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Du méme auteur JEAN-MARIE SCHAEFFER La Naisance dela itésture Presse de Ecole normale supérieure, ios L’IMAGE PRECAIRE DU DISPOSITIF PHOTOGRAPHIQUE, EDITIONS DU SEUIL 27, re Jaco, Paris VP i sony A Christan Me Pear ry es Avertissement oe de spacer une pre Eh ben a fae Tice nin de puri Fa invention de ls photographie « profondément changé tes rapports que Thomme entretient avec le monde des signes donc avec la reali Lenegisrement chimique ou physique de traces viibes, immobile ou mobiles, sientife chague jour davantage avec information comme tell. On peut sen rjouit fu le regretter, on ne saurait Pignorer Les pages qui suvent tentent de décrie Ie bovleversement conceptuel qurintroduit Pexistence du. signe. photographique Ma démarche se veut pragmatique et admet comme postulat explcite qu'un signe n'a dexistence que pour un interprétant au moins vetul. Je wat dane pas d'ontlopie de image photo- Braphique & proposer sion implicitement et & mon corps dé Fendaat. Fe ceaterai plutdt de saisir Fimage photographiaue 24 niveau de sa cirulation sociale, non pas réelle mais viruele, done au niveau de sa logique pragmatique, Je pars de Fidée que l'image photographique est essentielle- ‘meat (mais noa ekclsivement) un signe de réception. Je sou- tiens donc qu'il est impossible de la comprendre pleinement dans le cadre d'une sémiologie qui défnit le signe au niveau de emission. 1 nen découle pas que je nie la pertinence de la 5 IMAGE PRECAIRE notion @intentionsalité pour rendre comple de certains de ses aspects. Mais je tenterai de monte que ces aspects sont se- ‘condaires : Timage photographique considerée en elle-méme rest pas un message Toute description du disposi? photographique doit bien en- tendu aussi tenir compte du fut que, comme nimporte quelle image le cliche photographigue est le résultat dune action bur maine. Mais, lorsque aous parlors du phocographe, nous pen sons 3 image comme qeuvre et non pas comme indie de fits ov d'événements rées. Par allleues, leuvre doit &ire comprise comme résultat une techn. d'un faite, plurst que comme ex- pression dun message. L'ndentifier & ia representation d'un sens inttut, C'est, me semble-til, sinterdve de comprendee {quoi que ce soit art photographique ‘aspect Je plus irritant, mais aussi te plus stimulant, du signe photographique reside sans doute dans s8 Mexibilte prag matigue. Nous savons tous que Vimage phocographique st mise au service des stratégies de communication les pls dive es. Or, es siratégies donnent liew 8 ce que je propote dappe- ler des narmes communicarlanelles, et gh sont capables in Féchie profondément son statut sémiotique. Jesquiserai la description de quelques-unes de ces norms, sans pretend &tre cexhaustf. Sespire monirer ainsi que image photoeraphique, loin de posséder un stat stable, est fondamentalement chan- seante et multiple Jai Fespoir, peut vain, avoir r€ussi a écarter un oer tain nombre d'iges regues ct de confusions. Ainsi celle qui idemiie Fanalogie 8 le re-présemation; ov encore celle ut pense que, pusiue Iiimage photographigue est ordre techai- fue, elle ne saurais re que codée : celle aussi qui raméne le ‘mode de fonetionnement de tous ls signes elu des signes linguistiques; dauttes encore, que le lecteur aura loisir de dé couvrir, Je ne prétends pes eve résolu toutes les questions, Foin defi, mais si Yavaisréussi en elitr ceraines, je aren 0 contenterts aisément. Inévtablement, jeurai sans doute 2 ‘mon tour intoduit d'auces prejugés = le réflexion ma pas te dan 6 ubiguié. ‘Dans i literature recente consacrée 3 la photographic, deux travaux mont inspire & plus d'un tite. Il agit de Philosophie de Ie photographie (1983) do Henei Vanler et, surtout, de Tete photographique (1983) de Philippe Dubois. SU marvive de me separer sur de nombreux points précis de tun et de autre, je partage avec eux Miée fondamentale de Ia nature indicele de Ia photographie. Le travail de Dubois, tout pert culirement, rejeint mes préoccupations sue des points essen- tiels,quil Sepitse de Timportance accordée aux catégoies de la sémiotigue de C. S. Pine, de Ia thse de Vietducibilue de la photographie au mode de la camera obscura ou de afi mation de Timportance