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JUIN 1996 - N° 96 - 50F ISSN 0182-0567 DOSSIER : Eau & Riviéres de Bretagne - APPSB - 12, rue Lanveur - 56100 Lorient - CPPAP 52518 EAU & RIVIERES DE BRETAGNE : LECOLOGIE DE TERRAIN ! Fondée en 1969 par des amoureux du saumon, Eau & Rivieres a su redonner vie aux cours d'eau oubliés, envahis par la végétation et menacés par la pollution. Ses opérations Rivieres propres ont mobilisé, tout au long des années soixante- dix, des milliers de bénévoles et le nettoyage des cours d’eau est rapidement devenu Vaffaire de tous. Mais la dégradation de la qualité de l'eau des sources, des, rivieres, des estuaires, du littoral est due a une multitude dagressions qui affectent le milieu naturel. Eau & Rivigres a donc étendu son action, et sintéresse a des questions tres diverses : - aux pollutions : rejets industriels, urbains, pollutions agricoles ; - a Pérosion des sols, favorisée par l'arasement des talus et cer- taines méthodes de culture, qui entraine des sédiments vers les cours d'eau ; - a la rectification des cours d’eau qui enlaidit nos paysages, détruit la richesse des ruisseaux, des rivigres, et favorise les crues ; - ala destruction des zones humides, qui régularisent le debit des cours d'eau et ralentissent les crues ; - ala multiplication des plans d’eau qui contribuent au réchauffement des eaux (pollution thermique) et aggravent les pertes par évaporation ; - au gaspillage de eau, pourtant si précieuse. La pollution de l'eau est dangereuse pour économie de la Bretagne, dangereuse aussi pour la santé des Bretons. Lefficacité et Pindépendance d’Eau & Rivieres sont recon- nues de tous. En lui apportant votre soutien, vous permettez a Vassociation de poursuivre son action en totale liberté. CURE o Editorial Pollutions et vaches folles Aménagement de Pespace rural ° Alternatives : Du lait et de Pherbe Assemblée générale DOSSIER : Les algues vertes ® Nature Le vison d’Europe ® Bréves des départements Colloque saumon ® Alire ® Lécho des marais EAU ET RIVIERES N° 96 Ww = < a eo) = ‘a rT POLLUTIONS ET... VACHES FOLLES Le culte du «Veau dor», cette grande religion de V'argent qui étend son emprise sur toute la planete, révele, avec la maladie de la «vache folle», les perversions d'un modéle ultra-liberal dont l'Angleterre tatchérienne se voulait le fleuron. Bien que moins débridé chez nous, ce modéle y apporte cependant son cortege d'aberrations. Le productivisme qui en découle conduit a jeter le lait au caniveau et les agriculteurs a !ANPE, tandis que les taux de nitrates et de pesticides, insensibles aux effets d'annonce, inexorablement, continuent de progresser. On ne va plus boire a la fontaine, demain on n’aura plus le droit de pécher les praites ou les palourdes mais, le saumon d'élevage, gave de colorants et d'antibiotiques, vendu moins cher que le tacaud ou Vaiguillewte sera au menu de tous les néfast-foods, au coté de la viande issue animaux élevés en batterie ‘Tout se tient. Linterdiction de la peche a pied des coquillages dans de nombreux secteurs du litoral breton a suscité diverses réactions : celles relativement prudentes et mesurées des conchyliculteurs, celles plus passionnées des pécheurs & pied, celles plus ambigués de nombreux élus... Rares ont été les structures capables d'une analyse globale du probleme, des sources a la mer... Du fait des pollutions et non des normes, comme d'aucuns voudraient le faire croire, un droit ancestral est remis en cause, une activité récréative - gratuite de sureroit - élément de tout un art de vivre se trouve brusquement interdite ou strictement encadrée. Telle une peau de chagrin la nature se rarefie ou Sartficialise et la relation que "homme entretient avec elle s'en trouve gravement affectée, son équilibre et sa joie de vivre aussi, en va ainsi, également, de la relation de homme avec eau et la nourriture, ses liens les plus essentiels avec la Terre-mere, a leur tour devenus suspects ! ‘Nous le savons bien, nitrates, pesticides, antibiotiques, aliments du bétail complémentés de farines obtenues a partir de carcasses d'animaux impropres a la consommation... tout cela procede d'une seule et méme logique technicienne et mercantile aussi méprisante pour l'homme que pour son environnement. Nous avons & en tirer toutes les conséquences. II nous faut bien sar continuer notre action contre la pollution, sous toutes ses formes, en particulier aujourd'hui & faire ceuvre éducative pres du grand public. I nous faut persuader opinion - et les élus - de limportance des normes, surtout pour une région comme la notre ; dire et redire que les normes «eaux piscicoles» qui protégent la vie des poisons, les normes «eaux brutes destinées & la potabilisation», les normes «eaux de baignaden et les normes «eaux conchylicoles» sont cohérentes entre elles. Elles sont, pour la Bretagne une chance et de précieux moyens de droit pour assurer la reconquéte de la qualité des eaux indispensables a la joie et a la santé de ses habitants, ainsi qu’au dévelop- pement harmonieux de son économie. Nous avons aussi a développer notre action visant & promouvoir d'autres méthodes de production agricole. Alors que la maladie de la "vache folle" révéle au grand jour ce que nous savons depuis longtemps des techniques d'élevage hors-sol incompatibles avec une approche agronomique des problemes, ne convient-il pas.de rappeler quien début d'année, des agriculteurs des Cotes d'Armor soucieux de revenir a lherbe étaient contraints dlengager une agréve de la faim» pour tenter dobtenir une part infime des aides si généreusement accordées au mais ? Ce mais, clef de voate du systeme agro-industriel, dévastateur des sols et des paysages et dont la culture si consommatrice d'eau et de pesticides occupe déja 475 000 hectares soit, le quart des surfaces agricoles bretonnes ! Se battre pour l'eau pure, c'est aussi porter le débat & ce niveau. Jean-Claude Pierre u EAU ET RIVIERES N° 96 e tribunal administratif de Rennes a suspendu, le 5 avril dernier, l'opération de remembrement d'lIffendic (Ille-et-Vilaine) a la demande de l'association Eau & Riviéres. C'est une premiére en France. Les politiques d'aménagement foncier doivent etre au service de la reconquete de la qualité des eaux. Eau & Rivieres le répéte depuis dix ans & toutes les DDA mais, si les discours officiels ont évolué avec le temps, les opérations de remembrement restent profondément destructrices notamment en Ille-et-Vilaine. Le tribunal administratif de Rennes vient de nous donner raison en suspendant une opération de remembrement deja engagée. Eau & Riviéres n'a pas attendu la mobilisation récente des pouvoirs publics régionaux pour cons- tater que la distribution de crédits tous azimuts ne