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Apparaissent aussi, dans les oeuvres sadiennes,

entre autres idées ou prises de position familières au XVIIIe siècle: l’éloge


des passions; les interprétations matérialistes de la vie; la thèse de l’inexistence
des idées innées et des origines sensualistes du savoir, de la vérité et
de la morale; l’impossibilité de concevoir des lois absolues; l’identification
posée entre les lois d’une nation et ses anciennes pratiques barbares institutionnalisées;
enfin, l’appel à une morale « naturelle » qui remplacerait
avantageusement la morale fondée sur l’enseignement de l’Église.
Plus d’un philosophe a en effet développé l’idée que, dans la nature, il
n’est rien de juste ou d’injuste, de bon ou de mauvais, et qu’il n’y a donc ni
mal, ni faute, ni désordre. On est sodomite, pervers, coprophage, zoophile
ou meurtrier, parce que la nature l’a voulu ainsi. Des paramètres qui ne dépendent
pas de lui déterminent l’être d’un individu, qui doit se soumettre
en silence à des lois dont il n’est pas responsable et auxquelles il ne peut se
soustraire.

Mais la
nature se révèle elle-même souvent destructrice, et l’on ne sait que trop
qu’elle inspire des penchants nuisibles et criminels.

Pour Sade le mal doit exister dans la Nature. Rousseau envisageait un état
de Nature où l'homme parviendrait à une vie plus harmonieuse et heureuse et où
le mal s'évaporerait sous les lois de la Nature. Sade, par contre, propose qu'il y ait
un équilibre impératif entre le bien et le mal qui existe dans la Nature. Ce sont
deux éléments qui sont opposés mais qui coexistent de façon disséminatoire pour
créer une harmonie plus complète. Sade reconnaît que le monde où la vertu existe
sans le vice ne serait pas du tout une utopie. Il propose plutôt que la vertu sans le
vice est vide de sens. C'est le vice qui définit la vertu.

Sade fait souvent référence dans ses oeuvres à des animaux qui, à son avis, sont
restés dans un état de nature. Les animaux vivent par instinct et selon les lois déterminées par la
loi du plus fort. Si la domination d'un animal dans la nature est
contestée, alors une épreuve détermine le plus fort. Si dans cette épreuve, un
d'entre eux se fait tuer, alors c'est une fatalité naturelle et normale.

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Si l’isolisme consiste à exalter l’absolutisme de l’individualité, l’antiphysisme


