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JUIN 1997 - N° 100 - 50F ISSN 0182-0567 Eau & Riviéres de Bretagne - APPSB - 12, rue Lanveur - 56100 Lorient - CPPAP 52518 EAU & RIVIERES DE BRETAGNE VECOLOGIE DE TERRAIN! Fondée en 1969 par des amoureus du saumon, Eau & Rivieres a su redonner vie aux ‘cours deat oublies, envahis par Ia vegetation et menaces par la pollution. Ses operations Rivieres propres ont mobilise, tout au Tong des années soixante-dix, des millers de hénévoles ‘rT nettoyage des cours eau est rapidement devenu Talfaire de tous. ‘Mais la dégradation dela qualité de Peau des sounees, des rivieres, des estuaires, dt littoral ext due a une multitude d'agressions qui affecten le mailew naturel. Eau & Rivires a done étendw som action, et sinteresse 8 des questions ies diverses aux pollutions:rejets industriel, urbains,polluuousagricoles: A érosion des sols, favorisee par Parasement des talus et certaines methodes ce culture, aqui entrain des sediments vers les cours dau ; = la rectification des cours dcau qui enlaiit nos paysages,dletrlt la richesse des russeau, des rivieres, et favorise Tes eres 5 Ala destruction des zones humides qui régularisent le debit des cours dau et ralentssent les erves: +a la multiplication des plans d'eau qui contribuent au réchaulfement des eaus (pollution thermique) et aggravent les pertes par evaporation 5 ~ au gaspillage de Fea, pourtant st préciewse. 1a pollson de Teaw est dangereuse pour Féconomie de la Bretagne, dangereuse aussi pour la santé des Drevons. Uofficacite et Tindépendance d Eas Riléres sont reconnues de tous. En Tui apportant votre soutien, vous permettez 8 association de poursuivre son action en totale liber PATTI AABOHHEMENT/ADRESIOK AABOHNEMENT SEUL (4H°7AH) ADHESIOH SEULE 200F 1S0F 100F 20 » en Morbihan * en Finistere Nord au siege de Fassociaton [rie Gabriel Faure ~ 29200 BREST 12. re Lanveur= 56100 LORIENT ‘Tal 02.98.01.05.45 - Fax 02.98.03,74.44 Tel. O97 87.02.45 » Fas 02.97.37.2028 * en tle-ce-Vilsine Maison de Ta Consommation et de YEnsironnement 48, boulevard Magenta - 35100 RENNES Tel, 0299.0.35.50 en Cotes Armes enelle de Ia Caserne - 22200 GUINGAMP ‘el. 02.96.1,38.77 - Fax 02.96.44.3397. * en Loie-Adlantique 20, ue die Hat Morea Tel 02.40.74.08.02 en Cente Bretagne [mie] Pence 22110 ROSTRENEN. ‘Te, 02.96 200924 “#4000 NANTES Riviere * anotte Cente Regional dnitation (Clases de Riviere) 22810 BELLE-ISLE-EN-TERRE Tel, 02.963.08.39 - Fax 02.96.43.0729 * en Finistere Sud Antenne Misirie - 29380 BANNALEC ‘Te, 02.98.3947.98 Comite de redaction ies Hoey, Yoens Lande, Psa Mier, Ferre Boyer: Ronan Cale, Beano Coqu, Jen Haton, Fabrication Phoxocompostion : Ea 6 Rises ren puge= Des ines howogravoe fase -Sanner fetes Seren: Ach pine ‘Organe de Tassociatio aut & Rividves de Bretagne APPSB. Dicer de publeton Pil MUGNIER emo ay, Hoe La rn, pesca ogni anno EEA Pe perma arn pressed Perr tance & ds cmt de reco. {elec Conn Lepage, ie {eum Micl Meneros, We Pri, anik Rober, Pere fel 0297879235, Fax 0297 372928, Urs Seria de ere Copyria Ea & Rovieres de ie cole rare Bretagne = APPS 238200 Bret Depo ea a param Ta 0298010535, Necrnar sai Fax 020803 7444 Revue imprimée sur papier 100% recyclé. EAU ET RIVIERES N’ 100 NUMERO 100 Editorial Eurobreiz Taventure du ble noir 6 DOSSIER SPECIAL N°100 vO Bréyes des départements @ Ricochets Echo des marais Juin 1997 x a a eo) aE (a rT 3uin 197 L'AGE MUR par Pierre Ursaule Eau & Riviéres aborde sa trentaine, son age mar, Pas encore celui des bilans, celui plutot ot se cherchent les équilibres, out les projets s‘inscrivent dans la durée. Cet age-charniere survient a une époque difficile, une chaotique croisée des chemins de histoire. Des systémes se sont effondrés, des modéles, que l'on pouvait croire pérennes, ont disparu et avec eux une partie des structures d'organisation de nos sociétés, Les modes de reconnaissance de l'autre sont profondément perturbés et, singuligrement, notre rapport au travail érigé en pivot central de la dignité d’homme. Les structures de substitution hésitent, tardent, les nouveaux équilibres se cherchent. Limpuissance des états les porte a se regrouper en ensembles plus larges, crédités d'une meilleure fiabilité politique et économique. Mais l'histoire n'oflre pas de modeéle de ces conglomérats spontanés et les erreurs, les tatonnements, les hésitations laminent les individus et contribuent a marginaliser un nombre effrayant d'exclus. Pourtant, la paix relative de ce demi-siécle aura soutenu un rythme de croissance économique inconnu jusqu’alors. Mais on en sait désormais le cout exorbitant, et le prix a payer pour la remise en état de la planéte terre est faramineux. Sur quelle croissance peut-on compter pour en assumer le financement ? Quelle Europe serons- nous en mesure d'opposer aut "capitalisme totalitaire” mondialisé ot '@conomique est roi, ot "empire de la marchandise doit aussi gouverner les esprits pour mener plus sfirement le consommateur hypnotisé aux portes du supermarché ? Il nous faudra étre capables de maitriser les équilibres biologiques reconstitués & grands frais, den éviter la pollution, ou a tout le moins de la corriger. Crest de ce pari quest né en 1992 le concept de "sustainable development" (commission Bruntland) mal traduit par les commissaires francais en "développement durable". Le monde agricole a, depuis, trainé les pieds, la transition est brutale et la mentalité productiviste trop bien installée depuis les écoles techniques jusqu’a la gestion des marchés. Une lueur despoir pourtant : quatre syndicalistes de haut vol se rédécou- vrent paysans et livraient récemment leur réflexion a un quotidien du soir : l'agricul- ture a rempli la mission que lui avait assignée la pénurie de l'aprés-guerre. Il lui faut desormais se donner les moyens de consacrer le temps et l’énergie que le progres libé- re, a des productions non marchandes, c'est & dire que le marché ne sait pas encore rémunérer : l'eau, les paysages, l'aménagement et la gestion des territoires non urbains, la vie rurale, toutes productions enracinées, non délocalisables, pour lesquelles slaffirme une demande sociale forte. II faudra bien apprendre a en payer le prix comme se paie celui des autres produits qui s'écouleront d'autant mieux sur les marches que les premiers seront garants de leur qualité. Que cette réflexion rejoigne la notre mérite d'etre noté, en soulignant quill y a la un considérable gisement d'emplois Mais quelle volonté politique forte saura convertir ainsi les phenoménales dépenses de soutien au chomage ? © Pierre Ursault est président de l'association Eau & Rivieres a EAU ET RIVIERES N° 100 aura été parfaitement réussie. Leequipe d'llle-et-Vilaine avait bien fait les choses pour accucillir & Médréac, le 6 avril dernier, V'assemblée générale annuelle d'Eau & Riviéres. La salle fleurie, le café pour réchauffer les 200 militants venus de toute la région créaient diemblée une ambiance sympathique et conviviale. M. Ommnes, maire de Merdréac, présenta avec bonheur les efforts de sa commune pour metire en valeur le patrimoine et-dialoguer avec le Aprés une matinée consacrée aux rapports des differents intervenants, le débat sengagea, vivant et serein, entre les participants et les responsables d'Eau & Rivieres. SAUMONS MALADES AGIR! Déja décrite lors du colloque Saumon de Guingamp, Ja mystérieuse maladie fatale dun grand nombre de saumons de printemps de nos rividres bretonnes a été évoquée par Claude Dubos, «ll faut absolument mobiliser les instituts de recherche et le minist@re de IE ‘ment pour connaitre les origines de cette maladie et la combatire», a estimé le président de Vassociation de péche de Saint-Briewc, également membre d'Eau & Rivires. Une inquiéwude partagée par Vassemblée, et quia conduit Eau & Rivieres a imervenir une nouvelle fois auprés du Conseil supérieur de la péche et de ta Direction régionale de Environnement EAU ET RIVIERES N° 100 Pierre Ursault présente le rapport moral d Eau & Rivieves n accueil chaleureux, des adhérents motivés et confiants, une organisation chaque année plus efficace, l'assemblée générale 97 Crest a Pierre Ursault que revenait Yhonneur d'ouvtir le feu avec la présentation du rapport moral. La réussite du colloque Saumon, Taugmentation du nombre d'adhé- rents sont les points positifs soulignes par le président, au méme titre que la participation de l'association au collectif Eau pure et la démolition du barrage de Kernansquillec sur le Léguer. A propos de Valfaire IHirondel évoquee dans notre dernier numéro, Pierre Ursault recommande «la plus extreme vigilance car autres actions seront menées par le lobby agricole pour contrer les normes de protection de la sante publique. Evoquant les remembrements en Ille-et-Vilaine et Morbihan, il regrette le peu de consideration accordée a environnement, et constate que cette insulffisance a été sanctionnée par deux jugements du tribunal adminis- tratif de Rennes. Diffcile de privilégier un domaine dactivités d'Eau & Rivieres, aprés les comptes-rendus éloquents de