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REVUE FRANçAISE DE GEOTECHNIQUE
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ler s12e ûimestres 2004
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o Variabilité des surfaces naturelles ou perte de cohé- occupations principales sont communes. Il s'agit
rence d'apporter des garanties quant à la protection des per-
Si les propriétés intrinsèques des cibles ont été sonnes et des biens sus-jacents.
modifiées entre les dates de prises de vue (ex. : pratique Le projet RESIJM(1) vise à démontrer et à synthétiser
agricole, labour), l'indicateur de fiabilité des mesures comment ces techniques d'observation spatiales élar-
de phase encore appelée cohérence sera faible. Ceci se gissent les possibilités de métrologie spécifiques au
traduit par l'apparition d'un bruit de phase susceptible phénomène de subsidence et apportent des outils de
de rendre inexploitable des surfaces importantes de diagnostic dans le cas des évolutions cinématiques
f interférogramme. Pour limiter le niveau de bruit, il lentes. Le partenariat constitué rassemble des spécia-
faut d'une part sélectionner des couples ayant des listes privés ou publics de la surveillance de sites
orbites très proches pour que les cibles soient obser- instables, des spécialistes privés ou publics du traite-
vées dans des conditions géométriques de visée sem- ment des données interférométriques, et des indus-
blables (longueur de base perpendiculaire inférieure à triels en charge d'exploitations souterraines.
100 m). D'autre part, il est souhaitable de réduire Ce partenariat doit favoriser une adéquation rapide
l'intervalle de temps entre les dates d'acquisition et ce entre 1'offre issue des techniques spatiales et les
d'autant plus que Ia zone d'intérêt est caractérisée par besoins actuels des responsables de sites instables. Le
un couvert végétal important ou rapidement évolutif projet vise aussi à définir la viabilité commerciale d'une
(ex. : zones agricoles,, forêts). En revanche, les zones for- cellule de production qui devra assurer la mise à dis-
tement urbanisées se prêtent mieux à l'utilisation de position de données élaborées mais surtout un réel ser-
cette technique de part la présence de réflecteurs vice de diagnostic qui complète les dispositifs métrolo-
anthropiques permanents (ex. : bâti urbain) et permet- giques de surveillance conventionnels et apporte de
tent l'étude sur de longues durées entre les prises de nouveaux outils d'aide à des politiques de prévention.
vue. Enfin, dans la mesure du possible, on veillera à
sélectionner des images à des saisons identiques sou-
mises à des conditions climatiques équivalentes. Fina-
lement, on procède à un filtrage adaptatif qui permet Exemples d'application
de réduire sensiblement le niveau de bruit.
à la détection de dëformations liée
-
o Artefacts atmosphériques à des exploitations minières
Les fluctuations de la couche atmosphérique traver-
sée par l'onde radar entre les deux prises de vue indui- soutQrraines
sent des variations de phase susceptibles d'être confon-
dues avec des signatures de mouvement . L'artefact La technique d'interférométrie radar différentielle a
peut atteindre localement près d'une frange. La été expérimentée avec succès sur plusieurs bassins
méthode permettant d'identifier ce biais de phase houillers français. Concernant les sites en cours
consiste à étudier une série d'interférogrammes indé- d'exploitation,, l'imagerie spatiale permet d'observer la
pendants. Le biais atmosphérique étant différent d'une mise en place de ( cuvettes > de subsidence, d'estimer
image à l'autre, la persistance d'une signature de mou- l'extension spatiale et l'amplitude de la déformation.
