Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
de Jean
O.E.I.L.
12, rue du Dragon
75006 Paris
AVANT PROPOS
Comme dans notre précédente traduction de l'Évangile de Jean, nous avons supprimé les majuscules
et les signes de ponctuation. Les anciens manuscrits grecs ne comportaient pas la distinction ou la
dualité, à laquelle nous sommes habitués depuis l'imprimerie, entre lettres majuscules et lettres
minuscules. Certains manuscrits étaient écrits en capitales, d'autres en minuscules ; mais dans les
manuscrits écrits en minuscules, les noms propres ne sont pas écrits avec des lettres majuscules. Quant
à l'hébreu ancien, il ne comportait pas la distinction majuscules-minuscules. Nous laissons les mots du
texte exprimer leur puissance sans cette intervention typographique. Ils en sont capables. Ils n'ont pas
besoin de nous. Nous présentons notre traduction proposition par proposition, comme les anciens
manuscrits de la traduction latine, qui reproduisent certainement la disposition des plus anciens
manuscrits grecs. Il est vraisemblable que la traduction, de l'hébreu en grec, de l'Apocalypse a été faite
proposition par proposition, comme c'est le cas pour l'Évangile de Jean. Nous avons laissé en hébreu
les mots hébreux que le traducteur en langue grecque du document original hébreu n'a pas traduits lui-
même, mais qu'il a laissés en hébreu, simplement transcrits en caractères grecs. Nous nous efforçons
d'expliquer en note le sens de ces mots.
Comme dans notre précédente traduction, celle de l'Évangile de Jean, nous n'avons pas cru devoir
dissimuler au lecteur de langue française les extraordinaires fautes de grammaire et incorrections de
toutes sortes qui caractérisent le texte grec de l'Apocalypse. Nous n'avions pas à améliorer ni à corriger
ni à amender le texte grec de l'Apocalypse, mais si possible et autant que possible, à le traduire à
l'intention d'un lecteur de langue française qui ne lit pas le grec. Nous avons donc laissé dans notre
traduction française un bon nombre des incorrections, des fautes de grammaire qui pullulent dans le
texte grec de l'Apocalypse. Exactement comme pour le texte grec de l'Évangile de Jean, ces énormes
fautes de grammaire proviennent de ce que le traducteur a suivi de très près, de trop près si l'on veut —
c'est une question de goût — son texte hébreu. Les fautes de grec que l'on lit dans le texte grec de
l'Apocalypse, en réalité et le plus souvent, c'est de l'hébreu qui n'a pas été hellénisé.- C'est dire que l'on
voit encore plus clairement l'hébreu qui est sous le texte grec de l'Apocalypse, que dans l'Évangile de
Jean.
Nous avons voulu que le lecteur de langue française goûte un peu le goût de ce texte, tel qu'un
lecteur de langue grecque des premières générations pouvait le percevoir, avec ses fautes de grammaire
constantes, et ses tournures étranges, qui venaient de l'hébreu.
Comme dans notre précédente traduction de l'Évangile de Jean, nous avons mis en regard, sur la
page de gauche, les textes de la sainte Bibliothèque hébraïque qui sont absolument nécessaires pour
comprendre les termes, les mots, les symboles, les analogies, les allusions de notre texte de
l'Apocalypse. L'Apocalypse est un livre tout entier symbolique et écrit avec des symboles, mais ces
symboles ne sont pas l'invention de l'auteur de l'Apocalypse. Ils ne sont pas arbitraires. Ce sont les
symboles utilisés depuis longtemps déjà, depuis des siècles, par les anciens prophètes hébreux. C'est un
système cohérent et homogène. Il existe un lexique cohérent et homogène des symboles hébreux ; la
vigne, l'huile, le vin, etc. ont un sens constant à travers la tradition prophétique. Ce sont les éléments
qui sont des mots.
Une grande partie de ces symboles sont empruntés au Temple de Jérusalem, à son mobilier, à ses
ustensiles, à tous les objets symboliques qui sont décrits dans les livres de l'Exode et du Lévitique.
L'auteur de l'Apocalypse vit et pense à l'intérieur de cet univers du Temple de Jérusalem, comme le
prophète Ézéchiel, et comme l'auteur de l'épître aux Hébreux.
Notre traduction bien entendu n'est pas destinée aux savants qui lisent le grec, l'hébreu, le syriaque
et quelques autres langues encore. Elle est destinée aux enfants des campagnes et des villes de France,
qui ne lisent pas le latin ni le grec. Nous nous sommes donc gardés de transcrire en caractères français
-3-
des mots grecs ou des mots latins. Nous n'avons pas traduit christos par Christ, ni ekklèsia par église, ni
apostolos par apôtre, ni skandalon par scandale, ni skandalizein par scandaliser, ni euaggelion par
Évangile, ni aggelos par ange, ni novum testamentum par Nouveau Testament, ni diabolos par diable,
etc. Nous nous sommes efforcés de transmettre et de communiquer le sens d'un texte, qui est lui-même
déjà une traduction, en remontant à la source, c'est-à-dire à l'hébreu, dans la langue populaire qui est la
sienne. Le livre de l'Apocalypse est d'ailleurs un livre simple et clair, qui avait un sens pour celui qui
l'écrivait, et qui avait un sens pour ceux à qui il était destiné. Nous nous efforcerons de dégager ce sens
en cours de route.
Pour ce qui concerne la transcription en caractères français des mots hébreux que nous citons, nous
avons adopté, comme dans nos précédentes publications, le système de transcription le plus simple
possible. Ceux qui lisent l'hébreu retrouveront aisément le mot hébreu transcrit en caractères français.
Quant à ceux qui ne lisent pas l'hébreu, il est inutile de leur infliger une transcription si compliquée,
hérissée de signes dont ils ignorent le sens et la portée, que la lecture de ces transcriptions est nettement
plus difficile que la lecture du texte hébreu. Encore une fois, nous n'écrivons pas pour les savants, mais
pour les enfants. Nous n'écrivons surtout pas pour les pédants.
Nous avons mis entre crochets dans notre texte français les mots qui ne se trouvent pas dans le texte
grec mais qui sont à peu près inévitables si l'on veut que la phrase française tienne debout. En
particulier nous avons été obligé d'ajouter très souvent le verbe être, là où il n'est pas dans le texte grec,
parce que dans le texte hébreu, que le grec suit fidèlement et à la lettre, le verbe être est le plus souvent
inutile. Mais le traducteur en langue grecque avait déjà, à maintes reprises, ajouté le verbe être grec, là
où il ne se trouvait pas dans le texte hébreu, parce qu'il ne pouvait pas faire autrement. Nous
l'indiquerons en note.
L'hébreu n'a pas non plus le verbe avoir. Il utilise la formule : être à..., ou plus simplement encore le
relatif hébreu ascher suivi du lamed, le - signe de l'appartenance, sans le verbe être. Les traducteurs en
langue grecque de la Bibliothèque hébraïque ont introduit en grec le verbe avoir, parce qu'ils ne
pouvaient pas faire autrement. Nous nous efforcerons de restaurer la construction hébraïque primitive,
dans la mesure où cela est possible en français.
-4-
RÉVÉLATION DE IESCHOUA
1
1, 1 Révélation de Ieschoua... Le mot grec apokalupsis ici utilisé est formé à partir du verbe grec apokaluptô qui
signifie : découvrir, enlever ce qui couvre, enlever un voile. Le verbe grec apokaluptein est la traduction de l'hébreu galah
qui signifie : enlever un voile, ôter ce qui recouvre, dévoiler, découvrir, dénuder. — Exode 20, 26 : Et tu ne monteras pas
sur des marches d'escalier à mon autel des sacrifices, en sorte que, hébreu ascher ! ne soit pas découverte, dévoilée, hébreu
tigaleh, grec hopôs an mè apokalupsès, ta nudité sur lui... Lévitique 18,6: Un homme un homme, hébreu isch isch, vers tous
ceux qui lui sont proches par la chair, ils ne s'approcheront pas pour découvrir la nudité, hébreu le-galôt erewah, grec
apokalupsai aschèmosunèn. Lévitique 18, 7 : La nudité de ton père et la nudité de ta mère, tu ne les découvriras pas, hébreu
lô tegaleh, grec ouk apokalupseis ; c'est ta mère ; tu ne découvriras pas sa nudité, hébreu lô tegaleh erewatah, grec ouk
apokalupseis tèn aschèmosunèn autès. Lévitique 18, 8 : La nudité de la femme de ton père, tu ne la découvriras pas, hébreu
lô tegaleh, grec ouk apokalupseis... ; etc. Nombres 22, 31 : Et il a dévoilé, il a découvert, hébreu wa-iegal, grec
apekalupsen, YHWH, les yeux de Bileam et il a vu le messager de YHWH qui se tenait debout sur la route et son épée
dégainée dans sa main et il s'est mis à genoux et il s'est prosterné sur son nez... Dans cette expression, Dieu enlève le voile
qui recouvre les yeux de Balaam — le texte hébreu massorétique donne Bileam, les Septante ont lu Balaam — en sorte que
celui-ci puisse voir ce qu'il ne voyait pas auparavant, à savoir le messager de Dieu. De même Nombres 24, 4 : Ils sont
dévoilés, ils sont découverts, ses yeux, hébreu gelouïeinaim, grec apokekalummenoi oi ophthalmoi autou. 1 Samuel 2, 27 :
Est venu un homme de Dieu vers Eli et il lui a dit : Ainsi a parlé YHWH : Est-ce que, pour ce qui est de me révéler, je me
suis révélé à la maison de ton père, alors qu'ils étaient en Égypte... ? Hébreu : ha-nigelôh nigeleiti, grec : apoka-luphtheis
apekaluphthèn. — Cette fois-ci, c'est Dieu qui se découvre, se dévoile ou se révèle lui-même. 1 Samuel 3, 7 : Et Samuel ne
connaissait pas encore YHWH et elle ne lui avait pas encore été révélée, dévoilée, découverte, hébreu igaleh, grec
apokaluphthènai, la parole de YHWH. 1 Samuel 3, 21 : Et il a continué, YHWH, de se faire voir à Schilôh, car il se révélait,
hébreu ki-nigelah, grec hoti ape-kaluphthè, YHWH, à Samuel à Schilôh, dans (ou : par) la parole de YHWH. 1 Samuel 9,
15 : Et c'est YHWH qui a découvert, dévoilé, révélé l'oreille de Samuel, hébreu galah et — ôzen, grec apekalupsen to ôtion,
un jour avant que ne vienne Schaoul, pour dire... 1 Samuel 20, 2 : Voici qu'il ne fait pas, mon père, chose grande ou chose
petite, sans m'avoir dévoilé, découvert l'oreille, hébreu we-lô igeleh et-ôzeni, grec kai ouk apokalupsei to ôtion mou. Et
pourquoi donc me cacherait-il, mon père, cette affaire ? 1 Samuel 20, 13 : Si je n'envoie pas (un messager) vers toi et si je
ne dévoile pas, si je ne révèle pas ton oreille, hébreu we-galiti et ôzeneka — grec non traduit dans les manuscrits dont nous
disposons — qu'il fasse ainsi, YHWH, à Jonatan... Je découvrirai ton oreille, hébreu we-galiti et ôzeneka, grec apokalupsô
to ôtion sou. 1 Samuel 22, 8 : Vous avez conspiré tous contre moi et il ne s'est trouvé personne pour découvrir, dévoiler,
révéler mon oreille, we-ein gôleh et- ôzeni, grec kai ouk estin ho apokaluptôn, alors qu'il a conclu, mon fils, avec le fils
d'Ischaï (une alliance) et il n'y en a pas qui souffre, parmi vous, à mon propos, et qui me dévoile l'oreille, we-gôleh et ôzeni,
grec kai apokaluptôn to ôtion mou. 1 Samuel 22, 17 : Ils savaient qu'il est en fuite, lui (David) et ils n'ont pas dévoilé mon
oreille, we-lô galou et ôzeni. 2 Samuel 6, 20 : Combien il s'est honoré aujourd'hui le roi d'Israël, lui qui s'est découvert,
ascher nigelah, grec hos apekaluphthè, aux yeux des servantes de ses esclaves, comme se découvrirait, ke-higalôt nigelôt,
grec kathôs apokaluptetai apokaluphtheis, un homme de rien... 2 Samuel 7, 27 : Car c'est toi YHWH des armées Dieu
d'Israël qui a dévoilé l'oreille de ton esclave, galitah et-ôzen abedeka, grec apeka-lupsas to ôtion tou doulou sou, pour dire :
Une maison je bâtirai pour toi ! Amos 3, 7 : Car il ne fait pas, le seigneur YHWH, quelque chose, hébreu dabar, une parole,
s'il n'a pas révélé, hébreu ki im galah, grec ean mè apokalupsè, son secret, hébreu sôd, à ses serviteurs les prophètes... Isaïe
53, 1 : Qui a été certain de la vérité de ce que nous avons fait entendre ? Et le bras de YHWH, sur qui a-t-il été dévoilé,
révélé, découvert, nigelatah, grec Uni apekaluphthè. Isaïe 56, 1 : Gardez le jugement et faites la justice car il est proche,
mon salut, de venir et ma justice de se découvrir, de se dévoiler, de se révéler, we-tzideqati le-higalôt, grec kai to eleos mou
apokaluphthènai... On remarque que le mot hébreu tzedakah que nous avons
l'habitude de traduire par la justice est ici traduit, par les inconnus que nous appelons les Septante, par le mot grec eleos
qui signifie la compassion, la grâce et la bienveillance. Daniel 2, 19 : Alors à Daniel, dans une vision de la nuit, le secret fut
dévoilé, découvert, révélé, araméen razah gali, traduction grecque de Théodotion : to mustèrion apekaluphthè... Daniel 2,
22 : C'est lui (Dieu) qui révèle, qui dévoile, araméen gale, grec anakaluptôn, Théodotion autos apokaluptei, les profondeurs
et les choses cachées, il connaît ce qui se trouve dans la ténèbre... Daniel 2, 28 : Mais il est un dieu dans les cieux qui révèle,
qui découvre, qui dévoile les secrets, araméen gale razin, grec LXX all'esti theos en ouranô anakaluptôn mustèria, Théo-
dotion apokaluptôn mustèria, et il a fait connaître au roi Nabuchodonosor ce qui est sur le point d'arriver — ou : ce qui va
arriver — dans l'après, ou dans la suite, des jours, araméen mah di le-hewé be-aharit iômaiia, grec LXX ha deï genesthai
genesthai ep'eschatôn ton hèmerôn, Théodotion idem. On observe que le mot grec pel] il faut, traduit tout simplement une
construction araméenne qui signifie : ce qui va arriver ou advenir. On observe aussi que le mot grec eschatos traduit
l'araméen be-aharit, ce qui vient après, ce qui se situe dans l'avenir. Daniel 2, 29 : Et quant à toi, roi, sur ta couche, tes
pensées sont montées, qu'est-ce qui va arriver après cela, grec LXX hosa deï genesthai ep'eschatôn ton hèmerôn,
Théodotion ti deï genesthai meta tauta, et celui qui révèle ou dévoile les secrets, araméen we-galé razaiia, grec LXX kai ho
anakaluptôn mustèria, Théodotion kai ho apokaluptôn mustèria, t'a fait connaître ce qui va arriver, ou, plus simplement : ce
-6-
qui va être, araméen mah-di le-hewé, grec LXX ha deï genesthai, Théodotion idem. On observe de nouveau que le verbe
grec deï, il faut, traduit simplement une construction araméenne qui signifie : cela va arriver ou advenir. Daniel 2, 30 :
Quant à moi ce n'est pas dans — ou : par — qui serait en moi plus que dans tout être vivant, que ce secret m'a été révélé,
araméen razah denah geli, Théodotion to mustèrion touto apekaluphthè... Daniel 2, 47 : Votre dieu, c'est lui le dieu des
dieux et le maître des rois et celui qui révèle, qui découvre, qui dévoile les secrets, araméen we-galeh razin, Théodotion
apokaluptôn mustèria, puisque tu as été capable de découvrir ce secret, araméen le-migelé razah denah, Théodoûon-
apokalupsai to mustèrion touto. Daniel 10, 1 : Dans l'année troisième de Cyrus, roi de Perse, une parole fut révélée à Daniel,
hébreu dabar nigelah le-daniel, Théodotion : logos apekaluphthè tô danièl...
Révélation de Ieschoua (celui) qui a reçu l'onction... Grec christos. Le verbe grec chriô signifie oindre, enduire, avec de
l'huile, du parfum, un onguent, etc. Christos signifie donc : celui qui a reçu l'onction sainte. Le verbe grec chriô traduit le
verbe hébreu VnaschaH (prononcer le h final comme le ch de l'allemand Buch) qui signifie oindre avec de l'huile, le
sanctuaire avec tous ses ustensiles, Exode 30, 26 ; 40, 9 ; Lévitique 8, 10 ; etc. — le grand prêtre, Exode 29, 7 ; 40, 13 ;
Lévitique 8, 12 ; 16, 32 ; Nombres 35, 25 ; etc. — le roi,
I Samuel 16, 3 ; 1 Rois 1, 34 ; etc.
Celui qui a reçu l'onction s'appelle le maschiah, selon la prononciation ou la vocalisation de nos éditions modernes. A la
forme dite construite par les vieux grammairiens, le meschiah de YHWH, la prononciation est légèrement modifiée. Selon
la transcription en caractères grecs de Jean 1, 42, nous avons trouvé le meschiah, et 4, 25, nous savons que le meschiah va
venir ; c'est en fait cette seconde prononciation qui était en usage autour de l'année 30 de notre ère. Nous nous en tiendrons
donc à cette prononciation. Nous avons d'ailleurs observé dans notre traduction précédente, à propos de Mariam, par
exemple, qui est vocalisée Miriam dans l'hébreu de nos éditions modernes, mais que les anciens traducteurs en langue
grecque ont lue Mariam — que la prononciation, c'est-à-dire la vocalisation, de nos éditions modernes, c'est-à-dire des
manuscrits modernes, du XIe siècle de notre ère et suivants, est souvent très différente de la vocalisation des anciens
traducteurs en langue grecque du IVe, IIIe ou IIe siècle avant notre ère. Cela s'observe à propos de quantité de noms propres.
II est vraisemblable que les traducteurs en langue grecque de la sainte Bibliothèque hébraïque ont transcrit les noms
propres hébreux en caractères grecs, comme ils les entendaient.
Révélation de Ieschoua qu'il lui a donnée, Dieu, pour faire voir — ou : pour montrer — à ses serviteurs ce qui va arriver
— ou : advenir — vite, rapidement, promptement... C'est Dieu qui donne à Jésus le Christ la révélation, et Jésus la
communique à ses serviteurs. C'est la même doctrine que dans l'Évangile de Jean. Ce qui va arriver vite, rapidement,
prochainement : nous venons de voir par des textes de Daniel que le deï grec recouvre une construction, araméenne chez
Daniel, hébraïque 2 Rois 4, 13 ; 4, 14 ; qui signifie simplement : ce qui va arriver, ce qui est sur le point d'arriver. Il ne faut
donc pas forcer la traduction de ce deï grec. Ce qui va arriver rapidement : l'Apocalypse de Jean porte sur un avenir proche,
par rapport à celui qui l'écrit, et par rapport à ceux qui reçoivent le livre de Jean.
Il a fait connaître, il a envoyé par la main de son messager... Nous avons rappelé dans l'avant-propos de notre traduction
précédente, l'Évangile de Jean, que la Bibliothèque hébraïque fait suivre les propositions reliées par we, qui signifie et. Les
inconnus qui ont traduit cette Bibliothèque à partir du quatrième siècle avant notre ère ont remplacé, des milliers de fois, le
verbe de la première, dans une série de propositions, par un participe grec. Ceux qui ont traduit les documents hébreux qui
ont donné nos quatre Évangiles ont fait de même. Ils ont aimé à remplacer le verbe de la première proposition hébraïque par
un participe grec. Nous restaurons constamment la construction hébraïque primitive dans nos traductions. C'est le cas ici : Il
a fait connaître, ayant envoyé... est une traduction de l'hébreu dans laquelle le participe ayant envoyé traduit le verbe
schalah, il a envoyé. Nous restaurons donc ici la construction hébraïque primitive.
A son serviteur Iohanan... La question est de savoir de quel Iohanan il s'agit. Nous connaissons plusieurs Iohanan par les
livres de la nouvelle alliance (Novum Testamentum) :
1. Iohanan qui plongeait les repentants dans le Jourdain et qui enseignait dans le désert de la Judée, Matthieu 3, 1 ;
Marc 1, 4. Luc raconte sa genèse, Luc 1, 3, texte évidemment traduit de l'hébreu. Jean 1,6. Ce Iohanan le prophète est mis à
mort par Hérode — Antipas, fils d'Hérode appelé le Grand par des historiens. Matthieu 14 ; Marc 6, 14 ; Luc 9, 9.
2. Iohanan, fils de Zabedaï frère de laaqôb, Matthieu 4, 21 : Il a vu deux autres frères, laaqôb le fils de Zabedaï et
Iohanan son frère, dans la barque, avec Zabedaï leur père. Ils réparaient les filets. Et il les appela. Eux ils ont aussitôt quitté
la barque et leur père, et ils l'ont suivi. Marc 1, 19. — Matthieu 10, 2 : Il a appelé ses douze disciples et il leur a donné
puissance sur les esprits impurs pour les chasser et pour guérir toute maladie et toute infirmité. Et des douze envoyés
(apostolôn, du verbe grec apostellein, hébreu schalah, envoyer), voici les noms. Le premier, Schiméon, celui qui est appelé
Rocher, et Andréas son frère, et Iaaqôb le fils de Zabedaï, et lohanan son frère... Marc 3, 17 ; Luc 6, 14. Il est fait mention
des fils de Zabedaï : Jean 21, 2.
3. lohanan surnommé Marcus, ce qui, en latin, signifie : le marteau. En hébreu, le marteau se dit maqqebet, pluriel
maqqabôt, Juges 4, 21 ; 1 Rois 6, 7 ; Isaïe 44, 12 ; Jérémie 10, 4. Actes 12, 12 : Il alla à la maison de Maria la mère de
lohanan, celui qui est surnommé Marcus... Actes 12, 25 : Barnabas et Schaoul (surnommé Paulus, ce qui signifie : le petit,
hébreu qathan) retournèrent à Jérusalem. Ils ont pris avec eux lohanan, celui qui est surnommé Marcus... Actes 13, 4 : Alors
eux (Barnabas et Schaoul = Paul), envoyés par le Saint-Esprit, ils sont descendus en Séleucie et de là ils ont fait voile vers
-7-
1, 22 et lui il a attesté
[la vérité de] la parole de dieu
et l'attestation [de la vérité]
de ieschoua qui a reçu l'onction
tout ce qu'il a vu
Chypre. Ils sont arrivés à Salamine et ils ont annoncé la parole de Dieu dans les synagogues des Judéens. lohanan était avec
eux pour les aider... — C'est le début de ce que les historiens appellent le premier voyage missionnaire de Paul, daté par les
uns au printemps de l'année 44, par d'autres en 45. Actes 13, 13 : Ils sont partis de Paphos (à l'extrémité sud-ouest de l'île de
Chypre), tous ceux qui étaient avec Paulus, et ils sont arrivés à Pergé de la Pamphylie. lohanan s'est séparé d'eux et il est
retourné à Jérusalem... Lorsque commence ce qu'on appelle le second voyage missionnaire de Paul, daté par les uns au
printemps de l'année 49, par les autres en 50, Actes 15, 36 : Après un certain temps, il dit à Barnabas, Paulus (construction
hébraïque) : Retournons et allons visiter les frères dans chaque ville dans laquelle nous avons annoncé la parole du
Seigneur, pour savoir comment ils vont. Barnabas voulait prendre avec eux aussi lohanan, celui qui est surnommé Marcus,
le marteau. Mais Paulus estimait que celui qui s'était séparé d'eux (lors du premier voyage missionnaire) depuis la
Pamphylie et qui ne les avait pas accompagnés dans l'action, il était d'avis de ne pas prendre avec eux celui-là. Il en est
résulté une dispute si vive qu'ils se sont séparés, chacun de son compagnon. Barnabas a pris avec lui Marcus et ils ont fait
voile vers Chypre. Quant à Paulus, il a traversé la Syrie et la Cilicie. Il fortifiait les communautés... Nous sommes donc au
printemps 49 ou 50.
4. Il est question, Actes 4, 6, d'un lohanan dans un groupe constitué par Hanan, transcription grecque Ananos ou
Hannas, fils de Sethi, grand prêtre, Joseph appelé Kaiapha, grand prêtre entre 18 et 36 environ, et Alexandre.
5. Polycrate, évêque d'Éphèse, écrit à Victor, évêque de Rome, entre 189 et 198, fragment conservé par Eusèbe de
Césarée, Histoire ecclésiastique, III, 31 et V, 24 : Philippe (l'un) des douze envoyés qui est couché à Hiérapolis et deux de
ses filles qui ont vieilli vierges et son autre fille (...) repose à Éphèse. Et puis aussi Iôannès (transcription en caractères grecs
de l'hébreu Iohanan), celui qui s'est penché sur la poitrine du Seigneur. Il est né hiereus = kohen. Il a porté lepétalon = tzitz
zahab, Exode 28, 36 ; 29, 6 ; 39, 30 ; Lévitique 8, 9. Il a été témoin, grec martus, et il a enseigné, grec didaskalos. Il est
couché à Éphèse. Et puis aussi Polycarpe, à Smyrne. Il a été celui qui est chargé de veiller sur le troupeau, grec episkopos, et
témoin, martus. Etc. Saint Irénée de Lyon, Adversus Haereses, III, 1 : Postea et Iohannes discipulus domini qui et supra
pectus eius recumbebat, et ipse edidit euangelium ephesi asiae commorans. L'original grec de ce texte nous est conservé par
Eusèbe, Histoire ecclésiastique, V, 8 : Ensuite Iôannès le disciple du Seigneur, celui qui s'est penché sur sa poitrine, lui
aussi il a publié l'Évangile. Il a séjourné à Éphèse en Asie.
Lorsque, Actes 3, 1, nous lisons : Pierre et Jean sont montés au Temple (hieron) à l'heure de la prière, la neuvième, de
quel Jean s'agit-il ? — De Jean fils de Zabedaï et frère de Jacques ? — De Jean qui est l'auteur du quatrième Évangile et qui
avait une maison à Jérusalem ? — Le Jean qui est l'auteur du quatrième Évangile est-il le Jean fils de Zabedaï et frère de
Jacques ? Actes 8, 14 : Ils ont appris, les envoyés (apostoloi) qui étaient à Jérusalem, qu'elle a reçu, la Samarie, la parole de
Dieu. Ils ont envoyé vers eux Pierre et Jean... De quel Jean s'agit-il ? Actes 12, 2 : En ce temps-là, il jeta, Hérode le roi, les
mains pour faire du mal à certains qui faisaient partie de la communauté, ekklèsia. Il fit mettre à mort Jacques = Iaaqôb, le
frère de Jean = Iohanan, par l'épée. Ici donc, on nous précise que ce Jacques est le frère de Jean, et donc le fils de Zabedaï.
Lorsque Paul écrit, Galates 2, 9 : Iaakôb et Kêpha (= Pierre) et Iohanan, ceux qui passent pour être les colonnes (du nouveau
temple), ils nous ont donné la main droite, à moi et à Barnabas, afin que nous, nous allions vers les païens, les incirconcis, et
eux vers ceux de la circoncision... de quel Jean s'agit-il ? Du fils de Zabedaï ou de l'auteur du quatrième Évangile ? Ou bien
faut-il admettre que l'auteur du quatrième Évangile et le fils de Zabedaï sont un seul et même Jean ? Le Jean de
l'Apocalypse fait-il partie de ceux que nous venons d'énumérer ? Ou bien en est-il distinct ?
2
1, 2 Lui — c'est-à-dire Jean — a attesté la vérité de la parole de Dieu qui lui a été adressée.
-8-
ièsou christou. Colossiens 1,2: Charis humin kai eirènè apo theou patros hèmôn kai kuriou ièsou christou. 2
Thessaloniciens — écrite peut-être en 51 à Corinthe — 1,2: Charis humin kai eirènè apo theou patros kai kuriou hèmôn
ièsou christou. Lettre à Timothée, 1 Timothée 1,2: Charis eleos eirènè apo theou patros kai christou ièsou tou kuriou
hèmôn. — Ici Paul, ou le traducteur en langue grecque de la lettre de Paul, mettent deux mots grecs, eleos et charis, pour
traduire l'unique mot hébreu hesed, qui de fait peut se traduire — il était traduit — soit par eleos soit par charis. 2 Timothée
1,2: Charis eleos eirènè apo theou patros kai christou ièsou tou kuriou hèmôn. Tite 1,4: charis kai eirènè apo theou patros
kai christou ièsou tou sôtèros hèmôn. Plusieurs manuscrits donnent : charis eleos kai eirènè...
Grâce à vous et paix de la part de — ou : venant de — celui qui est, et qui était, et qui vient... Le mot grec apo traduit
la préposition
hébraïque min qui indique la provenance, l'issue, l'origine, ce dont vient une chose, ce dont elle provient ou procède.
Mais après le grec apo, on attend un génitif, comme on l'a vu dans la traduction grecque des lettres de Paul précédemment
citées : apo theoupatros... Ici il n'y a pas de génitif. Exode 3, 14 : Et il dit, Môscheh, en s'adressant à Dieu : Voici que moi je
vais aller vers les fils d'Israël et je leur dirai : le Dieu de vos pères m'a envoyé vers vous ! Et ils me diront : quoi son nom ?
Qu'est-ce que je leur dirai ? Et il dit, Dieu, à Môscheh : eheieh ascher eheieh. Et il dit : Ainsi tu parleras aux fils d'Israël :
eheieh m'a envoyé vers vous...
Je rappelle au lecteur non hébraïsant que la conjugaison hébraïque est bâtie ou construite selon un système qui n'est pas
le nôtre. Dans les langues auxquelles nous sommes habitués, le grec, le latin, le français, l'allemand, etc. nous pensons le
passé, le présent, le futur. Dans la conjugaison hébraïque, un verbe qui se trouve à la forme que les anciens grammairiens
ont appelé la forme de l'achevé, de l'accompli, en latin perfectum, cette forme peut désigner une action accomplie dans le
passé ou une action qui sera accomplie dans l'avenir ! Genèse 17, 8 : Et je donnerai, hébreu we-natati, grec futur kai dôsô, à
toi et à ta semence après toi, le pays dans lequel tu as séjourné comme un étranger... Genèse 17, 7 : Et j'instaurerai, je
dresserai, je mettrai debout, hébreu we-haqitnôti, grec kaistèsô, mon alliance entre moi et entre toi... Genèse 17, 16 : Et je la
bénirai, hébreu wou-beraketi ôtah, grec futur eulogèsô autèn, et même je donnerai, hébreu natati, grec futur dôsô, sortant
d'elle, pour toi, un fils... Genèse 48, 4 : Et je te donnerai d'être, hébreu netatika, grec futur poièsô, une assemblée, un
ensemble de peuples, li-qehal ammim, et je donnerai, we-natati, grec futur kai dôsô, ce pays-ci à ta semence après toi,
propriété de durée indéfinie... Un verbe qui se trouve à la forme dite de l'inaccompli, de l'inachevé, peut désigner aussi une
action passée, une action présente, une action future. Dans Exode 3, 14 eheieh est la première personne du verbe être à la
forme dite de l'inaccompli ou de l'inachevé. Ascher est le pronom relatif, masculin, féminin ou neutre. Dans la seconde
partie du verset 14, le Seigneur Dieu dit à Moïse : Ainsi tu parleras aux fils d'Israël : eheieh m'a envoyé vers vous. Les
inconnus qui ont traduit la sainte Bibliothèque hébraïque de l'hébreu en grec, à partir du ive siècle avant notre ère, c'est-à-
dire dès que cela devint nécessaire pour les communautés du pourtour de la Méditerranée, connaissaient la langue hébraïque
mieux que nous, et mieux que nous ne la connaîtrons jamais. Ils connaissaient la langue grecque du ive siècle avant notre ère
mieux que nous. Ils connaissaient la tradition théologique, l'interprétation théologique transmise par les théologiens
hébreux. Ils ont compris et ils ont traduit en grec : Egô eimi ho on, moi je suis celui qui est ! Et plus loin : Celui qui est, ho
on, m'a envoyé vers vous ! Le tétragramme YHWH est la troisième personne du verbe être (E. Dhorme, Le nom
du Dieu d'Israël, Revue de l'Histoire des Religions, 1952). Les inconnus qui ont traduit la Bible hébraïque, de l'hébreu en
grec, n'ont pas osé ou n'ont pas pu, à cause des exigences de la langue grecque, traduire littéralement : Je suis celui qui suis !
Je suis m'envoie vers vous ! Ils ont remplacé le verbe à l'indicatif par un participe, ce qu'ils ont fait d'ailleurs des milliers de
fois dans leur traduction. A cause de ce que nous avons vu et rappelé, le verbe être ici utilisé peut désigner l'être du passé,
l'être du présent, l'être de l'avenir, ou l'exister dans le passé, l'exister dans le présent, l'exister dans l'avenir. L'inconnu qui a
traduit, de l'hébreu en grec, le texte que nous tentons de traduire du grec en français, à savoir l'Apocalypse, connaissant bien
sa langue hébraïque, a fort bien compris que la traduction classique du tétragramme YHWH par le participe présent grec ho
on, celui qui est, l'Etant, n'est pas suffisante ni adéquate, puisqu'il y manque l'existence dans le passé et l'existence dans
l'avenir. C'est pourquoi il a traduit, lui, complètement le tétragramme YHWH, Il est, par la formule en langue grecque : Il
est, il était et il vient... Il y avait probablement le tétragramme YHWH dans le texte hébreu. Notre traducteur a traduit
complètement le tétragramme qui est la troisième personne du verbe être en ouest sémitique. Cela explique la raison pour
laquelle après le mot grec apo il n'a pas mis des génitifs. Il y avait le tétragramme YHWH dans le texte hébreu. Il n'a pas
voulu mettre la traduction complète en langue grecque du tétragramme, au génitif. Il a traduit : Celui qui vient, ho
erchomenos, et non pas : Il sera. Celui qui vient, c'est l'un des attributs du Dieu d'Israël, qui est attendu. Isaïe 35, 4 : Voici
votre Dieu... C'est lui qui vient et qui vous sauve... Isaïe 40, 9 : Voici votre Dieu ! Voici le Seigneur YHWH qui vient...
Isaïe 62, 11 : Voici YHWH qui se fait entendre jusqu'aux extrémités de la terre ! Dites-le à la fille de Sion : Voici ton salut
qui vient ! Zacharie 2, 14 : Pousse des cris de joie et réjouis-toi, fille de Sion, car me voici qui viens et je camperai au milieu
de toi ! Zacharie 14, 5 : Et il vient YHWH mon Dieu... Psaume 40, 8 : Alors j'ai dit : Voici que je viens... Psaume 96, 13 :
Qu'ils se réjouissent, les cieux, et qu'elle exulte, la terre !... Devant la face de YHWH, car il vient... Psaume 98, 7 : Qu'elle
acclame, la mer et tout ce qu'elle contient, et tout ce qui la remplit ! Le monde et ceux qui y habitent ! Les fleuves, qu'ils
battent de la paume ! Et en même temps, les montagnes, qu'elles crient de joie ! Devant la face de YHWH car il vient pour
juger la terre... Cantique des Cantiques, 2, 8 : La voix de mon chéri ! Le voici qui vient !
- 10 -
Et de la part de ( = venant de) des sept esprits qui [sont] devant la face de son siège... Hébreu ascher liphenei kiseô, sans
le verbe être, inutile ici en hébreu.
5
1, 5 Et de la part de Ieschoua le oint, hébreu me-et ieschoua ha~ maschiah, le témoin certain ou véritable, hébreu ha-ed
ha-néeman. Psaume 89 j Les grâces de YHWH, dans la durée éternelle à venir je chanterai. À une génération et à une
génération, je ferai connaître ta vérité par ma bouche. Car j'ai dit : pour la durée éternelle à venir la grâce est construite, dans
les cieux elle est établie ta vérité. J'ai conclu une alliance avec celui que j'ai choisi. J'ai juré à David mon serviteur. Pour la
durée éternelle à venir j'ai établi ta semence et j'ai construit pour une génération et une génération ton trône... J'ai trouvé
David mon serviteur, dans mon huile sainte je l'ai oint... Lui il m'appellera : Mon père (tu es) toi ! Mon Dieu et le rocher de
mon salut ! Et c'est pourquoi moi, un premier-né je ferai de lui, hébreu bekôr, grec prôto-tokos, un souverain élevé pour les
rois de la terre, hébreu eleiôn le-malekei aretz, grec hupsèlon para tois basileusin tes gès. Pour la durée étemelle à venir je
garderai pour lui ma grâce, et mon alliance sera sûre et certaine pour lui, wou-beriti néemenet lô. Et j'établirai pour toujours
sa semence et son trône comme les jours des cieux... Ma grâce, je ne la retirerai pas loin de lui et je ne mentirai pas, je ne
tromperai pas en ce qui concerne la certitude de la vérité qui est en moi, hébreu émounah, grec alètheia... Sa semence, pour
la durée éternelle à venir, elle sera et son trône comme le soleil devant moi. Comme la lune il durera toujours, et témoin
dans la nuée, sûr et certain, hébreu we-ed ba-schahaq nééman, grec kai ho martus en ouranô pistos. Ce qui est dit du fils de
David, oint, dans le psaume 89, est attribué par l'auteur de l'Apocalypse à Ieschoua.
Le premier-né d'entre les morts : nous venons de trouver la mention du premier-né dans le psaume 89, 28, grec
prôtotokos, traduction de l'hébreu bekôr. Paul dans sa lettre aux Romains 8, 29 dit que le fils de Dieu est le premier-né, en
grec prôtotokon, au milieu d'une multitude de frères, prôtotokon en pollois adelphois. Colossiens 1, 15 : Le fils de Dieu qui
est la représentation visible et sensible, grec eikôn, de Dieu invisible, le premier-né de toute la création, prôtotokos pasès
ktiseôs. Lui qui est le principe, grec arche, premier-né d'entre les morts, prôtotokos ek ton nekrôn. C'est la même expression
que Apocalypse 1,5.
Les savants commentateurs de l'Apocalypse observent que dans ce verset, le passage du génitif au nominatif, kai apo
ièsou christou ho martus ho pistos ho prôtotokos ton nekrôn kai ho archôn ton basileôn tes gès, constitue une faute de
grammaire grave et fréquente dans l'Apocalypse. Cette faute de grammaire s'explique fort bien par le fait que notre
traducteur en langue grecque a sous les yeux le texte hébreu : wou-me-et ieschoua ha-maschiah ha-ed ha-nééman wou-
bekôr min ha-metim. Il traduit littéralement ce qu'il voit, ce qu'il a sous les yeux — ou bien ce qu'on lui dicte en hébreu. En
hébreu il n'y a pas de déclinaison en cet endroit. Il n'en met pas non plus dans sa traduction en langue grecque.
Le prince des rois de la terre, grec ho archôn ton basileôn tes gès, traduction de Psaume 89, 28, eleiôn le-malekei aretz,
traduction différente de celle que nous appelons les LXX, traduction originale.
A lui qui nous a aimés et qui nous a délivrés de nos crimes dans son sang... Psaume 130, 7 : Car avec YHWH la grâce,
hébreu ha-hesed, grec to eleos, et nombreuse, abondante avec lui la rédemption, hébreu pedout, grec lutrôsis. Et c'est lui qui
rachètera, hébreu we-hou iphedeh, grec kai autos lutrôsetai, Israël de toutes ses fautes. Le verbe hébreu padah signifie
racheter. Il est traduit en grec par lutro-ô et en latin par redimere. La rédemption, c'est l'acte de racheter, c'est-à-dire de
délivrer moyennant une rançon que l'on paye. Puisque racheter un esclave c'est le libérer, on le libère de la main de, on le
tire ou on l'arrache à la main de celui à qui on paye, hébreu min, comme dans Psaume 130, 8, en traduction grecque ek ou
apo selon les cas. Dans Apocalypse 1, 5, le ek de ek ton hamartiôn est la traduction de l'hébreu min, qui indique ce dont on
tire, ce dont provient, ce dont est issu, etc. Même doctrine chez Paul, Romains 3, 24 : Nous sommes justifiés gratuitement
par sa propre grâce, par la rédemption, grec apolutrosis, qui se trouve en le Christ Jésus, qu'il a disposé à l'avance, Dieu,
pour être celui par qui se réalise le pardon, grec hilastèrion, hébreu probable kipourim, par la certitude de la vérité en son
sang... Éphésiens 1,7: Lui en qui nous avons la rédemption, tèn apolutrôsin, par son sang, dia tou aimatos autou... Première
lettre de Pierre, 1, 18-19 : Vous avez été rachetés... par un sang précieux, comme celui d'un agneau sans défaut, celui du
Christ.
- 11 -
oui amen
6
1, 6 Et il a fait de nous un royaume... Le grec basileia peut traduire et traduit en fait les mots hébreux meloukah,
malekout, mame-lakah, mamelakout, tous formés à partir de la racine malak, régner, qui a donné melek, le roi, grec basileus.
Dans chaque cas, dans les textes grecs des livres de la nouvelle alliance (Nouveau Testament) il faut donc se demander s'il
s'agit du règne, du royaume, de la royauté. Exode 19, 6 : Et Môscheh monta vers Dieu et il lui a crié, Dieu, du haut de la
montagne pour dire : ... Je vous ai portés sur les ailes des aigles et je vous ai conduits vers moi. Et maintenant, si écouter,
vous écoutez ma voix et si vous gardez mon alliance, alors vous serez pour moi une propriété particulière parmi tous les
peuples, car elle est à moi, la terre tout entière ! Mais vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, hébreu mameleket
kohanim, traduction grecque basileion hierateuma, et une nation sainte, hébreu goï qadosch, grec ethnos hagion. Isaïe 61, 6
: Et quant à vous, prêtres de YHWH vous serez appelés, hébreu kôhanei, grec hiereis.
Il y avait probablement dans le texte hébreu comme Exode 19, 6 mameleket kôhanim, un royaume de prêtres. Le
traducteur en langue grecque a traduit l'hébreu mameleket par le grec basileian. Il a traduit l'hébreu kôhanim par le grec
hiereis. Mais il a oublié de décliner le grec hiereis et de le mettre au génitif, tout simplement parce que l'hébreu kôhanim
dans l'expression mameleket kôhanim n'est pas modifié par le fait que kôhanim est complément d'objet indirect de
mameleket. Des copistes ultérieurs ont cherché à améliorer le texte en ajoutant un kai entre basileian et hiereis. C'est ce que
l'on observe dans certains manuscrits. Même phénomène, Jean 1, 18 : il y avait sans doute dans le texte hébreu iahid elohim.
Le traducteur a traduit l'hébreu iahid par le grec monogenès. Il a traduit elohim par theos, mais il a oublié de décliner theos
et de le mettre au génitif, tout simplement parce qu'en hébreu elohim n'est pas modifié par le fait qu'il est complément
indirect de iahid. Par la suite, des copistes se sont efforcés de remédier à la difficulté créée par le texte grec, ce que l'on
observe dans la tradition — ou plutôt les traditions — manuscrites.
Pour — ou dans — les durées des durées... hébreu le-ôlemei ôlamim.
7
1, 7 Voici qu'il vient avec les nuées... Daniel 7, 13 : Et voici avec les nuées du ciel comme un fils d'homme, araméen
ke-bar enôsch, grec LXX hôs huios anthrôpou, Théodotion idem, qui vient, Théodotion erchomenos. Et jusqu'à l'ancien des
jours il s'est avancé, et devant sa face ils l'ont fait approcher. Et à lui fut donnée la puissance et la gloire et la royauté et tous
les peuples, toutes les nations, toutes les langues lui ont été soumis. Sa domination est une domination d'une durée éternelle
ôlam, grec aiônios qui ne passera pas et sa royauté ne sera pas détruite, araméen malkouteh, grec basileia.
Et ceux qui l'ont transpercé... Zacharie 12, 10 : Je verserai sur la maison de David et sur l'habitant de Jérusalem un esprit
de grâce, hébreu ruah hen, grec pneuma charitos, et de supplication, hébreu tahanounim, grec oiktirmou (on pourrait aussi
traduire : de compassion) et ils regarderont vers moi, celui qu'ils ont transpercé, hébreu we-hibithou elaï et ascher daqarou,
et ils feront sur lui une lamentation comme une lamentation sur un chéri, hébreu we-saphedou alaiô ke-miseped al ha-iahid,
grec kai kopsontai ep' auton kopeton hôs ep' agapèton, et pleurer amèrement sur lui comme le pleurer sur le premier-né,
hébreu ha-bekôr, grec prôtotokos... Zacharie 13, 1 : En ce jour-là sera une source ouverte pour la maison de David et pour
l'habitant de Jérusalem... Jean 19, 37 cite ce texte de Zacharie 12, 10.
- 12 -
et le oméga
oracle de yhwh dieu
celui qui est et qui était et qui vient
le dieu] des armées
8
1, 8 Moi je suis le alpha... et le oméga, oracle de YHWH... Grec legei kurios, il dit, Seigneur (sans article).
L'expression grecque legei kurios, il dit Seigneur, sans l'article, est la traduction constante de l'expression hébraïque neoum
YHWH, que nous avons pour habitude, dans nos traductions françaises de la Bible hébraïque, de traduire par : oracle de
YHWH. On pourrait aussi bien traduire : parole de YHWH. Genèse 22, 16, hébreu neoum YHWH, grec legei kurios. 1
Samuel 2, 30, neoum YHWH, grec eipen kurios. Amos 2, 11 : neoum YHWH, grec legei kurios ; 3, 10, idem ; 9, 13, idem.
Osée 2, 15 : neoum YHWH, grec legei kurios ; 11,11 idem, etc. Isaïe 1, 24 : C'est pourquoi parole du seigneur YHWH des
armées, hébreu laken neoum ha-adôn YHWH tzebaôt, grec dia touto legei ho despotes kurios sabaôt... Jérémie 23, 28 :
neoum YHWH, grec legei kurios ; 23, 29, idem ; 23, 30, idem. Ézéchiel 12, 25 neoum adônaï YHWH, grec legei kurios. Isaïe
56, 8 : neoum adônaï YHWH, grec eipen kurios. Zacharie 12, 1 : neoum YHWH, grec legei kurios. Psaume 110, 1 : neoum
YHWH la-adôni, parole de YHWH à mon seigneur, grec eipen ho kurios tô kuriô mou. On trouve aussi le mot hébreu neoum
attribué à des prophètes. Nombres 24, 3 : Parole prophétique de Bileam, neoum bileam, grec phèsin balaam. 2 Samuel 23, 1
: Parole prophétique de David, neoum dawid ben ischaï. Psaume 36, 2 : Parole du crime au méchant, neoum pescha la-
rascha. L'expression grecque legei kurios qui traduit constamment neoum YHWH se retrouve dans la seconde lettre de Paul
aux chrétiens de Corinthe, 6, 18.
Oracle de YHWH Dieu, celui qui est et qui était et qui vient, (le dieu) des armées... Kurios, sans article, nous l'avons
noté, c'est constamment, dans la traduction grecque de la Bible hébraïque, le terme qui correspond au tétragramme YHWH.
Le grec ho pantokrator est dans la grande majorité des cas le terme qui correspond à l'hébreu tze-baôt dans l'expression
YHWH elohei tzebaôt. 2 Samuel 5, 10 : Et il allait, David, il avançait (et devenait) grand et YHWH Dieu des armées (était)
avec lui, wa-YHWH elohei tzebaôt immô, grec kai kurios pantokrator met'autou. 2 Samuel 7, 8 : Ainsi a parlé YHWH des
armées, hébreu YHWH tzebaôt, grec kurios pantokrator. 2 Samuel 7, 26 : YHWH des armées, Dieu sur Israël, hébreu
YHWH tzebaôt elohim al-israel, grec kurie pantokrator... 2 Samuel 7, 27 : Parce que toi, YHWH des armées, Dieu d'Israël,
tu as dévoilé l'oreille de ton serviteur pour dire... Hébreu : YHWH tzebaôt elohei israel, grec kurie pantokrator theos israèl.
1 Rois 19, 10 : Être jaloux, j'ai été jaloux pour YHWH Dieu des armées parce qu'ils ont abandonné ton alliance... Hébreu :
la-YHWH elohei tzebaôt, grec tô kuriô pantokratori... Osée 12, 6 : Et YHWH Dieu des armées, hébreu wa-YHWH elohei
ha-tzebaôt, grec ho de kurios ho theos ho pantokrator. Amos 3, 13 : Oracle du Seigneur YHWH, Dieu des armées, hébreu
neoum-adônaï YHWH elohei ha-tzebaôt, grec legei kurios ho theos ho pantokrator. Amos 5 , 1 4 : YHWH elohei tzebaôt,
grec kurios ho theos ho pantokrator. Amos 5, 16 : C'est pourquoi ainsi parle YHWH Dieu des armées, YHWH elohei
tzebaôt, grec dia touto tade legei kurios ho theos ho pantokrator. La même expression traduite en grec de la même manière
plusieurs dizaines de fois, chez les prophètes Michée, Jérémie, Zacharie, etc. L'expression hébraïque YHWH tzebaôt n'était
pas traduite en grec, mais simplement transcrite, 1 Samuel 1,3: pour sacrifier à YHWH des armées, hébreu la-YHWH
tzebaôt, grec kuriô theô sabaôth. 1 Samuel 4, 4 : l'arche de l'alliance de YHWH des armées, berit YHWH tzebaôt, grec
kuriou ton dunameôn. 1 Samuel 17, 45 : Et moi je viens contre toi au nom de YHWH des armées, grec en onomati kuriou
sabaôth. Isaïe 1, 24 : C'est pourquoi, oracle du seigneur YHWH des armées, le fort d'Israël, hébreu laken neoum ha-adôn
YHWH tzebaôt abir israel, grec dia touto tade legei ho despotes kurios sabaôth... Isaïe 2, 12 : Car un jour (est) à YHWH
des armées, ki iôm la-YHWH tzebaôt, grec hèmera gar kuriou sabaôth... Le traducteur en langue grecque du rouleau d'Isaïe
n'a pas traduit l'hébreu tzebaôt par le grec pantokrator. Il a transcrit l'hébreu tzebaôt en caractères grecs, selon la manière
dont il le prononçait. Isaïe 3, 1 ; 5, 7 ; 6, 3 ; etc.
Le texte hébreu qui se trouvait sous notre texte grec Apocalypse 1, 8 peut donc se reconstituer de la manière suivante :
anôki (ou : anî) ha-aleph wa-ani ha-taw neoum YHWH elohei tzebaôt. Le traducteur en langue grecque a bien entendu
remplacé les lettres hébraïques aleph et tauw par les lettres grecques alpha et oméga. Il a traduit l'hébreu neoum YHWH
comme ses ancêtres par le grec legei kurios. Il a traduit l'hébreu tzebaôt comme ses ancêtres par le grec pantokratôr. Et il a
inséré entre ho theos, qui traduit l'hébreu elohim, et pantokratôr, qui traduit l'hébreu tzebaôt, la traduction développée du
tétragramme YHWH, troisième personne du verbe être ; il a traduit complètement : celui qui est, celui qui était, celui qui
vient. Un traducteur de Jérémie 1, 6 avait déjà traduit le tétragramme YHWH par le grec ho on, celui qui est. Mais il n'avait
pas développé la traduction, comme le fait le traducteur de l'Apocalypse.
9
1, 9 Moi Iohanan votre frère et votre compagnon dans la persécution... Grec thlipsis. Le verbe grec thlibein traduit dans
la majorité des cas le verbe hébreu tzarar ou bien une expression constituée avec le substantif tzar ou tzarah. Juges 10, 9 :
Et ils ont passé, les fils d'Ammôn, le Jourdain, pour faire la guerre même contre Juda et contre Benjamin et contre la maison
d'Ephraïm et ce fut une angoisse pour Israël, très grande, hébreu wa-tetzer le-israel meôd, grec traduction A kai ethlibesan
hoi huioi israèl sphodra, traduction B kai ethlibè israèl sphodra. 1 Samuel 28, 15 : Et il dit, Schaoul : une angoisse (est) à
- 13 -
moi très grande, hébreu tzar li meôd, grec thlibomai sphodra, et les Philistins font la guerre contre moi, et Dieu s'est retiré
de moi et il ne me répond plus, même par la main des prophètes et même dans les songes... 1 Samuel 30, 6 : Et ce fut une
angoisse, pour David, très grande, hébreu wa-tetzer le-dawid meôd, car ils parlaient de le tuer à coups de pierres, grec kai
ethlibè dauidsphodra. 2 Samuel • 13, 2 : Et ce fut un tourment pour Amnôn jusqu'à en être malade, hébreu wa-ietzer le-
amenôn, grec kai ethlibeto amnôn, à cause de Tamar... 2 Samuel 22, 7 : Alors que c'était l'angoisse pour moi, hébreu be-tzar
li, grec en tô thlibesthai me, j'ai crié vers YHWH... 1 Rois 8, 37 : Famine, lorsqu'il y aura dans le pays, la peste, lorsqu'elle
sera là, lorsqu'il le menacera et l'opprimera son ennemi, hébreu ki iatzar-lô ôiebô, grec kai ean thlipsè auton echthros
autou... Esdras 4, 1 : Et ils ont appris, ceux qui persécutaient et opprimaient Juda et Benjamin, hébreu tzarei, grec hoi
thlibontes, que les fils de la déportation bâtissaient le Temple pour YHWH... Néhémie 4, 5 : Et ils ont dit, nos persécuteurs
et oppresseurs, hébreu tzareinou, grec hoi thlibontes hèmas... Néhémie 9, 27 : Et tu les a donnés dans la main de leurs
persécuteurs et oppresseurs, hébreu be-iad tzareihem, grec en cheiri thlibontôn autous, et ils les ont persécutés et opprimés,
hébreu wa-iatzerou lahem, grec kai ethlipsan autous. Et au temps de l'oppression et de la persécution qu'ils subissaient,
hébreu wou-be-et tzaratam, grec en kairô thlipseôs autôn, ils ont crié vers toi, et toi depuis les cieux tu as entendu, et
conformément à tes entrailles de compassion (qui sont) nombreuses, tu leur as donné des hommes pour les sauver et ils les
ont sauvés de la main de ceux qui les opprimaient, hébreu mi-iad tzareihem, grec ek cheiros thlibontôn autous. Psaume 3, 2
: YHWH combien nombreux ceux qui me persécutent, marabbou tzarai, grec hoi thlibontes me, nombreux ceux qui se
lèvent contre moi... Psaume 1 3 , 5 : Afin qu'il ne dise pas, mon ennemi : Je l'ai emporté sur lui ! afin que mes persécuteurs,
hébreu tzarai, grec hoi thlibontes me, ne se réjouissent pas... Psaume 44, 8 : Car tu nous as sauvés de ceux qui nous
persécutent et nous oppriment, hébreu mi-tzareinou, grec ek ton thlibontôn hèmas... Psaume 143, 12 : Tu as détruit tous
ceux qui oppriment mon âme, kôl-tzôrarei napheschi, grec pantas tous thlibontas tèn psuchèn mou... Le mot grec thlipsis
dans la majorité des cas traduit l'hébreu tzar ou tzarah. Genèse 35, 3 : Au Dieu qui m'a répondu au jour où j'étais dans
l'angoisse, traduction littérale : au jour de mon angoisse, hébreu be-iôm tzarati, grec en hèmera thlipseôs. Genèse 42, 21 :
Au sujet de notre frère, nous avons vu l'angoisse de son âme, tzarat napheschô, grec tèn thlipsin tes psuchès autou, lorsqu'il
nous suppliait, et c'est pourquoi elle est venue sur nous cette angoisse, ha-tzarah ha-zôt, grec hè thlipsis autè... 1 Samuel 26,
24 : Et il m'a délivré de toute angoisse, mi-kôl tzarah, grec ek pasès thlipseôs. Thlipsis qui traduit l'hébreu tzar ou tzarah
signifie donc la persécution, l'oppression, et l'angoisse qui résulte de cette persécution, de cette menace, de cette oppression.
Matthieu 24, 9 : Alors ils vous livreront à la persécution, eis thlipsin, et ils vous tueront et vous serez haïs par toutes les
nations païennes à cause de mon nom.
La persécution contre la communauté chrétienne de Jérusalem a commencé aussitôt après la résurrection du Seigneur.
Actes 4, 4 : Tandis qu'ils parlaient en s'adressant au peuple, sont venus auprès d'eux les kôhanim et le gouverneur du Temple
et les Sadducéens. Ils étaient fâchés parce qu'ils (= Pierre et Jean) enseignaient le peuple et parce qu'ils annonçaient, en
Ieschoua, la relevée d'entre les morts. Et ils ont jeté sur eux les mains et ils les ont mis en prison jusqu'au lendemain... Actes
5, 17 : Il se leva, le grand prêtre et tous ceux qui étaient avec lui (construction hébraïque : wa-iaqam ha-kôhen ha-gadôl we-
kôl ascher ittô, le verbe, au singulier, est en tête, suivi de plusieurs sujets ; comme d'habitude le traducteur a remplacé le
verbe à l'indicatif en hébreu par un participe grec) — c'est le groupe — grec airesis qu'il ne faut pas traduire par hérésie ni
par secte — des Sadducéens. Ils étaient remplis de jalousie et ils ont jeté — en hébreu le verbe schalah, envoyer — les
mains sur les envoyés et ils les ont jetés dans la prison publique... Actes 6, 8 : Stephanos plein de grâce et de puissance
faisait des miracles et des signes grands au milieu du peuple. Alors se levèrent certains de ceux qui faisaient partie de la
synagogue dite des Affranchis et des Cyrénéens et des Alexandrins et de ceux qui venaient de Cilicie et d'Asie et ils se
disputèrent avec Stephanos... Actes 7, 57 : Alors ils se sont mis à crier avec de grands éclats de voix et ils se sont bouché les
oreilles et ils se sont jetés sur lui. Ils l'ont poussé hors de la Ville et ils l'ont tué à coups de pierre. Et les témoins ont déposé
leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme qui s'appelait Schaoul. Et ils ont tué Stephanos à coups de pierres. Lui il priait
et il disait : Seigneur Ieschoua, reçois mon esprit. Il s'est mis à genoux et il a crié d'une grande voix : Seigneur, ne leur
impute pas ce crime ! Il a dit cela et il s'est couché (avec ses pères = il est mort). Schaoul était d'accord pour qu'on le mette à
mort. Actes 8, 1 : Il y a eu en ce jour-là une grande persécution — grec diôgmos, hébreu probable radaph, le verbe grec
diôkein traduit régulièrement le verbe hébreu radaph — contre la communauté, grec ekklèsia, hébreu qahal ou qehila, qui
(est) à Jérusalem. Tous ont été dispersés dans les campagnes de la Judée et de la Samarie, sauf les envoyés. Ils ont emporté
Stephanos, des hommes pieux (construction hébraïque : le verbe en tête, le sujet à la suite) et ils ont fait une grande
lamentation sur lui. Quant à Schaoul, il ravageait la communauté (grec ekklèsia). Il allait de maison en maison, il arrachait
les hommes et les femmes et il les faisait jeter en prison. Actes 8, 4 : Ceux qui avaient été dispersés allaient de région en
région et ils annonçaient l'heureuse nouvelle... Actes 9, 1 : Quant à Schaoul, il respirait encore la menace et le meurtre
contre les disciples du Seigneur. Il est allé trouver le grand prêtre et il lui a demandé des lettres pour Damas, pour les
synagogues, en sorte que s'il en trouvait, qui faisaient partie de cette voie (grec hodos, hébreu derek, pour désigner une
doctrine, en l'occurrence la doctrine chrétienne), que ce soient des hommes ou des femmes, il puisse les amener enchaînés à
Jérusalem... Actes 11, 19 : Ceux qui avaient été dispersés à cause de la persécution, grec thlipsis, qui était survenue à propos
de Stephanos, sont passés jusqu'en Phénicie et jusqu'à Chypre et à Antioche. Ils n'ont dit la chose, grec logos, hébreu dabar,
l'affaire, à personne si ce n'est seulement aux Judéens. Mais certains d'entre eux, des hommes de Chypre et de Cyrène, sont
venus à Antioche et ils ont dit la chose, l'affaire, aussi aux Grecs ! Ils ont annoncé l'heureuse nouvelle du Seigneur Ieschoua.
- 14 -
persécution, huper tes thlipseôs, celle que nous avons subie, celle qui est survenue en Asie, que c'est au-delà de nos forces
que nous avons été surchargés en sorte que nous avons douté même de continuer à vivre... La question est de savoir si
l'Apocalypse a été écrite avant ou après cette seconde lettre aux Corinthiens qui date des
années 56 ou 57.
Et l'espérance qui est en Ieschoua... Grec hupomonè ; en grec naturel : le pouvoir ou la force de résister à, de supporter.
Traduction de l'hébreu miqeweh, l'espérance, 1 Chroniques 29, 15 ; Esdras 10, 2 — ou tiqewah, l'espérance, Job 14,
19 ; Psaume 9, 18 ; etc. Le mot grec elpis traduit lui aussi l'hébreu tiqewah.
J'ai été dans l'île appelée Patmos... Dès le ne siècle avant notre ère, Patmos n'était pas une île déserte, une île à chèvres.
C'était au contraire une île débordante de vie, avec une population nombreuse, (H. D. Saffrey, Relire l'Apocalypse à Patmos,
Revue Biblique, 1975, 397). Patmos n'est pas connue dans l'Antiquité comme une île de déportation. Au contraire, c'était une
île active et vivante, non seulement par son gymnase mais aussi par son temple d'Artémis (ibid., p. 398). Le culte d'Artémis y
était célébré solennellement (p. 407).
Pour la parole de Dieu... On peut traduire aussi : à cause de la parole de Dieu. Le grec dia traduit l'hébreu baabour,
Genèse 12, 16 ; 18, 26 ; 26, 24 ; Exode 13, 8 ; 1 Samuel 12, 22 ; 2 Samuel 5, 12 ; 7, 21 ; 9, 7 ; 13, 2 ; etc. Mais il peut traduire
aussi l'hébreu le-maan Juges 3, 2 ; 1 Rois 11, 12 ; 11, 13 ; 11, 32 ; 15, 4 ; 2 Rois 8, 19 ; 2 Rois 13, 23 ; 19, 34 ; 20, 6, etc. La
traduction la plus probable est donc : pour, en faveur de, en vue de, ou à cause de... Jean ne dit pas qu'il a été déporté dans l'île
de Patmos. Il dit qu'il a été dans l'île de Patmos pour communiquer, pour faire connaître la parole de Dieu, et pour attester la
vérité de la personne de Ieschoua. Cette notion d'attestation, en grec marturia, en hébreu edout, est commune à l'Apocalypse
et à l'Évangile de Jean — Jean 1,7; 1, 19; 3, 11; 3, 32 ; 3, 33 ; 5, 31 ; 5, 32 ; 8, 13 ; 8, 14 ; 8, 17 ; 19, 35 ; 21, 24 —. Nous nous
demandons si le Jean de l'Apocalypse est le même que le Jean de l'Évangile, ou non...