défend toutes les sensualités jugées coupables ou anormales par les moralistes ou les
hommes d’Eglise.(22) En effet, l’idée directrice de l’antiphysisme tend à nier la bonté de la
Nature. Pour Rousseau, l’homme est naturellement bon. Pourtant, Sade ne partage pas la
croyance tenace de beaucoup de ses contemporains en la bonté native de l’être humain. A
l’inverse de son temps, en codifiant la méchanceté naturelle de l’homme, il rejette à
plusieurs reprises la suggestion chimérique de l’auteur du Discours sur l’origine et les
fondements de l’inégalité parmi les hommes. Il est probable que le marquis avait envie de
créer sa propre conception de la Nature. Faire l’analyse de l’antiphysisme du marquis
présuppose deux angles d’approche : l’apologie de l’amour non-conformiste ou de la
sodomie et la Nature présentée comme maîtresse de crime.
Sur le plan de l’apologie de l’amour non-conformiste, Sade défend d’abord la sodomie
qui a été condamnée comme péché et immoralité, tant dans le registre religieux que dans le
registre moral. La Bible condamne à plusieurs reprises les rapports homosexuels ; elle les
associe parfois à l’idolâtrie.(23) L’autorité catholique réaffirme sans cesse cette
condamnation en associant l’homosexualité au refus de Dieu et au désordre. La morale
catholique considère que dans la mesure où Dieu a créé des finalités naturelles, c’est
s’opposer à sa volonté que de les enfreindre par un usage désordonné de la faculté sexuelle.
De ce fait, la sodomie et l’homosexualité sont inéluctablement regardées comme un grand
mal : celui qui commet ce genre de mal est absolument un scélérat qui doit être brûlé.
Pourtant, Sade, croyant que «la sodomie est générale par toute la terre»(24), s’efforce de lui
donner une nouvelle valeur en s’appuyant sur le double critère de l’utile et de l’agréable.
Sur le critère de l’utile, en évitant la propagation, la sodomie lui semble la meilleure façon
de pratiquer la contraception. Il l’affirme par la bouche du Pape Pie VI : «Mais le plus utile,
sans doute, sont ceux qui troublent le plus, tels que le refus de la propagation ou la
destruction.» (Juliette, t.IX, p.176.) Loin d’être un égarement monstrueux, l’article 26 des Statuts
de la Société des Amis du Crime montre clairement que «la propagation n’est
nullement l’esprit de la Société ; le véritable libertinage abhorre la progéniture ; la Société
le réprime donc.» (Juliette, t.VIII, p.406.) Sur le plan de l’utilité, Sade, en attaquant la
procréation, fait l’éloge de l’effet contraceptif de la sodomie ; d’autre part, sur le plan
sensuel, il tend à démontrer que le plaisir produit par la sodomie est plus grand que celui du
coït normal. Justifiée par la haine de la propagation, «la sodomie sadienne, remarque M.
Hénaff, se donne d’abord à lire comme valeur démonstrative et polémique, comme pratique
méthodique de destitution de l’impératif de reproduction.»(25) La pratique de la sodomie
bouleverse l’amour conformiste, car les différences du masculin et du féminin s’y annulent
dans l’identité de l’anus.
Au fond, quelle est la vraie signification morale de la sodomie? Du point de vue de la
transgression, c’est dans l’intention de briser tout ce qui s’oppose au désir sexuel que Sade
envisage de nier les normes morales et les liens sociaux fondamentaux, car la procréation
légitimée par le mariage qui jouait un rôle primordial perd désormais son importance.
L’inceste, en tant que négation de l’amour conformiste, joue un rôle plus radical
encore que la sodomie. En analysant le sens de réciprocité et d’échange dans la société
primitive, Lévi-Strauss a indiqué dans ses Structures des élémentaires de la parenté que la
caractéristique fondamentale de la prohibition de l’inceste symbolise le passage de la
Nature à la Culture : elle interdit et défend. Il écrit :
«La prohibition de l’inceste n’est pas seulement [...] une interdiction : en même
temps qu’elle défend, elle ordonne. La prohibition de l’inceste, comme
l’exogamie qui est son expression sociale élargie, est une règle de
réciprocité.»(26)
Puis, il a précisé que «le contenu de la prohibition n’est pas épuisé dans le fait de
prohibition : celle-ci n’est instaurée que pour garantir et fonder, directement et
indirectement, immédiatement ou médiatement, un échange.» (ibid., p.65.) C’est
précisément à l’ensemble des structures liées à la prohibition de l’inceste que Sade
s’attaque. Selon l’analyse de Lévi-Strauss, la réciprocité qui explique la prohibition de
l’inceste n’est jamais un attribut des héros sadiens, puisque l’homme sadien est un
homme solitaire qui refuse toute forme de relations avec autrui : c’est là que Sade dénonce le
système qui en dépend. A lever la prohibition de l’inceste, l’éthique chrétienne
risquerait de s’effondrer.
D’ailleurs, dans le registre familial, il paraît que l’inceste sadien est paradoxal. D’un
côté, il brise tous les liens de famille(27) ; et de l’autre côté, il les resserre.(28) Dans le
pamphlet «Les Français, encore un effort, si vous voulez être républicains», l’inceste a
pour but de consolider les liens des patriotes(29) ; alors que dans Eugénie de Franval,
l’inceste aboutit à la destruction radicale de la famille. La rupture de l’interdit conduit à la
destruction de la hiérarchie familiale, car la fille devient la maîtresse de son père et
remplace sa mère. Malgré toute son ambiguïté, Sade ne cesse de diviniser l’inceste qui est
d’«instruction humaine et divine». (Aline et Valcour, p.834.) Il semble avoir l’intention
de théoriser l’inceste dans son rapport avec le plaisir et proclame dans La Nouvelle
Justine que la jouissance incestueuse est d’autant plus piquante que la parenté du
partenaire est proche :
«Doublons, triplons donc ces incestes tant que nous pourrons, sans rien
craindre ; et plus l'objet de nos désirs nous appartiendra de près, plus
nous aurons de charmes à en jouir.»(30)
Au fond, pourquoi Sade exalte-t-il tant l’inceste et la sodomie? Ainsi que l’adultère,
la bestialité et le meurtre? Pouvons-nous trouver le vrai amour chez lui ? Ne serait-ce pas
un amour charnel, jamais un amour proprement dit? En effet, face à sa démarche
matérialiste, Sade a réduit tous les phénomènes à cette simple cause : tout est objet. Si
nous considérons les partenaires de plaisir comme objets, il n’y aura pas de différence
entre le coït légitime et le coït illégitime, car l’identité du partenaire est absolument
ignorée. Il n’est pas nécessaire de lier le fait d’aimer à celui de jouir.(31) Dans la
perspective de la négation, l’inceste se donne comme la rupture de l’interdit la plus
radicale et la transgression la plus violente. Du point de vue de la paternité, Pierre
Klossowski a justifié que «la sodomie et l’inceste, Sade les exalte comme les attributs de
la paternité : le père doit briser les chaînes conjugales qui l’empêchent de jouir
physiquement de ses enfants : aucune loi naturelle ne s’oppose pourtant à cela.» (32)
En définitive, au terme de notre investigation, il semble bien que Sade a trouvé dans
l’exaltation de l’inceste et de la sodomie une force de négation de tout principe moral et
social. Béatrice Didier a relevé cette force de négation : «L’inceste chez Sade est finalement une
des formes les plus efficaces de la négation. [...] L’inceste permet de nier à
la fois l’ordre social et l’ordre religieux.»(33) Si l’inceste est conçu chez le romancier
comme une sorte de rupture du lien social, il aboutira à coup sûr à l’anarchie, au désordre
et au triomphe de l’isolisme. Dans la relation du plaisir et de l’inceste, le dernier est
exalté, perpétré, maintenu et communiqué afin de multiplier et d’intensifier le premier. Au
nom de la Nature, Sade revendique la liberté absolue qui est entravée dans les chaînes des
règles sociales. A l’écart de la fatalité et de la honte, il est plutôt «glorieux, conscient,
voulu, s’accompagne de voyeurisme, où l’érotisme trouve son compte, tout autant que la
force de négation de tout principe moral et social.» (ibid., p.39) Enfin, il discrédite toutes
les vertus des moralistes chrétiens et fonde son propre système éthique. Si nous
envisageons le devenir historique de l’homme, selon G. Bataille, Sade est le premier qui
ose associer les désirs sexuels que sont l’érection et l’éjaculation à la transgression de la
loi.(34) L’inceste n’est plus un tabou pour Sade, car c’est de la Nature même qu’il a reçu
tous ses penchants. Par contre, si tabou il y a, il vaut mieux que les libertins s’affirment
contre l’interdit. G. Bataille a remarqué qu’«il n’y aurait pas d’érotisme s’il n’y avait en
contrepartie le respect des valeurs interdites.» (ibid., p.243.) C’est justement l’interdit
seul qui peut conférer une valeur érotique à l’objet que nous tentons d’outrager. Tel est le
sens de l’apologie de l’amour non-conformiste.