constitue pas, a elle seule, une veritable poli- tique de eau, Ainsi, dés 1991, s‘appuyant sur les excés du remembrement de Plélan-le-Grand, l'as- sociation présentait son diagnostic au grand public et son analyse de la quarantaine d'opérations en cours dans le département d'llle-ct-Vilaine au Iffendic : Vadministration n'a pas éudié 1 EAU ET RIVIERES N° 96 Conseil général. L’année suivante, le Departement prenait onze mesures destinées & protéger lenvi- ronnement, mais deux ans plus tard ces rustines avaient fait long feu. Eau & Rivigres réactualisa son analyse (voir revue n° 91), au vu des opérations d'aménagement foncier du bassin du Meu, dont toutes les communes étaient remembrées les unes aprés les autres, Les contacts informels et permanents de association avec la Direction départementale de l'agriculture et le Conseil général furent officia- lisés courant 1995 par la création d'une instance de partenariat. Si la légitimité de association en €iait accrue, Vefficacité du dialogue était douteuse des les premiéres réunions, du fait des intérets économiques étroitement liés de la profession agricole et de 'administration en charge de l'amé- nagement foncier. Parallelement, Eau & Riviéres décida done de suivre avec attention le remembrement de la com- spect hydraulique des travaux. ” AMENAGEMENT DE LESPACE RURAL mune d'lffendic (4 210 hectares), sur les bassins du Meu et du Garun, en amont des captages au fil de l'eau de Monfort et Rennes. Ce remembrement aiait interrompu chaque année du fait de la dégra- dation préoccupante de la resource. Une premiere enquéte publique fat annulée, apres qu'un constat dhuissier edt mis en evidence labsence de certains documents, L’étude d'impact et le registre d'obser- vations avaient été volés, selon la DAF, mais cette administration trés timide n'a jamais osé porter plainte. La seconde enquete publique révela une étude d'impact insignifiante, n'étudiant aucun des effets sur l'environnement du programme de travaux connexes (110 km de haies et talus arasés, 21 ha défrichés, 26 km de fossés hydrauliques agricoles creusés...). Le commissaire-enquéteur reprit en partic nos observations, émettant un avis favorable «sous réserve que le probleme de "hydrau- lique soit revu». En juin et décembre 1995, Eau & Rivieres défendait son point de vue devant les commissions communales et départementales d'aménagement foncier, exigeant au cote de la ville de Rennes un complément d'étude d'impact (notamment pour des incidences sur l'eau), une redefinition du projet et la mise en ceuvre de vraies mesures compensatoires (mesures agri- environnementales, actions CODEGE...). Bien que le Conseil général ait également fait connaitre ses craintes vis-a-vis de la ressource en eau, 'ad- ministration n‘hésita pas a lancer dés le mois d'aoat 1995 les marchés publics pour la réalisation des travaux connexes. Elle bricola dans le meme temps une révision a la marge de son projet initial (reduction de 6 km de fossés d'hydraulique agri- cole, réalisation de zones tampons de 17 ha...), destinée a donner le change. Un jugement exemplaire et une premiére nationale Sitdt connu le rejet de la requéte présentée devant la commission départementale, Eau & Rivieres saisit Ie tribunal administratif de Rennes afin dobtenir larret immédiat des travaux, commencés dis le début de l'année 1996. Motifs invoques : insuffisance de l'étude d'impact notamment sur le régime et la qualité des eaux du bassin versant du Meu, et consequences irréversibles des travaux. De son cote l'administration préfectorale — qui n'a pas bien compris le sens de notre agrément du ministére de I'Environnement au titre de la pro- tection de la nature — contestait a Eau & Rivieres le droit de sinteresser aux opérations d'aménage- ment foncier. La DAF trouvait étude dimpact amplement suffisante, et tout a fait rassurantes les mesures compensatoires visant a «enrichir Ia bio- diversité de Venvironnement a Iffendic» (sic) Le 5 avril 1996, le juge administratif nous a donne raison et, pour la premiere fois en France, a suspendu l'exécution dune opération de remem- brement partiellement engagée. Le jugement est important, et précise que administration ne pouvait ignorer, en pratique, les nombrenx avertissements recus préalablement. Une nouvelle fois, Eau & Rivieres aura da se résigner a défaire ladministration sur le terrain juridique pour se faire entendre. Et maintenant ? Eh bien maintenant, nous sou- haitons que le ministére de l'Environnement intervienne fermement auprés des préfets de Bretagne. Les opérations d'aménagement foncier, financées par des fonds publics, doivent servir Tamélioration des structures agricoles, mais aussi la nécessaire reconquéte de la qualité des eaux bretonnes. L'instance de partenariat mise en place en Ille-et-Vilaine autour des questions d'aménagement foncier devra tirer les conclusions de cette décision de justice, afin d'ameliorer rapidement la trentaine dopérations en cours dans le département. m= AUDIENCE DU 3 AVRIL 1996 EXTRAITS DES CONCLUSIONS DU COMMISSAIRE DU GOUVERNEMENT | Ce n’est pas la le moindre des mérites de ta requéte présentée par Vassociation Eau et Rivieres | de Bretagne (...) que de vous permettre de rappeler | 4 ‘Administration le contenu et ta portée de lobli- | gation de réaliser une étude d'impact en pareille a qualité des eaux, particuligrement sur Vaccélé- ration des flux hydrauliques (les sols ne jowant plus de la méme facon leur rdle d'épuration natu- relle et de rétention des eaux) n'est pas réductible 4G la seule question du programme des travaux connexes, que la commission départementale a revu en en diminuant lampleur. | | circonstance. | e(...) Lizmpact du remembrement sur le régime et «(...) Le probleme [de Uydraulique] est devenu rucial. Or, malgré les enjeux, il est constant que Administration n‘a pas estimé nécessaire de pro- céder a une étude sur Vaspect hydraulique des tra- vaux d’aménagement foncier. | <(...) Comment les conséquences d'un remembre- | ment qui représente un tel houleversement de V'en- vironnement ne seraient-elles pas irréparables ? On Va vu, le Meu est une riviére fragile, le dépar- tement d'tlle-et-Vilaine est classé en zone vulné~ rable : Vateinte portée & environnement serait done, en Vétat, irréparable.» “EAU ET RIVIERES N’ 96, Xe ae ea 3 Du lait et de I’herbe nstallé a Bédée (35) depuis 1988, Pierre-Yves Plessix produit du lait a base d'herbe depuis son installation sur la ferme familiale Les terres, bien regroupées autour des batiments, ont permis a Pierre-Yves d'implanter 27 ha de prairies paturées (mélange fétuque, dactyle, RGA, trefle blanc, tréfle violet...) pour l'alimentation des 27 vaches laitigres Holstein et leur suite (genisses