vement sur plusieurs interférogrammes confirme l'exis- Ainsi, sur le secteur de Gardanne (Bouches-du-Rhône),
tence de ce mouvement. De plus, signalons l'effet de l'étude réalisée en collaboration avec les Houillères du
fluctuations atmosphériques de plus faible ampleur bassin du Centre-Midi a permis le suivi des déforma-
susceptibles de réduire la précision de la mesure à tions sur plusieurs années et a révélé la migration de
environ un tiers de frange soit environ 1 cm pour les ce phénomène en rapport avec l'avancée du front
mouvements verticaux. Cette valeur reste toutefois très d'exploitation (Carnec et Delacourt, 2000). D'autres
dépendante des conditions météorologiques et de études réalisées en Moselle à la demande des Houl-
l'étendue de la zone étudiée (dépendance d'échelle). lières du bassin de Lorraine et de I'INERIS se sont révé-
lées inopérantes. Le contexte environnemental peu
favorable de la zone - i.e. activité agricole, variation de
. Seuil sur Ie gradient de phase l'humidité de surface,, faible urbanisation - au regard
Du fait de la définition modulo 2n de la mesure de des contraintes et limitations liées à la mise en æuvre
phase, il est impossible d'estimer un gradient de phase de la technique, n'a pas permis de circonscrire d'éven-
(et donc un mouvement différentiel entre deux pixels tuels mouvements de surface pour la période d'obser-
adjacents) supérieur à une demie frange par pixel soit vation (1993-1999). En revanche, l'extension de la zone
environ 1,5 cm/20 m pour les mouvements verticaux. d'étude aux secteurs plus urbanisés entre Merlebach et
Stiring Wendel a mis en évidence des affaissements
E pouvant atteindre localement 15 cm/an sur la même
période d'observation (Fig. 2).IJn ralentissement très
RESUM I I'inte rfërométrie radar net des affaissements est cependant observable dès
1996.
au service des utilisateurs Au-delà de la période d'exploitation industrielle, le
suivi à l'échelle d'un bassin minier peut permettre de
Les résultats obtenus par la communauté scienti- déceler et quantifier des mouvements résiduels d'ori-
fique internationale au cours de ces dix dernières gine minière. Ainsi, sur le secteur de Montceau-les-
années en interférométrie radar satellitaire (INSAR) Mines (Saône-et-Loire), l'étude radar a permis de
intéressent de plus en plus les industriels et les services détecter de faibles déformations de surface et de suiwe
de l'État en charge de missions similaires en matière de leur évolution spatio-temporelle (Carnec et aI., 2001).
surveillance de sites instables. Que ce soit en contexte
minier ou urbain, que les phénomènes soient liés à
l'origine à des cavités naturelles ou artificielles, les pré- t1)
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0 -1,5 -3 cm
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WBassinhouillerlorrain.Interférogrammeréaliséàpartirdesorbites
10001-11003 (74/06/7993-23/0A/7593). Un cycle de couleur
correspond à une déformation en distance de 28 mrn, i.e. 3O mm de
déplacement vertical. Sur cette zone d'étude, cinq secteurs
présentent des déformations de surface (entourés enjaune) dont les
plus importantes atteignent 6 cm sur cette période de TOjours.
lJne légère et ample remontée des terrains entre 1995 sévères liées principalement à l'évolution des sols (végé-
et 1998 liée à la phase terminale d'ennoyage des tra- tation, humidité de surface) et à la présence d'artefacts
vaux miniers souterrains a été mesurée et confirme les atmosphériques qui peuvent compromettre l'interpré-
campagnes de nivellement menées in situ (Fig. 3). La tation de combinaisons radar multi-temporelles.
difficulté principale rencontrée lors de cette étude est Pour pallier en partie ces limitations, la technique
liée à la perte de cohérence occasionnée par des modi- des réflecteurs permanents (Permanents Scatterers ou
fications de surface secondaires (végétation, humi- PS) issue des techniques classiques d'interférométrie
dité...) au-delà du secteur urbanisé. Ces effets sont à radar, tire parti de la stabilité radiométrique et géo-
l'origine des difficultés d'observation sur des surfaces métrique de cibles ponctuelles (typiquement des
boisées. ouvrages de type génie civil ou de la roche nue) natu-
rellement présentes sur l'image (Ferrettt et aI., 2000,
E 2001. ,q partir d'une étude statistique réalisée sur un
série d'images (minimum 20 images), il est possible
Dértelopp ement en cours I de découpler les effets atmosphériques des effets de
déformation du sol, permettant ainsi de remonter au
la technique dite profil de déformation de chaque réflecteur perma-
des réflecteurs permancnts nent sur la période considérée (Colesanti et al., in
pres s).
L'interférométrie différentielle classique permet de IJne étude conduite sur le bassin ferrifère lorrain a
détecter des déformations de la surface du sol avec une été réalisée en collaboration avec la société italienne
précision inférieure au centimètre. Néanmoins, la mise TRE (Tele-Rilevamento Europa) à partir d'une série
en æuvre de cette technique souffre de limitations temporelle de 57 images couvrant la période 1995-2000.
