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INTRODUCTION 4
I.2. LES VALEURS PAYSAGÈRES CLES DES PAYSAGES VITICOLES DES COTEAUX HISTORIQUES 13
I.2.1 La vigne, matière primordiale des paysages des coteaux historiques 14
I.2.2 Les reliefs, facteur de caractère et d’attrait paysager pour le vignoble 17
I.2.3 L’eau, capricieuse mais précieuse au sein des paysages 21
I.2.4 L’arbre et la forêt, des faire-valoir essentiels pour les paysages viticoles 23
I.2.5 Les petits éléments construits du vignoble, facteurs de diversité et de caractère pour les paysages 27
I.2.6 Les villages, une trame viaire et bâtie conçue pour l’activité viticole 29
I.3 LES DYNAMIQUES D’ÉVOLUTION DES PAYSAGES VITICOLES : ATOUTS, PROBLÈMES, RISQUES ET OPPORTUNITÉS 48
I.3.1 Un vignoble dont l’étendue varie au cours du temps 50
I.3.2 Des paysages témoignant de l’évolution des pratiques viticoles 56
I.3.3 Une eau au tempérament rebelle, partiellement domestiquée dans les vignes 68
I.3.4 Les routes parcourant les coteaux historiques, des itinéraires aux paysages localement fragilisés 75
I.3.5 Des paysages viticoles vulnérables à certaines évolutions liées à l’urbanisation et au bâti 77
ORIENTATION I - PRENDRE EN COMPTE LA QUALITÉ PAYSAGÈRE À L’OCCASION DE L’AMÉNAGEMENT ET DE LA GESTION DES VIGNES 88
I.1 - les aménagements hydrauliques dans les vignes 88
I.2 - les terrassements et les dispositifs de soutènement parcellaires 92
I.3 - le piquetage des vignes 95
I.4 - L’aménagement et l’entretien des talus, des fourrières et autres espaces interstitiels du vignoble 97
ORIENTATION III - ASSOCIER PLUS ÉTROITEMENT LES VILLAGES ET LES ENSEMBLES BÂTIS À LA QUALITÉ PAYSAGÈRE DES COTEAUX 108
III.1 - les silhouettes de bourg sur le coteau 108
III.2 - la transition entre les vignes et l’urbanisation 111
III.3 - les bâtiments d’activités sur le coteau viticole 113
III.4 - les bâtiments d’habitation 115
Les paysages viticoles des coteaux de la vallée de la Marne et du pour- d’évolution, anciennes ou plus récentes, qui au cours du temps ont
tour de la Montagne de Reims témoignent d’une alliance séculaire et transformé ces paysages, par petites touches et parfois plus radicale-
fructueuse entre la nature et les hommes. Ces paysages nous révèlent ment. Ces dynamiques sont envisagées du point de vue de leur effets
non seulement une géographie et une géologie singulière, mais aussi sur les valeurs paysagères précédemment identifiées, selon qu’elles les
une histoire humaine plus récente mais tout aussi déterminante, cen- renforcent ou au contraire qu’elles les fragilisent, et parfois même les
trée sur la viticulture et la renommée grandissante de ses vins. dénaturent.
Aujourd’hui, alors que la notoriété des vin de champagne est sans pa- Sur la base des conclusions du diagnostic, la seconde partie de l’étude
reil à l’échelle planétaire, les « paysages du champagne » sont en quête définit une stratégie d’actions pour la préservation, le confortement et
d’une reconnaissance plus marquée, au travers de la candidature pour la reconquête de la qualité paysagère des coteaux historiques. Cette
leur classement au Patrimoine mondial de l’Unesco. Cette candidature stratégie est déclinée à partie de cinq grandes orientations, qui chacune
signe en elle-même un acte de reconnaissance fort de la valeur de ces concerne un des thèmes sur lesquels il est souhaitable d’engager des
paysages, et le souhait de la faire rayonner plus largement. actions qualitatives au cours des prochaines années. Parmi les actions
proposées, beaucoup concernent des opérations d’aménagement ou
« Site pilote » dans le cadre de la candidature Unesco, le secteur des
de gestion courantes sur l’espace des coteaux (notamment celles réa-
coteaux historiques tient une place à part au sein du territoire du Parc :
lisées par les viticulteurs), qu’il s’agit d’accompagner d’une plus grande
temporelle de par l’ancrage historique de l’activité viticole ; spatiale du
prise en compte de leurs effets sur la qualité paysagère. Les coteaux
fait de son positionnement en vis-à-vis d’Epernay, ville souvent quali-
historiques présentent en effet des paysages vivants et qui dépendent
fiée de « capitale du Champagne ». Présentés comme une vitrine stra-
des pratiques de ceux qui y résident et qui y travaillent. Au cours de
tégique parmi les vignobles du pourtour de la Montagne de Reims, les
l’histoire, ces derniers ont su à de nombreuses reprises faire évoluer
coteaux historiques sont ainsi porteurs d’enjeux qualitatifs particulière-
certaines de leurs pratiques. Aujourd’hui c’est une nouvelle étape qui
ment marqués, et qui donnent tout son sens à la présente étude.
est proposée au travers de cette étude, celle d’un ajustement plus étroit
La première partie de l’étude présente l’état des lieux des paysages des entre, d’une part la reconnaissance grandissante de la valeur des pay-
coteaux historiques. Cette base de connaissance s’attache notamment sages des coteaux historiques, et d’autre part les actions de ceux qui les
à mettre en évidence les « valeurs paysagères » qui fondent la qualité gèrent et les font vivre au jour le jour.
et l’originalité des paysages actuels. Puis, elle décrypte les dynamiques
0 1 2 Km
périmètre de l’étude paysagère Candidature patrimoine mondial Unesco : Bien Candidature patrimoine mondial Unesco : zone tampon limites des communes concernées
Hautvillers Champillon
Cumières Mutigny
Dizy Ay
Mareuil-sur-Ay
Nord
cana
0 1 2 Km
Vignes Espaces agricoles non viticoles Forêts et autres espaces arborés Autres modes d’occupation des sols
(cultures et prairies)
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Des pentes occupées par les vignes, entre fond de vallée agricole et plateau forestier
L’occupation végétale des sols du secteur des coteaux historiques : bloc diagramme
(données : IGN Bd-Topo et Bd-Alti)
Limite supérieure du vignoble variant sensiblement en altimétrie selon les secteurs, plus ou moins distante du rebord du plateau.
Nord
Hautvillers Champillon
Cumières Dizy Mutigny
Vignes Forêts et autres espaces arborés limite haute des coteaux Mareuil-sur-Ay
Ay
(rebord de plateau)
Espaces agricoles non viticoles Autres modes d’occupation des sols limite basse des coteaux
(cultures et prairies)
(confins du lit majeur de la Marne)
Rebord de plateau et partie sommitale Pentes viticoles en Fond de vallée L’organisation étagée des paysages est particulièrement
des coteaux occupés par la forêt contrebas de la forêt très plat et cultivé lisible depuis les secteurs agricoles et ouverts du fond
de vallée : ici au niveau du village de Cumières
0 1 2 Km
Vignes Urbanisation
Trois villages positionnés en haut des pentes viticoles, proches des lisières forestières
Le positionnement de l’urbanisation
vis à vis des reliefs : bloc diagramme
(données : IGN Bd-Topo et Bd-Alti)
Hautvillers Champillon Mutigny
Nord
Epernay
0 1 2 Km
routes principales routes de desserte du vignoble autres routes ou voies urbaines Vignes
Des vignes aux paysages rythmés par les saisons et les travaux des hommes
Plante ligneuse et pérenne, la vigne offre un visage particulièrement s’observent à l’occasion des différentes étapes du cycle naturel de déve- humaine très étroitement associées, comme « en intimité ». Pour autant
changeant au gré des saisons, et des soins qui lui sont prodigués. C’est loppement de la plante, et des travaux qui la concernent (notamment la vigne sait se montrer ouverte : elle accueille des bras venus d’un peu
là un de ses caractères les plus appréciés, particulièrement à l’automne les tailles successives). La présence d’hommes et de femmes, quasi per- partout, pour le temps des vendanges, pendant lesquelles les vignes
quand se dévoile sa palette lumineuse de tons or. Au-delà de ce temps manente dans les parcelles, souligne les besoins de cette plante domes- montrent une animation sans pareil. Elle ouvre également ses chemins
fort, presque « festif » d’un point de vue paysager, des variations plus tiquée, à la fois exigeante et fragile. Le vignoble renvoie l’image d’un et ses routes aux promeneurs et aux randonneurs, pour leur simple plai-
subtiles interviennent tout au long de l’année dans le vigonble : elles terroir jardiné, de paysages issus d’une nature et d’une communauté sir d’être là.
Depuis Mareuil-sur-Ay
Héritage d’une histoire riche et complexe, le découpage parcellaire Exemples de parcelles de petite taille et au découpage irrégulier, une typologie parcellaire plus fréquente sur les parties hautes des coteaux
du vignoble révèle la coexistence de deux types d’exploitations, bien
lisible dans les paysages :
• Celles des maisons de champagne, dont les parcelles ont sou-
vent une surface importante, et dont le découpage est régulier
et ordonné. On l'observe principalement sur les parties basses
des coteaux
• Celles des vignerons indépendants, dont les parcelles sont en
général plus petites et dont le découpage est plus irrégulier et
complexe. On remarque particulièrement ce type de parcellaire
sur le haut des pentes, notamment à proximité des lisières de la
forêt de la Montagne de Reims.
Ainsi sont inscrits dans les paysages des indices de l'organisation so-
ciale des acteurs du vignoble. Cette variabilité du parcellaire consti-
tue un atout pour l'image des coteaux historiques : elle participe à
introduire des variations dans les paysages des vignes lorsqu'on les
parcourt.
Exemples de parcelles de grande taille et au découpage régulier, qu’on observe le plus souvent sur les parties basses des coteaux
Le bas des coteaux entre Ay et Dizy Les versants en contrebas de l’abbaye d’Hautvillers
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I.2.2 LES CHEMINS ET DES ROUTES, DES ITINÉRAIRES À PARCOURIR ET DES LIGNES DANS LES PAYSAGES
Illustration de l’aspect « graphique » des chemins parcourant les Chemin enherbé sur les versants d’Ay
coteaux historiques, ici vus à distance depuis la rive sud de la
Marne.
Chemin dans les vignes, sur les hauteurs de Dizy Chemins en contrebas de Mutigny, en direction d'Ay Chemin enherbé à Hautvillers
La silhouette caractéristique de la colline des Goisses, bien visible depuis les rives du canal à Mareuil-sur-Ay Le promontoire de Mutigny, au sommet duquel se détache la silhouette du village
La butte de Châtillon au pied de laquelle s'adosse la ville d'Ay Proche du village d’Hautvillers et de son abbaye, le promontoire des Crémonts
Hautvillers
Ay
Belvédère aménagé à Hautvillers, une commune dotée de plusieurs points de vue remarquables Vue panoramique sur les vignes, en avant des coteaux d’Avenay et de la plaine champenoise, depuis l’église de
Mutigny
Vue en surplomb sur Champillon et ses vignes, depuis un des belvédères du secteur de Bellevue Vue sur le vignoble des coteaux historiques et la vallée de la Marne, depuis la butte des Goisses à Mareuil-sur-Ay
Sans leur socle crayeux, les coteaux historiques n’auraient leur qu’elle a captée le jour. Sa présence est sensible un dessinent des éclats particulièrement lumineux dans les
sans doute jamais connu la prospérité et la notoriété dont peu partout dans les vignes : on la reconnait dans la sur- versants, comme si la craie voulait rappeler qu’elle est ici
ils bénéficient aujourd’hui. Cette roche singulière, friable face, souvent lumineuse, des chemins, on la remarque la pièce maitresse. Malgré sa faible dureté, la craie éclaire
et fragile, fourni un substrat exceptionnel pour la culture aussi sous forme de dépôts destinés à amender les terres. également certaines façades, comme à Mareuil-sur-Ay où
de la vigne, retenant l’eau sans excès, réfléchissant la lu- Elle apparait ponctuellement de façon plus franche, au ni- plusieurs édifices remarquables ont été édifiés en l’utilisant.
mière si nécessaire à la plante, et restituant la nuit la cha- veau d’anciens fronts de taille de carrières. Ces derniers
L'église Saint-Hilaire de Mareuil-sur-Ay (en haut), et une Anciens fronts taillés dans la craie, très lumineux et constituant des points de
dépendance du château de Montebello (en bas) : deux repères dans les paysages. En haut à gauche dans le vallon de Sainte-Hélène à
exemples d’édifices dont les façades sont éclairées par Hautvillers, en haut à droite et en bas à gauche dans le vallon du Cubray à Ay,
l’utilisation de la craie en bas à droite à Dizy.
La Marne et le canal latéral : des vis-à-vis ponctuels et parfois remarquables avec les coteaux
La Marne est à l’origine de l’appellation ancienne de « vins paysages des coteaux historiques. Mareuil-sur-Ay et Cumières ;
de rivière », qui concerne les vins produits tout au long de • des vues dominantes sur la Marne ou le canal depuis les
Deux types de perception se présentent :
la vallée. Pour autant, la rivière reste relativement discrète vignes, dont on bénéficie notamment à Hautvillers et à
lorsqu’on parcourt les vignobles. La Marne, et son canal laté- • des vues sur les vignes depuis la rivière, le canal et leurs Cumières, ainsi que depuis la colline de Goisses à Ma-
ral, sont pourtant un des traits de caractère essentiels des berges, des perceptions particulièrement présentes à reuil-sur-Ay
Ci-dessus, belle perspective sur les coteaux de Cumières, dans Ci-dessus : la Marne en contrebas de la En haut : les Goisses vues depuis les rives
l’axe du canal latéral à la Marne. Ci-dessous la perspective D1, à la sortie de Cumières - en bas : une du canal latéral à la Marne - en bas : le
inverse, depuis les coteaux et en direction du canal. vue prise depuis les coteaux d'Hautvillers canal et Mareuil vus depuis les Goisses
L’eau dans les vignes : discrète mais révélée par certains indices.
Sur les versants du vignoble, seuls quelques petits rus indices : des arbres typiques des zones humides (notamment jacente aux vignobles, et à montrer comment les hommes
s’écoulent de façon plus ou moins permanente, principalement des saules), des aménagements hydrauliques destinés ont dû et doivent toujours et encore composer avec elle.
le Cubray à Ay, le ru de Champillon et le ruisseau du vallon à canaliser les eaux de pluie, des puits, etc. Loin d’être Incontournable et même si elle est parfois dévastatrice, l’eau
de Sainte-Hélène à Hautvillers. Dans les vignes, l’eau en spectaculaires, tous ces éléments participent néanmoins à des vignes est ainsi une valeur importante au sein des paysages.
tant que telle est presque toujours invisible. Pour autant, sa enrichir les paysages viticoles. Leur valeur tient notamment
présence se révèle dans les paysages au travers de différents à leur capacité à rappeler l’existence d’une « nature » sous-
Les fossés et les rigoles, signes de la "domestication" de l'eau dans les vignes
Fossé « en U » aménagé entre deux parcelles, près de la cave Les dalles de pierre posées sur chant, traditionnellement Rigoles destinées à évacuer les eaux lors des fortes pluies.
Thomas, aux limites d’Hautvillers utilisées pour canaliser les fils d’eau en bordure des chemins Le plus souvent à sec, ce type d’aménagement s’inscrit dans
et des petites routes en pente, participent à valoriser les la géométrie régulière des paysages de vignes. Sous réserve
vignes qu'elles accompagnent. Ici à Cumières. d’avoir été réalisés avec soin et d’être en bon état, ce sont
des éléments qui enrichissent le paysage des vignes, tout en
Les saules, indices révélant le tracé des petits ruisseaux naturels donnant à comprendre son fonctionnement hydraulique.
Saules révélant le fil du ruisseau de Champillon, ce dernier Saules le long du ru qui parcourt le vallon Sainte-Hélène à Saules bordant le discret ruisseau du Cubray, à Ay
invisible dans les vignes. Hautvillers.
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I.2.4 LA FORÊT ET L'ARBRE, DES FAIRE-VALOIR ESSENTIELS POUR LES PAYSAGES VITICOLES.
Le massif forestier de la Montagne de Reims et ses lisières, des paysages de nature emblématiques, à l’horizon des vignes
Le massif forestier de la Montagne de Reims constitue dans l’ordonnancement géométrique et soigné de ces dernières, à l’automne, quand les feuillages de l’une et de l’autre dé-
les paysages une limite particulièrement lisible et valorisante, la forêt juxtapose une image d’espace de nature : elle appa- ploient de concert ces palettes de couleurs à la fois subtiles et
à l’amont du vignoble. La forêt s’apprécie quand elle est ob- raît plus libre et insoumise dans son ordonnancement, moins harmonieuses. La lisière forestière proprement dite est le lieu
servée à grande distance, et qu’elle elle dessine ce long our- dépendante de l’homme dans les soins qu’elle réclame. Si de la confrontation la plus franche et la plus directe entre ces
let, à la fois épais et sombre, qui coiffe le sommet des pentes. elle contraste avec la vigne, la forêt fait aussi preuve de deux paysages si différents. Elle s’apprécie grâce aux chemins
Ses qualités se révèlent tout autant lorsque l’on s’en rap- connivence avec elle, dont elle partage la nature végétale et qui, dans de nombreux secteurs, en parcourent le linéaire.
proche, et qu’elle se fait écrin bordant les dernières vignes. A ligneuse. Cela se remarque particulièrement au printemps et
En venant coiffer les coteaux, la forêt marque de façon très C’est dans les vues à distance que l’étendue du massif forestier de la Montagne de Reims révèle toute son étendue sur le haut
claire et lisible les limites du vignoble sur les pentes. Ici sur des pentes. Ici une vue montrant la forêt enveloppant le village de Champillon, prise depuis Hautvillers
les hauteurs d’Hautvillers et de Cumières.
