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Orient. En outre ce choix, qui risquait aux yeux des


musulmans de remettre en question le statut de leurs
Israël-Palestine: le fiasco diplomatique de
lieux saints de Jérusalem, a placé d’emblée en porte-à-
Donald Trump faux l’un des alliés régionaux majeurs de Washington,
PAR RENÉ BACKMANN
ARTICLE PUBLIÉ LE LUNDI 25 DÉCEMBRE 2017 l’Arabie saoudite, partenaire actif du futur plan de paix
américain et phare autoproclamé de l’islam.
Ce premier faux pas diplomatique a été suivi,
en deux semaines, de deux épisodes qui ont
confirmé l’isolement voire, selon Emmanuel Macron,
la marginalisation des États-Unis dans le dossier
israélo-palestinien. Le 18 décembre, Washington a dû
recourir au veto, devant le Conseil de sécurité des
Nikki Haley, ambassadrice des États-Unis à l’Onu, défend la position Nations unies, pour s’opposer au vote d’une résolution
américaine lors du vote du 18 décembre sur Jérusalem. © Reuters
proposée par l’Égypte, au nom de la Ligue des États
En reconnaissant unilatéralement Jérusalem comme
arabes. Ce texte réaffirmait clairement le consensus
capitale d’Israël, le président américain voulait
international sur Jérusalem et indiquait que « toute
rebattre les cartes de la négociation israélo-
décision ou action qui visent à modifier le caractère,
palestinienne moribonde. Il a mis en difficulté ses
le statut, ou la composition démographique de la ville
principaux alliés arabes, condamné son rôle dans les
sainte de Jérusalem n’ont aucun effet juridique et sont
pourparlers et subi aux Nations unies deux fiascos
nulles et non avenues ».
retentissants.
Le problème, pour Washington, c’est que les quatorze
Donald Trump a peut-être été, dans sa vie précédente,
autres membres du Conseil – dont des alliés fidèles
un promoteur immobilier à succès et un animateur de
comme la France, le Royaume-Uni, le Japon, l’Italie
télévision fort en gueule mais, depuis son entrée à la
et des pays amis comme la Suède, l’Éthiopie,
Maison Blanche, il se révèle un piètre géopoliticien
l’Ukraine, l’Uruguay, le Sénégal, avaient approuvé
et, surtout, un désastreux diplomate. L’affaire de
cette résolution.
Jérusalem illustre ces travers jusqu’à la caricature.
Dénonçant ce vote comme une « insulte » pour son
En reconnaissant unilatéralement, le 6 décembre,
pays, qui ne « l’oubliera[it] pas », l’ambassadrice des
la ville comme capitale d’Israël, décision qui violait
États-Unis à l’Onu, Nikki Haley, avait même tenté
une pile de résolutions des Nations unies et quelques
d’expliquer que la décision de Donald Trump était «
principes fondamentaux du droit international, il
conforme » aux résolutions pertinentes du Conseil. «
prétendait rebattre les cartes de la négociation
Ce qui dérange, avait-elle ajouté, c’est que les États-
internationale moribonde et ouvrir la voie à « l’accord
Unis ont eu le courage de reconnaître une réalité
des accords », qu’il se vante depuis son élection
internationale, à savoir que Jérusalem est la capitale
de pouvoir sceller entre Israéliens et Palestiniens.
politique, administrative et spirituelle du peuple juif. »
En offrant, au passage, un cadeau apprécié aux
évangélistes messianiques sionistes qui constituent le Trois jours plus tard, une nouvelle épreuve attendait
cœur de son électorat. la diplomatie américaine aux Nations unies. À la
demande de la Palestine qui bénéficie du statut
La réaction à cette décision, globalement négative,
d’observateur à l’Onu, la Turquie et le Yémen
y compris chez certains des plus vieux alliés des
avançaient un nouveau projet de résolution, devant
États-Unis, et très hostile, dans l’ensemble du monde
l’Assemblée générale, cette fois. Reprenant l’essentiel
arabe et musulman, en particulier en Palestine, a
du texte égyptien, le nouveau document rappelait que
confirmé que ce n’était pas la stratégie la plus habile
« Jérusalem est une question qui relève du statut final
pour relancer les pourparlers de paix au Proche-

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et qui doit être réglée par la voie de la négociation, unies, où la petite délégation palestinienne s’active,
comme le prévoient les résolutions pertinentes de les premiers comptages donnent un large avantage aux
l’Organisation des Nations unies. » votes en faveur de la résolution.
