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Aristote
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Aristote (-384 - -322) (en grec ancien Ἀριστοτέλης) est un philosophe grec de l'Antiquité. Avec
Platon, dont il fut le disciple à l'Académie, il est l'un des penseurs les plus influents que le monde ait
connus. Il est aussi l'un des rares à avoir abordé presque tous les domaines de connaissance de son
temps : biologie, physique, métaphysique, logique, , poétique, politique, rhétorique et de façon
ponctuelle l'économie. Chez Aristote, la philosophie est comprise dans un sens plus large : elle est à
la fois recherche du savoir pour lui-même, interrogation sur le monde et science des sciences.
La science comprend pour lui trois grands domaines : la science spéculative ou théorique, la science
pratique et la science productive. La science spéculative constitue la meilleure utilisation que l'homme
puisse faire de son temps libre. Elle est composée de la « philosophie première » ou métaphysique, de
la mathématique et de la physique, appelée aussi philosophie naturelle. La science pratique tournée
vers l'action (praxis) est le domaine de la politique et de l'éthique. Enfin, la science productive couvre le
domaine de la technique et de la production de quelque chose d'extérieur à l'homme. Entrent dans son
champ l'agriculture, mais aussi la poésie, la rhétorique et, de façon générale, tout ce qui est fait par
l'homme. La logique, , quant à elle, n'est pas considérée par Aristote comme une science, mais comme
l'instrument qui permet de faire progresser les sciences. Exposée dans un ouvrage maintenant connu
sous le titre d’Organon, elle repose sur deux concepts centraux :
le syllogisme, qui marquera fortement la scolastique, et les
catégories (qu'est-ce ? où est-ce ? quand est-ce ? combien ? etc.).
La nature (Phusis) tient une place importante dans la
philosophie d'Aristote. Selon lui, les matières naturelles
possèdent en elles-mêmes un principe de mouvement (en telos
echeïn). Par suite, la physique est consacrée à l'étude des
mouvements naturels provoqués par les principes propres de la
matière. Au-delà, pour sa métaphysique, le dieu des philosophes
est le premier moteur, celui qui met en mouvement le monde sans
être lui-même mû. De même, tous les vivants ont une âme, mais
celle-ci a diverses fonctions. Les plantes ont seulement une âme
animée d'une fonction végétative, celle des animaux possède à la
fois une fonction végétative et sensitive, celle des hommes est
dotée en plus d'une fonction intellectuelle.
La vertu éthique, selon Aristote, est en équilibre entre deux
excès. Ainsi, un homme courageux ne doit être ni téméraire, ni
couard. Il en découle que l'éthique aristotélicienne est très
marquée par les notions de mesure et de phronêsis (en français Infographie à partir Aristote
prudence ou sagacité). Son éthique, tout comme sa politique et
son économie, est tournée vers la recherche du Bien. Aristote, dans ce domaine, a profondément
influencé les penseurs des générations suivantes. En lien avec son naturalisme, le Stagirite considère
la cité comme une entité naturelle qui ne peut perdurer sans justice et sans amitié (philia).
À sa mort, sa pensée connaît plusieurs siècles d'oubli. Il faut attendre la fin de l'antiquité pour qu'il
revienne au premier rang. Depuis la fin de l'Empire romain et jusqu'à sa redécouverte au xiie siècle,
l'Occident , à la différence de l'Empire byzantin et du monde musulman, n'a qu'un accès limité à son
œuvre. À partir de sa redécouverte, la pensée d'Aristote influence fortement la philosophie et la
théologie de l'Occident durant les quatre à cinq siècles suivants non sans créer des tensions avec la
pensée d'Augustin d'Hippone. Associée au développement des universités, qui débute au xiie siècle,
elle marque profondément la scolastique et, par l'intermédiaire de l’œuvre de Thomas d'Aquin, le
christianisme dans sa version catholique.
Au xviie siècle, la percée de l'astronomie scientifique avec Galilée puis Newton discrédite le
géocentrisme. Il s'ensuit un profond recul de la pensée aristotélicienne dans tout ce qui touche à la
science. Sa logique, , l'instrument de la science aristotélicienne, est également critiquée à la même
1
Pellegrin 2014, p. 9.