Gilles Huet, Pierre Boyer, Pierre Thulliez, Jean-Claude Pierre et Thierry Quété. Trois idées force cependant complémentarite, efficacité, partenariat. Les actions menées — sensibilisation, éducation, role de contre-pouvoir — sont parfaitement complémen- taires les unes des autres et terriblement efficaces 3uin 1997 nous avons assuré 'année dernitre 16 000 journées {'éducation a lenvironnement, et enregistré 37 succes juridiques sur 38 décisions rendues. L'association accorde un role prépondérant au partenariat, en partici- pant au fonctionnement de plus de 40 commissions officielles, et en collaborant avec une cinquantaine associations locales ou départementales. La force d'une association, ce sont les hommes qui Vaniment. Mais léquilibre financier est aussi une condition de son efficacité et de sa durabilité. Alain Crépy, présentant le bilan financier d'Eau & Riviéres, rappelle avec humour que la premiere action a mettre en ceuvre, par chacun, c'est «diagrandir la famille en suscitant des adhesions nouvelles» LA RESPONSABILITE DES HAUTS FONCTIONNAIRES ~ Rviws de Bretagne et pofesseur au Museum National Histoire Naturelle 2,24 % - Eau fraiche calottes glaciaires glaciers cau souterraine profonde 0,26 % - Eau douce accessible pour l'utilisation lacs réservoirs rivigres ‘EAU ET RIVIERES N° 100 ula 1997 DOSSIER SPECIAL N°100 4m cube/an (Millis) 1900 1920 1940 = + = consommation domestique Les dégats de irrigation et du drainage Contrastant avec la diminution des ressources, la demande globale d'eau augmente année apres année. On estime quielle a été multipliée par 6 ou 7 de 1900 a 1095, soit un taux double de celut de la croissance de la population mondiale. Comment fera-t-on demain, avec une population prévue de 8 milliards pour 2025 et de 10 a 12 milliards pour 2050 ? La demande actuelle a Véchelon mondial est d'environ 4000 km? par an, agriculture prélevant a elle seule plus de 80 % du total (WMO et UNESCO, 1997). Une organisation agricole mondiale aberrante Mais cette evolution globale cache bien d'autres pro- blemes. Par exemple, du fait de Virrégularité des flux (les phenomenes saisonniers et les variations clima- tiques interannuelles), une grande partie de Yeau du monde ne se trouve pas la oit il faut, quand il le faut. La sécheresse de ce debut d’année 1997 est la pour le rappeler une fois de plus aux Francais. Cette saisonnalité est marquée dans certaines régions. Ainsi les marais de POuest recoivent 300 mm d'eau excédentaires pendant Phiver et présentent un deficit de 300 mm pendant Pété se traduisant pour les éleveurs par le trou dherbe. Cest sur la base de ce constat qu’est née l'idée dans les années 1970-1980 que toute auigmentation de rendement agricole passait par la mattrise de Teau (cf la lol francaise orientation agricole du 10 juillet 1981). De la résulte un développement spectaculaire du systeme irrigation- drainage qui a totalement changé attitude des agricul- teurs : on n’adapte pas Pagriculture aux conditions du milieu mais on modifie celui-ci, on accede prioritaire- ment a la ressource commune qui est eau, on *ameliore” —— Industrie 1960 1980 2000 scese Agicuture me Tol -Evolutfon de ta consommation en eau par secteur activité au cours du sivele les plantes domestiques pour produire de tout, nlimporte cit (cas spectaculaire de extension du mais). Le discours actuel des céréaliers est symptomatigue : ils exigent que Yom arrose des terres nues pour semer du mais, qui sera obligatoirement condamné en cas de sécheresse persis- tante, Il est vrai que dans le systéme aide - calamité agricole, il faut que le champ soit ensemencé. Sil rest jamais récolté, on percevra quand meme la subvention (60 % du revenu des céréaliers provient des subventions nationales et européennnes (La Croix, février 1996). De ce changement cle mentalité qui a entrainé aussi celui des consommateurs (on veut des fraises ou duu melon toute Fannée), joint a une nécessité vitale pour les pays cotoyés par le desert, résulte un développement spectaculaire du systeme irigation-drainage. Ce systeme lrés cofteux en eau concurrence toutes les autres activités. Ainsi en 1996, 100 millions de m? environ ont été puisés dans la nappe de Beauce pour les besoins en eau potable, lindustrie en a prélevé 250 millions pendant que les préleévements agricoles étaient estimés 450 millions, soit pres de 60 % de Peau consommée annuellement (Le Monde, 18 Avril 1997). Les demandes par habitant les plus fortes se trouvent ailleurs dans les pays ow Firrigation pese trés largement dans Tutilisation de Peau. Cest bien str le cas sur tout Je pourtour méditerranéen oit Fon estime que 73 % de eau consommée est destinée a Virrigation, cette pro- portion pouvant dépasser 85 9 en Libye, au Maroc, en Syrie, en Tunisie et en Egypte. Mais des pays industria- lisés comme les Etats-Unis suivent le méme chemin, En France, les surfaces de cultures irriguées ont été multi- pliées par deux en moins de 10 ans. Quant & TEspagne, ‘engagée dans un pari fou - developper une agriculture intensive dans des régions du sud of il tombe 200 mm Juin 1997 ‘EAU ET RIVIERES N° 100 OSSIER SPECIAL N ee See FO yt a we mo et ee a 2. eon =e oF = Les principales zones de conflitsfromtatiers a éeheton mondial liés au partage des ressources en eau de pluie - elle gaspille plus de 70 % de son eau pour produire des fraises 1a ou il fauclait faire pousser des pois chiches Gaspillage et pollution Le record absolu de ce gaspillage Chonté est atteint en. Russie oft état actuel de la mer ¢’Aral reflete avant tout les énormes changements qui ont affecté la quasi totalité de l'’Asie centrale soviétique au cours des 25 a 30 derniéres années (Orekkine, 1990). En trente ans de développement des surfaces agricoles irriguées par Tes eaux des fleuves tels I Amourdaria et le Syrdaria, le volume des eaux apporté annvellement a ce lac inté- rieur par ces fleuves est passé de 50-55 km? a prati- quement rien, En 1960, le volume de la mer @’Aral €iait de 1 100 km?, 25 ans plus tard i était réduit a (650 km? et le niveau avait baissé de 14 m, la surface ayant elle diminuée de 40 %. Pendant le meme temps, la superficie de terres irriguées pour produire du coton et du riz passait de 2,9 a 7,5 millions dhectares recevant en moyenne 500 a 600 kg/ha d’engrais, plus de 30 kg/ha de pesticides, auxquels il faut ajouter des défoliants pour le coton. La péche industrielle qui pro- ‘uisait 50 000 tonnes de poissons, dont les esturgeons (Aral produisait 10 % du caviar russe), a disparu defi- nitivement en 1979. Un beau cas d'école pour réflechir 4 Téquilibre quil faut trouver entre le développement agricole et celui des activités touristiques et de peche Le paradoxe de irrigation est qu’on estime qu'un tiers environ des 280 millions cPhectares irrigués dans le monde (en 1989) risque la salinisation, la remontée du sel étant due a une évapotranspiration lavorisée... par manque de drainage. Cest déja le cas de milliers hectares devenus improductifs en Australie de TOuest. Pour Reuil et Penel (1990), cest sans conteste un defi majeur du debut du siecle prochain si Ton veut assurer un juste équilibre mondial. Comme on le voit, irriga- tion et drainage vont de pair. Le continent Nord-Américain et Europe sont, pour des raisons climatiques, socio-economiques et histo- riques, les zones ott la maitrise de Pexces d'eau par drainage enterré est la plus développée. Evacuer Peau excédentaite, te a été le mattre-mot depuis pratiquement Ia derniére guerre mondiale. En France, en dehors de yastes chantiers comme les schémas successifs dameé- nagements des marais de Ouest, les surfaces drainées ont atteint les 100 000 hectares par an. Comment peut- on encore siétonner de manquer d'eau Tété, lorsque tout est fait en ville (ou Ie bitume des parkings remplace les espaces verts) comme en milieu rural pour favoriser Tecoulement rapide de eau continentale vers la mer ? Qui osera chiffrer les sommes fabuleuses «englouties» (!) pour «rectifier» (au sens propre comme au figuré) rivigres et ruisseaux, pour favoriser écoulement de eau sur les bassins versants (arasement des talus), pour étendre Faire de production du mals, la plante la plus consommatrice d'eau, pour drainer et pour irri- ‘guer ? Le systeme drainage mais-irrigation connait des maintenant ses limites : Ta demande en eau des champs de mais qui ont remplacé les prairies du Marais poite- vvin est telle que Fabaissement de la nappe du Dogger, qui alimente les forages anarchiques des virriguants», conduit a inverser le sens de écoulement de Teau dans les canaux de la Venise verte, Veau de surface rentrant dans la nappe par les sources naturelles, EAU ET RIVIERES N° 100 3uin 1997, OSSIER SPECIAL N°100 Des barrages néfastes Certes, pour pallier & ces besoins grandissants en cau pendant Fete, on a tenté d'y remédier par une politique de barrages mais, comme le fait remarquer Margat (1990), «tout mest pas possible @ la technique». Les choix possibles pour les sites de barrages et de réservoirs accumulation ont leurs limites physiques. ensemble des