Le front arboré du parc de l’abbaye d’Hautvillers. La période
automnale permet d’apprécier l’harmonie subtile de la palette
des couleurs du vignoble avec celle des arbres du parc. Deux exemples de paysages de lisières attractifs et parcourables par des chemins publics
Les structures végétales arborées du fond de vallée : une contribution à la diversité paysagère aux limites du vignoble
Le fond de la vallée de la Marne présente des formations arbo- sages, sur les marges basses du vignoble. Pour autant, il s’agit (1)
au contact de la Marne et du canal, alignements d’arbres
rées plus diverses et plus fragmentées que ne l’est le massif fo- d’éléments qui servent incontestablement la qualité paysa- de bord de route, etc. Ils introduisent ainsi des éléments de
restier de la Montagne de Reims. Contrairement à ce dernier, gère des coteaux historiques, notamment du fait de la diversi- diversité dans les paysages des vignes des parties basses des
très visible sur les hauteurs, ces boisements de vallée sont té des images qu’ils proposent : peupleraies et autres formes coteaux, d’autant plus intéressants que ces secteurs ne béné-
souvent moins immédiatement perceptibles dans les pay- arboricoles, boisements et bosquets spontanés, ripisylves ficient pas de l’attrait d’une position perchée sur les pentes.
Très différentes de la forêt de la Montagne de Reims, les formations arborées du fond de vallée sont plus plus diversifiées dans Formations arborées de fond de vallée, visibles depuis Ay
leur aspect et s'imbriquent aux parcelles de cultures sarclées. Ici en arrière des dernières vignes, dans le bas d’Hautvillers. au premier plan d’Epernay, et masquant les grandes zones
d’activités proches de la Marne.
(1)
ripisylve : ensemble
des formations boisées, Peupleraies et autres "vergers à bois" composent des paysages arborés où l’ordonnancement en ligne des L'écrin arboré des rives de la Marne,
buissonnantes et arbres rappelle celui des vignes, et s’harmonise avec elles : à gauche une peupleraie, à droite une plantation ici à l’amont de Cumières
herbacées présentes sur de merisiers visible depuis la commune de Dizy.
les rives d’un cours d’eau
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L’arbre des vignes, une présence rare et remarquée
Dans le vignoble proprement dit, les arbres sont rares, et qui ponctuent par endroit le cours des petits ruisseaux qui secteurs, souvent isolés et parfois en petits groupes, en bor-
même totalement absents dans de nombreux secteurs. parcourent les vallons du vignoble (le Cubray à Ay, le ru de dure de route ou de de chemin. Il s’agit souvent de noyers,
Du fait de cette rareté, ceux qui sont visibles çà et là se re- Champillon et le ru du vallon de Sainte-Hélène à Hautvillers). et parfois d’érables, de pins ou d’autres espèces. Attirant
marquent aisément et prennent une importance particulière Si les vallons sont les parties du vignoble où on l’en observe l’œil du fait de leur isolement dans les vignes, ils prennent
dans les paysages. Ont déjà été évoqués plus haut les saules le plus, des arbres sont également présents dans d’autres une importance qui peut être frappante dans certaines vues.
Le noyer de la butte de Châtillon à Ay, vu sous trois angles différents : un arbre modeste en taille, mais dont la silhouette se détache très nettement dans les vignes.
Petit noyer surplombant un chemin, à Ay Alignement de pins noirs à Mareuil-sur-Ay, ici vu en avant du Paire de petits arbres émergeant de fourrés, sur les coteaux
village de Mutigny et de ses coteaux de Cumières
Le couvert d'un arbre peut accueillir agréablement un banc, Un érable posté en limite de vignoble, à la sortie du village de Arbre isolé se détachant en avant de la forêt de la Montagne
comme ici à Hautvillers Champillon de Reims, à la limite ouest de la commune de Cumières
C’est dans certains vallons que les arbres sont le plus présents parmi les vignes - à gauche : dans le vallon du Cubray à Ay - à Petit noyer en bordure de chemin, à Dizy
droite : dans le vallon du ru de Champillon, à l’aval du village
Les paysages du champagne, et parmi eux ceux des de murets, à fonction de soutènement ou de canalisation éléments construits, linéaires ou ponctuels, sont à la fois
coteaux historiques, ne présentent pas des paysages aussi des eaux de ruissellement ; d’escaliers, donnant accès à des éléments de diversité et de repère dans les paysages
« construits » que ceux d'autres vignobles de France et du des parcelles en forte pente ; des loges de vignes, autrefois des coteaux historiques, des structures minérales qui
monde, parfois organisés autour de terrasses maçonnées abris pour les vignerons ; d’entrées de caves, d’essors aérant s’unissent à la vaste architecture végétale du vignoble. Ils
successives. Pour autant, des éléments construits y sont des caves ; de bornes posées au limites des parcelles des participent tout particulièrement à en affirmer le caractère
présents, architectures et aménagements réalisés pour maisons de champagne ; de calvaires et de croix ; etc. Aussi champenois, notamment au travers des différents matériaux
partie en matériaux traditionnels. Il peut s’agir de murs et modestes soient-ils pour certains d’entre eux, tous ces issu du « terroir » : la craie, la meulière et la brique.
Loge de vigne, vue en avant du village à Dizy Loge de vigne en lisière de bois, à Mutigny Essors sur le coteau dominant le village d’Ay, édifiés en
meulière
Croix de chemin et murets, dans le bas d’Hautvillers Entrée de cave sur les flancs du vallon de Sainte-Geneviève, à Ponctuations des essors dans les vignes, à l’amont d’Ay
Hautvillers
Les escaliers du clos des Goisses, qui soulignent et Petit soutènement en dalles de pierres posées sur chant, Escalier et mur de soutènement en meulière, croix en
embellissent ces parcelles en forte pente visible à Dizy ferronnerie, à Mareuil-sur-Ay
Muret de pierre et borne de maison de champagne : des Escalier, mur de soutènement et borne dans le bas Mur de soutènement en meulière, sur les hauteurs de Dizy
éléments modestes et pourtant importants dans les paysages d’Hautvillers
du vignoble
TiTre 3 : calibri gras 18 pT - en majuscules - bleu marine Gravure de Nicolas Tassin, source cartocassini.org
- bleu marine
grandes parties de l’étude : diagnostic, etc.
- bleu marine
Cornu,
1882
grandes parties de l’étude : diagnostic, etc.
Dessin de
Fernand
Cornu, Titre 4 : calibri gras italique souligné 16 pt - en majuscules, bleu moyen
1882
II.7.2 Des bâtiments d’activités économiques qui ne tirent suffisamment profit de l’image de leur site presti-
gieux
Dessin de
Fernand
Cornu texte normal : calibri 12 pt - noir
retouché • puces : calibri 12 pt - noir
en 2007
- bleu marine
grandes parties de l’étude : diagnostic, etc.
Silhouette étendue en pied de coteau, un linéaire de bâti situé entre les rives arborées le long de la Marne et le coteau viticole. Le clocher de l’Eglise crée un repère vertical dans ce linéaire de toitures
moyen
II. Les valeurs paysagères clés des paysages viticoles des coteaux historiques
Silhouette groupée au fond d’une combe, une situation en Silhouette étirée en fond de vallée qui s’épaissit en débouché du relief. Le clocher
promontoire qui se ponctue par le clocher de l’église Saint Pierre de l’église situé sur une butte ressort de la tache urbaine
TiTre 3 : calibri gras 18 pT - en majuscules - bleu marine
Silhouette de Mutigny Silhouette inscrite en haut de
II.7. Le patrimoine architectural et urbain identitaire de Champagne
coteau sans arrière plan boisé. Silhouette de Mareuil-sur-Ay
L’église tient le premier plan
et s’accompagne de maisons
mitoyennes. En s’éloignant de
l’édifice les constructions isolées
Titre 4 : calibri gras italique souligné 16 pt - en majuscules, ressortent. bleu moyen
Si la II.7.2
silhouette d’activités économiques qui ne tirent suffisamment profitSilhouette
de Champillon
Des bâtiments de l’image de
de Champillon
leur site presti-
restegieux
peu visible depuis Dizy,
elle est plus appréciable
depuis Hautvillers et Silhouette peu perceptible groupée au pied d’une butte
Bellevue. Les excroissances
d’urbanisation se répartissent
autour du centre
Titre ancien.
5 : calibri gras 14 pt - en minuscules - bleu marine
au besoin
Silhouette de !Ay
Exemples de rue et ruelle : profil de voie étroit où les modes de déplacements cohabitent
- bleu marine
UNE DIVERSITÉ
grandes parties de DE VOIES
l’étude ET D’AMBIANCES
: diagnostic, etc.
L’ensemble des voies au sein des bourgs crée la trame viaire au sein de l’urbanisation. Ces voies sont d’abord
des espaces publics permettant d’organiser le fonctionnement urbain des communes : habitat, activité,
commerce... Ensuite, ces espaces partagés permettent le déplacement des individus mais également l’accès
Titre 2 : calibri gras italique 22 pt - en majuscules, bleu
aux constructions. L’ensemble des voies sont très denses dans les centres historiques des communes et jouent
moyen
un rôle primordial dans la composition urbaine des bourgs. Cette densité de maillage démontre la nécessité
de lier un nombre important de bâtiments à la vigne. La trame viaire met en relief le nombre important
d’exploitants viticoles des coteaux.
II. Les valeurs paysagères clés des paysages viticoles des coteaux historiques
Sur le territoire, 4 types de voies se différencient par leur rôle au sein de l’urbanisme, le trafic qu’elles supportent
et le traitement de leurs abords :
Rue du bois des Jots à Cumières Rue Léon Bourgeois à Ay
- les routes : voies structurantes des bourgs qui permettent la liaison des communes les unes avec les autres; Exemples de venelle piétonne à Hautvillers
- les rues et ruelles : voies organisant la vie interne des bourgs;
- les chemins : voies destinées à l’activité agricole en périphérie des communes;
- les venelles piétonnes : passages étroits au sein du tissu bâti servant de raccourci au piéton.
TiTre 3 : calibri gras 18 pT - en majuscules - bleu marine
II.7. Le patrimoine architectural et urbain identitaire de Champagne
Exemple de chemin en limite de bourg : absence de construction de part et d’autre, la largeur des
chemins est étroite mais permet aux véhicules, notamment viticoles, de se croiser
Titre 5 : calibri gras 14 pt - en minuscules - bleu marine
au besoin !
Avenue du général Leclerc à Dizy : route soignée Rue Jean Jaurès à Champillon : aménagement
par un alignement d’arbres et un ordonnence- d’un terre plein central et de bandes plantées
menttexte normal : calibri 12 pt - noir
du bâti mettant à distance le trottoir piéton
• puces : calibri 12 pt - noir
- bleu marine
L’emplacement des voies de communication répond à différents
objectifs :
grandes parties de l’étude : diagnostic, etc.
• le fonctionnement du bourg avec son environnement : la
continuité entre les rues et les chemins viticoles prouvent la
relation nécessaire entre vignes (source de la matière première) et
urbanisation (présence des locaux d’activités, de transformation,
de conservation...). Les tracés linéaires permettent de dégager des
Titre 2 : calibri gras italique 22 pt - en majuscules, bleu
perspectives sur les vignes afin de les garder sous contrôle visuel.
Maison accompagnée de son mur de clotûre. Ils sont Continuité de maisons mitoyennes de 2 niveaux le long de
construits en alignement de la rue Carnot à Mareuil-sur-Ay la rue Carnot accompagnant la traversée du centre bourg
de Mareuil-sur-Ay
Titre 4 : calibri gras italique souligné 16 pt - en majuscules, bleu moyen
II.7.2 Des bâtiments d’activités économiques qui ne tirent suffisamment profit de l’image de leur site presti-
gieux
- bleuLe patrimoine
marine bâti du site des coteaux historiques est le reflet de La cour reste en tout cas un élément de composition du bâti La cour prend différente forme au sein du tissu bâti des communes du
l’activité viticole et de ses besoins. La présence des maisons de commune à tous. Elle se traduit de mille manière mais son usage territoire. Elle peut être ouverte-sans clôture, semi ouverte -clôture
grandes parties de l’étude : diagnostic, etc.
champagne et des viticulteurs indépendants créent une diversité est inévitable. La cour organise l’implantation sur la parcelle de grillagée ou bien fermée- mur de clôture ou façade de bâtiment. Il
du bâti répondant aux besoins de chacun. La taille des parcelles plusieurs corps de bâtiments soit destinés à l’activité viticole en n’y a pas de règle à l’architecture vernaculaire champenoise mais
et des bâtiments répond également aux besoins des différentes elle même (pressage, assemblage, stockage de matériel) soit pour il est intéressant de noter des principes d’organisation du bâti qui
exploitations et de leur production. organiser la partie habitat et la partie activité au sein de la même permettent d’organiser l’espace depuis le domaine public.
parcelle.
Titre 2 : calibri gras italique 22 pt - en majuscules, bleu
moyen
DEUX PRINCIPES DE COUR SE DÉGAGENT ET FORMENT LES PAYSAGES URBAINS LE LONG DES VOIES : LA COUR À PIGNON SUR RUE ET LA COUR À FAÇADE SUR RUE.
II. LA COUR
Les valeurs À PIGNON
paysagères SUR viticoles
clés des paysages RUE des coteaux historiques
Axonométrie schématique représentant la cour à pignon sur rue
Bâtiment d’habitation
TiTre 3 : calibri gras 18 pT - en majuscules - bleu marine
II.7. Le patrimoine architectural et urbain identitaire de Champagne
LA -COUR
bleu marine
À FAÇADE SUR RUE
grandes parties de
Axonométrie l’étude : diagnostic,
schématique etc. la cour à façade sur rue
représentant
Bâtiment d’habitation
Titre 2 : calibri gras italique 22 pt - en majuscules, bleu
moyen
II. Les valeurs paysagères clés des paysages viticoles des coteaux historiques
Façade rue Henri Martin à Hautvillers avec une travée constituée d’une porte
d’accès surmontée d’une fenêtre avec balcon
Titre 4 à: façade
La cour calibrisur gras italique
rue présente quant souligné
à 16 pt - en majuscules, bleu moyen
elle une façade de bâtiment exposée sur
II.7.2 Desàbâtiments
la rue, d’activités
l’alignement économiques
du domaine public. qui ne tirent suffisamment profit de l’image de leur site presti-
gieux
L’accès à la cour est rendue possible par la
création d’un porche au sein du bâtiment
sur rue. La façade est alors ordonnancé
différemment puisqu’elle intégre dans
sa composition une porte charettière.
Titre
Elle 5est
: calibri gras 14accompagnée
généralement pt - en minuscules
au - bleu marine
ausecond
besoin !niveau d’une fenêtre alignée à
son axe.
- bleu
LES marineBÂTIES
MORPHOLOGIES
grandes parties de l’étude : diagnostic, etc.
LES FRONTS DE RUE DE MAISONS VIGNERONNES MAISONS VIGNERONNES SUR COUR MAISONS VIGNERONNES SUR RUE
Ensemble
légendededes
bâtiments
photos et marquant l’entrée de(ou
cartes : humanist521 ville Est d’Ay,
calibri) 11 ptrue Ici, la brique traite le pignon du bâtiment et les piliers du por-
italique - noir Façade marquée par une porte d’accès en renfoncement de
Jules Blondeau tail. Même dans les constructions plus modestes, cette attention façade et un enchainement de trois ouvertures encadrées de
architecturale est maintenue, rue Albert Meunier à Ay briques, rue Carnot à Mareuil-sur-Ay
titre carte : calibri gras italique 14pt - noir
- bleu marine
grandes parties de l’étude : diagnostic, etc.
Maison de champagne
légende des photos etBollinger présentant (ou
cartes : humanist521 unecalibri)
architecture Ancienne maison de négoce avenue du général Leclerc à Dizy.
11 pt italique - noir Les matériaux employées sont liées à l’intention des maitres
classique centrée, décorée de brique et de pierre pour les enca- Les décors architecturaux en pierre et le remplissage en brique d’ouvrage et de l’image qu’il souhaite donner. Des maisons
drements de fenêtre, corniches et angles de bâtiment. L’escalier ainsi que le socle du bâtiment en pierre meulière démontrent ouvrières sont en pierre meulière et d’autres en briques. Rue
monumentale au centre de la cour carrée accentue davantage la des détails architecturaux soignés. Roulot à Ay.
titre carte : calibri gras italique 14pt - noir
monumentalité du bâtiment. Boulevard Marévchal de Lattre, Ay
ATELIER D E L’IS THM E - pay s a g i s t e d p l g / U RBiCaNd - URBaNisme et pRojets de teRRitoiRe 42
LES PATRIMOINE FONCTIONNEL VITICOLE
TiTre 1 : calibri gras 26 pT - en majuscules texte organisé sur une, deux ou trois colonnes, au choix en, fonction du contenu
La façade ouest du vendangeoir Saint-Hélène est marquée par la présence de l’arbre. La façade, Bâtiment réservé à la manutention des récoltes Façade de trame répétitive de fenêtre pour
titre carte : calibri gras italique 14pt - noir
à l’alignement de la route marque une séquence paysagère le long de la RD1 autour de la cour (grandes ouvertures) les locaux de production
ATELI ER D E L’I ST HM E - pay s a g i s t e d p l g / U R B i CaNd - URBaNisme et pRojets de teRRitoiRe 43
LE SOUS SOL PRÉCIEUX POUR LA VIGNE ET LE BÂTI
TiTre 1 : calibri gras 26 pT - en majuscules texte organisé sur une, deux ou trois colonnes, au choix en, fonction du contenu
- actuelle.
du sol bleu marine
La géologie du sol exprime ces différentes mutations suivant des strates bien identifiables sur la carte géologique
La décomposition simplifiée est la suivante :
pour les maisons de champagne au sein du
coteau en lui même. Ces caves, creusées en
- un grandes
pied de coteaux formée
parties de par
l’étude des colluvions
: diagnostic, etc. de calcaires, d’argiles et de marnes; galeries sous le coteau, sont indépendantes de
- un coteau de craie à Bélemnites et à Actinocamax qui représente le socle d’implantation; la structure du bâti. A Ay et Mareuil, le substrat
- un haut de coteau constitué d’un limon éolien composé de sables, d’argiles, de marnes et de calcaires. crayeux a permis le creusement plus facile de
caves sous le coteau à partir de bâtiments situés
en limite nord haute des villages. Ceci explique
la forte présence d’implantation des maisons de
Titre 2 : calibri gras italique 22 pt - en majuscules, bleu champagne au pied du relief de ces communes.