de la dimension pragmatique' . Je vou drais outer A ces deux noms celui de Roland Barthes, dont Tes ies, malgré ou a cause de leur carsctéve souvent pro- srammatique. restent toujours stimulantes, Les phos qui aecompagnent le texte sont censées le proton er plutdt que Tillsier la plupart sont erés connues et & Fexeeption de deux dente elles, je ne les commente gubre ‘Toutes ont GE retenues parce que, 2 des titres divers, je les ‘Si mon texte est déié & Christian Metz, c'est parce qu'il 1 doit essen, son existence meme » sans sex encouragements, sans se evtiques tout & la fis exigeantes et bienvellantes, je re Faurais jamais mené terme. ses, Ce a dane da fat que. comne Vase aie Duis nee Sop Se ee ae a eee 1 Larché de la photographie 1. Remarques prélioinaires Je propose pour commencer de mettre provsciement en tre parenthises la. notion = image phovographique » et de partir pluidt d'une description du dispostyf photographique AAU moins deux raisons me semblent jusiier une telle deci sion, La premire est toute banale : Timsge photorraphique fest, dans sa spécifiité, la résutante d'une mise en ceuvre du Aispositit phovographique dane sa totais. 1! en dScoule que Tidentité méme de image ne peut etre sasie qu'en partant de sa gentse. La deusitme raison est dlordte heurstique les ides qu'on se fait couramment de la nation d «image © présupposent qu'elle ne saurait ire que la. reproduction une vision (cete demitre la précédant du point de vue lo ‘igue). Or, une telle conception interdit de sais la specif cite de Vimage photographique, lige au fait qu'elle est toujours Fenregistrement dune trice physio-chimigue. Autrement it: si Ton veut saisie ce qui la distingue des autres images. it faut absndonner Tidée selon laguelle it y aurait me image «en soi> gui ne subirait que des changements mineurs selon les dispsiifs qui Ia_produisent. Christian Metz faisitcemarquer des 1970 quétudier [image ne onsite pas forcément & chercher =le sysiéme de Vimage, le a IMAGE PRECAIRE systéme unique et total! +. Sa prudence est toujours de Renversement des prirités done : image ne sera pas Ia onnée origina de Is description, mais devra ete dégigse & parte de ses présupposés techniques. Per coaséquent, analyse evra partir d'une definition de la spécifcité physico-chimique de Ia production de Timage, done de son statut dempreinte CC falsant, je ne pe6tends nullement innover : cest une vise rméthodologique qu'on trouve dans de nombreux travaux, ré- cents ou moins récens, consierés & la photographic? Mais souvent il agit d'une simple manquvre tactigue tentant de mettre la photographie & Tabri de la peinture, quite & réitro- Aire par Varsitre-porte une conception de Timage qui, elle nen continue pus moins de provenirdizestement de Testhtigue picturale,généralement Testhétique aaturaliste, Autsement dit, ‘est rare que Ia notion Gempreinte joue un rile déisf au niveau de la constcution meme de la thGorie de image photo sraphique?. Or, i me semble indispensable dese servi eect vement de ceite arché de la photographie dans le description pragmatique de image Pour éviter tout malentondu : Timportance que jaccorde & Vanalyse de la matéralité du disposi photographique ne dé- coule pas d'une visée rédutionniste, mais est motivée unigue- ment par le fat que le statut pragmatique de image repose sur une thématisation de cette matérialité comme fondant sa spécificité. Ces ell par exemple qui livre le eritére de disc mination qui nous permet de distinguer Timage photographigue de Vimage pictorale, Par critére de discrimination, je tentends pas un eritere empirigue découlant une analyse de la mate rialité de Timage, mais un eritére logique qui fonde son statut (oda as; hen atte Vasher bh pie IS exept, doh has sar (03) ek (180, 4 LARCHE DE LA PHOTOGRAPHIE communicationne. Ce eritére peut, dans certains eas, re er- Fon€ du point de Yue marie = comme nous le verzons plus loin, il artive qu‘on prenne une image photographique pour une peintre, Par ailleurs, ma démarche méthodologique un co» follaire + tout aspect’ de la matérialité qui s'est pas pris en compte par la construction pragmatique de Vimage est dé- pourvu de pertinence descriptive au niveau ol je me situe. Les analyses qui suivent soot done