essentiellement). Un a deux hectares de mais et de céréales font office de complément en période hivernale. La saison de paturage intégral des vaches et des jeunes bovins s'échelonne sur dix mois, de mars a décembre (herbe paturée en plat unique). Le foin, Vensilage d'herbe et le mais rentrent respectivement pour un tiers dans la ration hivernale (de mi-décembre a fin fevrier) Revenu plus élevé avec moins de charges... La diminution raisonnée de la production de lait par vache (de 7 500 1 4 6 500 1 en cing ans) est compensée par une augmentation de leffectif afin de produire le quota de 175 000 litres. Les faibles performances techniques (par exemple 1,5 UGB Des animaux au paturage 10 mois sur 12, de 30 hectares. I] est adhérent de l'association ADAGE. L'ADAGE Cette association loi 1901 a été créée au début des années 90 a la suite de sessions de formation sur V'extensification menées par V'AFIP. Elle ras- semble une trentaine d'agriculteurs d'Ille-et- Vilaine, tous engagés vers une réduction des sur- | faces en mais et vers des systémes utilisant pew | de pesticides et d'engrais. L'‘ADAGE est associée | a la fédération régionale des CIVAM pour pro- ‘mouvoir une agriculture durable en Bretagne. par ha de surface fourragere) sont largement com- pensées par des charges opérationnelles tres faibles concentrés : 550 kg/vache, engrais : 346 F/ha, pro- duits phytosanitaires : 52 F/ha, frais véterinaires 100 F/vache (homéopathie). En favorisant le taux protéique, la longue période de paturage contribue jeure rémunération du litre de lait tout luisant considérablement les coateux stocks de fourrages ensilés (2 tonnes de stocks hivernaux contre 4 tonnes en systéme classique). La réduction volontaire des stocks de fourrage conservés pour Vhiver, considérés comme une sécurité pour l'ali- mentation de leurs animaux, représente un critere technique difficilement surmontable pour de nombreux éleveurs. Les cultures ne recoivent pas dlengrais, hormis le furier de ferme. La conjugaison d'une marge brute intéressante (15 000 F par ha de surface fourragere) et de changes de structures tres faibles pour un jeune agriculteur (pas de batiments neufs, pas de matériels neuls, appel a Ventreprise en cas de nécessité) permet de dégager un tres bon revenu disponible. +» et moins de travail Seul sur sa ferme, Pierre Wes Plessix économise ses heures de travail en tracteur (seulement 240 heures par an). Ila supprime la traite du dimanche soir, stentraide avec un voisin agriculteur pour travailler un week-end sur deux, et prend trois semaines de congé en début d’été. Llavenir du sys- teme herbage mis en place lui semble suffisamment solide, et il sinterroge sur le maintien du reliquat de mais ensilage. II envisage maintenant de déve- lopper sur la ferme la race Montbéliarde, selon lui plus adaptée au paturage que la Holstein. EAU ET RIVIERES N° 96 e PIN eae yas par la mobilisation de chacun. L'A.G. & Guingamp : tout un symbole Les Bretons ont prouvé, au cours de l'année 1995, leur sensibilité aigué aux problemes environnement, et tout spécialement aux idées deéfendues par Eau & Rivieres. Nous ne sommes plus seuls, désormais. Le département des Cotes d'Armor ot nous avons choisi de tenir notre assemblée générale, a été riche en événements ces derniers mois. Les consomma- teurs de Guingamp ont gagné leur proces contre la Lyonnaise des Eaux, et laffaire a eu un retentis- sement national. A Trémargat, les sept paysans en greve de la faim pour une agriculture respectueuse de la terre ont recu le soutien massif de lopinion publique, et la manifestation de Saint-Brieuc pour Veau pure, au mois de janvier, a obtenu un succes populaire qui a surpris les médias nationaux. Doublement symbolique est le choix de Guingamp pour accueillir 'A.G., puisque c'est précisément dans cette ville, et avec l'aide de la municipalité, que de nouveaux locaux sont mis a la disposition de Gilles Huet, dorénavant délégué général d'Eau & Rivieres. Liassemblée générale de Carhaix, l'année passée, avait entériné un certain nombre de choix de fonctionnement, pour Eau & Riviéres. 1995 peut donc étre considérée comme l'année zéro de la ré- organisation de l'association et les résultats sont deja sensibles. Efforts de rigueur et de gestion, grace auxquels nous retrouvons notre équilibre financier; reunions réguliéres du C.A. et des com- missions, pour un engagement plus riche des benevoles. Eau & Riviéres victime de son prestige ? association enregistre 160 nouvelles adhésions en 1995. Ce nest pas si mal, mais le nombre total dadhérents (742 dont 42 associations locales) reste insulfisant au regard de notre audience et de notre capital de sympathie. Le prestige réel d'Eau & Rivieres, en Bretagne et au dela, nous pose en fait un s¢rieux probleme. Car l'eau est maintenant Assemblée générale 1996 es champs d'action et de partenariat nouveaux, une réorganisation lisible, des commissions trés actives, des adhérents soucieux de s'engager sur le terrain : l'assemblée générale d'Eau & Riviéres a confirmé une dynamique associative nouvelle. Pour confirmer cet élan, une campagne d'adhésions a été lancée et doit étre rendue efficace au coeur des préoccupations sociales, et nos prises de position nombreuses sur le sujet donnent parfois de l'association une image... trop forte. Beaucoup nous imaginent aujourd hui comme le bras armé du ministere de l'Environnement, riches de moyens techniques et humains, capables «'absorber sans difficultés une demande de plus en plus grande d'interventions ou de prestations de service aupreés des élus, des acteurs sociaux, des citoyens. Remettons les pendules a Vheure : Eau & Rivieres est avant tout une association a but non lucratif, totalement indépendante du ministere et de toute autre structure. Elle porte les idées, les convictions, les souhaits de ses membres. Elle aura la compé- tence, elle aura la puissance que voudront bien lui donner l'ensemble de ses adherents réunis. Le conseil d'administration élu (15 membres) est chargé de guider une équipe de 9 salariés et 6 objecteurs. Il produit de l'information, aussi, et la fait circuler. Mais il n'aura pas les moyens dinformer tout le monde, et sur tous les sujets. Alors n'y-a il pas pour nous tous aujourd'hui un devoir mini- mum : sinformer, et non pas seulement attendre d'etre informé ? Les commissions sont également ouvertes a tous les benévoles : la commission revue (12 collaborateurs réguliers et 10 occasion- nels), et la commission pollution (22 démarches dont 21 avec succes en 95), ne demandent qu’ étoffer leur équipe. Une précieuse indépendance financiére Tout ce qui est rare est cher, et la liberté d'action se paie. Notre budget avoisine 3 millions de francs. Cest a la fois peu et