Mercredi 16 novembre 2011 - 67e année - N˚20783 - 1,50 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.
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Rigueur et pénurie
de crédit fragilisent
la croissance française
t La contraction du PIB au 2e trimestre relance le débat sur la note de la France
Evolution trimestrielle du PIB
en %, en 2011
+ 0,9
+ 0,4
T1
— 0,1
T2
«Verdir» la politique:
le face-à-face NKM-Duflot
Débat Dans un entretien croisé au « Monde », la
ministre et la dirigeante d’Europe Ecologie - Les Verts
s’affrontent sur la place de l’écologie dans les politiques
publiques. Deux projets, deux visions opposées. Page 7
Sur l’Europe, Londres doit choisir… ou se taire
D
eux discours très différents
ont été prononcés sur l’Eu-
rope, lundi 14novembre,
par deux dirigeants de pays-clés
de l’Union européenne (UE). Si dif-
férents qu’on peut se demander si
ces deux chefs de gouvernement,
la chancelière allemande, Angela
Merkel, et le premier ministre
britannique, David Cameron, par-
laient, en réalité, de la même cho-
se. Et le fossé qui les sépare illustre
malheureusement l’immense
défi posé par la crise actuelle.
Devant le congrès annuel de
UK price £ 1,50
son parti, l’Union chrétienne-
démocrate (CDU), à Leipzig,
Mme Merkel a plaidé pour des chan-
gements radicaux afin d’appro-
fondir l’intégration européenne.
« La tâche de notre génération,
a-t-elle dit, est d’achever l’union
monétaire et économique, et de
construire l’union politique de
l’Europe, pas à pas. Cela ne veut
Le regard de Plantu
Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤, Malte 2,50 ¤,
Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz
Polar social sur docks marseillais
t Sortie du beau nouveau film de Robert Guédiguian P. 20
Jean-Pierre Darroussin
et Ariane Ascaride
dans « Les Neiges
du Kilimandjaro ». DR
L
eséconomies françaiseetalle- intérieur brut (PIB) recule. L’Insee
mande ont évolué quasi- a révisé à la baisse ce chiffre en rai-
ment au même rythme au son de mauvais indicateurs de pro-
troisième trimestre 2011 : + 0,4 % duction industrielle.
pour la première (au lieu des Dans l’entretien qu’il a accordé
+ 0,3 % prévus) et + 0,5 % pour la au Monde, Patrick Artus, directeur
seconde. Plus que ce rebond de la recherche et des études éco-
annoncé, mardi 15 novembre, par nomiques de Natixis, souligne
l’Insee, c’est probablement la que la croissance française risque
contraction de 0,1 point de l’activi- d’être durablement faible. « Le
T3
té au deuxième trimestre qui ris- rating de fait des grands investis-
que de marquer les esprits. C’est la seurs institutionnels pour la Fran-
première fois, en effet, depuis que ce, c’est double A », observe-t-il.
la France est sortie de la récession Claire Guélaud
au printemps 2009, que le produit a Lire la suite page 8
La moitié des vols violents «J’ai été l’une des esclaves
sont commis par des mineurs sexuelles de Kadhafi»
Délinquance Une étude de l’Observatoire de la Témoignage Enlevée à sa famille à l’âge de 15 ans, une
délinquance met en évidence la part prépondérante jeune Libyenne, rencontrée à Tripoli après la chute du
des moins de 18 ans dans les vols avec violence, dictateur, raconte au « Monde » ses cinq années d’enfer
comme auteurs, mais aussi comme victimes. Page 10 dans l’antre du Guide : « Il a saccagé ma vie. » Page 17
Hubert Nyssen:
Actes Sud perd
son bâtisseur
pas dire moins d’Europe, cela pe : contrairement à ses prédéces- franco-allemand est indispensa-
veut dire plus d’Europe. » seurs, elle est façonnée non pas ble dans la recherche d’une solu-
Quelques heures plus tard, lors par la victoire de 1945, mais par tion. Les Allemands, qui ne veu-
du traditionnel banquet du lord- les révolutions de 1989 et la chute lent surtout pas se retrouver
Disparition Hommage
maire de la City de Londres, du mur de Berlin. Angela Merkel, seuls dans le siège du pilote, sont au fondateur de la maison
M. Cameron a, lui, défendu une elle, vient de l’autre côté du les premiers à le dire.
Europe qui ne doit pas être « un rideau de fer et a une vision Car, si elle devait compter sur
d’édition Actes Sud,
bloc », mais « un réseau ». La crise moins utilitaire de l’Europe que le les cousins britanniques, l’Allema- mort samedi 12 novembre.
de l’euro, a-t-il dit, fournit à la jeune leader tory d’outre-Manche. gne pourrait aussi bien déclarer
Grande-Bretagne l’occasion de M. Cameron doit se rendre ven- forfait dès à présent. Londres a
Page 24
« remodeler » l’UE. A sa manière. dredi 18 novembre à Berlin, où ces choisi de ne pas faire partie ÉRIC FRANCESCHI/FEDEPHOTO.COM
C’est-à-dire en faisant « revenir le divergences d’appréciation sur la de la zone euro, mais revendique
flux des compétences » vers crise européenne figureront en de participer à ses décisions.
Londres, plutôt que de les « laisser bonne place dans ses discussions M. Cameron affirme vouloir res-
avec Mme Merkel. La gravité de la ter dans l’Europe, mais son chan-
situation actuelle et les ratés du celier de l’Echiquier, affichant une
Editorial moteur franco-allemand ont iné- conception assez singulière de
vitablement eu pour effet de la solidarité, compare la situation
dériver » vers Bruxelles. Pour concentrer les critiques sur le tan- de la France à celle de la Grèce.
lui, les Britanniques ont « le droit dem « Merkozy », qui irrite le reste Comme disait Margaret Thatcher,
de demander ce que l’Union des partenaires européens autant « enough is enough » : dans le cli-
européenne doit faire et ne pas par ses excès d’autoritarisme que mat actuel, l’éternelle ambiguïté
faire, et de le changer ». par ses lenteurs et ses tergiversa- britannique sape chaque jour
Il a ajouté un détail intéressant tions. Pour imparfait et inégal davantage l’Europe. p
sur sa vision personnelle de l’Euro- qu’il soit cependant, le couple Lire pages 3, 4 et 13
Tu tweetes,
il tweete,
nous tweetons
L
e réseau de microblogging
Twitter attire 3 millions de
personnes en France (et
FACILE LA VIE…
200 millions à travers le monde).
Parmi ces twittos, on compte beau-
coup de passifs – c’est-à-dire de
simples followers – et quelques
Se tenir au courant
actifs. Comment se repérer dans ce
monde prolifique du gazouille-
24h/24 avec i-veille pour
ment en 140 caractères ? Après une
immersion dans la galaxie Twit-
ne pas perdre la partie.
ter, notre journaliste Laure Belot De quoi s’offrir un peu de liberté.
dresse le portrait, bien sûr subjec-
tif, de sept familles de twittos. Des
commentateurs aux « vrais gens »,
du monde de la culture à celui des
organisations humanitaires, ce
panorama vous donnera – ou pas –
envie d’aller gazouiller. p
Lire page 23
Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,
 0123
page deux Mercredi 16 novembre 2011

L’anagramme ou Récit Anciens dirigeants, conseillers et même traders de la banque

américaine, symbole des dérives de la finance, ils se retrouvent au pouvoir
«le sens caché du monde» dans les pays clés européens pour gérer la crise financière

A La «franc-maçonnerie»
u détour d’une page, com- Dans le petit livret des deux
pliquée mais poétique, sur anagrammistes, la physique est
la gravitation quantique à bien sûr à l’honneur. « La théorie
boucles, la théorie des cordes ou de la relativité restreinte » deve-

européenne de Goldman Sachs

la flèche du temps, les lecteurs du nant « vérité théâtrale et loi inter-
physicien Etienne Klein (CEA, sidérale », alors que « la théorie
Laboratoire de recherche sur les des supercordes », elle, n’est autre
sciences de la matière) savent que « de la poussière d’orchestre »
qu’ils peuvent parfois trouver – les cordistes apprécieront.
une anagramme qui leur dira La chimie n’est pas en reste.
tout. Dans son Discours sur l’origi- Mais certains en prennent pour
ne de l’univers (Flammarion, leur grade. L’« entreprise Monsan-
2010), on avait ainsi découvert to » devient ainsi un « poison très
que « l’origine de l’univers » rémanent » – ce qui prend tout
n’était autre, en réalité, que « un son sens lorsqu’on sait que cer-
vide noir grésille »… tains polychlorobiphényles
Voici que le philosophe-physi- (PCB), synthétisés par l’agrochi-
cien s’associe à un pianiste de miste américain, peuvent persis-
jazz, Jacques Perry-Salkow, com- ter plusieurs siècles dans l’envi-
me lui fasciné par cette subtile ronnement…
combinatoire, pour faire un livre
entièrement dévolu à se jouer Double nature
des lettres et des mots. Ces Ana- Une savoureuse galerie de por-
grammes renversantes (Flamma- traits donne à voir un « Vercingé-
rion, 109 p., 10 ¤) sont une succes- torix, roi des Gaules » s’excla-
sion d’exercices cabalistiques. mant : « Digne vers toi, glorieux
Par les hasards – ou la magie – du César ! » Tandis qu’« André Le
bonneteau des deux comparses, Nôtre » se transmute en « la terre
ces jeux de lettres entendent révé- donne » et qu’« Aurore Dupin,
ler rien de moins que le « sens baronne Dudevant, alias George
caché du monde ». Ambitieux pro- Sand », « valsera d’abord au son
jet. De fait, les résultats sont du piano d’un génie étranger »…
époustouflants. un Polonais ?
« Albert Einstein » nous rappel- Certains, rares, ont une double
le ainsi que « rien n’est établi ». nature. Comme « le marquis de
Une anagramme à laquelle l’ac- Sade » : « disséquer la dame » ou
tualité récente confère une « démasqua le désir ». D’autres
dimension presque prophétique. tombent si juste que c’en est pres-
La relativité d’Einstein pose en que suspect. « Léonard de Vinci »
effet que la vitesse de la lumière est « le don divin créa » ; avec « le
ne peut être dépassée et voilà commandant Cousteau », « tout
qu’une expérience vient d’obser- commença dans l’eau »…
ver des particules parmi les plus Un petit détour par la presse ?
fugaces, les neutrinos, se dépla- « Le Canard enchaîné » : « Canne
çant légèrement plus vite que de l’anarchie ». Et « Le Monde » ?
leurs cousins photons. Plus vite, « Le Démon », bien sûr. Mais ne
donc, que la « vitesse de la lumiè- prenez pas tout au pied de la let- A New York, Occupy Wall Street dénonce les abus du capitalisme financier devant le siège de Goldman Sachs, le 3 novembre. BEBETO MATTHEWS/AP
re » qui ne serait plus cette infran- tre : « La vérité » n’est-elle pas,
chissable barrière, qui « limite les bien souvent, « relative » ? p Londres naire de la dette grecque est au demeurant té sur les opérations à venir ou sur la politi-
rêves au-delà ». Stéphane Foucart Correspondant Petros Christodoulos, ex-trader de la ban- que de taux d’intérêt des banques centra-
que américaine à Londres. les. La banque aime placer ses hommes

I
ls sont sérieux et compétents,
pesant le pour et le contre, étudiant
Les indégivrables Xavier Gorce les dossiers à fond avant de se pro-
noncer. L’économie est leur péché
mignon. Ils ne se découvrent que
très rarement, ces fils de la Lumière
entrés dans le Temple après un long et
tatillon processus de recrutement. C’est à
la fois un groupe de pression, une amicale
de collecte d’informations, un réseau
d’aide mutuelle. Ce sont les compagnons,
maîtres et grands maîtres amenés à
« répandre dans l’univers la vérité acquise
en loge ».
Ses détracteurs accusent le réseau d’in-
fluence européen tissé par la banque amé-
ricaine Goldman Sachs (GS) de fonction-
ner comme une franc-maçonnerie. A des
degrés divers, le nouveau président de la
Banque centrale européenne Mario Dra-
ghi, le président désigné du conseil italien
Mario Monti et le nouveau premier minis-
tre grec Loucas Papademos sont les figu-
res totémiques de ce maillage serré.
Le premier fut vice-président de Gold-
man Sachs International pour l’Europe
entre 2002 et 2005. Il était « associé » en
charge des « entreprises et pays souve-
rains », le département qui avait, peu
avant son arrivée, aidé la Grèce à
maquiller ses comptes grâce au produit
financier « swap » sur de la dette souverai-
ne.
Société éditrice du « Monde » SA
Président du directoire, directeur de la publication Louis Dreyfus
Directeur du « Monde », membre du directoire, directeur des rédactions Erik Izraelewicz En Europe, Goldman Sachs
Secrétaire générale du groupe Catherine Sueur
Directeurs adjoints des rédactions Serge Michel, Didier Pourquery
s’est fait l’apôtre du capitalisme
Directeurs éditoriaux Gérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie Kauffmann de relations. La banque aime
Rédacteurs en chef Eric Béziat, Sandrine Blanchard, Luc Bronner, Alexis Delcambre,
Jean-Baptiste Jacquin, Jérôme Fenoglio, Marie-Pierre Lannelongue (« M Le magazine du Monde »)
Chef d’édition Françoise Tovo
placer ses hommes sans jamais
Directeur artistique Aris Papathéodorou laisser tomber le masque
Médiateur Pascal Galinier
Directeur du développement éditorial Franck Nouchi
Conseil de surveillance Pierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président
Le deuxième a été conseiller internatio-
0123 est édité par la Société éditrice du «Monde» SA nal de Goldman Sachs de 2005 à sa nomi-
Durée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal: Le Monde SA. nation à la tête du gouvernement italien.
Rédaction 80,boulevardAuguste-Blanqui,75707ParisCedex13Tél.:01-57-28-20-00 Selon la banque, sa mission a consisté à la
Abonnements partéléphone:de France32-89 conseiller « sur les affaires européennes et
(0,34¤ TTC/min);de l’étranger:(33)1-76-26-32-89
ouparInternet:www.lemonde.fr/abojournal les grands dossiers de politiques publiques
mondiaux ». Mario Monti a été un
« ouvreur de portes » dont la tâche consis-
La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritaire
des publications et agences de presse n° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037
tait à pénétrer au cœur du pouvoir euro-
péen pour défendre les intérêts de GS.
Le troisième, Loucas Papademos, fut
gouverneur de la Banque centrale hellène
entre 1994 et 2002. A ce titre, il a joué un
80, bd Auguste-Blanqui,
Président : Louis Dreyfus 75707 PARIS CEDEX 13 Imprimerie du Monde
rôle non élucidé dans l’opération de
Directrice générale :
PRINTED IN FRANCE
Tél : 01-57-28-39-00 12, rue Maurice-Gunsbourg, maquillage des comptes publics perpétré
Corinne Mrejen Fax : 01-57-28-39-26 94852 Ivry cedex
avec l’aide de Goldman Sachs. Le gestion-
Deux autres poids lourds du réseau
Goldman en Europe ont également été à
l’affiche dans la crise de l’euro : Otmar
Issing, ex-membre du directoire de la Bun-
desbank et ancien économiste en chef de la
Banque centrale européenne ; l’Irlandais
Peter Sutherland, un administrateur de
Goldman SachsInternational, qui apartici-
pé en coulisses au sauvetage de l’Irlande.
Comment le réseau de fidèles et d’entre-
metteurs a-t-il été constitué ? Aux Etats-
Unis, ce cercle magique est constitué d’an-
ciens responsables de l’institution passés
avec armes et bagages au plus haut niveau
de la fonction publique. En Europe, en
revanche, Goldman Sachs s’est fait l’apô-
tre du capitalisme de relations. Mais à
l’inverse de ses concurrents, la banque ne
s’intéresse ni aux diplomates à la retraite,
ni aux hauts fonctionnaires nationaux
comme internationaux et encore moins
aux anciens premiers ministres ou minis-
tres des finances. Goldman vise en priori-
té les responsables de banques centrales
ou les ex-commissaires européens.
Un petit retour en arrière s’impose à ce
stade. C’est à Londres que l’aventure euro-
péenne de GS a commencé dans la foulée
du « Big Bang » de 1986, la libéralisation
totale de la City. Goldman Sachs Interna-
tional, la première filière à l’étranger, voit
le jour. Les premiers conseillers pays non
américains sont recrutés. Ces missi domi-
nicidoivent se servir de leur carnetd’adres-
ses pour faire connaître la banque, qui est
à l’époque un partenariat de taille moyen-
ne sur le continent, l’informer des us et
coutumes de la vie des affaires et de la
situation politique.
A la fin des années 1980, le groupe
s’étend au reste de l’Europe, en particulier
en France, en Italie et en Allemagne. Dans
l’Hexagone, Jacques Mayoux, ancien prési-
dent de la Société générale qui fut égale-
ment le patron du groupe sidérurgique
Sacilor,est nommé vice-président de Gold-
man Sachs Europe. En 2004, Charles de
Croisset,ancien patron du CréditCommer-
cial de France (CCF), lui succède.
Bon nombre de ces nominations ont été
supervisées par l’ancien commissaire
européen Peter Sutherland. L’Irlandais
sait renvoyer l’ascenseur. Ainsi, en
mai 2010, il a coopté Mario Monti pour le
remplacer à la présidence européenne de
la Trilatérale, undes plus prestigieux céna-
cles de l’élite internationale.
Leur tâche prioritaire consiste à
recueillir des informations en toute légali-
sans jamais laisser tomber le masque.
C’est pourquoi ses hommes liges cachent
cette filiation quand ils donnent une inter-
view ou mènent une mission officielle.
Bien introduits, ces « ex » bavardent de
choses et d’autres avec leurs interlocu-
teurs. Les langues se délient devant des
personnages d’une telle trempe. Ils « sen-
tent le vent » comme on dit familière-
ment. Les informations exclusives circu-
lent ensuite dans les salles de marché de la
banque.
Leurtâche estderecueillir
desinformationsentoute
légalitésurlesopérations
àvenirousurlapolitique
detauxd’intérêt
desbanquescentrales
Un ancien associé de Goldman Sachs à
laBCE, un ex-entremetteurà la tête du gou-
vernement italien, un proche au pouvoir
en Grèce : pour ses contempteurs, la ban-
que dispose aujourd’hui d’un fantastique
relais à Francfort, Rome et Athènes qui
pourrait s’avérer utile en ces temps tour-
mentés.
Reste que, au-delà des apparences, le
gouvernementGoldman en Europe, au faî-
te de sa puissance avant ou pendant la
tourmente financière de 2008, a peut-être
mangé son pain blanc.
En effet, les complicités anciennes
entretenues par les ex-banquiers cen-
traux chevronnés mobilisés pour tirer les
ficelles, se révèlent moins utiles de nos
jours face à des politiciens sensibles à l’im-
popularité des professionnels de la finan-
ce tenus pour responsables de la crise. Là
où Goldman Sachs pouvait facilement
exercer ses talents, une série d’affaires lui
ont mis à dos la puissance publique. Le car-
net d’adresses ne suffit plus sur une planè-
te financière complexe et technique, face
à une nouvelle génération d’industriels
moins pétris de respect pour l’establish-
ment. Les patrons européens partis à la
conquête du monde se sont émancipés
des croisés de la haute finance style GS. La
quête de valorisation de l’actionnaire, les
exigences de transparence et l’activisme
des contre-pouvoirs (médias, ONG, inves-
tisseurs institutionnels) ont tendance à
émousser l’« effet réseau ». p
Marc Roche
0123
Mercredi 16 novembre 2011
international 3

Le«directoire»franco-allemandirritelazoneeuro
Le rôle que s’est arrogé le tandem «Merkozy» dans la crise pèsera sur la réforme de la gouvernance des Dix-Sept

Bruxelles perte de souveraineté de leur pays reconnaît un haut fonctionnaire

Bureau européen face à la double pression des mar- bruxellois. Dans l’ombre, le prési-
chés et des Européens, Paris et Ber- dent du Conseil européen, Her-

L
’expression existe depuis
l’été,maiselle faitflorèsenIta-
lie : la « Merkozy », ou l’allian-
ce Merkel-Sarkozy pour piloter la
zone euro, suscite des tensions de
plus en plus vives entre les Vingt-
Sept.Royaume-Uni en tête, lespays
hors de la zone euro s’inquiètent
d’une Europe à deux vitesses, au
moment où l’union monétaire
entreprend des efforts désespérés
d’intégration pour surmonter la
bataille engagée avec les marchés.
Ces efforts, impulsés par Paris et
Berlin, sèment aussi le trouble par-
mi les dix-sept pays de l’euro à
mesure que la crise s’aggrave.
Dernier exemple en date : l’Ita-
lie. Au bord du précipice, la Pénin-
sule est placée sous quasi-tutelle
du Fonds monétaire international
(FMI), de la Commission et de la
Banque centrale européenne
(BCE), chargés de superviser son
plan d’économies et de réformes.
Elle s’offusque, surtout, de rece-
voir les conseils de gestion prodi-
gués par Nicolas Sarkozy et par
Angela Merkel. Pour ces derniers, il
s’agit de muscler le gouvernement
économique de l’union monétaire
afin de donner des gages aux mar-
chés, tout en tentant d’endiguer la
contagion de la crise.
En plein sommet du G20, à Can-
nes, les deux dirigeants ont pous-
sé, en vain, Silvio Berlusconi à
accepter une aide financière du
FMI et de la zone euro après l’avoir
sommé,les jours précédents, d’am-
plifier sa politique austérité.
Depuis, le président du conseil a
démissionné sous la pression des
marchés, pour être remplacé par
Mario Monti, un technocrate dési-
gné sans nouvelles élections.
En Italie, des personnalités de
premier plan s’inquiètent d’une
lin en tête. L’Italie « ne mérite pas
de se retrouver dans la condition
d’infériorité et de dépendance où
[elle] a été conduite par une politi-
que erronée », a déploré, diman-
che, l’ancien président de la Répu-
blique Carlo Azeglio Ciampi, dans
une lettre au quotidien économi-
que Il Sole 24 Ore. La droite berlus-
conienne est très remontée, tout
comme son alliée de la Ligue du
Nord, mais le malaise est plus lar-
ge : l’ancien président du conseil
de centre gauche Romano Prodi
s’est inquiété des « remous » susci-
tés par le tandem franco-alle-
L’exaspération
est perceptible dans
les capitales des pays
sous assistance,
ou ceux qui craignent
de le devenir
mand. Comme ce dernier « ne peut
pas prendre de décisions, il tente de
les imposer aux autres », a lâché cet
ancien président de la Commis-
sion européenne.
L’exaspération est perceptible
un peu partout dans les capitales
des pays sous assistance, ou ceux
qui craignent de le devenir, com-
me parmi les Etats qui font un
effort inédit de solidarité, les Pays-
Bas ou la Finlande. Sans parler des
institutions européennes, qui
vivent mal d’être transformées en
simple secrétariat. « Ce qui gêne,
c’est la mise en scène, en particulier
du côtéfrançais, du duo franco-alle-
mand, instrumentalisé par Nicolas
Sarkozy pour protéger la France et
préparer sa campagne électorale
Le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel, le 2 novembre, à Cannes. TOBY MELVILLE/REUTERS au détriment des institutions »,
man Van Rompuy, et celui de la
Commission, José Manuel Barro-
so, se méfient eux aussi des déri-
ves du « directoire » mis en place
par Paris et Berlin.
Personne ne conteste le rôle
d’impulsion joué par la France et
l’Allemagne quand elles parvien-
nent à se mettre d’accord. Mais
l’agacement face aux « leçons »
des deux dirigeants est d’autant
plus vif dans les capitales du sud
du continent qu’Angela Merkel est
jugée, en raison de son attentisme,
responsable de la contagion de la
crise et de sa gestion chaotique par
les Européens. Quant au président
français, sa réputation en matière
de rigueur n’est pas très établie, au
moment où Paris tremble pour sa
notation triple A et pour l’exposi-
tion de ses banques en Italie. « Au
lieu de faire preuve de leadership,
ce sont souvent eux qui, en raison
de leurs intérêts divergents, ont
conduit à prendre des décisions
trop tardives et insuffisantes
depuis le déclenchement de la cri-
se », juge l’eurodéputé écologiste
belge Philippe Lamberts.
La fronde risque de peser sur les
débats engagés en vue de renforcer
le gouvernement économique de
la zone euro, au profit, peut-être,
d’une approche plus communau-
taire et moins dépendante des sou-
bresauts du tandem Paris-Berlin.
« L’Europe, ce n’est pas deux pays
quiimposent leurs vues, juge l’euro-
députéSylvie Goulard(MoDem). Si
on continue comme cela, le couple
franco-allemand va la détruire. »
M.Prodi, comme d’autres parti-
sans d’une Europe plus fédérale,
s’appuie sur les événements
récents pour soutenir la création
d’obligationscommunes,dontl’Al-
lemagne ne veut pas entendre par-
ler. D’autres plaident pour démo-

En Grèce, les critiques contre les «forces d’occupation» font florès
Athènes
Correspondance
Les coups de téléphone entre le
premier ministre grec et Angela
Merkel et Nicolas Sarkozy sont
devenus un rituel soigneusement
mis en scène par les médias grecs.
Surtout depuis la fin de l’été,
quand il est devenu patent que
ces entretiens relevaient davanta-
ge du remontage de bretelles que
des congratulations pour Georges
Papandréou.
Le rituel se poursuit. Son succes-
seur, Lucas Papademos, s’est entre-
tenu avec les dirigeants français et
allemand (et avec les responsables
de l’Union européenne) pendant
Type XXI Chronographe
le week-end. La chancelière alle-
mande et le président français ont
insisté, selon un communiqué de
l’Elysée, sur « l’urgence d’une mise
en œuvre complète et intégrale de
tous les engagements pris ». Les
deux chefs de l’exécutif insistent
à propos des 8 milliards d’euros
qui doivent être versés avant le
15 décembre pour éviter la faillite :
« Le versement de la prochaine
tranche d’aide ne pourra interve-
nir que lorsqu’un pas décisif aura
été accompli dans ce sens. »
Le quotidien Ta Nea (centre gau-
che) titrait, lundi 14 novembre, sur
un « mauvais atterrissage pour
Papademos », en évoquant des
« pressions de Merkel-Sarkozy ».
La marge de manœuvre du gou-
vernement est des plus réduite.
Après avoir lancé l’idée d’un réfé-
rendum sur le nouveau plan
d’aide à la Grèce, M. Papandréou a
été convoqué au G20 de Cannes
pour s’expliquer. Les entretiens
ont été durs, surtout avec
M. Sarkozy. Et le premier ministre
est rentré avec une question, pour
son référendum, dictée par Ange-
la Merkel et Nicolas Sarkozy. Le
sentiment d’humiliation a contri-
bué au rejet du référendum par
les députés du Pasok.
Les Européens et le Fonds
monétaire international n’ont
pas l’intention de lâcher la bride
du gouvernement grec. Après un
premier prêt de 110 milliards d’eu-
ros en 2010, ils se sont engagés à
verser 130 milliards d’euros. Mais
ils veulent vérifier que cet argent
sert à quelque chose. L’accord du
27 octobre prévoit une surveillan-
ce renforcée du pays.
Jean-Claude Juncker, président
de l’Eurogroupe, avait mis les
pieds dans le plat en juin, en expli-
quant que la Grèce devait se rési-
gner à abandonner une partie de
sa souveraineté économique et
accepter la présence d’une task
force européenne. Dans son dis-
cours d’investiture, lundi, M.Papa-
demos a défendu le rôle de cette
task force notamment pour res-
tructurer l’administration.
Les critiques contre les « forces
d’occupation » font florès, de
l’Eglise orthodoxe au musicien
Mikis Theodorakis, tandis que des
caricatures représentent la chan-
celière en nazie. Une affiche du
mouvement des « indignés », en
juin, représentait une croix gam-
mée formée par les étoiles du dra-
peau européen.
Une grande majorité de Grecs
restent favorables au maintien
dans l’Europe et dans la zone euro.
Mais pour quelle Europe ? L’édi-
tion dominicale du quotidien de
gauche Elefthérotypia titrait, le
13 novembre: « Y a-t-il une démo-
cratie en Europe ?» p
Alain Salles
cratiser l’ensemble du gouverne-
ment économique en cours de ges-
tation, à l’heure où la crise suscite,
en Italie, comme en Grèce, la chute
de dirigeants et leur remplace-
ment par des personnalités non
issues d’élections. L’eurodéputé
Alain Lamassoure (UMP) s’inquiè-
te de la faiblesse du contrôle démo-
cratique d’un gouvernement éco-
nomique plus intégré, placé sous
l’autorité des seuls chefs d’Etat et
degouvernement.Ilsuggèrederéu-
nir, avant les sommets de la zone
euro, des « sommets parlementai-
res » rassemblant les eurodéputés
et les députés nationaux. Mais sur
le fond, il défend le rôle de Paris et
Berlin dans la crise : « Les pays en
situation de faillite et qui ont besoin
de l’aide des autres ne peuvent s’en
prendre qu’à eux-mêmes. » p
Philippe Ricard

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4 international
me
M Merkel convainc la CDU que l’Europe Les Vingt-Sept
est un «devoir» pour l’Allemagne
La motion adoptée en congrès par le parti de la chancelière allemande propose l’élection
au suffrage universel du président de la Commission européenne
Leipzig (Allemagne)
Envoyé spécial
R
éclamé depuis le mois
d’août par les militants les
moins convaincus par la
politique d’Angela Merkel, le
débat sur l’Europe organisé lundi
14 novembre, au premier jour du
congrès de l’Union chrétienne-
démocrate (CDU, droite), a tourné
à l’avantage de la chancelière. La
motion « Une Europe forte, un bon
avenir pour l’Allemagne », présen-
tée par la direction du parti, a été
adoptée avec un score digne de
l’ancienne Allemagne de l’Est : sur
mille délégués, seuls neuf ont voté
contre et dix se sont abstenus.
Dès leur entrée dans la salle du
congrès, les militants savaient à
quoi s’en tenir. Le slogan du
24e congrès était sans ambiguïté :
« Pour l’Europe. Pour l’Allemagne. »
« J’aurais préféré l’inverse », mau-
gréa une déléguée à la tribune.
Maispour AngelaMerkel, l’engage-
ment européen n’est pas un choix
mais un « devoir », a-t-elle répété à
six reprises durant les deux derniè-
res minutes de son discours. Cha-
que génération politique a son
défi à relever. Adenauer a dû bâtir
l’Europe de la paix, Kohl réunifier
l’Allemagne et l’Europe, « la mis-
sion de notre génération est main-
tenant de parachever l’union éco-
nomique et monétaire en Europe et
créer pas à pas une Union politi-
que », a affirmé Mme Merkel.
L’ancienne étudiante en physi-
que de l’université Karl-Marx de
Leipzig (de 1976 à 1978) s’est faite
pédagogue. Lorsque la République
fédérale d’Allemagne a été créée,
les Européens représentaient 20 %
dela populationmondiale. Aujour-
d’hui, à peine 7 %. La situation des
Allemands est encore pire : dans
les dix ans à venir, le nombre d’éco-
liers va diminuer de 30 %. L’Euro-
pe, ce n’est donc pas seulement la
paix, c’est aussi la prospérité pré-
sente et à venir de l’Allemagne.
Vers l’équivalent d’un salaire minimum
La CDU avait trois vaches
sacrées : le service militaire obli-
gatoire, la politique nucléaire et
l’autonomie des partenaires
sociaux. La chancelière Angela
Merkel a mis fin aux trois. Lundi
14 novembre, le congrès de la
CDU a en effet approuvé à une
très large majorité l’idée d’un
salaire minimum. Contraire-
ment à ce que souhaitaient cer-
tains, celui-ci ne sera pas fixé
L’usage des scanners corporels dans les aéroports
de l’Union sera autorisé mais sévèrement encadré
La Commission européenne a fixé des règles d’utilisation de ces appareils
Bruxelles
Bureau européen
L
a Commission européenne a
proposé, lundi 14 novembre,
un cadre légal pour l’utilisa-
tion des scanners corporels dans
les aéroports de l’Union. Pour l’oc-
casion – et le symbole –, ils sont
désormais rebaptisés « scanners
de sécurité ».
Le texte, qui sera appliqué dès
décembre, autorise l’usage de ces
appareils à certaines conditions et
fixe des règles communes pour le
respect de la santé et de la vie pri-
vée. Depuis une tentative d’atten-
tat sur un vol Amsterdam-Detroit,
le 25 décembre 2009, les Etats ont
agi en ordre dispersé.
Certains (Royaume-Uni, Pays-
Bas) ont déjà recours aux scan-
ners, d’autres s’y opposent,
d’autres encore (parmi lesquels la
France et l’Allemagne) ont testé
Vote des délégués au congrès de l’Union chrétienne-démocrate (CDU, droite), lundi 14 novembre.
La réunion se tient à Leipzig, en Saxe, jusqu’à mardi. FABRIZIO BENSCH/REUTERS
«Neuf millions d’emplois dépen-
dent directement de l’euro »,
a-t-elle lancé. Mais l’Europe va
mal. Elle vit même « peut-être ses
heures les plus difficiles depuis
1945 ». Il faut donc « parfaire la
structure de l’Union européenne ».
« Cela signifie : non pas moins d’Eu-
rope, mais plus d’Europe. » Il ne
s’agit pas seulement de solidarité.
Mais comme les soucis d’un pays
sont les soucis de tous les autres, la
responsabilité de chacun est l’affai-
re de tous. « Nous sommes tous
une partie de la politique intérieu-
re européenne. » Conséquence :
pour ne plus avoir à subir ce que
nous vivons aujourd’hui, il faut
« un mécanisme de sanctions auto-
matiques » contre les pays qui ne
respectent pas les règles du pacte
de stabilité ; il faut aussi que l’on
puisse porter plainte contre ces
Etats devant la Cour européenne
nationalement ni imposé par le
pouvoir politique. Une commis-
sion regroupant le patronat et
les syndicats sera chargée de
fixer le niveau de ce salaire mini-
mum en fonction des régions et
des branches. Cela existe dans
certains secteurs, mais pas dans
tous. Dans l’ex-RDA, il n’est pas
rare de trouver des emplois
payés moins de 5 euros brut de
l’heure. – (Corresp.)
des appareillages en attendant des
règles communes. Chaque pays
restera, en fait, libre d’adopter ou
non les scanners dits « de sécuri-
té ». Slim Kallas, commissaire aux
transports, affirme qu’ils « ne sont
pas une panacée, mais offrent une
Les usagers devront
marquer leur accord
pour être «scannés».
S’ils refusent,
ils seront soumis
à un détecteur
réelle occasion de renforcer la sécu-
rité des passagers » et peuvent
s’avérer plus précis que les techni-
ques actuelles pour détecter des
objets métalliques ou non métalli-
ques. Ils permettent aussi de limi-
ter l’usage des fouilles corporelles.
tentent de
s’accorder sur l’Iran
de justice et, enfin, que l’on « modi-
fie les faiblesses du traité de Lisbon-
ne à ce sujet ». C’est ce que la chan-
celière appelle une « percée pour
une nouvelle Europe ».
«Nous sommes tous
une partie
de la politique
intérieure
européenne»
Angela Merkel
Jusqu’où peut aller cette per-
cée ? A terme, assez loin. La
motion sur l’Europe prévoit
même d’élire le président de la
Commission européenne au suf-
frage universel « pour donner un
visage à l’Europe ». Une idée qu’a
réussi à imposer Wolfgang
Schäuble, le très europhile minis-
tre des finances qui, comme la
chancelière, a reçu une standing
ovation de plusieurs minutes à la
fin de son discours. Certes, ce n’est
qu’un paragraphe dans une
motion de plusieurs pages, mais
le fait est désormais acté.
Angela Merkel s’est gardée de
toutlyrisme. «Ce n’est pas une peti-
te mission » qui nous attend,
a-t-elle reconnu. Malgré les applau-
dissements, la chancelière est
d’ailleurs apparue en permanence
préoccupée et a pris grand soin de
Le projet de Bruxelles vise à
interdire la conservation, la copie
ou l’impression des images obte-
nues, l’accès à celles-ci devant être
strictement réglementé. Les ima-
ges devraient, en outre, rester ano-
nymes, et les personnes chargées
de le contrôler seront placées dans
un local séparé du lieu de contrôle.
Elles ne pourront donc pas établir
de lien avec tel ou tel passager.
Les usagers devront marquer
leur accord pour être « scannés ».
S’ils refusent, ils seront, comme
aujourd’hui, soumis à un détec-
teur et, le cas échéant, à une
fouille. Seuls les scanners n’utili-
sant pas de rayons X seront autori-
sés, commele réclamaient les euro-
députés, et toutes les techniques
futures devront être conformes
aux standards européens.
En 2009, Omar Farouk Abdul-
muttalab, un jeune Nigérian
converti au radicalisme terroriste,
ne froisser personne, ni en Allema-
gne (à part une flèche décochée
contre les Verts) ni dans les autres
pays européens.
Vis-à-vis de ses mandants, la
présidente de la CDU a multiplié
les références aux pères fonda-
teurs pour mieux justifier les évo-
lutions qu’elle impose à son parti.
Alors que le précédent congrès de
la CDU à Leipzig, en 2003, avait
symbolisé le virage libéral du par-
ti, celui de 2011 consacre son recen-
trage. « La CDU doit rester le grand
parti du centre », a proclamé Ange-
la Merkel, justifiant les multiples
inflexions qu’elle impose à son
organisation.
La fin du service militaire ? Une
conséquence de la fin de la guerre
froide. La fin du nucléaire civil ?
Avec la catastrophe de Fukushi-
ma, au Japon, l’impensable s’est
produit. La réorganisation de l’en-
seignement secondaire qui fait si
peur à l’électorat conservateur
parce qu’elle estompe les différen-
ces entre les différents cycles ?
Une conséquence de la démogra-
phie du pays.
A écouter la chancelière, tout
cela paraît non seulement logique
mais nécessaire. On en oublierait
presque que ce programme l’éloi-
gne de ses partenaires de la coali-
tion et la rapproche insensible-
ment des sociaux-démocrates et
des écologistes. p
Frédéric Lemaître
avait embarqué pour Detroit alors
qu’il était porteur d’un explosif
dissimulé dans ses sous-vête-
ments. Il avait tenté, en vain, d’y
mettre le feu. Immédiatement,
des responsables européens et
américains, avaient plaidé pour la
généralisation des scanners. Cet
empressement était destiné, aus-
si, à faire oublier les défaillances
des forces de l’ordre : le jeune hom-
me avait été dénoncé par son pro-
pre père, en vain.
Faceà l’empressement de certai-
nes capitales, la Commission était
divisée et le Parlement plutôt hos-
tile. La question de la nocivité et de
l’efficacité des appareils a été
posée, comme celle de la conformi-
té à certaines règles morales. En
proposant aux Etats d’harmoniser
leurs pratiques et en fixant des gar-
de-fous, Bruxelles espère limiter
les risques de dérive. p
J.-P. S.
Certains Etats n’excluent aucune option,
d’autres refusent de discuter d’une intervention
Bruxelles
Bureau européen
L
’Iran après la Libye : les minis-
tres des affaires étrangères de
l’Union européenne (UE) se
préparent à afficher de nouveaux
désaccords.Réunislundi14 novem-
breàBruxelles,lesVingt-Septdevai-
entnotamment examinerlerécent
rapport de l’Agence internationale
de l’énergie atomique (AIEA) évo-
quant des soupçons de plus en plus
précis quant à la mise au point, par
Téhéran, d’une arme atomique. Ils
se sont notamment divisés sur une
éventuelle intervention militaire,
qui serait l’une des conséquences
possibles d’une poursuite, par
l’Iran, de son programme.
Le Royaume-Uni et les Pays-Bas
ont dit, prudemment à ce stade,
n’exclure aucune option pour
empêcher le développement d’un
arsenal nucléaire iranien. Pour la
France,AlainJuppén’apascondam-
né le principe d’une intervention
mais a déclaré qu’elle serait « pire
que le mal » et « nous entraînerait
dans une spirale non maîtrisable ».
L’Allemagne a, quant à elle, rejeté le
principe même d’une discussion
surd’éventuelles frappes,estimant
qu’elle serait «contre-productive ».
Le ministre suédois Carl Bildt a
jugé, de son côté, qu’il fallait au
préalable examiner dans le détail
le rapport de l’AIEA, qui n’irait,
selon lui, « pas aussi loin » que cer-
tains l’affirment. Quant à la Polo-
gne, qui exerce la présidence tour-
nante de l’Union, elle prévient, par
la voix d’un diplomate de haut
rang, qu’elle ne participera à aucu-
ne intervention car « cette partie
du monde n’a pas besoin d’une
guerre supplémentaire ».
Confrontée à cette palette de
commentaires pour le moins éten-
La France nie le versement
d’une rançon au Yémen
Libérés après cinq mois de captivité, les otages
français de l’ONG Triangle ont regagné Paris
L
es trois otages français enle-
vésenmaiauYémensontarri-
vésen Francelundi 14 novem-
bre, après une captivité de plus de
cinq mois. Ils ont été accueillis à
Paris par le ministre des affaires
étrangères, Alain Juppé. Ce dernier
avait démenti auparavant le verse-
ment d’une rançon évoquée par
des sources yéménites en contre-
partie de la libération des trois
Français qui avait été annoncée
dansla nuit du dimanche 13 au lun-
di 14 novembre. « La France a pour
principe de ne pas payer de rançon
pour des raisons d’Etat, bien sûr »,
avait assuré M. Juppé.
Spécialistes d’agronomie, les
trois otages français travaillant
pour l’ONG Triangle génération
humanitaire avaient été enlevés le
28 mai à Seyoun, dans la province
de l’Hadramout. Selon de bons
connaisseurs du dossier, ils
auraient été la cible d’un groupe
directement lié à Al-Qaida pour la
Péninsule arabique (AQPA), la filia-
ledela nébuleuse djihadiste consti-
tuée en février 2009 à partir de
groupes yéménites et saoudiens,
ou bien enlevés par un autre grou-
pe qui les aurait ensuite sous-trai-
tésà unresponsableimportantd’A-
QPA, Fahd Al-Qoussa, implanté
dans la province de Shabwa.
Contrairement à cette zone, l’Ha-
dramout n’est pas considéré en
effet comme un bastion djihadiste.
Une fois les trois Français parve-
nus dans les mains de Fahd
0123
Mercredi 16 novembre 2011
due, Catherine Ashton, le chef de la
diplomatie européenne, est censée
définir une position commune.
Elles’entireen évoquantpour l’ins-
tant sa « vive préoccupation » et la
nécessité de durcir les sanctions
contre Téhéran. Sur ce point au
moins, les Vingt-Sept se rejoignent
mais ils ont décidé d’attendre leur
prochaine réunion, le 1er décembre,
pour approuver un nouveau train
demesuresque préparentles servi-
cesde Mme Ashton. Ils’ajouteraàcel-
les qui visent déjà des dirigeants
du régime et une centaine de fir-
mes iraniennes dont les avoirs
sont gelés tandis qu’une interdic-
tion frappe, depuis seize mois, les
investissements dans les secteurs
du pétrole et du gaz.
Miser sur le bon sens
Les sanctions comme moyen
d’éviter «toute intervention irrépa-
rable », selon la formule de M. Jup-
pé ? Et comme un moyen de rame-
ner l’Iran à la table des négocia-
tions, ainsi que l’espère encore
Mme Ashton ? En coulisses, de nom-
breux diplomates ne cachent plus
leur scepticisme. Ils soulignent
que, depuis 2007, le régime ira-
nien n’a pas semblé très affecté
par des décisions qui se sont ajou-
tées à quatre séries de mesures
financières et économiques adop-
tées par les Nations unies – où Mos-
cou et Pékin s’opposent désormais
à de nouveaux pas en avant.
Certains responsables ne peu-
vent donc plus miser que sur le
bon sens pour forger une opinion
internationale commune : « Je ne
peux m’imaginer que la Russie et la
Chine ont intérêt à ce que l’Iran dis-
pose d’une bombe nucléaire »,
déclare ainsi le ministre luxem-
bourgeois Jean Asselborn. p
Jean-Pierre Stroobants
Al-Qoussa, une médiation aurait
étéouverte par des chefs de la gran-
de tribu des Awaleq qui contrôle le
sud de la province de Shabwa et
dont était issu le prédicateur
américano-yéménite Anouar
Al-Awlaqi, tué par une frappe de
drone américain le 30 septembre.
Figure charismatique du djihadis-
me, Anouar Al-Awlaqi ne figurait
pas dans l’organigramme d’AQPA,
selon le spécialiste des mouve-
ments djihadistes Dominique Tho-
mas, de l’Institut des hautes étu-
des en sciences sociales, qui analy-
se le rapt et la libération comme la
preuve d’une stratégie d’implanta-
tion territoriale d’AQPA.
Après la transmission d’une
vidéo attestant de la bonne santé
des otages français il y a environ
trois semaines, la médiation triba-
le aurait été conclue avec l’aide
d’un homme d’affaire implanté à
Oman, un pays voisin qui compte
unetrès importante et trèsinfluen-
te diaspora yéménite. C’est par son
truchement, sans que l’on puisse
affirmer qu’aucune somme d’ar-
gent n’a été versée en échange, que
les trois Français ont pu quitter la
région où ils étaient retenus pour
le sultanat d’Oman.
Un périple qui atteste un peu
plus de la déliquescence du pou-
voir yéménite, paralysé par la
contestation qui vise le président
Ali Abdallah Saleh, qui n’a pas joué
le moindre rôle dans cette crise. p
Gilles Paris
0123
Mercredi 16 novembre 2011 international 5

