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inelte Aumassip, Docteur ès-Lettres. directeur de Recherches au C.N.R.S.

, est directeur du Labora-

G toire de Recherches sur l'Afrique orientale et responsable du groupement de recherches sur la


"Néolithisation ell régions sahariennes et ses incidences sur fil désertification". Membre du Centre
~ationale d'Etudes Historiques (ex-CRAPE) d'Alger depuis 1965, elle enseigne également dans les Uni-
Ginette AUMASSIP
Directeur de recherches au CNRS
versités d'Alger et Paris I-Panthéon-Sorbonne, où elle dirige les travaux de nombreux étudiants en
Archéologie africaine. Elle appartient à de nombreuses sociétés savantes ou conservatoires dont l'ICOM.
Spécialiste mondialement reconnue de préhistoire saharienne, chercheur de terrain insatiable, elle par-
court depuis plus de 25 ans le Sahara, sans négliger pour autant les recherches en laboratoire. Son d}'na-
misme et son extrême rigueur scientifique ont altiré autour d'elle toute une équipe de chercheurs dont la
pluridisciplinarité permet d'avancer dans la compréhension de l'homme et du paysage saharien. Elle est
l'auteur de nombreux ouvrages et articles, dont un bon nombre concerne le Néolithique. la céramique et
l'art rupestre. CHRONOLOGIES
DANS LA MEME COLLECTION
DE L'ART RUPESTRE
Jean Charles HUMBERT
SAHARIEN ET NORD AFRICAIN
FORTS ET BORDJS DE L'EXTRÈME SUD
SAHARA ALGÉRIEN 1892-1906
H.J. HUGOT
ESSAI SUR LES ARMATURES DE POINTES DE FLECHE AU SAHARA
Augustin BERNARD et N. LACROIX
LA PENETRATION SAHARIENNE (1830-1896)
J.L. VERSELTN
LES TOUBIBS SAHARIENS
L' ŒUVRE DES MEDECINS MILITAIRES FRANÇAIS DANS LE SUD ALGERIEN (1902 . 1976)

Capitaine TOUCHARD
RECONNAISSANCE ET TRAVAUX DE PENETRATION SAHARIENNE
AXE TOGGOURT-DjANET (Nov. 1904-Mars 1905)
Colonel d'EU
INSTRUCTION SUR LA CONDUITE DES COLONNES
DANS LES REGIONS SAHARIENNES

EDITIONS
JACQUES
CiANDINI
J J JACQVES
C;ANDINI
11 Cirand Rue .
30420 CALVISSON
Ginette AUMASSIP
Directeur de Recherches au CNRS

CHRONOLOGIES
DE LIART RUPESTRE
SAHARIEN
ET NORD AFRICAIN

EDITIONS JACQUES GANDINI


1 1 Grand'Rue
30420 CALVISSON
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La loi dû 1€Ir juillet 1992 n'autorisant, au terme des alinéas 2 et 3 de "article L. 122-5, d'une part
que les «copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non desti- ,
nées à une utilisation collective" et, d'autre part, que les "analyses et courtes citations justifiées f,
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laquelle elles sont incorporées», "toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le consente-
ment de l'auteur, ou de ses ayants droits ou ayants cause, est illicite» (article L. 122-4). Cette
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constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 ,et suivants du Code pénal.

© 1993 by Jacques Gandini. Tous droits réservés pour tous pays.


ISBN 2906431-14-1 ... réponse à Alfred MUZZOUNI
Phases

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climatiques Lhote Rachid Mari Muzzolini

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Depuis la découverte de gravures sur les rochers de Thiout que fit Jacquot en 1847, nombre
d'auteurs ont tenté de retrouver l'ordre de succession des figurations rupestres et, pour cela, les
caractères essentiels qui permettent d'identifier des ensembles cohérents puis d'en extraire des
étapes de leur évolution. De tels essais reposent sur divers éléments, la technique, le style, le
1. thème, les superpositions; il Ya lieu d'y ajouter la patine pour les gravures et le colorant pour les
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peintures. La combinaison de ces divers facteurs est à l'origine des classifications actuelles [,
La prédominance donnée à l'un ou l'autre des éléments d'individualisation, conduit à deux
types de classification. En accordant la primauté aux thèmes et aux symboles P. Huard, L. Allard-
Huard identifient deux grands ensembles, celui des Chasseurs et celui des Pasteurs qui, se succé-
dant, même si les Chasseurs perdurent, prennent valeur de périodes2• Ce type de classification qui
~ i-' est resté très marginal, ne peut que difficilement donner lieu à des comparaisons. Les autres
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auteurs s'appuient essentiellement sur les techniques, superpositions et patines (tout en introdui-
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cations où se succèdent les quatre divisions majeures qui prennent valeur de périodes: Bubalin,
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Bovidien, Caballin, Camelin. Au sein de chacune d'elles, les subdivisions peuvent diverger plus
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ou moins sensiblement, sans, d'ailleurs, que les auteurs justifient toujours les raisons de leurs
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têretrilobée 1 Jl positions, mais ces divergences ne remettent jamais en cause le schéma général.
:8 ~:ll Or dèpuis quelques années, A. Muzzolini propose une nouvelle ordonnance de l'art rupestre,
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'" une chronologie en totale disharmonie avec les travaux antérieurs, De 1981 à 1992, cet auteur n'a
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i pas publié moins de 50 articles et un livre dans lesquels il présente les résultat~ de ses réflexions
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i-' , sur l'art rupestre saharien. Comme il se doit dans une telle abondance, il yale plus souvent
r~dondance ; est-ce pour faire passer l'originalité de ses propositions? Celles-ci qui ne connais-
sent aucune variation' tout au long de ces textes, reposent sur la constitution de "noyaux essen-
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tiels", groupes définis dit l'auteur (1986 p. 74)3 dans quelques sites sans mélange. Ils prendraient
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il: 12000 '" 1,_ Le plus souvent, gravures et peintures ont été dissociées et leur étude menée indépendam-
? ment car elles ne figurent quasiment pas dans les mêmes sites. Toutefois, cette opposition est
peut-être moins marquée qu'il n'y paraît, diverses figures résultant de l'emploi conjoint des
deux techniques. A Ibessukan un bloc est gravé au voisinage de l'un des abris peints. A Jabba-
D Humide
ren, Adjefou, H. Lhote (1957, 1958) a noté des esquisses gravées qui avaient précédé la peintu-
Aride re. A Ouan Rechla dans les Tassili ouan Ahaggar, à djebel Doum (Lhote 1984), Khanguet el
Hadjar (Lefebvre 1967) dans l'Atlas, des gra\:,ures ont été peintes, à Boualem, la même ques-
tion a pu être posée.
2._ Le sens accordé aux mots essentiels que devraient être style, école, phase, étage, période ne
semble pas le même pour tous les auteurs ni toujours constant chez un même auteur. Ainsi que
le souligne lL. Le Quellec (1985), il en résulte certain flou; seule une bonne connaissance de
la littérature permet parfois les réajustements nécessaires d'autant que dans certains cas, ces
Fig. 1 : Variations climatiques et chronologies de l'art rupestre termes peuvent devenir synonymes, leur signifié occupant un double champ sémantique
d'après les divers auteurs comme par exemple "style de Tazina".

