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VOYAGE
AU - DELA
DU MENTAL
Copy by Leviathan
POST CRIPTUM
J’ai dédié ce livre à la chaleur humaine de mon père. Qu’il me permette de lui voler ici le
point final, pour quelques uns, de suspension, que j’offre, en vrac : au procureur de la
République, défenseur des droits de l’homme, au président du tribunal qui, sur plainte de
l’Ordre des médecins, auront peut-être un jour à me juger pour l’exercice d’une médecine qui
me fut transmise, et sur l’ « illégalité » qu’il y a prendre en charge ceux que l’officielle
impuissante a rejetés de ses hôpitaux.
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A LA DECOUVERTE
Il y a des moments, comme celui-ci, où je crois vraiment avoir touché le fond du gouffre des
vanités humaines, comme si l’homme que je suis prenant enfin conscience de ce qu’il est
vraiment, s’en voulait retourner dans le ventre de sa mère.
Oui. Il est des soirs où le regret me vient de ne pas être un autre, un anonyme, perdu comme
un pion sur le grand échiquier de la foule, d’être un homme qui, chaque matin en se levant,
n’ait plus la hantise de découvrir parmi son courrier un cri.
Un cri venu d’un point quelconque de mon pays de France, ou d’un autre.
Car il est des cris qui franchissent les océans, les montagnes, et qui aboutissent là, sur ma
table de travail, comme autant de souffles projetés au bord du désespoir, étapes inscrites dans
des vies se propulsant vers ma propre existence.
Ecoute-moi bien, lecteur inconnu, toi qui m’écrivant me nomme : maître, professeur, docteur,
dis-toi bien que je ne suis rien de tout cela.
Je ne suis qu’un voyageur qui, ayant quitté l’abécédaire des sciences humaines dans sa
2
LE VAMPIRISME
« Tes yeux verront, tes mains toucheront
d’invraisemblables choses détruites
qu’il te faudra reconstruire
sans médicament, seulement avec les forces
que tu puiseras en toi, et des supports qui te sont encore étrangers »
Pietro Hartiss
- Déshabillez-vous.
- Complètement ?
- Oui, complètement.
Je la regarde. Ses yeux bleus semblent comme perdus, fixés sur un paysage qu’elle serait
seule à percevoir
- N’ayez pas peur, il est important que je fasse ainsi. Seul votre corps me conduira au
chemin qu’il me faut découvrir pour vous sortir de là
Elle a un pâle sourire. Ses lèvres semblent comme vidées du sang qui devrait en accuser la
ligne. Elle ébauche le geste de retirer son corsage. Je lui dis/
« Asseyez-vous d’abord, ça ira mieux après.
Elle acquiesce, me sourit encore et dit :
« J’ai confiance en vous.
Combien de fois l’ai-je entendue cette phrase ?
C’est la phrase du désespoir, celle que l’on dit sans presque même y penser.
C’est la phrase de la dernière porte que l’on a entrouverte pour essayer d’atteindre ce qui sans
cesse vous échappe :
La santé
La joie de vivre
Le soleil
« Mettez les bras le long du corps. Respirez lentement, fermez les yeux. Allongez vos doigts.
Elle s’exécute comme une petite fille.
Je prend mon souffle
Je le rythme sur le sien
J’appuie mes pouces sur ses tempes.
« Respirez lentement…
Mes doigts vont à la recherche du bulbe rachidien
J’appuie de toutes mes forces, mes pouces sont en rotation sur ses temporaux ; j’arrête d’un
seul coup ma respiration ; elle fait de même.
Plus rien ne compte que nos pulsations cardiaques, la sienne, la mienne.
Je me détend d’un seul coup
- Comment ça va ?
- Ça tourne un peu…
Je ferme les yeux. J’ai gagné.
Elle n’aura plus peur.
Cette femme qui va se dévêtir devant moi a retrouvé l’âme de la petite fille du temps de son
enfance.
C’est plus fort que moi. A chaque fois, c’est un émerveillement. Je revois mon vieux maître
m’enseigner la manière de réaliser ces choses sans pour autant m’en expliquer le mécanisme.