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ARISTOTE
époque par Francis Bacon. Cette critique se poursuit aux xixe siècle et xxe siècle où Frege, Russell et
Dewey retravaillent en profondeur et généralisent la syllogistique. Au xixe siècle, sa philosophie
connaît un regain d'intérêt. Elle est étudiée et commentée entre autres par Schelling et Ravaisson, puis
Heidegger, ainsi qu'à sa suite par Leo Strauss et Hannah Arendt, deux philosophes considérés par
Kelvin Knight comme des néo-aristotéliciens « pratiques ». Plus de 2 300 ans après sa mort, sa pensée
demeure toujours étudiée et commentée par la philosophie occidentale.
2
ARISTOTE - TABLE DES MATIERES
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ARISTOTE - BIOGRAPHIE
1. Biographie
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La vie d'Aristote n’est connue que dans ses grandes lignes . Son œuvre ne comporte que très
peu de détails biographiques et peu de témoignages de ses contemporains nous sont parvenus ; ses
doxographes, (Denys d’Halicarnasse, Diogène Laërce, etc.), lui sont postérieurs de quelques siècles.
D'après ses biographes, notamment Diogène Laërce, Aristote aurait été doté d'un certain humour et
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aurait soit bégayé, soit eu un cheveu sur la langue . Physiquement, il est petit, trapu, avec des jambes
grêles et de petits yeux enfoncés. Sa tenue vestimentaire est voyante et il n'hésite pas à porter des
bijoux.
2
Ingemar Düring, Aristotle in the Ancient Biographical Tradition, Göteborg, Almqvist & Wiksell, 1957, 492 p.
3
René Antoine Gauthier et Jean-Yves Jolif, Introduction à l’Éthique à Nicomaque, t. I, 1958-1959.
4
Carlo Natali, Bios theoretikos: La vita di Aristotele e l'organizzazione della sua scuola, Bologne, Il Mulino, 1991, 213 p.
(ISBN 978-8815032225).
5
Morel 2003, p. 17.
6
Lucien de Samosate 2015, p. 371
7
Akamatsu 2001, p. 11.
8
Plus tard, il adopte le fils de Proxène, Nicanor.
9
Robert Blanché a présenté en 1966, dans Structures intellectuelles, l'hexagone logique, qui est une extension du carré
logique.
10
Pellegrin 2014, p. 9.
11
Ibid.
4
ARISTOTE - LA PHILOSOPHIE
Vers -341, il recueille et épouse Pythias, nièce et fille adoptive d’Hermias, réfugiée à Pella, qui lui
donne une fille, prénommée elle aussi Pythias. Devenu veuf en -338, il prend pour seconde épouse une
femme de Stagire, Herpyllis, dont il a un fils qu’il nomme Nicomaque. L'Éthique à Nicomaque, qui porte
sur la vertu et la sagesse, porte une dédicacé soit à son père, soit à son fils qui s'appellent tous deux
Nicomaque. Cependant, selon Ivan Gobry, le père d'Aristote était déjà mort quand celui-ci était petit,
et son fils n'était pas encore né au moment de sa rédaction. Par conséquent, Nicomaque fils serait plutôt
l'éditeur de l’Éthique, aidé par Théophraste, et non le destinataire de la dédicace.
Aristote retourne à Athènes en 335 av. J.-C. à la suite de la prise de la ville par Philippe II.
2. La philosophie
2.1. Apparences et opinions crédibles (endoxa)
Aristote fait plus confiance aux capacités perceptives des hommes que René Descartes.
La démarche d'Aristote est à l'opposé de celle de Descartes. Alors que le philosophe français
entame sa réflexion philosophique par un doute méthodologique, Aristote soutient au contraire que nos
capacités de perception et de cognition nous mettent en contact avec les caractéristiques et les divisions
du monde, ce qui n'exige donc pas un scepticisme constant. Pour Aristote, les apparences
(phainomena), les choses étranges que perçues, conduisent à penser notre place dans l'univers et à
philosopher. Une fois la pensée mise en éveil, il préconise de rechercher les opinions des gens sérieux
(endoxa vient de endoxos mot désignant un homme notable de haute réputation). Il ne s'agit pas de
prendre ces opinions crédibles comme des vérités, mais de tester leur capacité à rendre compte de la
réalité.