4- -5-
en pOSItIon chronologique, le callage étant assuré par les
se présentent ainsi :
période qui daterait de l'''Humide Néolithique" soit la période allant du 4ème au 2ème G.B.M. FLAMAND ET LES BASES DES CLASSIFICATIONS TRADITIONNELLES
1l11IlCmUre Avant J.e. et qui comprendrait deux ensembles, peut-être trois car l'âge du dernier
reste mal précisé: Les premières classifications furent celles des gravures, en
- Une école de gravures, l"'école bubaline", se déployerait "sur les pourtours du plateau tas- l'Atlas saharien; les peintures, qui y sont exceptionnelles, n'ont été Ml;;lhllCI:O~
silien et dans un grand arc de cercle au Nord et à l'Est, du Rio de Oro à l'Atlas saharien, au (Aumassip et alii 1977, Camps, Hachid 1982, Lhote 1984a). Les bases en
Fezzan et au Djado, et également au Hoggar" (1986 p. 317). géologue G.B.M. Flamand (1921) à partir de l'analyse approfondie des techniques
- Un groupe de peintures dit de Sefar-Ozanéaré ou Bovidien ancien, cantonné à la partie cen- la gravure, de la morphologie des traits et de l'étude des patines. Ces travaux permettaient de
trale du Tassili n'Ajjer.
reconnaître deux groupes de gravures, l'un dit des gravures naturalistes, à patine sombre, d'âge
- Un groupe de peintures originales, celles des Têtes Rondes, qui serait "d'âge imprécis, mais néolithique, l'autre dit libyco-berbère, dans lequel il plaçait les gravures à patine claire et les
sans doute aussi ancien pour la plupart" (1986 p. 317). caractères alphabétiques ; il serait protohistorique dans sa phase ancienne, historique dans sa
2.- Une période qui daterait de "l'Aride postnéolithique" soit entre le milieu du 3ème et la fin du phase récente qui peut comporter des caractères arabes et latins. Cette subdivision, que certains
1er millénaire durant laquelle "la tradition des gravures "bubalines" de style naturaliste s'inter- ont trouvé sommaire, reposait sur la vingtaine de stations alors connues qui, précise H. Lhote,
rompt probablement au Sahara central, mais elle se poursuit dans l'Atlas saharien" où toutefois se
toutes caractérisées par leur homogénéité sauf El Hadj Mimoun et A'in Lahag" où figurent à
développerait une école schématique, le "style de Tazina". Elle prendra une extension aussi vaste
ces deux groupes (1970 p. 156). Au Sahara, G.B.M. Ramand définissait, en outre, un grou-
que le "Bubalin naturaliste" et durera fort longtemps (1986 p. 317).
pe mIXte à cheval entre les groupes néolithique et libyco-berbère et formant trait d'union.
3.- Une période datant du "Troisième Humide" qui survient vers fin du 1er millénaire veut-être le
Obermaïer identifiait quant à lui, en 1931, deux sous-groupes dans chacune des périodes
milieu du 2ème. Elle comprend trois groupes et en voit naître un lIIHltrii>mp
reconnues par G.B.M. Flamand: le plus ancien, naturaliste, figure le "bubale", le second, subna-
- Une école de peintures, le groupe
conserve la terminologie traditionnelle turaliste comprend les sujets moins élaborés, des bœufs et des moutons. La période libyco-berbère
'lnn!lntlnn du
comporte elle aussi un étage ancien, naturaliste, et un étage récent, schématique, dans lequel sont
inclus les graffiti modernes. Entre ces sous-groupes existent des liens internes et une évidente
appartiendrait au Bovidien final,
," continuité qui sont marqués par des transitions progressives.
(sous-entendu n'Aner).
développé dans l'Acacous, très voisin sinon identique, en serait t La même année, H. Breuil reconnaissait trois périodes dans les gravures: ooe période ancien-
ne avec les grands "bubales" très soignés aux cornes annelées, des éléphants, des lions, quelques
- Le quatrième groupe serait lié à "la postérité du groupe d'Iheren-Tahilahi (qui) va largement f personnages en perspective tordue ; une période moyenne avec des bubales moins soignés, des
déborder le Tassili, car il est certainement l'un des ancêtres des Libyco-Berbères histo- éléphants, rhinoceros; béliers et diverses scènes comme celle de l'Aïn Sfissifa ou du Kef Mes-
riques" (1986 p. 318). C'est la "période du cheval". siouer ; une période récente aux animaux de forme quadrangulaire dominante, où sont figurés des
4.- La dernière période se situe vers la fin du 1er millénaire; l'aride actuel est définitivement ins- bœufs domestiques, des béliers à sphéroïdes et qui serait bien représentée à Thiout. Les premiers
tallé. C'est la "période du chameau". éléments de Classification concernant les peintures sont dus à cet auteur
vés de Ch. Brenans au Tassili n'Aner, les peintures étaient regroupées
Cette remise en cause des données antérieures que, durant plus de cinquante ans, les spécia- style, ce qui à défaut d'une étude approfondie des superpositions une \"Ia~~1l1 ..a-
listes ne parvinrent qu'à préciser sans jamais en modifier les grandes lignes, appelle diverses tion dans le tl'mn~ Iionnp. Iiit l' ~lItpllr Ip~ nrinC'iTlP compréhension des panneaux.
remarques : quels éléments utilisés pour établir les classifications et chronologies traditionnelles Etudiant proposait une subdivision majeure en Précame-
sont-ils ainsi rejetés et sur quelles bases? Quelles découvertes nouvelles entraînent-elles pareil étages: un étage qu'il dénomma alors "Bubalin" (lequel
bouleversement? Quels éléments sont-ils assez significatifs pour intégrer strictement une expres- cette région) ; un étage Bovidien ; un étage Libyco-berbère ;
sion culturelle dans un découpage climatique? raIJo-lJertUre. Cette classification cadrait bien avec celle établie par P. Russo en 1926
algérien, qui reconnaissait deux grandes périodes, l'une préhistorique, l'autre libyco-
étaient subdivisées chacunes en deux étages qui étaient mis en relation avec les cul-
tures matérielles. Les étages anciens, à patine épaisse, se distinguaient l'un de l'autre par l'aspect
du trait. Un trait profond et régulier ou encore pointillé et peu profond caractérisait l'étage le plus
3._ Les nombres entre parenthèses qui accompagnent des noms d'auteurs, correspondent à ancien qui était rapporté au Gétulien (= Capsien) ; l'étage suivant à trait peu profond, régulier, en
l'année de Dublication et renvoient à la bibliographie en fin de texte. se serait développé durant le Néolithique inférieur; viendrait ensuite un étage à dessins "enfan-
6- 7
tins", avec signes, qui correspondrait au Néolithique supérieur; enfin un étage à graffiti, serait
postérieur au Néolithique. L'ENSEMBLE BUBALIN : UNE PERIODE OU UN STYLE?
En Libye, en 1942, P. Graziosi reconnait également quatre phases: antique à grande faune
tropicale dont l'appartenance à la période néolithique restait question ouverte; pastorale où sont Nous ne reviendrons pas sur la polémique née autour de l'expression "Bubalin"5, si ce n'est
figurés des bovins et dont les débuts qui sont naturalistes, peuvent être contemporains de la phase pour rappeler que Th. Monod recherchant, en 1932, une classification raisonnée, l'avait basée sur
; bitriangulaire, ultime expression pastorale par laquelle on entre dans la dernière phase; un aspect zoologique qui mettait en relief l'intervention de l' animal le plus significatif; or Peloro-
cameline. (antérieurement nommé Homoïoceras après l'avoir été Bubalus) antiquus est fréquent dans le
En 1969, dans le Tibesti, P. Huard distinguait dans les gravures dites anciennes trois groupes niveau de gravures le plus ancien de l'Atlas et il est connu dans celui du Sahara.
se seraient succédés pouvant se chevaucher plus ou moins partiellement: un groupe de Chas- L'existence d'une période dite "bubaline" précédant la période "bovidienne", était quasiment
seurs archaïques; un groupe de Chasseurs anciens se subdivisant lui-même en animaux d'assez ( unanimement reconnue jusqu'en 19836. Pour P. Huard, elle est de fait, partie intégrante de la
grandes dimensions, au trait profond mais moins précis dans son dessin que celui de la phase pré- ) "période des Chasseurs". Pour la majorité des auteurs, son individualisation se lit dans l'ambiance
cédente et animaux à parties internes polies; un groupe récent qui serait contemporain des pre- \ générale de gravures de grandes tailles où les animaux occupent une place essentielle. Son anté-
miers Pasteurs. J.L. Le Quellec (1987) à propos des gravures du Fezzan, rejoint les subdivisions j riorité sur les autres ensembles7 gravés est perçue au travers de la faune représentée. Peloravis
de P. Huard, ce qui le conduit aux quatre groupes: des Chasseurs; des Pasteurs; des Equidiens ; n n'intervie,!tjamais d~.n,~ l'en~@l!?J~ bovidi~!Lque ce soit dans l'Atlas ou au Sahara et seuls
Camelin. Selon lui, ce serait la façon la plus simple de les classer et celle qui prêterait le moins à qUelques'exempfâliès sônt connus dans les peintures têtes rondes (à Tissoukaï par exemple), pein-
controverse . tures de faible extension géographique, qui sont habituellement considérées comme les
Si les subdivisions entrevues jusqu'alors dans l'Atlas ne trouvaient aucun écho dans les tra- anciennes. Cette individualisation et sa valeur chronologique sont confortées par une patine tou-
vaux de R. Vaufrey (1939), H. Lhote reprenant l'analyse de l'art gravé du Sud oranais jours très sombre, dite noire ou totale par les auteurs car elle est identique à celle de la roche sup-
du Sud algérois (1 984a), donnait une valeur d'étage4 à des subdivisions plus fines qu'il reconnais- Elle s'oppose à celle généralement plus claire des autres gravures. Or, pour A. Muzzolini,
sait à l'intérieur de certains des groupes précédemment individualisés. Au Tassili n'Ajjer (1958), l'ensemble bubalin est une "école", elle se distingue donc de la "période bubaline" par sa position
même, la reprise de l'étude des peintures l'amenait à placer en étages la plupart des regroupe- chronologique puisqu'elle va se développer jusqu'à la période cameline parallèlement à un
ments proposés par H. Breuil. Dans l'Atlas, M. Hachid (1982-83), qui s'initia au travail de terrain ensemble bovidien ne comportant, lui, que des peintures. Avec la présence d'animaux domes-
auprès de lui dans le Sud algérois, ne donne à certains de ces étages qu'une valeur de style qui tiques, les thèmes conforteraient cette situation. Les critères utilisés sont sensiblement ceux des
auraient été contemporains. autres auteurs mais avec des nuances qui vont s'avérer fondamentales pour la construction/Cette
malgré des divergences se faisant jour quant aux subdivisions secondaires, à leur posi- "école" est définie par la conjonction d'un style naturaliste, d'un trait large et profond, poli ou
tion, aucun auteur n'avait jusqu'alors mis en cause l'individualisation des périodes ni l'ancienneté piqueté mais soigné, d'une patine souvent, mais pas obligatoirement, sombre car des variations
de certaines gravures. Un élément de désaccord résidait dans l'unicité ou la multiplicité des parfois notables peuvent résulter du comportement différent des traits selon les techniques
centres d'art rupestre et, dans ce dernier cas, la question de savoir s'ils étaient ou non contempo- employées pour leur confection.
rains, se posait. G. Camps (1974) faisait remarquer que les identités perçues trouvaient une justifi-
cation dans les thèmes eux-mêmes, donc aucun élément ne permettait de lier entre elles ces LA COMPLEXITÉ DE L'ENSEMBLE BUBALIN
régions. Cette idée est en totale opposition avec la thèse de P. Huard qui appelle une certaine unité
culturelle couvrant tout le Nord de l'Afrique et le Sahara. Les divergences entre ces diverses chro- .L'ensemble bubalin peut-il être rameIié à une seule phase? Telle est la question que posent
nologies que l'on peut nommer traditionnelles et celle d'A. Muzzolini portent donc à la fois sur ces divergences. Dans l'Atlas, le Bubalin est subdivisé en phases d'autant plus nombreuses que
les .éléments habituels de désaccord, à savoir des subdivisions qui sont parfois quelque peu diffé- études sont plus récentes. Le problème est quelque peu différent au Sahara. H. Lhote (1976 p.
rentes mais, surtout, sur des éléments inaccoutumés, essentiels pour sa contestation, l'homogénéi- 766) faisait remarquer qu'il n'était pas possible d'établir des parallèles avec les gravures de
té des gravures et leur position chronologique. De là, résulte toute une lecture nouvelle du passé
des Africains.
• . ~r!-( l'Atlas: le style de petites dimensions n'y existe pas et il est difficile-d'y préciser une démarcation
,'''' entre les gravures naturalistes et les gravures décadentes. Inversement, A. Muzzolini (1986) y
reconnaît ce style et le place dans un stade final du Bubalin.

