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pratique

Quand référer aux urgences


un patient présentant une crise
suicidaire ?

Le suicide, défini comme l’acte délibéré de mettre fin à ses


jours, est une des causes de mortalité les plus fréquentes dans
le monde occidental. Cet article souligne l’importance de l’éva­
luation et de l’orientation du patient suicidaire par le médecin
de premier recours ainsi que son rôle dans la prévention du sui­
cide. Les auteurs proposent des outils simples pour atteindre
Rev Med Suisse 2010 ; 6 : 1555-7 ces objectifs.

L. Perogamvros
introduction
 I. Chauvet
La crise suicidaire est une situation aiguë caractérisée par une
G. Rubovszky extrême vulnérabilité psychique, qui amène l’individu, face à
Drs Lampros Perogamvros,
une souffrance tellement intense, en état de rupture avec son
Ioana Chauvet et Grégoire Rubovszky équilibre interne et externe. Un tel état de souffrance, et la ca-
Unité d’accueil et d’urgences rence en ressources adaptatives qui l’accompagne et le carac-
psychiatriques
Service des urgences térise, peut amener à des idées noires, suicidaires, voire à
Département de médecine une tentative de suicide. Il s’agit d’une véritable urgence psy-
communautaire et premier recours chiatrique. Le suicide représente l’une des trois causes de
HUG, 1211 Genève 14
lampros.perogamvros@hcuge.ch mortalité les plus fréquentes dans la tranche d’âge allant de
ioana.chauvet@hcuge.ch 15 à 35 ans.1 Repérer, évaluer, prendre en soins ces patients
gregoire.rubovszky@hcuge.ch
est une tâche essentielle pour le médecin de premier recours,
qui doit jouer un rôle majeur dans la prévention. Il est en ef-
fet démontré qu’un pourcentage non négligeable (45%) des
patients ayant commis un acte suicidaire a consulté un méde-
When should a patient in suicidal crisis cin de premier recours dans le mois ou la semaine qui précède le passage à
be referred to the emergency ward ?
l’acte.2 Les quatre stades possibles d’une personne suicidaire sont présentés
Suicide, defined as a deliberate self-destruc-
tion, is one of the most frequent causes of
dans le tableau 1.
mortality in the western world. This article
emphasizes the importance of primary care
évaluation du potentiel suicidaire par le médecin
practitioners evaluation in the examination
and orientation of the suicidal patient. The en cabinet : la méthode r.u.d. (risque-urgence-danger)
authors provide some simple evaluation tools Le médecin doit aborder ouvertement le thème du suicide avec tout patient
to reach these goals.
déprimé. Même s’il existe plusieurs échelles d’évaluation du risque suicidaire
(exemples : échelle de désespoir de Beck, échelle d’évaluation du risque suici-
daire de Ducher, PRIME-MD), leur utilité est limitée et leur performance n’est pas
assez bonne pour une utilisation en pratique clinique. Une estimation du poten-
tiel suicidaire par le médecin de premier recours doit comprendre dans un pre-
mier temps l’évaluation de trois composantes essentielles : 1) le risque suicidaire
(R) ; 2) l’urgence de la menace (U) et 3) la dangerosité du scénario suicidaire (D).
Cette méthode R.U.D. est simple et rapide.

R pour Risque
Facteurs sociaux
Les jeunes entre 15 et 30 ans et les personnes âgées de plus de 65 ans, par-
ticulièrement avec un réseau social et/ou familial faible ou inexistant, sont à plus
haut risque suicidaire que les autres catégories d’âge.3,4 La mort par suicide est
quatre fois plus fréquente chez l’homme que chez la femme.5 Les autres facteurs
de risque suicidaire sont le chômage, le divorce, les violences, les difficultés