barrages-réservoirs du monde régularise environ 7% du flux d'eau vehicule par les fleuves. I nest pas str {qu’on puisse aller beaucoup plus loin car les équipements les plus faciles ont deja été réalises (Margat, 1990). Certes, on connait en Bretagne le cas du barrage de Villaumur construit a grands frais et interdit par la Commission nationale d'hygiene publique pour la production c'eau potable. Mais tun autre obstacle se leve, qui risque de poser de graves problemes aux constructeurs de barrages : les limites apportées par la degradation de Yeau qui, & terme, peuvent rendre inutilisable Yeau stockée dans de telles conditions. En effet, recevant des eaux de plus en plus polluées, ils se comportent comme des pigges a mutriments (azote- phosphore). Ces deniers sont la cause d'une eutrophisation grandis- sante caractérisée par une veritable explosion démographique des microalgues. Or, depuis quelques années, partout dans le monde, de Australie a la Finlande... en pas- sant par la Bretagne, ces microalgues sont supplantées par des cyanobactéries (improprement appelées algues bleues). Beaucoup d'entre elles produisent des hepato- toxines, voire des neurotoxines . Flles ont deja provoqué en 1981 de graves problemes de santé aux habitants Australie buvant Peau du robinet, mais cest surtout en 1991, avec la mort de nombreux moutons et bovins ayant bu Veau de la Darling River, contenant des neuro- toxines produites par Anabaena, que les Australiens ont ‘commence a singuiéter sérieusement, et ce d'autant plus {que le coat des équipements permettant de fournir tran- sitoirement de Yeau potable aux habitants s'est éleve a 1 million de dollars, Le fléau des contaminations bactériennes En Bretagne, notre laboratoire vient de montrer que plus, de 70 % des retemues d'eau étaient & un moment ou un autre le siege de prolifération de cyanobactéries et que, dans plus de 70 % des cas, Peau contenait des hépato- toxines. Si augmentation des prélevements d'eau par agriculture pose de sérieux problemes a un nombre ‘grandissant de pays, ce nest effectivement rien au regard de la degradation de la qualité de Veau. Partout dans le monde, Fexpansion d'une agriculture caractérisée par ‘une intensification de ses productions animales et vége- tales se traduit non seulement par des ponctions deat de plus en plus sévéres mais, également, par des pollu- tions telles qu’elles compromettent le fonctionnement des écosystemes aquatiques et réduisent considérable- ‘ment les possibilités d'utilisation de la ressource pour autres usages, On peut dire que la pollution des eaux est sans aucun doute un des aspects les plus inquiétants de la crise globale de Yenvironnement dont est respon- sable la civilisation contemporaine, Nitrates (dont la teneur augmente de prés de 2 mg/an dans toutes les eaux de la communauté, a exception des pays scandi- naves), phosphates, pesticides, matiere organique, autant de polluants dont les méfaits sont dénoncés depuis plus de vingt ans par la communauté internationale, par de grands organismes allant de PUNESCO a POCDE (Organisation de coopération et de développe- ment économique regroupant tous les pays industrialisés) sans comp ter [Union Européenne dans son J) message pour la nouvelle année (1997) rédigé par Agence euro- péenne de environnement et le programme pour lenvironnement des Nations Unies et intitulé «Water Stress in Europe, can the challenge be met ?» Que les agriculteurs retrouvent leur sens civique Mais les agriculteurs, assujettis aux grands groupes industriels de Vagroalimentaire qui restent de arbre face a la montée de ces inquiétudes, se rendent-il compte des dégats qu‘ils occasionnent dans dautres secteurs d'activite tel le tourisme, la péche ou la conchy- liculture ? Se rendentils compte qu’en nourrissant les orcs bretons avec le soja brésilien ils causent indirecte- ‘ment la ruine des petits agriculteurs du sud-est du Brésit et quills sont a Yorigine du défrichement de la foret et de la savane du bassin versant (400 000 km2) de la plus grande zone humide du monde, le Pantanal (100 000 km? occupe par 100 000 habitants élevant 5 millions de tetes de bovins). Ce bassin versant est en coupe reglée par des multinationales européennes liges & Vindustrie automobile, et son érosion est telle que les rivigres qui drainent la zone humide voient leur embouchure se transformer en delta par dépot sédimentaire, Quant aux, pesticides utilisés pour le soja et aux engrais a Torigine de Neutrophisation des cours d'eau, ils ont causé depuis 1085 sur des rios comme le Taquati et le Miranda des ‘mortalités effroyables de poissons parm lesquels on trouve des espéces aussi nobles que le saumon et le dorado. Si favais un souhait a formuler pour la sortie de ce 100% numéro d'Eau & Rivieres, cst que nos agricul- teurs, eux qui ont construit les paysages dans lesquuels nous vivons, qui ont pendant des siécles entretenus nos rividres, retrouvent leur sens civique, se sentent concet- niés par tous les pays dont ils sont tributaites et surtout réapprennent a protéger la ressource la plus précieuse qui soit : 'eau qui entretient la vie. = suin 1997 EAU ET RIVIERES N° 100 DOSSIER SPECIAL N (On connatt la place centrale occupée par ce secteur dans Véconomie bretonne. On sait au de production intensive dégradent l'environnement (pay- sages, sols, eaut et atmosphere), On se doute qu'une telle degradation nuit a Yexpansion d'un tourisme de qualité (clientele exigeante), gene une valorisation plus poussée des produits agricoles qui serait fortement créatrice lemplois et peut dissuader des entreprises industrielles ‘ou de services de venir simplanter en Bretagne. Handicaps et contraintes Cest dire Vimportance, qui ne peut que se renforcer, de Vimage de la région, composante immaterielle des pro- uits agro-alimentaires. Aujourd'hui cette image est duale, D'un cdté, comme une medaille brillante sur une seulle face, une Bretagne des cartes postales. Sur lautre, lune Bretagne notoirement polluée, constituant un han- dicap qui risque de s'alourdir face & un marché toujours, plus sensible a la qualité de lenvironnement. Aujourd’hui en effet, lagriculture est confrontée a quatre contraintes majeures : + juridique, car sous la pression des citoyens nord-euro- péens, la réglementation européenne protege les biens collectifs que sont l'eau, l'air et plus largement les milieux naturels ; - normative, car pour les produits alimentaires, le marché évolue rapidement vers une exigence de qualité constante et de respect de environnement ; - contractuelle, car la grande distribution, ne disposant plus de marges de croissance externe, suit attentive- ment I'évolution de la demande. Les groupes de distri- bution cherchent a fonder leur image de marque sur des produits garantis 8 la fois "bons pour la santé et pour lenvironnement” - sociale et politique enfin, car le consensus qui, au nom de Temploi, protégeait 'agriculture productiviste, com- ‘mence a seffriter devant !ampleur des dégats environne- ‘mentaux et leur coat pour les contribuables. Les consommateurs hesiteront de moins en moins a utiliser Varsenal juridique contre les pollueurs ou Varme de la consommation pour éliminer les produits réputés péna- lisants pour environnement. Agriculture et environnement en Bretagne z ° Données prospectives Par Renaud Layadi" et Pierre Le Rhun” uelle agriculture en Bretagne dans 20 ans ? Nous estimons fe impossible de répondre 4 cette question tant les évolutions sont rapides et rendent aléatoire une prévision au dela de 10 ans. I] nous semble plus utile d'informer sur les facteurs susceptibles de peser sur l'univers agro-alimentaire, sur ses enjeux et les stratégies possibles. nvironnement comme choix économique et industriel. Face a ces contraintes, force est de constater un profond dilemne du projet agricole et agro-alimentaire. - Les filiéres avicole et porcine placent leurs atouts dans une production de masse et minimisent, ou nient, les pollutions engendrées par leurs effluents. Mais ce choix, qui confine la production au bas de gamme, gene dee plus en plus la valorisation des autres filiéres dési- reuses de "faire de la qualité". Elle provoque de surcroit ‘une réaction de rejet (attitude des populations lors implantations d'élevages de pores, etc). - Parallélement, d'autres filitres (bovin lait et viande, certains acteurs des filiéres legumes) amorcent un virage vers une production de qualité et une valorisation tou- Jjours plus poussée des produits. Mais cette stratégie, pour fonetionner, doit s'appuyer sur une bonne image du territoire ; une condition en voie de disparition. Le projet agricole et agro-industriel breton fait done figure de "jeu bloque". Les systemes intensifS sont contrariés dans leur développement par les nuisances quills génerent et qui exacerbent les conflits dans le corps social breton. Les systémes potentiellement créateurs de valeur ajoutée sont handicapés par les nuisances désormais difficilement niables et ne peuvent se déployer sur les marchés les plus porteurs, Les hypotheses