5._ On peut consulter à ce sujet H. Lhote (1984 p. 256) et l'Encyclopédie berbère, Cahier n° 20.
6._ La publication d'A. Muzzolini (1986) qui la remet en cause n'est qUe la version publiée
d'une thèse de 3ème cycle soutenue en 1983.
4._ Il faut l'entendre au sens ·géologique du tenne. 7._On doit entendre le tenne avec son sens mathématique.

8- 9-
la plus ancienne de l'art rupestre, dite "antique" au Fezzan, les gravures de la période rences de teinte sont faibles sauf cas particulier, et des dépatinages
bubaline sont largement répandues sur les rochers de l'Atlas et du Sahara. Il y a unanimité pour ( bubales sont souvent en profil relatif, les quatre membres étant représentés; les autres animaux,
n'y voir que des gravures, mais la mise en cause de l'origine capsienne de l'art rupestreS, la
l félins, rhinoceros, béliers, ânes, bœufs, caballins lO le sont en profil absolu, une seule patte rendant

l
découverte de témoignages artistiques et de nombreux restes de matières colorantes dans les gise- chaque train. Malgré une représentation de la tête, en profil, les deux yeux sont couramment figu-
ments ibéromaurusiens que l'on sait antérieurs au Capsien, suggèrent de garder présente à l'esprit rés, selon la formule dite "dioculaire". Les félins sont dessinés selon une convention particulière
une possible disparition de peintures anciennes particulièrement sensibles aux divers éléments a reçu le nom de style Djattou : le corps est de profil, la tête toujours de face coupée en son
d'érosion. par un double trait vertical, avec un œil de chaque côté. Dans ces gravures anciennes, H.
Naturaliste dans ses débuts, le Bubalin passe à un art subnaturaIiste à sa tm. :Son umté est Breuil notait que la présence d'une patte par train, n'était pas un caractère obligatoire chez les élé-
globalement9 entre sa patine et celle des autres gravures. phants, particularité qui les différencie des autres représentations anciennes.
les techniques utilisées au sein des ensembles gravés, ont permis
la période; les patines ont permis de l'ordonner dans le temps. Pour H. Breuil, il y Style d'El Hasbafa : En 1984, H. Lhote, caractérisait un étage de moyennes dimensions
aurait eu deux phases, celle, naturaliste, des bubales aux cornes annelées, celle, subnaturaliste, à niveau supérieur d'El Hasbaïa où il fut reconnu. II est postérieur à celui de
bubales moins soignés portant des cornes lisses. H. Lhote, quant à lui, en reconnaît six auxquelles Les éléphants en profil relatif seraient fréquents, ce qui propose peut-être une explication
il donne une valeur d'étage qu'il base sur la dimension des figures pour les anciennes, les carac- particularité. Dans l'Atlas, H. Lhote note alors une évolution des thèmes, le bélier est rare, les
tères des personnages pour les récentes. A. Muzzolini paraissant ignorer le changement de thèmes bœufs Dlus fréauents. la tête du lion est figurée de profil. Ces caractères se retrouvent tous sur la
et sa lourde charge culturelle, ne voit "aucun critère certain autorisant à les constituer en groupes là restait difficile à situer dans un étage du fait de telles particularités.
originaux ... ils peuvent n'être que des "ratés" du grand style "Bubalin naturaliste", trahissant le
; manque d'habileté de certains graveurs, ou au contraire des œuvres tardives, dans la Style ou école de Tazina: C'est en 1970 qu'Ho Lhote propose le terme "Ecole de Tazina" pour
(1986 p. 107). Accorder un intérêt majeur aux animaux pour les débuts, à l'homme pour désigner un ensemble de gravures sub-schématiques de petites dimensions (gravures ad naturam
une différence très nette de l'ambiance culturelle générale. C'est ce de Flamand) mis en évidence dans le Sud-oranais qui constitue 'Tétage bubalin de petites dimen-
bien ressortir par les deux subdivisions majeures qu'elle propose et sions". Les formes, même si elles restent figuratives, sont très stylisées, réduites aux traits essen-
élève au rang de période, modifiant ainsi la hiérarchie établie par H. Lhote. Des discor- tiels à même de rendre des expressions de vie. F. Cominardi (1976 p. 166) a pu parler à leur pro-
dances entre ses propositions et celles de H. Lhote, vont porter ensuite sur l'ordre chronologique à pos d'un schématisme dynamique. Les extrémités sont très effilées,
, l'intérieur des ensembles. gées (c'est ce que Flamand nommait style fantastique) ; des excroissances l<UII4I~I1'Jl\;~
développer. Les deux yeux sont généralement figurés.
Les ensembles naturalistes Roli en D, plus rarement en V, toujours sans trace de piquetage antérieur. La surface qu'il délimite,
Pour H. Lhote, la période naturaliste se subdivise en trois étages -style monumental, style endopérigraphique, peut être soigneusement polie, parfois remplie de traits. La patine
niveau supérieur d'El Hasbaïa, style ou école de Tazina-. Il reconnaît un est foncée, identique à celle des gravures monumentales. La faune en est comparable mais privilé-
des esquisses dont la position chronologique variable ne corresDond Das à gie les antilopes. Bien connu ~ns l'Atlas, le style Tazina pourrait s'étendre au Draa. P. Huard
(1984a p. 270). Pour M. Hachid, la période naturaliste ne (Ledant, Huard 1980 p. 514) envisage d'y rapporter quelques gravures aux extrémités effilées du
variées, de Tazina, gravures fines- qui seraient contemporains, et des esquisses dont la place reste Fezzan, du Tadrart, du Djado tout en remarquant que certains bovidés de Djerat portent aussi ce
ambigüe (1982-83 p. 145-151). En 1980, 1. Leclant et P. Huard (p. 70) rappellentla présence de caractère mais sont de dimensions moyennes.
gravures de petites tailles, diverses fois mentionnées sous les gravures monumentales, tant au « La position stratigraphique de l'étage est attestée par une gravure de Koudiat Abd el Hak.
Sahara que dans l'Atlas. Elle est malheureusement lue de manières différentes et est partiellement détruite. H.
1970 Yvoyait trois niveaux: 1) une antilope recoupée par 2) un éléphant; 3) une
Style monumental: Outre les grands bubales aux cornes annelées, la phase ancienne, dite . tique en tous points à la première, surchargeant un personnage de même technique et même patine
aussi bubalin de grandes dimensions ou style naturaliste monumental, comprend des éléphants à le style Tazina postérieurement au style monu-
oreilles bilobées, des lions, beaucoup plus rarement des hommes associés aux animaux et qui pré- souci de ne pas bouleverser sans preuve, les classifications établies
sentent en général six traits terminant les membres. La Datine est antérieurement, en particulier par G.B.M. Flamand. En 1984, le même auteur donne une lecture
quelque peu différente de ces gravures "sur une dalle gisant au sol, un éléphant surchargeait les

8._ On peut consulter à ce sujet Lhote 1970 p. 189.


9._ Pour être fiable, le critère patine doit être discuté
au cas par cas, les regroupements qui sont 10._ Rappelons que de petits caballins figurent dans le niveau le plus ancien de gravures de
faits sur de telles bases, montrent alors des généralisations significatives. l'Atlas.