De tout ce qui précède, il ressort que Sade, au nom de la Nature, rejetait les valeurs
morales chrétiennes. Des questions se posent alors : quelle est la Nature sadienne?
Qu’est-ce qui pousse l’homme au vice?
Nous avons vu, en premier lieu, que la Nature que Sade conçoit n’est pas une Nature
bienfaisante. Elle se caractérise au contraire par la destruction. Elle est en effet un
principe d’écroulement, de meurtres, de massacres. Son précepte est : il faut détruire pour
reconstruire. Dans cette perspective, le meurtre est une façon efficace de reproduire de
nouvelles formes. Sade l’appelle ainsi «transmutateur». (Justine, p.189.) Juliette, en expliquant le
rapport de la sodomie avec la Nature, insiste sur le fait que la Nature est
destructrice :
«Les lois de l’homme, toujours dictées par l’égoïsme, n’ont pas le sens
commun sur cet objet, et que celles de la Nature, bien plus simples, bien
plus expressives, doivent nécessairement nous inspirer tous les goûts
destructeurs d’une population, qui, la privant du droit de recréer les
premières espèces, la maintient dans une inaction qui ne peut que déplaire
à son énergie.» (Juliette, t.IX, p.87.)
Se pose ensuite la question de ce qui entretient le mouvement éternel de la Nature :
Sade est profondément convaincu que c’est son insatiable appétit de destruction qui
toujours lui permet de reproduire. Il en vient à affirmer l’aspect criminel de la Nature :
«Ce n’est que par des forfaits que la Nature se maintient.» (ibid., p.582.) C’est surtout
d’une Nature criminelle que s’inspire toute l’éthique de Sade. Dans La Nouvelle Justine,
après son analyse sur la Nature destinée à nuire aux hommes, Almani expose le résultat
de son observation :
« Le motif qui m’engage à me livrer au mal est né chez moi de la profonde
étude que j’ai faite de la Nature. Plus j’ai cherché à surprendre ses secrets,
plus je l’ai vue uniquement occupée de nuire aux hommes. Suivez-la dans
toutes ses opérations ; vous ne la trouverez jamais que vorace, destructive
et méchante. »(35)
Plus d’une fois, Sade affirme que la Nature ne s’achève que par le meurtre(36) et
qu’elle détruit insensiblement et horriblement.(37) Selon les «lois profondes de l’équilibre»
(Juliette, t.IX, p.582.), il y a autant de destruction négative que de destruction positive.
Dans La Philosophie dans le boudoir, Dolmancé présente bien cette loi de compensation :
« Le meurtre n’est point une destruction, celui qui le commet ne fait que
varier les formes ; s’il rend à la Nature des éléments dont la main de cette
Nature habile se sert aussitôt pour récompenser d’autres êtres. » (p.108.)
Le mouvement destructeur/créateur est ainsi garant de l’équilibre de l’univers et entretient
son dynamisme permanent.
Force est de constater que la Nature, dans l’ensemble de l’oeuvre de Sade, est criminelle et
qu’elle est de surcroît maîtresse de tous les vices. Tel est le sens de
l’antiphysisme selon lequel les libertins sadiens expliquent la volonté de maîtriser
absolument leur corps et la relation criminelle et destructrice entre l’homme et la Nature.

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