La Cour suprême L’Assemblée constituante tunisienne

américaine se saisit est morcelée et dominée par les islamistes
de la loi Obama sur Selon les résultats définitifs de l’élection, rendus publics lundi 14novembre après l’examen
de tous les recours par le tribunal administratif, 20% des voix ne sont pas représentées

l’assurance-santé Tunis
Envoyée spéciale
Les juges statueront sur sa constitutionnalité
L
a composition de l’Assem-
quatre mois avant l’élection présidentielle blée constituante tunisien-
ne est désormais fixée, selon
les résultats définitifs annoncés
RÉPARTITION DES ÉLUS À L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE
Mais résistera-t-elle à l’attraction
d’Al-Aridha devenu la troisième
force politique du pays ? Rien
Parti démocrate Ettakatol 20 qu’en s’alliant avec elle, Ennahda
progressiste deviendrait majoritaire à l’Assem-
16 « Pétition populaire » blée constituante.
Pôle démocratique 26 A la lumière des résultats défini-

L
’avenir de l’assurance-mala-
die universelle, principal suc-
cès législatif de Barack Oba-
ma et enjeu emblématique du pro-
chain scrutin présidentiel, sera
tranché par la Cour suprême à la
fin du mois de juin 2012, en pleine
bataille électorale.
La haute juridiction a en effet
accepté, lundi 14 novembre, d’exa-
miner non seulement la requête
de l’administration Obama lui
demandant de déclarer la loi
conforme à la Constitution, mais
aussi deux recours, dont celui
déposé par vingt-six Etats, récla-
mant une décision inverse. Les
neufsages, dontle poids estcontro-
versé, vont ainsi avoir à arbitrer un
contentieuxde principe auxconsé-
quences politiques considérables.
Il s’agit en effet de juger de la
constitutionnalité des disposi-
tions de la loi, promulguée en
2010, qui oblige chaque Américain
à souscrire une assurance-maladie
sous peine d’amende. Le pouvoir
du gouvernement fédéral à insti-
tuer pareille obligation est en cau-
se. Mais l’enjeu est aussi crucial
dans la perspective de l’éventuelle
réélection de M. Obama, qui avait
mis tout son poids et dépensé
beaucoup d’énergie pour faire
adopter cette « loi sur la protection
du malade et les soins abordables ».
Les républicains combattent ce
texte, qu’ils jugent attentatoire à la
liberté individuelle. Le mouve-
ment Tea Party en fait le symbole
du caractère « socialiste » de la poli-
tique de M. Obama. Procureur
général de l’Etat de Floride, Pam
Bondi a estimé, lundi, qu’il consti-
tuait une « menace sans précédent
surla libertédes Américains simple-
ment parce qu’ils vivent dans ce
pays ». Mme Bondi se réjouit de ce
que les neuf juges de la Cour suprê-
me ont accepté d’examiner le
recours contre la loi déposé par
vingt-six Etats, dont le sien.
« Nous savons que [cette] loi est
constitutionnelle, et nous sommes
confiants : la Cour suprême va le
confirmer », a déclaré en écho Dan
Pfeiffer, directeur de la communi-
cation de la Maison Blanche.
Arme politique
Le sort de la loi, qui n’est pas
concrètement entrée en vigueur,
prometd’être au cœurde lacampa-
gne de 2012. Une décision positive
conforterait le président sortant et
mettrait les républicains en porte à
faux.Silessagesjugentlaloiincons-
titutionnelle, M. Obama subira un
revers. Mais il aura aussi une occa-
sion de remobiliser son électorat.
Dans tous les cas, le sujet constitue-
ra une arme politique de premier
plan:MittRomney,probableadver-
saire de M. Obama, a institué, dans
l’Etat du Massachusetts dont il est
le gouverneur, un système proche
de la loi Obama, qu’il combat sur le
plan fédéral. Cette contradiction
est déjà utilisée par les démocrates,
désireux de faire passer M. Rom-
ney pour une girouette.
Le calendrier retenu pour l’exa-
men de ce dossier confirme son
importance électorale. Fixé proba-
blement au mois de mars 2012, un
débat aura d’abord lieu au cours
d’une audience dont la durée a été
fixée à cinq heures et demie, au
lieu d’une heure, comme le veut
l’usage. La décision sera rendue
publique quatre mois avant la pré-
sidentielle. Les sages diront alors si
l’assurance-maladie obligatoire
est constitutionnelle ou non. Dans
ce dernier cas, ilsdevront aussi pré-
ciser ce qui subsistera de la loi Oba-
ma sur la santé. p
Philippe Bernard
lundi 14 novembre par l’Instance
supérieure indépendante des élec-
tions (ISIE). Avec plus de 1,5 mil-
lion de voix, le parti islamiste
Ennahda obtient 89 sièges sur 217,
loin devant son premier concur-
rent, le Congrès pour la Républi-
que (CPR), dirigé par l’ancien oppo-
sant Moncef Marzouki, en deuxiè-
me position avec 29 sièges
(341 549 voix). La troisième place
revient à Al-Aridha (« Pétition
populaire », 26 sièges,
252 025 voix) venue bousculer,
contre toute attente, le premier
scrutin libre de Tunisie.
Après examen des 104 recours
déposés depuis le vote du 23 octo-
bre, le tribunal administratif a
décidé de rétablir cinq des six lis-
tes d’Al-Aridha invalidées quel-
ques jours plus tôt par l’ISIE pour
dépassement de frais de campa-
gne par financement privé. Crain-
te de débordements comme ceux
survenus il y a peu à Sidi Bouzid,
au centre du pays ?
En tout cas, seule l’annulation
d’une de ces listes, considérées
comme indépendantes, a été
confirmée : elle était menée par
un ancien membre du Rassemble-
ment constitutionnel démocrati-
que (RCD), interdit de se présenter
comme tous les responsables de
Le vœu de l’émir du Qatar
L’émir du Qatar, Hamid Ben Khali-
fa Al-Thani, a fait part de son
désir d’être présent et d’assister
à la première réunion publique,
mardi 22 novembre, de l’Assem-
blée constituante tunisienne,
allant jusqu’à proposer d’être
accompagné… du président fran-
çais, Nicolas Sarkozy. Embarras-
sées vis-à-vis de cette présence
honorifique qui pourrait être per-
moderniste
5 29
L’Initiative
5 relatifs à la faveur de la grande dis-
Afek Tounes 4
PCOT 3
Achab 2
MDS 2 217 élus
Autres 16
l’ancien parti au pouvoir du régi-
me de Zine El-Abidine Ben Ali.
Piloté par Hachemi Hamdi, un
homme d’affaires populiste et
controversé, résidant à Londres,
propriétaire de la chaîne de télévi-
sion Al-Mustakillah, Al-Aridha
n’en finit pas de jeter le trouble en
Tunisie. Dans un récent rapport
rendu public, la Commission
nationale d’investigation sur la
corruption et la malversation de
la famille Ben Ali a mis en lumière
les liens entre M. Hamdi et le prési-
dent déchu.
Dans deux lettres conjointes
datées du 11 décembre 2009 adres-
sées à Zine El-Abidine Ben Ali,
l’homme d’affaires de Londres sol-
licite l’appui du palais de Carthage
pour organiser des débats télévi-
çue comme tutélaire, les autori-
tés tunisiennes envisagent d’élar-
gir, au monde arabe notamment,
la liste des invités potentiels.
Puissant bailleur de fonds de la
Tunisie, bien que nombre de pro-
messes n’aient pas été réalisées
du temps de l’ancien régime de
Zine El-Abidine Ben Ali, le Qatar
annoncerait cette fois le verse-
ment d’un milliard de dollars.
Congrès pour la République
Ennahda
89 élus
SOURCE : LE MONDE
sés avec des opposants « modé-
rés » au régime. « J’ai besoin de vos
encouragements et de votre protec-
tion pour cette initiative, écrit-il (…)
Il y aura certainement quelques cri-
tiques mais je vous garantis, Excel-
lence, que ce sera au profit de la
Tunisie (…) et de votre discours du
12 novembre qui comporte des
idées extraordinaires… » Comme
tout le reste du rapport, ces élé-
ments ont été transmis au parquet
de Tunis pour statuer sur d’éven-
tuelles subventions. « Ces lettres
peuvent susciter des interroga-
tions », commente prudemment
Abdelfattah Amor, président de la
commission d’investigation.
Surgi à la surprise générale,
Al-Aridha est en proie aujourd’hui
à des dissensions internes. Cinq de
ses candidats élus à l’Assemblée
constituante ont déjà annoncé
leur intention de quitter cette nou-
velle formation écartée des négo-
ciations actuelles entre partis pour
former le futur gouvernement
tunisien « d’unité nationale ».
La direction d’Ennahda a plu-
sieurs fois répété qu’elle excluait
toute discussion avec « tous ceux
qui ont collaboré avec l’ancien régi-
me », y compris avec M. Hamdi –
un ancien islamiste issu de ses
rangs, rallié ensuite au pouvoir.
tifs présentés lundi, aucun parti
n’est en effet en mesure de s’impo-
ser, tant les scores apparaissent
persion de voix.
La participation a atteint 86,1 %
des 4 098 888 inscrits sur les listes
électorales, mais seulement 54,1 %
des 7,5 millions d’électeurs poten-
tiels. Ainsi, après Ennahda, qui
remporte 35 % des suffrages expri-
més (19 % du corps électoral), le
niveau dégringole : le CPR a obte-
nu 8 % des suffrages exprimés
(environ 5 % du corps électoral) et
le parti Ettakatol de Mustapha Ben
Jafaar, arrivé en quatrième posi-
tion, moins de 7 % des suffrages
exprimés (4 % de l’ensemble).
Sur les 27 formations représen-
tées à l’Assemblée, 16 listes indé-
A la lumière des
résultats définitifs
présentés lundi,
aucun parti n’est
en effet en mesure
de s’imposer
pendantes ont obtenu un seul siè-
ge. Pis : 20 % des voix, soit un cin-
quième des votants, ne dispose-
ront d’aucune représentation…
L’Assemblée constituante
devrait se réunir pour la première
fois le 22 novembre. Près d’un
mois après le scrutin, les négocia-
tions se révèlent laborieuses pour
la désignation d’un nouveau prési-
dent de la République par intérim
et la formation d’un gouverne-
ment transitoire chargé de gérer le
pays pendant la rédaction, prévue
pendant un an, de la future Consti-
tution tunisienne. p
Isabelle Mandraud

Etats-Unis
La police évacue le square
zegna.com * Vivre passionnÈment

des anti-Wall Street à New York

NEW YORK. Des centaines de policiers ont commencé aux premières

heures du mardi 15 novembre, à évacuer le campement d’Occu-
py Wall Street à New York, et les tentes installées le 17 septembre sur le
square Zuccotti ont été arrachées. Vers 2 heures du matin, la plupart des
centaines de militants qui campaient sur le square l’avaient quitté. Le
maire de New York Michael Bloomberg a promis aux manifestants
qu’ils pourraient revenir une fois le parc nettoyé. – (AFP.) p

Jordanie
Le roi Abdallah II appelle
Bachar Al-Assad à démissionner
Le roi Abdallah II de Jordanie est le premier dirigeant arabe à avoir appelé
le président Bachar Al-Assad à « quitter le pouvoir », lundi 14 novembre,
alors que plus de 70 personnes (dont 34 soldats et 12 déserteurs) ont péri
dans les violences ce même jour en Syrie. Depuis l’annonce, samedi, de sa
suspension de la Ligue arabe, Damas subit une intense pression. Une réu-
nion extraordinaire de l’organisation est prévue mercredi 16 novembre à
Rabat (Maroc). Des sanctions économiques et politiques pourraient y être
Passion for Life*
annoncées. La Turquie pourrait annoncer prochainement des sanctions, Boot LacÈ et Derby ìSplit Toeî
tandis que l’Union européenne a étendu lundi ses sanctions individuel-
les à 18 autres personnalités du régime et gelé les prêts de la Banque euro-
péenne d’investissements (BEI). p
6 planète
Les drogues de synthèse
gagnent du terrain dans
l’Union européenne
La prise d’héroïne est en baisse, celle de cannabis stagne
mais 41 alternatives chimiques sont apparues en 2010
R
ecul de la consommation de
cocaïne, déclin de la prise
d’héroïne par injection, ten-
dance à la baisse ou à la stabilisa-
tion de la popularité du cannabis
chez les jeunes adultes : les derniè-
res tendances relevées par l’Obser-
vatoire européen des drogues et
des toxicomanies (OEDT), qui pré-
sentaitàLisbonne,mardi15novem-
bre,son rapportannuel,pourraient
paraître rassurantes.
Ce serait sans compter les « nou-
velles menaces » que constitue le
marché des drogues de synthèse, et
l’émergence croissante de nouvel-
les substances psychotropes. Si
plus de 150 de ces nouveaux pro-
duits ont été répertoriés, entre 1997
Héroïne et sida, un couple toujours à risque
LES DONNÉES PUBLIÉES par l’Ob-
servatoire européen des drogues
et des toxicomanies (OEDT) font
apparaître une relative stabilité de
l’usage d’opiacés en Europe, et une
baisse globale de l’injection d’hé-
roïne. Cette pratique continue de
présenter des risques élevés d’in-
fections transmises par le sang,
par le virus du sida (VIH).
Globalement, le taux moyen de
nouveaux cas de contamination
par le VIH dans l’Union européen-
ne continue de chuter, atteignant
en 2009 son niveau le plus bas
depuis le début de l’épidémie (2,85
par million d’habitants, soit envi-
La défense des abeilles, un «job» de plus en plus prenant pour les apiculteurs français
La mortalité des abeilles s’est envolée et la récolte de miel a chuté de près de 40% en quinzeans
D
u temps de son père, apicul-
teur professionnel avant lui
en Ardèche, la mortalité
hivernale des abeilles suscitait l’in-
quiétude lorsqu’elle dépassait 5 %,
témoigne Olivier Belval, président
del’Union nationale del’apiculture
française (Unaf). A présent, elle
s’élève en moyenne à 30 % en Fran-
ce, atteint des pics de 60 % par
endroits et parvient au mieux à se
maintenir à 15 % dans les départe-
ments où l’agriculture bio est plus
présente : Drôme, Ardèche,
Ariège… Mardi 15 novembre, l’Unaf,
qui fédère les syndicats départe-
mentaux, devait dresser un tour
d’horizon annuel propre à susciter
quelque découragement : la pro-
ductiondemielrestefaible;desapi-
culteurs, amateurs ou non, jettent
l’éponge. Ils étaient 85 000 en 1995,
moins de 70 000 dix ans plus tard
Au Japon, la chasse à la baleine profite de l’argent de la reconstruction
C
ontestées, les activités japo-
naises de chasse à la balei-
ne, officiellement présen-
tées comme faisant partie d’un
programme de recherche, susci-
tent de nouvelles critiques. De
façon pour le moins inattendue,
une partie du financement de la
campagne 2011 dans l’Antarcti-
que, dont la tenue a été confir-
mée le 4 octobre par le ministre
de l’agriculture et des pêches,
Michihiko Kano, sera assurée par
des fonds prélevés sur le troisiè-
me budget supplémentaire
consacré à la reconstruction des
zones dévastées le 11 mars.
Pour établir le lien avec le séis-
me, le tsunami et la crise nucléai-
re, l’agence des pêches a rappelé
et 2010, par le biais du système
d’alerte de l’Union européenne
(UE), la vitesse à laquelle ils appa-
raissent sur le marché ne cesse
d’augmenter depuis quelques
années.Alorsque13nouvellessubs-
tances avaient été identifiées en
2008, elles étaient 24 en 2009, et 41
en 2010. Ainsi, en proposant des
alternatives dès qu’une drogue est
interdite, les fournisseurs
d’« euphorisants légaux » (terme
générique désignant les substan-
ces psychoactives non contrôlées
par la législation antidrogue) gar-
dent-ils toujours une longueur
d’avance sur les contrôles.
Nombre de ces nouvelles subs-
tances ont été découvertes en tes-
ron 1300 cas au total). Alors que
l’épidémie de sida chez les usagers
de drogue par injection devient un
problème majeur de santé publi-
que dans de nombreux pays limi-
trophes (Russie et Ukraine en parti-
culier), la situation de l’Europe est,
sur ce point, plutôt satisfaisante.
Le rapport de l’OEDT n’en fait
pas moins état d’évolutions inquié-
tantes. En 2009, le taux de nou-
veaux cas diagnostiqués en liaison
avec la consommation de drogue
par injection restait élevé en Esto-
nie (63,4 cas par million d’habi-
tants), en Lituanie (34,9 cas), en Let-
tonie (32,7 cas), au Portugal
ets’apprêtentàsecompterpluspré-
cisément.
« A l’époque de mon père, pour-
suit Olivier Belval, le syndicalisme
se résumait à trois réunions par an.
Aujourd’hui la défense des abeilles
est devenue un véritable combat,
l’Unaf emploie huit salariés et je
monte presque toutes les semaines
à Paris. » Les fronts sont nom-
breux: pesticides, OGM, frelon Ves-
pa velutina. Cette année, la fédéra-
tion – forte de 22 000 adhérents
dont plus d’un tiers des 2 000 pro-
fessionnels–, dénonce aussi l’épan-
dageaérien depesticides. Cettepra-
tique, en principe interdite dans
l’Union européenne, sauf circons-
tances exceptionnelles, bénéficie
de multiples dérogations en Fran-
ce. L’obligation de prévenir les api-
culteurs quarante-huit heures à
l’avance n’est pas toujours respec-
qu’Ishinomaki, l’une des villes les
plus touchées de la préfecture de
Miyagi, est connue pour sa tradi-
tion ancienne de chasse baleiniè-
re. Elle abritait d’ailleurs un parc à
thème sur cette activité, le Oshika
Whale land, aujourd’hui détruit.
Fort de cet argument, l’agence
a obtenu une enveloppe de
2,3 milliards de yens (21,2 millions
d’euros). Or cet argent n’ira pas à
la reconstruction d’installations,
à l’achat de nouveaux bateaux, ni
même au soutien des victimes. Il
servira à « assurer la bonne exécu-
tion de la campagne 2011 » qui
doit débuter fin novembre ou
début décembre et à « renforcer
les moyens de lutte contre les opé-
rations de harcèlement menées
tant des produits vendus sur Inter-
net –un mode de diffusion lui aussi
en pleine expansion. En 2011,
l’OEDT a recensé un chiffre record
de 600 boutiques en ligne propo-
sant des substances psychoactives.
Plusieurs de ces sites font preuve
de prudence, en fixant des restric-
tions aux livraisons, ou encore en
affichant des clauses de non-res-
ponsabilité sanitaire ou juridique.
La plupart des 41 nouvelles subs-
tances identifiées en 2010 sont des
cannabinoïdes (aux effets proches
ducannabis)oudescathinonespro-
ches de la méphédrone, un stimu-
lant apparu il y a quelques années
et désormais classé sur la liste des
stupéfiants par l’UE.
(13,4cas). En juillet 2011, la Grèce,
où la prévalence du sida est histori-
quement faible, rapportait 170nou-
velles infections au VIH parmi les
usagers de drogue par injection.
Plus récemment, les experts de
l’OEDT ont noté des augmenta-
tions de la prévalence du VIH chez
les toxicomanes en Roumanie, et
peut-être en Hongrie. Le tout dans
un contexte de récession économi-
que, faisant craindre à Wolfgang
Götz, directeur de l’OEDT, «que cer-
tains pays soient moins en mesure
d’apporter des réponses adéquates
à ceux qui courent le plus grand ris-
que d’infection».
tée. L’Unaf a attaqué la préfecture
du Loiret devant le tribunal admi-
nistratif d’Orléans, pour l’exemple.
L’abeille est une sentinelle de
l’environnement, plaide l’Unaf
depuis des années. Ce message est
bien passé auprès des Français. Le
sondage Ipsos réalisé pour l’Unaf
en février, selon la méthode des
quotas, indique que 88 % des inter-
rogés se disent conscients de la dis-
parition massive des abeilles, tan-
dis que 77 % connaissent leur
actionpollinisatrice.Parmilesprin-
cipaux responsables de cette héca-
tombe, les pesticides se classent au
premier ou au deuxième rang pour
94% dupanel, suivis dudéveloppe-
ment de l’agriculture intensive
(59 %), du changement climatique
(29%).
La récolte de miel 2011 enregis-
tre des performances variables
par les activistes hostiles à la chas-
se à la baleine ». Plus précisé-
ment, l’enveloppe financera le
déploiement de navires d’escorte
des baleiniers. Car les campagnes
annuelles dans l’Antarctique
sont soumises à rudes pressions.
L’organisation de protection des
cétacés, Sea Shepherd mobilise
chaque année plusieurs bateaux
pour tenter de perturber l’activi-
té des baleiniers. En février,
Tokyo a été contraint de jeter
l’éponge en suspendant la campa-
gne pour raison de sécurité.
L’octroi de cette subvention a
fait réagir les organisations de
protection de l’environnement.
Quatorze d’entre elles, dont
Greenpeace Japan, ont adressé
Le poids prépondérant du cannabis
INFRACTIONS LIÉES À LA CONSOMMATION OU À LA DÉTENTION DE DROGUE
base 100 = 2004
200
150
100
50
2004 05 06 07 08
L’OEDT note aussi que les pro-
ducteurs européens d’ecstasy ou
d’amphétamines, drogues illicites
fabriquées à partir de précurseurs
chimiques importés, ont recours à
des techniques de plus en plus
sophistiquées pour contourner la
réglementation. Les plus courantes
consistent « à synthétiser des pré-
curseursàpartirde“pré-précurseur-
s”, ou à les “masquer” en produits
chimiques non contrôlés, qui seront
retransformés après importation ».
Mis bout à bout, ces différents
En juillet 2010, à l’occasion de la
Conférence mondiale sur le sida, la
revue britannique The Lancet avait
consacré un numéro aux usagers
de drogues porteurs du VIH. Les
études publiées montraient indis-
cutablement le lien existant entre
les conditions de prise en charge
des usagers de drogue par voie
intraveineuse et l’infection par le
virus. Là où ces conditions sont
mauvaises, l’épidémie progresse
dans cette population à haut ris-
que; dès qu’elles s’améliorent, elle
régresse. En temps de crise, la vigi-
lance s’impose plus que jamais. p
C. V.
selon les régions. La Lozère est clas-
sée en calamité agricole avec une
collecte réduite de moitié tandis
qu’elle s’annonce satisfaisante en
Ile-de-France. Partout, en raison de
la sécheresse, les quantités de miel
de châtaignier sont décevantes.
88% des Français
se disent conscients
de la disparition
massive des abeilles
Au total, la production française
devrait stagner à environ 20 000
tonnescommelesdeuxannéespré-
cédentes pour 24 000 tonnes qui
seront importées. On reste loin des
32 000 tonnes de récolte enregis-
trées 1995… avant l’apparition des
néonicotinoïdes,lafamilledepesti-
dès le 27 octobre une lettre ouver-
te aux autorités, les appelant à
« consacrer cet argent aux victi-
mes au lieu de le gaspiller dans
une inutile mission de chasse
baleinière ». Le document, s’ap-
puyant sur des chiffres officiels,
précise que chaque campagne
coûte environ 3 milliards de yens
et se termine sur un déficit de
1,9 milliard de yens.
Moratoire international
L’annonce de la nouvelle cam-
pagne avait auparavant suscité le
mécontentement de l’Australie.
Canberra, qui a déposé une plain-
te contre Tokyo en 2010 auprès
de la Cour pénale internationale,
a rappelé son opposition « à toute
Cocaïne
Amphétamines
Héroïne
Amphétamines
Cocaïne
Héroïne
Cannabis
Ecstasy
2009
éléments dressent un tableau
d’autant plus confus de la situation
des drogues de synthèse qu’on
observe une interaction croissante
entre les marchés des « euphori-
santslégaux » et dessubstances illi-
cites. Des substances psychoacti-
ves non contrôlées (cathinones,
phénéthylamines) peuvent ainsi
être vendues dans les milieux fes-
tifs comme de prétendus compri-
més d’ecstasy. Tandis qu’à
l’inverse, « la PMMA, une substance
contrôlée, a récemment été décou-
verte dans certains produits vendus
comme “euphorisants légaux” ».
« Ce qui est préoccupant, c’est
qu’onretrouve surle marchédeplus
en plus de produits qui n’ont pas du
tout été testés, ni pour leurs effets ni
pour leur dangerosité. Sur ces nou-
velles substances, on ne sait à peu
près rien », relève Agnès Cadet-
Taïrou, responsable du pôle « Ten-
dances récentes et nouvelles dro-
gues » à l’Observatoire français des
drogues et des toxicomanies
(OFDT). Une nébuleuse d’autant
plus dense que les usagers de ces
nouvellesdroguessont, leplussou-
vent, des polyconsommateurs.
« À l’image du monde dans
lequel nous vivons, le marché de la
drogue évolue de façon de plus en
plusrapideetglobalisée»,commen-
te Wolfgang Götz, directeur de
cides à laquelle appartiennent
Régent, Proteus, Gaucho, Cruiser.
Fabriquépar Syngenta,cetinsec-
ticide a bénéficié récemment de
deux autorisations de mises sur le
marché. Les apiculteurs ont déposé
quatre recours contre le Crui-
ser 350 et son prédécesseur desti-
nés au maïs et se battent pour obte-
nir l’annulation de l’autorisation
du Cruiser OSR pour le traitement
du colza. Les poursuites de l’Unaf
contre le ministère de l’agriculture
etSyngentaviennentd’êtretransfé-
rées au tribunal administratif de
Versailles et vont prendre plu-
sieurs années.
D’autres plaintes déposées par
la fédération en 2000 contre Bayer
n’ont pas encore abouti. La course
contre le temps ne joue pas en
faveur des abeilles. « Fin juillet, un
mois après son autorisation, sans
forme de chasse commerciale, y
compris aux activités pseudo-
scientifiques du Japon ».
La chasse baleinière fait l’objet
d’un moratoire international
depuis 1986. Mais des dérogations
autorisent le Japon à s’y livrer
sous couvert d’études scientifi-
ques. Les Japonais ont pêché plus
de 10 000 baleines depuis 1988. Le
maintien de la chasse est aussi un
enjeu de politique intérieure. Au
point d’avoir convaincu les autori-
tés d’autoriser une nouvelle cam-
pagne, mais au risque de voir le
Japon perdre une partie du capital
de sympathie suscitée par la catas-
trophe de mars. p
Philippe Mesmer
(Tokyo, correspondance)
0123
Mercredi 16 novembre 2011
Ecstasy
912 416
signalements
(2009)
Cannabis
SOURCE : RAPPORT OEDT 2011
l’OEDT. « Cela se traduit dans le
nombredesubstancesnouvellesqui
apparaissent sur le marché, mais
aussi dans leur diversité, et dans la
manière dont elles sont produites,
distribuées et commercialisées ».
Dans ce jeu du chat et de la sou-
ris en mutation constante, com-
mentla lutteantidrogue européen-
ne peut-elle espérer reprendre la
main ? « En parvenant à identifier
plus rapidement les nouvelles subs-
Nombre de ces
nouvelles substances
ont été découvertes
sur Internet
tances et les tendances émergen-
tes », répondent les experts. Ce qui
implique une étroite surveillance
policière des substances psychoac-
tives nouvellement contrôlées,
mais aussi le développement accru
«d’indicateurs de pointe », comme
la surveillance d’Internet… et l’ana-
lyse des eaux usées. Discipline
scientifique en pleine expansion,
« l’épidémiologie des eaux
d’égouts » pourrait en effet contri-
buer à surveiller les tendances des
populationsenmatièredeconsom-
mation de substances illicites. p
Catherine Vincent
que l’innocuité du produit ait été
prouvée et alors que nous avions
une procédure en cours devant le
Conseil d'Etat, 600 000 hectares de
champs de colza avaient déjà été
traitésauCruiser,40 %de laproduc-
tion française !»
En juin, l’Italie a interdit l’usage
des insecticides néonicotinoïdes
sur le maïs pour la troisième
année consécutive. Dans des
régions concernées, les mortalités
des abeilles sont passées de 37,5 %
en 2007-2008 à 15 % en 2010-2011,
selon une étude italienne . « Ces
produits sont des neurotoxiques
pour les abeilles, explique Olivier
Belval. Celles-ci ne meurent pas
d’emblée mais peuvent perdre la
mémoire, persister là où il n’y a
plus rien à butiner, battre d’une
aile seulement… » p
Martine Valo
Environnement Chevron
tente d’endiguer une fuite
de pétrole au large de Rio
Le pétrolier américain Chevron
tente de contrôler une fuite de
brut survenue jeudi 10 novem-
bre dans le champ offshore de
Campo Frade, à 370 km au nord-
est des côtes de Rio de Janeiro (Bré-
sil), a indiqué le groupe, lundi
14 novembre. Chevron dispose de
17 navires pour contenir la nappe
de pétrole, qui représente entre
400 et 650 barils, et se trouve
actuellement à 120 km du littoral.
Des bouées de contention et des
systèmes de récupération ont été
déployés dans la zone ; toutes les
activités de forage y ont été inter-
rompues. La présidente du Brésil
Dilma Rousseff a demandé
l’ouverture d’une « enquête rigou-
reuse » sur les causes de l’accident
et ses responsables. – (AFP.)
0123
Mercredi 16 novembre 2011
Ecologie: le débat Duflot - Kosciusko-Morizet
La dirigeante d’EE-LV et la ministre opposent deux stratégies pour la transition qu’elles appellent de leurs vœux
N
athalie Kosciusko-Morizet,
ministre de l’écologie, du
développement durable,
des transports et du logement, et
Cécile Duflot, secrétaire nationale
d’Europe Ecologie-Les Verts, ont
débattu de la place de l’écologie
dans les politiques publiques, lun-
di 14 novembre, au siège du Mon-
de. Voiciles extraits les plus signifi-
catifs de leur discussion.
A quoi sert-il d’avoir un parti éco-
logiste ?
Nathalie Kosciusko-Morizet :
« Je ne crois pas aux partis spéciali-
sés. L’histoire politique montre
que le parti spécialisé sert d’alibi
pour le parti principal de la plate-
forme politique – à gauche, en l’oc-
currence, le Parti socialiste. Vous
avez un parti de gouvernement
qui, en fait, ne fait pas son travail
sur l’écologie et qui le sous-traite
au parti spécialisé.
Il y a une double peine, parce
que le parti spécialisé a des objec-
tifs électoraux et, en fait, se retrou-
ve à négocier ses objectifs électo-
raux contre les objectifs de fond.
On le voit, en ce moment, dans la
dialectique “centrales nucléaires
contre circonscriptions”. On l’a
déjà vécu sous la période
1997-2002, quand Lionel Jospin
était chef du gouvernement et
Dominique Voynet ministre de
l’environnement. Elle perdait tous
ses arbitrages les uns après les
autres pour gagner des batailles
politiques.
Je ne crois pas en cette sépara-
tion des tâches. Mon engagement
politique a été le contraire. Il a été
de transformer de l’intérieur un
parti politique pour le “verdir” et
le guider dans sa propre mue. Chez
les Verts, il y a une disjonction
entrel’appareil, quiest amené à fai-
re des deals politiques, et une base
très mobilisée sur les questions
d’écologie. »
Cécile Duflot : « Nathalie Kos-
ciusko-Morizet se trompe deux
fois. D’abord, elle ne croit pas à
l’écologie politique. L’écologie, ce
n’estpas une question de parti spé-
cialisé, mais de projet politique
d’ensemble. Cela a autant d’impor-
tance que la vision libérale ou la
vision social-démocrate.
L’écologie politique est une for-
me d’idéologie au sens noble du
L’entourage de François Hollande est divisé
sur l’opportunité d’un accord entre les Verts et le PS
Certains proches du candidat socialiste pensent qu’il doit donner à l’opinion un signe de fermeté
P
our être souples, nous le som-
mes. Je dirais même que nous
sommes à la limite de la
contorsion », analysait un diri-
geant écologiste, lundi 14 novem-
bre dans la soirée. Dans les négocia-
tions avec les socialistes, Europe
Ecologie-Les Verts (EE-LV) est en
effet passé de la plus grande rai-
deur – « ultimatums » répétés sur
l’EPR de Flamanville (Manche), le
réacteur nucléaire de troisième
génération – à des qualités gymni-
ques au-dessus de la moyenne
pour faire aboutir l’accord.
Plus question de se battre sur la
sortie du nucléaire, ni sur la ferme-
ture de Flamanville. Les discus-
sions sur l’EPR portent désormais
sur deux points : la nécessité d’un
audit indépendant, après l’élec-
tion présidentielle, pour avoir tou-
tes les informations sur les problè-
mes de sécurité, et le moratoire
sur les travaux qui s’ensuivrait, le
temps d’y voir clair et de prendre
une décision.
Le premier point semble
acquis, mais les négociationsconti-
nuaient de bloquer sur le second,
mardi matin. Les écologistes
comptent bien, au cas où les socia-
listes accepteraient un moratoire,
mener une campagne assez
Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie, et Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts au siège du « Monde ».
terme. L’écologie, ce n’est pas seu-
lement les questions d’environne-
ment. Par ailleurs, si on regarde
ceux qui ont faitprogresser l’écolo-
gie, ce ne sont pas ceux qui sont
devenus des alibis à l’intérieur
mêmede leur propre parti. Aujour-
d’hui, la réalité est que Nathalie
«L’écologie, ce n’est
pas une question de
parti spécialisé, mais
de projet politique
d’ensemble»
Cécile Duflot
Kosciusko-Morizet est confrontée
à un président qui dit : “C’est fini,
l’écologie.”
Nous, on assume pleinement de
pouvoir dire que notre projet doit
êtrepris en chargepar des écologis-
tes politiques, pas par ceux et cel-
les qui vont toquer à la porte des
puissants en disant : “Il faudrait
convaincante pour que le chantier
de l’EPR ne redémarre jamais. D’où
le peu d’empressement de leur
allié à aller sur ce terrain.
Le moratoire sur le chantier de
Flamanville reste l’unique point
de blocage véritable, car les deux
partenaires se connaissent bien et
travaillent sur l’ensemble du pro-
gramme depuis des mois. Ils ont
Les négociations
continuent
de bloquer
sur la question
d’un moratoire sur
le chantier de l’EPR
trouvé de nombreux points d’ac-
cord sur la fiscalité verte (contribu-
tion climat énergie) et sur la retrai-
te à 60 ans (possibilité de partir
dès cet âge quand on a fait tous ses
trimestres). Ils ont des vues com-
munes sur la possibilité d’un
impôt plancher pour les multina-
tionales qui échappent en partie
ou totalement à l’imposition.
Un accord est possible, aussi,
autour des circonscriptions. Les
écologistes auraient obtenu l’assu-
france
que tu m’écoutes sur tel et tel
sujet.” Aujourd’hui, il faut être en
capacité de prendre les leviers d’ac-
tionsur les questionsindustrielles,
sur les questions agricoles, pour
changer de modèle. L’environne-
ment n’est pas un “truc” en plus ou
pas.On estface à un projet de socié-
té, à la fois de partage des richesses
et qui intègre la vie sur une planète
aux ressources limitées. »
Les négociations entre Europe
Ecologie-Les Verts et le PS
nuisent-elles au débat ?
Cécile Duflot : « Nous sommes
surtout dans une situation scanda-
leuse dans notre pays. Ce qui serait
normal, ce serait qu’il y ait la pro-
portionnelle et que les élus soient
ceux pour qui les citoyens ont
voté. Or les écologistes pourraient
faire 20 % dans toutes les circons-
criptions sans avoir aucun élu.
C’est une exception dans l’ensem-
ble des pays européens.
Aujourd’hui, si l’on veut avoir
des députés, on doit négocier,
rance d’un groupe parlementaire
– soit quinze députés – quelle que
soit l’issue des élections, et du dou-
ble en cas de large victoire de la
gauche. Les deux parties sont tou-
jours en désaccord sur le rythme
de réduction des déficits, mais
n’en font pas un point de rupture.
« Chacun défendra ses thèses pen-
dant la campagne sur cette ques-
tion », dit un membre de la direc-
tion d’EE-LV.
Sur le délicat dossier du projet
d’aéroport à Notre-Dame-des-Lan-
des (Loire-Atlantique), dont les éco-
logistes souhaitent l’annulation
pure et simple, les signes d’ouver-
ture existent aussi, puisque les
socialistes seraient prêts à accep-
ter un nouveau débat public sur le
projet.
Néanmoins, la direction d’EE-
LV peut difficilement se présenter
devant son conseil fédéral, samedi
19 novembre, en ayant reculé sur
l’ensemble du dossier nucléaire.
« Avaler la non-sortie du nucléaire,
le maintien de Flamanville, et une
baisse du nombre de circonscrip-
tions garanties, ça commence à fai-
re beaucoup », compatit un mem-
bre de la direction du PS. Le mora-
toire sur l’EPR devait donc être le
point déterminant.
maisce n’estpas ceque l’on souhai-
te. Ce n’est pas vrai que nous som-
mes prêts à accepter des centrales
pour des postes. C’est le contraire :
on est prêts à renoncer à des postes
pour des convictions. »
Nathalie Kosciusko-Morizet :
« Il faut juger les uns et les autres
sur les actes. Est-ce que les Français
se souviennent d’un seul fait
majeur en matière d’écologie sur
la période 1997-2002, pendant la
gauche plurielle ?
Pour moi, les grands moments
de l’écologie des quinze dernières
années, c’est d’abord la Charte
constitutionnelle de l’environne-
ment, puis le Grenelle de l’environ-
nement. En 2007, le ministère de
l’environnement est devenu un
vrai ministère de l’écologie, car il a
repris l’équipement, les trans-
ports, la mer, ce qui, aujourd’hui,
lui permet de mener des politi-
ques transversales. Quand il y a un
problème, ce n’est pas réglé par le
premier ministre, mais à l’inté-
rieur du ministère. »
Les écologistes ont un autre
sujetd’inquiétude.Labaisseducan-
didat socialiste dans les sondages
sembleinduireunecertainefébrili-
té dans son entourage. «On les sent
fermés, dans une sorte de citadelle
assiégée, en train de revivre une
séquence du “tout sauf Hollande” »,
déplore un dirigeant écologiste. Le
cercle rapproché de M. Hollande,
qui a la haute main sur cette délica-
te négociation, serait extrême-
ment divisé sur l’intérêt d’un
accord avec les écologistes. Michel
Sapin en est toujours partisan,
appuyé par les partisans de Marti-
ne Aubry lors de la primaire, com-
me Laurence Rossignol ou Guillau-
me Bachelay.
Mais la direction d’EE-LV affir-
me que d’autres proches du candi-
dat sont aujourd’hui persuadés,
non seulement qu’il peut gagner
sans accord avec les écologistes,
mais que la signature d’un accord
nuirait à son image. Ne pas signer
enverrait à l’opinion un signal de
fermeté. Selon la direction d’EE-LV,
le député André Vallini et l’eurodé-
puté Stéphane Le Foll sont sur cette
ligne. Et le candidat lui-même ?
«Raide et fermé », disent lesVerts. p
Anne-Sophie Mercier
et David Revault d’Allonnes
Cécile Duflot : « Mais ça ne mar-
che pas ! Je vous donne un chiffre :
38 % de pertes d’emplois en un an
dans le photovoltaïque. Vous ne
regardez pas la réalité en face. Tout
continue comme avant. Les arbi-
trages se font en défaveur des
conclusions du Grenelle. Nous
avons neuf fois moins d’investisse-
ment dans les énergies renouvela-
bles que les Allemands, par exem-
ple, et tout est à l’avenant.
Je ne dis pas que la situation de
Dominique Voynet était facile,
mais la vôtre est sans doute pire,
parce qu’aller vers une transition
écologique, vers un autre modèle
de société, c’est tout simplement
impossible avec un président de la
République qui considère que la
logique de la concurrence et de l’in-
dividualisme est viable. Des petits
aménagements à la marge, com-
me ceux que vous avez obtenus,
ne suffiront pas. »
La sortie du nucléaire en l’espa-
ce de trente ou quarante ans,
M. Mélenchon en feuilleton
autoproduit sur Internet
L
a saga Mélenchon se raconte-
ra aussi sur Internet. Le can-
didat du Front de gauche est
le héros d’une « série » pour le
Web, dont les deux premiers épi-
sodes ont été diffusés, lundi
14 novembre, au siège de sa cam-
pagne, aux Lilas (Seine-Saint-
Denis).
En marche – c’est le titre du
feuilleton – commence par le pre-
mier meeting de l’ancien séna-
teur socialiste, place Stalingrad, à
Paris, en juin. On y voit M. Mélen-
chon préparer son discours en
chantonnant, prononcer le dit dis-
cours, grignoter sur un marché,
faire des bons mots, serrer des
mains, claquer la bise à des mili-
tantes, signer le bail du son futur
QG de campagne, le tout entre-
coupé d’images de son équipe,
jeune et souriante. Bref, un candi-
dat accessible, entouré de gens
normaux, qui fait des choses com-
me M. Tout-le-monde.
« Une Web-série en cours de
campagne et qui la raconte, cela
ne s’est jamais vu, jamais fait nul-
le part », s’enthousiasmait sur
son blog, le 10 novembre, le dépu-
té européen, qui stagne autour de
6 % dans les sondages. Après les
crieurs du métro, le théâtre de rue,
les commandos culturels, en atten-
dant les “murales” politiques, voi-
7
comme la préconisent les écolo-
gistes, est-elle possible ?
Nathalie kosciusko-Morizet :
« Les écologistes pensent cette
affaire totalement à l’envers, de
façon évidemment très idéologi-
que,et lamélangent avec des consi-
dérations électoralistes. Pour moi,
le critère de choix en matière
d’énergie est double : environne-
ment et emploi. Je voudrais rappe-
ler qu’il n’y a pas d’énergie sans
«La priorité,
en matière
d’énergie, c’est
d’en consommer
le moins possible»
Nathalie Kosciusko-Morizet
inconvénients. Quand vous
construisez un barrage, vous
détruisez un écosystème. La priori-
té, en matière d’énergie, c’est d’en
consommer le moins possible.
On ne peut pas, à l’heure actuel-
le, aller au-delà de 30 % pour les
énergies alternatives au nucléaire.
Comment fait-on pour compenser
les 70 % produits par le nucléaire ?
Pour moi, on ne peut pas laisser
tomber une industrie qui ne pro-
duit pas de CO2 et qui, aujourd’hui,
crée de l’emploi, pour un projet
mal assis sur le plan industriel. »
Cécile Duflot : « On ne peut pas,
sur le nucléaire, s’abstraire de cet-
te question centrale : est-ce une
industrie sûre ou non ? La réponse
est non. S’il y a un accident à la cen-
trale de Blayais, même moyen, il
n’y a plus de vignoble bordelais
pendant des siècles.
Y a-t-il une alternative ? La
réponse est oui. Il y a des scénarios
de sortie, et des pays aussi baro-
ques que l’Allemagne, la Belgique
et l’Italie engagent la sortie du
nucléaire. La décision de sortir du
nucléaire, ça dope les crédits vers
les renouvelables, mais aussi la
créativité et les emplois. Bref, en
sortant du nucléaire, on répond à
vos deux critères. » p
Propos recueillis par
Anne-sophie Mercier
et Vanessa Schneider
n Sur lemonde.fr
L’intégralité de la rencontre en vidéo
ci la Web-série ! » Dont, assure-t-il,
il « ne contrôle pas le récit ». On
peut dire sans trop s’avancer
qu’imaginé par son directeur de
communication, Arnauld Cham-
premier-Trigano, le récit ne
devrait pas être critique…
C’est avec la presse, lors de la
présentation de la stratégie Web
de campagne, que le héros du
jour a découvert, affirme-t-il, le
contenu de la Web-série. Réalisé
par des bénévoles, profession-
nels de l’image, chaque épisode
dure une dizaine de minutes et
sera diffusé à partir du 21 novem-
bre sur le site Placeaupeu-
ple2012.fr. « C’est une autre façon
de raconter la campagne, expli-
que M. Champremier-Trigano.
On s’adresse à un public plus
jeune, moins politisé. L’idée, c’est
d’être extrêmement accessible. On
est au carrefour du journalisme –
ce ne sont pas des comédiens qui
jouent –, de la communication –
on délivre un message – et de la fic-
tion – on utilise ses codes narra-
tifs. »
Le second volet de la série se
termine sur une phrase de Jean-
Luc Mélenchon : « Le premier
média, c’est nous ! » Il a raison, on
n’est jamais mieux servi que par
soi-même. p
Raphaëlle Besse Desmoulières