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ARISTOTE - LA SCIENCE
3. La science
3.1. Épistèmè (science) et technè (art, techniques)
Aristote distingue cinq vertus intellectuelles : la technè, l'épistèmè, la phronésis (prudence), la
sophia (sagesse) et le noûs (intelligence). La technè est souvent traduite par art ou technique, alors que
l'épistèmè se traduit par connaissance ou science. Toutefois, l'épistèmè ne correspond pas à la notion
de science moderne car elle n'inclut pas l'expérimentation. Alors que l'épistèmè est la science des
vérités éternelles, la technè (l'art, la technique) est consacrée au contingent et traite de ce que l'homme
crée. La médecine relève à la fois de l'épistèmè, car elle étudie la santé humaine, et de la technè, car il
faut soigner un malade, produire de la santé. Alors que l’épistèmè peut être apprise dans une école, la
technè vient de la pratique et de l'habitude.
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ARISTOTE - LA SCIENCE
La division ternaire des sciences (théorique, pratique et productive) n'inclut pas la logique, car celle-
ci a pour tâche de formuler « les principes d'une argumentation correcte que tous les domaines de
recherche ont en commun ». La logique, vise à établir à un haut niveau d'abstraction les normes
d'inférences (relations de cause à effet) qui doivent être suivies par quelqu'un cherchant la vérité et
d'éviter les inférences fallacieuses. Elle est développée dans un ensemble de travaux connus depuis le
Moyen Âge sous le nom d’Organon (mot voulant dire instrument en grec). Ce qu'on appelle « science
productive » relève de la technè et de la production (poïesis) ; la science pratique relève de la praxis
(action) et de l’épistèmè (science) en ce qu'elle cherche également des inférences stables à l'intérieur
d'une science.
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ARISTOTE - LA LOGIQUE
la nécessaire conjonction, en toute réalité existante, de la matière (hulè) et de la (morphè) qui l'informe
».
Mais, en procédant ainsi, il se trouve confronté au problème de l'universel. En effet, pour Platon,
cette question ne se pose pas puisque l'universel appartient au domaine des idées. Pour Aristote,
l'universel consiste plutôt en une intuition de la forme ou de l'essence et dans le fait de poser un énoncé,
telle la définition d'un homme comme « animal politique ».
4. La logique
4.1. L'Organon
L’Organon est constitué d'un ensemble de traités sur la façon de mener une réflexion juste. Le titre
du livre, « organon », qui signifie « instrument de travail », constitue une prise de position contre les
stoïciens pour lesquels la logique, est une part de la philosophie.
Le livre I, appelé Catégories, est consacré à la définition des mots et des termes. Le livre II, dédié
aux propositions, est nommé en grec Peri Hermeneias, c'est-à-dire « livre de l'interprétation ». Les
spécialistes le désignent généralement sous son appellation latine De Interpretatione. Le livre III, appelé
les Premiers Analytiques, traite du syllogisme en général. Le livre IV, appelé Seconds Analytiques, est
consacré aux syllogismes dont les résultats sont le fruit de la nécessité (ex anankês sumbanein), c'est-
à-dire sont les conséquences logiques de la prémisse (protasis). Le livre V, nommé Topiques, est dédié
aux règles de la discussion et aux syllogismes dont les prémisses sont probables (raisonnement
dialectique à partir d’opinions généralement acceptées). Enfin, le livre VI, appelé Réfutations
sophistiques, est considéré comme une section finale ou comme un appendice du livre V.
À l'intérieur du livre II De Interpretatione, certains chapitres sont particulièrement importants, tel le
chapitre 7 d'où dérive le carré logique ainsi que le chapitre 11 qui est à l'origine de la logique modale.