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intégration des composantes r.u.d.
Tableau 1. Evolution du risque suicidaire : les quatre
stades possibles d’une personne suicidaire L’évaluation simultanée de ces trois différentes compo-
santes de l’échelle R.U.D. peut ainsi aider le médecin à
Etat d’équilibre (avec recherche active de solutions) estimer rapidement, et sur la base d’éléments simples, le
Facteur de stress présent (exemples : séparation, potentiel suicidaire : faible, moyen ou élevé. Cette échelle peut
Q chômage, décès) aussi avoir une valeur thérapeutique.
Etat de vulnérabilité (idées noires, manque de solutions) Exemple
Non-intervention, facteur de stress toujours
Q
présent Un patient de 67 ans (catégorie d’âge à haut risque)
souf­frant d’un trouble dépressif (comorbidité psychia-
Etat de crise (cristallisation, plan suicidaire)
trique majeure) présente des idées suicidaires qu’il
Non-intervention, mauvaise évaluation, mauvais compte concrétiser avec une arme à feu (urgence éle-
Q
pronostic
vée). Il possède une arme à son domicile (danger éle-
Passage à l’acte suicidaire vé). Selon l’échelle R.U.D., il se trouve avec un potentiel
suicidaire très élevé et doit être hospitalisé.
finan­cières, l’isolement social ainsi que l’absence de liens
familiaux et sociaux, et la profession (vétérinaires, pharma­
ciens, dentistes, médecins). gestion du patient suicidaire au cabinet
En plus de l’évaluation purement quantitative du po-
Antécédents psychiatriques tentiel suicidaire par l’échelle R.U.D., il est essentiel qu’un
La présence de comorbidités psychiatriques actives ou lien de confiance et une alliance thérapeutique soient éta-
anciennes multiplie le risque suicidaire par un facteur dix.6 blis entre le médecin et son patient. Ainsi, la prise en charge
L’anorexie mentale multiplie ce risque par vingt-deux, la du patient doit être globale et le médecin a trois tâches
dépression par vingt, la schizophrénie par huit, le trouble primordiales : 1) comprendre le patient et le soutenir dans
panique par huit et les troubles de la personnalité par sa souffrance ; 2) identifier les facteurs du risque de sui-
sept.7 La dépression touche 50 à 70% des patients suici- cide et essayer de les réduire et 3) obtenir de la part du
dés.8,9 Les antécédents de tentative de suicide multiplient patient un engagement ferme à faire appel à de l’aide, plu­
le risque suicidaire par un facteur dix à trente 6 et l’utilisa- tôt qu’à «ne pas se suicider». Ce no-suicide contract ne fait
tion d’alcool par treize chez les patients âgés de plus de d’ailleurs pas partie des recommandations publiées par
40 ans.10 Presque 50% des suicides se font sous l’emprise l’American Psychiatric Association sur la prise en charge du
de l’alcool.11 Un patient avec des antécédents psychia- patient suicidaire, car son efficacité n’est pas démontrée.14
triques qui sort d’une hospitalisation présente également Selon l’évaluation R.U.D. et la possibilité ou non d’éta-
un ris­que suicidaire élevé.6 blir une alliance thérapeutique avec le patient, le méde-
cin doit choisir entre une prise en charge soit ambulatoire,
Troubles somatiques soit hospitalière. Dans ce dernier cas, il faut contacter les
La présence d’une pathologie somatique (épilepsie, Urgences psychiatriques de l’hôpital le plus proche (avec
traumatisme crânien, cancer, VIH, etc.) peut augmenter le un psychiatre de garde (24 h/24 h) afin de demander un avis
risque suicidaire d’un facteur variant de un à deux.12 téléphonique ou une évaluation sur place. Dans ce dernier
cas, si le patient est agité ou non collaborant, le méde­cin
U pour Urgence n’a pas d’autre choix que d’appeler une ambulance si pos-
L’urgence suicidaire est considérée comme faible lors­ sible médicalisée (voire la police) afin de traiter l’agitation
que la personne pense au suicide, mais qu’elle n’a pas de et envoyer le patient aux urgences. Le tableau 2 résume la
scénario précis, et peut trouver une alternative pour faire stratégie de prise en charge.
face à sa souffrance. L’urgence est moyenne quand un scéna-
rio est envisagé, mais qu’il est décalé dans l’avenir ou im-
précis, tandis que l’urgence est élevée lorsque la planification discussion
suicidaire est claire, avec un passage à l’acte programmé La crise suicidaire représente un problème majeur de
pour les jours ou même les heures à venir. santé publique. Cette situation de crise est grevée d’un
taux de mortalité élevé et demande une évaluation soi-
D pour Danger gneuse de la part des soignants. La fréquence des contacts
L’estimation du danger suicidaire se réfère au potentiel entre les patients à risque et leur médecin dans le mois
de létalité des moyens à disposition (par exemple : médi- ou la semaine précédant l’acte suicidaire souligne le rôle
caments, toxiques, armes), ainsi qu’à la facilité ou la diffi- primordial que ces derniers peuvent jouer dans la préven-
culté d’accès à ces moyens (disponibilité à domicile ou sur tion primaire (dépistage, évaluation), secondaire (dévelop­
le lieu de travail). Sur cette base, le danger suicidaire peut pement de stratégie thérapeutique) et tertiaire (prévention
être considéré comme faible, moyen ou élevé. de la rechute) du risque suicidaire. L’échelle R.U.D. est un
Les moyens les plus couramment utilisés par les per- outil d’aide à la décision simple qui permet au non-spé-
sonnes qui se suicident sont la pendaison, les armes à feu cialiste de mesurer le risque suicidaire. L’utilisation de cette
et les abus médicamenteux.13 échelle permet une évaluation systématique : 1) des fac-