8 politique
Légerrebond de Patrick Artus: «Il faudra un nouveau
lacroissance après tour de vis pour tenir nos engagements»
un épisoderécessif Selon l’économiste de Natixis, les restrictions budgétaires ont des effets négatifs sur la croissance
Le PIB a augmenté au troisième trimestre
de 0,4% après un recul de 0,1%
aaa Suite de la première page
En rythme annuel, la croissance
s’affiche en France à 1,7 %, en don-
nées corrigées des variations sai-
sonnières (CVS) et à 2,6 % en Alle-
magne. Toutefois, une contraction
du PIB en fin d’année pourrait
empêcher le gouvernement Fillon
de tenir ses engagements de réduc-
tion du déficit public.
A cet égard, un rapport du
Conseil de Lisbonne, un cercle de
réflexion basé à Bruxelles, sur la
santé des 17 pays membres de la
zone euro, n’incite guère à l’opti-
misme. Publié mardi 15 novembre,
il place la France au 13e rang du clas-
sement général relatif à la santé
des pays (potentiel de croissance,
taux d’emploi, consommation,
etc.).Et,surtout,il laplaceàla15e pla-
ce en matière de mise en œuvre des
ajustements économiques (réduc-
tion des déficits et modération du
coût du travail).
« Parmi les six pays de la zone
euro qui ont une note AAA, la Fran-
ce est de loin la plus mal classée
dans le bilan de santé général éta-
bli par l’étude [intitulée Euro Plus
Monitor] », souligne le Conseil de
Lisbonne. « Les résultats ne sont
pas assez bons pour un pays qui
veut conserver sa place dans l’élite
(…). Des signaux d’alarme
devraient sonner pour la France »,
ajoute le cercle de réflexion euro-
péen alors que la notation du pays
devient un sujet de polémiques
dans l’Hexagone à quelques mois
de l’élection présidentielle.
Le troisième trimestre a donc
été meilleur en France que ne
l’avait prévu l’Insee dans son der-
nier point de conjoncture, après
un été difficile marqué par la nette
dégradation du climat des affaires,
par un ralentissement quasi géné-
ral de l’activité dans le monde et
par la crise des dettes souveraines.
La consommation en hausse
Après avoir reculé de 0,8 % au
deuxième trimestre, la dépense de
consommation des ménages a de
nouveau augmenté au troisième
(+ 0,3 %) et soutenu la croissance.
Lemêmephénomèneaétéobservé
en Allemagne, ce qui est beaucoup
plusraredans unpaysoùl’investis-
sement est un moteur central de la
croissance. En revanche, l’investis-
sement total ralentit légèrement
en France de 0,6 % à 0,4 %, et sur-
tout l’investissement des entrepri-
ses non financières recule de 0,3 %.
Enfin, la production de biens et
services rebondit (+ 0,4 % après
– 0,1 %) et le solde commercial a
apporté une contribution légère-
ment positive à la croissance du
PIB : + 0,1 point après
+ 0,5 point. p C. Gu.
Entretien
P
atrick Artus, directeur de la
recherche et des études éco-
nomiques de Natixis, estime
que, pour tenir ses engagements,
le second plan de rigueur, annoncé
par le premier ministre, François
Fillon, le 7 novembre, devrait mul-
tiplier par deux son objectif de
7 milliards d’euros d’économies.
Auteur avec Marie-Paule Virard de
La France sans ses usines (Fayard,
175 p., 16 ¤), il estime que la nota-
tion « de fait » de la France est AA et
non plus AAA.
Où en sont vos prévisions de
croissance pour la France ?
Nous prévoyons 0,5 % en 2012,
en ayant fait l’hypothèse que le
redressement budgétaire aurait
un impact faible sur le produit
intérieur brut (PIB) et qu’il n’y
aurait pas de risques additionnels
comme les restrictions de crédits
aux entreprises. Autrement dit, si
notre prévision devait bouger
encore, ce serait à la baisse.
Les indicateurs conjoncturels
des dernières semaines laissent
entrevoir une nette dégradation
de la situation. Le risque de réces-
sion n’est pas nul. Le pire serait
que les entreprises, du fait de leur
situation financière et d’une éven-
tuelle restriction des crédits ban-
caires, contractent considérable-
ment leursprévisions d’investisse-
ment.
Le second plan Fillon est-il à la
mesure des enjeux ?
Legouvernement français, com-
Patrick Artus, directeur des études économiques de Natixis, le 14 novembre, à Paris. BRUNO FERT POUR « LE MONDE »
me ses homologues européens, a
fait des calculs purement arithmé-
tiques, sans vision d’ensemble
macroéconomique. Il pense que
les politiques restrictives condui-
tes en Europe n’auront pas d’effet
sur le PIB, et retient un multiplica-
teur budgétaire égal à zéro. Cette
hypothèse n’est pas la nôtre.
Avant le plan Fillon II, nous
tablions, comme la Commission
européenne, sur un déficit public
de 5 % du PIB en 2012. Le ramener à
4,5 %, comme prévu, représente
un effort de 10 milliards d’euros.
Pour trouver cette somme, il faut,
compte tenu des effets amplifica-
teurs des politiques restrictives,
un effort de 14 milliards. Le
second plan Fillon n’en apporte
que 7 et il est fondé sur une prévi-
sion de croissance trop optimiste.
Il faudra sûrement un nouveau
tour de vis pour tenir nos engage-
ments de 2012.
La France doit-elle apprendre à
vivre avec une croissance dura-
blement faible ?
Entre 2012 et 2020, la croissance
potentielle française devrait tour-
ner autour de 1,2 % à 1,3 %. La Fran-
ce a fait mieux entre 2002 et 2007
Lerationnement du crédit aux entreprises
est inéluctable, selon les économistes
LA ZONE EURO serait à la veille
d’un double choc économique : en
sus de l’austérité budgétaire, elle
est menacée par le rationnement
du crédit. Dans une note datée du
lundi 14 novembre, intitulée
« Chronique d’un credit crunch
annoncé », Bruno Cavalier, chef
économiste à la banque Oddo, est
l’un des premiers, en France, à
mettre en garde contre l’imminen-
ce d’une crise du crédit en Europe.
Cet avertissement est lancé
alors que le gouvernement, prêt à
tancer les banques, surveille de
près les indicateurs de distribu-
tion du crédit – pour l’heure tou-
jours au vert. M. Cavalier se fonde
sur une enquête réalisée, début
novembre, auprès d’environ 150
moyennes et grandes entreprises
par l’institut Coe-Rexecode et l’As-
sociation française des trésoriers
d’entreprise (Afte). Selon cette étu-
de, 40 % des entreprises jugent la
recherche de financements diffici-
le, contre 33 % en octobre, 49%
trouvant le crédit plus cher.
«Le crédit résiste encore, car
c’est une variable retardée du cycle,
mais les signes de ralentissement
sont bel et bien là, affirme M.Cava-
lier. La recherche de financement
n’a même jamais été aussi difficile
depuis la chute de Lehman Bro-
thers, en 2008. Et, à l’époque, on
en raison du boom immobilier. La
situation d’aujourd’hui est toute
autre : l’Etat, les ménages et les
entreprises vont devoir se désen-
detter. Il est donc raisonnable de
prévoir une croissance durable-
ment inférieure à la croissance
potentielle.
Peut-on, dans un tel environne-
ment, réduire le déficit public ?
Toute la question est de ne pas
tuer la demande à court terme
touten préservant l’offre àlong ter-
me. Ainsi faut-il trouver des mesu-
res ayant peu d’impact sur la
demande et éviter ce qui ne mar-
che pas : l’augmentation de la
TVA, qui tue la consommation, et
la hausse des charges sociales, qui
détruit de l’emploi. Pour le reste, il
faut taxer davantage les revenus
du capital et les plus-values du
capital, hors fonds propres des
PME. Le plan Fillon, et c’est bien,
prévoit des mesures en ce sens. Il
faut aussi limiter les niches fisca-
les et mettre fin à tout ce qui pro-
duit des effets d’aubaine, donc de
la rente, en particulier dans les ser-
vices et la distribution : veiller à
cela contribue à faire baisser les
prix et donne du pouvoir d’achat
n’avait pas, en plus, à subir les
effets récessifs de l’austérité budgé-
taire.» Cette analyse paraît large-
ment partagée par les économis-
tes, qui craignent pour le finance-
ment de l’économie et de la crois-
sance, en pleine crise de la dette
dans la zone euro. Selon eux, le
rationnement du crédit est inéluc-
table et découle des nouvelles
règles imposées aux banques par
les régulateurs afin d’éviter une
nouvelle crise bancaire. Cette régle-
mentation les oblige à augmenter
d’ici à juin 2012 les fonds propres
qu’elles mettent en face de leurs
engagements financiers.
Effet pervers
«Ce durcissement de la régle-
mentation est nécessaire, mais il va
inciter les banques à réduire leurs
crédits à l’économie», dit M. Cava-
lier. Pour lui, cet effet pervers de la
réglementation, conjugué aux poli-
tiques de restriction budgétaire en
Europe, intensifie le risque de
récession. «Il faut absolument res-
serrer les boulons réglementaires
dans les banques, mais qui va finan-
cer les PME dans les années qui vien-
nent?, interroge Christian de Bois-
sieu, professeur d’économie à
Paris-I. Le relèvement des ratios de
fonds propres va se traduire par
une plus grande sélectivité des ris-
0123
Mercredi 16 novembre 2011
auxsalariés. Celasuppose une poli-
tique intelligente de la concurren-
ce.
Peut-on sauver notre AAA ?
Ne nous trompons pas sur les
demandes des marchés ou sur ce
qu’ils sont. Ils ne sont pas manipu-
lés par de vilains investisseurs
anglo-saxons quivendent de la det-
te italienne. Nous ne vivons pas
une crise de spéculation, mais une
crise de défiance de nos grands
investisseurs institutionnels qui
doutent de la crédibilité budgétai-
re de la France, autrement dit de sa
capacité à corriger à moyen terme
son déficit budgétaire.
Depuis octobre, les taux alle-
mands et français divergent. La
France a quitté le cœur de l’Europe
pour rejoindre le groupe des pays
du Sud. Aujourd’hui, le rating de
fait des grands investisseurs insti-
tutionnels est AA pour la France.
Pour autant, nul ne nous demande
de ramener en un an notre déficit
public à 3 % du PIB. Ce qu’il nous
faut, c’est un plan de moyen terme
précis et crédible, qui ne tue pas la
croissance. p
Propos recueillis par
Claire Guélaud
ques et un durcissement des condi-
tions de crédit envers les PME. » Ce
que Nicolas Bouzou, économiste
chez Asterès, confirme : « Les ban-
ques tailleront dans leurs bilans,
donc dans leurs crédits. Toutes les
conditions d’un rationnement du
crédit sont réunies. »
Si l’on se fie aux chiffres, toute-
fois, la crise du crédit n’est pas
encore perceptible. A la médiation
du crédit, créée fin 2008 auprès du
ministre de l’économie pour aider
les entreprises en difficultés de tré-
sorerie ou d’accès au crédit, « le
nombre de dossiers déposé est sta-
ble», observe son patron, Gérard
Rameix. Il se maintient à 300 par
mois, moitié moins qu’il y a un an.
La médiation du crédit estime
avoir relancé les prêts. « Fin
juillet2011, en France, les encours
consentis aux PME indépendantes
étaient supérieurs de 4,8 % à ceux
distribués un an plus tôt », lit-on
dans le rapport pour 2011 publié
mardi 15 novembre. Certes, ces cré-
dits progressent désormais moins
vite. Mais « ce ralentissement est
davantage dû à la baisse d’activité
des entreprises qu’au resserrement
du crédit, assure M.Rameix. Nous
scrutons la situation au jour le jour
et n’observons aucun fléchisse-
ment de l’offre pour l’instant.» p
Annie Kahn et Anne Michel
0123
Mercredi 16 novembre 2011 politique 9

Laurence Parisot Un quatrième jour de carence est prévu

défend une forme pour les arrêts maladie dans le privé
de «TVA sociale» A Bordeaux, Nicolas Sarkozy fustige les salariés et les médecins complices de congés frauduleux

L
a majorité s’attaque aux
Pour la première fois, la présidente du Medef arrêts maladie frauduleux ou
a plaidé en faveur d’un transfert de cotisations abusifs. Pour compenser sa
renonciation à la baisse des indem-
nités journalières, le gouverne-
Parsoucid’équité, l’exécutifpré-
voit un dispositif de pénalisation
des fonctionnaires. Les indemnités
maladie du premier jour d’arrêt
seront calculées uniquement sur la
fonctionnaires et les salariés du pri-
vé soient traités différemment, sur-
tout quand on connaît le taux d’ab-
sentéisme dans la fonction publi-
que », justifie-t-il.
res ont un petit côté injuste, admet
M. Tian, mais elles sont très effica-
ces pour diminuer les déficits. »
Les syndicats de la fonction
publique « mis devant le fait

S
i le Medef refuse encore d’en
employer le nom, il ne s’en
convertit pas moins à la
« TVAsociale ». Laurence Parisot, la
présidente de l’organisation patro-
nale, a solennellement pris posi-
tion, mardi 15 novembre, pour un
transfert des cotisations sociales
vers la TVA et la contribution socia-
le généralisée (CSG). C’est inédit. A
six mois de la présidentielle,
Mme Parisot a proposé «un nouveau
pactefiscaletsocialpourlacompéti-
tivité de la France ». Son principe :
bouleverser le financement de la
protection sociale, en transférant
une partie des cotisations assises
sur le travail vers la consomma-
tion. Dans la ligne de mire du
Medef, quidit viser une convergen-
ce du coût du travail entre la France
et l’Allemagne, les cotisations pour
la branche famille et une partie des
cotisations maladie. Celles-ci
devraient, selon le patronat, rele-
ver de l’Etat, donc de l’impôt, plutôt
que des cotisations.
Le Medef avance trois scénarios
qui prévoient tous une baisse de
certaines cotisations patronales,
compensée par une hausse de la
TVA, et une baisse des cotisations
salariales,compenséeparunehaus-
se de la CSG. Ce dispositif permet-
trait un résultat « gagnant-
gagnant salariés-employeurs »,
selon Mme Parisot. L’assiette de la
CSG étant plus large que celle des
cotisations salariales – elle s’appli-
que notamment aux revenus du
capital –, la réforme se traduirait
par des hausses de salaire. Un point
important pour faire accepter une
remontée de la TVA qui entraînera
une perte de pouvoir d’achat.
Le scénario le plus prudent pré-
voit un transfert de 5 points de coti-
sation, soit 30 milliards d’euros, en
augmentantla TVAde 19,6 % à 22 %,
et la CSG de 0,75 point. Selon le
Medef, un salarié à 2 000 euros
brut mensuels verrait son salaire
netaugmenterde15euros.Lescéna-
patronales et de 4,5points des coti- ment, à la recherche 220 millions partie fixe de leur traitement, pri- accompli » dénoncent des « écono-
sations salariales, avec une TVA à d’euros d’économies pour la Sécu- mes exclues. Cette mesure, qui Offensive générale mies de bout de chandelle ». Le dis-
25% et CSG augmentée de 2 points. rité sociale, a décidé de se concen- devrait faire l’objet d’un décret, a Les agents de l’Etat prennent en cours de M. Sarkozy ponctue une
Toujours selon le Medef, le salarié à trer sur la lutte contre la fraude. un impact limité, les primes repré- moyenne treize jours d’arrêt mala- offensive générale du gouverne-
2 000 euros brut verrait alors son « Celui qui bénéficie d’un arrêt de sentant entre 15 % et 30 % du traite- die par an, ceux des hôpitaux ment sur la fraude sociale. Ainsi, la
net progresser de 50 euros. travail frauduleux, comme celui ment selon les corps. Elle devrait publics 9,4 jours. La moyenne est sanction financière des arrêts
L’employeur, de son côté, pour- qui le prescrit, vole les Français », rapporterquelquesdizainesdemil- de 19 jours dans la fonction publi- maladie abusifs, annoncée par
rait profiter de ces économies pour devait déclarer Nicolas Sarkozy, lions d’euros, selon le cabinet de que territoriale, où certaines collec- XavierBertrand, ministre de la san-
baisser ses prix, embaucher ou mardi 15 novembre, lors d’une visi- François Sauvadet, ministre de la tivités ont déjà supprimé certaines té,se précise. Selon des sourcespro-
investir, selon Mme Parisot. Toute- te à la caisse d’allocations familia- fonction publique. primes pour les premiers jours de ches du dossier, il s’agirait surtout
fois, la TVA française serait alors les de la Gironde, à Bordeaux. Cette mesure répond à la pres- maladie. Le gouvernement refuse de sanctionner plus durement les
supérieureàcellepratiquéeenAlle- Ces propos précédant l’annonce sion d’une partie de la majorité. l’alignement sur le privé, proposé faux arrêts, ceux au cours des-
magne,à19%.Maiscedécalagen’in- certainedel’instauration d’un qua- Dominique Tian, député (UMP) par M. Tian, parce que la plupart quels le salarié continue en fait de
quiète pas le Medef : « Mis à part trièmejourdecarencepourlessala- des Bouches-du-Rhône, membre des salariés du privé voient leurs travailler, en demandant le rem-
pour les frontaliers, les différences riés du privé. La mesure rapportera de la Droite populaire, qui a accom- jours de carence pris en charge par boursement des sommes perçues
de TVA ont peu d’impact sur la à elle seule plus de 200 millions pagné le président de la Républi- leurs employeurs ou par des et une pénalité. La sanction des
consommation », argue-t-on. Tout d’euros. A droite, on fait valoir que à Bordeaux,a déposé un amen- contrats de prévoyance. abus simples consisterait en une
en citant d’autres modèles : « Les qu’elle est plus juste qu’une baisse dement au projet de loi de finan- Même si elles touchent les frau- amende de portée limitée, en plus
pays à haut niveau de protection des indemnités, car elle touche ces, pour faire appliquer les trois deurs, les mesures sur les carences de la suspension de l’arrêt. p
sociale, comme la Suède ou le Dane- « les arrêts courts et répétitifs plus jours de carence aux fonctionnai- setraduirontparunebaissedepres- Jean-Baptiste Chastand
mark, pratiquent de tels taux.» que les arrêts longue maladie ». res. « Il n’y a pas de raison que les tationpour lesmalades.«Cesmesu- et Béatrice Jérome
Virage protectionniste
Pour le patronat, cette prise de
position publique et précise est
une étape notable. Jusqu’ici, il n’ar-
rivait pas à s’entendre sur la TVA
sociale. Le Medef reprend ainsi les
propositions faites fin octobre par
les industriels du Groupe des fédé-
rations industrielles, traditionnel-
lement plus enclins que les entre-
prises de services à défendre cette
idée censée améliorer la compétiti-
vité des produits manufacturés. Le
Medef prend par la même occasion
Artiste Joaillier
un virage protectionniste : « Le but
est de faire participer les produits
importés à la protection sociale »,
ne cache-t-on pas en interne.
Preuve que ce scénario séduit,
l’Associationfrançaisedesentrepri-
ses privées (AFEP), qui regroupe les
entreprises du CAC 40, devait plai-
der dans le même sens, mardi, lors
de la présentation de ses proposi-
tions pour la présidentielle. Sous la
houlette de son président, Maurice
N’attendez plus
Lévy, l’AFEP estime «que le facteur
travail n’est pas l’assiette adéquate
pour vous faire plaisir
pourlefutur(…).Transférerceschar-
ges sur la TVA, la CSG ou une taxa-
tion écologique est possible et indis-

Payez
rioleplusambitieuxprévoit70mil- pensable». p
liardsd’euros de transfert, avecune Jean-Baptiste Chastand
baisse de 7,5 points des cotisations et Claire Guélaud

Parlement
Les députés votent l’extinction
dudispositif Scellierà la fin 2012
Les députés ont adopté, lundi 14 novembre, un amendement du gouver-
nement supprimant le dispositif Scellier à compter du 1er janvier 2013. Le
projet de loi de finances initial prévoyait de proroger jusqu’au 31 décem-
bre 2015 – et jusqu’au 31 décembre 2017 outre-mer – cet avantage fiscal
accordé à des investisseurs achetant des logements neufs pour les louer.
votre bijou
en1an
L’extinction anticipée de cette niche fiscale a été décidée dans le cadre du
plan de rigueur annoncé le 7 novembre par François Fillon. Un autre
amendement du gouvernement fixant à 1 % pour 2012, au lieu de l’in-
dexation sur l’évolution de l’indice de référence des loyers, la revalorisa-
tion des aides au logement a été adopté. L’économie attendue est de l’or-
dre de 160 millions d’euros. p P. Rr
sans frais
UMP François Fillon dénonce l’« irresponsabilité »
de François Hollande et du programme socialiste
François Fillon a estimé, lundi 14 novembre, à Vertou (Loire-Atlantique),
que si le candidat socialiste, François Hollande, voulait « se grandir » et
« démontrer sa capacité » à diriger l’Etat, il devait s’engager à réduire les
dépenses pour combler le déficit. M. Fillon s’en est également pris au
« programme, aux propositions, aux promesses de François Hollande et
du PS qui sont tout simplement irresponsables ».

Syndicats
Pour la CGT, les aides publiques
n’assurent que 12% de son budget
« Pour un euro de cotisation versé par les syndiqués, nous touchons
12 centimes de subvention publique, ce qui est loin de l’image d’un finan-
cement étatique », a déclaré à la presse Bernard Thibault en présentant
les comptes de la CGT, lundi 14 novembre. Pour la première fois, et
conformément à la loi de 2008 sur la représentativité syndicale, ces
comptes ont été certifiés par un commissaire aux comptes. En 2010, les
cotisations versées se sont élevées à 79 millions d’euros et les recettes
externes à 20 millions, dont 6,2 millions de subventions publiques. Le
secrétaire général de la CGT a par ailleurs dénoncé l’« iniquité de plus en
plus flagrante » entre les moyens des syndicats et ceux des organisa-
tions patronales, financées par « une part de la richesse créée dans l’en-
treprise ». p Michel Noblecourt
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10 société
Lesmineurscommettentlamoitiédesvolsviolents
Selon une étude inédite de l’ONDRP, les moins de 18ans sont également plus souvent victimes de délits
L
e débat fait rage, régulière-
ment,sur lahaussedeladélin-
quance des mineurs. Un
ministre de l’intérieur, ou un dépu-
té de droite, assure que celle-ci est
« de plus en plus importante et de
plus en plus violente », comme
ClaudeGuéant,fin octobre,quipro-
pose en conséquence une « réfor-
me profonde » de la justice des
mineurs (Le Monde du 27 octobre).
En face, spécialistes et élus de gau-
checrient àlamanipulation,et rela-
tivisent les statistiques. Mardi
15novembre, l’Observatoire natio-
naldela délinquanceetde larépon-
se pénale (ONDRP) apporte sa pier-
re à l’édifice. Et conclut, notam-
ment, que près de 50 % des vols
avec violence ont été commis par
un mineur, mais aussi que les
moins de 18 ans sont plus suscepti-
bles d’être les victimes de ces actes.
Dansson étudeinédite, l’ONDRP
a mis en relation les résultats des
enquêtes « Cadre de vie et sécuri-
té» de l’Insee (85200 personnes de
14 ans et plus interrogées
entre 2007 et 2011 sur les délits
subis dans les deux années précé-
dentes),ditesenquêtesde«victima-
tion », et les chiffres des « mis en
cause»parla policeetlagendarme-
rie. Une statistique qui rassemble
toute personne pour laquelle « il
existe une procédure comportant
son audition par procès-verbal et
des indices ou des éléments graves
et concordants».
Les deux séries de statistiques
« présentent une cohérence »,
conclut l’Observatoire. Cela signi-
fie, par exemple, que 47 % des victi-
mes de vols violents entre 2005 et
2010 affirment qu’au moins un des
auteurs était mineur, tandis que
46 % des mis en cause par la police
et la gendarmerie pour ces faits
sont justement des mineurs.
Voici donc le poids des mineurs
dans la délinquance confirmée.
Pour Christophe Soullez, de l’ON-
DRP, c’est l’un des enseignements
« majeurs » de l’étude. Il convient
cependant de prendre des précau-
tions. Les chiffres des mis en cause
représentent une vision partielle
de la délinquance. Il ne s’agit que
des auteurs qui ont été rattrapés :
soit, pour les vols avec violence, pas
plus de 14 % des cas. De plus, cer-
tains se révéleront innocents au
cours de leur parcours judiciaire.
L’UMP propose de créer un droit à l’achat de son HLM
Le parti organise une convention sur le logement visant à alimenter le projet du futur candidat
E
n 2007, l’UMP et son candidat
à la présidentielle d’alors,
NicolasSarkozy,avaientdéve-
loppé une ambition prometteuse :
«Faire de la France un pays de pro-
priétaires. » Cinq ans après, à la
veille de la convention logement
du parti, qui devait se tenir mardi
15 novembre, le secrétaire général
adjoint de l’UMP, Marc-Philippe
Daubresse, a présenté une vingtai-
ne de propositions pour « dégrip-
per le parcours résidentiel des clas-
ses moyennes ».
Destinées à alimenter le projet
du futur candidat, ces pistes pren-
nent le contre-pied des proposi-
Près de 20 % des personnes mises en cause par la police et la gendarmerie ont moins de 18 ans
RÉPARTITION DES MIS EN CAUSE
en %
Homme majeur
Femme majeure
Homme mineur
Femme mineur
2,5
2005
15,7
12,7
CRIMES ET DÉLITS DE MINEURS ENREGISTRÉS PAR LA POLICE
69,1 ET LA GENDARMERIE (2005 à 2009)
3,1
2010
15,8
13
68,1
SOURCE : INHESJ 2011
Et l’enquête de l’Insee, si elle va
dans le même sens, comporte ses
propres limites : comment la victi-
me d’un vol avec violence peut-elle
déterminer avec certitude qu’elle a
été attaquée par un mineur ? 98 %
d’entre elles y parviennent pour-
tant. Comme le rappelle M. Soullez,
l’étude repose ainsi sur une appro-
che « subjective».
Pour le sociologue Laurent Muc-
chielli, auteur de L’Invention de la
violence (Fayard, 344 pages,
20 euros), cette approche estmême
éminemment «contestable »: «Ces
dernièresannées, les vols violents, ce
sont souvent des vols de portable à
l’arraché,quiseproduisenttrèsrapi-
dement, lors desquels la victime ne
voit pas son voleur. Il faut imaginer
la scène concrète et réelle. »
Reste que d’autres enseigne-
ments de l’étude « collent » avec ce
que l’on savait déjà, mais souvent
de manière partielle. Notamment,
que les mineurs sont plus souvent
tions du PS en privilégiant un
«choc del’offre»plutôtqu’unepoli-
tique de soutien à la demande.
Pour y parvenir, l’UMP prône des
pistesquidevraient susciterlapolé-
mique,comme la création d’unbail
« gagnant-gagnant » dans lequel
un propriétaire accepterait des
loyers faibles et une absence de
garanties « en échange de délais de
préavis plus réduits et de procédu-
res d’expulsions accélérées ». « Le
marché locatif serait fluidifié, la
hausse des loyers de marché ralen-
tie, au bénéfice des plus mobiles
– au premier rang desquels les jeu-
nes actifs et les étudiants. »
Pour faciliter l’accession à la pro-
priété, autre objectif fort du pro-
gramme, l’UMP propose de créer
«undroitàl’achat»pourleslocatai-
res de logements sociaux. « Puis-
qu’on n’arrive pas à mettre en place
un droit à vendre, on va inverser », a
déclaré M.Daubresse.
Tout locataire d’HLM depuis
plusieurs années pourrait se por-
ter acquéreur du logement qu’il
occupe, sous certaines conditions.
Cette mesure lui permettrait de
bénéficier de conditions très favo-
rables (décote allant jusqu’à 35 %
du prix du marché, majoration de
5 % du prêt à taux zéro). Le bénéfi-
ce de la transaction serait affecté à
la création de nouveaux loge-
ments sociaux.
PERSONNES MAJEURES MISES EN CAUSE
pour 1 000 habitants de même sexe et âge
Hommes
26,5
Femmes
4,2
1996
en % du total des mis en cause
Vols avec violences
contre des particuliers
Vols simples contre des particuliers
(hors vols liés aux véhicules à moteur)
Coups et violences volontaires
non mortels sur 15 ans et plus
Menaces ou chantages
pour un autre but
victimes : 3,2 % des 14-18 ans décla-
rent avoir subi un vol violent, 10 %
un vol sans violence, contre respec-
tivement moins de 1% et 3,4 % dans
la population générale. Et ils sont
les victimes… de mineurs – 80 %
pour les vols violents, 72 % pour les
violences physiques –, souvent
Onparleparfoisde
faits«banals»,comme
unebagarreaucollège,
avecle«langagedu
codepénal»,dit
LaurentMucchielli
dans le cadre scolaire : 40 % des vio-
lences physiques et des menaces.
Le chercheur Eric Debarbieux, à
la tête de l’Observatoire internatio-
nal de la violence à l’école, n’est
« pas étonné » par ces résultats. Ils
confirment ceux de l’enquête de
La droite a toujours défendu la
vente de logements HLM à leurs
occupants mais la mise en place de
cette politique n’a pas été très
concluante.Malgré un accord signé
en 2007 entre la ministre du loge-
ment, Christine Boutin, et l’Union
sociale pour l’habitat (USH), qui
regroupe les organismes de loge-
ment social, les ventes d’HLM à
leurs locataires n’ont jamais décol-
lé. En moyenne, à peine 5 000 ven-
tes ont eu lieu par an, soit 0,1 % du
parc contre 40 000 attendus.
Autre proposition, elle
aussi controversée,
la modification
de la loi de solidarité
et de renouvellement
urbain
L’UMP rend en grande partie les
bailleurs responsables de cet échec.
Beaucoupn’étaientpasenthousias-
tes à l’idée de vendre une partie de
leur patrimoine, mais cela ne suffit
pas à expliquer les ratés. Une majo-
ritédelocatairesn’anil’envienisur-
toutlesmoyensdedevenir proprié-
taire de son logement social. 60 %
des familles vivant en HLM appar-
tiennent au tiers le plus modeste
de la population.
PERSONNES MINEURES MISES EN CAUSE
pour 1 000 habitants de même sexe et âge
33,4
18,7
5,8 2,1
2010 1996
AUGMENTATION DU NOMBRE DE MIS
EN CAUSE POUR CRIMES ET DÉLITS
NON ROUTIERS ENTRE 2005 ET 2010
46
33,1
17,7
Homme
mineur
11,4
+ 8,2 %
victimation publiée en octobre par
leministèredel’éducationnationa-
le. Dans cette étude réalisée dans
des collèges, donc sur une popula-
tion plus jeune, 6,1 % des enfants
déclaraient avoir subi un vol sous
la menace.
Pour M. Debarbieux, il s’agit
d’une « délinquance de proximité »
qu’il ne faut « ni exagérer ni nier »,
mêmesi« lasensibilitéestplusforte
aujourd’hui qu’hier » sur ces sujets.
Une sensibilité qui amène, parfois,
à parler de faits « banals » avec le
« langage du code pénal », fustige
M. Mucchielli. Le sociologue cite
l’exempled’unebagarreentrecollé-
giens : «Aujourd’hui, on appelle ça
des “violences volontaires”, avec
mêmetroiscirconstancesaggravan-
tes : la victime est un mineur de
moins de 15 ans – forcément –, les
faits ont été commis en réunion –
c’est toujours le cas –, et dans l’en-
ceinte d’un établissement scolaire –
encore une fois, forcément. »
Autre proposition, elle aussi très
controversée, la modification de la
loi de solidarité et de renouvelle-
ment urbain (SRU), qui impose au
moins 20 % de logements sociaux
dans une commune. A partir d’un
principe simple, « ce n’est pas le
logement qui est social mais la per-
sonnequiy habite», lepartideNico-
las Sarkozy propose d’«expérimen-
ter une adaptation du mode de
calcul de la loi SRU ».
L’accession sociale à la propriété
serait ainsi intégrée dans le calcul
des 20 % de logements sociaux.
Pour les défenseurs de la SRU, une
telle réforme aurait pour consé-
quence de vider la loi de sa substan-
ce. En contrepartie, dans certains
territoires, ce taux de 20 % pourrait
être relevé et les communes qui ne
font«aucuneffort»seraientdavan-
tage taxées.
Enfin,pour développerl’offre de
logement pour les classes moyen-
nes, l’UMP propose que « 10 % des
logements sociaux nouvellement
construits soient réservés aux clas-
ses moyennes, d’ici à 2017 ». En
revanche, elle ne reprend pas la
récente proposition de Laurent
Wauquiez, ministre de l’enseigne-
ment supérieur, et représentant de
la «droite sociale », de« réserverune
partie des logements sociaux à ceux
qui travaillent ». p
Catherine Rollot
0123
Mercredi 16 novembre 2011
Un tiers des auteurs de
vols à la tire sont des filles
L’étude de l’Observatoire natio-
nal de la délinquance et de la
réponse pénale (ONDRP) s’inté-
resse aussi à la délinquance com-
Hommes mise et subie par les femmes.
25,7 Elles sont plus souvent victimes
d’une personne seule, plus sou-
vent victimes d’une autre fem-
me, et la catégorie dans laquelle
Femmes elles sont le plus représentées
5,2 sont les vols (17,6 %). Notam-
ment les mineures, qui, si elles ne
représentent que 3,1 % des mis
2010
en cause par la police et la gen-
darmerie, constituent près du
tiers des auteurs de vols à la tire.
A Paris, où l’apparition de « ban-
des » de filles est parfois mise
en avant, Sébastien Durand,
Homme Femme conseiller du préfet de police
majeur majeure
chargé de la prévention, relativi-
+ 5,9 % + 9,7 % se le phénomène : « Il y a quel-
ques affaires de racket ou de vio-
lences. Et nous avons une jeune
fille dans les parcours individuali-
sés que nous avons mis en place
pour lutter contre la délinquance
des mineurs. Mais je ne pense
Femme pas qu’on puisse en tirer plus de
mineure conclusions. »
+ 33,9 %
Un phénomène que les auteurs lèle des mineurs et des majeurs.
de l’étude de l’ONDRP montrent Sur l’ensemble des crimes et délits
également du doigt. La hausse des (non routiers), le nombre de gar-
violences ou menaces depuis 2005, çons impliqués a crû de 8,2 %
+ 20,8 %, « peut être expliquée, au depuis 2005, contre 7,4 % pour tou-
moins en partie, par l’introduction, tes les classes d’âge. Les violences
entre2005 et 2010, de nouvelles cir- commises par les moins de 18 ans,
constances aggravantes délictuel- elles, ont connu un boom en 2006,
les», expliquent-ils. « Ainsi,certains après les émeutes de novem-
types de faits enregistrés aupara-
vant comme des contraventions
bre 2005, mais depuis, l’évolution
est la même que pour les adultes.
sont à présent considérés comme Finalement, ce qui différencie le
des délits.» Ainsi pour les violences
commises «dans les locaux de l’ad-
plus mineurs et majeurs depuis
2008, ce sont les infractions à la
ministration ou aux abords de ces législation sur les stupéfiants : le
locaux», ou encore sur « tout mem-
bre des personnels travaillant dans
nombre de garçons mis en cause
augmente plus de deux fois plus
les établissements scolaires ». vite. Mais s’agissant, la plupart du
La délinquance des mineurs est- temps, de jeunes hommes pris en
elle « de plus en plus importante et train de consommer du cannabis
de plus en plus violente » ? Les sur la voie publique parce qu’ils ne
enquêtes de victimation, qui four- peuvent pas le faire chez eux, il
nissent une photographie, ne per- paraît difficile d’en tirer la moindre
mettentpasderépondre.Maisl’étu- conclusion sur la dégradation
de du nombre des mis en cause morale de la jeunesse française. p
montreplutôt uneévolutionparal- Laurent Borredon
Dptaillant-grossiste vend au[ Sarticuliers
les Slus grandes marTues ”au meilleur Sri[”
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0123
Mercredi 16 novembre 2011 société 11

A Ajaccio, un nouvel épisode des guerres

Social
Satisfaction après le maintien de
l’aide européenne aux associations
Les principales associations caritatives ont salué l’accord, lundi
14 novembre, entre les pays de l’Union européenne après des mois de
fratricides entre anciens nationalistes
blocage, qui sauve pour deux ans le Programme européen d’aide aux
plus démunis (PEAD), tout en soulignant la nécessité de trouver une Une cinquantaine de balles ont visé, le 8novembre, Yves Manunta, son épouse et sa fille
solution au-delà. Sans le revirement de l’Allemagne, qui souhaitait l’ar-
rêt de ce financement, le programme aurait fondu de 80 % dès le 1er jan-
vier 2012, à 113 millions d’euros contre 480 millions prévus. Le PEAD Ajaccio marchés. SMS était devenue un des
finance l’aide alimentaire apportée à 18 millions d’Européens pauvres Envoyé spécial plus importants employeurs pri-
dans 19 des 27 Etats membres. En France, troisième pays bénéficiaire, vés du département.

C
130 millions de repas sur les 440 millions distribués ne l’auraient plus et homme est un miraculé. Tout allait au mieux, jusqu’à
été dès 2012, selon les associations. – (AFP) p La mort ne veut pas de lui. A 2004. Cette année-là, un conflit
deux reprises, des tueurs éclate entre Manunta et Nivaggio-
Justice lourdement armés l’ont pris pour ni. Le premier découvre que le

Karachi: l’ex-PDG de la Sofresa nie cible, et à deux reprises, Yves

Manunta, 50 ans, en est ressorti
second se sert un peu trop dans la
caisse. Mais entre ces deux-là, les

l’existence d’un réseau chiraquien vivant. La dernière fois, le 8 novem-

bre à Ajaccio, une cinquantaine de
contentieux ne se règlent pas
devant les tribunaux. En 2007,
L’ex-PDG de la Sofresa, société d’Etat de ventes d’armes, Michel Mazens, a balles ont sifflé à ses oreilles et ont Manunta quitte la SMS et crée la
désavoué son ancien numéro 2, Jacques-Yves Gourcuff, qui avait affirmé failli coûter la vie à sa fille de 10 ans Société de sécurité méridionale
aux policiersqui enquêtentsur l’affaire de Karachi qu’après 1995, un nou- et à son épouse. Six jours après, le (SSM). Quelques mois plus tard, la
veau réseau avait remplacé les intermédiaires (le « réseau K » de Ziad voici, allongé sur un canapé de son juridiction interrégionale spéciali-
Takieddine) imposés par les balladuriens afin d’empocher des commis- salon, un pied dans la glace, une sée de Marseille s’intéresse aux
sions sur des contrats d’armement (Le Monde du 15 novembre). Les som- entorse à chaque cheville. La fenê- comptes de la SMS. En mars 2011,
mes destinées au réseau K auraient, selon M. Gourcuff, été « basculées tre de la pièce s’ouvre sur les toits s’ouvre devant le tribunal correc-
par le réseau Bugshan » à la demande de M.Mazens qui «avait des ordres de la cité impériale et sur la mer. Ce tionneldelacitéphocéenneunpro-
supérieurs ». M.Mazens l’a démenti le 6 octobre devant les policiers : «En lundi 14novembre, un grand soleil cès pour escroquerie et abus de
aucun cas Bugshan n’a remplacé K (…) Bugshan était un intermédiaire d’automne inonde la baie. biens sociaux. En juin, 18 person-
normal. » Quant aux déclarations de M.Takieddine assurant que les com- Pourlaénièmefois,YvesManun- nes sont condamnées, dont Francis
missions versées après l’élection de 1995 avaient financé les chiraquiens, ta raconte l’embuscade. Les deux Pantalacci, et Yves Manunta est
il a déclaré : «Cette allégation est totalement inventée. » p G. Da. et F. Lh. suspects,MarcetDominiquePanta- relaxé. Antoine Nivaggioni, qui fait
lacci, des frères jumeaux âgés de 21 figuredeprincipalsuspect,necom-

La compagne de François Hollande ans, sont incarcérés depuis diman-

cheàlaprisondesBaumettesàMar-
paraîtra pas. Il a été assassiné en
octobre 2010, cinq mois avant

entendue par la police des polices
La compagne de François Hollande,
Valérie Trierweiler, a été entendue,
lundi 14novembre, au siège du
Défenseur des droits et à l’inspec-
tion générale des services (IGS), la
police des polices, qui enquête sur
l’affaire d’espionnage dont aurait
été victime cette journaliste de Paris
Match. L’Express avait fait état, le
4 octobre, d’une enquête de la direc-
tion du renseignement de la préfec-
ture de police de Paris «destinée à
établir “une notice biographique
fouillée sur Valérie Trierweiler, y
compris sur son réseau relation-
nel”». La préfecture avait démenti. Le ministre de l’intérieur, Claude
Guéant, annonce vouloir porter plainte contre L’Express. – (AFP.) p (AFP)
seille et mis en examen pour « ten-
tatived’assassinatenbandeorgani-
sée» par le juge marseillais Thierry
Azéma. Ils nient les faits, mais Yves
Manunta n’a aucun doute. Au
moment de l’attaque, l’un d’eux
avait relevé sa cagoule sur le front
et la petite a planté ses yeux dans
ceux de celui qui vidait son char-
geur de kalachnikov : « Papa, je les
ai reconnus. » C’est que pour elle,
les « Panta » sont presque des fami-
liers. Longtemps, ils ont été des
amis de son frère. Elle les a vus plus
d’une fois dîner à la maison, mais
surtout à la plage Neptune, où ils se
retrouvaient.
Mardi, vers 18 h 40, YvesManun-
ta rentre chez lui. Pour une fois, il a
Yves Manunta, le 8 novembre à Ajaccio. FOURNIL/PHOTOPQR
du Mouvement pour l’autonomie
d’Alain Orsoni et d’Antoine Nivag-
gioni, où militait Francis Pantalac-
ci, le père de ceux qui auraient
essayé de le tuer il y a une semaine.
C’étaitletempsoùceshommespar-
tageaientlamêmecauseetlesmau-
vais coups. Quelques années plus
tard, Yves Manunta et Antoine
Nivaggioni avaient monté une
affaire :la société méditerranéenne
de sécurité (SMS). Avec l’appui
d’amis comme Francis Pantalacci,
qui occupait les postes de trésorier
et de responsable de l’attribution
des marchés à la chambre de com-
merce et d’industrie de Corse-du-
Sud, ils avaient raflé les principaux
l’ouverture de l’audience.
SelonYves Manunta, «tout vient
de cette affaire de la SMS » au cours
de laquelle, à l’en croire, des poli-
ciers du renseignement ont, pen-
dant plusieurs mois, essayé de pro-
téger les principaux mis en cause,
dontAntoine Nivaggioni. Ce même
8 novembre, deux autres règle-
ments de compte ont endeuillé la
Corse. Des meurtres qui, a priori,
n’ontrien à voir entre eux dans une
îlequitotalise,pour2011,19homici-
des et 12 tentatives. p
Yves Bordenave
(Publicité)

LE CENTRE NATIONAL DE LA MUSIQUE :

pris sa fille et sa femme à ses côtés,

Liliane Bettencourt entend dans sa voiture. En général, il évite.