10
1, 10 Comme la voix du schophar... Nous traduisons le mot grec salpigx par l'hébreu schophar parce que de fait le grec
salpigx dans nombre de cas traduit l'hébreu schophar, qui est une trompe, une corne. Pour un lecteur français d'aujourd'hui,
une trompette a un son aigu. Le schophar rend au contraire un son de basse. Exode 19, 16 : Et il advint au troisième jour
lorsque ce fut la matin, alors il y a eu des voix et des éclairs et une nuée pesante sur la montagne et une voix de schophar très
puissante, hébreu we-qôl schophar hazaq meôd, grec phônè tes salpiggos, et il a tremblé, tout le peuple qui (était) dans
le camp.
11
1, 11 Et elle a dit... Qui a dit ? C'est la voix qui était puissante comme celle du schophar. Les savants commentateurs
de l'Apocalypse se lamentent, par exemple E. B. Allô, 1933, parce que le participe grec legousès s'accorde ici avec la trompette,
grec salpiggos, au génitif, et non, comme il devrait, avec la voix, grec phônèn, à l'accusatif ! Le P. Allô note sévèrement : «
Signe certain de négligence de style ». Si l'on reconstitue le texte hébreu qui se trouve sous notre texte grec, le phénomène
s'explique. Comme nous l'avons noté et souligné dans notre traduction précédente, l'Évangile de Jean, les inconnus qui ont
traduit la Bible hébraïque de l'hébreu en grec à partir du rve siècle avant notre ère, ont aimé remplacer le verbe hébreu à
l'indicatif par un participe grec. Les traducteurs en langue grecque des documents hébreux qui constituent la bibliothèque de
la nouvelle alliance ont fait de même. C'est le cas ici. L'hébreu sous-jacent portait probablement : Waiômer, et il a dit... Le
traducteur en langue grecque de notre document hébreu a voulu mettre ici un participe grec, et de fait il l'a mal accordé, ce
qui lui vaut la mauvaise note du P. Allô, qui suppose que l'Apocalypse a été rédigée directement en grec, ce qui est la
doctrine généralement admise de l'École biblique de Jérusalem, depuis le bon P. Lagrange. Nous restaurons le verbe à
l'indicatif et nous éliminons donc l'accord du participe.
Écris-le dans un rouleau, grec eis biblion, hébreu el- sepher. Rouleau de papyrus.
Et envoie aux sept communautés, à Éphèse et à Smyrne et à Pergame et à Thyatire et à Sardes et à Philadelphie et à
Laodicée„. Pourquoi sept communautés chrétiennes et pourquoi sept seulement ? Les savants commentateurs répondent :
- 16 -
sept était un nombre sacré ! Il lui en fallait sept, et sept seulement ! Mais alors pourquoi ces sept communautés-là, et pas les
autres ? Car les savants commentateurs supposent le plus souvent, et en majorité, que l'Apocalypse a été écrite tout à fait à
la fin du premier siècle de notre ère, sous le règne de l'empereur Domitien, qui a régné entre 81 et 96, ou plus tard, au
commencement du second siècle. Dans ce cas-là, pourquoi sept églises seulement et pourquoi celles-là et pas les autres, qui
existaient à la fin du premier siècle de notre ère et au commencement du second ? Pourquoi Colosses, Hiérapolis, Troas,
Tralles, Magnésie, Milet, etc., ne sont-elles pas nommées ? Thyatire et Philadelphie étaient des villes plus petites, moins
importantes que plusieurs qui ne sont pas nommées, Hiérapolis, Tralles et Magnésie ? Une hypothèse simple, beaucoup trop
simple — il faut dire simpliste dans ce cas-là — c'est que lorsque Jean a écrit l'Apocalypse, les églises de la fin du Ier siècle
et du commencement du IIe siècle n'existaient pas encore, et qu'il a nommé celles qu'il connaissait, lorsqu'il a écrit
l'Apocalypse... Ce qui nous oblige à reculer sérieusement la date de la composition de l'Apocalypse. A propos de la
simplicité des hypothèses, il convient de se souvenir de ce qu'enseigne l'histoire des sciences. Les hypothèses compliquées
ne sont pas forcément les meilleures, et les hypothèses les plus simples sont aussi souvent les vraies. Ainsi en cosmologie, si
l'on suppose que l'univers se réduit à notre système solaire, et si l'on suppose que la terre est au centre de l'univers, il en
résulte un système d'une extraordinaire complexité. Si l'on suppose que le soleil est au centre du système solaire, il en
résulte un système d'une extrême simplicité. De même en physique, en biologie, en médecine, ce sont les hypothèses les
plus simples qui s'avèrent finalement être les bonnes. Le très célèbre problème synoptique est d'une extraordinaire
complexité si l'on suppose que les trois Évangiles synoptiques ont été mis par écrit à la fin du premier siècle de notre ère,
directement en langue grecque, et que l'Évangile de Marc est le premier de tous, parce qu'il est le plus simple ! Le problème
synoptique se simplifie si l'on suppose que les Évangiles de Matthieu, de Luc et de Marc sont en fait des traductions en langue
grecque de documents hébreux, qui parfois ont été communs aux trois traducteurs...
Les sept églises que Jean connaît et qu'il nomme constituent, pour lui qui regarde les choses depuis l'île de Patmos, un
superbe chandelier à sept branches qui éclaire l'Asie, ce qu'on entendait en ce temps-là par l'Asie.
Le premier voyage missionnaire de Paul commence, selon certains savants, au printemps de l'année 44, selon d'autres en 45.
Paul et ses compagnons descendent depuis Antioche de Syrie jusqu'à Séleucie, Actes 13, 4, et de là ils s'embarquent pour l'île
de Chypre. Ils parviennent à Salamine. Ils annoncent la parole de Dieu dans les synagogues des Judéens. Ils avaient avec eux
Jean, celui qui était surnommé Marcus, le marteau. Ils traversent toute l'île jusqu'à Paphos. Ils embarquent de nouveau à
Paphos et font la traversée jusqu'à Pergé de la Pamphylie. Jean surnommé Marcus se sépare d'eux et retourne à Jérusalem.
Paul et ses compagnons grimpent jusqu'à Antioche de Pisidie. Ils entrent dans la synagogue le jour du schabbatôn,
transcription grecque tè hèmera ton sabbatôn. Après la lecture de la torah et des prophètes, ils lui envoient, les chefs de la
synagogue (sous-entendu : quelqu'un, tournure hébraïque) pour dire : Frères, s'il est à vous (tournure hébraïque) une parole de
consolation pour le peuple (pour le peuple hébreu), venez parler ! Paul se lève et rappelle à son auditoire l'histoire du peuple
hébreu depuis les pères et le séjour en Égypte. Puis il annonce Ieschoua, sôtèra ièsoun, en hébreu deux fois la racine iascha,
sauver, Actes 13, 23. Frères, fils d'Abraham, ajoute Paul, Actes 13, 26, c'est à vous, c'est à nous tous (humin ou hèmin selon
les manuscrits) que cette parole de salut, hébreu debar ha-ies-choua, a été envoyée, hébreu schalah. Car ceux qui habitent à
Jérusalem (ceux que l'Évangile de Jean appelle les Judéens) et leurs chefs, ils n'ont pas connu celui-ci ( = Ieschoua) et ils ont
rempli (expression hébraïque) les paroles des prophètes qui sont lues lors de chaque schabbat. Ils l'ont jugé et condamné.
Alors qu'ils ne trouvaient en réalité aucune cause de mise à mort, ils ont demandé à Pilatus de le tuer. Mais Dieu l'a relevé
d'entre les morts. Lui il s'est fait voir pendant plusieurs jours à ceux qui étaient montés avec lui depuis la Galilée jusqu'à
Jérusalem. Ce sont eux qui maintenant sont ses témoins pour le peuple. Et quant à nous, nous vous annonçons l'heureuse
nouvelle de la promesse qui a été faite à nos pères. Elle est arrivée. Car cette promesse, Dieu l'a réalisée (il l'a remplie,
expression hébraïque), pour nous qui sommes les fils (des ancêtres). Il a relevé Ieschoua, comme il était écrit dans le psaume
second... David s'est couché avec ses pères, il a été recueilli avec ses pères et il a vu la corruption. Celui que Dieu a relevé n'a
pas vu la corruption... Lors du schabbat suivant, Actes 13, 44, presque toute la ville d'Antioche de Pisidie s'était réunie pour
entendre la parole du Seigneur. — La communauté se divise en deux ; une partie, appelée ici hoi ioudaioi, les Judéens,
comme l'Évangile de Jean, s'oppose à ce que Paul enseigne. Paul et Barnabas leur disent, Actes 13, 46 : C'est à vous qu'il
était nécessaire, tout d'abord, que soit dite la parole de Dieu. Mais puisque vous la rejetez et puisque vous ne vous jugez pas
dignes vous-mêmes de la vie éternelle, voici que nous nous tournons vers les païens ! Et Paul cite ce texte d'Isaïe 49, 6 : Je
t'ai donné d'être la lumière des nations païennes ! D'être mon salut jusqu'au bout de la terre ! Les païens qui ont entendu se
sont réjouis et ont glorifié la parole du Seigneur, et ils ont été certains de la vérité, ceux qui étaient disposés à la vie
éternelle. Et elle s'est répandue, la parole du Seigneur, par toute la région.
Les persécutions commencent contre Paul et ses compagnons, Actes 13, 50. Nous sommes donc en 49 ou 50. Eux, Paul
et ses compagnons, secouent la poussière de leurs pieds, et ils vont à Iconium, en grec Ikonion. A Ikonion, Actes 14, Paul et
ses compagnons entrent dans la synagogue des Judéens et ils ont parlé, en sorte qu'ils ont été certains que c'était vrai, parmi
les Judéens et parmi les Grecs, un très grand nombre. Ceux qui se sont opposés, parmi les Judéens, poussent les esprits des
païens contre les frères. La ville se divise en deux, Actes 14, 4. Les uns sont dans le camp des Judéens, et les autres du côté
des envoyés (apostolois). Il s'ensuit un soulèvement des païens et des Judéens avec leurs chefs pour les tuer à coups de
pierres. Alors ils se sont enfuis dans les villes de la Lycaonie, Lystre et Derbé, et dans la région avoisinante. Et là ils ont
annoncé l'heureuse nouvelle. Depuis Antioche de Pisidie et depuis Ikonion sont venus des Judéens, Actes 14, 19. Ils ont
- 17 -
persuadé la populace. Ils se sont mis à jeter des pierres sur Paul. Ils l'ont traîné hors de la ville car ils pensaient qu'il était
mort. Le lendemain, Actes 14, 20, Paul est reparti avec Barnabas pour la ville de Derbé, le terme extrême de ce premier
voyage. Ils ont annoncé l'heureuse nouvelle dans cette ville, Actes 14, 21, ils ont instruit quelques disciples, et ils sont
retournés à Lystre, puis à Ikonion, puis à Antioche de Pisidie. Ils ont fortifié les âmes des disciples. Ils leur ont recommandé
de tenir ferme dans la certitude de la vérité, pistis. Et ils ont dit : C'est à travers de nombreuses persécutions que nous allons
entrer dans le royaume — ou le règne — de Dieu ! Ils ont traversé de nouveau la Pisidie, ils sont parvenus en Pamphylie. A
Pergé ils ont dit la parole et ils sont descendus jusqu'au port appelé Attaleia. Et de là ils ont pris un bateau pour retourner à
Antioche de Syrie. Lorsqu'ils sont arrivés, ils ont réuni la communauté chrétienne d'Antioche, et ils ont annoncé tout ce que
Dieu avait fait avec eux, et que Dieu avait ouvert aux païens la porte de la certitude de la vérité, thuran pisteôs.
Nous sommes, selon certains savants, autour de l'année 47. Selon d'autres, autour de l'année 49. Quoi qu'il en soit de
cette question de datation, ce qui est sûr c'est que lors de ce premier voyage, Paul et ses compagnons n'ont pas été dans cette
région qu'en ce temps-là on appelait l'Asie, la région dans laquelle se trouvent les églises auxquelles Jean écrit des lettres
dans l'Apocalypse. Mais nous savons par ces récits du livre des Actes que les persécutions commencées à Jérusalem, se
poursuivent dans ces régions de la Diaspora.
Le deuxième voyage missionnaire de Paul commence au printemps de l'année 49 selon certains savants, en 50 selon
d'autres. Actes 15, 36 : Après un certain temps, il dit à Barnabas, Paul : Retournons et allons visiter les frères dans toute
ville, dans chaque ville dans laquelle nous avons annoncé la parole du Seigneur, et voyons ce qu'ils sont devenus. Barnabas
voulait emmener aussi Iohanan, celui qui est surnommé Marcus. Mais Paul a estimé que celui qui s'est séparé d'eux depuis
la Pamphylie et qui ne les a pas accompagnés dans le travail, il a jugé bon de ne pas le prendre avec lui. Alors il y eut une
discussion si vive qu'ils se sont séparés, chacun de son compagnon. Barnabas a pris avec lui Jean surnommé Marcus, et ils
sont partis en bateau pour aller dans l'île de Chypre.
Nous ne savons pas où ils sont allés ensuite. C'est là la question, l'une des questions.
Paul a pris avec lui Silas. Il a traversé la Syrie, depuis Antioche, en remontant, et la Cilicie, Actes 15, 41, et il fortifiait
les communautés chrétiennes. Il atteint Derbé et Lystre, c'est-à-dire qu'en somme il reprend son premier périple par la fin,
par l'extrémité, à savoir Derbé, Actes 16, 1. Il prend avec lui Timothée. Il traverse la Phrygie et la région appelée Galatie. Ils
ont été empêchés par le Saint-Esprit de dire la parole en Asie — ce qu'on appelait alors l'Asie, c'est-à-dire précisément la
région couverte par les villes auxquelles s'adresse Jean depuis l'île de Patmos — Actes 16, 6. Paul et ses compagnons vont
de la Galatie en Mysie. Ils tentent, ils essaient, grec epeirazon, d'aller en Bithynie, et il ne le leur permit pas, l'Esprit de
Ieschoua, Actes 16, 7. A travers la Mysie, Paul et ses compagnons descendent jusqu'à Troas, Actes 16, 8. Paul a vu, durant
la nuit, un homme, un homme de la Macédoine qui se tenait debout et qui le suppliait : Passe en Macédoine et viens à notre
secours ! Actes 16, 9. Aussitôt le petit groupe s'efforce de passer en Macédoine. Le rédacteur du livre des Actes à partir de
ce moment-là s'exprime en disant « nous » : il fait partie du groupe des voyageurs. De Troas le petit groupe se dirige vers
Samothrace, puis, dès le lendemain, vers Néapolis de Macédoine. De là ils vont à Philippes, ville reconstruite par Philippe
de Macédoine en 356 avant notre ère. C'était, lorsque Paul et ses compagnons y parviennent, une colonie romaine. Paul et
ses compagnons restent quelques jours à Philippes. De Philippes, Paul et ses compagnons vont à Thessalonique, où il y avait
une synagogue des Judéens, Actes 17, 1. Selon son habitude, Paul entre dans la synagogue le jour du schabbat, grec ici
sabbata, simple transcription — trois fois de suite, Paul, selon sa coutume, procède à partir des saintes Écritures, apo ton
graphôn. Il explique les textes et il montre que, selon les saintes Écritures, le Christ devait souffrir, Actes 17, 3, et se relever
d'entre les morts. C'était en effet l'une des difficultés principales pour les frères et les sœurs des synagogues de la Diaspora,
comme pour les frères et les sœurs de Jérusalem, que cette découverte du Fils de l'Homme livré aux païens et mort sur la
croix, puisque l'attente était celle d'un guerrier vainqueur. Il fallait donc expliquer, à partir des saintes Écritures, que de fait
le Fils de l'Homme, celui en qui et par qui Dieu achève sa création, allait souffrir par la main de l'homme. Toute l'histoire du
prophétisme hébreu enseigne que Dieu le créateur rencontre une résistance violente lorsqu'il communique son message
créateur par l'intermédiaire de son serviteur le prophète. Ne pouvant atteindre Dieu le créateur, la vieille humanité s'en prend
à celui qui communique le message ou l'information créatrice, c'est-à-dire le prophète. Paul établit, toujours à partir des
saintes Écritures, que celui-ci, à savoir Ieschoua ha-nôtzeri, c'est lui le meschiah attendu, Actes 17, 3. Comme cela s'est
produit dans les voyages précédents, et dans les villes antérieurement visitées, la communauté se divise en deux, comme une
cellule. Une partie d'entre elle reçoit le message ou l'information communiquée par Paul et par Silas. C'est le germe initial
d'une nouvelle communauté chrétienne, d'une nouvelle église, Actes 17, 4. Une autre partie de la communauté de
Thessalonique ne reçoit pas ce nouveau message. C'est la persécution qui commence à rencontre de la nouvelle
communauté chrétienne, Actes 17, 5. Paul et Silas vont de Thessalonique à Bérée. Paul et Silas vont à la synagogue des
Judéens, la maison de réunion des Judéens, en grec suna-gôgè. Chaque jour ils examinent les saintes Écritures pour voir s'il
en est bien comme le disent Paul et Silas, Actes 17, 11. Un grand nombre d'entre eux est certain de la vérité de ce que Paul
enseigne. C'est une nouvelle communauté chrétienne qui est fondée ou formée. Lorsque les Judéens de Thessalonique ont
appris que dans la ville de Bérée aussi, elle était annoncée par Paul, la parole de Dieu, alors ils sont venus ici aussi, et ils ont
ameuté les foules, Actes 17, 13. Paul se rend à Athènes, sans doute par la mer. Nous sommes probablement en l'année 50,
ou autour de l'année 50. Depuis Athènes, Paul se rend à Corinthe. Il y reste un an et demi. Il y travaille à son métier. Il
tissait de la toile de tente. Il discute dans la maison de réunion, sunagôgè, lors de chaque schabbat, Actes 18, 4. Il rencontre
- 18 -
une résistance comme dans les précédentes communautés. Schaoul dit à ceux qui s'opposent violemment au message
nouveau qu'il apporte : Votre sang est sur votre tête ! Moi je suis innocent (de votre sang) ! — C'est une vieille expression
hébraïque, bien connue de ceux à qui il s'adresse. Lévitique 20, 9 : L'homme qui maudit son père et sa mère, mourir il
mourra ! Son père et sa mère il a maudit ! Son sang sur lui ! Lévitique 20, 11 : L'homme qui couche avec la femme de son
père, c'est la nudité de son père qu'il a dévoilée ! Mourir ils mourront tous les deux ! Leurs sangs sur eux ! 2 Samuel 1, 16 :
Ton sang sur ta tête ! 2 Samuel 3, 28 : Je suis innocent, moi et mon royaume, du sang d'Abner ! 1 Rois 2, 37 : Et il
adviendra que, au jour où tu sortiras et où tu traverseras le torrent du Qiderôn, savoir sache-le, que mourir tu mourras ! Ton
sang sera sur ta tête ! — Et Paul ajoute, tout comme il l'avait fait quelques années plus tôt dans la maison de réunion
d'Antioche de Pisidie, Actes 13, 46 — Paul ajoute encore dans la maison de réunion de Corinthe, Actes 18, 6 : A partir de
maintenant, c'est vers les païens que je vais aller ! Il entra dans la maison d'un certain Titius Justus. Sa maison était contiguë
à la maison de réunion. Krispos, le chef de la synagogue de Corinthe, a été certain de la vérité du Seigneur, avec toute sa
maison, Actes 18, 8. La communauté de Corinthe s'était divisée en deux, comme une cellule vivante. Une partie de cette
communauté a formé la communauté chrétienne de Corinthe, celle qui a reçu le message communiqué par Paul et ses
compagnons. Les païens entrent en masse dans cette cellule germinale nouvelle. Paul est resté à Corinthe un an et six mois,
Actes 18, 11. Il enseignait parmi eux la parole de Dieu. Le gouverneur de la province était le proconsul Gallion. C'était le
frère de Sénèque le philosophe. Il est nommé dans une inscription de Delphes des années 51-52. L'empereur Claude qui
règne de 41 à 54 l'a nommé gouverneur de l'Achaïe. Voilà donc un repère solide. Les Judéens, grec oi ioudaioi, qui n'ont pas
reçu le message communiqué par Paul, conduisent Paul au tribunal du proconsul romain. Ils disaient : C'est contre la torah
qu'il persuade, cet individu, les hommes d'honorer Dieu ! Actes 18, 13. Paul a voulu ouvrir la bouche pour répondre mais
Gallion dit aux Judéens rassemblés : S'il s'agissait d'un acte illégal ou d'un crime, je vous écouterais. Mais s'il s'agit de
discussions qui portent sur des mots, sur des noms et sur votre torah, voyez vous-mêmes ! Juge dans ce genre d'affaires, moi
je ne veux pas l'être ! Et il les a fait sortir de son tribunal. Alors tous ont pris Sôsthène, le chef de la synagogue, et ils l'ont
battu en face du tribunal. Et de tout cela, Gallion ne s'en est pas soucié, Actes 18, 17. Paul est resté encore quelques jours à
Corinthe, et puis il est parti en bateau pour la Syrie. Il débarque avec ses compagnons, Priskilla et Akylas qui le suivent. A
Éphèse, Paul entre dans la maison de réunion, sunagôgè et il discute avec les Judéens, Actes 18, 19. Nous sommes donc
probablement en l'année 51. Les frères d'Éphèse demandent à Paul de rester plus longtemps avec eux, mais Paul n'a pas
voulu rester davantage. Il leur a dit : Je reviendrai vous voir, si Dieu le veut. Et il a quitté Éphèse. Il est descendu à Césarée
de Palestine. Il monte (à Jérusalem ?), il salue la communauté chrétienne, et puis il descend à Antioche. Paul a donc passé
peu de temps à Éphèse.
La question est de savoir si l'Apocalypse a été écrite avant ce bref passage de Schaoul-Paul à Éphèse, sans doute en 51,
ou après. La question est aussi de savoir qui a fondé l'église d'Éphèse, qui a apporté de Jérusalem à Éphèse la semence ou,
en langage moderne, l'information. C'est précisément ce que nous ne savons pas. Nous ne savons pas qui a fondé ou
ensemencé les églises d'Asie auxquelles Jean, depuis l'île de Patmos, adresse ses lettres. Nous ne savons pas non plus qui a
fondé ou ensemencé l'église de Rome, qui a porté la semence à Rome. Il est plus que vraisemblable que des frères au retour
de la fête de pesa h de l'année en laquelle le Seigneur a été crucifié — année qui n'est pas déterminée d'une manière certaine,
les uns pensent l'année 30, d'autres l'année 33 — ont porté la semence, à Rome et dans ces cités de l'Asie que sont Éphèse,
Pergame, etc. Lorsque Paul y est passé en l'année 51, il existait donc déjà une église à Éphèse. Ce n'est pas Paul qui a porté
la première semence.
Le troisième voyage missionnaire de Paul commence au printemps 52 selon certains savants, en 53 selon d'autres. Paul a
séjourné quelque temps à Antioche de Syrie, Actes 18, 23. Il traverse de nouveau la région appelée Galatie et la Phrygie. Il
traverse de nouveau les régions. Il passe de nouveau par les villes qu'il a ensemencées, Derbé, Lystre, et grimpe sur les hauts
plateaux de la Galatie et de la Phrygie. Il fortifie les frères des communautés qu'il a fondées lors de ses précédents voyages,
Actes 18, 23. Ici le livre des Actes nous raconte, Actes 18, 24, qu'un Judéen appelé de son nom grec Apollôs, qui venait
d'Alexandrie, un homme très savant, est arrivé à Éphèse. Il était très puissant dans la connaissance des saintes Écritures. Il
avait été instruit de la voie, grec odos, hébreu derek, du Seigneur. Il était ardent par l'esprit et il enseignait d'une manière
exacte ce qui concerne Ieschoua le christ. Mais il ne connaissait que le baptême de Jean. Il s'est mis à parler dans la maison
de réunion, sunagôgè. Priskilla et Akylas, qui étaient venus à Éphèse avec Paul lors du précédent voyage, l'ont écouté, ils
l'ont pris à part et lui ont exposé d'une manière plus exacte la voie de Dieu. Il voulait passer en Achaïe. Les frères de la
communauté chrétienne d'Éphèse ont écrit aux frères des communautés chrétiennes d'Achaïe de le recevoir. Il démontrait
par les saintes Écritures que Ieschoua est le meschiah, Actes 18, 28. Lorsque Apollôs était à Corinthe, Paul, après avoir
traversé les hauts plateaux, est arrivé à Éphèse, Actes 19, 1. Nous sommes donc probablement au printemps de l'année 53.
Paul a trouvé à Éphèse certains disciples. Il leur a demandé : Est-ce que vous avez reçu l'Esprit saint lorsque vous avez été
certains que c'est vrai ? Et eux, ils lui ont répondu : Mais nous n'avons jamais entendu dire qu'il existe un Esprit saint ! Alors
Paul leur a dit : Au nom de qui avez-vous été baptisés ? Et eux ils ont dit : Nous avons été plongés dans l'eau au nom de
lohanan ! Alors il leur a dit, Paul : Iohanan a plongé les gens dans l'eau, mais son baptême était un baptême de repentance. Il
a parlé au peuple en vue de celui qui allait venir, après lui, c'est-à-dire en vue de Ieschoua. Lorsqu'ils ont entendu cela, ils
ont été plongés dans l'eau au nom du Seigneur Ieschoua. Paul a posé ses mains sur eux et il est venu, l'Esprit saint, sur eux.
Ils se sont mis à parler dans des langues et à prophétiser. Ils étaient, tous ces hommes, environ douze. Paul est entré dans la
- 19 -
et de sa bouche
une épée à deux gueules aiguisée
sortait
et ce qu’on voyait de lui
[c'était] comme le soleil
lorsqu’il brille dans toute sa puissance
dure » note le P. Allô. Elle s'explique par l'hébreu ka-schemesch ha-meïr, Delitzsch.
17
1, 17 Moi je suis le premier et je suis celui qui vient après... Isaïe 44, 6 : Ainsi a dit YHWH roi d'Israël et celui qui l'a
racheté pour le délivrer, YHWH des armées : Moi (je suis) le premier et moi (je suis) (celui qui sera) après, et à part moi il
n'y a pas de dieu ! Hébreu : ani rischôn wa-ani aharôn. Aharôn ne signifie pas le dernier, mais ce qui vient après. D'ailleurs
ici les inconnus qui ont traduit de l'hébreu en grec le rouleau d'Isaïe ont traduit : ego prôtos kai egô meta tauta. On n'a donc
pas le recours de dire que Jean a recopié la traduction dite des Septante. Le traducteur de l'Apocalypse a traduit le texte
d'Isaïe par ses propres moyens et il a utilisé la correspondance habituelle entre l'hébreu ahar, ahôr, aharôn ou aharit et le
grec eschatos, Genèse 33, 2 ; 49, 1 ; Exode 4, 8 ; Nombres 24, 14 ; Deutéronome 4, 30 ; 8, 16 ; etc. C'est-à-dire que le
traducteur en langue grecque du texte hébreu de l'Apocalypse a utilisé le lexique — ou l'un des lexiques — hébreu-grec qui
existaient, celui qui a commandé à la traduction en langue grecque de la Bible hébraïque. L'erreur, de notre part, serait de
partir du texte grec comme s'il était premier ou original, et de traduire le grec eschatos par dernier. Isaïe 48, 12 : Écoute vers
moi Iaaqôb ! Et Israël, toi qui es appelé par moi ! C'est moi ! — hébreu ani hou — Moi (je suis) le premier, hébreu ani
rischôn, grec egô eimi prôtos, et même moi (je suis) (celui qui sera) après, hébreu aph ani aharôn, grec kai egô eimi eis ton
aiôna. Là encore les traducteurs inconnus n'ont pas traduit l'hébreu aharôn par eschatos, comme c'était le cas le plus
souvent dans la traduction antérieure de la Bibliothèque hébraïque. Ils ont traduit par : et moi je suis dans ou pour la durée
éternelle à venir, eis ton aiôna qui correspond le plus souvent à l'hébreu le-ôlam.
18
1, 18 Pour les durées éternelles des durées éternelles à venir... Le grec aiôn traduit l'hébreu olam. Ici nous avons ôlam
au pluriel deux fois dans une construction analogue à schir ha-schirim, le chant des chants, le chant par excellence.
A moi sont les clefs... Construction hébraïque restaurée, puisque l'hébreu n'a pas le verbe avoir. Les clefs du scheôl... Le
grec hadès, aidés, nom du roi des enfers chez Homère, d'où la signification : chez Hadès, dans la demeure de Hadès, c'est-à-
dire dans le séjour des morts, a été adopté par les traducteurs en langue grecque de la Bibliothèque hébraïque pour traduire
l'hébreu scheôl, qui désigne aussi le séjour des morts. Genèse 37, 35 ; 42, 38 ; 44, 29 ; 44, 31 ; Nombres 16, 30 ; 16, 33 ; etc.
Nous restaurons donc le mot hébreu qui était sous le mot grec. Nous aurions pu aussi traduire dans le texte : le séjour des
morts.
- 23 -
19
1, 20 Le secret des sept étoiles... Grec mustèrion. Le verbe grec muô signifie : être fermé, en parlant des yeux ou de la
bouche ; fermer les yeux ou la bouche. Le mot grec musterion traduit l'hébreu sôd, Siracide 3, 18 et l'araméen raz ou razah,
Daniel 2, 18 ; 2, 19 ; 2, 27 ; 2, 28 ; 2, 29 ; 2, 30 ; 2, 47. En français, aujourd'hui fin du xxe siècle, le mystère c'est ce qui n'est
pas compréhensible, ce qui n'est pas intelligible. Dans la langue de Paul et de Jean, c'est exactement le contraire. Le
musterion est le secret intelligible, le secret ontologique qui porte sur la réalisation de la création et du dessein créateur,
secret si riche, si profond et si précieux, qu'il importe de ne pas le confier à n'importe qui n'importe comment. C'est la raison
pour laquelle nous ne traduisons pas le grec mystèrion par le français mystère. D'ailleurs ce ne serait pas traduire mais
transcrire en caractères français un mot grec, communiquer vaguement, très vaguement, un son, mais non pas le sens, et de
plus imposer un contresens. Matthieu 13, 11 : A vous il est donné de connaître les secrets intelligibles, grec ta mustèria, du
royaume de Dieu, mais à ceux-ci cela n'est pas donné. Marc 4, 11 : A vous il est donné (à connaître) le secret intelligible, to
musterion, du royaume de Dieu... Luc 8, 10 : A vous il est donné de connaître les secrets, ta mustèria, du royaume de Dieu...
Paul, lettre aux Romains 11, 25 : Car je ne veux pas que vous ignoriez, frères, ce secret intelligible, to musterion touto...
Romains 16, 25 : la révélation du secret intelligible qui avait été gardé secret durant les durées passées, mais qui est
maintenant donné à connaître par les écritures prophétiques... Éphésiens 1, 9 : Il nous a fait connaître le secret intelligible, to
musterion, de sa volonté... Éphésiens 3, 9 : Quelle est l'organisation rationnelle du secret intelligible, tis hè oikonomia tou
mustèriou, qui était caché depuis les durées indéfinies du passé en Dieu qui a tout créé, afin d'être maintenant donné à
connaître... Éphésiens 3,3: C'est par une révélation, kata apokalupsin, qu'il m'a été donné à connaître, le secret intelligible,
to musterion, comme je vous l'ai déjà écrit auparavant en peu de mots. En considérant cela, vous pouvez en lisant concevoir
quelle est l'intelligence qui est la mienne dans le secret intelligible du Christ, tèn sunesin mou en tô mustèriô tou christou.
Ce secret intelligible, aux autres générations (celles qui nous ont précédées), il n'a pas été donné à connaître, aux fils de
l'homme, comme il est maintenant révélé, apekaluphthè, à ses saints envoyés (apostolois) et prophètes, dans — c'est-à-dire
par — l'esprit, à savoir que les nations païennes prennent part à l'héritage, elles sont incorporées, elles ont part à la promesse
(faite à Abraham) dans le meschiah, par l'heureuse annonce. C'est de cette heureuse annonce que je suis devenu le serviteur,
conformément au don de la grâce de Dieu qui m'a été donnée, conformément à la force de sa puissance, à moi le plus petit
de tous les saints a été donnée cette grâce : aux nations païennes, annoncer l'heureuse nouvelle de l'inépuisable, insondable
richesse du Christ, et illuminer (toutes les intelligences) pour leur faire connaître quelle est l'organisation rationnelle, la
disposition intelligible du secret intelligible qui était caché depuis les durées indéfinies en Dieu qui a tout créé, afin d'être
maintenant donné à connaître... Éphésiens 5, 32 : Ce secret ontologique, to mustèrion touto (celui de l'union de l'homme et
de la femme) est grand, moi je dis par rapport au Christ et à l'Église... Éphésiens 6, 19 : Pour faire connaître le secret
intelligible de l'heureuse annonce, gnôrisai to mustèrion tou euaggeliou, pour lequel je vieillis en prison...
Les messagers des sept communautés... Ces messagers des sept communautés chrétiennes sont peut-être tout simplement
ceux qui ont apporté le message qui venait de Jérusalem, après la résurrection du Seigneur. Ils ont apporté l'information
créatrice nouvelle, ils l'ont communiquée, et ainsi ils sont devenus les pères de ces petites communautés chrétiennes qui se
sont formées. Le père, c'est celui qui communique l'information créatrice. Paul, première lettre adressée à la communauté
chrétienne de Corinthe, 4, 15 : car même si vous avez des milliers de maîtres d'école dans le Christ, eh bien cependant vous
n'avez pas plusieurs pères. Car dans le Christ Jésus, par l'heureuse annonce, c'est moi qui vous ai engendrés !
- 24 -
2, 1 au messager de la communauté
qui [est] à éphèse
écris
20
2, 2 Tu as mis à l'épreuve ceux qui se disent eux-mêmes envoyés, et ils ne le sont pas, et tu as trouvé qu'ils étaient
menteurs... La semence a pu être portée spontanément à Éphèse aussitôt après la résurrection du Seigneur, donc en 30 ou 33,
comme ce fut le cas pour l'église de Rome. L'église d'Éphèse a connu des hommes qui sont venus la visiter, qui se disaient
eux-mêmes envoyés, apostolous, mais en réalité ils ne l'étaient pas, tu les as trouvés menteurs... Actes 15, 1 : Certains sont
descendus de la Judée. Ils ont enseigné aux frères (issus du paganisme, incirconcis) : Si vous ne vous faites pas circoncire,
conformément à la torah de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés ! Il en est résulté une controverse et une discussion qui
n'était pas petite entre Paul et Barnabas d'une part, ces hommes qui étaient descendus de Judée à Antioche d'autre part. Ils
ont décidé (les frères de la communauté d'Antioche) que Paul et Barnabas monteraient, avec quelques autres d'entre eux,
vers les envoyés, pros tous apostolous, et les anciens, kaipresbuterous, à Jérusalem, au sujet de cette question
controversée... Nous sommes probablement en l'année 49. Paul et ses compagnons arrivent à Jérusalem, Actes 15,4. Ils sont
reçus par la communauté de Jérusalem, par les envoyés, apostoloi et par les anciens, et ils annoncent ce que Dieu a fait avec
eux. Se lèvent certains frères qui étaient issu du groupe des perouschim, Unes ton apo tes airèseôs ton pharisaiôn, qui
avaient été certains qu'il est vrai que Ieschoua est le meschiah, et ils disent ceci : Il faut commander aux incirconcis qui sont
entrés dans l'église de se faire circoncire et d'observer la torah de Môscheh. Alors se réunissent les envoyés, apostoloi, et les
anciens, presbuteroi, pour examiner cette affaire. Il s'ensuit une grande discussion. Schiméon, surnommé Kêpha, le Rocher,
se lève et il leur dit : Frères, vous savez bien que depuis les premiers jours, au milieu de vous, il a choisi, Dieu, par ma
bouche, qu'ils entendent, les païens, la parole de l'heureuse annonce et qu'ils soient ainsi certains de la vérité. Car Dieu qui
connaît les secrets des cœurs a attesté en leur faveur, puisqu'il leur a donné, aux païens, l'Esprit saint, tout comme il nous l'a
donné, à nous. Et il n'a fait aucune différence entre nous et eux. Par la certitude de la vérité, pistis, il a purifié leurs cœurs (le
cœur organe de l'intelligence en hébreu). Et maintenant, pourquoi mettez-vous Dieu à l'épreuve, en voulant imposer un joug
sur le cou des disciples (issus du paganisme), joug que ni nos pères ni nous-mêmes n'avons eu la force de porter ? Mais c'est
par la grâce du seigneur Ieschoua que nous sommes certains d'être sauvés, de la même manière qu'eux, les frères issus du
paganisme. — Toute la communauté réunie a fait silence et ils ont écouté Barnabas et Paul qui racontaient les signes qu'il
avait faits, Dieu, et les miracles, au milieu des païens, par leur main. Lorsque Barnabas et Paul se sont tus, il a répondu,
Iaaqôb, et il a dit... Actes 15, 13. Le Iaaqôb dont il est question ici n'est pas, bien entendu, Iaaqôb fils de Zébédée et frère
aîné de Iohanan, que nous appelons
Jean, puisque le Iaaqôb — Jacques fils de Zébédée a été mis à mort en 44 par Hérode, Actes 12, 2. Le Iaaqôb-Jacques
dont il est question ici est Jacques appelé le frère du Seigneur. Il prend la parole et il dit : Frères, écoutez-moi. Schiméon a
raconté comment tout d'abord, la première fois, proton, Dieu a visité les païens pour prendre, parmi les païens, un peuple,
consacré à son nom. Ce fait est en accord avec ce que disaient les oracles des anciens prophètes. Jacques cite Amos, 9, 11 :
En ce jour-là je relèverai la hutte de David qui est tombée... C'est pourquoi, poursuit Iaaqôb-Jacques, je suis d'avis de ne pas
inquiéter, de ne pas infliger d'inquiétudes à ceux qui, depuis les nations païennes, se tournent vers Dieu. Il faut simplement
leur demander de s'abstenir des ordures que sont les idoles, de la prostitution, de la viande étouffée et du sang... Alors il
parut bon aux envoyés et aux anciens, avec toute la communauté, d'envoyer des hommes choisis parmi eux jusqu'à
Antioche, avec Paul et Barnabas, Iehouda, celui qui est appelé Barschaba, et Silas... Ils ont écrit la lettre suivante : Les
envoyés et les anciens... aux frères qui se trouvent à Antioche, en Syrie et en Cilicie, aux frères qui sont issus, aux frères qui
viennent des nations païennes, salut ! Puisque nous avons appris que certains d'entre nous vous ont troublés et ont
bouleversé vos âmes par des propos (qu'ils tenaient) — mais nous ne les avions pas envoyés — il nous a paru bon de vous
envoyer des hommes choisis avec nos frères bien aimés Barnabas et Paul... Il a paru bon à l'Esprit saint et à nous de ne pas
vous surcharger d'aucun fardeau supplémentaire, de ne pas vous imposer de fardeau en plus de ce qui est nécessaire : de
vous abstenir des viandes sacrifiées aux idoles, du sang, des viandes étouffées et de la prostitution...
Est-ce que l'affaire exposée Actes 15 est analogue ou comparable à ce que nous dit Apocalypse 2, 2 ? Est-ce que les soi-
disant envoyés de Apocalypse 2, 2 sont du même genre que ceux qui, selon Actes 15, 1, ont pris l'initiative d'enseigner aux
frères issus du paganisme, que s'ils ne se font pas circoncire, ils ne peuvent pas être sauvés — ou non ? Là est la question. Si
- 25 -
2, 3 et à toi l'espérance
et tu as supporté à cause de mon nom
et tu ne t'es pas fatigué
ce sont dans les deux cas des affaires du même genre, alors nous avons de nouveau un indice qui rapporte la composition de
l'Apocalypse autour de l'année 49. La lettre de Paul aux Galates est datée généralement des années 56 ou 57. Je m'étonne,
écrit Paul, Galates 1, 6, que si rapidement vous vous soyez éloignés de celui qui vous a appelés dans la grâce, pour vous
tourner, pour aller vers une autre annonce. Mais ce n'est pas une autre heureuse annonce. Ce sont seulement des hommes qui
introduisent en vous le trouble et qui veulent transformer l'heureuse annonce du Christ. Mais si nous-mêmes, ou un
messager venu du ciel, vous annonçait une heureuse annonce différente de celle que nous vous avons annoncée, qu'il soit
exterminé, anathema, hébreu herem ! Comme nous vous l'avons dit antérieurement, et voici que de nouveau je vous le dis :
si quelqu'un vous annonce autrement, autre chose que ce que vous avez reçu, qu'il soit herem ! Galates 4, 25 : La Jérusalem
de maintenant, elle est esclave avec ses propres enfants. Mais la Jérusalem qui vient d'en haut, c'est elle qui est notre mère...
Mais de même qu'alors, en ce temps-là, celui qui a été engendré selon la chair, a persécuté celui qui a été engendré selon
l'esprit, il en est de même maintenant... C'est l'un des thèmes de l'Apocalypse. La question est de nouveau de savoir si ceux
qui sont venus troubler les églises de la Galatie, Galates 1, 2, en s'efforçant de reconduire les frères des communautés
chrétiennes de la Galatie sous le joug de la torah, sont les mêmes que ceux dont il est question Apocalypse 2, 2, ceux qui se
disent eux-mêmes envoyés, mais ils ne le sont pas, et tu les as trouvés menteurs. Si la lettre de Paul aux Galates date des
années situées autour de 56, les tentatives auxquelles il fait allusion sont antérieures. Est-ce que ce sont les mêmes qui sont
passés à Éphèse et sont allés visiter les communautés de la Galatie ?
21
2, 4 Ton premier amour, tu l'as abandonné... Ton premier amour, c'est-à-dire ton amour du commencement, ton amour
des premiers temps, hébreu probable ahabat ha-rischôn. Pour que Jean à Patmos puisse écrire ces mots, il faut et il suffit
que quelques années se soient passées depuis le jour où la semence a été portée à Éphèse, nous ne savons pas par qui. La
semence a été portée à Éphèse, comme à Rome, peut-être au lendemain des fêtes de l'année en laquelle le Seigneur a été
crucifié, 30 ou 33, par des frères qui revenaient de Jérusalem. Par conséquent, ces mots de Jean sont possibles quelques
années plus tard, à partir des années 40 environ.
22
2, 5 Souviens-toi d'où tu es tombée... Le grec pothen signifie : d'où ? de quel lieu ? Si le texte grec que nous lisons
signifie bien la même chose que le texte hébreu sous-jacent, il faut donc comprendre : Souviens-toi de quelle hauteur tu es
tombée ! Tu étais élevée, et tu es tombée ! Il est cependant permis de se demander, compte tenu du grec du traducteur de
l'Apocalypse, si le sens n'était pas : Souviens-toi dans quel état tu étais lorsque tu as reçu la semence, dans quel état tu étais
avant ta conversion, combien tu étais en bas, au fond du gouffre... La question est de savoir si la communauté chrétienne
d'Éphèse doit se souvenir de la hauteur d'où elle est tombée, après sa conversion, ou au contraire de la profondeur de l'abîme
dans lequel se trouvaient les païens d'Éphèse avant leur conversion. Paul écrit dans sa lettre adressée à la communauté
chrétienne d'Éphèse, Éphésiens 1 , 1 5 : J'ai appris la certitude de la vérité, pistis, qui est la vôtre dans le seigneur Ieschoua et
l'amour, agapè, que vous portez à tous les saints... 2, 1 : Et vous, vous étiez morts par vos fautes et vos crimes, dans lesquels
autrefois, alors, vous avez marché selon la durée de ce monde présent, kata ton aiôna tou kosmou toutou, traduction
complète de l'hébreu ôlam ha-zeh... 2, 11 : Et c'est pourquoi, souvenez-vous qu'autrefois vous les païens dans la chair, vous
qui étiez appelés ceux du prépuce, grec akrobustia, hébreu arelah, Genèse 17, 11 ; 17, 14 ; 17, 23 ; 17, 24 ; etc. par ceux qui
s'appellent eux-mêmes ceux de la circoncision, grec peritomè, hébreu moul, moulah, Genèse 17, 13 ; Exode 4, 26, faite dans
la chair de main d'homme, souvenez-vous que vous étiez, en ce temps-là, séparés du Christ, étrangers au droit de cité
d'Israël, exclus du droit de cité d'Israël, exclus des alliances de la promesse. Vous n'aviez pas d'espérance, vous étiez sans
- 26 -
et repens-toi
et les premières actions
fais-les
car sinon
me voici je viens contre toi
et je vais enlever ton candélabre de sa place
si tu ne te repens pas
Dieu dans le monde de la durée présente. Mais maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes
maintenant tout proches dans et par le sang du Christ. Voilà donc dans quel état se trouvaient les païens de la ville d'Éphèse
avant la communication du message. — La question est de savoir si la lettre de Paul aux chrétiens d'Éphèse a été écrite
après l'Apocalypse ou avant. Et la question — toujours ouverte — est aussi de savoir quand, à quelle époque, Paul a écrit
cette lettre. Nous savons par cette lettre, Éphésiens 3,1, que Paul est prisonnier du Christ, à cause de vous les païens. Est-ce
que cela signifie qu'il est prisonnier à cause de la mission ? Éphésiens 4, 1 : Moi qui suis enchaîné dans le Seigneur...
23
2, 6 Mais ceci est en ta faveur, ou pour toi... à savoir que tu hais les actions des Nikolaïtes... A partir de maintenant
nous allons rencontrer dans notre texte grec de l'Apocalypse des expressions codées, des mots de passe, des termes chiffrés,
dont la signification était claire pour les destinataires, et qui est obscure pour nous. Lors de la dernière grande guerre, dans
les années 1940-1945, les Français avaient adopté pour désigner les occupants allemands un certain nombre de termes ou
d'expressions, les schleus, les doryphores, les fritz, les fridolins, etc. qui seront rapidement obscures ou indéchiffrables pour
les générations à venir, si ce n'est déjà fait. De même il existe dans l'Apocalypse un certain nombre de termes chiffrés.
Lorsqu'une communauté, lorsqu'une collectivité utilise un langage chiffré, c'est qu'elle est menacée, ou opprimée, ou
persécutée et qu'elle doit se garder d'être comprise par l'oppresseur ou celui qui menace, surtout s'il s'agit de textes écrits qui
peuvent circuler. En découvrant quel est celui qui menace, on peut donc découvrir le sens des termes codés qui le désignent,
et inversement. Une bonne hypothèse en ce qui concerne les Nikolaïtes c'est qu'il s'agit là d'une traduction d'un terme
hébreu. Le surnom araméen Kêpha, le rocher, a été traduit en grec par petros, Matthieu 4, 18 ; Marc 3, 16 ; Luc 6, 14.
L'hébreu Tôma, formé à partir du verbe taam, le jumeau, a été traduit en grec par didumos, Jean 11, 16 ; 20, 24 ; 21, 2.
Schiméôn à qui a été attribué le surnom attribué à Dieu même, celui de jaloux, el qana, Exode 20, 5, grec theos zèlôtès ;
Exode 34, 14, etc. — ce Schiméôn appelé aussi qana, Matthieu 10, 4, transcrit en caractères grecs simôn ho kanaios ; Marc
3, 18 — ce même Schiméôn est appelé zèlôtès par Luc 6, 15, kai simôna ton kaloumenon zèlôtèn. Zèlôtès est la traduction
grecque de l'hébreu qana. Actes 1, 13 traduit aussi le surnom de Schiméôn ho zèlôtès. Nous avons déjà émis l'hypothèse que
le surnom Marcus de Iohanan pourrait bien être la traduction en latin de l'hébreu maq-qebet, le marteau, et le surnom Paulus
pourrait bien être la traduction latine de l'hébreu qathôn, le petit. Il est donc tout à fait possible que le grec nikolaos soit une
traduction chiffrée d'un mot de passe hébreu. Nikè en grec signifie la victoire, le verbe nikaô, vaincre, être vainqueur. Mais
neikos signifie la discorde, la querelle, la dispute. Neikeô, se quereller. Le grec laos traduit l'hébreu am, le peuple. Nous
devons donc avoir en hébreu un mot composé avec am, le peuple.
Ce qui vient fortifier cette conjecture, c'est la suite de notre texte : A celui qui vaincra, tô nikônti, je lui donnerai à
manger de l'arbre de la vie... Niko-laos est donc probablement la traduction en grec d'un mot hébreu composé qui se termine
par am, comme Bala-am, Jéroboam, 1 Rois 11, 26, en hébreu Yarob-am ; Roboam, 1 Rois 11, 43, hébreu Rehab-am. A
partir de ces noms composés, quantité de jeux de mots étaient possibles, qui de fait étaient courants. Le mot grec nikè peut
traduire l'hébreu netzah, la victoire, 1 Chroniques 29, 10. Natzah signifie aussi commander, diriger. Menatzeah, celui qui
dirige, qui commande. Mais neikos signifie la querelle, hébreu madôn, Proverbes 29, 22 ; 22, 10. Des jeux de mots étaient
possibles sur le thème : ceux qui dirigent le peuple, ceux qui gouvernent, ceux qui suscitent les querelles ou des discordes,
etc.
24
2,7 A celui qui vaincra, je lui donnerai à manger de l'arbre de la vie... Construction hébraïque : A celui qui vaincra, je
donnerai à lui... On peut se demander de plus s'il n'y a pas un jeu de mots compris par ceux à qui l'Apocalypse est destinée :
dans nikolaos il y a, nous venons de le voir, la racine nikaô, vaincre, et neikos, la querelle. Celui qui vaincra est opposé aux
partisans du nikolaos ou aux nikolaïtoi, ceux qui font des querelles, ceux qui suscitent des querelles, — ceux qui soulèvent
le peuple ? Il se peut aussi qu'il y ait un jeu de mots avec phagein, manger. En hébreu le verbe bala signifie avaler, dévorer,
engloutir, Jonas 2, 1, d'où conduire à sa perte, détruire. Bala-am, celui ou ceux qui dévorent le peuple et le conduisent à sa
- 27 -
qu'il entende
ce que l'esprit dit aux communautés
à celui qui remportera la victoire
à celui-là
je lui donnerai à manger de l'arbre de la vie
qui est au milieu du jardin de dieu
perdition.
L'arbre de la vie qui est dans le jardin de Dieu. Genèse 2, 8 : Et il a planté, YHWH Dieu, un jardin, hébreu gan, grec
paradeison, en Éden, du côté de l'Orient et il a placé là l'Homme qu'il avait formé. Et il a fait germer, YHWH Dieu, en les
faisant sortir de la terre, tout arbre agréable à la vue et bon à manger et l'arbre de la vie au milieu du jardin et l'arbre du
connaître le bon et le mauvais... Au milieu du jardin, grec en mesô tô paradeisô, sic ! Le mot grec paradeisos, ira-nienpairi-
daeza, traduit l'hébreu gan, le jardin.
25
2, 8 Voici ce que dit celui qui est le premier et celui qui sera après... Hébreu ha-rischôn we-ha-aharôn comme 1, 17.
26
2, 9 Et les insultes... Grec blasphèmian. Insultes dirigées contre Dieu. 2 Rois 19, 4 : Peut-être entendra-t-il, YHWH,
ton Dieu, toutes les paroles du grand échanson qu'il a envoyé (qu'il a envoyé lui...) le roi d'Assur, pour insulter le Dieu
vivant, le-hareph elohim haï, grec oneidizein kai blasphèmein... 19, 6 : N'aie pas peur devant la face des paroles que tu as
entendues, paroles que, hébreu ascher, ils ont insulté, hébreu gidephou, les jeunes gens du roi d'Assur, moi ! = les paroles
par lesquelles ils m'ont insulté, grec eblasphèmèsan... 19, 22 : Qui as-tu insulté et injurié ? Hébreu et-mi herapheta we-
gidapheta, grec tina ôneidisas kai eblasphèmèsas. Isaïe 52, 5 : Continuellement, tout le jour, mon nom est insulté, tamid kôl
ha-iôm schemi minôatz, grec to onoma mou blasphèmeitai en tois ethnesin.
De la part de ceux qui disent : Nous sommes des Judéens ! Grec ioudaious. 2 Rois 16, 6 : En ce temps-là, ba-et ha-hie,
grec en tô kairô ekeinô, Rason roi d'Aram... a expulsé les Judéens d'Eylath, hébreu wa-ienaschel et-ha-iehoudim, grec
exebalen tous ioudaious. Néhémie 2, 16 : Et aux Judéens je ne l'ai pas annoncé, we-la-iehoudim, grec kai tois ioudaiois...
Néhémie 4, 6 : ha-iehoudim, les Judéens, grec oi ioudaioi ; Néhémie 5, 1 ; 5, 8 ; 5, 17 ; 13, 23 ; Esther 9, 6 ; etc. Les
Judéens sont les habitants de la Judée, de l'ancien royaume de Juda, maintenant sous occupation romaine, ni plus, ni moins,
même s'ils vivent à l'étranger, de même que des Français installés dans les divers pays du monde sont toujours appelés des
Français.
Mais ils ne le sont pas, mais ils sont une assemblée de l'adversaire, grec sunagôgè tou satana. Le mot grec sunagôgè
traduit deux mots hébreux :
1. Edah, l'assemblée, la communauté, l'ensemble des hommes, des femmes et des enfants. Exode 12, 3 : Vous parlerez à
toute la communauté d'Israël en disant... El kôl adat Israël. Grec lalèson pros pasan sunagôgèn huiôn israèl. Exode 12, 6 :
Et ils le sacrifieront (l'agneau), toute l'assemblée de la communauté d'Israël, entre les deux soirs... Hébreu kôl qehal adat
israèl. Grec pan to plèthos suna-gôgès huiôn israèl. Exode 12, 19 : Pendant sept jours, du levain il ne s'en trouvera pas dans
vos maisons, car tout homme qui mange du pain levé, eh bien elle sera retranchée, cette âme-là, de la communauté d'Israël,
me-adat israèl, grec ek sunagôgès israèl. Exode 12, 47 ; 16, 1 ; 16, 2 ; etc.
2. Qahal, l'assemblée, l'ensemble des hommes, des femmes et des enfants, la communauté d'Israël. Genèse 28, 3 : Que
Dieu schaddaï te bénisse, qu'il te fasse fructifier, qu'il te rende nombreux et tu seras, tu deviendras un ensemble de nations,
we-haiita li-qehal ammim, grec kai esè eis sunagôgas ethnôn. Genèse 35, 11 : Moi Ge suis) Dieu schaddaï ! Sois fécond,
multiplie-toi ! Une nation, hébreu goï, et une assemblée — ou : un ensemble — de peuples, sera à partir de toi ! Et des rois,
de tes reins, sortiront ! Hébreu qehal goïm iheieh mi-meka, grec sunagôgai ethnôn esontai ek sou. Genèse 48, 4 : Me voici
qui te rend fécond et qui te multiplie et je te donnerai (d'être) une assemblée, un ensemble de peuples, wou-netatika li-qehal
ammim, grec kai poièsô se eis sunagôgas ethnôn. Lévitique 4, 13 : Et si toute la communauté, tout l'ensemble, d'Israël,
hébreu kôl-adat Israël, grec pasa sunagôgè israèl, a commis une faute et si elle a été cachée, la chose, hébreu dabar, grec
rèma, loin des yeux de l'assemblée, hébreu ha-qahal, grec tes sunagôgès, et s'ils ont fait l'un de tous les commandements de
- 28 -
et ta pauvreté
mais [en réalité] tu es riche
et les insultes
de la part de ceux qui disent d'eux-mêmes
YHWH (sic) qui ne se font pas... Et si elle a été connue, la faute qu'ils ont commise, alors ils apporteront, la communauté,
hébreu ha-qahal, grec hè sunagôgè, un taureau fils du troupeau, ben-baqar... Rappelons ici que le mot grec ekklèsia traduit,
si l'on peut dire, par nos traducteurs en langue française par la transcription église, est lui-même la traduction du mot hébreu
qahal, l'ensemble, l'assemblée, la communauté, à partir de Deutéronome 9, 10 : Et il m'a donné, YHWH, à moi les deux
tables de pierres écrites dans (= par) le doigt de Dieu et sur elles (il y avait) comme toutes les paroles qu'il avait dites,
YHWH, avec vous, sur la montagne, du milieu du feu, au jour de l'Assemblée, be-iôm ha-qahal, grec hèmera ekklèsias.
Deutéronome 18, 16 ; 23, 1 ; 23, 3 ; 31, 30 ; etc. Il est donc aussi inutile de traduire le grec ekklèsia par le français église,
que le grec sunagôgè par le français synagogue.
Et ils ne le sont pas mais ils sont une assemblée du satan. Ici notre texte grec ne traduit pas l'hébreu ha-satan,
l'adversaire, l'accusateur, mais se contente de le transcrire en caractères grecs. C'est donc que ce terme était compréhensible
pour ceux à qui cette lettre s'adresse.
Satana est la transcription en caractères grecs de l'hébreu satan. Le verbe hébreu satan — que l'on peut aussi transcrire
sathan — signifie : attaquer, accuser. Psaume 38, 20 : Ils sont nombreux ceux qui me haïssent d'une manière mensongère.
Ils me rendent le mal à la place du bien, raah tahat tôbah, grec kaka anti agathôn, ils m'accusent au lieu que moi je poursuis
le bien, isetenouni, grec endieballon. Le verbe grec diaballein traduit le verbe hébreu satan ou sathan, Nombres 22, 22 : Et
elle s'est enflammée la narine de Dieu parce qu'il y allait, lui, et il s'est tenu debout, le messager de YHWH, sur la route,
pour l'attaquer, le-sathan lô, grec endiaballein auton. Psaume 109, 4 : A la place de l'amour qui est le mien, ils m'accusent,
ils m'attaquent, tahat ahabati isethenouni, grec anti tou agapan me endieballon me. Zacharie 3, 1 : Et il me fit voir
Iehôschoua le grand prêtre, qui se tenait debout devant la face du messager de YHWH, et l'accusateur, hébreu ha-satan, grec
ho diabolos, se tenait debout à sa droite pour l'accuser, hébreu le-sitenô, grec antikeisthai. Psaume 71, 13 : Qu'ils aient honte
et qu'ils soient confus ceux qui accusent mon âme, sôtenei napheschi, grec hoi endiaballontes tèn psuchèn mou. Le satan ou
sathan, c'est l'ennemi, l'adversaire dans la guerre, 1 Samuel 29, 4 : Qu'il ne descende pas avec nous à la guerre et qu'il ne
soit pas pour nous un ennemi dans la guerre... Hébreu : we-lô iheieh lanou le-satan. 1 Rois 5, 18 : Et maintenant il m'a
donné la tranquillité, YHWH mon Dieu, à moi, de tous les côtés ! Il n'y a plus d'adversaire, ein satan ! 1 Rois 11, 14 : Et il
suscita, YHWH, un adversaire, un ennemi, satan, à Salomon : Hadad l'Edomite... Ici les traducteurs en langue grecque du
livre hébreu des Rois ont laissé le mot hébreu satan dans la traduction grecque. Ils ont simplement transcrit en caractères
grecs le mot hébreu. 1 Rois 11, 23 : Et il suscita, il fit se lever, Dieu, contre lui, un adversaire, un ennemi, satan : Rezôn fils
de Eliada. De nouveau l'un des traducteurs a laissé le mot hébreu en transcription en caractères grecs, satan. 1 Rois 11, 25 :
Et il fut un adversaire, un ennemi, satan, pour Israël tous les jours de Salomon. Ici les traducteurs en langue grecque ont
traduit antikeimenos.
Dans le livre de Job, 1, 6, le mot hébreu ha-satan est traduit en grec par ho diabolos : Et il arriva un jour, et ils sont
venus les fils de Dieu pour se tenir en présence de YHWH et il est venu aussi l'adversaire, ha-satan, au milieu d'eux, grec ho
diabolos. De même Job 1, 7 ; 1, 9 ; 1, 12 ; etc. Matthieu 4, 10 a laissé le mot hébreu en transcription en caractères grecs,
satana. De même Matthieu 16, 23, satana ; Marc 8, 33 ; Matthieu 12, 26 ; Marc 3, 23 ; Luc 11, 18 ; Marc 1, 13 ; 4, 15 ; Luc
10, 18 ; 13, 16 ; 22, 3 ; 22, 31 ; Jean 13, 27. Paul emploie fréquemment la transcription en caractères grecs de l'hébreu satan,
Romains 16, 20 ; 1 Corinthiens 5, 5 ; 7, 5 ; etc. On trouve la traduction en grec de l'hébreu satan, à savoir diabolos,
Matthieu 4, 1 ; 4, 5 ; 4, 8 ; 4, 11 ; Luc 4, 2 ; 4, 3 ; 4, 6 ; 4, 13^ ; etc. Sauf erreur de ma part, le traducteur en langue grecque
de l'Évangile de Marc n'utilise pas ce terme grec de diabolos. Par contre le traducteur de Jean l'utilise, Jean 6, 70 ; 8, 44 ; 13,
2. Paul l'emploie aussi, Éphésiens 4, 27 ; 6, 11 ; etc.
Ils se disent eux-mêmes Judéens, mais en réalité ils ne le sont pas, mais ils sont une assemblée de l'adversaire... C'est la
distinction paulinienne entre l'Israël réel et l'Israël empirique. Romains 9, 6 : Car tous ceux qui sont issus (physiquement,
génétiquement) d'Israël ne sont pas pour autant Israël. Ce n'est pas parce qu'ils sont (génétiquement) de la descendance
d'Abraham que pour autant ils sont fils d'Abraham... C'est-à-dire ce ne sont pas les fils génétiquement parlant, ta tekna tes
sarkos, qui sont fils de Dieu. L'Israël empirique, Paul l'appelle en son langage, traduction en langue grecque de son langage
de rabbin, l'Israël kata sarka, selon la chair, 1 Corinthiens 10, 18. Romains 2, 28 : Car ce n'est pas celui qui l'est
extérieurement qui est Judéen, et ce n'est pas la circoncision extérieure, visible, dans la chair (qui est la vraie circoncision).
Mais c'est celui qui est Judéen dans le secret (qui est le véritable Judéen), et c'est la circoncision du cœur (qui est la véritable
circoncision) en esprit... Paul appelle l'Israël véritable, l'Israël de Dieu, Galates 6, 16.
- 29 -
27
2, 10 Voici qu'il va jeter, l'adversaire, [plusieurs] d'entre vous en prison... Construction hébraïque. Ce n'est pas à la fin
du Ier siècle, 25 ou 30 ans après la prise et la destruction de Jérusalem, que des Judéens peuvent jeter en prison des frères de
la communauté chrétienne de Smyrne. Nous sommes donc renvoyés par ces lignes à une période qui n'est pas loin de celle
où Schaoul-Paul faisait jeter en prison des hommes et des femmes, Actes 22 ; 26, 10 ; à Jérusalem et hors de Jérusalem.