d'évolutior quel projet pour le territoire ? Nous avons maintenant les données nécessaires pour repondre a la question posée, en formulant les deux hypotheses qui nous semblent les plus pertinentes. La poursuite des tendances actuelles mene la coexis- tence en Bretagne des deux logiques industrielles dont les relations au territoire sont tres différentes voire antagoniques. ~ Pour la production de masse, V'essentiel est de dispo- ser d'un aliment du bétail a bas prix et de facilités d'ex- portation de la production, d'oit une concentration spa- tiale des elevages autour des axes de transport (rail + voie express). Pour écouler un produit de bas de EAU ET RIVIERES N° 100 ulm 1997 DOSSIER SPECIAL N°10 gamme, le respect de environnement est une préoccu- pation pour le moins secondaire. Pour les acteurs qui ont basé leur projet de production primaire et de transformation sur la qualité, la persis- tance d'une forte pollution par les élevages industriel, ses échos dans les médias, ne peuvent que contrarier une stratégie commerciale misant sur la borne image de la région de production. La promotion d'une marque telle que “Paysan Breton” suppose que le consommateur ait bonne opinion dudit paysan ! C'est une option dans laquelle aucun des deux projets ne sort gagnant, rédui- sant d'autant les opportunités de créations d'emplois que pourrait apporter une plus forte valorisation terri- toriale des produits. On peut craindre, en outre, un décrochage de l'appareil de (tourisme vert en particulier). On devrait aussi assister une amélioration progressive de la qualité de Veau des rappes et des rivieres. Outre qu’elle parait en phase avec les travaux prépara- toires a la réforme de la Politique Agricole Commune et celle des Fonds Structurels Europeens, prévues en 1990, une telle strategie aurait le soutien d'une large ajorité des citoyens-consommateurs mais aussi celui des organisations agricoles les plus représentatives. A preuve du changement de discours de la FNSEA, cet extrait d'un article rédige par son président Lue Guyau : «(..) un modele dagriculture a taille humaine, A ta fols performante sur le plan économique, innovante et citoyenne car a Vecoute de la societe production régional (deja deficitaire en valeur ajou- tée) face a ses compétiteurs européens qui, a Vinstar du modéle hollandais, se lan- cent dans la voie de la certi- fication environnementale des produits, anticipant correctement la nouvelle Politique Agricole Commune. DU PAYSAGE ACTUEL. Une pareille éventualité est Vhypothése la plus vraisem- blable, du moins a court tape terme. Eee - Llautre hypothese, opti- miste, suppose que les ins- tances régionales adoptent une strategie de valorisation de Yenvironnement en phase avec lévolution des marchés. Cette stratégie pla- ccerait la Bretagne comme un tertitoire géré en "2éro défaut™ 11 sagit ici, fondamentale- Yeconomie est basée sur Yexploitation du Vivant, est | domme: son environnement. Cette option peut étre la synthése de quatre qualités : qualité des produits, qualité de l'environnement, qualité du ter- ritoire, qualité de l'image de marque. La réussite de cette politique passe par une diminution forte des impacts des productions sur le milieu (reduction des engrais chimiques et des pesticides, notamment par le recul du mats) permettant un étirement des chaines de transformation agro-alimentaires a proximité des sites de production primaire. Dans cette logique, outre des, benefices économiques industriels, on peut espérer une action sur le paysage par création d'un nouveau bocage, certes plus aéré que V'ancien, assurant la maitrise des flux hydrauliques et done la conservation des sols et améliorant les usages non-agricoles de V'espace rural evage mens et borage rile pcan, vale sus ou mal epsie fae epee coat saber Beton des wise sane “AU PAYSAGE DE 2015. (hypothise de développement durable) cage gues males ters fsonné sure pleas Une agriculture durable, res- pectueuse de l'environnement et transmissible aux genéra- tions de Vavenir» (Ouest- France du 14/02/97). 7 Des atouts 4 valoriser aa Qui n'adhérerait un tel Boos projet? Pourquoi serait-il impossible a mettre en ceuyre en Bretagne ? Pourquoi ne pas considérer quapreés avoir gagné la bataille de la production, les filiéres agricoles et agro- alimentaires peuvent gagner avec Laide de la société civile bretonne la bataille de la compétitivité environne- mentale ? Et si Fobstacle residait dans la mauvaise organisation dont souffre ce pays, avec une instance de décision régionale qui 1a pas encore les moyens institutionnels dexercer ce qui devrait relever de sa ment, de considérer que le | se payaecx oma et ciomel. La eon deals et xr fonction ? capital stratégique de la (erp ape gree ar pet Bretagne, dont l'essentiel de | ime nthen de nhones des facr npercier noise Omega On le voit, loin détre un handicap, la qualité despace périphérique de l'Europe, la forte spécificite culturelle bretonne, son potentiel environnemental sont des atouts fondamentaux qu'il convient de valoriser. Une compeétitivité régionale basée sur la qualité de Yenviron- nement est un projet de Développement Durable pour Vagriculture; c'est également un Grand Dessein pour Veconomie et la société bretonne dans son ensemble. = (1 Beonomiste, expert aupres de ta Direction Generale de TAgrcultare de Union Européenne. (2) Geographe, Chercheur du LITTOMER (Institut de Geographie die "Université de Nantes), adcur du chaptre Environnement dans ta Geographic et amenagement dela Bretagne (Sk Veigh 1994) Pierre Le Rhun et Renaud Layail preparent un et Environnement en Bretagne”. re sur “Economie Duin 1997 ‘EAU ET RIVIERES N° 100 DOSSIER SPECIAL N°100 particuliére. La demande francaise en produits bio augmentait sensi- blement depuis quelques années, lorsque la crise.de la vache folle est venue la faire exploser. La confiance dans la qualité des produits alimentaires a ainsi subi un deplacement bien comprehensible. La réponse a cet accroissement de la demande a bénéficié a la production francaise, mais surtout — et c'est moins connu — aux importations (voir tableau). En effet, de 1993 @ 1996 celles-ci ont plus que décuple. Importations de produits bio en France (en tonnes) (source DGAL, 1997) 1993, 1994 1995 1966 (estimation) 1997 (prévision) Une rigueur réglementaire de bon aloi Et pourtant, en 1985, lagriculture bio était implantee en France mieux que partout ailleurs en Europe (voir courbes). Dés 1981, la France avait innové en se dotant dun cahier des charges assez exigeant en matiere de cultures végétales biologiques et en instaurant des contréles séveres. Nos voisins ont chemine plus ou ‘moins rapidement dans cette voie réglementaire et, cchez eux, Ies textes ont plus souvent suivi que précédé la mise sur le marché des produits biologiques, confe- rant ainsi la France un handicap économique certain. Ainsi, en onze ans, beaucoup de pays européens ont aut moins décuplé leurs surfaces cultivées en bio, alors que la France ne les a multipliées que par 2,5. Tant qu’a etre vertueux, nous ne gemissons pas sur ces chiffres. Dailleurs, la France persiste dans la rigueur réglemen- taire puisqu’en 1992 la plupart des productions animales ‘ont été prises en compte a leur tour, et que l'on vient de parachever ce volet en se dotant dun cahier des charges ‘concernant Ies productions biologiques de pores. En. effet, nous visons le long terme et misons sur la confiance. Et ¢a, ca se mérite. Nous avons diailleurs di lutter pour éviter la révision & la baisse des exigences de notre cahier des charges porcs (par exemple sur la liaison des élevages au sol pour au moins 40 % de leur alimentation, sur la taille ‘maximum des levages par exploitation et par travailleur agricole, etc.). Face A nous le lobby agro-alimentaire abituel poussait au laxisme, avec pour objectif d'entrer L'agriculture bio en France, une pionniere a la traine Par Hervé La Prairie” ortée par une opinion publique favorable, montrée en exemple par les médias, l'agriculture biologique fait de plus en plus souvent la une de l'actualité. Hervé La Prairie nous en présente ici une facette {bon compte dans le systéme, et de surfer sur Ia vague bio. En eas de succés du lobby porcin les chiffres de production auraient effectivement explosé, mais la hranalisation et la perte de la coherence globale étaient au bout du chemin, Nous avons résiste. Aider la reconversion On sait que le systéme bio consomme netiement moins aides publiques que le productivisme traditionnel. Nous sommes donc particuligrement a Vaise pour juger dur manque de pertinence de certaines centre elles Deux exemples pour illustrer le propos. Le semis d'un hectare de mais permet l'attribution de 2.500 francs chaque année (quoiqu'il arrive au mals), alors que pour tun hectare de prairie ne sont attribues que 700 francs, durant deux ans au plus. Cest la longevite normale dune pature en systéme traditionnel. En systeme bio, le mais est remplacé genéralement par des prairies dont la durée de vie est de six ou sept ans, Le calcul sur six ans