Par précaution. Depuis plusieurs

toujours tenir sa fille à distance mois, Yves Manunta redoute d’être

Liliane Bettencourt, 89 ans, persiste à vouloir écarter sa fille Françoise
de la gestion de son patrimoine, refusant l’offre de conciliation de la jus-
tice autour d’un aménagement de son placement sous tutelle. Après
avoir fait appel de cette décision, l’héritière de L’Oréal a décidé de main-
tenir son assignation devant la cour d’appel de Versailles pour deman-
der que seul son petit-fils Jean-Victor Meyers, 25 ans, soit désigné com-
me tuteur. La cour d’appel se prononcera le 18 novembre sur l’opportu-
nité de suspendre ou d’aménager l’exécution provisoire du placement
sous tutelle de la milliardaire, dans l’attente de l’examen en appel de cet-
te procédure qui ne devrait pas intervenir avant des mois. – (AFP.) p
Des « indignés » relaxés après une manifestation
Onze « indignés » poursuivis pour dégradation de bien public après une
manifestation en septembre à Paris ont été relaxés, lundi 14 novembre.
Le parquet avait requis, le 31 octobre, trois mois de prison ferme contre
une manifestante et 500 euros d’amende contre les autres. – (AFP.)
Marseille M. Gaudin réclame la démission de M. Guérini
Le maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a réclamé, lundi
14 novembre, la démission de Jean-Noël Guérini, le président PS du
conseil général des Bouches-du-Rhône mis en examen notamment
pour « association de malfaiteurs ». Sa « vendetta » contre ses anciens
amis socialistes fait « des victimes collatérales », Marseille et les Mar-
seillais, a estimé le maire. – (AFP.)
la cible de tueurs. Ce soir-là, il a
En 1996,
Yves Manunta,
alors engagé dans le
combat nationaliste, a
déjà été victime d’une
tentative d’assassinat
juste coupé le contact de la voiture
qu’un homme armé d’un fusil fait
irruption sur le côté et lui tire des-
sus. « J’ai vu la flamme sortir du
canon », se souvient-il. Il ne com-
prendpas comment letireur, quise
trouvait à 3 ou 4 mètres, a pu le
rater. Yves Manunta sort de son
véhicule et s’échappe derrière les
voituresgarées surleparking,espé-
rant que les tueurs vont le poursui-
vre et épargner sa famille. Le muret
qui longe son parcours est piqué
d’impacts : cinquante, cent peut-
être. Des balles de pistolet automa-
tique, de mitraillette et des éclats
de chevrotines. Aucune n’atteint sa
cible, mais la petite reçoit deux bal-
les dans le bras et des éclats dans
l’épaule. Sa femme est blessée à la
hanche et à la jambe. Lui a réussi à
sauter par-dessus le muret et a
atterri 6 ou 7 mètres plus bas.
Si n’avaient été les tirs contre sa
fille et sa femme, Yves Manunta
n’aurait pas alerté la police. Mais là,
ils s’en sont pris à sa famille. « Je ne
veux pas entendre parler d’honneur
et de balance, s’énerve-t-il. L’hon-
neur, ce n’est pas de s’en prendre
aux femmes et aux enfants. » En
1996, Yves Manunta, alors engagé
dans le combat nationaliste, a déjà
été victime d’une tentative d’assas-
sinat. Atteint à la tête, aux jambes
etsurletorse–unetrentainedepro-
jectilesentout–,ils’enétait tirégrâ-
ce à un gilet pare-balles. En ces
temps de guerre fratricide entre
« natios», à laquelle il prit une part
active, il n’avait pas porté plainte.
A cette époque, Yves Manunta
faisait partie de l’Alliance nationale
corse. Il était allié avec les équipes
UN MARCHÉ DE DUPES ?
Malgré l’échec du Conseil de la Création Artistique,
créé pour Marin Karmitz, le Président de la République
et son entourage ne se lassent pas de vouloir inventer
de nouvelles institutions (dites modernes) afin de
parasiter le ministère de la Culture (dit obsolète).
Vient aujourd’hui le tour d’une nouvelle usine à gaz :
un « Centre National de la Musique ». Cette idée a
été soigneusement calculée par un groupe d’experts,
pour la plupart issus des industriels de la « filière
musicale ». Il s’agirait de récupérer une partie de la taxe
acquittée par les fournisseurs d’accès Internet pour
les « services de télévision en ligne », soit 70 millions
d’euros, pour en faire profiter le monde musical : une
manne considérable, comparée au plan d’actions de
3,5 millions d’euros pour l’ensemble du spectacle
vivant, annoncé par le ministre de la Culture.
Belle initiative, dira-t-on. Car le monde musical et
plus largement celui du spectacle vivant ont besoin
de vraies réformes et des moyens pour les accomplir.
Mais il faut dire que cette manne doit être ponction-
née sur le budget du Centre National du Cinéma et
de l’Image Animée (CNC) qui la reçoit actuellement ;
les producteurs de cinéma n’ont pas été consultés et
vont sans doute refuser ce « prélèvement » ; d’autre
part, les fournisseurs d’accès Internet rechignent à
se laisser plumer tranquillement. Manne illusoire ?
De plus, on s’aperçoit vite qu’il s’agit tout d’abord de
régler les problèmes économiques des gros éditeurs
phonographiques qui rafleront l’essentiel de la mise,
environ 40 millions d’euros. Il s’agit ensuite d’aug-
menter d’une vingtaine de millions la mise que les
producteurs et tourneurs récoltent au sein du Centre
National des Variétés, tout en jurant bien sûr à tous les
professionnels de la musique vivante que les retom-
bées du veau d’or leur seront plus profitables que les
faveurs du Ministère. Une fois examinés les comptes
prévisionnels de cette juteuse affaire, on constate
que la musique vivante n’en aura que des miettes,
lesquelles miettes risquent pourtant d’en séduire plus
d’un : mieux que rien. Par exemple, les musiques dites
« savantes » devront se contenter d’un million d’euros
pour leurs projets de captations et les maisons de
disques auront l’obligeance de bien vouloir produire
ce genre musical réputé « difficile », peu « rentable ».
Nous demandons à tous les artistes et aux autres
professionnels de la musique de bien réfléchir à ce
sujet. Car, malgré les allégations du ministre de la
Culture, quand cette agence (quasiment privatisée
au moins dans son esprit sinon dans sa gouvernance)
aura bel et bien échappé au ministère de la Culture, à
ce qui lui reste d’indépendance républicaine, il sera
beaucoup plus aisé d’en manipuler le financement, d’y
prétexter la « rigueur », et donc de réduire la taille des
séduisantes miettes… Une fois de plus dans ce pays,
il s’agit d’aider les riches et non les artistes… En bons
ultra-libéraux, ces promoteurs du « CNM » pensent
que le seul moyen de tirer la société du mauvais pas
où elle se trouve, c’est que certains gagnent un maxi-
mum d’argent pour pouvoir en distribuer l’aumône aux
autres. On voit aujourd’hui le résultat : échec de leurs
stratégies, accentuation des précarités individuelles
et collectives, désarroi concernant l’avenir.
Ajoutons que le prince et ses conseillers rêvent
d’enchaîner ensuite sur la création d’un « Conseil
National du Spectacle Vivant » ; agence bâtie à la
fois sur le modèle du CNC (sans que la différence
de modèle entre art de l’écran et art de la scène ne
soit analysée) et du Arts Council anglais (mais en
matière de financement public, en ce domaine au
moins, l’Angleterre est-elle un modèle ?). Dépiauter
le ministère de la Culture, privatiser tout ce qui
peut l’être, brouiller les pistes entre privé et public,
privilégier les « aides ponctuelles » non reconduc-
tibles, au détriment du soutien aux parcours artis-
tiques, laisser au Ministère ce fardeau culturel qu’on
méprise (patrimoine, formations, insertion et vie des
professions artistiques, action culturelle…). Ça, c’est
la vie nouvelle, c’est l’avenir qu’on rêve pour vous !
Nous demandons l’arrêt de la préfiguration et de la
création du CNM et la mise en place d’un véritable
plan de développement pour le spectacle vivant.
Une politique culturelle digne de ce nom, un minis-
tère de la Culture digne de ce nom, c’est justement
le lieu où se rencontrent, où se conjuguent, y compris
parfois dans la contradiction, l’ancien et le nouveau,
l’aventureux et le stable, le centre et la périphérie,
l’inouï et le quotidien. Pour cela, il faut de l’ambition
pour tous, de l’utopie et de la concertation.
CPDO - Chambre Professionnelle des Directions
d’Opéra
PROFEDIM - Syndicat Professionnel des Producteurs,
Festivals, Ensembles, Diffuseurs Indépendants de
Musique
SNSP - Syndicat National des Scènes Publiques
SYNDEAC - Syndicat National des Entreprises
Artistiques et Culturelles
SYNOLYR - Syndicat National des Orchestres et
des Théâtres Lyriques

12 société
L’affaire du «Carré-d’As»,
oule premier procès
de piratessomaliens en France
Six jeunes Somaliens comparaissent à huis clos devant la cour d’assises
des mineurs pour la prise d’otages à bord d’un voilier français en 2008
L
orsqu’ils sontmontés à l’abor-
dage d’un petit bout de Fran-
ce – le Carré-d’As IV, un voilier
de 16 mètres – sous le soleil de
l’océan Indien, en septem-
bre 2008, ils n’avaient sans doute
pas imaginé échouer un jour
devant la cour d’assises des
mineurs de Paris, risquant la réclu-
sion criminelle à perpétuité.
Depuis mardi 15 novembre, six
pirates somaliens, aujourd’hui
âgés de 21 à 35 ans et qui se présen-
tent majoritairement comme de
simples pêcheurs, sont jugés pour
« association de malfaiteurs »,
« détournement de navire », « enlè-
vement et séquestration avec
demande de rançon », et « vols avec
armes en bande organisée ».
Leur procès – le premier du
genre en France – se tient à huis
clos, car des expertises médicales
diligentées en raison de l’état civil
incertain des prévenus ont conclu
Dessociétés militairesprofitent de lafaiblesse desEtats face aux flibustiers
L’IMAGE DONNÉE par les jeunes
Somaliens qui comparaissent
devant la justice française, mardi
15 novembre, appartient déjà au
passé : depuis leur arrestation fin
2008, la piraterie au large de la
Corne de l’Afrique a changé de
visage. Elle n’est plus le simple
fait de paysans affamés jetés à la
mer par nécessité. Le phénomène,
encadré par des organisations cri-
minelles, s’est inscrit dans la
durée. Profitant de la faillite de
l’Etat somalien, les pirates vont
maintenant jusqu’au canal du
Mozambique d’un côté, aux côtes
indiennes de l’autre, pour se saisir
de navires marchands.
Les rançons pour les libérer
tournaient d’abord autour de
ARABIE
Me
SAO U D I T E
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ou
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YÉMEN
É RY T H R É E Sanaa

2011
n attaqué
Golf
e d’
Ad e
DJ I B O U T I Bargal
SO M A L I E
ÉTHIOPIE
Mogadiscio
K E N YA
que le plus jeune d’entre eux était
mineur au moment des faits.
Le 2 septembre 2008, le Carré-
d’As IV, skippé par un couple de
sexagénaires français rompu à
l’exercice des convoyages au long
cours, faisait route de l’Australie
vers la France, au large de la provin-
ce sécessionniste du Puntland
(Somalie), quand, vers 6 h 30 du
matin, deux embarcations rapides
pilotées par des hommes armés
ont fondu sur lui.
Les 3 000 kilomètres de côtes
stratégiquement placés sur la rou-
te maritime très fréquentée qui
relie l’Asie à l’Europe par le golfe
d’Aden ont de quoi inspirer aux
Somaliens – plongés depuis vingt
ansdans laguerre civile –desactivi-
tés plus lucratives que le commer-
cedu khat,unstupéfiant hallucino-
gène local, ou la pêche à la langous-
te. Aussi, une rançon de 4 millions
de dollars (3 millions d’euros) a
250000 dollars. Elles ont franchi,
en 2010, la barre des 3 millions de
dollars. Ces ressources ont permis
aux commanditaires de s’équiper
d’armes lourdes, de moyens de
communication et de bateaux per-
formants. Certains forment les
pirates durant six mois à la prise
d’assaut, comme des profession-
nels.
Gardes privés
Selon le Bureau international
maritime (BIM), 194 otages
étaient retenus à la date du
7novembre (ils étaient 400 en sep-
tembre), ainsi que onze navires.
Quinze marins de toutes nationali-
tés sont morts depuis la recrudes-
cence de la piraterie au large des
OMAN INDE
Zone où le voilier
« Carré-d’As » a été
Zone où les commandos
sont intervenus pour
libérer les otages
Océan
Indien
250 km
0123
Mercredi 16 novembre 2011
donc immédiatement été exigée
pour la libération des otages, avant
d’être abaissée de moitié dès le len-
demain.
Les têtes pensantes du groupe –
qui semble avoir été en partie com-
posé de pirates occasionnels inéga-
lement rompus au maniement des
armes – avaient également prévu
d’exiger la libération de six autres
Somaliens détenus à Paris depuis
l’attaque, en avril 2008, du voilier Les époux Delanne, propriétaires du « Carré-d’As », lors de leur libération le 20 septembre 2008. SIPA
de croisière Le Ponant.
tembre2008au termed’une opéra- voyage,d’un appareil photo numé- d’otages. Le verdict, prévu le
Lance-roquettes tion militaire menée dans les eaux rique et de bijoux fantaisie : un 2 décembre, pourrait être pronon-
Dirigés, selon le skipper fran- territoriales somaliennes. Un pira- butin que se sont partagé les pira- cé plus tôt, car on attend peu de
çais, par un « homme en djellaba te a été tué tandis que les six accu- tes dès le premier jour. révélations des débats qui devront
couvert de bijoux » qui ne s’est pas sés du procès étaient interpellés à Incarcérés depuis plus de trois être intégralement traduits.
fait prendre – un ancien douanier bord du navire en possession d’un ansdans différentesprisons franci- Seize autres pirates somaliens
somalien selon l’enquête –, une lance-roquettes défectueux, de liennes, ces hommes déracinés et actuellement détenus en France
bonne vingtaine d’hommes se trois fusils d’assaut et de muni- parlant pour la plupart unique- doivent être jugés prochaine-
sont relayés durant deux semai- tions. Les otages français en ont été ment somali ne nient pas les faits, ment. Le procès de six d’entre eux,
nes pour couver, sans violence, les quittes pour une sérieuse frayeur mais minimisent leur implication. accusés de la prise d’otages du
deux otages et leur prise de mer. et le vol de 1 000 dollars en espè- Certains assurent même avoir été Ponant, est prévu à Paris en
Le couple a été libéré le 16 sep- ces, de 900 dollars en chèques de contraints de participer à la prise mai 2012. Deux autres procès ne
sont pas encore programmés :
celui de trois pirates interpellés en
2009 lors de l’intervention de l’ar-
mée française sur le Tanit, qui
avaitcausé la mort d’un otage fran-
côtes somaliennes en 2007. taire mondial (PAM), que les for- des réponses économiques et juri- çais, ainsi que celui de sept autres
En face, les moyens militaires ces d’« Atalanta » ont pour mis- diques », regrette M. Lang. Parmi Somaliens, auteurs de l’attaque au
déployés depuis fin 2008 par la sion d’escorter, sont sécurisés. les militaires, découragés de large du Yémen en septembre du
communauté internationale dans Mais « la présence des sociétés pri- devoir laisser filer les pirates, Tribal-Kat, un catamaran sur
le golfe d’Aden et l’océan Indien vées induit un risque d’escalade. l’idée de frapper les bases côtières lequel un autre Français a été tué
semblent atteindre leurs limites : Elle entame tout le travail mené est de plus en plus évoquée. p lors de l’abordage. p
opération européenne « Atalan- ces dernières années pour trouver Nathalie Guibert Patricia Jolly
ta » (dix pays, vingt bateaux,
1 800 militaires), opération
« Ocean Shield » de l’OTAN (quel-
ques bateaux), la « Task Force 151 »
américaine, secondée par le Japon
ou la Corée du Sud. « Il apparaît
une certaine “fatigue” des Euro-
péens et des alliés, qui peinent à
maintenir ces moyens, s’inquiète
Q
si s 
pi i
Q
si  
igi
une source de la défense à Paris.
Tandis que les solutions globales,
telles que le développement de gar-
de-côtes régionaux ou la création
d’outils juridiques appropriés,
n’avancent pas. ».
La quasi-totalité des pirates 4
Journée-débat
appréhendés sont relâchés. « Un
cadre légal de rétention en mer fait dp
c

 p

’  mi

souvent défaut», avait constaté
Jack Lang, nommé conseiller spé- Mi 29  v
m
cial par l’ONU en 2010. Les mesu-
res prévues par le Conseil de sécuri- Cimhèq
fçis
- 51 

b
cy - 75012 Pis
té en avril dans la résolution
1976,à la suite du rapport Lang, tar-
dent à être mises en œuvre : créa-
tion de tribunaux spécialisés en
Somalie, d’une cour extraterrito-
riale à Arusha (Tanzanie), de capa- If mi s
 ivii s s www. cip.f
cités pénitentiaires.
Dans ce contexte, la militarisa-
tion de la réponse vient de pren-
dre un tour nouveau. Depuis cet
été, sous la pression des compa-
gnies d’assurance, les pays concer-
nés par le commerce maritime
dans la zone autorisent leurs navi- En partenariat avec
res à embarquer des gardes privés
armés. C’est le cas de l’Espagne,
l’Italie, l’Allemagne, la Norvège, la
Grande-Bretagne, les Etats-Unis.
Comme les Pays-Bas, la France
refuse, pour l’heure, de privatiser
l’usage de la force, mettant à dispo-
sition de ses navires les – faibles –
moyens de la marine nationale.
Une soixantaine de sociétés
militaires privées, britanniques
dans leur majorité, se sont mises
sur le marché. Celui-ci est estimé à
500millions d’euros. « Nous som-
mes prêts à travailler pour des com-
pagnies françaises», explique, sur
Lepoint.fr, un ancien officier des
commandos marines, qui déclare
employer 90 ex-membres des for-
ces spéciales françaises dans la
zone au profit de clients asiati-
ques.
Ces moyens, ajoutés au respect En collaboration avec
des « bonnes pratiques » énoncées
par le BIM, sont très dissuasifs.
Les attaques ne réussissent que
dans un cas sur quatre. Les
bateaux du Programme alimen-
0123
Mercredi 16 novembre 2011
En hausse
Spread – L’écart entre les taux des obligations
à dix ans de l’Allemagne et de la France a touché
un record, à 1,726 point de pourcentage, mardi
15 novembre, sous l’effet d’une tension
du rendement français alors que les marchés
doutent de la capacité du pays à garder son AAA.
La crise de la zone euro
La BCE, le dernier rempart à la crise
La Banque centrale est pressée de toutes parts d’aller à la rescousse des Etats en difficulté, l’Allemagne résiste
L
a question oppose l’Europe
latine, fragilisée par la crise,
aux pays du Nord, plus ortho-
doxes : faut-il transformer la Ban-
que centrale européenne (BCE) en
une sorte de Réserve fédérale amé-
ricaine (Fed), intervenant massive-
ment pour secourir les Etats qui
ploient sous leur dette ? Chacun
fourbit ses arguments à mesure
que la situation s’aggrave.
Lundi 14 novembre, comme
tous les lundis depuis mai 2010 et
les débuts de son programme
d’achat d’emprunts publics, la BCE
a dévoilé ses acquisitions réalisées
la semaine précédente : 4,4 mil-
liards d’euros de dette d’Etat, soit
deuxfois moins que début novem-
bre. Pas assez pour ceux qui vou-
draient voir l’institution de Franc-
fort se mobiliser pour calmer les
marchés et faire retomber les taux
auxquels les Etats empruntent.
Depuis mai 2010, la BCE a rache-
té pour 187 milliards d’euros d’em-
prunts d’Etat, d’abord grecs, portu-
gais et irlandais, puis italiens et
espagnols depuis août 2011. Mais
elle a toujours rappelé, – et encore
récemment avec son nouveau pré-
sident Mario Draghi – que ce pro-
gramme était temporaire et limi-
té, le temps que le Fonds européen
de stabilité financière (FESF) puis-
se acheter de la dette sur le marché
secondaire (celui de la revente).
Aux Etats, a-t-elle martelé, de
mener les réformes nécessaires
pour améliorer la situation.
Reste que si le FESF a bien vu ses
pouvoirs étendus, sa force de frap-
pe est limitée à 440 milliards
d’euro, dont à peine la moitié est
encore disponible. « Le temps pas-
sant, on voit que tous les autres
outils de stabilisation de la confian-
ce disparaissent », juge Bruno Cava-
lier,cheféconomistechez Oddo. Ne
resterait in fine que la BCE, qui
pourrait endosserle rôlede prêteur
en dernier ressort, comme le font la
Fed ou la Banque d’Angleterre.
Londres compare la France à la Grèce
et s’inquiète pour ses banques
Londres
Correspondant
C’est entendu, le ministre britanni-
que des finances, George Osborne,
n’est pas un excessif. Il lui faut se
faire violence pour laisser exploser
une colère d’envergure internatio-
nale. Des lors, pourquoi le grand
argentier a-t-il haussé la voix à pro-
pos de ce qu’il appelle le «problè-
me français» ? Dans un entretien
le 13 novembre à la BBC, l’intéressé
a comparé la France à l’Italie, à la
Grèce et au Portugal en pressant
Paris d’en faire plus.
Derrière cette sortie peu diplo-
matique pointe l’inquiétude de
Londres à propos de l’exposition
des banques britanniques à la det-
te française. En rachetant le Crédit
commercial de France, HSBC est
l’un des acteurs de premier plan
dans la banque de détail. Royal
Bank of Scotland et Barclays, histo-
riquement très actives dans l’Hexa-
gone, sont aussi en première ligne.
Mais pour bon nombre d’obser-
vateurs, en attaquant la France,
M.Osborne prépare le terrain à la
présentation, mardi 29novembre,
de sa «stratégie de croissance» des-
tinée à relancer l’activité qui se lan-
guit.
Dans un contexte conjoncturel
de plus en plus fragile, Londres a
Mario Draghi, le 4 novembre à Francfort, lors de sa première conférence de presse comme président de la BCE. AXEL DOMANSKI/REUTERS
Un sujet explosif entre le prési-
dent français Nicolas Sarkozy et la
chancelièreallemandeAngela Mer-
kel, tandis que leurs partenaires du
G20 – Etats-Unis, Chine, et Royau-
me-Uni en tête –, suggèrent à la
zone euro de faire davantage pour
se tirer d’affaire, quitte à « normali-
ser » le rôle de la BCE.
Plusieurs options sont possi-
bles.D’abord, laBCE pourraitprocé-
der à des rachats massifs d’em-
prunts d’Etat, en clair faire tourner
la planche à billets, comme l’ont
fait la Fed (1 300 milliards de dol-
lars, soit 960 milliards d’euros de
bons du Trésor) ou la Banque d’An-
trouvé dans la crise de la dette sou-
veraine de la zone euro un parfait
bouc émissaire pour expliquer l’ab-
sence de résultats.
Le Trésor de « Sa Majesté» répè-
te à l’envi que les difficultés des
dix-sept, qui absorbent 43 % des
exportations britanniques, rédui-
sent à néant l’effet de la faiblesse
de la livre sterling par rapport à la
monnaie unique.
Lors du banquet annuel du lord-
maire de la City de Londres, le
14 novembre, le premier ministre,
David Cameron, a réitéré que la
Grande-Bretagne doit rester dans
l’Union européenne «pour proté-
ger ses intérêts économiques ».
Pression des députés
Il s’agissait de calmer les appré-
hensions devant le projet commu-
nautaire de taxe sur les transac-
tions financières. L’hôte du
10 Downing Street est sous pres-
sion des députés de son parti pour
obtenir des clauses d’exemption
pour la City en échange de l’appui
britannique aux nouvelles règles
devant régir la zone euro. Or, Lon-
dres considère la France comme le
principal architecte de ce projet
d’imposition.
C’est pourquoi, lors de ses entre-
tiens, vendredi 18 novembre, à Ber-
lin avec Angela Merkel, David
économie
En baisse
Pays-Bas – Le produit intérieur brut des Pays-
Bas a baissé de 0,3 % au troisième trimestre,
selon des chiffres publiés par l’Office central des
statistiques, mardi 15 novembre. C’est la premiè-
re fois que l’économie se contracte d’un trimes-
tre à l’autre depuis le deuxième trimestre 2009.
gleterre(275 milliardsde livresster-
ling, soit 322 milliards d’euros). Il
pourrait aussi s’engager devant les
marchés à intervenir, comme le
voulaient entre autres Paris et
dans une moindre mesure Berlin,
fin octobre : « La BCE pourrait dire
qu’elle ne tolérera pas un certain
écart entre le rendement du Bund
allemand et celui des autres
emprunts d’Etat, ce qui suffirait à
impressionner les marchés », argue
l’économiste Jean Pisani-Ferry,
directeur de l’institut Bruegel.
Autre option, plus complexe,
car elle suppose un accord entre
les capitales : transformer le FESF
Cameron devrait lier son soutien
pour le nouveau traité européen
que la chancelière préconise à des
sauvegardes pour la place financiè-
re londonienne.
Au passage, M. Cameron
devrait pousser Mme Merkel à lever
son opposition à une intervention
de la Banque centrale européenne
(BCE) pour aider les pays touchés
par la crise de la dette.
Dans le climat actuel, le Royau-
me-Uni profite toutefois de sa non-
participation à la zone euro. En
témoigne le faible taux de finance-
ment de ses emprunts à dix ans :
2,25 % le 14 novembre, à peine plus
que le taux allemand, mais moins
que le taux français (3,3%).
Ce taux est le plus bas depuis le
lancement des obligations d’Etat
dans les années 1950, malgré un
déficit public supérieur à celui
des pays voisins (9,4 % du produit
intérieur brut en 2011) et un endet-
tement en hausse.
Aux yeux des marchés, la politi-
que d’austérité, l’autonomie de la
Banque d’Angleterre en matière
de fixation des taux d’intérêt et la
préservation de la livre sterling
ont transformé le Royaume-Uni
en un sanctuaire pour les capi-
taux à la recherche d’un place-
ment sûr. p
Marc Roche
en banque pour le faire bénéficier
des liquidités illimitées de la BCE,
comme le suggèrent la France, l’Ita-
lie et l’Espagne. Pour cela, il fau-
drait modifier les statuts du fonds
de sauvetage, une réforme dont la
ratification serait politiquement
délicate en Allemagne, en Finlan-
de ou aux Pays-Bas.
Enfin, certains n’excluent pas,
dans le cadre du chantier ouvert
pour organiser le gouvernement
économique de la zone euro, de
modifier les traités afin de préciser
le mandat de la BCE. « Personne
n’ose encore franchir ce pas », dit-
on dans l’entourage d’Herman
Van Rompuy, le président du
Conseil européen chargé de pilo-
ter les travaux : « La question est
un vrai tabou en Allemagne. »
Vues de Berlin et de Francfort,
les pistes évoquées constituent
une révolution susceptible d’écor-
ner encore la réputation de la BCE,
et de creuser, en son sein, le clivage
entre faucons et colombes. L’ac-
Sur France Info
à l’occasion des élections législatives en Espagne
“CINQ JOURS À LA UNE”
SPÉCIAL ESPAGNE
Une série de reportages chaque jour,
du 14 au 18 novembre, 7h55
avec
Les cours du jour ( 15/11/11 , 09 h 47 )
Euro 1 euro
Or Once d’or
Pétrole Lightsweet crude
Taux d’intérêt France
Taux d’intérêt Etats-Unis
tuel président de la Bundesbank,
Jens Weidman, a ainsi indiqué au
Financial Times qu’une interven-
tion plus poussée de la BCE viole-
rait les traités.
« Aléa moral »
Dans une Allemagne hantée par
l’hyperinflation sous la république
de Weimar, lutter contre la hausse
des prix doit rester la priorité abso-
lue. La banque centrale allemande
s’en tient donc à une interpréta-
tion stricte des mandats de la BCE :
assurerlastabilitédesprix,etensui-
te «apporte [r] son soutien auxpoli-
tiques économiques générales de
l’Union ». Deux Allemands – l’ex-
président de la Bundesbank Axel
Weber et le chef économiste de la
BCE Jürgen Stark – ont d’ailleurs
quitté la BCE dont ils critiquaient
les rachats de dettes publiques.
Aujourd’hui, pour ne pas faire
gonfler la masse monétaire, la BCE
« stérilise » ses achats de dette
publique en diminuant d’autant
13
1,3659 dollar (achat)
1 776,00 dollars
98,21 dollars
3,391 (à dixans)
1,955 (à dix ans)
MONTANT TOTAL DES RACHATS
D’EMPRUNTS PUBLICS PAR
LA BCE
187
milliards
d’euros
73,94
au 1er janvier
2011
35
31 mai 14 nov.
2010 2011
les crédits aux banques. Mais une
telle opération serait plus délicate
si elle devait acheter plus de dettes.
AuRoyaume-Uni,d’ailleurs, l’infla-
tion est ainsi de 5 % aujourd’hui,
contre 3 % dans la zone euro.
L’Allemagne a une autre obses-
sion : « L’aléa moral ». En assurant
la survie des mauvais élèves, elle
redoute de les inciter à ne pas faire
les réformes nécessaires. En août,
le gouvernement de Silvio Berlus-
coni avait ainsi renoncé à taxer
davantage les hauts revenus après
que la BCE eut commencé à acheter
de la dette italienne…
Reste la question de l’indépen-
dance de la Banque centrale euro-
péenne.Soucieuse deson librearbi-
tre, elle ne veut pas céder aux pres-
sions des politiques. A fortiori s’il
s’agit de titres potentiellement ris-
qués, qui pourraient dégrader son
bilan. Et la mettre en position de
devoir être renflouée… p
Clément Lacombe
et Philippe Ricard (à Bruxelles)
franceinfo.fr

14 économie
La crise de la zone euro
Les investisseurs
s’attaquent
à l’Espagne
La perspective d’une récession et le dérapage
des finances publiques des régions inquiètent
U
ne peur chasse l’autre sur
les marchés. Lundi
14 novembre, le spectre
d’une catastrophe en Italie et en
Grèce tout juste repoussé, après le
départ de Silvio Berlusconi du gou-
vernement italien et l’arrivée d’un
nouveau premier ministre à Athè-
nes, les investisseurs se sont mis
àspéculer aussitôt sur une déconfi-
ture de l’Espagne.
Signe de cette anxiété, les rende-
ments de la dette espagnole à
dix ans ont franchi, mardi matin,
un niveau record à plus de 6,2 %,
creusant un écart de 4,44 points de
pourcentageavec ceux de l’Allema-
gne (1,75 %). Du jamais vu depuis la
création de la zone euro. « L’Europe
a offert en sacrifice deux gouverne-
ments élus démocratiquement.
Mais cela ne suffit pas », commen-
tait le quotidien El Pais mardi.
La nervosité des investisseurs-
speculateurs envers Madrid se
nourrit d’un contexte globale-
ment anxiogène. « Tant qu’aucune
« opération bazooka », n’aura été
miseen place –comme érigerclaire-
ment la Banque centrale européen-
ne (BCE) en prêteur en dernier res-
sort des Etats –, les marchés teste-
ront les pays fragiles, estime Gilles
Moëc économiste chez Deutsche
Bank. Or, en dépit de ses efforts
pourréduire sa dette, l’Espagneres-
te du mauvais coté de la barrière
selon les experts. A leurs yeux, les
finances publiques de Madrid sont
susceptibles de déraper.
Ajuste titre ? Pour Fernando Fer-
nandez, économiste à l’IE business
school de Madrid, il est évident
que le pays ne tiendra pas ses pro-
messes : le déficit censé baisser
à 6 % du produit intérieur brut
(PIB) en 2011 après 9,2 % en 2010,
avoisinera plutôt 7,5 % du PIB
selon ses calculs. Et si M. Fernan-
dez est plus sévère que ses homolo-
gues de Deutsche Bank, d’UBS ou
d’Oddo, qui prévoient un déficit
entre 6,6 % et 7 % du PIB, tous sont
d’accord pour dire que le pays ne
sera pas dans les clous.
Les causes sont multiples. Et à
quelques jours des élections légis-
latives du 20novembre, laperspec-
tive de voir émerger un nouveau
gouvernement de droite ultra-
majoritaire à même de faire passer
facilement les réformes nécessai-
res n’est pas de nature à changer
radicalement la donne.
D’unepart parceque la croissan-
ce, outil essentiel pour éponger les
dettes, ne sera pas au rendez-vous.
Du fait de la rigueur en Espagne
mais aussi d’une conjoncture
médiocre partout en Europe
JOURN
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« Entre juin et septembre, l’éco-
nomie espagnole a connu un coup
d’arrêt et les choses vont empirer »,
souligne M. Fernandez. Alors que
le chômage (déjà à près de 22 % de
la population active) augmente
dramatiquement, le pays devrait
sombrer dans la récession fin 2011,
début de 2012. L’ampleur reste
sujette à débat mais une chose est
sûre : la progression du PIB de 1,3 %
cette année et 2,3% en 2012 pronos-
tiquée par l’Etat n’est pas réaliste.
La Commission européenne
a d’ailleurs évalué la croissance
espagnole à, à peine, + 0,7 % pour
chacune de ces deux années.
Sortie de route
Le Parti populaire (PP) qui, sauf
coup de théâtre, devrait prendre
les rênes du pouvoir, a promis
d’agir : amplifier l’austérité, accélé-
rer les réformes du marché du tra-
vail, assainir le secteur financier
espagnol gorgé d’emprunts toxi-
ques… Mais le parti de Mariano
Rajoy pourrait buter sur au moins
un obstacle : comment mettre au
pas les finances publiques des
régions autonomnes à la dérive ?
Ami-année,les trois quartsd’en-
tres elles avaient déjà dépassé
leurs limites de déficit autorisé. Au
total le déficit des dix-sept « Auto-
nomias » représentait à fin juin
1,2% duPIB national pour un objec-
tif de 1,3 % en fin d’année. Conclu-
sion : à la fin de l’année leur déficit
atteindra plutôt 2,2 % à 2,6 % du
PIB, selon les experts d’UBS.
Acourtterme cettesortie derou-
te peut sembler gérable. Mais cer-
taines régions comme la Catalo-
gne (près de 20 % de l’économie
espagnole), Valence, ou l’Andalou-
sie préoccupent les experts car
leur trajectoire reste sur la mauvai-
se pente.
Responsables d’une partie des
dépenses sociales comme la santé
ou l’éducation, ces régions ont un
temps profité des recettes liées aux
impôts et taxes du secteur de la
construction. « Elles ont gaspillé ces
recettes extraordinaires pensant
qu’elles seraient pérennes », racon-
te l’économiste M. Fernandez. En
éclatant la bulle immobilière espa-
gnole a asséché leurs revenus.
Aussi pour éviter que l’histoire
ne se répète « il faudra modifier les
relations économiques et financiè-
res entre le gouvernement central
et les Autonomias », estime M. Fer-
nandez. Un défi économico-politi-
que certain pour l’Espagne et une
source de stress pour la zone euro.
Une de plus. p
Claire Gatinois
Des
guerres
justes…
ou juste
la guerre ?
AUX
Sous surveillance des marchés, M.Monti
prépare un nouveau plan de rigueur
Certains patrons italiens militent pour l’introduction d’un impôt sur la fortune
Des Italiens réclament de nouvelles élections, lundi 14 novembre à Rome. GREGORIO BORGIA/AP
Rome
Correspondant
L
es marchés ont mis Mario
Monti, chargé de composer le
nouveau gouvernement ita-
lien,en ballottage. Lundi 14novem-
bre, au lendemain de sa désigna-
tion par le président de la Républi-
que, l’indice phare de la Bourse de
Milan – dont on attendait qu’elle
plébiscite l’arrivée aux comman-
des de l’ancien commissaire euro-
péen à la réputation de compéten-
ce et d’indépendance – lui a réser-
vé un accueil ambigu, avec un
recul de 1,99 %.
Même constat sur les marchés
des obligations d’Etat. Si l’Italie a
réussi à lever 3 milliards d’euros
lors de sa première émission obli-
gataire de l’ère post-Berlusconi, les
taux ont flambé. Le Trésor a dû
offrir un rendement de 6,29 %
pour un emprunt à cinq ans,
contre 5,32 % lors de la dernière
opération similaire en date du
13 octobre. Cela reste toutefois
moinscher que vendredi 11novem-
bre, quand les rendements des
taux à cinq ans sur le marché
secondaire étaient de 6,458 %.
En attendant un éventuel
« effet Monti », l’homme au loden
et au costume gris a commencé les
consultations – auprès des syndi-
cats, des partis mais aussi, et c’est
une première, des associations
représentant les jeunes et les fem-
mes – pour composer un gouver-
nement restreint d’une douzaine
de membres et d’une trentaine de
secrétaires d’Etat.
Selon la presse italienne, une
nouvelle cure d’austérité de 25 mil-
Des pertes historiques pour la première banque italienne
L’ITALIE tremble, ses banques
vacillent. Unicredit, la plus gran-
de banque du pays, a affolé les
marchés financiers, mardi
15 novembre, en annonçant une
perte historique de 10,5 milliards
d’euros au troisième trimestre,
une recapitalisation dans la fou-
lée de 7,5 milliards d’euros, afin de
se remettre à flots, et 6 150 sup-
pressions d’emplois d’ici 2015.
Lors du sommet du G20 des
3 et 4 novembre à Cannes (Alpes-
Maritimes), les chefs d’Etat des
grandes puissances économiques
avaient identifié Unicredit com-
me l’une des 29 grandes banques
« d’importance systémique » –
dont la bonne santé est essentielle
à la stabilité du système financier
mondial.
Les difficultés de ce fleuron du
secteur bancaire italien étaient
connues des investisseurs en
Bourse, qui misaient sur une aug-
mentation de capital imminente,
liards d’euros est attendue après
les deux plans de rigueur adoptés
en juin et en août pour un total de
près de 150 milliards d’euros.
De fait, la croissance a été revue
à la baisse : la nouvelle équipe pré-
voit désormais une hausse du pro-
duit intérieur brut (PIB) de 0,7 % en
2011 quand l’ancien gouverne-
ment misait sur 1,1 %. Et la charge
de la dette, qui représente 120 % de
la richesse nationale, sera plus
lourde que prévu, alors que le Tré-
sor doit placer 200 milliards d’eu-
ros d’obligations d’Etat d’ici
avril 2012. Aux conditions actuel-
les de marché, l’Italie devrait rem-
bourser près de 90 milliards d’eu-
ros d’intérêts par an, soit de 10 à
15 milliards supplémentaires par
rapport aux derniers calculs.
La presse prête à M. Monti, qui
ne s’est pas exprimé publique-
ment sur le sujet, l’intention d’in-
troduireun impôtsur les patrimoi-
nes supérieurs à 1 million d’euros.
Un sujet délicat dans une Italie qui
avait très mal vécu l’introduction
d’une taxe similaire en 1992 par le
Le FESF suscite la défiance des marchés
Moody’s accroît encore la nervo-
sité autour du Fonds européen
de stabilité financière (FESF),
ce mécanisme créé pour aider
les pays en difficulté de la zone
euro : dans son rapport hebdo-
madaire sur le crédit publié lun-
di 14 novembre, l’agence de nota-
tion estime que la faible deman-
de et « la froide réception des
investisseurs » lors d’une émis-
sion obligataire le 7 novembre
illustrent les limites du FESF.
sous la pression conjuguée des
marchés et des régulateurs.
L’établissement financier
a longtemps nié avoir besoin de
fonds propres, mais fin octobre,
l’Autorité bancaire européenne
(EBA) avait chiffré ses besoins en
capitaux à 7,4 milliards d’euros.
En pleine crise de la dette dans la
zone euro, et à huit mois de la
mise en œuvre de règles bancai-
res durcies en matière de fonds
propres, Unicredit ne pouvait
plus différer l’opération.
« Paradis perdu »
Depuis un an, la valeur du grou-
pe en Bourse a chuté, de plus de
43 milliards d’euros en avril 2010,
avant le premier plan de sauveta-
ge de la Grèce, à 14,5 milliards
aujourd’hui. Soit 28,5 milliards
d’euros partis en fumée.
Mais l’ampleur des pertes de la
première banque italienne – plus
de trois milliards d’euros en
gouvernement de Giuliano
Amato.Et en avait obtenu l’abroga-
tion au bout d’un an. Aujourd’hui,
d’ailleurs, même la gauche n’ose
plus employer le mot honni de
« patrimoniale » qui renvoie à cet-
te tentative. Mais cette fois-ci, c’est
le patronat qui a relancé le débat :
LucaCordero di Montezemolo (Fer-
rari) et Diego Della Valle (Tod’s) se
sont déclarés en faveur de cet
impôt.
Besoin de temps
La taxe immobilière sur la rési-
dence principale, l’ICI, pourrait
également faire son retour. L’an-
nonce surprise en 2007 par M. Ber-
lusconi de sa suppression pour
toutes les catégories de revenus
lui avait permis, selon les politolo-
gues, d’assurer sa victoire sur son
adversaire de centre gauche Roma-
no Prodi alors que 80 % des Ita-
liens sont propriétaires. Une déci-
sion qui prive le Trésor de 3,5 mil-
liards d’euros par an.
M. Monti pourrait introduire
une taxe d’habitation couplée à la
Ce jour là, le FESF avait procédé
à sa quatrième levée de fonds
sur les marchés depuis sa créa-
tion : 3 milliards d’euros desti-
nés à l’Irlande. Signe de la défian-
ce des marchés, il avait dû offrir
un taux de 1,77 point de pourcen-
tage supérieur au rendement du
Bund allemand, contre seule-
ment 0,51 point de plus lors de
sa dernière levée de fonds de
même maturité, le
15 juin.– (Bloomberg, Reuters.)
moyenne, par mois, entre juillet
et septembre – a surpris.
La banque attribue l’essentiel
de sa perte trimestrielle aux
dépréciations de valeur de ses
filiales étrangères, notamment en
Ukraine et au Kazakhstan (9 mil-
liards d’euros). La dépréciation de
la dette grecque n’a que peu pesé
sur ses comptes (181 millions).
Le groupe veut désormais se
recentrer sur ses activités de ban-
que commerciale en Italie, en fai-
sant le ménage dans ses implanta-
tions à l’étranger. Un revirement
destiné à solder les excès de l’ère
Alessandro Profumo, ex-directeur
général. Ce banquier influent et
estimé, porté par des ambitions
internationales en Europe de l’Est
et en Asie, avait rompu, il y a dix
ans, avec la tradition et sorti Uni-
credit de son territoire national.
Les déconvenues d’Unicredit,
l’un des grands noms de la ban-
que en Europe, annoncent-elles
0123
Mercredi 16 novembre 2011
Nouvel « ajustement
budgétaire » pour la Grèce
Le premier ministre grec, Lucas
Papadémos, a annoncé un « nou-
veau programme d’ajustement
budgétaire », lundi 14 novembre,
lors de son discours d’inves-
titure au Parlement. Il a appelé
les Grecs à « continuer l’effort »
et jugé nécessaire « de faire face
d’une manière plus efficace et
plus rapide au problème des
finances publiques et à l’amélio-
ration de la compétitivité ».
Le leader de l’opposition de droi-
te, Antonis Samaras, s’est dit
opposé à toutes ces nouvelles
mesures de rigueur, qui
devraient être présentées dans
le cadre du budget 2012.
M. Papadémos prévoit un déficit
budgétaire aux alentours de 9 %
du produit intérieur brut pour
2011. Les premières prévisions
étaient de 7,5 %.
taxe sur les ordures et, sur le modè-
le français, à la redevance télévi-
sion, que M. Berlusconi encoura-
geait (avec succès) ses concitoyens
à ne pas payer.
Pour l’heure, le premier souci
de M. Monti reste encore de s’assu-
rer du plus large soutien possible
des forces politiques et syndicales
dupays. Selon plusieurs de ses visi-
teurs, le très probable prochain
président du conseil – il ne le
deviendra officiellement qu’après
avoir obtenu la confiance de la
Chambre et du Sénat – semble
déçu de ne pas parvenir pour l’ins-
tant à impliquer dans sa prochai-
ne équipe les principales person-
nalités politiques italiennes.
Les chefs des partis qui le sou-
tiennent – presque tous à l’excep-
tion de la Ligue du Nord – préfè-
rent ne pas se « compromettre »
dans des réformes impopulaires.
L’hypothèse d’élections législati-
ves à brève échéance occupe leurs
esprits même si les marchés, les
institutions financières et les par-
tenaires européens de Rome la
jugent inopportune.
Pour tenter d’éloigner cette
perspective, M. Monti aurait égale-
ment confiéson souhait de gouver-
ner jusqu’à la fin de l’actuelle man-
dature, au printemps 2013. Il a
besoin de temps et de solidarité
pour conduire les Italiens – tenus à
l’œil par les experts de la Commis-
sion et du Fonds monétaire inter-
national – sur un chemin pavé de
sacrifices. Selon un sondage de
l’institut Piepoli rendu public lun-
di, 50 % des Italiens lui font
confiance. p
Philippe Ridet
des difficultés plus importantes
pour le secteur bancaire italien ?
Pour les banques européennes ?
Les économistes s’attendent
à de vives tensions dans le secteur
bancaire italien, créancier de
l’Etat et du secteur privé, à mesu-
re que s’accroît la menace de réces-
sion. A la différence des banques
étrangères, qui se débarrassent de
leurs dettes souveraines italien-
nes, les banques du pays se retrou-
vent piégées avec des stocks d’obli-
gations nationales potentielle-
ment toxiques. «La montée des ris-
ques est forte en Italie ; le cas Uni-
credit en dit long sur le paradis per-
du du secteur bancaire, estime
Nicolas Bouzou, économiste d’As-
terès. Mais il s’agit sans doute aus-
si d’une tendance plus générale,
qui verra les banques réduire leurs
bilans colossaux. En Italie comme
ailleurs, elles ont pris trop d’impor-
tance dans les PIB nationaux ! » p
Anne Michel
0123
Mercredi 16 novembre 2011
La crise de la zone euro
Josef Ackermann
renonce
à la présidence
de Deutsche Bank
Sa future nomination à la tête du conseil
de surveillance faisait polémique
Berlin
Correspondance
J
osef Ackermann, actuel prési-
dent du directoire de la Deuts-
che Bank (DB), a renoncé à bri-
guer la présidence du conseil de
surveillance de l’établissement
bancaire, qu’il convoitait. L’annon-
ce a été faite par la direction de la
banque, lundi 14 novembre, par
un communiqué. Celle-ci a invo-
qué des raisons d’agenda et « la
situation extrême sur les marchés
financiers » pour justifier le retrait
de la candidature de celui qui,
depuis 2002, est le visage de la pre-
mière banque allemande.
Lanouvelleestune surprise:jus-
qu’à cet été, il semblait impossible
que la DB puisse se séparer de son
charismatique manager. Mais il
est vrai que, depuis quelques
semaines, la levée de boucliers des
gros actionnaires de la DB contre
les projets de M. Ackermann deve-
nait insupportable, selon la presse
allemande.
Dans le procès Kirch,
qui se tient
actuellement à
Munich, il est
soupçonné par le
parquet de fraude et
de faux témoignage
Ceux-cigoûtaientpeuson ambi-
tion de passer directement du fau-
teuil de patron opérationnel à
celuideprésidentdu conseildesur-
veillance.En droitallemand,ce pas-
sage nécessite l’accord de 25 % des
actionnaires pour être validé.
D’après le code de gouvernance
d’entreprise de la Deutsche Bank, il
ne peut constituer que l’absolue
exception.
M. Ackermann est également
mis en cause dans le procès Kirch,
qui se tient actuellement à
Munich. Dans ce cadre, des
perquisitions ont été menées la
semaine dernière dans les tours
jumelles de la Deutsche Bank, y
compris dans le propre bureau de
M. Ackermann. Cela n’aurait toute-
fois eu, selon la presse allemande,
qu’une influence minime sur sa
décision.
Reste que les accusations qui
pèsent sur lui dans ce procès sont
lourdes et entament gravement sa
crédibilité. Il est soupçonné par le
parquetde fraude et de faux témoi-
gnage.
Leo Kirch, qui régnait en maître
sur la télévision allemande jus-
qu’en 2002, est mort, mais le com-
bat de la fin de sa vie continue :
prouver que la faillite de son empi-
re médiatique est le résultat d’une
stratégie consciente des plus hauts
dirigeants de la DB, parmi lesquels
M. Ackermann.
Dans ce procès très médiatisé,
Tout savoir sur l'actualité musicale
Le magazine de Lionel Esparza à 12h30
avec Angela Gheorghiu jeudi 17 novembre
où doivent comparaître comme
témoins plusieurs membres du
« Who’s who » politico-médiatico-
financier allemand, les avocats de
feu Leo Kirch semblent marquer
des points, ainsi qu’en témoignent
les perquisitions réalisées dans les
locaux de la DB.
Quelle que soit l’issue du pro-
cès, le départ de M. Ackermann de
la direction de la banque, qui doit
intervenir à l’issue de la prochaine
assemblée générale en mai 2012,
constitue la fin d’une ère.
M. Ackermann, 63 ans, a profon-
démentmarqué l’identitéde lapre-
mière banque allemande. Bien que
de nationalité suisse, il est le plus
célèbrebanquier allemandà l’inter-
national:à latête de l’Institut inter-
national de la finance (IIF), il repré-
sente le lobby bancaire mondial.
C’est sous son impulsion que la
Deutsche Bank s’est peu à peu éloi-
gnée du financement des grands
groupes industriels allemands
pour embrasser les activités d’in-
vestissement sur les places de Lon-
dres et de New York.
Sous sa direction, l’établisse-
ment a réalisé les plus gros profits
de son histoire. C’est lui qui a évité
à l’établissement de subir de trop
grosses casses lors de la crise finan-
cière de 2008-2009.
C’est enfin lui qui a pris la déci-
sion, en 2010, de renforcer les acti-
vités de banque de particuliers de
la DB, afin de stabiliser les sources
de revenu. Sous sa direction, la
DeutscheBankestdevenueunvéri-
table acteur global.
La question de sa succession a
tenu le monde de la finance en
haleine pendant des mois. C’est un
duo qui prendra la direction opéra-
tionnelle de la Deutsche Bank en
mai2012 : le directeur des activités
d’investissement, Anshu Jain, d’un
côté, leresponsabledu marchéalle-
mand, Jürgen Fitschen, de l’autre,
garants des deux spécialités de la
banque.
Quant à la présidence du conseil
de surveillance, elle devrait reve-
nir, en cas d’accord des actionnai-
res, à Paul Achleitner. Actuel mem-
bre du directoire de l’assureur
Allianz,M. Achleitner est aussi l’an-
cien patron pour l’Allemagne de la
banque américaine Goldman
Sachs.
Celui-ci prendra ses fonctions
alors que la DB est plus que jamais
sous la critique, notamment
des Etats-Unis. La banque a annon-
cé, lundi, avoir convenu d’un
accord avec les autorités améri-
caines de régulation boursière,
pour qui la DB a abusé ses clients
enleur vendantdes produits finan-
ciers risqués sans information suf-
fisante. Une somme de 145 mil-
lions d’euros a été réglée pour met-
tre fin aux poursuites du régula-
teur américain, qui n’accorde
actuellement ses faveurs qu’aux
plus grands établissements de la
place de Wall Street. p
Cécile Boutelet
Trop dépendant de l’Europe et de
l’entrée de gamme, PSA réduit ses coûts
Le constructeur a annoncé, mardi 15novembre, la suppression de 4200 postes en France
L
es usines d’Aulnay (Seine-
Saint-Denis) et de Sevelnord
(Nord) du groupe PSA Peu-
geot-Citroën ne fermeront pas. La
direction s’y était engagée ; les syn-
dicats n’ont pas eu de mauvaise
surprise lors du comité central
d’entreprise, qui se tenait mardi
15 novembre.
La direction de PSA, qui avait
annoncé 6 000 suppressions de
postes sur le Vieux Continent le
26 octobre, leur a toutefois précisé
que 4 200 concerneront la France :
1 000 contrats à durée indétermi-
née(CDI) et100prestataires en pro-
duction; 900 CDI hors production,
et 2 200 prestataires en recherche
et développement (R & D). A cela
s’ajoute la non-reconduction, déjà
connue, de 800 contrats d’intéri-
maires dans les usines.
Les sites les plus touchés seront
Vélizy (Yvelines) avec 600 postes,
La Garenne-Colombes (Hauts-de-
Seine) 400 postes, et Sochaux-Bel-
champs (Doubs), 400 postes. Les
autres implantations européen-
nes du groupe devront, elles, sup-
primer 1 800 postes en 2012, essen-
tiellement chez les « cols blancs ».
« Pour les postes supprimés dans
l’Hexagone, il s’agit de non-rempla-
cements de départs à la retraite et
de reconversions et non d’un plan
social », assure-t-on chez le
constructeur.
« Nous avions déjà connu plu-
sieurs plans de reconversion, qui
ont touché précédemment environ
3 000 salariés, note Michel Ségura,
de la CFE-CGC. Cette fois, les salariés
vont-ils accepter de changer de
site ? » « En supprimant autant de
postes en R & D, tout en dévelop-
pantl’emploidanscesecteurau Bré-
sil et en Chine, on assiste ni plus ni
moins à une délocalisation », juge
Jean-Pierre Mercier, de la CGT.
Ces mesures doivent permettre
à PSA de baisser les coûts fixes de
400 millions d’euros. Par ailleurs,
400 millions d’euros supplémen-
taires devront parallèlement être
économisés au cours de l’année
2012 grâce à la rationalisation de
l’outil de production. Ces 800 mil-
lionsd’euros d’économies s’ajoute-
ront aux 3,3 milliards déjà atten-
dus à travers le « plan de perfor-
mance » 2010-2012.
iPhone 4S: «Ciel, ma batterie!»
B
enjamin était content, il
avait enfin son iPhone 4S.
Certes, ce n’était pas la cin-
quième version tant attendue.
Mais il possédait tout de même
de nouvelles applications intéres-
santes, dont Siri, logiciel capable
d’effectuer une recherche sur
Internet ou d’écrire un message
par simple commande vocale.
Benjamin pouvait impressionner
ses amis en soirée.
Seulement, très vite, le jeune
homme, comme tous les heureux
propriétaires de l’iPhone 4S, a dû
déchanter: ce petit bijou de tech-
nologie, mis sur le marché fin
octobre, n’avait aucune autono-
mie. Ce problème a vite été réper-
cuté sur Internet, se transformant,
pour Apple, en «battery gate ».
En Europe, la France produit la moitié
des voitures du groupe
Site de production PSA ou en joint-venture
Production de voitures par pays
pour le 1er semestre 2011
C3, C4 Principaux modèles
produits
Rennes
Vigo
ESPAGNE
Mangualde
207, C3, C4
PORTUGAL
Madrid
Partner, Berlingo
28 210
266 961
Pourquoi PSA en est-il arrivé
à devoir sabrer dans ses effectifs
européens de 167 000 personnes ?
Pour les analystes, la réponse est
simple : le constructeur est trop
« européo-centré ». « La totalité des
résultats de PSA se fait en Europe. Et
ce marché souffre, notamment de
surcapacités», analyse Gaëtan Tou-
lemonde, de la Deutsche Bank.
Guerre commerciale
Cette année, alors que le prix
des matières premières repartait
à la hausse, la France, l’Espagne, le
Royaume-Uni et l’Italie, les princi-
paux marchés de PSA, ont baissé
ou, au mieux, stagné, forçant Peu-
geot et Citroën à diminuer leurs
prix. Cette guerre commerciale a
pesé sur les marges du groupe.
Par ailleurs, « l’offre de voitures
est encore trop axée sur l’entrée de
gamme, beaucoup moins rémuné-
ratrice que les autres segments »,
Voyant l’affaire prendre de
l’ampleur, l’entreprise a décidé
de réagir. En fin de semaine der-
nière, elle a mis à disposition de
ses clients une mise à jour de son
logiciel d’exploitation iOS 5, qui
aurait dû régler les problèmes en
optimisant l’usage de la batterie
par les différentes applications,
notamment Siri l’énergivore.
« Accident de parcours »
Las ! La déception a cédé la pla-
ce à un mécontentement crois-
sant sur les forums, quand les
fans d’Apple ont découvert que,
non seulement la mise à jour n’a
pas amélioré l’autonomie, mais
qu’en plus elle provoque des pro-
blèmes de réception du signal. Ce
qui n’est pas sans rappeler
économie
RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
C1, 107
Sevelnord
112 751
Aulnay
et Poissy
Mulhouse
FRANCE
Sochaux
C3, C4, 206 +, 207,
C5, C6, 3008...
762 797
ITALIE
Boxer, Jumper
52 791
reprend M. Toulemonde, selon qui
« la partie automobile de PSA perd
de l’argent et il était nécessaire d’y
répondre en poursuivant la baisse
des coûts de l’entreprise. »
Après l’annonce du nouveau
plan d’économie, l’agence Fitch
Ratings a décidé de conserver une
« perspective stable » sur le titre
PSA. «Avec un marché plus difficile,
la marge opérationnelle souffre.
Cependant, nous pensons qu’elle va
se rétablir. Les objectifs seront
tenus, mais plus tard », estime
Emmanuel Bulle, son analyste
senior. Alors que la marge opéra-
tionnelle s’affichait à 3,2 % en 2010,
elle pourrait fondre, selon Fitch, à
1,3 % cette année, puis 1,5 % en 2012.
Par comparaison, Renault affiche
3 % de marge et Volkswagen 7,7 %.
Malgré une fin d’année 2011 qui
s’annonce difficile, PSA « ne
devrait pas connaître les mêmes
difficultés qu’en 2008, l’année de la
l’« antenna gate », ce défaut de
réception qui avait frappé l’iPho-
ne 4 à sa sortie en 2010 pour cau-
se d’antenne défectueuse.
« Dans les deux cas, Apple a fait
le choix du design et des applica-
tions ludiques plutôt que de la per-
formance », relève Francisco Jero-
nimo, analyste chez IDC. A cela
s’ajoute, selon lui, un culte déme-
suré du secret : le constructeur ne
ferait même pas tester ses appa-
reils par les opérateurs de télé-
phonie mobile au préalable.
«Avec l’iPhone 4, ils avaient pla-
cé l’antenne sur le côté et
n’avaient tout simplement pas
remarqué que la main qui tient le
téléphone est un conducteur et
peut brouiller le signal ! », rappel-
le l’analyste.
15
Kolin
110 152
Trnava
SLOVAQUIE
207, C3 Picasso
Val di Sangro
SOURCE : GROUPE PSA, PEUGEOT, CITROËN
précédente crise. Ils sont beaucoup
mieux préparés », ajoute David
Weill, vice-président du bureau de
Paris d’AT Kearney.
La stratégie d’internationalisa-
tionet demontéeengammedel’of-
fre, engagée fin 2009 par Philippe
Varin, le PDG, doit finir par produi-
re ses effets. « Nous avons sept usi-
nes en construction en Chine, en
Inde, au Brésil et en Russie, insis-
te-t-on à PSA. Nous voulons réaliser
50 % de nos ventes dans ces pays,
contre moins de 40 % aujourd’hui. »
Dans le même temps, avec ses
voitures DS, PSA a bien engagé sa
montée en gamme. « Ce reposition-
nement était nécessaire et attendu,
y compris afin de renforcer la crois-
sance dans les pays émergents, et il
a pour l’instant fonctionné en ter-
mes d’image, reprend David Weill.
Désormais, il faut attendre que cela
se traduise dans les résultats. » p
Philippe Jacqué
Matthieu Poujol, chez Pierre
Audouin Consultants, souligne
quant à lui les effets d’une pres-
sion concurrentielle plus forte.
« Ils sont obligés de sortir des télé-
phones avec des applications
toujours plus innovantes et doi-
vent surpasser les autres, alors
ils les sortent avant qu’ils ne
soient aboutis », explique
M. Poujol, selon qui ce ne serait
qu’un « accident de parcours ».
Un accident, peut être, mais
qui risque de faire basculer Ben-
jamin, le « mac-maniac », dans
le camp des « smartphones »
fonctionnant avec Android de
Google. Bien moins cher et tout
aussi efficace, selon les
experts. p
Sarah Belouezzane
francemusique.fr
 0123
16 économie Mercredi 16 novembre 2011