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ARISTOTE - LA LOGIQUE
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ARISTOTE - LA LOGIQUE
Pour plus de détails voir Les Catégories dans une traduction de sœur Pascale Nau (op) sur Wikisource et par Barthélemy Saint-Hilaire (1844) sur remacle.org
avec original grec et notes [archive].
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ARISTOTE - LA PSYCHOLOGIE : LE CORPS ET L'AME
6. Biologie
6.1.1. Présentation
La science de la biologie est née de la rencontre sur l'île de Lesbos entre Aristote et Théophraste.
Le premier oriente ses études vers les animaux et le second vers les plantes45. En ce qui concerne
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ARISTOTE - BIOLOGIE
Aristote, les ouvrages consacrés à la biologie représentent plus du quart de son œuvre et constituent
la première étude systématique du monde animal. Ils resteront sans égaux jusqu'au xvie siècle : le plus
ancien est Histoire des animaux, dans lequel Aristote accepte souvent des opinions communes sans
les vérifier. Dans Parties des animaux, il revient sur certaines affirmations antérieures et les corrige. Le
troisième ouvrage, Génération des animaux, est le plus tardif, car il est annoncé dans le précédent
comme devant le compléter. Il porte exclusivement sur la description des organes sexuels et leur rôle
dans la reproduction, tant chez les vertébrés que les invertébrés. Une partie porte sur l'étude du lait et
du sperme, ainsi que sur la différenciation des sexes. À ces trois ouvrages majeurs s'ajoutent des livres
plus brefs traitant d'un sujet particulier, tels Du Mouvement des animaux ou Marche des animaux. Ce
dernier livre illustre la méthode de l'auteur : « partir des faits, les comparer, puis par un effort de réflexion
essayer en les comprenant de les saisir avec exactitude ».
Rien n'est connu au sujet des recherches qu'il a menées avant d'écrire ces livres ; Aristote n'a laissé
aucune indication sur la façon dont il a recueilli les informations et dont il les a traitées. Pour James G.
Lennox, « il est important de garder à l'esprit que nous étudions des textes qui présentent, de manière
théorique et fortement structurée, les résultats d'une véritable investigation dont nous ne connaissons
que peu de détails ». Il est clair cependant qu'Aristote faisait un travail en équipe, particulièrement pour
les recherches historiques et que « le Lycée fut dès l'origine le centre d'une activité scientifique
collective, l'une des plus anciennes qu'il nous soit possible d'atteindre ». L'école réunie autour d'Aristote
ayant pris « l'habitude de l'investigation concrète menée avec méthode et rigueur », « l'observation et
l'expérience ont joué un rôle considérable dans la naissance de toute une partie de l'œuvre ».
6.1.2. La méthode
Dans Parties des animaux, composé vers 330, Aristote commence par établir des éléments de
méthode. L'étude des faits ne doit négliger aucun détail et l'observateur ne doit pas se laisser dégoûter
par les animaux les plus répugnants car « dans toutes les productions naturelles réside quelque chose
d'admirable » et il appartient au savant de découvrir en vue de quoi un animal possède une particularité
quelconque. Une telle téléologie permet à Aristote de voir dans les données qu'il observe une
expression de leur forme. Remarquant qu'« aucun animal n'a à la fois des défenses et des cornes » et
qu'« un animal à un seul sabot et deux cornes n'a jamais été observé », Aristote en conclut que la
nature ne donne que ce qui est nécessaire. De même, voyant que les ruminants ont plusieurs estomacs
et de mauvaises dents, il en déduit que l'un compense l'autre et que la nature procède à des sortes de
compensations.
Aristote aborde la biologie en scientifique et cherche à dégager des régularités. Il note à ce propos
: « l'ordre de la nature apparaît dans la constance des phénomènes considérés soit dans leur ensemble,
soit dans la majorité des cas » (Part.an., 663b27-8) : si les monstres (ferae), tel le mouton à cinq pattes,
sont des exceptions aux lois naturelles, ils sont malgré tout des êtres naturels. Simplement, leur essence
ou forme n'agit pas de la façon qu'il faudrait. Pour lui, l'étude du vivant est plus complexe que celle de
l'inanimé. En effet, l'être vivant est un tout organisé dont on ne peut pas détacher sans problème une
partie, comme dans le cas d'une pierre. D'où la nécessité de le considérer comme un tout (holon) et
non comme une totalité informe. D'où, également, la nécessité de n'étudier la partie qu'en se rapportant
à l'ensemble organisé dont elle est le membre.
