financements introuvables. La gestion de l'eau en Bretagne met en évidence les insuffisances des pouvoirs publics, incapables hier de prévenir la spectaculaire dégradation, et aujourd’hui de dénover la crise. Aprés la création des missions interservices de l'eau (MISE) auprés des préfets, une réforme d'une tout autre ampleur se prépare, destinée a simplifier et regrouper les services départementaux et régionaux. Une telle réorganisation peut servir la cause de l'eau’ certaines conditions D'abord, bien séparer missions d'aménagement et missions de controle, comme nous y obligent les réglements européens. Les orientations parfois aventureuses du schéma régional d'alimentation en eau ou des opérations de remembrement, ont souvent été cautionnées au sein méme de |'Etat. Maintenir ensuite, dans le domaine de l'environnement, une structure régionale chargée d’élaborer et d'évaluer les politiques publiques. L'Administration doit conserver en son sein des capacités autonomes d'expertises. La gestion catas- trophique du dossier pesticides en fournit aujourd'hui une parfaite illustration. 1 faudra former les fonctionnaires a V'écologie, a une connaissance approfondie des milieux, a une réflexion systémique. Les contraintes environnementales seront certainement mieux intégrées lorsque leurs fondements seront mieux compris. Enfin, nous attendons une politique de l'eau claire et mobilisatrice, tant pour les représentants des pouvoirs publics que pour leurs partenaires extérieurs. Celle-ci fait cruellement défaut. Nous en sommes encore 4 l'exploitation d'une ressource (in)épuisable, et non a sa gestion éclairée. Les préfets bretons l'ont démontré une fois de plus cet été, en tardant a arréter des mesures de limitation des usages de l'eau. Pierre BOYER ui ‘EAU ET RIVIERES N° 97 n 1990, Eau & Riviéres de Bretagne demandait une participation accrue ‘de la Région dans une politique d'économie d'eau ambi- tieuse pour la Bretagne. De 1984 a 1991, la consommation bretonne a augmenté de 10 % alors que la situation hydraulique en période d’étiage s'est fortement dégradée. Un constat qui incite a l'action préventive pour les années 4 venir. La ville de Lorient sest particuliorement investie dans la démarche -économies deat et Agence de eau, operation destinée aux particu- liers et aux collectivités. Notre savoir faire en ani mation scolaire et périscolaire nous a orienté priori- tairement vers un public qui accepte des actions sur le moyen et long terme, ce qui représente un enjeu important pour l'evolution de la consommation. Dans les secteurs de l'industrie (20 %), des collecti- t de Pagriculture (25 %) ou des particuliers %6), des économies significatives sont réalisables : , de nombreux exemples démontrent la fiabilité de cette démarche. Eau & Riviéres a souhaité natu- Trois villes bretonnes nous ont sollicités pour colla- rellement slassocier lopération spécifique "Ville Pilote Economie d'eau" initiée par le Conseil regional "EAU ET RIVIERES N° 97 borer avec elles sur cette action : Brest, Quimper et Lorient ECONOMIES D’EA\ Quimper : une démarche originale A Quimper, les outils pédagogiques concus par Eau & Rivieres et créés pour la circonstance occupent ‘une surface de 40 m?. Nous avons mis en place une grande ‘maquette sur le cycle de Veau, un bane d'essai representant les usages domestiques, de la prise dleau en riviere jusqu'au rejet de la station d'epura- tion, et une vidéo montrant I'incidence de la dégra- dation des riviéres sur la diminution de la ressource. Gilbert Duigou, animateur en sud-Finistére, est intervenu une demi-journée dans chacune des classes. Les CM1/CM2 et les CEI/CE2 sont concernés par cette action : en mai et juin 96, 665 éléves se sont déplacés au local spécialement aménage pour cette opération. Organisés en ateliers, les éleves ont pris des notes sur l'exposition, expérimenté les dif- férents types de matériels de robimetterie (3 sys- temes), ttilisé les urinoirs et chasses d'eau éco- nomes ou gaspillenrs, pour terminer par un jeu de labyrinthe sur la distribution de l'eau intitulé *Je partage leau Brest : un bilan provisoire Présente depuis cing ans dans le milieu scolaire et périscolaire brestois grice a une convention signée avec la Ville, Eau & Rivieres a proposé un programme :conomies dean", complémentaire de laction antérieure "Eau et écosystéme aquatique". Six classes, soit 175 éleves, ont déja souhaité spontané- ment travailler sur ces themes. Découverte des usages domestiques, évaluation des quantités consommées, recherche d'’économies et réalisation dlaffiches sont a la base des animations réalisées par ‘Arnaud Clugery. Un kit pedagogique specifique économies d'eau", Gaspido (voir encadré), est uti- lisé depuis la rentrée scolaire de septembre. Lorient : le cocktail breton Inaugurée par la Région en novembre 95 a Lorient, Vopération Ville Pilote a débuté des le mois suivant par des actions conerétes dans les écoles lorien- laises via Eau & Rivieres. Des fevrier 96, Lionel Rauch, Arnaud Dietrich et Nicolas Bourré sont Intervenus dans les classes maternelles (moyennes et grandes sections), les classes primaires (18 classes de CE1, CE2, et CM1, CM2) et les centres sociaux de la ville (Keryado, Polygone, Ferme du Cosquer, Ferme de Soye, Kervénanec). Un programme spéci- fique est proposé a chaque public et A chaque ensei- gnant, afin de répondre au mieux a la demande. Des supports d'animation sont confectionnés pour les maternelles (bilbo, le lutin), les centres sociaux (eu, bricolage, découverte de terrain), et les pri- maires (Gaspido, kit gestion de la resource). Nous avons assuré deux a cing interventions par classe ou centre jusqu’ Ia fin du mois de juin : cycle de Veau dans le milieu naturel et en usage domestique, enquéte de consommation faite par les éleves a leur domicile afin dlassocier les parents, évaluation avec un kit pédagogique sous forme de jeu, découverte du voyage de l'eau pour les plus petits, mise en ceuvre de petits travaux pour économiser l'eau, déconverte du matériel économiseur. Ce sont ainsi 1000 journées environ d'animation en scolaire et 200 journées en périscolaire qui ont été réalisées par nds animateurs. Satisfe ant et encourageant Notre approche du sujet a plu aun grand nombre denseignants, et la plupart des enfants avouent faire davantage attention a leur consommation d'eau depuis notre intervention, Pour autant, de petites modifications sont intégrées depuis debut septembre, notamment pour coller aux programmes scolaires des différents cycles et ainsi éviter l'incom- prehension de certains enfants. Mais le gros du travail débute maintenant puisque l'évaluation du kit pedagogique Gaspido, lancé en septembre par Eau & Rivieres, est partie intégrante du déroulement de Vanimation Cest au mois de novembre que la Région doit “ramasser les copies" dans les sept villes pilotes, afin de décider des suites a donner & cette cam- pagne. A Eau & Riviéres, on sait depuis longtemps que la politique d’économies d'eau va dans le bon. sens, clest pourquoi nous nous sommes attaches créer des outils qui vont nous permettre de pou- suivre le travail de sensibilisation, et