Nous ne sommes pas loin de la période où Hérode Agrippa premier héritier du royaume d'Hérode dit le Grand, entre 41 et
44, persécute la communauté chrétienne de Jérusalem, fait arrêter Kêpha-Pierre et fait mettre à mort Iaaqôb le frère de
Iohanan. Actes 12, 1 : En ce temps-là, il a jeté, Hérode le roi, les mains (construction hébraïque) pour faire du mal à certains
de la communauté, ekklèsia (de Jérusalem). Il a fait mettre à mort Iaaqôb le frère de Iohanan par l'épée. Il a vu que cela était
agréable aux Judéens et il a continué en faisant arrêter Kêpha-Pierre. C'étaient les jours de la fête des pains sans levain. Il l'a
fait mettre en prison. Il l'a fait garder par des soldats. Il voulait, après la fête depesah, le présenter, l'offrir au peuple. Pierre
était gardé dans la prison. — Tibère Alexandre, qui était le neveu du philosophe alexandrin Philon, et lui-même issu d'une
grande famille d'Alexandrie, la même, était passé du judaïsme au paganisme. Il a été nommé procurateur de la Judée de 46 à
48. Il a fait crucifier Iaaqôb et Schiméôn, fils de Iehouda le Galiléen qui était à la tête du mouvement zélote dirigé
évidemment contre les occupants romains au temps de Quirinius, envoyé par Auguste en Syrie pour faire le recensement des
biens dans cette province (vers l'an 6 de notre ère) (Abel, Histoire de la Palestine, I, 457). Ici le traducteur en langue
grecque du texte hébreu de l'Apocalypse a traduit l'hébreu ha-satan, l'adversaire, l'ennemi, l'accusateur, par le grec ho
diabolos. Il reste à savoir qui est désigné par cette expression, historiquement.
Sois certain de la vérité et véridique... Grec pistos, qui traduit l'hébreu neeman, du verbe aman, niphal neeman, participe
neeman, être solide, être sûr, être certain de la vérité, et être tel qu'on puisse être certain de... Un témoin fidèle, des témoins
fidèles, edim néé-manim, Isaïe 8, 2, grec marturas pistous ; Jérémie 42, 5 : Et eux ils ont dit en s'adressant à Jérémie : Qu'il
soit contre nous un témoin de la vérité certain et véritable, iehi YHWH banou le-ed émet we-nééman, grec estô kurios en
hèmin eis martura dikaion kai piston, c'est un témoin qui est d'abord lui-même certain de la vérité de ce dont il est témoin,
et qui de plus est tel que l'on puisse être certain de la vérité de son témoignage ou de son attestation. La traduction du grec
pistos par le français fidèle est donc trop faible.
La couronne de la vie... Hébreu atheret ha-haiim. Le grec stephanos est la traduction de l'hébreu atharah, la couronne, le
diadème. Le nom propre Stephanos est la traduction grecque d'un nom propre hébreu, Actes 6, 5 ; 6, 8 ; etc.
2, 11 II ne subira aucun mal, aucun tort, devant, de la part de la seconde mort... Dans toute la sainte Bibliothèque
hébraïque, et dans les livres de la nouvelle alliance (Nouveau Testament...) il convient de distinguer deux sens du mot mort.
La mort empirique, la mort physique, qui n'est objet ni de terreur ni d'horreur dans la tradition monothéiste, qui est une
chose normale, naturelle. Et une autre mort, qui se présente comme une mort définitive. Matthieu 10, 28 : N'ayez pas peur
de ceux qui tuent le corps, mais qui ne peuvent pas tuer l'âme. Mais ayez peur bien plutôt de celui qui a la puissance de
perdre l'âme et le corps dans la vallée des fils de Hinnom... Lorsque Schaoul-Paul écrit aux Éphésiens 2, 1 : Et vous, vous
étiez morts par vos fautes et vos crimes, dans lesquels vous marchiez alors, conformément aux normes de la durée du
monde présent... ; il ne veut pas dire que les Éphésiens étaient physiquement morts, qu'ils étaient des cadavres. Il parle d'une
autre mort. C'est cette mort-là que l'Apocalypse appelle la seconde mort.
- 30 -
2, 12 et au messager de la communauté
qui [est] à pergame
écris
et cependant
tu te tiens fermement à mon nom
et tu n'as pas renié la certitude de la vérité
qui est en moi
et même aux jours d'antipas mon témoin
celui qui est certain
de la vérité qui est en moi
lui qui a été tué chez vous
là où le satan habite
29
2, 14 Mais j'ai contre toi plusieurs petites choses, à savoir qu'il y a chez toi des gens qui tiennent la doctrine de
Balaam, lequel a enseigné à Balaq, à jeter un obstacle pour faire buter et tomber... Nombres 22, 1 : Et ils sont partis, les fils
d'Israël, et ils ont campé dans les steppes de Moab, de l'autre côté du Jourdain, me-eber le-iarden — celui qui écrit ce texte
est en deçà du Jourdain. Et il a vu, Balaq, fils de Tzippôr, tout ce qu'il a fait, Israël, à l'Amorrhéen. Et il fut pris de terreur,
Moab, devant la face du peuple (hébreu) grandement, car nombreux (il était) lui. Et il fut effrayé, Moab, devant la face des
fils d'Israël. Et il a dit, Moab, aux anciens de Madian : Maintenant ils vont dévorer, l'assemblée, hébreu ha-qahal, grec hè
sunagôgè ! (c'est-à-dire cet ensemble que constitue le peuple hébreu qui arrive), toutes les régions qui sont autour de nous,
comme il broute, le bœuf, la verdure du champ ! Et Balaq, fils de Tzippôr (était) roi de Moab en ce temps-là. Et il a envoyé
des messagers, hébreu maleakim, grec presbeis, des ambassadeurs — vers Balaam fils de Beôr, à Pethor, qui est sur le
Fleuve (= l'Euphrate)... Nos éditions hébraïques modernes vocalisent Bileam. Mais les inconnus qui ont traduit la
Bibliothèque hébraïque à partir du IVe siècle avant notre ère ont lu et entendu et transcrit Balaam. Les traducteurs des
documents hébreux de la nouvelle alliance (Nouveau Testament) ont eux aussi entendu, lu et transcrit Balaam. — Au pays
des fils de son peuple pour l'appeler. Il lui fit dire : Voici qu'un peuple est sorti d'Égypte ! Voici qu'il a recouvert l'œil du
pays et il est installé devant moi. Et maintenant, viens donc ! Maudis pour moi ce peuple, car (il est) plus puissant, lui, que
moi ! Peut-être pourrai-je le battre et ainsi je le chasserai du pays, car je sais que celui que tu bénis est béni, et celui que tu
maudis, est maudit ! — Et ils sont allés, les anciens de Moab et les anciens de Madian, et des divinations dans leurs mains,
et ils sont arrivés chez Balaam et ils lui ont dit les paroles de Balaq... Finalement, Balaam consent à suivre les messagers de
Balaq, mais au lieu de maudire le peuple hébreu comme le lui demande Balaq, il le bénit, Nombres 23, 7 ; 23, 18 ; 24, 2 ;
24, 15. C'est donc un prophète païen qui voit ce que signifie, ce qu'est le peuple hébreu, et quel est son avenir. Nombres 25,
1 : Et il a séjourné, Israël, aux Acacias (à l'est du Jourdain) et il a commencé, le peuple, à se prostituer, verbe hébreu zanah,
faire la prostituée, grec porneuein ou ekporneuein ; le participe du verbe hébreu zanah, c'est, au masculin, zôneh et au
féminin zônah, celle qui est en train de se prostituer ; zenounim, la prostitution, grec porneia ; zônah, celle qui se prostitue,
grec pornè, — aux filles de Moab. Elles ont invité le peuple (hébreu) à offrir des sacrifices à leurs dieux et il a mangé, le
peuple (hébreu), et ils se sont prosternés devant leurs dieux (les dieux des filles de Moab). Et il s'est attaché, Israël, à Baal-
Peôr (le dieu du pays) et elle s'est enflammée, la narine de YHWH contre Israël...
Le verbe hébreu zanah signifie se prostituer, au sens propre, si l'on peut dire, du mot ; Genèse 38, 24 : Elle s'est
prostituée, Tamar, ta belle-fille et voici qu'elle est enceinte de sa prostitution, hébreu à sa prostitution, li-zenounim. Grec le
verbe ekporneuein et le substantif porneia. Lévitique 21, 9 : Et une fille d'un homme qui est kohen, grec hiereus, si elle se
souille en se prostituant, li-zenôt, grec tou ekporneusai. Deutéronome 22, 21 ; Osée 3, 3 ; etc. Mais le verbe hébreu zanah,
se prostituer, sert aussi à désigner l'action du peuple qui, au lieu de rester fidèle à l'alliance avec l'Unique, s'en détourne et se
prosterne devant les dieux des nations païennes. Osée 2, 7 : Car elle s'est prostituée, zanetah, grec exeporneusen, leur mère
(la mère des fils d'Israël, c'est-à-dire la nation). L'infidélité du peuple hébreu à l'alliance est comparée à une prostitution,
exprimée dans les termes, dans le vocabulaire de la prostitution. C'est le cas ici. Et lorsque, dans les livres de la nouvelle
alliance (Nouveau Testament) on trouve les termes de porneia, prostitution, porneuein, se prostituer, il faut se demander s'il
s'agit de la prostitution au sens propre du terme (si l'on peut dire) ou de la prostitution au sens dérivé, théologique du terme.
Nombres 31, 8 : Et Balaam, fils de Beôr, ils l'ont tué par l'épée.
Nombres 31, 15 : Et il leur a dit, Môscheh : Est-ce que vous avez fait vivre (laissé en vie) toutes les femmes ? Ce sont
elles qui ont été pour les fils d'Israël dans l'affaire de Balaam, bi-debar bileam, cause d'apostasie et d'infidélité contre
YHWH... Il semble donc qu'il y ait eu deux traditions concernant Balaam :
1. Le Balaam qui, malgré les sollicitations, les menaces, de Balaq, bénit Israël au lieu de le maudire.
2. Le Balaam qui a été cause d'apostasie. C'est la seconde tradition qui est retenue ici Apocalypse 2, 14. Et cela d'autant
plus que le mot hébreu balaam se prêtait à des jeux de mots. En hébreu le verbe bala signifie dévorer, engloutir, conduire à
sa perte. — Am signifie : le peuple, grec ho laos. Bala-am, celui qui dévore le peuple ou qui le conduit à sa perte. Cela
rappelle précisément le terme codé que les Français utilisaient sous l'occupation allemande des années 1940-1945, pour
- 32 -
désigner l'occupant : les doryphores. Doryphores, coléoptères qui nous sont venus d'Amérique et qui dévorent les parties
aériennes des plants de pommes de terre... Dans notre texte, Apocalypse 2, 14, le nom de Balaam est bien évidemment un
nom à code, un nom chiffré. Je ne connais personne qui ait su le déchiffrer. La méthode consiste toujours, semble-t-il, à se
demander qui menace, quel est l'occupant, le persécuteur, de qui l'on doit se garder, de qui l'on doit parler en termes
couverts ou chiffrés. Ici, au moment où l'Apocalypse est composée, il existe plusieurs menaces qui pèsent sur les
communautés chrétiennes. Il existe les menaces qui proviennent des hautes autorités de Jérusalem, avant bien entendu la
prise et la destruction de Jérusalem. Et les menaces qui proviennent de l'occupant romain. C'est à l'intérieur de ces deux
zones ou de ces deux ensembles qu'il faut chercher ce que peut bien signifier le terme codé Balaam, et qui il peut bien
désigner. La lettre de Jude, 11, s'en prend à ceux qui nient l'unique maître et seigneur Ieschoua meschiah. Ils se sont engagés
dans l'erreur de Balaam... La deuxième lettre de Pierre, 2, 15 parle de ceux qui ont abandonné la voie droite et qui se sont
égarés, car ils ont suivi la voie de Balaam... Il est possible et même vraisemblable que dans ces trois documents le code soit
le même, c'est-à-dire que le terme Balaam désigne la même réalité.
Lui qui a enseigné à Balaq à jeter un obstacle (ou un piège) pour faire buter et tomber, devant la face des fils d'Israël...
Le mot grec skandalon ici utilisé, et que nous avons longuement traduit par : obstacle sur lequel on bute et on tombe, est la
traduction de l'hébreu mikeschôl, qui provient lui-même du verbe hébreu kaschal, buter avec son pied, et trébucher.
Lévitique 19, 14 : Devant la face de l'aveugle tu ne donneras pas un obstacle pour le faire tomber, hébreu mikeschôl, grec
skandalon. Notre traduction est lourde et longue, trop lourde et trop longue, mais nous préférons traduire lourdement et
longuement plutôt que de nous contenter de transcrire le mot grec skandalon en caractères latins. D'ailleurs le mot grec
skandalon n'existait pas en grec naturel avant la traduction grecque de la Bibliothèque hébraïque que nous avons coutume
d'appeler les Septante. Et le verbe grec skandalizein n'existait pas non plus. Il a été forgé pour traduire le verbe hébreu
kaschal. Lorsque nous rencontrons ces mots grecs — grec de synagogue comme disait Richard Simon — nous pouvons être
sûrs qu'il s'agit d'un grec de traduction. Balein skandalon, jeter un obstacle, est encore plus, si possible, du grec de
traduction. Quant à la proposition entière : balein skandalon enôpion ton huiôn israèl, elle est évidemment une traduction
d'un texte hébreu antérieur. Le mot hébreu enôpion traduit l'hébreu lephanim, devant la face de : Genèse 24, 51 ; 30, 33 ; mi-
phanim Genèse 31, 35 ; lephanim 2 Rois 4, 38 ; 4, 43 ; 5, 1 ; 5, 2 ; 5, 3 ; 5, 15 ; 5, 16 ; 6, 1 ; 6, 22 ; 8, 9 ; 18, 22 ; 20, 3 ; 22,
10 ; 22, 19 ; etc.
Manger des viandes sacrifiées aux dieux du paganisme... Grec eidôlothuta. Ce mot apparemment grec n'existait pas en
grec naturel. C'est un mot fabriqué par des Judéens. IV Macchabées 5,2: Le tyran Antiochus... a ordonné à ses gardes qui
portaient une lance (doruphorois !) que chaque Hébreu se reforme un prépuce et de les forcer à manger des viandes de porc
et des viandes qui ont été offertes aux dieux du paganisme, eidôlothutôn. Actes 15, 28 : Car il a paru bon à l'Esprit saint et à
nous, de ne vous imposer aucune charge supplémentaire, sauf celles-ci qui sont nécessaires : vous abstenir des viandes
sacrifiées aux divinités du paganisme, eidôlothutôn, et du sang et des viandes étouffées et de la prostitution. La question,
nous l'avons vu dans une note précédente, est de savoir dans chaque cas ce que signifie le terme grec porneia. S'agit-il
de la prostitution physique ? S'agit-il du culte des divinités païennes, prostitution spirituelle ? 1 Corinthiens (écrite autour
de l'année 55 sans doute) 8, 1 : En ce qui concerne les viandes qui ont été sacrifiées aux dieux du paganisme, eidôlothutôn,
nous savons que tous nous avons la connaissance... Pour ce qui concerne le fait de manger des viandes de bêtes sacrifiées
aux dieux du paganisme, eidôlothutôn, nous savons qu'un dieu du paganisme, ce n'est rien du tout, dans le monde, et nous
savons qu'aucun dieu n'est Dieu si ce n'est un seul... Mais ce n'est pas dans tous que se trouve la connaissance. Certains par
la force de l'habitude jusqu'à maintenant mangent de la viande d'une bête offerte en sacrifice dans les temples païens aux
dieux du paganisme, comme si de fait cette bête avait été sacrifiée aux dieux du paganisme (qui en réalité n'existent pas)...
Si quelqu'un te voit, toi qui as la connaissance (et qui sais qu'un dieu du paganisme, cela n'existe pas, ce n'est rien) couché
(pour manger) dans un lieu où l'on mange les viandes des bêtes sacrifiées aux dieux... 1 Corinthiens 10, 14 : C'est pourquoi,
frères chéris, fuyez loin du culte des dieux des nations païennes... Considérez Israël selon la chair. Ceux qui mangent de la
viande des bêtes sacrifiées (rituellement dans le Temple de Jérusalem, conformément aux prescriptions de Moïse, Lévitique
7, 1 s.) ne prennent-ils pas part à l'autel des sacrifices ? Qu'est-ce donc que je dis ? Est-ce que je vais prétendre qu'une
viande de bête sacrifiée aux dieux du paganisme, c'est quelque chose ? Vais-je prétendre qu'un des dieux du paganisme,
c'est quelque chose ?... Nous sommes de nouveau ramenés à Nombres 25, 1 : Et il a séjourné, Israël, aux Acacias (à l'est du
Jourdain) et il a commencé, le peuple, à se prostituer aux filles de Moab. Elles ont appelé le peuple à offrir des sacrifices à
leurs dieux et il a mangé, le peuple, et il s'est prosterné devant leurs dieux... Dans notre texte Apocalypse 2, 14, manger des
viandes de bêtes sacrifiées aux dieux du paganisme, et se prostituer, porneusai, signifie donc probablement : abandonner le
culte de Dieu unique, et se livrer aux cultes païens. La prostitution, ici, c'est l'apostasie, le passage du monothéisme hébreu
au polythéisme païen et à ses cultes. C'est un langage codé strictement inintelligible pour les païens de la fin du premier
siècle.
- 33 -
2, 16 repens-toi donc
sinon je vais me hâter de venir à toi
et je vais faire la guerre contre eux
avec l'épée de ma bouche
qu'il entende
ce que l'esprit dit aux communautés
soit par le grec to man, comme nous venons de le voir Exode 16, 35 ; soit par la transcription manna, Nombres 11, 6 : Et ils
se sont mis à pleurer aussi les fils d'Israël et ils ont dit : Qui nous fera manger de la viande ? Nous nous souvenons du
poisson que nous avons mangé en Égypte pour rien ; nous nous souvenons des concombres, des pastèques, du poireau, des
oignons et de l'ail ! Et maintenant notre âme est desséchée ! Il n'y a plus rien du tout, si ce n'est le man, à nos yeux ! Ici les
traducteurs en langue grecque ont transcrit l'hébreu man par les caractères grecs qui constituent le mot manna. Ce qui
semble prouver que de fait on prononçait manna plutôt que man. Nombres 11, 7 : Et le man (était) comme de la graine de
coriandre, grec to manna. Nombres 11, 9 : Et lorsqu'elle descendait, la rosée, sur le camp, la nuit, il descendait, le man,
hébreu ha-man, sur lui, grec to manna. Deutéronome 8, 3 ; 8, 16 ; Josué 5, 12 ; Psaume 78, 24 ; etc. Dans les livres de la
nouvelle alliance, le traducteur de Jean, 6, 31, a transcrit le mot hébreu ha-man par les caractères grecs qui donnent to
manna (au neutre) ; Jean 6, 49. De même le traducteur de l'épître aux Hébreux 9, 4. Il n'est pas question du man ni dans les
Évangiles de Matthieu, de Marc et de Luc, ni ailleurs dans les autres livres de la nouvelle alliance. Il est bien évident que le
mot hébreu ha-man, transcrit en caractères grecs to manna, n'avait aucun sens pour un païen de la fin du premier siècle de
notre ère, de même qu'il n'a aucun sens pour un païen cultivé ou non en France en cette fin du xxe siècle. Dans la page que
nous venons de lire, ha-satan est transcrit en caractères grecs mais non traduit. Il en va de même pour le man. Jeter un
obstacle, mikeschôl, devant la face des fils d'Israël, est une expression hébraïque traduite mot à mot. Balaam, qui est un mot
hébreu, est un terme chiffré. De même les Nikolaïtes. Cette page était totalement incompréhensible pour un païen de la fin
du premier siècle, ou pour un chrétien venu du paganisme. Elle était intelligible pour les frères de la communauté de
Pergame qui connaissaient le sens des termes hébreux transcrits mais non traduits, et qui connaissaient le sens des termes
codés Balaam et Nikolaïtes.
32
2, 18 Voici ce que dit le fils de Dieu... L'expression fils de Dieu, et le terme christos, celui qui a reçu l'onction
sacerdotale, royale et prophétique, du verbe grec chriô, oindre, qui traduit le verbe hébreu maschah, même sens, désignent
le même être. Matthieu 16, 16 : Et alors il a répondu Schiméon Petros et il a dit : toi tu es le meschiah, le fils du Dieu vivant.
Et il lui a répondu leschoua et il lui a dit : Heureux tu es toi, Schiméon bar-iônah, fils de la colombe, parce que la chair et le
sang ne t'ont pas révélé, apekalupsen, du verbe apoka-luptô, apokaluptein, qui traduit l'hébreu galah, — mais mon père qui
(est) dans les cieux... Matthieu 26, 63 : Alors le grand prêtre lui a dit : Je te ferai jurer par le Dieu vivant, afin que tu nous
dises si toi tu es le meschiah, le fils de Dieu... Marc 14, 61 : Alors de nouveau le grand prêtre l'interrogea et il lui dit : Est-ce
que toi tu es le meschiah le fils du Béni ? Jean 1, 34 : Et moi j'ai vu et j'ai attesté (qu'il est vrai) que celui-ci, c'est le fils de
Dieu... Jean 1, 49 : Et il lui a répondu Nathanaël : Rabbi, toi tu es le fils de Dieu, toi tu es le roi d'Israël... Jean 11, 27 : Elle
lui a dit : Oui, Seigneur ! Moi j'ai été certaine qu'il est vrai que toi tu es le meschiah, le fils de Dieu, celui qui devait venir
dans le monde de la durée présente. Actes 9, 20 : Et voici que dans les maisons de réunion il proclamait leschoua, que c'est
lui le fils de Dieu..., etc.
Celui dont ses yeux... Construction hébraïque, ascher einaiô ke-labat esch, sans le verbe avoir en hébreu.
- 35 -
33
2, 19 Tes actions, celles d'après... grec ta eschata. Le grec eschatos traduit l'hébreu ahar, ahôr, aharôn, aharit, ce qui
vient après, et non pas « le dernier ».
34
2, 20 La femme Izebel ou ta femme Izebel, dans nombre de manuscrits. 1 Rois 16, 21 : Et Achab fils d'Omri a régné
sur Israël en l'année trente-huit d'Asa roi de Juda et il a régné, Achab, fils d'Omri sur Israël à Schômerôn (= Samarie)
pendant vingt-deux ans (entre 873 et 853 à peu près avant notre ère). Et il a fait, Achab fils d'Omri, le mal aux yeux de
YHWH, plus que ceux qui (étaient) avant lui. Et ce fut peu de choses (cela ne lui a pas suffi) d'aller, de marcher dans les
crimes de Jéroboam, fils de Nebat. Et il a pris une femme, Izebel, transcription grecque Iezabel, fille d'Ethbaal, roi des
Sidoniens ( = des Phéniciens). Et il est allé et il a servi le Baal et il s'est prosterné devant lui. 1 Rois 18, 4 : Et il advint
lorsqu'elle a exterminé, Iezabel, les prophètes de YHWH... 18, 13 : Est-ce qu'on n'a pas annoncé à mon seigneur ce que j'ai
fait lorsqu'elle a frappé, Iezabel, les prophètes de YHWH... 18, 19 : Et maintenant, envoie (des messagers) et fais rassembler
pour moi tout Israël au mont Carmel et les prophètes de Baal... et les prophètes de l'Ashérah... qui mangent (à) la table de
Iezabel. 1 Rois 19, 1 : Alors il a annoncé, Achab, à Iezabel tout ce qu'il avait fait, Eliiahou (= Elie) et qu'il avait tué les
prophètes (de Baal) par l'épée. Et elle a envoyé, lezabel, un messager à Eliiahou pour dire : Qu'ils me fassent ainsi, les
dieux, et qu'ainsi ils en rajoutent (= qu'ils fassent plus encore) ! Demain à la même heure je rendrai ton âme comme l'âme de
l'un d'entre eux ! Et il a eu peur, et il s'est levé et il s'en est allé pour (sauver) son âme... 1 Rois 21, 5 et sq. 1 Rois 21, 25 : Il
n'y a eu personne comme Achab qui se soit vendu pour faire le mal aux yeux de YHWH, lui qu'avait séduit lezabel sa
femme... 2 Rois 9, 7 : Et tu frapperas la maison d'Achab ton maître et je vengerai les sangs, hébreu demeï, grec ta aimata, de
mes serviteurs les prophètes et les sangs, hébreu demeï, grec ta aimata, de tous les serviteurs de YHWH, de la main de
lezabel... Quant à lezabel, ils la mangeront, les chiens, dans le champ de Jizréël et personne pour la mettre au tombeau... 2
Rois 9, 22 : Quelle paix, qu'est-ce que la paix, jusqu'à ce que (= tant que durent) les prostitutions, hébreu zenounei, grec ai
porneiai, de lezabel ta mère et ses sorcelleries nombreuses, grec ta pharmaka... 2 Rois 9, 37 : Et il sera, le cadavre de
lezabel, comme du fumier sur la face du champ... Il sera tel qu'ils ne diront pas (les gens) : Ceci, (c'est) lezabel !
La question est maintenant de savoir qui est lezabel dans le langage codé de l'Apocalypse et ce que désigne ce terme, ce
nom. La réalité qui est désignée par le nom de lezabel est une réalité, ou une entité, qui persécute les prophètes de YHWH
jusqu'à la mort et qui se livre à la prostitution, c'est-à-dire à l'idolâtrie. Nous sommes dans la période où les persécutions
sanglantes proviennent des hautes autorités de Jérusalem, bien avant les persécutions déchaînées par Néron en 64 ou 65.
35
2, 21 Et je lui ai donné un temps afin qu'elle se repente et elle ne veut pas se repentir de sa prostitution... Matthieu 23,
37 : Jérusalem Jérusalem toi qui tues les prophètes et jettes des pierres sur ceux qui sont envoyés vers toi, combien de fois
j'ai voulu réunir tes enfants, comme la poule réunit ses poussins sous ses ailes et vous vous ne l'avez pas voulu... Luc 13, 34
: Jérusalem Jérusalem toi qui tues les prophètes et qui jettes des pierres sur ceux qui sont envoyés vers toi, combien de fois
j'ai voulu réunir tes enfants comme la poule réunit sa couvée sous ses ailes et vous n'avez pas voulu... On voit comment on
passe de l'expression : Jérusalem toi qui tues les prophètes..., à la dénomination chiffrée lezabel, qui de fait faisait mettre à
mort les prophètes. Nous n'oublions pas que Stephanos a été mis à mort vers 36 à coups de pierres. Schaoul-Paulus assistait
à la mise à mort. Iaaqôb le frère de Iohanan et le fils de Zébédée a été mis à mort en 44 sur les ordres du roi Hérode Agrippa
1er. Iaaqôb le frère du Seigneur est mis à mort en 62, sur l'ordre du grand prêtre Hanan. Entre-temps, nous l'avons vu par les
textes de Paul, la persécution a été souvent sanglante.
De se prostitution... C'est le langage des prophètes hébreux. Jérusalem infidèle est comparée à une prostituée. L'apostasie
par rapport à YHWH est comparée à une prostitution.
- 36 -
C'est très vraisemblablement le verbe qui se trouve ici sous le verbe grec lambanô de Apocalypse 2, 28. C'est ce même
verbe hébreu qui se trouve sous le verbe paralambanô dans la première lettre de Paul aux Corinthiens 11, 23 : Moi j'ai reçu
venant du Seigneur ce que aussi je vous ai transmis, à savoir que le Seigneur Jésus dans la nuit où il fut livré... On
remarquera que la construction de cette phrase de 1 Corinthiens 11, 23 est la même que celle de Apocalypse 2, 28.
Remarquer dans les deux cas le kai. 1 Corinthiens 15, 1 : Je vous fais connaître, frères, l'heureuse annonce que je vous ai
annoncée, et que vous aussi vous avez reçue... Remarquer de nouveau le kai, qui recouvre le we hébreu. 1 Corinthiens 15, 3
: Car je vous ai transmis, je vous ai communiqué tout d'abord, ce que j'avais aussi, kai, reçu, à savoir que le Christ est mort à
cause de nos crimes, conformément aux Écritures... 1 Corinthiens 4, 7 : Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? Mais si tu l'as reçu,
pourquoi te glorifies-tu comme si tu ne l'avais pas reçu ?
Il faut même ajouter ceci. Selon Jean 16, 13, l'Esprit saint ne parlera pas de lui-même, mais tout ce qu'il entendra (ou
écoutera), il le dira et les choses à venir, il vous annoncera... Le Saint-Esprit, selon Jean 16, 13, est donc dans la situation du
Christ, qui ne parle pas de lui-même, mais qui enseigne, qui communique ce qu'il a reçu.
- 40 -
3, 444 réveille-toi
et fortifie le reste qui allait mourir
car je n'ai pas trouvé tes actions remplies
devant la face de mon dieu
a entendu, et de s'y tenir. C'est tout juste le contraire de ce que nous répètent nos savants critiques, professeurs ici ou là, de
Nouveau Testament. D'ailleurs, dans les documents qui nous restent des générations suivantes on ne trouve pas trace non
plus de cette production, par les communautés chrétiennes, de leurs propres récits fondateurs. Relisez par exemple les
lettres d'Ignace d'Antioche. On ne trouve pas trace de cette théorie.
Si donc tu ne te réveilles pas, je vais venir comme un voleur et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai à toi...
Matthieu 24, 42 : Veillez donc puisque vous ne connaissez pas quel jour votre Seigneur va venir. Sachez ceci : s'il
connaissait le maître de la maison à quelle veille de la nuit le voleur va venir, il veillerait... Et c'est pourquoi vous aussi,
soyez prêts car à l'heure où vous n'y penserez pas le fils de l'homme va venir... Luc 12, 39 : Sachez ceci : S'il connaissait le
maître de la maison à quelle heure le voleur va venir, il ne le laisserait pas percer sa maison. Vous aussi, soyez prêts, car à
l'heure où vous n'y pensez pas, le fils de l'homme viendra... Paul, première lettre à la communauté de Thessalonique, vers
l'année 50, 5, 1 : En ce qui concerne les temps, les dates et les moments, frères, vous n'avez pas besoin qu'on vous en écrive.
Car vous-mêmes vous savez exactement que le jour du Seigneur, comme un voleur dans la nuit, c'est ainsi qu'il viendra...
Deuxième lettre de Pierre, 3, 10, date non déterminée : II viendra, il va venir, le jour du Seigneur, comme un voleur...
44
3, 4 Mais il y a quelques noms chez toi à Sardes qui n'ont pas souillé leurs vêtements... Des noms qui souillent des
vêtements, ce n'est pas du pur grec classique. Par contre c'était une manière de s'exprimer en hébreu au premier siècle de
notre ère. Actes 1, 15 : Le nombre des noms qui étaient rassemblés au même endroit était d'environ cent vingt... Hébreu
probable : miseparschemôt.
45
3, 5 Et je n'effacerai pas son nom du livre — du rouleau — de la vie... Exode 32, 32 : Et il est retourné, Môscheh, vers
YHWH et il a dit : Hélas ! Il a péché, ce peuple, un grand péché et ils se sont fait pour eux des dieux en or ! Et maintenant,
si tu veux bien porter, supporter, soulever, im-tissa, leur faute — et si ce n'est pas le cas, alors efface-moi donc de ton livre
que tu as écrit ! Et il a dit, YHWH, en s'adressant à Môscheh : Celui qui a commis le crime contre moi, je l'effacerai de mon
livre !
Livre, hébreu sepher, le rouleau, grec biblos. Psaume 69, 28 : Qu'ils soient effacés du livre de la vie, et avec les justes
qu'ils ne soient pas inscrits...
Et je ferai la louange de son nom devant la face de mon père... Les verbes grecs homologein et exomologein traduisent le
plus souvent le verbe hébreu iadah, louer, faire la louange ou l'éloge de, hiphil parfait hôdou, inaccompli première personne
ôdeh. Tôdah, la louange, l'éloge. Genèse 29, 35 : Et elle a conçu encore et elle a enfanté un fils et elle a dit : Cette fois-ci je
vais louer, je vais faire la louange de, YHWH, — ôdeh et- YHWH, grec exomologèsomai kuriô. C'est pourquoi elle a appelé
son nom Iehoudah. 2 Samuel 22, 50 : C'est pourquoi je te louerai, ôdeka, YHWH, au milieu des nations, grec
exomologèsomai soi kurie. 1 Rois 8, 33 : S'ils reviennent vers toi et s'ils louent ton nom, we-hôdou et — schemeka, grec kai
exomologè-sontai tô onomati sou... 8, 35, idem. Psaume 6, 6 : Car il n'y a pas dans la mort quelqu'un qui se souvienne de
toi. Dans lescheôl — grec hadès — qui fera ta louange ? Mi iôdeh lak, grec tis exomologèsetai soi. Psaume 7, 18 : Je louerai
YHWH selon sa justice ou comme sa justice, ôdeh YHWH ke-tzidekô, grec exomologèsomai. Psaume 9, 1 : Je ferai la
louange de YHWH de tout mon cœur, ôdeh YHWH be-kôl libbi, grec exomologèsomai soi kurie... Psaume 18, 49 ; 28, 7 ;
30, 4 ; etc. Matthieu 11, 25 : Et en ce temps-là il a répondu Ieschoua et il a dit : Je te loue — je fais ta louange — père,
seigneur du ciel et de la terre, toi qui as caché ces choses loin des sages et des intelligents et tu les as révélées, grec
apekalupsas, aux tout petits. Oui, père, parce qu'ainsi il a paru bon devant ta face... Luc 10, 21. Matthieu 10, 32 : Tout
homme qui fera la louange, en moi, devant la face des hommes, je ferai sa louange, moi aussi, en lui devant la face de mon
père qui (est) dans les cieux. Et celui qui me niera devant la face des hommes, je le nierai moi aussi devant la face de mon
père qui (est) dans les cieux... Luc 12, 8.
- 42 -
et tu ne sauras pas
à quelle heure je vais venir à toi
prodiges... Psaume 95, 8 : Ne rendez pas durs vos cœurs (organes de l'intelligence) comme au lieu-dit de la Querelle,
comme au jour de l'expérimentation, de l'épreuve, ke-iôm massah, grec kata tèn hèmeran toupeirasmou, dans le désert, —
que, hébreu ascher ! — ils m'ont mis à l'épreuve, ils ont voulu faire une expérience sur moi, hébreu ascher nissouni, grec
epeirasan, vos pères... Le verbe hébreu nasah, traduit en grec par peirazein, signifie expérimenter, faire une expérience,
mettre à l'épreuve. Genèse 22, 1 : Dieu a mis à l'épreuve Abraham, we-ha-elohim nissah et-aberaham, grec ho theos
epeirazen... Exode 15, 25 : Là il lui donna une norme et un droit et là il le mit à l'épreuve, hébreu we-scham nissahou, grec
kai ekei epeirasen auton. Exode 16, 4 : Me voici qui vais faire pleuvoir pour vous du pain provenant des cieux et il sortira le
peuple et ils ramasseront, la quantité du jour en son jour, chaque jour ce qu'il faut au jour, hébreu debar iôm be-iômô —
littéralement : parole (= chose) du jour en son jour — afin que je le mette à l'épreuve, le-maan anassenou, grec
hopôspeirasô autous, pour savoir s'il va marcher dans ma torah, oui ou non... Exode 17, 2 : Et ils sont partis, toute la
communauté des fils d'Israël, kôl adat benei Israël, grec pasa sunagôgè huiôn israèl, du désert de Sin... sur l'ordre de
YHWH — littéralement : sur la bouche, al pi — et ils ont campé aux Rephidim et il n'y avait pas d'eau pour faire boire le
peuple. Et il se mit à se quereller, le peuple, avec Môscheh et ils lui ont dit : Donne-nous de l'eau pour que nous puissions
boire ! Et il leur a dit, Môscheh : Pourquoi vous querellez-vous avec moi ? Pourquoi mettez-vous à l'épreuve YHWH ? Ma-
tenassoun et-YHWH, grec ti peirazete kurion. Exode 17, 7 : Et il appela le nom du lieu massah et meribah à cause de la
querelle, rib, des fils d'Israël et parce qu'ils avaient mis à l'épreuve, we-al nassôtam, grec peirazein, YHWH en disant : Est-
ce qu'il est, YHWH, au milieu de nous, oui ou non ? Exode 20, 20 : Et il a dit, Môscheh, au peuple : N'ayez pas peur, car
c'est pour vous mettre à l'épreuve, nassôt, grec peirasai, qu'il est venu, Dieu... Nombres 14, 22 \ Tous les hommes qui ont
vu ma gloire et mes signes que j'ai faits en Égypte et dans le désert et qui m'ont mis à l'épreuve, wa-ienassou ôti, grec kai
epeirasan me, voilà déjà dix fois et ils n'ont pas écouté ma voix, — si jamais ils voient le pays que j'ai juré (de donner) à
leurs pères... Deutéronome 8, 2 : Et tu te souviendras de toute la route qu'il t'a fait parcourir, YHWH ton Dieu, voici
quarante années dans le désert, afin de te rendre humble et afin de te mettre à l'épreuve, le-nassôteka, grec kai ekpeirasèse,
pour savoir, le-daat, ce qui (est) dans ton cœur : Est-ce que tu vas garder ses commandements, oui ou non ? Deutéronome
13, 2 : Que s'il se lève au milieu de toi un prophète ou un songeur de songes et qu'il te donne un signe ou un prodige, et qu'il
arrive — qu'il se réalise — le signe et le prodige qu'il t'a dit, — un prophète pour dire : Allons après des dieux autres que tu
n'as pas connus et servons-les ! Tu n'écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce songeur de songes ! Car il est en train
de vous mettre à l'épreuve, ki menasseh, grec hoti peirazei, YHWH, votre Dieu, pour savoir si, la-daat, pour savoir si vous
êtes des hommes qui aiment YHWH votre Dieu de tout votre cœur (organe de l'intelligence) et de toutes vos âmes... et de
toute votre âme... Juges 2, 20 : Puisqu'ils ont transgressé, ce peuple, mon alliance que j'avais ordonnée à leurs pères et
puisqu'ils n'ont pas écouté ma voix, eh bien moi aussi je ne continuerai pas à déposséder qui que ce soit devant leurs faces,
de parmi les nations qu'il a laissées, Iehôschoua, et puis il est mort. Afin de mettre à l'épreuve, lemaan nassôt, grec tou
peirasai, par elles (par ces nations païennes) Israël, pour savoir s'ils vont garder, eux, la voie de YHWH... oui ou non ?
Juges 3, 1 : Voici les nations qu'il a laissées, YHWH, pour mettre à l'épreuve, le-nassôt, grec hôste peirasai, par elles,
Israël... Daniel 1, 12 : Fais donc l'expérience sur tes serviteurs pendant dix jours ! Qu'on nous donne des céréales et nous en
mangerons, et de l'eau et nous la boirons. Hébreu : toujours le verbe nasah, grec le verbepeira-zein. Daniel 1, 14 : Et il les a
écoutés pour cette affaire et il a fait l'expérience pendant dix jours, le verbe nassah en hébreu, peirazein en grec. Matthieu 4,
1 : Alors Ieschoua fut conduit dans le désert par l'Esprit afin d'être mis à l'épreuve par l'adversaire. Matthieu 16, 1 : Et ils se
sont avancés les perouschim et les tzadoukim pour le mettre à l'épreuve, peirazontes, et ils lui ont demandé de leur montrer
un signe venant du ciel... Matthieu 19, 3 : Et ils se sont approchés de lui, les perouschim, pour le mettre à l'épreuve,
peirazontes auton, et ils lui ont dit : Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme... Jean 6, 6 : Il a dit cela pour le mettre
à l'épreuve, peirazôn auton... Matthieu 6, 13 : Et ne nous fais pas venir dans l'épreuve, eispeirasmon, la guerre, la
déportation, la famine, la peste, etc.
50
3, 11 Me voici je viens prochainement... Ou : Je suis près de venir... Isaïe 5, 26 : C'est pourquoi elle s'est enflammée la
narine de YHWH contre son peuple et il a étendu sa main sur lui et il l'a frappé et elles ont tremblé, les montagnes... Et avec
tout cela, elle ne s'est pas détournée, sa colère (sa narine) et elle est encore, sa main, étendue. Il a levé un étendard pour les
nations païennes au loin et il en siffle un, pour lui, des extrémités de la terre. Et le voici qui se hâte, léger, il vient... Hébreu :
we-hinneh meherah gai iabô, grec kai idou tachy kouphôs erchontai. Isaïe 13, 22 : Et il est proche de venir son temps, we-
qarôb la-bô ittah, grec tachy erchetai, et ses jours ne seront pas allongés, we-iameiha lô immaschekou, grec kai ou chroniei,
- 45 -
je suis riche
et je me suis enrichi et je n'ai besoin de rien
La tête de la création de Dieu... Le grec arche traduit l'hébreu rôsch, la tête, rischôn, celui qui est en tête, reschit, ce qui
est en tête, Genèse 2, 10 ; 40, 13 ; 40, 20 ; Exode 6, 25 ; 12, 2 ; Nombres 1,2; 4, 22 ; 26, 2 ; Juges 7, 16 ; etc. La tête de la
création de Dieu : cela peut donc s'entendre de deux manières : I. Ce qui est au commencement. 2. Ce qui est au sommet, et
au terme... Le Christ au commencement de la création. Le Christ au sommet de la création. Le Christ au commencement,
parce qu'il est le premier voulu, puisqu'il est, et qu'en lui se réalise la finalité ultime de la création. Primum in inten-tione,
ultimum in executione, Jean Duns Scot, Commentaire des Sentences de Pierre Lombard donné à Paris, 3, distinction 7, q. 4,
n. 2. Paul, lettre à la communauté chrétienne de Colosses, date à déterminer, à partir de l'année 58 sans doute, 1, 12 : Nous
bénissons le père (= Dieu) qui vous a rendu capables de prendre part à l'héritage des saints, dans la lumière. Lui qui nous a
arrachés à la puissance de la ténèbre et qui nous a transportés dans le royaume (le règne) du fils de son amour, en qui nous
avons la rédemption, la rémission des fautes. Lui (le fils) qui est la représentation physique et visible, grec eikôn, hébreu
tzelem, la statue du Dieu invisible, le premier-né, grec prôtotokos, hébreu bekôr, de toute la création. Car en lui ont été
créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles... Toutes choses pour lui, à cause de lui, grec
dia, et en vue avant de toutes choses, devant toutes choses — et toutes choses en lui trouvent leur consistance. Et lui il est la
tête, grec kephalè, hébreu rôsch — qui peut être traduit en grec aussi par arche — du corps, c'est-à-dire la communauté,
grec ekklèsia, hébreu qahal ou qehilah. Lui qui est la tête, grec arche, hébreu rôsch, le premier-né, hébreu bekôr, d'entre les
morts, afin qu'il soit en toutes choses celui qui est en tête, qui est le premier, prôteuôn, hébreu possible ha-rischôn. Car en
lui, il a plu (à Dieu), il a paru bon (à Dieu), de faire habiter toute la plénitude (de la divinité)... Lorsque Paul écrit cette lettre
aux saints et aux frères qui sont à Colosses, à partir de l'année 58 peut-être, il leur dit tout au début de sa lettre 1,4: Nous
avons appris la certitude de la vérité, émounah, pistis, qui est la vôtre dans le Christ Jésus... 1,9: C'est pourquoi nous aussi,
depuis le jour où nous avons appris de vous tout cela... Ce n'est pas Paul qui a semé la semence à Colosses. Personne ne sait
qui est à l'origine de la communauté chrétienne de Colosses à laquelle Paul écrit cette grande lettre dogmatique, en 58 ou
plus tard. Il suffit de regarder la carte pour constater que la ville de Colosses est tout près de Laodicée, à laquelle Jean écrit
depuis Patmos, et tout près de Hiérapolis. Jean dans l'Apocalypse ne fait mention ni de l'église de Colosses ni de l'église de
Hiérapolis. Comment comprendre ce fait, si l'Apocalypse a été écrite dans les dernières années du premier siècle, ou dans
les premières années du deuxième siècle ? Pourquoi ne parle-t-il pas de ces églises ? Pourquoi n'en fait-il même pas mention
? La question est toujours de savoir si l'Apocalypse est antérieure à la lettre adressée par Paul à l'église de Colosses, ou
postérieure. Quant au fond, il est évident que c'est la même christologie, et ici la même doctrine du Christ exprimée dans les
mêmes termes. L'hypothèse la plus simple et la plus vraisemblable, c'est que la source est commune. Si l'Apocalypse a été
écrite après la lettre de Paul adressée à la communauté chrétienne de Colosses, disons après 58, pourquoi l'Apocalypse ne
fait-elle pas mention de l'église de Colosses, ni de celle de Hiérapolis, qui existaient certainement à ce moment-là ?
53
3, 15 Qui donnera... Grec ophelon qui traduit l'hébreu mi-iten, qui donnera que..., Exode 16, 3. — Ou bien l'hébreu
lou, Nombres 14, 2.
- 48 -
3, 2056 me voici
54
3, 18 Purifié par le feu... 2 Samuel 22, 31 : La parole de YHWH est purifiée par le feu comme un métal, hébreu
tzaraph, fondre un métal, purifier un métal en le faisant fondre, grec pepurômenon. Psaume 12, 7 : Les paroles de YHWH
(sont) paroles pures (elles sont) de l'argent fondu et purifié par le feu, keseph tzarouph, grec argurion pepurômenon...
Psaume 66, 10 : Tu nous as fait fondre et tu nous as purifiés, hébreu tzeraphtani, grec epurôsas hèmas, comme on fait
fondre et comme on purifie de l'argent, ki-tzeraph kaseph, grec hôs puroutai to argurion. Proverbe 30, 5 : Toute parole de
Dieu est purifiée par le feu, tzerouphah, grec pepurômenoi. Zacharie 13, 9 : Et je ferai venir le tiers dans le feu et je vais les
faire fondre et les purifier par le feu, hébreu wou-tzeraphetim, comme on fait fondre et on purifie l'argent, ki-tzerôph,
l'argent, grec kai purôsô autous hôs puroutai to argurion... Notre texte grec Apocalypse 3, 18 chrusion pepurômenon ek
puros recouvre donc probablement l'hébreu zahab tzarouph ba-esch, Delitzsch et Zalkinson.
La honte de ta nudité... Ézéchiel 16, 36 : Parce que tu as répandu (ou versé) ton airain (euphémisme) et parce qu'elle a
été découverte, dévoilée, révélée, hébreu wa-tigaleh, grec apokaluphthèsetai, ta nudité dans tes prostitutions... Le mot
hébreu érewah, la nudité, du verbe arah, dénuder, a été traduit en grec par aischunè, la honte. L'expression grecque hè
aischunè tes gumnotètos que nous lisons ici Apocalypse 3,18, est la traduction complète de l'hébreu érewah. Ézéchiel 16, 37
: Je vais découvrir ta nudité, hébreu we-gilleiti érewatek, et ils verront toute ta nudité, érewatek, grec tèn aischunèn sou.
Ézéchiel 23, 10 ;23, 18 ;23, 29.
55
3, 19 Moi ceux que j'aime... Proverbe 3, 12 : Car ceux qu'il aime, YHWH, il les réprimande, il les corrige, hébreu, le
verbe iacah, hiphil hôkiah, juger, reprocher, punir, corriger, grec paideuein ou elegchein, selon les manuscrits. Ici,
Apocalypse 3, 19, le traducteur a mis à la suite les deux mots grecs qui traduisent le même mot hébreu.
Sois enflammé d'un amour ardent et jaloux, grec zèloun, hébreu qana. Qineah, l'amour jaloux, grec zèlos, Cantique des
Cantiques 8, 6. Paul, 1 Corinthiens 12, 31 : Recherchez avec amour, avec passion, zèloute, les dons de la grâce qui sont les
plus grands... 14, 1 : Recherchez avec passion, avec un amour jaloux, zèloute, les choses spirituelles, et surtout de
prophétiser... 14, 39 : Recherchez avec amour et passion le fait de prophétiser, zèloute to prophèteuein... Galates 4, 17 : Ils
vous aiment d'un amour jaloux, mais non de la bonne manière, zèlousin humas ou kalôs... Il est bon d'être pris d'amour
ardent et jaloux, zèlousthai, dans ce qui est bon...
56
3, 20 Me voici je me tiens debout à la porte et je frappe... Cantique des Cantiques, 2, 8 : Voix de mon chéri ! Voici
qu'il vient... 5, 2 : Moi je dors mais mon cœur veille ! Voix de mon chéri qui frappe (à la porte) ! Ouvre-moi ma sœur ma
compagne ma colombe... 5, 6 : J'ai ouvert, moi, à mon chéri... Luc 12, 36 : Et vous vous êtes comme des hommes qui
attendent leur maître lorsqu'il revient du banquet. Lorsqu'il arrive et lorsqu'il frappe (à la porte), aussitôt ils lui ouvrent...
Matthieu 24, 32 : Du figuier apprenez à connaître et à comprendre l'analogie, hébreu mâschâl, grec parabole.
Lorsque déjà ses branches deviennent tendres et lorsque les feuillages poussent, vous savez qu'il est proche, l'été. Ainsi
et vous, lorsque vous verrez tout cela, vous connaîtrez qu'il est proche, à la porte. Amèn je vous le dis, elle ne passera pas
cette génération jusqu'à ce que tout cela se fasse... Si quelqu'un entend ma voix et s'il ouvre la porte, alors j'entrerai chez
lui... Si... alors, en grec ean... kai, ce qui constitue une traduction littérale de l'hébreu. L'hébreu we, qui signifie et, a souvent
une fonction logique qui correspond à notre construction : si... alors. Genèse 3, 5 : C'est qu'il sait, Dieu, que au jour où vous
- 49 -
mangerez de lui (de l'arbre), alors, hébreu we, ils s'ouvriront, vos yeux... Nous avons ici Apocalypse 3, 20 une construction
de ce type : Si quelqu'un écoute ma voix et ouvre la porte, alors, grec kai qui recouvre l'hébreu we, j'entrerai chez lui... Note
du P. Allô, dans son grand Commentaire de l'Apocalypse : « Kai, avant eleusomai, est un hébraïsme demeuré assez
curieusement dans un certain nombre de manuscrits » !
57
3, 21 Celui qui vaincra, je donnerai à lui de s'asseoir... Construction que les grammairiens appellent « nominatif
pendant », suivi d'un pléonasme : je donnerai à lui... C'est de l'hébreu : Ha-menat-zeah eteneou...
- 50 -
monte ici
et je te montrerai ce qui va arriver après cela
58
4, 1 Et il advint après cela j'ai vu... Construction hébraïque classique. Genèse 22, 1 : Et il fut (= il advint) après ces
paroles, waiehi ahar ha-debarim ha-elleh, et Dieu a mis à l'épreuve Abraham... Le grec meta tauta traduit aussi l'hébreu we-
aharei ken, Genèse 23, 19 ; Exode 11,1; etc.
Pour dire... Hébreu lemôr, infinitif précédé du lamed du verbe amar, dire, parler, traduit constamment, en grec, des
milliers de fois, par le participe grec legôn, c'est le cas ici. Note du P. Allô : « Le solécisme legôn qui s'explique par une «
distraction » (ou par l'hébreu lemôr ?). »
Ce qui va arriver après cela... Grec deï, qui traduit une construction "hébraïque à l'infinitif précédé du lamed, nous
l'avons déjà noté. Il n'y a donc pas lieu de forcer la traduction de deï par « il faut que » ... Daniel 2, 28 ; 2, 29 ; 2, 45 ; même
construction, même traduction en grec.
59
4, 2 Et voici qu'un trône était placé dans les cieux... 1 Rois 22, 19 : J'ai vu YHWH assis sur son trône et toute l'armée
se tenait debout auprès de lui à sa droite et à sa gauche... Ézéchiel 1, 26 : Et au-dessus de la surface solide et ferme, raqia,
qui était sur leurs têtes, comme une apparence — hébreu mareeh, ce qu'on voit, du verbe raah, voir, grec orasis — de pierre
de saphir, une forme de trône, hébreu demout kissé, grec homoiôma thronou, et sur la forme du trône, une forme comme une
apparence d'homme, demout ke-mareeh adam, grec homoiôma hôs eidos anthrôpou, au-dessus... Psaume 47, 9 : Dieu est
assis sur son trône de sainteté...
60
4, 3 Et celui qui était assis était comme une apparence... Le grec homoios traduit le plus souvent l'hébreu ke, kemô,
comme... Exode 15, 11 ; Juges 8, 18 ; 1 Samuel 10, 24 ; etc. Le grec homoios orasei se retraduit donc en hébreu : ke-
mareeh.
Pierre de jaspe... Grec iaspis. Exode 28, 18 : sur l'éphod du grand prêtre ; 39, 11. Isaïe54, 12 ; Ezéchiel 28, 13.
Sardoine : Exode 25, 7, grec sardion, les pierres précieuses cousues sur l'éphod du grand prêtre. Exode 28, 17 ; 35, 9 ;
Ézéchiel 28, 13. Il va sans dire que dans le texte que nous lisons, rien n'est au hasard, et si l'apparence de celui qui est assis
sur le trône est celle des pierres précieuses qui sont cousues sur le vêtement du grand prêtre, c'est qu'il existe une relation
entre celui qui est assis sur le trône et le grand prêtre.
Et un arc-en-ciel tout autour du trône... Ézéchiel, 1, 28 : Comme l'apparence, hébreu ke-mareeh, de l'arc-en-ciel qui est
dans le nuage dans un jour de pluie, ainsi (était) l'apparence, mareeh, de la clarté tout autour. C'était l'apparence de la forme
de la gloire de YHWH, hébreu hou mareeh demout kebôd YHWH, grec autè hè orasis homoiômatos doxès kuriou...
Et un arc-en-ciel tout autour du trône, comme une apparence d'émeraude... Nous venons de noter que le grec homoios
traduit l'hébreu ke ou kemô. C'est de nouveau le cas ici. Mais notre traducteur a oublié d'accorder le grec homoios, qui est au
masculin, avec iris, qui est au féminin, ce qui lui vaut une sévère réprimande du P. Allô : « Solécisme du masculin homoios
avec iris, féminin. » Notons ici que les manuscrits ultérieurs corrigent ces grosses fautes de grec. En sorte qu'il existe un
critère pour établir la chronologie relative des manuscrits : les manuscrits grecs qui ont conservé ces énormes fautes de grec,
qui proviennent du premier traducteur du texte hébreu, sont les plus anciens. Ceux qui sont corrigés sont postérieurs.
Comme une apparence d'émeraude... Grec smaragdinos. Exode 28, 9 : Tu prendras les deux pierres de schôham, grec
lithous sma-ragdou, et tu graveras sur elles les noms de fils d'Israël... Exode 28, 17 : L'une des pierres précieuses qui se
trouvent sur la première rangée cousue sur le pectoral du grand prêtre. Exode 39, 6 : Les pierres précieuses sur lesquelles
sont gravés les noms des fils d'Israël, qui sont cousues sur l'éphod du grand prêtre, hébreu schôham, grec lithous tes
smaragdou, pierres du souvenir, abenei zikarôn, des fils d'Israël... Exode 39, 10 : L'une des pierres précieuses qui est cousue
- 51 -
et au milieu du trône
et tout autour du trône
[il y avait] quatre êtres vivants
tout remplis avec des yeux
en avant et en arrière
4, 1168 tu es digne
toi notre seigneur et notre dieu
de recevoir la gloire
et l'honneur et la puissance
parce que c'est toi qui as créé tous les êtres
et c'est par ta volonté qu’ils ont existé
et qu'ils ont été créés
5, 169 et j'ai vu
et voici à [la main] droite de celui
qui est assis sur le trône
un rouleau écrit devant et derrière
complètement scellé avec sept sceaux
ne pleure pas
voici qu’il a vaincu
le lion qui est issu de la tribu de iehoudah
la racine de david
[pour] ouvrir le rouleau et ses sept sceaux
et ils disent
5, 1176 et j'ai vu
exactement et complètement l'hébreu be, dans. Le verbe hébreu gaal signifie lui aussi racheter. Lévitique 25, 33 : Et celui
qui rachète (quelque chose qui appartient) aux Lévites..., hébreu wa-ascher igeal, grec kai hos an lutrôsamenos... Lévitique
27, 13 : 27, 15 ; 27, 19 ; etc. Traduction grecque, le verbe lutroô. La traduction de l'un des verbes hébreux padah ou gaal
par le verbe grec agora-zein, est probablement une traduction en grec populaire. 1 Corinthiens 6, 20 : Vous avez été
rachetés à un prix élevé... Deuxième lettre de Pierre 2, 1 : Il y a au milieu de vous des gens qui enseignent des doctrines de
mensonge... Le maître qui les a rachetées, ils le renient... Le verbe ex-agorazein est aussi utilisé pour traduire padah ou
gaal, Galates 3, 13 : Le Christ nous a rachetés de la malédiction de la torah. Lettre aux Hébreux 9, 11 : Le Christ... grand
prêtre... Ce n'est pas avec le sang des boucs et des jeunes taureaux, mais c'est avec son propre sang qu'il est entré, en une
seule fois, dans le lieu saint. Il a obtenu une rédemption éternelle, grec aiônian lutrôsin, hébreu pedout ôlam ou geoulat
ôlam.
Tu as racheté (...) de toute tribu et de toute langue... Sous-entendu : des hommes. Construction hébraïque avec min qui
indique que l'on tire d'un ensemble des éléments qui s'y trouvent. Exode 17, 5 : Prends avec toi (sous-entendu : des
hommes) pris d'entre les anciens d'Israël, mi-ziqenei israel. Genèse 30, 14 : Donne-moi donc (sous-entendu : quelques-unes)
des mandragores de ton fils... 2 Samuel 11, 17 : Et il tomba, pris de l'ensemble que constitue le peuple, min-ha-am (sous-
entendu : des hommes), d'entre les serviteurs de David, me-abedei dawid...
75
5, 10 Et tu as fait d'eux pour notre Dieu un royaume de prêtres... Exode 19, 6 : Et quant à vous, vous serez pour moi
un royaume de prêtres, ou : une royauté de prêtres, mameleket kôhanim, et une nation sainte, we-goï qadôsch. Isaïe 61, 6 :
Et vous, prêtres de YHWH, kohanei YHWH, vous serez appelés... Isaïe 66, 18 : Et moi... je viens pour rassembler toutes les
nations et toutes les langues et elles viendront et elles verront ma gloire... L'Apocalypse enseigne comme Paul que Dieu a
fait entrer les païens de toutes les nations dans l'économie de la promesse faite à Abraham. Il y avait sans doute dans le texte
hébreu mameleket kôhanim comme dans Exode 19, 6. Le traducteur en langue grecque a, comme Apocalypse 1, 6, traduit
basileian hiereis, c'est-à-dire qu'il n'a pas mis au génitif pluriel le mot hiereis, parce que l'hébreu kôhanim se présente
comme un nominatif. Un copiste ultérieur a ajouté le kai entre basileian et hiereis parce que l'expression lui paraissait
incompréhensible et incorrecte grammaticalement. — Même cas Jean 1, 18. Il y avait sans doute dans le texte hébreu iahid
elohim, le fils unique et chéri de Dieu. Le traducteur en langue grecque a traduit l'hébreu iahid par le grec monogenès. Il a
traduit elohim par theos et il a oublié de décliner theos et de le mettre au génitif. Les plus anciens manuscrits gardent la trace
de cette traduction fautive. Les manuscrits ultérieurs ont tenté de diverses manières de corriger cette faute de grec. Une
bonne traduction est celle de certains manuscrits : monogenès huios theou.
Un royaume de prêtres et une nation sainte : c'est la définition ontologique d'Israël selon Exode 19, 6. Ce qui est
nouveau désormais, c'est que des hommes de toutes races, de toutes langues et de toutes nations entrent dans l'économie du
monothéisme hébreu et font désormais partie de ce royaume de prêtres.
76
5, 11 Des multitudes de multitudes... Hébreu rebabah, pluriel rebabôt, du verbe rabah, être nombreux. Genèse 24, 60
: Et ils ont béni Rebecca et ils ont dit à elle : Notre sœur (tu es) toi ! Deviens des milliers de multitude, hébreu haiei le-
alephei rebabah, grec ginou eis chiliadas muriadôn. On remarque comment l'hébreu exprime ce que nous traduisons par
devenir : le verbe être suivi de le qui indique la destination, l'orientation, la finalité. Lévitique 26, 8 : Et ils poursuivront,
cinq d'entre vous, cent, et cent d'entre vous poursuivront une multitude, hébreu rebabah, grec muriades. Nombres 10, 36 :
Reviens, YHWH, (vers ?) les multitudes des milliers d'Israël, hébreu ribebôt alephei Israël, grec chiliadas muriadas...
Deutéronome 32, 30 : Comment (est-il possible) qu'il poursuive, un seul, un millier, et que deux mettent en fuite une
- 58 -
multitude, hébreu rebabah, grec muriadas, si ce n'est parce que leur rocher les a vendus... Deutéronome 33, 17 : Et eux (ce
sont) les multitudes, hébreu ribebôt, grec muriades, d'Ephraïm, et eux (ce sont) les milliers, hébreu alephei, grec chiliades,
de Manassé... 1 Samuel 18, 7 : Il a frappé, Schaoul, son millier, hébreu ba-alaphaw, grec en chiliasin, et David ses
multitudes, be-ribebotaiô, grec en muriasin. En grec murias, muriados signifie : au nombre de dix mille, ou le nombre de
dix mille. Le P. Allô traduit muriades muriadôn par « des myriades de myriades » et il ajoute en note : « muriades muriadôn
qui devrait suivre plutôt que précéder chiliades chiliadôn ». Ce n'est pas le cas du tout si l'on tient compte du sens naturel de
l'hébreu rebabah.
77
5, 12 II est digne l'agneau qui a été sacrifié de recevoir la puissance et la richesse et la sagesse... 1 Chroniques 29, 10 :
Et il a béni, David, YHWH, aux yeux de toute l'assemblée, kôl ha-qahal, grec tes ekklèsias et il a dit, David : Béni (sois-tu)
toi YHWH Dieu d'Israël notre père, depuis la durée passée et jusqu'à la durée à venir, hébreu me-ôlam we-ad-ôlam. A toi
YHWH (appartiennent) la grandeur, et la force, hébreu ha-gebourah, grec hè dunamis, la majesté, la splendeur et l'honneur,
car tout dans les cieux et sur la terre (est) à toi YHWH !... Et la richesse, hébreu ha-ôscher, grec ho ploutos, et la gloire,
hébreu ha-kabôd, grec hè doxa, proviennent de devant ta face, hébreu mi-le-phaneika, et c'est toi qui gouvernes sur le tout,
et dans ta main la force et la vigueur, et c'est dans ta main (que se trouve le pouvoir) de rendre grand et de rendre fort tout
(ce qui existe)...