-10- -11-
d'une antilope et les jambes d'un personnage du style Tazina"l1 (p. 265). Diverses compa- Les ensembles subnaturalistes
raisons le conduisent alors à placer le style Tazina après l'étage de grandes dimensions et celui Reconnue seulement dans l'Atlas, la phase bubaline la plus récente, ou étage bubalîn déca-
dimensions moyennes. dent, se caractérise par la diminution de la qualité artistique (ce que certains pourront contester),
F. Cominardi (1976) lit également trois niveaux de gravures: 1) le plus ancien de "très ne faut pas confondre avec de l'inhabileté, et de la qualité technique (ce qui reste incontes-
petites dimensions" comprend trois personnages, deux antilopinés et deux lignes subparallèles qui table), par une patine noire mais qui n'atteint pas le noir brillant des ensembles naturalistes. Elle
sont les restes d'une figure disparue; 2) un étage intermédiaire, de dimensions un peu plus impor- utilise soit un piquetage irrégulier, soit, plus rarement, un trait poli qui est alors peu régulier, ni
tantes, est représenté par un antilopiné et deux personnages, la croupe de l'antilope et un des per- très large ni très profond. Sa position postérieure à la phase naturaliste est assurée par une super-
sonnages recoupent l'antilopiné et une ligne de l'étage antérieur; 3) l'étage supérieur est constitué position à l'Aïn Marshal (Lhote 1970 p. 174). C'est alors que les cornes de Pelorovis ne sont
par un éléphant parfaitement représentatif de l'étage de grandes dimensions dont la tête recoupe annelées. Le thème fréquent est celui de personnages accroupis, sexués. Les subdivisions vont se
l'antilopiné du niveau précédent. L'auteur conclut à un dédoublement de l'étage de petites dimen- faire sur l'aspect de ces figurations humaines. Pour H. Lhote, ce n'est là qu'un étage de la pério-
dont le plus ancien serait de très petite taille; l'un et l'autre seraient antérieurs à l'étage de bubaline, bien qu'il souligne la coupure avec les étages précédents et l"'évolutÎon dans les
naturaliste de grandes dimensions. Toutefois en l'absence d'autres preuves, argumentant du croyances religieuses" (1970 p. 174) que l'on peut y lire. Pour M. Hachid, c'est une période, celle
schématique plus évolué, il conclut en faisant débuter l'étage de petites dimensions avant la dispa- " l'homme est omni-présent.
rition de l'étage de grandes dimensions. Les deux auteurs sont d'accord pour identifier un ensemble que caractérise un personnage à
A. Muzzolini, prétendant que la description d'Ho Lhote tête trilobée, et qui serait le plus ancien. Viendrait ensuite l'étage des personnages à sexe démesu-
définitions, a éliminé le critère petites dimensions, ce qui étend l'appellation à l'ensemble des gra- ré dits ithyphalliques. Ils seraient d'abord figurés de trois-quart puis accroupis. M. Hachid (1982-
vures figuratives mais schématiques, en trait poli, à patine foncée. Il transpose ainsi la conception 83 p. 152) qui souligne l'association fréquente de motifs géométriques à diagonales à ces person-
du style Tazina ; un sens plus large, lui permet d'assimiler sans difficultés nombre de figures car nages ithyphalliques, distingue en outre des ithyphalliques de face. Ils seraient debout pour les
dit-il "ces représentations en style de Tazina "pur" sont souvent inextricablement mêlées, dans les uns, auraient des membres inférieurs exagérément écartés à l'horizontale pour les autres. Ces
mêmes sites et sur les mêmes parois, à des types de graphisme schématique finalement de même phalliques de face seraient contemporains. Ils feraient place aux personnages accroupis dont
inspiration et eux aussi parfaitement distincts des écoles naturalistes ou géométriques" (1988 p. l'évolution eraohiaue conduit à une représentation linéaire.
Dès lors le style Tazina ne sera qu'une entité stylistique, sans valeur d'étage. II va
se retrouver sur l'ensemble du Sahara où il intègrera même des figures telles que deux chars à L'AGE DE L'ENSEMBLE BUBALIN
Arkana (Djado). Cette redéfinition sémantique appelle évidemment une nouvelle proposition de
développement spatio-temporel. Rejetant les superpositions, le même auteur ne s'intéresse pour Si en tant que période rupestre, cette séquence occupe pour tous les auteurs la même place de
le style de Tazina, qu'à ce qu'il nomme une "analyse interne". La faible représentation de la base, sa position chronologique varie. Les débuts de la période restent incertains, liés aux origines
grande faune sauvage 12, l'abondance des girafes, antilopes, la présence d'oryx révèlent de l'art nord-africain et saharien. Pour les uns partisans d'une chronologie courte, tels que G.
quelques traits d'âge plus récent que le Bubalin naturaliste, cette faune manifestant un caractère Camps, H. Camps-Fabrer et à un degré moindre H. Lhote, elle ne saurait remonter qu'à l'Holocè-
moins archaïque (1986 p. 104). Elle débuterait donc vers la flll de "l'humide néolithique". La dis- ne inférieur, voire à sa fin; pour les autres partisans d'une chronologie longue, elle pourrait dater
parition du style Tazina pourrait trouver place au "Bovidien final et à la période des chars" en rai- du Pléistocène. Un âge paléolithique avait été envisagé par les anciens auteurs tels que M. Boule,
son de sa fréquente juxtaposition à des figurations d'époque caballine. A. Pomel, 1. Joleaud, H. Kühn, Th. Monod... M. Hachid remarque que les deux cas de recouvre-
• (mènt connus, El Arrouya et Abbiar Miggi sont des gravures fines. A Abbiar Miggi, la couche
: Des gravures très fines, dites aussi de style Arrikine, ont été identifiées . 1 arché?~ogi9u.e qui o?li~ère le~ ~av~res est attri~uable à du Caps.ien néolithisé, ce q~i.les place à la
diverses stations du Sahara central. A l'inverse des styles précédents, ce style fin n'a pas reçu une \ charmere eplpaleohthlque-neohthlque. F. Mon (1971) s'appUIe sur les superposItIOns des gra-
valeur stratigraphique. Dans la station d'Arrikine, ce sont des girafes et antilopes aux membres vures de Ti n Ascigh où une paroi porte trois girafes de patine différente, superposées l'une à
effilés qui sont finement incisées. Présentes dans le Tadrart, le Fezzan (Graziosi 1942), dans le .. l'autre et recouvrant une gravure de Pelorovis de grandes dimensions. Cet auteur attribue la gira-
(Huard 1953), le Djado (Huard, Fevai 1964), de telles gravures ont été notées plus récem- \ \ fe la plus claire à la phase caballine, la plus sombre aux Têtes Rondes, l'intermédiaire à la phase
ment dans l'Atlas où M. Hachid mentionne leur naturalisme un peu simplifié (1982·83 p. \. . 1 .pastorale. Pelorovis, à patine plus sombre que la girafe la plus foncée, appartiendrait à la période
bubaline. La période des Têtes Rondes étant pour cet auteur antérieure au 5ème millénaire (1965,
et la constitution de la patine appelant quelques millénaires d'écart~ c'est au Pléistocène
Il.- II ne peut s'agir de la lecture d'un autre bloc de la même station, aujourd'hui disparu, dont
qu'il faudrait rapporter la gravure de Pelorovis .
R. Vaufrey donne une excellente photographie PL XIII où un traM d'éléphant recoupe un pro-
bable antilopidé.
A. Muzzolini, pour qui "ce groupe est certainement le plus ancien" (1986 p. 100) voit son
12._ Sans autre précision apparition en fin de 5ème, début de 4ème millénaire; c'est le moment où les autres auteurs pen-

-12 -\3
sent qu'il finit.. Les premières manifestations rupestres interviendraient après une période connues. II est ainsi en grande partie responsable de l'idée du retard dans le développement des
qui aurait vidé le pays. Des dates plus anciennes que le milieu du 5ème millénaire, tomberaient en fi sociétés nord-africaines, idée sous-jacente à de nombreux travaux.
effet dans le "sévère "Aride mi-holocène" et nous devrions alors accepter pour les moutons, tous Pour certains auteurs, H. Breuil, H. Kühn, ce bélier n'était pas domestique; H. Lhote à la
domestiques, et les bœufs quasi-tous domestiques représentés dans ce groupe, des dates dans le G.B.M. Flamand envisage une "privation temporaire de liberté". La présence du sphéroï-
"Grand Humide" de l'Holocène ancien, avant 5500 bc : dates incompatibles avec celles que nous de ne peut être contraignante à elle seule puisqu'à Trick el Beïda celui-ci figure sur un bubale que
fournissent les fouilles pour les débuts de la domestication" (1986 p. 1(0)13. Il admet l'ancienneté personne, hors R. Vaufrey, ne songe à voir domestique. A l'inverse, pour d'autres auteurs, un ani-
de certaines gravures de l' Acacous -celles dites bubalines et têtes rondes par F. Mori, ainsi que la mal paré de la sorte, avec collier, tête coiffée d'un sphéroïde à plumes ou branchages, ne peut être
plupart des figurations isolées dites pastorales anciennes-. Ules réunit en un groupe "ancien" '. que domestique (Camps 1980). A. Muzzolini s'appuie sur les oreilles pendantes, la queue longue,
qu'aucun élément ne permettrait cependant de dire pré-pastoral; il écrit: "malgré l'absence de citées par Wright en 1954 et Ryder en 1983 comme critères de domestication avancée (1986 p.
repères vraiment probants, il nous semble légitime de faire confiance à l'intuition de Mori" (1986 ( 95) pour lui accorder ce statut.
p. 230). Il justifie sa position par "des patines souvent sombres, des contours parfois (mais pas
;
r La question de leur domestication et de son âge vont en fait reposer essentiellelnent sur la
présence ou l'absence d'ovinés sauvages dans le Nord de l'Afrique ou encore sur l'idée qui se fait
systématiquement) au trait poli, un style quasi naturaliste (mais, plus souvent, semi-naturaliste),
l'abondance (mais non l'exclusivité) des animaux sauvages" et dont l'âge pourrait être celui du ~
jour d'une domestication très ancienne en Andalousie. On n'a guère progressé depuis 1984 où H.
"Bovidien ancien tassilien" (1986 p. 230-231). Les autres gravures qui comporteraient les scènes Lhote écrivait "les données établissant que le mouton avait été domestiqué en Afrique du Nord
à connotation sexuelle, des animaux piquetés assez frustes, formeraient un groupe plus récent. Il 1 entre 6000 et 5000 av. lC. sont donc très incertaines et les questions relatives à la domestication
serait synchrone du style peint d'Uan Amillèquel correspondrait au Bovidien final tassilien. • 1
" des espèces sauvages demeurent en suspend" (p. 225). A l'état sauvage, en effet, le mouton, Ovis,
Pour A. Muzzolini, le groupe bubalin disparaît quand s'installe la séquence aride de la n'existerait pas en Afrique. Son identification à Medjez II (Bouchud 1975)14 dans des dépôts cap-
Néolithique dans les débuts du 2ème millénaire. Sa proposition s'appuie sur la réduction de la siens datés entre le milieu du 7ème et la fin du 5ème millénaire fait donc problème. En Espagne, il
faune archaïque dans les peintures des groupes "d'Abaniora, Iheren, Uan Amil" et dans la période répandu entre le lOème et le 7ème millénaire, mais avec une taille qui paraît trop importante
du cheval (1986 p. 1(0). Les critères qui servent à identifier le groupe sont ainsi réduits à des pour un animal domestique. En Corse, où il a été introduit, il est connu au milieu du 7ème
comparaisons avec les thèmes de peintures données comme contemporaines par le même auteur. naire (Poplin 1979). En Afrique du Nord et au Sahara, en l'état des connaissances, les moutons
Pour les autres auteurs, la fin du Bubalin est marquée par une intervention massive d'animaux s'épanouissent aux 5ème-4ème millénaires. On les rencontre alors un peu partout (Roubet 1979,
domestiques que l'on tend souvent à placer aux 5ème-4ème millénaires sur la base de critères Gautier 1982). Toutefois, on ne peut perdre de vue qu'Ho Lhote en avait identifié dans la couche
(
assez flous et qui demandent à être affirmés dans le contexte des connaissances actuelles. la plus ancienne des peintures bovidiennes de Sefar (1968 p. 278) et Rhardes (1970 Pl. VII). Pour
L'élément majeur de cette lecture nouvelle de l'art rupestre est donc la présence d'animaux A. Muzzolini, leur présence au Sahara ne saurait être antérieure au milieu du 5ème millénaire,
domestiques. Mais la question est complexe: les plus anciennes gravures représentent-elles des l'étude comparative de leur cornage et de celui des ovins de la vallée du Nil leur assignant plutôt
animaux domestiques? Sont-ils fréquents et représentés sur toute l'étendue de la période? Que un âge situé entre le début du 4ème et celui du 2ème millénaire (1986 p.lOl )15.
savons-nous à ce jour de la domestication dans le Nord de l'Afrique et le Sahara?
Les bovins: Les autres animaux figurés par l'art de la période bubaline, sur lesquels porte la
Le statut des animaux '1u\"stion, sont les bovins. "L"'é'cole bubaIine" la plus ancienne, celle du "Bubalin naturaliste", très
Même si des essais de domestication ont pu être tentés sur diverses espèces, deux seulement, répandue surtout dans l'Atlas saharien, le Fezzan et le Tassili, représente à profusion des bœufs"
moutons et les bœufs, participent au différend. écrit A. Muzzolini (1991 p. 220). La fréquence de leurs représentations déterminée à partir des