ce quelles que soient les orientations de la Région. UN OUTIL PEDAGOGIQUE POLYVALENT ET LUDIQUE POUR LE MILIEU SCOLAIRE ET PERISCOLAIRE GASPIDO Fruit de la réflexion d'un groupe de travail com- osé de permanents de Vassociation et notamment danimateurs, une malle pédagogique baptisée GASPIDO a été testée en juin 96 pour une mise en service effective d la rentrée 96-97. Ce kit est destiné @ wn public 8-12 ans et permet de tester ses connaissances théoriques sur les économies d'eau tout en développant sa dextérité manuelle. Voulu modulable et tres simple d'usage, ce jeu se déplace partout et a déja recu un accueil trés favorable de foes lorientais. ‘EAU ET RIVIERES N° 97 La bio-distribution Dp) epuis l'affaire de la vache folle, certains producteurs et distributeurs "bios" doivent gérer une croissance de l'ordre de 25 %, par rapport a l'année précédente. La filiére pourra-t-elle assumer une telle augmen- tation diactivité, ou devra-t-elle subir la loi des grandes centrales d'achats ? Les producteurs agricoles restent largement tribu- taires des politiques de développement des centrales achat, et de leurs methodes commerciales exclusi- vement axées sur la recherche du profit maximum, done du prix de revient minimum. Ces grands ‘groupes sont largement responsables de la disparition de Vagriculture familiale en Bretagne. Des structures de commercialisation et de distribution de produits de lagriculture et de l'élevage biologiques se sont créées voici quelques années. Respectivement fon- dées en 1986 et 1989, l'association de magasins de produits biologiques BIO COOP et la centrale dachat BIO CAP ont le vent en poupe. Avec 153 coopératives adhérentes, BIO COOP est un interlo- cuteur reconnu dans le monde de la bio. Liassociation est représentée au sein de la Commis- sion nationale de agriculture biologique, qui éla hore les cahiers des charges. Elle siege dans les comités de certification d’ECOCERT et de QUALI- TE FRANCE, garants des bonnes pratiques de fabri- cation. La centrale d'achat BIO.CAP assure l'appro- visionnement des magasins du tiers nord-ouest de Ja France (y compris région parisienne). Des contréles sévéres Le credo de ces nouveaux distributenrs : un produit de qualité garantie, un service de bon niveau, un prix correct. Le consommateur se voit proposer un produit controle a la production sur un cahier des charges certifié par l'Europe; controle a la distribu- tion sur un cahier des charges national ; présenté dans un magasin répondant a des critéves modernes de distribution, et affecté d'une marge de distribution réduite (25 % au lieu de 50 %) pour tenir compte de Ja-valeur ajoutée initiale du produit. La tragabilite est maximale (on sait doit viennent les produits, et par it ils sont passés) et la transparence totale, Pour Philippe Jouin, gérant de BIO CAP, la plate-forme d'achat permet des économies d'échelle substantielles sur les produits commercialisés par le réseau BIO COOP Pour une garantie maximale, la plate-forme propose une gamme de produits qui va au-dela du. simple critére biologique : une sélection se développe sur la proximité de production pour réduire les eotts écologiques. Ce positionnement sur le qualitatif éco- logique devient une nécessité économique pour un acteur qui augmente son chiffre dlaffaires mensuel de 25 % depuis le début de laffaire de la "vache folle". ‘Bio Cap approvis nord-ouest de la mnne la région panisionne et le tiers Ethique contre économique ? Desarconnees face a ce qui apparait de plus en plus comme un coup de grace pour la filiere bovine conventionnelle, les filieres — toutes origines confondues — tentent un positionnement sur la bio a grand renfort de capitaux pour se recréer une image de marque axée sur la qualité. Or, 'agro- business a largement la possibilité d'asphyxier le marche bio et d'en modifier les regles et les cahiers des charges : la Commission nationale de "agricul- ture biologique est aussi composée des grands groupes agro-alimentaires francais, et la certification européenne est sensible aux écarts du liberalisme Malgré tout, Philippe Jouin est confiant dans l'ou- verture du marché de la bio a condition de faire merger un systéme de distribution citoyen, capable diinformer et de former le consommateur, qui per- mettrait & la production et 2 la transformation de surmonter l'épreuve actuelle de la. distribution de masse. Et dans ce domaine, BIO CAP et BIO COOP souhaitent faire entendre leurs differences. Espérons quion leur en laissera le temps et les moyens. m ‘EAU ET RIVIERES N° 97 e ministre de 1l'Agriculture Philippe Vasseur est revenu le 11 mars 1996 sur l'interdiction d'utiliser du dinoterbe pour la culture du mais sous plastique. Cette mesure d'interdiction avait été publiée au Journal officiel du 17 février 1996. Il aura donc fallu moins d'un mois au ministre pour céder aux pressions conjuguées des lobbies de la chimie et du mai Le dinoterbe est avec I'atrazine et le lindane "un des pesticides les plus wtilisés. Chaque année 1' dustrie régionale du mats — car il s'agit bien d'une industrie — en consomme pres de 150 tonnes, soit Ja quasi-totalité du dinoterbe vendu en Bretagne. Le probléme des pesticides en général et de celui-ci en particulier, c'est qu'ils ne restent pas cantonnés entre les épis de mals. On les retrouve un peu partout dans notre environnement, dans les nappes phrés- tiques, dans les rivieres et dans l'eau du robinet. Recemment, des chercheurs ont meme détecté du dinoterbe dans l'eau de pluie. Or, ce produit la est tres toxique. En particulier pour la faune, les abeilles et les poissons. Les experts charges de l'étu- dier le décrivent comme l'un des micropolluants les plus toxiques pour le poisson, capable de détruire les ceuts et les alevins, et de modifier le comporte- ment alimentaire des adultes. Ceci pour des con- centrations inférieures a celles mesurées a plusieurs reprises dans des cours dleau bretons. D'autre part, selon les statistiques du Conseil supérieur de la péche, le méme pesticide est impliqué une fois sur trois dans les pollutions de cours d'eau, en Bretagne et en Basse-Normandie, alors quill arrive a la dixieme place seulement pour le tonnage utilise. Ces études sont accablantes. Suffisamment alarmantes en tous cas pour que, le 15 novembre 1995, le teprésentant du Service régional de la protection des végétaux de Bretagne demande au ministre le retrait total de !homologation du dinoterbe Philippe Vasseur ne pourra pas dire qu'il ne savait pas. Dans un premier temps, il fait mine de suivre Tes experts. Il limite l'utilisation du dinoterbe, en prenant bien garde de ne pas mécontenter Rhone- Poulenc et les producteurs de mals. On ne se fache pas avec ses amis. Le texte publié au mois de février 1996 interdit le dinoterbe pour le désherbage «des ‘EAU ET RIVIERES N° 97 ge 35 ceréales a paille, des graminées fourrageres, du pois de conserve, du haricot» et du «mais cultivé sous plas- tique». Curieusement, la société detentrice se voit accorder un délai de six mois «pour écouler les stocks des produits vises par les retraits d'autorisation» Ces produits dangereux ont done pu étre utilises