Car il faut bien l’admettre : ce mécanisme, il existe.
3
DE LA NEVROSE
A LA TURQUOISE.
Si tu savais ce qu’il m’est difficile d’écrire, car l’écriture peut être mensonge ou bien alors
exaltation.
Elle est le reflet de l’ame du poète, elle a parfois la stricte tenue du verdict que balbutient de
sinistres légistes ou de faux prêtres.
Elle peut être mensonge ou sentence,
amour ou désespoir, haine ou espérance.
Elle peut être la nourriture de la foule, la survie d’un seul homme. Je veux dire d’un homme
désespéré.
C’est pour cet homme que j’écris ce livre, que lira peut-être une foule qui se reconnaîtra à
travers un seul frère humain.
Car ce frère-là existe. Il est ici. Il prend l’autoroute, le métro, ou le chemin communal, va au
restaurant, ou crève de l’envie de bouffer.
Il va aux chiottes, et, comme toi il est fatigué.
Il aime, qui sait?
Comme tu voudrais bien aimer.
Il peine peut-être au fond de la mine, au bout de son champ,
sur son lit d’hôpital.
Il jouit, va donc le savoir, au bordel.
Ou s’abîme en prières au pied de son dieu.
Ce frère là, c’est la foule. C’est toi.
Pour moi, c’est elle.
Oui, c’est elle.
Elle à vingt ans; et quand je la touche, elle en a soixante.
Ce n’est pas un rêve, une utopie, une construction de l’absurde,
non.
C’est fait de chair et de sang, d’amour et d’angoisses, de volonté et de désespoir,
ça vit, ça bouge, ça pleure et ça pense,
4
DE LA TURQUOISE
A LA THERAPEUTIQUE.
La main dans la poche, mes doigts triturent sans conviction, avec lassitude, une poignée de
turquoises brutes. Autour de moi, la foule de dix-huit heures promène aux couloirs du métro
parisien une nostalgie qui suit le train-train quotidien.
Mon Dieu, qu’il parait triste le regard de l’homme sur qui pèse la nostalgie de choses
indéfinissables! Sous mes doigts, les pierres roulent; et dans cet inconnu d’un minéral éclaté,
mes doigts font un choix. Une pierre, dont la forme angulaire a heurté leur sensibilité, roule
maintenant entre mon pouce et mon majeur.
Et soudain, cette pierre se met à vivre.
Parmi toutes les autres, c’est elle que je sens.
Station Opéra. L’asphalte du quai absorbe ma marche, puis le dos appuyé au mur de faïence,
marque un temps d'arrêt, sors la turquoise de l’assemblée de ses soeurs, et la découvre dans le
creux de ma main.
Ah ! l’étrange construction...
Il a existé, ce jour dont je parle. Il a laissé sa trace dans le temps. Oui. Ce jour-là, un
homme, un inconnu, dans le métro, station Opéra, retirant la main de sa poche, en sort une
turquoise brute de quinze grammes. Et cette turquoise dans le creux de sa main, il lui semble
qu’elle vit. Une étrange sensation lui paralyse le poignet. Il n’a pas peur; il a rendez-vous
avec son maître, place de la Bastille.
Je te dis qu’il n’a pas peur! Car l’étrange est son lot. Rien ne sert de fanfaronner, et pourtant,
oui, pourtant, dans le creux de sa main, la turquoise se fait plus lourde.
C’est le rêve, sûrement c’est lui, ou bien alors une hallucination; car hormis le rêve ou
l’hallucination, rien d’autre ne peut faire que cette pierre dans le creux de ma main se fasse
- Une goutte d’eau, Pierre, me disait Hartiss, une goutte d’eau qui meurt au soleil, c’est quoi?
- De l’oxygène et de l’hydrogène.
- C’est quoi?
- Des gaz qui sont dans l’air que tu respires.
- Ah ! bon, fait-il en me souriant. Tu en connais des choses, toi.