Parfois, cependant, le désir d'accumuler le plus de renseignements possible l'amène à retenir sans
les examiner des affirmations inexactes :
« un ouvrage comme Recherches sur les animaux offre essentiellement un caractère ambigu: on y
trouve, côte à côte pourrait-on dire, des observations minutieuses, délicates, par exemple des données
précises sur la structure de l'appareil visuel de la taupe ou sur la conformation des dents chez l'homme
et l'animal, et des affirmations au contraire tout à fait inacceptables, qui constituent des erreurs graves
et parfois même grossières, telles que celles-ci : les testacés sont des animaux sans yeux, la femme
ne possède point le même nombre de dents que l'homme, et d'autres errements du même genre. »
En dépit de ces failles dues à des généralisations hâtives, surtout dans Histoire des animaux,
Aristote émet souvent des doutes envers des affirmations soutenues par ses devanciers, refusant par
exemple de croire à l'existence de serpents à corne ou d'un animal qui aurait trois rangées de dents. Il
critique volontiers des croyances naïves et leur oppose des observations précises et personnelles d'une
grande justesse. En somme, il a laissé « une œuvre incomparable par la richesse des faits et des idées,
surtout si l'on se reporte à l'époque qui l'a vu naître », justifiant ce témoignage de Darwin : « Linné et
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ARISTOTE - LA PHYSIQUE
Cuvier ont été mes deux dieux dans de bien différentes directions, mais ils ne sont que des écoliers par
rapport au vieil Aristote ».
Aristote ne se contente pas de décrire les aspects physiologiques, mais s'intéresse aussi à la
psychologie animale, montrant que « la conduite et le genre de vie des animaux diffèrent selon leur
caractère et leur mode d'alimentation, et que dans la plupart d'entre eux se trouvent les traces d'une
véritable vie psychologique analogue à celle de l'homme, mais d'une diversité d'aspects bien moins
marquée ».
Tout indique que les ouvrages de biologie étaient accompagnés de plusieurs livres de Planches
anatomiques établies à la suite de dissections minutieusement effectuées, mais malheureusement
disparues. Celles-ci représentaient notamment le cœur, le système vasculaire, l'estomac des ruminants
et la position de certains embryons85. Les observations relatives à l'embryogenèse sont
particulièrement remarquables : « l'apparition précoce du cœur, la description de l'œil du poussin, ou
encore l'étude fouillée du cordon ombilical et des cotylédons de la matrice sont d'une exactitude parfaite
». Il a ainsi observé des embryons de poussins à divers stades de leur développement, après une
couvée de trois jours, de dix jours ou de vingt jours —synthétisant des observations qui ont été
nombreuses et continues.
7. La physique
7.1. La physique comme science de la nature
La physique est la science de la nature (« physique » vient du grec phusis (ϕύσις) signifiant « nature
»). Pour Aristote, son objet est l'étude des êtres inanimés et de leurs composants (terre, feu, eau, air,
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ARISTOTE - LA PHYSIQUE
éther). Cette science ne vise pas comme aujourd'hui à transformer la nature. Au contraire elle cherche
à la contempler.
Selon Aristote, les êtres naturels, quels qu'ils soient (pierre, vivants, etc.), sont constitués des quatre
premiers éléments d'Empédocle auxquels il ajoute l'éther, qui occupe ce qui est au-dessus de la Terre.
la Terre, qui est froide et sèche : correspond de nos jours à l'idée de solide.
l'Eau, qui est froide et humide : c'est de nos jours l'idée de liquide.
l'Air, qui est chaud et humide : c'est de nos jours l'idée de gaz.
le Feu, qui est chaud et sec : correspond de nos jours à l'idée de plasma et de chaleur.
l'Éther, substance divine dont sont faites les sphères célestes et les corps lourds (étoiles et planètes).