inserites dans des limites précses 1 je ne tiendrai compte du statut matéie! de image fave pour autant qu'il interient au niveau de son statu sémion tigue. Ce parti pris a des consGquences conerétes. Ani lrs- ‘ull Sagira de prendre positon dans la querelle concernant nature digitale ou analogigue de image phocosraphique, je me Situeraiclaivement du cit6 de la deuxitine these, tout en ad: metiant queffectivement au niveau de la matérialité photon ‘que Timage est digttle. La résolution de cette apparente contradiction est simple : la discontinuité matévelle de Timage Photographique concerne Vimage physique, elle reléve done du iscours de la science physique : par contre, au niveau de image comme wic, comme présetation visuelle, i faut se twer dans une problematique de analogie. Or. cest o& deusiéme niveau qui impote +i existe certes des eas de recep- tion digitale (pensans a Vastrophotographie), mais il sagit alors €une leture (vire dun ealeul) de Vimage photonique, et ron pas une vision de Timage phovographique ‘Une demiare remanque préalable : je propose que fe lecteur, locsq'il rencontera le terme «image photographigue » pense, dane ce premier chapitre du moins, & Tusage qui est fat de la photographie en eximinclogie ou dans les proxocoes e!expérien es scientifiques, plat qu'au photojournalisme ou a la photo fraphie artistique: Ine faut jamais metre la chaerve avant les baeufe, Or, ler satuts de ia photo de témoignage au de Fart photographique sont beaucoup plus complexes que celui de Ia Photographie scientifique (pour autant bien entendu que 5 IMAGE PRECAIRE collet uliine image comme vue). Avant de se poser des ‘quenions concernant I= objectivité» du photojousnalisme ou fe ut aruatique d'une image de Weston ou de Frank, il faut bord tener de répondre & des questions du genre = pourquoi, Physique des particules, une photographie de chambre a Dulles peut-lle entter dans un protocole experience en tant ‘q'slément de preuve matrille? Crest la description de lar- ché photographique gui devrait nous fournir une réponse, a moins partill, 1 des questions de ce type. Ce nest que dans un deusiéme temps qu'on pourra essayer de voir en quoi is ‘questions que pose ls photographie canonigue (celle des images {ue nous rencontrons quotidicanement) soni, ou ne sont pos rductbies aux réponses fournies au niveau de Farché 2. Empreinte et image phoronique En tant que résultante de son dispsiti, Pimage photogea- pique est une empreince chimique. Ov, pour ére plus précis elle est effet chimique d'une causalite physique (électroma- ‘nétique), 2 savoir un flux de photons provenant dun objet (soit par émisson, sit par réflexion) et frappant la surface sensible Dans sa definition la plus générale, Pempreinte est une trace 4u'un corps physique imprime sur ou dane un autre corps phy= sigue. Selon I manitre dont ln trace est réalisée, om peut dise Uinguer Tes empreintes par contact dict et les emprentes distance. Les premitres sont effet dune action mécanique ou chimique directe de Timpréprant sur le corps empreint + cest le cas dela gravure, dela frappe des monnaies ov du masque de mort, On peut encore citer les traces qu'un etre vivant laisse dans Ia terre ou La neige, ainsi que ht reproduction par 6 LARCHE DE LA PROTOGRAPHIE impresion dune image. Les empreintes & distance, ‘xigent intervention dys élément physique intermédiaire en tee Fimpeegnant et Fempreinte. Dans le e88 qui nous intéresse, la photographie. cet elfment intermediate, nest autre que le Tux photonique émis ov reflec pae Vimpregnant. Seton late. rinologie de la théorie de Vinformation, le Mux photonique, ‘modalisé parle disposi, constitue un canal d'information. Puisque Ia photographie est une empreinte & distance, elle cst située dentée de jeu dans une tension spatiale qui impli- (que Pubsence de tout contact direct entre Vimprégnant et Tem reine, Autrement di, avant d'tre éventullement une affaire {de miroir, Vimage photographique est toujours une affuire de Gistance "elle ext results dune distension spatiale. Les pho- topraphes le savent bien : leur regard est lié toujours 2 lx bonne distance. Cette lagique de I distanciation est en féme temps une logigue de la rupture. Lempreince est. au pin sens du terme, extraite