Je le regarde. Il ne dit pas ça pour rire. Il le pense. Oui, cet homme, ce puits de savoir,
ignore l’oxygène et l’hydrogène. Et lui qui voyage dans cette dimension que l’on nomme
irrationnelle, s’émerveille de ce que tout un chacun connaît. Là est le fantastique.
Ecoute-le, lecteur, cet homme ignorant de l’H2O, m’expliquer le grand mystère de la
turquoise. Car les lignes qui vont suivre ne sont que le reflet de cette parole que je recueillis
un jour, et qui pour moi fut nourriture.
- Dans tout ce qui nous entoure, Pierre, ce vide dans lequel nous allons de la route à la rivière,
de la foret au désert, ce vide qui t’ouvre son ventre pour que tu puisses y porter tes pas, ce
vide que tu nommes « espace », est habité par des choses invisibles, des serpents que n’arrête
même pas l’obstacle de ton corps. Toi et moi, en ce moment où je te parle, somme traversé
par de petits serpents qui traversent également les murs des maisons, les montagnes,
franchissent les océans, et s’en vont mourir sur une chose qui les digère ou les repousse selon
ce qu’ils sont, bons ou mauvais.
Ceux de chez toi, on réussit à les mettre en boite... Eh ! tu m’écoutes? C’est pas des
conneries que je raconte...
- Quand tu étais petit, les hommes de chez toi avaient réussi à attraper les serpents de la
musique. Pour cela, ils avaient fabriqués des petites boites que l’on achetait chez les
électriciens. Dedans, il y avait des bobines de fils, des petits carrés pleins de choses, et une
aiguille très fine qu’il fallait promener sur un caillou de la boite. Deux fils en sortaient, qui
étaient reliés à deux écouteurs posés sur une lame de ressort qui te les serrait sur les oreilles.
Et lorsque l’aiguille avait trouvé le bon endroit, tu entendait de la musique. C’était la T.S.F.
Et lorsqu’on voulait acheter une petite boite, on demandait un « poste à galène »
- J’ai connu ça, Pietro, j’avais dix ans. J’en ai même fabriqué, car à l’époque, on les vendait
L’étonnant dans cette transformation du corps à travers un trouble de la personnalité, est que
cette dégradation qui se manifeste au niveau du palpable, puisse se reconstruire
physiquement. Il est bien évident que les choses allant au fil du temps, leurs transformations
sont progressives. Les proches du malade ne perçoivent pas immédiatement un état de fait
qui s’élabore lentement. Il fut un temps où, pour préserver la tranquillité de ma famille, je
m’était décidé à recevoir dans mon camion-roulotte.
Celui-ci, garé au fond d’une impasse, me servait également de lieu de travail. Ma compagne
y avait laissé tous ces objets qui, sur la route, sont le décor de notre univers quotidien, et que
nous aimons tant. Mes enfants, bien souvent, y conduisaient des visiteurs, et depuis, il leur
est souvent arrivé de ne plus reconnaître certains de ceux-ci qui, guéris et passant par Paris,
viennent nous apporter leur présence amicale.
C’est dire jusqu’où peut aller cette dégradation lorsqu’elle aboutit à son point ultime.
Il peut vous paraître aberrant de faire ainsi participer ses enfants, de les prendre pour témoins
des choses qui se réalisent devant eux.
En fait, je les instruis seulement aux choses qui leur sont perméables. A dix-huit ans, mon fils
Patrick réalisait ce qu’à quarante ans je n’avais pas encore entrepris. A quatre ans, mon avant
dernier, Alexis, arrête les hémorragies. Et lorsque les quatre enfants que me donna ma
compagne allaient à son sein, tout bébés, pour y puiser le « sang blanc » de leur vie, il
suffisait à ma cavale de prendre leur petite main et de la passer sur son front souffrant de
migraine, pour que celle-ci disparaisse.
Un jour peut-être, qui sait, un généticien se penchera sur ces guérisseurs qui, de père en fils,
possèdent ce que les imbéciles nomment le « secret ».
Il n’est pas de « secret », et ce « Pouvoir » si discuté par des savants ignorants, n’est en fait
qu’un don naturel.