Les ovins: Une représentation très connue de mouton dans la période bubaline est le bélier à
.. gravures à patine totale (ou assimilables) actuellement connues, est respectivement de l'ordre de
6% et 13% dans le Sud oranais et le Sud algérois; elle atteint près de 20% dans l'oued Djerat.
sphéroïde. Il n'a été observé que dans l'Atlas saharien. Il est selon l'expression de H. Lhote, l'une Sont-ils domestiques? Pour A. Muzzolini, ils le sont "certainement ... en raison de leurs
des pierres d'angle de l'art rupestre nord-africain. Vu d'abord comme le lointain reflt;t du culte ou des situations" (1989 p. 14). Dans l'Atlas, ils ne sont jamais figurés en troupeau; dans le Dje-
t
d'Amon (Gsell, 1927), il contribua à rapporter à l'époque historique les gravures qui étaient alors rat, seule la station XLIV en montre un troupeau de sept têtes, auquèl il faudrait peut-être associer

13._ La question du "vide" qu'entraîne les périodes arides au Sahara, est un sujet de débat loin 14._ Détennination faite sur du matériel osseux et des dents, sans précision de stàtut.
d'être clos. Dans le cas qui nous occupe, on devrait aussi admettre une aridité rendant imprati- 15._ D'après Muzzolini (1984), leur présence à Nabta-Playa, site E-75-8, vers - 5700, 4200
cable les régions de l'Atlas où tombent actuellement 200 à joo mm d'eau. De même pour les (Wendorf, Schild 1980) n'est pas certaine, leurs restes pouvant être rapportés au Néolithique
hauteurs du Sahara central dont on croit savoir qu'elles possédaiènt encore une forêt aux 3ème- récent qui est daté de - 4200 à 3500 (Wendorf et al 1984 p. 417). A Wadi Bakht (McHugh
2ème millénaires. Il paraît difficile d'utiliser un critère aussi peu fiable pour fixer un élément 1980, Gautier 1982) ce sont des ovicaprinés, et non avec certitude des moutons, qui sont datés
de l'importance qu'a celui de la chronologie rupestre. de - 5300.

14 -15-
le troupeau de l'oued Halleb au Fezzan que H. Lhote rapporte à cette même période 16. Quels trait est poli" écrivait-il en 1986 (p. 85). Ceci lui permet de regrouper alverses !!ravures aux
autres critères réellement contraignants peuvent-ils être retenus comme marqueurs de la domesti- patines différentes sans aucune discussion préalable justifiant ces différences.
'? Les cornes déformées, tournées vers le bas ou les animaux sans come peuvent faire valoir Parlant de patine de la période bubaline, tous les auteurs ont mentionné
ll:;lations étroites entre l'homme et l'animal, les traits reposant sur l'extrémité des comes peu- ,i~ recouvrant les gravures. Généralement noire, elle est
~..:.i
vent interprétés comme des piquets de tente (les tiguetaouine des Touareg) sous-entendant elle est toujours identique à celle de la roche l7 . A. Muzzolini note quant à
des animaux porteurs, mais seuls véritablement un pelage pie, la présence d'un pis volumineux ne sombre"; cette nuance lui permet de réunir dans le même ensemble, les gravures à patine noire (et
laisseraient place à aucun doute. Or aucun de ces derniers caractères n'apparaît dans l'Atlas et, ceci quelle que soit leur position dans le paysage, sur dalle ou paroi verticale) et des gravures qui,
dans l'oued Djerat, un pis ne s'observe que sur les animaux répertoriés 1656 et 2545 par H. Lhote sur paroi verticale, n'ont pu dépasser le stade gris. Peut-on réellement faire cette assimilation? La
(1976). Un réexamen des matériaux disponibles actuellement montre dans chacune de ces régions, nécessité d'une distinction est apportée par les gravures d'Ouan Rechla dans Tassili n Ahag-
moins de 10% de bovins représentés sans come, avec une come ballante ou encore portant un col- gar où des représentations de la grande faune sauvage, des bovins portant des pendeloques ou une
lier, une longe ou autre. Doit-on considérer ces valeurs comme élevées, peuvent-elles être signifi- autre marque traditionnellement attribuée aux débuts de la domestication, ont une patine grise
catives d'une domestication ou en marquent-elles les prémices? Dans l'oued Djerat où ils arrivent identique à celle de la roche. Elles sont tracées sur des parois écaillées. Les écailles sont celles
largement en tête des animaux représentés (les éléphants qui viennent en second étant deux fois d'une pellicule de patine noire, brillante, totale, habillant la roche sur quelques millimètres
moins nombreux), les bovins paraissent avoir eu un rôle fondamental. Mais ici leur présence à d'épaisseur et intégrant elle aussi des gravures lB. C'est là un solide argument en faveur de l'exis-
l'état sauvage n'est mise en cause par aucun auteur, certains voyant même dans le Sahara central tence de deux ensembles gravés. Le plus ancien, qui fait corps avec la pellicule de patine, est en
un possible foyer de leur domestication. ' voie de disoarition depuis longtemps puisque c'est sur la roche écaillée que le deuxième
Les documents provenant de fouilles n'apportent pas d'information supplémentaire. Leur des prémices de domestication, a été gravé.
étude est pour la plupart ancienne et doit donc être reprise à l'éclairage des connaissances autre argument réside dans l'aspect même des traits. Examinées au microscope électronique,
actuelles. On peut regretter à ce sujet, que les propos d'A. Muzzolini ne soient accompagnés ....prt<llnPQ figures montrent des traces d'une intense éolisation qui précède la formation de la patine

d'aucun tableau de mensurations qui permettrait d'étayer les révisions de nomenclature ,-,vll."""hi 1992). C'est là un élément d'ordre naturel qui rapporte le trait antérieurement à une
pose (1982), d'autant que les résultats qu'il donne, ne sont pas conformes aux travaux phase climatique hyperaride. Ceux qui connaissent bien la préhistoire ou le paysage sahariens savent
récents menés par paléontologues. Pour Y. Chàid-Saoudi (1987) Bos taurus 1~ que seule la charnière Pléistocène-Holocène porte, pour les périodes préhistoriques récentes, les
bien auprès de Bos primigenius ; il s'agirait donc de deux espèces tliffPTPntM traces d'une aridité suffisamment intense et longue pour produire ce phénomène. Vers le 1Dème mil-
assimilées l'une à l'autre. lénaire, elle traduit ainsi la fin de la dernière glaciation développée sur l'Europe., Cette phase ,s'ins-
En résumé, qu'il s'agisse des crit partout dans le Sahara: dans le paysage par le développement des remblaiements type El Haoui-
ment disponible ne permet d'accréditer l'une ou l'autre thèse. L'existence ou non d'un mouton ta. (Estorges et alii 1969)19 très au Nord du Sahara,jusque dans l'Atlas; sur le matériel archéolo-
sauvage est à préciser et aucune donnée ne permet de dater l'introduction de mouton domestique. gique par une forte éolisation des objets qui alors reposaient à la surface du sol. Les pièces até-
11 en est de même pour les bovins. L'association bélier-bubale, reconnue par G.B.M. Flamand, M. riennes ou les pièces plus anciennes la présentent parfois mais elle n'apparaît jamais sur les objets
Reygasse, nullement contestée, reste un élément de chronologie, sans que la présence du bélier plus récents. C'~st dire que ces traits ne peuvent être postérieurs à cette charnière. Le fait paraît
soit contraignante; on sait que le bubale s'est éteint au cours de l'Holocène, mais on en ignore la confirmé par· la patine. Les conditions de température et d'humidité nécessaires à une formation
~
et le moment. Et rien ne permet d'affirmer ou d'infirmer qu'ils aient été contemporains sur généralisée ne se sont pas rencontrées, sauf localement, depuis l'Holocène inférieur. L'aride intra-
de la "période bubaline' holocène, en fm de. 6ème millénaire, n'a laissé quant à lui que des traces dérisoires au regard de
~
celles dues à l'aride fini-wurmien. Peu aptes à éroder intensément la roche, elles rendent peu pro-
. La patine et les oscillations climatiques bable un tracé qui lui serait immédiatement antérieur. Et, néanmoins, contrairement aux propositions