beaucoup. Suifisant, en tout cas, pour nous convaincre de cultiver une independance financiere, garantie avant tout par les cotisations des adhérents. Nous constatons cette année qu'un certain nombre d'élus suppriment ow réduisent les subventions des collectivités locales a Eau & Rivigres, alors quills souhaitent, dans le meme temps, notre participation a des commissions locales, départementales ou régio- nales. Eau & Rivitres est ainsi présente dans une EAU ET RIVIERES N° 96 ASSEMBLEE GENERALE sentés lors de !AG, ont été largement appréciés. Une suggestion toute simple, pour communiquer en direction du grand-public : écrivez de temps en temps a votre quotidien pré Pédagogie et me Eau & Riviéres reste particulitrement attachée tune approche civique de la question de l'eau, et continue a deranger. Dans les conseils généraux, dans les enceintes des tribunaux, dans des bulle- tins agricoles, on nous a traite de «errristes», de sposeurs de bombes administratives, qui suppriment Jean Hamon, Youenn Landrein, Alain Orépy, Gilles Huet. quarantaine de commissions. Elle a consacré en des emplois et remettent en cause le fonctionnement 1995 plus de 2500 heures au partenariat avec les de la société», de structure «plus dangereuse que la pouvoirs publics. Qui nous indemnise, pour cet secte du Temple solaire», etc. Pensez & tansmettre & enorme travail ? Posez la question, par exemple, Eau & Rivieres tous ces témoignages dlaffection : au président du Conseil général du Morbihan qui nous les collectionnons ! nous refuse toute subvention alors que nous par- Les activités pédagogiques restent une priorité ticipons dans son département aux travaux de pour Eau & Rivieres. Elles représentent un vecteur multiples commissions. La réflexion sur le statut essentiel de notre action. En 1995, nous avons d'élu associatif ne progresse guére, en France, et assuré 12 000 journées/animations. Elles ont touché cette carence cotite cher aux associations. De plus _plus de 6 000 personnes. Les bénévoles pourraient en plus de recettes sont affectées a des prestations _tout a fait prendre des responsabilités plus impor- nouvelles, tandis que celles affectées au maintien tantes dans ce secteur d'activité. Informatique, de notre structure associative n'augmentent pas. gestion, technique, bricolage : les occasions de se Merci done a tous ceux qui par leurs dons aident rendre utile ne manquent pas ! association a faire face. Dans l'association, tout releve de la pedagogic, y compris les actions contentieuses pour lesquelles Communication : toujours plus ! Eau & Riviéres assure, aupres d'associations - locales, un role fondamental de conseil et de sou- Mieux diffuser l'information, ne pas prendre le tien technique et juridique risque d'un «silence radio» mal percu par certains adherents actifs, leur prouver la «reconnaissance» C'est maintenant une tradition : le prix des cotisa- de lassociation, par une simple lettre dactylogra- ns est aprement discuté chaque année... Trop phi¢e ow par tout autre moyen : tout ceci est élevé, et dissuasif, ou trop faible, et pas suifisamment absolument nécessaire, et implique du temps et “productif” pour notre budget toujours serré ? de énergie. Nous éditons chaque mois depuis un —_Prenons l'adhésion a Eau & Rivieres, l'eau du an Ia Lettre d'Eog, bulletin de liaison a destination _yobinet et le prix de l'eau embouteillée. Faisons des administrateurs, des représentants d'Eau & ith bont "shake-up" et reserdons lequél surnage Riveres au sein de différentes commissions, des pour-son meilleur qualitéprix : cest le prix de responsables d'associations amies. Au cela des Tadhésion a Eau & Rivigres bien sar ! modes de communication traditionnels (cour- Faison’ le Sever autiur, dened Vodeasion dé la riers, revue, bulletin de liaison), chacun peut campagne "2 POUR 1". ceuvrer bénévolement pour aller plus loin dans la régularité des relations entre les adhérents. Quelques initiatives sympas sulfiraient : reunions, contacts informels, etc Mais la communication est aussi une technique, qui demande des compétences particuliéres. Beaucoup d'idées restent a creuser, afin d'améliorer les procédures actuelles, par des initiatives simples et peu coateuses. Notons toutefois qu'Eau & Rivieres a su élaborer des supports sophistiqués, a llattention des décideurs : exposition "Aven - Ster Goz" et les documents cartographiques sur les milieux aquatiques en Centre-Bretagne, pré- EAU ET RIVIERES N° 96 2 ae Marées vertes Les marées vertes touchent aujourd'hui l'ensemble des cétes de Bretagne. Cette pollution bien visible, pestilentielle, choque méme les bretons les plus habitués 4 l'odeur des lisiers. La responsabili- té de l'agriculture dans ce phénoméne est maintenant établie, et les conséquences écologiques bien connues. L'impact des algues vertes sur le tourisme et la conchyliculture devient préoccupant. Aucune considération pseudo-économique ne devrait permettre a l'industrie de I'élevage de se développer au détriment de pans entiers de l'économie bretonne. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, on a assisté, dans de nombreux pays, au développement du phénomene d'eutrophisation des eaux conti- nentales et marines littorales. L'eutrophisation correspond a un enrichissement de l'eau en sels nutritifs qui favorisent la croissance végétale. Elle entraine la prolifération de végétaux aquatiques qui déreglent les équilibres écologiques et dégradent les conditions d'utilisation du milieu par les populations riveraines. Parmi les nuisances constatécs : encombrement de l'espace et duu volume aquatique par la biomasse; odeurs pesti- lentielles dues a sa décomposition; manque d'oxy- gene consécutif a des phases dle décomposition rapide de la biomasse; phénomenes de toxicité dus au développement de certaines micro-algues. 