L’homme peut transmettre ses tares à ses descendants. Pourquoi ne pourrait-il, de manière
tout aussi naturelle, leur transmettre le « don »? Surtout lorsque celui-ci vient de branches
héréditaires différentes. Ma grand-mère paternelle guérissait les brûlures, ses cinq enfants
aussi, certains de ses petits enfants également. Du coté de maman, un de ses oncles guérissait
ce que les paysans de Sologne appelaient les « humeurs froides ». on disait de Maria Valenti,
grand-mère paternelle de ma romnie, qu’elle pouvait se noyer dans tout le sang qu’elle avait
ramassé dans sa vie. Or ma compagne elle aussi guérit. Mais jamais ses mains ne touchent
d’autres corps que le mien et celui de nos petits, rejoignant ainsi une loi bien connue des
guérisseurs authentiques du mental, qui veut que la compagne soit le creuset de la force qu’il
puise en sa présence.
Je l’ai déjà dit, il y a dans cette médecine du mental un processus de force extérieure
impérative pour que sa construction devienne opérationnelle.
Elle ne peut le devenir qu’à travers l’équilibre de cette joie de vivre que doit posséder celui
qui la pratique. Cette médecine de l’équilibre du mental, je l’ai appliquée à des médecins, des
chirurgiens, des chiropracteurs, etc...
Imaginez, ou tout du moins tentez de le faire:
imaginez un chirurgien fébrile, inquiet, parce que subissant une vie familiale impossible, et
retrouvant grâce à la turquoise une certaine forme de tranquillité lui permettant de vaquer à
Je n’écrirai pas d’épilogue à ces pages que je viens de consacrer à la turquoise. Je laisse ce
soin à ceux qui, nantis de diplômes, vont démolir ou construire à travers les perceptions
reçues.
Je ne suis qu’un voyageur parmi tant d’autres, mais le hasard, la chance, le destin, m’ont fait
rencontrer des hommes exceptionnels.
La première vertu qu’ils possédaient était l’amour. Un amour fantastique, sans Dieu vendu
par ces religions inventées par les hommes.
Un amour comme seuls le pratiquent encore les loups, et que je m’efforce de suivre, avec
combien de difficultés, car il n’est pas toujours facile à l’enfant de poser ses pas dans
l’empreinte des pas de son père adoptif.
5
LE MAGNETISME
ET LES MALADIES POTENTIELLES.
Tout magnétiseur tentant de réaliser ce que la médecine officielle ne peut réussir, devrait
soumettre à une commission d’hommes de science la somme de ses travaux. Le présent
ouvrage n’est que le témoignage de réalisations à travers une quête perpétuelle.
C’est pour cela qu’il est important qu’il contienne également la somme de mes échecs.
Je vais t’entretenir ici du cancer. Mais avant, il faut que tu saches que je ne guéris pas le
cancer, sauf, bien sur, ceux qui n’en sont pas.
Ne ris pas, ça existe...
Non, je vais seulement te parler de séquelles ou d’évolution dans la douleur que le cancer fait
subir à l’homme. Car il y a des hommes, des femmes qui, par des disciplines différentes,
peuvent s’écarter de la douleur. Les autres se doivent de la supporter, puisqu’ils la subissent.
Les jeunes expériences de magnétiseur se placent presque toujours au niveau de la douleur.
Et les premières réalisations que me fit entreprendre grand-mère étaient seulement
analgésiques. A onze ans, je guérissais les brûlures, mais alors je ne voulais que faire
disparaître la douleur, la guérison de celles-ci m’échappait totalement. L’important pour moi
était d’avoir massacré la douleur.
Je veux dire que la guérison, sur l’instant, m’indiffère et que seule accapare mes forces cette
douleur que j’assassine. Et c’est là que l’étrange intervient: ce voyage au-delà du mental que
fut ma projection physique, devient opérationnel dans le sens d’une thérapeutique à ce point
efficace qu’elle laisse toujours pantois les hommes de science qui la constatent. Car il me
faut bien l’avouer, je ne pense jamais que je vais guérir la brûlure: mon but n’est que
d’apaiser.