« Déplorant au plus haut point les récentes décisions Pour, au moins, limiter les dégâts, Washington va
relatives au statut de Jérusalem », le projet turco- tout tenter pendant trois jours. Tweets, mails, lettres,
yéménite affirmait, comme la résolution égyptienne, « plaidoyers téléphoniques, pleuvent sur les délégations.
que toute décision ou action qui visent à modifier le Pressions et menaces se multiplient à l’encontre des
caractère, le statut ou la composition démographique indécis. En particulier des bénéficiaires de l’aide
de la Ville sainte de Jérusalem sont nulles et doivent économique américaine. « Ils prennent des centaines
être rapportées en application des résolutions sur la de millions de dollars et même des milliards de
question adoptées par le Conseil de sécurité et, à cet dollars et ensuite ils votent contre nous, tempête
égard, » demandait « à tous les États de s’abstenir Donald Trump. Laissez-les voter contre nous, nous
d’établir des missions diplomatiques dans la Ville économiserons beaucoup, cela nous est égal. » «
sainte de Jérusalem […] ». Certes, comme toutes les Le président observera attentivement ce vote et il a
résolutions de l’Assemblée générale, ce texte n’est pas demandé que je lui signale les pays qui auront voté
contraignant mais, aux yeux des Palestiniens et de contre nous. Nous noterons les noms », menace même
leurs amis, il permettra aux partisans de Washington Nikki Haley, dans une lettre qui circule parmi les
et à leurs adversaires de se compter et d’établir, de fait, délégations. Peine perdue.
un nouveau rapport de force sur ce dossier parmi les Lorsque le tableau électronique des votes s’allume
193 États membres de l’Onu. jeudi matin dans la salle de l’Assemblée générale,
Depuis Ashdod, où il inaugure un hôpital, Benjamin il révèle que la résolution est adoptée par 128 voix
Netanyahou veut croire que « l’attitude de nombreux contre 9 et 3 abstentions et que 21 pays n’ont pas
pays à l’égard d’Israël est en train de changer, sur pris part au vote. Plus intéressant, parmi ceux qui
tous les continents, hors des murs de l’Onu. À la ont voté la résolution figurent, une nouvelle fois, les
fin, ce changement traversera les murs du siège de vieux alliés de Washington : Royaume-Uni, France,
l’Onu – la maison des mensonges. L’État d’Israël Allemagne, Japon, Corée du Sud, mais aussi les
rejette ce vote avant même qu’il ait lieu. Jérusalem est quatre principaux bénéficiaires (avec Israël) de l’aide
notre capitale. Nous allons continuer d’y construire financière américaine : Afghanistan, Irak, Égypte,
et des ambassades étrangères, dans le sillage de Jordanie. Autrement dit, les menaces de Nikki Haley
l’ambassade américaine, vont y déménager. Cela va n’ont pas pesé lourd face à l’indignation provoquée
se produire ». par le geste de Washington. D’ailleurs, les spécialistes
Les Palestiniens, eux, sont confiants. Remis au centre imaginent mal le département d’État prendre le risque
du jeu diplomatique au Proche-Orient par l’initiative de déstabiliser des pays aussi stratégiques en les
unilatérale de Trump alors que la question israélo- privant de l’aide américaine.
palestinienne était éclipsée depuis des années par les Certes l’Australie, le Canada, l’Argentine, le Mexique
conflits en Irak et en Syrie, ils voient dans cet épisode ont choisi de s’abstenir, comme six pays de l’Union
une justification supplémentaire de leur stratégie de européenne (Croatie, République tchèque, Hongrie,
recours aux Nations unies, dénoncée aussi bien par Lettonie, Pologne, Roumanie), mais Washington n’a
Washington, qui ne veut pas perdre le contrôle du réussi à enrôler que sept pays, en plus d’Israël, pour
dossier, que par Israël qui refuse toute intrusion d’un s’opposer à la résolution : Guatemala, Honduras, îles
protagoniste autre qu’américain dans ses rapports Marshall, Micronésie, Nauru, Palaos et Togo. Des
avec les Palestiniens. Dans les couloirs des Nations États d’un poids géopolitique modeste.