jusqu’au 31 aoat 1996. Mais surtout, le dinoterbe reste autorisé pour le désherbage du mais, sauf s'il est cultivé sous plastique (10 % environ du mais total en Bretagne). Un laxisme tragique Rhone-Poulenc et les industriels du mais gagnent done la premiere manche. Elle ne leur suffit pas. Is veulent la victoire par K.O. et ils !obtiendront. Trois semaines plus tard, le 11 mars 1996, le ministre de U'Agriculture renonce a interdire le joterbe pour le mais sous plastique, Le nouveau texte dlautorisation est un morceau de bravoure (cf ci-contre). D'abord, il prévoit les épandages de dinoterbe dans trois régions seulement, choisies on imagine selon le bon vouloir des syndicats agri- coles ou des dirigeants de Rhone-Poulenc : la Bretagne, la Basse-Normandie et les Pays de Loire. Délense d'empoisonner le reste du territoire. Il énonce ensuite des conditions d'utilisation propre- ‘ment ubuesques, Ainsi, le dinoterbe ne devra pas tre épandu «a moins de 20 m d'une riviere, d'un cours d'eau ou de tout point d'eau», ni sur ¢parcelle de moins de 2 hectares» jouxtant ces lieux. Combien existe-t-il de parcelles de moins de 2 hectares, en Bretagne, qui ne soient pas en’pente, ou situées a moins de 20 m d'un point d'eau ? Sarement pas beaucoup. Pas d'utilisation non plus sur «des semis de mais effectués dans le sens de la pente». Mais quand on seme du mais, on fait toujours le premier passage autour de la parcelle, et on sme donc au moins deux cotés dans le sens de la pente, non ? Laffaire pourrait étre risible, elle est surtout tra- gique. Résumons, Des industriels deversent chaque année 150 tonnes de poison sur la Bretagne. Des scientifiques au-dessus de tout soupcon demontrent le danger du produit pour la santé publique et pour Tenvironnement, et suggerent au ministre de !Agricul- ture de l'interdire definitivement, Le ministre, a qui on a expliqué que ce toxique est utilisé presque exclusivement sur le mais, slempresse de l'interdire pour toutes les cultures... saul le mais. Et, ultime cadeau a une industrie chimique connue pour son amour de l'environnement, il autorise le producteur a Gcouler les stocks existants. "Autorisation d'écou- ler les stocks existants"... Voila qui rappelle quelques souvenirs, n'est-ce pas ? Vous pensez a des stocks de sang contaminé ? A des stocks de farines animales suspectes ? Monsieur le Ministre regrettera votre mauvais esprit. m AUTORISATION D'EMPLOI b'UN PRODUIT ANTIPARASITAIRE A USaGE AGRICOLE Bn application de l'article 6 de la loi validée et moditiée du 2 Novenbre 1943, relative au contréle des produits alimentaires & usage agricole, de l'article 3 bis de rété du 25 iévrier 1975 relatiz & L'application de ces mémes produits, le ministre de l'agriculture, de la Péche et de l'alimentation autorise Lemploi d'Herbogil liquide D dane le | cadre du désherbage du mais, dans les conditions énoncées ci-dessous + bare) 1) Désherbage du uais cultivé sous fila plastique 2) Zone d'utilisation + ~ Régions : Bretagne ~ Basse Wormandie et Pays de Loire. 3) Restrictions 3.1) - pas d'utilisation & moins de 20 2 @tune rivitre, a'un cours d'eau ou de tout point d'eau. 3.2) - pas d'utilisation sur parcelle de moins de 2 hectares jouxtant | les lieux précisés au point 3.2 3.3) ~ pas d'utilisation cur des semis de mais eiiectués dans le sens de la pente. 4) Dose d'emploi maximale de la prépa ration : 2 litres/na. 5) Période a'utilisation 1996 au 15 juin 1996. au ler mai Tait & Paris le 11 nars 1996 |Pour le Ministre et par autorisation Le Che? du service de la Qualité Alimentaire et des Actions Vétérinaires et Phytosanitaires VaLLAT Mars 1996, Philippe Vasseur fait un nouveau cadeau aux industriels du mais et du dinoterbe. ‘EAU ET RIVIERES N° 97 LE SCHEMA D'ALIMENTATION EN EAU POTABLE DISCUTE A L'S\UTOMNE Reconquéte ou fuite en avant ? Prévu pour harmoniser les politiques de l'eau jusqu'au début du XxXIe siécle, le schéma régional d'alimentation en eau potable (SRAEP) adopté en 1990 n'aura vécu que cing années. Cing années au cours desquelles l'accroissement des pollutions et la stagnation des besoins ont totalement remis en cause les hypothéses validées par les conseils généraux de chacun des départements et par liassemblée régionale. ie Multiplier les barrages sur nos rividres ou préserver ta qualita ? Pour Eau & Riviéres, cette remise en cause n'est pas une surprise : dans une lettre ouverte adressée avec Ja SEPNB anx élus régionaux, nous regrettions publiquement que ce sch aborde pas le pro- bleme de la qualité de la resource. Problemes quan- titatifs et qualitatifs sont absolument indissociables. Les faits étant encore plus tétus que les associa- tions, le Conseil régional décidait au début 1995 de procéder a un réexamen des hypotheses et des conclusions du schema régional. Nous contestions aussi le choix méthodologique adopté pour le calcul des besoins, et considérions que la plupart des hypotheses de calcul retenue: méritaient une réflexion complémentaire compte- tenu des contradictions qu’elles comportaient. Ceest done un nouveau projet qui sera soumis début novembre a l'avis des elus régionaux, les aux s’étant deja prononcés au sein de partement au cours du printemps EAU ET RIVIERES N° 97 estimation des bilans besoins-ressources Globalement, c'est une démarche beaucoup plus rigoureuse et complete qu’en 1990 qui a été mise en ceuvre : plusieurs points méritent d'etre soulignes. Diabord, lestimation des besoins a été précédée d'un bilan réel des consommations de 1983 a 1992. Ainsi en 1992, 174 millions de m? ont été effective- ment consommeés pour 208 millions distribues. Ensuite, ce bilan "réel" a permis de definir trois types ’évolutions pour les besoins futurs : une hypothése haute (+18 % sur 10 ans, soit une pro- longation des tendances de ces dix dernigres années), une hypothése basse (+43 %) et une hypothese de croissance zéro, L/étude a intégré les aspeets de qualité des eaux, au moins pour ce qui concerne les paramétres nitrates, matitres orga- niques et pesticides. Le bilan besoins-ressources a fait Yobjet d'une appreciation fine et localisee par secteur de production, ce qui a permis déviter toute globalisation abusive. Cette demarche a abouti a des conclusions tres différentes de celles de la ver~ sion initiale, Deux grandes tendances sont révelées stabilisation des consommations et diminution des ressources disponibles du fait de la pollution crois- sante. Des besoins surestimés en 1990 Si, de 1983 a 1992, la consommation d'eau a pro- gressé de 1,76 % par an, ce chiffre global masque un ralentissement de la croissance de 1988 a 1992 (+1% par an), et meme une stagnation sur la période 1990 a 1992. Le breton consomme en moyenne 125 a 143 jour suivant les départements, les pertes dleau dans les réseaux étant estimées a 16 %. Par rapport aux hypotheses retenues en 1990, les diffé- ences sont énormes et l'étude montre que les experts s'étaient lourdement tompés. Pour Tan 2000, Ia difference entre les deux estimations atteint 90 millions de m3 en hypothese basse, et 75 millions de m3 en hypothese haute (tableau 1). Soit des dif- Le projet de schéma régional C hargé par le Conseil