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Suivi des mouvements de surrection par interférométrie radar sur Montceau-les-Mines. La vitesse
maximale de surrection mesurée est d'environ Z,Scmlan, Après 1998, le phénomène observé disparaît, ce
que confirment les mesures de nivellement in sifu.
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La précision sur la localisation spatiale des points revanche, l'incertitude sur la phase mesurée modulo
PS est estimée à 0,5 pixel radar soitenviron 10 m. Cette 2n, qui se traduit par une incertitude sur l'amplitude
précision est suffisante pour identifier des bâtiments des déformations mesurée modulo 3 cm, empêche
individuels lorsqu'ils sont isolés. l'estimation quantitative des affaissements à dyna-
A titre d'exemple, la figure 4 indique des variations mique rapide (valeur maximale du taux de déforma-
saisonnières d'une amplitude de + 3 mm. La série tem- tion - 1,5 cm au cours d'un cycle orbital de 35 jours)
porelle correspond en fait aux dilatations thermiques (Fig 6). L'interprétation des séries temporelles est
cycliques de la structure métallique d'un pylône identi- donc d'autant plus aisée que les affaissements sont
fié ici sur les images radar. L'affaissement progressif lents et de faibles amplitudes, ou que la densité des
de 1 cm (détecté par interférométrie, mais pas identifié PS est suffisante pour retrouver la géométrie des
sur le terrain du fait de sa faible valeur) est probable- affaissements.
ment du à la forte pente du terrain sur lequel le pylône L'étude a révéIé, dans quelques cas, la présence
a été construit. de signes précurseurs à des affaissements impor-
L'étude radar réalisée à partir de la technique des tants et des mouvements significatifs 10 mois avant
réflecteurs permanents a permis de mettre en évi- l'affaissement principal. A l'inverse, dans des
dence les principaux événements ayant été recensés contextes géologique et minier semblables, aucun
pendant la période 1995-2000 sur le bassin ferrifère signe précurseur n'a pu être observé avant d'autres
lorrain. La comparaison avec les données histo- affaissements sur des secteurs pourtant proches.
rique s montre que cette technique d'observation Cette remarque ne fait que souligner la complexité
satellitaire fournit des informations très pertinentes des mécanismes à l'origine des mouvements de ter-
sur le lieu et la date des événements (Fig.5). En rain.
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affaissements principaux. Elle s'avère particulièrement
adaptée aux mouvements continus de faible vitesse. En
revanche, les affaissements à dynamique rapide ne sont
Conclusion pas quantifiables par cette méthode.
L'intégration des données spatiales dans un sys- L'interférométrie différentielle pourrait être envisa-
-tème d'information géographique permet un examen gée comme un outil complémentaire au dispositif in
plus aisé de certains secteurs, une analyse plus situ de suivi des affaissements/soulèvements, suscep-
< ciblée r ou une représentation plus adaptée à des tible d'offrir une perception globale des déformations
objectifs particuliers (i.e. aménagement). L'évaluation sur les sites miniers les plus sensibles et nécessitant un
du couplage des résultats de f interférométrie différen- suivi précis et à long terme. Elle devrait permettre
tielle avec les résultats d'auscultation (mesures de nivel- l'approche d'une méthode de prévision des déforma-
lement et cartographie des aléas) permettrait d'une part tions de surface dont l'objectif est f identification de cri-
de valider les observations satellitales et, d'autre part, tères d'alerte.
d'analyser l'évolution cinématique des affaissements
(corrélation avec les fronts d'exploitation, nature des
terrains sus-jacents...). Lr:rftR.41|'.,1Ë. Tirne Seri*r-- **lærÉn*e'.fr-*?,fr{T * liate.*Ï.44 fr*rrri',tr]
Il est intéressant d'insister sur la complémentarité T
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surveillance de type GPS qui fournissent des mesures ""' ': "'-
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vectorielles dont les composantes horizontales sont :
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Les auteurs souhaitent adresser Jeurs rem erciements à M.P. Cattaert, )es équipes GEODERIS et GISOS, TRE et Dr. A. Ferretti pour leur
collaboration.
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