Or, je guéris.
Là, et là seulement, se produit un des miracles dont j’ignore le mécanisme, comme la rose
6
LA PEAU ET LE MENTAL.
La médecine officielle admet que les verrues sont d’origine psychosomatique. Les méthodes
qu’elle emploie pour les combattre s’avère la plupart du temps inopérantes, malgré les
souffrances qu’elles font endurer aux patients. Que ne les dirige-t-elle pas, ces malades pour
lesquels elle ne peut rien, vers des ignorants qui peuvent quelque chose?
Cette lettre vous fera peut-être sourire. N’oubliez pas que l’homme qui l’a écrite est arabe. Il
a 18 ans, le style qu’il emploie est celui du coeur. Et moi qui l’ai reçue, elle m’a ému et,
parmi tant d’autres, c’est celle-ci que j’ai choisie de reproduire.
Et puis cette lettre a quelque chose d’insolite, elle est rédigée un peu comme un certificat de
bons et loyaux services; elle m’a paru ne m’avoir pas tout à fait été adressée.
Elle peut paraître puérile.
Mais pour moi, avec certaines autres, elle fait partie d’une panoplie qui rassurent mes
inquiétudes lorsque, devant moi, se plantent, tels des gisants verticaux, ces femmes et ces
hommes rejetés par la médecine officielle.
Imagine un peu:
tu as dix-sept ans.
Un jour, tu vois ta main s’habiller de petites boursouflures. Tu le dis à tes parents.
Ils regardent ta main et te disent:
- C’est rien, c’est des verrues, ça partira comme c’est venu...
Tu n’y crois pas. Et pourtant, ils ont raison, ça va foutre son camp comme c’est arrivé. Et
puis, ça prend du volume, ça envahit cette prairie qu’est le dessus de ta main. Alors, la honte
commence à frôler tes impressions secrètes, puis elle s’installe et te massacre. Car le mal,
sournoisement, se glisse sur la peau qui habille tes doigts. Et puis?
Et puis, dans le cas de Mohamed Boutard, frère tunisien voulant élever sa condition au dessus
d’un racisme imbécile qu’il supporte avec difficulté, c’est la catastrophe. Car ces verrues font
du gigantisme.
Certaines ont presque quinze millimètres de hauteur, leur couleur n’est plus celle de la peau,
elle ressemble à celle que revêtent certains champignons blanchâtres.
Ses parents le conduisent dans les hôpitaux tunisiens, c’est l’échec. C’est même pire, ça
prend de l’ampleur, ça s’étale et prend du volume.
Mohamed arrive à Paris pour poursuivre ses études. Il fonce à l’Hôpital américain, on le
traite à l’azote liquide.
A nouveau, c’est l’échec.
Alors il va à l’hôpital Saint Louis, le champion des maladies de la peau. Rien n’y fait, et
malgré tous les traitements.
Tout le monde le fuit, personne n’ose plus lui serrer la main. Il est désespéré.
A l’université, il porte des gants, les filles s’écartent de lui, et puis un jour quelqu’un, je ne
me rappelle plus qui, le conduit vers moi.
Et ce jour-là, je lui ai serré la main.
Ecoute-moi, toi! Surtout si tu es toubib...
Je lui ai serré la main, puis l’autre.
7
DE LA TURQUOISE
AUX CORDES DE LUNE.
Et me voici, jetant au papier la course de mon écriture, et ceci pour un chapitre qui eut été
vraisemblablement mieux en place au début de cet ouvrage.
La raison, la seule raison en est mon ignorance.
S’il me fallait parler de la turquoise comme en parlent les scientifiques, mon exposé serait
bref, inexistant. Je ne connais rien de sa structure, la seule chose qui, d’elle me parvint, fut
qu’elle était une pierre précieuse, et que l’art du bijoutier l’utilisait polie, sertie dans de
l’argent, et que, bien qu’elle ne soit pas une pierre rare, il existait des faussaires, et ceci
APPENDICES.