de Tespace physique source fvant quelle ne s'ajoute av monde du réceptcur, elle et ree tranchée du monde de Témetteur. Cette extraction est de Por~ dre d'un flux energétique ieréversble : Tempreinte ne peut ja- mais éire rendue 2 son contexte extraction, done image, congue comme construction ézeptive, est incapable dele reste fuer «tel quen fueméme = ‘La eelation qui ie Timprégrant 3 Pemprcinte photographi ue est de Vordee dune projection: Ia limite iéale de Timage DPhotonique mest autre chose que Timage mathématique b-uni- Novve, eesta-dre une image od & chague point de Vimpré [gnant correspond un seul point de Temprente et vice versa‘ Te niveau de Tempreinte est doac celui de image digitale photonique, qui doit etre dininguée de mage photographigue Analogigue, Cette dernire se caractérse par au moins une IMAGE PRECAIRE contrainte supplémentaie, 4 savoir la resemblance de image d'un objet avec les conditions de la vision humaine de cet ob- jet. La relation analogique invest Ia relation causal, et les urement physiques de ls seconde sont transposés en corelats entre signes visuels, ‘La contrainte supplémentaire de Yanalogc implique une mo- alsaton spécfique de Vimage phoronique gui va du choix de certaines foeales 2 inversion du négatif en posiif, en passant par Ia prevalence accorde 2 Vinstantané. Ce dernier point est iméresant,puisq’ilrevient a exclure le trac des mouvernents aw bénéfce de la Figurtion des abjets. L’homme enregste le ‘mouvement comme succession de stimull, alors que Timage Photugraphique ne sat le rendre que comme étalement spa: lial: autrement dit, le tracé des mouvements est excly parce qu'il n'est pas transposable analogiquement. Au niveau. de YPempreinte, per contre, cette exclusion nest nullement obliga toire, et on sait que les photographies des chambres & bles sont ées traces de mawemonts de partioues (c'est méme en cela que réside leur inértt, puisgu’on pest sins caleuler no famment les angles de fuite des diffentes partcules issues lune reaconte) (phozo n° 1. ‘Apres avoir dérit le principe de Fempreinte phocogeaphique, tentons de préciser les diveres manigres dont Timprégnant Deut opérer par rapport au dispesiif. Je distinguera trois eas 4) Liempreinte par luminance direct. Elle se caractéie par Te fat que Fobjet empreint est aussi la souree dy flux photo que produisant Tempreinte Les photographies du soleil et des oles, mais aussi les empreintes produtes par des corps ei Aioactis, sont des photographies par luminance diecte. Ihn'y @ pas de crite interme & image qui permette de distinguer une mage par luminance directe d'une image par réflexion» ins tne photo du ciel etoile présente d la fois des imprégnants 2 luminance directe et det imprégnants a rélexion (lle T+ tole» du soir, cesti-dite Ia plandte Venus). Dans la pho- LLARCHE DE LA PHOTOGRAPHIE tographie canonique, les empreintes par luminance directe ne jouent qu'un role tres resent. Dans certanes sciences, leur Tale est capital puisguelles permettent tablir une relation Energétique calculable entre le pont-image et sa source, ') Lempreinte par réflexion: objet empreiat est distinct de ls source du flux photonique. Cest ce qui se passe générale- rent dans Tusage canonigue de la photographie. Le source lumincuse est soit naturelle, sit artficielle. Cette dernitre dif ference peut influer sur le stalut pragmatique de image. Ans, In photographie en lumiére naturelle du fait de sa dé ppendance d'un facteur physique incontrable (la lumitre du Jour) est souvent problematisée par le récepteur comme une relation, soit de soumission au réa, soit de symbiase avec Iu (est Tidéologi la plus répandue dans ls théoies de la photo de paysage par exemple). A Vimverse, la photographie au flash unidirectionnel («soué» 3 Tapparei, done 4 «al» est tres propice pour une conception activist de la photographie, eve lation des faces caches de la vie, traque des grands et des petits secrets (Vaeuvre de Weegee en contitue sins doute ure Fealisation exemplaire). Quant & le photographie en lire tnifiielle multdiectionnlle, celle gon apple couramment fe photo de studio (bien qu'elle puisse tout aussi bien ére rea lisge en plein at), son homogengie et s1 plasticité Iz situent ddans une perspective