100 000 G 200 000 tonnes d'algues vertes En France, la Bretagne est la région la plus tou- chée. La récolte annuelle représente environ 70 000 m’ dialgues fraiches (90% de la récolte francaise). Les marées vertes sont devenues genantes des 1968 dans la baie de Lannion. Depuis une vingtaine d'années, ces proliférations de macrophytes ont connu un essor important, rendant leurs manifestations tres spectaculaires, Ainsi en 1994, 44 sites de la cdte bretonne ont été ‘envahis par 100 000 a 200 000 tonnes d'algues vertes. Les zones réguli¢rement atteintes par les proliférations d'ulves sont maintenant bien réper- toriees (voir carte). Les littoraux nord et ouest de Ja Bretagne sont les plus touchés. Ceci vient essentiellement du fait que les eaux marines, glo- balement bien brassées, comportent des zones de piegeage hydrodynamique alimentées directement par de nombreux ruisseaux a faible débit. Ces “Op marées vertes. Et pourtant bien des recherches ont été menées pour essayer de valoriser au mieux ces algues et ainsi éviter les stockages. Hélas, aucune solution n'est pour le moment financiérement viable. Techniquement peu aboutie, cette solution curative quiest le ramassage implique un financement conséquent. Les sommes engagées constituent une lourde charge pour les communes (tableau ci- Joint). Les différences de coat au m? proviennent surtout des moyens mis en ceuvre (régie munici- pale ou interventions privées) et de laccessibilité des sites, certaines zones n’étant d'ailleurs pas nettoyées. Pour faire face a ces dépenses, les conseils genéraux allouent une subvention. Ainsi les Cotes d'Armor financent 80% du ramassage. Le Finistere intervient a hauteur de 50% hors taxes sur une base de 60F/m? avec un plafond de 100 000F par commune. Sur le terrain, les réseaux des unités littorales de la DDE effectuent un controle pour le compte des conseils généraux, suivant des critéres de ramassage établis (seules les ulves sont prises en compte). Les deux autres départements bretons ne semblent pas financer le ramassage. En plus des inégalités relevées au niveau des départements, il est & noter que la part restant a charge des communes ne tient pas compte des retours touristiques de celles-ci. EAU ET RIVIERES N' 96, | Volume et cot de ramassage sur les principaux sites ‘echouages en Bretagne pour Fannce 1996 90005 400000 | 4 350 000 300 000 = 250000 2 5 5000 Zane et [200 000 2 poe 150.000 8 2 2000 100.000 7 1000. 30 000 Oe ee a pO gee EG g [pome BES Fg $5 Fe |= com aioe Ie oe AS Wate] Les touristes boudent la laitue Le préjudice touristique est lourd pour les com- ‘munes concernées par les marées vertes car les vacanciers sont de plus en plus exigeants sur la qualité de leur séjour. Les nuisances occasionnées par la proliferation des ulves affectent en premier lieu nos sens. En effet, la beauté des sites est tou- cchée par ce changement de couleur soudain, ce qui n'est pas du goat des promeneurs. Et la cou- leur verte de l'écume des vagues (probleme non résolu par le ramassage) déroute de plus en plus les nageurs. Autre géne occasionnée, le dégage- ment dlodeurs, extrémement déplaisant pour les vacanciers et les autochtones, D'autant que les vents sont capables de transporter ces odeurs tres loin a Vintérieur des terres. Mais le sens le plus concerné est certainement le toucher, que ce soit pour les jeux de plage ou la baignade : la texture visqueuse et inhabituelle des algues dégote les baigneurs. On comprend que, dans ces conditions, beaucoup renoncent a prolonger leurs vacances en Bretagne, ou méme se jurent de ne plus y remettre les pieds. Salade ou fruits de mer ? Les conséquences économiques des marées vertes sur les productions conchylicoles sont encore mal connues. La présence d'algues entraine évidem- ment un temps de travail supplémentaire, donc un surcoat a la production. Un certain nombre de problemes techniques, comme T'accés au parc, la detérioration de microbulleurs, ou encore la mise en place des picux compliquent la tache des pro- fessionnels. Des problémes écologiques surgis- sent. Les algues recouvrant les poches d'huitres peuvent empécher la lumiere et l'eau de pénétrer. Des naissains meurent, étoutlés sous les ulves, et accés aux bouchots est facilité pour les bernard- Vhermite, prédateurs des moules. Il n'est pas impossible non plus que les algues vertes entrent en compétition avec le phytoplancton, principale nourritures des productions conchylicoles. Diautres secteurs sont touchés. C'est le cas de la péche a pied, devenue moins attrayante, ainsi que la peche cotiere (obligation pour les bateaux de se rendre sur des sites infiabituels et plus éloignés). Lampleur et l'extension du phénomenes des marées vertes en fait aujourd'hui un réel proble- me économique. Le ramassage est une solution limitée mais semble pour l'instant la seule mise en place pour aider les communes concernées par la prolifération des ulves. Brest : une fortune pour le ramassage Les plages du Moulin-Blanc et de Sainte-Anne-du-Porzic, a Brest, sont trés sensibles au phénoméne des marées vertes. Francois Cuillandre, maire-adjoint chargé de l'Environnement, et Jo Tanguy, du service des Espaces verts ont répondu aux questions d'Eau & Riviéres. E & R: Depuis combien de temps ta ville de Brest est-elle confrontée au phénomene des marées vertes ? Francois Cuillandre : Jusqu’en 1989, les échouages étaient faibles. Puis la proliferation des ulves a augmenté, rendant nécessaire la mise en place d'un ramassage sur les deux plages fréquen- tées principalement par les Brestois, le Moulin- Blanc et Sainte-Anne-du-Porzic. L'ampleur du ramassage varie en fonction des années. Ainsi en 1994 nous avons collecté prés de 1 500 tonnes dlalgues et moins de 1 000 l'année derniere. E GR: Cela at-il nécessite des investissements particuliers ? EC. : Evidemment, et le premier investissement a €é Vachat d'un outil spécifique. Une machine qui tamise le sable un peu a la maniere d'une récol- teuse de pomme de terre. Cette machine coute cher (entre 220 et 300 000 F), et ne s'utilise qu'avec un tracteur, ce qui représente un achat denviron 500 000 F Dailleurs, pour rentabiliser Vinvestissement qui est totalement a charge de la ville, des prestations de service sont organisées pour les localités voisines. "EAU ET RIVIERES N° 96 La ville de Brest a fait un investissement lourd pour Gvacuer-les échouaages d’herbes vertes. EGR: Laville engage-t-elle dautres dépenses ? EC. : Le coat de fonctionnement des ramassages a até de 135 000 F pour l'année 1995, subventionné par le Conseil général du Finistére a hauteur de 25.000 F Cependant, l'investissement en matériel et la volomté de valoriser les algues en agriculture, pour éviter une mise en décharge onéreuse, ont permis d'année en année de réduire le coat du ramassage. ER. : Quels sont les plans dactions mis en place 4 plus long terme ? EC. : Les actions & long terme sont liées a la reconquete de la qualité des eaux de la rade, for- tement dépendante des bassins-versants de VAulne et de 'Elorn. Ceci rentre dans le cadre du contrat de Rade. EGR: Quelle approche globale avez-vous du phe- noméne ? EC. : Il ne faut pas négliger lindustrie du touris- ‘me méme si l'on a conscience du poids écono- mique de lagriculture. Une dévalorisation de image de marque de la Bretagne pourrait se répercuter sur beaucoup de secteurs économiques de la région. Cest done sur un plan régional que les orientations politiques doivent étre prises. «Agriculturally correct» . Les algues vertes n'ennuient pas seulement les estivants. Les journalistes régionaux, bien obligés de traiter de temps en temps ce sujet, sont appa- remment dans