En toute honnêteté, je pense que je me devais d’écrire les lignes qui vont suivre.
Je l’ai déjà dit au début de ce livre, sa réalisation ne put exister qu’à travers des pressions
amicales qu’exercèrent sur moi des médecins pratiquant une médecine parallèle que je
Pierre Derlon.
Ton moi mortel, c’est-à-dire « visible, ne sera capable de réaliser ce que les ignorants
appellent l’impossible que dans la mesure où ton moi « invisible » se sera construit à travers
le renoncement de certaines satisfaction physiques.
N’oublie jamais, mon fils, que toutes les limitations matérielles ne viennent que de l’homme,
que le mystère pour lui n’existe que dans l’idée palpable qu’il s’en fait, et que pour être
efficace dans cette médecine que je t’enseigne il te faudra d’abord posséder le coeur dans
l’ame, l’ame dans la pensée, la pensée dans la force, et devenir projection, comme la flèche
sur la cible.
N’oublie pas que les hommes incapables d’aller au-delà du palpable sont des hommes qui son
arrêtés en chemin.
Fais en sorte de les précéder, de ne jamais les suivre.
Ne te retourne pas sur eux, marche.
Car ceux qui sont derrière toi n’existent déjà plus.
Et que la paix caresse le sommeil de tes enfants.
Surtout ne t’attache pas l’esprit aux divagations de certains. Dis-toi bien que leur lumière ne
comprend pas les ténèbres, que pourtant beaucoup d’entre eux se prennent pour des lumières.
Ces lumières-là sont incapables de produire une ombre.
Pourtant, mon petit, toi et moi ne sommes que les ombres d’une certaine lumière qui, dans
notre espace de vie, nous anime, nous véhicule hors notre volonté.
Nous ne faisons que subir une force que nous projetons de manière inconsciente dans un
univers où certains hommes se meuvent comme des soleils particuliers.
Car si tout est matière, il en est qui voyagent au niveau de l’esprit et c’est seulement dans ce
sens que Pierre « le Petit », Kakou en Arles, était le soleil.
Alors ne t’attache pas l’esprit aux divagations d’ignorants diplômés qui se disent savants.
Je comprends tes regrets, tout au fond de moi j’en reçois la résonance; mais je puis t’assurer
que tu n’a fait que suivre le chemin.
Si ton instinct te donne la mesure de ton incapacité, il te faudra le suivre, je te dirais même le
subir.
Avant toi mes mains, mon souffle furent bien souvent impuissants.
Aller plus loin serait semer du blé aux parvis des cathédrales; et sa promesse de vie piétinée
par une foule aveugle.
Il te faudra semer où naîtra la moisson.
Tout le reste n’est que vanité y compris tes regrets mon fils.
J’ai bien compris ton message, ce gosse qui te fatigue parce que tu le vois vivre à travers la
névrose de tes parents, ne t’épuise que parce que tu t’y prends comme un con!
Rappelle-toi:
plus le pouvoir est en toi, d’avantage tu pourra l’exprimer, d’avantage tu seras comblé de
force en retour, et jamais, entends-moi bien, mon fils, lorsque tes réalisations s’en iront
voyager à coté du matériel, jamais les réserves qui sont en toi ne seront épuisées; concentre
ton activité au niveau de la pensée.
N’oublie pas que la pensée est créatrice et que la main ne peut créer qu’à travers celle-ci:
Alors, mon petit, si tes mains aident à la vie, laisse aller tes mains, pense également que si
parfois la fatigue pèse aux épaules de la bête humaine, elle peut aussi lui réchauffer le coeur.
Fasse la vie que tes épaules deviennent lourdes et ton coeur léger...
Ne prends pas orgueil des gens qui du monde entier viennent te consulter, car ils sont maîtres
du chemin qui les conduisent vers toi, mais prends humilité et amour de l’enfant que l’on
conduit à ta présence, parce que son comportement jette le trouble dans le coeur de ceux qui
lui ont donné la vie.
Ne donne jamais ton regard à cet enfant, écarte-toi de lui.