Soubassement de la maison Bollinger permettant
l’accès aux caves
- bleu marine La brique est un matériau identitaire des constructions dans le La brique est fortement utilisée au sein de
grandes parties de l’étude : diagnostic,paysage
etc. viticole de Champagne. Elle est issue des caractéristiques l’architecture du site des coteaux historiques.
du sol du territoire : l’argile et les sables du haut de coteau servent La plupart des bâtiments anciens possèdent des
de matière première à la fabrication de la terre cuite. La Montagne modénatures réalisées à partir d’un appareillage de
de Reims est recouverte de limons de sables et d’argiles sous la briques. Les encadrements de portes et fenêtres, les
couche peu profonde du loess éolien situé sur le plateau. La facilité corniches, angles de bâtiments et décors éventuels
Titre 2 : calibri gras italique 22 pt - en majuscules, bleu
d’accès à cette matière associé à l’abondance surfacique des sables
et argiles ont permis à l’Homme d’exploiter un grand nombre de
en façade sont réalisés grâce à ce matériau. Sa
couleur fait ressortir le rythme et l’organisation de
moyen site favorisant de création des tuiles, des briques,... la façade. La couleur du matériau varie en fonction
des cuissons ce qui permet de créer un autre type
Deux briqueteries étaient implantées sur le territoire : de décor architectural. Certaines briques auront une
II. Les valeurs paysagères clés des paysages viticoles des coteaux historiques
• l’une se situait à Saint-Imoges, à proximité de l’ancienne couleur plus foncées que d’autres
Nationale 51, et profitait de la proximité de la ressource en
Carte géologique, source BRGM matière première. Quelques bâtiments, dont la cheminée, sont La brique est facile à mettre en oeuvre dans la
encore présents au pourtour du site. La forêt a repris une grande construction, de nombreux bâtiments ont été
surface du site d’extraction construits avec ce matériau. Si certaines façades
• l’autre se situait à Dizy au bord du canal et bénéficiait de la facilité présentent une brique apparente d’autres sont
des transports de matériaux. Aucune trace de ce passé industriel souvent recouvertes d’un enduit de protection contre
TiTre 3 : calibri gras 18est pTvisible
- en surmajuscules - bleu
le site actuel (sauf le nom marine
du lotissement). les intempéries.
Titre 5 : calibri gras 14 pt - en minuscules - bleu marine Façade en brique, rue Paul Bert à Ay
au besoin !
Les relations visuelles entre villages et vignes : des mises en scène paysagères favorisées par les pentes
Les reliefs des coteaux historiques sont à l’origine de nom- hauteurs de l’amphithéâtre de coteaux où Hautvillers et En pied de coteau, la ville d’Ay et les villages de Cumières,
breuses situations de vis-à-vis entre les villages et le vignoble. Champillon se positionnent. Sur leurs lisières, les trois vil- Dizy et Mareuil-sur-Ay sont pour leur part perçus en position
Ces vis-vis, souvent de forte qualité paysagère, renforcent la lages « perchés » des coteaux historiques bénéficient par de surplomb, depuis les parties plus élevées des coteaux. Cet
sensation d’un ancrage très fort des villages dans leur terroir. ailleurs de vues dominantes et remarquables sur l’étendue angle de vue dominant permet d’en apprécier la mosaïque
des coteaux historiques, de la vallée de la Marne, et pour chaleureuse des toitures, et fait particulièrement ressortir
Les silhouettes perchées d’Hautvillers, de Champillon et de
Mutigny de la plaine de Champagne. Des percées visuelles les plus grands édifices, telle l’église Saint Brice à Ay. Là en-
Mutigny, s’apprécient particulièrement depuis les parties
sur les vignes s’offrent également par endroit depuis l’inté- core des vues sur les vignes se présentent depuis les espaces
basses des coteaux. Pour ce qui concerne les deux premiers,
rieur même de ces trois villages, à Hautvillers notamment. bâtis, particulièrement à Ay.
des vues remarquables se présentent également depuis les
La silhouette dense et homogène du village d’Hautvillers, Champillon se positionne tout à l’amont d’un agréable petit Mutigny, un village de petite taille mais très présent dans les
posée entre vignoble et forêt vallon. Son modelé rend ce village perché plus discret dans paysages des coteaux, grâce à sa position perchée sur son
les paysages que ne le sont Hautvillers et Mutigny promontoire.
Vue en surplomb sur le village de Cumières et le clocher Une vue dominante sur la ville d’Ay depuis le coteau qui la Depuis les rives du canal, la façade fluviale de Mareuil-sur-
de son église, depuis les coteaux aux pieds desquels il se cerne au nord. Une perception qui met particulièrement en Ay, dominée par les coteaux de la colline des Goisses, et à
positionne. valeur l’église, ainsi que le jeu complexe des toitures. son sommet par la statue de Notre-Dame-de-Gruguet.
De belles percées visuelles sur les vignes s’observent depuis les espaces bâtis, dans l'axe de certaines rues. Elles peuvent concerner à la fois les
villages et villes des hauteurs (photo de droite, à Hautvillers) que de pied de coteau (photo de gauche, à Ay)
A Dizy, la longue perspective de l’avenue du Général Leclerc s'achève au Les coteaux vus depuis les quais de la Marne à Cumières
nord par une vue cadrée sur le vignoble.
Les limites des villages : des transitions souvent valorisantes aux vignes, enrichies d'éléments construits ou végétaux
Les rapports très étroits qu’entretiennent les vil- ment importants sur un plan paysager, révèlent clôture ou de soutènement, ces murs participent
lages des coteaux historiques avec « leur » vignoble de nombreuses situations valorisantes. On y re- activement à la qualité paysagère des limites
sont particulièrement sensibles là où les espaces marque particulièrement des linéaires de murs de des villages, en venant dessiner de belles transi-
bâtis et les vignes sont en contact direct. Le par- belle facture, le plus souvent édifiés en meulière, tions construites entre ces derniers et les vignes.
cours de ces espaces de transition, particulière- en craie ou en brique. Dotés d’une fonction de
Les transitions très directes entre fronts bâtis et vignes Des murs de clôture ou de soutènement de belle facture, associant généralement
peuvent être valorisantes d’un point de vue paysager. Ici aux brique et meulière, sont présents aux limites des villages. Beaucoup de ces éléments
limites du vieux Mareuil-sur-Ay, au pied de la colline des construits se révèlent être des élements particulièrement valorisants. À gauche des
Goisses exemples visibles à Ay, en haut à droite à Dizy, en bas à droite à Cumières.
La couronne de bois, parcs et jardins arborés qui enveloppent le secteur d’Hautvillers proche de l’abbaye s’apprécie tout autant dans les vues à distance (exemple à gauche), qu’à leur contact
immédiat (deux photos de droite).
Ay bénéficie de la présence de plusieurs parcs et jardins Aux limites de l’urbanisation récente des villages, la présence de
arborés et clos de murs sur sa limite nord, visibles depuis les structures végétales arborées facilite l’intégration paysagère du bâti,
limites des premières vignes, et plus à distance depuis les perçu depuis le vignoble. Ci-dessous à gauche, à Mareuil-sur-Ay, à droite
coteaux. à Mutigny.
Extrait de «Vues panoramiques des Vignobles de la Champagne - Évolution entre 1887 et 2007»
dessin original de Fernand Cornu (Association Paysages du Champagne - Yvelinedition - 2011)
Un vignoble en extension depuis les années 1950, après les crises successives qui avaient provoqué son déclin.
La surface des vignobles de Champagne en général, et celle des coteaux historiques en particulier, ont connu La carte ci-contre montre qu’à l’échelle des deux derniers siècles, le vignoble a sensiblement « bougé » sur
des évolutions significatives au cours des deux derniers siècles. L’objet n’est pas tant ici de décrypter en détail l’espace des coteaux. S’il a globalement progressé en surface, certains secteurs ont également été délaissés,
les causes de ces évolutions, mais plutôt d’en mesurer les principaux effets au sein des paysages. On rappellera essentiellement sur les hauteurs et au profit de la forêt. Cette déprise viticole est particulièrement manifeste
simplement que, depuis le début du XIXe siècle, la profession viticole a bénéficié de longues périodes de pros- au nord d’Ay, sur le versant est du vallon du Cubray. Elle concerne également le pourtour du village d’Hautvil-
périté, mais aussi traversé des crises profondes, les premières favorisant l’extension du vignoble et les secondes lers, et plus ponctuellement les hauteurs de Dizy et de Cumières.
provoquant un recul, parfois conséquent, de ses surfaces. Après un XIXe siècle où la notoriété et la consom- D’autre part, d’importantes surfaces du vignoble actuel n’étaient pas des vignes en 1831. Cela concerne no-
mation des vin de champagne va grandissante, la première moitié du XXe voit ainsi les crises se succéder à tamment les parties basses et à faible pente des coteaux, situés entre Hautvillers et Dizy, ainsi qu’au nord de
un rythme rapide : phylloxera, révolution vigneronne de 1911, puis première guerre mondiale. Cette période Mareuil-sur-Ay. Le vignoble s’est également étendu dans les espaces de transition entre le pied de coteau et le
sombre voient les surfaces en vignes chuter spectaculairement : le vignoble champenois, qui dépassait 70.000 fond de vallée, à Cumières, à Hautvillers, ainsi qu’entre Dizy et Ay. Enfin, le vignoble a conquis des espaces sur
ha à la fin du XIXe, ne représente plus que 12.000 ha dans les années 1920 (1). La grave dépression économique le haut des pentes, particulièrement autour de Champillon, et dans une moindre mesure autour de Mutigny
mondiale des années 1930, à laquelle succède la seconde guerre mondiale, ne faciliteront pas le redémarrage et d’Hautvillers.
de l’activité. Ce n'est qu'à partir des années 1950 que le vignoble pourra se relever véritablement, ouvrant la
page d’une période plus faste et durable, où volumes de production et de ventes progresseront rapidement et Afin d’affiner ce premier constat, les cartes présentées en page suivantes décomposent la période 1831-2012
de concert. Cette période s’est, avec quelques nuances, prolongée jusqu’à nos jours. en trois intervalles de temps successifs : 1831-1948, 1948-1967 et 1967-2012.
Deux types de documents nous permettent de mesurer, de façon objective, l’évolution de la surface du vi-
gnoble des coteaux historiques depuis la première moitié du XIXe siècle. La carte d’Etat Major de 1831, dessi-
née à l’échelle 1/40 000, représente les parties du territoire plantées de vignes à cette époque. Elle nous donne
un précieux instantané de l’étendue du vignoble, il y presque deux siècles. Plus récentes, les photographies Parcelle récemment plantée sur un défrichement réalisé en lisière de forêt (à Mutigny)
aériennes de l’IGN nous fournissent des informations tout aussi importantes, ceci depuis les années 1940.
Ces documents permettent de mesurer l’ampleur des phases d’extension et de déclin du vignoble au cours du
temps, à l’échelle des coteaux historiques.
(1)
source : http://www.maisons-champagne.com/terroirs/revision_aire_aoc_champagne.php
0 1 2 Km
Surfaces en vignes, à la Surfaces qui étaient en vignes en Surfaces qui n’étaient pas en vignes
fois en 1831 et en 1948 1831, et qui ne l’étaient plus en 1948 en 1831, et qui l’étaient en 1948
limite haute des coteaux limite basse des coteaux cadrage de l’échantillon
(rebord de plateau) (confins du lit majeur de la Marne) ci-dessous
limite haute des coteaux limite basse des coteaux cadrage de l’échantillon
(rebord de plateau) (confins du lit majeur de la Marne) ci-dessous
Echantillon au sud de Champillon : photo aérienne 1948 (source IGN) Echantillon au sud de Champillon : photo aérienne 1967 (source IGN) Echantillon au sud de Champillon : carte IGN 1/25 000 2007
limite haute des coteaux limite basse des coteaux cadrage de l’échantillon
(rebord de plateau) (confins du lit majeur de la Marne) ci-dessous
Echantillon autour de Mutigny : Photo aérienne 1967 (source IGN) Echantillon autour de Mutigny : photo aérienne 2012 (source IGN) Echantillon autour de Mutigny : carte IGN 1/25 000 2007
Autour des parcelles récemment plantée de vignes, des « cicatrices » lisibles dans les paysages.
Le public perçoit fréquemment le travail du vigneron comme l’héritage de • La mécanisation, qui à partir des années 1950 aura non seulement
source : www.chartogne-taillet.com
pratiques ancestrales, inchangées ou presque depuis des siècles. Si cette fait apparaitre la silhouette de nouvelles « machines » dans les
perception est en partie exacte, elle sous-estime l’ampleur des évolu- vignes, mais aussi induit des adaptations importantes du réseau des
tions techniques que la viticulture a connues au cours du temps, particu- chemins parcourant le vignoble.
lièrement depuis le début du XXe siècle. Ces évolutions ont concerné et L’abandon de la
• Les changements dans les techniques d’entretien des sols, un travail vigne “en foule”
concernent de nombreux champs d’intervention des vignerons : conduite autrefois totalement manuel, puis réalisé avec le soutien successif avec la crise
de la vigne, entretien et nutrition des sols, protection du vignoble contre de différents auxiliaires et techniques : travaux mécaniques assistés du phylloxera,
les fléaux qui le menacent, aménagements parcellaires et hydrauliques, du cheval, puis réalisés à l’aide de motoculteurs ; développement de au profit de la
etc. Sous l’effet de ces changements successifs dans les pratiques, les pay- l’emploi des désherbants, puis plus récemment mise en place d’une vigne en ligne, a
sages des vignes se sont transformés, discrètement ou plus radicalement. couverture herbacée partielle dans les parcelles et sur leur pourtour. ouvert la voie à de
Si la présente étude n’a pas vocation à énumérer en détail l’évo- • L’intensification des pratiques viticoles depuis l’après-guerre, et le nouvelles pratiques
lution des multiples techniques viticoles, il est utile d’évo- renforcement au cours de cette période du caractère exclusif de la de gestion : les
lignes ont en effet
source : www.maisons-champagne.com
quer certaines d’entre-elles, dont les conséquences ont été vigne sur les coteaux historiques, qui auront induit d’une part la mul-
facilité le passage
ou sont particulièrement importantes sur un plan paysager : tiplication des aménagements hydrauliques, d’autre part la raréfac- des chevaux
• Le remplacement de la « vigne en foule » par la vigne en rangs, à tion de certains éléments des paysages des vignes, notamment des d’attelage, puis
l’occasion de la crise du phylloxera, au tout début du XXe siècle. Ce arbres (vergers, ripisylves et arbres isolés). ont permis d’initier
changement radical a provoqué une mutation majeure dans les pay- la mécanisation
sages du vignoble, probablement la plus importante qu’on ait connu du vignoble, avec
l’arrivée des
au cours des derniers siècles.
enjambeurs.
source : www.delcampe.net
source : www.delcampe.net
Photographie ancienne prise depuis la butte de Goisses à Mareuil-sur- Photographie ancienne prise plus tardivement que la précédente et Le même vue prise en 2012 (le point de prise de vue est légèrement
Ay, très probablement avant la crise du phylloxera. Cultivée « en foule », depuis le même point de vue, probablement après la crise du phylloxera. décalé), très similaire à la précédente pour ce qui concerne l’aspect des
la vigne montrait un aspect plus informel que les plantations en ligne La vigne est désormais cultivée en ligne, prenant au passage cet aspect vignes. On remarque également la stabilité du front bâti de Mareuil-
d’aujourd’hui. Les échalas de bois (buchottes en patois champenois) « peigné » caractéristique. Plus courts, les piquets sont maintenant sur-Ay, qui démontre la capacité remarquable de la vigne à contenir les
émergent très nettement au-dessus des parcelles. beaucoup plus discrets à la belle saison. extensions urbaines.
Les générations actuelles ont oublié ces paysages, aujourd’hui presque totalement disparus, de la « vigne en foule ». Les redécouvrir sur des
photographies anciennes permet de mesurer à quel point cette évolution a profondément transformé les paysages du vignoble. Les vignes, dominées
par de grands échalas de bois, montraient à la belle saison un aspect informel, sans alignement lisible.
L’hiver, le paysage viticole était rythmé par la silhouette caractéristique des « moyères », grands tas d’échalas en forme de V.
source : www.delcampe.net
source : www.delcampe.net
source : www.wineanorak.com
source : www.mentzendorff.co.uk
source : www.delcampe.net
source : www.delcampe.net
La gestion du sol et de l’enherbement des parcelles : un facteur décisif pour la qualité paysagère des vignes.
L’enherbement des fourrières et des inter-rangs est l’une des évolutions récentes les plus visibles dans les pay- paysages des coteaux, égayant leur allure plus austère que le reste de l’année. Au milieu de l’automne, c’est le
sages viticoles des coteaux historiques. Motivé par son intérêt cultural, hydraulique et environnemental, c’est contraste du vert de l’herbe et des tons ors de la vigne qui capte le regard, renforçant l’attrait de ce moment
également un facteur de qualité paysagère important pour le vignoble. Ce facteur est particulièrement puissant singulier où l’on se presse pour venir admirer les coteaux. L’enherbement des vignes a également des effets
durant la saison hivernale, quand les vignes s’habillent d’une palette de teintes sombres et monochromes : indirects pour ce qui concerne les besoins d’aménagements hydrauliques, plus réduits dans les secteurs en
par sa couleur verte (hors période d’intenses gelées) et sa capacité à capter la lumière, l’herbe éclaire alors les herbe : ce thème est abordé plus loin.
L’hiver, la présence d'herbe dans Lorsque la vigne porte ses feuilles, l’enherbement des
ou autour des parcelles atténue le fourrières est plus visible dans les paysages que celui Très efficaces pour réduire le ruissellement et
caractère relativement austère des des inter-rangs. En bordure de route ou de chemin, favoriser l’infiltration de l’eau, les mulchs d’écorces
paysages du vignoble au cours de cette ces sols en herbe s’observent au premier plan des sont utilisés depuis quelques années dans certaines
saison. Elle y maintient des touches de vignes, et participent activement à les mettre en parcelles. C’est un intéressant facteur de diversité
couleur et de lumière bienvenues. valeur. paysagère dans les vignes.
source : www.gallica.bnf.fr
source : www.gallica.bnf.fr
source : www.delcampe.net
Les piquets sont des éléments bien visibles dans les pay-
sages viticoles, et sont tout à fait essentiels à la conduite
de la vigne, une plante naturellement indocile mais do-
mestiquée année après année par les vignerons. Le pi-
quet est ainsi l’élément clé sans lequel l’architecture vé-
gétale du vignoble ne pourrait exister : jamais positionné
au hasard, il manifeste l’ordonnancement rigoureux des
vignes et il guide leur gestion tout au long de l’année.