Pertes & Profits | Chronique

par Stéphane Lauer
Les compagnies aériennes du Golfe
Exemple à suivre ignorent la crise et multiplient les achats
A l’instar d’Abou Dhabi, la région affiche aussi ses ambitions industrielles dans l’aéronautique
Deutsche Bank montable, tant les critiques sur
son changement de fonctions pla- Dubaï Europe sur la demande d’avions au compagnies aériennes, comme Cotté, directeur général adjoint de

L
a convergence entre l’Allema- nifié se sont intensifiées ces derniè- envoyé spécial Moyen-Orient. Emiratesou Etihad, et construit des Safran, chargé de l’international.
gne et la France est à la mode. res semaines en Allemagne. Le Dans cette région, Airbus pré- aéroports ultramodernes, à Dubaï Les Emirats arabes unis ont annon-

En ces temps d’incertitudes,
elle est même mise un peu à tou-
tes les sauces de ce côté-ci du Rhin.
Fiscalité, protection sociale, compé-
titivité: pour certains, tout doit
être calqué sur nos vertueux voi-
sins. Et pourquoi ne pas s’inspirer
aussi de l’Allemagne en matière de
gouvernance d’entreprise? La suc-
cession à la tête de Deutsche Bank
a de quoi nourrir le débat.
Josef Ackermann, après avoir
été patron de la banque alleman-
de, a annoncé, lundi 14 novembre,
qu’il renonçait à briguer la prési-
dence du conseil de surveillance
de l’établissement. Les esprits cha-
grins pointeront que des ennuis
judiciaires pendants l’ont conduit
à prendre cette sage décision. Peut-
être. Mais ce qui a joué plus sûre-
ment dans cette affaire, c’est l’éven-
tuel veto qu’auraient pu lui oppo-
ser les actionnaires de Deutsche
Bank pour passer directement au
sein de la même société d’un poste
opérationnel à une fonction de sur-
veillance. En Allemagne, on goûte
assez peu ce mélange des genres
pourtant si fréquent dans les entre-
prises du CAC40.
La règle outre-Rhin a été édictée
dans la foulée du scandale Sie-
mens de 2006, alors que le fleuron
de l’industrie allemande avait été
éclaboussé par une gigantesque
affaire de corruption.
Désormais, pour contourner cet-
te loi, il faut que 25% des actionnai-
res autorisent expressément un
patron opérationnel à devenir pré-
sident du conseil de surveillance.
Un obstacle qui a semblé à
M.Ackerman difficilement sur-
Edition
patron a fait savoir qu’en pleine cri-
se financière, il ne se voyait pas se
transformer en VRP de son propre
cas pour persuader les actionnai-
res qu’il ferait un bon président du
conseil de surveillance.
Il ne s’agit pas d’une simple
coquetterie. Deutsche Bank se pri-
ve ainsi des compétences de l’un
des banquiers les plus réputés de
la planète à un moment critique.
Mais éviter un potentiel conflit
d’intérêts est à ce prix.
Josef Ackermann
ne briguera pas la
présidence du conseil
de surveillance
de la banque
Les Français se retranchent régu-
lièrement derrière l’argument du
souci de la continuité et qu’il est
compliqué d’aller chercher à l’exté-
rieur un bon président du conseil
de surveillance. En France, ques-
tion patron, on donne toujours
l’impression de gérer la pénurie,
tant la tentation de se tourner vers
les mêmes est grande. Deutsche
Bank s’est pourtant trouvé facile-
ment un président convenable :
Paul Achleitner, actuel membre du
directoire de l’assureur Allianz, et
ex-patron de Goldman Sachs en
Allemagne. Quand on veut… Un
exemple à méditer pour les Fran-
çais. p
Retrouvez Pertes & Profits sur le Net :
lauer.blog.lemonde.net
L
a crise ? Quelle crise ? Vu du voit un quasi-triplement de la flot- et Abou Dhabi, s’inspirant des cé leur intention de préparer
salon aéronautique de te en vingt ans, de 800 à « hubs » américains et européens. l’après pétrole en se développant
Dubaï, le transport aérien se 2 260avions. La croissance de 6,4% Ils détournent ainsi des flux de pas- dans l’industrie. Ils devraient être
porte bien. Pour preuve, la com- par an y est supérieure aux 4,8 % en sagers transitant jusqu’alors par une sorte de Singapour du Golfe
mande géante d’Emirates portant moyenne dans le monde. Cette l’Europe. d’ici une quinzaine d’années. »
sur 50 Boeing 777 pour un mon- vision est partagée par Boeing, qui Mubadala, le fonds souverain
tant de 18 milliards de dollars estime ce marché à 450 milliards « préparer l’après pétrole » d’Abou Dhabi, a acquis, en 2006,
(13,2 milliards d’euros) annoncée dedollars d’ici à 2 030.« Et pourtant « Imaginez l’aéroport comme le SR Technics, ancienne filiale de
dès l’ouverture, dimanche nous sommes toujours prudents moyeu d’une roue, vers lequel Swissairspécialisée dans la mainte-
13 novembre. dans nos prévisions », note Randy convergent 115 liaisons de part le nanceaéronautique.En 2009,asso-
Elle a été suivie par d’autres Tinseth, vice-président du marke- monde formant les rayons. Certai- cié à Airbus, le fonds a construit la
annonces de compagnies du Golfe, ting de la division aviation com- nes ne sont pas rentables, mais c’est première usine d’équipement
mais de moindre taille. Airbus a, merciale. tout l’ensemble qui l’est, en raison aéronautique. Depuis bientôt
par exemple signé, lundi, avec la Cette croissance repose sur le du nombre de correspondances un an, Strata produit des pièces en
compagnie de location d’avions
Alafco, basée à Koweït, pour 50 Air-
modèle de développement choisi
par ces pays : ils profitent de leur
proposées », explique M. Bréche-
mier.
composites pour les A330. Une for-
mation a été lancée pour que cette
bus 320 Neo, soit une commande position géographique pour s’im- Avec plus de 47 millions de pas- usine soit composée pour moitié
de 4,6 milliards de dollars (3,6 mil-
liards d’euros). Les discussions
posercommeunpointd’étapeobli-
gé,tout enbénéficiant du dynamis-
sagers en 2010, soit une croissance
annuelle de 15 % Dubaï se classe au
de responsables émiriens en 2015.
L’objectif est de passer de sim-
entre Qatar Airways et Airbus ont me de l’Asie, notamment de l’Inde. treizième rang mondial. Son ambi- ple sous-traitant à fournisseur
en revanche achoppé.
« Nous parlons du long terme »,
« Pour soutenir leurs économies
basées sur le tourisme ou la finance,
tion est d’être numéro un d’ici à
2030.
associé au développement des
nouveaux avions. L’importante
indiquait, lundi 14 novembre, les émirats ont décidé, voici une Profitant de cette activité, Abou présence de Mubadala au salon de
Ahmed Al Zabin, le président d’A- dizaine d’années, d’attirer les Dhabi est allé plus loin en décidant Dubaï illustre cette volonté de
lafco,quiestimene pasêtreparticu- gens », raconte Didier Bréchemier, de se doter d’une industrie. « Cela construire une filière aéronauti-
lièrement préoccupé par l’impact du cabinet de conseil en stratégie correspond à une stratégie décidée que. p
des turbulences économiques en Roland Berger. Ils ont donc créé des de longue date, explique Bruno Dominique Gallois
La vie des entreprises
Transports CMA CGM Informatique Télécommunications
va réaliser 400 millions
de dollars d’économies Warren Buffett investit plus Accord entre Orange
et SFR pour déployer
Confronté à une baisse des prix du
transport maritime du fait de de 10milliards de dollars dans IBM la fibre optique
Les opérateurs Orange et SFR ont
nombreuses surcapacités et à des Le milliardaire américain Warren Buffett a annoncé, lundi 14 novembre, indiqué, lundi 14 novembre, avoir
pertes nettes de 297 millions de sur la chaîne de télévision CNBC que sa holding Berkshire Hathaway conclu un accord pour déployer
dollars (219 millions d’euros) au avait acquis pour environ 10,7 milliards de dollars (7,8 milliards d’euros) ensemble la fibre optique en
troisième trimestre, CMA CGM, le d’actions IBM depuis mars, ce qui porte à 5,5 % sa part et fait de lui le pre- dehors des grandes villes et pour
troisième transporteur mondial mier actionnaire du groupe informatique, à égalité avec le fonds Sta- se répartir l’équipement de près de
de conteneurs, va engager un plan te Street. M. Buffett a précisé avoir acheté quelque 64 millions de titres 10millions de logements où leurs
d’économies de 400 millions de depuis cette date. Il a également indiqué avoir renforcé sa présence projets se recoupaient. Jusqu’à pré-
dollars en 2012, a annoncé son dans la banque américaine Wells Fargo, mais sans donner le montant sent, leurs investissements et leurs
directeur général délégué, Rodol- de ses acquisitions. L’opération dans IBM est inattendue, car M. Buffet déclarations d’intention concer-

La loi sur le prix unique du livre phe Saadé, dans l’hebdomadaire

spécialisé Le Marin. Le transpor-
affirmait, jusqu’à présent, être réticent à investir dans un secteur qu’il
comprenait mal. – (AFP.) p
naient surtout les grands centres
urbains, laissant de côté les zones

numérique entre en vigueur teur va rationaliser ses services et

céder des actifs non stratégiques. – Wyser-Pratte. EEM est depuis des gnent le pôle jeunesse d’Actes
moins densément peuplées jugées
moins rentables. – (AFP.)
Le décret d’application de la loi relative au prix du livre numérique a été (AFP.) mois l’objet d’un bras de fer entre Sud, dirigé par Thierry Magnier,
publié au Journal officiel du 11 novembre. Il a été signé la veille par Fran- son PDG, François Gontier, et qui comprend désormais quatre Finance Projet d’action
çois Fillon, premier ministre, et Frédéric Mitterrand, ministre de la Energie Soupçons de délit M. Wyser-Pratte. Celui-ci est le maisons associées : Actes Sud en justice contre Dexia
culture. Le décret compte cinq articles et précise les caractéristiques des d’initié chez Electricité deuxième actionnaire du groupe Junior, Le Rouergue Jeunesse, La présidente de l’Association des
livres numériques pour l’application des articles 1 et 2 de la loi. « Il défi- et Eaux de Madagascar (13,5 % du capital), derrière le grou- Thierry Magnier et désormais actionnaires minoritaires, Colette
nit les critères permettant à l’éditeur de fixer des prix différents pour une La direction de la holding françai- pe Verneuil de M. Gontier (30 %). Hélium. En trois ans, Mme Giraud Neuville, a l’intention de recueillir
même œuvre commercialisée sous forme numérique (contenu de l’offre, se Electricité et Eaux de Madagas- – (AFP.) a constitué un catalogue de les plaintes d’actionnaires de
modalités d’accès, modalités d’usage). Il détermine les modalités qui s’im- car (EEM) a annoncé, lundi 70 titres. Avec son équipe de qua- Dexia et d’engager une action en
posent aux éditeurs et aux détaillants pour le marquage des prix et leur 14 novembre, avoir porté plainte Edition Actes Sud tre personnes, elle publie entre 25 justice après le démantèlement
communication au consommateur final », indique la notice du décret. pour délit d’initié à l’encontre de rachète Hélium et 30 nouveautés par an, pour un de la banque franco-belge, selon
La Commission européenne, à qui le décret a été soumis, a laissé passer l’un de ses administrateurs, pro- La maison d’édition Hélium et sa chiffre d’affaires de 1,1 million La Lettre de l’expansion du lundi
le délai de trois mois pendant lequel elle pouvait exprimer un avis, priétaire d’un fonds activiste, Guy fondatrice Sophie Giraud, rejoi- d’euros en 2011. 14 novembre.
mais le dossier n’est néanmoins pas refermé. p

Banques Moody’s place sous surveillance

l’ensemble des banques indiennes
Moody’s a fait passer de « stable » à « négatif », son avis sur l’ensemble du Marchés Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr
secteur bancaire indien, en raison de la dégradation de la conjoncture éco-
nomique du pays, mais aussi des créances douteuses détenues par ces
VALEURS DU CAC40 LES BOURSES DANS LE MONDE 15/11, 9h47
banques, selon Les Echos, du 15 novembre. Il y a un mois, l’agence de nota- Mardi 15 novembre 9h45 Pays Indice Dernier
cours
% var. Maxi
2011
Mini
2011
PER

tion avait dégradé State Bank of India, la plus grande banque publique. Valeur Dernier
cours
Cours
préc.
% var.
/préc.
% var.
31/12
Plus
haut
Plus
bas
Divid.
net
Code
ISIN FRANCE CAC 40 3072,96 15/11 -1,16 4169,87 16/2 2693,21 23/9 9,30
ACCOR .........................◗ 20,27 20,68 -1,98 -39,14 36,20 18,60 0,62 T FR0000120404 ALLEMAGNE DAX Index 5955,83 15/11 -0,49 7600,41 2/5 4965,80 12/9 9,50
AIR LIQUIDE .......................◗ 88,22 89,37 -1,29 -6,78 100,65 80,90 2,35 T FR0000120073
ALCATEL-LUCENT ...........◗ 1,47 1,47 -0,34 -32,66 4,47 1,42 0,16 T FR0000130007 ROYAUME UNI FTSE 100 index 5510,85 15/11 -0,15 6105,77 21/2 4791,01 9/8 9,30
ALSTOM ............................◗ 25,99 26,55 -2,11 -27,42 45,32 21,91 0,62 T FR0010220475 ETATS-UNIS Dow Jones ind. 12078,98 14/11 -0,61 12876,00 2/5 10404,49 4/10 11,50
ARCELORMITTAL................ 13,77 13,93 -1,11 -48,93 28,55 10,46 0,16 A LU0323134006
AXA vous donnE rEndEz-vous AXA ....................................◗
BNP PARIBAS ACT.A ........◗
10,19
30,89
10,40
31,82
-2,11 -18,19
-2,91 -35,12
16,16
59,93
7,88 0,69 T FR0000120628
22,72 2,10 T FR0000131104 JAPON
Nasdaq composite
Nikkei 225
2657,22 15/11
8541,93 15/11
-0,80
-0,72
2887,75 2/5
10891,60 17/2
2298,89 4/10
8227,63 15/3
16,20
13,20
Au sAlon ACtIonArIA BOUYGUES .......................◗
CAP GEMINI ......................◗
24,67
27,77
24,66
28,00
0,06 -23,52
-0,84 -20,50
35,05
43,38
20,88 1,60 T FR0000120503
21,98 1,00 T FR0000125338
PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice
courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.
18 e 19 
embe – Pa ai e C
gè, Pai (stand F9 – niveau 2) CARREFOUR .....................◗ 19,52 19,66 -0,69 -27,55 31,98 14,65 1,08 T FR0000120172 (Publicité)
CREDIT AGRICOLE ............◗ 4,75 4,84 -1,86 -50,02 12,92 4,01 0,45 T FR0000045072
SICAV ET FCP

0123
DANONE ............................◗ 47,97 48,23 -0,56 2,01 53,16 41,92 1,30 T FR0000120644
LA BOUTIQUE
EADS ...................................◗ 21,84 22,05 -0,93 25,26 25,39 17,55 0,19 T NL0000235190
EDF ......................................◗ 20,77 20,91 -0,69 -32,33 32,75 17,89 0,58 S FR0010242511 SÉLECTION publiée sous la
ESSILOR INTL ....................◗ 52,04 52,13 -0,17 8,02 57,72 46,60 0,83 T FR0000121667 responsabilité de l'émetteur
FRANCE TELECOM ............◗
Réunion GDF SUEZ ...........................◗
12,49
19,88
12,61
19,80
-0,95 -19,91
0,38 -25,98
16,65
30,05
11,12 0,60 A FR0000133308
18,32 0,83 A FR0010208488
Dernier cours connu le 15/11 à 9h Du lundi au vendredi
d’information LAFARGE ...........................◗ 27,45 27,57 -0,40 -41,49 48,76 22,29 1,00 T FR0000120537 Valeur Cours
en euro
date
valeur
9 h 30 à 18 h
L’OREAL ............................◗ 77,77 78,19 -0,54 -6,39 91,24 68,83 1,80 T FR0000120321 Samedi 10 h à 14 h
actionnaires AXA LVMH MOET HEN. ............◗
MICHELIN...........................◗
115,45
48,34
116,75
48,92
-1,11 -6,21
-1,19 -9,98
132,65
68,54
94,16 1,40 S FR0000121014
40,20 1,78 T FR0000121261
Vendredi 18 novembre 14 h 30 PERNOD RICARD...............◗ 68,04 68,29 -0,37 -3,30 72,78 56,09 0,67 A FR0000120693
(salle Maillot) PEUGEOT............................◗ 13,69 13,78 -0,62 -51,81 33,60 13,55 1,10 T FR0000121501
PPR .....................................◗ 111,55 112,10 -0,49 -6,26 132,20 90,50 3,50 T FR0000121485 CM-CIC EUROPE 20,81 10/11
PUBLICIS GROUPE ...........◗ 35,09 35,23 -0,40 -10,01 41,84 29,10 0,70 T FR0000130577
RENAULT............................◗ 28,23 28,66 -1,48 -35,10 50,53 22,07 0,30 T FR0000131906 Fonds communs de placements
Devenez membre SAFRAN ..............................◗ 22,26 22,61 -1,53 -16,00 30,50 21,41 0,50 T FR0000073272 CM-CIC EURO ACTS C 16,21 10/11
du Cercle des actionnaires d’AXA :
SAINT-GOBAIN..................◗ 30,28 30,68 -1,29 -21,35 47,64 26,07 1,15 T FR0000125007 CM-CIC SELECT.PEA 6,71 10/11
> pour être informé sur le Groupe, ses activités, SANOFI ...............................◗
© Benoit Paillé -

49,10 49,51 -0,82 2,61 56,82 42,85 2,50 T FR0000120578 CM-CIC MID EUROPE 18,40 10/11
ses résultats, l’Assemblée générale… SCHNEIDER ELECTRIC .....◗ 39,94 40,48 -1,35 -28,68 61,83 35,94 3,20 T FR0000121972 CM-CIC TEMPERE C 164,75 10/11
> pour être invité aux réunions d’information, salons, forums… SOCIETE GENERALE .........◗ 18,08 18,62 -2,93 -55,05 52,70 14,31 1,75 T FR0000130809 CM-CIC DYN.EUROPE 29,91 10/11
> pour bénéficier d’avantages exclusifs. STMICROELECTR. .............◗ 5,29 5,35 -1,08 -31,62 9,73 3,96 0,09 A NL0000226223 CM-CIC FRANCE C 26,98 10/11
SUEZ ENV. ..........................◗ 10,08 10,20 -1,13 -34,76 15,99 9,99 0,65 T FR0010613471
CM-CIC EQUILIBRE C 67,30 10/11
TECHNIP.............................◗ 67,92 67,77 0,22 -1,71 78,14 52,85 1,45 T FR0000131708
Rendez-vous sur www.axa.com, TOTAL .................................◗ 37,24 37,60 -0,94 -6,07 44,55 29,40 0,57 A FR0000120271 CM-CIC DYNAM.INTLE 25,30 10/11
ou contactez-nous : UNIBAIL-RODAMCO ........◗ 131,60 133,45 -1,39 -11,08 162,95 124,05 2,70 D FR0000124711 CM-CIC OBLI C.T.D 132,89 14/11
C
mmicai
 Aci
aie Iiie  VALLOUREC .......................◗ 46,52 47,08 -1,18 -40,81 89,58 38,34 1,30 T FR0000120354 CM-CIC MID FRANCE 30,20 10/11
VEOLIA ENVIRON. .............◗ 8,81 8,92 -1,18 -59,71 24,30 8,60 1,21 T FR0000124141 ........................................................................................
VINCI...................................◗ 31,86 32,52 -2,04 -21,68 45,48 29,49 1,15 S FR0000125486 ........................................................................................
E-mai : aci
aie.web@axa.c
m VIVENDI ..............................◗ 15,79 15,88 -0,57 -21,81 22,07 14,10 1,40 T FR0000127771 ........................................................................................
C
ie : 25, aee Maig
 – 75008 Pai Cours en euros.
........................................................................................ 80, boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris
◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation. 01 57 28 29 85 - http://boutique.lemonde.fr/
Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité. ........................................................................................
0123
Mercredi 16 novembre 2011
Lors de l’entretien dans un hôtel
de Tripoli, le 29 octobre.
KATE BROOKS POUR « LE MONDE »
Annick Cojean
Tripoli
Envoyée spéciale
E
lle a 22 ans, elle est belle com-
me le jour et elle est fracassée.
Il lui arrive de rire, oh, à peine
quelques secondes, et une étin-
celle d’enfance éclaire alors un
visage griffé par la vie. « Vous
me donnez quel âge ? », dit-elle en retirant
ses lunettes de soleil. Elle attend, esquisse
un pâle sourire, et murmure : « Moi, j’ai
l’impression d’avoir 40 ans. » Et cela lui
paraît si vieux.
Elle détourne le regard, saisit un bout
de voile noir pour couvrir nerveusement
le bas de son visage, des larmes apparais-
sent dans ses yeux sombres. « Mouammar
Kadhafi a saccagé ma vie. » Elle veut tout
raconter. Elle pense que c’est dangereux,
mais elle accepte de témoigner, lors d’une
rencontre qui durera plusieurs heures
dans un hôtel de Tripoli. Elle sait qu’elle
est confuse, qu’il lui manquera des mots
pour décrire l’univers de perversion et de
folie dans lequel elle fut précipitée.
Mais il lui faut parler. Des souvenirs
trop lourds encombrent sa mémoire. Des
« souillures », dit-elle, qui lui donnent des
cauchemars. « J’aurai beau raconter, per-
sonne, jamais, ne saura d’où je viens ni ce
que j’ai vécu. Personne ne pourra imagi-
ner. Personne. » Elle secoue la tête d’un air
désespéré. « Quand j’ai vu le cadavre de
Kadhafi exposé à la foule, j’ai eu un bref
plaisir. Puis dans la bouche, j’ai senti un
sale goût. » Elle aurait voulu qu’il vive.
Qu’il soit capturé et jugé par un tribunal
international. Tous ces derniers mois, elle
n’a pensé qu’à cela. « Je me préparais à l’af-
fronter et à lui demander, les yeux dans les
yeux : Pourquoi ? Pourquoi tu m’as fait ça ?
Pourquoi tu m’as violée ? Pourquoi tu m’as
battue, droguée, insultée ? Pourquoi tu
m’as appris à boire, à fumer ? Pourquoi tu
m’as volé ma vie ? »
Elle a 9 ans lorsque sa famille, originai-
re de l’est du pays, déménage à Syrte, la vil-
le natale du colonel Kadhafi. Elle en a 15, en
2004, lorsqu’elle est choisie, parmi les
filles de son lycée, pour offrir un bouquet
au « Guide » en visite dans l’école où il a
des cousins. « C’était un grand honneur. Je
l’appelais “papa Mouammar” et j’en avais
la chair de poule. » Le colonel a posé sa
main sur son épaule et caressé ses che-
veux, lentement. Un signe à l’adresse de
ses gardes du corps, signifiant : « Celle-là,
je la veux. » Elle l’a appris plus tard.
Le lendemain, trois femmes en unifor-
me, vouées au service du dictateur – Sal-
ma, Mabrouka et Feiza – se présentent au
Esclavesexuelle
deKadhafi
Une jeune Libyenne,
rencontrée à Tripoli
après la chute du
dictateur, a raconté
au «Monde»
comment elle a été
enlevée à 15ans et
cloîtrée pendant
cinq ans. Violée,
frappée, elle a fini
par s’enfuir. Voici
son récit
salon de coiffure que tient sa mère.
« Mouammar veut te voir. Il souhaite te
donner des cadeaux. » L’adolescente –
appelons-la Safia – les suit de bon gré.
« Comment se douter de quelque chose ?
C’était le héros, le prince de Syrte. »
On la conduit dans le désert, où la cara-
vane du colonel, 62 ans, est installée pour
un séjour de chasse. Il la reçoit rapide-
ment, hiératique, les yeux perçants. Il lui
pose des questions sur sa famille, les origi-
nes de son père, de sa mère, leurs moyens
financiers. Puis il lui demande froidement
de rester vivre avec lui. La jeune fille est
interloquée. « Tu auras tout ce que tu veux,
des maisons, des voitures… » Elle panique,
secoue la tête, dit tenir à sa famille, vouloir
faire des études. « Je m’occuperai de tout,
répond-il. Tu seras en sécurité ; je t’assure,
ton père comprendra. » Et il appelle
Mabrouka pour qu’elle prenne en main
l’adolescente.
Dans les heures qui suivent, Safia, effa-
rée, est équipée de sous-vêtements et de
« tenues sexy ». On lui apprend à danser, à
se dévêtir au son de la musique, et
« d’autres devoirs ». Elle sanglote, deman-
de à rentrer chez ses parents. Mabrouka
sourit. Le retour à une vie normale ne fait
plus partie des options.
Les trois premiers soirs, Safia dansera
seule devant Kadhafi. Il écoute la cassette
d’un musicien « qu’il fera tuer plus tard ».
Il la regarde, ne la touche pas. Il lance sim-
plement : « Tu seras ma pute. » La caravane
rentre à Syrte, Safia dans les bagages.
Et lesoir de son retour, au palais, il lavio-
le. Elle se débat. Il la tabasse, lui tire les che-
veux. Elle tente de fuir. Mabrouka et Salma
interviennent et la frappent. « Il a continué
les jours suivants. Je suis devenue son escla-
ve sexuelle. Il m’a violée pendant cinq ans. »
Elle se retrouve vite à Tripoli, dans l’an-
tre de Bab Al-Azizia, le domaine ultra-pro-
tégé par trois murs d’enceinte où vivent,
dans divers bâtiments, le maître de la
Libye, sa famille, des collaborateurs, des
troupes d’élite. Au début, Safia partage
une petite chambre dans la résidence du
maître avec une autre fille de Benghazi,
kidnappéeelle aussi mais qui, un jour, par-
viendra à fuir. Au même niveau, dans des
pièces minuscules, se tiennent en perma-
nence une vingtaine de filles, la plupart
ayant entre 18 et 19 ans, en général recru-
tées par les trois mêmes émissaires. Ces
trois femmes brutales, omniprésentes,
régentent cette sorte de harem, où les jeu-
nes filles, grimées en gardes du corps, sont
à la disposition personnelle du colonel. La
plupart ne restent que quelques mois,
avant de disparaître, une fois le maître las-
sé. Elles n’ont entre elles qu’un minimum
de contacts, toute conversation personnel-
le étant interdite.
Safia se sait la plus jeune et passe son
tempsdans sa chambre à regarder latélévi-
sion. On lui refuse cahier et crayon. Alors
elle passe des heures, assise devant son
décryptages TÉMOIGNAGE
miroir, à se parler tout haut et à pleurer.
Elle doit toujours être prête au cas où le
colonel l’appelle, jour et nuit. Ses apparte-
ments à lui sont à l’étage supérieur. Au
début, il la sonne constamment. Puis il la
délaisse pour d’autres, choisies parmi les
amazones, parfois consentantes – certai-
nes disent « s’offrir au Guide » –, mais le
plus souvent contraintes. Il continue de la
réclamer au moins deux ou trois fois par
semaine. Toujours violent, sadique. Elle a
des bleus, des morsures et le sein déchiré.
Elle a des hémorragies. Gala, une infirmiè-
re ukrainienne, est sa « seule amie ». Elle
pratique chaque semaine des prises de
sang sur les jeunes femmes.
«Comment se douter
de quelque chose?
C’était le héros, le prince
de Syrte»
Des fêtes sont régulièrement organi-
sées avec des mannequins italiens, belges,
africains, ou des stars de films égyptiens
qu’apprécient les fils du colonel et
d’autres dignitaires. Dîners, danses, musi-
que, « partouzes ». Kadhafi s’y montre
généreux. Safia se rappelle avoir vu des
valises – elle dit « des Samsonite » – d’euros
et de dollars. « Il donnait aux étrangères,
jamais aux Libyennes. » Safia ne veut pas
participer à ces fêtes, « j’avais trop peur
qu’il me demande de faire un strip-tease ».
Deux chefs d’Etat africains profitent aussi
volontiers des filles « gardes du corps ».
« Pour Mouammar, ce n’était que de sim-
ples objets sexuels qu’il pouvait passer aux
autres, après les avoir lui-même essayés. »
Le colonel, dit-elle, avait aussi de nom-
breux partenaires sexuels masculins.
Sa femme et le reste de la famille qui
habitent d’autres bâtiments de Bab Al-Azi-
zia sont au courant des mœurs du dicta-
teur. « Mais ses filles ne voulaient pas le
17
voir en compagnie d’autres femmes. Il
allait donc les rencontrer le vendredi dans
son autre résidence près de l’aéroport. »
Dans le jacuzzi installé dans sa chambre et
duquel il consulte son ordinateur, il exige
jeux et massages. Il oblige Safia à fumer, à
boire du whisky « Black Label », à prendre
de la cocaïne. Elle déteste, elle a peur. La
deuxième fois, elle fait « une overdose » et
se retrouve à l’hôpital de Bab Al-Azizia. Lui
en prend sans cesse. « Il est constamment
sous substance et ne dort jamais. »
Il l’emmène, en juin 2007, dans une
tournée officielle de deux semaines en
Afrique. Mali, Guinée-Conakry, Sierra Leo-
ne, Côte d’Ivoire, Ghana. Il l’affuble d’un
treillis kaki et la présente comme garde du
corps, ce qu’elle n’est pas, même si
Mabrouka lui a appris à recharger, démon-
ter, nettoyer et utiliser une kalachnikov.
« La tenue bleue était réservée aux vraies
gardes entraînées. La tenue kaki n’était en
général que du cirque ! » Un soir, en Côte
d’Ivoire, elle utilise du rouge à lèvres pour
lui faire croire qu’elle a ses règles et qu’il la
laisse tranquille. Il devient fou de rage, et
la tabasse. Elle veut s’enfuir. Mabrouka
assure : « Où que tu te caches, Mouammar
te retrouvera et te tuera. »
L
es parents de Safia ont vite été mis au
courant du sort de leur fille. Sa mère
a pu venir la voir, une fois, au palais.
Safia peut parfois la joindre par télépho-
ne, mais la conversation est toujours écou-
tée. On l’a prévenue que si ses parents se
plaignaient, on les tuerait. Le père est telle-
ment honteux qu’il ne veut rien savoir.
C’est lui pourtant qui organisera la fuite
de sa fille. Car lassé de la voir déprimer,
Kadhafi l’autorise par trois fois à rendre
une courte visite à sa famille dans une voi-
ture du palais. Lors de la quatrième, en
2009, déguisée en vieille femme, elle par-
vient à quitter la maison et, grâce à une
complicité à l’aéroport, à prendre l’avion
pour la France.
Elle y restera un an avant de repartir en
Libye, de s’y cacher, de s’opposer à sa mère
qui veut la marier très vite à un vieux cou-
sin veuf, de fuir en Tunisie, de se marier en
cachette en avril 2011, espérant partir avec
son jeune mari vers Malte ou l’Italie. La
guerre les séparera, il est grièvement bles-
sé, elle n’aura pas de nouvelles durant plu-
sieurs mois.
Elle fume, elle pleure, souvent. Elle se
sent « démolie ». Elle voudrait témoigner
devant un tribunal mais elle sait bien que
l’opprobre dans son pays sera tel qu’il la
rendra infréquentable. « La femme est for-
cément coupable. » Sa vie est en danger,
« Kadhafi a encore des fidèles. » Elle ne sait
plus où se poser. p
 0123
18 décryptages DÉBATS Mercredi 16 novembre 2011

Cessons de nous faire peur: la bombe iranienne n’est pas pour demain!
caine du renseignement. Mais il est possi- un sérieux ralentissement, fin 2003. Conseil de sécurité. C’est alors que les Ira- ont appris à tirer du système de sanctions
ble, dit aussi l’Agence, que certaines activi- Un premier constat à tirer de ce tableau, niens, après en avoir averti la communau- d’importants bénéfices. Tout cela au détri-

François Nicoullaud tés se soient prolongées jusqu’à ce jour. Et,

de fait, le principal responsable de ce pro-
gramme clandestin réapparaît en 2006 à la
Analyste, ancien ambassadeur tête d’un nouvel organisme de recherche
de France en Iran dépendant du ministère de la défense, puis
à celle d’une université de technologie. Et
mais on le savait déjà, est que la bombe ira-
nienne n’est pas pour demain. Et, une fois
testé un premier engin, il faudrait encore
plusieurs années pour l’adapter aux
contraintes d’un transport balistique. Il
faut ensuite relever le rôle moteur des pas-
té internationale, reprennent leurs activi-
tésd’enrichissementdel’uranium,suspen-
dues depuis plus de deux ans. Pendant ces
deux mêmes années, l’Iran avait aussi
ouvert son territoire aux contrôles de
l’AIEA et accepté des inspections inopi-
ment d’une population doublement écra-
sée, sur les plans politique et économique.
Les sanctions économiques et financiè-
res envisagées, loin d’être une alternative
aux frappes dont d’autres agitent par
ailleurs la menace, y conduisent par

L
e Conseil des gouverneurs de
l’Agence internationale de
l’énergie atomique (AIEA), qui
doit se réunir à Vienne les 17 et
18 novembre, peut féliciter son
directeur général pour son der-
nier rapport sur l’Iran. Cette minutieuse
analyse de la masse d’informations
recueillies par les inspecteurs de l’Agence
et par les services d’une dizaine d’Etats,
sans oublier celles fournies par l’Iran lui-
même, permet de passer de la basse à la
haute définition dans la compréhension
des efforts iraniens pour se doter de l’arme
nucléaire.
Ce rapport met en lumière un point cru-
cial : le programme clandestin d’acquisi-
tion de la bombe a bien été interrompu fin
2003 sur ordre venu du sommet de l’Etat.
C’est ce que répètent depuis plusieurs
années, contre vents et marées, les direc-
teurs successifs de la communauté améri-
selondesindicesapportésparl’Agence,cer-
taines recherches auraient en effet repris
sur la mise au point d’un engin atomique.
L’histoire des efforts de la République
islamique pour acquérir l’arme nucléaire
émergeainside façondeplusenplusclaire.
Le fait générateur, après l’interruption des
programmes du chah, a évidemment été la
crainte de voir Saddam Hussein, alors en
guerre contre l’Iran et soutenu par le mon-
de entier, se doter de la bombe.
Puis, vers la fin de la guerre, un arbitra-
ge s’est sans doute opéré entre les activités
d’acquisition de combustible, de produc-
tion d’électricité et de recherche scientifi-
que, confiées aux civils, et celles confiées
aux militaires, en l’espèce les pasdarans
ou « gardiens de la révolution » : ingénierie
d’une tête nucléaire, développement d’un
programme de missiles capables de l’em-
porter. Ce sont ces travaux d’ingénierie
qui ont subi un coup d’arrêt, ou du moins
darans dans la dimension militaire du pro-
gramme. Mais leur puissance au cœur de
l’Etat et l’hermétisme de leur fonctionne-
ment rendent très difficile de faire avouer
aux responsables civils, comme le deman-
de la communauté internationale, tout ce
qui s’est fait de répréhensible dans les tren-
te dernières années. Cet aspect des choses
estregrettable, mais ilne peutêtre ignoré si
l’on veut progresser.
Pressions et sanctions
Autre leçon : le coup d’arrêt de 2003, je
peuxentémoigner,estlefruitdelanégocia-
tion menée à cette époque par la France,
l’Allemagne et la Grande-Bretagne, à l’ini-
tiativedeDominiquedeVillepin,pourreca-
drer le programme nucléaire iranien. La
relance en 2006 d’activités de recherche
liées à la production d’un engin nucléaire
coïncide, en revanche, avec la décision des
Occidentaux de traîner l’Iran devant le
nées.Ledialoguen’adoncpasétésansrésul-
tat. Il a en tout cas beaucoup plus obtenu
que la politique de pressions et de sanc-
tionsqui asuivi.Depuis2006,eneffet,mal-
grésixrésolutionsdu Conseildesécurité,le
programme d’enrichissement iranien et
celui de la construction d’un réacteur de
recherche d’un format plutonigène pro-
gressent sans entraves, même s’ils demeu-
rent surveillés par l’AIEA.
L’on s’étonne donc de voir le gouverne-
ment français réagir au rapport de l’AIEA
enpromettantàl’Iran,s’ilcontinuederésis-
ter,«dessanctionssansprécédent». Làenco-
re,je peuxtémoignerdel’illusionrécurren-
te qui a fait qu’à chaque vague de sanctions
l’on se disait que cette fois-ci était la bonne,
que le régime allait enfin plier et peut-être
même casser. Mais le régime s’appuie au
contraire sur l’hostilité du monde exté-
rieur pour étayer une légitimité ébranlée
en interne. Et ceux qui vivent de ce régime
paliers. Les embargos, en s’étendant et en
se durcissant, se rapprochent des blocus.
Or les blocus, en droit international, sont
déjà des actes de guerre. Et cela sans parler
de la guerre de l’ombre, certes conduite par
d’autres, qui fait déjà ses victimes. Décidé-
ment, l’entêtement de la diplomatie fran-
çaiseàpoursuivre dansune voieauxconsé-
quences incalculables et à y entraîner ses
partenaires évoque la formule de Mark
Twain: « Pour celui qui n’a qu’un marteau,
tout prend la forme de clous. » p
¶
Le rapport de l’Agence internationale
de l’énergie atomique, remis
le 8 novembre, livre des éléments
montrant que l’Iran a poursuivi,
au moins jusqu’en 2010, des travaux
sur l’élaboration d’une ogive nucléaire.