régional, l'Agence de l'eau, et la Direction régionale de l'Environnement de concevoir un nouveau schéma d'alimentation en eau potable, le cabinet Saunier a d'abord constaté une stabilisation de la consommation, mais une pollution croissante des ressources. Dans ses conclusions, Saunier donne la priorité 4 la restauration de la qualité de l'eau, et suggére un certain nombre d'inves- tissements : traitement des eaux, barrages et interconnexions de réseaux. ferences d'appréciation de 30 a 35 % entre deux groupes dexperts ! ESTIMATION DES BESOINS A L'HORIZON 2000 Projet 1995 ME Hypothése haute évolution ME Hypothese basse | Qualité avant tout Le bilan établi au niveau des ressources disponibles tient compte de plusieurs facteurs limitants : le niveau de pollution par les nitrates, les matieres organiques et les pesticides ; le débit des cours deeau, et notamment le debit a maintenir dans les EAU ET RIVIERES N” 97 | EAUX SOUTERRAINES Les eaux souterraines représentent environ 22 % de la resource effectivement utilisée soit prés de 50 millions de métres cubes par an ... Mais c'est | tale chiffre connu des services officiel, car depuis 20 ans, notre région a été perforée par des milliers de forages essentiellement utilisés our alimenter les élevages hors-sol. Ceux-ci, aprés avoir pollué les eaux superficielles, sont en train d'exploiter a leur profit les nappes Souter- raines. Une exploitation gratuite au demeurant, car les forages éhappent curieusement au paiement | des redevances aux agences de l'eau. Les cochons et les volailles ne paient décidément rien : ni la redevance pollution, ni la redevance prélévement, tandis que vous simple consommateur, victime de leurs pollutions, vous payez les deux ! rivigres en période d'étiage, afin de respecter la réglementation (L_232-5 du Code rural). Le faible niveau d'étiage des rivieres de Vest de la région devrait conduire a limiter ou interdire totalement les prélevements, en application du Code rural. Le constat de pollution des eaux de notre région est accablant : -28 % des eaux actuellement prélevées contiennent 50 mg/l de nitrates, et 60 % sont menacées 4 moyen terme, -70 % des eaux sont afectées par des tencurs exces- sives en matigre organique (> 10 mg/l) pour les pesticides, entre 75 % (Finistére) et 100 % (le-et-Vilaine) des eaux ne sont pas conformes aux normes. Compte-tenu de lévolution de ces besoins et de la resource disponible, l'étude Saunier conclut : «Sur Vensemble de ta Bretagne, te deficit actuel parait modeste en valeur absolue puisqu'l ne représente que 3% des besoins annuels. 11 atteindrait tout au plus 11 % des besoins a l'échéance 2005, meme si les deficits {ournaliers sont plus importants», Mais surtout, l'étude confirme que «la menace sur la qualicé accrott le deficit dans des proportions conside- rables, tant pour le parametre nitrates que pour les matieres organiques. Le choix stratégique et les actions proposées Dans Vaffirmation des principes qui doivent guider les programmes diinvestissements du schéma régional, etude Saunier est on ne peut plus claire : «L'analyse de la situation a montré que le probleme est d'abord qualitatif et que la seule strategie possible passe par une reconquete rapide de Ia qualite : il est imperatif dengager des actions de réduction des pollutions a la fois pour des questions de principe et de nécessite... In'y a done pas diautre choix que de se battre sur place pour la restauration de toutes les ressources» Liétude relativise limpact de Bretagne Eau Pure «La Bretagne va devoir engager rapidement un important effort de reconquete de qualité puisque 30 a 40 % des territotres départementaux sont impliques. Au total, 920 000 ha, soit le tiers du territoire, sont concernés. Les opérations retenues dans Bretagne Eau Pure n°2 et qui, pour la plupart, se trouyent sur des bassins versants situés a V'amont des prises d'eau, doi- vent donc etre multipliées». Outre la priorité énoneée de restaurer la qualité des caus, les autres grandes lignes d'action du projet sont : -la mise en place de traitements curatifs pour pro- duire une eau conforme, -la maitrise de Tévolution des besoins en eau par le maintien du rendement actuel des réseaux et lexpé- rimentation des politiques d’économies d'eau Getion "villes pilotes"), -la création de ressources nouvelles par lexploitation dleawx souterraines et la construction de nouvelles retenues. Les travaux proposés dans le projet atteignent au total la somme de 4 milliards de franes (+ 000 MF) et se répartissent comme suit : -2.010 MF soit pres de 50 % pour les périmetres de protection et la reconquéte de la qualité des eaux; -780 MF soit 20 % pour la création de nouvelles ressources, superficielles (barrages) ou souterraines ; -597 MF pour l'interconnexion des réseaux; -1 154 MF pour le renforcement des traitements (nitrates, pesticides). Département par département, voyons quels sont les orientations et les investissements retenus par les conseils généraux. ECONOMIES D'EAU Un développement durable dans le cadre de Vali- mentation en eau consiste dabord a réduire les pertes dans les réseaux d'adduction et a lutter contre les gaspillages au niveau des différents: consommateurs. Cette démarche, défendue depuis plus de quinze ans par Eau & Rivieres, ‘mais aussi par V'Agence de Veau, commence a trouver un début d'application dans notre région. A Tinitiative du Conseil régional et de VAgence de l'eau un programme pilote a été engagé avec sept villes de Bretagne (Eau & Rivieres est dailleurs partenaire de ces opérations a Lorient, Quimper, Brest). Le projet de schéma prévoit amplifier cette action dans les années a venir. ‘EAU ET RIVIERES N° 97 Des besoins encore surestimés «Quand les experts se trompent, c'est toujours dans le sens d'une surestimation des besoins» constatait ironi- quement le président du Conseil général des Cotes Armor... En effet, si le projet de schéma estimait entre 52 et 57 millions de metres cubes les besoins en eau du département a "horizon 2005, l'étude complémentaire menée par le département a permis de faire baisser cette estimation entre 46 et 52 mil- lions de métres cubes, les besoins actuels étant de 45 millions de métres cubes. Vingt ans apres le pro- Jet de barrage sur le Trieux qui avait deja prouve Ia propension des technocrates a surestimer les besoins pour multiplier les investissements et les travaux diinfrastructures, cette nouvelle révision des hypo- theses discrédite un peu plus les soi-disant experts. La pollution condamne l'alimentation en eau potable Plus que les autres départements bretons, les Cotes Armor souffrent de la pollution par les nitrates et les matiéres organiques. Les deux tiers de la produe- tion d'eau de consommation sont hors normes | Et apres les proces de Tregueux et Guingamp gagnés par les consommateurs contre les distributeurs d'eau, c'est la course aux usines de dénitratation, tous les présidents de syndicats d'eau ou presque demandent la leur ! Dans ce contexte, la décision du Conseil général était tres attendue. Siil a fort heureusement limité la mise en place de la dénitra- tation a la seule usine du Gouet, il