Au début du XXe siècle, le passage de la culture de la Jusqu’à la crise du phylloxera, le bois était utilisé pour conduire la « vigne en foule », sur de grands échalas. Ces derniers étaient très visibles dans les paysages, hiver comme été.
vigne en foule à celle de la vigne en rang a constitué une
forme de révolution, d’autant plus importante qu’elle
bouleversait profondément l’organisation même des
vignes au sein de chaque parcelle, tout en induisant une
multitude de nouveaux gestes et de pratiques liés à ce
changement d’organisation. La lecture de cartes postales
anciennes permet de mesurer combien cette évolution
aura été déterminante dans les paysages des coteaux his-
toriques. Le piquet y apparait comme une clé décisive :
aujourd’hui beaucoup plus court qu’autrefois ; fiché dans
le sol à l’année alors qu’il passait l’hiver empilé dans les
« moyères » ; et, dernier point essentiel, rigoureusement
aligné en lignes étroites, alors que la vigne en foule était
conduite sur de larges lignes au sein desquelles les pi-
quets pouvaient apparaitre relativement désordonnés. Apparus dans les vignes après la fin de la première Lorsque la vigne porte ses feuilles, les piquets métalliques sont plus discrets. On remarque surtout les piquets
guerre mondiale, les piquets d’acier, généralement gal- de tête, notamment lorsqu’ils sont décalés par rapport aux premiers ceps (exemple de gauche, qui montre des
La fin de la guerre de 1914-1918 aura initié l’utilisation vanisés, restent aujourd’hui les plus utilisés. Leur cou- piquets à cornière). La présence d’un cep au pied de ces piquets de tête (exemple de droite) à l’avantage d’éclipser
de piquets en acier, pour partie récupérés autour des an- leur gris-bleuté les rend particulièrement visible l’hiver. visuellement ces derniers.
ciens champs de bataille. Leur apparition n’est donc pas
très lointaine de celle où la vigne en rangs s’impose sur
l’ensemble des coteaux historiques. Assez peu visible à
la belle saison, ces piquets galvanisés sont très présents
l’hiver. L’aspect froid de leur couleur grise ne participe
guère à égayer les paysages hivernaux, relativement aus-
tères sur l’ensemble des coteaux.
Ces dernières années, le piquet de bois fait son retour,
en résineux traité ou en accacia. Il est visible le plus sou-
vent en tête de ligne, parfois sur l’intégralité des rangs.
Il s’harmonise naturellement à la plante ligneuse qu’est
la vigne, particulièrement à ces ceps et à ses sarments
l’hiver. Sa couleur, plus chaude que celle de l’acier, est
appréciable dans les paysages.
Les piquets de bois sont de retour dans certaines Si l’utilisation du bois se limite généralement aux piquets de tête, les plus exposés visuellement (exemple de
parcelles depuis quelques années. Leur matériau, gauche), elle peut concerner l’ensemble des piquets (exemple de droite). D’un point de vue paysager, cette solution
amené à se patiner avec les années, s’accorde tout est préférable en hiver, l’ensemble des piquets d’une même parcelle étant alors visibles, comme le montre la photo
naturellement avec le bois des ceps et des sarments. à l’extrême gauche.
ATELIER DE L’IS THM E - pay s a g i s t e s d p l g / U R BIC AN D - urb a n i s m e e t p r o j e t s d e t e rr i t o i r e
62
Des arbres toujours plus rares dans le vignoble 1. sur le versant est du vallon : enfrichement progressif de
parcelles non gérées (photo 1967) puis plantation de
vignes (photo 2012).
Le chapitre précédent a montré vignes en direction de la Marne. 2. disparition des rangs d’arbres fruitiers de part de d’autre
l’importance de l’arbre dans les Ainsi, la présence de l’arbre sur du ruisseau, forte raréfaction des arbres bordant ce der-
paysages, particulièrement quand les pentes et dans les vallons des nier.
il se trouve isolé ou en petit groupe coteaux historiques, s’il n’a pas
dans les vignes. Ces arbres sont d’intérêt économique, constitue 3. exemple de grand arbre isolé, marquant autrefois le
aujourd’hui rares sur l’espace des un enjeu paysager important. carrefour de plusieurs routes et chemins, et aujourd’hui
coteaux historiques, dès lors que disparu.
l’on s’écarte des lisières du massif
de la Montagne de Reims, ou des Les structures végétales arborées dans le vignoble : évolution 1948 / 2012 autour du vallon du Cubray à Ay (données analysées : photos aériennes IGN 1948 et 1967 / IGN Bd-Ortho 2012)
formations arborées du fond de la Echantillon autour du vallon du Cubray à Ay : photo aérienne 1948 (source IGN) Echantillon autour du vallon du Cubray à Ay : photo aérienne 1967 (source IGN) Echantillon autour du vallon du Cubray à Ay : photo aérienne 2012 (source IGN)
vallée de la Marne. Cette rareté est
relativement récente dans certains
secteurs, comme le montre l’ana- 1 1
1
lyse de cartes postales et photo-
graphies aériennes anciennes pré-
sentées ci-après, et réalisée pour
quatre sites : le vallon du Cubray à
Ay, les coteaux de Cumières, le val- 2 2
lon Sainte-Hélène à Hautvillers et
les coteaux de Mutigny. Il ressort 3 3 2
de ces analyses et à l’échelle des 3
50 dernières années, la disparition 1 1
en grand nombre d’arbres isolés, 1
de vergers, de bosquets et de petit
bois. Cette dynamique de raréfac-
tion a pu localement induire des 0 100 200 Mètres 0 100 200 Mètres
Les structures végétales arborées dans le vignoble : évolution 1950 / 2012 sur les coteaux de Cumières
(données analysées : photos aériennes IGN 1950 et 1967 / IGN Bd-Ortho 2012)
Echantillon sur les coteaux de Cumières : photo aérienne 1950 (source IGN) Echantillon sur les coteaux de Cumières : photo aérienne 1967 (source IGN) Echantillon sur les coteaux de Cumières : photo aérienne 2012 (source IGN)
1 1 1
1 1 1
2 2 2
source : www.delcampe.net
Vue sur les coteaux de Cumières depuis le fond de vallée : au milieu du XXe siècle Vue sur les coteaux de Cumières depuis le fond de vallée : en 2012 Repérage de l’échantillon sur carte 1/25 000 IGN
1. disparition progressive des vergers et jardins arborés situés en contrebas de la coopérative (visible dans l’angle supérieur droit des photos aé-
riennes) et aux abords du ruisseau s’écoulant au fond du vallon.
2. raréfaction des arbres le long du ruisseau, certains se maintenant à proximité du vendangeoir Sainte-Hélène (visible en bas des photos aériennes).
3. développement progressif d’une végétation spontanée sur les affleurement crayeux proches de l’ancien front de taille, sur le flanc droit du vallon.
Echantillon à Hautvillers : photo aérienne 1950 (source IGN) Echantillon à Hautvillers : photo aérienne 1967 (source IGN) Echantillon à Hautvillers : photo aérienne 2012 (source IGN)
1 1 1
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3 3 3
Vue aérienne oblique en direction du vallon de Sainte-Hélène à Hautvillers : milieu Vue aérienne oblique en direction du vallon de Sainte-Hélène à Hautvillers : Repérage de l’échantillon sur carte 1/25 000 IGN
du XXe siècle ? années 2000
Les structures végétales arborées dans le vignoble : évolution 1948 / 2012 sur les coteaux de Mutigny
(données analysées : photos aériennes IGN 1948 et 1967 / IGN Bd-Ortho 2012)
Echantillon sur les coteaux de Mutigny : photo aérienne 1948 (source Echantillon sur les coteaux de Mutigny : photo aérienne 1967 (source Echantillon sur les coteaux de Mutigny : photo aérienne 2012 (source
IGN) IGN) IGN)
Mutigny
Mutigny
Vue aérienne oblique en direction des coteaux de Mutigny : milieu du XXe siècle ? Vue en direction des coteaux de Mutigny depuis le fond de vallée : en 2012 (photo Repérage de l’échantillon sur carte 1/25 000 IGN
(source Delcampe.net) Atelier de l’Isthme)
Le vignoble se partage pour l’essentiel entre deux diverses : espaces de stockage provisoire, terrains kage), aucun n’est directement producteur de valeur. aspect diffère sensiblement de celui des parcelles de
types d’espaces : les parcelles de vignes et les réseaux aux pentes trop abruptes (talus, ravins et pans de Le soin apporté à leur entretien est du coup souvent vignes qui les environnent. C’est le cas des fragments
de routes et de chemins qui permettent d’y accéder. coteaux particulièrement raides), bandes enherbées très en retrait de celui qui concerne les vignes, ces de terrains où une végétation naturelle, arbustive ou
On y trouve également tout une série « d’espaces maintenues le long des cours d’eau, dépendances dernières focalisant très logiquement l’attention des arborée, s’est développée avec les années. D’autres
interstitiels », beaucoup moins nombreux et étendus des routes principales, parcelles plus ou moins rem- vignerons. espaces interstitiels, comme les talus enherbés et
que les précédents, et qui généralement sont étroi- blayées et incultes, etc. régulièrement fauchés, se fondent davantage dans
Pour autant, les espaces interstitiels ne sont pas ab-
tement encadrés par des parcelles de vignes. Ces es- l’étendue du vignoble, au sein duquel on les re-
Si certains de ces espaces ont une fonction utilitaire sents des paysages : Peu nombreux, ils peuvent para-
paces ne sont pas plantés de vignes pour des raisons marque peu.
pour la viticulture (notamment les zones de stoc- doxalement se révéler très visibles, dès lors que leur
L’enherbement permanent et la fauche régulière des Les espaces « interstitiels » du vignoble sont aussi des espaces où une végétation spontanée, arbustive ou arborée, prend parfois place.
talus intercalés dans les vignes participe à souligner Sans valeur économique, ces structures végétales ont néanmoins un intérêt paysager (et probablement environnemental) bien réel :
l’aspect soigné de ces dernières. C’est un mode de elles introduisent dans le vignoble des éléments de diversité paysagère, dont le caractère naturel contraste agréablement avec celui des
gestion favorable à la qualité paysagère. vignes, plus organisé et soigné.
L’apparence de certains espaces interstitiels peut fragiliser la qualité autant un aspect naturel qui serait complémentaire à celui de la vigne. comme la gestion des espaces interstitiels concernés (désherbement
paysagère des vignes qui en sont proches. Ce constat concerne des es- Les logiques d’aménagement peuvent être en cause (opérations de ter- « agressif », délaissement de friches qui ne présentent d’intérêt ni pay-
paces d’aspect « négligé » et visibles au contact de vignes qui pour leur rassements laissant des talus aux sols quasiment stériles, présence de sager ni écologique, etc.).
part sont entretenues avec soin, sans que ces espaces présentent pour clôtures et d’autres éléments techniques à l’aspect inadapté etc.), tout
Exemple d’espace résiduel désherbé Exemples d’espace résiduels en friche, dont le mode de Exemples de talus crayeux et en grande
chimiquement et d’aspect rebutant gestion actuel et le traitement des limites (en haut : partie dénudés, l’absence de terre végétale
Talus équipé de parois de soutènements préfabriquées, grillage de clôture ; en bas : glissière en métal le long de rendant très difficile leur enherbement ou leur
inadaptés à la qualité paysagère du vignoble la D1) ne valorise guère les vignes qui les entourent. recolonisation par la flore sauvage.
Les espaces de stockage temporaire sont nécessaires à la viticulture, et des vignes ou des chemins adjacents ; des dépôts de matériaux relati- Des dépôts « sauvages » et parfois pérennes de matériaux non directe-
n’ont pas vocation à embellir le vignoble. Néanmoins, l’aspect de cer- vement anciens (parfois imposants) et gagnés par la friche ; des murs ment nécessaires à la viticulture sont également visibles. Il s’agit pour
tains d’entre eux, particulièrement les plus étendus, peut affaiblir par de soutènements dont l’aspect est inadapté aux qualités paysagères du certains de véritables « points noirs», incongrus dans des sites par ail-
endroit la qualité paysagère des coteaux. Différents facteurs peuvent vignoble ; etc. leurs de forte qualité paysagère.
être en cause : des sols dégradés ; des limites peu soignées au contact
La présence d’aires de stockage temporaire Sur l’espace des coteaux historiques, les dépôts « sauvages » de
est nécessaire dans les vignes. Pour autant, matériaux massifs se rencontrent plus particulièrement aux abords
certaines de ces aires techniques sont source de des lisières du massif forestier de la Montagne de Reims. Ils y
fragilités dans les paysages constituent souvent des « points noirs paysagers ».
Beaucoup de routes et chemins revêtus assurent pour une fonction hydraulique, le plus souvent sur leurs rives (caniveaux et rigoles), et parfois sur la chaussée
elle-même (chaussées trapézoïdales, bassins sous chaussée). Très visibles aux premiers plans des vignes, ces aménagements hydrauliques peuvent être favo-
rables à la qualité paysagère, dès lors qu’ils ont été réalisés avec soin et qu’ils sont en bon état d’entretien. La pierre naturelle (notamment les dalles posées sur
champ), mais aussi le béton, et parfois les deux associés, apparaissent comme les matériaux les mieux adaptés aux qualités paysagères du vignoble. Pour l’inté-
gration visuelle de ces ouvrages, le soin apporté à l’entretien des fourrières enherbées adjacentes est également un facteur de réussite important.
Exemples de tôles « défensives » visibles en bordure de chemin (à gauche à Ay) ou de route (à droite à la limite d’Hautvillers L’absence d’aménagement hydraulique provoque
et de Cumières). Ayant une fonction de canalisation des eaux, similaire à celle des murets traditionnels de dalles de pierres sur certaines séquences de chemins une érosion
posées sur chant, ces tôles ont un aspect bien différent, bien peu valorisant pour les vignes qu’elles accompagnent. problématique à de nombreux égards, y compris
sur un plan paysager : l’aspect soigné des vignes
environnantes se trouve alors contredit par l’état
Exemple de chaussée en béton présentant un état de dégra- dégradé des chemins concernés. Comme souvent
dation relativement avancé, et dotée de fonctions hydrau- Exemple d’ouvrage récent en bordure de chemin, fonction- en matière hydraulique, une intervention à l’amont
liques en partie défaillantes (visible à la limite de Champillon nel du point de vue hydraulique mais perfectible sur un plan peut se révéler la plus efficace, notamment par un
et d’Hautvillers). Au-delà du problème fonctionnel, c’est paysager, notamment pour ce qui concerne les maçonneries enherbement plus important des parcelles à l’origine
aussi un problème paysager qui se pose ici. de « l’entonnoir » visible au premier plan. des écoulements qui érodent ces chemins.
Exemples de fossés en U réalisés en béton, à l’aspect patiné par les années, tout deux visibles à Hautvillers
Exemples de fossés en U réalisés à gauche en béton, à droite en moellons de pierre locale, tout deux situés sur la commune de Cumières Dans les secteurs peu pentus, les fossés simplement enherbés
prennent place sobrement dans le paysages des vignes. Ici le
grand fossé en eau qui parcourt le vallon en contrebas du village
d’Hautvillers.
Fossé probablement rehaussé par des plaques de béton Confortement « de fortune » des rives du ruisseau du vallon de Fossé non maçonné, positionné sur une pente marquée et
préfabriqué ultérieurement à sa réalisation, et dont les parois Sainte-Hélène, le long du vendangeoir de même nom. soumis à une forte érosion, menaçant de provoquer à terme un
sont saillantes par rapport à la surface du sol : cette disposition affaissement de terrain sur ses flancs.
le rend particulièrement visible dans les vignes, alors même
que son caractère composite (assemblage de deux types de
structures) ne facilite pas son intégration paysagère.
Fossé aux structures dégradées et en cours de comblement, par Fossé désherbé chimiquement. Non content de freiner les Le ruisseau du Cubray, dans un secteur ou des soutènements à
des terres apportées par les eaux de ruissellement. écoulements, la présence d’herbe aurait ici l’avantage d’adoucir base de plaque de tôle habillent ses rives : un aménagement qui
l’aspect relativement austère et « aride » de cet ouvrage. met à mal l’image de ce petit cours d’eau naturel, et celle des
vignes situées à ses abords.
Destinées à accueillir des débits hydrauliques plus faibles que les fossés dessus), l’aspect de celles simplement posées sur le terrain naturel étant gère que les tôles galvanisées, qu’une teinte durablement claire et froide
en U, les rigoles aménagées dans les parcelles et sur leurs limites ont généralement plus problématique. rend souvent trop visible. Les ouvrages bordant un chemin sur un linéaire
un gabarit plus modeste. Comme pour les grands fossés, l’encaissement conséquent (exemple en bas à droite) constituent un enjeu paysager plus
Le béton, qui a la capacité de s’assombrir et de se patiner avec les années,
dans le sol de ces rigoles favorise leur intégration visuelle (exemples ci- important, du fait d’un positionnement qui facilite leur perception.
est un matériau qui présente un meilleur potentiel d’intégration paysa-
L’extrémité des canalisations enterrées et les ouvrages qui leurs sont parfois
associés (avaloirs, murs de soutènement, enrochements, gardes-corps, etc.)
posent de façon récurrente des problèmes paysagers dans le vignoble. Parfois
dégradés ou en partie bouchés, ces ouvrages sont souvent « bricolés » à l’aide de
tôles, pour tenter d’en améliorer les fonctionnalités. L’aspect visuel des têtes de
canalisation est rarement satisfaisant, dans le contexte paysager remarquable
des coteaux historiques.
Exemples de traitement Exemples de canalisations partiellement bouchées, dysfonctionne- Exemples d’avaloirs à grille peu
d’extrémités de canalisations, ment induisant des écoulements en surface et ayant motivé la pose fonctionnels et posant des problèmes
d’aspect inadapté sur plan paysager de plaques de tôle, ultérieurement à la réalisation des ouvrages. paysagers sur leurs abords
bassin de rétention en limite d’urbanisation, à Mareuil-sur-Ay bassin de rétention visible à Mareuil-sur-Ay, à proximité de la bassin de rétention visible à Cumières
voie ferrée
bassin de rétention visible au nord-est de Mareuil-sur-Ay bassin de rétention visible à Cumières bassin de rétention visible à Hautvillers
La D951, une « vitrine » importante et récente pour les paysages du vignoble, mais pas toujours à la hauteur de leurs qualités.