Nucléaire: c’est au Parlement de trancher La Grèce n’a

Dépasser le différend entre les Verts et le PS pas triché!
ment Messmer en 1974. Quelques l’événement qu’a constitué le Gre- de ne pas perdre les 3 à 4 milliards
années plus tard, l’accord passé nelle de l’environnement –, les d’euros déjà investis, mais aussi et

Daniel Boy entre les Verts et le PS dans la logi-

Directeur de recherche,
Centre de recherche politique
que de la gauche plurielle prévoit
une sérieuse concession dans la
planification d’EDF : l’arrêt de la
centrale de Creys-Malville,
Verts engagent une stratégie d’al-
liance avec le mouvement envi-
ronnemental qui conduit à la
mise en place d’une nouvelle
structure électorale qui aboutira,
peut-être surtout par la volonté
de garder en réserve la maîtrise de Costas Simitis
fabrication et de gestion très com-
plexe d’une énergie dont on pen- Ancien premier ministre grec
se qu’elle pourrait s’avérer indis-

I
de Sciences Po c’est-à-dire l’abandon d’une filiè- en novembre 2010, à la fondation pensable dans un avenir énergéti- l est important de clarifier les faits
re française fondée sur une nou- d’un nouveau parti : Europe Ecolo- que incertain. liés à l’entrée de la Grèce dans

L
e désaccord entre Parti
socialiste et Europe Eco-
logie-Les Verts (EELV) à
propos de l’usage de
l’énergie nucléaire a
des racines anciennes.
Les Verts trouvent dans l’opposi-
tion à l’usage de l’énergie nucléai-
re l’une de leurs racines et de leur
motivation profonde à être en
politique. Le PS, de son côté, a tou-
jours été hésitant ou partagé sur
l’utilisation de ce type d’énergie.
A la fin des années 1970, le PS, pres-
sé d’accéder au pouvoir dans la
dynamique de l’union de la gau-
che, cherche à retrouver une frac-
tion de ses électeurs potentiels
qui, depuis quelques années, lui
préfèrent un vote en faveur des
écologistes.
A la veille des élections législati-
ves de 1978, il propose un moratoi-
re sur la construction de nouvel-
les centrales nucléaires. Mais une
fois arrivé au pouvoir, et après
avoir concédé l’abandon du projet
de Plogoff, il se convertit à la pour-
suite du vaste programme d’équi-
pement initié par le gouverne-
ISABELLE GIORDANO
11h - Les Affranchis
Avec tous les mercredis la chronique
de Sandrine Blanchard du journal
velle technologie, celle de la sur-
génération.
Mais, hors cette concession, les
Verts n’obtiennent aucune modifi-
cationsensible de la stratégie d’uti-
lisation de l’énergie nucléaire en
France. Cette impuissance à peser
sur ces décisions stratégiques sera
d’autant plus mal vécue par les
Verts que, dans le même temps,
leurs homologues allemands, pré-
sents dans la coalition rouge-verte
qui soutient le gouvernement de
Gerhard Schröder, ont réussi à
convaincreleurs alliés du SPD d’ac-
cepter le principe de l’abandon de
l’énergie nucléaire.
Mais depuis cette première par-
ticipation au pouvoir en coalition
avec leurs partenaires socialistes,
le parti des Verts a engagé une stra-
tégie de reconquête du pouvoir
qui change les données du problè-
me. Après une dure période
d’échecs – une présidentielle man-
quée en 2007, une quasi-exclu-
sion du champ de bataille de l’en-
vironnement en raison de la
concurrence des associations envi-
ronnementales, une absence de
franceinter.fr
gie-Les Verts.
Or cette nouvelle alliance va
réussir un parcours électoral
remarquable en plusieurs étapes :
16,3 % des suffrages exprimés aux
élections européennes de 2009,
soit presque autant que le PS
(16,4 %) et l’un des meilleurs sco-
res en Europe, 12,5 % aux élections
régionales de 2010, confirmation
de leur vocation à gérer les
régions en coalition avec le PS,
11,5 % de suffrages lors des canto-
nales de mars dans les quelque
1 155 cantons où ils se présentent.
Enfin, l’entrée de quinze écologis-
tes au Sénat à l’automne, un nom-
bre suffisant pour peser au sein
du groupe constitué par la majori-
té de gauche.
Avec un tel palmarès on devait
s’attendre à ce que les exigences
des Verts dans la négociation pro-
grammatique et électorale se
situent à un niveau élevé. Puis est
venue l’annonce de la catastrophe
de Fukushima, et la sortie annon-
cée du nucléaire de l’Allemagne,
de la Suisse et récemment de la Bel-
gique. « Sortir du nucléaire » est
devenu la préoccupation centrale
du parti des Verts et l’un des élé-
ments essentiels de la négociation
avec le PS. Ils ont donc fait savoir,
haut et fort, que si la discussion
sur le nombre de centrales à met-
tre à l’arrêt était possible, en revan-
che, l’abandon du réacteur EPR en
cours de construction à Flamanvil-
le n’était pas négociable. Cette
position a sa logique : si le but fixé
à la société consiste à sortir du
nucléaire, on peut discuter de son
rythme en modulant au cas par
cas la fermeture de centrales
vieillissantes, mais pourquoi
construire une nouvelle centrale
dont la durée de vie n’est sans dou-
te pas inférieure à quarante ans ?
Du côté des socialistes, les hési-
tations ont été visibles tout au
long de la campagne de la primai-
re. Mais le vainqueur de la primai-
re et désormais candidat officiel,
François Hollande, a fait connaî-
tre sa position : il n’y aura pas d’ar-
rêt du chantier de Flamanville.
Cette prise de position contraire
ne s’explique pas seulement par
l’aspect symbolique du cas de Fla-
manville, ni non plus par le souci
La négociation entre écologis-
tes et socialistes est donc dans une
impasse. Et l’on imagine, tant les
deux partenaires jugent impor-
tant de réaliser un accord électoral
efficace, que toutes les solutions
de compromis seront évoquées :
que l’on nomme une commission
d’experts, qui au terme de son tra-
vail recommande ou non la pour-
suite du projet de Flamanville ?
Mais comment se mettre d’accord
sur les noms et les qualités des
experts qui seraient investis de cet-
te délicate mission ? Que l’on orga-
nise quelque « grand débat natio-
Mais pourquoi admettre
qu’une décision sociotechnique
d’une telle importance
soit de la compétence d’un candidat
à la présidentielle
ou d’un dirigeant de parti?
nal » au terme duquel la décision
serait prise ? Mais l’on sait bien
que ce type de débat tournera vite
à la polémique sinon au pugilat et
que ses conclusions seront soup-
çonnées d’avoir été prévues
d’avance par les uns ou par les
autres.
Mais, en fin de compte, pour-
quoi admettre qu’une décision
sociotechnique d’une telle impor-
tance soit de la compétence d’un
candidat à la présidentielle ou
d’un dirigeant de parti ? Sans dou-
te parce que nous avons perdu l’ha-
bitude de considérer que le Parle-
ment était le siège premier de la
démocratie et admis que l’essen-
tiel des décisions majeures reve-
naient, par nature, à l’exécutif.
Il est vrai que, au cours de ces
quarante années qui ont fait le
nucléaire en France, jamais le Par-
lement ne s’est saisi de ces ques-
tions. Il est temps de mettre fin à
cette exception française. Les
négociateurs Verts et socialistes
devraient convenir que, s’ils se
trouvent unis dans une majorité,
ils confieront au Parlement le soin
de décider si oui ou non la France
doit s’engager dans une sortie pro-
grammée du nucléaire, à quel ryth-
me et selon quelles modalités. p
l’Union économique et monétaire
(UEM), et de permettre ainsi une
meilleurecompréhension du« pro-
blème grec » à un moment critique
où les relations de confiance entre la Grèce
et l’Union européenne sont perturbées.
Lorsd’une interview diffusée sur TF1, Nico-
lasSarkozy,lechefdel’Etatfrançais,aquali-
fié de « fausses » les données statistiques
fourniesparla Grèce lorsdeson adhésionà
l’UEM. Il a même déclaré que l’admission
du pays dans la zone euro a été une
«erreur» commise par les gouvernements
de l’époque, dont il n’était pas membre.
Rappelons les faits : les critères d’adhé-
sion sont établis dans le traité de Maas-
tricht et concernent le déficit budgétaire
(inférieur à 3 % du PIB), l’inflation, les taux
d’intérêt et la stabilisation du taux de chan-
ge. Leur réalisation est certifiée par la Com-
mission européenne et par la Banque cen-
trale européenne (BCE), tandis que la déci-
sion d’admission est prise par les ministres
des finances au sein du Conseil pour les
affaires économiques et financières.
La Grèce a adhéré à la zone euro sur la
base de ses performances évaluées en
1999. En 2004, à la suite des élections, le
nouveau gouvernement dirigé par le parti
Nouvelle Démocratie a procédé à un chan-
gement rétroactif des règles appliquées
pour l’enregistrement des dépenses mili-
taires: ces dernières, au lieu d’être enregis-
trées à la date des livraisons de l’équipe-
ment – comme c’était la règle dans les pays
européens–,ontététransférées àla datede
commande. Donc, des sommes importan-
tes qui devaient faire partie des budgets
d’après 2004 ont été enregistrées comme
dépenses de la période précédente, ce qui a
gonflé les déficits de cette période.
On a plusieurs fois dénoncé cette triche-
rie motivée par des considérations de bas-
se politique. Il est malheureux que
M.Sarkozyreprennecetteidée àsoncomp-
te, à moins qu’il ne conteste l’intégrité des
¶ services de la Commission et de la BCE. Par
Daniel Boy a ailleurs, il n’a pas su remarquer un détail
notamment publié révélateur de la mauvaise foi marquant
« Pourquoi avons-nous cette discussion : le déficit budgétaire de la
peur de la France lors de son adhésion en 1997 (esti-
technologie ? » mé à 3,3 % de son PIB), a été supérieur à
(Presses de Sciences Po, celui de la Grèce (3,1 %). On peut espérer
2007) et que l’obsession des données statistiques
finira par céder la place à une réflexion
« Les Biotechnologies
en débat » plus mûre, concentrée sur les conditions
(avec Suzanne nécessaires pour assurer la coexistence de
de Cheveigné pays aux niveaux de développement iné-
et Jean-Christophe gaux au sein de l’union monétaire. Il sem-
Galloux, ble que ce soit la seule voie qui puisse
Balland, 2002). garantir la poursuite du projeteuropéen. p
0123
Mercredi 16 novembre 2011 décryptages ANALYSES 19

Les syndicats et le défi de la rigueur Ecologie | Chronique

Par Hervé Kempf

Le chemin du bon sens

C
omment les syndicats peuvent-ils se posi- la CFDT, de s’adresser aux élus. M. Thibault a
tionner, à moins de six mois de l’élection Analyse proposé de « prendre comme cible le Parle-
présidentielle, face à la rigueur, celle ment », au moment où il débat des budgets de

imposée par les deux plans de François Fillon et
celle qui risque, avec une crise bien partie pour
perdurer, de pointer de nouveau son nez en
2012, même dans l’hypothèse d’une élection de
FrançoisHollande ? Depuis les annonces dupre-
mier ministre, le 7 novembre, tous les syndicats
ont haussé le ton. Bernard Thibault, le secrétai-
re général de la CGT, a dénoncé une « injustice
sociale ». Et son homologue de la CFDT, Fran-
çois Chérèque, a fustigé « un saupoudrage en
dessous des enjeux et des mesures injustes ».
Les syndicats sont confrontés à un vrai
dilemme : s’ils ne réagissent pas, leurs mili-
tants vont leur reprocher leur mollesse et leur
inertie. S’ils organisent une journée de mobili-
sation, qui se traduit, comme celle du 11 octo-
bre, poussée par la CGT, par un échec, ils vont
afficher leur faiblesse et leur impuissance. En
période préélectorale, où le temps est d’abord
politique, les salariés comptent plus sur le ver-
dict des urnes que sur la répétition de manifes-
tations de rue.
L’intersyndicale CGT-CFDT-UNSA-FSU-Soli-
daires va se réunir, vendredi 18 novembre, au
siège de la CGT, pour tenter de mettre au point
ce que M. Thibault appelle « une riposte unitai-
re ». Le plan Fillon a eu déjà un effet inattendu –
« miraculeux », ironise-t-on à la CGT – qui est de
faire revenir Force ouvrière, absente depuis le
printemps 2010, au moment de la contestation
de la réforme des retraites, dans l’intersyndica-
le. Si la CFE-CGC a décliné l’invitation, la CFTC,
qui sera en train de clôturer son congrès à Poi-
tiers, a décidé d’y participer pour « écouter ».
Le « G5 » syndical ne nourrit guère d’illusions
sur le retour de FO. « Elle va faire un aller-
retour », assure-t-on à la CFDT. Le 9 novembre,
la commission exécutive de FO, condamnant
une austérité qui « sape les principes républi-
cains et les droits sociaux », a d’ores et déjà appe-
lé à « vingt-quatre heures de grève interprofes-
sionnelle ». Le 24 juin 2010, la confédération de
Jean-Claude Mailly avait organisé une grève
P ar Mic he l Nobl e c our t
Editorialiste
d’une journée qui était alors passée inaperçue.
« La bonne nouvelle, a commenté M. Thibau-
lt, lundi 14 novembre devant la presse, c’est que
FO revienne à l’intersyndicale. La mauvaise nou-
velle, c’est qu’ils le font en l’assortissant d’une
déclaration qui laisse entendre qu’ils feront de
nouveau tout pour que rien n’en sorte. » « Per-
sonne ne sera dupe, a ajouté M. Thibault. Si l’uni-
que objectif est de faire capoter ce qu’il est envi-
sageable de faire à plusieurs, ce serait domma-
ge. » Un front syndical à sept reste illusoire.
L’intersyndicale pourrait publier une décla-
rationcommune qui mettrait en avant des solu-
tions alternatives au plan Fillon, notamment
sur le volet de la protection sociale. Elle pour-
rait demander de nouveau l’abandon de la
défiscalisation des heures supplémentaires
dont le coût, répète M. Chérèque, est équivalent
L’idée chemine dans
l’intersyndicale de s’adresser
aux élus et de «prendre
comme cible le Parlement»
–4 milliards d’euros – à l’accélération de la réfor-
me des retraites qui, dit-il, « ne sert qu’à envoyer
un signal aux agences de notation ».
Les syndicats cherchent surtout une forme
d’action innovante qui ne consiste pas à organi-
ser une énième journée d’action, vouée à
l’échec. « Une journée de grève, c’est hors de por-
tée, souligne Marcel Grignard, numéro deux de
la CFDT. L’enjeu majeur c’est d’être avec les sala-
riés et non pas que les syndicalistes se causent
entre eux. » M. Thibault a évoqué « une journée
de mobilisation interprofessionnelle », sans par-
ler de grève, « dans la première quinzaine de
décembre ». L’idée chemine, comme le suggère
l’Etat et de la Sécurité sociale, avec « une initiati-
ve de masse en direction de l’Assemblée nationa-
le ».
La CGT est soucieuse de se porter en premiè-
re ligne du combat contre l’« austérité ». C’est
ainsique M.Thibault s’est démarqué de ladécla-
ration commune des syndicats (L20) et des
patronats (B20), à l’occasion du sommet du
G20 à Cannes, lui reprochant, dans une lettre à
Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confé-
dérationsyndicale internationale (CSI), de «lais-
ser entendre qu’il y aurait une vision partagée
entre syndicats de salariés et patronaux sur les
principaux facteurs qui permettraient une sor-
tie de crise durable ». En ce temps politique,
M. Thibault adresse aussi ce message à la gau-
che qui pourrait revenir au pouvoir en 2012.
Dans le même mouvement, le secrétaire
général de la CGT refuse toute instrumentalisa-
tion de son syndicat par un parti. Il a décliné
une propositiondu NouveauParti anticapitalis-
te (NPA) pour une action commune. Interrogé
sur la proposition de Didier Le Reste, ancien lea-
der des cheminots cégétistes, qui anime, avec
Marie-George Buffet, un « Front de gauche des
luttes », formulée dans L’Humanité Dimanche
du 9 novembre, de « recréer des ponts » avec les
syndicats pour voir « ce que nous pouvons faire
ensemble », M. Thibault a répliqué : « On n’a pas
besoin de se voir donner des leçons de stratégie
syndicale .»
Sur la rigueur, M. Mailly juge que « l’austéri-
té, d’où qu’elle vienne, de droite ou de gauche,
est inacceptable ». Plus prudent, M. Chérèque a
affirmé, dans Le Progrès du 9 novembre, que
« la dette est devenue excessive. Il est inévitable
de la réduire pour éviter de la transmettre aux
générations futures ». Mais, a-t-il prévenu,
« sans soutien à l’activité, nous allons aggraver
la récession ». Pour les syndicats, la rigueur res-
te bel et bien un dilemme. p
noblecourt@lemonde.fr
C
e qui se joue ces jours-ci
entre les écologistes et la gau-
che productiviste dépasse
de beaucoup un accord électoral : il
s’agit de choisir le chemin du mon-
de dans lequel nous voulons vivre.
Le dilemme n’est pas seulement
politique ou économique, mais
aussi spirituel.
Car l’énergie nucléaire engage
bien plus que des objets pratiques.
Par la nocivité plurimillénaire des
résidus toxiques qu’elle génère,
par l’empoisonnement durable
des milliers de kilomètres carrés
qu’entraînent les accidents atomi-
ques, par les armes apocalyptiques
auxquelles elle est liée, cette tech-
nologie met en jeu depuis son ori-
gine le destin de l’humanité. Et ce
que disent les écologistes aux diri-
geants, c’est : « Comment pouvez-
vous prendre une décision qui
lègue aux générations futures des
déchets dont vous ne savez que fai-
re et une probabilité d’accidents
dont vous êtes hors d’état de garan-
tir la nullité ? »
Ainsi inclinait-on à penser au
sortir des Assises chrétiennes de
l’écologie, organisées du 11 au
13 novembre par le diocèse de
Saint-Etienne, la revue Prier et les
Scouts et guides de France. Mille
cinq cents participants y ont
réfléchi dans une atmosphère fra-
ternelle – eh oui, fraternelle, com-
me l’étaient les premières commu-
nautés christiques ou les socialis-
tes utopiques du XIXe siècle – à l’au-
delà de la crise écologique,
c’est-à-dire à la crise du sens de
notre existence qu’elle révèle.
L’accord était clair sur le désor-
dre du monde et sur son lien avec
la question sociale – « Nous ne
devons pas accepter qu’on ne pren-
ne pas d’argent aux riches », a lancé
Jean-Marie Pelt, qui est botaniste,
sous les applaudissements. Mais
aussi sur l’idée que, pour enrayer
la mécanique destructrice à
l’œuvre, il faut contester la culture
matérielle qui définit l’époque et
combler son vide de sens.
«L’économie a hypertrophié les
besoins matériels au détriment des
besoins relationnels», dit Jean-Bap-
tiste de Foucauld, ex-commissaire
au Plan (1992-1995). «Nous ne som-
Ce qui se joue entre les
écologistes et le PS est
aussi d’ordre spirituel
mes plus reliés ni en haut ni par nos
racines», dit encore Jean-Marie
Pelt. «La crise écologique est le fruit
d’une vision dualiste, anthropocen-
triste et patriarcale, qui mutile
l’être humain en le coupant de son
intellect spirituel», dit Michel Maxi-
me Egger, un théologien. Et l’on a
redécouvert, à l’occasion de ces
Assises chrétiennes de l’écologie,
que le mot « crise», venu du grec
krisis, signifie « décision » : le
moment de la difficulté est aussi
celui où l’on choisit. Choisir de
continuer dans la destruction ou
de prendre le chemin d’un nou-
veau mode de pensée. p
kempf@lemonde.fr

Lectures
UNE SÉPARATION
Les présidentielles mises à nu ÉDITION SPÉCIALE FNAC

A
lors que la campagne de 2012 est
déjà engagée, il n’est que temps de
revisiter les élections précédentes,
sur lesquelles Frédérique Bredin, ex-minis-
tre socialiste, et de Jean-Jérôme Bertolus,
journalisteài-Télé,posentunregarddésen-
chanté. A leurs yeux, la présidentielle est, à
chaque fois, l’affaire de quelques hommes
et met aux prises des tempéraments, des
intelligences, des moyens financiers et
publicitaires au service d’une obsession du
pouvoir remontant souvent à l’enfance.
Le livre qu’ils ont rédigé à partir de leurs
nombreux entretiens avec des acteurs et
des témoins – en même temps qu’ils réali-
saient un documentaire programmé le
16novembre sur France 3 – ne s’embarrasse
Tir à vue 1965-2012. La Folle
Histoire des présidentielles
Jean-Jérôme Bertolus
et Frédérique Bredin
Fayard,362 p., 19 ¤.
pas de politologie. On n’y trouve aucune
indicationsur l’état des partis, non plus que
sur les opinions des Français. Quant aux
programmes de candidats, il n’en est pas
question. Cette vision people du combat
politique a le mérite de mettre en évidence
certaines caractéristiques de la compéti-
tion présidentielle à la française.
La campagne de 2007 a balayé les préve-
nances et les prudences imposées par les
hommes politiques aux journalistes qui
rendaient compte de leur action. Ce livre
n’aurait pas pu être écrit il y a dix ans. Les
personnages qui s’y expriment auraient
tenu des propos plus évasifs, et les journa-
listes auraient dû s’en contenter. Pourtant,
de Charles de Gaulle cherchant à éliminer
Inclus un DVD bonus des rencontres avec Asghar Farhadi
Georges Pompidou, en 1968 et 1969, jus-
et Leila Hatami.
qu’à Jacques Chirac tentant de se débarras-
ser de Nicolas Sarkozy en 2004, en passant  Disponible en DVD et Bluray
par la rivalité Mitterrand-Rocard des
années 1980, l’attraction de ce pouvoir sus-
cite des comportements peu édifiants et
fabrique une vie politique décevante. La
défiance qu’expriment les citoyens envers
leurs dirigeants en est la conséquence.
La France « a des institutions qui invitent
à la trahison », observe François Bayrou,
parce que « tout pouvoir vient du som-
met » et qu’on tente de prévoir qui sera le
maître demain pour se ranger à temps der-
rière lui. Ce constat lucide est le revers du
dithyrambe chanté par Henri Guaino,
¶
Frédérique Bredin
pour qui, « en faisant adopter l’élection du
a été ministre
président de la République au suffrage uni-
de la jeunesse
versel », le général de Gaulle « a renoué un
et des sports.
vieux fil de l’histoire de France », car « l’élec-
En 2000, elle a
tion est un sacre ». Comment mieux
quitté la politique
avouer que cette République-là n’est pas
pour travailler
tout à fait républicaine ?
chez Lagardère
Parmi bien des propos révélateurs, ceux
Active.
de Roland Dumas, président du Conseil
constitutionnel qui avait validé les comp-
tesde campagne de M. Chiracet M. Balladur
en 1995, en dépit d’irrégularités constatées
par les rapporteurs, retiennent l’attention.
«Rien n’a changé, dit-il. On a beau faire des
textes et des règlements, il y a toujours un
minimum de fraude. » L’avocat Dumas ne
précise pas où il place le curseur du «mini-
mum», mais au moins confirme-t-il que les
finances des campagnes restent suspectes
en dépit des lois et des contrôles. A quelles
fins les règles de financement sont-elles
enfreintes, alors que les moyens de propa-
gande autorisés sont réduits? Cette enquê-
te-là reste à faire. p
Patrick Jarreau

Rectificatifs&précisions
Arme nucléaire Dans l’analyse
consacrée à la dissuasion française
(Le Monde du 26 octobre), nous
expliquions que l’armée de terre
n’était pas partie prenante de l’ar-
me nucléaire et rapprochions ce
fait de la fermeture du plateau d’Al-
bion. Les armes nucléaires sol-sol
existantes étaient armées par l’ar-
mée de l’air et les systèmes de mis-
siles préstratégiques Hadès par l’ar-
mée de terre. La force de dissuasion
ne s’appuie plus que sur deux com-
posantes, maritime et aérienne.
Thierry Gaubert La magistra-
te qui préside la 15e chambre correc-
tionnelle du tribunal de Nanterre, Retrouvez plus de 600 000 DVD et bluray sur fnac.com
lors du procès de Thierry Gaubert,
est Fabienne Siredey-Garnier et
non pas Isabelle Prévost-Desprez
(Le Monde du 11novembre).
20
A Marseille, la ballade des pauvres gens
Chez Robert Guédiguian tout est politique, surtout le fait-divers. Retrouvailles avec le roi du mélo prolétarien
Les Neiges
du Kilimandjaro
ppv
V
oici maintenant trente ans
et dix-sept films que Robert
Guédiguian, posté sur le
port de l’Estaque à Marseille avec le
même gang d’acteurs, envoie des
faire-part de décès de l’utopierévo-
lutionnaire,surfond dedésintégra-
tion du monde ouvrier. L’entrepri-
se, menée de manière orgueilleuse
et radicale dans les premiers films
(notamment avec ce chef-d’œuvre
méconnu qu’est Ki-lo-sa, 1985), a
connu une inflexion réformiste au
détour de Marius et Jeannette
(1997), premier succès populaire
de la saga, avec son humanisme
fédérateur, sa nostalgie de l’Idéal
trahi, sa conquête romanesque des
cœurs.
Guédiguian se tient depuis lors
sur cette ligne de défense, en
variant avec un talent généreux et
une bonhomie hérissée d’abîmes,
les appels à une indignation qui
reprend aujourd’hui du poil de la
bête. Le titre d’une chanson popu-
laire nomme son nouveau film.
Les Neiges du Kilimandjaro, créée
par Pascal Danel en 1966, fut en
son temps numéro un des ventes
en France, slow servant davantage
à emballer qu’à évoquer le linceul
destiné au héros de la nouvelle
d’Ernest Hemingway dont elle
s’inspire.
Ce quiproquo ressemble un peu
aux films de Robert Guédiguian.
Ici, la ritournelle retentit à mi-par-
cours, interprétée par les proches
et les amis, lors d’une fête donnée
Le film commence par un plan de licenciement chez les dockers. Vingt têtes sont demandées, le syndicat a choisi de les tirer au sort. DIAPHANA
sur les docks pour l’anniversaire
de mariage de Michel (Jean-Pierre
Darroussin) et Marie-Claire (Aria-
ne Ascaride), qui se sont aimés sur
cette musique voici trente ans. Ce
moment de bonheur simple, où les
vieux amants s’avouent publique-
mentleur tendresseet leur fidélité,
est le point nodal d’un film qui
comporte son avant et son après.
L’avantn’est pasd’unefolle gaie-
té, mais maintient la fermeté de
nos héros, au terme d’une vie dont
culture
ils estiment ne pas avoir à rougir.
Ça commence frontalement, par
un plan de licenciement chez les
dockers, négocié avec le syndicat
CGT, dont Michel est un des vieux
militants. Vingt têtes sont deman-
dées, le syndicat a choisi de les tirer
au sort. Michel, qui s’est fait un
honneur de ne pas s’oublier parmi
les cocottes en papier, procède à
l’exécutionettireson nom.Copieu-
sement engueulé pour cette recti-
tude par Raoul (Gérard Meylan),
ppp excellent
qui se tient à ses côtés au titre de
syndicaliste,decopain,debeau-frè-
re et de grande gueule, Michel son-
ne comme il peut la retraite.
Impitoyable vengeance
Rien d’insurmontable, quand
bien même ça sent un peu la mort.
Traînasser à la maison, décorti-
quer dès potron-minet un baquet
entier de crevettes, construire une
véranda pour le pavillon de son fils
et de sa belle-fille, jouer à la nou-
Pour le lancement du film,
passage obligé par l’Estaque
Marseille
Envoyé spécial
Ce mercredi 9 novembre, la pluie
tombe à seaux sur Marseille. Pour
le quatuor des Neiges du Kilimand-
jaro, le réalisateur, Robert Guédi-
guian, et les trois interprètes Aria-
ne Ascaride, Jean-Pierre Darrous-
sin et Gérard Meylan, cette étape
de la tournée de promotion qui
précède la sortie du film n’est
bien sûr pas comme les autres. Si
la pluie continue jusqu’au soir, on
se demande si les spectateurs met-
tront le nez dehors.
La bande des quatre a prévu de
parcourir la ville afin d’être pré-
sente dans quatre salles. En atten-
dant, elle rencontre la presse. Le
journal de France 3, où ils sont
invités, montre les salariés d’une
clinique mutualiste qui protes-
tent contre la vente de leur établis-
sement à un groupe privé. Dans
un reportage, tourné dans une
cité des quartiers nord, un retraité
désigne les impacts de balles sur
le mur de son salon, à travers la
fenêtre on entend des jeunes qui
l’insultent et le menacent. Quand
vient leur tour, Robert Guédi-
guian et Ariane Ascaride sont solli-
cités sur le terrain politique plus
que sur celui du cinéma pur –
même si le journaliste interroge
le metteur en scène sur sa parenté
avec Ken Loach. Il est vrai que
Les Neiges du Kilimandjaro racon-
te aussi une histoire de retraités
et de délinquants à Marseille.
La « tournée province », selon
l’expression en usage, est un
ingrédient essentiel du lance-
ment d’un film. Des membres de
l’équipe parcourent la France
d’avant-première en avant-pre-
mière, présentent le film, partici-
pent à un débat ensuite. Avant
d’arriver à Marseille, Gérard Mey-
lan était à Albi, d’autres à Lyon.
Il s’agit d’amorcer le bou-
che-à-oreille et aussi de gonfler le
chiffre des entrées du premier
jour. Les Neiges du Kilimandjaro
obéit aux lois du marketing, mais
ppv à voir pvv pourquoi pas
nou avec les petits-enfants, profi-
ter avec sa femme de ce nid modes-
te mais douillet qu’une vie de
labeur et d’économies lui a permis
de construire. Et puis rêver, tant
qu’à faire, de ce grand voyage au
pays du Kilimandjaro, le premier
et le dernier sans doute, que leurs
proches leur ont offert pour leur
anniversaire de mariage. Tout va
donc pour le mieux dans la
meilleure des retraites prolétaires.
Et puis vient l’après. Un dîner
on s’aperçoit vite que le passage
de la tribu Guédiguian à Marseille
relève aussi du travail politique et
d’une obligation quasi rituelle. Il
y a trente ans, dans une salle
aujourd’hui remplacée par un
magasin superdiscount, on proje-
tait Dernier été, le premier long-
métrage de Guédiguian.
Fossé entre générations
Le metteur en scène répète
inlassablement les raisons de son
éternel retour à l’Estaque, le quar-
tier de l’ouest de Marseille où il a
grandi avec Gérard Meylan : « Il
est nécessaire d’y retourner de
temps en temps pour réévaluer
l’état du monde ouvrier et par là
même de réévaluer l’état de mon
cinéma. C’est le centre du monde,
c’est le monde entier. L’Estaque,
c’est la forme du monde. »
Il revient à Ariane Ascaride de
tenter – souvent en vain – de
remettre la discussion sur les rails
du travelling, de la forme du ciné-
ma : « Je ne fais pas des films pour
qu’ils servent de banderole en tête
de cortège », dit-elle, un peu lasse.
Le soir venu, Robert Guédi-
guian part pour l’Alhambra, une
salle de l’Estaque, pendant que les
autres vont des Variétés au Prado
en passant par l’UGC Madeleine.
Partout, l’accueil est chaleureux.
En parcourant les rues du centre-
ville, Gérard Meylan égrène les
noms des hôpitaux où il a tra-
vaillé comme infirmier pendant
trente-cinq ans. Il rappelle à Jean-
Pierre Darroussin qu’une nuit il
lui avait passé une blouse et qu’ils
avaient fait la tournée des cham-
bres ensemble.
Dans les salles de cinéma, la dis-
cussion s’engage sur les mêmes
motifs qu’avec la presse. Un jeune
homme demande tout bêtement :
« Pourquoi vous revendiquez-vous
de la classe ouvrière ? » et Robert
Guédiguian est renvoyé à ce fossé
entre générations qu’il sonde et
tente de combler depuis plusieurs
films. p
Thomas Sotinel
0123
Mercredi 16 novembre 2011
vvv à éviter
paisibleà lamaison, l’irruptionvio-
lente de deux individus armés, le
recours humiliant au coup de
poing, le braquage impitoyable de
leurs économies, des cartes bancai-
res, des billets du voyage. Michel,
l’épaule luxée, rumine sa rage. Un
pur hasard (c’est-à-dire une belle
trouvaille scénaristique) le met sur
la piste d’un de ses voleurs : sa pre-
mière bande dessinée, qui lui a été
volée, se trouve entre les mains de
deux enfants qui sont assis en face
de lui dans le bus.
La remontée de cette piste, puis
l’identification de son voleur,
transforment sa colère en abîme
qui s’ouvre sous ses pieds. Car ce
voleur, il le connaît, et nous aussi.
Silhouette entraperçue parmi les
dockers licenciés de la scène
d’ouverture,puisinvité àl’anniver-
saire de mariage, ce jeune ouvrier
(interprété par Grégoire Leprince-
Ringuet)est l’undessiens.Cette tra-
hison de la solidarité de classe, ce
piétinement des valeurs qui ont
fondé l’existence de Michel, en un
mot cet avènement d’un monde
précarisé et atomisé en jungle, pré-
parent assez logiquement au récit
d’une impitoyable vengeance.
Toute l’habileté et toute la gran-
deur du film de Robert Guédiguian
consistentà laisser s’accomplir cet-
te vengeance en créant les condi-
tions nécessaires à en extirper le
pardon. On ne dira pas ici com-
ment. On dira simplement que le
film, qui fourmille de scènes et de
personnages aussi bien vus que
sentis, dissocie dès lors les chemi-
nements respectifs du voleur, de
Michel et d’Anne-Marie, pour les
réunir dans un final devant lequel
quiconque aura eu la bonne idée
d’aller voirce film ne pourra empê-
cher ses larmes de couler. L’exploit
n’est pas mince s’agissant d’un
mélo dont les ressorts, empruntés
aux Pauvres Gens, de Victor Hugo,
sont à ce point politiques. Telle est
la grâce du cinéma de Guédiguian :
tirer de la fracture du monde
ouvrier un outil qui fracture le
cœur des bourgeois. p
Jacques Mandelbaum
Film français de Robert Guédiguian.
Avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre
Darroussin, Gérard Meylan, Grégoire
Leprince-Ringuet, Marilyne Canto, Anaïs
Demoustier, Adrien Jolivet (1 h 47).
de
Arne Lygre
mise en scène
Stéphane Braunschweig
du 4 nov. au 9 déc. 2011
un spectacle de
Jean-François Peyret
et Alain Prochiantz
mise en scène
Jean-François Peyret
du 17 nov. au 17 déc. 2011
www.colline.fr
01 44 62 52 52
0123
Mercredi 16 novembre 2011
ppp excellent ppv à voir
Les lois du base-ball appliquées à la crise Kassovitz retourne
Un film sur l’intérêt stratégique des seconds couteaux, dans le sport et en général
Le Stratège
ppv
S
port et cinéma sont, de
manière générale, deux disci-
plines qui vont bien ensem-
ble. L’une et l’autre trouvent dans
l’action et le suspense un terrain
commun, une émulation. Si la
pétanque tarde hélas à faire ses
preuves, la boxe, le football améri-
cain, le kung-fu, l’athlétisme,
l’équitation ou le football ont déjà
beaucoup servi. Cette vertu
cinégénique est si grande qu’il
n’est pas nécessaire d’aimer le
sport, voire d’en connaître les
règles, pour apprécier ses enjeux,
tels que le cinéma, ingénieuse
machine à universaliser les pas-
sions, se les approprie.
La preuve par l’absurde, du
moins en pays latin, nous est don-
née par le film de base-ball, ce
sport américain par excellence,
qui voit un garçon envoyer une
balle dans la direction d’un autre
qui la frappe comme un sourd à
l’aide d’un gourdin, puis qui court
en rond tandis que d’autres types
s’acharnent à rattraper la balle,
tout cela sans qu’on sache exacte-
ment qui joue avec ou contre qui.
Ces excentricités anglo-saxonnes
(le base-ball descend de cette aber-
ration anglaise qu’est le cricket !)
peuvent pourtant donner lieu à
un film qu’on regarde avec grand
plaisir, tel Le Stratège.
Adapté d’un best-seller écrit en
2003 par l’ex-trader Michael
Lewis, produit et interprété par
Brad Pitt, coscénarisé par l’orfèvre
Aaron Sorkin (« A la Maison Blan-
che », The Social Network, 2010) et
réalisé par Bennett Miller, qui
signe son deuxième long-métrage
après le remarqué Truman Capote
(2005), ce film relate un épisode
célèbre de l’histoire du base-ball.
L’histoire de Billy Beane (Brad
Pitt), un entraîneur d’une équipe
de moyenne envergure, les
Oakland Athletics, qui voit à la fin
Un Suédois devient l’archéologue des Black Panthers
A partir d’images d’archives, Göran Hugo Olsson retrace l’histoire du mouvement afro-américain
Black Power
Mixtape
ppv
I
mages surgies d’un passé
enfoui qui vit naître, aux Etats-
Unis, le mouvement des Black
Panthers. Exhumées par le docu-
mentariste Göran Hugo Olsson, fil-
mées entre 1967 et 1975, elles pro-
viennent des archives de la télévi-
sion suédoise, dont les journalis-
tes étaient alors ouvertement
engagés contre la guerre du Viet-
nam. Elles ont le grain épais, si
doux, du 16 mm, qui intensifie le
romantisme de la parole révolu-
tionnaire, magnifie les corps et les
visages de ceux qui la portent.
Le film associe des longues
séquences filmées à l’époque avec
Corps à vendre, âme hors d’atteinte
Diaphane et opaque, Emily Browning incarne une moderne Belle au bois dormant
Sleeping Beauty
ppv
C
’est un poison à diffusion
lente. Le trouble que suscite
la vision de Sleeping Beauty
ne fait pas son effet tout de suite. A
Cannes, où le film a été présenté en
compétition, on avait été frappé
par la minutie pointilleuse mise à
la composition du cadre, à cette
volonté de présenter la trajectoire
de Lucy (Emily Browning) comme
une suite de tableaux qui presque
tous auraient pu avoir pour titre
« Suzanne et les vieillards ».
Le temps faisant son œuvre, on
se souvient moins de ces raffine-
ments picturaux que de la détres-
pvv pourquoi pas
Brad Pitt interprète Billy Beane, l’entraîneur californien dont s’inspire le film. MELINDA SUE GORDON/COLUMBIA TRISTAR
de la saison 2001 ses meilleurs
joueurs lui échapper une nouvelle
fois pour rejoindre des clubs à la
puissance financière et au rayon-
nement plus attractifs.
Un casting au petit poil
Cette saison-là, plutôt que de
combler les trous de son équipe
avec des solutions de fortune,
Billy Beane décide, au risque de
s’aliéner le conseil d’administra-
tion et les supporteurs de son équi-
pe, de tout reprendre à zéro. Sa ren-
contre fortuite avec le jeune Peter
Brand (Jonah Hill, l’acteur obèse le
plus raffiné d’Amérique après
John Goodman) va l’y aider. Brand
est un homme effacé, mais un sta-
tisticien de génie, qui connaît les
joueurs du championnat sur le
bout de son ordinateur. A eux
deux, ils vont révolutionner la pla-
nète base-ball sur la base d’une
philosophie pragmatique : plutôt
des interviews contemporaines
d’artistes et d’intellectuels mon-
tées en off. Il ne prétend ni à l’ex-
haustivité ni à l’objectivité. La
démarche s’apparenterait plutôt à
celle du chineur : à partir d’un
fonds d’archives totalement
oublié, Göran Hugo Olsson a déci-
dé de ressusciter l’âme d’une épo-
que et de ses héros.
Ce qui frappe dans son film,
c’est la parole, sa force, son intelli-
gence, sa pertinence incontesta-
ble. Les discours du militant Sto-
kely Carmichael donnent le ton :
« Le Dr King prônait la non-violen-
ce. Il pensait que cela conduirait à
améliorer la condition des Noirs
aux Etats-Unis. Il considérait que si
vous êtes non violent, si vous souf-
frez, votre ennemi sera conscient
se qui perce sous le masque impas-
sible d’Emily Browning, la très
jeunefemme qui accepte de se lais-
ser endormir par un puissant nar-
cotique afin que les clients du bor-
del qui l’emploie puissent parta-
ger sa couche.
Julia Leigh,la réalisatrice de Slee-
ping Beauty, est romancière et
signe là son premier long-métrage.
C’est peut-être le souci de tenir à
distance le pouvoir des mots qui l’a
poussée à privilégier les images. La
première scène du film, qui mon-
tre Lucy en cobaye rémunéré, à qui
l’on enfile un tube dans la trachée-
artère, est particulièrement violen-
te. Ce qui suivra paraîtra du coup
sinon anodin, au moins plus doux.
vvv à éviter
vers l’enfer d’Ouvéa
que de constituer à prix d’or une
équipe de stars, ils choisissent des
demi-soldes en combinant leurs
atouts respectifs.
Cette dramaturgie, diablement
efficace sur le plan des résultats
de l’équipe d’Oakland comme sur
celui de la dynamique du récit,
n’est pas propre au film sportif. Le
film de guerre Les Douze Salo-
pards, de Robert Aldrich, fonction-
nait déjà, en 1967, sur ce schéma
éprouvé. Le Stratège bénéficie plei-
nement des vertus de cette para-
bole démocratique, qui veut
qu’une collection de rebuts du sys-
tème, transfigurés par un idéal,
triomphe d’un adversaire théori-
quement mieux armé. Dans un
milieu sportif où l’argent est deve-
nu roi, la fable prend la dimension
d’un magnifique exorcisme.
A cette vertu collective s’ajoute,
dans l’ordre des grandes valeurs
américaines, l’exaltation de l’indi-
de votre souffrance, il sera touché
au fond du cœur. C’est parfait tout
cela. Seulement son hypothèse
était fausse : pour que la non-vio-
lence puisse marcher, votre enne-
mi doit avoir une conscience. Les
Etats-Unis n’en ont pas ! »
Nécessité vitale
Un jeune homme de son temps,
tout ce qu’il y a de plus normal,
dont l’engagement apparaît
d’autant plus comme relevant
d’une nécessité impérieuse, vitale.
C’est aussi ce qui ressort de la paro-
le d’Angela Davis, l’égérie des Black
Panthers, l’autre grand personnage
de ce film. Une longue séquence la
montre en prison, interviewée par
un journaliste. La colère blanche
qui la gagne, lorsque celui-ci lui
La constante de la vie de Lucy res-
tant le peu de cas qu’elle fait de son
corps, qui n’estqu’un instrument à
générer de l’argent.
Soin presque maniaque
Qu’elle offre ses services dans
des orgies prétentieuses, qu’elle se
mette au service de la science ou
qu’elle dorme avec ses vieillards,
Lucy est une enfant perdue. Le scé-
nario dévoilera un peu des circons-
tances qui l’ont conduite à cet éga-
rement. Sur le moment, le soin
presque maniaque avec lequel
Julia Leigh (et son directeur de la
photographie Geoffrey Simpson)
met de l’ordre et de l’harmonie
dans ce qui n’est, après tout, que
vidualité. Billy Beane, auquel Brad
Pitt confère une présence atta-
chante et dépourvue de tout his-
trionisme, est taillé dans l’étoffe
de ces héros solitaires. Parce qu’il a
lecouragede s’élever contre un sys-
tème qui le met rapidement en
danger. Ensuite, parce que la révo-
lution stratégique qu’il met en
œuvre trouve ses racines dans une
douloureuse histoire personnelle,
Beane ayant été dans sa jeunesse
un joueur surdoué qui n’a jamais
su mettre à profit ses potentialités.
Ajoutez à cela un casting au petit
poil, des personnages secondaires
qui tiennent la route et un réalis-
me intelligemment documenté et
vous obtenez un beau film améri-
cain comme on les aime. p
Jacques Mandelbaum
Film américain de Bennett Miller. Avec
Brad Pitt, Jonah Hill, Philip Seymour Hof-
fman (2 h 13).
demande si elle approuve l’usage
de la violence, vaut tous les mani-
festes révolutionnaires.
Angela Davis fait aussi partie
des personnes interviewées au pré-
sent par Göran Hugo Olsson. Sa
voix, sereine et déterminée, réson-
ne en off, à différents moments du
film. Si le mouvement est mort,
étouffé à la fin des années 1970 par
lesassautsrépétésdu FBI,elleprou-
ve que la conscience de ses parti-
sans n’a pas faibli, que l’élection
d’un président Noir, plutôt que de
clore un chapitre, pourrait peut-
être avoir rouvert la page à l’en-
droit où il avait été refermé. p
Isabelle Regnier
Documentaire suédois de Göran Hugo
Olsson (1 h 33).
l’Australie urbaine du XXIe siècle
apparaît comme un obstacle. En
laissant filer le temps, on réalise
qu’il s’agissait plutôt d’un masque
cérémoniel, celui que porte cette
héroïne diaphane et pourtant opa-
que, qui incarne silencieusement
une génération qui, faute de rai-
sons de vivre, cherche des moyens
de survivre. C’est peut-être cette
triste réalité, plus que la nudité de
l’héroïne, qui a conduit les cen-
seurs français à interdire, en un
réflexe victorien, le film aux
moins de 16 ans. p
T. S.
Film australien de Julia Leigh. Avec
Emily Browning, Rachael Blake (1 h 44).
Pour évoquer le massacre de 1988, l’auteur
de «La Haine» lorgne du côté d’Hollywood
L’Ordre et la Morale
pvv
C
e film, Mathieu Kassovitz le
porte depuis des années. La
volonté de mettre à l’écran
le dernier chapitre des guerres
coloniales françaises – le massacre
de la grotte d’Ouvéa en Nouvelle-
Calédonie, en 1988 – transparaît à
chaque plan de L’Ordre et la Mora-
le. Il s’est heurté à tant d’obstacles
que le film a mis des années à voir
le jour et porte les stigmates de cet-
te gestation difficile : un scénario
surchargé d’informations, une dif-
ficulté permanente à se décider
entre plusieurs solutions cinéma-
tographiques, pour, au bout du
compte, passer de l’une à l’autre. Si
bien que ce film, le septième long-
métrage d’un cinéaste qui a fait ses
débuts il y a plus de vingt ans, res-
semble à une œuvre de jeunesse,
la naïveté en moins.
Le 22 avril 1988, un groupe d’in-
dépendantistes attaque une gen-
darmerieà Ouvéa,île septentriona-
le de la Nouvelle-Calédonie. Qua-
tre gendarmes sont tués, les
autres, vingt-sept, pris en otage. Ils
sont conduits jusqu’à une grotte
isolée par la jungle, au nord de l’île.
Le 5 mai, trois jours avant le
second tour de l’élection présiden-
tielle, l’armée française donne l’as-
saut. Elle perd deux hommes et
tue vingt-trois indépendantistes.
Quelques jours plus tard, la presse
(Le Monde, Libération, AFP) établit
que plusieurs militants kanak ont
été abattus après leur reddition.
Cette histoire, Mathieu Kasso-
vitz a choisi de la raconter à travers
les souvenirs du capitaine Philip-
pe Legorjus,chef du groupe d’inter-
vention de la gendarmerie natio-
nale. Envoyé avec ses hommes en
Nouvelle-Calédonie pour dénouer
la situation, Legorjus apparaît
dans le film comme le jouet de for-
ces contradictoires : la volonté de
revanche de l’institution militaire,
le lâchage des preneurs d’otages
par le FLNKS et – surtout – la rivali-
té au sommet de l’Etat entre Fran-
çois Mitterrand et Jacques Chirac.
Pour Philippe Legorjus, qui vient
de publier un nouvel ouvrage sur
le sujet (Ouvéa, la République et la
morale, avec Jacques Follorou,
journaliste au Monde, Plon, 210 p.,
18,90 euros), le premier ministre
tenait à apparaître comme un
homme d’ordre face aux « barba-
res » pendant que le président de
la République a laissé donner l’as-
saut pour ne pas avoir l’air faible.
25 nov – 17 déc 2011
Théâtre de l’Odéon 6e
d’après Un Tramway nommé Désir
de Tennessee Williams
mise en scène Krzysztof Warlikowski
avec Isabelle Huppert, Andrzej Chyra,
Florence Thomassin, Yann Collette,
Renate Jett, Cristián Soto
«Warlikowski tourne la page du réalisme
psychologique pour aborder Blanche du côté du
mythe au même titre que Phèdre ou Médée...»
Patrick Sourd, les Inrockuptibles, février 2010
Odéon-Théâtre de l’Europe
01 44 85 40 40 • theatre-odeon.eu
Tarifs de 6€ à 32€
cinéma 21
Mathieu Kassovitz s’est attri-
bué le rôle de Legorjus, qu’il mon-
tre comme un juste soucieux de
faire prévaloir le droit contre la for-
ce. C’est par son regard que l’on
découvre les preneurs d’otages
emmenés par Alphonse Dianou
(le débutant Iabe Lapacas), idéalis-
te presque mystique. Mais avant
cela, il a fallu passer par le prolo-
gue, qui montre l’affrontement
final, la bataille dans la jungle dont
les sons parviennent distordus à
un narrateur dont on entend la
voix. On retrouve des procédés du
cinéma spectaculaire américain,
et ce penchant de Mathieu Kasso-
vitz se heurte constamment à son
souci d’analyse historique.
Le meilleur de L’Ordre et la
Morale se trouve dans la peinture
des mœurs militaires. S’il est une
institution que le cinéma français
néglige depuis la fin de la guerre
d’Algérie, c’est l’armée. On la voit
ici à l’œuvre, chargée du poids de
S’il est une institution
que le cinéma français
néglige depuis
l’Algérie, c’est l’armée
son histoire, de ses rituels et de ses
réflexes de castes. Le portrait n’est
pas complaisant, d’autant qu’à la
rigiditéde l’armée de terre le scéna-
rio oppose l’humanité et le réalis-
me de la gendarmerie. Mais il y a là
un exercice rigoureux qu’on n’a
pas l’habitude de voir au cinéma.
Sans doute inquiet de rebuter
son public, Kassovitz tente de faire
pencher la balance du côté de l’ac-
tion, du suspense. Celui-ci existe
de toute façon, par le jeu des ulti-
matums et des rebondissements
(dès leur arrivée à Ouvéa, une par-
tie du groupe du GIGN a été à son
tour capturée par les indépendan-
tistes), mais les paroxysmes sont
exacerbés par la musique, les
effets spéciaux.
Or cette efficacité se révèle tout
sauf efficace. Elle brouille par
moments le travail d’analyse,
empêche les acteurs de prêter à
leurs personnages la complexité
que l’on pressent. Si bien que le
courage et la persévérance dont
procèdeL’Ordre et la Morale ne por-
tent pas tous leurs fruits. p
T. S.
Film français de et avec Mathieu Kas-
sovitz. Avec Iabe Lapacas, Malik Zidi,
Alexandre Steiger (2 h 16).
Direction Olivier Py
© element-s / Licence d’entrepreneur de spectacles 1039306