78
5, 14 Et les anciens sont tombés (à terre sur leurs faces) et ils se sont prosternés... Genèse 17, 3 : Et il est tombé,
Abram, sur sa face... Genèse 17, 17 idem. Genèse 44, 14 : Et ils sont tombés devant sa face à terre... Lévitique 9, 24 : Et ils
sont tombés sur leurs faces... Nombres 14, 5 : Et il est tombé, Môscheh et Aharôn (verbe au singulier, plusieurs sujets) sur leurs
faces, devant la face de toute l'assemblée de la communauté des fils d'Israël, li-phenei kôl-qehal adat benei israel... Nombres 16,
4 : Et il a entendu, Môscheh, et il est tombé sur sa face... Nombres 16, 22 : Et ils sont tombés sur leurs faces... Josué 5, 13 : Et
il advint, alors qu'il était, Iehôschoua sur Jéricho, alors il leva les yeux et il a vu et voici un homme se tenait debout en face de
lui et son épée dégainée dans sa main. Et il est allé, Iehôschoua, vers lui et il lui a dit : Est-ce que pour nous (tu es) toi ? Ou bien
pour nos ennemis ? Et il a dit : Non ! Car moi (je suis) le prince de l'armée de YHWH... Et il est tombé, Iehôschoua, sur sa face
- 59 -
amen
à terre et il s'est prosterné... Nous avons ici l'expression hébraïque complète que le traducteur de l'Apocalypse a traduite en
l'abrégeant.
- 60 -
6, 1 et j'ai vu
lorsqu'il a ouvert
l'agneau
l'un des sept sceaux
et j'ai entendu l'un des quatre vivants
qui disait comme une voix de tonnerre
viens et vois
6,279 et j'ai vu
et voici un cheval blanc
et celui qui était assis sur lui
il y avait un arc dans sa main
et il lui fut donné une couronne
et il est sorti et il a vaincu
[et il est sorti] pour vaincre
viens et vois
viens et vois
et j'ai vu
et voici un cheval noir
et celui qui était assis sur lui
[il y avait] une balance dans sa main
viens et vois
6, 881 et j'ai vu
et voici un cheval vert
et celui qui était monté dessus
son nom [c'est] la mort
et le scheôl vient après lui
et il leur a été donné puissance
sur le quart du pays
pour faire mourir par l'épée
et par la famine et par la peste
et par les bêtes sauvages du pays
80
6, 5 Et celui qui était assis dessus, il y avait une balance dans sa main... Grec zugon, tout ce qui sert à joindre deux objets
ensemble, joug pour deux bœufs ou deux chevaux ; fléau d'une balance, ce qui unit les deux plateaux, balance. Le grec zugon
peut traduit l'hébreu d/qui signifie le joug, une pièce de bois qui attache ensemble le cou de deux bêtes de somme, Genèse 27, 40
; Lévitique 26, 13 ; Nombres 19, 2 ; Deutéronome 21, 3 ; etc. et l'hébreu môzenaïm, les deux plateaux de la balance, Job 6, 2 ;
31, 6 ; Psaume 62, 10 ; Ézéchiel 5,1; etc. Les deux sens sont donc possibles.
Dans sa main... Grec en tè cheiri auîou, autou « pléonasme », Allô ! Hébreu : be-iadô.
81
6, 8 Le scheôl vient après lui... Grec ho hadès, qui est la traduction de l'hébreu scheôl, Genèse 37, 35 ; 42, 38 ; 44, 29 ;
etc. Vient après lui, hébreu ahar.
Par l'épée, et par la famine, et par la peste et par les bêtes sauvages du pays, hébreu ba-hereb wou-ba-raab wou-ba-deber
wou-be-haiiôt ha-aretz. Comme le note P. Allô le grec hupo ton thèriôn est « peu ordinaire » !
82
6, 9 Sous l'autel des sacrifices, grec thusiastèrion, hébreu mize-beah, Genèse 8, 20 ; 12, 7 ; 12, 8 ; 13,4; 13, 18 ; 22, 9 ;
etc. Zabach, offrir en sacrifice ; zebach, la victime offerte en sacrifice. Les âmes de ceux qui ont été sacrifiés, grec sphazein,
schahath, sacrifier une victime, un animal, ou un homme, Genèse 22, 10 ; 37, 31 ; Exode 12, 6 ; etc.
A cause de la parole de Dieu... Même expression que Apocalypse 1,9: Jean est dans l'île de Patmos à cause de — ou
- 62 -
jusques à quand
seigneur saint et véritable
ne jugeras-tu pas
et ne feras-tu pas justice de notre sang
[en le réclamant de la main]
de ceux qui habitent le pays
6, 1284 et j'ai vu
pour — la parole de Dieu, c'est-à-dire pour communiquer la parole de Dieu dans l'île de Patmos comme il l'a fait
précédemment, selon toute vraisemblance, dans les villes auxquelles il écrit des lettres.
A cause de l'attestation... Même expression que Apocalypse 1, 9 : Jean dans l'île de Patmos attestait de la vérité du
Christ, grec mar-turia, hébreu edout.
83
6, 10 Jusques à quand ne jugeras-tu pas... Tournure hébraïque. 2 Samuel 18, 19 : Je vais annoncer au roi l'heureuse
nouvelle, à savoir qu'il l'a jugé, YHWH, de la main de ses ennemis, mi-iad ôiebaiô, grec hoti ekrinen auto kurios ek cheiros
ton echthrôn autou. 2 Rois 9, 6 : Je t'ai oint comme roi sur le peuple de YHWH sur Israël. Et tu frapperas la maison d'Achab
ton maître et je tirerai justice des sangs de mes serviteurs les prophètes et des sangs de tous les serviteurs de YHWH, de la
main de Izabel, hébreu mi-iad izabel, grec kai ekdikè-seis ta aimata ton doulôn mou ton prophètôn kai ta aimata pantôn ton
doulôn kuriou ek cheiros iezabel... 2 Samuel 2, 26 : Jusques à quand, hébreu ad-matai, grec heôs pote, ne diras-tu pas au
peuple de revenir de derrière leurs frères (= de revenir et de cesser de poursuivre leurs frères) ? Osée 8, 5 : Jusques à quand
ne pourront-ils pas être innocentés ? Zacharie 1, 12 : Jusques à quand toi, tu n'auras pas pitié de Jérusalem et des villes de
Juda ? ( = Jusques à quand continueras-tu à ne pas avoir pitié...).
84
6, 12 Lorsqu'il a ouvert le sixième sceau, alors... Construction classique en hébreu, avec we, que nous traduisons par
alors, traduit régulièrement par le grec kai.
Un grand tremblement de terre... Grec seismos, hébreu raasch, Amos 1,1; Zacharie 14, 5 ; Isaïe 29, 6 ; Ézéchiel 3, 12,
qôl raasch gadôl, la voix d'un grand tremblement de terre, grec phônèn seismou megalou ; 3, 13 idem. Ézéchiel 37, 7 ; 38,
19 : En ce jour-là il y aura un grand tremblement de terre, hébreu raasch gadôl, grec seismos megas, sur la terre d'Israël. Et
ils trembleront devant ma face les poissons de la mer et l'oiseau des cieux et la bête sauvage du champ et tout rampant qui
rampe sur la terre et tout homme, we-kôl ha-adam, qui est sur la face de la terre, et elles s'écrouleront, les montagnes, et
elles tomberont, les falaises et toute muraille à terre tombera...
Et la lune... Isaïe 13, 4 : La voix d'une foule sur les montagnes ! C'est comme un peuple nombreux ! La voix du vacarme
des royaumes ! Des nations rassemblées ! YHWH des armées visite l'armée de la guerre ! Ils viennent d'un voyage
lointain... depuis l'extrémité des cieux ! Gémissez car il est proche le jour de YHWH, qarôb iôm YHWH, grec eggus gar hè
hèmera kuriou... C'est pourquoi toutes les mains défaillent, tout cœur d'homme fond ! Voici le jour de YHWH qui vient...
- 63 -
Les étoiles du ciel ne donneront plus leurs lumières, il sera ténèbre le soleil lors de son lever, et la lune ne fera plus luire sa
lumière... Je rendrai l'homme plus rare que l'or fin et l'humanité plus rare que l'or d'Ophir... Joël 2, 1 : Sonnez du schô-phar
dans Sion et poussez des cris sur ma montagne sainte ! Qu'ils tremblent, tous les habitants du pays, car il est venu le jour de
YHWH, parce qu'il est proche ! Jour de ténèbre et d'obscurité, jour de nuage et de nuée ! Comme l'aurore répandue sur les
montagnes, un peuple nombreux et puissant ! Comme lui il n'en a pas existé depuis les temps de la durée passée, et après lui
il n'y en aura plus jusqu'aux années de la génération et de la génération ! Devant sa face, un feu qui dévore et derrière lui
une flamme qui embrase !... Devant lui, il a tremblé le pays, ils ont tremblé les cieux ! Le soleil et la lune se sont obscurcis
et les étoiles ont retiré leur lumière... Joël 3, 1 : Et il adviendra après cela, je répandrai mon esprit sur toute chair et ils
prophétiseront vos fils et vos filles ! Vos anciens songeront des songes, vos jeunes gens verront des visions ! Et même sur
les esclaves et sur les servantes, dans ces jours-là, je répandrai mon esprit ! Et je donnerai des prodiges dans les cieux et sur
la terre, du sang et du feu et des colonnes de fumée ! Le soleil se changera en ténèbre et la lune en sang, avant que vienne le
jour de YHWH, le grand et le terrible ! Et il adviendra : tout homme qui appellera le nom de YHWH sera sauvé ! Car sur la
montagne de Sion et à Jérusalem, il y aura une délivrance comme l'a dit YHWH... Joël 4, 15 : Le soleil et la lune se sont
obscurcis et les étoiles ont retiré leur lumière ! Et YHWH depuis Sion rugit et depuis Jérusalem il donne sa voix ! Ils
tremblent les deux et la terre...
85
6, 14 Et les deux se sont retirés en arrière comme un rouleau de livre... Isaïe 34, 4 : Elle pourrira toute l'armée des
cieux, et ils s'enrouleront comme un livre, les cieux, et leur armée se flétrira comme flétrit le feuillage qui est tombé de la
vigne et comme ce qui est tombé du figuier... Psaume 102, 26 : Autrefois la terre, tu l'as fondée et (ils sont) l'œuvre de tes
mains, les cieux. Eux ils vont périr mais toi tu te tiens subsistant, et eux tous comme un habit ils se flétrissent, comme un
vêtement tu les changes et ils sont changés...
86
6, 16 Et ils disent aux montagnes et aux rochers... Osée 10, 8 : Et ils diront aux montagnes : Cachez-nous ! Et aux
collines : Tombez sur nous !
- 64 -
87
6, 17 Parce qu'il est venu le jour, le grand, de sa colère... Sophonie 1,2: Pour ce qui est d'enlever, je vais enlever tout
de dessus la face de la terre, oracle de YHWH, hébreu neoum YHWH, grec legei kurios. Je vais enlever l'homme, hébreu
adam, et le bes-tiau, wou-behemah, je vais enlever l'oiseau des cieux et les poissons de la mer... Et j'exterminerai,
j'arracherai l'homme, et- ha-adam, de dessus la face de la terre, oracle de YHWH ! Et je vais étendre ma main contre Juda et
sur tout habitant de Jérusalem ! Et je vais retrancher de ce lieu ce qui reste du baal... Silence devant la face du seigneur
YHWH ! Car il est proche le jour de YHWH ! Car il a préparé, YHWH, un sacrifice sanglant, hébreu zebah, grec thusian. Il
a consacré ceux qu'il a appelés ! Et il adviendra, au jour du sacrifice sanglant de YHWH, que je vais visiter les princes et les
fils du roi et tous ceux qui revêtent un vêtement étranger !... Sophonie 1, 14 : Il est proche le jour de YHWH, le grand ! Il
est proche et il se hâte vivement ! La voix du jour de YHWH (est) amère... Jour de colère ce jour-là, jour d'angoisse et de
détresse ! Jour de dévastation et de désolation ! Jour de ténèbre et l'obscurité ! Jour de nuée et de nuage ! Jour du schô-phar
et de la fanfare ! contre les villes fortifiées et contre les tours d'angle ! Et je vais serrer, je vais presser, je vais comprimer
l'homme, la-adam, et ils marcheront comme des aveugles ! Parce qu'ils ont péché contre YHWH ! Et il sera versé, leur sang,
comme de la poussière !... Même leur or, même leur argent, même leur or, ils ne pourront pas les délivrer au jour de la
fureur de YHWH ! Et dans le feu de sa jalousie, elle sera dévorée toute la terre !
Car il est venu, le jour, le grand, de sa colère... Certains manuscrits, la majorité, donnent : de leur colère... Quelques
manuscrits : de sa colère...
- 65 -
et il leur a dit
88
7, 1 Les quatre vents de la terre... Jérémie 49, 36 : Et je ferai venir sur Élam quatre vents des quatre extrémités des
cieux ! Et je vais les disperser à tous ces vents... Ézéchiel 37, 9 : Des quatre vents, viens, l'esprit ! Daniel 7, 2 : Les quatre
vents des cieux ont agité la grande mer... Zacharie 6, 1 : Et je suis revenu et j'ai levé les yeux et j'ai vu et voici quatre chars
qui sortaient d'entre deux montagnes et les montagnes (étaient) des montagnes d'airain. Au premier char, des chevaux roux
et au deuxième char des chevaux noirs et au troisième char des chevaux blancs et au quatrième char des chevaux bigarrés
(rougeâtres ?). Alors j'ai répondu et j'ai dit au messager qui parlait en moi, hébreu bi : qui sont ceux-ci, mon seigneur ? Et il
a répondu le messager et il a dit en s'adressant à moi : ceux-ci (ce sont) les quatre vents des cieux. Ils sortent après s'être
tenus auprès du seigneur de toute la terre... Matthieu 24, 29 : Et voici que après la persécution de ces jours-là, le soleil
deviendra ténèbre et la lune ne donnera plus sa lumière et les étoiles tomberont des cieux... Et alors apparaîtra le signe du
fils de l'homme dans le ciel... Et il enverra ses messagers avec le schôphar et ils rassembleront les élus depuis les quatre
vents, d'une extrémité des cieux jusqu'à une extrémité des cieux...
Ni sur tout arbre, grec mète epipan dendron, hébreu we-lô be-kôl etz. L'hébreu n'a pas de mot pour dire aucun. Il dit :
tout, et il nie le tout. Il pose l'ensemble, et même la totalité, et il affecte cette totalité de la négation. Lévitique 16, 17 : Et
tout homme, we-kôl adam, ne sera pas dans la Tente de l'attestation lorsqu'il entrera pour faire l'expiation... = Aucun homme
ne sera dans la tente... Lévitique 17, 12 : Toute âme parmi vous ne mangera pas de sang = aucune âme ne mangera de sang...
Lévitique 22, 10 : Et tout étranger ne mangera pas ce qui est consacré, aucun étranger ne mangera... Matthieu 24, 22 : S'ils
n'avaient pas été abrégés, ces jours, elle n'aurait pas été sauvée, toute chair = aucune chair n'aurait été sauvée...
89
7, 2 II tenait dans la main le sceau du Dieu vivant... Grec sphra-gida theou zôntos, hébreu hôtam, le sceau, sans article
parce qu'il est intégré dans l'expression : le sceau du Dieu vivant.
Et il a crié d'une grande voix aux quatre messagers à qui il a été donné à eux... Grec ois edothè autois, hébreu ascher
nittan lahem... Ézéchiel 9, 1 : Et il a crié dans mes oreilles, une grande voix, pour dire : Ils se sont approchés les Cours) de
la visite de la Ville ! Et chacun, l'instrument de la destruction dans sa main ! Sans le verbe avoir en hébreu, mais introduit
dans la traduction grecque, kai ekastos eichen... Et voici six hommes qui viennent de la route de la porte supérieure qui fait
face au Nord ! Et chacun son instrument de destruction dans sa main ! Et un homme au milieu d'eux, revêtu de lin et un
écritoire de scribe à la ceinture. Et ils sont venus et ils se sont tenus debout devant l'autel des sacrifices qui est en airain. Et
la gloire du Dieu d'Israël s'est élevée au-dessus du keroub sur lequel elle était... Et elle a appelé l'homme qui était revêtu de
lin, celui qui (avait) un écritoire de scribe à la ceinture. Et il lui a dit, YHWH : Passe au milieu de la Ville, au milieu de
Jérusalem et tu inscriras un taw sur les fronts des hommes qui gémissent et qui soupirent au sujet de toutes les abominations
qui se font au milieu d'elle...
- 66 -
7, 5 de la tribu de iehoudah
douze mille scellés du sceau
de la tribu de reouben
douze mille
de la tribu de gad
douze mille
7, 6 de la tribu d'ascher
douze mille
de la tribu de naphtali
douze mille
90
7, 4 De toute tribu des fils d'Israël... Le grec phulè, que nous traduisons par tribu, traduit plusieurs mots hébreux.
Mischepahah, Genèse 10, 5 ; 10, 18 ; 10, 20 ; 10, 31 ; 10, 32. Certains traduisent mischepahah plutôt par le français famille,
au sens large, très large, bien entendu. Genèse 12, 3 : Et seront bénies en toi toutes les familles de la terre... Genèse 24, 38 :
Vers la maison de mon père tu iras, et vers ma tribu, we-el mischepaheti, et tu prendras une femme pour mon fils... Genèse
24, 40 : Tu prendras une femme pour mon fils en la prenant de ma tribu, mi-mischepaheti et de la maison de mon père...
Genèse 28, 14 : Et elle sera, ta semence, comme la poussière de la terre... et seront bénies en toi toutes les familles, kôl
mische-pehôt, de la terre... Le grec phulè traduit l'hébreu mateh, qui signifie d'abord la branche, le bâton, puis par dérivation
la tribu, le clan. Exode 31, 2 : Vois, j'ai appelé par son nom — dans son nom, be-schem — Celui-qui-est-à-1'ombre-de-Dieu,
hébreu be-tzale-el, fils de Ouri, qui appartient à la tribu de Juda, le-mateh iehouda, grec tes phulès iouda... Exode 31,6, qui
appartient à la tribu de Dan, le-mateh dan, grec ekphulès dan... On observe que là où l'hébreu utilise le- signe
d'appartenance, le grec traduit ek, qui indique que l'on tire un élément d'un ensemble auquel il appartient. C'est ce qui se
produit dans la traduction en grec de Apocalypse 7, 5 et suivants. Exode 35, 30 ; 35, 34 ; 38, 22 ; 38, 23 ; Lévitique 24, 11 ;
Nombres 1,4; 1, 16; 1,21 ; le-mateh reouben, ceux qui appartiennent à la tribu de Ruben, grec ek tes phulès roubèn... 1, 23,
ceux qui appartiennent à la tribu de Schiméôn, le-mateh schiméôn, grec ek tes phulès sumeôn. 1, 27 ; 1, 29 ; 1, 31 ; 1, 33 ;
etc. Le grec phulè traduit aussi l'hébreu schebet, le bâton, le bâton du berger, le bâton de celui qui commande, le sceptre, la
tribu. Exode 24, 4 : Et il a écrit, Môscheh, toutes les paroles de YHWH et il s'est levé de bon matin et il a bâti, il a construit
un autel des sacrifices, mizebeah, grec thusiastèrion, sous la montagne, et douze stèles pour les douze tribus d'Israël,
schibetei. Exode 28, 21 : Et les pierres (précieuses) seront sur les noms, al-schemôt, des fils d'Israël, douze sur leurs noms,
gravées avec le sceau chacune (des pierres) sur son nom, pour les douze tribus, schabet. Deutéronome 1, 13 ; 1, 23 ; 3, 13 ;
etc. Dans chaque tribu des fils d'Israël, Jean voit donc 12 000 hommes qui sont marqués au sceau, c'est-à-dire élus pour être
sauvés du désastre qui vient. La théorie du sceau est très importante dans les livres de la nouvelle alliance. Jean 6, 27 :
Travaillez pour acquérir non pas la nourriture qui s'en va à la perdition, mais la nourriture — le pain — qui subsiste pour la
vie de la durée éternelle à venir. Ce pain que le fils de l'homme vous donne. Celui-ci — à savoir le fils de l'homme — le
père — c'est-à-dire Dieu — l'a marqué de son sceau. Paul, seconde lettre aux chrétiens de la communauté de Corinthe,
écrite peut-être en l'année 56, 1, 18 : Il est témoin certain de la vérité, Dieu, pistos ho theos, que notre parole, celle qui vous
a été adressée, elle n'est pas le Oui et le Non ! Car le fils de Dieu, Ieschoua le oint, celui qui au milieu de vous et par nous a
été annoncé, par moi et par Silvanus et Timothée, il n'a pas été à la fois Oui et Non ! Mais c'est le Oui ! qui s'est trouvé en
lui ! Toutes les promesses de Dieu, autant qu'elles sont, c'est en lui qu'elles réalisent le Oui ! Et c'est la raison pour laquelle
par lui (le fils de Dieu, le Christ) le amèn (est dit) à Dieu, pour la gloire (de Dieu), en votre faveur ! Celui qui nous a
fortifiés avec vous dans le Christ, celui qui nous a oints (c'est) Dieu, lui qui nous a aussi scellés de son sceau et qui nous a
donné les arrhes de l'esprit, dans nos cœurs... Paul, lettre aux Ephésiens, écrite peut-être en 58, ou plus tard, 1, 13 : Le Christ
en qui vous aussi (les païens d'Éphèse), vous qui avez entendu la parole de la vérité, l'heureuse annonce de votre salut, en
qui vous avez acquis la certitude de la vérité et vous avez été scellés du sceau, par l'esprit de la promesse, l'Esprit saint, lui
qui est le gage de notre héritage... Ephésiens 4, 30 : N'attristez pas l'Esprit saint de Dieu, dans lequel (= par lequel) vous
avez été scellés du sceau, pour le jour de la rédemption... Cantique des Cantiques, 8, 6 : Pose-moi comme un sceau sur ton
cœur, comme un sceau sur ton bras... et j'ai entendu le nombre de ceux qui avaient été scellés du sceau cent quarante-quatre
mille qui ont été scellés avec le sceau de toute tribu des fils d'israël
- 67 -
de la tribu de menascheh
douze mille
7, 7 de la tribu de schimeôn
douze mille
de la tribu de lewi
douze mille
de la tribu de issakar
douze mille
7, 8 de la tribu de zaboulôn
douze mille
de la tribu de iôseph
douze mille
de la tribu de beniamin
douze mille
amen
la bénédiction et la gloire et la sagesse
et la louange et l'honneur
et la puissance et la force
à notre dieu
pour les durées des durées éternelles à venir
amen
et il m'a dit
ceux-ci
ce sont ceux qui sont venus
de la grande persécution
et ils ont lavé leurs vêtements
et ils les ont rendus blancs
dans le sang de l'agneau
93
7, 14 Ceux-ci, ce sont ceux qui sont venus de la grande persécution... La grande persécution, pour la petite
communauté de Jérusalem, a commencé aussitôt après la résurrection du Seigneur, comme le montre le livre des Actes.
Dans les communautés chrétiennes fondées en Asie Mineure, en Grèce, à Rome, etc., les persécutions ont commencé avec
la genèse de chaque église, comme le montrent les lettres de Paul et de nouveau le livre des Actes. Nous rappelons quelques
dates marquantes. Autour de 36, à Jérusalem, mise à mort, à coups de pierres, de Stephanos. En 44, mise à mort de Jacques,
le fils de Zébédée, le frère de Jean, sur les ordres du roi Agrippa, Actes 12, 2.
Il est possible, selon quelques documents anciens, que Jean son frère ait été mis à mort en même temps que lui. En 62,
mise à mort de Jacques, le frère du Seigneur, sur l'ordre du grand prêtre Hanan II, mise à mort mentionnée par Flavius
Josèphe, Antiquités XX, IX. Entre ces dates mémorables, la persécution a été constante, et plus ou moins sanglante.
Ils ont lavé leurs vêtements... Genèse 49, 8 : Iehouda (tu es) toi ! Ils te loueront (iôdouka) tes frères ! Ta main sur la
nuque de tes ennemis ! Ils se prosterneront devant toi, les fils de ton père ! C'est un jeune lion, Iehouda ! Il ne sera pas
enlevé, le sceptre. Il ne s'éloignera pas, le sceptre, de Iehouda, ni le bâton du commandement d'entre ses jambes, jusqu'à ce
que vienne schilôh... Il a lavé dans le vin son vêtement — le verbe kabas, piel kibbes, traduit en grec par plunein — et dans
le sang des grappes de raisin son manteau... Exode 19, 10 ;19, 14 ;Lévitiquell, 25 ; 11, 28 ; 11, 40 ; etc.
Et ils ont blanchi leurs vêtements... dans le sang de l'agneau... Si nous nous contentons d'aligner des images, alors
l'expression : rendre blancs des vêtements dans le sang de l'agneau implique évidemment contradiction. Mais celui qui
compose et écrit l'Apocalypse ne pense pas avec des images. Il pense avec des notions, et avec des notions théologiques
chargées par une longue tradition. Laver ses vêtements, d'après le livre de l'Exode 19, 10 ; 19, 14 ; le livre du Lévitique 11,
25 ; 11, 28 ; 11, 40 ; 13, 6 ; etc. et le livre des Nombres 8, 7 ; 8, 21 ; 19, 7 ; 19, 8 ; etc., c'est une action qui comporte une
signification et une portée. Laver ses vêtements, changer ses vêtements, renouveler ses vêtements, c'est commencer à se
laver soi-même, à se changer, à se renouveler soi-même. Lors de l'immersion intégrale qui était le baptême, on changeait de
vêtements, on revêtait des vêtements nouveaux, pour signifier que l'on changeait d'être. Lettre de Paul adressée à la
communauté chrétienne de Rome, peut-être vers 57, 13, 14 : Mais vous avez revêtu le Seigneur Jésus le Christ... Première
lettre aux Corinthiens, peut-être de l'année 55, 15, 53 : Car il faut que cette réalité corruptible revête l'incorruptibilité et que
cette réalité mortelle revête l'immortalité. Lorsque cette réalité corruptible aura revêtu l'incorruptibilité et que cette réalité
mortelle aura revêtu l'immortalité... Lettre aux Galates, écrite vers l'année 56, 3, 27 : Vous tous qui avez été plongés dans le
Christ, vous avez revêtu le Christ... Lettre aux Éphésiens 4, 22 : Déposer le vieil homme, celui qui est en train de se
corrompre... et vous renouveler par et dans l'esprit de votre intelligence et revêtir l'homme nouveau, celui qui est créé
conformément au dessein de Dieu, dans la justice et dans la sainteté de la vérité... De même si l'on en reste, si l'on s'en tient
à une pensée par images, le lion qui est issu de la tribu de Juda, Apocalypse 5, 5, qui est aussi la racine de David, ibidem, et
l'agneau qui se tient debout après avoir été sacrifié, Apocalypse 5, 6, qui a sept cornes et sept yeux, constituent un ensemble
qui n'est pas homogène et qui semble impliquer contradiction. Mais le théologien qui a composé l'Apocalypse ne raisonne
pas par images, il raisonne avec des notions théologiques qui ont une longue histoire. Celui qui est appelé le lion issu de la
tribu de Juda, c'est-à-dire le Christ, il est l'agneau de la nouvelle alliance éternelle, et son sang est celui de la nouvelle
alliance. Dire que l'on a blanchi ses vêtements dans le sang de l'agneau, c'est donc dire que l'on a renouvelé tout son être en
étant plongé dans le Christ, qui s'est offert lui-même pour le salut de l'humanité.
94
7, 15 Ils le servent jour et nuit dans son temple... Le verbe grec latreuein traduit l'hébreu abad, servir, être l'esclave de.
Exode 3, 12 : Vous servirez Dieu sur cette montagne-ci, taabedoun et-ha-elohim, grec latreusete tô theô, au datif. Exode 4,
- 70 -
23 ; 7, 16 ; 7, 26 ; 9, 1 ; 9, 13 ; 10, 7 ;etc.
Dans son temple, grec naos, hébreu heikal, le temple au sens précis du terme, là où séjourne Dieu.
Celui qui est assis sur le trône les recouvre de son habitation... Ézéchiel 37, 21 : Voici que moi je vais prendre les fils
d'Israël d'entre les nations païennes où ils sont allés et je les rassemblerai des alentours et je les conduirai sur leur terre. Et je
ferai d'eux un peuple unique dans le pays, sur les montagnes d'Israël, et un roi unique sera pour eux tous le roi, et ils ne
seront plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes. Et ils ne se souilleront plus avec leurs ordures (= les
idoles)... Et je les purifierai et ils seront pour moi un peuple et moi je serai pour eux Dieu. Et mon serviteur David régnera
sur eux et il sera un berger unique pour eux tous... Et David mon serviteur (sera) prince, nasi, grec archôn, pour eux dans la
durée éternelle à venir, hébreu le-ôlam, grec eis ton aiôna. Et je conclurai avec eux une alliance de paix, berit schalôm, grec
diathèkèn eirènès, une alliance éternelle, berit ôlam, grec diathèkè aiônia, sera avec eux... Et je les multiplierai, je les
rendrai nombreux et je donnerai mon sanctuaire au milieu d'eux pour la durée éternelle à venir. Et elle sera, mon habitation,
sur eux, we-haiah mischekani aleihem, et je serai pour eux Dieu et eux ils seront pour moi un peuple. Et elles connaîtront,
les nations païennes, que moi (je suis) YHWH qui consacre et qui sanctifie Israël, dès lors que mon sanctuaire est au milieu
d'eux pour la durée éternelle à venir...
95
7, 16 Ils n'auront plus jamais faim... Isaïe 49, 10 : Ils n'auront plus jamais faim et ils n'auront plus jamais soif. Ne les
frappera plus le vent brûlant du désert ni le soleil, car celui qui aura pitié d'eux les conduira, et vers des sources d'eau il les
conduira...
96
7, 17 Parce que l'agneau qui (est) au milieu du trône sera leur berger... Psaume 23, 1 : YHWH (est) mon berger...
Ézéchiel 34, 23 : Et je susciterai sur eux un berger unique et il les fera paître, mon serviteur David, c'est lui qui les fera
paître et c'est lui qui sera pour eux un berger. Et alors moi YHWH je serai pour eux Dieu, et mon serviteur David (sera)
prince, nasi, grec archôn, au milieu d'eux ! Moi YHWH j'ai parlé ! Et je conclurai avec eux une alliance de paix, berit
schalôm... Michée 5, 1 : Et toi Beit Lehem, Maison-du-Pain, Éphe-ratah, ... de toi, pour moi, sortira celui qui sera le
commandeur, le dominateur, môschel, grec archôn, sur Israël... Il fera paître dans la force de YHWH, dans la gloire du nom
de YHWH son Dieu... Une ancienne tradition enseignait que le meschiah attendu serait le berger d'Israël et qu'il ferait paître
Israël comme un berger fait paître son troupeau. L'agneau qui a été sacrifié, c'est lui le meschiah qui était attendu. Par
conséquent, l'agneau qui a été immolé, est le berger du troupeau. De nouveau, si l'on s'en tient à une pensée par images, on
obtient des rencontres d'images qui nous semblent, à nous les païens de la fin du xxe siècle, incohérentes ou saugrenues.
Mais si l'on retrouve la logique de la pensée de celui qui a composé l'Apocalypse, on découvre que son système est
cohérent. Il ne pense pas par images, il pense avec des notions théologiques qui sont connues de ceux auxquels il s'adresse.
Et il les conduira vers les sources des eaux de la vie... Psaume 23, 1 : YHWH est mon berger, je ne manquerai de rien.
Sur des prés d'herbe verte il me fait reposer, vers des eaux de repos il me conduit... Psaume 36, 6 : YHWH dans les cieux
(est) ta grâce et ta vérité (va) jusqu'aux nues ! Ta justice (elle est) comme les montagnes de Dieu ! Ton jugement (c'est) le
grand abîme ! L'homme et le bestiau, adam wou-behemah, tu les sauves, YHWH ! Combien elle est précieuse, ta grâce,
Dieu ! Et les fils de l'homme, à l'ombre de tes ailes, ils s'abritent !... Car auprès de toi (se trouve) la source de vie, ki immeka
meqôr haiim, grecpègè zôès, dans ta lumière nous voyons la lumière ! Psaume 42, 1 : Comme la biche est haletante après les
cours d'eau, ainsi mon âme est haletante après toi — vers toi — Dieu ! Elle a soif, mon âme, de Dieu, du Dieu vivant... Joël
4, 18 : Et il adviendra en ce jour-là... Et une source de la maison de YHWH sortira, hébreu maeian, grec pègè. Jérémie 2, 13
: Moi, ils m'ont abandonné (moi qui suis) source d'eaux de vie, meqôr maïm haiim, grec pègèn hudatos zôès... Jérémie
17,13: Tous ceux qui t'ont abandonné seront dans la honte... Parce qu'ils ont abandonné la source des eaux de la vie, meqôr
maïm haiim, grec pègèn zôès, YHWH ! Jean 4, 13 : Tout homme qui boira de cette eau-ci aura soif de nouveau. Mais celui
qui boira de l'eau que moi je lui donnerai, il n'aura plus soif dans la durée éternelle qui vient, mais l'eau que je lui donnerai
sera en lui une source d'eau jaillissante dans la vie éternelle ou pour la vie éternelle...
La construction du texte grec de Apocalypse 7, 17 kai odègèsei autous epi zoèspègas hudatôn, est tout à fait anormale. Et il
- 71 -
essuiera, Dieu, toute larme... Isaïe 25, 8 : Et il effacera, le seigneur YHWH, (toute) larme de toutes les faces, me-al kôl panim,
grec apo pantos pro-sôpou...
- 72 -
97
8, 3 Et il s'est approché de l'autel, il tenait dans sa main un encensoir d'or et on lui a donné beaucoup d'encens
aromatique... Exode 30, 1 : Et tu feras l'autel de la fumigation de l'encens, mize-beah miqetar qetôret, grec thusiastèrion
thumiamatos... Exode 30, 7 : Et il fera fumer sur lui (sur l'autel des fumigations), Aharôn, l'encens des parfums au matin (=
chaque matin) lorsqu'il préparera les lampes, il le fera fumer.
L'encens des parfums, hébreu qetôret sammim, grec thumiama suntheton. Exode 30, 8 : Et lorsqu'il fera monter, Aharôn,
les lampes, entre les deux soirs, il le fera fumer, encens perpétuel, qetôret tamid, devant la face de YHWH... Exode 30, 34 :
Prends pour toi des aromates, hébreu sammim ... Et tu en feras de l'encens, hébreu qetôret, grec thumiama, ouvrage de
parfumeur, pur et saint, tahôr qôdesch, grec katharon hagion... La fumigation et l'élévation de l'encens aromatique est
évidemment en relation avec la prière. Non seulement cette fumigation de l'encens représente la prière d'Israël qui s'élève
dans le temple, mais en réalité elle est la prière d'Israël. Ce n'est pas simplement une représentation externe ou figurée. C'est
une réalité ontologique qui comporte une représentation ou une manifestation physique. Psaume 141, 1 : YHWH, j'ai crié
vers toi, hâte-toi (de venir) à moi ! Tends ton oreille à ma voix lorsque je crie vers toi ! Qu'elle soit réellement, ma prière
(comme) l'encens devant ta face, l'élévation des paumes de mes mains, l'offrande du soir !
La prière, hébreu tephilah, grec proseuchè. L'encens, hébreu qetôret, grec thumiama. La prière qui s'élève vers Dieu,
c'est l'encens qui s'élève vers Dieu. L'encens qui s'élève vers Dieu, c'est la prière qui s'élève vers Dieu. La sainte liturgie du
Temple n'est pas seulement un exercice symbolique. C'est la réalité de la prière d'Israël qui s'exprime et qui se manifeste
physiquement dans la sainte liturgie du Temple. Le lecteur observe de nouveau que la pensée de l'auteur de l'Apocalypse se
développe constamment à l'intérieur du Temple de Jérusalem, à l'intérieur de la sainte liturgie du Temple de Jérusalem, à
laquelle il emprunte constamment ses moyens d'expression. Il n'est donc pas saugrenu de se demander si l'auteur de
l'Apocalypse n'aurait pas appartenu lui-même au personnel du Temple de Jérusalem. Il n'y a bien entendu dans l'Apocalypse
aucune allusion à une destruction passée du Temple de Jérusalem, pour une raison simple, c'est que l'Apocalypse a été écrite
avant la destruction du Temple de Jérusalem. Mais il existe dans l'Apocalypse, nous allons y venir, une annonce de la
destruction future de Jérusalem.
Hina dôsei tais proseuchais ton hagiôn... Impossible en grec naturel, de quelque manière que l'on tourne ou que l'on
retourne la phrase. Nous conjecturons : On lui a donné beaucoup d'encens, pour qu'il les offre sur l'autel d'or des
fumigations d'encens... Avec une incise : cet encens, ce sont les prières des saints, de tous les saints...
Apocalypse 5, 8 : Et lorsqu'il a pris le rouleau du livre, les quatre vivants et les vingt-quatre anciens sont tombés (sur
leurs faces) devant la face de l'agneau. Ils tenaient chacun une cythare et des vases d'or remplis d'encens aromatique : ce
sont les prières des saints. Même difficulté insurmontable Apocalypse 8, 4 : Et elle est montée la fumée des encens... de la
main du messager, devant la face de Dieu. De nouveau nous conjecturons l'incise, qui était déjà dans le texte hébreu, ou qui
a été introduite dans le texte de la traduction grecque : ce sont les prières des saints.
- 73 -
de la main du messager
devant la face de dieu
et il y a eu de la grêle
et du feu mélangé dans du sang
et cela fut jeté sur le pays
et le tiers du pays a été brûlé
et le tiers des arbres a été brûlé
et toute herbe verte a été brûlée
au milieu du ciel
et il disait d'une voix puissante
hamartolon laos plèrès hamartiôn... Isaïe 3, 9 : Oï à leurs âmes... Grec : Ouai tèpsuchè autôn... Isaïe 3, 11 : O/'au méchant,
oï le-rascha, grec : ouai tô anomô... Isaïe 5 , 8 : Hoï celui qui fait se toucher maison à maison, champ à champ ils
rapprochent jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de place et jusqu'à ce que vous restiez tout seuls au milieu du pays... Grec : Ouai hoi
sunaptontes... Isaïe 5, 11 : Hoï ceux qui se lèvent tôt le matin, ils sont à la poursuite de la boisson enivrante... Grec : Ouai
hoi egeiromenoi to prôi... Isaïe 5, 18 ; 5, 20 : Hoï ceux qui disent au mal : c'est bien ! et au bien : c'est mal ! Grec : Ouai hoi
legontes... Isaïe 5, 21 : Hoï les sages à leurs propres yeux... Grec : Ouai hoi sunetoi en heautois... Isaïe 5, 22 : Hoï les héros
pour boire du vin... Grec : Ouai hoi ischuontes humôn... Isaïe 10, 1 : Hoïceux qui décrètent des décrets de crime... Grec :
Ouai tois graphousin... Isaïe 10, 5 : Hoï Aschour (= Assur) le bâton de ma fureur... Grec : Ouai Assuriois, datif. Isaïe 17, 12
: Hoï ! Une foule de peuples nombreux, comme nombreux... Grec : Ouai plèthos ethnôn pollôn... Isaïe 30, 1 : Hoï fils
rebelles... Grec : Ouai tekna apostatai... Isaïe 31,1: Hoï ceux qui descendent en Égypte pour (y chercher) du secours... Grec
: Ouai hoi katabainontes eis Aigupton... Jérémie 13, 27 : oï à toi, oï lak, Ierouschalaïm... Grec : Ouai soi Ierousalèm...
Ézéchiel 2, 9 : Et j'ai regardé et voici qu'une main était étendue vers moi et voici qu'en elle (il y avait) un rouleau de livre,
hébreu megillat sepher. Et il l'a déroulé devant ma face, et lui il était écrit côté face, hébreu panim, et derrière, we-ahôr. Et
ce qui était écrit dessus (c'étaient) plaintes, gémissements et hi, grec îhrènos kai melos kai ouai. Ézéchiel 7, 26 : Hôwah sur
hôwah va venir, et nouvelle sur nouvelle... Grec : Ouai epi ouai... Ézéchiel 13, 3 : Hoï sur les prophètes imbéciles qui vont à
la suite de leur propre esprit et qui n'ont rien vu du tout ! Grec : Ouai tois prophèteuousin apo kardias autôn... Ézéchiel 16,
23 : Oï oï à toi, oï oï lak, oracle du seigneur YHWH... Grec : ouai ouai soi... Ézéchiel 24, 6 : Oï ville des sangs, oï ir ha-
damim, grec ô polis aimatôn... Ézéchiel 24, 9 : Oï ville des sangs... Oï ir ha-damim... Grec ouai polis ton aimatôn... La
simple transcription en caractères grecs de la vieille expression hébraïque oï ou hoï se retrouve dans Matthieu 11, 21 : Ouai
à toi Chorazin... Ouai à toi Bethsaïda... Matthieu 18, 7 : Ouai au monde de la durée présente à cause des obstacles qui font
buter et tomber les petits... Matthieu 23, 13 : Ouai à vous les sôpherim et les perouschim... Matthieu 23, 15 ; 23, 16 ; 23, 23
; 23, 25 ; 23, 27 ; 23, 29 ; ... Matthieu 24, 19 : Ouai à celles qui auront dans le ventre et à celles qui allaiteront dans ces
jours-là... Matthieu 26, 24 : Ouai à cet homme par qui le fils de l'homme est livré... Marc 13, 17 ; 14, 21 ; Luc 6, 24 ; etc. La
transcription en caractères grecs ouai des mots hébreux oï ou hoï n'existait évidemment pas en grec naturel. C'est une
composition phonétique faite pour transcrire un mot hébreu, soit dans la traduction grecque de la Bibliothèque hébraïque,
soit dans la traduction grecque des Évangiles, soit, ici, dans la traduction grecque de l'Apocalypse. On retrouve cette
transcription en caractères grecs d'un mot hébreu dans Épictète, Entretiens III, 19. Épictète est né aux environs de l'année 50
de notre ère à Hiérapolis, toute proche de Colosses et de Laodicée. Jean dans l'Apocalypse n'écrit pas de lettre à la
communauté chrétienne de Hiérapolis ni à celle de Colosses. C'est vraisemblablement — c'est l'hypothèse la plus simple —
parce que lorsqu'il a écrit l'Apocalypse, ces communautés chrétiennes n'existaient pas encore. Épictète était esclave, peut-
être fils d'esclave. Il est vendu à un affranchi de Néron, qui s'appelait Épaphrodite. Flavius Josèphe offre son grand ouvrage,
Les Antiquités, à un certain Épaphrodite, Autobiographie, 430. Est-ce le même ? C'est la question. Cet Épaphrodite était-il
d'origine judéenne ? C'est aussi une question. En 94 peut-être, Épictète s'exile à Nicopolis. Il est mort entre 125 et 130. Les
Entretiens ont été publiés par Arrien, après la mort d'Épictète, donc peu après 130 de notre ère. Épictète s'intéresse à des
questions concernant la nourriture, chez les Judéens, les Syriens, les Égyptiens, les Romains, Entretiens I, II. Il cite de
mémoire des psaumes hébreux et peut-être le livre de Job, Entretiens I, 29, 48. Il s'intéresse à la différence entre un Judéen,
un stoïcien, un Grec, Entretiens II, 9, 19. Il dit même : Kai hèmeis parabaptistai logô men ioudaioi ergô d'allo ti... Il connaît
fort bien les chrétiens qu'il appelle des galilaioi, Entretiens IV, VII, 6. Et il dit de Dieu qu'il est créateur, qu'il a tout créé,
hoti ho theospanta pepoièken, tout ce qui est dans l'univers et l'univers lui-même, ta en tô kosmô kai auton ton kosmon. En
sorte qu'il est finalement permis de se demander si Épictète n'était pas issu d'une famille judéenne. Quoi qu'il en soit de ce
point, ce qui est certain c'est qu'il a connu depuis son enfance les communautés judéennes et les communautés chrétiennes.
Si donc il connaît la transcription ouai de l'hébreu hoï, il n'y a pas lieu de s'en étonner. Dans notre texte Apocalypse 8, 13 la
triple transcription en caractères grecs ouai ouai ouai est suivie de l'accusatif tous katoi kountas epi tes gès, ceux qui
habitent dans le pays. Nous avons vu des exemples de cas où l'hébreu hoï est suivi d'une construction telle, qu'elle est
rendue par un nominatif dans la traduction grecque.
A cause des autres voix du schôphar... Grec ek ton loipôn phônôn... Hébreu probable min ou mipenei.
- 77 -
9, 6 et en ces jours-là
ils chercheront les hommes la mort
et ils ne la trouveront pas
et ils désireront de mourir
et elle s'enfuira la mort loin d'eux
des quatre et leur apparence et leur structure (construction), c'était comme si une roue était au milieu d'une (autre) roue...
Ézéchiel 1, 26 : Et par-dessus la surface solide et dure qui était sur leurs têtes, il y avait comme l'apparence, ke-mareeh, grec
hôs orasis, d'une pierre de saphir, une forme de trône, demout kisse, grec homoiôma thronou, et sur la forme du trône, we-al
demout ha-kisse, grec epi tou homoiômatos tou thronou, (il y avait) une forme, demout, grec homoiôma, comme une
apparence d'homme, ke-mareeh adam, grec hôs eidos enthrôpou... Il est donc très vraisemblable que le grec ta homoiômata
de Apocalypse 9, 7 traduit l'hébreu demout.
C'était comme des chevaux... Le grec homoios traduit l'hébreu ke ou kemô. Exode 15,11: Qui est comme toi, mi
kamôkah, grec tis homoios soi, parmi les dieux, YHWH ? Qui est comme toi, mi kamôkah, grec tis homoios soi... Juges 8,
18 ; Comme toi comme eux, chacun, kamôka kemôhen ehad, grec hôsei su homoios soi homoios autôn... 1 Samuel 10, 24 :
Est-ce que vous avez vu celui qu'il a choisi, YHWH ? C'est qu'il n'y a personne comme lui, ein kamôhou, grec ouk estin
auto homoios, dans tout le peuple... 2 Samuel 9, 8 : Qu'est-ce que ton serviteur pour que tu aies tourné ta face vers le chien
mort qui (est) comme moi, ascher kamôni, grec ton homoion émoi... 1 Rois 3, 12 : Voici que j'ai fait comme ta parole
(comme ce que tu as demandé). Voici que je t'ai donné un cœur sage et intelligent qui est tel que, ascher, comme toi il n'y
en a pas eu avant toi, ascher kamôka lô haiah lephaneika, grec hôs su, et après toi il ne s'en lèvera pas comme toi, kamôka,
grec homoios soi... Joël 2, 1 : Sonnez du schôphar dans Sion et poussez la clameur sur ma montagne sainte ! Qu'ils
tremblent tous les habitants du pays, car il est venu le jour de YHWH, parce qu'il est proche ! Jour de ténèbres et
d'obscurité, jour de nuée et de brouillard comme du noir répandu sur les montagnes. Un peuple nombreux et puissant.
Comme lui, kamôhou, grec homoios auto, il n'en a pas existé depuis la durée indéfinie du passé, min-ha-ôlam, grec apo tou
aiônos, et après lui il ne continuera pas d'en avoir... Devant sa face, c'est le feu qui dévore... Comme un jardin d'Éden, le
pays, (il était) devant sa face, et après lui, (c'est) un désert, une désolation. Comme l'apparence des chevaux (est) son
apparence, comme des cavaliers, c'est ainsi qu'ils courent... Comme la voix des chars, sur la tête des montagnes, ils
bondissent ! Comme la voix de la flamme du feu qui dévore la paille ! Comme un peuple puissant rangé pour la bataille !
106
9, 11 Son nom à lui en hébreu (c'est) abaddôn et en langue grecque son nom c'est apolluôn... Le verbe hébreu abad,
kal parfait abad, signifie errer de-ci, de-là, être égaré, être perdu, se perdre, être ruiné. A la forme piel parfait, conduire à sa
- 79 -
Antiochos de Commagène et le contingent arabe accompagnaient le gros de l'armée. Le total de l'armée de Titus montait en
conséquence à 65 000 hommes... »
109
9, 16 Et le nombre des armées de la cavalerie (était) de vingt mille de multitude... Dis-murioi, en grec, signifie 20
000. 2e livre des Maccabées 5, 24 : Il a envoyé... Apollônios avec une armée, vingt mille en plus des deux mille, dismurious
depros tois sichiliois. 2 Maccabées 8, 9 : Il l'a envoyé après avoir mis sous ses ordres des nations païennes de toutes races,
pas moins de vingt mille, ouk elattous ton dismuriôn, pour exterminer la totalité du peuple de la Judée... 2 Maccabées 8, 30 :
Ils en ont tué plus de vingt mille, huper tous dismurious... 2 Maccabées 10, 17 : Ils en ont tué pas moins de vingt mille, ouch
ètton ton dismuriôn... 10, 23 : plus de vingt mille, pleious ton dismuriôn... 10, 31 : Furent sacrifiés vingt mille en plus des
cinq cents, dismurioipros toispentakosiois... Nous avons noté déjà que le grec murias traduit l'hébreu rebabah, la multitude,
le grand nombre. Genèse 24, 60 : Et ils ont béni Rebecca et ils lui ont dit : Notre sœur (tu es) toi ! Deviens des milliers de
multitude, le-alephei rebabah, grec ginou eis chiliadas muriadôn... C'est probablement une expression de ce type que nous
avons ici dans le texte hébreu sous-jacent à Apocalypse 9, 16.
Et le nombre des armées... Il n'est pas du tout exclu qu'en réalité dans ces pages Jean donne des renseignements aux
frères et aux sœurs des communautés chrétiennes, des renseignements concernant les préparatifs de la guerre qui vient, dans
un langage codé, dans un langage chiffré, à cause des persécutions venant de la part des hautes autorités politiques et
religieuses de Jérusalem.
110
9, 17 Dans la vision, grec en tè horasei... Ezéchiel 1, 1 : Et j'ai vu des visions de Dieu, wa-ereeh mareôt elohim, grec
kai eidon hora-seis theou... Ezéchiel 1, 5 : Et au milieu la forme, demout, de quatre vivants et voici leur apparence, ce que
l'on voyait d'eux, mareeihen, grec hè horasis autôn, une forme d'homme à eux, demout adam la-hennah...
Des cuirasses de feu, grec thôrakaspurinous... Le grec thorax traduit l'hébreu schireiôn 1 Samuel 17, 5 ; 17, 38, etc. Isaïe
59, 17 : il a revêtu la justice comme une cuirasse et le casque du salut sur sa tête... Lettre de Paul aux Éphésiens 6, 14.
111
9, 18 De par ces trois fléaux... Le grec plègè traduit l'hébreu makah, le coup dont on frappe, la blessure, du verbe
nakah, hiphil hikah, frapper. Lévitique 26, 21 ; Nombres 11, 33. — Ou bien l'hébreu negeph, du verbe nagaph, Exode 12,
13 ; Nombres 24, 37 ; etc. Notre expression que nous lisons ici en traduction grecque, apo ton triôn plègôn... est la
traduction littérale de l'hébreu min ha-makin que nous lisons 2 Rois 8, 29 : Et ils ont battu, les Araméens, Joram. Et il est
revenu, Joram, le roi, pour se faire soigner des coups, min ha-makim, grec apo ton plègôn, que l'avaient frappé, ascher
- 81 -
iakouhou, les Araméens... 2 Rois 9, 15 : Et il est revenu, Joram, le roi, pour se faire soigner des coups, min ha-makim, que
l'avaient frappé ascher iakouhou, les Araméens... Grec : apo ton plègôn... Jérémie 30, 17 : Et des coups que tu as reçus, mi-
makôtaik, grec apo pièges, je te guérirai... Il est possible aussi que le apo de l'expression apo ton triôn plègôn recouvre
l'hébreu miliphenei, de devant la face de, à cause de...
112
9, 20 Et le reste des hommes... Grec oi loipoi, hébreu schear au singulier, 1 Chroniques 16, 41.
Qui n'ont pas été tués par ces fléaux, grec en tais plègais tautais, hébreu be, dans — par.
Ils ne se sont pas repentis des œuvres de leurs mains... Hébreu : mi-maasei iedeihem...
Les idoles en or... Psaume 115,3 : Notre Dieu (est) dans les cieux. Tout ce qu'il veut, il le fait. Leurs idoles, hébreu
atzabeihem, grec ta eidôla ton ethnôn, (c'est) de l'argent et de l'or, des fabrications des mains de l'homme, maaseh iedei
adam. Une bouche (est) à elles, et elles ne parlent pas. Des yeux (sont) à elles et elles ne voient pas. Des oreilles (sont) à
elles et elles n'entendent pas. Un nez (est) à elles et elles ne reniflent pas. Des mains (sont) à elles et elles ne palpent pas, des
pieds et elles ne marchent pas... Comme elles que deviennent ceux qui les fabriquent, tout (homme) qui met sa confiance en
elles... Psaume 135, 15 : Les idoles des nations païennes, atzabei ha-goïm, grec ta eidôla ton ethnôn, (c'est) de l'argent et de
l'or, fabrication des mains de l'homme. Une bouche à elles et elles ne parlent pas ! Des yeux à elles et elles ne voient pas !
Des oreilles à elles et elles n'entendent pas !... Le grec eidôlon traduit plusieurs mots hébreux, elil, giloulim, pesilim, etc.
113
9, 21 Et ils ne se sont pas repentis de leurs meurtres ni de leurs sortilèges... Exode 7, 11 : Alors il a appelé aussi,
Pharaon, les savants et les sorciers, hébreu mekaschephim, du verbe kaschaph, piel kis-cheph, participe mekascheph, grec
pharmakous, et ils ont fait aussi, les magiciens d'Égypte, avec leurs sorcelleries, hébreu be-lahateihem, grec tais
pharmakeiais... 2 Rois 9, 22 : Quoi la paix, jusqu'à ce que (continuent = tant que continuent) les prostitutions de Iezabel ta
mère et ses sorcelleries, hébreu zenounei, les prostitutions, grec por-neiai, et keschaphim, les sorcelleries, du verbe
kaschaph, grec ta pharmaka. Nous avons noté précédemment que les prostitutions, la prostitution, dans la tradition du
prophétisme hébreu, s'entend principalement de la prostitution principale, à savoir celle de l'esprit qui se détourne de l'Être
pour se prosterner devant le néant, à savoir le culte des divinités païennes, l'idolâtrie. C'est le cas ici aussi.
- 82 -
114
10, 1 Et ses jambes... En grec podes, les pieds. Le grec pous, podos signifie le pied et traduit l'hébreu regel qui
signifie le pied mais aussi la jambe, et aussi dans certains textes les parties génitales. 1 Samuel 17, 6 : Des jambières de
bronze sur ses jambes, al-rage-laiô...
115
10, 4 Scelle avec un sceau les paroles qu'ont dites les sept tonnerres... Isaïe 8, 16 : Enserre (comme dans un sachet)
l'attestation, teoudah, scelle l'enseignement, iôrah, dans (le groupe des) disciples... Daniel 8, 26 : Et la vision du soir et du
matin qui a été dite, elle (est) vérité, elle ! Mais toi cache, tiens secrète la vision, car pour des jours nombreux elle est ( =
pour des jours nombreux dans l'avenir). Le verbe hébreu satam, fermer une source, enfermer, cacher, tenir caché ou secret, a
été traduit en grec par le verbe sphragizô, sceller, mettre les sceaux (Théodotion). Daniel 12, 4 : Et toi Daniel tiens cachées,
secrètes, les paroles et scelle le rouleau jusqu'au temps de la fin... Le verbe hébreu hatam, sceller, mettre les sceaux, est
traduit en grec par le verbe sphragisai. Daniel 12, 9 : Va, Daniel, car elles sont cachées et scellées, ces paroles, jusqu'au
temps de la fin. Le verbe hébreu hatam est de nouveau traduit par le verbe grec sphragisai.
116
10, 5 II a levé sa main droite... Genèse 14, 22 : J'ai levé ma main vers YHWH le Dieu très haut qui a fondé les cieux
et la terre... Le verbe hébreu qanah, fonder, créer, a été traduit en grec par ektisen, du verbe grec ktizô, bâtir, des maisons,
des villes, fonder, instituer. C'est ce verbe ktizein qui sert le plus souvent à traduire le verbe hébreu bara, créer. Exode 6, 8 :
Et je vous ferai entrer au pays que j'ai levé ma main (pour jurer de) le donner à Abraham, à Isaac et à Jacob... Nombres 14,
30 : Si vous vous entrez au pays que j'ai levé ma main (pour jurer de) vous faire demeurer là... Deutéronome 32, 39 : Voyez
maintenant que c'est moi, c'est moi, ki ani ani hou, grec hoti ego eimi, et il n'y a pas de dieu avec moi. C'est moi qui fais
mourir et c'est moi qui fais vivre, je blesse et c'est moi qui guéris et il n'y a personne qui délivre de ma main ! Car j'ai levé
vers les cieux ma main et j'ai dit : Vivant je suis moi pour la durée éternelle, haïanôki le-ôlam, grec zô egô eis ton aiôna...
Daniel 12, 7 : Et j'ai entendu l'homme qui était vêtu de lin, ha-badim, celui qui était au-dessus des eaux du fleuve, et il a
- 83 -
levé sa main droite et sa main gauche vers les cieux et il a juré dans, be, celui qui vit pour la durée éternelle avenir...
117
10, 6 Et il a juré dans celui qui vit... Genèse 21, 23 : Et maintenant jure-moi dans Dieu, be-elohim... Genèse 24, 3 : Et
je te ferai jurer dans YHWH, ba-YHWH, le Dieu des cieux et le Dieu de la terre, que, hébreu ascher, grec hina ! tu ne
prendras pas une femme pour mon fils de parmi les filles du Cananéen... Genèse 31, 53 : Et il a juré, Jacob, dans la terreur,
be-pahad, de son père Isaac... Josué 2, 12 : Et maintenant jurez-moi donc dans YHWH, ba-YHWH, que si je fais avec vous
acte de bienveillance, hesed, alors vous ferez vous aussi avec la maison de mon père un acte de bienveillance, hesed... 1
Rois 1, 17 : Mon seigneur, c'est toi qui as juré dans YHWH, ba-YHWH, ton Dieu, à ta servante...
Qu'il n'y aura plus de temps... Le mot grec chronos peut traduire plusieurs expressions hébraïques. Genèse 26, 1 : Et il y
a eu une famine dans le pays en plus de la première famine qui a eu lieu aux jours d'Abraham... Les traducteurs ont rendu
les jours par le grec en tô chronô. Genèse 26, 15 : Et tous les puits qu'ils ont creusés, les serviteurs de son père, aux jours
d'Abraham son père... Grec : en tô chronô. Deutéronome 12, 19 : Garde-toi bien d'abandonner le Lévite tous les jours que tu
vivras sur ta terre, kôl-iameika al-ademateka, grec panta ton chronon... Deutéronome 22, 19 : Il ne pourra pas la renvoyer
tous les jours (de sa vie), kôl-iamaiô, grec ton apanta chronon... Job 29, 18 : Je multiplierai, je rendrai nombreux les jours
(de ma vie), arebeh iamim, grec polun chronon biôsô. Job 32, 6 : Petit (je suis) moi pour ce qui est des jours, tzair ani le-
iamim, grec neôteros eimi tô chronô... Job 32, 7 : J'ai dit : les jours parleront, iamim iedaberou, grec ho chronosestin ho
lalôn... Josué4, 14 : En ce jour-là il a grandi, YHWH, Iehôschoua (= Josué) aux yeux de tout Israël et ils l'ont craint comme
ils ont craint Môscheh tous les jours de sa vie, grec hoson chronon ezè. Josué 4, 24 : Afin que vous craigniez YHWH votre
Dieu tous les jours, kôl ha-iamim, grec en panti chronô... Josué 24, 31 : Les anciens qui ont prolongé leurs jours, iamim,
après Iehôschoua... Grec ton chronon. Esdras 4, 15 : Depuis les jours de la durée passée, araméen, min-iômat alema, grec
apo chronon aiônos... Proverbes 9, 11 : Car en moi ils se multiplieront (ils seront multipliés) tes jours, iameika, grec polun
zèseis chronon... Proverbes 15, 15 : Tous les jours du miséreux sont mauvais, grec panta ton chronon... Proverbes 28, 16 :
Celui qui hait l'injustice allonge ses jours, iamim, grec makron chronon zèsetai... Isaïe 38, 5 : Voici que j'ajoute à tes jours
quinze années, grec pros ton chronon sou... Isaïe 65, 20 : Il n'y aura plus de vieillard qui ne remplisse pas ses jours, zaqen
ascher lô imale et-iamaiô, grec hos ouk emplèsei ton chronon autou... Jérémie 38, 28 : Et il a séjourné, Jérémie, dans la cour
de garde jusqu'au jour, ad-iôm, que elle fut prise Jérusalem... Grec heôs chronou... Daniel 2, 44 : Et dans les jours de ces
rois, il suscitera le Dieu des cieux, un royaume qui pour la durée éternelle à venir ne sera pas détruit... Grec : en lois
chronois. Théodotion en tais hèmerais... Il est donc très possible, il est même vraisemblable, que sous notre expression
grecque hoti chronos ouketi estai, il y avait une expression hébraïque avec iamim, des jours : Il n'y aura plus de jours,
jusqu'à ce que soit accomplie la prophétie. C'est-à-dire que la prophétie va s'accomplir ou se réaliser bientôt, prochainement.
C'est d'ailleurs ce que l'Apocalypse dit depuis le début : Apocalypse 1,3: Car le temps est proche. L'Apocalypse est un livre
qui a été écrit peu de temps avant la réalisation des prophéties qu'elle contient.
118
10, 7 Mais aux jours de la voix du septième messager, lorsqu'il se prépare à sonner du schôphar, alors va s'accomplir
le secret de Dieu... Construction hébraïque. Le kai grec que nous avons traduit en français par alors, recouvre le we hébreu.
C'est la construction hébraïque lorsque... alors, Kaascher... we... Le kai grec traduit littéralement le we hébreu, ce qui prouve
une fois de plus que notre texte grec est une traduction d'un texte hébreu.
Alors sera accompli le secret de Dieu... Grec telein qui recouvre probablement l'hébreu kalah, être achevé, être terminé,
piel killah achever, terminer. Ruth 2, 21 : Jusqu'à ce qu'ils aient terminé, achevé, toute la moisson qui est à moi... Ruth 3, 18
: Que si elle est terminée, l'affaire, aujourd'hui, ki im killah ha-dabar haiôm, grec heôs an telesè to rèma sèmeron. 2
Chroniques 36, 22 : Dans la première année de Cyrus, roi de Perse, afin que soit accomplie la parole de YHWH (qui a été
dite) dans la bouche de Jérémie, il a réveillé, YHWH, l'esprit de Cyrus... Ici le verbe hébreu kalah est traduit par le grec
plèrôthènai, être rempli, ce qui est fréquent. Esdras 1,1: Dans la première année de Cyrus, roi de Perse, pour accomplir, li-
- 84 -
du septième messager
kelôt, la parole de YHWH (qui avait été dite) de la bouche, mi-pi, de Jérémie, il a réveillé, YHWH, l'esprit de Cyrus... Ici le
verbe hébreu kalah est traduit en grec par tou telesthènai.