Avec son trafic de l’ordre de 15 000 véhi- Exemples de situations locales où la qualité paysagère du vignoble est fragilisée
cules par jour, la D951 est un axe parti-
culièrement fréquenté. Cette particula-
rité lui donne une fonction de « vitrine »
pour les coteaux historiques : beaucoup
de ses usagers ne connaissent des
paysages des coteaux historiques que
ceux qui se présentent le long de son
itinéraire. Récente, la D951 présente
par ailleurs des caractéristiques paysa-
gères très différentes des routes plus
anciennes qui parcourent le vignoble :
• alternance de séquences en déblais
et remblais (alors que les routes an-
ciennes sont calées au plus proche
du terrain naturel), franchissements Dans les séquences de la D951 traitées en déblais, on La séquence où la D951 longe étroitement la route Plus au nord sur les coteaux, une séquence de la D951
dénivelés des routes secondaires parcourt « en aveugle » le vignoble, qui reste invisible en de la Folie, est marquée par la présence de glissières est traitée en remblais : cette séquence offre des vues
intersectant la D951 ; arrière des hauts talus métalliques et de panneaux anti-éblouissement, qui dominantes attractives, particulièrement en direction
• mobilier technique routier très renforcent le caractère routier et standardisé de la route. d’Hautvillers. Le mobilier technique de la route (glissières
présent sur les rives de la route : Le décalage entre ce paysage routier et ceux des vignes métalliques rehaussées), reste néanmoins très visible sur
glissières métalliques, panneaux environnantes est ici particulièrement fort, un facteur les premiers plans.
anti-éblouissement, grands fossés dommageable pour l’image de ces dernières.
bétonnés, etc.
Ce caractère « routier » de la D951
tend à la déconnecter des paysages du
vignoble, sur lequel elles n’offre au final
que des séquences de vues limitées.
La principale s’étend du nord de Dizy
jusqu’aux lisières de la forêt de la Mon-
tagne de Reims.
Les bâtiments des zones d’activités de
Dizy sont pour leur part bien présents
dans les paysages visibles depuis la
route. Montrant un traitement archi-
tectural hétérogène et de qualité très
variable, ces fronts bâtis monopolisent Sans être omniprésentes, des publicités se sont par en- Les fronts bâtis d’activités de Dizy (et ceux, plus lointains,
pourtant l’attention sur certaines sé- droit « incrustées » sur les proches abords de la D951. Ce des grands immeubles des hauteurs d’Epernay), sont très
quences, au détriment de la perception sont des éléments banalisant pour les paysages de vignes visibles sur certaines séquences de la route. Ils s’asso-
des paysages des coteaux. visibles sur leurs arrières, particulièrement lorsqu’elles cient au traitement « routier » de la D951, là où celle-ci
concernent des grandes enseignes commerciales n’ayant longe la route de la Folie, pour constituer un paysage à
aucun rapport avec le vignoble et ses vins. l’atmosphère périurbaine, déconnecté de la forte person-
nalité des paysages du vignoble.
Les ouvrages linéaires en bordure des voies : des incohérences en termes d’image
UN-DÉVELOPPEMENT
bleu marine EN ZONES QUI NE TIRENT PAS PROFIT DE L’IMAGE DU SITE DES COTEAUX
grandes parties de l’étude : diagnostic, etc.
Les modifications de société et de développement d’après guerre ont transformé le Dizy-Magenta est la commune la plus touchée par ce développement
paysage des communes. En effet, même si le développement urbain a été très limité sur avec la proximité et la pression urbaine engendrée par Epernay. Le
ce territoire par rapport à la moyenne française. Un phénomène d’extensions urbaines développement en extension des bourgs historiques modifie les
accolées au centre bourg historique a eu lieu sur l’ensemble des communes par un «zoning silhouettes de bourg et les entrées de ville. Les zones commerciales et
Titre 2 : calibri gras italique 22 pt - en majuscules, bleu fonctionnel» (zone résidentielle, zone commercial et zone industrielle). industrielles par leur surface importantes sont nettement visibles
moyen
II. Les valeurs paysagères clés des paysages viticoles des coteaux historiques
- bleu marine EXEMPLES DE SITUATIONS LOCALES OÙ LA QUALITÉ PAYSAGÈRE DES COTEAUX ET DU VIGNOBLE EST FRAGILISÉE
grandes
L’accès des parties
ménagesde l’étude
à une: diagnostic,
énergie etc. LES GRANDS IMMEUBLES COLLECTIFS
à faible prix a considérablement
modifié le mode de vie et le confort
de la population. En effet, le progrès
technique des moyens de déplacement,
des engins de terrassement et de l’accès
Titre 2 : calibri gras italique 22 pt - en majuscules, bleu
au chauffage a spatialement modifié
moyen
l’approche urbanistique et architecturale
des constructions.
II. territoire,
Sur le Les valeurs paysagères
quelques clés des paysages viticoles des coteaux historiques
constructions
de maisons individuelles isolées
sont visibles au sein des paysages de
vignobles. Ces constructions, sans
rapport fonctionnel à la viticulture,
ont des volumes et des emplacements Constructions isolées au Nord Est du bourg d’Ay
fragilisant la qualité paysagère. Ce Ensembles collectifs à Ay
mitage de quelques constructions rompt LES LOTISSEMENTS PAVILLONAIRES
TiTre 3 : calibri gras 18 pT - en majuscules - bleu marine
avec le regroupement historique des
II.7. Le patrimoine architectural et urbain identitaire de Champagne
bourgs.
Maisons individuelles en haut de relief à Champillon et Lotissement pavillonaire en fond de vallée à Dizy où la standardisation de l’architecture crée un
titre carte : calibri gras italique 14pt - noir visible
largement depuis les grands axes. front bâti de toiture le long de la vigne
- bleu marine
Au sein du coteau viticole, la relation entre le bâti et la vigne est constant. Si historiquement les bâtiments en limite de bourg s’ouvraient volontairement vers la vigne. L’habitat ou les bâtiments d’activités ne sont pas liés aux
grandes
vignes. parties de
La transition l’étude
dans : diagnostic,
le traitement des etc.
limites a une importance capitale pour la qualité paysagère des bourgs.
EXEMPLES DE SITUATIONS LOCALES OÙ LA QUALITÉ PAYSAGÈRE DES COTEAUX ET DU VIGNOBLE EST FRAGILISÉE
Façade de Champillon où l’alignement de l’habitat de 3 Limite d’urbanisation diffuse entre vigne et bâti, la réflexion de l’aménagement à la Zone de contact entre vignes et parcelles occupées par
niveaux met en valeur une transition entre l’espace natu- parcelle se traduit dans ces paysages où la parcelle vient creuser la vigne par mor- des bâtiments d’activités traitée par un treillis soudé
rel et l’espace urbanisé ceaux et au coup par coup
Limite franche
légende des d’urbanisation
photos et cartes créée par des (ou
: humanist521 façades Silhouette
calibri) 11 pt italique de bourg grapillée par des
- noir Un traitement maçonné d’enduit gris et la Zone de contact entre vignes et parcelles occupées par
bâties et des arrières de jardins végétalisés constructions dans le coteau ligne électrique qui valorisent peu la limite des bâtiments d’activités traitée par un mur en parpaing
urbaine brut
titre carte : calibri gras italique 14pt - noir
- bleu
Alors marine
qu’une ambiance d’espaces partagés régnait au sein des aménagements de la
trame viaire
grandes historique,
parties de l’étudeles: diagnostic,
aménagements
etc. plus récents ont une emprise plus large et
des aménagements aisées pour la circulation automobile. Les surfaces d’enrobé et la
présence de bordures de trottoirs crée une ambiance routière homogène que ce soit dans
les rues prinicipales ou les rues de desserte résidentielles. Les chemins piétons n’ont pas
d’attractivité paysagère dans leurs aménagements.
légende des photos et cartes : humanist521 (ou calibri) 11 pt italique - noir Cheminement piéton au sein du lotis-
Place Charles de Gaulle où la mairie est mise en valeur par un parvis. Les Rue des Bas-Jardins peu attractive pour les piétons. Les sement pavillonaire de la Pépinière
stationnement sont intégrés au pourtour de la place. Un chemin piéton enseignes organisées à tout va ne qualifient pas l’espace qui mène au canal et dont les abords
titreencarte
met : calibri
relation gras
la place auxitalique 14pt
abords du - noir
canal public manquent de cohérence
Le diagnostic a montré que les paysages du «site pilote» des coteaux historiques présentent aujourd’hui de
grandes qualités. Il en a souligné les traits de caractère qui en font un site singulier au sein du Parc naturel ré-
gional de la Montagne de Reims et des vignobles de la Champagne : ses vignes bien sûr mais aussi les reliefs de
coteau qui les animent ; l’eau, sous ses aspects naturels et au travers des aménagements qui l’accompagnent
; les forêts qui bordent le vignoble tel un écrin ; les villages et leur silhouettes dans les vignes ; les petits élé-
ments construits éparpillés sur les coteaux. Ces valeurs paysagères sont un formidable atout pour le présent
et l’avenir des paysages des coteaux historiques, dont il importe de préserver durablement non seulement les
qualités, mais aussi la faculté de tout un chacun, habitant, viticulteur ou simple visiteur, de les apprécier.
• Des limites d’urbanisations avec la vigne qui sont plus souvent le reflet d’un aménagement créant une bar- Cinq orientations stratégiques sont définies en vue de la préservation, de la valorisation et de la reconquête de
rière visuelle ou une rupture trop brutale plutôt qu’un aménagement intégré à son environnement mettant la qualité des paysages viticoles, naturels et urbains des coteaux historiques.
en valeur les vignes et la parcelle urbanisée.
• Des opérations d’aménagements de constructions pavillonnaires isolées qui banalisent les paysages ur- 1. Prendre en compte la qualité paysagère à l’occasion de l’aménagement et de la gestion
bains et fragilisent l’unité urbaine patrimoniale les maisons vigneronnes. des vignes.
• Des bâtiments d’activités commerciales et industrielles qui ne prennent pas suffisament en compte les Cette orientation vise à renforcer la prise en compte des problématiques paysagères à l’occasion de certaines
spécificités paysagères du contexte viticole environnant. actions d’aménagement et de gestion concernant le vignoble, et qui touchent aux aménagements hydrau-
Les conséquences de ces évolutions visibles dans les paysages viticoles et bâtis engagent à mieux les maitri- liques, aux terrassements et aux ouvrages de soutènement, au piquetage des vignes, ainsi qu’aux « espaces
ser et les accompagner à l’avenir. Elles nécessitent également la mise en place d’actions visant à résorber les interstitiels » (fourrières, talus, zones de stockage, etc.)
problèmes paysagers là où on les constate aujourd’hui, dans les différents secteurs des coteaux.
2. Soigner l’aménagement des routes et des chemins
Cette orientation cible les routes et les chemins qui parcourent les vignes, et vise à mieux les associer à la qua-
D’autres évolutions, dont certaines sont relativement récentes, ont au contraire renforcé à bien des égards lité paysagère des coteaux historiques, notamment par des actions concernant les revêtements des chaussées,
la qualité paysagère des coteaux historiques : les ouvrages de soutènement et les dispositifs hydrauliques directement associés aux voies. A Dizy et dans le
• L’enherbement des fourrières, et celui des inter-rangs dans les vignes, dont le principal effet a été de sou- secteur de la Folie, la D951 est également l’objet de propositions d’action spécifiques.
ligner davantage les soins minutieux apportés aux vignes, tout en réduisant ce sentiment d’une forme
« d’austérité » des paysages du vignoble à certaines saisons, principalement au cours de l’hiver. 3. Associer plus étroitement les villages et les ensembles bâtis à la qualité paysagère des
• La réintroduction du bois comme matériau pour les piquets de vigne, après son déclin qui avait accompa- coteaux
gné la disparation de la vigne en foule. Cette orientation a pour objectif d’agir sur le développement urbain du territoire, en prenant en compte les
• L’effacement de nombreux dispositifs publicitaires qui pouvait auparavant fragiliser localement les pay- spécificités locales liées à l’activité viticole. Les préconisations concernent pour l’essentiel les silhouettes de
sages bourg, le traitement des limites d’urbanisation, l’intégration des bâtiments d’activités et celle des bâtiments
• L’aménagement de traversées de bourg, le réaménagement d’espaces publics ou de rues , la requalifica- d’habitation, en vue de préserver l’ambiance urbaine viticole des villages.
tion de certaines entrées de ville, autant d’actions valorisant les bourgs, tout en facilitant et sécurisant les
déplacements doux. 4. Conforter et valoriser la présence de l’eau dans les paysages
• La réhabilitation et l’entretien de nombreux éléments de patrimoine vernaculaire bâti. Cette orientation vise à une plus grande prise en compte de l’eau dans les paysages des coteaux historiques.
Elle concerne l’eau sous ses aspects naturels les plus manifestes : la Marne et le canal qui l’accompagne. Elle
s’intéresse également à ses formes plus discrètes : les ruisseaux parcourant le fond des vallons des flancs des
Ces évolutions favorables à la qualité paysagère et urbaine méritent bien évidement d’être confortées et coteaux.
amplifiées au cours des années à venir.
5. Renforcer la présence de l’arbre dans le vignoble et restaurer les lisières forestières
aux paysages fragilisés
Cette orientation concerne la présence de l’arbre dans les paysages des coteaux. Elle vise d’une part à renfor-
cer la qualité paysagère des lisières forestières des hauteurs des coteaux, et d’autre part à favoriser une plus
grande présence de l’arbre au sein du vignoble proprement dit.
Dans la suite du rapport d’étude, chaque orientation est déclinée dans une série de « fiches action », ciblant
chacune une thématique d’action spécifique. Ces fiches se présentent comme des outils pratiques et péda-
gogiques. Elles sont organisées en trois parties : « Contexte et objectifs » ; « Recommandations et outils » et
« Acteurs et partenaires concernés ».
Contexte et objectifs
Le diagnostic a mis en évidence l’importance des aménagements hy- Pour autant et avec l’évolution des pratiques au cours du siècle dernier, Aujourd’hui une meilleure prise en compte des enjeux paysagers est
drauliques dans les paysages du vignoble des coteaux historiques. Re- les aménagements hydrauliques sont localement devenus des facteurs possible et souhaitable dans l’aménagement et la gestion au quotidien
lativement discrets, Ils s’inscrivent dans l’organisation rigoureusement de fragilisation de la qualité paysagère : dispositifs d’aspect inadapté ; des aménagements hydrauliques dans les vignes. Les préconisations qui
géométrique des vignes, au sein desquelles ils révèlent la trace de l’eau. ouvrages fonctionnellement défaillants et sources de désordres visibles suivent se proposent de faciliter et de concrétiser cette prise en compte
Ces aménagements témoignent du travail séculaire des vignerons pour dans les paysages ; aménagements « bricolés » au coup par coup ; bas- au cours des prochaines années.
maitriser l’écoulement de l’eau, notamment à l’occasion des épisodes sins de rétention à l’air libre n’ayant pas bénéficié d’une intégration pay-
torrentiels. sagère suffisante lors de leur création ; etc.
Recommandations et outils
Les dispositifs et les modes de gestion à privilégier pour renforcer la qualité paysagère
• Les traditionnels fossés en- • Les fossés et rigoles encas-
herbés, quand les débits et trés plutôt que saillant par
les vitesses d’écoulement le rapport au sol : l’encaisse-
permettent. ment dans le sol des fossés
maçonnés ou préfabriqués,
ou bien des rigoles métal-
liques, permet de les rendre
beaucoup plus discrets que
les ouvrages saillants par
rapport au terrain naturel,
notamment ceux qui sont
Exemple de fossé enherbé, positionné entre simplement posés sur le sol. Exemple de rigole réalisée en béton et encas- Exemple de fossé en U réalisé en béton, bien
une vigne et un chemin trée dans le sol entre deux rangs de vigne encastré dans le sol et dont l’enherbement
des rives assure une certaine discrétion
• L’enherbement permanent des rives des fossés et canalisations à l’air libre (plutôt que • Concernant les ouvrages
leur désherbage), qui permet d’estomper la perception de ces ouvrages, tout en partici- anciens édifiés en pierre
pant à une meilleure tenue des sols face aux risques d’érosion. naturelle, et présentant des
• Dans les secteurs très fréquentés du public et à fort enjeux, l’utilisation de matériaux désordres, leur restauration à
traditionnels est souhaitable : dalles de pierre calcaire, moellons de meulière ou brique. l’identique est, d’un point de
Les principaux secteurs concernés sont les abords des belvédères aménagés, du G.R. vue paysager, nettement pré-
14 et du G.R. de Pays de la Côte des Blancs, des limites des villages, ainsi que les abords férable à leur remplacement
d’éléments patrimoniaux et à valeur historique (par exemple : la cave Thomas, en contre- par des ouvrages en béton.
bas de l’abbaye d’Hautvillers ; le vendangeoir Sainte-Hélène ; etc.). Ce type d’action est nécessaire
pour pérenniser des éléments
• Pour les ouvrages neufs réalisés en béton, particulièrement s’ils sont très exposés vi-
de petit patrimoine bâti qui
suellement (fossé en bord de route ou de chemin fréquenté), un traitement visant à
participent activement à la qua-
en améliorer la couleur est préconisé, visant notamment à donner une teinte à la fois Exemple d’ouvrages réalisés en pierre naturelle, dalles de calcaire et moellons de meulière,
lité paysagère du vignoble des
plus chaude et plus sombre au béton neuf. On pourra par exemple chercher à approcher dont la restauration future serait à assurer quand ils présenteront des désordres.
coteaux historiques.
la teinte de matériaux traditionnels locaux tels que la meulière. Plusieurs techniques
peuvent être envisagées : béton teinté dans la masse avec des colorants et pigments ; • Quel que soit le type d’ouvrage et les matériaux avec lesquels ils ont été réalisés, un entretien régulier est à encourager, non
béton teinté ou lasuré en surface. seulement sur un plan strictement fonctionnel, mais aussi afin que leur aspect reste soigné dans le temps.
A proscrire : les dispositifs à base de plaques de A éviter : les canalisations enterrées A éviter : les ouvrages insuffisamment entrete- A éviter : les dispositifs préfabriqués et
tôles nus «posés» sur le sol
• Les « gabions », casiers de fils de fer tressés et contenant des pierres naturelles. Pérennes et adaptés à des • Les systèmes de tunage de bois, qui permettent la canalisation d’écoulements lents ou modérément ra-
contextes où l’eau se comporte de façon agressive, ils permettent l’utilisation de pierres naturelles d’ori- pides. Ces dispositifs sont une alternative intéressante aux plaques de tôles, et sont bien plus adaptés sur
gine locale (moellons de meulière, par exemple), un atout important sur un plan paysager. un plan paysager. L’utilisation de piquets en robinier (faux acacia) et de planches en châtaigner est recom-
mandée pour la réalisation de ces tunages, le bois de ces deux essences étant très résistant aux attaques
des insectes et des champignons.