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Pour l’ambassadeur palestinien à l’Onu, Riyad Abbas. « Je ne crois pas que ce serait efficace, a
Mansour, « les États-Unis viennent d’essuyer un répondu Emmanuel Macron. Ce serait une réaction à
revers cinglant ». « Cette décision réaffirme que la décision américaine qui a provoqué des troubles
la juste cause des Palestiniens bénéficie du soutien dans la région. Je répliquerais à une erreur par une
du droit international, estime Nabil Abou Roudeina, erreur de même type. »
porte-parole du président palestinien. Nous allons Pour l’instant, en dehors d’une sortie véhémente de
poursuivre nos efforts à l’Onu et dans d’autres Nikki Haley, déclarant le vote des Nations unies «
forums internationaux pour mettre fin à l’occupation nul et non avenu », la seule réaction notable de
israélienne et créer un État avec comme capitale l’administration Trump à ce triple fiasco diplomatique
Jérusalem-Est. » a été l’annonce d’un report à la fin du premier
C’est cette stratégie que le président de l’Autorité trimestre 2018 de la présentation du plan de paix
palestinienne est venu exposer une nouvelle fois à américano-saoudien, initialement attendue en janvier.
Emmanuel Macron, vendredi 22 décembre à l’Élysée, Les réactions très hostiles des Palestiniens aux ballons
avant le départ du chef de l’État français pour le Niger. d’essai lancés par Riyad, mais surtout la nécessité
Aux yeux des dirigeants palestiniens, les États-Unis de revoir profondément le statut de Jérusalem, à la
ont démontré qu’ils étaient un « médiateur malhonnête lumière de la décision américaine, du mécontentement
», leur rôle dans le processus de paix est terminé. « du monde musulman et des nouveaux équilibres
Nous n’accepterons aucun plan de la part des États- révélés par les votes de l’ONU, exigent une nouvelle
Unis », a d’ailleurs déclaré Mahmoud Abbas, au terme période de réflexion et de consultation.
de son entretien avec Emmanuel Macron. En Israël, où Donald Trump et Nikki Haley sont
En fait, c’est une initiative européenne, impulsée désormais tenus pour des héros, le gouvernement se
par Paris, qu’espère le président palestinien. Sur ce déclare officiellement « satisfait » de la situation
point, la réponse française est demeurée évasive. révélée par le vote de l’Assemblée générale. D’autant
Peut-être pour préserver les discussions prévues à que rien ne contraint les États membres à l’appliquer.
Bruxelles pour le 22 janvier, lorsque Mahmoud Quant au premier ministre, Benjamin Netanyahou,
Abbas viendra rencontrer les dirigeants européens. toujours empêtré dans les affaires de corruption qui
Emmanuel Macron a simplement rappelé qu’il « n’y le cernent, il estime, additionnant les votes « contre
a[vait] pas d’alternative à la solution à deux États », les abstentions et les absents, qu’un « nombre
et pas de solution à deux États sans accord entre les croissant de pays refusent de participer à ce théâtre
parties, sur Jérusalem ». de l’absurde ».
« La Palestine n’est pas seule, a-t-il ajouté, et nous « La maison des mensonges », « ce théâtre de
ferons en sorte qu’elle vive dans des frontières l’absurde » ? Netanyahou a-t-il oublié l’histoire
sûres et reconnues, en sécurité au côté d’Israël de son propre pays ? C’est cette même instance,
et avec Jérusalem comme capitale des deux États. l’Assemblée générale des Nations unies, qui a adopté
» En revanche, le président français a renouvelé, le 29 novembre 1947 la résolution 181 qui partageait la
à la déception de son interlocuteur, son refus de Palestine en un État juif et un État arabe, déclenchant
reconnaître unilatéralement l’État de Palestine. « des manifestations de joie dans la communauté juive
Reconnaître notre État, c’est investir dans la paix, de Palestine et ouvrant la voie, six mois plus tard, à la
c’est aussi investir dans un avenir stable et sûr proclamation par David Ben Gourion de la naissance
pour la région tout entière », a plaidé Mahmoud de l’État d’Israël.

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