Le secret de Dieu... Grec to mustèrion, araméen raz, Daniel 2, 18 ; 2, 19 ; 2, 27 ; etc. Hébreu sôd, Amos 3, 7 : Car il ne
fait pas, le seigneur YHWH, une chose, dabar, qu'il n'ait révélé son secret à ses serviteurs les prophètes, ki im galah sôdô el
abadaiô ha-nebiim, grec ean mè apokalupsèpaideian autou... Ici, c'est le grecpaideia qui traduit l'hébreu sôd. Ici le
mustèrion, hébreu sôd, c'est le secret dessein de Dieu qu'il est en train de réaliser. Matthieu 13, 11 : A vous il est donné de
connaître les secrets, ta mustèria, du royaume des cieux, mais à eux cela n'est pas donné. Paul, lettre aux Romains 11, 25 :
Car je ne veux pas que vous ignoriez, frères, ce secret, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux :
l'endurcissement du cœur (organe de l'intelligence) est survenu en partie, partiellement, apo mérous, sur, à Israël, jusqu'à ce
que la plénitude, la totalité des nations païennes soit entrée (dans l'économie de la promesse), et ainsi tout Israël, la totalité
d'Israël, pas israèl, sera sauvé... Romains 16, 25 : La révélation du secret, kata apokalupsin mustèriou, qui a été gardé en
silence dans les temps de la durée passée, mais qui maintenant est donné à connaître par les écritures prophétiques,
conformément à la décision de Dieu éternel, pour que la certitude de la vérité soit entendue, portée à la connaissance de
toutes les nations... 1 Corinthiens 2, 1 : Et moi lorsque je suis venu vers vous, frères, je ne suis pas venu dans la
surabondance de la parole ou de la sagesse pour vous annoncer le secret de Dieu, to mustèrion tou theou. Car je n'ai pas cru
devoir connaître quelque chose parmi vous, si ce n'est Ies-choua le oint et celui-ci crucifié... Éphésiens 1,9: Il nous a fait
connaître le secret, to mustèrion, de sa volonté... Éphésiens 3, 3 : C'est par une révélation qu'il m'a été donné à connaître, le
secret, to mustèrion, comme je vous l'ai écrit antérieurement... En sorte que en lisant (ma lettre) vous puissiez connaître
l'intelligence que j'ai du secret du Christ, tèn sunesin mou en tô mustèriô tou christou. Ce secret n'a pas été communiqué
dans les générations antérieures aux fils des hommes, mais il est découvert, dévoilé, apekaluphthè, maintenant à ses saints
envoyés et à ses prophètes, par l'Esprit. Le secret, à savoir : que les nations païennes sont désormais cohéritières, elles
entrent dans le Corps (de l'Église), elles sont coparticipantes de la promesse qui se réalise dans le Christ, par l'heureuse
annonce... A moi le plus petit de tous les saints a été donnée cette grâce : aux nations païennes annoncer l'heureuse nouvelle
de l'inépuisable richesse du Christ et illuminer toutes (les intelligences) pour leur faire connaître quelle est la disposition,
quel est l'agencement, quelle est l'organisation intelligible, tis hè oikonomia, du secret intelligible, tou mustèriou, gardé
secret, apokekrummenou, depuis les durées passées, apo ton aiônôn, en Dieu qui a tout créé... Lettre de Paul aux Colossiens,
date incertaine, 1, 26 : Le secret qui était caché, to mustèrion to apokekrummenon, depuis les durées passées, apo ton
aiônôn, et aux générations (passées), mais maintenant il est donné à connaître à ses saints, ceux à qui Dieu a voulu faire
connaître quelle est la richesse de la gloire de ce secret, tou mustèriou toutou, au milieu des nations païennes, ce secret qui
est le Christ en vous (ou parmi vous, au milieu de vous), l'espérance de la gloire... Colossiens 2, 2 : Pour la connaissance du
secret de Dieu, le Christ, eis epignôsin tou mustèriou tou theou christou..., en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et
de la connaissance... Colossiens 4, 3 : Afin que Dieu vous ouvre la porte de la parole, afin que vous puissiez dire le secret du
Christ, lalèsai to mustèrion du christou... Le langage de Paul dans ces grandes lettres dogmatiques adressées aux églises
d'Éphèse et de Colosses est le même que celui de l'Apocalypse, et la perspective est aussi la même : le secret ontologique du
dessein créateur qui est en train de se réaliser, c'est que les nations païennes, qui autrefois étaient exclues des dons de la
promesse et de l'alliance, sont maintenant invitées à entrer dans l'économie de l'alliance ouverte avec Abraham. C'est la
réalisation du secret dessein de Dieu. Paul et l'auteur de l'Apocalypse pensent la même chose et le disent dans les mêmes
termes. Il est très vraisemblable qu'ils se sont connus et qu'ils se sont parlés. Ils ont la même doctrine fondamentale.
Comme il en a annoncé l'heureuse nouvelle... Le verbe grec euag-gelizein traduit l'hébreu basar, annoncer une nouvelle,
une heureuse nouvelle. Samuel 31, 9 : Et il a envoyé, dans le pays des Philistins, tout autour, pour annoncer l'heureuse
nouvelle, le-basser, grec euanggelizontes, dans la maison de leurs idoles (le temple païen) et au peuple, we-et ha-am. On
observe la construction : le verbe hébreu basar suivi de et, ce qui correspond dans nos langues à l'accusatif. Cela explique,
et cela seul explique, que dans notre texte Apocalypse 10, 7 le verbe euaggelizein soit suivi de l'accusatif. 2 Samuel 18, 19 :
Je vais courir et je vais annoncer au roi l'heureuse nouvelle, wa-abas-serah et-ha-melek — de nouveau la construction
hébraïque qui correspond à ce que nous appelons l'accusatif, grec kai euaggeliô tô basilei ; les traducteurs en langue grecque
ont mis le datif, conformément aux exigences de la langue grecque — à savoir qu'il l'a jugé, YHWH, (et qu'il l'a arraché) à
la main de ses ennemis... 1 Chroniques 10, 9 : Et ils ont envoyé (sous-entendu : des messagers) dans le pays des Philistins,
tout autour, pour annoncer l'heureuse nouvelle, le-basser, grec tou euaggelisasthai, à leurs idoles, hébreu et-atzabeihem,
accusatif, grec tois eidôlois, datif, et au peuple, hébreu we-et ha-am, accusatif, grec kai tô laô, datif. Isaïe 61, 1 : L'esprit du
seigneur YHWH (est) sur moi parce qu'il m'a oint, maschah, YHWH, pour annoncer l'heureuse nouvelle aux pauvres, le-
basser anawim, grec euaggelisasthai ptôchois, datif, il m'a envoyé... Par conséquent notre traducteur du texte hébreu de
l'Apocalypse a traduit plus fidèlement, plus exactement, plus littéralement, certains diront plus servilement, son texte
hébreu, que les inconnus qui avait traduit avant lui les textes hébreux de la sainte Bibliothèque hébraïque, puisque ceux-ci
avaient adapté la construction aux exigences de la langue grecque, tandis que notre traducteur, lui, laisse l'accusatif comme
en hébreu. Jérémie 20, 15 : Maudit (soit) l'homme qui a annoncé à mon père, ascher bissar et-abi, accusatif, grec ho
euaggelisamenos tô patri mou, datif, en disant : il t'est né un fils mâle !
- 85 -
prends et mange-le
il va te rendre amer ton ventre
mais dans ta bouche
il sera doux comme du miel
imprécision dans le texte de l'Apocalypse ? Pourquoi ce vague ? Puisqu'il vient de parler du Temple de Dieu, naos tou
theou, pourquoi ne pas nous dire qu'il sera mis à feu puisque, de fait, l'auteur de l'Apocalypse est supposé le savoir, s'il écrit
en 95 ou 96 ?
123
11, 3 Et je donnerai à mes deux témoins et ils prophétiseront... Construction hébraïque. Le verbe grec didonai
traduit le verbe hébreu natan, donner, c'est le cas le plus fréquent. Mais il traduit aussi le verbe hébreu sim, kal parfait sam,
imparfait iasim, placer, poser, instaurer, ériger, disposer, etc.
Flavius Josèphe, Histoire de la guerre des Judéens contre les Romains, VI, 300 : « Mais il y a eu plus terrible encore.
Un homme appelé leschoua, grec lèsous, fils d'Ananias, un homme simple, un campagnard, quatre ans avant la guerre (nous
sommes donc en 62, puisque la guerre a commencé en 66) — la Ville ( = Jérusalem) était tout à fait tranquille et tout allait
bien — il est venu à la fête dans laquelle la coutume veut que l'on construise des huttes de branchages (Soukkôth) pour Dieu.
Et contre le Temple tout d'un coup, subitement, il s'est mis à crier : Voix de l'Orient ! Voix de l'Occident ! Voix des quatre
vents ! Voix contre Jérusalem et contre le Temple (ici naos, qui recouvre l'hébreu heikat) ! Voix contre les jeunes mariés,
numphious, hébreu hatan, et contre les jeunes épousées, numphas, hébreu kallah ! Voix contre tout le peuple ! Voilà ce qu'il
criait, jour et nuit, dans toutes les ruelles qu'il parcourait en criant. Certains... exaspérés par ces paroles de malheur ont
arrêté l'homme et l'ont frappé de multiples coups. Mais lui, il ne disait pas un mot pour lui-même ni à ceux qui le battaient.
Il continuait à crier les mêmes paroles qu'auparavant. Alors ils ont pensé, les chefs, ceux qui possèdent l'autorité, archontes,
qu'il était possédé d'un esprit mauvais, cet homme qui s'agitait ainsi, et ils l'ont conduit de force vers celui qui était, chez les
Romains, le gouverneur. Là il a été battu avec des fouets jusqu'aux os. Il n'a pas supplié, il n'a pas pleuré, mais d'une voix
plaintive... à chaque coup il répondait : Hoï Hoï li-ierouschalaïm ! (Jérémie 13, 27 : Oi'àtoi, Ierouschalaïm...). Albinus lui a
demandé — c'était lui le gouverneur — qui il était, d'où il venait et pourquoi il criait cela. A ces questions, il n'a pas
répondu un mot, mais il n'a pas cessé de dire sa lamentation sur la Ville. Alors Albinus a pensé qu'il était fou et il l'a fait
relâcher. Et lui, l'homme, jusqu'aux temps du début de la guerre (= en 66) il ne s'est pas adressé à l'un de ses concitoyens et
personne ne l'a vu parler, mais chaque jour, comme une prière, avec application, il répétait sa lamentation : Hoï Hoï li-
ierouschalaïm ! Ceux qui le battaient chaque jour, il ne les maudissait pas. Et ceux qui lui donnaient à manger, il ne les
remerciait pas... C'est surtout pendant les fêtes qu'il criait. Et cela a duré sept ans et cinq mois, il a continué à dire cela...
Lorsqu'il a vu les travaux du siège (de la Ville par l'armée romaine), alors il s'est tu... Car tandis qu'il faisait le tour des
remparts (de Jérusalem), il criait de nouveau : Hoï hoï contre la Ville et contre le peuple et contre le Temple ! Pour finir il a
ajouté : Hoï Hoï contre moi aussi ! Une pierre jetée par une machine romaine l'a frappé, et l'a tué d'un seul coup. Il a rendu
l'âme alors qu'il continuait encore à prononcer ces oracles... »
La différence entre le grec de l'œuvre de Flavius Josèphe, qui est une traduction faite par des amis, comme il nous le dit
lui-même {Contre Apion I, 50), à partir de son manuscrit hébreu, et non araméen (la langue écrite était l'hébreu ; l'araméen
était la langue des campagnes, la langue du petit peuple ; Joseph était un Judéen et un homme fort instruit, comme il se plaît
à le rappeler) — la différence entre le grec de cette traduction de l'original hébreu, et le grec de la traduction grecque de
toute la Bibliothèque hébraïque, ainsi que le grec des Évangiles — c'est que les traducteurs de la sainte Bibliothèque
hébraïque ont suivi pas à pas, mot à mot, leur texte hébreu, parce que c'est un texte sacré, un texte inspiré, et qu'il n'est pas
permis d'y changer un seul mot ; de même pour la traduction en langue grecque des documents qui ont donné nos Évangiles.
Tandis que, à juste titre, les amis de Flavius Josèphe n'ont pas considéré son texte comme un texte sacré. Ils ont donc traduit
sans s'astreindre à suivre leur texte original en hébreu pas à pas, mot à mot. Ils ont fait une traduction littéraire, et non
littérale.
Après la mort du procurateur Porcius Festus, qui arrive en Judée en l'année 60 pour succéder à Félix, c'est donc Lucceius
Albinus qui remplace Porcius Festus. Entre la mort de Festus et l'arrivée d'Albinus, le grand prêtre Hanan, fils du grand
prêtre Hanan dont il est fait mention Jean 18, 13 ; Luc 3, 2 ; fait mettre à mort Jacques, celui qui est appelé le frère du
Seigneur, Galates 1, 19. Eusèbe, Histoire ecclésiastique, II, 23 : « Ils l'ont fait venir au milieu d'eux. Et ils lui ont demandé
de nier la certitude de la vérité du Christ... Lui au contraire il a affirmé publiquement qu'il est le fils de Dieu, le sauveur,
notre seigneur Jésus. Ils n'ont pas pu supporter l'attestation, tèn mar-turian de (Jacques)... Ils ont profité de l'anarchie qui a
suivi la mort de Festus et ils ont tué Jacques... » Eusèbe cite un fragment d'Hégésippe : « Le frère du Seigneur, Jacques, qui
par tous est appelé le juste depuis les temps du Seigneur jusqu'à nous... Nombreux étaient ceux qui étaient appelés Jacques.
Celui-ci, depuis le ventre de sa mère, il était consacré, hagios = nazir. Du vin et des boissons fermentées, il n'en buvait pas,
et il ne mangeait rien qui ait été animé, empsuchon. Le rasoir n'est pas monté sur sa tête... A lui seul il était permis d'entrer
- 89 -
et ils prophétiseront
mille deux cent soixante jours
revêtus de sacs
dans le saint des saints. Il ne portait pas de vêtement de laine, mais seulement des vêtements de lin, sindonas. Et lui seul il
entrait dans le Temple, eis ton naon. A genoux il demandait le pardon, aphesin, pour le peuple. Ses genoux étaient devenus
calleux comme ceux du chameau parce qu'il était toujours à genoux, prosterné devant Dieu et demandant le pardon pour le
peuple... » Jacques a été précipité du haut du Temple, tué à coups de pierres et achevé à coups de massue.
Nous ne disons pas que Apocalypse 11,3 fait certainement allusion à ces deux cas que nous connaissons. Mais nous
disons qu'il est possible que notre texte de l'Apocalypse y fasse allusion, et si ce n'est pas de ces deux cas qu'il s'agit, ce
peuvent être des cas analogues ou comparables. S'il s'agissait de Ieschoua fils de Ananias et de Iaaqôb, le frère du Seigneur,
dans ce cas notre Apocalypse serait datée après l'année 62.
124
11, 4 Ce sont eux les deux oliviers... Zacharie 4, 1 : Et il est revenu le messager qui parlait en moi, bi, grec en emoi, et
il m'a réveillé comme un homme qui s'éveille de son sommeil. Et il m'a dit : Qu'est-ce que tu vois ? Et j'ai dit : j'ai vu et
voici un candélabre en or, menorat zahab, grec luchnia chrusè, tout entier, et une ampoule d'huile, hébreu goullah, sur sa
tête et ses sept lampes sur lui... Et deux oliviers auprès de lui, l'un à la droite de l'ampoule à huile et un (autre) à sa gauche.
Alors j'ai répondu et j'ai dit au messager qui parlait en moi, bi, grec en emoi, et j'ai dit : Qui (sont) ceux-ci mon seigneur ? Et
il a répondu, le messager qui parlait en moi et il m'a dit : Est-ce que tu ne sais pas qui sont ceux-ci ? Et j'ai dit : Non, mon
seigneur. Et il a répondu et il m'a parlé pour dire : Voici une parole de YHWH (adressée) à Zorobabel pour dire : Non par
l'armée ni par la force mais seulement par mon esprit ! Il a dit YHWH des armées, YHWH tzebaôt, grec legei kurios
pantokratôr... Zacharie 4, 11 : Et j'ai répondu et je lui ai dit : Que (sont) ces deux oliviers à droite du candélabre et à sa
gauche ? Et j'ai répondu une deuxième fois et je lui ai dit : Que sont les deux épis des oliviers qui (sont) dans la main des
deux tubes en or, qui déversent, venant des deux épis des oliviers, l'or (l'or de l'huile) ? Et il m'a parlé pour dire : Est-ce que
tu ne sais pas qui (ils sont) ceux-ci ? Et j'ai dit : Non, mon seigneur. Et il a dit : Ceux-ci (ce sont) les deux fils de l'huile
fraîche qui se tiennent debout auprès du seigneur de toute la terre...
125
11, 5 Du feu sort de leur bouche... 2 Samuel 22, 9 : Elle est montée, une fumée, à sa narine, et un feu de sa bouche
(est sorti), qui dévorait... 2 Rois 1, 10 : Et si je suis un homme de Dieu, moi, qu'il descende, un feu, du haut des cieux et qu'il
te dévore... Et il est descendu, un feu, du haut des cieux et il l'a dévoré... Jérémie 5, 14 : C'est pourquoi ainsi a parlé YHWH
Dieu des armées, elohei tzebaôt, grec kurios pantokratôr, parce que vous avez dit cette parole, me voici qui donne mes
paroles dans ta bouche pour être du feu, hébreu le-esch, en grec pur simplement, et ce peuple (sera comme) des morceaux
de bois, et il les dévorera. Psaume 97, 3 : YHWH règne ! Qu'elle exulte de joie la terre ! Qu'elles se réjouissent les îles
nombreuses ! Un nuage et une nuée tout autour de lui ! La justice et le jugement (sont) le fondement de son trône. Un feu
devant sa face s'avance et il dévore tout autour ses ennemis. Ils illuminent, ses éclairs, la terre habitée, hébreu tebel, grec tè
oikoumenè. Elle l'a vu et elle a été ébranlée, la terre. Les montagnes, comme de la cire, ont fondu devant la face de YHWH,
devant la face du Seigneur de toute la terre...
126
11, 6 A ceux-ci appartient le pouvoir de fermer les cieux en sorte qu'il ne pleuve pas... 1 Rois 17, 1 : Et il a dit,
Eliiahou de Tisbeh en Galaad, en s'adressant à Achab : Il est vivant, YHWH Dieu d'Israël, que je me tiens devant sa face,
ascher amadeti lephanaiô ( = devant la face de qui je me tiens...) ! S'il y a, ces années-ci, de la rosée et de la pluie, hébreu
matar, grec huetos, si ce n'est à la bouche de ma parole, ki im le-phidebarai (— si ce n'est à l'ordre de ma bouche...) ! 1 Rois
17, 7 : Et il advint, au bout de (plusieurs) jours, il se dessécha le torrent, car il n'y avait plus de pluie, hébreu geschem, grec
huetos, dans le pays, ba-aretz, grec epi tes gès.
La puissance sur les eaux, de les changer en sang... Exode 7, 17 : Ainsi a parlé YHWH : C'est en ceci que tu connaîtras
- 90 -
de la grande ville
celle qui est appelée en langage spirituel
sodome et égypte
là où leur seigneur aussi
a été cloué sur la croix
l'esprit qui provient de Dieu, afin que nous connaissions les dons qui nous ont été donnés par Dieu... L'homme animal,
psuchikos anthrôpos, ne reçoit pas ce qui vient de l'esprit de Dieu, pour lui c'est stupide, et il ne peut pas connaître, parce
que c'est spirituellement, pneumatikôs, que l'on en juge... Comme on peut le constater, de nouveau, Paul parle le même
langage que Jean de Patmos.
Qui est appelée par l'esprit Sodome... Isaïe, 1,1: Vision, hébreu hazôn, grec horasis, de Ieschaiahou, fils d'Amotz, qu'il a
vue, hébreu ascher hazah, grec hèn eiden, contre Juda, al-iehoudah, grec kata tes ioudaias, et (contre) Jérusalem, aux jours
d'Ozias, de Jotham, d'Achaz et d'Ézéchias, rois de Juda, malekei iehoudah, grec hoi ebasileusan tes ioudaias... On observe
en passant que pour traduire Juda, le pays de Juda, les traducteurs en langue grecque utilisent ioudaia, la Judée. Même
système de traduction dans les Évangiles de Jean et de Matthieu, de Luc et de Marc, et dans les Actes. Nous rappelons une
fois de plus que les ioudaioi, ce sont les Judéens, les habitants de la Judée, grec ioudaia, c'est-à-dire le pays de Juda.
L'expression ioudaia n'est pas utilisée par l'Apocalypse. Isaïe 1,4: Hoi nation criminelle, peuple lourd de faute, semence de
malfaiteurs, fils corrompus ! Ils ont abandonné YHWH, ils ont méprisé le saint d'Israël... Votre pays (est) dévastation, vos
villes (sont) brûlées (par le) feu... Et elle est restée, la fille de Sion, comme une hutte dans une vigne... Si YHWH des
armées ne nous avait laissé une semence, une souche, une racine, hébreu sarid, grec sperma, pour un peu comme Sodome
nous serions, et à Gomorrhe nous serions semblables... Isaïe 1, 10 : Écoutez la parole de YHWH, vous les dirigeants de
Sodome ! Prêtez l'oreille à l'instruction, torah, de notre Dieu, peuple de Gomorrhe ! Le prophète Isaïe appelle donc
Jérusalem Sodome et Gomorrhe. C'est un système constant, dans la vieille tradition prophétique hébraïque, que de désigner
telle ville, par exemple Jérusalem, par un autre nom. L'auteur inconnu du conte prophétique, ou de l'histoire prophétique,
que nous appelons le livre de Jonas, a utilisé cette technique. Ninive la capitale de l'Assyrie avait été détruite en 612 avant
notre ère, par une coalition constituée de Mèdes, de Babyloniens, de Scythes. En 597 avant notre ère les Babyloniens
attaquent Jérusalem qui tombe en mars 597. Nabuchodonosor campe de nouveau devant Jérusalem et fait le siège de la ville
entre janvier 587 et juillet 586. La ville est prise en 586 selon Parrot, en 587 selon Edouard Dhorme. Jérusalem est détruite,
brûlée, les remparts démolis. En 539 avant notre ère les armées de Cyrus occupent le territoire de Babylone. L'armée perse
arrive sous les murs de Babylone en 539. La ville est tombée pendant que les habitants faisaient la fête, mais Babylone n'a
pas été détruite. En 538 Cyrus autorise les déportés hébreux à retourner dans leur patrie et à reconstruire le Temple détruit
par l'armée de Nabuchodonosor en 587. Le livre de Jonas a été composé après le retour de l'exil. L'auteur du livre de Jonas
raconte donc une histoire qui est supposée se passer au temps où Ninive était encore debout, alors qu'en réalité Ninive a été
détruite en 612. Ni lui ni personne parmi ses auditeurs ou lecteurs, n'était dupe du procédé. La question qui reste ouverte est
de savoir ce que signifie, ce que désigne Ninive dans le conte prophétique qui est le livre de Jonas. L'auteur de l'Apocalypse
utilise le même procédé. Il désigne ici Jérusalem par le nom d'une ville détruite dans l'ancien temps, Sodome. Il donne ici la
clef de son allégorie, puisqu'il ajoute : Là où aussi leur Seigneur a été cloué sur la croix. Notons encore, toujours à propos
du livre de Jonas, que celui-ci ne prétend pas être une prophétie portant sur le passé, puisque tout le monde savait bien — et
l'auteur du conte le premier — que le roi de Ninive et les habitants de Ninive n'ont pas fait pénitence et qu'ils ne se sont pas
convertis lorsque la parole de YHWH leur a été annoncée par le prophète Jonas ! Dans la pensée de l'auteur de Jonas, le
conte, le mâschâl, porte sur l'avenir : c'est dans l'avenir qu'un prophète va porter la parole de Dieu au cœur de la cité
païenne, de la cité persécutrice, de Ninive la grande ville. Le livre de Jonas n'est pas une histoire qui porte sur le passé, mais
une prophétie qui porte sur l'avenir. Jérémie 23, 14 : Ils sont devenus pour moi, tous, comme Sodome, et ses habitants (les
habitants de Jérusalem) comme Gomorrhe...
129
11, 9 Et ils regarderont, (les hommes pris parmi) les peuples... Construction hébraïque. Le sujet du verbe, ils
regarderont, c'est la proposition qui commence par ek, pris parmi les peuples... Même construction hébraïque Jean 1, 24 : Et
ils ont été envoyés (des hommes faisant partie du groupe) des perouschim, grec ek ton phari-saiôn, hébreu min ha-
perouschim. 2 Samuel 11, 17 : Et il tomba (sous-entendu : des hommes) pris parmi le peuple, min ha-am, grec kai epesan ek
tou laou...
- 92 -
et leurs cadavres
ils ne permettront pas
qu’on les mette dans des tombeaux
montez ici
sortie... Elle ne reculera pas, l'ardeur de la colère de YHWH, jusqu'à ce qu'il ait agi et jusqu'à ce qu'il ait réalisé — mis
debout — les desseins de son cœur... Jérémie 36, 7 : Elle est grande la colère et la fureur qu'il a dite, YHWH, à ce peuple-
ci... Jérémie 44, 6 : Alors elle s'est déversée, ma fureur et ma colère, et elle a (verbe au singulier, plusieurs sujets, fréquent
en hébreu) brûlé dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem et elles sont devenues ruine et dévastation comme
(c'est le cas) en ce jour... Lamentations 1,12: Vous tous qui passez sur la route, regardez et voyez s'il existe une douleur
comme ma douleur... celle dont il m'a frappée, YHWH, au jour de l'ardeur du feu de sa colère... 2, 1 : Combien il a rendu
sombre, dans sa colère, le seigneur, la fille de Sion ! Il a précipité des cieux à terre la splendeur d'Israël et il ne s'est pas
souvenu de l'escabeau de ses pieds, au jour de sa colère... Ézéchiel 5, 13 : Elle est achevée, kalah, ma colère... et ils sauront
que moi YHWH j'ai parlé dans ma jalousie, lorsque j'accomplirai ma fureur sur eux... Ezéchiel 6, 12 : J'achèverai ma fureur
contre eux... 7, 8 : Je vais déverser ma fureur sur toi et j'accomplirai ma colère en toi...
Le salaire, grec misthos, hébreu sakar. Genèse 15,1: Ton salaire sera nombreux, très ! Genèse 30, 18 : Il a donné, Dieu,
mon salaire... Exode 2, 9 : Et moi je donnerai ton salaire, etc. Matthieu 5, 12 ; 6, 2 ; 10, 41 ; 20, 8 ; Luc 6, 23 ; 6, 35 ; 10, 7 ;
etc. Jean 4, 33.
Ceux qui craignent ton nom, les petits et les grands... Psaume 115, 13 : Il bénit ceux qui craignent YHWH, les petits
avec les grands...
Et détruire... Grec diaphtheirein, hébreu schahat. La question qui reste ouverte est de savoir s'il faut traduire l'hébreu
eretz, traduction grecque hè gè, par la terre, ou par le pays. Comme nous l'avons déjà noté, le mot terre en français en cette
fin du xxe siècle signifie la terre que l'on laboure, et la planète Terre. La terre que l'on laboure se dit en hébreu adamah.
L'hébreu eretz signifie la terre en tant qu'elle est distinguée du ciel, Genèse 1, 1 ; 2, 1 ; 2, 4 ; la terre habitée envisagée dans
son ensemble, Genèse 18, 18 : Et Abraham, il sera, il deviendra une nation grande et puissante et seront bénies en lui (= par
lui) toutes les nations de la terre... Mais dans la majorité des cas l'hébreu eretz désigne un pays particulier, par exemple le
pays d'Égypte, Genèse 13, 10 ; le pays de Juda, eretz iehoudah. La question est de savoir comment il faut accommoder ou
régler notre instrument d'optique. Pour observer la lune, qui est dans notre proche banlieue, on ne règle pas le télescope
comme pour observer une galaxie lointaine. Les Français de la fin du xxe siècle ont vu, en photographie, la planète Terre en
son ensemble. Si nous traduisons par la terre, ils pensent spontanément à la planète Terre. Celui qui a écrit l'Apocalypse
n'avait jamais vu la planète Terre dans son ensemble et nous ne sommes pas certains qu'il ait envisagé la totalité de la
planète Terre lorsqu'il emploie en hébreu le mot eretz. La probabilité est peut-être plus grande qu'il envisage le pays, son
pays d'origine, la Judée, qui est menacée de destruction par ceux qui préparent la guerre, qui vont rendre la guerre
inévitable, et qui vont finalement précipiter le pays, la Judée, dans le désastre de l'année 70. Nous ne savons pas si Jean
envisageait l'ensemble de la Terre habitée.
137
11, 19 Et il s'est ouvert le Temple de Dieu... Grec ho naos, hébreu heikal, le Temple de Dieu, la Maison de Dieu.
Qui est dans les cieux... La question est de savoir s'il faut comprendre : le Temple qui est dans les cieux... Ou bien : le
Temple, de Dieu qui est dans les cieux... En hébreu il n'y a pas ici de verbe être et dans la traduction grecque non plus. Il y
avait donc sans doute ascher ba-schamaim.
Et il s'est fait voir... Grec ôphthè, du verbe grec oraô, aoriste passif ôphthèn, qui traduit l'hébreu raah, voir, niphal
nireah, se faire voir, se montrer, devenir visible, se manifester.
Le coffre de son alliance... Grec hè kibôtos, la caisse, le coffre, qui traduit deux mots hébreux :
1. tebah, Genèse 6, 14 : Fais pour toi une caisse en bois de cyprès... Trois cents coudées, longueur de la caisse ;
cinquante coudées, sa largeur ; trente coudées, sa hauteur...
2. arôn, la caisse, le coffre, Exode 25, 10 : Ils feront un coffre en bois d'acacia, deux coudées et demi sa longueur ; une
coudée et demi sa largeur ; une coudée et demi sa hauteur. Tu la recouvriras d'or pur, au-dedans et au-dehors tu la
recouvriras... Tu fondras pour elle quatre anneaux d'or... Exode 25, 16 : Et tu donneras, we-natatah, dans le coffre
l'attestation, ha-edout, grec ta marturia, que je te donnerai... Exode 26, 33 : Et tu feras entrer là, à l'intérieur du rideau, le
coffre de l'attestation, arôn ha-edout, tèn kibôton tou marturiou... Exode 30, 23 : Et toi prends pour toi des baumes de tête,
- 96 -
de la myrrhe..., du cinnamone..., etc. Et tu feras avec cela l'huile d'onction sainte, schemen mischehat qôdesch... Et tu
oindras avec elle la tente du rendez-vous, ôhel moed, grec tèn skènèn tou marturiou, et le coffre de l'attestation, arôn ha-
edout, grec tèn kibôton tou marturiou... Exode 31, 7 : La tente du rendez-vous, et le coffre de l'attestation..., hébreu et ôhel
môed we-et ha-arôn la-edout, grec kai tèn kibôton tes diathèkès — c'est notre expression Apocalypse 11, 19. Exode 39, 35 :
Le coffre de l'attestation, arôn ha-edout, de nouveau traduit en grec par tèn kibôton tes diathèkes. Nombres 10, 33 : Ils sont
partis de la montagne de YHWH, route de trois jours, et le coffre de l'alliance de YHWH, arôn berit YHWH, s'avançait
devant leurs faces, grec hè kibôtos tes diathèkes kuriou... Nombres 14, 44, idem, traduction grecque idem. Deutéronome 10,
8 : En ce temps-là il a séparé, YHWH, la tribu de Lewi pour porter le coffre de l'alliance de YHWH, et-arôn berit YHWH,
grec tèn kibôton tes diathèkes kuriou, pour se tenir devant la face de YHWH, pour être à son service, verbe hébreu scharat,
grec leitourgein, et pour bénir en son nom jusqu'à ce jour. C'est pourquoi il n'était pas pour Lewy de part et d'héritage avec
ses frères. YHWH (c'est) lui (qui est) sa part... Deutéronome 31, 9 : Et il a écrit, Môscheh, cette torah et il l'a donnée aux
kôhanim, grec tois hiereusin, fils de Lewi, qui portaient le coffre de l'alliance de YHWH et à tous les anciens d'Israël...
Deutéronome 31, 24 : Et il advint, lorsqu'il a eu fini, Môscheh, d'écrire les paroles de cette torah sur un rouleau jusqu'à
l'achèvement, il a donné ordre, Môscheh, aux Lévites qui portent le coffre de l'alliance de YHWH et il a dit : Prenez ce
rouleau de cette torah et posez-le à côté du coffre de l'alliance de YHWH votre Dieu et il sera là contre toi comme témoin,
le-ed, grec eis marturion... Josué 3, 3 : Lorsque vous verrez le coffre de l'alliance de YHWH votre Dieu et les kôhanim, les
Lévites, qui le portent... Josué 3, 6 : Et il a dit, Iehôschoua, aux kôhanim : portez le coffre de l'alliance et passez devant la
face du peuple. Et ils ont porté le coffre de l'alliance et ils sont allés devant la face du peuple... Juges 20, 27 : Là (était) le
coffre de l'alliance de Dieu dans ces jours-là... 1 Samuel 4, 3 ; 4, 4 ; 4, 5 ; etc. 1 Rois 8, 1 ; 8, 3 ; 8, 4 ; 8, 6 : Et ils ont fait
entrer, les kôhanim, le coffre de l'alliance de YHWH dans son lieu, dans le sanctuaire de la maison, dans le saint des saints...
1 Rois 8, 9 : Rien dans le coffre, seulement les deux tables de pierres qu'il avait déposées là, Môscheh, à Horeb... 2
Chroniques 5,7.
- 97 -
12, 1138 et un signe grand s'est fait voir dans les cieux
une femme revêtue de soleil
et la lune sous ses pieds
et sur sa tête une couronne de douze étoiles
138
12, 1 Une femme... Depuis des siècles, au moins depuis les prophètes hébreux du vme siècle avant notre ère, le peuple
hébreu, le peuple de Dieu, le peuple germinal, celui qui porte en lui l'information créatrice communiquée à l'humanité par
l'unique Créateur, est comparé à une femme, et la relation qui existe entre Dieu et cette nouvelle humanité en régime de
création, est comparée à la relation qui existe entre l'homme et la femme. Osée 1 , 2 : Commencement du parler de YHWH
dans Hôschea. Et il a dit, YHWH, à Hôschea : Va, prends pour toi une femme de prostitution, eschet zenounim, grec
gunaika porneias, et des enfants de prostitution, car (pour ce qui est de) se prostituer il s'est prostitué le pays, tizenah ha-
aretz, en s'éloi-gnant de derrière YHWH... Osée 2, 4 : Incriminez votre mère, incriminez, car elle, elle n'(est) plus ma
femme, ki hie lô ischeti, et moi je ne (suis) pas son homme, we-anôki lô ischah, et qu'elle écarte ses prostitutions de devant
sa face et ses adultères d'entre ses seins, afin que je ne la déshabille pas toute nue et que je ne la remette comme au jour de
sa naissance et que je ne la rende pas comme un désert... Et ses fils, je n'en aurai pas pitié, car des fils de prostitution (ils
sont) eux ! Car elle s'est prostituée, leur mère... Car elle a dit : je vais aller derrière mes amants. Ils me donnent mon pain et
mon eau, ma laine et mon lin — hébreu pischeti, grec ta othonia, Jean 19, 40 ; 20, 5 ; 20, 6 — et mon huile... Osée 2, 16 :
C'est pourquoi voici que moi je l'ai séduite et je l'ai conduite au désert et j'ai parlé sur son cœur, al libbah. Et je lui ai donné
ses vignes... Et elle a répondu là comme aux jours de sa jeunesse et comme au jour où elle montait hors du pays d'Égypte. Et
il arrivera en ce jour-là, oracle de YHWH, tu m'appelleras : mon homme ! Et tu ne m'appelleras plus : mon baal ! Osée 2, 21
: Et je te fiancerai à moi pour toute la durée éternelle à venir, hébreu le-ôlam, grec eis ton aiôna ! Et je te fiancerai à moi
dans la justice et dans le jugement et dans la grâce, be-hesed, et dans les entrailles de la compassion, be-rahamim, grec en
oiktirmois ! Et je te fiancerai à moi dans la certitude de la vérité, be-emounah, grec en pistei, et tu connaîtras YHWH ! Osée
3, 1 : Et il m'a dit, YHWH, encore : Va, aime une femme qui est aimée d'un (de tes) compagnons et qui est infidèle à son
marij de même qu'il aime, YHWH, les fils d'Israël, et eux ils se tournent vers d'autres dieux... Isaïe 1, 8 : Et elle est restée, la
fille de Sion, comme une hutte dans une vigne... Isaïe 1, 21 : Comment donc est-elle devenue une prostituée, zônah, grec
pornè, la cité (dans laquelle résidait) la vérité, qireiah neemanah, grec polis pisté, remplie de jugement... Jérémie 31, 3 :
D'un amour éternel, ahabat ôlam, je t'ai aimée... vierge d'Israël... Ézéchiel 16, 1 : Fils d'homme, fais connaître à Jérusalem
ses abominations. Et tu diras : Ainsi parle le seigneur YHWH à Jérusalem : Tes origines et ta naissance, du pays du
Cananéen. Ton père (c'était) l'Amorrhéen et ta mère (c'était) la Hittite !... Ézéchiel 16, 8 : Je suis passé auprès de toi et je t'ai
vue, et voici (c'était) ton temps, le temps des amours ! Et j'ai étendu les ailes (de mon manteau) sur toi et j'ai recouvert ta
nudité et je t'ai juré (un serment) et je suis entré dans l'alliance avec toi, oracle du seigneur YHWH, et tu as été à moi... Schir
ha-schirim, le Chant des Chants, le Chant par excellence (que nous appelons le Cantique des Cantiques !) reprend cette
antique analogie développée par les anciens prophètes hébreux. Jérusalem est comparée à une femme, et la femme est
décrite avec les caractères, les traits, de la Ville. L'analogie est continuée par lohanan qui plongeait les pénitents dans les
eaux du Jourdain, Jean 3, 29 : Celui à qui appartient la jeune femme du Chant des Chants, en hébreu kalah, en grec numphè,
c'est lui le jeune marié, hébreu hatan, grec numphios. Paul, dans sa lettre à l'église d'Éphèse, développe lui aussi ce thème,
Éphésiens 5, 32 : Ce secret est un grand secret, je veux dire par rapport au Christ et à l'église, qui est son épouse, l'épouse du
Chant des Chants.
Une femme revêtue de soleil... Le verbe grec periballein peut traduire le verbe hébreu kasah, piel kissah, recouvrir,
Genèse 24, 65 : Elle a pris son voile et elle s'est couverte. Genèse 38, 14 : Elle s'est couverte de son voile... 1 Rois 1, 1 : Et
le roi David (était) vieux, avancé en jours, et ils (ses serviteurs) l'ont recouvert avec des vêtements... 2 Rois 19,1 : Et il s'est
recouvert d'un sac... Periballein traduit aussi l'hébreu labasch, kal parfait labesch, revêtir, Genèse 28, 20, un habit pour me
vêtir... 1 Samuel 28, 8 : Et il a revêtu d'autres vêtements... Esther 5, 1 : Et il advint le troisième jour et elle a revêtu, Esther
(les vêtements de) la royauté, malkout, grec doxan, gloire... Psaume 45, 1 , schir iedidôt, chant des amours, grec ôdè huper
tou agapètou, chant consacré au chéri = celui qui a reçu l'onction royale, le chéri de Schir ha-schirim. Psaume 45, 7 : Ton
trône, Dieu (pour la) durée éternelle, hébreu ôlam, grec eis ton aiôna tou aiônos... Tu as aimé la justice et tu as haï la
méchanceté. C'est la raison pour laquelle il t'a oint, Dieu, ton Dieu (d')une huile de joie, plus que tes compagnons. La
myrrhe, l'aloès (composants de l'huile d'onction, Exode 30, 23)... (émanent) de tous tes vêtements... Une reine (est) à ta
droite (revêtue) d'or d'Ophir... La fille du roi..., d'or elle est revêtue, lebouschah, grec peribeblèmenè... Cantique des
Cantiques 6, 10 : Quelle (est) celle-ci qui se lève comme l'aurore, belle comme la lune, brillante comme le soleil...
Et la lune sous ses pieds, sans le verbe être, traduction littérale de l'hébreu.
Une couronne de douze étoiles : ces douze étoiles sont évidemment en relation avec les douze tribus d'Israël, et peut-être
aussi avec les douze envoyés choisis par le Seigneur, Matthieu 10, 1 ; 10, 2 ; 10, 5 ; 11, 1 ; 19, 28 ; 20, 17 ; 26, 14 ; etc. Les
douze envoyés, apos-toloi, sont eux-mêmes en correspondance avec les douze tribus.»
- 98 -
et elle crie
elle souffre les douleurs de l'enfantement
et elle est tourmentée
[parce qu'elle va] enfanter
12, 3140 et s'est fait voir un autre signe dans les cieux
139
12, 2 Et elle était enceinte... Grec en gastri echousa. L'expression grecque en gastri echein traduit régulièrement le
verbe hébreu harah, concevoir et être enceinte, Genèse 16, 4 : Et il (Abraham) est venu vers Hagar et elle a conçu, elle a été
enceinte, hébreu wa-tahar, grec kai sunelaben, et elle a vu qu'elle était enceinte, hébreu ki haratah, grec kai eiden hoti en
gastri echei... Genèse 16, 11 : Et il lui a dit le messager de YHWH : Voici que toi tu es enceinte, hébreu hinnak harah, grec
idou su en gastri echeis, et tu vas enfanter un fils... Genèse 25, 21 : Et elle a conçu, elle a été enceinte, hébreu wa-tahar,
grec kai elaben en gastri, Rebecca sa femme... Genèse 38, 24 : Elle s'est prostituée, Tamar, ta belle-fille, et même voici
qu'elle est enceinte, harah, grec kai idou en gastri echei, de sa prostitution, hébreu li-zenounim, grec ek porneias.
Remarquez le lamed qui ici indique l'origine, alors que le plus souvent il signifie l'attribution. Genèse 38, 25 : De l'homme,
hébreu le-isch, grec ek tou anthrôpou, à qui ces objets appartiennent, moi je suis enceinte, anôki harah, grec egô en gastri
echô... Même traduction grecque du verbe hébreu harah, Matthieu 1, 18 ; 1, 23 ; 24, 19 ; Marc 13, 17 ; Luc 21, 23. Première
lettre de Paul aux Thessaloniciens, 5, 3. Jérémie 4, 31 : Car la voix, comme celle d'une femme qui souffre les douleurs de
l'enfantement, j'ai entendue, ki qôl ke-hôlah schamaeti, grec hoti phônèn hôs ôdinousès, l'angoisse, hébreu tzarah, comme
de celle qui enfante son premier-né ! C'est la voix de la fille de Sion... Hoïk moi...
Elle crie, elle souffre les douleurs de l'enfantement. Le verbe grec ôdinein signifie éprouver les douleurs de
l'enfantement ; ôdis la douleur de l'enfantement. Il traduit l'hébreu hil, kai parfait halah, souffrir les douleurs de
l'enfantement, trembler de souffrance. Isaïe 13, 6 : Hurlez car proche (il est) le jour de YHWH... C'est pourquoi toutes les
mains défaillent et tout cœur d'homme se fond, se liquéfie... Comme celle qui va enfanter, ils sont pris de douleurs, ka-
iôledah iehiloun, grec kai ôdines autous exousin hôs gunaikos tik-tousès... Isaïe 23, 4 : Je n'ai pas souffert (les douleurs de
l'enfantement) et je n'ai pas enfanté, hébreu lô haleti we-lô ialadeti, grec ouk ôdinon oude etekon, et je n'ai pas fait grandir
des garçons... Isaïe 26, 17 : Comme celle qui est enceinte, elle s'apprête à enfanter, elle souffre (les douleurs de
l'enfantement), tahil, elle crie dans ses souffrances, c'est ainsi que nous avons été devant ta face, YHWH ! Nous avons été
enceinte, harinou, nous avons souffert (les douleurs de l'enfantement) halenou, comme si nous enfantions du vent ! Isaïe 45,
10 : Hoicelui qui dit à son père : pourquoi donc as-tu engendré ? Et à sa mère : pourquoi as-tu souffert les douleurs de
l'enfantement, mah tehilin, grec ti ôdinèseis... Isaïe 51, 2 : Regardez vers Abraham votre père et vers Sarah qui a souffert
pour vous les douleurs de l'enfantement... Isaïe 54, 1 : Pousse des cris de joie, stérile, toi qui n'as pas enfanté... toi qui n'as
pas souffert les douleurs de l'enfantement, lô-halah, grec hè ouk odinousa, car nombreux les fils de la dévastée, plus que les
fils de celle qui est mariée, il a dit YHWH... Isaïe 54, 5 : Car il est ton mari, celui qui t'a fait : YHWH des armées son nom,
et celui qui te rachète (c'est) le Saint d'Israël, le Dieu de toute la terre... Car comme une femme abandonnée... il t'a appelée,
YHWH... Isaïe 66, 7 : Avant d'avoir souffert les douleurs de l'enfantement, elle a enfanté, beterem tahil ialadah, grec prin è
tèn ôdi-nousan tekein, avant qu'elle ne vienne la douleur sur elle, elle a enfanté un mâle, zakar, grec kai eteken arsen... Isaïe
66, 8 : Car elle a souffert les douleurs de l'enfantement et elle a aussi enfanté, ki halah gam ialedah, grec hoti ôdinen kai
eteken, Sion, ses fils... Réjouissez-vous avec Jérusalem et exultez en elle, tous ceux qui l'aiment...
140
12, 3 Et voici un grand serpent de mer... Traduction approximative. Le grec drakôn traduit le plus souvent l'hébreu
tanin, pluriel taninim, qui peut être traduit aussi par le grec kètos. Genèse 1, 21 : Et il a créé, Dieu, les grands animaux
marins, et-ha-taninim ha-gedôlim, grec ta kètè ta megala — le grec kètos désigne les gros animaux qui vivent dans l'eau, les
baleines, les crocodiles, les hippopotames, les phoques, etc. — et toute âme vivante qui rampe, qui foisonnent — sic, au
pluriel — (dans) les eaux, selon leurs espèces, et tout oiseau ailé selon son espèce et il a vu, Dieu, que (cela était) beau et
bon... Psaume 148, 1 : Louez YHWH depuis les cieux... Louez-le, soleil et lune ! Louez-le, toutes les étoiles de lumière !...
Qu'ils louent le nom de YHWH, car c'est lui qui a commandé et ils ont été créés !... Louez YHWH depuis la terre, les grands
animaux marins, taninim, grec dra-kontes et tous les abîmes, we-kôl tehômôt, grec abussoi... Exode 7, 9 : Prends ton bâton
et jette-le devant la face de Pharaon ! Qu'il devienne un tanin, grec drakôn ! Faut-il traduire par serpent ? Exode 7, 10 : Et il
a jeté, Aharôn, son bâton devant la face de Pharaon et devant la face de ses serviteurs et il est devenu un tanin, grec drakôn.
Exode 7, 12 : Ils (les sorciers) ont jeté chacun son bâton et ils sont devenus des serpents, le-taninim, grec drakontes. Isaïe
27, 1 : En ce jour-là il visitera, YHWH, avec son épée dure et forte... le liweiatan, le serpent, grec epi ton drakonta ophin,...
et il tuera le tanin, grec ton drakonta, qui (est) dans la mer... Ezéchiel 29, 2 : Me voici contre toi, Pharaon roi d'Égypte ! Le
grand serpent de mer, ha-tanim ha-gadôl, grec ton drakonta ton megan, couché au milieu de ses canaux ! Lui qui dit : Ils
sont à moi mes canaux ! Et c'est moi qui les ai faits ! Je mettrai des crochets dans tes mâchoires... Je te ferai monter du
milieu de tes canaux... Je vais te jeter dans le désert... Sur la face du champ tu tomberas... A la bête sauvage de la terre à
l'oiseau des cieux je t'ai donné à manger... Ezéchiel 32, 2 : Fils d'homme, élève une complainte au sujet de Pharaon roi
d'Égypte... Et toi (tu étais) comme le tanin, grec drakôn, dans les mers... Psaume 74, 13 : Tu as brisé les têtes des taninim,
- 99 -
grec ton drakontôn, sur les eaux, c'est toi qui as brisé les têtes du liweiatan, grec tou drakontos... Psaume 91, 13 : Tu
fouleras aux pieds le lion et le tanin, grec drakonta...
Un grand serpent de mer rouge, grec drakôn purros. Purros traduit l'hébreu adôm, rouge, Genèse 25, 30 ; Nombres 19, 2
; 2 Rois 3, 22. Ils se sont levés de bon matin et le soleil resplendissait sur les eaux et ils ont vu, Moab (= les hommes de
Moab) en face d'eux les eaux (qui étaient) rouges comme du sang, adoumim ka-dam, grec purra hôsei aima...
Dix cornes... Grec keras, hébreu qeren. 1 Samuel 2, 1 : Il exulte, mon cœur, en YHWH, elle s'élève ma corne en
YHWH... 2, 10 : Il donnera la puissance à son roi et il élèvera la corne de son meschiah... 2 Samuel 22, 3 : YHWH (est)
mon rocher et ma forteresse et mon libérateur. Dieu (est) mon rocher, en lui je m'abrite, mon bouclier et la corne de mon
salut... Psaume 18, 3 : YHWH est mon rocher et ma forteresse... et la corne de mon salut... Psaume 75, 5 : J'ai dit... aux
méchants : N'élevez pas votre corne ! N'élevez pas dans les hauteurs votre corne ! 75, 11 : Et toutes les cornes des méchants,
il va les abattre, et elles seront relevées les cornes du juste... Psaume 89, 18 : Tu as relevé notre corne... Psaume 92, 11 : Tu
relèves ma corne... Psaume 112, 9 : Sa corne s'élève dans la gloire... Psaume 132, 17 : Là je ferai germer une corne pour
David, je préparerai une lampe pour mon meschiah... Psaume 148, 14 : Et il relève la corne pour son peuple... Amos 6, 13 :
Eux qui disent : Est-ce que ce n'est pas par notre force que nous avons pris pour nous des cornes ? Michée 4, 13 : Car ta
corne, je vais la rendre de fer ! Zacharie 2, 1 : Et j'ai levé mes yeux et j'ai vu et voici quatre cornes ! Et j'ai dit au messager
qui parlait en moi, hébreu bi : Que (sont) celles-ci ? Et il m'a dit : Celles-ci (ce sont) les cornes qui ont dispersé Juda, Israël
et Jérusalem... 2, 4 : Celles-ci (sont) les cornes qui ont dispersé Juda... Ils sont venus pour abattre les cornes des nations, et-
qarenôt ha-goïm, qui ont élevé la corne contre le pays de Juda pour le disperser... Daniel 7, 7 : Et dix cornes à elle (la
quatrième bête)... Luc 1, 69 : Béni (soit) YHWH le Dieu d'Israël, parce qu'il a visité, hébreu paqad, et qu'il lui a envoyé la
rédemption, grec lutrôsin, hébreupedout, et il a relevé pour nous la corne du salut, grec keras sôtèrias, hébreu qeren
ieschoua, dans la maison de David son serviteur... Apocalypse 5, 6 : Et j'ai vu au milieu du trône et des quatre vivants et au
milieu des anciens un agneau qui se tenait debout sacrifié et à lui (sont) sept cornes et sept yeux qui sont les sept esprits de
Dieu envoyés sur toute la terre...
Sept couronnes royales, grec diadèma, hébreu keter, Esther 1,11, kether malekout, grec to diadèma... Esther 2, 17 : Et il
a placé la couronne de la royauté, keter malekout, grec to diadèma tes basi-leias, sur sa tête... Esther 6, 8 : la couronne de la
royauté sur sa tête, keter malekout be-rôschô, grec diadèma basileias.
141
12, 4 Et elle les a jetées sur la terre... Daniel 8, 10 : Et elle (la petite corne) a grandi jusqu'à l'armée des cieux et elle a
fait tomber à terre (certains qui faisaient partie) de l'armée (des cieux) et des étoiles et elle les a foulées aux pieds...
142
12, 5 Et elle a enfanté un fils... Isaïe 7, 14 : C'est pourquoi il vous donnera, le seigneur lui-même, un signe. Voici que
l'adolescente est enceinte, ha-alemah harah, grec idou hè parthenos en gastri exei. Isaïe ne dit pas ischah, la femme, mais
alemah, l'adolescente nubile, puella nubilis, ce qui n'est sans doute pas dépourvu de signification — et elle est en train
d'enfanter, hébreu iôledet, participe, un fils et elle appellera son nom Avec-nous-Dieu, immanou- el... Isaïe 66, 7 : Avant
d'avoir souffert les douleurs de l'enfantement, elle a enfanté. Avant qu'elle ne vienne, la souffrance, sur elle, elle a été
délivrée, we-himelitah, un mâle, zakar, grec exephugen kai eteken arsen — arsen, en grec est neutre, masculin arrèn, arsèn.
— Qui a jamais entendu quelque chose comme cela ? Qui a jamais vu des choses pareilles ? Est-ce qu'elle a été enfantée la
terre, en un seul jour ? Est-ce qu'elle est enfantée, une nation, d'un seul coup ? Car voici qu'elle a été prise des souffrances
de l'enfantement et aussitôt elle a enfanté, Sion, ses propres fils...
Il va faire paître toutes les nations... Psaume 2, 1 : Pourquoi s'agitent-elles les nations païennes... Ils se sont dressés les
- 100 -
un mâle
il va faire paître toutes les nations
avec un sceptre de fer
rois de la terre... contre YHWH et contre son meschiah... Il m'a dit : Mon fils (tu es) toi ! Moi aujourd'hui je t'ai engendré !
Demande-moi et je te donnerai les nations païennes en héritage et comme possession les extrémités de la terre ! Tu les feras
paître avec un sceptre de fer...
Le fils qu'a enfanté la femme, Apocalypse 12, 1, est donc celui qui est désigné par le Psaume 2, celui que Dieu lui-même
appelle son propre fils, celui qui a reçu l'onction sacerdotale, royale et prophétique.
143
12, 6 Et la femme s'est enfuie dans le désert, là où un lieu lui est préparé... grec hopou echei ekei, là où elle a, là...
Hébreu ascher scham, et construction sans le verbe avoir qui n'existe pas en hébreu. — Eusèbe de Césarée, Histoire
ecclésiastique, III, V : « Après P ascension de notre sauveur... D ' abord Stephanos a été tué... à coups de pierres. Et après
lui, Jacques, qui était le fils de Zébédée et le frère de Jean, a eu la tête coupée. Et puis surtout Jacques qui avait été élu au
siège de la surveillance, tes episkopès thronon — le siège de ce que nous appelons l'évêque — le premier après l'ascension
de notre sauveur, il a été mis à mort... Les autres envoyés, menacés de mille morts, ont quitté la terre de Judée et ils sont
allés dans toutes les nations pour enseigner... Le peuple de la communauté qui était à Jérusalem, tou laou tes en
Hierosolumois ekklèsias, conformément à un oracle, kata tina chrèsmon, adressé à ceux qui avaient autorité, par une
révélation, di'apokalupseôs, oracle qui donnait l'ordre, avant la guerre, de quitter la Ville (Jérusalem) et d'aller dans une ville
de la Pérée appelée Pella. C'est dans cette ville que ceux qui avaient la certitude de la vérité du Christ se sont transportés,
après avoir quitté Jérusalem, en sorte que les saints (de la première communauté chrétienne) avaient complètement quitté la
métropole royale des Judéens et tout le pays de la Judée... ». Épiphane de Salamine, Adversus Hae-reses, haer. XXX, PG
41, 408 : « Car tous ceux qui avaient été certains de la vérité du Christ sont venus, en ce temps-là, habiter la Pérée, la
plupart dans une ville appelée Pella, une ville de la Décapote, dont il est question dans l'Évangile... » Haer. XXIX, 7 ; PG
41, 401 : « Après l'émigration de tous les disciples hors de Jérusalem, tous les disciples étaient venus habiter à Pella. C'est le
Christ qui avait dit de quitter Jérusalem et de s'en aller, parce que la ville allait être assiégée... »
La question est de savoir si notre Apocalypse a été composée et adressée aux frères et aux sœurs avant cette émigration
de la petite communauté chrétienne de Jérusalem, ou après. La question est même de savoir si notre Apocalypse n'est pas la
révélation qui a déterminé la petite communauté chrétienne de Jérusalem à quitter la ville sainte tant qu'il était encore temps,
donc avant l'année 66 probablement. La question est de savoir si Apocalypse 12, 6 fait allusion à cette fuite de la
communauté de Jérusalem, ou bien si elle est antérieure à cette fuite et si elle l'a, pour une part au moins, causée. La
question est aussi de savoir si une partie de la communauté chrétienne de Jérusalem n'a pas été s'installer dans un désert.
Nous n'oublions pas que, selon Épiphane de Salamine, Haer. 51, XII, PG 41, 909, Jean a été dans l'île de Patmos lorsque
Claude était empereur. De même Haer. 51, XXXIII, PG 41, 949 : Jean a prophétisé au temps de Claude. Épiphane de
Salamine est né autour de 320. Il est mort en 402 ou 403. Il est devenu évêque en 366. Il est né en Palestine près
d'Éleuthéropolis. Épiphane, Liber de Mensuris et Ponderibus, 15, PG 43, 261 : « Lorsque la Ville (= Jérusalem) allait être
prise par les Romains, ils avaient été avertis à l'avance par un messager, tous les disciples, de quitter la Ville, parce qu'elle
allait être détruite de fond en comble. Lorsqu'ils ont émigré (de Jérusalem) ils ont habité à Pella, la ville dont nous avons
déjà parlé précédemment, et qui se trouve de l'autre côté du Jourdain... Après la dévastation de Jérusalem, ils sont revenus...
»
Il est possible aussi, il est même peut-être plus vraisemblable que la fuite à laquelle Jean fait ici allusion, est celle qui est
mentionnée Actes 8, 1, après la mise à mort de Stephanos : Il y a eu, en ce j our-là, une persécution grande à rencontre de la
communauté, tèn ekklèsian, qui (était) à Jérusalem. Tous ont été dispersés dans diverses régions de la Judée et de la
Samarie, sauf les envoyés, plèn ton apostolôn. Dans 12, 7 Le mi-ka-el..., celui-qui-est-comme-Dieu... Hébreu mikael, qui-
comme-Dieu. Nombres 13, 13 : Pour la tribu d'Ascher Setour fils de Mikael... Transcription en caractères grecs : michaèl.
C'est cette transcription que nous lisons Apocalypse 12, 7. 1 Chroniques 5, 13 : Et leurs frères qui appartiennent à la maison
de leurs pères : Mikael et Meschoulam et Scheba... Transcription caractères grecs : michaèl. 1 Chroniques 5, 14 ; 6, 25 ; 7, 3
; 8, 16 ; 12, 21 ; 27, 18 ; 2 Chroniques 21, 2 ; Esdras 8, 8. On voit que le nom propre Mikael était très répandu depuis des
siècles. Daniel 10, 13 : Et le prince, le chef, hébreu sar, grec ho stratègos et ho archôn, du royaume de Perse s'est élevé en
face de moi... et voici que Mikael, l'un des princes, des chefs principaux, ahad ha-sarim ha-rischônim, grec heis ton
archontôn ton proton, est venu à mon secours... Daniel 10, 21 : Et il n'y en a pas un seul qui résiste avec moi contre ceux-ci,
si ce n'est Mikael votre prince, hébreu sarekem, une traduction grecque aggelos, le messager ; Théodotion ho archôn
humôn. Daniel 12, 1 : Et dans ce temps-là se tiendra debout Mikael, le prince, le grand, ha-sar ha-gadôl, une traduction
- 101 -
il y a là pour elle
un lieu qui lui est préparé par dieu
afin que là ils la nourrissent
mille deux cent soixante jours
grecque ho aggelos ho megas ; Théodotion ho archôn ho megas, celui qui se tient debout auprès des fils de ce cas-là nous
serions reportés plusieurs années en arrière, en ce qui concerne la composition de l'Apocalypse, qui fait allusion à cette
première fuite de l'église de Jérusalem, et qui va, Apocalypse 18, 4, ordonner à la communauté de Jérusalem de sortir de la
Ville avant la destruction. De nouveau la question se pose de savoir si lors de la persécution qui a suivi la mise à mort de
Stephanos, une partie de la communauté chrétienne de Jérusalem n'a pas été s'installer quelque part dans le désert de Juda...
Et si l'Apocalypse n'est pas ce qui a déterminé l'église de Jérusalem, avant la grande guerre qui a commencé en 66, à quitter
la Ville.
Afin que là ils la nourrissent... Construction hébraïque. L'hébreu ne connaît pas notre construction commençant par « on
». Il utilise le pluriel de la troisième personne du verbe. Genèse 29, 2 : Car de ce puits ils (pronom personnel indéterminé
qui ne se lit pas en hébreu mais qui est impliqué ou inclus dans la forme verbale) font boire les troupeaux... Genèse 26, 18 :
Et il est revenu Isaac et il a creusé (= il a recommencé à creuser) les puits d'eau qu'ils (pronom personnel indéterminé,
troisième personne du pluriel du verbe en hébreu) avaient creusé aux jours d'Abraham son père... Genèse 41, 14 : Et il
envoya, Pharaon (sous-entendu : des valets) et il fit appeler Joseph et ils, indéfini, l'ont sorti du cachot... Genèse 49, 31 :
C'est là qu'ils, indéfini, ont mis au tombeau Abraham et Sarah sa femme, c'est là qu'ils ont mis au tombeau Isaac... 2 Samuel
19, 9 : Et à tout le peuple ils ont annoncé... 1 Rois 1, 1 : Et le roi David (était) vieux, avancé en jours, et ils l'ont recouvert
avec des vêtements... ton peuple, et ce sera un temps de persécution, et tzarah, grec hè hèmera thlipseôs ; Théodotion kairos
thlipseôs, telle qu'il n'y en a pas eu depuis qu'il existe une nation jusqu'à ce temps-là. Dans ce temps-là il sera délivré, ton
peuple, tous ceux qui seront trouvés inscrits dans le livre... La question est de savoir ce que signifie Mikael dans ce texte de
Daniel, à qui et à quoi il fait allusion. A notre connaissance du moins, personne à cette heure ne sait répondre avec certitude
à cette question. La question est de savoir ce que signifie Mikael dans notre texte de l'Apocalypse 12, 7, et à qui il est
attribué. Il est permis de se demander si dans ce texte Mi-ka-el ne désigne pas le Christ lui-même.