Exemples d’ouvrages hydrauliques dont la tenue des berges est assurée par des gabions Exemples d’ouvrages hydrauliques dont la tenue des berges est assurée par un tunage de bois
FICHE ACTION I.1 - LES AMÉNAGEMENTS HYDRAULIQUES DANS LES VIGNES (suite)
• Intégrer les clôtures dans des linéaires de haies taillées (espèce suggérée : le charme)
• Enherber les emprises non maçonnées des bassins et leurs espaces attenants aux clôtures, en veillant à
les faucher au moins une fois par an, afin d’éviter leur enfrichement progressif
• Prévoir la plantation de quelques arbres aux abords des bassins, quand des emprises sont disponibles et
que ces arbres ne sont pas susceptibles de gêner les opérations d’entretien des bassins. Enherbement des sols
Plantation de haies autour et à l’intérieur
• Entretenir les portails d’accès et les clôtures dans la durée
de charmes taillés, de l’enclos du bassin
accompagnant les (fauche annuelle à
clôtures existantes prévoir)
Le bassin de rétention existant situé aux limites de Mareuil-sur-Ay : état actuel Le bassin de rétention existant situé aux limites de Mareuil-sur-Ay : état possible après requalification
(photomontage)
Les ouvrages hydrauliques repérés sur le terrain et fragilisant localement les paysages du vignoble
(données fond de carte : IGN Scan25 )
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ORIENTATION I - PRENDRE EN COMPTE LA QUALITÉ PAYSAGÈRE À L’OCCASION DE L’AMÉNAGEMENT ET DE LA GESTION DES VIGNES.
Contexte et objectifs
Les reliefs sont une des valeurs paysagères les plus manifestes des coteaux historiques. Ces reliefs viennent caractère aux paysages des vignes, notamment dans les vues rapprochées.
assouplir et animer la trame géométrique rigoureuse des vignes. A l’occasion du parcours des vignes, ils sont à
Pour ce qui concerne les dispositifs de soutènement et leur insertion dans les paysages des coteaux historiques,
l’origine de scénographies paysagères régulièrement renouvelées. A l’échelle des parcelles de vignes, c’est tout
le « meilleur » (notamment les murs et murets édifiés en moellons de pierre) côtoie encore trop souvent le
un jeu d’ajustements des pentes qui se présente fréquemment sur les limites parcellaires, afin de rattraper
« pire » (particulièrement les soutènements aménagés avec des plaques de tôle ondulées). Ainsi beaucoup
le niveau d’une route, d’un chemin, d’une lisière forestière ou bien celui d’une parcelle adjacente. Ce jeu de
reste à faire pour résorber des situations certes ponctuelles, mais qui desservent l’attrait du vignoble dans son
microreliefs créés par l’homme, talus ou dispositifs de soutènement, fait partie des éléments qui donnent du
entier. Les préconisations qui suivent visent à orienter vers des solutions concrètes pour agir dans ce sens.
Recommandations et outils
Les dispositifs à privilégier pour renforcer la qualité paysagère
• les traditionnels talus enherbés et régulièrement fauchés, dès lors que les dénivelés à aménager le per-
mettent.
• les murs de soutènement en béton, sous réserve du soin apporté à leur conception et à leur mise en
oeuvre. Leur aspect visuel sera utilement amélioré par une finition de surface (enduit, lasure, etc.), dans la
masse (intégration de pigments au béton mis en œuvre) ou par leur végétalisation (plantes grimpantes, par
exemple lierre ou vigne vierge). Pour les finitions de surface ou dans la masse, on utilisera de préférence
des gammes de couleur plus chaudes et plus sombres que celle du béton neuf, en privilégiant des teintes
suffisamment neutres.
• Dans les secteurs très fréquentés du public et à fort enjeux d’image, la réalisation d’ouvrages neufs édifiés
en moellon de meulière et/ou en brique reste souhaitable, car la plus valorisante pour les paysages. Les
principaux secteurs concernés sont les abords des belvédères aménagés, du G.R. 14 et du G.R. de Pays de
la Côte des Blancs, des limites des villages, ainsi que les proches alentours d’éléments patrimoniaux et à
valeur historique (par exemple : la cave Thomas, en contrebas de l’abbaye d’Hautvillers ; le vendangeoir
Sainte-Hélène ; etc.). Exemple de talus enherbé et régulièrement fauché Exemple de mur de soutènement en béton, à la sur-
face patinée par le temps
• Les murs cyclopéens sont à envisager avec prudence, du fait de la taille des pierres qui les constituent
et d’un faible niveau de finition, une caractéristique pas forcément favorable à la qualité paysagère. Les
gabions (voir en page de droite) sont une alternative intéressante à envisager, car susceptible de s’intégrer
plus harmonieusement aux paysages du vignoble.
• Concernant les murs et murets anciens édifiés en pierre naturelle, et qui présenteraient des désordres,
leur restauration à l’identique est, d’un point de vue paysager, nettement préférable à leur remplacement
par des ouvrages en béton (ou autre). Ce type d’action est nécessaire pour pérenniser des éléments de
petit patrimoine bâti qui participent de façon très active à la qualité paysagère du vignoble des coteaux
historiques.
Exemple de muret ancien édifié en meulière, un des Exemple de mur cyclopéen, un type d’aménage-
éléments de petit patrimoine bâti à entretenir soi- ment à envisager avec prudence du fait de son
gneusement et dans la durée faible niveau de finition
AT E LIER DE L’ISTH M E - pay s a g i s t e s d p l g / U R BI CA N D - urb a n i s m e e t p r o j e t s d e t e rr i t o i r e
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Les dispositifs à éviter ou à proscrire :
• L’usage de plaques de tôles, dont l’aspect est totalement inadapté à la qualité paysagère du vignoble, est • L’usage de traverses de chemin de fer est également à proscrire, du fait de leur aspect trop directement
à proscrire pour la réalisation de petits dispositifs de soutènement. Ces plaques peuvent être remplacées associé aux paysages ferroviaires, ainsi pour leur toxicité pour l’homme (les traverses contiennent de la
sans engager de travaux lourds, en les remplaçant par exemple par un tunage de bois (voir en bas de page) créosote de goudron de houille, un produit classé comme cancérigène)
Exemples de soutènements réalisés avec des plaques de tôle, à remplacer et à proscrire pour les nouveaux Exemples de soutènements réalisés avec des traverses de chemin de fer, à remplacer et à proscrire pour les
aménagements nouveaux aménagements
Les dispositifs à envisager et expérimenter :
• Le tunage de bois, une technique relativement
simple à mettre en œuvre, et à réserver aux
faibles dénivelés. Ces dispositifs sont une alter-
native intéressante aux plaques de tôles, et sont
bien plus adaptés sur un plan paysager. L’utili-
sation de piquets en robinier (faux acacia) et de
planches en châtaigner est recommandée pour
la réalisation de ces tunages, le bois de ces deux
essences étant très résistant aux attaques des • Les gabions, casiers de fils de fer tressés et contenant des pierres, qui ont l’intérêt de permettre l’utilisation de matériaux d’origine locale (par exemple la meulière
insectes et des champignons. ou la craie).
Exemple de petit soutènement réalisé en tunage de Gabions réalisés en moellon de craie, visibles sur la Autres exemples de soutènements réalisés en gabions (source photo : flickr.com)
bois (source photo : crecylachapelle.eu) commune de Fleury-La-Rivière
(source photo : PNR de la Montagne de Reims)
FICHE ACTION I.2 - LES TERRASSEMENTS ET LES DISPOSITIFS DE SOUTÈNEMENT PARCELLAIRES (suite)
le cas particulier des soutènement en tôles existants : illustration d’une requalification possible par des tunages de bois
Contexte et objectifs
Le piquetage des vignes est au cœur de « l’architecture viticole » et des soins apportés par les vignerons tout au
long de l’année dans les parcelles dont ils ont la responsabilité. C’est également une problématique paysagère
sensible, les piquets étant très visibles aux périodes où la vigne ne porte pas de feuilles.
Si le diagnostic n’a mis en évidence aucun problème paysager majeur lié au piquetage, certaines préconisa-
tions méritent néanmoins d’être formulées ici. Elles visent essentiellement à souligner quelques critères per-
mettant d’éclairer le choix d’un dispositif plutôt que d’un autre, sans préjugé technique, mais au seul regard de
l’influence des dispositions retenues sur la qualité paysagère.
Recommandations et outils
Les dispositions à privilégier pour renforcer la qualité paysagère
Le piquetage bois «intégral», une pratique à encourager pour son réel intérêt paysager Le piquetage mixte bois / métal : un intérêt paysager non contestable, mais qui reste «de façade»
L’utilisation exclusive de piquets de bois sur une même parcelle est la solution la plus favorable à la qualité pay- L’installation de piquets de bois en tête de ligne permet de bénéficier de l’aspect du bois à l’emplacement qui
sagère. Le bois s’harmonise naturellement à la plante ligneuse qu’est la vigne, particulièrement à ces ceps et à est le plus visible. Ce système a cependant l’inconvénient de pouvoir être remarqué, notamment en hiver : les
ses sarments. L’hiver, sa couleur plus chaude que celle de l’acier, est également appréciable dans les paysages. seules raisons esthétiques de ce choix d’aménagement apparaissent alors un peu trop clairement à l’œil des
Les piquets de bois d’aujourd’hui sont également une sorte de « clin d’œil » aux échalas de bois des vignes en visiteurs.
foule d’autrefois : leur utilisation récente dans les vignes réintroduit le matériau qui avant le XXème siècle avait
toujours été employé.
Des dispositions à privilégier en tête de ligne afin de favoriser la qualité paysagère des vignes
A éviter : un écart trop important entre le piquet de tête et le premier pied de vigne, une disposition qui tend à mettre le piquetage visuellement en avant.
Exemples de façade de parcelles où l’écart entre le piquet de tête et le premier pied de vigne est important, au détriment de la qualité paysagère
A privilégier : un écart réduit entre le piquet de tête et le premier pied de vigne (ce pied si possible en avant même du premier piquet), une disposition qui rend le piquetage plus discret à la belle saison.
Exemples de façade de parcelles où l’écart entre le piquet de tête et le premier pied de vigne est réduit, au bénéfice de la qualité paysagère
FICHE ACTION I.4 - L’AMÉNAGEMENT ET L’ENTRETIEN DES TALUS, DES FOURRIÈRES ET AUTRES ESPACES INTERSTITIELS DU VIGNOBLE
Contexte et objectifs
Les fourrières, les talus et les autres « espaces interstitiels » sont des éléments importants dans les paysages Le diagnostic a montré que, selon la façon dont ils sont gérés ou aménagés, ces espaces peuvent être parti-
viticoles des coteaux historiques. D’aspect souvent plus informels que les vignes, à l’organisation rigoureuse, culièrement favorables à la qualité paysagère, mais aussi qu’ils peuvent être à l’origine de fragilités, et parfois
ils constituent comme des « respirations » dans la surface du vignoble, tout en en soulignant la structure géo- même de dégradation de cette qualité. Les préconisations qui suivent soulignent l’intérêt ou au contraire les
métrique. problèmes liés aux différents modes de gestion ou d’aménagement aujourd’hui observables sur le terrain.
Recommandations et outils
Les dispositions et les modes de gestion à privilégier pour renforcer la qualité paysagère
Pour les fourrières, les talus et autres espaces interstitiels de faible surface et situés au contact direct des
vignes, deux modes de gestion favorables à la qualité paysagère sont préconisés :
Exemples de paysages des coteaux historiques où l’enherbement permanent accompagnant les vignes vient conforter la qualité paysagère
source : vigneronsdemontravel.over-blog.com
donnant accès. Les talus et fourrières directement contigus à ces itinéraires
source : anne-boecklin-kaysersberg.com
sont les plus appropriés pour ce type de plantations, qui demandent à être
renouvelées chaque année. L’utilisation de plantes sauvages et mellifères est
à privilégier.
source : apilab.fr
FICHE ACTION I.4 - L’AMÉNAGEMENT ET L’ENTRETIEN DES TALUS, DES FOURRIÈRES ET AUTRES ESPACES INTERSTITIELS DU VIGNOBLE (suite)
bande enherbée
pour se développer;
• D’un point de vue paysager, ces espèces spontanées présentent pour beaucoup un intérêt lié à leur florai-
son, à leur silhouette, à l’aspect de leur feuillage ou bien à la coloration prise par ce dernier à l’automne. couvert
enherbée
bande
Loin d’être « tape à l’œil » comme peuvent l’être certaines espèces horticoles, les espèces listées ci-dessous arbustif
vignes
sont susceptibles d’enrichir sobrement les paysages du vignoble, sans les dénaturer.
• D’un point de vue écologique, cette flore ligneuse locale est une source potentielle de plus grande biodi- Coupe illustrant des principes d'aménagement et de gestion
versité sur l’espace des coteaux. De ce point de vue, sa mise en place sur la surface de certains espaces du recommandés pour les talus et les espaces intersitiels de grande dimension
vignoble serait clairement une action en faveur d’une viticulture durable.
Certains modes de gestion ou d’occupation des fourrières, talus et autres • Les dépôts, autres que très provisoires, de matériaux non direc- sés pour l’entretien des chemins, la réduction de leur nombre est à
espaces interstitiels du vignoble sont à éviter, du fait des problèmes tement nécessaires à la viticulture : gravats et débris de béton ou encourager, en visant leur regroupement sur des sites discrets, peu
qu’ils posent généralement pour la qualité paysagère : d’autres matériaux massifs, et toute forme de dépôt « sauvage » visibles à distance et où un traitement paysager efficace pourra au
pouvant fragiliser très nettement la qualité paysagère dans les sec- besoin être mis en place.
• Les talus non ou peu végétalisés, du fait de travaux de terrassements
teurs concernés. Pour qui concerne les dépôts de matériaux utili-
ayant abouti à la mise en place de surfaces très pauvres en terre
végétale, et où toute reconquête végétale spontanée ou dirigée est
difficile voire impossible. C’est le plus souvent par un apport de terre
végétale à postériori que ce type de problème peut être résorbé,
avant un enherbement ou la plantation d’espèces arbustives. Des
techniques d’hydro-ensemencement sont à envisager sur les talus à
très forte pente.
• Le désherbage chimique des fourrières, talus et autres espaces in-
terstitiels, qui au-delà des autres problèmes qu’il peut poser, est le
plus souvent dommageable à la qualité paysagère.
Exemple de talus peu végétalisé, dont la Exemple d’espace résiduel désherbé Exemple de stock de matériaux massifs
surface est trop pauvre en terre végétale chimiquement et dont l’aspect est constituant « un point noir paysager »
Le cas particulier des espaces de stockage problématique sur un plan paysager
Il est recommandé de soigner les limites des espaces de stockage de ce type de traitement. De tels principes d’aménagement sont
avec les espaces adjacents, notamment les vignes et les voies de à encourager, particulièrement la plantation de haies (libres ou
Il est souhaitable d’éviter :
circulation (routes ou chemins). Des exemples existent aujourd’hui taillées) sur une partie du pourtour des surfaces de stockage.
dans les vignobles des coteaux historiques, qui montrent l’intérêt • le développement de friches végétales sur et autour de stocks de
terre ou de craie entreposés sur des périodes longues, l’aspect de
ces friches n’étant généralement pas du meilleur effet.
• d’entreposer des matériaux sur des tas de grande hauteur, ce qui les
rends plus facilement visible et à des distances plus importantes.
Petite zone de stockage temporaire visible sur la commune Zone de stockage visible à Hautvillers, vue depuis la route
de Dizy : le mur de soutènement, sans masquer les dépôts arrivant de Champillon : une simple haie basse et taillée
adjacents, dessine une limite soignée entre cette surface et permet d’effacer visuellement la surface de stockage et
la parcelle de vignes située immédiatement en contrebas. une partie des matériaux qui y étaient entreposés lors de
la prise de vue. Exemple d’un tas de matériaux de grande hauteur, et du
Les acteurs et partenaires concernés coup visible et grande distance depuis les coteaux au nord
de Dizy.
• Les vignerons et les maisons de champagne • Les communes et le Conseil général, pour ce qui concerne les dis-
• Le Parc naturel régional, le CIVC, le SGV et ses sections locales, positifs de soutènement situés en bordure des voies publiques
l’UMC et les ASA
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ORIENTATION II - SOIGNER L’AMÉNAGEMENT DES ROUTES ET DES CHEMINS.
FICHE ACTION II.1 - LES CHAUSSÉES ET LES DISPOSITIFS ASSOCIÉS AUX VOIES
Contexte et objectifs
Les chemins et les routes sont au cœur du fonctionnement du vignoble des coteaux historiques. Indispensables est possible de traiter ces derniers avec des effets favorables pour la qualité paysagère, on constate également
à la viticulture, leur réseau est également précieux pour les visiteurs et les touristes, à qui ils permettent de sur le terrain que cela n’est pas toujours le cas, et que des actions restent à mener pour rehausser cette qualité
parcourir librement et en tous sens l’espace des coteaux. Au-delà de cette valeur d’usage, ils sont également dans de nombreux secteurs. Le constat est le même pour ce qui concerne les aménagements hydrauliques
porteurs d’enjeux du point de vue de leur image : leurs rives constituent d’une certaine façon une « vitrine » directement associés aux itinéraires qui parcourent le vignoble. Enfin, la publicité de bord de route réclame un
ouverte sur les vignes. En cela, l’aspect du revêtement des routes et des chemins, et le soin apporté à son encadrement très strict.
entretien, a une importance toute particulière, étant donné qu’il est généralement visible sur les tous premiers Les propositions qui suivent visent à guider dans les choix à réaliser à l’occasion de la réfection ou de l’entretien
plans des paysages viticoles. Le diagnostic a montré sur ce point une certaine hétérogénéité des itinéraires par-
des chemins et des routes, et des aménagements hydrauliques ou à caractère publicitaire qui leurs sont asso-
courant le vignoble, notamment pour ce qui concerne les chemins : si beaucoup d’exemples démontrent qu’il ciés, afin de mieux les mettre au service des qualités générales des paysages des coteaux historiques.
