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Cumont Franz. Une lettre du roi Artaban III à la ville de Suse. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres, 76ᵉ année, N. 3, 1932. pp. 238-260;
doi : 10.3406/crai.1932.76219
http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1932_num_76_3_76219
COMMUNICATION
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TRADUCTION.
Reçue en Van deux cent soixante-huit selon Vère royale,
selon l'ancienne [trois cent trente) trois (=21/22 ap. J.-G.)
Le roi des roisArsaceà Antiochosetà Phraatès, résidant
â Suse, aux magistrats et à la ville salut.
[Attendu que Hestiaios, fils d'Asios, qui est] de vos
citoyens et des Amis les premiers et les plus estimés et des
Gardes du Corps, ayant exercé la charge de trésorier [en]
Van trois cent vingt-neuf {== 17/18) [suivant V ancienne]
computation, s est comporté dans cette fonction
parfaitement et très justement, et en toute intégrité, ne s épargnant
[aucun frais] personnel dans sa dépense pour la cité ;
Que deux fois pendant sa magistrature la ville ayant eu
besoin d' un am[bassadeur, il s'est absenté] lui-même
comptant pour rien le soin de ses propres affaires et estin\ant
plus importantes celles de la cité, et (que) n'épargnant ni
ses biens ni ses peines, [il s' est] dévoué [sans réserve] à l'une
et Vautre ambassade, et qu'ayant négocié à V avantage de sa
patrie, il a obtenu des honneurs appropriés, comme en té-
moigne le décret [volé en sa faveur] en Tan trois cent trente
(= 18/19).
Que, en Van trois cent trente et un (=19/20), comme on
avait besoin d'un honnête [homme, il a été proposé comme
candidat] à la même charge pour l'an trois cent trente-deux
(== 20/21) et qu'après une docimasie prolongée Pétasos, fils
d'A[ntiochos], élu archonte [avec Aristoménès] fils, de
Philippe, s' avançant (dans la boulé), a allégué qu'en vertu des
règles établies il lui était interdit de revêtir deux fois la
même magistrature sans laisser un intervalle de trois ans.
Mais que la ville [ayant fait l'expérience de] ses bonnes
dispositions et se rappelant son administration de la charge
citée plus haut, a décidé de le choisir pour archonte et que
par suite il a été élu [pour Vannée] 33$ (= 20/21), celle de
Pétasos, fils d'Antiochos, et d' Aristoménès, fils de Philippe.
246 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Attendu que donc, à propos des faits exposés [Von a accusé
injustement] Hestiaios, nous jugeons que son élection est
valable et qu[on ne doit) pas le poursuivre à tort pour
avoir réoccupé la même charge sans avoir laissé un
intervalle de trois ans, ni en vertu de n importe quelle
ordonnance [qu'on produirait] touchant ces matières, étant
écartées en général toute interdiction ou enquête, notamment
celle dont [l'assignation ?] signifiée à son nom doit être
libérée.
Le il Àudnaïos 268 (= Décembre 21)
Plus bas :
puis
1. dePlut.,
son Crassus,
propre XXXII,
fils Phraate
6. —V Mousa
(Phraatacès),
Ourania,
étaitfemme
une esclave
de Phraate
envoyée
IV,
au premier par Auguste.
2. Plut., Ib. XXXIII : rHv où'te «pwv%, outs Ypa^uaTtov 'YpoS3ï)ç 'EXXï)-
Vtxwv 'inzipos.
3. Artavasde avait composé lui-même des tragédies, des discours et
des pages d'histoire, qu'on lisait encore au temps de Plutarque (l. c), cf.
Bealenc, s. v. « Artavasdes » col. 1309, 1. 52. — La fréquence des inscriptions
métriques à Suse prouve que l'art de la poésie, ou du moins la technique
de la prosodie, y passaient pour le complément d'une éducation littéraire.
Les fouilles de cette année ont encore donné une dédicace en mauvais
distiques, que nous publierons bientôt (Comptes rendus, infra, p. 275).