est vite fait : 15 000 Fha de mats, contre 1 400 F/ha de prairie, soit dix fois moins. Il est vrai que les frais de fertilisation azotée et de produits phytosanitaires ne sont pas les mémes... Et vrai aussi que de fortes quantités, dlazote étant libérées lors du retournement des prairies, Ja qualité de Teau des ruisseaux sien trouve mieux si est fait tous les six ans plutot que tous les deux ans. Un autre exemple : les cultures legumieres bio sont aidées & raison de 1 400 F/na/an pendant deux ans. Crest loin d'etre suffisamment incitatif compte tenu des, charges opérationnelles de ce type de culture, En fait, nous ne voulons pas plus de subventions, mais une meilleure répartition, plus juste. La démarche des agri- culteurs passant au systéme bio est le fruit d'une conviction, certes, mais elle doit pouvoir se faire en assumant des risques raisonnables. Et elle mérite etre mieux encouragée. ‘Un autre handicap sérieux est la carence de soutien technique & notre systéme. Le suivi économique, envi- ronnemental, cultural et zootechnique dexploitations bio est indispensable pour pouvoir acquerir des réfé- rences objectives, qui permettent l'amélioration de nos pratiques et les comparaisons avec le systtme tradition nel. Mais les chambres d'agriculture et les organismes de recherche portent encore une attention trop modeste a nos besoins. Les programmes de TINRA concernant notre problématique résultent plutot des convictions individuelles de certains chercheurs que d'une orienta- tion de programmation de lorganisme bien etablie. Du oy LA PRAIRIE it gpa dose Fer, predent e IFOAM, sicepresiden de Ya commission bi du Ministere de Tagrcultue, président dhonneur de la Federation Nationale de 'agricutureBologgue eva: EAU ET RIVIERES N° 100 uin 1997 DOSSIER SPECIAL N°100 cote des chambres dlagriculture, celle du Finistére, par exemple, a affecté deux techniciens-conseitlers a a bio sur un total d'une soixaniaine. Et ils ont da se former sur le tas en quelques années, aupres des agriculicurs bio eux-memes. De bonnes perspectives ‘Toutes ces limitations ont empéché jusqu'ici V'agriculture bio francaise datteindre le niveau de production minimal ‘qui lui aurait permis de développer des relations com- merciales structurées, avec les grandes et moyennes surfaces par exemple. Mais les choses sont en train dlévoluer. La période actuelle est sans coute une tansi- tion vers une accélération de la production, Notre fiigre lait se développe en partenariat avec certains industriels Besnier, Eurial, Even, Le Gall. Ce type de relations éco- nomiques contribue a une meilleure visibilité du mouve- ment par le public, et une reconnaissance grandissante de son role économique par les collectivités publiques. Les temps changent. Ainsi, en Finistere, 20 exploita- tions sont devenues bio en 1996, contre 7 ou 8 les années précédentes. Et la tendance se confirme en 1997 De plus en plus, ce sont maintenant des agriculteurs installés, certains en vue, performants sur les plans tech- nique et économique, qui "passent en bio". En élevage, certaines filiéres comme le bovin-viande ou le bovin-lait se prétent dailleurs mieux a la conversion que d'autres comme les grands ateliers de volailles ou de porcs Améliorer image du bio Notte image de marque évolue rapidement a Vheure actuelle, et est bien ainsi, Nous clevons encore mieux informer, demystifier, rendre nos résultats plus visibles. Ce sont de bons avocats. Le choix du passage en bio est maintenant envisagé par les exploitants de plus en plus ereinement. La formation spécifique bio tend également a étre mieux assurée : des options ou des spécialités existent dans les lycées, les BTS agricoles et les ENITA, et cela dans toute la France. Une formation permanente existe aussi pour les agriculteurs candidats a la recon- version. Pour bien faire, il serait bon que l'ensemble des, techniciens-conseillers agricoles beneficient aussi d'un complément de formation & ces techniques. Le ministere de Vagriculture semble commencer & prendre acte de la plus forte présence de la bio dans le paysage agricole. I annoncait le 29 avril demier la mise en place d'un plan pluriannuel de développement de l'agriculture bio, et prévoyait un doublement des aides a la reconversion (Ouest-France duu 30/4/97). Nous demandions ce plan depuis quelque temps. Espérons que sa durée de vie dépassera les quarante jours post-électoraux. En viande de pore bio, la demande exprimée n'est couverte quia 10%, Par ailleurs, nous produisons aujourd'hui 10 millions de litres de lait en Bretagne, et nos partenaires, industriels expriment une demande de 200 millions de litres a Necheance de cing ans. De telles perspectives peuvent devenir réalité si les promesses électorales sont tenues. Sans cela, il faudra se résoudre & ce que l'image de marque positive attachée aux productions propres soit réservée a nos voisins, laissant a la France celle des produits basiques et des atteintes a !environnement que cela sous-entend. 11 serait dommage que la volonté novatrice et rigoureuse de la France en matiére d'agri- culture bio continue de la pénaliser économiquement vis-d-vis de ses partenaires européens. La France doit demander a Bruxelles qu‘ils se donnent les mémes exi- xgences et Ia méme rigueur réglementaires, La distorsion de concurrence sera alors supprimée, en meme temps que la pérennité dun systéme véritablement bio sera ainsi assurée. SET LEGUMES "GR —— 1a production en produts bio augmente chague ange, mais moins vite on France. Juin 1997 EAU ET RIVIERES N° 100 >) Ae) dd Ld Rencontre consommateurs - producteurs protecteurs de la nature e 8 mars dernier s'est tenu 4 Rennes un colloque entre consomma- teurs, producteurs et protecteurs de la nature. II s'agissait de préciser les synergies possibles entre ces trois mouvements dans le cadre d'un déve- loppement durable de notre société et de notre région. Sept intervenants se sont succédés 4 la tribune pour expliquer le sens de leur action ou 1'état de leurs recherches. iment au service de la santé Aprés Touverture de la journée par Edmond Herve, maire de Rennes, et lintroduction de Denis Beaulier, le docteur David, médecin en Pays de Loire, insiste sur la nécessité de consommer un aliment sain pour préserver sa santé, L'argumentaire médical sur les nitrates et les pesticides est juge «irrefutable» par le docteur David, qui précise avec emotion que «soigner et protéger son environnement, cest protéger et soigner sa santé. Francoise I Hotelier, présidente du Centre technique régional de la consommation, considere que la crise de la vache folle a accéléré la prise de conscience du. consommateur vis-a-vis de la qualité des produits ali- mentaires. Le consommateur devient méfiant et soul te protéger et garantir sa propre santé. Il demande done de plus en plus de transparence dans le fonctionnement des filgres agro-alimentaires. Développement durable et agriculture biologique : des freins visibles Deux responsables agricoles, Jean-Yves Griot (président du Groupe ouest agriculture durable) et Christian Guilard (président de la Federation régionale des agro- biologistes) ont detaillé les blocages économiques, cul- turels et administratifs qui nuisent a l'émergence d'une agriculture économe, plus respectueuse de lenvironne- ment et saine pour le consommateur. Ainsi, le programme de maitrise des pollutions d'origine agricole, la culture du mais, la politique agricole com- ‘mune, le culte du rendement et le manque de soutien public pour Tagriculture biologique ont été tres critiques. Alors que Jean-Yves Griot sinterroge sur la maniére de diminuer les pesticides dans les cours d'eau par le béton financé dans le cadre du PMPOA, Christian Guilard insiste sur le caractére particulierement écono- me en subyentions de agriculture biologique en com- paraison des quelque 80 milliards de francs de soutien public injectés dans le systéme agricole intensif en France. Intervenir sur la PAC Jean-Claude Pierre cloture la matinée en plaidant pour ‘une nouvelle citoyenneté qui transcende les corpora- 1a journée dit 8 mars a été Voceasion de constater que la erise de la evache foes accétéré la prise de conscience dit consontmateur tismes et permette aux consommateurs, environnemen- talistes et agriculteurs dengager ensemble des démarches susceptibles de peser sur les orientations de lagriculture. Tconclut sur la nécessité de former un groupe de travail compétent pour élaborer une plate-forme commune capable d'intervenir dans le cadre de la réforme de la PAC et mobiliser les élus, le grand public et les organi- sations professionnelles. Cette plate-forme doit intégrer le plafonnement des aides, une parité entre prime a Vherbe et prime mats, et entre moyens curatifs et pro- motion de nouvelles méthodes agriculture. Mobilisation associative intervention de trois chercheurs de INRA a permis de mieux informer le public sur les soutiens publics en agriculture. exposé de l'économiste L. Thiebault, spé- Cialiste des externalités produites par Vagriculture (pay- sage, eau, tourisme...) a