Recommandations et outils
Les dispositions et les modes de gestion à privilégier pour le revêtement des chemins parcourant le vignoble
• Les chemins enherbés (totalement ou partiellement), particuliè- • Les chemins empierrés, dont l’aspect gagne au maintien d’un en- • Les chemins de béton, dont la teinte claire est proche de celle des
rement favorables à la qualité paysagère dès lors qu’ils sont bien herbement permanent sur leurs deux rives, et à un entretien régu- sols crayeux des coteaux. Le béton est particulièrement recomman-
entretenus. lier. dé sur les portions de chemin soumis à de fortes contraintes, où il
permet de répondre durablement aux risques de désordres liés à
l’érosion et au trafic.
• Les empierrements de chemins réalisés sans • Les réfections ponctuelles utilisant des maté- • Les rives non enherbées, qui nuisent à l’aspect • Les revêtements inadaptés aux situations de
respect des « règles de l’art ». riaux différents de ceux de la chaussée d’ori- soigné des chemins. forte érosion, dans les secteurs soumis occa-
gine (notamment les reprises en béton ou en sionnellement à des écoulements torrentiels.
enrobé sur un chemin empierré).
Les dispositifs à expérimenter Les dispositions et les modes de gestion à privilégier pour le revêtement des petites routes parcourant le vignoble
Des solutions techniques alternatives sont à envisager pour le revête- Pour ce qui concerne la réfection de la couche de roulement des routes gers sont importants, notamment les entrées de village et les abords de
ment des chemins, permettant la réalisation de chaussées enherbées à supportant à trafic faible à moyen, les enduits à structure monocouche points de vue aménagés sur le vignoble. Ces aménagements passent par
structure renforcée, sur des linéaires n’ayant pas à supporter un trafic simple gravillonnage, qui sont composés d’une couche de liant suivie une différenciation, sur des séquences relativement courtes, du revête-
trop important. Ces solutions ont été récemment expérimentées sur d’une couche de gravillons, sont recommandés. En termes d’aspect, ce ment de la chaussée. Ils nécessitent l’utilisation de matériaux ou la mise
la commune d’Ambonnay (photo ci-dessous), avec un résultat globale- type de revêtement à l’avantage de rendre bien visibles les granulats utili- en œuvre de techniques permettant d’obtenir des revêtements de chaus-
ment positif d’un point de vue paysager. sés, ce qui permet notamment que la teinte de chaussée ne soit pas trop sée se distinguant des enrobés classiques : bétons désactivés, bandes de
sombre après leur réfection. pavés de grès, enrobés hydro-décapés ou grenaillés (procédés faisant res-
sortir la couleur des granulats et rendant le liant bitumineux discret en
Pour les routes plus fréquentées, des traitements spécifiques peuvent
surface).
être réalisés ponctuellement, à hauteur de secteurs où les enjeux paysa-
FICHE ACTION II.1 - LES CHAUSSÉES ET LES DISPOSITIFS ASSOCIÉS AUX VOIES
Les dispositifs techniques de retenue (glissières) à privilégier / à proscrire L’utilisation de glissières métalliques est à
proscrire dans l’espace du vignoble. Il est
L’utilisation de dispositifs de retenue peut s’avérer, pour raison de sécu- préconisé de remplacer par d’autres dispo-
rité, nécessaire aux limites ou de chemins dont les rives présentent un sitifs celles déjà en place en bordure de cer-
dénivelé important. Les dispositifs de retenue suivants sont préconi- tains linéaires de chemins ou routes.
sés :
• Glissières bois (ou mixte métal-bois là où le niveau de résistance des
dispositifs mis en place doit être important)
• A proximité de sites à fort enjeux paysagers (entrée de village,
abords de belvédère aménagé) , murets en moellon de pierre na-
turelle (habillant le cas échéant une âme de béton armé, là où le
niveau de sécurité des dispositifs mis en place doit être élevé).
Exemple de glissière bois visible dans le Exemple de glissière bois renforcée de métal
vignoble des coteaux historiques sur ses arrières, adaptée à des itinéraires
fréquentés et nécessitant un niveau de sécurité
renforcé (source photo : roadis.fr)
Glissière métallique visible le long de la route
allant de Dizy à Hautvillers
Les dispositifs à privilégier pour les aménagements hydrauliques directement associés aux chaussées
• Les dispositifs d’écoulement directement intégrés à la chaussée des chemins bétons, du fait de leur profil • Les dispositifs de stockage des eaux intégrés sous les chaussées, discrets et là encore limitant les risques de
spécifiquement travaillé dans cet objectif : profils trapézoïdaux, en contre-pente ou en V. Ces chaussées désordres liés à l’érosion, notamment sur le pourtour de leurs grilles avaloirs
à double fonction ont l’avantage de présenter un aspect simple et sobre, tout en limitant les risques de • Concernant les ouvrages anciens réalisés en pierre naturelle, et présentant des désordres, leur restauration
désordres liés à l’érosion sur leurs rives. à l’identique est préférable, d’un point de vue paysager, à leur remplacement par des ouvrages en béton
• Les systèmes de caniveaux maçonnés en limite de chaussée, réalisés en béton ou en pierre naturelle. (ou autre).
• Les murets de bord de chaussée destinés à y canaliser les eaux, de préférence réalisés en pierre.
Exemple de caniveau en béton présentant un bon Exemple de caniveau réalisé en pavés de pierre Exemple de chemin en béton assurant une Exemple de caniveau rehaussé en limite de
niveau de finition et soulignant le soin apporté aux naturelle continuité hydraulique grâce à son profil chaussée par un muret réalisé en dalles de pierre
vignes adjacentes trapézoïdal. La présence d’un bassin de rétention calcaire, et destiné à canaliser les eaux.
sous la chaussée est discrètement signalée par la
présence de la grille avaloir.
• Les pré-enseignes, telles celles visibles aujourd’hui aux proches Les acteurs et partenaires concernés
abords de la D951 à Dizy.
• Les communes et le Conseil général
• Les publicités de grande dimension apposées aux limites de certains
• Les vignerons et les maisons de champagne
domaines viticoles, généralement apposées sur des murs de soutè-
nement. Visibles de loin, ces publicités attirent l’œil dans les pay- • Le Parc naturel régional, le CIVC, le SGV et ses sections locales,
sages et y ont un impact important. l’UMC et les ASA
• Les « imitations » des traditionnelles bornes de pierre, mais réalisées
en matériaux de synthèse (plastiques).
FICHE ACTION II.2 - LES MURS ET AUTRES DISPOSITIFS DE SOUTÈNEMENT DE BORD DE ROUTE OU CHEMIN
Contexte et objectifs
Les dispositifs de soutènement positionnés le long des routes, notamment les murs, sont des éléments de pour les paysages visibles aux proches alentours des ouvrages de soutènement concernés. Les préconisations
paysage particulièrement sensibles, étant donné leur très grande proximité aux itinéraires qui permettent le qui suivent mettent en avant les solutions techniques à encourager, et celles à éviter voire à proscrire. Des
parcours du vignoble. Cette proximité en fait des éléments particulièrement visibles, et dont l’aspect influe solutions sont également proposées pour intervenir sur des ouvrages existants et dont l’aspect n’est pas satis-
très directement sur la faculté d’apprécier la qualité des paysages visibles sur leurs arrières. Sur le terrain, on faisant.
observe aujourd’hui des situations très diverses, parfois très favorables mais localement source de fragilités
Recommandations et outils
• Les traditionnels talus enherbés, dès lors que les dénivelés et les pentes à aménager le permettent, sont lisse et linéaire.
une solution très favorable à la qualité paysagère, et beaucoup moins couteuse que les murs et autres sys- • Concernant les murs et murets anciens édifiés en pierre naturelle, et qui présentent des désordres, leur
tèmes « en dur ». Le soin apporté à l’entretien de ces talus est particulièrement important (fauche à assurer restauration à l’identique est, d’un point de vue paysager, nettement préférable à leur remplacement par
au moins une fois, et de préférence deux fois par an) des ouvrages en béton (ou autre). Ce type d’action est nécessaire pour pérenniser des éléments de petit
• Les murs réalisés en béton. En bord de route ou de chemin fréquenté, leur aspect visuel devra impérative- patrimoine bâti qui participent de façon très active à la qualité paysagère du vignoble des coteaux histo-
ment être amélioré par une finition de surface (de préférence enduit ou lasure, le cas échéant peinture). riques.
On retiendra de préférence des gammes de couleur plus chaudes et plus sombres que celle du béton • Dans les secteurs très fréquentés du public et à fort enjeux d’image, la réalisation d’ouvrages neufs édifiés
neuf, sans trop d’éloigner d’une base de tons neutres et peu colorés. Ces murs peuvent également être en moellon de meulière et/ou en brique reste souhaitable, car la plus valorisante pour les paysages. Les
végétalisés, à l’aide de plantes grimpantes (par exemple : lierre ou vigne vierge, voir le photomontage en rives des routes les plus fréquentées par le public sont sur ce thème particulièrement concernées.
page suivante). La mise en place de murs constitués et plaques préfabriquées et dont la ligne de faitage
présenterait un aspect « cranté » est à exclure : cette ligne de faitage devrait toujours présenter un aspect
Exemple de soutènement constitué d’un simple talus Exemple de mur de soutènement traditionnel, réalisé en Exemple de muret de soutènement réalisé en béton. Si
enherbé moellons de meulière locale son niveau de finition apparaît adapté, une finition de
surface utilisant une couleur moins claire aurait permis une
meilleure intégration paysagère dans les vignes.
• L’usage de plaques de tôles, dont l’aspect est totalement inadapté à la qualité paysagère du vignoble, est à la créosote de goudron de houille, un produit classé comme cancérigène). Voir les illustrations de la fiche
proscrire pour la réalisation de petits dispositifs de soutènement. Voir les illustrations de la fiche action I.2. action I.2.
• la création de murs de béton sans finition de surface est à éviter. Il est également recommandé d’améliorer • La mise en place de murs cyclopéens est à éviter en bordure de route ou de chemin, du fait de la taille très
l’aspect des murs existants de ce type (voir les deux photomontages présentés ci-dessous) importante des pierres qui les constituent, qui ne permet pas un niveau de finition suffisant. Si leur végé-
• L’usage de traverses de chemin de fer est également à proscrire, du fait de leur aspect trop directement talisation est prévue dès la mise en œuvre (par des plantes grimpantes), ce type de dispositif peut le cas
associé aux paysages ferroviaires, ainsi que pour leur toxicité pour l’homme (les traverses contiennent de échéant être envisagé.
FICHE ACTION II.3 - LA REQUALIFICATION PAYSAGÈRE DE LA D951 DANS LE SECTEUR DE LA FOLIE A DIZY
Contexte et objectifs
La D951 est de loin l’itinéraire routier le plus fréquenté des coteaux historiques. La qualité de son insertion
paysagère est pourtant loin d’égaler celle de la plupart des petites routes qui parcourent le vignoble, particu-
lièrement dans sa séquence qui passe aux abords des secteurs urbanisés du nord de Dizy (secteur de la Folie).
Sont en cause les aménagements techniques de la route (glissières et dispositifs anti-éblouissement), des pan-
neaux publicitaires, ainsi qu’un front bâti constitué de bâtiments d’activités, d’aspect trop hétérogène.
Des propositions sont formulées ci-dessous pour esquisser des pistes d’amélioration de la qualité paysagère
de ce secteur.
Recommandations et outils
Les préconisations concernant la requalification de la D951 à Dizy, dans le secteur de la Folie.
Les acteurs et partenaires concernés La perception actuelle des paysages depuis la D951, dans le secteur de la Folie.
• Le Conseil général
• La commune de Dizy
• Les entreprises riveraines de la D951
• Les vignerons indépendants et/ou les maisons de champagne (publicités situés aux limites de parcelles
de vignes)
bâtiment d’activités
vignes
Coupe de la D951 à Dizy (secteur de la Folie) : état actuel Emplacement du trait de coupe dans
le secteur de la Folie, à Dizy
bâtiment d’activités
vignes
Contexte et objectifs
La qualité actuelle des paysages préservés autour des bourgs historiques Pour autant et avec l’évolution des pratiques d’aménagement des 50 Aujourd’hui une meilleure prise en compte des enjeux paysagers au sein
est essentiellement due à la valeur foncière viticole plus élevée que le dernières années, certaines constructions ponctuelles fragilisent la de l’urbanisation des communes parait nécessaire pour valoriser l’acti-
foncier urbanisable. Les prix du foncier limitent fortement les extensions qualité paysagère : emplacement inadapté par rapport à la géographie, vité viticole et son carcatère identitaire qui passe également par le patri-
urbaines sur le coteau et maintiennent des silhouettes de bourg volumétrie de constuctions isolées trop faible sur le coteau, absence moine urbain. Les préconisations qui suivent proposent des principes
compactes, mettant en valeur la viticulture et ses lignes soignées. de traitement paysager des limites d’urbanisation, manque de prise en pour aborder les projets urbains en rapport avec le paysage des coteaux
compte des spécificités patrimoniales urbaines... viticoles.
Recommandations et outils
Les dispositifs et les modes de gestion à privilégier pour renforcer la qualité paysagère
Urbanisation récente Clocher de l’église
Plan de localisation des emplacements Exemple de silhouette compacte dont les Exemple de constructions récentes insérées dans la topographie, créant
des façades ou ensemble bâtie créant un volumétries bâties créent un rapport harmo- un effet de socle et ne dépassant pas le faitage de toiture de l’église à
socle et un repère paysager sur le coteau nieux et dialectique avec la vigne Champillon
• Préserver une silhouette de bourg compacte • Privilégier les constructions des bourgs en • Inscrire les constructions des bourgs de haut de
qui souligne l’importance viticole et soigne la pied de coteau entre la vallée de la Marne coteau en continuité géographique des centres
qualité d’intégration des constructions sur le et le pied du coteau, bien évidement en anciens pour marquer les socles d’implantation de
coteau. dehors des zones inondables. l’urbanisation qui sont des repères paysagers.
Silhouette de Cumières tenue entre la végétation de la vallée de la Marne et la ligne de repère haute du faîtage de l’église et qui met en valeur le repère du clocher dans le coteau
• Maintenir une urbanisation compacte dans les • Définir les limites des secteurs
villages : Privilégier les projets de développement à urbaniser dans les documents
par renouvellement urbain avant les extensions d’urbanisme. Utiliser les
urbaines. Rechercher les capacités d’urbanisation orientations d’aménagements et de
dans l’enveloppe urbaine existante : potentiel programmation du PLU pour définir
de réhabilitation de bâtiments existants, de les principes d’insertion paysagère
construction dans les dents creuses, possibilités de des projets d’aménagement
division parcellaire (tissu pavillonaire notamment)... Silhouette de bourg de Mutigny
• Projeter le développement des bourgs en relation
avec la topographie : prendre les mesures
adéquates pour l’insertion paysagères des secteurs
d’aménagement dans le paysage : proscrire
l’urbanisation à proximité des lignes de crête du
relief, préserver les points du vue dégagés, proscrire
les remblais
Schéma de principe des démarches de projet urbains Report en plan des effets de valorisa- Exemple de requalifiction possible de la silhouette de bourg de
• Projeter le développement en relation avec
Légende tion de la silhouette Mutigny
les silhouettes de bourg : prendre les mesures
Limite urbaine de bourg adéquates pour l’insertion paysagères des secteurs Les acteurs et partenaires concernés
Limiter les extensions urbaines d’aménagement dans le paysage : imposer un • Les élus communautaires et supra-communautaires
renouvellement urbain par démolition/ traitement végétal au contact des vignes, exiger un
reconstruction • Le Parc naturel régional,
Urbanisation des dents creuses recul minimum d’implantation entre les vignes et
l’implantation des constructions hormis pour les • Les aménageurs et constructeurs du territoire
Densification de parcelles urbanisées
(division parcellaire, création de loge- bâtiments viticoles, imposer des hauteurs de bâti... • Les propriétaires privés
ments supplémentaires sur une par-
celle) • Les services instructeurs de l’état
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ORIENTATION III - GARANTIR L’INTÉGRATION DE L’URBANISATION AVEC LA QUALITÉ PAYSAGÈRE ET LE PATRIMOINE DU COTEAU VITICOLE
Légende
Ligne topographique structurante pour
l’implantation de l’urbanisation
Point de vue majeur du coteau historique
Silhouette de bourg à protéger
Silhouette de bourg à requalifier
Entrée de bourg à requalifier
Mitage de constructions
Zone d’activité à requalifier
Urbicand
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ORIENTATION III - GARANTIR L’INTÉGRATION DE L’URBANISATION AVEC LA QUALITÉ PAYSAGÈRE ET LE PATRIMOINE DU COTEAU VITICOLE
Contexte et objectifs
Le diagnostic a clairement fait ressortir l’intelligence d’implantation des Les bourgs du coteau viticole héritent d’une histoire rurale, au sens Il s’agira dans les projets d’urbanisation de mieux prendre en compte les
constructions par rapport à l’activité viticole. Les espaces de transition du travail de la terre. L’urbanisation reflète également l’évolution du besoins du monde rural et des citadins pour aboutir :
historique entre la vigne et l’urbanisation sont fonctionnels que ce soit phénomène des «néo-ruraux» qui recherchent un cadre de vie de village. • à des solutions d’aménagement des espaces de transition entre la
par l’implantation de bâtiments d’exploitations, d’accès aux caves, de Ainsi, les ensembles résidentiels se sont développés avec une faible vigne et les habitations adaptées à la qualité paysagère du coteau
chemin de desserte des vignes ou alors d’espace de jardins potagers. Ces adaptation au contexte rural. Les espaces de transitions entre les vignes viticole,
espaces créent de véritables espaces de vie pour le territoire, de qualité et les habitations traduisent parfaitement le besoin ou non d’interaction • à un rapport sociologique complémentaire entre le monde rural et
paysagère indéniable avec la vigne. urbain.
Recommandations et outils
Les dispositifs et les modes de gestion à privilégier pour renforcer la qualité paysagère
A éviter : les dispositifs de surélévation des bâti- A éviter : des espaces de jardins étroits entre A éviter : des clôtures monotones différentes en A éviter : les dispositifs de muret, voir mur,
ments à proximité des vignes les vignes et les habitations fonction des propriétaires aux bords des vignes surplombé de thuyas ou de grillages
Les dispositifs à envisager et expérimenter :
• L’insertion dans la pente de bâtiments d’habitation. Savoir adap- • Les systèmes de revêtement des murs de clôtures, de soutènement, ou de
ter son bâtiment d’habitation à la topographie du sol notamment façade en limite de vigne qui permettent de donner une image qualitative des
pour les constructions sur le coteau : espaces de transition entre urbanisation et vigne
• Surélever du
• Accompagner
la pente (suc-
cession de Bande enherbé
• Création de jardins verticaux • Utilisation de bardage bois, issu locale- Traitement par bardage Plantation d'arbres dans les jar-
niveaux, demi sur le chemin
source photo : archicontemporaine.org
ment ou pour traiter des portes d’accès bois du mur de clôture dins et végétaliser les clôtures
niveaux)
• Encastrer dans
le sol, enterrer
la construc-
tion.