La nature, selon Aristote, possède un principe interne de mouvement et de repos98. La forme,
l'essence des êtres, détermine la fin, de sorte que, pour le Stagirite, la nature est à la fois cause motrice
et fin (Part, an., I, 7,64Ia27)99. Il écrit (Méta., Δ4, 1015ab14-15) : « La nature, dans son sens primitif et
fondamental, c'est l'essence des êtres qui ont, en eux-mêmes et en tant que tels, leur principe de
mouvement ». Il établit également une distinction entre les êtres naturels, qui ont ce principe en eux-
mêmes, et les êtres artificiels, créés par l'homme et qui ne sont soumis à un mouvement naturel que
par la matière qui les compose, de sorte que pour lui : « l'art imite la nature ».
Par ailleurs, dans la pensée d'Aristote, la nature est dotée d'un principe d'économie, ce qu'il traduit
par son célèbre précepte : « la nature ne fait rien en vain ni rien de superflu ».
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ARISTOTE - COSMOLOGIE
8. Cosmologie
8.1. Monde sublunaire et supralunaire
Dans le Traité du ciel et Météorologiques, Aristote démontre que la Terre est sphérique et qu'il est
absurde de la présenter comme un disque plat. Il avance comme arguments que les éclipses de Lune
montrent des sections courbes et que même un léger déplacement du nord vers le sud entraîne une
altération manifeste de la ligne d'horizon. Il divise le globe en cinq zones climatiques correspondant à
l'inclinaison des rayons du soleil : deux zones polaires, deux zones tempérées habitables de chaque
côté de l'équateur et une zone centrale à l'équateur rendue inhabitable en raison de la forte chaleur qui
y règne. Il estime la circonférence de la Terre à 440 000 stades, soit près du double de la réalité. La
conception géocentrique d'Aristote, conjointement avec celle de Ptolémée, dominera la réflexion durant
plus d'un millénaire116. Cette conception du cosmos, Aristote la tient cependant en grande partie
d'Eudoxe de Cnide (dont il perfectionne la théorie des sphères), à la différence près qu'Eudoxe ne
défend aucunement une position réaliste, comme le fait Aristote. Ptolémée non plus ne soutient pas
cette position réaliste : sa théorie et celle d'Eudoxe ne sont pour eux que des modèles théoriques qui
permettent le calcul. C'est donc l'influence de l'aristotélisme qui fait apparaître le système ptoléméen
comme la « réalité » du cosmos dans les réflexions philosophiques, jusqu'au xve siècle.
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ARISTOTE - LA METAPHYSIQUE
Aristote distingue deux grandes régions dans le cosmos : le monde sublunaire, le nôtre, et le monde
supralunaire, celui du ciel et des astres, qui sont éternels et n'admettent aucun changement car ils sont
constitués d'éther et possèdent une vie véritablement divine et qui se suffit à elle-même. La Terre est
nécessairement immobile mais est au centre d'une sphère animée d'un mouvement de rotation continu
et uniforme; le reste du monde participe d'une double révolution, l'une propre au « premier Ciel » faisant
une révolution diurne d'orient vers l'occident tandis que l'autre fait une révolution inverse d'occident en
orient et se décompose en autant de révolutions distinctes qu'il y a de planètes. Ce modèle se complique
encore du fait que ce ne sont pas les planètes qui se meuvent, mais les sphères translucides sur
l'équateur desquelles elles sont fixées : il fallait trois sphères pour expliquer le mouvement de la lune,
mais quatre pour chacune des planètes.
9. La métaphysique
Le mot métaphysique n’est pas connu d’Aristote, qui emploie l'expression philosophie première.