theatre ou Cexbiitin, comme le moa- trent par exemple le potas de mode de Cecil Beaton ©) Lempreinte « par traverste»,caractérise par le fait que le Mux photonigue passe & travers Vimprégrant avant de trap per la surface sensible, Cest ce qui se passe en radiographic mais aussi dans les photogrammes réalisés aide objets purillementtransivcdes (comme les photogrammes de feul- Fes arbres réalisés par Fox Talbot). Linformation visuelle ‘que transmet Tempreinte por traversee est souvent difficile ment transposable en information analogique courante. Cest ce qui se paste dans la radiographie ou dans 'chographie 9 IMAGE PRECAIRE Nous verre plus lola que Ia riton en réside dans le fit que Meformetion tranumise dans ces cas ne porte pas sur Tenve: leppe phyoue extéricure mais sur Ia densité des mattres tr vartes ‘Loe Gtinctions qui préctdent constituent un premier exem- le de ta pertinence de la matérilité de Tempreinte pour la ‘onatitution pragmatique de Timage photographique et mon trent quil est illicte de la rabatre sur une notion d « image © oriente uniquement scion Ia problématigue de la figuration analogique. On pevt sattendre que la definition fondamentale de la photographic comme empreinte physico-chimique inter vienne de manidre encore plus crucale dans cette pragmatique et determine la spécifient méme du signe photographigue, compart & d'autres signes visuels-analogiques. Mais avant de pouvoir espérer aborder cette question, i faudra d'abord déga- er la signification présse du caractére reproductif de la pho Togeaphie, puisque d'etre une reproduction est, part ee qui la dstingue de la peintore 4. Production et reproduction du visible Photographie et camera obscura En tant qu'empreinte chimique, Nimage photographigue est Je résultat d'une intersetion urement matérielle entre deux comps physiques effectuée par Tintermédisire dun flux photo- nique. Leffet de cette interaction est une trace visible poor "homme. Il faut dstinguer Ta praduction du visible et le pro- beme de sa reproduction. Lorsque nous dizons qu'une chose st visible, nous sous-entendons toujours quelle est visible poor nous. Affirmer que la photographic est une repraduetion du monde visible, c'est lz consderer comme une reduplication, & 20 LLARcité DE LA PHOTOGRAPHIE la fais quant & Vabjet présenté et quant aux modalités de Ia présentation. Or. le chimp du rayoanement photonique nest Jamais une réduplication du visible bumain, Walter Benjamin, dans 38 Petite Histoire dela photographie, rappel, apres W'au- tees, Fagrandisement de univers visuel que nous devons au dispostt photographigue, 2 Ia fois dans le domaine de Vinfini= ment petit (mierophotographic) et dans celui de infiniment rand (asirophotogrephic). Mais on pourrait récorquer que cite potentialsation est due au dspostif optique, plde qu'an Aisposif photographique comme tel: Tusige des microscopes tt des lunettesastronomigues préséde Finvention de la photo- friphie, qui se constitue pos une innovation radicale dans “lagissement quanti &intérieur du chimp du visible. Aussi faut-il changer angle approche du probleme et alle voir du edt de Venregistroment chimique. Dans The Pencil of Nature, Henti Fox Talbot expose une experince qui, pour ce imaginare, non est pes moins cévélatrie, propose de construire une camera obscura géante dans laquelle on enfer~ mera plusieurs personnes, un appareil photographique et des rayons invisible. Vu Tobscurté parfate eégnant 3 Vineéieur de la chambre, les personnes seraientincapables de se oir les tunes les auttes. Par contre il serait possible dencegistrer leurs comportements grice 8 apparel photographique, puisgue Is Surface sensible peut aussi tre impeégnée par des rayons inv sibles, Lappaceil verrait done 12 o pour homme il ny a wobscurite, Je laisersi de ob la problématique voyeuriste Sventuele et ne retendrai que le fondement rél de cette expé> rience imaginaire, 8 saoir la sensibilité de la pellcule photo- Braphique 8 certaines longueurs Condes stuées hors du spectre ‘sible, Ce Tat, Beaucoup plus que Ia potetialsation & laquelle se réfere Benjamin, montse Tirnéductbilité de Venrepstrement hotographique & la problematique de la reproduction du visi 5 Mali, Fe Po Mee HA) abe 2 ble : le dispostit