Pour faire la guerre... Construction hébraïque avec le lamed. Genèse 3, 22 : Voici que l'homme est comme l'un d'entre
nous, pour ce qui est du connaître, la-daat, grec tou ginôskein, le bon et le mauvais. 1 Rois 14, 9 : Et tu as fait le mal d'agir,
wa-tara la-asôt, grec kai eponèreusô tou poièsai, plus que tous ceux qui ont été avant toi... Jérémie 1, 12 : Tu as fait bien de
voir, li-reôt, = tu as bien vu. Exode 31, 16 : Et ils garderont, les fils d'Israël, le schabbat, pour faire, la-asôt, le schabbat. 1
Samuel 14, 33 : Voici que le peuple, ils sont en train de faire ce qui est mal, contre YHWH, de manger, le-ekôl sur le sang,
al-ha-dam... 1 Samuel 12, 17 : Et connaissez et voyez que le mal (il est) grand, celui que vous avez fait aux yeux de
YHWH, de demander, li-scheôl, pour vous un roi... 1 Samuel 19, 5 : Et pourquoi commettrais-tu une faute, un crime, contre
un sang innocent, de faire mourir, le-hamit, David... Genèse 27, 20 : Comment se fait-il, mah-zeh, quoi ceci, tu t'es hâté de
trouver, li-metzô... 1 Rois 14, 8 : Et tu n'as pas été comme mon serviteur David qui a gardé mes commandements et qui a
marché derrière moi dans tout son cœur, pour faire, la-asôt, grec tou poièsai, seulement ce qui est droit à mes yeux...
Jérémie 44, 3 : A cause de leurs crimes qu'ils ont fait, pour m'irriter, d'aller, la- leket, d'encenser, le-qatter, de servir, la-
abôd, des dieux étrangers... Ézéchiel 16, 33 : Tu les as achetés (tes amants) pour qu'ils viennent vers toi, la-bô elaik, grec
tou erchesthaipros se. Ézéchiel 30, 21 : Fils d'homme, le bras de Pharaon roi d'Égypte, je l'ai brisé, et voici qu'il n'a pas été
pansé, de lui donner, la-tet, grec tou dothènai, des médicaments, de lui poser, de lui mettre, la-soum, grec tou dothènai, des
bandages... pour qu'il ait la force, le-hazeqah, grec tou dothènai ischun, de saisir, li-tepôsch, son épée... Osée 9, 13 : De faire
sortir, le-hôtzie, grec tou exagagein, vers celui qui tue, son fils... Qôhelet = PEcclésiaste 3, 15 : Et ce qui est à être, wa-
ascher li-heiôt, grec kai hosa tou ginesthai, cela existait déjà... Isaïe 5, 2 : Et il a espéré qu'elle allait faire, la-asôt, grec tou
poièsai, des bons raisins... 5, 4 : Pourquoi ai-je espéré qu'elle allait faire, la-asôt, grec tou poièsai, des bons raisins... Jérémie
51, 62 : YHWH c'est toi qui as parlé contre ce lieu (= le Temple) de le détruire, le-hakeritô, grec tou exolethreusai auton...
Néhémie 2, 12 : Ce qu'il a donné, mon Dieu, dans mon cœur, de faire, la-asôt, grec tou poièsai... 2 Chroniques 35, 22 : Et il
est venu pour faire la guerre, kai èlthen tou polemèsai, etc.
Nous pouvons donc, Apocalypse 12, 7, restaurer sous l'expression grecque, impossible en grec naturel, tou polemèsai,
l'expression hébraïque le-hillahem de 2 Chroniques 35, 22. Nous allons retrouver plusieurs fois dans l'Apocalypse cette
construction grecque impossible, qui est la traduction habituelle d'une construction hébraïque classique.
Et il y a eu une guerre dans les cieux — le mi-ka-el et ses messagers — pour faire la guerre avec le serpent... En réalité il
est fort possible que dans le texte hébreu le groupe mi-ka-el et ses messagers soit le complément d'objet indirect, génitif
dans nos langues grecque et latine, du substantif une guerre. Il faudrait donc dans ce cas traduire : Et il y a eu une guerre
dans les cieux, de mi-ka-el et de ses messagers, pour faire la guerre... Dans une construction de ce type, mi-ka-el n'est pas
modifié en hébreu, ni le terme suivant, ses messagers, ils se présentent donc comme des nominatifs, cas sujet. Le traducteur
a pu traduire en grec mi-ka-el et ses messagers, sans les décliner, parce que dans son texte hébreu ils ne sont pas déclinés.
D'autant plus que mi-ka-el est un nom propre qui ne se décline pas.
- 102 -
12, 10146 et j'ai entendu une voix grande dans les cieux
et elle disait
147
12, 11 Par le sang... La question est de savoir comment il faut traduire le grec dia qui traduit un grand nombre de
mots hébreux, et, Genèse 4, 1 ; baabour, Genèse 12, 16 ; be, Genèse 14, 29 ; bead, Genèse 26, 8 ; mipenei, Genèse 27, 46 ;
bigelal, Genèse 39, 5 ; be-iad, dans la main de, = par la main de, Genèse 39, 22 ; 39, 23 ; al-debar, Genèse 43, 18 ; al-pi, sur
la bouche de..., grec dia rèmatos, Exode 17, 1 ; al, Exode 17, 7 ; be-iad, Exode 35, 29 ; tahat ki, à la place de ce que, —
parce que, Deutéronome 4, 37 ; le-maan, afin de, afin que, Juges 3, 2 ; al ki, Juges 3, 12 ; baabour, 1 Samuel 12, 22 ; 2
Samuel 5, 12 ; be, 2 Samuel 5, 19 ; 5, 23 ; me-et, qui vient de, 1 Rois 1, 27 ; lemaan, 1 Rois 11, 12, à cause de, en faveur de
; 1 Rois 11, 13 ; 11, 32 ; 15, 4 ; 2 Rois 8, 19 ; 2 Rois 13, 23 ; 2 Rois 19, 34 ; 20, 6 ; be, Proverbes 8, 15 ; 8, 16 ; etc. Nous
sommes donc réduits, lorsque nous rencontrons le mot grec dia dans les Évangiles, dans les lettres de Paul, dans l'épître aux
Hébreux, dans l'Apocalypse et plus généralement dans tous les écrits du Nouveau Testament, à procéder par conjecture et à
nous demander quel est le mot hébreu sous-jacent qui convient le mieux au contexte. Ici nous conjecturons, avec Zal-
kinson, le be hébreu, qui signifie dans, et qui est utilisé au sens de par. Les disciples ont vaincu le serpent ancien par, au
moyen du sang de l'agneau, c'est-à-dire du Christ, et par, au moyen de la parole de leur attestation de la vérité portant sur le
Christ. Jean est à Patmos pour attester de la vérité du Christ.
Et ils n'ont pas aimé leur âme jusqu'à la mort :
1. Ils n'ont pas aimé leur âme == ils ont mis leur âme dans la paume de leur main, 1 Samuel 19, 5 ; 28, 21 ; etc. Jean 10,
11 ; 10, 15 ; 10, 17 ; 13, 37 ; 13, 38.
2. Et cela jusqu'à la mort, qu'ils ont consenti à subir à cause de, ou pour, l'attestation de la vérité. Jean 12, 25 : Celui qui
aime son âme la perdra et celui qui hait son âme dans la durée de ce monde-ci, pour et dans la vie de la durée éternelle à
venir il la gardera.
148
12, 12 C'est pourquoi qu'ils se réjouissent les cieux... Psaume 96, 11 : Qu'ils se réjouissent les cieux et qu'elle exulte
la terre... devant la face de YHWH car il vient pour juger la terre. Il jugera la terre habitée, hébreu tebel, grec tèn
oikoumenèn, dans la justice, be-tzedek, et les peuples dans sa vérité, be-emounatô, grec en tè alètheia autou.
Et ceux qui habitent... grec skènoun, hébreu schakan, Juges 5, 17 ; 8, 11 ; 1 Rois 8, 12.
Hoï la terre... De nouveau la transcription en caractères grecs de l'hébreu hoï, qui n'est pas forcément suivi du lamed, ce
qui explique ici l'accusatif qui suit la transcription en caractères grecs ouai.
149
12, 13 Et lorsqu'il a vu le serpent de mer... grec drakôn, hébreu tannin, traduction française approximative.
- 104 -
150
12, 14 Les deux ailes de l'aigle... Exode 19, 4 : Vous, vous avez vu ce que j'ai fait à l'Égypte et (comment) je vous ai
portés sur les -ailes des aigles, al kanephei nescharim, grec hôsei epipterugôn aetôn — le traducteur a ajouté hôsei, comme,
qui n'existe pas dans l'hébreu ; phénomène fréquent, que nous retrouvons dans la traduction grecque de l'Apocalypse — et je
vous ai fait venir vers moi...
Où elle est nourrie là, pléonasme en français comme en grec, hébreu ascher... scham.
Un temps et deux temps... Daniel 7, 25 : Et ils seront livrés entre ses mains, jusqu'à un temps et des temps et la moitié
d'un temps. « Il faut entendre par " temps ", dans le contexte de ce chapitre, une année. Il ne serait pas inexact de traduire "
deux temps " plutôt que " des temps ", l'araméen ne possédant pas, comme l'hébreu, de forme spéciale pour exprimer le
duel. Trois ans et demi, la demi-semaine d'années... » (Jean de Menasce, Daniel, traduction et notes, 7, 25.) Trois ans et
demi = 42 mois de trente jours = 1260 jours, Apocalypse 11, 2 ; 11, 3 ; 12, 14, notre texte, et, plus loin, 13, 5. La guerre
entre la Judée et Rome commence en 66, Jérusalem est prise et incendiée en septembre 70. Le Temple a été incendié lors de
l'assaut du 29 août. Durant tout ce temps, la petite communauté de Jérusalem était absente, réfugiée à Pella.
151
12, 15 Et il a jeté le serpent, grec ophis, hébreu nahasch.
Pour qu'elle soit emportée par le fleuve, grec hina autèn potamo-phorèton poièsè. Le mot potamophorètos n'existe pas
du tout en grec. C'est un mot composé forgé par le traducteur de l'Apocalypse, ou par quelqu'un de son entourage, à partir
depotamos, le fleuve, et du verbe phoreô, porter. II faut donc supposer en hébreu nahar, le fleuve, ou ieôr, et l'un des verbes
hébreux qui peuvent signifier porter, emporter. Les traducteurs en langue grecque ont souvent et aisément forgé des mots
grecs composés, pour traduire une expression hébraïque constituée d'au moins deux termes, par exemple les mots grecs
composés commençant par archi — archidesmophulax, hébreu sar beit ha-sôhar, le chef de la maison en rond = prison
égyptienne ; — archidesmôtès, hébreu sar ha- tabahim, le chef des gardes ; — archieunouchos, hébreu rab sarisim ou sar
ha-sarisim, le chef des eunuques ; — archimageiros, hébreu sar ha-tabahim, le chef des gardes ; — archistratègos, hébreu
sar ha-tzaba, le chef de l'armée, etc. Exode 1, 22 : Et il a ordonné, Pharaon, à tout son peuple en disant : tout fils qui va
naître, dans le fleuve vous le jetterez... Exode 2, 2 : Et elle a été enceinte, la femme, et elle a enfanté un fils et elle l'a vu,
qu'il était beau, lui, et elle l'a caché trois mois. Mais elle ne pouvait plus le cacher, et elle a pris pour lui une caisse de
papyrus..., elle a mis dans la caisse l'enfant et elle l'a posé parmi les joncs sur la lèvre du fleuve...
152
12, 17 Et il s'est mis en colère, le serpent... contre la femme et il est parti faire la guerre avec le reste de sa semence...
Il s'agit évidemment des persécutions dirigées contre les disciples dispersés sur tout le pourtour de la Méditerranée.
- 105 -
153
12, 18 Et je me suis tenu... Un grand nombre de manuscrits, la majorité, donnent kai estathè : et il s'est tenu debout.
Un certain nombre de manuscrits donnent : kai estâthèn, et je me suis tenu debout.
- 106 -
13,1154 et j'ai vu
sortant de la mer
un être vivant qui montait
à lui dix cornes et sept têtes
et sur ses cornes dix couronnes royales
et sur ses têtes un nom d'insulte
à l'encontre de dieu
154
13, 1 Et j'ai vu sortant de la mer un être vivant... Grec thèrion, qui traduit l'hébreu haiiah. Le verbe haiah signifie
vivre. Haiiah, pluriel haiiôt, est le féminin de hai, et se comprend comme un neutre, l'être vivant. Genèse 1, 24 : Et il a dit,
Dieu : Qu'elle fasse sortir, la terre, de l'âme vivante, nephesch haiiah, selon son espèce, du quadrupède, behemah, grec
tetrapoda, et du rampant, we-remes, grec her-peta, et de l'être vivant de la terre, we-haietô eretz, grec kai thèria tes gès.
Évidemment ici l'être vivant de la terre, collectif, c'est l'ensemble des animaux qui ne sont pas précédemment désignés, ce
sont donc probablement des animaux sauvages, ou des bêtes sauvages. Genèse 1, 25 : Et il a fait, Dieu, le vivant de la terre,
et-haiiat ha-aretz, grec ta thèria des gès, neutre pluriel, selon son espèce, et le quadrupède, behemah, grec ta ktènè, le bétail,
les troupeaux, et tout reptile de la terre... et il a vu, Dieu, que (c'était) beau et bon. Genèse 1, 30 : Et à tout être vivant de la
terre, le-kôl haiiat ha-aretz, grec kai pasi tois thèriois tes gès, et à tout oiseau des cieux et à tout reptile sur la terre, que en
lui (il est) une âme vivante, ascher bô nephesch haiiah..., grec ho echei en heautô psuchèn zôès, - qui a en lui une âme de
vie — le verbe avoir qui n'existe pas en hébreu est ajouté par le traducteur. Genèse 2, 19 : Et il a formé, YHWH Dieu, à
partir de la terre, min-ha-adamah, tout vivant du champ, kôl haiiat ha-sadeh, grec panta ta thèria ton agrou... Daniel 2, 38 :
les fils de l'homme, benei-anascha, les vivants du champ, et l'oiseau des cieux... Daniel 7, 3 : Et quatre vivants de grande
taille, we-areba heiwan rabereban, grec kai tessaria thèria, sont montés hors de la mer... Le premier (était) comme un lion
et des ailes d'aigle (étaient) à lui... Et voici un être vivant qui (venait) après... Il était semblable à un ours... Un autre vivant
comme un léopard et à lui quatre ailes d'oiseau (singulier collectif) sur ses flancs, et quatre têtes (étaient) à l'être vivant, et la
domination lui a été donnée... Un quatrième être vivant... Des dents de fer à lui, grandes. Il dévorait, il broyait, il écrasait
avec ses pieds ce qui restait...
Et dix cornes à lui... Daniel 7, 17 : Ces grands êtres vivants au nombre de quatre (ce sont) quatre rois — les traducteurs
grecs ont compris quatre royaumes, quatre empires, tessares basileiai — (qui) se lèveront de la terre... Daniel 7, 23 : Le
vivant quatrième, ce sera un quatrième royaume — ou un quatrième empire — sur la terre... Daniel 7, 24 : Et les dix cornes
de ce royaume — de cet empire — dix rois se lèveront et un autre se lèvera après eux... Daniel 7, 27 : Et la royauté, et la
domination et la grandeur des royaumes, sous tous les cieux, seront donnés au peuple des saints du très haut. Son règne —
ou sa royauté — est un règne éternel malekout ôlam... C'est donc toute une philosophie de l'histoire que présente l'auteur
inconnu du livre de Daniel. Des empires qui se succèdent, et finalement le règne du peuple des saints. L'auteur de
l'Apocalypse reprend cette philosophie de l'histoire et il l'applique à ce qu'il connaît.
Et j'ai vu sortant de la mer un être vivant qui montait... La question est de savoir si cet être vivant — que l'on pourrait
aussi traduire : cette bête sauvage — représente l'Empire romain, ce qui est aujourd'hui, 1984, l'avis de la majorité des
interprètes ; — ou bien s'il désigne la royauté judéenne, la succession d'Hérode le Grand, avec ses avatars, ses disparitions et
ses retours ; la mort d'Hérode Agrippa Ier en 44 ; la venue d'Agrippa II, le grand roi Marcus Julius Agrippa philokaisar et
philorômaios, héritier en 50 de l'héritage de son oncle, Hérode de Chalcis : il reçoit de Claude en 53 le domaine de Philippe,
le domaine de Lysanias d'Abilène ; royaume encore agrandi en 55 par Néron. Agrippa II gouverne pour le compte des
Romains puisqu'il a reçu des empereurs de Rome son pouvoir, son royaume et son autorité (F.-M. Abel, Histoire de la
Palestine, I, 463). La question est toujours de savoir quel est l'objet sur lequel Jean accommode, ce qu'il regarde, et ce que
nous devons regarder nous aussi, si nous voulons tenter de comprendre ce qu'il dit : Est-ce l'Empire romain principalement ?
Ou bien est-ce la royauté — les royautés simultanées et successives — de sa patrie, qui reçoivent toute leur puissance de
l'occupant romain ?
Et sur ses têtes un nom d'insulte à rencontre de Dieu... Onoma au singulier dans un certain nombre de manuscrits,
onomata au pluriel dans une autre série. 2 Rois 19, 4 : Peut-être entendra-t-il, YHWH ton Dieu, toutes les paroles du grand
échanson qu'il a envoyé, le roi d'Assur, son maître, pour insulter le Dieu vivant, le-areph, grec onei-dizein theon zônta kai
blasphèmein... 19, 6 : N'aie pas peur des (hébreu, devant la face des...) paroles que tu as entendues qu'ils ont (= par
lesquelles ils ont) proféré des insultes, des injures, des insolences, gidephou, du verbe gadaph, grec eblasphèmèsan, les
garçons du roi d'Assur, contre moi... 19, 22 : Qui as-tu insulté et injurié, et-mi herapheta we-gidapheta, grec tina ôneidisas
kai eblasphèmèsas... Isaïe 52, 5 : Mon nom est insulté, verbe naatz, grec blasphèmeitai.
- 107 -
et il lui a donné
le serpent de mer
sa force et son trône et sa grande puissance
155
13, 3 Et l'une de ses têtes a été comme frappée à mort... Nous avons noté déjà que le grec hôs, comme, est très
souvent ajouté par les traducteurs, alors qu'aucun terme correspondant ne se trouve dans le texte hébreu, phénomène très
fréquent.
Frappée à mort... Le verbe grec sphazein traduit le plus souvent l'hébreu schahat, qui est le verbe utilisé pour désigner la
mise à mort des bêtes sacrifiées, Genèse 22, 10 (sacrifice d'Isaac) ; 37, 31 ; Exode 12, 6 ; 29, 11 ; 29, 16 ; 29, 20 ; Lévitique
1, 5 ; 1, 11 ; etc. Mais le verbe grec sphazein peut traduire aussi l'hébreu harag, tuer, des hommes ou des animaux, Isaïe 22,
13.
A partir de maintenant surtout la question est de savoir sur quoi, sur quel objet, accommode l'auteur de l'Apocalypse,
quel est l'objet qu'il considère. Si vous observez une planète toute proche de nous, par exemple la lune, vous n'accommodez
pas, vous ne réglez pas votre appareil optique, votre télescope, de la même manière que si vous examinez une galaxie
lointaine. La question est de savoir ce que regarde l'auteur de l'Apocalypse. Une hypothèse raisonnable, c'est qu'il
accommode sur ce qu'il connaît, ce qui entre dans son champ visuel. Nous sommes habitués depuis des siècles à envisager
l'histoire romaine d'une manière synoptique parce que nous avons à notre disposition des livres d'histoire qui nous la
racontent. L'auteur de l'Apocalypse ne disposait vraisemblablement pas de nos livres d'histoire romaine, encore moins de
nos livres d'histoire qui nous retracent les grandes épopées de l'humanité, la suite des empires, l'histoire de la genèse, du
déclin et de la mort des civilisations. L'auteur de l'Apocalypse connaissait l'histoire de son pays, de son peuple, qui est, au
moment où il écrit, sous l'occupation romaine. Il a donc une certaine idée de l'empire romain. Il sait que l'empire romain a
été précédé par d'autres empires. Le livre de Daniel lui fournissait une idée générale sur cette succession des empires qui
doit finalement laisser la place au règne de Dieu. Plus précisément, lorsqu'il parle d'une tête qui a été mise à mort, est-ce
qu'il pense à un empereur romain mis à mort ? Est-ce qu'il connaissait l'histoire contemporaine des empereurs romains ? Ou
bien est-ce qu'il pense à tel ou tel despote local, à tel ou tel roitelet, ou gouverneur, de la région qu'il connaît bien, la Judée,
et les environs de la Judée ?
Et la blessure de sa mort, construction hébraïque constante et classique.
156
13, 5 Et il lui a été donné une bouche qui disait des grandes choses... Daniel 7, 8 : Et voici, des yeux comme des yeux
d'homme, sur cette corne et une bouche qui disait de grandes choses, grec stoma laloun megala.
- 108 -
157
13, 6 Sa demeure... Grec skènè, hébreu mischekan... Ceux qui habitent... grec skènountas, hébreu schakan.
158
13, 8 Tous ceux dont il n'est pas écrit leur nom... Traduction littérale : son nom, to onoma autou. Construction
hébraïque typique, kôl ascher... tous ceux qui, collectif singulier en hébreu, ce qui explique le singulier to onoma autou.
Depuis la création du monde : ceux dont le nom n'a pas été inscrit dans le livre de vie depuis la création du monde.
Exode 32, 32 : Et maintenant, si tu supportais (= si tu pardonnais) leur faute ! Et si non, efface-moi donc de ton rouleau,
hébreu sepher, grec biblos, que tu as écrit... Et il a dit, YHWH, à Môscheh : Qui (est) celui qui a commis le crime contre
moi ? (C'est celui-là, que) j'effacerai du rouleau de mon livre, sepher, grec biblos. Psaume 69, 29 : Qu'ils soient effacés du
livre des vivants, ou de la vie, mi-sepher haiim, grec ek biblou zôntôn. Daniel 12, 1 : Et dans ce temps-là il se tiendra debout
mi-ka-el, qui (est) comme Dieu, le grand prince qui se tient auprès des fils de ton peuple et ce sera un temps de persécution,
et tzarah, grec kairos thlipseôs, (telle) qu'il n'y en a pas eu depuis qu'il existe une nation et dans ce temps-là, il sera délivré,
ton peuple, tous ceux qui, hébreu kôl singulier collectif, seront trouvés inscrits dans le livre, ba-sepher, grec en tô bibliô ou
en tè biblô.
159
13, 9 Tout homme à qui (sont) des oreilles, qu'il entende... Hébreu kôl ascher ôzen lô... ou mi ascher ôzenaim lô...
Matthieu 11, 15 ; 13, 9 ; 13, 43 ;Marc4, 9 ; 4, 23 ; Luc8, 8 ; 14, 35.
160
13, 10 Si quelqu'un est pour la captivité... Jérémie 15, 1 : Et il m'a dit, YHWH : S'il se tient, Môscheh et Schemouel
(verbe au singulier, deux sujets) devant ma face, elle n'est plus, mon âme (portée) vers ce peuple ! Renvoie-les de devant ma
face et qu'ils sortent ! Et il adviendra qu'ils te diront : Où donc irons-nous ? Alors tu leur diras : Ainsi a parlé YHWH : Celui
qui (est) pour la mort, à la mort ! Et celui qui (est) pour l'épée, à l'épée ! Et celui qui (est) pour la famine, à la famine ! Et
celui qui (est) pour la captivité, à la captivité !
Si quelqu'un tue avec l'épée... Matthieu 26, 52 : Fais retourner ton épée à sa place. Car tous ceux qui prendront l'épée,
par l'épée ils périront. C'est une loi ontologique enseignée par le Seigneur. Il est parfaitement permis de se demander si
l'auteur de l'Apocalypse ne fait pas allusion ici à ceux qui sont en train, ou qui vont entreprendre, de déchaîner la guerre
contre Rome, à partir de l'année 66. C'est-à-dire qu'il est permis de se demander si, depuis le début de son livre, l'auteur de
l'Apocalypse ne pense pas à plusieurs reprises, parmi les adversaires auxquels il fait allusion, à ceux que les historiens
appellent les zélotes, c'est-à-dire en langage moderne le Front de libération de la Judée. Certains historiens ont observé que
- 109 -
en captivité il ira
si quelqu'un tue avec l'épée
par l'épée il sera tué
le Seigneur était accompagné par des disciples qui faisaient sans doute parti du Front de libération. Certains historiens se
sont même demandé si Juda ne faisait pas partie de ce Front de libération, que dans le langage habituel de l'occupant on
appelle « les terroristes », mais que dans le langage de l'occupé on appelle « les résistants ». Certains se sont demandé si la
déception de Juda le sicaire, sicarius en latin, celui qui porte le sica, le poignard courbé pour tuer les soldats de l'armée
d'occupation —, certains se sont demandé si la déception de Juda ne provenait pas de ce que le Seigneur n'a pas voulu
prendre la tête du Front de libération de la Judée. La perspective du Seigneur était tout autre. Sa raison d'être, sa mission,
n'était pas de libérer la Judée de l'occupation romaine, mais d'achever la création et d'apporter la programmation nouvelle
qui a pour but de créer une humanité nouvelle. Dans cette nouvelle programmation se trouve précisément la nouvelle norme
: ne pas répondre à l'agression par l'agression. Le Seigneur se trouvait donc en conflit sur ce point avec ceux qui étaient
partisans du Front national de libération de la Judée. Et il est permis de se demander si l'Apocalypse ne nous apporte pas
aussi des éléments d'information concernant ce conflit profond entre deux normes ou deux normatives : la vieille
programmation animale, et la nouvelle programmation. Parmi les persécuteurs les plus violents des jeunes églises, est-ce
qu'il n'y a pas eu aussi ceux qui faisaient partie du Front de libération nationale de la Judée ? Ce sera tout à fait évident et
certain plus tard, au second siècle, lors de la grande insurrection menée par Schiméon ben Koseba, appelé aussi Bar Koseba,
ou ben Koziba, sous le règne de l'empereur Hadrien. Schiméon dans un billet écrit en hébreu, qui a été retrouvé, parle
d'ailleurs des Galiléens, qui sont sans doute ou peut-être les chrétiens.
C'est ici l'espérance... Grec hupomonè qui en grec naturel désigne le pouvoir ou la force de résister à, de supporter, mais
qui traduit l'hébreu miqeweh, l'espérance, 1 Chroniques 29, 15 ; Esdras 10, 2 ; ou tiqewah, l'espérance aussi, Job 14, 19 ;
Psaume 9, 18 ; etc. Le grec elpis traduit aussi l'hébreu tiqewah.
Et la certitude de la vérité, grecpistis, hébreu emounah.
161
13, 11 Deux cornes qui étaient comme celles de l'agneau ? Ou bien deux cornes, comme un agneau ? Homoios traduit
très souvent l'hébreu ke, comme. Ici homoia est au pluriel neutre mais ce n'est pas décisif compte tenu de la grammaire de
notre traducteur.
162
13, 12 Et il fait en sorte que la terre... Ou le pays. Si l'on traduit en français par la terre, le lecteur français comprend
qu'il s'agit de l'ensemble de la planète, ou au moins de l'ensemble de la Terre habitée ; si l'on traduit par le pays, le lecteur en
langue française comprend qu'il s'agit du pays qu'envisage l'auteur de l'Apocalypse, c'est-à-dire la Judée et ce qui l'entoure.
- 110 -
166
13, 17 Que personne ne puisse acheter ou vendre si ce n'est celui à qui l'inscription, le nom de l'être vivant ou le
nombre de son nom... F.-M. Abel, Histoire de la Palestine..., 453 : « Pharisien à Jérusalem, Agrippa devenait ouvertement
hérodien à Césarée et hors de son royaume. Les douze millions de drachmes que lui rapportaient ses états ne suffisant pas à
ses dépenses... A Césarée, il donnait des jeux pour le salut de l'empereur et l'on pouvait admirer au palais de cette ville les
statues de ses filles... Les monnaies d'Agrippa reflètent la dualité de sa conduite. Les pièces frappées à Jérusalem ne portent
aucune effigie... Celles qui sont émises dans les autres villes (Césarée, Panéas, Tibériade) ont la figure soit d'Agrippa, soit
du César régnant (Caligula ou Claude). Il existe une monnaie frappée en souvenir de l'alliance d'Agrippa avec le sénat et le
peuple romain. On sait par les inscriptions que sa famille avait été reçue dans la gens Julia et que lui se donnait les titres de
roi grand et pieux, d'ami de César et d'ami des Romains, basileus megasphilokaisar eusebès kaiphilorômaios... »
Abel, p. 463 : « En 53, Agrippa le Jeune, en possession depuis trois ans de l'héritage de son oncle, Hérode de Chalcis,
recevait de Claude, en échange de la modeste principauté de Chalcis, la tétrarchie de Philippe, la tétrarchie de Lysanias
d'Abilène avec l'Antiliban et le domaine de Noaros... » ; p. 463 : « Néron ajouta au lot d'Agrippa II Tibériade et Tarichée en
Galilée... Cette donation accentuait le caractère sporadique du royaume que le dernier roi de la famille des Hérodes, Agrippa
II, gouverna pour le compte des Romains... »
Abel, p. 475 : « Agrippa II n'hésitait pas à suivre sa politique de vassalité envers les Romains... En 54, il avait envoyé un
contingent pour la guerre contre les Parthes ; en 60, il s'empresse avec Bérénice de venir saluer Porcius Festus nouvellement
débarqué à Césarée... C'est vers la même époque qu'il confère à sa capitale, Césarée de Philippe, le surnom de Neronias, en
l'honneur du César régnant. Les monnaies de cette ville confirment sur ce point l'information de Josèphe. On y remarque
d'un côté l'effigie de Néron, et de l'autre la mention d'Agrippa et des citoyens de Neronias. Sous les Flaviens, les monnaies
du roi reproduiront les traits des empereurs de cette dynastie... La titulature complète d'Agrippa II, si l'on en juge par les
inscriptions relevées sur divers points de la Batanée, du Hauran et de l'Antiliban, paraît avoir été : le grand roi Marcus Julius
Agrippa philokaisar pieux et philorômaios... ».
L'inscription du nom... En grec to charagma to onoma, onoma en simple apposition à to charagma. Traduction probable
de la construction hébraïque fréquente dans laquelle le terme qui est, selon le langage de nos grammaires grecque et latine,
au génitif, n'est pas modifié, mais se présente comme un nominatif, Jean 1, 18 monogenès theos pour monogenès theou.
Ou le nombre de son nom... Ou le chiffre de son nom... En hébreu, comme en grec, les chiffres s'écrivent avec les lettres
de l'alphabet, aleph = 1, beth = 2, ghimel = 3, etc. Par conséquent si vous prenez un mot hébreu quelconque, vous pouvez
calculer, en additionnant les chiffres représentés par les lettres, le total, qui est le nombre du mot. Si vous prenez un nom
propre quelconque, vous obtenez de la même manière le nombre qu'il totalise en additionnant les chiffres signifiés par les
consonnes du nom — puisque dans l'hébreu ancien on n'écrivait pas les voyelles. Toute la question est de nouveau de savoir
sur quoi, sur quel objet, sur quel secteur géographique et historique on accommode. Est-ce qu'on envisage l'histoire romaine
dans son ensemble, l'histoire des empereurs romains ? Ou bien est-ce que l'on envisage la région qui intéressait l'auteur de
l'Apocalypse, à savoir la Judée et l'ensemble de la Palestine, quelques années avant la guerre de la Judée contre Rome ?
Pour quelle raison l'auteur de l'Apocalypse utilise-t-il ce système secret, ce système chiffré pour s'exprimer, pour désigner
l'homme redoutable auquel il pense ? Parce qu'il est menacé, parce que les communautés chrétiennes sont menacées, parce
que les destinataires de l'Apocalypse sont menacés. Menacés par qui ? Cela dépend de la date approximative que vous
assignez à l'Apocalypse. Si vous situez l'Apocalypse à la fin du Ier siècle ou plus tard encore, il est vraisemblable que la
menace provient des autorités romaines. On cherchera donc parmi les empereurs romains celui dont le nom, en hébreu ou en
grec, fournit le nombre 666. Si, avec Épiphane de Salamine, vous situez l'Apocalypse sous le règne de Claude, entre 41 et
54, alors la menace principale provient des frères de la Judée qui persécutent les communautés chrétiennes jusqu'à la mort, à
Jérusalem et partout où se trouvent des communautés, dans toute la Diaspora. Dans ce cas-là vous chercherez le nombre de
l'homme qui est ainsi désigné d'une manière codée parmi ceux qui ont été persécuteurs des communautés chrétiennes, qui
ont été particulièrement menaçants et dangereux. Il n'est pas sûr du tout, d'ailleurs, que ce nombre soit le nombre d'un
homme précis et particulier, puisque Apocalypse 13, 17 nous dit : le nombre de l'être vivant de Apocalypse 13, 11, et le
nombre de son nom. Cet être vivant désigne peut-être une collectivité, et non pas un individu.
- 112 -
167
13, 18 Celui à qui est un cœur (pour comprendre)... Hébreu leb, le cœur, organe de l'intelligence, grec nous. Exode 7,
23 ; Josué 14, 7 ; Job 7, 17 ; Isaïe 10, 7 ; 10, 12 ; 41, 22.
C'est un nombre d'homme... Hébreu probable misepar adam. Cet être vivant, Apocalypse 13, 11, qui monte de la terre, à
moins que ce ne soit le premier être vivant, Apocalypse 13, 1 ; 13, 12, celui qui a été blessé et guéri, 13, 13, qui a été blessé
avec l'épée et qui a cependant re-vécu, 13, 14 — c'est une communauté humaine et donc son nom n'est pas un nom d'animal,
un nom de bête, mais un nom humain, et le nombre de son nom, le nombre que l'on obtient en calculant les lettres du nom
de cette communauté, cela fait ou cela donne un nombre d'homme, un nombre humain, six cent soixante-six, en hébreu
schesch meôt we-schischim wa-schesch. Le grec arithmos traduit le plus souvent l'hébreu misepar, Genèse 34, 30 ; 41, 49 ;
Exode 16, 16 ; 23, 26 ; Lévitique 25, 15 ; Nombres 1, 18 ; etc. Quelques manuscrits donnent 616.
Six cent soixante-six... L'être vivant — ou, selon d'autres traductions françaises, la bête, de 13, 1, se présente comme une
coalition de dix rois. L'un d'entre eux a été blessé à mort. L'autre être vivant, 13, 11, a reçu le pouvoir ou la puissance de la
première bête composée qui ressemble à une panthère, avec des pieds d'ours, et une gueule de lion. Il est possible que cette
coalition de rois désigne, dans la pensée de Jean, l'empire romain, ou une coalition couverte et dominée par l'empire romain.
Il est possible que le second être vivant de 13, 11 — la seconde bête — soit la royauté judéenne, reçue de Rome. Il est
possible, ou du moins il n'est pas exclu, que Jean ait trouvé dans le nom de Hérode Agrippa roi de la Judée le chiffre 666.
Nous ne savons pas exactement de quelle manière Jean écrivait en hébreu le nom d'Hérode, que les modernes écrivent
Hôredôs. Nous ne savons pas quelles consonnes il conservait pour écrire ce nom propre. Nous avons appris par une lettre
autographe de Schiméon Bar Koseba que Ieschoua s'écrivait, vers l'an 135 : yod, schin, ain, sans le wauw. Nous ne savons
pas comment Jean écrivait en hébreu Hôredôs et nous ne connaissons pas non plus exactement ni avec certitude son système
de chiffrage. Mais la conjecture avancée se trouve très fortement appuyée par le fait que d'après les plus anciens documents
hébreux connus, Hérode pouvait s'écrire au moins de deux manières : Hôredôs et Hôrôdôs. Dans la seconde graphie, il
existe trois wauw. La lettre wauw vaut 6. Le fait était suffisamment rare et frappant : un nom qui comporte trois wauw, c'est-
à-dire trois 6. Nous devons ce renseignement à notre savante collègue Madame Genot, et nous la remercions. Hérode est le
nom propre de toute une dynastie de tyrans, puisqu'il est le nom de Hérode dit le Grand ; de son fils Hérode fils de la
seconde Mariamme ; de Hérode fils de Cléopâtre ; de Hérode Antipas ; de Hérode Archélaùs ; de Hérode Agrippa Ier, de
Hérode de Chalcis ; et de Hérode Agrippa II, le contemporain de la grande guerre de la Judée contre Rome et, dans cette
guerre, l'adversaire des Judéens.
Lorsque le nom d'Hérode était orthographié en hébreu Hôrôdôs, puisque le wauw hébreu signifiait aussi le chiffre 6, cela
donnait visuellement pour un lecteur hébreu : H6R6D6S, le nom au trois 6. Cette orthographe se lit dans Megilat Taanit, éd.
Lichtenstein p. 343 et 339. Références communiquées par Madame J. Genot.
- 113 -
168
14, 1 La montagne de Sion... 2 Samuel 5, 7 : Et il s'est emparé, David, de la citadelle de Sion, metzoudat tziôn, grec
tèn periochèn siôn. C'(est) la cité de David. 1 Rois 8, 1 : Alors il a rassemblé, le verbe hébreu qahal, Salomon, les anciens
d'Israël, tous les chefs des tribus, les princes des maisons paternelles des fils d'Israël, auprès du roi Salomon, à Jérusalem,
pour faire monter le coffre de l'alliance de YHWH, arôn berit YHWH, de la ville de David : elle (c'est) Sion. Michée 4, 7 :
Et il régnera, YHWH, sur eux, sur la montagne de Sion, depuis maintenant et jusque dans la durée éternelle à venir, we-ad
ôlam, grec kai heôs eis ton aiôna. Joël 3, 1 : Et il adviendra après cela, je verserai mon esprit sur toute chair et ils
prophétiseront vos fils et vos filles... Je donnerai des prodiges dans les cieux et sur la terre, du sang et du feu et des colonnes
de fumée ! Le soleil se changera en ténèbre et la lune en sang avant qu'il vienne, le jour de YHWH, le grand et le terrible !
Et il arrivera que tout homme qui criera dans ( = avec, par) le nom de YHWH, sera sauvé, car sur le mont Sion et à
Jérusalem sera la délivrance comme il l'a dit, YHWH... Abdias 1, 17 : Et sur la montagne de Sion sera la délivrance... Isaïe
2, 2 : Et il adviendra, dans la suite, dans l'après des jours ( = dans l'avenir), be-aharit ha-iamim, grec en tais eschatais
hèmerais, instaurée elle sera, la montagne de la maison de YHWH, sur la tête des montagnes et elle s'élèvera au-dessus des
collines. Et afflueront vers elle toutes les nations païennes et marcheront des peuples nombreux et ils diront : Venez ! Et
montons à la montagne de YHWH, à la maison du Dieu de Jacob ! Et qu'il nous instruise de ses voies et nous marcherons
dans ses chemins ! Car de Sion sortira l'instruction, torah, et la parole de YHWH de Jérusalem... Isaïe 4, 2 : En ce jour-là, il
sera, le germe de YHWH, tzemach YHWH, splendeur et gloire... Et il adviendra que celui qui restera à Sion et qui sera laissé
à Jérusalem, saint il sera appelé, tous ceux qui sont inscrits pour la vie à Jérusalem. Lorsqu'il lavera, le seigneur, la souillure
des filles de Jérusalem et les sangs de Jérusalem... Et il va créer, YHWH, sur toute la place de la montagne de Sion... une
nuée le jour et une fumée... la nuit... Isaïe 8, 18 : YHWH des armées qui demeure, hébreu ha-schôken, du verbe schakan, sur
la montagne de Sion... Isaïe 10, 12 : Et il adviendra lorsqu'il achèvera le seigneur toute son œuvre sur la montagne de Sion
et à Jérusalem... Isaïe 10, 32 : La montagne de la fille de Sion, la colline de Jérusalem... Isaïe 11,9: Ils ne feront plus le mal
et ils ne détruiront plus sur toute la montagne de ma sainteté car il sera rempli, le pays, de la connaissance de YHWH
comme les eaux recouvrent la mer... Isaïe 18, 7 : Vers le lieu du nom de YHWH des armées, la montagne de Sion... Isaïe 29,
8 : Ainsi sera la foule de toutes les nations païennes qui vont conduire leurs armées sur la montagne de Sion... Isaïe 37, 32 :
Car de Jérusalem sortira un reste et une délivrance de la montagne de Sion... Psaume 2, 6 : C'est moi qui ai sacré mon roi
sur Sion, ma montagne de sainteté... Psaume 48, 12 :
Elle se réjouit la montagne de Sion, elles exultent les filles de Juda... Psaume 74, 2 : Souviens-toi de ta communauté que
tu as acquise jadis, tu l'as rachetée... La montagne de Sion c'est là que tu habites, schakaneta, grec kateskènôsas... Psaume
78, 68 : Et il a choisi la tribu de Juda, la montagne de Sion qu'il aime... Psaume 125, 1 : Ceux qui ont confiance en YHWH,
comme la montagne de Sion (ils sont)... Psaume 133, 3 : Comme la rosée de l'Hermon qui descend sur les montagnes de
Sion ! Car c'est là qu'il a ordonné, YHWH, la bénédiction de la vie, pour la durée éternelle à venir, ad ho-ôlam, grec heôs
tou aiônos...
Son nom : le nom de l'agneau, c'est-à-dire le nom de Ieschoua le meschiah de Dieu. Et le nom de son père : le nom de
Dieu, que Ieschoua appelle son propre père. Le grand prêtre portait sur le front une lamelle d'or sur laquelle était gravé :
Consacré à YHWH, Exode 28, 36 ; 29, 6 ; 39, 30 ; Lévitique 8, 9. Ceux qui sont baptisés, c'est-à-dire plongés dans l'eau, le
sont au nom, dans le nom du père, c'est-à-dire de Dieu, qui est le père de Ieschoua le meschiah de Dieu — au nom, ou dans
le nom du fils, c'est-à-dire de Ieschoua lui-même — et au nom ou dans le nom de l'Esprit saint, c'est-à-dire l'Esprit de Dieu,
Matthieu 28, 19. Puisque Jean qui a écrit en hébreu l'Apocalypse est peut-être aussi celui qui a annoncé l'heureuse annonce
et fondé les communautés auxquelles il écrit, il connaît évidemment la pratique du baptême.
169
14, 2 La voix des eaux nombreuses... Ézéchiel 1, 24 : Et j'ai entendu la voix de leurs ailes, comme la voix des eaux
nombreuses, ke-qôlmaïm rabbim, comme la voix deschaddaï... Ézéchiel 43, 2 : Et voici la gloire du Dieu d'Israël est venue
de la route de l'Orient et sa voix (est) comme la voix des eaux nombreuses...
- 114 -
venir dans la maison de YHWH ton Dieu... Le grec aparchas, pluriel de aparchè, traduit aussi l'hébreu teroumah, le
prélèvement que l'on offre à Dieu, Exode 25, 2 ; 35, 5 ; 36, 6 ; qôreban reschit, offrande de prémices, Lévitique 2, 12, grec
dôron aparchès ; teroumat ha-qadaschim, le prélèvement des choses saintes, Lévitique 22, 12, grec aparhôn ton hagiôn.
Deutéronome 18, 4 : les prémices, hébreu reschit, grec tas aparchas, de ton blé, de ton moût, de ton huile fraîche...
Deutéronome 26, 2 : Et il adviendra que, lorsque tu entreras au pays que YHWH ton Dieu te donne en héritage, lorsque tu
en prendras possession et lorsque tu y habiteras, alors — hébreu we, grec kai — tu prendras de tout ce qui est premier, me-
reschit, grec apo tes aparchès, de tous les fruits de la terre... Deutéronome 26, 10 : Et maintenant voici que j'ai apporté ce
qui est premier, ce qui est au commencement, reschit, grec tèn apar chèn, des fruits de la terre que tu m'as donnés...
172
14, 5 Ils sont parfaits, grec amômoi, hébreu tamim, verbe tamam, kal parfait tam, être achevé, terminé.
173
14, 6 Dans sa main l'heureuse annonce de la durée éternelle à venir... Grec euaggelion aiônion, hébreu besôrat ôlam.
(Pour) annoncer l'heureuse nouvelle ou l'heureuse annonce... Grec euaggelisai, hébreu basar, 1 Samuel 31, 9 ; 2 Samuel 1,
20 ; 4, 10 ; 18, 19 ; etc. Nous avons mis pour entre crochets, parce que le grec donne simplement euaggelisai. Il n'a pas
traduit le lamed qui se trouvait devant le verbe hébreu, le-basser. Omission fréquente, Genèse 37, 25 : Ils ne sont assis pour
manger du pain, hébreu le-ekôl lehem, grec ekathisan de phagein arton, ils se sont assis manger du pain, le lamed n'est pas
traduit.
Ceux qui sont assis dans la poussière de la terre... Isaïe 47, 1 : Descends et assieds-toi sur la poussière, redi wou-schewi
al aphar, grec kathison epi tèn gèn, vierge fille de Babel, assieds-toi à terre, schewi la-arets, grec kathison eis tèn gèn, il n'y
a pas de trône, fille des Chaldéens... Lamentations 2, 10 : Ils sont assis à terre, ieschebou la-aretz, grec ekathisan eis tèn
gèn, ils se taisent, les anciens de la fille de Sion, ils ont fait monter de la poussière sur leur tête, ils se sont ceints avec des
sacs...
174
14, 7 Donnez-lui gloire, accordez-lui la gloire, grec dote auto doxan. Mais ici comme dans Jean 9, 24 le verbe grec
didonai traduit le verbe hébreu sim, kal parfait sam, placer, poser, mettre, Isaïe 42, 12 : Qu'ils rendent gloire à YHWH,
iasimou la-YHWH kabôd, grec dôsousin tô theô doxan. Actes 13, 1 : Il y avait à Antioche... des prophètes et des hommes
qui enseignaient... Pendant qu'ils faisaient le service du Seigneur et qu'ils jeûnaient, il a dit l'Esprit saint : Mettez à part pour
moi Bar-naba et Schaoul pour l'action que je les ai appelés — c'est de l'hébreu, construction avec le relatif ascher —. Alors
ils ont jeûné et ils ont prié et ils leur ont imposé les mains et ils les ont laissé partir, ils les ont envoyés. Eux — Bar-naba et
Schaoul = Paul — ils ont été envoyés par le Saint-Esprit, ils sont descendus à Séleucie et de là ils ont fait voile vers l'île de
Chypre. Ils sont arrivés à Salamine et ils ont annoncé la parole de Dieu dans les maisons de réunion des Judéens. Iohanan
était avec eux pour les aider. Ils ont traversé toute l'île jusqu'à Paphos... Nous sommes probablement au printemps de l'année
- 116 -
craignez dieu
et donnez-lui la gloire
car il est venu le temps de son jugement
et prosternez-vous
devant celui qui a créé les cieux
44. Paul et ses compagnons commencent ce qu'on appelle le premier voyage missionnaire. Au printemps de l'année 49 sans
doute, commence le second voyage missionnaire, Actes 15, 36 : Et après des jours, il a dit à Bar-naba, Paulos : Retournons
et allons visiter les frères dans chacune des villes dans lesquelles nous avons été les messagers de la parole du Seigneur,
(pour savoir) comment ils vont. Bar-naba a voulu prendre avec eux aussi Iohanan, celui qui est appelé (en grec) Markos.
Mais Paulos estimait que celui qui s'est séparé d'eux depuis la Pamphylie et qui n'a pas été avec eux dans l'action, il estimait
qu'il ne fallait pas le prendre avec eux. Il s'en est suivi une discussion si vive qu'ils se sont séparés, chacun de son
compagnon. Bar-naba a pris avec lui Markos et ils ont fait voile vers l'île de Chypre. Quant à Paul, il a choisi Silas (comme
compagnon de route), et il a été confié à la grâce du Seigneur par les frères. Il a traversé la Syrie et la Cilicie et il fortifiait
les communautés. Il est parvenu à Derbé et Lystre... Nous sommes donc probablement au printemps de l'année 49. Paul ne
passe pas par les diverses villes dans lesquelles se trouvent les églises auxquelles Jean écrit ses lettres au début de
l'Apocalypse, sauf au retour, sans doute en 51 ; il passe par Éphèse mais ne s'y arrête pas. Tout se passe comme s'il avait
laissé le soin d'annoncer l'heureuse annonce à d'autres, dans cette zone qui est couverte par le regard de Jean, depuis l'île de
Patmos. C'est lors de ce second voyage missionnaire, vers 51, que Paul enseigne aux philosophes grecs : Dieu qui a créé
l'univers et tout ce qui est en lui... Actes 17, 26. Le troisième voyage missionnaire commence peut-être au printemps de
l'année 52. De nouveau Paul contourne la zone qui est couverte par l'Apocalypse mais il arrive à Éphèse peut-être au
printemps de l'année 53. Il va y séjourner environ trois ans. Nous l'avons noté déjà : la question est de savoir si l'Apocalypse
a été écrite avant ce passage de Paul, ce long séjour de Paul à Éphèse, ou après, ou pendant... Actes 19, 10 : Et cela a duré
encore deux ans, en sorte que tous ceux qui habitaient l'Asie ont entendu la parole du Seigneur, les Judéens et les Grecs.
Lorsque Paul revient à Jérusalem, pour la Pentecôte de l'année 57, il est reçu par les frères de l'église de Jérusalem, Actes
21, 17. Il rend visite à Jacques, le frère du Seigneur, qui est maintenant le patron de l'église de Jérusalem. Tous les anciens
étaient là. Et Paul raconte étape par étape tout ce que Dieu a réalisé parmi les nations païennes, à travers ou par leur service,
Actes 21, 19. Paul insiste constamment sur le fait qu'il a été envoyé par Dieu vers les nations païennes, vers les incirconcis,
comme jadis le prophète Jonah, la Colombe, a été envoyé à Ninive la grande ville. Romains 1,1: Paulos esclave du Christ
Jésus, appelé à être envoyé, mis à part pour l'heureuse annonce de Dieu... C'est par lui que nous avons la grâce et la mission
d'envoyé, afin qu'elle soit entendue, la vérité de Jésus-Christ de qui nous avons reçu la grâce et la mission d'envoyé pour
communiquer la parole de vérité qui doit être entendue dans toutes les nations païennes... Galates 1, 15 : Dieu qui m'a mis à
part depuis le ventre de ma mère et qui m'a appelé, par le don de sa grâce, pour révéler, apokalupsai, son fils en moi (= par
moi), afin que je l'annonce, euaggelizô, parmi les nations païennes... Galates 2, 1 : Et puis après quatorze ans, de nouveau je
suis monté à Jérusalem avec Bar-naba... Et je leur ai exposé (aux frères de l'église de Jérusalem) l'heureuse annonce, to
euaggelion, que je proclame parmi les nations païennes... Ils ont vu (les patrons de l'église de Jérusalem) qu'elle m'est
confiée, l'heureuse annonce, to euaggelion, de l'incirconcision, comme est confiée à Pierre l'heureuse annonce de la
circoncision ( = des frères judéens et des frères de la Diaspora). Car celui qui opère, qui agit, dans Pierre, pour la mission
d'envoyé, eis apostolèn, de la circoncision, c'est celui-là, le même (= Dieu) qui opère en moi, afin que je porte l'heureuse
annonce aux nations païennes. Et ils ont connu la grâce qui m'a été donnée, Iaaqôb (le frère du Seigneur) et Kêpha, et
lohanan (lequel ?), eux qui passent pour être les colonnes (de l'église, le nouveau temple), ils m'ont donné la main droite, à moi
et à Bar-naba, la main droite de la communauté (de pensée), afin que nous, nous allions vers les nations païennes, et eux vers (les
frères de) la circoncision... Lettre aux Éphésiens, 3, 3 : C'est par une révélation, kata apokalupsin, qu'il m'a été donné à
connaître ce secret ontologique et intelligible, to mustèrion, comme je vous l'ai déjà écrit antérieurement en peu de mots. Ainsi en
lisant ma lettre, vous pouvez comprendre, connaître, concevoir l'intelligence dans le secret ontologique et intelligible du Christ, en
tô mustèriô tou christou, — ce secret qui n'a pas été donné à connaître aux autres générations, aux fils de l'homme, comme il
est révélé, apekaluphthè, maintenant aux saints envoyés et aux prophètes, dans = par l'esprit : à savoir que les nations
païennes sont maintenant cohéritières, qu'elles entrent dans le corps (du Christ), elles prennent part à la promesse de Dieu qui se
réalise dans le Christ Jésus, par l'heureuse annonce, dia tou euaggeliou. C'est de cela que je suis devenu le serviteur, de par le
don de la grâce de Dieu, qui m'a été donnée, selon la force de sa puissance. A moi le plus petit de tous les saints a été donnée
cette grâce : aux nations païennes annoncer l'heureuse nouvelle, euaggelisasthai, l'inépuisable, l'insondable richesse du Christ...
Nous ne disons pas que Apocalypse 14, 6 fait certainement allusion à Paul. Mais Jean fait certainement allusion à quelqu'un
qu'il connaît bien, que les frères des communautés auxquelles il écrit connaissent bien aussi, et qui est en train d'annoncer,
comme un aigle qui vole, l'heureuse annonce de la vie éternelle, à ceux qui sont assis dans la poussière de la terre, à toute
nation, à toute tribu et à toute langue et à tout peuple. Comme il s'adresse à des païens, il leur enseigne d'abord Dieu unique
et créateur.
- 117 -
un troisième
venait après eux
et il disait d'une grande voix
si quelqu’un se prosterne
devant la face de l'être vivant
et devant la face de sa statue
et s'il reçoit l'inscription sur son front
et sur sa main
écris
heureux les morts
qui sont morts dans le seigneur
dès maintenant
179
14, 13 Dès maintenant, grec ap'arti, hébreu me-attah.
180
14, 14 Et j'ai vu et voici... Daniel 7, 13 : J'ai regardé dans la vision de la nuit et voici avec les nuages des cieux
comme un fils d'homme qui vient... Araméen ke-bar enôsch, comme un fils d'homme. C'est ce ke qui a été traduit par le
traducteur de l'Apocalypse par homoion. En grec naturel homoios, ce qui est semblable à... doit se construire normalement
avec un datif. Notre traducteur, qui se sert du mot grec homoios pour traduire le ke hébreu et araméen, a oublié de mettre les
mots suivants au datif. « Noter, écrit le bon P. Allô, la persistance de ce singulier accord. » La question reste toujours
ouverte de savoir si les parties araméennes de Daniel ne sont pas elles-mêmes une traduction d'un texte hébreu antérieur, si
ces pages en araméen ne sont pas un targum.
Et sur sa tête une couronne d'or... Exode 28, 36 : Et tu feras une lame d'or pur et tu graveras sur elle, gravure de sceau :
consacré à YHWH ! Tu la fixeras avec un fil de pourpre violette et elle sera sur le turban, elle sera au-devant de la face du
turban. Elle sera sur le front d'Aharôn... Exode 29, 6 : Et tu mettras le turban sur sa tête et tu placeras le diadème de sainteté
sur le turban... Lévitique 8, 9 : Et il a placé le turban sur sa tête et il a placé, il a mis sur le turban en avant de sa face la lame
d'or, le diadème de sainteté, comme il avait ordonné, YHWH, à Môscheh... L'auteur de l'Apocalypse pense que Ieschoua le
meschiah de YHWH est le grand prêtre du nouveau Temple, de la nouvelle création, comme l'auteur du quatrième Évangile,
et comme l'auteur de l'épître aux Hébreux.
Et dans sa main une faucille aiguisée... Marc 4, 26 : C'est comme cela le royaume de Dieu : c'est comme un homme qui
a jeté la semence dans la terre. Il dort, il se réveille, la nuit et le jour, et la semence germe et elle se développe, il ne sait pas
lui-même comment. D'elle-même la terre produit du fruit, d'abord la petite plante verte comme un brin d'herbe, et puis l'épi,
et puis ensuite plein de blé dans l'épi. Et lorsqu'il donne, le fruit, voici qu'il envoie la faucille, parce que la moisson est là...
181
14, 15 Est sorti du temple, grec naos, hébreu heikal, le Temple proprement dit, la Maison de Dieu.
Et fais la moisson... Matthieu 9, 37 : La moisson est nombreuse, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le
seigneur de la moisson, pour qu'il envoie des ouvriers dans sa maison... Matthieu 13, 30 : Laissez croître ensemble les deux
semences jusqu'à la moisson, et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs : Ramassez d'abord les plantes
vénéneuses... Le blé, rassemblez-le dans mon grenier... Jean 4, 35 : Levez les yeux et regardez les champs, ils sont blancs
pour la moisson...
Parce qu'elle est desséchée... La question est de savoir si le sens est : elle est sèche, c'est-à-dire mûre pour la moisson...
Ou bien : elle est desséchée à l'excès, et bonne à être jetée au feu... Grec xèrainein, hébreu iabesch, être sec.
- 120 -
14, 16 et il a envoyé
celui qui est assis sur le nuage
sa faucille sur la terre
et elle a été moissonnée
la terre
182
14, 17 Et un autre messager est sorti du temple, grec naos, hébreu heikal.
183
14, 18 Et un autre messager est sorti de l'autel des sacrifices, grec thusiastèrion, hébreu mizebeah, du verbe zabah,
sacrifier pour offrir ; zebah l'offrande sacrifiée. Genèse 8, 20 ; 12, 7 ; 13, 4 ; etc. Il est possible qu'ici il s'agisse de l'autel des
fumigations d'encens, Exode 30, 1.
Et fais la vendange... Grec trugaô, récolter, cueillir, moissonner, vendanger, hébreu batzar. Deutéronome 24, 21 :
Lorsque tu vendangeras, tibetzôr, grec trugèsès, ta vigne, tu ne grapilleras pas derrière toi. Pour l'étranger, la-ger, grec tô
prosèlutô — ne pas traduire par prosélyte ! pour l'orphelin et pour la veuve ce sera... Juges 9, 27. Joël 4, 13 : Envoyez une
faucille car elle est mûre la moisson, hébreu qatzir, grec trugètos. Venez, descendez, parce qu'il est plein le pressoir, car il
est nombreux leur crime. Des foules, des foules dans la vallée du Décret, car il est proche le jour de YHWH... Le soleil et la
lune se sont obscurcis et les étoiles ont retiré leur clarté...
Et fais la récolte des grappes de raisin de la vigne de la terre ou de la vigne du pays... Isaïe 5, 1 : Je vais chanter pour
mon chéri le chant de mon bien-aimé pour sa vigne. Une vigne était à mon chéri sur une corne fille de la graisse, sic ! Il l'a
labourée, il a enlevé les pierres et il a planté du raisin rouge, hébreu sôreq, non traduit mais seulement transcrit en grec. Il a
construit une tour au milieu d'elle, et il a même creusé un pressoir. Il espérait qu'elle allait produire du bon raisin, mais elle a
produit des ronces. Et maintenant toi qui habites à Jérusalem, et l'homme de Juda, jugez donc entre moi et entre ma vigne !
Qu'est-ce qu'il y avait à faire encore pour ma vigne, que je n'aie pas fait en elle ? Pourquoi donc ai-je espéré qu'elle allait
produire des grappes de raisin, et elle a produit des chardons infectes ? Et maintenant je vais vous faire connaître ce que moi
je vais faire à ma vigne... Isaïe 5, 7 : Car la vigne de YHWH des armées (c'est) la maison d'Israël, et l'homme de Juda (c'est
lui) son plant délicieux. Il attendait, il espérait le jugement, et voici, ce fut l'injustice. Il espérait la justice, mais ce fut le cri
(des victimes)... Jérémie 2, 21 : Et moi je t'ai planté raisin rouge, hébreu sôreq, tout entière semence de vérité, zera émet. Et
alors comment t'es-tu changée pour moi en amertume, la vigne étrangère ? Osée 10, 1 : Une vigne aux belles branches,
Israël... Ezéchiel 17, 6 : Elle a germé et elle est devenue une vigne... Psaume 80, 9 : Une vigne d'Égypte tu as arraché, tu as
chassé des nations et tu l'as plantée. Tu as débroussaillé, déblayé devant sa face, et elle a enraciné ses racines et elle a rempli
le pays. Elles ont été couvertes les montagnes de son ombre, et ses branches ont recouvert les cèdres de Dieu. Elle a envoyé
ses branches jusqu'à la mer (Méditerranée) et jusqu'au Fleuve (Euphrate) ses rejetons. Pourquoi as-tu fait une brèche dans
ses clôtures, en sorte qu'ils viennent la grapiller tous les passants delà route, pour que la ravage le sanglier de la forêt et que
le bétail du champ vienne la brouter...
- 121 -
184
14, 19 Et il a jeté dans le pressoir... Lamentations 1, 15 : Le pressoir il a foulé, le Seigneur, pour la vierge fille de
Juda... Isaïe 63, 2 : Pourquoi du rouge sur tes vêtements ? Et pourquoi tes habits (sont-ils) comme (les habits) de celui qui
foule au pressoir ? A la cuve j'ai foulé seul et d'entre les peuples, personne avec moi ! Je les ai foulés au pied dans ma colère
et je les ai piétines dans ma fureur et leur jus a giclé sur mes habits et tous mes vêtements, je les ai tachés... J'ai écrasé des
peuples dans ma colère et je les ai brisés dans ma fureur et j'ai fait couler à terre leur jus...
La colère de Dieu, la grande, ton megan ou selon certains manuscrits tou megalou se rapporte à thumos.
185
14, 20 Et il a été foulé aux pieds le pressoir en dehors de la ville... Apocalypse 11,2: Et le parvis extérieur du temple,
naos, hébreu heikal, mets-le dehors et ne le mesure pas, parce qu'il a été donné aux nations païennes, et la ville sainte, ils la
piétineront pendant quarante-deux mois. Épître aux Hébreux 13, 12 : C'est pourquoi Ieschoua, afin qu'il sanctifie, par son
propre sang, le peuple, c'est en dehors de la porte qu'il a souffert... Le stadion grec correspond à peu près à 178 mètres. 1
600 stades correspondent donc à peu près à 284 800 mètres. Il est vraisemblable que ce nombre 1 600 a une signification qui
était codée, compréhensible pour ceux à qui s'adressait l'Apocalypse, mais nous n'avons pas su la découvrir. La question est
de savoir à quelle mesure hébraïque correspond le stadion grec, approximativement...
- 122 -
fleuves, toutes les nations. Et viendront des peuples nombreux et ils diront : Allez et montons à la montagne de YHWH, à la
Maison du Dieu de Jacob ! Et qu'il nous instruise de ses voies et nous marcherons dans ses voies ! Car c'est de Sion que
sortira l'Instruction, torah, et la parole de YHWH de Jérusalem ! Prophétie du vnie siècle avant notre ère, que l'on retrouve
Michée 4, 1. Prophétie réalisée. Psaume 22, 28 : Qu'ils se souviennent et qu'ils reviennent vers YHWH, tous les confins de
la terre et qu'elles se prosternent devant ta face toutes les familles des nations ! Car à YHWH la royauté, et il domine sur les
nations... Psaume 66, 4 : Toute la terre, ils se prosternent devant toi... Psaume 72, 11 : Qu'ils se prosternent devant lui, tous
les rois, que toutes les nations le servent ! Isaïe 66, 23 : Ils viendront, toute chair, pour se prosterner devant ma face, a dit
YHWH !
190
15, 5 Et il a été ouvert le temple... Grec naos, hébreu heikal.
De la tente de l'attestation... Exode 38, 21, mischekan ha-edout ; Exode 40, 34 : Et elle a recouvert, la nuée, la tente du
rendez-vous, ôhel môed, grec tèn skènèn tou marturiou, et la gloire de YHWH a rempli la demeure, ha-mischekan, grec hè
skènè. On voit de nouveau que l'auteur de l'Apocalypse est un homme du Temple. Il le connaît du dedans.
