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Depuis toujours, l'Éther joua un rôle central dans notre façon de comprendre les
phénomènes naturels dans l'univers et ce, jusqu'au tournant du 20e siècle. Comme
nous l’avons dit précédemment, tant René Descartes qu’Isaac Newton (mais aussi
Nicolas Fatio de Duillier en 1690, Georges-Louis Le Sage en 1748 et d'autres
encore) ont vu la gravité (ou source de la masse) découler de la mécanique de
l'Éther. À l’époque d'Isaac Newton, c’était une proposition quelque peu dangereuse
du fait que le postulat de telles « forces invisibles travaillant à distance » était
considéré pour la Science comme un recours à des « agents occultes ».4
1
Wikipedia – Aether (classical element) http://en.wikipedia.org/wiki/Aether_(classical_element)
2
Wikipedia – Spirit http://en.wikipedia.org/wiki/Spirit
3
Dictionary of World Philosophy by A. Pablo Iannone, Taylor & Francis, 2001, p. 30. ISBN 0-415-17995-5
4
Edelglass et al., Matter and Mind, ISBN 0-940262-45-2. p. 54
5
Wikipedia – Luminiferous Ether – http://en.wikipedia.org/wiki/Luminiferous_ether
des sensations d'une partie à une autre de nos organismes etc. de sorte que tout
l'espace était rempli par au moins trois ou quatre sortes d’éthers. Le seul éther qui ait
survécu est celui qui a été inventé par Huygens pour expliquer la propagation de la
lumière.6 James Clerk Maxwell - Encyclopædia Britannica 1878
Plusieurs théories ont été établies afin de concilier les propriétés observées de la
lumière avec le mouvement d'autres objets sensés voyager via l'Éther, y compris la
Terre. Ces théories de « l’entraînement de l’Éther » ont été développées en
considérant que l'Éther était complètement stationnaire (ou qu’il se déplaçait
uniformément) tandis que les objets se déplaçaient à travers lui ; ou alors que l'Éther
était partiellement « entraîné » par des objets massifs comme la Terre.7 Dans les
deux cas, ces théories supposaient que le mouvement de l'Éther devrait être
détectable depuis la surface de la Terre du fait de sa rotation et de son déplacement
autour du Soleil. Beaucoup d'expériences furent imaginées pour prouver (ou réfuter)
l'existence de l'Éther en utilisant ces principes élémentaires.
La plus célèbre de ces expériences fut réalisée par Albert A. Michelson et Edward W.
Morley, communément connue comme l'expérience de Michelson-Morley. Ils
configurèrent un interféromètre extrêmement sensible pour mesurer le « vent
éthérique », à savoir un mouvement potentiellement détectable de l'Éther contre la
Terre en rotation voyageant dans l'espace. Leur expérience avait été conçue pour
détecter une variation de la vitesse de la lumière d’à peine 0,01 %, essentiellement
en observant des changements subtils de motifs d'interférences des ondes
lumineuses séparées et recombinées après un trajet sur de courtes distances (à
l’aide de l’interféromètre). Leurs résultats, qui ont montré un changement négligeable
de l'interférence lumineuse indépendamment de l’heure de la journée ou des
saisons, suggéraient que l'Éther devait être quasi complètement entraîné dans le
mouvement de la Terre.10
Selon cette théorie il n'existe rien de tel qu’un système de coordonnées privilégié
permettant d’introduire l’idée d’un éther et, par conséquent, il ne peut y avoir aucun
entraînement d’éther, ni aucune expérience pour le démontrer. … Ainsi, dans un
système de coordonnées se déplaçant avec la Terre, le système de miroirs de
Michelson et Morley n'est pas raccourci, mais il est raccourci dans un système de
coordonnées qui est au repos relativement au soleil.13
11
Janssen, Michel & Stachel, John (2010), “The Optics and Electrodynamics of Moving Bodies”, in John Stachel,
Going Critical, Springer, ISBN 1-4020-1308-6
12
Stachel, John (1982), “Einstein and Michelson: the Context of Discovery and Context of Justification”,
Astronomische Nachrichten 303 (1): 47–53, Bibcode:1982AN….303…47S,doi:10.1002/asna.2103030110
13
Einstein A. (1916 (translation 1920)), Relativity: The Special and General Theory, New York: H. Holt and
Company
Pourtant, peu de temps après cette publication, Hendrik Lorentz, l’un des mentors
d'Einstein, lui écrivit qu’au lieu d’écarter l'Éther, la Relativité Générale l’avait
réintroduit. Et tandis que réhabiliter le concept d'Éther aurait stigmatisé n'importe
quel jeune scientifique, Einstein avait alors, grâce à la Relativité Restreinte et
l'équivalence masse-énergie (E=mc²), déjà assis sa notoriété. Il n’en demeura
d'abord pas moins prudent, n’offrant que de rares déclarations publiques sur le sujet
et ses apparentes contradictions ne promurent guère le « nouvel Éther » aux yeux de
la communauté scientifique.14
Einstein finit par publier une explication complète en vue de concilier ses conceptions
apparemment contradictoires concernant l'Éther, tout d'abord en affirmant que la
Relativité Restreinte ne nie pas explicitement l'existence d'un Éther puis en arguant
simplement que l’Ether n’est pas indispensable pour expliquer les propriétés relatives
de l'électromagnétisme et du mouvement. Enfin, il clarifia et expliqua l'importance
cruciale de l'Éther pour la Relativité Générale.
En effet, nier l'éther doit en fin de compte présumer que l'espace vide n'a aucune
espèce de qualité physique. Les faits fondamentaux de la mécanique ne s'accordent
pas à cette vision. Car le comportement mécanique d'un système de corps flottants
librement dans l'espace « vide » dépend non seulement de leurs positions relatives
(distances) et de leurs vitesses relatives, mais aussi de leur état de rotation, qui en
physique peut être considérée comme une caractéristique n'appartenant pas au
système en soi. Pour pouvoir considérer la rotation d’un système, au moins
formellement, comme quelque chose de réel, Newton du objectiver l'espace. Puisqu'il
classe son espace absolu avec les choses tangibles, la rotation par rapport à un
espace absolu est à ses yeux quelque chose de tout aussi tangible. Newton aurait
tout aussi bien pu appeler « Éther » son espace absolu ; ce qui est essentiel, c’est
simplement qu'en plus des objets observables, autre chose, qui n'est pas perceptible,
doit être considéré comme tangible pour permettre que l'accélération ou la rotation
puissent être considérées comme concrètes.15
14
A. Einstein (1918), “Dialog about Objections against the Theory of Relativity“, Naturwissenschaften 6 (48):
697–702,Bibcode:1918NW……6..697E, doi:10.1007/BF01495132 asasf
15
Einstein, Albert: “Ether and the Theory of Relativity” (1920), republished in Sidelights on Relativity
(Methuen, London, 1922)
Cependant, cette vision ne rencontra guère de succès et l'Éther fut lentement oublié
comme l’artefact « métaphysique » d'une ère scientifique révolue.
Pour clarifier les propos d’Einstein, disons que son idée de base est que si un objet
tourne, cette rotation a nécessairement une source. Si la source de la rotation n'est
pas l'objet lui-même, alors ce doit être l'espace autour de lui.
Au vu de cette brève exploration de son histoire, nous pourrions nous demander s'il
était approprié d’éradiquer la notion d’Éther de la science et de tout enseignement
ultérieur des sciences. Voici quelques questions pertinentes que l’on pourrait se
poser à ce propos :