Les conditions de développement d’un bon contrôle interne
Un bon contrôle interne repose sur un certain nombre de principes qui
découlent pour une part de la définition du contrôle interne et que la pratique a consacrés. On peut qualifier de bon contrôle interne le fait, pour une entreprise, d'avoir un système d'organisation et de procédures qui assure une fiabilité satisfaisante de l'information ainsi qu'une protection satisfaisante de son patrimoine. Les principes sur lesquels s'appuie le contrôle interne sont : l'organisation, l'intégration, la permanence, l'universalité, l'information, l'harmonie. 2.1 . Le principe d'organisation Pour que le contrôle interne soit satisfaisant, il est nécessaire que l'organisation de l'entreprise possède certaines caractéristiques. L'organisation doit être : préalable adaptée et adaptable vérifiable formalisée et doit comporter une séparation convenable et claire des fonctions. Dans toute organisation et particulièrement celles adoptant des délégations de pouvoirs (grandes structures), quatre fonctions fondamentales doivent être séparées et attribuées à quatre personnes ou hiérarchies différentes : • la fonction de traitement (ou fonction opérationnelle) • la fonction de détention de valeurs monétaires ou biens physiques (ou fonction de protection et de conservation) • la fonction de comptabilisation et d’enregistrement • la fonction de contrôle. La diffusion par écrit des instructions est indispensable dans la grande entreprise. Elle est également préférable dans les entreprises de dimension plus modeste, afin d'éviter les erreurs d'interprétation. La règle de séparation des fonctions a pour objectif d'éviter que dans l'exercice d'une activité de l'entreprise un même agent cumule : les fonctions de décisions (ou opérationnelles) ; les fonctions de détention matérielle des valeurs et des biens ; les fonctions d'enregistrement (saisie et traitement de l'information) ; les fonctions de contrôle; ou même simplement deux d'entre elles, En effet, un tel cumul favorise les erreurs, les négligences, les fraudes et leur dissimulation. Dans tous les cas, l'organisation doit être établie sous la responsabilité du chef d'entreprise. Cette responsabilité consiste à fixer les objectifs, définir les responsabilités des hommes (organigramme), déterminer le choix et l'étendue des moyens à mettre en oeuvre 2.2 . Le principe d'intégration Les procédures mises en place doivent permettre le fonctionnement d'un système d'autocontrôle mis en oeuvre par des recoupements, des contrôles réciproques ou des moyens techniques appropriés. 2.2.1 Les recoupements Ils permettent de s'assurer de la fiabilité de la production ou du suivi d'une information au moyen de renseignements émanant de sources différentes ou d'éléments identiques traités par des voies différentes (en comptabilité : concordance d'un compte collectif avec la somme des comptes individuels). 2.2.2 Les contrôles réciproques Les contrôles réciproques consistent dans le traitement subséquent ou simultané d'une information selon la même procédure, mais par un agent différent, de façon à vérifier l'identité des résultats obtenus (en comptabilité : total de relevés de chèques reçus et total de bordereaux de remises en banques). 2.2.3 Les moyens techniques Les moyens techniques recouvrent l'ensemble des procédés qui évitent, corrigent ou réduisent, autant que faire se peut, l’intervention humaine et par voie de conséquence les erreurs, les négligences et les fraudes (traitements automatiques informatisés, clés de contrôle ou d'accès). 2.3 . Le principe de permanence La mise en place de l'organisation de l'entreprise et son système de régulation (le contrôle interne) suppose une certaine pérennité de ces systèmes. Un dispositif de contrôle interne est apprécié à un double niveau : quant à son existence (sa conception, sa logique interne) et quant à son fonctionnement (le respect de son application). Les procédures de contrôle interne doivent exister et être respectées en permanence. Le principe de permanence conduit à distinguer : • Les faiblesses du contrôle interne : la procédure est peu fiable ou peu efficiente, • Le non respect du contrôle interne : la procédure est bonne mais n’est pas respectée. Rappelons qu’en matière comptable, le législateur a d’ailleurs prévu le principe de permanence des méthodes d’évaluation et de présentation des états de synthèses (comptes annuels). 