leurs petits souliers. Depuis quelque temps, certains réussissent un tour de force. Ils dissertent sur les algues vertes sans men- tionner la responsabilité de l'agriculture bretonne et des industries d'élevage, qui déversent des flux dantesques de lisiers et d'engrais minéraux dans notre environnement. Sans méme écrire le mot de nitrates, Reprenez votre collection de journaux régionaux = les exemples foisonnent. Mais, pour le plaisir, relisons ensemble un des plus récents articles (voir encadré) sur la baie de Lannion. La baie de Lannion réunit, nous dit Varticle, «outes les conditions favorables au développement des ulves ‘eaux peu profondes avec effet de houle et absence de courants». C'est tout ? Mais oui, c'est tout. Dés quion se trouve en ean peu profonde, on est en zone dangereuse, Et pour peu quiil fasse un pen de houle, on a les pieds dans la salade. Et les nitrates, et les phosphates ? On ne sait pas, on n'a pas entendu parler. Mais alors, que faire ? Eh bien Ceest tout simple, il faut «définir des objectifs de qualité» et « fréduire] les normes admises habicuel- lement». Les normes en matiére de courant, ou celles concernant la houle ? Ou bien doit-on sup- primer les eaux peu profondes (creuser, pourquoi pas ? ona vu pire !) On connaissait le "politically correct" des anglo- saxons, qui envahit largement la presse francaise. Nous assistons en Bretagne a l'émergence de Magriculturally correct". Et est terrifiant. » L La baie de Lannion site idéal pour les algues vertes La baie de Lannion est une véri- table «usine» A fabriquer des algues vertes. Constat en a été dressé vendredi a Plestin-ies- Gréves au cours d'une réunion de la commission environnement de la communauté de communes Lan- | nion-Plestin-Perros. Selon les spé- cialistes d'lfremer, Ia baie réunit en | effet toutes les conditions favo- rables au développement des | ulves: eaux peu profondes avec effet de houle et absence de cou- rants. La solution passe selon eux par une réduction des normes ad- mises habituellement. «ll est né- cessaire de définir des objectif de qualité afin de revenir 8 une si tuation en matiére d’eau et d’en- vironnement comparable a celle des années 1970.» ‘Quotidien régional, le 6 mai 1996. ‘EAU ET RIVIERES N° 96 Pour une agriculture écologique a solution du bon sens est la derniére a laquelle songent les spé- eee répétait volontiers un contemporain . Et nous lui donnons raison tous les jours. Face aux marées vertes une fois de plus. Car enfin, voila un phénomeéne que nous connaissons parfaite- ment. Nous savons ou il se produit, quand et comment, et nous savons méme pourquoi. Mais nous ne faisons rien pour l'endiguer. ‘Chaque printemps, depuis huit ans, nos quotidiens ostréiculteurs. Jusqu’a présent, les politiques n'ont régionaux titrent sur «Le retour des algues vertes>. pas fait preuve d'un volontarisme excessif pour Depuis huit ans, chaque été, les conseillers géné- résoudre ce probleme. Si l'on tente, ici ou la, de raux se réunissent et votent généreusement des faire progresser la notion de "contrat de bassin" crédits nouveaux aux laboratoires de recherche on de "contrat de baie", et de réduire ainsi les flux afin de «mieux connaitze lorigine du phénomene. de polluants ruisselant vers la mer, les résultats ne ‘Aujourd’hui les choses sont claires. Les scienti- sont pas la hauteur des espérances. On se fiques ont fait leur travail, qui consiste a éclairer contente de nettoyer les plages, ou méme d'imagi- les décideurs, ct le temps des decisions est venu. ner, comme en baie de Douarnenez, de denitrater La responsabilité écrasante des nitrates, done des des ruisseaux dans des zones humides avant leur élevages hors-sol, du gaspillage des engrais chi- arrivée a la mer ! miques et plus généralement du modele agricole breton, est amplement démontréc. Mais, diront certains, que faites-vous de l'influence du soleil, Les communes littorales devraient toutes prendre exemple sur Binic, en Cotes d'Armor, et avoir le de la houle, de la faible pente des plages, etc. ? De _ courage de médiatiser les difficultés que leur beaux esprits expliquaient récemment 'augmenta- _créent les algues vertes. Elles ont tout intérét & tion des accidents de vélo par le plus grand nombre _s'unir pour exiger des mesures de prévention a la de jours ensoleillés (si les cyclistes sont davantage source. La remise en cause d'un certain nombre tués, sur les routes, c'est parce quiils sortent plus, _de pratiques agricoles siimpose. Il faut, d'urgence, mais ca n'est surtout pas la faute des automobi- revenir & la raison en ce qui concerne les créa- listes qui les renversent. CQFD). Meme pauvreté tions et extensions d’élevages, et limiter lusage de raisonnement. Si nous nlavions pas ces quantités _—_abusif d'engrais par une application determinee phénoménales de nitrates, nous n‘aurions pas de du principe pollueur-payeur. marées vertes. Un point, cest tout. Les conséquences économiques des marées vertes niont pas été chiffrées avec précision, au niveau régional comme au niveau des différents secteurs dlactivité, On sait en gros combien nous dépen- sons, nous, contribuables, pour faire ramasser les algues, Mais personne n’a évalué le manque a gagner du secteur du tourisme, par exemple. Ni Ies surcoats d'exploitation imposés aux produc- teurs d'huitres et de moules par des conditions de travail plus difficiles. Peu importe, en réalité, car tout le monde comprend bien que des vacanciers plonges un mois durant dans de la salade verte iront se purifier l'année suivante au large des i cétes landaises ou en Méditerranée. Et l'on se © doute bien que les contaniations aalerobien ies Za seule issue pour lélimination des marées vertes, c'est is coaal see trles i eeeeat at pneenieat ore a baisse drastique du flux de nitrate. nement eutrophisé, conteront de Vargent aux Bernard Grasset, Remarques sur Vaction Dossier réalisé avec la collaboration de Jean-Yves Piriou, charge de mission auprés de VAgence de Veau Loire-Bretagne et des scientifiques du Centre d'Etude et de Valorisation des Algues de Pleubi ‘EAU ET RIVIERES N° 96 NAT Peut-on encore sauver le vison d'Europe ? ammifére peu connu, Le vison d'Europe (Mustela lutreola) est probablement l'un des carnivores les plus menacés d'Europe occidentale. Son statut est bien plus alarmant que celui de la loutre (Lutra lutra). Au sein de l'Union européenne son aire de répartition se limite @ une petite partie de la France et de l'Espagne. Alors qu'au- trefois il occupait toute la facade ouest de I'Hexagone, sa présence actuelle se réduirait a huit départements. Comme un petit putois Le vison d'Europe (Mustela lutreola) est un mam- mifere de la famille des mustélidés. Il ressemble au putois (Mustela putorius) mais