Donner ton regard serait le détruire; contente-toi de le distribuer sur ses parents, n’oublie
jamais cette règle essentielle.
Lorsqu’un petit d’homme est mal installé dans sa coquille, c’est qu’il est bien souvent malade
de son père et de sa mère.
Et si entre deux tu ne rétablis pas l’harmonie, jamais tu ne guériras l’enfant.
Ecoute-moi encore:
de toutes les guérisons que tu réaliseras, la plus difficile sera celle-ci.
Elle n’est pas impossible pour toi, je te le dis. Tu le peux si tu restes propre en dedans de toi,
avant, pendant et après.
Si tu veux que la force de vie par la volonté devienne « pouvoir » à ce que tu te dois de
réaliser, il te faudra entrer dans la maison secrète de ton âme, te retrancher hors du monde
extérieur, fermer ton regard de chair, découvrir ton moi spirituel, pour que cet oeil intérieur
t’indique le chemin de la dimension dans laquelle tu vas devoir te mouvoir.
N’oublie pas que ton corps physique est l’habitacle des énergies premières, que leurs
manifestations ne se peuvent réaliser qu’à travers la volonté et que la force de ton pouvoir ne
tient qu’en la découverte de ton moi spirituel à travers l’instinct et l’animalité.
Ce soir avant ton sommeil respire le corps de tes enfants endormis dans ton lit.
Tu retrouveras alors l’instinct du loup qui sur ses petits retrouve l’odeur de la louve.
Moi qui ne fis jamais rien d’autre que de parler aux feux de la nuit, je pense que pour toi il
doit être grave ce moment où tu poses, au bas de la dernière page d’un manuscrit, le prénom
que te donna ta mère, et ce nom que ton père lui donna avant que tu ne le portes toi-même.
Pense que ton écriture est comme la flamme d’une chandelle, le corps nourrissant cette lueur
n’est que ce tout qui fait la lumière.
C’est grave la parole, Pierre, l’écriture l’est plus encore. Car elle s’en va voyager dans le
coeur de ceux qui te sont étrangers.
Cette signature, mon petit, n’engage pas seulement ceux qui marchent devant toi, mais aussi
ceux dont la vie a fait que la tienne puisse exister.
Que l’on te massacre, que l’on te démolisse, que l’on abatte ce que tu construis est sans
importance.
Ce qui est important, c’est l’authenticité de tes constructions.
Certains hommes emploient quotidiennement des forces que de grands savants tournent en
dérision.
Les choses auxquelles s’accrochent ces hommes vont, au sens naturel du terme, bien au-delà
de la science infuse.
N’oublie pas que tu ne marcheras jamais sur l’eau comme le Christ si une seule fois tu penses
qu’elle te mouillera les pieds, tu ne marcheras jamais sur le feu comme certains hommes des
forets africaines, si une seule fois tu penses qu’il pourrait te brûler, tu ne guériras ni ton frère
ni ton chien comme je le fais, si tu penses que tous deux ne peuvent te recevoir.
Et n’oublie pas que le voile du mystère est essentiellement tissé par le sens matériel de
l’homme.
Ah ! l’imbécile ou l’ignorant, comme il te plaira de penser, mon fils!
L’occulte
le scientifique tuent le spirituel qui est le compagnon de la pensée à l’état pur.
De ce mariage naissent les vibrations issues de toi, dans cette dimension en laquelle tu
voyages.
Ceux de chez toi nomment ces vibrations le « magnétisme », ceux de chez nous « le souffle
de la vie ».
L’homme a, depuis longtemps, recouvert de sable le grand désert de son orgueil. Fais en
sorte, mon petit, que jamais ton pied ne quitte la verte prairie qui, un jour, se nourrira de cette
vie que tu moissonnes.
Tu auras alors atteint une dimension que peu d’hommes peuvent atteindre, et les enfants de
tes petits-enfants se nourriront du souffle que tu auras jeté sous le soleil, et cela bien après ton
départ dans le vent, sous la pluie.
