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FOUILLES
CARTHAGE
AUX PRAIS ET SOUS LA DIRECTION
M. BEULE
PARIS ~~
IMPRIMERIE IMPERIALE
Mpece LxLES PORTS.
1. = Datails hitoriquaes
Jéais revenu en France au printemps dé Taunés 185y3 je reps
pour Carthage lautornne suivant, dés que les ardeurs du ciel africain
‘me parurent supportables. J'avais appris, dans cet intervalle, que le
Gouvernement anglais renongait a continuer ses fouilles sur Yemplace-
iment de Carthage, et quit cessait Pallouer des fonds & M. D:
agent. Cette nouvelle avait modifié mes projets; au liew de me renfer-
‘mer dans Byrsa, sol francais, je pouvais étondre partout mes explora.
ns, et ravais plus & respecter les droits des prem
javais toujours eu le plus vif désird'&tudier les ports de Casthoge ot la
Inéeropole : les ports, parce quils avaient do attier Fellort prinedpal
un peuple de navigateurs; la néeropole, parce que les tombeaus sont
ordinaire tes oeuvres tes plus durables des peuples anciens, et parce
que les tombeaux carthaginois promettaient & Thistoire de Vart des do»
‘uments nouveaux, Tel fut te donble but se mon second vayage, «dont
ime veste 4 exposer les résultats,
Mais, dabord, je ripondrsi 4 une question
et que tout le monde pourrait me faire encore : « Pourquoi niavoir pas
« reprises fouilles de Byrsa? Pourquoi n'avoirr pas déblayé le
‘ proconsul romain, dans Teneeinte de Saint-Louis? Pourquoi avoir
« pas découvert, sur une étenduc plus co es fo
‘tions puniques?» Hl n'est point inutile de rappeler que la Cs
phénicienne avait prés de eing Hewes de tour, q i
(i em'a &46 faite souver
lérable, les vielAs FOUILLES 4 GANTHAGE.
fouis & ane grande profondeur, sous plusieurs couches de ruines. et
quil est peu de particuliers auxquels leurs ressources permettent de faire
reparaitre au jour des quartiers, ou méme des monuments entiers. Ei
enfoncant Ia pioche dans le sol de Carthage, je m'étais proposé de «
fater un préjugé universellement répandu, de prouver qu'une ville ne
pouvait tre clfacée du monde dans le sens absolu du mot, et que des
cfforts persévérants devaient retrouver quelques traces de In cilé primi
tive, La découverte des fortifications gigamtesques de Dyrst me donna
gain de cause; mais il convensit de renoureler cette expérience sur des
points différents. Une fois les murs de Byrsa conntis sur une longueur
de quarante metres, il éteit moins important de les étudier sur un
longueur de cent ou de millemtires. A part quelques détails imprévus,
on ne devait observer que la repetition du méme plan; tandis que, sil
‘sit possible d'stteindre dantres monuments phdniciens, de mesurer
toute la grandeur des ports qu’an peuple aussi illustre se creusait, de
pénétrer la disposition des tombeaux quil se préparsit, le probleme se-
rait résolu une facon décisive, em méme temps que la science archéo-
logique étendrait ses conquétes.
‘Quant au palais romain qui sert de piédestal 4 la chapelfe de Saint-
Lovis, il eppartient, de fait, au Gouvernement francais, puisqu'l est
tué sur le platean qui lui a été coneédé et dans Fenceinte meme des
murs, Gest un devoir pour la France de le faire un jour déblayer
était done peu convenable que je prisse & ma charge des travaux d'ut:
publique, au lieu de continuer ma tache dexplorateur, Telle était
Topinion de Académie des inscriptions et belleslettres, lorsquielle vou
Init bien, A ce sujet, fire éerire A M. te ministre tat. M. Guigniaut
seerétire par intérim pendant Fabsenes de M, Naudet, annongaitau mi-
nistre mon départ pour Carthage, ainsi que les projets de travaux qui
ent absolument personnels, et auxquels je continuerais de subve-
‘en méme temps, Tintérés que l'Académie
attachait aux fouilles de Saint-Louis. Chonneur que notre pays en pour.
rait recucillir, Feceasion qui seffrait au Gouvernement de faire exécuter
ces embellissements dans des conditions rares economic, puisqu'il
teonvait, tout porte sur les liews, Vagent le plus désintéressé du monde.LES PORTS. 80
ct n'aail & payer que la main-d’euvee.