22 cinéma
ppp excellent
JamesCameronmetle«Titanic»enrelief:
«L’erreuraétédepassertouslesplansen3D»
Le réalisateur revient sur les difficultés et les avantages de cette technologie
Rencontre d’un bout à l’autre, il faut être à
environ 300 mètres et, à cette dis-
Los Angeles tance, vous ne voyez pas l’angle de
Correspondante parallaxe, donc cette image-là ne
doit pas être en trois dimensions.
E
n avril 2012, cent ans après le Dans un plan panoramique, je
fameux naufrage, le Titanic leur demande de convertir seule-
de James Cameron va à nou- ment le premier plan en 3D… mais
veau voguer sur les écrans du on les a embauchés pour conver-
monde entier, avec Rose et Jack à tir et donc ils mettent de la 3D par-
son bord, mais cette fois… en trois tout ! [Rires.]
dimensions. Aux studios Fox de Un exemple de difficulté ?
Los Angeles, le 9 novembre, le réa- Dans la scène où Rose et Jack
lisateur américain a dévoilé en échangent un billet, à l’arrière-
avant-première dix-huit minutes plan, il y a une table avec une lam-
d’images converties en 3D stéréos- pe qui est floue en 2D mais, en 3D,
copique, dont plusieurs scènes- comment faire ? Compresser la
clés du film de 194 minutes. profondeur pour éloigner la table
Revoir ainsi Kate Winslet et Leo- de nos yeux ? Un réalisateur doit
nardo DiCaprio s’embrasser – concentrer l’attention sur l’action
mais cette fois en relief – à la principale, mais la 3D complique
proue du navire dans le soleil ça. Heureusement que je filme
levant, grâce à cette conversion avec un sens de la profondeur et
soigneusement supervisée par le de l’environnement et avec des
réalisateur, avec une équipe de focales plus courtes, donc l’adapta-
300 artistes et un budget de quel- tion en 3D est plus naturelle.
que 13 millions d’euros. Le résultat James Cameron à Hollywood, en janvier. JASON LA VERIS/FILMMAGIC/WIREIMAGE Vous continuez vos plongées
est saisissant. sur l’épave du « Titanic » ?
Quel est le processus de conver- nous avons aussi refait un master ment bon, mais deux ou trois J’ai tourné le film parce que je
sion de « Titanic » en 3D ? numérique très haute définition étaient acceptables, et nous avons voulais explorer l’épave. J’ai plon-
Il faut assigner une profondeur du film, qui donne une image par- choisi Stereo3D pour la qualité de gé douze fois pendant le tournage
à chaque objet, chaque élément de ticulièrement nette. C’est la seule l’échange créatif que nous avons et, depuis, en tout trente-trois
chaque personnage dans chaque manière, sans compromis, d’envi- avec eux. Nous faisons avancer la fois ; nous avons exploré 65 % du
plan, chaque cheveu de la tête, et sager la conversion, pour obtenir méthodologie de la conversion, navire. La grandeur et la majesté
de façon arbitraire ; on connecte le même résultat que si on avait nous leur apprenons le processus du Titanic sont encore là, surtout à
les points pour créer un filet tourné en 3D. créatif d’évaluation d’un espace l’intérieur, où l’on trouve des espa-
[mesh], ensuite je travaille image Faites-vous évoluer la technolo- en trois dimensions, et les résul- ces très bien préservés, de grands
par image pour obtenir la profon- gie de la conversion en postpro- tats sont meilleurs qu’au début. lits en cuivre, des chandeliers et,
deur adéquate. Puis il faut faire duction ? Les erreurs à éviter ? dans une suite – dont l’occupante
des corrections numériques, par- Nous avons demandé des tests La première erreur a été de a survécu –, un miroir intact, un
ce qu’en ajoutant de la profon- à sept sociétés spécialisées dans la convertir tous les plans en 3D. Ain- bassin de toilette. J’éprouve un
deur on perd certains détails. Et conversion, et aucun n’était vrai- si pour voir le bateau en entier sentiment étrange de « déjà-vu »
quand je flotte dans cet engin
robotique et que je me promène
dans ces lieux au fond de l’Océan.
J’ai dû passer plus de temps sur le
pont du Titanic que le capitaine
Le récit lumineux Smith !
d’une révolte joyeuse. TÉLÉRAMA Cent ans après, quelle leçon
tirer de ce naufrage ?
Une œuvre salutaire. ### STUDIO CINÉ LIVE Le Titanic – et je ne parle pas du
film – est une histoire forte, écrite
comme un bon roman, sauf que ce
L’histoire d’une action n’est pas de la fiction. L’arrogance
de foncer à pleine vapeur dans un
collective digne d’un western. LE MONDE champ d’icebergs, parce qu’on se
TOUSAU
sent grand et invincible, ça ne
ELZÉVIR FILMS
PRÉSENTE vous rappelle rien ? Ils ont vu l’ice-
berg, mais ils n’avaient pas le
LARZAC
temps de faire demi-tour à cause
de leur taille et de leur vitesse. La
métaphore du Titanic se répète et
s’applique au changement climati-
que actuel, nous savons que ça
vient vers nous, mais… qui aura
droit aux canots de sauvetage ? p
Propos recueillis par
UN FILM DE CHRISTIAN ROUAUD Claudine Mulard
« Les Immortels »
en tête du box-office
nord-américain
Lointainement inspiré de la
mythologie grecque, le film
Les Immortels a pris la tête du box-
office nord-américain dès son pre-
mier week-end d’exploitation,
avec 32,2millions de dollars
(23,6millions d’euros) de recette
engrangés de vendredi 11 à diman-
che 13novembre. Le péplum devan-
ce une autre nouvelle sortie, Jack
et Julie, une comédie dans laquelle
Adam Sandler interprète un père
de famille dont la vie est boulever-
sée par l’arrivée de sa sœur jumel-
le, interprétée par… Adam Sandler,
qui obtient 25 millions de dollars
d’entrées. Il devance Le Chat Potté,
le dessin animé de Dreamworks,
qui dégringole de sa première pla-
ce, avec 24,7millions de dollars,
mais a dépassé ce week-end la bar-
re des 100 millions de dollars
engrangés depuis sa sortie. – (AFP.)
Crédits non contractuels • Design : Benjamin Seznec / TROÏKA
Cuba rend hommage à
Gabriel Garcia Marquez
AU CINÉMA LE 23 NOVEMBRE
http://blogpartenaire-larzac.blogs.liberation.fr/blog/
Le 33e Festival de cinéma de
La Havane (du 1er au 11 décembre)
rendra hommage à un de ses fon-
dateurs, Prix Nobel 1982 de littéra-
ture, le Colombien Gabriel Garcia
Marquez, en diffusant six films
basés sur ses œuvres. – (AFP.)
0123
Mercredi 16 novembre 2011
ppv à voir pvv pourquoi pas vvv à éviter
Les films de la semaine
nRetrouvez l’intégralité nQu’ils reposent en
de la critique sur Lemonde.fr
ppvà voir
révolte
Documentaire français de Sylvain
George (2 h 33).
A Calais, des migrants espèrent
The Black Power Mixtape passer au Royaume-Uni. La durée
Film suédois de Göran Hugo du film, le noir et blanc, le refus de
Olsson (1 h 33). la narration se veulent poétiques.
Les Neiges Au spectateur de décider si l’atten-
du Kilimandjaro tion et l’endurance demandées
Film français de Robert sont payées de retour. p T. S.
Guédiguian (1 h 47). nNuit blanche
Le Stratège Film français de Frédéric Jardin
Film américain de Bennett Miller (1 h 38).
(2 h 13). Un flic dérobe une valise de dro-
Sleeping Beauty gue. Le gangster kidnappe son fils
Film australien de Julia Leigh et lui donne rendez-vous dans sa
(1h44). discothèque. Tout le film se dérou-
nColorful le en une nuit dans le night-club,
Film d’animation japonais de avec une valise qui joue la fille de
Keiichi Hara (1 h 54). l’air, des truands, des flics et des
L’esprit d’un mort revient à la vie rebondissements. Le tout marche
dans le corps d’un adolescent sui- à l’adrénaline, mais bute sur l’in-
cidé. Le revenant tente de com- carnation. p J. M.
prendre ce qui a poussé à bout le nUne trop bruyante
garçon et s’interroge aussi sur sa solitude
vie passée. Cette fable poétique Film franco-tchèque de Vera Caïs
offre une vision très dure de l’ado- (1 h 30).
lescence et du Japon en général, Cette adaptation d’une nouvelle
mais témoigne au final d’un bel du Tchèque Bohumil Hrabal met
optimisme. p Sophie Walon en scène l’histoire d’un presseur
nLes Petites Voix de papier alcoolique féru de littéra-
Film colombien de Jairo Eduardo ture, chargé de mettre au pilon les
Carrillo et Oscar Andrade (1 h 15). objets de sa passion. Le film ne par-
Ce documentaire animé est basé vient pas s’émanciper de la gan-
sur des récits et des dessins d’en- gue littéraire de cette parabole
fants qui ont grandi dans le chaos. antitotalitaire. p J. M.
A travers leur regard, on découvre
la réalité d’une population prise
au piège. Le résultat, d’une forme
vvvon peut éviter
enfantine, mais d’un fond drama- nTwilight, chapitre IV :
tique, est d’une puissance évoca- Révélation (1re partie)
trice bouleversante. p S. W. Film américain de Bill Condon
(1 h 57).
Bella épouse le vampire
pvvpourquoi pas Edward. Elle tombe enceinte,
L’Ordre et la Morale mais sa grossesse se transfor-
Film français de Mathieu me vite en cauchemar. Elle pré-
Kassovitz (2 h 16). fère cependant risquer sa vie
nLa Femme du Veme plutôt que de renoncer à don-
Film franco-polonais de Pawel ner naissance à ce petit vampi-
Pawlikowski (1 h 33). re… Outre les entorses faites à
Les écrivains américains aiment la mythologie vampirique, on
Paris. Ils sont également sujets à reste perplexe devant l’idéolo-
des hallucinations. Douglas Ken- gie de ce film. p S. W.
nedy a mêlé ces deux traits dans nJeanne Captive
La Femme du Veme, dont voici Film français de Philippe Ramos
(1 h 32).
l’adaptation. Malgré l’aptitude
d’Ethan Hawke à communiquer
son trouble et l’élégance de Kristin
La captivité de la Pucelle lourde-
ment expliquée. Comme l’image
Scott Thomas, le film suit les sen- numérique n’enlumine pas vrai-
tiers battus du fantastique. p T. S. ment la légende, on se retournera,
n50/50 en cas d’envie pressante de Jean-
Film américain de Jonathan Levi- ne d’Arc, vers quelques-uns des
ne (1 h 40). films qui ont précédé. p T. S.
Jonathan Levine a fait de son expé- nBeirut Kamikaze
rience du cancer le sujet d’une Documentaire libanais de Christo-
comédie. Il donne au comique phe Karabache (0 h 59).
une dimension acide, dépressive. La caméra brinquebalante, Christo-
Mais il rate d’autres choses : le trai- phe Karabache filme des lieux
tement sans nuances des person- dévastés par les bombardements
nages féminins, un scénario un et la pauvreté, des parcelles de
peu trop lisse et linéaire, et même corps : décolletés généreux des
Seth Rogen qui se contente de fai- femmes, morceaux de jambes… Ce
re ce qu’il fait toujours, de maniè- ciné-tract s’apparente plus à une
re un peu mécanique. p I. R. éructation qu’à un brûlot. p I. R.
Les meilleures entrées en France
Evolution
Nombre de par rapport Total
semaines Nombre Nombre à la semaine depuis
d’exploitation d’entrées (1) d’écrans précédente la sortie
Intouchables 2 2 599 186 603
57% 4 804 618
Les Aventures
de Tintin : 3 603 241 850 – 28% 4 689 074
Le Secret de la Licorne 
Contagion 1 350 066 377  _ 350 066
Mon pire cauchemar 1 326 182 420  _ 326 182
Polisse 4 236 468 571  – 18% 1 918 801
On ne choisit 1 200 408 480 _ 200 408
pas sa famille 
Toutes nos envies 1 142 925 247  _ 142 925
La Source 2 124 737 344
des femmes  – 34% 357 967
Un monstre à Paris 5 107 118 617  – 26% 1 516 721
The Artist 5 79 035 413  – 33% 1 392 935
Source : Ecran Total (1) Période du 9 au 13 novembre inclus
Le succès d’Intouchables était sans doute prévisible, mais le phéno-
mène est encore plus massif qu’on ne le pensait : lesté de cent salles sup-
plémentaires (ce qui les porte à six cents) après une première semaine
explosive, le film cumule en deuxième semaine deux millions six cent
mille entrées et fédère plus de quatre mille spectateurs par salle, tant à
Paris qu’en province. C’est donc le meilleur lancement de l’année après
Rien à déclarer, de Dany Boon (huit millions d’entrées). Ce raz-de-marée
ne nuit pas à la carrière des autres films : Tintin, Contagion et Mon pire
cauchemar réalisent, parmi d’autres, des scores très enviables. Le ciné-
ma se porterait-il mieux en temps de crise ?
0123
Mercredi 16 novembre 2011 & vous 23
140caractères pour s’illustrer
A quoi sert twitter ? A faire du twitterArt partout sur la planè-
te. A chaque actualité, des artistes se répondent avec des
œuvres en 140 caractères dans la lignée du ASCII art
(@140Artist, @agregart, @Karen_Eliot, @AndreaPacione
etc). A retrouver par « #twitterArt ».
D’autres membres ont entrepris de répondre à la question en
utilisant des phrases courtes, twitto-compatibles : « A tenter
des choses qu’on n’arriverait pas à faire tout seul dans son
coin » (@lmargantin). « A repousser les limites du monde
actuel » (@AliQuandOo). « A fendre les airs sur un balai de sor-
cière, à chuchoter tout haut, à poser des liens comme on tape
sur l’épaule » (@v_clayssen). « A bifurquer lors des journées
moroses » (@angkhistrophon_). « A faire semblant de croire
que notre vie est un roman qui s’écrit tweet après tweet »
(@Karinesperanto). « A rigoler en lisant des gens dont tu
n’aurais pas soupçonné un humour aussi aiguisé »
(@iamdewi). « A vivre totalement d’un doigt » (@dbourrion).
« A procrastiner alors qu’on devrait être en train d’écrire un
chapitre de sa thèse » (@mXli1). « A envoyer des sandwichs
kokoreç depuis Istanbul à ses amis (c’est l’intention qui comp-
te !) » (@ayserin). « A penser que jamais on ne va mourir (pas le
temps, trop de tweets à lire) » (@lucdall). A retrouver par le
hashtag « #aquoiserttwitter ». p L. Be (PHOTOS DR)

SeptfamillespourplongerdanslagalaxieTwitter
Notre reporter s’est immergée dans l’univers des microblogueurs. Décryptage de ce monde prolifique

Tendance lisées réseaux sociaux, nouveaux moitié du chiffre d’affaires de

medias, vous serez sûrement inté- Citrus Etoile, son restaurant, à

B
ientôt trois millions de twit-
tos (usagers de Twitter) en
France, selon Médiamétrie.
Une performance, certes, mais
cela fait tout de même 36 millions
d’internautes qui n’y ont pas goû-
té et se demandent : A quoi sert
donc Twitter ? Alors que le mot
« tweet » » va faire son entrée dans
le Larousse 2013 (publié en
juin 2012), le site de microblog-
ging continue à être clivant dans
l’Hexagone : Il y a les accros à ces
messages de 140 caractères et… les
autres.
Repaire de narcisses, activité
chronophage, contenu inepte, la
twittosphère est vite rhabillée par
ses détracteurs. Certains pion-
niers (webjournalistes, blogueurs)
trouvent déjà que c’était mieux
avant que de nouveaux venus
(ados, non-initiés…) commencent
à y raconter n’importe quoi, n’im-
porte comment. Et pourtant… qui
que vous soyez, une plongée dans
Twitter, qui rassemble 200 mil-
lions de personnes dans le monde,
peut être intéressante, drôle, sur-
prenante. Il faut juste savoir où
aller, quels comptes (symbolisés
par@+ nom) suivre et… se limiter
dans le temps ! Qui sait, aurez-
vous peut-être envie de tweeter
(écrire des tweets) à votre tour ?
Petit jeu – éminemment subjec-
tif – des 7 familles pour trouver cel-
les qui peuvent vous tenter.
Les « mains dans le cambouis »
C’est la famille des « vrais gens » :
un métier qui n’est ni dans la com-
munication ni dans la politique,
un domicile souvent loin des capi-
tales. Ceux-là racontent leur quoti-
dien, leur point de vue, s’entrai-
dent. Comme@jaddo_fr, médecin
généraliste, @mademoiselleAA,
infirmière, ou@Dr_stephane,
médecin de campagne. On y trou-
ve également des pédiatres, neuro-
logues, psychiatres… L’Education
nationale est aussi un vivier. Lau-
rence Juin (@frompennylane),
professeur de français et d’histoi-
re-géo, utilise Twitter en classe.
Delphine Regnard (@drmlj) pro-
fesseur de français, latin et grec à
Mantes-la-Jolie est très Web 2.0.
D’autres métiers assez secrets
s’y épanchent : des avocats
(@Maitre_Eolas, une star de Twit-
ter en France,@MaîtreMo), des
juges (@jugedadouche), des poli-
ciers (@PJ_un_jour). Des prêtres
aussi, comme @abbegrosjean du
diocèse de Versailles ou
@Emmanuelpic du diocèse de
Dijon. Quant à @jobdecrevard, ce
compte publie les annonces de
« jobs sous-payés grâce à la crise ».
Edifiant.
Les « arty » Le monde du design,
notamment graphique, s’est vite
emparé de Twitter, comme
l’irlandais@DavidAirey ou la
Belge@vpieters, et s’envoie
tuyaux, liens intéressants, sources
d’inspiration. Les créatifs de la cou-
@adefaut, animé par Maxime M. (@justinbiebiere), organise, par Twitter et depuis septembre 2010,
un projet artistique collaboratif nommé « #24 » : 24 participants, un thème et, au final, des mosaïques
créatives visibles sur Adefaut.fr. Six sujets ont été proposés, ci-dessus « Ta gueule Twitter ! ! !». ADEFAUT.FR
ture sont moins prolixes. Il y a bien
@Karl_lagerfeld (781 875 followers
ou abonnés), qui distille une pen-
sée (plutôt crédible) par mois
mais… c’est un faux, dixit la mai-
son Chanel ! Les grandes maisons
de couture tweetent la bonne paro-
le officielle, mais seul le duo Vick-
tor and Rolf (@Vicktor_and_Rolf)
alimente un compte propre. Côté
musique, lady Gaga (@ladygaga,
15,8 millions de followers, le record
mondial) travaille le tweet marke-
ting à échelle planétaire suivi de
@justinbieber (14,4 millions).
Mais il faut chercher dans les
coins. Vous y trouverez Slash,
ex-guitariste des Gun & Roses
(@slash, 1 million) ou par exemple
@ThomasDutronc, qui a pris la
Microblogging, mode d’emploi
COMMENÇONS par la définition :
Twitter – de tweeter, gazouiller en
anglais – est un réseau de micro-
blogging. Vous publiez des messa-
ges de 140 caractères maximum
et vos followers (ou abonnés dans
la version française) peuvent les
lire. Nul ne vous empêche d’être
« twitto-passif » : Il s’agit alors de
s’abonner à des comptes et de sui-
vre leurs tweets.
Pour rentrer dans l’aventure, il
faut aller sur Twitter.com et s’ins-
crire. Si vous choisissez le pseudo
« opossum », votre compte
sera@opossum. Vous pouvez
bien sûr choisir votre vrai nom.
Ça y est. Vous y êtes. Sur l’écran
apparaît votre « Timeline ». Vide
au départ, elle se remplira des
tweets des gens que vous suivrez.
Pour démarrer, aller dans la fenê-
relève de @jacques_dutronc, dont
le compte est délaissé après un der-
nier tweet : « Je n’ai strictement
rien à dire. Mais je tiens à ce que ça
se sache. » Des écrivains commen-
tent à chaud, comme
@BretEastonEllis. Notons l’élégan-
ce de @david_Lynch, qui vous
nomme « Dear twitters friends » et
en appelle aux twittos, comme le
21 octobre : « Décrivez-moi vos
rêves pour le futur. »
Dans une logique encore plus
participative, @adefaut lance des
projets collectifs comme actuelle-
ment un appel à photos sur le thè-
me « se jeter à l’eau ». Des exercices
d’écriture à plusieurs apparais-
sent (@Voldumag,
#twitrature »…)
tre – tout en haut avec la petite
loupe, ne pas confondre avec la
fenêtre pour tweeter – et rentrer
un nom. Twitter vous suggérera
une liste de comptes à suivre se
rapprochant de votre recherche.
Vous choisissez un compte, cli-
quez sur « suivre » et… vous êtes
devenu un follower.
Hashtag
Un conseil. Si vous choisissez
des gens connus, vérifiez la présen-
ce d’un petit macaron bleu certi-
fiant que ce n’est pas un impos-
teur. D’ailleurs, en vous abonnant,
vous aurez la surprise de voir des
comptes qui vous demandent la
réciproque, une politesse sur Twit-
ter. Ça y est, vous avez des fol-
lowers! Pour comprendre les
micromessages qui défilent
Les « commentateurs » C’est le
cœur du réacteur de Twitter. Cette
famille regroupe journalistes, blo-
gueurs, consultants. Ainsi, à cha-
que actualité, le milieu journalisti-
que tweete, retweete, s’écoute à la
radio (pendant des « clics et des cla-
ques » sur Europe 1 de 20 heures à
21 heures avec @laurentguimier,
@guybirenbaum, @DavidAbiker)
puis retweete encore. L’audience
mondiale aidant, tous les grands
organes de presse y sont, de CNN
(@cnnbrk) à Al-Jazira
(@AjEnglish) et mettent en avant
leurs infos – osons l’autopromo :
@lemondefr (436 000 followers).
En France,certaines revues de pres-
se, comme celle de @GillesKlein,
sont prisées. Pour des infos spécia-
devant vos yeux, un indice supplé-
mentaire: # est un hashtag utilisé
de plusieurs manières. Ce peut
être un mot-clé : #primairePS ou
#sarkozy désignent des sujets
récurrents sur Twitter. Le hashtag
permet de les retrouver facile-
ment. Ainsi le tweet « Tariq Rama-
dan face à Alain Finkielkraut
#CSOJ 8/11/2011 » annonce un
débat télévisé. Inscrire le hashtag
#CSOJ (pour l’émission « Ce soir ou
jamais») dans la barre de recher-
che permet de faire apparaître
tous les tweets possédant ce mot-
clé et donc se référant au débat.
Mais le « #» permet aussi de fai-
re un pas de côté, cynique ou
humoristique, pour commenter
la phrase que l’on vient d’écrire.
Exemple : « On m’a encore deman-
dé d’écrire un article de merde
ressés par @jeanlucr et
@EricScherer.
Les « je suis twitto-influent »
Twitter est, pour certain, le lieu du
personnal branding, la construc-
tion d’une image de marque per-
sonnelle. Mais comment mesu-
re-t-on son influence ? Des socié-
tés telles que Klout – américaine –
et PeerIndex – britannique –
annoncent pouvoir l’évaluer, mais
leur approche est peu transparen-
te. Les travaux du chercheur Krish-
naP.Gummadi, du Max Planck Ins-
titute, sont plus explicites : « L’in-
fluence d’un membre, c’est-à-dire
l’impact de ses actions de commu-
nication sur les autres membres,
dépend moins du nombre de fol-
lowers que du taux de citation dont
il bénéficie », expliquent les cher-
cheurs Nikos Smyrnaios et Ber-
nard Rieder, qui ont appliqué ces
conclusions à la twittosphère jour-
nalistique française (étude
publiée le 2 novembre sur le site
Inaglobal.fr).
Dans le peloton des comptes
personnels les plus fréquemment
cités sur la période étudiée (du
15 février au 15 avril) :
@guyBirenbaum, @GillesKlein,
@AlexHervaud, @vincentglad,
@SamuelLaurent, @DavidAbiker,
@MMaestracci, @egaucher,
@l’actualaloupe, etc... Notons
cependant que, outre-Atlantique,
les échelles sontdémultipliées, cer-
tains journalistes dépassant le mil-
lion de followers comme
@NickKristof, éditorialiste au
New York Times. D’ailleurs, chaque
secteur a ses twitto-influents. Ain-
si, le chef cuisinier Gilles Epie
(@gillesepie) photographie quoti-
diennement ses plats. « Un de mes
derniers tweets a été repris par
@MarthaStewart, spécialiste du
lifestyle [2,4 millions de followers],
explique-t-il. En quelques minutes,
ma purée de pomme de terre au
basilic a fait le tour du monde. » La
#jaimemontravail. »
Les tweets sont parfois des
réponses à d’autres tweets. Le mes-
sage commence alors par un@…
désignant le destinataire de la
réponse. Un RT signifie un
re-tweet (pour partager avec ses
followers un tweet). Deux comp-
tes qui se suivent mutuellement
peuvent correspondre en privé
par DM (pour direct message).
Le vendredi, vous verrez défiler
des tweets du type
« #FF@x@y@z », car vendredi, à
l’image du Casual Friday anglo-
saxon, c’est Follow Friday !
L’auteur invite@x@y et@z, dont
il pense qu’ils peuvent s’enten-
dre, à se suivre mutuellement.
Pour le reste, on apprend… en
tweetant. p
Laure Belot et Mathias Hosxe
Paris, provient d’une clientèle
internationale.
Les « messages à faire passer »
Les ONG se sont emparées de Twit-
terpour communiqueren s’affran-
chissant de la barrière journalisti-
que (@restosducœur,
@croixRouge, @greenpeace,
@Hrw…). Twitter est également
utilisé pour doper l’audience d’ini-
tiatives inédites. Ainsi, le compte
@NobelWomen relaie le projet de
six femmes Prix Nobel de la Paix
(Jody Williams, Shirin Ebadi, Wan-
gari Maathai, Rigoberta Menchú
Tum, Betty Williams and Mairead
Corrigan Maguire) défendant le
droit des femmes. Pour se rensei-
gner sur une cause, procéder par
mots-clés : rentrer dans le champ
rechercher « #indignés » ou
« #occupywallstreet » fait apparaî-
tre tous les tweets sur le sujet.
Les « ça donne des idées » Tout
le monde n’a pas la chance d’avoir
un copain Prix Nobel. Le prolifi-
que éditorialiste du New York
Times Paul Krugman
(@NYTimeskrugman), Prix Nobel
d’économie 2008, tweete l’intitu-
lé de ses billets de blog ainsi qu’un
lien pour y avoir accès. L’éminen-
te sociologue Saskia Sassen
(@SaskiaSassen), spécialiste des
villes, tweete assidûment et suit
les comptes d’historiens et d’urba-
nistes pointus… @laviedesidees
annonce dossiers et articles de la
revue. Le compte des conférences
TED (@TEDTalks) tweete le titre
de ces rendez-vous branchés et le
nom des intervenants. Histoire
de prendre le pouls des innova-
tions. Une recherche par mot-clé
(exemple : #sociology) vous sug-
gère des comptes intéressants,
etc.
Les « ça fait du bien » A chacun
de trouver son rituel. Entrer le
mot-clé « #ppcs » permet d’affi-
cher les premières paroles de
consultations (drôles et anony-
mes bien sûr) tweetées par des
médecins… Comme si on écoutait
par le trou de la serrure !
Consulter@Tweets2comptoir et
vous aurez un florilège de bons
tweets publiés. Rendre visite à des
twitter-artistes aère l’esprit com-
me @140Artist. Les amateurs de
bonne chère pourront fantasmer
sur les recettes de @lacuillère.
Plus cérébral, le compte
@1jour1mot fait découvrir des
mots rares accompagnés de leurs
définitions. Quant aux fans des
Monty Python, n’hésitez plus à
suivre le fringant septuagénaire
@johnCleese… Twitter permet le
grand écart, passant sans l’ombre
d’un clic du spirituel @dalailama
– ce n’est pas lui à la souris mais
son équipe – à @yokoono, compa-
gne à vie de John Lennon, qui culti-
ve, sur Twitter, son image d’artiste
fumeuse de moquette. p
Laure Belot

24 disparitions
Ecrivain, créateur de la maison d’édition Actes Sud
Hubert Nyssen
H
ubert Nyssen, qui est
mort samedi 12 novem-
bre, chez lui, au Paradou,
près d’Arles, des suites
d’une leucémie, à l’âge de
86 ans, aimait tellement
la vie, était si curieux de tout – des mots,
despaysages,despersonnes–qu’onnepen-
sait ni à son âge ni à sa possible mort.
Lavieillesse,il enparlaitavecsatranquil-
lité de fumeur de pipe, en 2008, en fêtant
les trente ans de sa maison d’édition, Actes
Sud. Il en faisait aussi le diagnostic dans ses
carnets, sur son site – www.hubertnys-
11 avril 1925 Naissance à Bruxelles
1968 Installation en Provence, au Para-
dou, à quelques kilomètres d’Arles
(Bouches-du-Rhône)
1973 Premier roman,
« Le Nom de l’arbre » (Grasset)
1978 Fonde les éditions Actes Sud
1986 Edite Nina Berberova
2000 Transfère progressivement
Actes Sud à sa fille Françoise
12 novembre 2011 Mort au Paradou
sen.com –, lui qui avait adopté avec joie cet
apport de la modernité : « Le vieillissement
ne consiste pas dans un lent déclin, mais
dans une suite de sauts à l’élastique. On est
soudain poussé dans le dos, on plonge, on
voit l’abîme d’un peu plus près, on rebondit
plusieurs fois, et, avec un peu de chance, on
se rétablit, mais jamais au niveau d’où l’on
avaitsauté.Cependant,àceluioùl’on s’arrê-
te, j’en ai fait l’expérience, on peut s’établir
pour une période assez longue. » Mais il
savait, et le disait sereinement, qu’il y a un
dernier « saut à l’élastique » dont on ne
revient pas.
L’aventure d’Actes Sud – un ensemble
regroupantneufdépartements etseptmai-
sons d’édition associées –, qui a pris sa pla-
ce parmi les importantes maisons d’édi-
tionfrançaise,acommencé dansuneberge-
rie, en 1978, avec 20 000 francs, comme
une petite entreprise artisanale. « Tout est
advenu par ma grand-mère tourangelle,
qui avait épousé un professeur belge, disait
au Monde Hubert Nyssen en 2008. Dans
mon enfance bruxelloise, elle m’a persuadé
que j’étais belge par accident et m’a
conseillé de partir pour la France, pour le
Comtat Venaissin. C’est elle aussi qui m’a
initié à la lecture, m’a fait comprendre ce
qu’était la traduction, en me lisant et com-
mentant Cervantès, et m’a donné ce goût
charnel des livres.»
LejeuneBelgenéàBruxelles,quidevien-
dra français en 1976, a attendu 1968 pour
suivreles conseils desa grand-mèreet déci-
der de se consacrer à ses passions : le Sud,
l’écriture, l’édition. C’est en 1968, avec sa
seconde épouse, Christine Le Bœuf, qu’il
s’installe au Paradou, dans la vallée des
Baux, à quelques kilomètres d’Arles. Dans
la bergerie de son mas, il crée, avec un asso-
cié, un Atelier de cartographie thématique
et statistique (Actes).
Il commence par l’écriture et publie en
1973 son premier roman, Le Nom de l’arbre,
Anne-Marie Garat:
«Un éveilleur de livres»
ROMANCIÈRE et essayiste, Anne-Marie
Garat a rejoint les éditions Actes Sud en
1998 pour publier notamment L’Amour
de loin (1998), Les Mal famées (2000), La
Rotonde (2004) ou Hongrie (2009). Avec
chaleur et affection, elle témoigne de
l’homme gourmand de mots et de livres
que fut son éditeur.
Nous dirons tous, écrivains
Y qui l’avons connu, quel très
grand éditeur nous a
accueillis dans sa maison, dans sa vraie
maison des livres, comment il était bâtis-
seur d’imaginaire et de pensée ; un décou-
vreur et un éveilleur de livres.
Comment il les appelait avant qu’ils
ne soient écrits par contagion amoureu-
se. Il en donnait le courage par le sien, le
désir par celui qu’il en avait, et combien il
savait entendre ce qu’on ne savait pas
encore de soi, sans jouer d’intimidation
ni d’autorité, parce que lui-même était
écrivain, embarqué dans pareil inconnu ;
Hubert Nyssen, en 2009, chez lui, près d’Arles. BRUNO BARBEY/MAGNUM
paruchez Grasset. Une quinzaine suivront.
Il est alors prêt pour passer à l’étape sui-
vante, l’édition. Il pensait être un « pas-
seur » amateur et croyait que publier, par
plaisir, une centaine de titres suffirait à
son bonheur. Ses livres ont été vite remar-
qués par leur format atypique, 10 × 19, et
leurs couvertures, dessinées par Christine
Le Bœuf – avant qu’elle ne devienne la tra-
ductrice de plusieurs auteurs d’Actes Sud,
à commencer par Paul Auster.
Mais Hubert Nyssen n’aurait pu imagi-
nerque, trente ans plustard, sa maison sor-
tirait 500 nouveautés par an, aurait un
catalogue très international de quelque
9 600 titres – riche de nombreux écri-
vains américains, parmi lesquels Don
DeLillo et Russell Banks – et recevrait des
prix littéraires, dont, en 2004, le Goncourt
pour Le Soleil des Scorta, de Laurent Gau-
dé.
Enfin, le succès phénoménal de la trilo-
gie policière Millénium de Stieg Larrson, à
partir de 2007, qui a rapporté plus de
55 millions d’euros, a conforté l’indépen-
dance financière du groupe Actes Sud et
pérennisé l’œuvre d’Hubert Nyssen.
En 1978, tout était à inventer. Son projet
se voulait d’emblée « universel ». Il affir-
mait ne pas croire « à la division de la litté-
rature par langues ». Les écrivains qu’il
aimait ayant déjà des éditeurs, il était dans
l’obligation de découvrir. C’est ainsi qu’à
côté de jeunes auteurs il a fait « la plus mer-
veilleuse rencontre de [sa] carrière d’édi-
et sévère aussi, intransigeant passeur.
Il a inventé “Un endroit où aller”, sa col-
lection, et toute sa maison mérite ce nom,
celle des éditions Actes Sud, celle du Mas
Martin. A sa table de cuisine sous la lampe,
à l’ombre du platane séculaire ou des oli-
viers, Christine et lui ont reçu tant d’écri-
vains, en amis fous des littératures, des
rêves d’avenir nés de ceux du passé.
Sa manière noble et humble de se saisir
d’un livre, de l’ouvrir, de chercher la page,
c’étaient toutes les bibliothèques vivantes
convoquées sous son doigt de lecteur.
Quelle gourmandise il a eue de vivre et
de connaître, de goûter, d’estimer, de pro-
voquer des joutes pour exalter ce bonheur
dans la conversation, par passion vitale
qui rend joyeux, et grave, c’est ce souvenir
que je garde.
Sa gaieté foncière, son avidité des êtres,
son regard pénétrant à travers les volutes
de sa pipe, son sourire de promesse; de
cela rien ne meurt. » p
teur », et a donné une reconnaissance tar-
dive à une romancière pensant n’être
« devenue personne ». Nina Berberova
avait 85 ans en 1986, elle n’attendait plus
rien « sauf la mort », disait-elle. Hubert
Nyssen l’a publiée et lui a offert le succès
jusqu’à la fin de sa vie, en 1993. Tous ses
auteurs avaient pour lui, non seulement
de l’admiration, mais de l’affection, com-
me on a pu le voir à travers les témoigna-
ges de Paul Auster, Nancy Huston, Paul
D’emblée, Hubert Nyssen
a voulu que son projet
de maison d’édition
soit « universel ».
Il affirmait ne pas croire
« à la division de la
littérature par langues »
Nizon et quelques autres, dans le portrait
que lui a consacré Arte en 2002.
Souvent, ceux qui ont mené une aven-
ture personnelle, comme le fut la création
d’Actes Sud, ont du mal à transmettre. Ce
n’est pas le cas d’Hubert Nyssen, qui, après
avoir été élu à l’Académie royale de Belgi-
que, en 1999, s’est progressivement retiré,
depuis 2000, de l’activité éditoriale, ne
gardant qu’une collection, « Un endroit où
aller », et donnant la direction de la mai-
Alice Ferney: «Il pariait
sur son goût et le temps»
ALICE FERNEY, découverte par Hubert
Nyssen, a publié avec lui huit romans
en dix-huit ans, dont Dans la guerre,
en 2003. Pour elle, il est un homme qui
savait découvrir et faire découvrir.
Il souriait beaucoup, appré-
Y ciait un peu de cérémonie,
partageait d’innombrables
références, se protégeait pour lire, scrutait
chaque mot, gardait la mémoire du texte.
Curieux du travail et des gens, il n’était pas
blasé: il lisait des textes « nus» dont il ne
connaissait pas les auteurs. Il suivait ses
intuitions, goûtait la littérature du mon-
de, pariait sur son goût et le temps.
Je rencontrai ce pur éditeur en
mai1989. Actes Sud avait 10 ans, Hubert
Nyssen 64. Il était installé dans son minus-
cule bureau parisien, rue de Savoie, mon
manuscrit devant lui. Il venait de raccom-
pagner à la porte un auteur, Anne Walter.
Il ne publia pas mon texte. Il était exi-
geant. « Ecrivez-en un autre», me dit-il. Il
son à sa fille Françoise. Il a su accompa-
gner ses désirs de développement, et ceux
de son mari, Jean-Paul Capitani : le siège
d’Actes Sud est devenu aussi une librairie,
un restaurant, un hammam, un cinéma.
«Jen’aime pas posséder, capter,expliquait-
il, j’aime que tout circule. »
Ayant donné ses actions à ses enfants, il
a aussi déposé en 2003 toutes ses archives
à l’université de Liège, où il avait enseigné
avant de s’installer en France. « Tout en
étant éditeur, j’ai toujours écrit, ajoutait-il,
mais avec difficulté, tant je lisais de manus-
crits. Depuis que je ne suis presque plus édi-
teur, j’écris à ma guise, et mes carnets, que
je tiens depuis mon adolescence, je les fais
quotidiennement sur mon site. » Hubert
Nyssen a gardé le plus longtemps possible
ce dernier plaisir. Qui le consolait peut-
être de n’avoir pas écrit autant de livres
qu’il le souhaitait, tant sa passion de l’édi-
tion l’avait occupé.
Mais Les Déchirements est sans doute,
avec Eléonore à Dresde et Zeg ou les infortu-
nes de la fiction (tous chez Actes Sud), par-
mi les plus émouvants des livres de cet
homme, qui a toujours eu une prédilec-
tion pour les personnages de femmes. Lui
qui préférait « tout ce qui est pluriel », pro-
clamait, en retournant le proverbe :
« Deux “tu l’auras” valent toujours mieux
qu’“un tien”. » Sa très belle maison lui sur-
vivra, il le savait. Mais il faudrait aussi gar-
der de lui cette réconfortante maxime. p
Josyane Savigneau
répondit à mes lettres, c’était sa manière
de vivre. Il me voyait quand je le lui
demandais. Quatre ans plus tard, il devint
mon éditeur.
Un jour, je doutais. «Vous savez, L’Elé-
gance des veuves, c’est un titre formida-
ble», m’assura-t-il. Il savait aimer au
moment où je n’aimais pas assez pour écri-
re. Il m’apprit comment se haïr en corri-
geant.
Je n’oublie jamais la collection de ses
remarques: «Charabia », «lourd», «impro-
pre», «pas écrit», «couper ! » Quand il
n’était pas convaincu, il soulignait d’une
ligne ondulée. Il m’avait dit : « Je voudrais
être pour vous, dans l’aventure de l’écritu-
re, celui que j’aurais aimé avoir sur mon
propre chemin, à mes débuts, et que fut un
peu (trop peu) Max-Pol Fouchet.»
Cent dix-sept lettres sur papier gris,
d’une écriture extraordinairement régu-
lière, me rappellent qu’il a tenu sa pro-
messe. p
0123
Mercredi 16 novembre 2011
AncienPiratede
l’Edelweiss,antinazi
Jean Jülich
I
l avait été une figure des Pirates de
l’Edelweiss, ces milliers d’enfants et
d’adolescents allemands qui, dans les
dernièresannéesdelasecondeguerremon-
diale,ontécrit unepage encore peu connue
de la résistance aux nazis.
Mort d’une crise cardiaque le 19 octobre
à Cologne, Jean Jülich arborait encore à la
fin de sa vie la chemise à carreaux et le bad-
ge en forme d’edelweiss qui servait de
signe de ralliement à ces tout jeunes gens
passés en quelques années de la réticence
au nazisme à la rébellion ouverte, puis aux
actionsarmées. Lui-mêmen’a pasconnu ce
18 avril 1929 Naissance à Cologne
1936 Condamnation de son père,
militant communiste
1944 Arrestation par la Gestapo
19 octobre 2011 Mort d’une crise
cardiaque à Cologne
rejet progressif: c’est une haine absolue du
régime qui l’anime dès 1936. Il n’a alors que
7 ans lorsque les SS font irruption chez lui
et, sous ses yeux, tabassent son père, mili-
tant communiste, qui sera ensuite empri-
sonné pendant huit ans pour « haute trahi-
son ».
Recueilli par ses grands-parents, il sera,
quelques années plus tard, comme tous les
jeunes, embrigadé dans les organisations
de jeunesse des nazis, obligatoires, où,
dira-t-il, « on passait nos journées à lever et
abaisser le bras ». Tous les autres mouve-
ments de jeunesse, notamment les scouts,
sont alors interdits : c’est ce qui poussera
certains de leurs membres, ardemment
désireux d’échapper à l’emprise des Hitler-
jugend, à se reconnaître et à se regrouper
de manière semi-clandestine, au départ
pour des actions apparemment aussi inno-
centes que des excursions et des feux de
camp.
« On avait les cheveux longs, on portait
des tenues décontractées. Filles et garçons
se réunissaient le soir et chantaient des
romances », raconte Jean Jülich, interviewé
pour Les Combattants de l’ombre, un web-
documentaireet unDVDrécemmentdiffu-
sés par Arte. Lui-même chantait et grattait
la guitare. Mais les « romances » avaient
parfois des paroles plutôt énergiques com-
me : « Puisse le poignard scout faire s’éclip-
ser les Hitlerjugend, il n’est pas de plus belle
aventure que de se libérer du joug d’Hit-
ler»…
Composé de jeunes issus des classes
laborieuses, réparti en différents groupes
locaux connus sous les noms de Navajos,
Ruhrpiraten (« pirates de la Ruhr «), Har-
lem-Club ouMeuten (« meute »), le mouve-
ment des Pirates de l’Edelweiss se renforce
et se radicalise à mesure qu’après le tour-
nant de Stalingrad en 1943, la puissance du
IIIe Reich s’effrite et le doute s’installe dans
l’opinion allemande.
« Justes parmi les nations »
En 1944, leur nombre atteint environ
5 000, qui hantent les villes bombardées
par les Alliés, et passent aux actions
armées. Le groupe auquel appartient Jean
Jülich, celui des Navajos, à Cologne, com-
mence à organiser des coups de main : atta-
ques d’usines d’armement, déraillement
de trains de munitions, sabotages… Un de
ses membres projette de faire sauter le
quartier général de la Gestapo à Cologne,
au moyen de détonateurs prélevés sur les
bombes alliées non explosées. Le projet est
éventé. Agé de 15 ans, Jean Jülich est arrêté,
passéà tabac, emprisonné. Son plus proche
ami, Bartholomaeus Schink, âgé de 16 ans,
est pendu sans procès avec une dizaine
d’autres opposants. Après avoir survécu
aux coups de ses geôliers successifs et au
typhus, Jülich sera libéré par les troupes
américainesen1945.Dansl’Allemagnelibé-
rée, les Pirates poursuivent leur vie d’expé-
dients et sont rapidement considérés par
les troupes alliées comme un problème
d’ordre public.
Jülich témoigna de l’aventure des Pira-
tes à travers des Mémoires et un film. Avec
Gertrud Koch, surnommée Mucki, une
ancienne membre des Navajos aujour-
d’hui âgé de 87 ans, il fit campagne pour la
réhabilitation des Pirates de l’Edelweiss. En
1988,ceux-cifurentreconnus comme« Jus-
tes parmi les nations » par le Mémorial Yad
Vashem de Jérusalem. Mais ce n’est qu’en
2005quela justiceallemandeaccepta d’an-
nulerlesdossiersjudiciairesinstruitsàleur
encontre par les juges nazis. p
Luc Cédelle
0123
Mercredi 16 novembre 2011 carnet 25
M. et Mme Olivier Bansillon, Les collaborateurs Christine Le Bœuf, Remerciements
Mme Valérie Bansillon de la société OTIS son épouse,
et M. Michel Vodé, et M. Didier Michaud-Daniel, Françoise Nyssen Très touchée par les manifestations de
M. et Mme Arnaud Bansillon, leur président, soutien qu’elle a reçues lors du décès de

 

ses enfants,
et Jean-Paul Capitani,





  Alésia, Auriane, Nicolas,

ont la tristesse de faire part de la disparition
de
Jules Nyssen et Valérie Astesano,
Louise Nyssen et Gilles Halbout, Roger TALLON,
Guiorgui et Constantin, ses enfants et leurs conjoints,

  ses petits-enfants, M. Bruno GROB, Julie Gautier et David Phaneuf, Nicole Tallon remercie tous ceux qui ont
partagé son chagrin.