191
15, 6 Ils étaient vêtus, revêtus de lin pur... Exode 26, 1 : Et la demeure, ha-mischekan, grec tèn skènèn, tu la feras
(avec) dix tentures de lin fin, hébreu schesch, grec bussos... Exode 28, 1 : Et toi fais approcher vers toi Aharôn ton frère et
ses fils avec lui du milieu des fils d'Israël afin qu'il exerce pour moi la fonction de sacrificateur, le-kahanô-li, grec
hierateuein moi... Et tu feras des habits de sainteté pour Aharôn ton frère pour la gloire, le-kabôd, et pour la splendeur. Et
toi tu parleras à tous ceux qui sont sages de cœur, que, hébreu ascher, j'ai rempli (avec) un esprit de sagesse, et ils feront les
vêtements de Ahâron afin de le consacrer, pour qu'il exerce pour moi la fonction de sacrificateur. Et voici les vêtements
qu'ils feront : le pectoral et l'éphod, le manteau, la tunique de mailles, le turban et la ceinture. Et ils feront des habits de
sainteté pour Aharôn ton frère et pour ses fils afin qu'il exerce pour moi la fonction de sacrificateur. Et eux ils prendront l'or,
la pourpre violette et la pourpre rouge, le vermillon cramoisi et le lin fin, ha-schesch, grec kai tèn basson. Et ils feront
l'éphod (avec) de l'or... et avec du lin fin, schesch, grec bussos... La bande qui entoure l'éphod, par-dessus, sera... en or... et
en lin fin, schesch, grec bussos... Et tu feras le pectoral du jugement... En or... et en lin fin, schesch, grec bussos... Exode 28,
39 : Tu mailleras la tunique (avec) du lin fin, schesch, grec bussos, et tu feras le turban (avec) du lin fin, schesch, grec
bussinèn... Exode 28, 41 : Et tu les revêtiras, Aharôn ton frère et ses fils avec lui, et tu les oindras, maschaheta, et tu
rempliras leurs mains et tu les consacreras et ils exerceront pour moi la fonction de sacrificateurs. Et fais pour eux des
pagnes de lin, hébreu bad, grec lina, pour cacher la chair de leur nudité... Exode 39, 27 : Ils ont fait les tuniques de lin fin,
et-ha-katenôt schesch, grec chitônas bussinous, pour Aharôn et pour ses fils, et le turban de lin fin, schesch, grec ex
bussou... les ceintures de lin fin et les pagnes de lin... Lévitique 16, 4 : La tunique de lin de sainteté, ketônet bad qôdesch,
grec chitôna linoun hègiasmenon, il revêtira et des pagnes de lin seront sur sa chair et avec une ceinture de lin il sera ceint et
avec un turban de lin il sera coiffé. Ce sont les vêtements de sainteté... Ézéchiel 9, 2 : Et il a crié à mes oreilles d'une voix
forte pour dire : Elles sont proches les visites, peqoudôt, du verbe paqad, visiter, de la Ville (= Jérusalem) et chacun
l'instrument d'extermination dans sa main. Et voici six hommes sont venus de la direction de la Porte supérieure qui fait face
au Nord, et chacun son instrument de destruction dans sa main, et un homme au milieu d'eux, revêtu de vêtements de lin,
badim, et l'écritoire du scribe dans sa ceinture... Et la gloire du Dieu d'Israël s'est élevée d'au-dessus du keroub, qu'elle était
sur lui, hébreu ascher haiah alaiô, ... et elle a appelé l'homme qui était vêtu de lin, badim, que l'écritoire du scribe à sa
ceinture, ascher... Et il a dit, YHWH, en s'adressant à lui : Passe au milieu de la Ville, au milieu de Jérusalem, et tu écriras
un taw (la dernière lettre de l'alphabet hébreu) sur les fronts des hommes qui gémissent et qui souffrent à cause de toutes les
abominations qui se font au milieu d'elle... Le traducteur en grec a rendu le taw hébreu par le mot grec sèmeion, un signe.
Ézéchiel 16, 2 : Fils d'homme, fais connaître à Jérusalem ses abominations... Tes origines et tes lieux de naissance (sont) du
pays du Cananéen... 16, 10 : Je t'ai ceinte de lin, ba-schesch, grec bussô... Ézéchiel 44, 15 : Les kôhanim, grec hiereis, les
lévites fils de Tzadoq qui ont gardé l'observance de mon sanctuaire, alors qu'ils erraient, les fils d'Israël, en s'éloignant de
moi, ce sont eux qui s'approcheront de moi pour faire mon service, hébreu le-schare-teni, grec tou leiiourgein (la
- 124 -
construction et la traduction que nous avons relevée Apocalypse 12, 7)... Ce sont eux qui entreront dans mon sanctuaire et
ce sont eux qui s'approcheront de ma table pour faire mon service... Et il adviendra que, lorsqu'ils entreront dans les portes
du parvis intérieur, des vêtements de lin ils revêtiront, bigedei pischetim ilebaschou, grec stolas linas... Des turbans de lin
seront sur leurs têtes et des pagnes de lin sur leurs reins... Daniel 10, 4 : Le vingt-quatrième jour du premier mois, et moi
j'étais sur le bord du Fleuve, le Grand, c'est le Tigre. Et j'ai levé mes yeux et j'ai vu et voici un homme revêtu de lin, isch
ehad labousch badim, grec endedumenos bussina ; Théodotion a transcrit en caractères grecs baddin. Et ses reins étaient
ceints avec de l'or d'Ouphaz... Daniel 12, 6 : Et j'ai regardé, moi, Daniel, et voici deux autres se tenaient debout, l'un ici, de
ce côté, sur le bord du fleuve, et l'autre ici, de ce côté, sur le bord du fleuve. Et il a dit (sic en hébreu, grec : et j'ai dit) à
l'homme qui était vêtu de lin, lebousch ha-badim, grec ta bussina, Théodotion transcription en caractères grecs ta baddin,
qui était au-dessus des eaux du fleuve : Jusques à quand la fin des choses prodigieuses ? Et j'ai entendu l'homme vêtu de lin,
lebousch ha-badim, qui était au-dessus des eaux du fleuve et il a levé sa main droite et sa main gauche vers les cieux et il a
juré dans (= par) celui qui vit éternellement que (ce sera) : Pour un temps des temps et une moitié... Jean 19, 40 : Ils ont
donc pris le corps de Ieschoua et ils l'ont enveloppé dans un sadin... tunique de lin ou toile de lin avec laquelle on fait la
tunique.
192
15, 7 Et l'un des quatre vivants... Il s'agit des quatre vivants, de l'Apocalypse 4, 6. Nous rappelons que le grec zôon
traduit lui aussi l'hébreu haiiah, l'être vivant.
Sept vases en or remplis de la colère de Dieu... Psaume 75, 9 : Car une coupe dans la main de YHWH et du vin plein
d'un mélange d'épices... Ils boiront tous les méchants de la terre... Isaïe 51, 17 : Réveille-toi, réveille-toi, lève-toi, Jérusalem,
toi qui as bu de la main de YHWH la coupe de sa colère, et-kôs hamatô, grec to potèrion tou thumou... Isaïe 51, 22 : Voici
que j'ai pris de ta main la coupe du vertige, le calice de la coupe de ma fureur ! Tu ne recommenceras plus à en boire...
Jérémie 25, 15 : Prends la coupe du vin de la fureur, celle-ci, de ma main, et tu la feras boire à toutes les nations que, hébreu
ascher, moi je t'envoie vers elles... Et elle boiront et elles tituberont et elles deviendront folles devant la face de l'épée que
moi j'enverrai au milieu d'elles. Et j'ai pris la coupe de la main de YHWH et j'ai fait boire à toutes les nations que, ascher, il
m'a envoyé, YHWH, vers elles : Jérusalem et les villes de Juda et ses rois et ses princes pour les donner à la ruine et à la
dévastation... Le mot grecphialè utilisé Apocalypse 15, 7 ; 5, 8 ; 21, 9 ; traduit le plus souvent l'hébreu mizeraq, pluriel
mizeraqim et mizeraqôt qui désigne un récipient, peut-être un vase, d'airain, qui servait pour le service de l'autel des
sacrifices, Exode 27, 3 ; 38, 3 ; Nombres 4, 14 ; un récipient d'argent, Nombres 7, 13 ; 7, 19 ; 7, 25 ; etc. 1 Rois 7, 40 ; 7, 45
; 7, 50 ; Zacharie 9, 15 ; 14, 20 ; comme les cratères devant la face de l'autel ; Néhémie 7, 69 ; Jérémie 52, 18 ; récipient en
or, 1 Rois 7, 50 ; 2 Rois 25, 15 ; Jérémie 52, 19. De nouveau un objet, un ustensile qui fait partie de la liturgie du Temple, et
qui était familier à ceux qui assuraient le service du Temple.
193
15, 8 Et il a été rempli, le Temple, de fumée... Le Temple, ho naos, hébreu ha-heikal. Exode 40, 33 : Et il a achevé,
wa-iekal, grec kai sunetelesen, Môscheh, l'œuvre. Et elle a recouvert, la nuée, la tente du rendez-vous, et la gloire de
YHWH a rempli la demeure. Et il ne pouvait pas, Môscheh, entrer dans la tente du rendez-vous, car demeurait sur elle la
nuée, et la gloire de YHWH remplissait la demeure... 1 Rois 8, 10 : Et il advint, lorsque les kôhanim sont sortis du Saint,
alors, hébreu we, la nuée a rempli la maison de YHWH et ils n'ont pas pu, les kôhanim, rester debout pour faire le service à
cause de, hébreu mi-penei, la nuée, parce qu'elle a rempli, la gloire de YHWH, la maison de YHWH... Isaïe 6, 1 : Dans
l'année de la mort du roi Ozias, alors, hébreu we, j'ai vu le Seigneur qui était assis sur un trône élevé... Et il criait, celui-ci,
- 125 -
de fumée
à cause de la gloire de dieu
et à cause de sa puissance
et personne n’a pu entrer dans le temple
jusqu'à ce qu’ils soient achevés
les sept fléaux des sept messagers
vers celui-ci, et il disait : qadôsch qadôsch qadôsch YHWH tzebaôt, grec hagios hagios hagios kurios sabaôth — le
traducteur n'a pas traduit l'hébreu tzebaôt, il a transcrit en caractères grecs. Elle remplit toute la terre, sa gloire !... Et la
Maison s'est remplie de fumée, hébreu aschan, grec kapnos. Psaume 18, 9 : Elle est montée, une fumée, dans sa narine et un
feu de sa bouche, dévorant... Isaïe 65, 5 : Ces choses-là, une fumée dans ma narine...
- 126 -
cieux et à tout rampant sur la terre, que en lui une âme vivante, ascher bô nephesch haiiah, grec ho echei en heautô psuchèn
zôès... Genèse 2, 7 : Et il a été, l'Homme, une âme vivante, le-nephesch haiiah, grec eispsuchèn zôsan...
De celles qui (sont) dans la mer... Comme le note en gémissant le bon P. Allô, « Apposition du pluriel ta en tè thalassè à
un singulier, ce qui ne surprend pas dans l'Apocalypse... ». L'explication est simple. Toute âme vivante, en hébreu, est un
singulier collectif, qui désigne une multitude. Il est donc tout à fait naturel, en hébreu, d'accorder la proposition qui suit, qui
commence par ascher, à ce singulier collectif. En hébreu tout simplement : ascher ba-iam. Le traducteur en grec a
reconstitué la logique des propositions de la manière suivante : Toute âme vivante est morte, — toute âme vivante c'est-à-
dire toutes les âmes vivantes, qui (sont) dans la mer. Conformément au texte hébreu, il n'a pas mis le verbe être en grec,
mais il a mis ta au pluriel neutre, ce qui a pour effet de désoler le P. Allô.
197
16, 5 Tu es juste toi YHWH... Psaume 119, 137 : (Tu es) juste, toi, YHWH, tzadiq attah YHWH, sans le verbe être.
C'est probablement ce verset du psaume qui est cité ici. Le traducteur en langue grecque a voulu traduire le sens du
tétragramme, comme il l'a fait précédemment. Il a donc mis : Celui qui est et qui était..., sachant que l'indicatif présent du
verbe être ne suffit pas à traduire l'inaccompli hébreu, qui peut se traduire par un imparfait, un présent ou un futur, selon les
cas.
Le saint... Grec ho hosios, qui traduit l'hébreu hasid, Psaume 4, 3 ; 12, 1 ; 16, 10 ; 18, 25 ; 30, 4 ; etc.
198
16, 6 Parce que... alors, construction hébraïque avec we, alors, traduit en grec par kai.
Parce que le sang des saints et des prophètes ils ont versé... Genèse 9, 6 : Celui qui verse le sang de l'Homme, schôphek
dam ha-adam, par l'Homme, be-adam, son sang sera versé... Deutéronome 19, 10 : Et ne sera pas versé le sang innocent au
milieu de ton pays que YHWH ton Dieu te donne en héritage, en sorte qu'il y ait, le we hébreu, sur toi des sangs, hébreu
damim, au pluriel... 2 Rois 21, 16 : Et même le sang innocent il a versé, Manassé, en quantité énorme, jusqu'à ce qu'il en ait
rempli Jérusalem bouche à bouche, peh la-pheh, grec stoma eis stoma ! 2 Rois 24, 2 : Et il a envoyé, YHWH, contre lui, les
troupes des Chaldéens, et les troupes d'Aram... Il les a envoyées contre Juda pour le faire périr, conformément à la parole de
YHWH qu'il avait parlée par la main, be-iad, de ses serviteurs les prophètes. Ce fut seulement sur la bouche de YHWH, al-
pi YHWH, = sur l'ordre de... — à cause des crimes de Manassé... et aussi le sang innocent qu'il a versé, et il a rempli
Jérusalem de sang innocent... Psaume 79, 1 : Dieu, elles sont venues les nations païennes dans ton héritage, elles ont souillé
ton temple saint, elles ont mis Jérusalem en ruines, elles ont donné les cadavres de tes serviteurs à manger à l'oiseau des
cieux, la chair de tes saints à la bête de la terre, elles ont versé leurs sangs, damam, comme des eaux, tout autour de
Jérusalem... Psaume 106, 38 : Et ils ont versé le sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs filles... Ezéchiel 22, 2 : Et toi
fils d'homme, est-ce que tu vas juger la ville des sangs, et-ir ha-damim (Jérusalem), grec ei krineis tènpolin ton aimatôn...
Ville qui verse le sang au milieu d'elle, pour qu'il vienne ton temps, la-bô itteka, grec tou elthein kairon autès — la
construction hébraïque et la traduction que nous avons vue Apocalypse 12, 7... — et qui a fait des boules d'ordure, gilloulim,
sur elle, pour la souiller ? Dans ton sang que tu as versé tu t'es rendue coupable et dans les boules d'ordure (= les idoles) que
tu as faites tu t'es rendue impure, tu t'es souillée et tu as fait venir tes jours (les jours de la catastrophe)... Apocalypse 16, 6
plusieurs manuscrits donnent aimata, pluriel neutre, les sangs, ce qui est évidemment la traduction littérale de l'original
hébreu damim. Cette forme étrange pour des lecteurs grecs a ensuite été corrigée par les copistes, qui ont mis le singulier
aima que nous lisons dans nos éditions modernes.
Ils l'ont mérité ! Deutéronome 25, 1 : Quand il y aura une querelle entre des hommes, alors, hébreu we, grec kai, ils se
- 128 -
présenteront au jugement et ils les jugeront (ils = on) et ils feront juste celui qui est juste et ils déclareront méchant le
méchant. Et il adviendra que s'il est fils de frapper, im ben hakkôt, grec ean axios è plègôn, français : s'il a mérité de
recevoir des coups, le méchant, alors, hébreu we, grec kai, il le fera tomber, le juge, et il le fera battre devant sa face...
199
16, 7 YHWH... Le texte grec donne kurie, qui est la traduction en grec de adônai, que le lecteur hébreu lisait lorsqu'il
rencontrait le tétragramme YHWH. Le traducteur en langue grecque traduit donc kurios ou kurie selon les cas.
Vérité et justice... Hébreu émet wa-tzedek. L'hébreu préfère les substantifs ; les traducteurs ont rendu le plus souvent ces
substantifs par des adjectifs, ce qui est le cas ici. Nous restaurons l'hébreu sous-jacent.
200
16, 8 Dans le feu, grec en puri, hébreu ba-esch. Le verbe grec kaumatizô est formé sur kauma, la brûlure, par le
soleil.
201
16, 10 Et ils ont mordu leurs langues... Mordre, hébreu nas-chak, se dit surtout du serpent qui mord, Genèse 49, 17 ;
Nombres 21, 8 ; Amos 5, 19 ; 9, 3 ; etc. Se dit aussi de l'action de prêter à intérêt, Deutéronome23, 20 !
A cause de leur souffrance, grec ek ou apo selon les manuscrits ; hébreu min, qui indique la provenance, l'origine et donc
la cause.
202
16, 12 L'Euphrate... Abel, Histoire de la Palestine..., II, 16 : « L'armée que Titus mobilisa contre Jérusalem
- 129 -
le grand
l’euphrate
et elle a été desséchée son eau
afin que soit préparée la route des rois
[qui viennent] du lever du soleil
comprenait d'abord les trois légions qui avaient fait campagne sous le commandement de Vespasien... 3 000 soldats avaient
été demandés aux garnisons de l'Euphrate... Vingt cohortes alliées, huit corps de cavalerie, les auxiliaires fournis par les rois
Agrippa, Sohemos d'Edesse, Antiochos de Commagène et le contingent arabe accompagnaient le gros de l'armée... »
203
16, 13 Et de la bouche du prophète de mensonge... En grec pseudoprophètès, hébreu nabi ha- scheqer. Le traducteur
en langue grecque du rouleau de Jérémie a traduit par le grec pseudoprophètès l'hébreu nabi lorsqu'il s'agit précisément des
prophètes de cour, des prophètes fonctionnaires, Jérémie 6, 13 ; ceux qui servent la raison d'État et non la vérité de Dieu,
Jérémie 6, 13 ; 26, 7 ; 27, 9 ; 28, 1 ; 29, 1 ; 29, 8 ; Zacharie 13, 2.
204
16, 14 La guerre du grand jour de Dieu... Joël 2, 1 : Sonnez du schôphar dans Sion et poussez une clameur sur ma
montagne sainte ! Qu'ils tremblent tous les habitants du pays, car il vient le jour de YHWH, parce qu'il est proche ! Jour de
ténèbre et d'obscurité, jour de nuage et de brouillard, comme du noir répandu sur les montagnes ! Un peuple nombreux et
puissant, comme lui il n'y en a pas eu depuis la durée indéfinie du passé et après lui il ne recommencera pas (d'en avoir)
jusqu'aux années de génération en génération ! Devant sa face, un feu qui dévore et derrière lui une flamme qui embrase !
Comme le jardin d'Eden, le pays, avant lui et après lui un désert, une dévastation !... Comme l'apparence des chevaux, son
apparence, et comme des cavaliers, c'est ainsi qu'ils courent ! Comme la voix des chars sur les têtes des montagnes... Joël 2,
10 : Devant sa face elle a tremblé, la terre, ils ont été ébranlés, les ci eux, le soleil et la lune se sont obscurcis et les étoiles
ont retiré leur clarté... Joël 2, 11 : Car (il est) grand le jour de YHWH et terrible au plus haut point et qui pourra le soutenir ?
Sophonie 1, 14 : Il est proche, le jour de YHWH, le grand, et il se hâte extrêmement ! La voix du jour de YHWH (est)
amère... Jour de colère, ce jour-là, jour d'angoisse et de détresse, jour de dévastation et de désolation, jour de ténèbre et
d'obscurité, jour de nuage et de brouillard, jour du schôphar et de la fanfare contre les villes fortifiées et contre les hautes
tours d'angle !
L'auteur de l'Apocalypse reprend les anciennes prophéties des anciens prophètes hébreux qui annonçaient, en leur temps,
la prise de Jérusalem et le désastre, et il les applique à la guerre qui vient.
205
16, 15 Voici que je viens comme un voleur... Matthieu 24, 42 : Veillez donc, parce que vous ne savez pas quel jour
votre Seigneur va venir. Sachez ceci, s'il le savait, le maître de la maison, à quelle veille de la nuit le voleur va venir, il
veillerait et il ne permettrait pas qu'elle soit percée, sa maison... Luc 12, 35 : Que vos reins soient ceints et que vos lampes
soient allumées. Et vous vous êtes comme des hommes qui attendent leur maître, lorsqu'il va revenir du festin, afin que,
lorsqu'il va arriver et frapper à la porte, aussitôt ils lui ouvrent. Heureux ces serviteurs que, lorsqu'il va venir, le seigneur, il
trouvera en train de veiller !... Et même s'il vient lors de la deuxième veille de la nuit et dans la troisième, et s'il les trouve
ainsi, heureux sont-ils, ceux-là ! Sachez ceci : s'il savait, le maître de la maison, à quelle heure le voleur va venir, il ne
permettrait pas qu'elle soit percée sa maison. Vous aussi tenez-vous prêts, car à l'heure à laquelle vous n'y pensez pas, le fils
de l'homme va venir... L'Évangile dit de Marc n'a pas rapporté ce propos du Seigneur, cette analogie entre la venue du
voleur, la nuit, et sa propre venue : c'est un Évangile simplifié, allégé, à l'intention des nouveaux, les frères et les sœurs qui
- 130 -
viennent du paganisme. La comparaison était dure à avaler pour un nouveau venu du paganisme. Première lettre de Paul à la
communauté de Thessalonique, écrite autour de l'année 50, et donc à peu près contemporaine de l'Apocalypse, 5, 1 : Au
sujet des temps, frères, vous n'avez pas besoin que l'on vous écrive. Car vous-mêmes vous savez très exactement que le jour
du Seigneur comme un voleur dans la nuit, c'est ainsi qu'il va venir... L'Apocalypse cite donc un texte, un propos du
Seigneur, qui se trouvait, qui se trouve noté, dans les Évangiles de Matthieu et de Luc, sans préciser qu'il s'agit d'un propos
du Seigneur, sans indiquer qui prend la parole, tout d'un coup à la première personne : c'était inutile ; les lecteurs de
l'Apocalypse avaient reconnu un propos du Seigneur qui leur avait déjà été rapporté ou enseigné, et qui se trouvait peut-être
consigné dans le texte écrit de l'Évangile qui était à leur disposition.
Et qu'ils voient la honte de sa nudité... Construction hébraïque, la troisième personne du pluriel du verbe à la place de
notre construction française commençant par « on ». Le mot grec aschèmosunè, en grec naturel, signifie manque de forme,
difformité, laideur, inconvenance, indécence. Il traduit l'hébreu erewah, la nudité, du verbe arah, piel erah, dénuder, mettre
à nu ; hiphil heerah, dénuder, mettre à nu. Exode 20, 26 : Et tu ne monteras pas sur des marches d'escalier à mon autel des
sacrifices, en sorte que, afin que, hébreu ascher ! elle ne soit pas découverte, ascher lô tiggaleh, grec hopôs an mè
apokalupsès, ta nudité, erewateka, grec tèn aschèmosunèn sou... Lévitique 18, 6 ; 20, 11 ; etc. Ézéchiel 16, 8 : Et je suis
passé auprès de toi et je t'ai vue et voici (c'était) ton temps, le temps des amours, et j'ai étendu mon aile (l'aile de mon
vêtement) sur toi et j'ai recouvert ta nudité, erewatek, grec kai ekalupsa tèn aschèmosunèn sou... Ézéchiel 23, 10 : Quant à
eux, ils ont découvert sa nudité, gillou erewatah, grec autoi apekalupsan tèn aischunèn autès...
206
16, 16 Et il les a réunis, ou rassemblés, dans le lieu, ou contre le lieu, qui est appelé en hébreu har magedôn...
Megiddô, selon la vocalisation des manuscrits hébreux modernes, a été lu magedô, mageddôn par les anciens traducteurs en
langue grecque. C'est donc vraisemblablement l'ancienne prononciation. Ville située en bordure de la plaine d'Esdrelon,
Abel, Géographie de la Palestine, II, 382. Josué 12, 21 ; 17, 11 ; Juges 1, 27 ; etc. Juges 5, 19 : Ils sont venus, les rois, ils
ont fait la guerre, alors ils ont fait la guerre, les rois de Canaan, à Taanak, auprès des eaux de Megiddô, vocalisation
moderne, transcription en caractères grecs Mageddô, ou Megeddô. 2 Rois 9, 27 : Il (le roi de Juda) s'est enfui à Megiddô,
transcription en caractères grecs Mageddôn, et il est mort là... 2 Rois 23, 29 : De son temps il est monté le pharaon Néchao
(hébreu Nekô, 609-594 avant notre ère) roi d'Égypte, contre le roi d'Assur, sur le fleuve Euphrate, et il est allé, le roi Josias,
à sa rencontre et il ( = le pharaon) l'a fait mettre à mort à Megiddô, transcription grecque Mageddô, lorsqu'il l'a vu. Et ils
l'ont mis sur un char, ses serviteurs, mort, depuis Megiddô, transcription caractères grecs Mageddô, et ils l'ont ramené à
Jérusalem et ils l'ont mis au tombeau dans sa tombe... Zacharie 12, 11 : Dans ce jour-là, elle sera grande la lamentation à
Jérusalem, comme la lamentation de Hadad Rimmon, dans la plaine de Megiddôn, non transcrit dans la traduction grecque.
2 Chroniques 35, 20 : Après tout cela que, hébreu ascher, il avait réparé Josias la Maison (= le Temple), il est monté
Néchao, roi d'Égypte, pour faire la guerre à Carchémisch sur l'Euphrate, et il est sorti à sa rencontre, Josias. Et il lui a
envoyé des messagers pour dire : Quoi à moi et à toi, mah li wa-lak, grec émoi kaisoi, — cf. Jean 2, 4 — roi de Juda ?...
Mais Josias n'a pas détourné sa face de lui... Il est venu pour faire la guerre, hébreu le-hillahem, grec kai èlthen tou
polemèsai (la construction et la traduction que nous avons rencontrées Apocalypse 12, 7) dans la plaine de Megiddô,
vocalisation moderne, transcription en caractères grecs Magedôn...
Césarée de Palestine, Abel, Géographie de la Palestine, II, 296, appelée Kaisareia par le roi Hérode en l'honneur de
César Auguste. Elle s'appelait auparavant la Tour de Straton, en hébreu migedal scharschôn. Par dérision sans doute,
migedalscharschôn = Césarée a été appelée har-mageddôn. Dans ce cas le sens de notre verset est simple : Il les a
rassemblés (les rois qui viennent faire la guerre) à Césarée de Palestine. Le sujet du verbe sunègagen n'est pas indiqué dans
notre texte grec de l'Apocalypse. D'ailleurs l'antique Megiddô et la nouvelle Césarée sont tout près l'une de l'autre.
Le traducteur de l'Apocalypse avait sous les yeux l'hébreu har magedôn, qu'il prononçait ainsi, ou bien on lui a lu har
magedôn. Il a donc transcrit en caractères grecs ce qu'il a lu ou entendu.
207
16, 17 Sur la face des nuées des cieux... Grec aèr, qui traduit l'hébreu schahaq, les nuages, les nuées, le ciel. 2
Samuel 22, 7 : Vers mon Dieu j'ai crié et il a entendu, depuis son Temple, ma voix. Elle a été secouée et elle a tremblé, la
terre, les fondements des cieux ont été ébranlés... Il a incliné les cieux et il est descendu, et un nuage sous ses pieds... Il a
mis une ténèbre tout autour de lui (comme) une tente, un amas d'eaux, des épaisseurs de nuées, schehaqim, grec en
nephelais aeros... Psaume 18, 12idem.
- 131 -
c'est fait
C'est fait ! Grec gegonen, qui peut traduire le verbe hébreu bara, créer, au passif (niphal), Exode 34, 10 : Je ferai des
choses prodigieuses qui n'ont pas été créées, hébreu ascher lô nibereou, grec ha ou gegonen, sur toute la terre...
208
16, 18 Depuis que l'homme a été créé, grec egeneto, hébreu bara à la forme passive, Genèse 2, 4 : Voici les
naissances des cieux et de la terre lorsqu'ils furent créés, be-hibaream, grec hôte egeneto.
L'homme, en grec anthrôpos, hébreu adam. Certains manuscrits grecs donnent anthrôpos au singulier, traduction
littérale de l'hébreu adam. D'autres manuscrits donnent anthrôpoi ou oi anthrôpoi, au pluriel, ce qui est aussi la traduction
de l'hébreu adam qui est un collectif, et qui est traduit, dans la majorité des cas, par les traducteurs de la Bibliothèque
hébraïque, anthrôpoi au pluriel. Nous pourrions donc bien avoir ici dans ces variantes un vestige de plusieurs traductions en
grec de notre Apocalypse, plusieurs traductions partant du même texte hébreu.
209
16, 19 Et elle a été la grande ville en trois parties... Grec kai ege-neto... eis... Genèse 2, 7 : Et il a été, l'Homme, une
âme vivante, hébreu wa-iehi ha-adam le-nephesch haiiah, grec kai egeneto ho anthrôpos eis psuchèn zôsan. Nous avons du
mal en français à traduire le lamed hébreu qui signifie l'intention, la direction, la visée, l'orientation, la finalité. Les
traducteurs grecs ont traduit en remplaçant le verbe être hébreu par le verbe gignomai grec suivi de eis qui indique le
mouvement, la direction vers... Lorsque le prophète Jonas consent finalement à aller à Ninive, Jonas 3, 3, le conteur hébreu
nous dit que Ninive était une grande ville, trois jours de marche ! Aucune ville ni du passé ni du présent n'a jamais eu un
diamètre de trois jours de marche. Jonas a commencé à entrer dans la ville, une marche d'un jour... Rien de tout cela bien
entendu n'est dit au hasard. Et lorsque l'auteur de l'Apocalypse nous dit que la grande ville à laquelle il pense a été faite en
trois morceaux, ce n'est pas non plus une expression en l'air, au hasard...
Et les villes des nations sont tombées, en hébreu arei ha-gôim... La Galilée, hébreu ha-galil, ha-galilah, 2 Rois 15, 29,
signifie le cercle, la région, la zone, à l'origine la région du nord de la Palestine habitée en grande partie par des païens, Isaïe
8, 23 : la route de la mer, — l'autre côté du Jourdain, — la région des païens, gelil ha-goïm, grec galilaia ton ethnôn,
Matthieu 4, 15. 1 Maccabées 5 , 1 5 pasan galilaian allo-phulôn, toute la région des Philistins. Les villes qui sont tombées
sont donc probablement les villes de Galilée, Abel, Histoire de la Palestine, I, 496, Mobilisation de l'armée romaine contre
la Galilée ; p. 497 prise de Garaba et siège de Jotapata ; p. 499 Opérations contre Japha et le Garizim ; p. 501 Soumission de
la Galilée, Capitulation de Tibériade ; p. 503 Conquête de Gamala, etc. La campagne de Vespasien et de Titus en Galilée,
année 66 et 67.
Et Babel la grande a été remémorée devant la face de Dieu... Le verbe hébreu zakar, penser à quelque chose de passé, se
souvenir de. A la forme passive, être porté au souvenir de, être l'objet du souvenir de... Nous avons donc ici une expression
hébraïque traduite littéralement comme d'habitude. Même expression hébraïque littéralement traduite Actes 10, 31 : Elle a
été entendue ta prière, et tes compassions (tes aumônes) ont été rappelées à la mémoire, devant la face de Dieu... Nombres
10, 9 : Et vous serez rappelés en mémoire devant la face de YHWH votre Dieu...
Pour lui donner... Hébreu, construction avec le lamed que nous avons trouvé, Apocalypse 12, 7, traduction grecque
commençant par tou ; nous avons donné en notes des exemples de cette construction et de cette traduction.
Ceux qui pensent que Babylone ici représente ou désigne Rome, sont obligés de conclure de leur hypothèse que l'auteur
de l'Apocalypse s'est lourdement trompé dans sa prophétie, puisque Rome, à notre connaissance du moins, n'est pas tombée
en morceaux ni à la fin du premier siècle, ni au second, ni dans les siècles suivants. Or Jean nous dit et nous répète que sa
prophétie porte sur un avenir immédiat. Par contre Jérusalem est tombée au mois d'août de l'année 70.
- 132 -
la grande ville
[brisée] en trois parties
et les villes des nations païennes sont tombées
et babel la grande a été rappelée à la mémoire
devant la face de dieu
pour lui donner la coupe du vin
de la fureur de sa colère
210
16, 20 Et toute île s'est enfuie... Ézéchiel 26, 18 : Elles sont épouvantées, les îles qui sont dans la mer... Lorsque je
ferai de toi une ville en ruines, comme les villes dans lesquelles on n'habite plus...
211
16, 21 Et une grande grêle, des grêlons lourds comme des talents... Flavius Josèphe, Histoire de la guerre des
Judéens contre les Romains, V, 269. Les machines que les Romains avaient fabriquées, surtout celles de la dixième légion,
étaient capables d'envoyer des pierres qui pesaient un talent, c'est-à-dire entre 36 et 40 kilos. Ces pierres étaient blanches et
au soleil on les voyait venir de loin. Des guetteurs étaient postés sur les tours des remparts de Jérusalem. Chaque fois qu'une
de ces énormes pierres arrivait, les guetteurs criaient, dans la langue de leurs pères, tèpatriô glôssè : Le fils arrive ! Grec :
ho huios erchetai. La pierre, en hébreu, se dit ha-eben ; le fils se dit : ha-ben. Le traducteur du texte hébreu de Flavius
Josèphe a entendu ha-ben, et a donc traduit : le fils, au lieu de traduire : la pierre ! Ce qui permet de supposer que la
traduction se faisait selon la méthode que nous avons indiquée : un lecteur en langue hébraïque, un traducteur bilingue, un
scribe qui sait écrire les caractères grecs. Le traducteur bilingue dicte en grec la traduction de ce qu'il entend en hébreu.
Nous sommes au printemps de l'année 70.
- 133 -
212
17, 1 II a parlé avec moi... Genèse 31, 29 : Garde-toi de parler avec Jacob, hébreu im, grec meta. Deutéronome 5, 4 :
Face à face il a parlé YHWH avec vous sur la montagne du milieu du feu, panim be-panim dibber YHWH immakem, grec
pros.
Le jugement, grec krima, hébreu mischepat.
La prostituée, la grande... Grec pornè, hébreu zônah, participe féminin du verbe zanah, se prostituer, participe zôneh,
féminin zônah. En français il existe plusieurs termes, le terme distingué pour la langue écrite, prostituée, et les autres qui
appartiennent à la langue populaire. En hébreu il n'y a qu'un seul terme, et il est sans doute plus près du parler populaire que
de la langue des lettrés. Dans quelques cas, par exemple Genèse 38, 15 ; Lévitique 21, 9 ; Deutéronome 22, 21 ; il s'agit
bien, ou à peu près, de ce que nous, les païens de l'Occident finissant, nous appelons prostitution, en moins fétide. Mais dans
l'immense majorité des cas ces termes hébreux sont utilisés pour signifier ou désigner ce que nous, les païens du xxe siècle,
nous avons du mal à entendre : l'acte par lequel l'esprit se détourne du Vivant pour se tourner vers les cultes païens, vers les
idoles adorées, les sacrifices humains offerts à nos divinités multiples, par exemple la Nation divinisée. Comme nous
sommes dedans, à l'intérieur de ce paganisme des nations païennes, nous avons du mal à concevoir ce que les anciens
Hébreux entendaient par là, car pour le voir, il faut être dehors, il faut émerger. Nous avons noté déjà que depuis les grands
prophètes hébreux du vine siècle avant notre ère, au moins, la relation ontologique entre Dieu et la nouvelle humanité qui se
forme dans cette zone germinale qui est le peuple hébreu, cette relation est exprimée par l'analogie entre l'homme et la
femme qui s'aiment. L'infidélité de la femme à l'homme, de la nouvelle humanité en régime de création et de transformation,
à Dieu qui la crée et la transforme, c'est cette infidélité-là que les anciens prophètes hébreux ont comparé à l'acte de la
prostitution, ont exprimé par l'analogie de ce que nous appelons la prostitution. C'est une faute spirituelle, c'est une faute
métaphysique, c'est une faute contre l'esprit. Osée, vme siècle avant notre ère, 1 , 1 : Parole de YHWH qui fut (adressée) à
Hôschea, fils de Beeri, aux jours d'Ozias, de Jotham, d'Achaz, d'Ézéchias rois de Juda, et aux jours de Jéroboam... roi
d'Israël. Commencement du parler de YHWH dans, be, Hôschea. Et il a dit, YHWH, à Hôschea : Va, prends pour toi une
femme des prostitutions, eschet zenounim, grec gunaika porneias, et des enfants de prostitution, we-ialedei zenounim, grec
kai tekna porneias, car, pour ce qui est de se prostituer, il se prostitue, le pays, en s'éloignant de derrière YHWH... Osée 2, 4
: Mettez-la en accusation, votre mère, mettez-la en accusation, car elle (n'est) plus ma femme et moi, je ne (suis) plus son
homme ! Et qu'elle écarte ses prostitutions de devant sa face et ses adultères d'entre ses seins, afin que je ne la déshabille pas
toute nue, et que je ne la remette (comme elle était) au jour de sa naissance, que je ne la fasse comme un désert... Et ses fils,
je n'aurai pas pitié d'eux, parce qu'ils (sont) des fils de prostitutions, eux, benei zenounitn, grec tekna porneias, — Jean 8, 41
— parce qu'elle s'est prostituée, leur mère... Car elle disait : J'irai derrière mes amants ; ils me donnent mon pain et mon eau,
ma laine et mon lin, mon huile... Elle, elle ne savait pas que c'est moi qui lui ai donné le blé et le vin nouveau et l'huile
fraîche... Osée 3 , 1 : Va, aime une femme qui est aimée par un autre, un compagnon, et infidèle, — comme l'amour de
YHWH pour les fils d'Israël et eux ils se tournent vers les dieux étrangers... Isaïe 1,21: Comment donc est-elle devenue une
prostituée ? haietah le-zônah, grec egeneto pornè, la cité de la vérité, qireiah nee-menah, grec polis pisté ? Jérémie 2, 2 : Va
et tu crieras aux oreilles de Jérusalem pour dire : Ainsi a parlé YHWH : Je me souviens de toi, de la grâce de ta jeunesse, de
l'amour de tes fiançailles, tandis que tu marchais derrière moi dans le désert... Jérémie 2, 20 : Sur toute colline élevée et sous
tout arbre verdoyant tu t'es couchée, prostituée, zônah. Jérémie 3, 6 : Et il m'a dit, YHWH, à moi, aux jours du roi Josias
(640-609 avant notre ère) : Est-ce que tu as vu ce qu'elle a fait l'infidèle Israël ? Elle est allée, elle, sur toute montagne
élevée et sous tout arbre verdoyant, et elle s'est prostituée, là ! Jérémie 3, 8 : Et sa sœur Juda, elle est allée et elle s'est
prostituée elle aussi. Et il est advenu qu'à la voix de sa prostitution, zenoutah, grec porneia, elle a souillé le pays, elle s'est
livrée à l'adultère avec la pierre et le bois... Jérémie 13, 25 : Parce que tu m'as oublié et parce que tu t'es confiée dans le
mensonge, et moi-même je vais relever les pans (de ta robe) sur ta face et on verra ta nudité... Le traducteur en grec a traduit
: Et moi je découvrirai, apokalupso, ton derrière, ta opisô sou, sur ta face, kai ta loipa... Tes adultères, tes hennissements,
l'impudeur de ta prostitution, sur les collines, au champ, j'ai vu tes abominations ! Oï à toi, grec ouaisoi ! Jérusalem...
Ézéchiel 16, 2 : Fils d'homme, ben adam, fais connaître à Jérusalem ses abominations... Tes origines et ta naissance, du pays
du Cananéen... 16, 8 : Je suis passé auprès de toi et je t'ai vue et voici, c'était ton temps, le temps des amours ! J'ai étendu
mon aile sur toi et j'ai recouvert ta nudité et je t'ai juré et je suis entré en alliance, bi-berit, grec en diathèkè, avec toi, oracle
du seigneur YHWH, grec legei kurios, et tu as été à moi. Je t'ai lavée dans les eaux, et j'ai essuyé tes sangs, hébreu damaik,
de dessus toi et je t'ai parfumée avec de l'huile — l'huile d'onction... Je t'ai vêtue de lin fin, hébreu schesch... Je t'ai ornée
d'une parure... J'ai mis... une couronne de gloire sur ta tête... Et il est sorti, pour toi, le nom (= la renommée) parmi les
nations, à cause de ta beauté, parce qu'elle était accomplie, achevée... Et tu t'es prostituée... et tu as répandu tes prostitutions
sur tout passant. A lui tu as été. Et tu as pris de tes vêtements et tu as fait pour toi des hauteurs, et tu t'es prostituée sur
elles... Et tu as pris les ustensiles de ta splendeur (les ustensiles du Temple), faits avec mon or et avec mon argent, que je t'ai
donnés, et tu t'es fait des statues de mâles, hébreu tzalemei zakar, grec eikonas arsenikas, et tu t'es prostituée en elles,
hébreu bam, grec en autais... Et avec toutes tes abominations, tes prostitutions, tu ne t'es pas souvenue des jours de ta
jeunesse, alors que tu étais nue et découverte... Ézéchiel 16, 25 : Tu as écarté les jambes pour tout passant et tu as multiplié
tes prostitutions... Ézéchiel 16, 26 : Et tu t'es prostituée aux fils de l'Égypte, tes voisins, qui sont grands de chair, et tu as
- 134 -
viens
et je te montrerai le jugement de la prostituée
la grande
celle qui est assise sur les eaux nombreuses
multiplié tes prostitutions... Tu t'es prostituée aux fils d'Assur, parce que tu n'étais pas rassasiée, tu t'es prostituée et même
ainsi tu n'as pas été rassasiée. Et tu as multiplié tes prostitutions au pays de Canaan — surajouté : en Chaldée — et même
avec cela tu n'as pas été rassasiée !... Lorsque tu fais tout cela, l'action d'une femme prostituée, maaseh ischah zônah, grec
erga gunaikospornès... Ézéchiel 16, 35 : C'est pourquoi, prostituée, écoute la parole de YHWH ! Ainsi a parlé le seigneur
YHWH : Parce que tu as versé ton airain (euphémisme) et parce qu'elle a été découverte, dévoilée, hébreu galah, grec
apokaluphthèsetai, ta nudité lorsque tu te prostituais sur tes amants et à cause de toutes tes boules d'ordure, gilloulei (= tes
idoles) de tes abominations, et dans les sangs, we-bi-demei, grec kai en tois aimasin, de tes fils que tu leur as donnés, c'est
pourquoi voici que moi je vais rassembler tous tes amants sur lesquels tu t'es mélangée, et tous ceux que tu as aimés avec
tous ceux que tu as haïs. Et je vais les rassembler contre toi, sur toi des alentours et je vais découvrir ta nudité, hébreu le
verbe galah, grec apokalupsô, et ils verront toute ta nudité. Et je vais te juger du jugement des femmes qui ont trompé leurs
maris et qui ont versé le sang et je te donnerai (d'être) du sang, de la fureur et de la jalousie. Et je te donnerai dans leurs
mains et ils vont raser ton tertre et démolir tes hauteurs. Ils vont t'arracher tes vêtements, ils vont prendre les objets qui
faisaient ta splendeur (les ustensiles du Temple) et ils vont te laisser nue et dénudée. Ils vont faire monter contre toi un
ensemble, une foule (de peuples), hébreu qahal, grec ochlous, et ils vont te frapper avec la pierre et ils vont te pourfendre
avec leurs épées. Et ils vont brûler tes maisons dans le feu...
C'est cette ancienne prophétie du prophète Ézéchiel, vie siècle avant notre ère, que Iohanan-Jean reprend ici Apocalypse
17, et qu'il applique à Jérusalem quelques années avant le désastre de 70. Ezéchiel 23, 2 : Fils d'homme, deux femmes, filles
d'une même mère, étaient. Elles se sont prostituées en Égypte, dans leur jeunesse elles se sont prostituées là-bas... Ézéchiel
23, 9 : C'est pourquoi je l'ai donnée dans les mains de ses amants, les fils d'Assur... Eux ils ont dévoilé sa nudité, ses fils et
ses filles ils les ont pris, et elle, par l'épée ils l'ont frappée... 23, 19 : Elle a multiplié ses prostitutions pour se j souvenir des
jours de sa jeunesse, que, hébreu ascher, elle se prostituait au pays d'Égypte... 23, 22 : C'est pourquoi... voici que moi je vais
susciter tes amants contre toi... et je vais les faire venir contre toi de tous côtés... Et ils viendront contre toi... une coalition
de peuples, qehal ammim...
Jean prend la suite de la grande tradition des anciens prophètes hébreux. Il parle leur langue. Il utilise leurs symboles et
leurs analogies. Il est impossible que la prostituée d'Apocalypse 17 soit Rome, pour une raison simple : pour pouvoir être
infidèle à YHWH et mériter d'être traitée d'infidèle et de prostituée par les prophètes hébreux, il faut d'abord avoir été
l'épouse chérie de YHWH, ce qui n'a jamais dans le passé été le cas de la ville de Rome. Dans la grande tradition
prophétique hébraïque, le terme de prostituée s'applique à celle qui s'est séparée de YHWH son seigneur, qui a apostasie,
parce qu'elle s'est tournée vers les religions païennes. Rome, la ville de Rome n'était pas encore entrée dans l'économie de
l'alliance lorsque Jean écrit l'Apocalypse, et elle ne pouvait pas encore être l'infidèle. Seule une petite communauté
chrétienne, comme un germe, était en train de se développer dans la ville païenne. Celle que Jean appelle la prostituée, à la
suite des anciens prophètes Osée, Isaïe, Jérémie, Ézé-chiel, c'est sa propre ville, Jérusalem, qui va subir de nouveau et en
pire ce qu'elle a déjà subi lorsque Nabuchodonosor, 2 Rois 24 et 25, en 587 avant notre ère, l'a prise, détruite et dévastée.
Qui est assise sur des eaux nombreuses... Jérémie 51, 13 : Toi qui sièges sur des eaux nombreuses, al maim rabbim...
elle est venue ta fin...
213
17, 2 Ceux qui habitent la terre... Le verbe katoikeô construit avec l'accusatif. Katoikein traduit l'hébreu iaschab.
Genèse 13, 7 : Et le Cananéen et le Perizzien habitaient alors dans le pays, hébreu iôs-cheb ba-aretz, grec katôkoun tèn gèn,
même construction.
- 135 -
de pourpre et d'écarlate
et elle était recouverte avec de l'or
et avec de la pierre de grande valeur
et avec des pierres précieuses
et elle tient une coupe en or dans sa main
remplie avec les abominations
et les souillures de sa prostitution
216
17, 6 Saoule du sang des saints... Grec ek tou aimatos..., hébreu min Deutéronome 32, 42 : Je vais saouler mes flèches
de sang, hébreu mi-dam, grec aph aimatos... Jérémie 51, 7 : Une coupe d'or, Babel, dans la main de YHWH. Elle rend ivre
toute la terre. De son vin elles ont bu, les nations, c'est pourquoi elles sont devenues folles, les nations.
Si l'Apocalypse a été écrite tout à la fin du premier siècle de notre ère ou au commencement du second, comme le pense
la majorité des critiques, — alors Babel qui se saoule avec le sang des témoins de Ies-choua peut être Rome, — Allard,
Histoire des persécutions, Paris, 1911. Ces persécutions commencent en 64 ou 65 avec Néron. Si l'Apocalypse a été écrite
bien avant, comme le pense une minorité de critiques, alors Babel ne peut pas représenter ni signifier Rome. Babel
représente et signifie celle qui persécute à mort la jeune église, les jeunes églises, — Jérusalem, son pouvoir politique et
religieux, le roi et le haut sacerdoce, les deux cornes. La question est donc de savoir à quel moment, approximativement,
l'Apocalypse a été écrite. Après les horribles massacres de Néron ? Ou avant ? Lorsque Pierre écrit, première lettre 5, 13
finale : Elle vous salue (la communauté) qui est élue avec (vous), celle qui est à Babylone... Même question : Est-ce que
Babylone désigne Rome, comme le pense la majorité des critiques ? Ou bien Jérusalem, comme l'ont pensé un heureux petit
nombre dans le passé ? Au début de sa lettre, Pierre écrit aux élus de la diaspora du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de
l'Asie, de la Bithynie, — en somme aux frères et aux sœurs des communautés que Paul a fondées lors de son second
voyage, à partir de l'année 49. Il est très vraisemblable que ce qui est vrai pour l'Apocalypse est vrai aussi pour la lettre de
Pierre, le code était le même, et donc Babylone signifie la même chose dans les deux cas. Si Babylone désigne en réalité
Jérusalem, alors la lettre de Pierre a été écrite de Jérusalem, et non de Rome, après l'année 51, retour de Paul à Jérusalem.
Et j'ai été stupéfait... Habacuc, 1, 5 : Regardez... soyez stupéfaits et dans la stupeur, we-hittammehou temahou, grec kai
thaumasate thaumasia, car je vais agir une action, poalpoel, grec ergon egô erga-zomai, dans vos jours ; vous ne la croirez
pas si on vous la raconte. Car me voici qui suscite les Chaldéens...
- 137 -
gouverneurs-procurateurs envoyés par Rome, ou s'il pense plutôt aux roitelets éphémères soutenus par Rome depuis la mort
de Hérode dit le Grand.
Et il y a sept rois. Les cinq sont tombés, l'un d'entre eux est là, l'autre n'est pas encore venu, et lorsqu'il viendra, il va
rester peu de temps... A la mort d'Hérode dit le Grand, en 4 avant notre ère, l'empereur de Rome partage son royaume entre
ses trois fils dont aucun ne reçut le titre de roi (Abel, Géographie de la Palestine, II, 157).
1. La Judée, Pldumée et la Samarie sont attribuées à Archélaûs avec le titre d'ethnarque. Archélaûs est envoyé en exil à
Vienne sur le Rhône en 6 de notre ère.
2. La Galilée et la Pérée (grec peran tou Iordanou = hébreu eber ha-iarden = de l'autre côté du Jourdain) sont confiées à
Hérode Antipas entre 4 et 39. Il fonde la ville de Tibériade. En l'année 39 il est exilé à Lyon par l'empereur Caligula.
3. La Trachonitide, l'Auranitide, la Batanée... sont confiées à Philippe. Hérode Agrippa Ier, Marcus Julius Agrippa, était
le petit-fils d'Hérode dit le Grand. Il a été élevé à Rome. Il a été l'ami du futur empereur Caligula. C'est Caligula qui pose
sur sa tête le diadème royal, en 37. Il reçoit d'abord le territoire de Philippe puis en 39 celui d'Hérode Antipas. En 41
l'empereur Claude lui donne la Samarie et la Judée. Hérode Agrippa 1er est mort en 44. Son frère, qui s'appelait aussi Hérode
! avait obtenu une principauté, celle de Chalcis, avec le titre de roi et le rang prétorien. Agrippa II, élevé lui aussi à Rome,
n'a pas pu recevoir le royaume de son père à la mort de ce dernier, en 44, à cause de son jeune âge. En 50 Claude donne à
Agrippa II la principauté de Chalcis avec la dignité royale, puis il la reprend en 53 pour l'échanger contre la tétrarchie de
Philippe, la tétrarchie de Lysanias d'Abilène. En 55 Néron y ajoute Tibériade et Tarichées en Galilée. Agrippa a été ainsi roi
sous l'occupation romaine jusqu'aux alentours de l'année 85. Il a été appelé philokaisar et philorômaios et il a aidé l'armée
romaine lors de la grande guerre de 66-70. Il est exactement ce que nous, dans notre vocabulaire moderne, nous appelons un
« collaborateur ».
La question est de savoir si Jean regardait, considérait l'histoire romaine, ou bien cette histoire qui était celle de son
pays.
220
17, 12 Et les dix cornes que tu as vues, ce sont dix rois, qui n'ont pas reçu tout à fait la royauté, mais seulement le
pouvoir, l'autorité, la puissance, comme des rois, — comme s'ils étaient réellement des rois — ils l'ont reçue pour une heure,
avec l'être vivant, ou la bête. La question est de savoir comment il faut traduire le grec oupô dans ce verset. Faut-il traduire :
pas encore ? Dans ce cas on obtient : dix rois qui n'ont pas encore reçu la royauté, mais seulement la puissance, etc.
Lorsqu'on regarde comment les traducteurs en langue grecque se sont servis du mot grec oupô, on constate que le sens est
flottant, indécis. Oupô traduit purement et simplement la négation. La traduction : dix rois qui n'ont pas encore reçu la
royauté... implique contradiction. Il est possible qu'il faille traduire plus fermement encore : Et les dix cornes que tu as vues,
ce sont dix rois, qui en réalité n'ont pas reçu la royauté, mais qui reçoivent la puissance, le pouvoir, comme s'ils étaient des
rois, pour une seule heure, avec l'être vivant... Ce qui conviendrait assez bien aux gouverneurs romains envoyés en Judée,
mais aussi aux petits potentats éphémères envoyés, couronnés, puis exilés par Rome...
- 139 -
de faire sa volonté
et défaire une seule volonté
et de donner leur royaume
à l'être vivant-la bête
jusqu'à ce qu'elles soient accomplies
les paroles de dieu
le- et la traduction grecque commençant par tou... que nous avons déjà rencontrée, Apocalypse 12, 7 et Apocalypse 16, 19.
Néhémie 7, 5 : Et il a donné, mon Dieu, à/ou dans mon cœur, grec kai edôken ho theos eis tèn kardian mou...
De faire sa volonté, grec poièsai tèn gnômèn autou. Le grec gnômè traduit, dans les fragments araméens d'Esdras, le mot
hébreu et araméen thaam, qui signifie le goût, la perception, l'intelligence, l'entendement, puis la volonté, l'ordre, le
commandement, Esdras 4, 19 ; 4, 21 ; 5, 3 ; 5, 8 ; etc. 6, 1 ; 6, 3 ; 6, 8 ; etc. 7, 13 ; 7, 21 ; 7, 23. On peut donc aussi bien
traduire : exécuter son ordre, son commandement.
224
17, 18 Et la femme que tu as vue, c'est la grande ville à qui appartient la royauté sur les rois du pays ou de la terre...
Ézéchiel 16, 12 : J'ai mis une couronne de splendeur sur ta tête... Tu t'es parée avec de l'or et de l'argent. Ton vêtement, c'était
du lin, schesch... Tu es devenue belle de plus en plus et tu as accédé à la royauté...
- 141 -
Ceci s'est passé sans doute autour de l'année 66. Si aujourd'hui, au printemps de l'année 1984, un prophète appartenant à
l'une des multiples sectes ou églises qui ont pullulé en Allemagne sous le règne de Hitler, vient à Berlin annoncer que Berlin
va être détruite et brûlée dans le feu en mai 1945, personne ne l'écoutera. Il y aura un petit attroupement sur les trottoirs et
s'il insiste, le visionnaire sera vite enfermé dans un asile. S'il écrit une apocalypse pour annoncer que Berlin va être détruite
en mai 1945, et s'il ordonne à ses frères et à ses sœurs de la communauté à laquelle il appartient : Sortez du milieu d'elle,
mon peuple avant le désastre qui vient ! son texte ne sera pas reçu par la communauté, il ne sera pas admis, il ne sera pas
traduit, il ne sera pas recopié. Il annonce quarante ans trop tard un fait passé : c'est absurde et c'est dépourvu de tout intérêt
pour tout le monde, pour lui-même et pour les frères et sœurs de la communauté prophétique à laquelle il appartient. Si
l'Apocalypse de Jean a été écrite à la fin du Ier siècle de notre ère, ou au début du ne siècle, elle annonce avec trente ans de
retard ce qui s'est produit en l'année 70 et elle ordonne à la communauté chrétienne qui se trouvait à Jérusalem trente-cinq
ans plus tôt, de quitter la ville qui est détruite depuis trente ans : c'est absurde, c'est dépourvu de tout intérêt pour lui et pour
tout le monde. Si l'Apocalypse avait été écrite, composée et communiquée aux frères des communautés chrétiennes, à la fin
du Ier siècle ou au commencement du ne siècle, elle n'aurait pas été retenue, ni recopiée, ni traduite en grec ; elle n'aurait pas
été gardée par les communautés comme une perle précieuse qu'elle est. De fait, nous le savons par des documents anciens,
la communauté chrétienne de Jérusalem a quitté Jérusalem autour de l'année 66 et elle s'est enfuie avant le désastre, à cause
d'une apocalypse... L'Apocalypse demande à la communauté chrétienne de Jérusalem de sortir pendant qu'il est encore
temps, et elle est sortie. Il est donc très difficile de supposer que les pages que nous lisons ont été composées, écrites,
communiquées aux frères quarante ans après les événements, ou plus exactement l'hypothèse est absurde. D'ailleurs il suffit
de lire les commentaires savants qui adoptent comme hypothèse et même comme thèse une composition tardive : ils ne
savent plus quoi faire des prophéties que nous venons de lire, ni de l'ordre de quitter la grande Ville avant le désastre. Ils ne
savent plus à quoi cela peut bien s'appliquer. Ils cherchent dans l'avenir, dans les siècles ultérieurs, ce qui s'est produit en
l'année 66 et en l'année 70.
Sortez mon peuple du milieu d'elle... Matthieu 24, 15 : Lorsque donc vous verrez l'abomination horrifique (traduction
proposée par Jean de Menasce, Daniel 9, 27) dont il est parlé par la main de Daniel le prophète, dans le lieu saint (= le
Temple), celui qui lit, qu'il comprenne, alors ceux qui sont en Judée, qu'ils s'enfuient dans les montagnes, celui qui (est) sur
la terrasse, qu'il ne descende pas pour prendre ce qu'il y a dans sa maison, et celui qui est aux champs, qu'il ne retourne pas
pour aller prendre son manteau ! Hoï à celles qui seront enceintes et à celles qui allaiteront dans ces jours-là... Luc 21, 20 :
Lorsque vous la verrez entourée par des armées, Jérusalem, alors connaissez qu'elle est proche sa dévastation. Alors ceux
qui (sont) en Judée, qu'ils s'enfuient dans les montagnes, et ceux qui sont au milieu d'elle (de Jérusalem), qu'ils sortent, et
ceux qui sont dans les campagnes, qu'ils ne retournent pas pour entrer de nouveau en elle (dans Jérusalem). Car ce sont les
jours de la visite, peqoudah, Ézéchiel 9, 1, ces jours-là, pour — la construction que nous avons relevée plusieurs fois, le-,
traduction grecque commençant par tou suivi d'un infinitif — remplir tout ce qui a été écrit = pour accomplir toutes les
prophéties... Hoï à celles qui seront enceintes et celles qui allaiteront dans ces jours-là... Et ils tomberont à la gueule de
l'épée, stomati machairès, hébreu le-phi hereb, Josué 10, 28 ; 10, 30 ; 10, 32 ; 10, 35 ; etc. — et ils seront déportés dans
toutes les nations et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations païennes... Marc 13, 14 ; Marc 13, 18 : priez pour que
cela n'arrive pas en hiver... La catastrophe a été consommée en août et septembre 70.
228
18, 6 Rendez-lui en retour... Psaume 137, 8 : Fille de Babel toi qui seras dévastée, heureux ceux qui vont te rendre en
retour ce que tu nous as fait... Jérémie 50, 15 : Comme elle a fait, faites-le-lui...
- 143 -
et redoublez le double
conformément à ses actions
dans la coupe dans laquelle elle a versé
versez-lui le double
231
18, 13 Et des corps... Traduction incertaine. Genèse 34, 29 : Toutes leurs richesses, hébreu haïl, force, courage,
richesse, armée, grec kai panta ta sômata, et tous leurs petits enfants et leurs femmes, ils les ont capturés, et ils ont pillé...
Genèse 36, 6 : Et il a pris, Esaù, ses femmes et ses fils et ses filles et toutes les âmes de sa maison, we-et kôl naphschôt
beitô, grec kai panta ta sômata tou oikou autou... Le mot hébreu nephesch, âme, est traduit par le grec sôma, le corps !
Et des âmes d'hommes, Ézéchiel 27, 13 nephesch adam, grec en psuchais anthrôpôn.
232
18, 14 Et ta récolte des fruits de l'été... Grec opôra, hébreu qaitz, l'été, la partie la plus chaude de l'été, la récolte des
fruits de l'été.
Du désir de ton âme... Deutéronome 12, 20 : Dans tout le désir de ton âme, be-kôl awat naphescheka, grec en pasè
epithumia tes psuchès sou... Deutéronome 12, 21 ; Psaume 10, 3 ; Psaume 21, 3 ; Jérémie2, 24...
- 145 -
et tout marin
et tout homme qui navigue sur la mer
et les navigateurs
et tous ceux qui travaillent la mer
de loin ils se sont tenus
et des musiciens
et de ceux qui jouent de la flûte
et de ceux qui sonnent de la trompe
elle ne sera plus jamais entendue
au milieu de toi
et tout ouvrier
de tout métier
il ne s'en trouvera plus au milieu de toi
jamais
et la voix de la meule
elle ne sera plus entendue au milieu de toi
jamais
halelouiah
le salut et la gloire et la puissance
[sont] à notre dieu
halelouiah
et sa fumée montera
dans les durées éternelles
des durées éternelles
les anciens
les vingt-quatre
et les quatre êtres vivants
et ils se sont prosternés devant dieu
qui est assis sur le trône
et ils ont dit
amen halelouiah
halelouiah
parce qu'il est roi yhwh
notre dieu
[yhwh] des armées
245
19, 5 Louez notre Dieu... Jérémie 20, 13 : Chantez pour YHWH, louez YHWH, halelou et YHWH... Psaume 135, 1 :
Louez le nom de YHWH, louez, serviteurs de YHWH, vous qui vous tenez dans la maison de YHWH...
246
19, 7 Parce qu'il est venu le mariage de l'agneau... L'agneau c'est le Christ, c'est celui qui épouse, le hatan en hébreu,
numphos en grec, du Cantique des Cantiques. L'épouse, c'est la kallah, en grec numphè, c'est la vierge d'Israël, la bien-
aimée, la chérie, la communauté constituée par la nouvelle humanité sainte, l'Israël de Dieu. Paul, lettre aux Éphésiens 5, 32
: Ce secret ontologique et intelligible, en grec mustèrion, est grand, moi je dis par rapport à, pour le Christ et l'Église... La
création s'achève, se termine, par le mariage du Christ et de la nouvelle humanité sainte, et dans le Christ, c'est Dieu incréé
qui s'unit l'humanité nouvelle. Le but de la création, c'est l'union de l'homme créé à Dieu incréé.
Il est venu le mariage de l'agneau et sa femme s'est préparée... Nous observons de nouveau que si l'on s'en tient à une
pensée par images — si toutefois il est permis de parler d'une pensée par images — alors l'expression la femme de l'agneau
paraît saugrenue. Mais, nous l'avons noté précédemment, l'auteur de l'Apocalypse ne pense pas avec des images, il pense
avec des notions, avec des concepts théologiques qui ont une longue histoire. Ces concepts et cette histoire sont connus de
ceux à qui il s'adresse. Pour comprendre l'Apocalypse, il faut tout d'abord retrouver le sens de ces concepts théologiques, à
partir de leur ancienne histoire.