n'empéchera pas les consommateurs de s'interroger : - estil logique dlimplanter sur ce bassin une usine de denitratation alors que vont etre investis plusieurs centaines de millions de francs pour restaurer le Gouet dans le cadre du programme Bretagne Eau Pure ? ~ alors que les usines de Ic et de 'Arguenon ont montré leur inefficacité pour régler le probleme de eau sur ces bassins, n’était-l pas temps de changer son fusil d'épaule, et de refuser cette fuite en avant pollution-dépollution ? Cotes d'Armor : dénitratation et restauration des rivieres D es besoins en eau inférieurs aux chiffres annoncés dans |'étude Saunier, une troisieme usine de dénitratation (sur le Gouet), une politique de restauration des riviéres redynamisée, ce sont les trois éléments clés de la version costarmoricaine du projet de schéma d'alimentation en eau adopté par les conseillers généraux. - est-il normal que les consommateurs d'eau, qui ne sont pas les poliueurs, paient 24 millions de francs pour dénitrater les eaux du Gouet ? Réduire les pollutions 4 l'amont des prises d'eau potable Conscients de impasse a laquelle la pollution ‘mene le département en mati¢re d'alimentation en eau potable, les conseillers généraux ont voulu a Toceasion du vote du schéma dalimentation, réactiver la politique de protection des prises d'eau. Au dela de'sa politique traditionnelle (assainissement des collectivités, subvention a la mise aux normes des élevages), et des actions menées sur les bassins ver- sants Bretagne Eau pure (Gouet, Gouessant et Arguenon), le Conseil général a décide de s'engager sur tous les bassins versants a 'amont des prises dleau : aide au diagnostic, a animation de pro- grammes dlactions, a des opérations de demonstra- tion et de suivi, développement de mesures agri- environnementales, aménagement de bocage et de fonds de vallée... Le département veut accompa- gner financiérement les initiatives des syndicats dieau. En terme dlinvestissements, le département consa- crera donc environ un tiers des dépenses 2 la mise en ceuvre de travaux curatifs ou d’interconnexion et deux tiers a la restauration de la ressource Certes cela est mieux qu’ailleurs, mais est-ce sullisant ? 50. 1990 1995 2000 “EAU ET RIVIERES N° 97 Finistére : «La pollution créera des emplois» aut-il mieux prévenir, ou guérir ? Douloureuse alternative pour les élus du Finistére qui ont examiné au mois de juin le projet de schéma régional d'alimentation en eau potable (SRAE) présenté par le Conseil régional. La gauche, qui demandait des compléments d'étude, n'a pas obtenu l'ajournement du vote. A droite, les conseillers ont donné. de nombreuses réserves. Pour le Finistere comme pour la Région, les pro- blemes a résoudre sont d'ordre quantitatif, mais surtout qualitatifS. Or, que nous propose le rapport Saunier ? D'abord, des centaines de kilometres de tuyaux pour relier entre elles différentes rivieres du département, Relier 'Elorn, en amont de Landivisiau, a la Penzé et a 'Horn, par exemple, afin de diluer les pesticides, les nitrates et autres cochonneries. Des barrages, ensuite, Nous n'aurons pas assez d'eau en l'an 2000 nous dit le cabinet Saunier, dont les estimations de déficit varient considérablement d'une étude a lautre Construisons done des barrages, sur Ee, ou sur sole, des petites réserves de 0,5 2 millions de m? D'énormes investissements seront nécessaires : on. parle d'un milliard de franes sur 10 & 15 ans, dont le tiers seulement serait consacré a la protection de la ressource en eau, 18 % étant affectés aux ressources nouvelles, 17 % aux interconnexions et 28 % a la mise a niveau des filigzes de traitement. “est cher, mais on sy retrouvera, selon Charles Miossec (RPR - Landivisian), patron duu Conseil général, car la pollution créera des emplois, Ou plutot, en langage diplomatique, «l'industrie de la depollution peut etre une source de richesses nouvelles pour le Finistere». D'autres ¢lus sont plus réalistes et moins eyniques. Frangois Marc (PS - La Roche-Maurice) notamment, a éleve le débat en dénoncant méthodi- quement toutes les imprécisions, toutes les insulfi- sances du rapport Saunier qui justifiait au minimum un report de la décision. Avec André Le Gac (Div. G. - Plougastel-Daoulas), mais aussi Yves Pages (UDF - Plouzané), il réclame un plan d'urgence pour la qua- lité de leau, et dénonce limpunité dont jouissent les. pollueurs. Ces élus souhaitent que l'on stattaque aux sources de pollution, qui sont parfaitement identifiées. Pour eux, les interconnexions et les usines de deni. tratation sont des symboles d'échee. Tout Veffort doit porter sur la reconquéte de la qualité. A droite, on affiche un large soutien au projet, mais on l'assortit de nombreuses, tres nombreuses réserves d'ordre technique et financier. impression d'adopter le rapport du bout des lévres, avec SELON FRANCOIS MARC, MAIRE DE LA ROCHE-MAURICE. OVERDOSE DE NITRATES AGRICOLES «{Le rapport Saunier] met surtout l'accent sur Vimportance des pollutions d'origine agricole. A cet égard, on peut constater que le probléme de Veau apparait comme un révélateur d'une situation tres dégradée en ce qui concerne l'impact d'un certain type dagriculture sur Venvironnement. Suifertilisation par des engrais chimiques : le Finistére wilise en effet 40 000 tonnes de nitrates dorigine minérale par an. A Landerneau, il arrive en moyenne tous les jours 18 tonnes de nitrates purs @ la mer, ce qui équivaut @ 365 semi- remorques d’engrais déversés par an pour cette seule riviére. D’autre part, grave défaillance de Tesprit civique de quelques producteurs hors-sol, non respect des plans d’épandages malgré Vacca parement de centaines d'hectares, des extensions réalisées sans autorisation, etc (...). En définitive, Ja reconquéte de la quatité de l'eau pose donc la question de Vadaptation du modéle agricole (..). M1 faut réduire de facon drastique l'utilisation des engrais chimiques et des pesticides — la consom- ‘mation dengrais a augmenté de 10% en 1995 dans le département» Séance du Conseil Général, juin 96. SEI URI Sie ear reniee ee ‘Au plan technique, un certain nombre de propositions sont contestées. Citons en vrac : les transferts d'eau brute de I'Elorn vers le Bas-Léon, une nouvelle reserve en Haut-Léon / Trégor, un barrage sur Elle, une usine de denitrification a Pont-l'Abbe. Eau & Rivigres constate, comme la plupart des élus, le coat exhorbitant de ce projet. Mais surtout, il nous paratt inadmissible que les deux-tiers des investissements soient consacrés a la dépollution, au détriment des actions de préservation de la ressour- ce en eau. Et puis il ne faut pas oublier que ce mi liard de francs (si on le trouve) sera évidemment remboursé sur le prix de vente de l'eau. ‘EAU ET RIVIERES N° 97 du bureau d'études Saunier. Outre le maintien du projet de barrage sur le secteur du Faouet, «nécessaire pour la desserte du secteur nord-ouest du départements (sic), le Conseil général demande une augmentation de 10 000 m?