2.4 . Le principe d'universalité Ce principe signifie que le contrôle interne toutes les personnes dans l’entreprise en tout temps et en tout lieu. C’est-à-dire qu’il ne doit pas y avoir de personnes exclues du contrôle par privilège, ni de domaines réservés ou d’établissements mis en dehors du contrôle interne Le principe d’universalité est souvent bafoué, soi au nom de la confidentialité, soit au nom du manque de temps, soit par crainte des pouvoirs d’une baronnie propre à l’entreprise. Prenons à cet effet quelques exemples qui reviennent dans la littérature du contrôle : Il arrive que des clauses particulières soient insérées dans le contrat de travail de proches collaborateurs du Président Directeur Général, et qu’elles ne soient pas vérifiées par le département juridique, ou bien le budget alloué à certains projets est accordé globalement au lieu de faire l’objet de justifications poste par poste, ou bien les frais d’un directeur ne sont pas justifiés par des factures mais par un relevé bancaire de dépenses effectuées par carte bleue, ou encore des sorties de stocks réalisées durant les congés du mois d’août ne sont pas indiquées sur les bons prévus à cet effet, mais sur des feuilles volantes. Les exemples pullulent. 2.5 . Le principe d’indépendance Ce principe implique que les objectifs du contrôle interne sont à atteindre indépendamment des méthodes, procédés et moyens de l'entreprise. Quels que soient les moyens employés pour conclure des contrats (actes notariés ou simples appels téléphoniques), tenir la comptabilité (tenue manuelle, tenue sur informatique autonome, sous-traitance), ou archiver des informations (papiers, microfilms, CD), les objectifs de sauvegarde du patrimoine et d’efficience des opérations doivent être atteints. En particulier, l'informatique ne doit pas éliminer certains contrôles intermédiaires. 2.6 . Le principe d'information L'information qui chemine dans les circuits d’un contrôle interne doit répondre à certains critères tels que : la pertinence : l’information doit être adaptée à son objet et à son utilisation, disponible et accessible dans les temps et les lieux voulus l'utilité : notamment pour son destinataire, directe (l’information est à saisir le plus près possible de sa source), non redondante, économique (son coût est à rapporter avec ce qu’elle rapporte) l’objectivité : elle ne doit pas notamment être déformée sciemment ou inconsciemment la communicabilité : dans le fond et la forme, l’information communicable est celle dont le destinataire peut tirer clairement, sans ambiguïté, les renseignements dont il a besoin. Elle doit être suffisamment explicite, détaillée, et révéler les faits significatifs en fonction des besoins des utilisateurs. et la vérifiabilité : il doit être possible d’en retrouver les sources, de la retracer. C’est-à-dire qu’elle se doit de comporter les références appropriées permettant de la justifier et de l’authentifier (documents numérotés, classés et archivés) 2.7 . Le principe d'harmonie On entend, par principe d'harmonie, l'adéquation du contrôle interne aux caractéristiques de l'entreprise et de l'environnement. Sinon le contrôle interne formerait un ensemble rigide et contraignant qui n’est pas l’objectif recherché. C'est un simple principe de bon sens (et n'oublions pas que le contrôle interne a un coût) qui exige que le contrôle interne soit bien adapté au fonctionnement de l'entreprise. Un contrôle interne qui empêcherait de manière parfaite toute fraude ou toute erreur serait efficace, mais n’en serait pas pour autant efficient si son prix est démesuré et s’il multiplie des contrôles redondants au détriment de la rapidité de l’information. Il est clair que le contrôle interne doit s’adapter aux spécificités de l’entreprise. Cela ne signifie pas par contre qu’il doive s’adapter aux différents personnels. En ce sens, il serait inenvisageable d’adapter les procédures à la personnalité d’une personne en particulier, par exemple pour permettre à un comptable de cumuler les fonctions de tenue des comptes et de manipulation d’espèces sous le prétexte qu’il s’agit de quelqu’un qui a une réputation d’intégrité notoire. 2.8 . Le principe de la qualité du personnel Un contrôle interne efficace est tributaire d’un personnel compétent, (qualifié professionnellement), et honnête (intègre moralement). Un bon contrôle interne suppose l’existence d’une gestion rigoureuse des ressources humaines : recrutement, formation, turnover, motivation, direction par objectifs, climat social, gestion de carrière).