- 150 -
écris
et il m'a dit
et il m'a dit
On peut être certain de la vérité qui est en lui, hébreu neeman, grec pistos. Nombres 12, 7 : Non pas ainsi mon serviteur
Môscheh. Dans toute ma maison, il est tel que l'on peut être certain de lui, de sa vérité, neeman hou, grec pistos.
Deutéronome 7, 9 : Et tu connaîtras que YHWH ton Dieu, (c'est) lui (qui est) Dieu, le Dieu de la vérité de qui on peut être
certain, ha-el ha-neeman, grec theospistos. Il garde l'alliance et la grâce, la bienveillance, hesed, à ceux qui l'aiment...
Deutéronome 32, 4 ; 1 Samuel 2, 35 : Et je susciterai pour moi un kôhen, un sacrificateur, de la vérité duquel on peut être
certain, kôhen neeman, grec hierea piston, comme (je le conçois) dans mon cœur et dans mon âme il fera et je lui construirai
une maison de la vérité de laquelle on puisse être certain, beit neeman, grec oikon piston... 1 Samuel 3, 20 : Et il a connu,
tout Israël, depuis Dan jusqu'au Puits du Serment, qu'il a été certifié véritable et authentique, Samuel, ki neeman, grec
hotipistos, comme prophète pour YHWH... 1 Samuel 22, 14 ; 25, 28 ; 1 Rois 11, 38 ; Psaume 19, 7 : L'attestation de YHWH
est certainement vraie, edout YHWH neemanah, grec hè marturia kurioupisté, etc.
251
19, 12 II y a un nom... Jean 19, 38 : Et après cela, il a demandé à Pilate, Joseph qui venait de Ramathaïm, disciple de
Ieschoua en secret, par peur des Judéens, le corps de Ieschoua. Et il l'a accordé, Pilate. Il est donc venu et il a pris son corps.
Est venu aussi Naq-dimôn, celui qui était venu le voir la nuit au début... Ils ont pris le corps de Ieschoua et ils l'ont serré
dans un sadin, tunique de lin ou toile de lin... Jean 20, 4 : L'autre disciple est passé devant parce qu'il courait plus vite que
Pierre et il est arrivé le premier au tombeau. Il s'est penché et il a vu le sadin étendu, couché, mais cependant il n'est pas
entré... Arrive Schiméon Pierre qui le suivait et il est entré dans le tombeau. Et il a regardé le sadin qui était couché... Il est
très vraisemblable, pour ne pas dire — par excès de prudence — certain, que les disciples ont recueilli le sadin et le
soudarion qui était enroulé autour de sa tête. Il est très vraisemblable aussi qu'ils l'ont examiné attentive-1 ment. Sur la
grande toile de lin que l'on appelle le Suaire de Turin, il existe des caractères hébreux que l'on discerne très nettement
lorsqu'on examine par transparence la pellicule, le négatif, de la photographie. Sur l'arcade sourcilière gauche, dans l'une des
deux positions possibles, on voit très nettement les caractères hébreux, de droite à gauche : iod, schin, ain, c'est-à-dire le
nom propre de Ies-choua tel qu'il est écrit et orthographié par Schiméon bar ou ben Kocheba dans le billet autographe qu'il a
bien voulu nous laisser en souvenir et qui a été retrouvé, avec d'autres, il y a quelques années. Si l'on retourne la pellicule,
on aperçoit les mêmes caractères dans l'autre sens, sur l'arcade sourcilière droite. Si les disciples ont vu et lu le nom de
leschoua sur le sadin, il est possible qu'il y ait ici une allusion discrète à ce fait qui devait être gardé secret à l'intérieur de la
communauté. Bien entendu le sadin dans lequel le Seigneur avait été enveloppé à la descente de la croix était trempé de
sang.
252
19, 13 Revêtu d'un manteau trempé de sang... Certains manuscrits donnent bebammenon, du verbe baptô, plonger
dans, qui traduit l'hébreu thabal. Exode 12, 22 : Et vous prendrez un bouquet d'hysope et vous le plongerez dans le sang...
Lévitique 4, 6 : Le prêtre trempera son doigt dans le sang... 4, 17 ; 9, 9... D'autres manuscrits donnent errantismenon, du
verbe rantizô, asperger, 2 Rois 9, 33 : Et a giclé, de son sang, sur le mur, waiiz, du verbe nazah, gicler, mi-damah el ha-qir...
Comment comprendre ces variantes dans les manuscrits grecs ? Faut-il supposer plusieurs traductions en grec de
l'Apocalypse dont ces variantes sont les vestiges ? Isaïe 63, 2 : Pourquoi du rouge sur ton vêtement ? Et pourquoi tes habits
sont-ils comme ceux de l'homme qui foule au pressoir ? Au pressoir j'ai foulé tout seul et de mon peuple il n'y avait
personne avec moi. Et je les ai foulés dans ma colère et je les ai piétines dans ma fureur et il a giclé, le verbe nazah, leur jus
sur mes habits et tous mes vêtements, je les ai tâchés...
Il est possible, il est même vraisemblable, que le texte Apocalypse 19, 13 fasse allusion implicitement à plusieurs choses
- 152 -
taché de sang
et il est appelé son nom
la parole de dieu
à la fois, à plusieurs textes bien connus des destinataires de l'Apocalypse, qui connaissaient leur Bibliothèque hébraïque. Il
pouvait aussi y avoir dans le texte hébreu le verbe adam, être rouge, Lamentations 4, 7 ; être teint en rouge, Exode 25, 5 ;
26, 14 ; etc. Dans ce cas-là nous aurions en hébreu meadam ba-dam, Delitzsch, Zalkinson.
Et il est appelé, son nom, la parole de Dieu... Jean 1,1: Au commencement était la parole — ou l'acte de parler, ou l'acte
de dire — et la parole était à Dieu... 1, 14 : Et la parole a été un être de chair, et il a campé au milieu de nous, et nous avons
vu sa gloire, la gloire d'un fils unique et chéri qui vient du père = de Dieu... leschoua est la propre parole de Dieu,
l'expression de la pensée créatrice de Dieu, visible, humanisée. Il y a évidemment ici allusion au début de l'Évangile de
Jean. La question qui reste ouverte est celle de savoir si le Jean qui est l'auteur du document hébreu traduit en grec que nous
appelons le quatrième Évangile, et le Jean de Patmos, sont un seul et même Jean, ou non. Un manuscrit qui se trouve à la
Bibliothèque nationale de Paris, grec 106, comporte la mention suivante, folio 193 : « L'Évangile selon Jean a été prêché par
lui-même, dans l'île de Patmos, trente ans après l'ascension de Jésus Christ » — ce qui nous reporte aux alentours de l'année
60.
253
19, 14 Et ses armées celles qui sont dans le ciel le suivent... revêtus (sic) de lin... En grec les armées, ta strateumata,
c'est un neutre pluriel. Endedumenoi participe pluriel masculin. Strateuma traduit l'hébreu tzaba, pluriel tzebaôt, qui est un
masculin. Le traducteur de l'Apocalypse a accordé le participe grec endedumenoi au genre du mot hébreu qui se trouve sous
ta strateumata.
Le lin blanc et rituellement pur, c'est l'habit des kôhanim. Les armées du Christ, c'est le peuple de prêtres qu'il s'est
constitué.
254
19, 15 Et de sa bouche sort une épée aiguisée... Lettre aux Hébreux, auteur non déterminé, 4, 12 : Elle est vivante la
parole de Dieu et efficace et plus coupante que toute épée à deux gueules, grec distomos, hébreu scheneipheiôt, Juges 3, 16 ;
hereb pipiiot, Psaume 149, 6, — et pénétrante jusqu'à la distinction de l'âme et de l'esprit... Elle juge les désirs et les pensées
des cœurs et il n'existe aucun être créé qui soit invisible devant sa face, tout est nu... à ses yeux... Isaïe 49, 1 : YHWH depuis
le ventre (de ma mère) m'a appelé et depuis les entrailles de ma mère il a fait mémoire, hizekir, non traduit en grec, de mon
nom et il a disposé ma bouche comme une épée tranchante, dans l'ombre de sa main il m'a mis à couvert... Il m'a dit : Mon
serviteur (tu es) toi, Israël...
Pour frapper avec elle... Traduction littérale et exacte : en elle, hébreu be...
Et c'est lui qui va les faire paître... Psaume 2, 6 : Et c'est moi qui ai sacré mon roi sur Sion ma montagne sainte !... Il m'a
dit : Mon fils (tu es) toi ! Moi aujourd'hui je t'ai engendré ! Demande-moi et je te donnerai des nations pour ton héritage et
pour ta propriété les extrémités de la terre ! Tu les feras paître (comme le berger) dans = par un sceptre de fer...
- 153 -
venez rassemblez-vous
pour le grand festin de dieu
255
19, 17 Et il a crié d'une grande voix... Traduction littérale et exacte : dans une voix grande, hébreu be-qôl gadôl.
Ézéchiel 39, 17 : Et toi fils d'homme, ainsi a parlé le seigneur YHWH : Dis à l'oiseau de toute aile et à toute bête sauvage du
champ : Rassemblez-vous et venez et réunissez-vous de tous les alentours pour le sacrifice que moi je vais sacrifier pour vous,
un sacrifice grand sur les montagnes d'Israël ! Et vous allez manger de la chair et boire du sang ! La chair des héros, vous
allez la manger et le sang des princes de la terre vous allez boire !... Vous allez vous rassasier à ma table, du cheval, sous, au
singulier collectif, et du char de guerre, rekeb, singulier collectif, du héros, gibbôr, singulier collectif, et tout homme de
guerre...
256
19, 20 Vivants ils ont été jetés les deux dans l'étang du feu qui brûle dans le soufre... Pur, le feu, en grec est au neutre
; tes kaio-menès, au féminin ; esch, le feu, en hébreu, est au féminin. Le traducteur a accordé le grec tes kaiomenès, avec le
genre du mot hébreu. Isaïe 30, 33 : Car il est préparé, depuis hier, Tophet (l'endroit où s'accomplissaient les sacrifices
humains, 2 Rois 23, 10)... Du feu et du bois en abondance. Le souffle de YHWH comme un torrent de soufre brûle là-
dedans...
En theiô, dans le soufre, signifie probablement par le soufre, hébreu be-gapherit.
- 154 -
257
19, 21 Et le reste a été tué par l'épée... Traduction littérale et exacte : dans l'épée, hébreu ba-hereb.
- 155 -
sur ceux-là
la deuxième mort n'a pas de pouvoir
mais ils seront les prêtres de dieu
et de celui qui a reçu l'onction
et ils régneront avec lui
pendant les mille années
263
20, 9 Ils encercleront le camp des saints et la ville chérie... Luc 21, 20 : Lorsque vous verrez encerclée par les armées,
Jérusalem, alors connaissez qu'elle est proche sa dévastation. Alors que ceux qui sont en Judée s'enfuient dans les
montagnes...
264
20, 11 Loin de sa face, elle a fui la terre et les cieux... Incorrect en français comme en grec, construction hébraïque,
verbe au singulier, plusieurs sujets ; ascher mi-panaiô... que de devant sa face...
Et un lieu, grec topos, hébreu maqôm.
265
20, 12 Et un autre rouleau de livre a été ouvert, c'est celui de la vie... Exode 32, 32 : Et maintenant, si tu pardonnes
leur faute... Et sinon, efface-moi donc de ton rouleau de livre que tu as écrit, hébreu sepher, grec biblos. Et il a dit YHWH à
Môscheh : qui (est) celui qui a commis une faute contre moi, je l'effacerai de mon rouleau... Psaume 69, 29 : Qu'ils soient
effacés du livre de vie, mi sepher haiim.
Et ils ont été jugés, les morts... On remarque toujours que Jean utilise un temps passé pour signifier ou désigner ce qui va
se produire dans l'avenir. Il voit dans le passé, ou comme si c'était dans le passé, ce qui sera dans l'avenir. Il voit déjà réalisé
ce qui va se réaliser dans l'avenir. C'est la conjugaison hébraïque, qui utilise la forme dite de l'accompli ou du parfait pour
désigner ou signifier une réalité future. Isaïe9, 1 : Le peuple qui marchaient (sic) dans la ténèbre, = le peuple de ceux qui
marchaient dans la ténèbre, ils ont vu une grande lumière = ils verront une grande lumière... Nombres 24, 17 : Je le vois
mais ce n('est) pas pour maintenant, je le contemple, mais ce n('est) pas près : un astre est sorti de Jacob et il s'est levé, un
sceptre, d'Israël... Ce qui est vu par le prophète est vu réalisé. Ce qui est réalisé est déjà du passé, pour celui qui le voit
réalisé. C'est pourquoi les prophètes hébreux — dont Iohanan l'auteur de l'Apocalypse — utilisent le verbe hébreu au parfait
pour signifier l'avenir.
- 158 -
266
20, 13 Et le scheôl... Grec hadès qui traduit l'hébreu scheôl, Genèse 37, 35 ; 42, 38 ; 44, 29 ; 44, 31 ; Nombres 16, 30
; etc.
267
20, 14 Et la mort et le scheôl ont été jetés dans l'étang du feu... Première lettre de Paul à la communauté de Corinthe,
écrite peut-être autour de l'année 55, 15, 26 : Le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la mort... 15,51 : Voici que je vous dis
un secret : tous, nous ne nous coucherons pas (dans le tombeau) mais tous nous serons transformés... 15, 54, citation de Isaïe
25, 8 : Il engloutira la mort pour toujours et il essuiera, le seigneur YHWH, la larme de tous les visages...
- 159 -
et il a dit
écris
c'est fait
viens
je vais te montrer la jeune mariée
la femme de l'agneau
Et (elle sera) solide et certaine, neeman, ta maison, et ta royauté, dans la durée éternelle à venir, ad ôlam, devant ta face...
Le traducteur de l'Apocalypse a refait sa propre traduction de la phrase qu'il cite.
275
21, 9 L'un des sept messagers qui tiennent dans leurs mains les sept vases, qui sont remplis... Les sept vases, grec tas
heptaphialas, à l'accusatif pluriel ; qui sont remplis, participe grec ton gemontôn, au génitif pluriel, accordé, selon les
apparences, avec tas hepta phialas. « Singulier défaut d'accord, note le bon P. Allô, causé sans doute par le voisinage
d'aggelôn ; il dénote une telle précipitation, qu'on dirait que l'auteur ne s'est même pas relu ! »
Ceux qui viennent après... Grec ton eschatôn, hébreu ha-aha-rônôt... Exode 4, 8 : Et il adviendra que, s'ils ne sont pas
certains de la vérité de ce que tu leur dis et s'ils n'écoutent pas la voix du signe qui est le premier, ha-rischôn, alors ils seront
certains de la vérité de la voix du signe qui viendra après, ha-ôt ha-aharôn, grec tou sèmeiou tou eschatou...
La jeune mariée, grec numphè, hébreu kallah, Cantique des Cantiques 4, 8 ; 4, 9 ; 4, 10 ; 4, 1 1 ; 4, 12 ; Jérémie 7, 34 ;
16, 9 ; 25, 10 ; 33, 11. Paul, lettre aux Éphésiens 5, 31 : C'est pourquoi il abandonnera, chaque homme, son père et sa mère
et il s'attachera à sa femme et ils seront (le lamed hébreu qui indique l'orientation, la direction, traduit en grec par eis) une
chair unique (= Genèse 2, 24). Ce secret ontologique est grand, moi je dis par rapport à, grec eis, celui qui a reçu l'onction,
le meschiah de YHWH, et par rapport à, grec eis, la communauté, tèn ekklèsian... Jean 3, 29 : Celui à qui (appartient) la
jeune mariée, grec numphè, hébreu kallah, c'est lui le jeune marié, grec numphios, hébreu hatan. L'ami du hatan, celui qui
se tient debout et qui l'entend (venir), il se réjouit de joie à cause de la voix du hatan... Matthieu 9, 14 : Alors se sont
avancés vers lui des disciples de Iohanan (celui qui plongeait les repentants dans le Jourdain) et ils lui ont dit : Pourquoi est-
ce que nous et les perouschim nous faisons beaucoup de jeûnes, tandis que tes disciples ne jeûnent pas ? Et il leur a dit
Ieschoua : Ils ne peuvent pas, les fils de la tente des jeunes mariés, jeûner, tant qu'il est avec eux le hatan ; viendront des
jours où il leur sera arraché, le hatan, et alors ils jeûneront... Jean qui plongeait les repentants dans les eaux du Jourdain, le
Seigneur lui-même, Paul, Jean l'auteur de l'Apocalypse, parlent tous ce langage qui est issu de Schir ha-schirim, le Chant
des Chants. Ils se comprennent, ils se répondent dans ce langage codé : le hatan, c'est celui qui épouse la vierge d'Israël,
c'est lui le chéri, le fils de David, celui qui a reçu l'onction sacerdotale, royale et prophétique.
276
21, 10 Et il m'a conduit dans l'esprit sur une montagne grande et élevée... Ézéchiel 40, 1 : Dans la vingt-cinquième
- 162 -
année de notre déportation... dans la quatorzième année après qu'elle ait été frappée, la Ville (= Jérusalem, nous sommes
donc en 572-571 avant notre ère, 25 ans après la première déportation, celle de 597, et 14 ans après la chute et la destruction
de Jérusalem, 586)... elle a été sur moi la main de YHWH et il m'a conduit là-bas. Dans des visions de Dieu il m'a conduit
au pays d'Israël et il m'a posé sur une montagne élevée énormément et sur elle (il y avait) comme la construction d'une
ville...
277
21, 11 A elle la gloire de Dieu... Isaïe 60, 1 : Lève-toi, illumine, car elle est venue ta lumière et la gloire de YHWH
sur toi resplendit ! Car voici que la ténèbre a recouvert la terre, et un brouillard les peuples, mais sur toi resplendit YHWH
et sa gloire sur toi se fait voir ! Et elles viendront, les nations païennes, à ta lumière et des rois à la clarté de ton aurore...
Celui qui lui donne la lumière... Grec phôsîèr, hébreu maôr, qui vient du verbe ôr, hiphil heïr, illuminer, communiquer
la lumière, éclairer ; ôr la lumière. Genèse 1, 14 : Et il a dit, Dieu : soient des luminaires dans l'étendue des cieux pour
séparer entre le jour et entre la nuit... Et il a fait, Dieu, les deux luminaires, les grands, le grand luminaire pour gouverner le
jour, et le petit luminaire pour gouverner la nuit, et les étoiles...
278
21, 12 A elle — elle a — une grande muraille... Cantique des Cantiques 8, 10 : Moi (je suis) une muraille et mes
seins (sont) comme des tours, alors je suis à ses yeux comme celle qui a trouvé la paix, schalôm... Jeu de mots sur Salomon
et Jérusalem.
Douze portes... Ézéchiel 48, 30 : Et voici les sorties de la Ville... Et les portes de la Ville sur les noms des tribus d'Israël,
trois portes au - nord, la porte de Ruben, une, la porte de Juda, une, la porte de Lévi, une... Et le nom de la Ville... (sera) :
YHWH-(est)-là...
279
21, 14 Et à la muraille de la ville sont douze fondements... Paul, lettre aux Éphésiens 2, 19 : Et par conséquent vous
n'êtes plus étrangers, mais vous êtes concitoyens des saints et vous faites partie de la maison de Dieu, car vous avez été
construits sur le fondement, sur la fondation, des envoyés, epi tô themeliô ton apostolôn, et des prophètes. La pierre d'angle
de la construction, c'est le Christ Jésus en qui toute la construction est cohérente et grandit, elle croît jusqu'à devenir un
temple saint, eis naon hagion, dans le Seigneur, dans lequel vous aussi vous avez été construits avec les autres frères, pour
devenir l'habitation de Dieu, dans l'esprit... 1 Corinthiens 3, 10 : Conformément à la grâce de Dieu qui m'a été donnée,
comme un sage architecte j'ai posé les fondations, themelion, et un autre construira dessus. Mais que chacun considère
comment il va construire dessus. Car une autre fondation, personne ne peut en poser une, en dehors de celle qui a été posée,
qui est Ieschouale Christ...
Et sur ces fondations, les douze noms des douze envoyés de l'agneau... Les douze envoyés, Matthieu 10, 1 : Et il a
appelé ses douze disciples et il leur a donné le pouvoir sur les esprits impurs, en sorte de pouvoir les chasser, et de pouvoir
guérir toute maladie et toute infirmité. Des douze envoyés, ton dôdeka apostolôn, voici les noms... Il est raisonnable de
- 163 -
douze fondements
et sur eux
les douze noms
des douze envoyés de l'agneau
supposer que, si Jean parle ainsi des douze envoyés, c'est qu'il ne fait pas lui-même partie du groupe des douze. On peut être
disciple du Seigneur, sans faire partie des douze. On peut être envoyé du Seigneur sans faire partie des douze. On peut être
disciple sans être envoyé en mission à l'étranger. Par exemple Jacques le frère du Seigneur était disciple mais il est resté sur
place, à Jérusalem ; il n'est pas parti en mission, à notre connaissance du moins. Il est donc disciple sans être apostolos.
La Ville est bien entendu la nouvelle Jérusalem qui est l'Église. Première lettre de Pierre, date non déterminée, 2, 5 : Et
vous vous êtes comme des pierres vivantes, vous êtes en régime de construction (pour constituer) une maison spirituelle, et
devenir un sanctuaire saint...
280
21, 15 Et celui qui parlait avec moi, il y avait dans sa main... Ézéchiel 40, 1 : Dans la vingt-cinquième année de notre
déportation... dans la quatorzième année après qu'elle a été frappée, la Ville, ... elle a été sur moi, la main de YHWH, et il
m'a emmené là-bas. Dans des visions de Dieu il m'a conduit au pays d'Israël et il m'a déposé sur une montagne très élevée,
et sur elle (il y avait) comme les constructions d'une ville, du côté du midi. Il m'a emmené là-bas et voici quelqu'un, son
apparence comme l'apparence de l'airain, et un cordeau de lin dans sa main, et une canne pour mesurer. Et lui, il se tenait
debout à la porte...
Pour mesurer la ville... Ézéchiel 48, 16.
281
21, 16 Et la ville est fondée (comme) un carré... Exode 27, 1 : Et tu feras l'autel des sacrifices en bois d'acacia : cinq
coudées de longueur et cinq coudées de largeur. Carré il sera l'autel, hébreu raboua, grec tetragôn... 28, 15 : Tu feras aussi
le pectoral du jugement... en or, en pourpre violette et en pourpre rouge... Il sera carré, raboua, grec tetragônon... 30, 1 : Et
tu feras l'autel de fumigation d'encens... Il sera carré, raboua, grec tetragônon... 39, 8 : Et il a fait le pectoral... en or, en
pourpre violette et en pourpre rouge... et en lin fin... Il était carré, raboua, grec tetragônon... Ézéchiel 41, 21 ; 43, 16 ; 45, 1
;45, 2 ;48, 20.
Dans une mesure de douze mille stades, grec epi, hébreu be, Exode 26, 2, ba-ammah = à la coudée ; Deutéronome 3, 11
: be-ammat isch, mesuré dans une coudée d'homme, grec en pèchei andros.
Les douze mille stades qui mesurent chaque côté de la ville sont à mettre en relation avec les douze mille de Apocalypse
7, 5 qui ont été marqués du sceau de Dieu, pris dans la tribu de Juda ; les douze mille pris dans la tribu de Ruben, etc.
puisque en réalité cette Ville que Jean voit descendre des cieux et venant de Dieu, c'est la nouvelle Jérusalem, c'est-à-dire
l'Église qui est constituée de pierres vivantes qui sont des hommes et des femmes, première lettre de Pierre 2, 5. De même le
nombre qui mesure la muraille, 144 coudées, est sans doute à mettre en relation avec les 144 000 de Apocalypse 7, 4.
D'ailleurs lorsque Jean nous dit : mesure d'homme, il nous met sur la voie : il s'agit d'une cité faite avec des hommes et avec
des femmes, et non avec des pierres. Le sens est donc simple et clair : la vieille Jérusalem faite de pierres va être détruite par
une coalition de nations — la bête — mais la nouvelle Jérusalem qui est construite avec des pierres vivantes, qui sont des
hommes et des femmes, descend d'auprès de Dieu. L'ancien Temple de pierres va être détruit, mais le Seigneur va construire
un nouveau Temple qui n'est pas fait de pierres, le nouveau Temple qui est l'Église elle-même. C'est la pensée de Stephanos,
Actes 7, 47, et du Seigneur lui-même, Jean 2, 21 : Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai...
- 164 -
282
21, 18 Et le revêtement de sa muraille... Nous conjecturons un mot grec formé à partir de enduma, le vêtement, le
verbe enduô, vêtir, revêtir, endumèsis à la place de endômèsis.
Du jaspe... Exode 28, 18, sur la deuxième rangée des pierres précieuses qui décorent le pectoral du jugement ; 39, 11,
deuxième rangée des pierres qui décorent le pectoral du jugement ; Isaïe 54, 12 : je vais te fonder sur des saphirs et je ferai
tes créneaux en iaspis, traduction grecque de l'hébreu kadkôd ici ; tes portes en pierres de cristal et tout ton pourtour en
pierres précieuses et tous tes fils seront instruits par YHWH... Ézéchiel 28, 13 : Dans Veden jardin de Dieu tu étais, toute
pierre précieuse ton revêtement, traduction grecque endedesai, ce qui confirme notre conjecture ; suivent les pierres
énumérées dans la traduction grecque : sardion, topazion, smaragdon, anthraka, sapheiron, iaspis...
283
21, 19 La première fondation, c'est de la pierre de jaspe... Exode 28, 15 : Tu feras le pectoral du jugement... en or, en
pourpre violette, et en pourpre rouge... en lin fin... Il sera carré... Tu le recouvriras d'une couverture de pierres, quatre
rangées de pierres... Dans ces quatre rangées de pierres on retrouve la plupart des pierres énumérées par notre texte de
l'Apocalypse, en tenant compte bien entendu des variations inévitables qui tiennent aux traductions des mots hébreux en
grec, et des difficultés qu'il y a à identifier ces pierres précieuses. — Saphir, Exode 24, 10 ; 28, 18 ; 39, 11 ; Isaïe 54, 11 ;
Ezéchiel 1, 26 ; 10, 1 ; 28, 13. — L'émeraude, grec smaragdos, Exode 28, 9 ; 28, 17 ; 39, 6 ; 39, 10 ; Ézéchiel 28, 13. —
Sardoine, grec sar-donux ou sardion, Exode 28, 17 ; 39, 10. — Chrysolithe, hébreu tars-chisch, Exode 28, 20 ; 39, 13 ;
Ézéchiel 28, 13. — Béryl, grec bèrullos ou bèrullion, Exode 28, 20 ; 39, 13 ; Ézéchiel 28, 13. — Topaze, Exode 28, 17 ; 39,
10 ; Ézéchiel 28, 13. — Hyacinthe, Exode 25, 4 ; 26, 1 ; 26, 31 ; 26, 36 ; 27, 16 ; 28, 5 ; 28, 8 ; 28, 15 ; 28, 33 ; 28, 37 ; 31,
4 ; 35, 6 ; 35, 23 ; 35, 25 ; 39, 2 ; etc. Ézéchiel 16, 10 ; 27, 7 ; 27, 24. — Améthyste, Exode 28, 19 ; 39, 12.
Ce n'est évidemment pas un hasard, dépourvu de signification, comme tous les hasards, si la plupart des pierres dont
nous lisons ici les noms en traduction grecque approximative se trouvaient déjà dans le livre de l'Exode et le rouleau
d'Ézéchiel, dans le livre de l'Exode à propos de l'un des revêtements du grand prêtre.
- 165 -
284
21, 22 Et un temple, grec naos, hébreu heikal.
285
21, 23 Et la ville n'a pas besoin du soleil ni de la lune... Isaïe 60, 19 : Il ne sera plus pour toi encore, le soleil, lumière
durant le jour, le-ôr-iômam, et pour t'éclairer la lune n'illuminera plus pour toi, mais il sera pour toi, YHWH, lumière
éternelle, le-ôr ôlam, ton Dieu (sera) ta splendeur, le-tiphearetek... C'est YHWH qui sera pour toi lumière éternelle, le-ôr
ôlam...
Et son flambeau (c'est) l'agneau... L'absence du verbe être ici, anormale en grec, est tout à fait naturelle et constante en
hébreu.
286
21, 24 Et elles marcheront les nations païennes à, ou vers, sa lumière... Isaïe 60, 1 : Lève-toi, illumine, car elle est
venue ta lumière et la gloire de YHWH sur toi resplendit ! Car voici que la ténèbre a recouvert la terre et un brouillard les
peuples mais sur toi resplendit YHWH et sa gloire sur toi se fait voir ! Et elles viendront, des nations païennes, à ta lumière
— ou vers ta lumière —, le ôrek, et des rois à — ou vers — l'éclat de ta splendeur ! Dans notre texte de l'Apocalypse, le
lamed hébreu a été traduit par le dia grec. Si l'on traduit le texte grec sans s'efforcer de retrouver le texte hébreu qui est
dessous, on traduira donc : à travers sa lumière...
287
21, 25 Et ses portes ne seront pas fermées durant le jour... Isaïe 60, 11 : Et elles seront ouvertes, tes portes,
continuellement, ni le jour ni la nuit elles ne seront fermées, pour qu'on apporte vers toi la richesse des nations... Il est
permis de supposer qu'ici notre traducteur a omis un membre de phrase, ou bien qu'un membre de phrase s'est perdu lors des
premières copies du texte grec. Le texte d'Isaïe qui est cité de mémoire est parfaitement cohérent. Le texte grec de
Apocalypse 21, 25 ne va pas. On peut conjecturer qu'il manque quelques mots : Et ses portes ne seront pas fermées le jour
ni la nuit, car il n'y aura plus de nuit. Un copiste est peut-être passé par-dessus la première nuit.
288
21, 26 Et ils apporteront la richesse... Isaïe 60, 5 : Car elle se dirigera vers toi l'abondance de la mer, la richesse des
nations viendra à toi...
- 166 -
289
21, 27 Et n'entrera plus en elle tout homme impur... Construction hébraïque ; l'hébreu n'a pas notre mot aucun. Tout
homme impur, hébreu kôl-thamé, a été traduit ici par le neutre pan koinon, mais le verbe qui suit : celui qui fait... prouve
bien que le sujet est un homme et non pas une chose. Isaïe 52, 1 : Réveille-toi, réveille-toi, revêts-toi de ta force, Sion !
Revêts les habits de ta splendeur, Jérusalem ville sainte ! Car ils ne continueront pas de venir en toi encore, l'incirconcis et
l'impur, grec aperitmètos kai akathartos... Le verbe hébreu thamé signifie : être impur, Lévitique 15, 32 ; etc. C'est un terme
technique des législations du Lévitique. Il a été traduit en grec par miainein, Lévitique 5, 3 ; etc. L'adjectif thamé a été
traduit par akathartos, impur, Lévitique 5, 2 ; etc. Thoumeah, l'impureté au sens du Lévitique, traduction grecque
akatharsia, Lévitique 5, 3 ; etc. Koinos en grec naturel signifie : ce qui est commun à plusieurs personnes ; to koinon, l'État ;
ta koina, les affaires publiques ; hè koinè ennoia, le sens commun ; koina onomata, noms communs ; koinos topos, lieu
commun... Dans le lexique des traducteurs des livres de la nouvelle alliance (Nouveau Testament...) koinos sert à traduire
l'hébreu thamé, et le verbe koinoô traduit le verbe hébreu thamé, Matthieu 15, 11 ; Marc 7, 15. Actes 10, 14 : Je n'ai jamais
mangé tout ce qui est impur, pan koinon kai akatharton, les deux adjectifs grecs koinos et akathartos pour traduire l'unique
mot hébreu thamé. Actes 10, 28 : Vous, vous savez combien il est interdit à un homme judéen de fréquenter un Philistin
(allophulos traduit l'hébreu peleschet, Juges 3, 3 ; etc.). Et à moi, Dieu m'a montré à ne pas appeler impur, koinon è
akatharton, aucun homme...
- 167 -
ces paroles
sont certitude et vérité
et yhwh le dieu des esprits des prophètes
a envoyé son messager
[pour] montrer à ses serviteurs
ce qui va arriver prochainement
294
22, 5 Et ils n'auront plus besoin de la lumière de la lampe, ni de la lumière du soleil... Sans l'article dans le texte grec,
qui suit à la lettre le texte hébreu, qui ne comporte pas d'article devant lumière parce qu'il est en composition avec le terme
suivant : de la lampe, du soleil.
Parce que YHWH, grec kurios sans article... C'est lui qui les illuminera, grec phôtiseiep'autous, hébreu lahem ou
aleihem.
295
22, 6 «Je qui va arriver prochainement... Depuis le début de son livre, l'auteur de l'Apocalypse nous dit que sa
prophétie s'applique à des événements prochains. Si donc l'Apocalypse a été écrite sous le règne de l'empereur Domitien, au
cours des deux dernières années de son règne —, Domitien a régné entre 81 et 96 — comme le pense aujourd'hui, printemps
de l'année 1984, la majorité des critiques, alors il fallait s'attendre à la chute et à la destruction de la ville de Rome dans les
années qui suivent immédiatement la fin du règne de Domitien. Or cela ne s'est pas produit, à notre connaissance du moins.
Si l'Apocalypse à été écrite et diffusée dans les dernières années du règne de Domitien, et si Rome est la ville visée par les
chapitres qui annoncent la destruction de la grande Prostituée, alors les chrétiens du début du IIe siècle ont bien dû
s'apercevoir que les prophéties annoncées par l'Apocalypse ne s'accomplissaient pas immédiatement, comme Jean l'avait
annoncé à plusieurs reprises. On devrait, dans ce cas, trouver l'expression de leur étonnement, de leur déception, en présence
d'une prophétie qui ne s'est pas accomplie ou réalisée. Si par contre l'Apocalypse a été composée et diffusée peu de temps
avant la prise de Jérusalem, et si Jérusalem est la ville dont la destruction catastrophique et brutale est annoncée, alors
l'Apocalypse est une prophétie qui a annoncé, peu de temps à l'avance, ce qui de fait est arrivé, et il n'y a pas lieu de
s'étonner qu'il n'y ait pas trace de déception ni d'étonnement chez les chrétiens du début du IIe siècle.
296
22, 8 C'est moi Iohanan qui ai entendu... Les anciens traducteurs de l'hébreu en grec remplaçaient volontiers un verbe
à l'indicatif en hébreu par un verbe grec au participe. C'est le cas ici. Nous restaurons la construction hébraïque.
- 169 -
297
22, 14 Et que par les portes... Jean 10, 1 : Amèn amèn je vous le dis, celui qui n'entre pas par la porte dans la cour du
troupeau mais qui escalade par ailleurs, celui-là est un voleur et un malfaiteur. Mais celui qui passe par la porte, c'est le
berger du troupeau...
- 170 -
viens
viens
298
22, 16 est moi qui suis la racine et la semence de David... Isaïe 11,1: Est sorti un bourgeon de la souche d'Ischaï, et un
rameau issu de ses racines va porter fruit. Et reposera sur lui l'esprit de YHWH, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de
conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de YHWH... Le grec genos traduit l'hébreu zera, la semence,
Lévitique21, 17 ; Jérémie31, 36 ; 31, 37 ; 36, 31 ;41, 1.
L'étoile lumineuse... Nombres 24, 15 : Oracle de Balaam... Je le vois, mais ce n'est pas maintenant, je le considère, mais
il n'est pas près : est sortie, une étoile de Jacob et s'est mis debout, un sceptre, issu d'Israël...
299
22, 17 Et l'esprit, et l'épousée... Grec hè numphè, hébreu ha-kallah. Cantique des Cantiques 2, 8 : La voix de mon
chéri ! C'est lui qui vient ! Matthieu 11, 3 : Iohanan a entendu dans sa prison les actions de celui qui a reçu l'onction. Il a
envoyé (un message) par l'intermédiaire de ses disciples, et il lui a dit : Est-ce que c'est toi celui qui doit venir, ou bien est-
ce que nous devons attendre un autre ? Et il a répondu, Ieschoua, et il leur a dit : Allez et annoncez à Iohanan ce que vous
avez entendu et ce que vous avez vu...
300
22, 18 ii quelqu'un ajoute... Deutéronome 4, 2 : Vous n'ajouterez rien à la parole que moi je vous commande et vous
n'enlèverez pas quelque chose... Ceux qui enseignent et qui écrivent aujourd'hui que « les écrits du Nouveau Testament ont
été produits par les premières communautés croyantes », et qu'ainsi « un Évangile est... un témoignage historique précieux
pour connaître la communauté pascale qui l'a porté dans l'entrelacs de ses multiples conditions de production », sic, admirez
le galimatias, — et qui en conséquence recherchent « les divers facteurs de production du texte à partir de son milieu
religieux, social, politique ou culturel » —, ceux qui assurent que « dans les églises helléno-chrétiennes en particulier, il
devenait nécessaire de produire un récit fondateur, et donc une histoire qui fasse jouer la référence authentifiant le message
de salut de ces communautés », sic, admirez de nouveau le galimatias — ceux qui se demandent « comment distinguer
sûrement les paroles originaires du Nazaréen (sic), des paroles produites par la communauté pascale ou par les évangélistes
- 171 -
22, 20 il a dit
celui qui atteste [la vérité de] tout cela
a m en
viens seigneur ieschoua
et mises ensuite sur les lèvres de Jésus », — ceux-là, qui pensent, enseignent et écrivent ainsi, estiment donc que les
communautés « helléno-chrétiennes », comme ils disent, faisaient exactement, vers la fin du premier siècle, ce que Jean
dans l'Apocalypse, composée selon eux à la fin du premier siècle, interdisait absolument de faire, conformément aux normes
de la vieille tradition du prophétisme hébreu.
- 172 -
NOTE TERMINALE
L'Apocalypse est une lettre adressée à des églises, comme l'atteste son commencement et sa fin. Elle
avait évidemment un sens pour celui qui l'a composée et écrite, et elle avait un sens pour ceux qui l'ont
reçue. Elle est obscure pour nous parce que nous avons perdu le code, le système de signes, le système
de correspondances, les noms chiffrés qui sont utilisés dans cette grande lettre aux églises.
L'Apocalypse est un livre simple. Il enseigne, quelques années avant la catastrophe, que Jérusalem,
la Ville sainte, va être prise et détruite. Il commande à l'église qui se trouve à l'intérieur de Jérusalem,
de fuir pendant qu'il en est encore temps — ce qu'elle a fait, vers l'année 66. Il enseigne la descente de
la nouvelle Jérusalem qui est l'Église, qui est l'épousée, la chérie du Cantique des Cantiques, l'épouse
du Christ, l'épouse de l'agneau.
Tout devient obscur et même incompréhensible si l'on reporte la composition de l'Apocalypse à
l'extrême fin du premier siècle, aux dernières années du règne de Domitien. Alors en effet rien n'est
plus compréhensible, parce qu'on cherche vainement dans l'avenir — par rapport à cette date supposée
et hypothétique de composition — ce qui est déjà réalisé, à la fin du premier siècle, depuis trente ans :
la catastrophe, la prise et la destruction de Jérusalem. On veut absolument appliquer à la ville de Rome
ce que jusqu'à présent — Dieu la garde — la ville de Rome n'a pas encore subi. On est donc obligé,
dans ces conditions, de penser secrètement, ou bien de reconnaître ouvertement, que Jean dans son
Apocalypse s'est lourdement trompé, puisqu'il annonce autour de l'année 96, que la destruction de la
ville de Rome est imminente et qu'elle sera intégrale, brutale et instantanée.
Dans la grande tradition historique des prophètes hébreux, qui remonte au moins, à notre
connaissance et pour ce qui concerne les prophètes dont nous avons conservé des textes écrits, au VIIIe
siècle avant notre ère, le prophète Amos VIIIe siècle avant notre ère, Osée VIIIe siècle avant notre ère,
Isaïe VIIIe siècle avant notre ère, Michée vine siècle avant notre ère, Jérémie VIIe siècle avant notre ère,
Ézéchiel VIe siècle avant notre ère, l'Inconnu dont les oracles ont été joints à ceux du prophète Isaïe du
VIIIe siècle avant notre ère, Isaïe 40-55, VIe siècle avant notre ère, etc. — les prophètes hébreux
annoncent au peuple hébreu, ou bien dans le royaume du Nord, Israël, avant la destruction de Samarie,
ou bien dans le royaume du Sud, Juda, dans une langue claire et simple, dans la langue du peuple à qui
ils s'adressent, ce qui va arriver — mais ce qui va arriver à la génération à laquelle ils s'adressent.
Parfois, mais rarement, ils ouvrent des perspectives ultérieures, be-aharit ha-iamim, dans l'après des
jours, c'est-à-dire dans l'avenir. Le Seigneur lui-même, lorsqu'il exerce sa fonction de prophète,
annonce à la génération à qui il s'adresse ce que cette génération va voir et constater. Matthieu 12, 39 :
Une génération mauvaise et adultère recherche un signe, et un signe il ne lui en sera pas donné, si ce
n'est le signe de Iônah-la-Colombe, le prophète... Et de fait c'est cette génération à qui il parle qui a vu
se réaliser la prophétie de Jonas : la parole de Dieu a été portée jusqu'au cœur des nations païennes,
jusque dans la capitale du paganisme d'alors ; la parole de Dieu a été portée aux païens, aux incirconcis,
ce qu'on n'avait jamais vu jusqu'alors. De même lorsqu'il annonce les signes avant-coureurs de la
catastrophe, c'est-à-dire de la destruction de Jérusalem, il s'adresse à une génération qui verra cette
destruction. Matthieu 24, 34 : Amèn je vous le dis, elle ne passera pas cette génération, jusqu'à ce que
tout cela soit réalisé. — Les perspectives ultérieures, concernant l'histoire humaine, sont rares et
discrètes.
Il en va de même pour notre livre, l'Apocalypse, qui en réalité est une grande lettre, avec cette
différence que l'Apocalypse annonce des événements imminents et qu'elle s'exprime dans un langage
codé, chiffré, à cause des persécutions sanglantes venant de la part des hautes autorités politiques et
religieuses de Jérusalem, le roi et le haut sacerdoce. Nous avons du mal, nous, à comprendre ce livre,
parce que nous ne savons pas qui sont ces Nikolaïtes, qui est Antipas, qui est Jézabel, qui est la grande
prostituée, qui est Babylone, qui est l'homme dont le nom, en hébreu, s'écrit comme le nombre 666.
Mais ceux à qui cette lettre était destinée connaissaient le code. Ils ont déchiffré immédiatement.
- 173 -
L'autre raison — et sans doute la principale — pour laquelle nous avons du mal à comprendre
l'Apocalypse, c'est que nous ne connaissons pas suffisamment et dans le détail le contexte politique et
historique dans lequel l'Apocalypse se situe, les personnages précis, les faits auxquels elle fait allusion,
personnages que tout le monde connaissait bien lorsque l'Apocalypse a été écrite et adressée aux
communautés chrétiennes de l'Asie. Tel personnage, qui en ce temps-là jouait un rôle de premier plan,
s'est estompé pour nous dans les brumes du passé et il faut rechercher dans Flavius Josèphe ou dans les
inscriptions de l'époque ces hommes qui ont été au premier plan, e auxquels Jean fait allusion.
Saint Irénée évêque de Lyon est né probablement entre 140 et 160 peut-être à Smyrne. En 177 ou
178 il est prêtre de l'église de Lyon puis il devient évêque de la métropole des Gaules. Sa grande
œuvre, I traité contre les gnostiques, date donc de la fin du deuxième siècle. Il nous reste de ce chef-
d'œuvre une traduction latine et des fragments grecs conservés par Eusèbe, Épiphane et d'autres. Au
livre 5 de SOJ grand ouvrage, Irénée traite du chiffre de la bête de l'Apocalypse 13, 18. Et il ajoute ceci,
Adversus Haereses, V, 30, 3 : « S'il avait été opportun de proclamer son nom — le propre nom de
celui qui es désigné par le nombre 666 —, dans notre temps présent, il aurait et dit — ce nom — par
celui qui a vu l'apocalypse, texte latin : pe ipsum utique dictum fuisset qui et apocalypsim viderat. Car
ce n'es pas avant un très long temps qu'il a été vu, neque enim ante multun temporis visum est, mais
presque dans notre génération, à la fin di règne de Domitien, sed pêne sub nostro saeculo ad finem
Domïtian imperii. » Selon le texte latin, donc, celui qui a été vu, visum est c'es celui par qui ce nom
aurait pu nous être confié, per ipsum, celui qui ; vu l'apocalypse. Cela signifie donc que le voyant de
Patmos a été vi encore à la fin du règne de Domitien, ce qui n'a rien d'absurde. Er grec, dans le
fragment grec qui nous est conservé par Eusèbe, Histoire ecclésiastique, V, 8, 6 — est-il original ? Est-
il une rétroversion fait à partir de la traduction latine ? La question ne peut pas être tranchée, parce que
le verbe grec heôrathè, il a été vu, ou elle a été vue peut avoir pour sujet apokalupsis ou bien celui qui a
vu l'apocalypse Mais un peu plus haut, Adv. haer. V, 30, 1, Irénée parle de ceux qui ont vu face à face
Jean, his qui facie ad faciem Johannem viderunt. Quoi qu'il en soit de ce texte et de son interprétation,
ce qui est sûr. c'est qu'à partir de là l'idée s'est imposée jusqu'à nos jours que l'apocalypse avait été vue
à Patmos à la fin du règne de Domitien. Or et texte n'est pas sûr et même s'il était clair, ce qui n'est pas
le cas. l'affirmation de saint Irénée, à la fin du ne siècle, ne peut être décisive, dans une affaire qui
concerne un texte qui, lui, date peut-être des années 50 ou 60.
L'auteur de l'Apocalypse nous dit lui-même qu'il s'appelle Jean, Iôannès en grec, Iohanan en hébreu.
Il n'y a aucune raison de douter de la vérité de ce qu'il nous dit.
Saint Justin est né en Palestine, dans l'ancienne Sichem, de parents païens. II entreprend des études
de philosophie, avec un maître stoïcien, puis un aristotélicien, un pythagoricien, et finalement un
platonicien. Il est entré dans une communauté chrétienne peut-être à Éphèse. Il arrive à Rome sous le
règne d'Antonin dit le Pieux (138-161). il fonde une école. Justin a été décapité probablement en 165.
Dans son Dialogue avec Tryphon, LXXXI, 3, il écrit : « Et puis ensuite un homme qui est l'un des
nôtres, son nom c'est Iôannès — l'un de ceux qui ont été envoyés par le Christ, dans une apocalypse,
dans une révélation qui lui a été faite, a prophétisé... »
Après saint Justin, tout le monde ou presque est donc d'accord pour dire que l'auteur de l'Apocalypse
s'appelait Jean, Iôannès en grec. Il n'y a pas de difficulté sur ce point. Toute la question est de savoir de
quel Jean il s'agit. De même tout le monde, dans l'antiquité chrétienne, est d'accord pour dire que
l'auteur du quatrième Évangile s'appelait Jean-Iôannès. Toute la question est de savoir de quel Jean il
s'agit, et si le Jean qui est l'auteur du quatrième Évangile est aussi le Jean qui est l'auteur de
l'Apocalypse. Je n'ai toujours pas trouvé de texte dans saint Irénée de Lyon, qui dise que ce Jean était le
fils de Zébédée, le frère de Jacques. Mais quelque texte a pu m'échapper.
Denys, évêque d'Alexandrie entre 248 et 264 ou 265, traite de la question de l'auteur de
l'Apocalypse, fragment conservé par Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, VII, XXV. L'évêque
Denys accorde volontiers que l'auteur de l'Apocalypse s'appelle Jean, qu'il est un homme inspiré de
Dieu. Mais, ajoute-t-il, « je n'accepterais pas facilement que celui-ci soit l'envoyé, ton apostolon, le fils
- 174 -
de Zébédée, le frère de Jacques, de qui est l'Évangile selon Jean... » C'est le texte le plus ancien que
nous ayons rencontré, qui identifie le Jean, auteur de l'Évangile, avec un des fils de Zébédée, le frère de
Jacques décapité en 44 par un Hérode. Ce texte est du nie siècle. Denys, évêque d'Alexandrie, ne voit
pas qu'on puisse identifier Jean, l'auteur de l'Apocalypse, avec Jean l'auteur du quatrième Évangile.
Denys ajoute justement qu'il y a eu beaucoup d'hommes qui se sont appelés Jean, par exemple Jean
surnommé Marc. Et ceci : « On dit qu'il y a, à Éphèse, deux tombeaux et chacun des deux est un
tombeau de Jean. » Denys fait ensuite une analyse du style de l'Évangile et du style de l'Apocalypse.
Denys est d'avis — en quoi il se trompe — que l'Évangile de Jean ne contient pas de fautes de
grammaire ! « Il s'en faut de beaucoup, écrit-il, qu'on y trouve un terme barbare, ou un solécisme, ou
même un idiotisme. Quant à l'auteur de l'Apocalypse, je ne contredis pas qu'il ait eu des révélations et
qu'il ait reçu la connaissance et la prophétie. Mais je vois bien que son dialecte et sa langue, ce n'est pas
du grec exact, dialekton mentoi kai glôssan ouk akribôs hellènizousan, mais qu'il se sert d'expressions
barbares, idiômasin te barbarikois et que parfois même il commet des solécismes, soloikizonta... »
C'est ce que le bon P. Allô a relevé tout au long de son savant commentaire de l'Apocalypse.
L'argument de la langue qu'invoque l'évêque Denys d'Alexandrie serait en effet décisif, s'il était
certain et évident — cela lui paraissait certain et évident — que l'Évangile de Jean a été rédigé en grec
directement et que l'Apocalypse a été rédigée en grec directement. Mais si l'Évangile de Jean et si
l'Apocalypse sont en réalité des textes traduits à partir de documents hébreux antérieurs, alors
l'argument tombe, car ils peuvent avoir été traduits par des traducteurs différents, qui connaissaient plus
ou moins bien la langue grecque, l'un mieux que l'autre, et l'autre plus mal que le premier.
Le bon P. Allô estime — du moins estimait-il lorsqu'il faisait partie de ce monde des apparences —
que l'Évangile de Jean est l'œuvre de Jean, fils de Zébédée ; que l'Évangile de Jean a été composé en
grec directement ; que l'Évangile de Jean a été composé à la fin du premier siècle ; que l'Apocalypse est
l'œuvre de Jean fils de Zébédée ; que l'Apocalypse a été écrite en grec directement ; que l'Apocalypse a
été composée à la fin du premier siècle, au cours des deux dernières années de Domitien. « S'il en est
ainsi, écrit-il, le problème de la distance qui sépare l'Apocalypse de l'Évangile, au point de vue de la
grécité, devient vraiment ardu. Car on ne saurait mettre au maximum qu'une dizaine d'années entre les
deux écrits. Il faut renoncer à l'hypothèse d'un long intervalle qui eût permis à l'auteur, entre deux
époques de sa vie, de perfectionner sa connaissance du grec ; c'était la solution, hélas ! la plus
commode. Mais si saint Jean, en 95, ne savait pas encore bien manier cette langue après un séjour déjà
long dans les villes où on ne parlait qu'elle, ce n'est pas en quelques années de plus, à son âge, qu'il
pouvait perfectionner beaucoup ses connaissances linguistiques ! » {Saint Jean, l'Apocalypse, 1933,
Introduction, p. CCXXIX).
Si l'Évangile de Jean n'est pas l'œuvre de Jean le fils de Zébédée le Galiléen ; si l'Évangile de Jean
n'a pas été composé en grec directement ; si l'Évangile de Jean ne date pas de la fin du premier siècle ;
si l'Apocalypse de Jean n'est pas l'œuvre de Jean, fils de Zébédée le Galiléen ; si l'Apocalypse de Jean
n'a pas été écrite en grec directement ; si l'Apocalypse de Jean n'a pas été composée à la fin du premier
siècle — alors le problème disparaît.
Nous n'avons pas trouvé, pour notre part, dans les documents les plus anciens, un texte qui dise que
Jean, l'auteur du quatrième Évangile, était le Jean frère de Jacques, le fils de Zébédée le Galiléen. Le
texte le plus ancien que nous ayons trouvé, c'est celui de Denys d'Alexandrie, qui date de la seconde
moitié du me siècle, que nous avons cité.
O. Cullmann écrit fort sagement à propos de l'auteur du quatrième Évangile, Le Milieu Johannique,
1976, p. 112 : « Pour approcher de la solution, il faut avant tout se libérer de Va priori selon lequel on
devrait nécessairement chercher ce disciple parmi les Douze. » C'est évident. On peut être disciple du
Seigneur, sans faire partie du groupe des Douze. On peut être envoyé, apostolos, envoyé en mission,
sans faire partie du groupe des Douze. On peut être disciple sans être envoyé en mission, ce qui a été le
cas par exemple de Jacques, le frère du Seigneur, l'épiskopos de la communauté de Jérusalem, jusqu'à
sa mise à mort en 62. Ce fut peut-être aussi le cas de Iohanan, l'auteur du quatrième Évangile, qui était
- 175 -
Judéen, qui avait une maison à Jérusalem, qui connaissait le grand prêtre. M. Oscar Cullmann écrit, p.
140 : « Généralement on se base sur les dates — au reste hypothétiques — des synoptiques pour établir
celle de l'Évangile johannique. La plupart du temps, la priorité des synoptiques est tenue pour acquise...
» M. Cullmann ajoute : « S'il est juste de voir en l'auteur (du quatrième Évangile) un témoin oculaire,
au moins pour certains événements — ce qu'on ne peut dire d'aucun des synoptiques — je suis plutôt
enclin maintenant, contrairement à mon opinion passée, à considérer la rédaction initiale de l'Évangile
(de Jean) comme au moins aussi ancienne, et même probablement plus ancienne, que celle du plus
vieux des Évangiles synoptiques. »
L'auteur de l'Apocalypse s'appelait Jean, Iôannès, Iohanan. Il était certainement quelqu'un du
Temple, quelqu'un qui faisait partie du personnel du Temple. Il connaît le Temple de l'intérieur, les
choses du Temple, tout le symbolisme intérieur du Temple, le nom des pierres qui recouvrent le
pectoral du jugement, Exode 28, 15. Sa pensée se meut tout entière à l'intérieur de l'univers des
symboles dont on trouve l'expression dans le livre de l'Exode et dans le rouleau d'Ézéchiel le prêtre.
Dans aucun texte de l'Apocalypse on ne trouve la moindre trace décelable du fait que le Temple aurait
pu être déjà détruit lorsque Jean écrit l'Apocalypse. Il n'est même pas évident qu'il ait prévu l'entière
destruction du Temple. Il parle de la destruction de Jérusalem qui vient et qui est imminente. Mais il ne
mentionne pas spécialement la destruction intégrale du Temple, que le Seigneur avait mentionnée,
Matthieu 24, 2 ; Luc 21, 5 ; Marc 13, 2.
Jean, l'auteur du quatrième Évangile, avait une maison à Jérusalem. C'est chez lui que le Seigneur a
voulu manger le dernier repas depesah. Jean était à sa droite, et il s'est penché pour lui demander le
nom de celui qui allait le livrer. Ce Jean, auteur du quatrième Évangile, est connu du grand prêtre. Il a
ses entrées dans la maison du grand prêtre. Il peut donner des ordres à la servante et elle lui obéit. Elle
ne le chasse pas. Elle ne le fait pas arrêter.
Jean, surnommé Markos, avait une maison à Jérusalem. Actes 12, 12, Pierre est allé dans la maison
de Maria la mère de Jean surnommé Markos, là où les frères et les sœurs étaient réunis et en train de
prier. Il a frappé à la porte, et une servante est venue... Existait-il à Jérusalem deux Jean qui avaient
chacun une maison, et où les disciples se réunissaient ?
Markos est la simple transcription en caractères grecs du latin marcus qui signifie le marteau.
Marcus est la traduction latine de l'hébreu maqqebet, le marteau, peut-être le surnom de Judas
Makkabaios, Premier livre des Maccabées, 2, 66.
Ce Jean surnommé Markos, le marteau, était le cousin de Barnabas le lévite, Colossiens 4, 10 : Vous
salue Aristarchos, celui qui a combattu avec moi, et Markos le cousin germain, ho anepsios, de
Barnabas... Ce Barnabas s'appelait Joseph, Actes 4, 36 : Iôsèph qui a été surnommé barnabas par les
envoyés, ce qui veut dire en traduction fils de la consolation, lévite, natif de l'île de Chypre...
Lorsque Paul se fâche avec Barnabas, celui-ci prend avec lui Jean surnommé Markos. Actes 15, 36,
nous sommes au printemps de l'année 49 : Après quelque temps passé, il dit à Barnabas, Paulos
(construction hébraïque de la phrase...) : Retournons et allons visiter les frères dans toutes les villes
dans lesquelles nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour savoir comment ils vont. Barnabas
voulait prendre avec eux aussi Jean, celui qui est appelé Markos. Mais Paul était d'avis que, celui qui
s'était séparé d'eux depuis la Pamphylie et qui n'avait pas pris part à l'œuvre commune — il était d'avis
de ne pas le prendre avec eux. La discussion a atteint un tel degré qu'ils se sont séparés, chacun de son
compagnon. Barnabas a pris avec lui Markos, et il a fait voile vers l'île de Chypre... — Sa patrie de
naissance d'après Actes 4, 36.
Et ensuite, où sont-ils allés ? Ont-ils été en Asie ? Sont-ils les premiers missionnaires de l'Asie ?
Est-ce la raison pour laquelle Paul fait des détours pour éviter la zone qu'ils sont en train d'ensemencer
?
Jean surnommé le Marteau a-t-il été à Patmos pour y apporter la parole de Dieu et pour attester la
vérité de Ieschoua ?
Ce n'est pas exclu. La question reste donc entière de savoir qui est ce Jean qui a écrit l'Apocalypse,
- 176 -
s'il est le même, ou s'il n'est pas le même, que celui qui a écrit l'Évangile.
L'un et l'autre, s'ils sont deux, appartiennent au sacerdoce du Temple de Jérusalem.
La différence entre l'Évangile de Jean et l'Apocalypse de Jean est évidente. Mais dans l'Évangile,
Jean rapporte les enseignements du Seigneur, les controverses suscitées par ces enseignements ; il
rapporte des faits. Contrairement à ce qu'écrivent certains aujourd'hui, il ne produit pas un Évangile. Il
transmet des faits et des enseignements qui ne viennent pas de lui.
Jean de l'Apocalypse raconte les visions qu'il a eues dans l'île de Patmos. Le genre littéraire n'est pas
le même. La personnalité de Jean de l'Apocalypse se manifeste davantage par les symboles choisis, les
images évoquées. L'Apocalypse est une prophétie, qui porte sur l'avenir, sur l'avenir immédiat,
contrairement à ce que pensent aujourd'hui un bon nombre de critiques, qui sont certains à priori que la
prophétie n'existe pas, et que toute prétendue prophétie ne peut être qu'un récit du passé fictivement
proposé comme à venir.
La question reste donc ouverte et entière, de savoir qui est ce Jean qui a composé l'Apocalypse, s'il
est le même, ou non, que celui qui a écrit en hébreu l'Évangile de Jean.
Les découvertes de ces dernières années en archéologie, Éric M. Meyers et James F. Strange
(Archeology, the Rabbis, and Early Christianity, Abingdon Presse, 1981) ont établi avec évidence et
certitude que bien entendu l'hébreu n'était pas une langue morte au premier siècle de notre ère en Judée,
mais au contraire une langue bien vivante. Le petit peuple parlait araméen, les gens instruits parlaient et
écrivaient hébreu, et la langue des écrits que l'on considérait comme saints ou sacrés était forcément
l'hébreu. L'araméen est la langue de la traduction pour le peuple des écrits sacrés écrits en hébreu.
D'ailleurs les traductions araméennes des saintes Écritures sont plus tardives. On a retrouvé plusieurs
fragments hébreux du livre intitulé dans les manuscrits grecs Sagesse de Jésus, fils de Sirach, en 1952,
dans l'une des grottes de Qumrân et d'autres à Massada. Dans le prologue de sa traduction, le
traducteur, qui est le petit-fils de l'auteur, note justement, Siracides, Prologue, 1, 20 : la force, la
puissance, n'est pas la même, des paroles dites en hébreu, ebraïsti legomena, et lorsqu'elles sont
traduites dans une autre langue.
Pour retrouver la puissance du texte des Évangiles, et des autres écrits des livres de la nouvelle
alliance, il faut retrouver l'hébreu. — Les manuscrits de la mer Morte nous ont montré que l'hébreu
était une langue pratiquée, parlée et écrite par ceux qui ont fait les livres retrouvés à Qumrân. Le
rouleau de cuivre d'une des grottes de Qumrân est en hébreu, c'est le rouleau qui contient la liste des
cachettes du trésor du Temple. Les inscriptions en hébreu sur les ossuaires sont nombreuses. J. T. Milik
estime que l'hébreu de la Mischna est la langue des populations judéennes à l'époque romaine. Les
documents hébreux découverts à Massada peuvent être datés entre 68 et 73. Ils contiennent des
fragments des Psaumes, du Lévitique, de la Genèse et des fragments de livres apocryphes. Des vases
ont été trouvés avec le nom hébreu de leur propriétaire. Des manuscrits autographes de Bar Kochba
sont en hébreu, ils datent de la seconde révolte des Judéens contre Rome. Nombreuses sont les
monnaies qui portent des légendes écrites en hébreu. On a découvert aussi des fragments de parchemin
écrits en grec et en hébreu. C'est parmi ces documents que l'on a découvert des documents écrits sur
papyrus, des lettres écrites soit en araméen, soit en grec, soit en hébreu, de Schiméon ben Kosiba = Bar
Kochba, destinées à ses compagnons de la résistance. L'une de ces lettres est destinée à un certain
Ieschoua, iod, schin, ain, comme sur l'arcade sourcilière du linge appelé le Suaire de Turin. On a trouvé
aussi des contrats sur papyrus, en hébreu et en araméen. Il existe donc un très grand nombre de
documents qui ne sont pas des fragments de l'Écriture sainte, et écrits en hébreu, par exemple un acte
de divorce, un contrat de mariage, des contrats concernant des achats, ventes ou locations. Par
conséquent l'antique doctrine selon laquelle l'hébreu était une langue morte au premier siècle de notre
ère, est bonne à reléguer au grenier très fourni de l'histoire des erreurs qui ont régné trop longtemps.
Dans le même grenier aux erreurs séculaires, il faut reléguer la thèse selon laquelle le rabbi galiléen
Ieschoua ha-nôtzeri n'aurait été entouré que d'analphabètes. C'est une pure pétition de principe, à priori
absurde, et en contradiction avec ce que nous disent plusieurs textes de l'Évangile de Jean, qui nous
- 177 -
apprennent que nombreux ont été parmi les théologiens ceux qui, au fond d'eux-mêmes, étaient certains
de sa vérité, polloi, Jean 12, 42.
Paris 6 juin 1984.