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Mort de Jacques Chérèque, ancien

numéro 2 de la CFDT et ancien


ministre
Ancien syndicaliste, ancien ministre et père de
François Chérèque, le secrétaire général de la
CFDT de 2002 à 2012 est mort a annoncé,
dimanche 24 décembre, Laurent Berger, l’actuel
patron de la CFDT. Il était âgé de 89 ans.
LE MONDE | 24.12.2017 à 16h36 • Mis à jour le 24.12.2017 à 16h55 | Par
Michel Noblecourt

Ancien numéro deux de la CFDT et ancien ministre


délégué chargé de l’aménagement du territoire,
Jacques Chérèque est mort, a annoncé, dimanche 24
décembre, Laurent Berger, l’actuel patron de la CFDT.
Il était âgé de 89 ans.

Les moustaches en bataille, un cou de pilier de rugby, le verbe haut, le


parler cru et sans langue de bois, celui qu’on appelait affectueusement
dans son syndicat « le gros » était un bloc de générosité gouailleuse et
tempétueuse. De son mariage avec Elisabeth Colson, il a eu cinq fils, dont
l’un, François, fut secrétaire général de la CFDT (2002-2012), ce qui était
pour lui un motif de fierté. La mort de ce dernier, en janvier 2017, l’avait
très douloureusement affecté.

Il va là où on a « les moyens d’agir »

Né le 9 septembre 1928 à Dijon (Côte-d’Or), fils d’une aide-soignante


veuve, Jacques Chérèque quitte la Bourgogne à l’âge de 8 ans pour
rejoindre un oncle comptable à l’hôpital de Nancy. A 14 ans, il entre chez
les Scouts de France qu’il ne quittera qu’en 1956, avec la responsabilité de
commissaire chargé de la formation des jeunes.

Après ses études secondaires, et son service militaire effectué dans les
parachutistes en Algérie puis à Bayonne, il est embauché comme ouvrier
spécialisé, en décembre 1949, aux aciéries de Pompey (Meurthe-et-
Moselle), où furent forgés les fers de la Tour Eiffel. Grâce à la formation
permanente, il devient contremaître puis agent de maîtrise – en 1953, il
prend sa carte à la CGC qu’il quittera six ans plus tard la jugeant « trop
corporatiste ».

En 1962, sa direction l’envoie en mission dans une usine d’aciers spéciaux


à Victoria, dans l’Espagne franquiste. A son retour, il est nommé chef de
fabrication, « graisse de bureau », selon la formule d’un fondeur allemand.
Le voilà propulsé pour être ingénieur. Mais il tourne casaque et s’engage
dans le syndicalisme, là où on a « les moyens d’agir ».

Un « prolo » chrétien

C’est sa rencontre, en 1959, avec René Carême, secrétaire de l’union


départementale CFTC de Meurthe-et-Moselle, qui lui fait sauter le pas.
Jacques Chérèque implante le syndicat. En 1960, la CFTC rafle la majorité
des siéges et il est désigné au comité central d’entreprise et au conseil
d’administration des aciéries de Pompey. En 1965, il est détaché comme
permanent au syndicat CFDT de la sidérurgie lorraine dont il était devenu
président. En 1968, il est élu secrétaire général adjoint de la fédération de
la métallurgie. Il vit les événements de mai 1968 comme une fête : « Tout
le monde en grève, la fiesta partout, la grande euphorie démocratique.
Les métallos sont considérés comme des héros par les étudiants et les
gauchistes ».