/j a Cleguérec (aval de Guerlédan) et autant a Hennebont, alors que le SRAE estime le bilan besoins-ressources * 4 léquilibre en hypothése de consommation basse et A-1200 m°fj en hypothese haute pour le secteur de Cléguérec, * 4-2 900 m)jj en hypothése basse et -4 700 m3} en hypothese de consommation haute pour le sec- teur d'Hennebont. Ce qui est trés éloigné de la proposition maximaliste du département (2 fois 10 000 m/j). Mais il demande aussi un doublement de capacité de Tusine de Ploermel, la création d'un nouveau traitement sur 'Ellé et la mise a niveau des filieres de traitement sur Vannes-ouest et la presqu'ile de Rhuys. Dans ses conclusions, le Conseil général rie précise pas le cout de ces travaux ni leur mode de financement... Le débat sur un éventuel barrage n'a pas eu lieu : les projets d'augmentation de la consommation du pompage dans le Blavet (2 fois 10 000 mj soit Véquivalent du syndicat Lorient-Lanester) et de création d'une nouvelle unité de traitement en aval de Guerlédan nécessitent des interconnexions de sécurité qui n’existent pas pour le moment. La position du Conseil général fait la part belle aux intercon- nexions en tous genres payées par le consommateur d'eau, on plutot par certains consommateurs. Dans le systeme de mutualisation du syndicat départe- Guerlédan : une retenue vitale pour le Morbiban. Morhbihan : toujours plus de tuyaux e Conseil général du Morbihan a approuvé le 30 janvier 1996 le schéma régional d'alimentation en eau, sous réserve d'un certain nombre de contraintes supplémentaires, non évoquées dans le rapport mental, les syndicats beneficiaires — urbains et cotiers — financent le deficit des syndicats ruraux. Bel esprit de solidarité certes, mais surtout moyen subtil d'externalisation des coats d'un systeme de distribution qui déresponsabilise le consommateur et tente de repondre a la degradation de la resource par une vaine politique de dilution. Les consommateurs d'eau morbihannais savent maintenant que cette politique a échoué et seul un entétement avcugle et irresponsable de quelques décideurs locaux permet d'entretenir lillusion du contraire. | PLUSIEURS QUESTIONS RESTENT POSEES 1) les pompages supplémentaires de Cléguérec et Hennebont sont envisagés pour quels usages ? 2) Actuellement EDF lache 2,5 mis, ce qui permet de respecter 1a loi péche. Les termes du contrat de concession du barrage de Guerlédan vont-ils maintenir ces chiffres ou les revoir & la baisse ? 3) Comment jusifier un barrage de plusieurs | millions de mé sur le secteur nord-ouest 56 alors que le projet de SRAE estime le déficit annuel du secteur 56-10 au maximum entre 500 000 et 800 000 mij ? 4) Pourquoi ne pas avoir introduit une clause visant & promouvoir les économies d'eau sur un secteur équilibré ou faiblement déficitaire comme celui de Pontivy (56-20 du SRAE) ? EAU ET RIVIERES N° 97 a Voyez plutot ! Apres avoir souligné la dégradation de la qualite des eaux et cetné les enjeux sanitaires, écono- miques, de qualité de vie et dimage pour le dépar- tement, le Conseil général a entendu circonscrire sa politique de barrage au strict nécessaire. Il a done considéré que si un barrage multi-fonctionnel pouvait, tre utile sur le Meu, si un barrage sur le Nancon ne se justifiait pas a moyen terme, les barrages potentiels sur I'AMf et le Canut devaient etre definiti- vement abandonnés, Les élus ont relevé au passage que l'évaluation du cont des investissements appa- raissait nettement sous-estimée par le cabinet Saunier (notamment pour ce qui concerne les barrages), DES BARRAGES INUTILES | Construit en 1995 sur la Camache pour alimenter en eau potable la région de Vitré, le barrage de Villaumur reste impropre a Valimentation des populations (of. E & R n°85). Aucun pompage ne peut étre réalisé dans la retenue, et son bassin- versant amont bénéficie désormais des soins attentifs de BEP 2. Construit en 1991 sur le Frémur pour alimenter en eau potable la région | de Dinard, te barrage de Bois-Joli est implanté Juste en amont d'un autre barrage celui de Pont- | Aver, aux frontidres des départements de UIlle-et- Vilaine et des Cotes d’Armor. Pour un devis esti- mati de 15 MF, le dossier instruction justifiait, en V'absence de toute données hydrologiques quantitatives et qualitatives, la réalisation de ce barrage. Le triplement annoncé des besoins de consommation rendant non pérenne le recours aux ressources du barrage de Penthievre sur VArguenon. Le barrage de Bois-Joli a bien é1é réalisé, pour la coquette somme de 30 MF, mais aucun pompage n'y a jamais été réalisé. Il ali- mente gravitatrement le barrage de Pont-Avet. dont les installations de pompage sont d Varrét depuis septembre 1995, les eaux brutes étant trop contaminées pour étre potabilisées. La popula- tion littorale est donc alimentée en eaut par VArguenon, et le Frémur est aménagé de deux barrages qui ne servent a rien. Priorité a la reconquéte en Ille-et-Vilaine n matiére de politique départementale de l'eau, le Conseil géné- ral, entouré de divers acteurs concernés dont Eau & Riviéres, a livré ses quelques axes de bataille qui ne sont pas pour nous déplaire. La reconquéte sur le devant de la scéne Dans le méme temps, un plan de reconquéte de la qualité des eaux et un SAGEW) ont été juges pri- mordiaux sur le bassin du Couesnon. Enfin, tout en sollicitant laccélération de la protection réglemen- taire des captages, le Conseil général a jugé indis- pensable de relayer les politiques de reconquéte par des équipes techniques de terrain, Une évaluation scientifique des actions engagées s'avererait indis- pensable, et devrait etre menée par un groupe de travail associant scientifiques et associations. Eau & Riviéres Sur la méme longueur d'onde Eau & Rivires ne pent que se féliciter, tant de la méthode que des orientations clairement affichées par les autorités départementales, L'analyse combinée des facteurs quantitatifs et qualitatifs, tout comme la reconquete prioritaire de la qualite des eaux, ont été nettement affirmeées, et doivent désormais se conerétiser. Sil faut trois ans pour construire un mur de béton (procédure administrative comprise), nul ne sait combien d'années seront nécessaires pour restaurer les eaux fortement contaminges du Meu. Commencons done le chantier par la, il sera toujours temps de faire appel aux macons ensuite | (1) SAGE = Schema damenagement et de gestion des eau ‘EAU ET RIVIERES N° 97 des conseils généraux. Prudence Sil est un point qui transparait des études et des débats de ces demniers mois, c'est bien l'irrealisme des hypotheses de consommation adoptées en 1990. Les soi-disant experts de la DRAF, qui avaient préparé ce schéma, se sont done lourdement trompés en surestimant les besoins en eau. Si dans le projet de 95 les bases de calcul retenues sont plus modestes, exemple des Cotes-d’Armor nous montre quand. méme qu'une fois encore, on a tiré les besoins vers Je haut pour mieux conduire les élus a la réalisation d'aménagement lourds, barrages ou interconnexions. Ticonvient done de manier les hypotheses de besoin avec une extréme prudence car les experts nous ont prouvé a plusieurs reprises qu'ils s'étaient trompés, et toujours dans le sens d'une surestimation des besoins. Cette nécessaire prudence doit se traduire par un examen circonspect des propositions du projet, qui