photographique produit des traces visibles de pPhénoménes qui sont radicalementinvisibles pour Vail humain, fen ce sens qu'elle ne sauraient doaner lieu & une image a6 Fienne ou rtiioane La photographie se distingue done profondément de ta ca: ‘mera obscura, Elle renferme toujours un hiatus veil entre le Aisposiit purement optique, support d'une image aérienne frentuele, et Tappariliage optico-chimigue complet en tant qvil est le support d'une empreinte chimique. Dans le eas de |s camera obscura, on assist bien 8 une reproduction, non seu: Jement du visible, mais du vu, puisque c'est en partant d'une image aérienne et de sa projection rétinienne que le peinte va cexécuter son dessin. Rien de tel en photographie : Ia produc tion de Tempreinte est un processus autonome qui west pas éeessairoment médiatsé par un regard human. Fox Talbot siméresait& existence d'une sensibilité photo sraphique située hors du spectre visible. Les physiciens et chimistes, analysant la nouvelle invention, mettaient Paccent Sur la manifestation du hiatus & interieur méme de oe spectre La non-superposition de image aésienne et de image photo- nique chimiquement enregistre fut analysée dée Pannée 1839 par J.T. Townsen. Il montra qu’a Tinterieur du spectre visible, il ya un décalage entee les rayons lex plus acts du point de vue de la luminosité (done du point de vue de Vimage 26 rienne) et ceux qui sont le plus aetifs chimiquement. Lindice de refraction des rayons lumineux est diffrent de cel des = rayons chimiques , 04, pour etre plus précis ; Te courbe de refraction de Vimage aérienne n'est pas superposable & celle de image chimique, Il sensuit que fe point de neiteté de image aériene, done de celle que voit le photographe, ne cxincde pas avec le point de netteté de Vimage chimique © Si nous met- tons au point la ceméra 1A od Timuge epparait la plus nete, nous utilisons la Tongueur focale moyenne de Vénergie Iumi= reuse de ln totalité des reyons, puisque chaque rayon color 2 postéde un degré de luminosité diferent. C'est a raison pour laquelle Pimage est produite principalement par les rayons jau- nes qui possédent lg Tuminosité a plus élevée, alors qu’ Yi ‘ers les rayons violets, qui sont les moins Tuminoux, y eontei- ‘buent seulement trés peu. (.-) D'un autre cBté, chague rayon portera prjudice & la netieté de Pimage en proportion de son cart du point focal moyen du faisceau lumineux dont il fait partic. (.) Il doit en tout cas éte clair que le point focal (des rayons lumineus) ne saurait Gre wilsé pour des besos photo leraphiques = en effet, fe rayon jaune, tout en tant le plus Tumineux, nexerce qu'une action chimique limite, alors que effet chimique du rayon siolet eit plus grand que celal de importe quel autre rayon lumineux, bien que sa luminosité Soit la plus faible, Les rayons dont Velfet chimique est plus rand que celui des rayons lumineux sont justement ceux qui, rs ensemble, ne possent ps d'énergic lumineuse® » Line fusirie photopraphigue s'est evidemment appliquee 2 corriger Vécart focal, devenu visible &s lors que le daguerréotype était remplace par des formats plus grands. On voit ii sur un eas précis comment, hstorquement, Cempreinte a &t¢ modalisee Selon une fialite analogique, Mais cette modalisation est aussi tin indice » contario de Tautonomie de la prosvetion de Tem prcinte, La théorie de la repreduction a tendance a considérer ta relation danslopie comme une relation de dépendance & sens tnigue de Cimsge-actifice par apport A une image-vsion ps tulge, Liimage-artfce fat toyjours fonction de double d'une image = image d'une image. Dans cette conception, les Treees ennemis de Tidéalisme et de Mempirisme se rejoigneat, puis wits postulent tous les deux Vexistence d'une présenation ori- Binare, comme certitude Cappréhension dun donné immédiat Lore Festhétique eomantique oppose la vision intérieure, qui a3 IMAGE PRECAIRE sertit 4 Vorigine de Tauvre d'art veritable, 8 Ia reproduction des apparences par la photographic, elle se situe dans le cadre de cette conception traditionnelle de Timage qui oppose une apprehension de Vessence & Tenregistrement des qualits secon des, Lieuvre dart, a le fois vison oriinaire et orgine de la vision, fonde Tappréhension des appurences & lagulle- sont condamnées la perception commune et Fimage-arifiee, A ie tte extsEme, lorsque les défenseurs de la photographie revend auent la = fidlite~ de Timage, ces encore i la fli par rapport & une vision originaire, ici de Tordre dune intuition sensible, quils penseat. Dans les deux cas, Timagesrtifice trouve sa légitimation dans Ia certitude une vision quelle réduplique (Variante empirste) ou dont elle constitue une forme déchue (variante sdéaliste). Lidge que Tineligibilite ‘une image-artfice pusse tire lgiimée tout simplement par ‘autres imagesariice semble inconcevable dans cette concep tion. Ne partons pas de ls possiblté qu'une image-artifie ley time éventuelement une perception sensible ou une vision inté- Le défaut essentil de Ia théorie de la reproduction me sem be etre quel lisse fatalement de Phypothése de la reproduc tion d'tants {reproduction 1) 3 celle de la reproduction Sone vision (reproduction II. Ce glssement sopére par exemple chez Heidegger dans Kant et le Probleme de Ja métaphysique, ceci lors des considerations sur la notion image par lesgueles it Inteoduit son étude du schématisme kentien. Il dstingue quatre acceplions du terme « image qui correspondent 8 autant de fonctions différentes = a) Timage comme vue offerte par un fant en tant gui se manifeste comme doané; 6) image comme décalque gui reproduit un étant, que eat étant soit pe Sent ou absent: «) Timage comme modile Hnblick), projetant tum Giant exter: dj Vimage comme vue en général, comme fonction herménevtique, sins que soit spécifié le statut de ce ui est imagé. La fagon la plas eépandue de se procurer une a vue, continue Heidegger, est Pituition empivigue de ce qui s ‘manifest. Mais on peut aussi se procurer une vue sous forme de les distnguer Cente regle doit aussi s'appliquer & Timage piotographigue, dont Pambiguité semotique tient entre autres 2 exte possibi- Tite dinterpéneiration des sgnes naturels et des signes conven ‘Cette mise au point concernant Findiialié (dans sa généra tie) Giant faite, it est temps de passer 8 la thése de a nature ionique de Vimage photographique défendue par Eco. Comme pour Vindicalit i postule une conventionnaliteintrinaque dx ‘champ des icbnes. Dans wn premier temps, il Gablit que, st tune chose tlle que I relation analogique exist, elle ne sau rait avoir lew entre Timage et Fobjet rél, mais tout au plus fnire Ja premitre ot ss conditions dela «perception ‘Commune «A premigre vue, cetle restriction semble valable fon voit mal en effet comment des formes visibles pourtaient ressembler & autre chase qu'a des formes visibles, et fa) mo imme insist sur le fait que 1a relation analog joue entre Vimage et le champ visuel. Mais, contairement & ce que sou tient lo, cei nexelut pas Fexistence d'un rapport entre objet in demerees ene ee ep. 10) Mi i Score ee ant sees 36 ARCH DE LA PHOTOGRAPHIE rel et image analogigue. Il sufit de prévser qui ne agit pas un rapport figuratif (qui ne peut existe qu'entre formes vi suelles), mais d'un rapport logigue. La vision d'un objet ot objet él, ow de maniéze plus générale la representation (sous forme de perception actuelle ou sous forme de remémoration) tla alte font partie du méme espace logique : «La cemé rmoration et la rélté doivent te dans un espace. De méme la représentation (Vortellung) et la realité sont daas un es pices La encore, Je probleme mest pas dordre ontolgi- que : on peut débatire sans fin aw sujet des relations de nos représentations et une réalité en si; cach wempéche que la transposition des termes de Ia Vorselhing en termes de talité Fonctionne comme a priori grammatical de note apprehension effective du «monde. L'atalogie entre Vimage photograph que et la perception commune» garantt la traduetibiité du champ de Timage en champ pereepif, qui a son tour ancre image dans le champ logique de lt rSalité. Regardons Canal 2 Bougival, de Carier-Bresson iphoto n* 2): sa rchesse figu tative ne saurat etre distingue de sx dynamique quasi per- ceptve, la divesité interactive des formes et des regards (dont un regard de chien, inquiétant directement celui gui re- garde Vimage) faisant liiéralement rayonner image hors de Sen cadre. Nous sommes ici i Tautre extréme de image pho- ‘onigue, loi