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Tableau 2. Tableau récapitulatif pour la gestion du potentiel suicidaire : dépistage, évaluation, stratégie
R.U.D. : risque suicidaire (R), urgence de la menace (U), dangerosité du scénario suicidaire (D) ; CTB : centre de thérapie brève.

Niveaux Symptômes Evaluations du potentiel Actions proposées


de risque suicidaire R.U.D.
0 Pas de détresse – –
1 Tristesse sans idées noires/suicidaires R.U.D. faible Suivi par généraliste
2 Idées noires mais pas suicidaires R.U.D. faible Suivi ambulatoire psychiatrique ou par généraliste
3 Idées suicidaires fluctuantes sans projet, R.U.D. faible ou moyen Suivi ambulatoire psychiatrique
ou antécédents psychiatriques
4 Idées suicidaires actives sans projet, R.U.D. moyen Suivi ambulatoire psychiatrique ou hospitalisation, selon
ou antécédents psychiatriques alliance thérapeutique et engagement du patient
5 Idées suicidaires actives sans projet avec R.U.D. moyen ou élevé Hospitalisation ou soutien ambulatoire psychiatrique
antécédents psychiatriques (soutien CTB) si engagement du patient
6 Idées suicidaires actives avec projet sans R.U.D. élevé Hospitalisation
antécédents psychiatriques
7 Idées suicidaires actives avec projet et R.U.D. élevé Hospitalisation
antécédents psychiatriques – Passage à l’acte

teurs de risque suicidaire (R), comme les antécédents psy­


Implications pratiques
chiatriques et la précarité sociale et financière ; 2) de l’ur-
gence (U), comme une planification suicidaire claire et 3)
> Le risque suicidaire concerne potentiellement tous les patients
du danger suicidaire (D), comme l’accessibilité à des armes et donc tous les médecins en cabinet
ou des médicaments à domicile. Cette échelle peut orien-
ter le médecin sur la sévérité du potentiel suicidaire et > Le dépistage du risque suicidaire incombe à chaque clinicien
ainsi estimer le degré d’urgence. Le médecin de premier et se fait à l’aide de l’échelle R.U.D. (Risque-Urgence-Danger)
recours doit prendre connaissance des différents facteurs
> La prise en charge du patient suicidaire se fait en collabora-
de risque suicidaire et se sentir capable d’identifier et gé- tion avec une équipe de psychiatres qui peut intervenir en
rer un risque suicidaire. Différents services hospitaliers et urgence
ambulatoires sont à disposition pour une meilleure articu-
lation du patient suicidaire après l’évaluation au cabinet
médical, mais une bonne collaboration avec le service des
urgences psychiatriques reste prioritaire.

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