en plus petit. Ses mensurations varient de 33 a 38 cm, auxquels il faut ajouter 15 em pour la queue. Cette varia- tion de taille s'explique par un dimorphisme sexuel accentué. En effet, les femelles sont plus petites que les males. II se distingue également du putois par une téte plus fine et plus courte mais surtout par des pieds semi-palmés. Sa fourrure épaisse est d'un brun foncé et, indice distinctif, un mince liseré blanc entoure ses lévres inférieure et supérieure (voir croquis). Vison d'Europe Vison d’Amérique On le confond parfois avec son proche cousin venu des Amériques (Mustela vison). Ce dernier est éleve dans notre région pour sa fourrnre, dans des exploitations de plusieurs milliers dindividus. En s'échappant des élevages, il a colonisé la plu- part de nos cours d'eau bretons. Voici comment les différencier : ‘Nom | Nom | Taille | Poids en frangais | Thtin | ete + corps) | grammes Viton | Mustela | 33238em | 6003800 | liseré blanc sur eEurope | Iureota ima observé | les deux levee 137g | Divenchres ccudales Remarques| vison | Mustela | 31.8 60 em l@Aamerique| "vison | 21100 g [pas de toe spe care Manche Tovenemes ‘cer Un grand amateur de zones humides... et de grenouilles Lihabitat du vison d'Europe est similaire a celui de la loutre : tous les milieux aquatiques, lacs naturels ou artificiels, étangs, zones humides, ruisseaux et riviéres. Ses gites sont variés : il peut "squatter" un terrier de rat musqué, loger dans Vanfractuosité d'un arbre creux, dans lentrelacs des racines d'un aulne du bord de rive ou bien se lover & meme le sol au milieu d'une zone humide, parmi les touradons de laiches. Actif principale- ment la nuit ou au crépuscule, ce carnivore opportuniste chasse de préférence sur les berges. I consomme en. priorité des batraciens, au pre- mier rang desquels les grenouilles, mais aussi des petits rongeurs et des poissons. Son territoire semble relativement restreint (de lordre de 5 & 6 kms de cours d'eau). Mustela Iutreola est un soli- taire de premier ordre. Seule la période du rut, en janvier-février, le pousse a abandonner sa solitude pour quelques intimes instants. Une fois les obli- gations conjugales accomplies, Monsieur retrouve le cours habituel de son existence. Pendant ce temps, Madame va assurer seule la gestation, la naissance et l'éducation des jeunes. La mise-bas survient en avril-mai et permet de découvrir de 2 a7 jeunes. Les raisons de sa disparition A ce jour, peu d'études sérieuses sur le vison d'Europe ont été entreprises. Il semble difficile de déterminer et de hiérarchiser précisément les causes de son déclin. Parmi les hypotheses les plus couramment admises, on peut citer : 1 La destruction de son habitat : depuis 30 ans, les aménagements fonciers, le recalibrage des ruisseaux et des riviéres, le drainage ou le com- blement des zones humides ont incontestable- ment contribué & la regression de lespece. EAU ET RIVIERES N° 96 NATURE 2 La pollution de l'eau : de nombreuses études portant sur le vison ont permis de constater sa sensibilité au méthyl-mercure et aux insecticides organochlorés (ingestion de proies contaminées).. 3 La chasse et le piégeage : le vison a été large- ment piégé et chassé. Malgré la protection totale dont il benélicie depuis 1976, il est toujours victi- me d'un piégeage non sélectif, et victime de Vignorance. 4 La concurrence avec les autres mammiferes semi-aquatiques, en particulier avec son équiva- lent exotique. Le vison d'Amérique est plus opportuniste sur le plan alimentaire et plus préco- ce sur le plan sexuel (il peut perturber le cycle des femelles indigenes en s'accouplant avec elles). Une protection draconienne s'impose I convient pour sauver cette espece de prendre des mesures d'urgence, notamment en protégeant son habitat, c'est a dire favoriser la protection des zones humides et des berges des cours d'eau oit espéce est encore présente. En renforgant la lutte contre la pollution due aux insecticides sur ces memes bassins versants. Pour éviter une destrue- tion aveugle des rares survivants, divers textes et lois, notamment en application de conventions internationales, interdisent les méthodes non sélective de capture et encouragent une formation de piégeurs agréés (statut du vison d'Europe, dis- tinction avec les autres mammiféres aquatiques) Encourager son application effective dans chaque département releve aujourd'hui de la premiere urgence ! Un programme national d'étude et de conservation du vison d'Europe, en cours de mise en ceuvre (voir encadré), permettra, espérons-le, de sauver cette espéce avant qu'elle ne disparaisse définitivement. » Texte rédigé avec la collaboration de Lionel Lafontaine du Groupe mammalogique breton. LE VISON D’EUROPE, _ UNE ESPECE DISPARUE ? En Bretagne, la présence du vison d'Europe est essentiellement attestée par les données de ‘mortalité (collisions routieres, captures non sélec- tives...). Des données récentes (postérieures & 1980) ont été collectées dans une cinquantaine de communes de la région, sans qu'il soit possible de préciser le degré de fiabilité de certaines d'entre elles. Néanmoins, sa présence actuelle est ‘au moins attestée a la limite Morbihan/Loire- Atlantique. Mest impératif d'avoir Vanimal en main pour affirmer son appartenance @ espece européenne. Crest l'objet d'un programme franco-espagnol lancé depuis 1992.11 consiste & mettre en place un vaste réseau de piégeage sélectif et de valider Vaire actuelle de distribution du vison d'Europe afin d’établir des recommandations de gestion de biotopes. Aucun vison d'Europe n'y a pour l'ins- tant &é capturé, ce qui ne permet pas de conclu- re hdtivement a une disparition effective de l'es- pece dans la région. Dans le cadre de ce pro- gramme, vient d'étre éditée une brochure de huit pages (1) détaillant la biologie et les menaces pesant sur 'espéce. Toute donnée, ancienne ou récente, observation directe, capture, vison natu- ralisé... peut étre transmise au Groupe mamma- logique breton. (1) Le vison d'Europe, une espéce en voie de disparition, Brochure du Comité d'étude du vison d'Europe, Communauté européenne. Sur demande au Groupe mammalogique breton, Maison de la Ris Pour en savoir plus * Lafontaine L., 1988, "Un nouveau venu sur le littoral, le vison d'Amérique" Penn-ar-Bed, n°125 * St-Girons M.C., 1991, "Le vison sauvage (Mustela lutreola) en Europe", Collection Sauvegarde de la Nature, n°54, Editions du Conseil de l'Europe, Strasbourg, 41p. igh, ors EAU ET RIVIERES N° 96 & BREVES DES DEPARTEMENTS Morlaix : un suivi de Ty-Nevez Bonne nouvelle pour Eau & Rivieres et pour la SEPNB, a Morlaix. Aprés uit années de travail, les associations se voient proposer la présidence d'un comité de suivi de la décharge de