‘Académie marqu
chilfre, assurément bien modeste,, de six mille fra
saurais ne point dépasser. La lettre de Académie ne regut paint de
pouse, Je partis Cautant plus résolu a ne plus toucher 4 Saint-Louis
emplacement desanciens ports de Carthage est bien connu, j'ajou-
terai quill est tellement aisé & reconnatire, qu’on admire Yarcuglement
des anciens voyageurs qui les cherchaient du e6té opposé de Ja pres
quile, Ies touruant, non pas vers fe lac de Tunis, mais vers le lac de
Soukara. IL est inutile de réfuter Le systime de Shaw!, ded.Anville?,
AEstrup?, ou méme Ferreur de Mannert’, qui mete Cothon & sa juste
place, mais fe fat communiquer avec felac de Tunis et non pas avec a
mer, Idingéniewr hollandais Humbert*, Chiteaubriand®, Batticher’,
Falbe* et Ml. Dedrous, architecte*, ont rétabli Ja topographic exacts
Doreau de la Malle Ia consacrée parson savant commentaire, Il ne fa
pas oublier les travaux inédits du comte Camille Borgia, dont le rnajor
Humbert eut connaissance", ot quil trouvait satisfasonts, préeisément
dans fa partie qui concernait te port Cothon. Mais toutes ces études ne
‘appliquent quii la surface eu sol et aux apparences. Ni la forme des
ports, ni leur grandeur réelle, ni leur plan et leurs détails de cons:
ili,
“Thana or obnrtioralting tostvoralparteaf Darlary and tht Lew
Osford 1738, pea
Gage axe AIL, p. 83.
* ince tnpogrephice Carthayinis Tyre, in Mucell Hava. tI fase. 1.
* Voyer sa carte reproduite dans Vouvrege de Dareau de fa Malle 4 In pl. 1.
‘Saarte manuscrie est également publie par Dureau de a Nallo, sur ta mérne
panel
Iinarwive, I, 7 pai
7 Carte reproduite i In planche I des Recherche sue te pogrphie de Carthage
* Recherelea sur Fenplicerment de Oxrthage, aves e plan et cing planches. Pais,
1833,
ise dela restnraion dela ville de Carthge, carte sclographite pets um
dlessn 4 la plume,
Pckercht sar la topagrophie de Carthage, Pa
"Notice rar quate eippes sipaderaus découverte
hoges La Haye, 1824 a preaire page:
1835, pes bs.
41847 sar Te sal de Funtque Car.% FOUILLES 4 CART
truction niont été pénétr’s. Tout se borne & une question demplace-
ment, etles ealeulsmdmes que Dureau dela Malle! et le docteur Barth?
ont fats n'ont sien que approximatif et darbitraice. Des fouilles pou-
vaient seules conduire & des résultats précis. Avant de raconter ees
fouilles, je dois rappeler quels secours mn‘ont offerts les historiens an
ciens, ce quils nous disent des ports de Carthage, et quetes transfor~
‘mations ces ports ont subies jusqu’d nos jours,
Appien en donne une description assez dé
‘ment emprantée 4 Polybe, et qui, pour cette raison, offre toutes les ga
ranties dexactitade, ear Polybe, esprit sérieux, bon observateur, aini
de Seipion, témoin du siége et de Ia raine de Carthage, est digae de
tat de eonfianee, queTes historiens des ages suivants nowt pur mieux
faire que de le copier.
Les ports de Garthage, dit Appien?, étaient disposés de telle sorte,
«que les mavires passsient de Man dans lautro; du ebté de la mer, ils
CE.
it certain.
ee, qui
«