Jacques Chérèque n’a rien d’un gauchiste. C’est un « prolo » chrétien qui
s’engage avec son épouse dans Vie nouvelle puis à l’Action catholique
ouvrière. En mai 1970, il entre dans le saint des saints confédéral, le
bureau national, et il est élu, en mai 1971, à la tête de la fédération de la
métallurgie, responsabilité qu’il exercera jusqu’en 1979.
« Carré et franc », selon son ami Delors

En 1971, Eugène Descamps, le « patron » de la CFDT, songe à lui pour lui


succèder. « Si on pense à moi, racontera Jacques Chérèque dans son livre
La rage de vaincre (Balland, 2007), c’est surtout comme quelqu’un qui est
susceptible de barrer la route à Edmond Maire ». « Carré et franc », selon
la formule de son ami Jacques Delors, il s’engage dans la grève des Lip, en
1973 et s’amusait à évoquer l’épisode rocambolesque de la restitution des
montres vendues illégalement à Antoine Riboud, patron de BSN, intéressé
par la reprise de l’entreprise horlogère.

Après un passage au PSU, il s’engage en 1974 dans un appel aux forces


socialistes politiques et syndicales pour la tenue des Assises du socialisme.
« Vous avez besoin d’une sacrée giclée d’ouvrier qui en soient des vrais »,
explique-t-il à Gaston Defferre. Il rejoint le PS et se situe dans le sillage de
la « deuxième gauche » de Michel Rocard. S’il a alors conscience d’avoir
« franchi la ligne jaune », au regard de l’indépendance syndicale, il met en
avant la « nécessité d’une alternance politique ».

Les pieds dans la glaise

Jacques Chérèque n’a rien d’un rêveur. En homme de terrain, il a les pieds
dans la glaise. « C’est pas parce qu’on est de gauche qu’il faut être à côté
de ses pompes », aime-t-il répéter. En 1979, Edmond Maire le fait venir à
la commission exécutive – le gouvernement de la CFDT – comme
secrétaire général adjoint. Truculent, fort en gueule, amateur de « bonne
bouffe », colérique à l’occasion, il n’a rien d’un diplomate mais il est chargé
du secteur international. Il œuvrera pour l’entrée de la CFDT à la
Confédération internationale des syndicats libres.

Contesté par les intellectuels et l’aile gauche du syndicat – il est le plus mal
élu dans les congrès –, il soutient à fond le recentrage, et donc la
dépolitisation, de la CFDT. Aprés avoir défendu l’unité d’action avec la
CGT, il s’en fait le procureur. « La CGT et le PC conduisent le syndicalisme
au suicide, martèle-t-il en septembre 1980. Par son maximalisme, le
syndicalisme type CGT fait que les revendications , parce qu’elles ne sont
plus crédibles, ne mobilisent plus les travailleurs ». Avec Edmond Maire, il
est à la fois complice et rival, soupçonné de vouloir prendre sa place.

Un militant « au cœur gros comme ça »

Laurent Fabius tranche le problème. Le 5 mai 1984, Jacques Chérèque, qui


a siégé au Conseil économique et social de 1974 à 1979, est nommé, non
sans remous dans la centrale, préfet délégué de la région Lorraine chargé
du redéploiement industriel. L’ancien ouvrier sidérurgiste, qui n’achètera
jamais l’uniforme de sa fonction, se met aux fourneaux avec passion. Il met
en œuvre le plan Fabius pour les mines de fer et la sidérurgie et est un des
artisans de la Convention générale de protection sociale, un projet « sans
lequel la rigueur n’a pas de sens, ni l’action politique de perspective ».

Le 12 mai 1988, Michel Rocard le fait entrer dans son gouvernement


comme ministre délégué chargé de l’aménagement du territoire et des
reconversions. C’est un ministre atypique – « un canard dans une couvée
de poules », dira-t-il – qui ne prend pas de gant avec son administration. Il
relance la délégation à l’aménagement du territoire mais vit amérement
son « renvoi » en juin 1991. Pour autant, il ne lâche pas le PS. Conseiller
général de Meurthe-et-Moselle puis conseiller régional de Lorraine,
jusqu’en 2004, il se consacre à l’aménagement du territoire et aux
mutations industrielles en Europe.

Jusqu’au bout, il reste un militant. « Au cœur gros comme ça ».

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