prévoit de lourds investissements en infrastructures. Le cas du barrage de Villaumur, établi sur la Cantache en application du précédent SRAER, doit faire refléchir : construit soi-disant pour assurer la production dieau et de consommation de I'est de Mlle-et-Vilaine, il n'a pas pu etre utilise a cette fin compte tenu de sa pollution par les nitrates et les pesticides. Dans le meme département, le cas duu barrage de Bois-Joli sur le Frémur est peu pres identique. Priorité 4 la qualité Seconde priorité a laquelle les élus régionaux doivent slattacher dans le cadre du schéma, la reconqueéte de la qualité. L’étude Saunier confirme officiellement que, sans inversion des courbes actuelles de pollution sur le tiers de la Bretagne, notre région va droit au mur et sera dans limpossibilité de fournir de Yeau de consommation a une grande partie de ses habi- tants et de ses entreprises dans quelques années, Puisque le probleme est avant tout dordre-qualitatif, il faut done affecter l'essentiel des moyens finan- ciers regionaux a la lutte contre les pollutions, en les limitant & la source, ceci sur la totalité des bas- sins contaminés. Le Conseil regional ne peut se contenter diintervenir sur les bassins versants de Un projet 4 modifier en profondeur EZ examen en octobre prochain par le Conseil régional du projet de révision du 'schéma régional d'alimentation en eau potable doit permettre d'améliorer le projet issu de l'étude Saunier et des avis Bretagne Eau Pure n°2, qui ne représentent que 10% du territoire régional. Il est indispensable que partout itil existe des captages, les syndicats d'eau se met- tent au travail, définissent et mettent en ceuvre des programmes d'action pour stopper la pollution Pour ce faire, ils ont besoin de 'appui moral et financier de l'autorité regionale qui doit done les encourager et les aider. Liadoption de la révision du SRAEP doit fournir Voceasion au Conseil régional de Bretagne d'adopter un changement de cap et de braquet dans sa poli- tique de l'eau. Changement de cap, car il convient de réduire les inyestissements sur le quantitatif (augmentation des prélevements, création de nou- velles réserves, interconnexions), et de privilégier la reconquéte de la qualité. Changement de braquet, car l'engagement actuel au sein de Bretagne Eau Pure n°2 n'est pas sulfisant pour assurer la pérennité de la production dieau potable de notre région. Il est donc indispensable de consacrer davantage de moyens financiers a la restauration de la quali. Crest a ces changements que se mesurera l'ambition du Conseil régional et sa capacité a répondre au defi majeur de la Bretagne. “Moins de prélevements pour des riviores vivantes EAU ET RIVIERES N° 97 NATURE Les tourbiéres des Monts d‘Arrée amedi 22 Juin, était organisée par Eau & Riviéres une journée de formation sur les tourbiéres bretonnes. Une quinzaine de personnes se sont déplacées pour suivre en salle et sur le terrain, l'exposé de José Durfort, le «Monsieur Tourbiére» de la Fédération Centre-Bretagne Environnement. Si vous n'avez pas pu y assister, voici en guise de consolation un apercu de ce qu'il faut @ tout prix savoir sur les tourbiéres ! Zone humide particuliére, la tourbiére est une for- mation végetale naturelle constituée de plantes adaptées a la présence d'eau et oit dominent des mousses ou des sphaignes dont la croissance entraine une accumulation importante de matiére organique, la tourbe. Comment fonetionne une tourbiere ? Quy trouve-t-on de particulier ? Quelles agressions subissent-elles ? ions de genése n particuliéres Deux conditions sont nécessaires pour qu'une tour- biere puisse s'établir et se développer : les bilans de eau et de la matiere organique doivent etre excé- dentaires, ~Leau Le sol doit étre constamment gorgé dleau. Les apports en eau par les sources, par le ruissellement et par les précipita- tions, doivent étre supérieurs aux pertes en eau dues a Vécoulement, au drainage naturel du sol, 4 levaporation, et a la transpiration des plantes. Les Monts d'Arrée répondent bien ces conditions. ~ La matiére organique Dans une tourbiere, le milieu est gorge d'eau et sans oxygene. Si l'on ajoute a cela l'acidité et le froid, on obtient un milieu trés défavorable a la décomposi- tion de la matiére organique. La production de matitre organique est alors supérieure a sa vitesse de décomposition ; elle va s'accumuler et se trans- former en tourbe. Lande tourbeuse des Monts d Arrée, Potamot, Narthécie et Ossifrage De la tourbiére de versant & la tourbiére bombée ‘Crest le mode d'alimentation en eau qui permet de faire des distinctions dans l'ensemble des tourbieres a sphaignes. En général, les précipitations sont insuffisantes pour constituer tout lapport dieau nécessaire, les conditions particulieres de la topo- graphie entrent alors en jeu. Des tourbieres se situent sur les pentes ou les replats, le long d'un versant, II s'en trouve dans les depressions qui recueillent les eaux de ruissellement, dautres dans les fonds de vallée, et naturellement de nombreuses tourbieres réunissent ces deux caractéristiques et occupent la pente du bas de versant et la cuvette de la vallée, Ce dernier type de tourbiére évolue vers la tourbiére bombée, endroit ott des sphaignes se sont ]_affranchies de la nappe d'eau et ne recueillent plus que de l'eau de pl tes peu nutritive, I faut mentionner un quatriéme grand type de tourbieres a sphaignes : les tour- bieres de queue dlétang. L'eau libre qui représente le stade initial n'est le plus souvent pré- sente que dans de petites cuvettes ou ruisselets, Sen Mary Des sphaignes franchement aquatiques vont petit & petit coloniser la piece d'eau, depuis la péripherie jusqu'au centre, pour former un tapis continu. Dans ‘ces mares, le potamot a feuilles de renouée étale a la surface de l'eau ses feuilles elliptiques, avec lui le millepertuis des marais et sa curieuse odeur sem- blable & celle du curry. En bordure de ces cuvettes une autre plante remarquable et extrémement rare EAU ET RIVIERES N° 97 DAwt3 Drosera intermedia : une redoutable plante carnivore. peut étre découverte durant l'été : le malaxis des tourbieres, une toute petite orchidee protéegée au niveau national, montrant ainsi que la tourbiere joue également un role de conservatoire naturel précieux. Dans un deuxieme temps, une nouvelle colonisation des parties périphériques va se produire avec dlautres plantes telles, la linaigrette a feuille étroite ou porte-laine, le jone a fleur aigué, et la narthecie des marais ou ossifrage, ce dernier nom signifiant littéralement "casse-os". Cette plante a la réputation de rendre les os fragiles, pour le bétail qui Ja consomme, avec pour consequence de nom- breuses fractures. Avec cette seconde colonisation. de nouvelles sphaignes moins aquatiques s'établissent et constituent des bombements. Les cuvettes vont se combler et des especes moins exigeantes en eau vont prendre le relais. La troisitme étape est marquee par Varrivée de la bruyére & quatre angles. Exigeant un degré d'humidité élevé, elle participe a Vasseche ment du milieu. Un peu plus tard stinstalleront la bruyere cilige, la molinie