 
   Ses nièces et neveux,
président d’Otis NEEA
(Europe du Nord, de l’Est et Afrique),
Sae-hoon Gautier,
Pauline et Antoine Capitani,
membre du Comité exécutif Justine et Félix Le Bœuf-Nyssen, 13, avenue de La Bourdonnais,

 


     ont la tristesse de faire part du décès de d’Otis Monde. 75007 Paris.
Odile, Claudine et Irène Halbout,


   
 
 ses petits-enfants,

  
     François J. BANSILLON, Bruno Grob aura été un mentor pour
de nombreux dirigeants d’Otis, passés Jeanne,Victor, Juliette et Rose Phaneuf, Anniversaire de décès
   
 
  survenu à Paris, le 11 novembre 2011, et présents et son héritage se perpétuera ses arrière-petits-enfants,
Il y a six ans, nous quittait
 
   
 à l’âge de soixante-dix-sept ans. à travers les leaders de demain, qu’il

    !
"# a soutenus et accompagnés. ont la tristesse de faire part du décès de
Ses obsèques auront lieu le mercredi Beya BAHRI-DAOUD.

 $ # %  16 novembre, au crématorium du cimetière Didier Michaud-Daniel présente, Hubert NYSSEN,
  & #% '  #
( du Père-Lachaise, à Paris 20e. au nom d’Otis, toutes ses condoléances écrivain,
Mohamed Daoud,
à sa femme, Jackie ainsi qu’à ses enfants, son fils,

 27, rue Vaugelas, fondateur des éditions Actes Sud, Alya, Hassen et Taieb Daoud,
ses petits-enfants et à ses amis.
)# 
 * 

# #  75015 Paris. ses petits-enfants,


# 
*  # * 11 avril 1925 - 12 novembre 2011. Ses amis,
Hérouville-Saint-Clair. Caen. Paris.
+#
,# - .

// Lysiane Ben Amara, Les funérailles ont eu lieu au Paradou ont une pensée pour elle.
012 *  #
 * née Guervono, Marie-Claude Hervieux,
son épouse, (Bouches-du-Rhône), dans la plus stricte
son épouse,
#   * 

# #  Charles, Hélène et Frédérique, Sophie, Nathalie, Adèle, intimité familiale.

 12 * 3
# . 
// ses enfants,
Souvenir
Adrien, Antonin,
Charlotte, Chloé, Cléo, ses enfants, me
M Albert Ponroy, Il y a un an,
/42  .

// Hugo et Océane, Théophile, Corentin, Jason, son épouse,
51#


1 ses petits-enfants, Louison et Ulysse, Nicole DECOOPMAN,

France et Jonathan Chalton,

 
    
 
 Christine, Nathalie, ses petits-enfants,
Mme Claude Ponroy, professeur des Universités,
ses belles-filles, Ses frères et sœurs
ses enfants,
6 7
  
  Gérard-Edmond, Et toute sa famille,
Sophie et Guy Hume, nous quittait.
 


  #  son gendre, Ses amis,
Gilberte Lerry, Alexandra et Simon Deeny,
 
#
. sa sœur, ont la douleur de faire part du décès de Clotilde Ponroy, Nous ne l’oublions pas.


 
       Paul Bouaziz, ses petits-enfants,

 

    son beau-frère, Claude HERVIEUX, Samuel et Saskia Hume, Sa famille,



  
 
    
 
     



   
  Ses neveux et nièces ancien directeur ses arrière-petits-enfants, Ses amis,
de foyer de Jeunes travailleurs,


 
   
     

 
 
    

!
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Et son ami Roger Chalanset, Les familles Ponroy et alliées, Caille, Ses collègues.
  
 

       
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attaché de direction Cassius et Breuillac,

à la Comédie de Caen,
    
ont la tristesse d’annoncer le décès de


  
          



  
ont la douleur de faire part du décès de
Communications diverses

 
   Maurice William Moïse survenu le 11 novembre 2011,
Le Centre communautaire de Paris :
BEN AMARA, dans sa soixante-douzième année.
M. Albert PONROY, mercredi 16 novembre 2011, à 19 h 30,
AU CARNET DU «MONDE» HEC 44, rencontre-débat : « De la diabolisation à la
survenu le 13 novembre 2011, La cérémonie d’Adieu aura lieu
à l’âge de quatre-vingt-cinq ans le mercredi 16 novembre, à 15 heures, chevalier de la Légion d’honneur, délégitimation d’Israël », avec Jacques
Anniversaire de naissance et comme aurait dit Maurice : au cimetière d’Hérouville-Saint-Clair Tarnero, Henri Cohen-Sollal.

 « La vie est une dure lutte... » (Calvados). survenu le samedi 12 novembre 2011, Tél. : 01 53 20 52 52.
Bruxelles.
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dans sa quatre-vingt-dixième année. www.centrecomparis.com - (PAF).
Claude repose en la chambre funéraire
Depuis dix ans tu illumines ma vie. Hélène Bourgoin-Lambert, Adam, à Caen. La cérémonie religieuse sera célébrée
Depuis quarante ans tu éclaires Isabelle Bourgoin et André Beuret, le vendredi 18 novembre, à 11 heures,

 le monde.
Renaud Beuret, Condoléances sur registre.
Laurence Glise et Damien Houlle, en l’église Saint-Paul de Chevry II
(Gif-sur-Yvette).



Gabrielle Glise et Clément Prive, Cet avis tient lieu de faire-part.
Joyeux anniversaire ses enfants et petits-enfants,
 Dimitri. Les familles Bourgoin, Durix, Vernay,
1701, quartier du Bois,
14200 Hérouville-Saint-Clair.
La crémation aura lieu dans l’intimité
familiale ainsi que l’inhumation
au cimetière des Batignolles.
C. ont le chagrin de faire part du décès de
L’éternité ne dure pas..., Ni fleurs ni couronnes. La Grande Loge de France accueille
Décès Mme Madeleine BOURGOIN, le 9e Salon maçonnique du Livre,
née DURIX, Jacqueline MEPPIEL, Dons à l’unité de soins palliatifs de
femme d’Images, les 19 et 20 novembre 2011,
Anne Celnikier-Szulmajster, l’hôpital de Bligny, Briis-sous-Forges de 9 heures à 19 heures.
survenu le 6 novembre 2011.

 
  son épouse, est partie doucement, le 9 novembre 2011, (Essonne).
 
Jacob, Yoshua et Sarah, de sa maison à La Havane, rejoindre son
ses enfants, Elle repose dans le caveau familial 8 tables rondes, 3 conférences.
de Saint-Martin-en-Coailleux (Loire). mari d’acteur cubain, Cet avis tient lieu de faire-part.


Anne Celnikier-Fontaine, Tous les éditeurs de livres

sa belle-fille, Adolfo LLAURADO, Famille Ponroy, et revues maçonniques.

Elie, Samuel et Emmanuelle, Jean-Marc Favret, 40, allée de la Pièce du Lavoir, Toutes les obédiences.

  ses petits-enfants, son époux là-haut, pour de nouvelles aventures… 91190 Gif-sur-Yvette.
Claire et Olivier Carrère Laure Favret, Mathieu Primot Ouvert à tout public.
 

  et leurs enfants, Sacha et Ariel, et Marguerite Sa famille. Entrée libre et gratuite.
Catherine Favret et Stéphane, Martine, Catherine, Anne-Françoise,
  8, rue Puteaux, Paris 17e,
La famille Quairiat, ses filles,
ont la profonde tristesse de faire part Mme Bernard Niquet, (métro Rome).
Parents et alliés, Xavier Peyrou, François Colly,
du décès de son épouse,


Dominique Paoli,
ont la tristesse de faire part du décès de Mme Louis Niquet, Organisé par
ses gendres,
Isaac CELNIKIER, sa mère, l’Institut Maçonnique de France,
 
né à Varsovie, le 8 mai 1923, Simone FAVRET, M. et Mme Matthieu Niquet,
Mlle Emilie Niquet, Arnauld, Anne, Marie, Cyril, Amélie, programme sur www.i-m-f.fr
    artiste-peintre,
ses enfants, Nicolas, Anne-Sophie, Pedro,
ancien déporté, survenu le vendredi 4 novembre 2011.
Camille et Gabrielle, Aurélien, Kiran, Abdel,

ses petites-filles Pierre-Maximilien, Lætitia, Clémence,
survenu le 11 novembre 2011. Les obsèques ont eu lieu dans
l’intimité. Et toute sa famille, Eric, Charlotte, Grégoire, Morgane,
Camille (†), Julie,
L’inhumation aura lieu le mercredi ont la très grande tristesse de faire part
16, rue de Patay, ses petits-enfants,
16 novembre, à 15 heures, au cimetière du décès de
parisien de Bagneux. 75013 Paris.
Juliette, Manon, Marouane, Louison, SOS AMITIÉ
M. Bernard NIQUET, Mathilde, Antoine, Margot,
ancien préfet qui est à l’écoute 24 heures sur 24
Jacqueline d’At de Saint Foulc, Ses enfants, Olympe, Elisa,
Ses petits-enfants, du département des Yvelines, de toute personne en situation
entourée de ses enfants des régions Poitou-Charente et Lorraine, ses arrière-petits-enfants, de solitude, d’angoisse et de mal-être
et de son beau-frère, Alain, conseiller d’Etat, recherche
ont la douleur de faire part du décès de
officier de la Légion d’honneur, Les familles Teitgen, Clément,
ont la douleur d’annoncer le décès, survenu Chambeyron, Fournis, Goux et Brice
le 30 septembre 2011, de
Mme Françoise FOURNIER, DES ÉCOUTANT(E)S BÉNÉVOLES
veuve de Jean-François DUPERRON, survenu le 10 novembre 2011,
à l’âge de soixante-cinq ans. ont la grande tristesse de faire part

#
pour ses sept lieux d’écoute

Jean d’AT de SAINT FOULC,
ancien de la 2e DB,
en son domicile de Braine,
le 12 novembre 2011,
La cérémonie religieuse est célébrée
du rappel à Dieu de
à Paris et en Ile-de-France.

$% chevalier dans l’ordre national du Mérite. ce mardi 15 novembre, à 14 h 30, François TEITGEN,
à l’âge de quatre-vingts ans. en l’église Sainte-Jeanne-de-Chantal, place Disponibilité souhaitée
La cérémonie a eu lieu en l’église de la Porte de Saint-Cloud, à Paris 16e, survenu le 8 novembre 2011, de quelques heures par semaine,
 &  Un office sera dit à son intention
'  () * suivie de l’inhumation le même jour, le jour, le soir, la nuit ou le week-end.
de Prangey, le 5 octobre. en l’église de Braine, le mercredi à 16 h 30, au cimetière de Vaugirard, dans sa quatre-vingt-douzième année.
16 novembre, à 15 heures, suivi de Formation assurée.
320, rue Lecourbe, à Paris 15e.
Cet avis tient lieu de faire-part. La cérémonie religieuse aura lieu

     l’inhumation au cimetière de Braine.
Ni fleurs ni couronnes, un don sera le samedi 12 novembre, à 14 h 30, en Écrire à SOS Amitié Idf


 36, rue de la Gueurge, Cet avis tient de faire-part et de prévu à la Fondation Hôpitaux de Paris - l’église de Colombe-les-Vesoul, (Haute- 7, rue Heyrault, 92660 Boulogne Cedex.

  
 52190 Prangey. remerciements. Hôpitaux de France. Saône). Email : sos.amitie.idf@wanadoo.fr
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 0123
26 météo & jeux écrans Mercredi 16 novembre 2011

< -10° -10 à -5° -5 à 0° 0 à 5° 5 à 10° 10 à 15° 15 à 20° 20 à 25° 25 à 30° 30 à 35° > 35° C’est tout Net! Marlène Duretz
Mercredi 16 novembre En Europe
Pluie de la façade atlantique au Languedoc
Lille
16.11.2011 12h TU
Petit à petit
1 10
Reykjavik « Est-ce possible de me mettre à la place de mon hamster ? » C’est
www.meteonews.fr une question qui peut émerger de tout esprit sain à l’issue d’une nuit
Cherbourg 20 km/h
Amiens Oslo Helsinki 1015 dans une chambre d’hôtel des plus exiguës. Je me rappelle ce mouchoir
12 15 St-Pétersbourg
25 km/h 1 10
D
Stockholm
Rouen Châlons- 102
5
de poche et ce sentiment d’enfermement qui me fit songer que je
en-champagne
3 12
0 10
Riga Moscou séjournais dans la cage de quelque rongeur captif. Les concepteurs de la
PARIS Edimbourg
Caen
4 12 Metz
Copenhague
Villa Hamster, à Nantes, ont-ils fait les frais d’une même nuitée
Brest 9 15
11 14
-1 7
Strasbourg D Dublin A
Minsk (tinyurl.com/ycpokhf) ? Toujours est-il que, « sans rien concéder aux
1000 Amsterdam Berlin
Rennes -1 8 Londres 10
Varsovie
Prague 30 notions de confort et de service », ils ont conçu dans ces 16 m2, en plein
10 14 Orléans 1005 Bruxelles
Nantes 2 13 D 10
25 Vienne
Kiev centre ville de Nantes, « un univers confortable et ouaté » pour se mettre
995
Besançon 1010 5 Munich
11 16 101
Paris
Berne Budapest dans la peau d’un hamster. Cette superficie offre notamment une gran-
1 9
Poitiers Dijon
1005
D Milan Zagreb
Odessa
de roue où gambader, une cage perchée où dormir et un cube à laper où
10 15 -1 9 Belgrade
Bucarest se désaltérer. Dois-je toutefois enfiler la cagoule-oreilles et la ceinture-
Chamonix 1020 102
Clermont-Ferrand
0 Rome Sofia queue pour déguster les céréales bio mises à ma disposition (youtu-
-5 13 Barcelone
Barcelone
Limoges 3 14 Lyon Madrid
Istanbul be.com/watch?v=OQjckyw7BJY) ?
9 14
30 km/h 4 14
1025
Lisbonne
Lisbonne Ankara Petites mais insolites. Quelles sont les chambres d’hôtel les plus
Séville D Athènes minuscules au monde ? Le magazine Forbes en dresse un panorama
Grenoble Tunis
Tunis
Bordeaux 1 A
13 Alger (tinyurl.com/8yv7b42). Suis-je devant le hublot d’une machine à laver à
20 km/h 12 16
Rabat
Tripoli
Beyrouth
l’intérieur de laquelle une couette attend sa sortie au grand air ? Non, la
A Anticyclone D Dépression
Tripoli

Front chaud Front froid Jérusalem légende m’indique qu’il s’agit d’un hôtel-capsule typiquement japo-
Nice
Toulouse Montpellier Marseille 11 17 Occlusion Thalweg
Le Caire
nais. Inutile de vous dire que j’ai fui à toutes jambes le couloir de cette
Biarritz 10 15 10 16
11 17
11 14
Russie Froid et neige s’installent peu à peu ruche et son enfilade d’alvéoles de 1,67 m2 pour me retrouver aux Pays-
Bas, face à des capsules de 12 m2 flottant sur les eaux. Ô douce berceuse
En Europe Riga souventdégagé 3 7 New Delhi beautemps 17 29
Perpignan
Amsterdam largementdégagé 2 7 Rome beautemps 8 15 New York pluiemodérée 12 14 du clapotis ! Un clapotis pour qui cette autre chambre installée dans un
13 14 Ajaccio 13 -5 9 2 14
20 km/h
Athènes éclaircies 10 Sofia largementdégagé Pékin averseslocales
largementdégagé 16 29
tuyau d’écoulement n’est plus qu’un souvenir. Suis-je dans le couloir
Températures à l’aube 1 22 l’après-midi 8 18 Barcelone aversessporadiques14 17 Stockholm souventdégagé 2 4 Pretoria
Belgrade largementdégagé -1 8 Tallin souventdégagé 5 7 Rabat souventdégagé 12 19 d’un train ? Erreur d’aiguillage ! Je suis dans celui d’une chaîne Yotel, qui
Berlin brouillard 1 5 Tirana beautemps 4 14 Rio de Janeiro aversesmodérées 22 24
Sainte Marguerite Lever 08h00 Lever 22h08 Berne brouillard 1 7 Varsovie largementdégagé 1 3 Séoul largementdégagé 3 13
propose des cabines, aux aéroports d’Amsterdam et de Londres. Cham-
Coeff. de marée 62/58 Coucher 17h08 Coucher 12h26 Bruxelles largementdégagé -1 9 Vienne beautemps -2 6 Singapour aversesmodérées 25 31 bre-tonneau aux Pays-Bas, cabine-bateau loin des flots, au Jane Hotel de
Bucarest souventdégagé 0 8 Vilnius souventdégagé 0 3 Sydney éclaircies 19 24
Budapest beautemps -5 7 Zagreb beautemps -2 6 Téhéran souventdégagé 9 11 New York ou à Birmingham… autant de nids douillets pour le hamster
Aujourd’hui Jeudi Copenhague souventdégagé 5 7 Dans le monde Tokyo largementdégagé 8 14 qui sommeille en nous ! p
Le ciel deviendra plus nuageux sur la façade 5 12 Dublin averseslocales 10 12 Alger beautemps 8 17 Tunis aversessporadiques14 19
11 14
ouest en marge d'une perturbation, et Edimbourg souventdégagé 7 9 Amman largementdégagé 4 15 Washington fortepluie 14 15
Helsinki souventdégagé 2 5 Bangkok souventdégagé 25 32 Wellington aversessporadiques 13 14
quelques pluies tomberont ici ou là, surtout 8 13 Istanbul averseslocales 9 11 Beyrouth souventdégagé 18 19 Outremer
au sud de la Garonne. Un ciel très nuageux Kiev largementdégagé 1 3 Brasilia risqueorageux 18 23 Cayenne largementdégagé 24 32
29
Courriels
La Valette pluiemodérée 17 19 Buenos Aires risqueorageux 16 27 Fort-de-Fr. risqueorageux 27
concernera le Languedoc-Roussillon où 11 14 -1 10 24
Lisbonne souventdégagé 11 16 Dakar souventdégagé 26 29 Nouméa largementdégagé 22
quelques gouttes menaceront. Ailleurs, Ljubljana beautemps -2 7 Djakarta risqueorageux 26 30 Papeete risqueorageux 26 29
7 13 Londres souventdégagé 4 11 Dubai beautemps 24 30 Pte-à-Pitre risqueorageux 25 29
brumes, brouillards et nuages bas seront Luxembourg brouillard -2 6 Hongkong éclaircies 22 26 St-Denis souventdégagé 24 29
nombreux le matin, souvent tenaces dans les Madrid beautemps 5 14 Jérusalem largementdégagé 6 12 Politique Pour un monde sans idole
8 17 3 13 Moscou aversesdeneige -5 -1 Kinshasa risqueorageux 22 31 Météorologue en direct
vallées de l'est. Une fois dissipés, le soleil fera 17 Michel Onfray, dans une tribune titrée « Avec François Hollande, les
Nicosie averseslocales 14 Le Caire souventdégagé 12 20 au 0899 700 703
de larges apparitions. La douceur persistera, Oslo largementdégagé 3 4 Mexico largementdégagé 10 25
11 16
Prague beautemps -2 5 Montréal souventdégagé 5 12
1,34 € l’appel + 0,34 € la minute vaches libérales seront bien gardées » (Le Monde du 19 octobre), exprime
surtout sur l'ouest. 7 jours/7 de 6h30-18h
9 19 Reykjavik faiblepluie 8 9 Nairobi aversesmodérées 16 21 sa croyance et son idolâtrie pour la fonction présidentielle avec toute
Jours suivants l’emphase que l’on lui connaît. Grand pourfendeur des religions et de la
Vendredi Samedi Dimanche En vente cette semaine freudisation des esprits, le philosophe épris de politique se perd dans
des lieux communs. Un président n’est pas un guide spirituel chargé de
Nord-Ouest 9
15
9
15
7
14 N° 6 BRAHMS la toute-puissance paternelle. Il n’est que le représentant ponctuel d’une
expression collective aux aspirations contradictoires. La relecture de Cor-
Ile-de-France 6 5 6
UN REQUIEM ALLEMAND
11 13 14 nelius Castoriadis (1922-1997) donnerait quelques éclairages sur le projet
Nord-Est 4 0 3
Direction : Rudolf Kempe imaginaire de la société. Quel qu’il soit, le prochain locataire de l’Elysée
12 11 13
QUATRE CHANTS SÉRIEUX n’aura ni le temps ni l’espace pour réformer un pays aux rouages comple-
Sud-Ouest 9 9 9 Dietrich Fischer-Dieskau et Jörg Demus xes et ancestraux. La question demeurera : que voulons-nous collective-
16 18 18 ment et sommes-nous prêts, en l’absence même d’une idole, à changer ?
RHAPSODIE POUR CONTRALTO Point besoin de président de la chose publique pour l’exemplarité et
Sud-Est 2 9 7
Direction : Clémens Krauss
14 15 16 l’équité. Igor Deperraz, Bully (Seine-Maritime)

Les jeux Les soirées télé

Mots croisés n˚11-273
1 2 3 4
I 3
II
III
IV
V 3 1 5 9 4 Complétez
VI
VII
VIII
IX
X Loto
Horizontalement
I. Facilite la prise de contact.
II. Sobres et rapides sur les pistes.
A le dernier mot. III. Déposé pour
protéger. Ras autour du trou.
IV. Dégagé pour respirer. Ce n’est
pas le moment pour se découvrir.
V. Bien fatigué. Attachée au corps
la vie durant. A géré les finances
de Clotaire, puis de Dagobert.
VI. Franchis en entrant. Grecque.
VII. Il y a peu de temps. On peut
déjà penser à le préparer. Dans le
plat. VIII. Refuge en cas de crise.
Fripon devenu miséreux. Assez
salé. IX. Ne frappe pas toujours
directement. Mettre dans l’ombre.
X. Saisie-arrêt. Enduite et collante.
Solution du n° 11 - 272
Horizontalement
I. Tâtonnements. II. Epileur.
Dura. III. Nette. Grimât. IV. Tri.
Sportive. V. Aces. Et. Etel.
VI. Tuniques. ORL. VII. Dur. Parsi.
VIII. Votée. Toi. Is. IX. Epar.
Berline. X. Senestre. Ise.
Sudoku n˚11-273 Solution du n˚11-272
Mardi 15 novembre Mercredi16novembre
TF 1 TF 1
7 3 8 1 5 4 9 2 6
5 6 7 8 9 10 1 1 12 4 1 6 7 2 9 5 3 8 21.00 Football. 20.50 Mentalist.
9 2 5 8 6 3 1 7 4 France - Belgique. Match amical. En direct Série. Enquête assistée U. La Veuve joyeuse
3 4 2 5 8 7 6 1 9 du Stade de France, à La Plaine-Saint-Denis. (S3, 18 et 19/24, inédit). L’Or noir (S2, 6/23).
5 8 9 3 1 6 2 4 7 23.10 Les Experts : Manhattan. 23.20 Chase.
5 2 3 1 1 6 7 9 4 2 8 5 3 Série. Fausse donne V. Le Vert de trop U.
Le Dernier Métro U (S2, 8, 12 et 13/24, 150 min).
Série. Premier amour. Faux frères (saison 1,
8 5 3 4 9 1 7 6 2 9 et 17/18, inédit). Avec Kelli Giddish U.
2 6
2
7
9
1
4
2
6
3
7
8
5
4
3
9
8
5
1
0.55 Deadline, chaque seconde
compte. Série (S1, 12 et 13/13, 105 min) U.
FRANCE 2
2 5 8 Facile 20.35 Leurs secrets du bonheur. FRANCE 2
Magazine présenté par Frédéric Lopez.
toute la
grille avec des chiffres 22.40 Réunion de famille. Magazine. 20.35 Fais pas ci, fais pas ça. Série.
allant de 1 à 9. 0.55 Journal, Météo. Le Nouveau Voisin. Votez Lepic ! (S4, 1 et 2/8).
7 4 Chaque chiffre ne doit 1.10 La Victoire en chantant pp Avec Guillaume de Tonquédec (2011, inédit).
être utilisé qu’une Film Jean-Jacques Annaud. Avec Jean Carmet, 22.15 Avant-premières.
9 3 7 8 seule fois par ligne,
Jacques Spiesser (France, 1976, 100 min). Invités : Fanny Ardant, Thierry Klifa, Julien Clerc,
par colonne et par Jacques Weber, Jean-Jacques Annaud...
1 8 6 9 carré de neuf cases. FRANCE 3 0.25 Journal, Météo.
0.40 Des mots de minuit (95 min).
Réalisé par Yan Georget (http://yangeorget.blogspot.com) 20.35 J’étais à Nuremberg.
Téléfilm. André Chandelle. Avec Serge Haza- FRANCE 3
navicius, Elina Löwensohn (France, 2011).
22.15 et 23.30 Ce soir (ou jamais !).
Spécial « J’étais à Nuremberg ». Magazine.
20.35 Histoire immédiate.
La Folle Histoire des présidentielles. Magazine.
23.05 et 1.45 Soir 3 (20 min). 22.10 Débat. Animé par Samuel Etienne.
Verticalement Résultats du tirage du lundi 14 novembre. 22.35 et 2.00 Soir 3.
1. Maintient en bonne forme. 3, 18, 22, 25, 43 ; numéro chance : 7. 23.00 L’Ombre d’un doute.
CANAL +
2. Grand d’Espagne un peu sec. Rapports : Clemenceau contre la paix. Magazine.
Douce en chanson. 3. Raquin et 5 bons numéros et numéro chance : 7 000 000,00 ¤ ; 20.55 Encore un baiser 0.10 Doc 24. Documentaire (55 min).
martin. Doublé chez papa. 4. A 5 bons numéros : pas de gagnant ; Film Gabriele Muccino. Avec Stefano Accorsi,
4 bons numéros : 1 529,80 ¤ ; Vittoria Puccini (Italie - France, 2010) U. CANAL +
consommer par la racine. Défense 23.15 Kaboom pp
du gallinacé. 5. Bout de terre. A 3 bons numéros : 9,70 ¤ ;
2 bons numéros : 4,80 ¤. Film Gregg Araki. Avec Thomas Dekker, Juno 20.55 Un balcon sur la mer pp
valeur d’or. Ouvre la gamme. Temple, Roxane Mesquida (EU - Fr., 2010) V. Film Nicole Garcia. Avec Jean Dujardin (2010).
Numéro chance : grilles à 2 ¤ remboursées.
6. Remonte pente. 7. Préposition. 0.40 Que justice soit faite p 22.40 Habillé(e)s pour l’été 2012.
Joker : 3 442 096.
Servi à la louche. 8. En gros. Leurs Film F. Gary Gray. Avec Gerard Butler, Jamie 23.35 Concert privé Kasabian.
rapprochements sont souvent Foxx, Leslie Bibb (EU, 2009, 108 min) V. 0.35 Ces amours-là
heureux. 9. Suite organisée. Bout Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions Film Claude Lelouch. Avec Audrey Dana,
datées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi. ARTE Laurent Couson, Raphael (Fr., 2010, 120 min) U.
de rime. 10. Démonstratif. Infos et
images du monde. 11. Fait appel. Tous les jours Mots croisés et sudoku.
20.39 Thema - ARTE
Quitte le Pacifique pour faire son Recherche médecin désespérément.
numéro au cirque. 12. Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13 20.40 Des médecins formidables. Documen- 20.40 Face au crime.
Représentation vaticane. Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ; taire. Sandrine Cohen (France, 2011). Série. Berlin, c’est le paradis. Toujours devant.
télécopieur : 01-57-28-21-21
Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;
21.30 Mon médecin va craquer. Documentaire. Le Casse (saison 1, 1 à 3/10). Avec Max Riemelt.
Philippe Dupuis Par courrier électronique : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr 21.55 La Santé d’abord. Magazine. Débat. 23.10 Le Dessous des cartes.
Médiateur : mediateur@lemonde.fr 22.30 Breaking Bad. Portrait énergétique de l’UE [2/2]. Magazine.
Série (saison 3, 12 et 13/13, 95 min). 23.25 33 scènes de la vie p
Abonnements : par téléphone : de France 32-89 Film Malgorzata Szumowska. Avec Julia Jentsch,
Verticalement (0,34¤ TTC/min) ; de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89.
Maciej Stuhr (Pologne, 2005, 95 min).
1. Tentatives. 2. Aperçu. OPE.
Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/ M6
Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤
3. Titien. Tan. 4. Olt. Sidère. Internet : site d’information: www.lemonde.fr 20.50 Ma femme, ma fille, 2 bébés. M6
finances : http://finance.lemonde.fr
5. Nées. Que. 6. Nu. Peur. Bt. Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr Chacun cherche sa place. Téléfilm. Vincent
7. Ergote. Ter. 8. Rr. Spore. 9. Edite. Documentation : http ://archives.lemonde.fr
Monnet. Avec Pascal Légitimus (France, 2011). 20.50 La France a un incroyable talent.
Ail. 10. Numitor. II. 11. Traversins. Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40 22.30 Un bébé à tout prix, Les Auditions, épisode 5. Divertissement.
12. Satellisée. Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60 deux ans après. 22.40 « La France a un incroyable
[1 et 2/2]. Documentaire (Fr., 2011, 140 min). talent», ça continue. Divertissement (65min).
0123
Mercredi 16 novembre 2011 0123 27

Deux papys de
teurs, à commencer par le premier d’en-
tre eux, Patrick Evershed, son bras droit
et meilleur ami. Celui-ci a tout naturelle-
ment suivi Duffield dans sa nouvelle
tement suspendu. La direction affirme cière. Les autres ont également repris du
que l’imprécateur a perdu la tête. Peu de service. Le constat est édifiant, les fautifs
temps après son départ forcé, New Star n’ont pas seulement survécu, ils ont pros-
au plus mal, victime de la défiance de ses péré.

la finance au tribunal
Lettre de la City
Marc Roche
S
i vous voulez connaître le dernier
dinosaure de la City, ne cherchez
pas loin. Il s’appelle John Duffield,
72 ans, de son état gestionnaire de patri-
moines. Son physique n’a rien de bien
particulier en dehors d’un front dégar-
ni, d’une mâchoire de taureau et d’un
regard fureteur derrière des lunettes
cerclées d’acier. Ce financier truculent,
emporté et autoritaire est un stakhano-
viste pour qui un collaborateur qui
n’est pas prêt à travailler dix-huit heu-
res par jour n’a pas sa place dans l’entre-
prise.
A l’entendre, son métier est une chas-
se à courre impitoyable où la curée est
perpétuelle. C’est vous contre eux, avec
des coups de pied aux fesses si nécessai-
re. « Ce n’est pas le genre d’individu qu’on
aimerait avoir comme ennemi », dit l’un
de ses plus fervents détracteurs.
Ceux qui le connaissent bien – sans
pour autant le suivre ni l’approuver –
assurent qu’on se tromperait à s’en tenir
aux apparences dont il est responsable.
Ses meilleurs supporteurs affirment qu’il
s’agit d’un professionnel hors pair du pla-
cement, doté de surcroît d’un humour de
potache légendaire. Ainsi, quand l’intéres-
sé vend l’enseigne Jupiter en 2001 à la
Commerzbank, il surnomme ses trois
supérieurs hiérarchiques allemands,
« Hitler, Himmler et Goering » en public.
Le trait d’esprit ne fait pas rire les nou-
veaux patrons venus d’outre-Rhin, qui le
limogent manu militari, si l’on ose dire.
Duffield est du genre à entretenir des
relations personnelles avec ses collabora-
aventure, New Star Asset Management,
fondée en 2000.
Mais, à partir de 2005, les choses se
gâtent. Pris dans l’ivresse du boom finan-
cier, le patron accumule de la dette pour
se lancer dans les investissements les
plus risqués. Surtout, l’ambiance de tra-
vail se dégrade. Affronts, insultes et
menaces pleuvent. Odieux et grossier,
Duffield tire sur tout ce qui bouge. En
revanche, ceux qui savent flatter son ego
et sa mégalomanie sont récompensés.
« C’est l’un de ces lieux dont on entend
parler, où se déroulent des abus sexuels et
où tout le monde a trop peur pour les
dénoncer » : les murs du tribunal des
prud’hommes londonien résonnent
encore du témoignage surprenant de
Patrick Evershed. Celui-ci, âgé de 70 ans,
a assigné en justice le nouveau proprié-
taire de son ancien employeur, Hender-
son Global Investors, pour « licenciement
abusif et harcèlement au travail ».
Ouvert le 7 novembre, le procès oppo-
sant les deux papys par Henderson inter-
posé fascine la City. Duffield réfute en
bloc les allégations de son ancien adjoint.
A l’automne 2008, dans la foulée de la
faillite de Lehman Brothers, Evershed
« craque » et dénonce la culture de harcè-
lement moral dans une lettre à la direc-
tion des relations humaines. Le « whistle-
blower » (donneur d’alerte) est immédia-
investisseurs, est rachetée au rabais par
Henderson.
Quel que soit le dénouement juridi-
que, l’affaire laissera des traces. En effet,
on retrouve les mêmes ingrédients que
dans les autres scandales de la crise finan-
cière. Duffield ressemble à s’y mépren-
dre à Dick Fuld, le patron de Lehman Bro-
Patrick Evershed a assigné
en justice le nouveau
propriétaire de son ancien
employeur, Henderson
Global Investors.
Ouvert le 7novembre,
le procès qui l’oppose
à Duffield fascine la City
thers, à Sir Fred Goodwin, le fossoyeur de
la Royal Bank of Scotland ou à Jean-Pierre
Mustier, le patron de Jérôme Kerviel à la
Société générale. Ils n’ont jamais vu en
quoi ils ont manqué à l’honneur et aux
principes de la morale. Après avoir
détruit New Star, Duffield dirige aujour-
d’hui en toute impunité Brompton Asset
Management. Les carnassiers, malgré
leur âge avancé, ont encore assez de bon-
nes dents pour déchirer la planète finan-
Par ailleurs, Evershed avait averti à
plusieurs reprises Duffield du danger des
énormes positions en crédits immobi-
liers à risques subprimes qu’il accumu-
lait. L’accusateur prétend aussi que la fir-
me pariait même contre ses propres
clients. Mais, isolé dans son bunker, ce
coupeur de têtes rebelles n’avait rien vou-
lu entendre sur la fragilité des banques
ou sur la surévaluation de l’immobilier.
La performance des fonds avait pâti de
cette atmosphère de serre portée à très
haute température où s’exacerbaient ran-
cœurs et jalousies.
Dernier constat : Duffield régnait sur
ce bestiaire en maître absolu et olym-
pien, faisant et défaisant les carrières au
gré de sa volonté. D’autant que le PDG se
débarrassait des contradicteurs, adversai-
res ou gêneurs en jouant successivement
les uns contre les autres, ne leur laissant
le choix qu’entre le ralliement ou le licen-
ciement sec. Sa philosophie était simple :
à l’inverse d’un mastodonte bancaire,
une PME de l’investissement ne peut pas
se permettre de placardiser les empê-
cheurs de s’enrichir en rond.
Au faîte de sa gloire, John Duffield ne
rappelait-il pas la fameuse citation de
Corneille : « Je suis maître de moi comme
de l’univers » ? p
roche@lemonde.fr

C’est tout vu! | Chronique télé

0123
par Isabelle Talès

Nos amis les monstres

N
AC». Leur nom claque com-
me une morsure, et
d’ailleurs, mieux vaut ne
pas laisser traîner un doigt, un mol-
let, un nez à portée de leurs crocs
venimeux, de leurs serres acérées,
de leurs becs tranchants. En deve-
nant de « nouveaux animaux de
compagnie », pythons, iguanes,
furets et autres espèces dont on
découvrait jusque-là la vie sauva-
ge et les mœurs cruelles dans les
documentaires animaliers ont
désormais droit de cité dans les
propriétaire du volatile multicolo-
re pour comprendre la réflexion vous invite avec
du vétérinaire qui a interrompu
son week-end pour tenter de le sau-
ver : «Les gens vous amènent leur
relation avec un animal.» Que
dire, en effet, de cette vieille dame
qui apporte dans une boîte minus-
cule son canari qui ne tweete plus ?
Une vieille dame, un canari… On se
croirait dans Titi et Grosminet,
sauf que les chats sont exclus du
programme et que le canari s’ap-
pelle Bernard.

UN E S
reportages de proximité. Les praticiens spécialisés dans

LE S JE
Ainsi a-t-on passé deux heures, l’écaille ou la plume soignent aussi
lundi 14 novembre, dans les cabi- un phénomène de société : avec les
nets vétérinaires où sont soignées animaux exotiques, les Français se

IÉ TÉ
ces bestioles à la fois exotiques et seraient fait deux millions de nou-

domestiques que les hommes ont
ravalées au rang de boa-à-sa-
mémère ou de caméléon-à-son-
papa. France 4 appelle ça « SOS
DANS L A SO C
veaux amis. Ça peut leur coûter
cher, comme nous l’apprend une
conversation surprise dans une sal-

C LASH
Vétérinaires», « une série du réel » Une tortue dont on

O U L E
qui promet «une plongée étonnan-

T E
n’ose penser qu’elle

PA C
te dans les coulisses du règne ani-

L E
mal à deux pas de chez nous ».
De fait, on entre chez des vétéri-
était affligée d’un bec
naires fascinés par des bêtes dont de lièvre bénéficie
certaines semblent n’être jamais
sorties de la préhistoire – ils
d’une chirurgie
R DU

24 NOV.
GRAND FOYE
avouent d’ailleurs un «boulot esthétique
monstre » –, dans les salles d’op’ où
TH ÉÂ TR E DE BORDEAUX
le billard est soit bien trop grand
pour des souriceaux anorexiques,
le d’attente entre deux propriétai-
res de boules de poils ou d’autres GRAND
E
*
soit carrément trop petit pour une choses non identifiées : 500 euros
ENTRÉE LIB R
tortue géante souffrant d’une rage pour une hospitalisation et un trai-
de langue. Les cas défilent : une tement, 200 euros pour un arra-
femelle iguane devra être opérée chage de dents. Un serpent peut
(avec succès) pour des problèmes valoir de 50 à 50 000 euros. Et il en
gynécos; une tortue dont on n’ose coûte encore quelque 500 euros
penser qu’elle était affligée d’un pour apprendre à s’en occuper et
bec de lièvre bénéficie d’une décrocher le certificat nécessaire à 7h00 - 9h00 en direct : «Le7/9 », de Patrick Cohen
chirurgie esthétique qui lui laisse sa possession.
à jamais un drôle de sourire; un Un dernier cas attire notre atten- 9h00 - 10h00 en direct : «Comme on nous parle », de Pascale Clark
énorme lapin qui a développé plus tion : traînant la patte, un vautour
que du rable pour cause d’alimen- qui fait partie du spectacle du Puy- 10h00 - 11h30 DÉBAT : la fracture générationnelle
tation trop sucrée doit se faire arra- du-Fou, 20 ans dont 13 de Puy-de-
cher quelques dents : un ara qui ne folies, est conduit à l’hôpital, tel un 11h30 - 13h00 RENCONTRE avec la rédaction du Monde
rit plus ni ne parle est euthanasié. accidenté du travail. Ou une
Il n’y a qu’à voir la détresse de la « NBF», nouvelle bête de foire. p 14h00 - 15h30 DÉBAT : la peur du déclassement
16h00 - 17h30 DÉBAT : pourquoi la jeunesse française ne se révolte-t-elle pas ?
18h00 - 19h00 en direct : «Downtown », de Philippe Collin
A ne pas manquer sur 0123.fr
Blog Terminus Pavillon. En famille avec les Hilger 19h00 - 20h00 en direct : «Le téléphone sonne », d'Alain Bédouet,
Sur le blog qu’il a ouvert à Sucy-en-Brie en collaboration avec Le Monde
dans le cadre du projet « Une année en
France », Benoît Hopquin nous raconte
le quotidien d’une famille avec quatre
enfants, les Hilger. Chacun son sport,
chacun son instrument de musique et
une sacrée organisation.
(PHOTO : A. SABOT POUR LEMONDE.FR)
http://sucyenbrie.blog.lemonde.fr
* et gratuite dans la limite des places disponibles.

pTirage du Monde daté mardi 15 novembre 2011 : 353 207 exemplaires. 123