la photographie réusit presque impossible + se faire halluciner comme perception synesthésique, bruissemtent sonore autent que spectacle vitucl, lin de tout symbolise, de tout = message »iconigue ‘Chez Eco, la chasse aux «illusions» de la naturale ow de Ja motivation des signesiconiques prend parfois des allures pi- ques. Non content avoir rédut la elation analogic 2 une ressemblance entre Timage et les conditions de la. perception commune, if pense quil faut aller plus loin « Apparemment, 2 IMAGE PRECAIRE cette défnition ne devrait pas ebranler profondément le notion de signe conique ov dimage comme quelque chose qui a une ressemblance native avec objet eel. Si“ avoir une ressem= bance native” sgnifie ne pas étre un signe arbitraie mais un signe motive, qui tire son sens de la chose représentée et non de fa convention représentatie, dens ce cas, paler de reser blance native ou de signe qui reproduit quelgues conditions de Ja perception commune devrait revenir au méme. L'image (Gessinge ou photographige) serait encore quelque chose enraciné dans le réel", un exemple d'" expressivité nat relle", immanence du sens & Ia chose, présence de In réalité ans sa significativité spontanée.» Afin iter cette horible hypothése, Eco commence par affirmer que la perception obeit des codes percepts. done que la codification existe dejd en mont de Timage-trtifce. Ben enterdu, la justesse ou fausseté frentuelle de cette these importe peu av probldme qui nous fceupe : méme si la perception est codés, cela ne prouve pas Sviometiquement. qué la. relation @anglgie ence elle et Fimage soit aussi codée, 11 alinsiste ailleurs guére sur ce point, et paste tout de suite a lx thise de Ia conventionnalité es tapports lant image et la perception = « Nous dirons sors: Tes signesiconigues repoduisent quelgues conditions de ln perception de Fobjet, mais apres les avoir slecionnées selon des codes de reconnaissance et Jes avoir notées selon des conventions grephiques par lesqoelles un signe arbitrairement flonné denote une condition donnée de Ia perception ou, globe Jement. denote wn pergu arbtraiement réduit & une représen- tation simplifige®. = ‘Comme le montre Putilisation de expression «conventions sraphiques, Eso pense surtout & Tamalogie grephique. Des vil 86 tovene vers ln photographie, i affaiblit sa hese (qu ‘devait pourtant Etre valable pour tous les signesiconiques) : on voit mal en effet comment on pourra: soutenit, en ce qui concerne image photographique, Vidée dune sélection des traits de Fobjet selon des codes de reconnaissance ou une nota Won selon des conventions graphiquss, Ce nest plus de carac- tere arbitraze de Ia relation enite image et perception qu'il Soutient, mas le peu de fidlié de la premire par rappoc 8a ‘deuxitme, II repeend 2 ce propos le celebre exemple doané par Gombrich : une mise en paralléle du tableau de Constable, Wivenhoe Park, avee deux photographies du méine pare prises seus le méme angle que celti figure par le tableau, mas Urées, Fone sur une échelle de gris tres limtée, Pautre sur une éehele rts conirastée¥. Ces trois jones, nous dit-on, « mon: trent avant tout que le pare de Constable avait peu de choses en commun avee celui de fa photographie, ans pour eutant, en seconde instance, démontrer que la photographie consiue. le Pram sur lequel juger Ticonicté de a peinture™». La constaation est trvialement juste, mais elle ne concerme en rien le probleme du caraetére codé de Tanalogie photoeraphi- que. Eco continue, en citant Gombrich : «Certes il n'y 4 pas tn centimatee caré dela photographie qui sit, pour ainsi dire, fdemique 4 Vimage qu'on pourrait avoir sur place en utilisant un miro. On le-comprend. La photographie en noir et blanc ne donne que des gradations de ton dans une gamme tr lin te de gris. Aucun de ces tons évidemment ne correspond a que nous appelons la réaite, En fat, échelle depend en frande partic du choix du photographe sw moment du develop Pement du tirage, et c'est on grande partie une question de technique. Les deux photographies reproduites provienent da meme négati: Lune, tirge sur une échelle tres limites de gis, donne un effet de lumitre wolée; autre, plus contrestce ro

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