Contexte et objectifs
Historiquement la majorité des constructions comprenait un logement et Aujourd’hui avec la séparation entre l’habitat et l’activité, nous avons A l’image des bâtiments viticoles des grandes maisons de champagne
un local d’activité. Les maisons vigneronnes reflètent bien cette logique vu se développer dans les communes, notamment à Dizy, des zones qui profitent de leur construction sur le territoire pour valoriser leur
où le bourg est un espace fonctionnel de travail. Quelques bâtiments d’activités commerciales et des zones d’activités industrielles. Les image, les bâtiments commerciaux et industriels peuvent en faire autant
viticoles spécifiques sont réservés à l’activité vigneronne comme le constructions volumineuses sont visibles dans le paysage mais elles pour s’insérer dans le paysage viticole. Les abords et les espaces publics
vendangeoir Saint-Hélène ou la coopérative viticole d’Hautvillers. manquent d’une insertion paysagère à la hauteur de la qualité paysagère de ces secteurs jouent également un rôle important.
du site des coteaux historiques.
Recommandations et outils
Les dispositifs et les modes de gestion à privilégier pour renforcer la qualité paysagère
• Implanter son bâtiment dans la pente et prévoir les aménagements • Soigner la qualité architecturale des façades des bâtiments. • Soigner l’intégration signalétique sur la façade du bâtiment. La
alentours. Les bâtiments d’activités nécessitent généralement des Les bâtiments d’activités viticoles font l’objet d’un travail de qualité d’insertion paysagère des signalétiques réside dans la clarté
emprises de surfaces importantes. Il est alors primordiale de traiter composition architecturale sur leur façade, notamment les maisons de ses inscriptions et son insertion (couleur, taille, style d’écriture...)
qualitativement l’insertion paysagère de la construction et de ses de champagne qui se servent de l’image architecturale pour se en rapport avec l’architecture du bâtiment. Une signalétique aux
alentours avec la pente du terrain. Plusieurs dispositifs sont possibles : différencier et être reconnues. Des architectures plus modestes lignes fines s’inscrira d’autant mieux à la qualité paysagère des
• création de murs de soutènement traités qualitativement de qualité, comme la coopérative des vignerons d’Hautvillers, coteaux viticoles.
pour créer une différence de niveau fonctionnelle joue sur des volumétries simples, des couleurs et des matériaux
sobres, rythmant les volumétries importantes en plus des détails
• implantation de bâtiments ou annexes en limite de parcelle,
architecturaux au niveaux des ouvertures.
A éviter : les traitements d’espaces publics trop A éviter : des implantations hasardeuses des bâtiments A éviter : des couleurs vives de bardage et un affichage répé- A éviter : les signalétiques sur-élevées et la
routiers et en manque de qualité paysagère par rapport à la pente et des espaces de stockage titif d’enseignes visibilité des toitures terrasse bitumée lors
Les dispositifs à envisager et expérimenter : d’emplacement de points de vue
• Créer une trame d’espaces publics de qualité dans les rues et en limite de zones, prévoir les emplace- • Favoriser des bâtiments d’activités compacts, économe en énergie et aux traitements paysagers soi-
ments de déplacements piétons et cycles, traiter les abords des bâtiments et limitant le bitume et en privi- gnées, qui s’adapteront bien avec la qualité paysagère du coteau. Le principe de cour peut être réutilisé
légiant des matériaux perméables. Mettre en place une charte signalétique et de clôture uniforme adaptée pour permettre l’implantation de plusieurs activités regroupés autour d’un espace commun.
pour les entreprises et commerces, structurer les aménagements par le végétal.
Contexte et objectifs
Sur le site des coteaux historiques, nous pouvons affirmer facilement Les constructions d’habitation plus récentes rompent avec cette unité Les besoins des communes et des habitants ont évolué, l’architecture
que l’architecture reflète la culture du territoire. La viticulture a produit de forme urbaine historique. L’apparition de constructions isolées au doit aujourd’hui répondre à la fonction du bâtiment qui n’est plus essen-
un patrimoine vernaculaire de proximité extrêmement important qui milieu de la parcelle s’est répandue et a modifié le paysage urbain que ce tiellement viticole, à son intégration paysagère, à la problématique éner-
offre une unité urbaine exceptionnelle. Le patrimoine reflète la quantité soit au niveau des modes de clôture ou des accès aux bâtiments. Cette gétique. Il ne s’agit pas de construire aujourd’hui comme nous le faisions
importante des viticulteurs récoltants manipulant du champagne par forme urbaine fragilise la qualité paysagère des coteaux viticoles car elle historiquement mais de ré-interpréter la richesse patrimoniale, urbaine
une forte proportion et densité de maisons vigneronnes dans le tissu ne reprend que très peu les principes d’aménagements économiques de et paysagère pour répondre aux besoins d’habitation actuels.
bâti des bourgs. la forme urbaine patrimoniale.
Recommandations et outils
Les dispositifs et les modes de gestion à privilégier pour renforcer la qualité paysagère
• Ré-interpréter le principe de la cour : ce système de desserte
Hiérarchiser les espaces d’aménagement de la rue, espace fonctionnel,
permet d’optimiser l’occupation de la parcelle et le nombre de
au jardin, espace de détente intime. Quelque soit la forme et la taille
constructions. Il permet également de mettre à distance des jardins
de parcelle ainsi que la typologie de logement (collectif, intermédiaire,
privatifs de l’ensemble des éléments fonctionnels liés à l’habitation
individuel), le traitement hiérarchique entre la rue, le logement et le
(stationement, local déchet, local vélo...). La cour peut servir de lieu
prolongement extérieur (jardin, balcon) est une caractéristique urbaine
de rencontre et d’échange entre les habitants : espace de jeux pour
des constructions du territoire.
enfant, jardin partagé... L’appropriation de ce lieu passera par des
aménagements qualitatifs prévus à cet effet. Cet espace n’est pas
obligatoirement clôturé.
Cheminement piéton pour desservir
les logements en deuxième rang
Mutualiser des
Vue d’une cour et son jardin Maison vigneronne accompagnée de son Implanter un bâtiment locaux fonctionnels
Mutualiser des locaux fonctionnels
en arrière plan à Ay mur de clôture en alignement sur rue à sur rue : pour les habitations
pour les habitations en rapport avec
Mareuil-sur-Ay - RDC fonctionnel autour d’une cour
la rue (stationnement automobile,
(locaux commerciaux, centrale desservant
local poubelle, garage vélo, atelier de
stationnement, des logements de
bricolage...)
buanderie, hall part et d’autre
d’entrée...
- Logement à l’étage
avec une terrasse Végétaliser la cour pour la rendre
sur le toit à l’abri des attractive
nuisances sonore de la Créer une clôture en continuité des locaux
rue annexes qui structure le front de rue et
sécurise l’accès aux parties privatives
Schéma de la transition de l’espace public au jardin Exemple possible de ré-interprétation de la cour
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Les dispositifs à éviter ou à proscrire :
• A éviter : la construction de maisons individuelles «de type pavillonnaire pour terrain plat» surélevée sur • A éviter : des cahiers des charges de lotissement trop précis qui banalise l’architecture, dont l’insertion
un socle maçonné, ils fragilisent d’une part la qualité paysagère du coteau viticole par l’utilisation d’une paysagère est brutale sur le territoire.
architecture standardisée inadaptée à la pente et d’autre part la qualité des espaces publics par des traite- • A éviter : des volumétries bâti de rez de chaussée+comble isolés, qui ne correspondent pas à la typologie
ments de clôtures et de soutènements inadaptés. patrimoniale du territoire. Privilégier des volumétries de R+1+comble et/ou des implantations en mitoyen-
• A proscrire : une implantation des constructions sur talus ou des dispositifs d’enrochement en limite de neté pour limiter les déperditions énergétiques.
parcelle, qui ne permet ni l’intimité ni le traitement qualitatif de l’espace public. • A éviter : des clôtures non adaptées à l’architecture du bâtiment, dont l’intégration paysagère fragilise le
• A éviter : une longue distance entre l’accès à la parcelle et le bâtiment, qui n’optimise pas la surface fon- paysage urbain des bourgs (utilisation de matériaux et couleurs différentes).
cière de la parcelle et qui est source de dépense, souvent évitable.
A éviter : les maisons pavillonnaires conçues A proscrire : des implantations d’habitation sur des talus A éviter : des architectures monotones et des A éviter : des clôtures peu adaptées à
pour terrain plat surélevé sur un socle maçonné et la présence d’enrochement en limite de parcelle volumétries de RDC+Comble l’architecture du bâtiment
Les dispositifs à envisager et expérimenter :
• Favoriser l’appropriation des parcelles, une taille de parcelle limitée et réduite permet de faire preuve • Privilégier la construction de logements individuels
d’inventivité et de créativité d’aménagement en fonction de ses besoins. Les grandes parcelles font sou- denses ou intermédiaires, qui s’adapteront bien à la
vent apparaître des espaces délaissés et non fréquentés par l’habitant. L’implantation de la construction qualité paysagère du coteau viticole. Ces formes ur-
joue un rôle important pour permettre l’intimité des jardins. Favoriser l’implantation des constructions en baines permettront de conserver le confort des mai-
limite séparative et en rapport avec la rue sons individuelles par des entrées individualisées et
des prolongements extérieurs intimes.
Maison au milieu de la parcelle : une situation peu favo- Maison groupée sur parcelle étroite et profonde :
rable à l’intimité, forte consommation d’espace mitoyenneté acceptable, espace privatif généreux
Contexte et objectifs
Les petits rus et ruisseaux qui parcourent les vallons des coteaux historiques sont des éléments de paysage sagère utiles : ils permettent de marquer la présence des cours d’eau dans les paysages, tout en participant à
très discrets, notamment du fait de leur modeste gabarit. Le diagnostic a montré que cette discrétion tient donner une place à l’arbre dans les paysages de vignes.
également à l’évolution, au cours des dernières décennies, des pratiques viticoles sur les proches abords : les
L’aménagement des cours d’eau eux-mêmes est localement une source de fragilisation des paysages, là où des
structures végétales arborées, autrefois beaucoup plus présentes sur les rives de ces petits cours d’eau, sont dispositifs de tenue des berges d’aspect inadapté ont été utilisés.
aujourd’hui devenues rares et sont même totalement absentes de séquences de berges conséquentes. Or ces
éléments arborés, là où ils restent présents ou bien ont été remis en place, sont des facteurs de qualité pay- Les propositions qui suivent formulent des dispositions favorables à une plus grande présence des ruisseaux
dans les paysages des coteaux historiques.
Recommandations et outils
Les dispositions d’aménagement et de gestion à éviter ou proscrire
Les dispositions d’aménagement et de gestion à privilégier • L’usage de plaques de tôle pour soutenir les berges des ruisseaux, qui est
à proscrire.
• Le maintien de bandes enherbées, entretenues avec soin, sur les rives des ruisseaux concernés.
• La suppression systématique de la végétation arborée se développant
• Le maintien ou la mise en place d’un corridor arboré discontinu sur les berges, constitué notamment de saules. Afin d’éviter une concur-
spontanément sur les berges d’un ruisseau, qui ne devrait jamais être
rence qui serait défavorable aux vignes adjacentes, une taille de ces arbres « en têtard » peut être réalisée tous les un à trois ans.
généralisée sur des parties importantes de son linéaire.
• Si possible, le maintien ou la création d’un cheminement piéton longeant les berges.
• Là où des aménagements de tenue des berges s’avèrent nécessaire, le choix de dispositifs « doux » respectant le caractère naturel des
ruisseaux : tunage de bois (voir la fiche I.1) ; fascines vivantes de saule tressé (boutures tressées, voir la photo ci-dessous).
Chemin
accessible au Berges
public enherbées Saules
Contexte et objectifs
La Marne et le canal qui l’accompagne sont des éléments identitaires ment au travers d’actions de gestion sur la végétation des berges. Cette
pour le vignoble des coteaux historiques, qui participent à en faire un végétation est en effet le principal obstacle visuel potentiel qui pourrait Perspectives visuelles sur la Marne et le canal depuis les
site unique. Présents depuis certains points de vues dans les paysages, gêner les vis-à-vis entre les coteaux, la Marne et le canal. Les proposi- coteaux
La Marne et le canal restent globalement assez discrets, bien que sou- tions qui suivent précisent les actions qui pourront être mises en œuvre
vent très proches du pied de pente du coteau. Là où elle existe, leur sur ce sujet. Secteurs où le maintien de l’ouverture des perspectives
présence dans les vues mérite d’être attentivement préservée, notam- visuelles est à assurer par un gestion appropriée de la
végétation arborée, notamment celle des berges.
Recommandations et outils
Les dispositions d’aménagement et de gestion à privilégier
• Une gestion attentive de la végétation des linéaires de berges situées
dans l’axe des perspectives entre les coteaux et la Marne (ou le ca-
nal) : maintien de larges trouées où le développement spontané des
arbres est maîtrisé sur les berges, afin d’éviter la formation à terme
de hauts rideaux végétaux et occultants.
• La non-replantation de peupleraies arrivées à maturité dans ces sec-
teurs.
• La résorption des friches présentes sur d’anciennes prairies.
• La mise en place d’un « observatoire des paysages » (reconduction
au cours du temps de photographies prises depuis un même point de
vue), outil d’évaluation permettant d’apprécier l’évolution des pers-
pectives visuelles dans le temps, et de déclencher quand nécessaire
les actions de réouverture de la végétation des berges.
Les principaux vis-à-vis sur la Marne et le canal depuis les coteaux, et les secteurs où le
Les berges de la Marne à la limite de Cumières et d’Hautvillers : en maintien de l’ouverture des perspectives visuelles est à péréniser (données fond de carte : IGN Scan25 )
rive droite de la rivière, le maintien durable de l’ouverture des berges
est nécessaire dans ce secteur, afin de maintenir les nombreuses
perspectives visuelles qui s’offrent sur l’eau depuis les coteaux. Les acteurs et partenaires concernés
• VNF et le Syndicat des Eaux
Les dispositions à proscrire
• le Conseil général (berges du canal)
• La plantation de peupleraies sur des parcelles proches des berges et
situées dans l’axe de perspectives entre les coteaux et la Marne (ou • Le Parc naturel régional, le CIVC, le SGV et ses sections locales, l’UMC et
le canal). les ASA
• Les communes de Cumières, d’Hautvillers et de Mareuil-sur-Ay
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ORIENTATION V - RENFORCER LA PRESENCE DE L’ARBRE DANS LES PAYSAGES DES COTEAUX HISTORIQUES.
Contexte et objectifs
Encore très présents au milieu du XXe siècle dans une place plus importante à l’arbre dans l’étendue
Exemples de secteurs offrant des potentialités pour la
beaucoup de paysages de vignes des coteaux histo- du vignoble, et des situations existent où cette pré-
plantation d’arbres isolés
riques, les arbres ont vu leur place y régresser de sence serait d’un intérêt paysager particulièrement
façon très significative, jusqu’à y devenir aujourd’hui important. Les propositions qui suivent précisent
des éléments très rares, et néanmoins précieux. Des ces potentialités et ces situations.
potentialités existent aujourd’hui pour redonner
Arbre planté sur une ligne de Arbre planté en bordure de chemin, une
crête, une position qui le rend ponctuation arborée qui valorise le paysage des
Exemple 2 : plantation d’un arbre en bordure de
particulièrement visible vignes sur ses alentours
Exemple 1 : plantation d’un arbre en ligne de crête chemin, ici en position de surplomb
Etat actuel Principe de plantation possible (photomontage) Etat actuel Principe de plantation possible (photomontage)
Les secteurs où la plantation d’arbres isolés est particulièrement recommandée (données fond de carte : IGN Scan25 )
4 5
6 7
Secteurs où la plantation d’arbres isolés est particulièrement
recommandée : lignes de crête et de rupture de pente ; fonds de Les acteurs et partenaires concernés
vallons ; sommet des buttes
• Les vignerons et les maisons de champagne
• Le Parc naturel régional, le CIVC, le SGV et ses sections locales,
l’UMC et les ASA
• La Chambre d’agriculture
Contexte et objectifs
Les principaux secteurs concernés par la reconquête de la qualité paysagère des lisières forestières (données fond de carte : IGN Scan25 )
Sur les hauteurs des coteaux historiques, le massif forestier de la Mon-
tagne de Reims et ses lisières sont des éléments tout à fait déterminant
pour la qualité et le caractère des paysages du vignoble. Si cette qualité
est évidente à peu près partout sur le terrain, il n’en reste pas moins que
des situations problématiques se présentent par endroit. Il s’agit pour
l’essentiel de secteurs où l’extension, récente, de la surface du vignoble
sur des surfaces anciennement forestières, a laissé des « cicatrices » vi-
sibles dans les paysages. Si certaines de ces cicatrices seront amenées à
se résorber naturellement (fronts forestiers ouverts et dont les lisières
n’ont pas encore retrouvé l’aspect d’une lisière naturelle), d’autres né-
cessitent une intervention de l’homme : il s’agit d’emprises de talus posi-
tionnés sur les lisières et où la reconquête végétale spontanée est blo-
quée par des sols de nature inappropriée. Des propositions sont faites
pour résorber ces situations problématiques sur un plan paysager.
Recommandations et outils
Les actions recommandées
maitrisant la venue d’arbres qui pourraient concurrencer la vigne sur Secteurs où la qualité paysagère des lisières forestières est
ses proches abords : récépage occasionnel des arbustes fragilisée et nécessiterait d’être restaurée
Principe de restauration de la qualité paysagère d’une lisière forestière bordée de talus dénudés
Grand talus aux sols plus ou moins stérile et où la Apports de terre végétale sur le talus et plantation d’essences Les acteurs et partenaires concernés
reconquête végétale spontanée est difficile voire impossible arbustives spontanées typiques des lisières forestières
• Les vignerons et les maisons de champagne
• Les propriétaires forestiers, l’ONF et le CRPF
• Le Parc naturel régional, le CIVC, le SGV et ses sections locales,
l’UMC et les ASA
• La Chambre d’agriculture et la DREAL