1
La patine a été un des éléments de base de la chronologie. Bien que liée essentiellement à des d'A. Muzzolini, elles conduiraient à rapporter une partie de l'art gravé à l'Holocène inférieur.
actions .bio-chimiques qui se développent dans une fourchette très étroite de variations de tempé-
rature et d'humidité, le temps, l'exposition, la nature de la roche sont des facteurs importants dans
Certains cas d~~ont même été signalés.
\
17._
sa constitution. Il en résulte à la fois certaines difficultés pour comparer les patines entre elles car
18._ Ceci appelle une remarque. A propos de la disparition des gravures par érosion les
chacun de ces éléments évolue indépendamment des autres, mais aussi certaines possibilités auteurs proposaient des vues contradictoires: pour K.w. Butzer (1958), L. Frobenius (1936),
quand on les prend tous en compte. A. Muzzolini suppose un rôle important, sans d'ailleurs en les gravures ne représenteraient qu'une infime partie de celles qui ont existé. Pour R. Chu-
apporter la démonstration, de la technique du trait "la patinisation semble plus rapide lorsque le deau (1909), R. Capot-Rey (1953) rares seraient celles qui ont été dégradées; de même pour

\.;Lr
\
16._
' .
Cette attribution (1984 p. 238), faite au seul vu de la publication ne peut être retenue for-
mellement sans autre vérification.
H. Lhote qui attribue les plus grands dégâts à l'action anthropique.
19._ Il d'accumulations de sables qui empâtent les émergences d'eau auand les écoule-
ments n'ont pas assez de puissance pour draîner les matériaux fins.

-16- -17-
LES PLUS ANCIENNES PEINTURES appellent une reconsidération du problème24, d'autant qu'A. Muzzolini qui s'en est longuement
expliqué lors du symposium de Valcamonica Les expressions intellectuelles de l'Homme préhisto-
En 1958, H. Lhote faisait précéder l'étage Bovidien de celui des Têtes Rondes, groupe déjà rique (1979), identifie des superpositions d'après diapositives (1986 p. 13).
reconnu par H. Breuil qui avait dénommé "à têtes discoïdes" un ensemble selon lui homogène, Utilisant une analyse factorielle des correspondances et une sériation à partir d'une vingtaine
les images ont des contours peu fidèles, dont les membres n'offrent aucune articulation sensible. Cet de variables, M. Thuveron (1992, sous presse) obtient une classification hiérarchisée en cinq
étage est également reconnu dans l'Acacous où F. Mori (1965) le subdivise en deux phases: une ini- classes. Elles coïncident exactement avec les styles reconnus par H. Lhote pour deux, style des
tiale monochrome ou à simple contour et une finale polychrome. Le même auteur rapporte à cette hommes à têtes rondes à influence égyptienne et des juges, la troisième réunit l'ensemble des
période diverses gravures en raison de leur patine intermédiaire entre celle de la phase antique et autres styles dits hommes à têtes rondes, la quatrième regroupe un grand nombre d'individus et
celle de la phase pastorale à Ti n Ascigh (1971). Cette proposition a été combattue par H. Lhote demande à être éclatée pour devenir significative, déjà s'y perçoit une phase qui serait la plus
tout en paraissant accorder à l'ensemble une valeur de période, n'y admet néanmoins que des pein- ancienne. Le style des juges serait le plus tardif, il serait précédé par le groupe "des hommes à têtes
tures. Pour A. Mozzolini: "la comparaison entre peintures et gravures est à récuser par principe: des rondes", ceux à influence égyptienne l'ayant non suivi comme le propose H. Lhote, mais précédé.
d'expression si différents n'autorisent que des rapprochements superficiels et subjectifs"2o
(1986 p. 226). Ce dernier conteste par ailleurs les subdivisions entrevues. La phase initiale des pein- LHOTE 1973 MUZZOLINI 1986 TAUVERON
LHOTE 1958
tures, faite de graffiti gauches, pourrait se retrouver à toutes les époques. La phase finale est peu
"utile", une seule fresque étant réellement polychrome, celle d'Uan Tamauat, les autres n'étant que
surcharges d'ornementations corporelles'(points blancs, ocre ton sur ton), et cette fresque pour- A Martiens
A : personnages comus,
rait appartenir à une phase plus avancée que celle proposée par F. Mori.
monochromes ocre
Pour A. Muzzolini, le groupe Têtes Rondes est contemporain de l"'école bubaline". Tout
violacé
comme celle-ci, il se développerait parallèlement au Bovidien et non antérieurement. Cette mise
en chronologie est induite de l'existence de rares bœufs qui seraient domestiques (1986 p.l60). B : diablotins B Petits schématiques phase II
Elle refuse de prendre en compte des superpositions qui montrent toujours les peintures têtes polychromes à plumes =A+H
rondes au-dessous des peintures bovidiennes, car, elles sont jugées peu sûres 21 . Le thème des per-
sonnages à masques qui se retrouve dans "l'école bubaline" et la phase Têtes Rondes, suggère lui C : période moyenne C Géométriques .phase III
que ces peintures soient plus ou moins contemporaines de l'école bubaline. Le groupe est subdivi-
sé en sept "écoles" (martiens, petits schématiques à plumes, géométriques, semi-naturalistes com- D : phase évoluée D Semi-naturalistes
muns, naturalistes évolués, juges de paix, masques). Certaines sont identiques aux étages identi- Naturalistes
fiés par H. Lhote (1968) (petits personnages cornus, diablotins, à tête ronde de la période évoluée, E : phase décadente E Juges phase IV
à tête ronde évolué, à tête ronde décadent avec figures monumentales22 , juges, personnages blancs avec figures monu- =G =C+D+F
longilignes), mais ont une dénomination et surtout une position chronologique différente. mentales
par exemple l'ensemble de grandes dimensions qui a une position récente dans la classification
d'Ho Lhote, pour A. Muzzolini, se place en début de période chez les "martiens primitifs". Chacun .F : influences égyp- F : (très évolués) Masques phase V
des deux auteurs justifie sa proposition par les superpositions. A. Muzzolini y ajoute la "patine tiennes =G
des peintures"23. Ces divergences, qui sont des divergences d'observation et non d'interprétation,
G : Juges (= 1en 1958)
20._ Néanmoins, il utilise lui-même la comparaison pour établir la chronologie, cf ci-dessus, p. 6.
21._ "Quant aux superposition·s, nous n'en connaissons, au Tassili, que deux ou trois,.peu sûres, H : personnages
pourraient situer les "Têtes Rondes" antérieurement au Bovidien ancien de type négroïde" blancs longilignes (= J en 1958)
(1986 p. 160) est-il écrit. Sur le terrain, on remarque que ces superpositions se trouvent sur des
peintures têtes rondes altérées. Fig 2 : les successions des étages têtes rondes d'après Lhote, Muzwlini et Tauveron
22._ Rappelons qu'avec une hauteur d'au moins 6m, un "grand dieu" de Jabbaren détient le
record de plus grande peintures préhistoriques (Lhote 1958 p. 231).
23. - Certains discuteront du tenne. AI' examen. ces peintures montrent généralement une dégra-
dation liée à l'altération de la roche-support; quand celle-ci est restée saine, les couleurs vives 24._ Les puissants outils statistiques mis au point actuellement doivent permettre une nouvelle
tranchent sur le fané de nombreuses peintures bovidiennes (sauf peut-être celles de "style approche de l'art rupestre. C'est ce que se proposent les travaux de C. Dupuy, K. H. Striedter,
Sefar"). La composition de la peinture paraît en cause, M. Tauveron.