été particulitrement suivi par Tauditoire. La mobilisation est done decrétée. Une plate-forme sur la reforme de la politique agricole est en cours de constitution dans le cadre d'un travail inter- associatif. Elle préfigure ce dont est capable un mouve- ‘ment associatif, consumeériste et environnementaliste, dans la promotion d'une politique agricole européenne que nous voulons économe, créatrice d'emplois, et res- pectueuse de notre santé et de la nature. Bi ‘EAU ET RIVIERES N° 100 Duin 1997, Ltequipe dlanimation du centre de Belle- Isle-en-Terre, avec Thierry Quéré et David Guegan, a accueil une vingtaine d'adhe- rents brestois le 5 avril dernier. Au menu presentation du centre dlinitiation a la rivigre, découverte du cadre paisible de el surtout visite du splendide chateau de Lady Mond qui, apres quelques. } menus travaux, hébergera bientot les classes de riviere. Mardi 8 avril était signé le contrat de bassin versant du Steir, fontaine des quimpérois. Montant total des crédits 84 millions de franes, dont plus des deux tiers pour la maitrise des pollutions agricoles. En effet, cette zone géographique est fortement dominée par lagriculture 14 000 ha de SAU, pour une superficie totale de 20 000 ha, et un total de 400 exploitations. La zone nord du bassin, incluant une bonne partie du Porzay, est caractérisée par un chargement a hectare élevé, une production lai- tiére dominante, la présence d'ateliers hors-sol, et une population agricole relativement jeune. Cette opération slannonce donc comme un grand défi, et nécessitera bien des changements de comportements, en particulier dans le monde agricole. Les 22, 23 et 24 mars, nous avons tenu un stand a la foire-exposition de Trégourez, dans Vespace réservé cette année, signe des temps sans doute, a lagriculture biologique. Au bilan : de trés bons contacts, une dizaine adhésions et quelques conversations houleuses avec des visiteurs persuades que lagriculture intensive bretonne reste la meilleure amie de l'eau. Juin 1997 a station de pompage de Trobe, sur le Stel, la fontaine des Quimpérois. Pierre Boyer, responsable de la commission juridique d'Eau & Rivieres, a animé le 22 mars une demi-journée de formation sur le theme des enquétes publiques. Vingt-trois adherents, dont plusieurs tesponsables associations, ont appris a jongler avec les polices des eaux, des installations classées, de la protection de la nature Particuligrement motivés, ils ont souhaité poursuivre Fexercice en travaillant sur des études de cas eoncrets Pendant des années, le Conseil départemental d'hygiene a resemble & une simple chambre dlenregistrement. ‘Chaque mois, tous les doigts se levaient, comme sur ordre, pour avaliser les créations, extensions et regulari- sations d'élevages porcins. Aujourd'hui, c'est fini. La belle unanimite a volé en éclats. Au mois cavril, trois éleyages ont été au centre des débats. Dewx dossiers, & Invillac et Beuzec Cap Sizun, sont passés de justesse, et Ja regularisation du troisiéme, a Arzano, a ei€ refusée a Yunanimite. Les temps changent... Apri avoir, au mois de janvier, condamné un éleveur de truies de Plabennec & une minuscule amende de 5 000 francs pour un dépassement de capacité de 150 % (080 betes, pour 380 autorisées), les juges de Brest ont brusquement augmenté leurs tarifs au mois davril. Un jeune éleveur de bovins, qui avait eu le malheur de lais- ser s'écouler du purin dans un affluent de TAber-Benoit, a été condamné a deux mois de prison et 20 000 franes Glamende. Le tout avec sursis, encore heureux ! Il faut ire que les photos de la pollution aigue de !'Aber- Benoit étaient autrement plus impressionnantes que les discrétes déjections des truies de Plabennec. EAU ET RIVIERES N° 100 Eugenie Emorine, dynamique sétoise de 23 ans, a rejoint Bruno Coquin et Vincent Lefebvre au Centre d'initiation a la Riviére. Reerutée parmi plus d'une centaine de pos- tulants, elle benéficie d'une solide expé- rience en animation nature, classes vertes et centres de loisirs. Ses competences en théatre et en astronomie permetiront de diversifier les activités du Centre, On lui souhaite la bienvenue a Belle Isle en Terre et au sein de la grande famille d’Eau & Riviéres. Alain Gourriou, maire de Lannion, a fait bloquer debut avril les comptes en banque des consommateurs qui relusent de verser 2 la ville la totalité de leur redevance pollution. Les associations du collectif Eau pure et de nombreuses organisations syndicales et politiques ont réagi vivement a ce coup de force. Elles comprennent mal que le maire de Lannion cautionne linjustice et Timmoralite de l'actuelle politique de l'eau. Les consommateurs attendent plutot des élus qu'ils relaient Jeur indignation et plaident pour une modification en pro- fondeur de la lutte contre les pollutions agricoles, tou- jours financée par l'argent public. Le Conseil daygi¢ne a été saisi fin mars d'un rapport sur la situation des 38 piscicultures du département. Ce rapport faisait suite a une intervention d'Eau & Rivieres, pres du préfet, regrettant lattitude laxiste de la din tion des services vetérinaires (DSV). Dioit les objectils annoncés pour 97 : révision des autorisations ante- rieures & 1990, contrdle des rejets pour les élevages les plus intensifs, verification des autocontroles, visites Conjointes des agents chargés de la police de Vean, des installations classées et des gardes-peche. Bref, beaucoup de bonnes résolutions. EAU ET RIVIERES N° 100 ‘Un plan pour revatortser le patrimotne piscicole et développer la péche en COtesd’Armor Rien ne va plus sur le Léguer a cause de la ville de Lannion : celle-ci refuse toute dis- cussion autour des projets de restauration de la rivigre. Iya quelques mois deja, sans aucune concertation, elle a largement finance la Chambre dagriculture pour des interventions trés mal definies... Mais, maintenant, voila qu'elle prétend empecher les communes riveraines et les usagers, regroupés au sein d'une association inter- communale, de mener un programme animations sur la vallée. On ne sait ce qui a pique les, lus Lannionais en charge de ce dossier, mais on voit ‘mal tous ceux qui sloccupent de cette magnifique vallée depuis des années accepter de se plier a leur dilktat ! La richesse piscicole des Cotes d'Armor mérite sans aucun doute d'étre mieux gérée. Les associations de péche du département et leur fédération élaborent actuellement un plan en ce sens. Aprés un diagnostic de la santé piscicole des cours d'eau, il fixera des objec- Uifs et des orientations visant & conserver et valoriser au mieux les populations de poissons. Une démarche nécessaire, et trés motivante pour les pecheurs & la ligne et leurs responsables associatifs. Fentival ferait-elle des petits ? Une seconde usine de compostage de fientes de volailles, fonctionnant depuis plusieurs années sur la commune de I'Hermitage Lorge, vient de recevoir une autorisation dexploiter. Mais un arreté préfectoral ne supprime hélas pas les nuisances | Test vrai que, plusieurs mois aprés le délai prévu et malgré les prescriptions techniques de cet arrété, l'ex- ploitant n'a toujours pas collecté les gaz ni procédé a leur suivi analytique. Juin 1997 Apres deux années de travaux orientés vers Ia formation (enguete publique, eau potable...) le callectif Eau pure propose tune plate-forme commune aux 21 associa tions membres, Les associations de consommateurs, de protection de la nature et les organisations agricoles demandent un renforcement qualitatif des controles di tallations classées dllevage et une parité entre les aides du Conseil gene buées au maintien de Vagriculture intensive et celles disponibles pour les mesures agri-cnvironne- mentales (cahier des charges réduction ¢lintrants, déve~ loppement durable et reconversion a agriculture biolo: ique). Les associations se sont mises d accord pour demander au préfet une meilleure information sur la qualité des produits alimentaires fabriqués en Morbihan €t sur les missions respectives des dillerents services chargés de ce type de contrétes. Affluent de Ele, le Rosterch a été vietime de pollution par l'usine Doux (abattoir de volailles) de Plouray en 1995 et 1996 (20 km pollués). industriel a été condamné en premiere instance pour ces faits et notre association s'était constituée partie civile a ceite oecasion. Liindustriel a fait appel pres de la cour de Rennes. Nous convions l'ensemble des adhérents qui soubaitent gir conerétement pour la protection de Teau a partici per a un nettoyage du "Stanven" le dimanche 15 juin a Plouray (fechage a partir du bourg). En 1994, le public a été informé d'un projet d'usine de traitement des lisiers a St Jean Brévelay. Inclus dans le plan de resorption des effluents d'élevages signe par le préfet en 1995 et auquel notre association était oppo- sée, le dossier est maintenant présenté a Fenquete publique. Fan & Rivigres a donné un avis défavorable aux motifs que - la Claie, qui recoit les effiuents de I'usine via la station depuration de St Jean Brévelay, ne respecterait pas ses objectifs de qualité et les