L'ouvrage appelé Métaphysique est composé de notes assez hétérogènes. Le terme « métaphysique »
lui a été attribué au ier siècle parce que les écrits qui le composent étaient classés « après la Physique
» dans la bibliothèque d'Alexandrie. Le préfixe meta pouvant signifier après ou au-delà, le terme « méta-
physique » (meta ta phusika), peut être interprété de deux manières. Tout d'abord, il est possible de
comprendre que les textes doivent être étudiés après la physique. Il est également possible d'entendre
le terme comme signifiant que l'objet des textes est hiérarchiquement au-dessus de la physique. Même
si, dans les deux cas, il est loisible de percevoir une certaine compatibilité avec le vocable aristotélicien
de philosophie première, l'emploi d'un mot différent est souvent perçu par les spécialistes comme le
reflet d'un problème, d'autant que les textes réunis sous le nom de métaphysique sont traversés par
deux questionnements distincts. D'un côté, la philosophie première est vue comme « science des
premiers principes et des premières causes », c'est-à-dire du divin ; il s'agit là d'un questionnement
maintenant appelé théologique. D'un autre côté, les livres Γ et K sont traversés par un questionnement
ontologique portant sur « la science de l'être en tant qu'être ». De sorte qu'on parle parfois d'une «
orientation onto-théologique » de la philosophie première. Pour compliquer les choses, Aristote
semble, dans certains livres (le livre E en particulier), introduire la question ontologique du livre gamma
(qu'est-ce qui fait que tout ce qui est est ?) à l'intérieur d'une question de type théologique (quelle est la
première cause qui amène à l'être l'ensemble de ce qui est ?).
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ARISTOTE - LA METAPHYSIQUE
composée] sont l'objet de la Physique, car elles impliquent le mouvement ; mais la substance immobile
est l'objet d'une science différente [la philosophie première] »).
Dès lors, « la Métaphysique est bien la science de l'essence, et sont universels, d'autre part, les
«axiomes» qui expriment au fond la nature de Dieu ».
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ARISTOTE - L’ETHIQUE
Si Aristote en Métaphysique Z, distingue matière et corps, dans le livre θ, il distingue entre réalité
et potentialité. Tout comme la forme a priorité sur la matière, la réalité a priorité sur la potentialité pour
deux raisons. Tout d'abord, la réalité est la fin, c'est pour elle que la potentialité existe. Ensuite, la
potentialité peut ne pas devenir une réalité, elle est donc périssable et à ce titre inférieure à ce qui est
car « ce qui est éternel doit être entièrement réel ».
Pour Pierre Aubenque, l'ontologie d'Aristote est une ontologie de la scission entre l'essence
immuable et l'essence sensible. De sorte que c'est la médiation de la dialectique qui rend possible une
unité « proprement ontologique, c'est-à-dire qui ne tient qu'au discours que nous tenons sur elle et qui
s'effondrerait sans lui ».
10. L’éthique
Aristote a abordé les questions éthiques dans deux ouvrages, l’Éthique à Eudème et l’Éthique à
Nicomaque. Le premier est rattaché à la période antérieure à la fondation du Lycée, entre les années
348 à 355, et présente un premier état de sa pensée sur le sujet, dans un exposé simple et accessible,
dont des morceaux seront repris plus tard dans l’Éthique à Nicomaque. Les deux livres ont plus ou
moins les mêmes préoccupations. Ils débutent par une réflexion sur l'eudémonisme, c'est-à-dire sur le
bonheur ou l'épanouissement. Ils se poursuivent par une étude sur la nature de la vertu et de
l'excellence. Enfin, Aristote aborde les traits de caractères nécessaires pour parvenir à cette vertu
(arété).
Pour Aristote, l'éthique est un champ de la science pratique dont l'étude doit permettre aux êtres
humains de vivre une vie meilleure. D'où l'importance des vertus éthiques (justice, courage, tempérance
etc.), vues comme un mélange de raison, d'émotions et d'aptitudes sociales. Toutefois, Aristote, à la
différence de Platon, ne croit pas que « l'étude des sciences et de la métaphysique soit un prérequis à
une pleine compréhension de notre bien ». Pour lui, la vie bonne exige que nous ayons acquis « la
capacité de comprendre en chaque occasion quelles sont les actions les plus conformes à la raison ».