Toutes vibrations émanant de toi, pour être efficaces se devront d'être délibérément
consenties.
Elles ne le pourront devenir que lorsque ton corps psychique se sera dépouillé de
l’inharmonie et de l’imperfection, car le message de la vie ne se réalise qu’à travers l’amour
de celui qui le distribue.
N’oublie jamais, Pierre, que ton corps en son entier n’est qu’un instrument aveugle qui se
meut dans la nuit pour éclater au soleil.
Il est des hommes qui deviennent cathédrales à qui savent les reconnaître.
Et souviens-toi, la cathédrale n’est qu’instrument.
Allez va, tel tu seras, tel on te reconnaîtra.
N’oublie jamais que tes fils te regardent vivre, et qu’ils se nourriront de toi.
Il y aura bientot quarante ans que tu me parles de Dieu. Il y a autant de temps que je te dis
que tu le portes en toi, comme la fleur sur le tas de fumier!
Entre nous Pierre, que penserais-tu d’une perfection qui, après avoir créé la vie, s’en
désintéresserait, au point que ce qu’elle vient de créer soit obligé de la supplier pour survivre?
Que penserais-tu d’une perfection accordant ce privilège, s’en faisant remercier par la prière,
et l’humilité par le geste
cette perfection-là, c’est le dieu inventé par les hommes.
Le Dieu authentique, ou si tu veux celui que j’honore, se suffit à lui même.
Jamais une seule fois dans ma vie je ne lui ai fait l’injure d’une prière.
Pour moi, Dieu est un tout dont je fais partie, faisant partie de ce tout, je me dois à
l’ensemble.
Crois-moi mon petit, quand tu faisais l’amour à ta cavale, quand tu joues les jeux de tes
enfants, quand tu guéris et soulage les douleurs humaines, tu es au centre de la prière
authentique, la seule qui ne fasse pas injure à Dieu.
S’il existe.
N’oublie surtout pas ce que tant de fois je t’ai dit: bien souvent il ta faudra massacrer la cause
mentale de la maladie pour obtenir la guérison.
Si l’enfant que l’on conduit vers toi te tend les bras lorsque ta main va frôler son corps, si le
chien te lèche la main lorsque tu manipules son membre blessé, c’est que tous deux t’ont
reconnu.
Il n’en sera pas de même pour ceux qui, possédant la peur, viendront pourtant vers toi.
N’oublie pas que leur univers n’est que matériel, qu’ils ignorent totalement ce spirituel dans
lequel tu voyages.
Il te faudra alors lier ces deux entités; les assimiler, les digérer, puis par une projection lente
et mesurée de l’esprit sur la matière, faire en sorte que la pensée et l’esprit, unis à travers ce
pouvoir que l’autre subit, puisse créer en lui des harmonies qu’il recevra sans contrainte parce
que son esprit se sera rallié à ta manière de voir et de réaliser, d’en comprendre les sources, et
de s’y baigner en toute sécurité.
Tout dépendra de toi.
N’oublie jamais, mon fils, qu’essayer de vivre à ma mesure c’est massacrer la tienne.
Essayer de me ressembler, c’est massacrer ce qui est en toi.
Faire que tes fils te ressemblent à travers ce que tu as vécu, c’est créer idole.
Chacun sur terre, mon petit, se doit de vivre à sa propre mesure.
Moi, je te le dis, l’homme régresse lorsqu’il porte au coeur le culte de son père: car vivre
l’idéal d’un autre, c’est massacrer le sien.
Ecarte-toi de moi, et fasse la nourriture que je t’ai apporté devenir le fumier qui nourrira la
fleur que tu portes au plus profond de ta terre.
Car ne l’oublie pas, nous ne sommes que cela: une poignée de terre mouillée d’un peu d’eau,
animée par l’esprit et que seul l’esprit demeure une fois l’eau échappée de cette pincée de
terre redevenue poussière.
N’oublie pas que je me suis nourri de l’esprit de mon père, sans pour autant lui ressembler.
Ainsi il te faudra devenir pour donner à tes fils ce que tu leur dois.
FIN.
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