prises d'eau situées sur son 1a station d épuration de StJean Brévelay nécesste une mise ates normes doin 1997 ate MORBIHAN. cours seraient remises en cause ; - les cous induits pour mettre en ceuvre les modifications techniques de la station d'épuration nécessaire au traitement des effluents d'UNIVAL ne sont pas definis Ja contribution financiére du département et de la région a hauteur de 35 ‘h de lin- vestissement se fait exclusivement en direction de moyens curatifs de traitement de la pollution au detriment des aspects preventifs (¢levage a Vherbe, agrobio...) Debut fevrier 97, les gardes-péche de la garderie du Morbihan consiataient une destruction de ruisseau sur Te bassin versant du Kergrois, excellent cours d'eau & stuumons. Situés sur la commune de Landévant et effec- tues par un agriculteur de Pluvigner, ces travaux étaient accompagnés d'un defrichage qui avait pour objet de mettre en culture les terres riveraines du cours d'eau. La nécessité de disposer de terres d'épandage supple- ‘mentaires rend certains agriculteurs peu scrupuleux au regard de la protection des fonds de vallée. Eau & Rivigres a demande une enquete au préfet. EAU ET RIVIERES N° 100 Les projets d'tlevages industriels se multi- plient autour du massif de Broeéliande, le chateau d'eau du centre-est Bretagne. Alors que la zone est particuligrement propice au tourisme vert et déja retenue au titre du programme Natura 2000, et tandis que la population se mobilise pour revendiquer | une agriculture respecteuse de lenvironne- | ment, les chambres dlagriculture démon- trent une nouvelle fois leur incapacite & promouvoir dautres modes de développe- ment agricole que la généralisation du systéme hors-sol. Plusieurs études récentes ont stigmatise linquiétante prolifération de plans d'eau en Ille-et-Vilaine (une cen- taine de créations par an), aggravant la fragilité des rivigres et causant la régression spectaculaire des zones hhumides, Cela n'empéche pas la DDAF (service aména- ‘gement rural) de concevoir chaque année des projets d'étangs communaux, de les faire autoriser par la DDAF Gervice eau & environnement), avant de les faire réaliser sous sa maitrise d'ceuvre (service aménagement rural) On nest jamais mieux servi que par soi-méme. Qu'on se le dise = les missions remunératrices d'ingénierie sont prioritaires. Quant a Vinterét genéral, il se défendra bien, tout seul Le maire e'Acigné s'est taille un frane suecés devant le Conseil départemental d/hygiene. Commentant Vavis defavorable de son conseil municipal sur une régulari- sation d'élevage, M. Jouhier a estimé que le role de V'élu local est de garantir le respect des lois et réglements, et non de cautionner les élevages fonctionnant dans Fille- walité, «Ne devrait-on pas, a demandé M. le maire, abroger les réglementations applicables auex activites agricoles, qui sont bafouees et amnistiges par les pouvoirs publics ?». Ou alors obtenit parcille amnistie de IEtat au niveau de la police de urbanisme, de la police de la Tonte, ou méme, pourquoi pas, du contrdle de la légalité des actes des collectivités territoriales ? Alors que Fancienne station de Cleunay vomissait depuis plus de dix ans des rejets noirs et nau- séabonds dans la Vilaine, inauguration récente de la nouvelle station de Beaurade (360 000 eq, h.) devrait sensiblement améliorer la qualité des eaux — jusculici impropres a tous les usages — en aval de Rennes. Cependant, malgré le recours aux technologies de trai- tement les plus modernes et le soutien d'étiage artificiel du fleuve par les barrages de la Haute-Vilaine, la qualite de Teau risque de demeurer mediocre durant les, périodes estivales. La technique ne suffirait-elle pas a corriger lamenagement déséquilibre du territoire ? Le préfet de région Bretagne, préfet d'tlle-et-Vilaine, continue a autoriser le massacre du paysage — et indi- rectement la degradation de la ressource en eat — conformement aux yoeux du ministere de l'Agriculture Les dérapages ne concernent pas seulement les opéra- tions de remembrement ¢'lffendic, comme le démontre Ie tribunal administratif de Rennes. Saisi par Eau & Riviéres, les juges ont ordonné le 7 mai dernier Var des travaux engagés pour réaliser une déviation routitre a Janzé, sur le bassin de la Seiche, l'un des plus pollués de Bretagne. La politique de reconqueéte de l'eau menée par Etat est-elle encore crédible ? Un chargeur rebouchant le ruisseau rectifié début 96, avant que Von recreuse un méandre en janvier 97, “faire ot déjaire, C'est toujours travatller | ‘EAU ET RIVIERES N° 100 pun 1997 En 1996, en vertu d'une convention avec la Communauté de Communes des Monts dArrée (CCMA), Eau & Rivieres a réalisé tun état des lieux des bassins versants. A la demande de Daniel Créoff, maire de Berrien et président de la communauté association a présenté son travail le 20, mars dernier devant les élus de la CCMA, des représentants de la DIREN, de la DDE, de la DDA et du Parc d'Armorique. Quelques jours plus tard, la Communauté de Communes du Yeun-Elez (voisine de la CCMA ) a contacté Eau & Rivitres et prévu la mise en route d'une étude similaire sur son terrtoire. Des janvier 1997, la Communauté de Communes du Centre-Bretagne avait passé une convention du meme type avec l'association, sur proposition de l'association, un comité de pilotage a tenu sa premiére réunion le 3 ‘mars a Mael-Carhaix. Entrée en matiere houleuse, la Chambre d'agriculture deja bien représentée (4 membres sur 15) ayant tenté dlimposer sans succes 2 délegués syn- dicaux supplémentaires. Par la suite, et dans une ambiance plus sereine, ont été décidées la mise en place dindicateurs de qualité des eaux sous forme d'analyses tri- mestrielles aux différents points nodaux du bassin versant, et la réalisation d'un état des lieux des exploitations agricoles concernées par le périmétre. La proposition d'Eau & Rivieres d'associer la DAMREC au comite de pilotage a ete acceptée a Funanimité Depuis plusieurs mois le sous-sol du Centre-Bretagne excite les convoitises, Andalousite & Glomel, kaolin a Loqueffre, silimanite a Plélaulf les projets d'exten- sion ou de création de carritres se multiplient. Eau & Rivieres a dénoncé plusieurs reprises la legereté des études impact. A Loqueffret, on a oublié une bonne partie des volumes d'eau ligs aux précipitations; a Glomel, une des meilleures sources d'alimentation de Hetang de Mézouet, le ruisseau de Moustourgan, est passée a la trappe; & Plélaull, le rabattement de la nappe a. au projet dexcavation est juge sans influence sur le nuisseau et la zone humide proches. Enfin, 'impact des rejets d'eau acidifiée, surchargée en fer et en matiéres en. suspension, est scandaleusement sous-estimé Le périmetre de protection prévu pour la future prise eau de Mézouet est trop restreint pour Eau &© Rivieres, qui en a saisi le tribunal administratif. Creé Jun 1997 En mars, ont eu Tiew deux réunions de la commission environnement du Groupe d’Action Local pour le dév loppement du Centre Ouest Bretagne (GALCOB). Au menu les différents plans départementaux d'élimination des déchets en Cotes d'Armor, Morbihan et Finistere avec notamment deux dossiers brdlants : Hentrepot des, machefers a Tusine de Carhaix et lusine dincinération de fientes de volailles en Centre-Bretagne, pour laquelle aucun site n'a encore été propose Eau & Rivieres, avec l'association «Kergloff pour tous», Soppose une nouvelle fois a Textension du GAEC Lostanlen. L'exploitant, qui déclare 816 truies pour 294 autorisées, et produit une étude dlimpaet baclée, espere regulariser sa situation et sétendre dans un canton classe en zone d'excédents structurels (ZES) au mépris de Vinterdiction gouvernementale. Le commissaire enquéteur a ose rendre un avis favorable ‘EAU ET RIVIERES N° 100 RICOCHETS Lean s'infiltre partout et féconde, au rythme des printemps, les usures du temps. Tout germe en ses replis; nulle faille ne porte en vain sa part de vent. II y court toutes les semences de l'instant. Plus tard le verbe reprendra ses droits Aujourd'hui est a la terre au labeur. Le soleil appuie de toute son éternité sur Voutil que saisit ma main Tl n'aime pas les friches Et si Peau se meurt, vers quelles enfances iront nos réves? Et si Peau se meurt, quel regard osera affronter ses tombes? a> Poste, Yves Prig exerce également a Bédée (35) le métier d’éditeur-imprimeur. Il vient de feter Pan passé les 15 ans de sa maison d’édition Folle Avoine. En marge de sa quéte c'inédits de poétes et de philosophes, il perpétue Part de l'édition a l'ancienne sur une presse typo aux caracteres de plomb. ‘Yves Prié vient de publier chez Rougerie son cinquime recueil de poésies, Seul tissant la nuit. EAU ET RIVIERES N° 100 3uin 197 3 GOUTTE D'EAU GOUTTE D'OR par Priti JAIN Edition francaise Crisla ; 48 pages ; 16,5 x 24 em ; 68 F. Sous ce titre a priori mystérieux se cache une histoire, vraie, destinée aux enfants. Clest Vhistoire d'un petit village indien situé au pied de I'Himalaya, Et au travers de Taventure de ce petit village, on découvre les liens étroits entre les hommes