Ty- Nevez, Ce n'est pas du luxe : la décharge, qui renferme toutes sortes de substances toxiques, est en contact avec la nappe phréatique et des écoulements ont été constatés. Et; 1,5 km en aval, on trouve un captage utilisé par la ville de Morlaix. Les élus du SIVOM, exemplaires, ont proposé au comité un budget, des statuts et des bases de travail raison- nables. Ainsi une étude du BRGM datant de 1992 a €€ retenue d'un commun accord comme "point zéro" pour les travaux futurs. Raymond Léost parmi les sages Saluons la naissance de ! Observatoire national de eau, baptisé au mois de mars dernier par les ministres des Finances et de l'Environnement. Et saluons Raymond Léost, animateur du groupe d'Eau & Rivigres de Plabennee, et accessoirement vice-président de France Nature Environnement, Tun des vingt sages qui désormais veilleront avec la plus grande conscience sur les rus, les ruis- seaux, les rivieres, les fleuves et les robinets. Raymond Léost siégera aux e6tés de Brice Lalonde, maire de Saint-Briac, et d'Ambroise Guellec, président du Comité de bassin Loire- Bretagne. Aven -Ster Goz : dix ans de contrat Leexposition d’Eau & Rivieres consacrée au contrat de rivigre Aven-Ster Goz a été inaugurée Bannalec le 9 mai dernier, en présence du préfet Christian Fremont, de Louis Coz, vice-président duu Conseil general, de Louis Le Pensec et de nombreux responsables départemen- taux. Bilan en demi teinte, pour ces dix années de travail. La reconquete du ruisseau de Bannalec, auparavant veritable "gout a ciel ouvert" est spec- taculaire. Mais en aval des piscicul- tures, lean sfest dégradée. La teneur en nitrates n’a cessé de croitre (+ 1 mg/l par an, en moyenne), la pollution par les pesticides devient inquiétante et la qualité bactériologique de lestuaire reste médiocre. Plus que jamais, sur I'Aven-Ster Goz comme sur les autres bassins versants, l'ac- tion est & poursuivre Un arrété "Maudui & Quimperlé Les papeteries Mauduit de Quimperlé ont donné beaucoup de souci aux associations, depuis quelques années et quelques pollutions remar- quables. Une procedure de reconquéte des eaux de la Laita a été engagée en 1990, et la ville a commandé diverses études dimpact de lusine sur son environnement. Aujourd'hui, le préfet prend en compte ce travail, et impose de nouvelles normes de rejet a lindustriel. Moins de pollution organique, peut-étre moins de phosphore et d'azote. Eau & Rivieres satisfaite ? Pas certain : la nouvelle station d'épuration sera opérationnelle le 1* jan- vier 98. On jugera alors si les nouvelles normes sont sulfisantes. Economies d'eau & Quimper Eau & Riviéres assure depuis début mai la sensi- bilisation des éléves de CM1/CM2 de Quimper aux économies d'eau. Jusqu’a fin juin, puis de septembre a décembre, nous intervenons deux jours par semaine dans les classes. Durant trois heures, les éleves se familiarisent avec le cycle de Yeau et manipulent du matériel économiseur deau. Youenn Landrein (@ droite) a pré- senté au mois de ‘mai lexposition Aven-Ster Goz ‘aux responsables departementaux: EAU ET RIVIERES N96 ALS SSN a Ceci concerne principalement les sta- tions dépuration industrielles et domestiques, de Labelle, Loudéac, Merdrignac, Quintin, Guingamp et St-Brieuc, qui vont devoir trouver d'autres solutions pour éliminer leurs boues Kernansqu le début de la fin Treize mois apres que le Premier ministre ait annoncé a Eau & Rivieres Ja decision de I'Etat de démolir le bar- rage de Kernansquillec sur le Léguer, Ja vidange du plan d'eau a démarré le 1« avril ! Cette vidange se poursuivra jusqu’en septembre. Parallélement, une entreprise spécialisée procédera a I'as- ERB stoppe les cochons 4 Plouha pirodragage des 85 000 m? de vases stockées au Saisi par Eau & Rivigres de Bretagne, le tribunal fond du plan d'eau. Ces vases seront refoulées et administratif de Rennes a stoppé l'extension d'une décantées dans quatre lagunes spécialement amé-__porcherie industrielle (400 truies) sur la commune nagées. Comme en 1988, date de la derniére de Plouha. L'exploitant prévoyait d'épandre sur vidange, des seuils seront aménagés dans la rivigre 1.0 ha, dans un secteur out la nappe phréatique a laval pour piéger un maximum de sédiments. est déja contaminéc, puisque la commune a.da La voitte du barrage sera alors partiellement sup- baridonned/scn eaptane eoaterecint primée, et l'ensemble du site benéficiera d'un Tors de Uenudte pubtiquesd la suite ®onevire aménagement paysager. opposition de la population, des conseils muni Certes, l'opération n’est pas sans risques pour le aux, et de l'association locale Kalon Plouha, le cours d'eau, mats il est bien préférable pour Ten- commissaire-enquéteur avait demandé une réduc- vironnement de supprimer une fois pour toute tion de lextension et du plan d'épandage. Le préfet cette retenue dont l'impact sur la qualité des eaux (eutrophisation) et les populations piscicoles était tres négati. nlavait tenu aucun compte de cette demande. Le tribunal administratif a estimé que lavis du commissaire-enquéteur devenait de ce fait de! rable au projet, et compte-tenu des insutfisances du dossier, a conclu au sursis a exécution de lau torisation accordée par le préfet. Des boues encombrantes “ En Cotes d'Armor les effluents domestiques ne représentent, pour l'azote, que 3,2 % des rejets delevages. Mais comme cet azote, contenu dans les boues de stations, rentre en concurrence avec les épandages de fumier, lisier, ou fientes de yolailles notamment dans les cantons excéden- taires, il a été décidé de traiter autrement que par 11 faudra que I'éleveur revoie sa copie. préfet apprenne la loi ! et que le Elevages : contréles ou pas contréles ? épandage toutes les boues en provenance de sta- tions représentant plus de 10 000 équivalents/ habitants. En 1995, la Direction des services vétérinaires a controle 32 élevages, soit a la suite de plaintes (3) soit de sa propre initiative (29). Une action bien modeste (moins de 3 controles par mois !) qui témoigne du peu de veffonté de l'état de verifier sur le terrain lapplication des régles de protection de lenvironnement. Une manque de volonté inquiétant compte-tenu du caractére courant des infractions, puisque sur ces 32 élevages, 19 étaient en infraction, 13 seulement en conformité ! De bonne résolutions cependant pour le premier semestre 1996, puisque ces services prévoient de controler toutes les unités de traitement de lisier ou de fientes de volailles, le bilan annuel des ex- almination des boues de sation depuration portations de fientes que doivent fournit Irs ee- tun casse-tete pour les collectivités locales. veurs ou leurs groupements, ainsi que 50 élevages. ‘EAU ET RIVIERES N° 96, oO

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