bleue, et la callune. Quand cette situation se genéralise, les sphaignes disparaissent peu a peu, la tourbiere n'est alors plus active; clest une tourbiére morte. Elle évolue vers une lande ou un bois de saules. Des plantes carnivores dans les fossés Les fameuses plantes carnivores ne sont pas la moindre des curiosités de la tourbiére. L'association de ces deux mots excite limagination a juste titre car il n'apparait pas dans Yordre naturel des choses de voir des plantes manger des animaux ! Quatre plantes, plus justement insectivores, peuvent étre rencontrées dans les tourbieres des Monts d'Arrée : la drosera a feuilles rondes et Ia drosera a feuilles intermédiaires, présentes sur les sphaignes mais également sur la tourbe nue ; ~ la pinguicule ou grassetie du Portugal. Cette plante plus rare que les deux précédentes recherche la tourbe nue suintante, Et enfin 'utriculaire fluette qui est parfois présente dans Veau libre des mares ou les anciens fossés dexploitation de tourbe. Un milieu menacé ? Le devenir des tourbieres, aujourd'hui comme par le pa directement lié aux actions que homme entreprend tant sur les lieux qu’elles occupent, que sur les zones périphériques dont elles dépendent, pour l'alimentation en eau notamment. Le maintien des tourbieres va dans le sens d'intéréts économiques majeurs pour la Bretagne. Personne n'ignore plus Venjeu primordial que représente la qualité de l'eau, et justement les tourbigres sont a meme de délivrer tune eau tres pure, son role d'éponge lui permettant de stocker une énorme quantité d'eau trés pauvre en sels minéraux, et de la restituer lentement a T'ex- térieur toute lannée. L'impact touristique de tels paysages n'est pas non plus a sous-€valuer. San Tavoir recherché le plus souvent, certaines actions de !homme telles l'exploitation artisanale de la tourbe, sont aujourd'hui favorables aux tourbiéres. En effet, loin de nuire a la tourbiere, cette pratique ancienne provoquait un rajeunissement de celle Vespace dénudé et les fosses de tourbage ainsi créées relancant l'activité de la tourbiere. Malheureusement, la liste des actions néfastes aux tourbieres est beaucoup plus longue. Exploitations modernes de la tonrbe pour les usages horticoles ne respectant plus la tourbiére, drainage visant a l'asse- chement rapide des tourbieres pour récupérer des terres agricoles non rentables, boisements résineux au lourd bilan écologique, ou encore décharges publiques que lin cache volontiers dans le fond de Ja vallée, recouvrant parfois une tourbiére. A cela, il faut ajouter la fertilisation abusive qui pollue les ruisselets alimentant les tourbiéres. Les outils juridiques de protection existent (réserve naturelle, arrété de protection de biotope...), mais concernent encore trés peu de tourbiéres. Le vrai debut d'une solution durable passe de toute facon par la prise de conscience par le plus grand nombre (pouvoirs publics, habitants et visiteurs de la région), de lintérét de ces milieux. Dans l'espoir que ce message contribue & leur protection... a José Durfort Extraits des Actes de Conférences de V'université d'eté du Pays dAccueit des Enclos et des Monts dArrée (Juin 92) ‘EAU ET RIVIERES N° 97 8) a a Réhabilitation de Ty-Nevez Le comité de suivi de la decharge de Ty- Nevez & Morlaix est maintenant installé dans ses fonctions. I! regroupe la SEPNB, Eau & Rivieres, la Conféderation syndicale du cadre de vie (CSCV) et Association pour la rehabilitation de ‘Ty-Nevez dont la présidente, Martine Frere, assure également animation du comité de suivi. La décharge a été par- tiellement couverte avec de Vargile de récupération, ce qui limite déja les infiltrations deau. Une réflexion est engagée, sur la meilleure facon de stabiliser la partie sud, ot une hauteur impressionnante d'ordures surplombe la voie ferrée et un ruisseau. Saint-Charles attend... Pendant que Charles Miossec, patron du Conseil général, planche sur le schéma d'aménagement des eaux, Miossec Charles, patron des pollueurs, inter- céde en faveur des industriels de l'levage. Par courrier daté du 7 mai 96, il implore Vindulgence de son "cher ami" Philippe Vasseur pour les pauvres éleveurs priés de respecter la loi. Quelque temps auparavant en effet, le préfet a eu le culot de les inviter a «se conformer aux arrétés dautorisation dexploiter», Cait plus que nen pouvait supporter Te député de Landivisiau, qui désapprouve «cet ulti- ‘maiun», et eraint pour ede nombreux emplois dans le Finistére» si par malheur la loi était appliquee. FINISTERE Doux condamné Charles Doux, P-D.G. des abattoirs du ‘meme nom et d'une kyrielle d'autres sociétés, vient d'etre condamné a 250 000 F damende par le tribunal de Quimper pour extension illégale de Vabattoir de Chateaulin. Ce jugement intervient six ans apres la plainte dépo- sée par Eau & Rivieres, mais il est pas- sionnant. En particulier, il rejette la notion de "tolérance administrative" ‘mise en avant par Charles Doux. Le P-D.G. clamait haut et fort qu'il avait «constamment agi en accord avec Vadministration». Les juges ont donc rappelé implicitement que les services vétérinaires doivent faire leur travail, et non s'en remettre aux associa- tions. Eau & Rivieres a obtenu 30 000 F de dom- mages-intérets, Doux a fait appel. Traitement des lisiers a Lannilis ? Le syndicat des abers étudie & Lannilis, au nord de Brest, Implantation d'une usine de méthanisation des lisiers. Le commissaire-enquéteur a recueilli pres de 600 depositions, dont 478 défavorables au projet. Principales critiques exprimées : les nui- sances micro-locales (bruit, odeurs) et le cout & supporter par les contribuables, Eau & Rivieres a posé un certain nombre de questions qui restent. pour I'instant sans réponses. L'usine traitera-telle les excédents actuels, ou permettra-t-elle d'étendre encore les productions ? Qui financera, qui gerera Tusine ? Les eaux usées seraient dirigées, dit-on, vers la station d’épuration de Lannilis, engendrant un codt supplémentaire d'un million de francs. Qui supportera ce cont ? Que deviendront les produits ow sous-produits du traitement; les émissions atmo- sphériques; les métaux lourds ? Au total, beaucoup dinconnues subsistent, mais l'incohérence majeure de ce projet réside dans Vabsence de coordination avec le programme départemental de résorption des lisiers. Le commissaire-enquéteur a rendu au mois de juillet un avis défavorable au projet. Inquiétudes en marge du CDH Le département du Finistére traine la patte, en ce qui concerne les plans de résorption des lisiers. Le programme, qui aurait da étre prét en novembre 95, vient d'étre présenté au mois de juillet dernier. IL faut dire que la FDSEA (syndicat agricole minori- taire) s'est dépensée sans compter dans les anti- chambres de la prefecture, réussissant meme a faire reporter en catastrophe une séance du Conseil départemental d'hygiene (CDH). Premieres impres- sions : dans les zones d'excédents structurels (ZES), le préfet interpréte de maniére laxiste les consignes du ministere, qui souhaitait favoriser l'nstallation des jeunes agriculteurs. EAU ET RIVIERES N° 97

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