et la nature qui les ‘entoure. Nous sommes dans le pays cle la mousson, ott la pluie tombe trop rarement mais avec une force dévastatrice. Dans un environnement dégradé par une deforestation excessive associée a un surpaturage, leffet est désastreux et des torrents de boue dévalent les collines. Heureusement, M. Mishra, lingénieut, et les villageois réussiront a maitriser Veau, faire reverdir les collines, reboiser et limiter ainsi lexode rural. Car l'eau est une richesse, et chaque goutte est une goutte dor. Crest le message universel de cet excellent petit ouvrage JOURNAL POUR UN PECHEUR Par E. BOUIN et P- PROUGEANSKY. Editions D. Carpentier ; 110 pages ; 22 x 28 cm; 150 FE Nous, disciples de Saint-Pierre, passons souvent pour.cdes égoistes. Nous avons la facheuse manie de quitter le lit conjugal au petit matin pour retrouver celui de "notre" riviere. A notre retour, impossible de nous arracher nos émotions : c'est comme si nous voulions baigner encore dans Visolement et le silence, A moins qu'on ne se méle de vouloir retracer lindescriptible. «Owvrir awe autres la porte de nos révesm, tel est Yobjet de ce Journal pour wn pécheur: Concu a la fois pour recueillir nos emotions sur le vif et en garder la trace, et pour consigner des remarques plus techniques (lieu de péche, météo, état des eaux, technique utilisée, captures...), cet ouvrage est Ia premiére édition dune série qui devrait permettre a chacun de revivre et faire partager ses émotions. Chaque double page est accompagnée dun texte court, anecdotique ou informel, illustré de splendides aquarelles. En chaque pecheur sommeille un poete : ce livre lui réserve un réveil en beawté, L'EAU, SOURCE D'INDUSTRIES Par Eric MORIN. Editions de I'Ecomusée de la Bintinais ; 72 pages ; 14 x 19 cm ; 40 FE A avers Texemple de Rennes et de ses environs, ce petit livre narre les rapports de Thome et de Heat. Du moulin a lusine, les besoins humains ont en effet varié au cours des ges. L'eau peut ainsi servir de voie de communication, de source d'énergie, mais aussi de matiere premiére, comme pour les lavoirs, Autant d'utilisations qui amene- rent souvent des conflits entre les usagers. On y apprend aussi que la pollution nest pas un fait nouveau puisque deja les lavoirs et plus encore les tanneries devaient nuire a la qualité des eaux... Au total un excellent petit ouvrage qui incite a découvrir ce quill est convenu de désigner comme "patrimoine industriel" GUIDE DES PLANTES SAUVAGES COMESTIBLES ET TOXIQUES Par Francois COUPLAN et Eva STYNER. Editions DELACHAUX et NIESTLE ; 418 pages ; 13 x 20 cm ; 246 F Ce livre est une invitation a la découverte des plantes. Une découverte sensitive, gusta- tive meme, puisquil slagit ici de plantes comestibles. On y apprend ainsi des recettes pour accommoder sapin et coquelicots, mais pas le laurier-rose, dont lingestion d'une seule feuille peut etre mortelle Tout danger de confusion est évité, grace a des planches superbes, auxquelles sont ajoutes des tableaux de comparaison, en cas de resemblances dangereuses Juin 1997 | 25 EAU ET RIVIERES N° 100 ECHO DES MARAIS Journalismes La qualité de information est sans doute lige aux jour nalistes qui la font. Un exemple d'école nous a été four- ni le meme jour dans un meme journal (Quest-France du 29 mars). En page Bretagne, on apprenait qu’alexis Gourvennec partait en guerre contre 'Etat-Providence qui «dissuade de produire plus et dembaucher». Au pas- sage, le journaliste auteur de la breve ajoutait, un rien perfide, que Gourvennec venait de recevoir 500 mil- lions de francs dlaides de IEtat et des collectivites locales pour renflouer la Britany Ferries. En page agricole, un de ses collegues rendait compte de la levee de bouclier de 'AMEB (association pour le maintien de Vélevage en Bretagne) contre Corinne Lepage qui «sioccupe de ce qui ne la regarde pas». On apprenait quau cours d'un rassemblement organise a Ploufragan par le lobby productiviste, Christian Buson sade Vnstitut de 1Environnement, siestefforce de montier cartes et chiffres a appui, que les mesures environnemen- tales du gouvernement miavaient aucun fondement scientt- Jfiquer. Le sens critique n'est apparemment pas la tasse de thé du journaliste agricole qui oublie au passage de sinter- roger sur le «fonde- ment scientifique» de cce fameux institut de environnement, création des Gourvennec, Doux cet consorts (ef. le n® 99 de notre revue). Sera-t-il le dernier tre informé de la nature exacte de cet “institut? Comme disaient autrefois les Jésuites, ne pas dire toute la verité n'est pas tout a fait un ‘mensonge, seule- ment une «restriction mentale. Echo international Le Courrier du Vietnam, dans son edition du 30 janvier 1997, consacre-un quart de page a la plainte de la Lyonnaise des Eaux contre I'Etat, suite au proces de Guingamp. Eau & Rivieres de Bretagne y est largement citée. En vue d'une implantation internationale, cher- chons adhérent parlant vietnamien. Fertival : riverains silencieux Depuis quelques temps les riverains de Fertival (prés de Lamballe) ne protestent plus contre cette usine de trai- tement en faillite rachetée par la Cooper! aprés avoir englouti d'énormes financements publies sans réussir & engloutir les odeurs. Liadministration des Cotes d'Armor aurait-elle, apres expertises et contre-exper- tises, prescriptions et mises en demeutre, autorisation provisoire et sursis permanent, réussi a calmer les habi- tants qui vivraient désormais avec leurs fenétres grandes ouvertes ? La realité est plus sordide : ils ont ddemenage, et leurs maisons sont en vente. Apres l'usine, la Cooperl va-t-elle racheter les maisons pour y loger ses cadres ? Pédagogie Les chambres dlagriculture ont le souci permanent de former leurs leaders agricoles, n’hésitant pas, pour cette noble cause, a détourner les financements européens destinés & former les agriculteurs se réorientant vers agriculture durable. Le résultat est prometteur : le pré- ident de la coop du Gouessant, P Faivier, a accompli exploit de surcharger sa porcherie de 300 places entre le 6 mai 1993, date de son arrété d'autorisation, et le 31 décembre 93, date d'un contréle de la DSV. Ete prési- dent du CDJA des Cotes d’Armor, J-L. Cade, vient d'etre condamné par le tribunal de Dinan pour extension ille- gale de sa porcherie de Créhen. En matiere de forma- tion la moins chete est la pédagogie par l'exemple ! Maman, les p'tits bateaux Suite ala crise de la peche, les quelques bateaux qui ont pas été bralés ont fait leur reapparition comme omements des ronds-points routiers ou comme tobog- gans sur les aires de jeux. A Lorient, une grande surface, responsable en majeure partie de cette mort annoncée des bateaux de péche par concentration des ch production et de distribution, en a deniche un et I'ainstalle sur son parking pour vendre un saumon provenant des fjorcs de Norvege. Avec une bonne paire de lunettes on peut constater que cette publicite pour Tauthentique a gouit d'embruns sanvages nest pas men- songére : la mention «élevé en pisciculture» figure bien sur Temballage. EAU ET RIVIERES N° 100 3uln 1997 Un programme éducatif e original sur Peau et \ Penvironnement parce RC S que nous dépendons de Yeau, mais qu'elle dépend aussi de nous. RICOCHET, c'est un programme évolutif d’éducation et de formation sur Peau utilisant la pédagogie de projet, la pédagogie de l'alternance et 'approche scientifique. Ce programme a pour but de permettre a la fois - expression d'une relation intime a Teau ; - la compréhension des concepts (de gestion globale et équilibrée, c’unité de la resource, de patrimoine commun, de concertation démocratique et de participation citoyenne...) Pacquisition de ce programme comprend : ~ une journée de formation ; - une malle qui contient : un jeu «le pays de eau», un classeur de méthode pédagogique, un classeur de ressource et activités, un livret sur la pédagogie de’ projet ; - acces & un systéme d’échanges et de pratiques ; - Vacces au réseau «Ecole et Nature» Pour tous renseignements : Centre d'Initiation a la riviere 22810 Belle-Isle-en-Terre Tél. 02 96 43 08 39 Fax 02 96 43 07 29 VIDEO : KERNANSQUILLEC, RETOUR AU NATUREL Le Léguer : une des plus belles rivieres a saumons de Bretagne, mutilée depuis 1923 par un barrage hydro-électrique. En 1995, une premiere en France, I'Etat décide de démanteler ce barrage Le film présente la vallée du Léguer, retrace 'histoire du barrage, ses impacts sur l'environnement. 11 évoque le démantélement, les mesures prises pour sauvegarder la riviére, et mettre en valeur le site rendu aux canogistes et aux saumons, Un film pour témoigner et pour convaincre que les barrages inutiles qui mutilent nos vallées peuvent étre démolis ! Un film d'Eau et Riviéres de Bretagne réalisé par TREGOR VIDEO En vente par correspondance a Eau et Rivieres de Bretagne - Venelle de la caserne 22200 GUINGAMP Prix : 60 F + 25 F de frais de port 4 MAGNIFIQUES POSTERS POUR FAIRE CONNAITRE LES RICHESSES DES RIVIERES BRETONNES a | ay Wg entrees

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