18- 19-
UNE PÉRIODE CLE : LA PERIODE BOVIDIENNE OU PASTORALE

. .40 Période les uns par son ancrage dans la chronologie


12 absolue, lVIULLUlIIll par l'armature qu'elle constitue à son édifice. Alors qu'il y avait una-
1~ JI .; nimité rapporter à cette période de l'art rupestre saharien, des gravures et des peintures,
1 3\ 2J 'l •• ·29
•• • 8 11 rejette les dites gravures dans "l'école bubaline", limitant ainsi le Bovidien aux seules
• 15 10
9 ""'" t1 Ires. On ne peut dès lors s'étonner de trouver dans cette "école bubaline" de nombreux
22
• domestiques, mais on s'étonnera que les peintures bovidiennes n'aient jamais figuré Pe/o-
lB
dont quelques représentations existent dans les peintures têtes rondes.
Dans les gravures de l'Atlas, l'abbé Breuil avait reconnu un groupe de style quadrangulaire
souvent figure des bœufs. Cette fréquence, une patine chamois plus ou moins foncé, un trait le

34 '35 plus souvent piqueté ont amené H. Lhote (l984a) à individualiser un étage dénommé Bovidien
que caractérise la présence du bœuf domestique à longue corne ou à corne courte. Il comprendrait
quatre styles, certains d'affinités sahariennes. L'expansion du Bovidien qui est fort
38 •
.
14

26 •• 25
.
20
.30
23-

24_
le Sud marocain, dans la Saoura dont il constitue le groupe de gravures
l'idée d'une remontée saharienne. Dans l'Atlas, la période bovidienne ferait suite à la période
2 31"3 ·27
38 31 • • ·4 naturaliste, pouvant à la lecture d'un panneau de Bou Sekkin faite par M. Hachid (1982-83 p.
32
158), en être partiellement contemporaine. Ce panneau en effet montre un personnage vu de face,
debout, jambes écartées, semblable à ceux de l'étage subnaturaliste, associé à des bœufs qui
seraient une possible imitation des bœufs du pan'leau bovidien. C'est au tout début de cette pério-
•5 Lhote rapporterait le dieu-bélier du Sud constantinois dont il fait un étage. G. Camps
à ces personnages une position autre: "ils sont peut-être contemporains du grand style
Sud oranais" (1974 p. 339). La divergence entre ces deux auteurs repose sur l'âge
attribué à une gravure de Pelorovis du Khanguet el Hadjar. Pour H. Lhote (1984 p. 223), eUe ne
serait pas de période naturaliste, comme le propose G. Camps, mais de période subnaturaliste.
. Dans l'Acacous, 1:. Mori (1965) conserve à cette période le terme de "pastorale" employé par
1) Thiout ; 2) lbessukan ; 3) Jabbaren ; 4) Adjefou ; 5) Ouan Rechla ; 6) Djebel Doum P. Graziosi (1942) et y reconnait trois sous-étages: antique, moyen, récent.
Khanguet el Hadjar ; 8) Boualem ; 9) El Hadj Mimoun; 10) Aïn Lahag Aïn ed Au Tassili ri Ajjer, A. Muzzolini s'appuyant sur le type anthropologique et la technique pictu-
Douis; 11) Aïn Sfissifa; 12) Kef Messiouer; 13) El Hasbaïa; 14) Djerat ; 15) Kou- rale, distingue trois groupes print:ipaux dans ce qu'il nomme étage Bovidien c'est à dire toutes les
diat Abd el Hak; 16) Arkana ; 17) Aïn Marshal ; 18) El Arrouya ; 19) AbbiarMiggi ; peintures autres que Têtes Rondes, antérieures à la période du cheval:
20) Ti n Ascigh ; 21) Trick el Beïda ; 22) Khanguet Si Mohamed Tahar ; 23) Nabta ,- le groupe de Sefar-Ozanearé, à figur~tions humaines
Playa; 24) Wadi Bakht ; 25) Sefar; 26) Rhardes ; 27) Oued Halleb ; 28).Van Tamauat
enclos elliptiques dans lesquels sont rendues des
; 29) Bou Sekkin ; 30) Van Muhuggiag ; 31) Tissoukaï, In ltinen ; 32) Tiror ; 33)
l'aplat et ne figurerait que Bos n\..awu~, type d'Uan Tabu,
Garet etcTaleb ; 34) Djorf Torba ; 35) Massauda II ; 36) Mertoutek ; 37) Ti! ; 38)
Adrar Ahnet ; 39) Arrikine ; 40) Abizar.
montrerait des rllrnrtpri~tilll1f'~ \jU\..l\jUv~ anatomies négroïdes et des enclos ellip-
postérieure à la phase antique, comme le propose F. Mori, mais

Fig 3 : L'Afrique du Nord et le Sahara: gisements cités dans le texte -le groupe d'Abaniora, population de noirs non négroïdes, utilisant l'aplat et les teintes poly-
chromes avec quelques détails internes, éventuellement un trait un peu épais. On y trouverait Bos
africanus à grandes cornes parfois en lyre et quelques figurations de Bos primigeiûus, des mou-
tons feraient leur apparition. .
- le groupe d'Iheren Tahilahi réunissant des peintures au trait et en aplat polychrome qui ren-
dent de nombreux détails internes. D'un naturalisme "évolué", il maitrise la perspective,
recherche les compositions harmonieuses. La population serait exclusivement méditerranéenne ;
20- -21-
une barbe courte évoque une ressemblance avec l'image/. "traditionnelle de l'iconographie berbè- LES PERIODES RECENTES ET LA PERIODE LIBYCO·BERBERE
re" (Muzzolîni 1986 p. 248). Les enclos, en forme de haricot, diffèrent de ceux du groupe Sefar.
Des bœufs porteurs, aux robes parfois rayées, voisinent les moutons et A la période bovidienne, fait suite la période des chars. Dans l'Atlas, ils sont très souvent
breux. L'armement verrait, auprès de l'arc et l'arme courbe, dans un contexte de bovins, voire attelés à ceux-ci. Dans le Sahara central, ils constituent généra-
marquerait la fin de l'étage Bovidien car on trouve dans l'étage inférieur de la période caballine qui est analphabétique. L'étage du cheval monté
canons tels que les pieds "en clé à molette". Sur la base d'un même peuplement, succède (Lhote 1953). Les représentations de chameaux caractérisent une nouvelle période, la
mentaires identiques, de la présence de chèvres et moutons... c'est à ce groupe que le cameline. Un hamachement à double bride et une selle à troussequin, les représentations
assimile la phase antique reconnue dans l'Acacous, celle des pasteurs d'Uan l'épée de côté caractérisent, eux, la période moderne. L'existence d'un étage du
détails, chasses au mouflon, rareté des bœufs, dessin plus raide, suggèreraient même un âge enco- est contestée par A. Muzzolini (1990 p. 116) qui prétexte de l'absence de cavaliers
re plus jeune. Le groupe récent, type Tin Anneuin, à personnages longilignes, identifié dans la ou de chevaux tenus en longe dans les peintures du Tassili. Pour lui, il y aurait directement glisse-
même région, appartiendrait bien lui aussi à un cycle pastoral. Mais, bouleversant l'édifice de F. ment de la phase au galop volant à celle du chameau. La position de la période caballine serait
Mori, A. Muzzolini le fait succéder au groupe Uan Ami!. A ses débuts, il pourrait même le che- assurée à In Itinen (=In Etouami) où ses compositions sont superposées à un troupeau et des
vaucher, et il se développerait à l'époque caballine. motifs de style Iheren. La présomption d'un lien entre ces groupes résulterait de l'absence d'asso-
On dispose pour les peintures bovidiennes d'un élément de base de la chronologie: un bloc ciation avec les deux autres groupes bovidiens (Muzzolini 1986 p.
gravé trouvé dans les couches archéologiques d'Uan Muhuggiag (Mori 1965, 1970). La face infé- Le Camelin est
rieure du rocher qui s'est détaché de la voûte portait des peintures de bœufs du style d'Uan Tabu mairement dans les compositions, avec des orants filiformes
sont donc antérieures à la chute. Des couches archéologiques datées d'environ 3000 Avant J.- réduites à des traits. Ses gravures peuvent piquetées ou percutées. Ses peintures
reposaient immédiatement sur le bloc. Ces peintures ne peuvent donc qu'être plus anciennes. tiers des traits à bords irréguliers qui contrastent avec ceux, parfaitement nets, des
s'est détaché le bloc supporte elle aussi de nombreuses peintures et, parmi elles, rieures. La période se perpétue avec des graffitis, mais aussi des gravures de petits chevaux,
de ceux de Ti n Lalan ; eux, ne peuvent donc être que contempo- la patine claire peut souvent servir de repère dans la lecture des patines.
postérieurs à ces dépôts. On ne trouve que rarement une allusion à cette donnée fonda- L'appellation libyco-berbère donnée parfois à la phase récente de l'art rupestre entraîne une
Sahara central, dans les textes d'A. Muzzolini. En 1986, il écri- certaine ambiguïté soit qu'elle souligne les divergences entre le Nord de l'Afrique et le Sahara,
est liée à des peintures peu explicites, d'école imprécise, retrouvées sur un soit que les auteurs ne l'utilisent pas pour désigner les mêmes ensembles. Dans le Sud oranais, où
bloc éboulé, donc dans une stratigraphie à problèmes. Les dates de 5500 et 4000 be ont pu, ici, fut définie par G.B.M. Flamand, elle s'appliquait à des gravures associées par kur technique
être vérifiées lors de fouilles récentes dues à B. Barich... et la couche de base, 5500 bc, est certai- et leur patine à des caractères alphabétiques les voisinant sur la paroi. Elle y fait suite à la période
nement erronée, en discordance avec les dates de B. Barich à Ti n Torha Nord. Dans cet abri, peu des chars et représente le cheval. Sa patine est claire, ses techniques sont le piquetage ou l'inci-
éloigné, les couches analogues ne remontent pas au-delà de 36004000 Dans le Sahara, les éaractères alphabétiques gravés accompagnent bien souvent un person-
312)25. nage armé d'un javelot et d'un bouclier rond dit guerrier libyen. Les plus anciens que l'on
connaisse, ceux de Tiror (Lhote 195~), sont peints, inclus dans un motif rectangulaire où ils sont
à des personnages à tête en bâtonnet très caractéristiques. Alors que la tradition naturalis-
te persiste pour les animaux, les peintures de la période caballine stylisent les hommes en forme
partiellement effacée, se ramenant à un rectangle allongé de
même teinte que le corps. N'intervenant qu'au cours de la période caballine, les caractères alpha-
bétiques ne permettent pas de superposer totalement période libyco-berbère et période caballine.
G. Camps lui donne d'ailleurs une valeur différente (1974 p. 261) en réservant cette dénomination
à la seule phase représentant des dromadaires, et nommant Equidien26 la période, qui depuis le
Bovidien la précède. A. Muzzolini fait du guerrier libyen la figure majeure d'un étage complexe
auquel il donne ce nom. Il couvrirait la période caballine et une partie de la période cameline.
Contrairement à H. Lhote qui ne propose aucune subdivision pour la période libyco-berbère,

26._ Tenant compte des éléments qui ont servi à Th. Monod pour dénommer les périodes, à
Les dates fournies par B. Barich elle-même pour le gisement de Ti n Torha Nord vont de
25,_ savoir l'apparition dans l'art d'un animal, H. Lhote (I984b) rappelle que l'âne étant présent à
6080 à 3960 Avant J.-c. toutes les époques, ce terme ne répond pas aux critères.