4. Tacite, Ann., 11,2.
252 COMPTES RENDUS DE l' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
TY)youvTwv deuxnoms, Itovi? Ç"X«p\ Dessau, Hermès, XIX, 1884, p. 491, a déjà
noté qu'il s'agissait d'une seule et même magistrature. On admet générale,
ment que cette double magistrature de Palmyre, qui devint une colonia-
est due à une influence romaine. Mais nous voyons aujourd'hui que la
dualité des stratèges existait dans une ville parthe soustraite
absolument à l'action de Rome, et toute la question devra être réexaminée. —
Cf. G. Mac Léon Harper, Yale Classical Studies, I, 1928, p. 120 s. et le
commentaire d'Ingholt à un décret nouveau de Palmyre dans Syria, 1932,
p. 281 ss.
1. Is. Lévy, Rev. et. grecques, XII, 1899, p. 257.
2. Tacite, A nn., VI, 42.
3. Aristote, Politique, VI, 1317 b 24 : Tô ijlï) St; xôv aùtôv ap^eiv [aï]8e[ai<*v
r] ôXryaxts r] ôXi'faç ïÇco twv xarcà 7toXetjLov. A Athènes ap^eiv xàç jxèv xatà
7coXe[j.ov «p/àç IÇecrci nîsovaxiç, Ttov 8'àXXwv oû8s[i£av, t:Xt)v pouXsuaat 8i'î
(Polit. Athen., 62,3).
1932. 17
258 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
dans sa Politique, fut la prohibition de remplir deux fois la
même charge ou du moins celle de l'occuper fréquemment,
sauf pour les commandements militaires. Cette défense ou
cette limitation permettait l'accès d'un plus grand nombre de
citoyens aux fonctions publiques et elle empêchait l'un d'eux
d'acquérir une prépondérance dangereuse. La République
romaine éprouva une appréhension semblable de se donner
un maître, et Viteratio des magistratures n'y fut permise
qu'au bout de dix ans l. De même, la loi municipale de
Malaga exclut du duovirat qui intra quinquennium in eo
honore fuerint'1. Mais, si dans le monde hellénique les
inscriptions permettent de citer de nombreux cas d'interdiction
absolue d'une nominationitérative 3, on ne trouve que de rares
exemples de la prescription d'un intervalle avant la
réélection, et il s'agit le plus souvent d'un stratège, c'est-à-dire
d'une fonction originairement militaire4. Notre lettre prouve
que l'obligation d'un délai de trois ans était imposée à
Suse par les institutions municipales (èx, twv Si^Yopsui/ivwv)
pour toutes les magistratures, mais elle ne
s'appliquait pas aux liturgies, puisque Hestiée se vil confier deux
ambassades la même année. Il en fut sans doute de même
dans nombre d'autres colonies séleucides. Notre texte épi-
graphique nous apprend en outre que cette loi ancienne
n'avait pas été abolie au commencement de notre ère. Il est
vrai qu'elle fut violée par le peuple et qu'Artaban, qui à
Séleucie du Tigre aussi, favorisa l'oligarchie, intervint pour
LIVRES OFFERTS .
M. Franz Comont a la parole pour un hommage :
a Votre correspondant, M. Joseph Bidez, m'a prié de présenter en
son nom à l'Académie le premier volume de son édition * des discours
de l'empereur Julien, à qui il a précédemment consacré une
remarquable biographie. Ce volume comprend les éloges de Constance et
d'Eusébie, la Consolation pour le départ de Salluste et l'épître aux
Athéniens, c'est-à-dire les écrits composés avant que le jeune César
se fût rendu maître de l'Empire. M. Bidez a pour la première fois
collationné et classé Vensemble des mss. qui nous les ont transmis,
donnant ainsi à sa prudente recension un fondement inébranlable.
Des indications précises sur les sources et les passages parallèles,
des introductions lucides à chacun des discours, une traduction à la
foi élégante et fidèle, des notes qui forment le premier commentaire
suivi de ces œuvres impériales, font de cette publication d'un
excellent helléniste un modèle d'édition savante. Elle constitue vraiment
un /.TT]fA(x eî; àei et lorsque sera achevé ce monument d'une érudition,
précise et sagace par la publication du tome second, il formera la
base assurée de toute étude sur la langue ou la personne du célèbre
Apostat. «