L'important n'est pas de suivre des règles générales mais d'acquérir « à travers la pratique les aptitudes
délibératives, émotionnelles et sociales qui nous rendent capable de mettre notre compréhension
générale du bien-être en pratique ». Il n'a pas pour but de « savoir ce qu’est la vertu en son essence »
mais de montrer comment faire afin de devenir vertueux.
Aristote considère l'éthique comme un champ autonome qui ne requiert aucune expertise dans
d'autres champs. Par ailleurs, la justice est différente du bien commun et inférieure à lui. Aussi, à la
différence de Platon pour qui justice et bien commun doivent être recherchés pour eux-mêmes et pour
leurs résultats, pour Aristote, la justice doit être recherchée seulement pour ses conséquences.
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ARISTOTE - L’ETHIQUE
elle-même ». Il existe cependant un bonheur encore supérieur : c'est celui que procure la contemplation,
entendue comme recherche de la vérité, de ce qui est immuable, de ce qui trouve sa fin en elle-même.
Il s'agit là de quelque chose de divin : « ce n'est pas en tant qu'homme qu'on vivra de cette façon, mais
en fonction de l'élément divin qui est présent en nous ». Aristote consacre à cette forme de bonheur
l'entièreté du dernier livre de son Éthique.
Il ne faut pas confondre richesse et bonheur : « Quant à la vie de l’homme d’affaires, c’est une vie
de contrainte, et la richesse n’est évidemment pas le bien que nous cherchons : c’est seulement une
chose utile, un moyen en vue d’une autre chose ».
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ARISTOTE - L’ETHIQUE
« Il existe trois facteurs qui entraînent nos choix, et trois facteurs nos répulsions : le beau, l’utile, le
plaisant et leurs contraires, le laid, le dommageable et le pénible ». La délibération conduit au choix
rationnel qui porte sur les moyens d'atteindre la fin : « Nous délibérons non pas sur les fins elles-mêmes,
mais sur les moyens d'atteindre les fins ». La vertu et le vice résultent de choix volontaires : « le choix
n'est pas chose commune à l'homme et aux êtres dépourvus de raison, à la différence de ce qui a lieu
pour la concupiscence et l'impulsivité. (…) l'homme maître de lui (…) agit par choix et non par
concupiscence ».
« Aristote n'use pas encore des notions de libre arbitre, de liberté, de responsabilité », mais pose
en quelque sorte les bases sur lesquelles ces notions seront bâties, en distinguant entre actions
volontaires et involontaires. Ces dernières ne peuvent être rapportées à notre volonté et on ne peut par
conséquent nous en rendre responsables. Toutefois, chez Aristote, l’ignorance ne conduit pas
nécessairement au pardon. En effet, il est des cas où l'ignorance des êtres humains doit être
sanctionnée car il ne tenait qu'à eux de s'informer. Ainsi, quand nous nous apercevons, parfois, de notre
ignorance et de notre erreur, nous reconnaissons que nous avons mal agi. Toutefois, dans les cas où
les hommes subissent des contraintes extérieures auxquelles il leur est impossible de résister, ils ne
sont pas responsables de leur conduite. De façon générale, pour Aristote, la volonté porte sur la fin
recherchée et le choix sur les moyens d'atteindre cette fin. Alors que Platon insiste sur la fin et tient les
moyens comme subalternes, asservis aux fins, Aristote s'interroge sur les dissonances entre fin et
moyens. De sorte que, pour le Stagirite, fins et moyens sont également importants et interagissent.
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ARISTOTE - L’ETHIQUE
La théorie de la mesure ne fait pas partie du processus délibératif tourné vers l'étude des moyens à
mettre en œuvre pour atteindre un but. Elle appartient au processus qui conduit à la vertu et qui permet
de définir le bon but : « la vertu morale, en effet, assure la rectitude du but que nous poursuivons, et la
prudence celle des moyens pour parvenir à ce but ».
Rien à voir !
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ARISTOTE – INDEX DES NOMS PROPRES
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ARISTOTE – INDEX ŒUVRES
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