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Moeschler Jacques. Conversation, cohérence et pertinence. In: Réseaux, 1990, Hors Série 8 n°1. pp. 79-104.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0984-5372_1990_hos_8_1_3532
CONVERSATION,
COHERENCE ET
PERTINENCE
Jacques Moeschler
Université de Genève
Introduction
Cohérence et interprétation
(11)
a) ils sont adjacents ;
b) ils sont produits par des locuteurs différents
c) ils sont ordonnés en une première partie et une deuxième
partie;
d) ils sont typés, en ce sens qu'une première partie particulière
requiert une deuxième partie particulière (d'après Levinson
(1983, 303).
(12)
Ayant produit la première partie d'une paire, le locuteur
doit s'arrêter et le locuteur suivant doit produire à ce point
la deuxième partie de la paire (ibid., 304).
paires adjacentes n'est pas une règle de bonne formation (...), mais la
mise en place d'attentes spécifiques auxquelles il faudra répondre"
(ibid).
Ce que l'on peut tirer de la présentation rapide de ces deux
notions, c'est que la cohérence n'est pas vue comme un principe ou
une cause organisationnelle des discours conversationnels, mais
comme l'effet résultant d'un certain nombre d'attentes
interactionnelles. Une des conséquences importantes pour
l'interprétation des conversations est qu'à chaque occurrence d'un
énoncé, un certain nombre d'attentes sur la suite du discours sont
inférables.
Qu'en est-il de l'interprétation dans la perspective de ГАС ? Ce
qu'il faut souligner tout d'abord, c'est que le corps de principes ou
règles ne concerne pas des propriétés d'objets linguistiques, mais
plutôt des participants à la conversation. En effet, comme le souligne
Levinson (1983, 319), "ce que l'analyste de conversations cherche à
modéliser, ce sont les procédures et attentes réellement employées par
les participants en produisant et comprenant la conversation". La
question que l'on peut se poser concerne justement les objets de ces
procédures et attentes. Examinons comment Levinson décrit le
traitement de la cohérence thématique (ibid., 315) : "la cohérence
thématique est une chose qui est construite à travers les tours par la
collaboration des participants". Ceci implique donc qu'il n'est pas
possible de parler de signification pour des unités linguistiques, mais
uniquement pour des activités conversationnelles, nécessairement
duelles. Ce qui fait donc sens dans une conversation, ce sont les
procédures utilisées conjointement par les participants pour la mener à
bien. En d'autres termes, le sens des énoncés, c'est le sens des activités
qu'ils permettent d'accomplir.
Il existe certes un certain nombre d'arguments justifiant ce type
d'approche. Par exemple, les travaux de Gulich et Kotschi (1983),
Kotschi (1986) et Gulich (1986) sur la reformulation paraphrastique et
l'évaluation métacommunicative ont montré comment se construisait
la signification interactionnellement dans une conversation. Ceci dit,
et malgré la justesse de l'approche projective en AC, il existe un point
qui me semble fondamentalement incorrect : les approches AC sont
non intentionnelles. Levinson (1983, 319) utilise justement ce point
comme un argument en faveur de ГАС contre l'AD, lorsqu'il écrit
"Ces méthodes {de ГАС, i.e. localiser l'organisation conversationnelle
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Inference et pertinence
Ci allô
Ai allô le trente soixante-dix -onze
C2 oui Madame
A2 bonjour Madame (vite) je vous avais téléphoné tout à
rheure là pour appeler le docteur chez Madame Allégro à
Mareuil
c3 oui oui
A3 est-ce qu'il est parti
c4 oui il est parti faire ses visites Madame
A4 ah bon parce que euh je voulais lui parler c'était peut-être
pas la peine qu'il vienne mais enfin (très vite) ça fait rien ça
fait rien
c5 bon Madame euh je regrette mais il (bon?)
rL
A5 non mais (vite) ça fait rien parce que c'était le petit avait mal
au ventre et pis ça a l'air d'être passé
c6 oui
гL
Аб mais enfin ça fait pas m pas pas (k) plus mal qu'il le voie
hein
c7 parce que euh i i s'il repasse par là je lui dirai mais je peux
pas vous dire hein
ГL
A7 (vite) oui ah ben ça fait rien
c8 bon
96 Conversation, cohérence et pertinence
(16)
A4 ah bon parce que euh je voulais lui parier c'était
peut-être pas la peine qu'il vienne
(17)
A5 non mais ça ça fait rien parce que c'était le petit
avait mal au ventre et pis ça a l'air d'être passé
(18)
C7 parce que euh i i s'il repasse par là je lui dirai mais
je peux pas vous dire hein
(19)
— 13 ah bon
(21) Je vous dis que ça ne fait rien, parce que je voulais vous
dire que c'était le petit avait mal au ventre et pis ça a l'air
d'être passé.
(22)
— Il parce que s'il repasse par là je lui dirai mais je ne peux pas
vous dire hein
12
1—13 bon
Mais une telle conception ne nous dit rien sur la façon dont un
couple particulier va pouvoir être sélectionné. A l'opposé le but d'une
approche inférentielle sera justement d'expliquer comment et pourquoi
telle valeur fait l'objet d'une hypothèse interprétative.
En second lieu, les emplois de parce que interrogent la
fonction des connecteurs pragmatiques comme marqueurs de
Jacques Moeschler 99
Conclusion
Bibliographie
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