-22 -23-
même s'il remarque qu'elle ne peut être prise d'un bloc (1970 p. lib), M. HaChld O\)IS.l-ISJ p. EN CONCLUSION
161) la subdivise en deux étages. Le plus ancien, de stvle naturaliste évoluant vers un début de
schématisme, au trait finement incisé, reproduit Alors que l'on croyait solidement établis les fondements d'un classement de l'art rupestre
rond, les guerriers libyens. Ils sont rares dans l'Atlas mais fréquemment figurés en zone saharien- nord-africain et saharien, les classifications édifiées se recoupant très largement, une construction
ne, en particulier en Aïr. On note, dans cet étage, des figures qui n'apparaissent que par brillance nouvelle les remettait en question. En fait, les divergences ne sont peut-être pas ce qu'elles peu-
comme à Garet et-Taleb. Il daterait de la même époque que la stèle d'Abizar, les plaquettes gra- vent paraître; aucune découverte récente n'engendre ce bouleversement, seule une lecture
vées ou peintes retrouvées dans les monuments funéraires de Djorf Torba où le même petit cheval rente est faite. Peut-on la retenir?
est figuré. Ce cheval se retrouverait à Massauda II, Mertoutek, Tit dans le Sahara central. L'autre L'analyse de l'art rupestre ne Deut échaUDer à l'étude de deux facteurs fondamentaux: le
étage, à caractères alphabétiques, aux images élémentaires, à technique percutée ou incision teur culturel qui a produit la _ •
large, présenterait souvent des chevaux aux sabots en boule, auxquels peuvent s'adjoindre des teur naturel, son vieillissement, qui a produit les altérations de son support. C'est par le biais du
dromadaires. C'est l'étage individualisé par G.B .M. Flamand puis H. second que les classifications restaient proches les unes des autres, ne divergea(1t que par des
détails qui, même s'ils sont culturellement d'importance majeure, ne remettent jamais en cause le
schéma général. Ils l'étirent plus ou moins dans le temps, placent diversement des ensembles à
faible développement et qui, souvent, restent "en l'air". Tel n'est pas le cas avec les propositions
d'A. Muzzolini qui évite d'utiliser ce facteur. Il justifie son attitude en attribuant un comporte-
ment différent au trait selon sa technique, le trait poli se patinant plus que le trait piqueté. Certes
la patine est une donnée délicate à manier, mais on ne saurait en faire l'économie sans tout
des altérations, donc du vieillissement, de la roche. Deux arguments récents qui vont d'ailleurs à
encontre de la construction d'A. Muzzolini, valident cette donnée. C'est d'une part, sur une
un niveau de gravures à patine totale, noire, brillante, s'écaillant, jouxtant un niveau
gravé dans la roche totalement écaillée où figurent de la grande faune sauvage et des bovins por-
teurs d'attributs ayant eux une patine grise identique à celle de la roche écaillée. C'est d'autre
part, une forte éolisation antérieure à la constitution de la patine.
Délaisser cette indication de l'action du temps, permet une compression d~ la chronologie.
\ (Nier la valeur de style à tout un ensemble, l'ensemble subnaturaliste, que d'aucuns voient cohé-
. l rent par ses thèmes, en l'attribuant à de la maladresse, permet effectivement un vaste regroupe-
·\I ..!,.illl'.. ment des gravures. Rejeter toutes les gravures bovidiennes, gravures à vatine chamois. dans le
Bubalin, modifie la répartition des espèces. Il
pour la plus grande part ailleurs, en un même ensemble qui s'individualise
par des figures en général moyennement patinées, par un trait en général dû à une même tech-
nique. Dire alors "Il nous paraît extraordinaire que l'on continue imperturbablement à exposer
dans Îa littérature, les conceptions, obsolète's, d'une "période bubaline", "prépastorale", celle de
"la grande faune sauvage" ou des "Chasseurs"... Nous sommes au contraire, dans l'école bubali-
ne, déjà en pIeine période pastorale, comme partout, dans le Nord de )' Afrique après 4000 bc
environ." (1986 p. 223), n'est plus que syllogisme. Sous prétexte d'imprécision, en reprenant
dénominations existantes, par le jeu de quelques facteurs, A. Muzzolinien transforme la significa-
tion, ce qui entraîne obligatoirement une modification des distributions géographique et chronolo-
gique, les changements dans les définitions de divers signifiants n'ayant pu qu'entraîner des chan-
la "période bubaline" devient "un style" (dont la variabilîté surprend).
perdant sa patine, ses dimensions, les particularités du poli de son trait, peut
connaître une distribution des plus vastes. Par l'oubli du filtre culturel, cette attitude accorde à
toutes les populations durant plusieurs millénaires, sur un immense territoire, les mêmes systèmes
d'expression allant ainsi à l'encontre de la complexité qu'expriment alors les restes matériels.

-24- -25-
ramenant les premières manifestations rupestres à l'Holocène moyen, il écrit "Cette lectu- Remarques à propos des datations absolues en Préhistoire.
re est la seule compatible avec les données climatiques", A. Muzzolini inscrit d'emblée sa
t'réflexion dans un cadre sans souplesse où les évènements globaux et humains se confondent alors Si les expressions Après et Avant J.-C., quelque soit la manière de les écrire
i'qu'ils fonctionnent à des échelles différentes, où le Sahara est traité en milieu uniforme alors qu'il ou abréger, sont familières à tous, il n'en est pas de même des multiples symboles uti-
est une mosaique de micro-milieux, où les populations de Chasseurs sont des populations qui lisés en radiochronologie.
L'origine -soit le point 0- des dates obtenues par la mesure du carbone radio-
ignorent l'image, du moins jusqu'à leur contact avec des Pasteurs. La présentation de l'art
actif, le 14C, qui est la mesure la plus courante, étant l'an 1950 et cette mesure
rupestre ainsi faite, est plus un remarquable exercice de rhétorique qu'une relecture. en BP (Before Present), toute date accompagnée de ce symbole signifie
Pour conclure, nous ne saurions que rapporter les propos de H. Lhote (1970 p. donc avant 1950 ; comme toute mesure scientifique, cette expression s'accompagne
un domaine comme celui des rupestres dont la nature des sujets est souvent incertaine et d'une marge d'erreur. Le souci de se replacer dans une chronologie plus traditionnelle
lequel on est obligé d'avancer à tâtons, la stricte objectivité doit être de rigueur, L'exemple a souvent animé nombre d'auteurs, en particulier préhistoriens, qui ont transformé ces
nous offre j'art préhistorique r1'Enmœ est des nlus orobants. car on a DU voir toutes les théories dates en BC (Before Christ) ou AD (Anno Domini) en soustrayant simplement 1950.
auxquelles il a I1al~~iUl\;t:, toutes étant mcontrolables, s'affronter Ces dernières années, le développement des connaissances a modifié cer-
que nous guère plus avancés pour autant." taines données de base qui permettent les mesures et compliqué ce schéma. L'une
concerne la période -moitié de la durée de vie d'un élément radioactif- du 14C, l'autre
la quantité de radiocarbone présente dans l'atmosphère.
" La période du 14C déterminée en 1951 était 5568 ans. L'affinement des
." méthodes de mesure l'a reportée à 5730 ± 40. Pour distinguer les dates obtenues à par-
tir de l'une ou l'autre de ces valeurs, certains préconisèrent d'utiliser des symboles
différents, à savoir bp (et par voie de conséquence he) pour les premières et BP pour
Iv'·"
les secondes. Mais cette proposition n'a guère été suivie. Après une période de confu-
\ " sion, les laboratoires spécialisés ont décidé de continuer à utiliser la valeur de 5568
,,,' dite "période de Libby" et d'intégrer la différence dans le calcul des erreurs.
Par ailleurs, les mesures de 14C s'appuyent sur un posthulat selon lequel la
quantité de carbone radioactif dans l'atmosphère est constante. Mais, dès les débuts de
l'emploi de cette méthode, les mesures d'échantillons de bois concer,nant l'ancienne
Egypte faisaient valoir des divergences entre les données historiques et les résultats
radiométriques. Les travaux visant à expliquer l'anomalie ont montré que ce posthulat
étàit erronné et des -mesures de dendrochronologie (détermination de l'âge par comp-
tage des cercles du bois) ont permis de faire les corrections jusqu'à près de 10000 ans.
De telles date.s sont dites calibrées et exprimées en B.P. Ces valeurs peuvent être tra-
duites en âge calendaire dits."âges réels" à l'aide d'une table de correction; dans ce
cas, cet âge est toujours une fourchette accompagnée de l'expression Av. J.-C. ou Ap.
J.-c. Ces dernières formulations, B.P. et leur équivalence calendaire, tendent actuelle-
merit âse généraliser.

-26- -27
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