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THESE
présentée en vue
d’obtenir le grade de
DOCTEUR
par
Flore BRUE
Titre de la thèse :
ROLES DE LA TEMPERATURE ET DE LA COMPOSITION SUR LE COUPLAGE
THERMO-HYDRO-MECANIQUE DES BETONS
ABSTRACT
The French project of the storage of nuclear wastes, which is managed by the Andra, needs
some experimental data on the durability of the concrete. Loadings which are taken into
account are the desaturation/resaturation processes, the heat load and the mechanical
evolution. Hence this study focuses on the coupling thermo-hydro-mechanical on concretes of
the research program of Andra, made with CEM I and CEM V/A cement type. The water
saturation degree and shrinkages of materials, which are subjected to desiccation or
resaturation, are dependent on the imposed thermal and hydrous conditions and on their
microstructural characteristics. Moreover the study of the mechanical evolution is gone
further at 20°C in function of the water saturation degree. Different short-term tests highlight
a hydrous damage, which determine the mechanical behaviour. The long-term study of
desiccation creep shows the coupling between the durability, the mechanical evolution and the
desiccation.
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SOMMAIRE
Introduction générale ................................................................................................... p. 4
1
I. Matériaux étudiés .................................................................................................... p. 62
I.1. Propriétés des bétons de référence de l’Andra ............................................................. p. 62
I.2. Fabrication des échantillons ......................................................................................... p. 65
V. Conclusions .............................................................................................................. p. 92
2
II.3. Analyse du processus de désaturation en fonction de la température ...................... p. 115
II.3.1. Cinétique de désaturation et isothermes de désorption d’eau ............................ p. 118
II.3.1.1. Influence de la température ................................................................................ p. 119
II.3.1.2. Influence de la composition ................................................................................ p. 124
II.3.1.3. Discussion ........................................................................................................... p. 135
II.3.2. Evolution des retraits en fonction de la température .......................................... p. 141
II.3.2.1 Retraits en conditions endogènes après maturation ............................................ p. 141
II.3.2.2. Retraits de dessiccation ...................................................................................... p. 144
II.3.2.2.1. Influence de la température ....................................................................................... p. 145
II.3.2.2.2. Influence de la composition ....................................................................................... p. 151
II.3.3. Evolution du retrait de dessiccation en fonction de la perte de masse ............... p. 158
II.3.3.1. Influence de la température ................................................................................ p. 160
II.3.3.2. Influence de la composition ................................................................................ p. 161
II.4. conclusions de l’analyse du couplage thermo-hydro-mécanique- ............................ p. 163
3
INTRODUCTION GENERALE
En France, la gestion des déchets nucléaires est confiée à l’Agence Nationale de gestion des
Déchets RadioActifs (Andra). L’une des missions de cette agence est de proposer et mettre au
point des filières de prise en charge pour les déchets radioactifs français. Pour les déchets
radioactifs à vie longue, l’une des options est leur enfouissement dans un stockage constitué
de structures souterraines permettant de les isoler et de confiner la radioactivité sur des durées
nécessaires pour sa décroissance. Un des projets actuellement à l’étude est la faisabilité d’un
tel stockage dans l’argilite du Callovo-Oxfordien. Un laboratoire est dédié à ces travaux à 500
m sous terre à la limite des départements de la Meuse et de la Haute Marne.
Les matériaux cimentaires seront très largement utilisés dans ces structures, tout
particulièrement en ce qui concerne celles dédiées aux déchets de moyenne activité à vie
longue (MAVL – ouvrage et colis figures I.2 et I.3), antérieurement appelés déchets B. Cette
zone de stockage de déchets MAVL sera conçue comme un réseau de galeries souterraines en
béton, comprenant des galeries de transfert menant jusqu’aux alvéoles de stockage
proprement dites (figure I.1).
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Fig I. 1 : Représentation du site de stockage souterrain et zoom sur la zone de déchets MAVL [Andra 05]
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Fig I. 2 : Représentation de la zone de stockage de déchets MAVL (à 500 m de profondeur dans l’argilite)
[Andra 05]
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Fig I. 3 : Représentation des colis de stockage des déchets MAVL [Andra 05]
5
Le choix des matériaux de la zone de stockage de déchets MAVL est un point fondamental.
L’Andra a mené différentes études et a retenu les matériaux cimentaires comme l’optimum
technico-économique pour la réalisation de ces ouvrages. Le béton a ainsi été retenu en raison
d’un important retour d’expériences, issu du génie civil et des techniques de mise en œuvre
éprouvées [Andra 05]. Par ailleurs ces matériaux peuvent être formulés en fonction des
besoins et la palette de solutions offertes par l’industrie cimentière à ce jour, permet de
répondre à des questions de durabilité de plus en plus importantes.
Concernant les propriétés spécifiées qui vont guider vers telle ou telle formulation, les
performances atteintes à ce jour couvrent largement les besoins pour le stockage en formation
géologique. Les propriétés mécaniques des bétons nécessaires se situent dans la gamme des
bétons de « hautes performances » (résistances en compression supérieures à 60 MPa),
accessibles avec une gamme très large de matériaux. Ces propriétés physiques et chimiques
ont été spécifiées pour aboutir à des formulations types, « de référence », répondant aux
critères principaux de durabilité physique et chimique dans les conditions imposées par
l’argilite du Callovo-Oxfordien
Ces deux bétons de référence qui servent soit directement, soit de base pour les études sur le
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comportement à long terme des composants du stockage des déchets MAVL ont été définis,
l’un sur la base d’un ciment CEM I et l’autre sur la base d’un ciment CEM V/A. Les
formulations des bétons sont présentées dans les tableaux I.1 et I.2. Nous précisons que les
quantités du superplastifiant, prises dans les documents de formulations [Andra 01a ; 01b],
ont été considérées comme un dosage en extrait sec de produit. Ainsi, nous avons corrigées
ces valeurs (extrait sec : 20%) pour prendre en compte l’eau présente dans le produit. Le
dosage en eau a également été corrigé pour respecter les rapports E/C. Toutes les quantités
des tableaux suivants sont les dosages utilisés pour la fabrication de 1m3 de matériau.
Ces deux bétons ont été formulés pour résister chimiquement et physiquement aux conditions
de stockage. La différence de ciment employé modifie les propriétés initiales des matériaux
tout en répondant aux spécifications de performance et de stabilité dans le temps. Outre les
6
différences chimiques, cette différence de liant a aussi des conséquences sur les aspects
microstructuraux de chacun de ces deux bétons. Le ciment CEM V/A est composé de laitier
de hauts fourneaux et de cendres volantes, en substitution du clinker par rapport au CEM I ;
ce dernier est principalement constitué de clinker. Les additions du CEM V/A favorisent la
réaction pouzzolanique et influenceront les différentes propriétés mécaniques et de transfert
de ce béton. En effet, les composés pouzzolaniques peuvent réagir avec la chaux, ce qui
donne notamment une répartition de porosité différente, une microstructure plus dense et des
propriétés de transport plus faibles que celles d’un CEM I [Andra 05].
En situation de stockage, les bétons seront soumis à différentes sollicitations dans le temps
(figure I.4). Ces processus THMC (Thermiques, Hydriques, Mécaniques, Chimiques) ont été
positionnés dans le temps permettant d’en faire apparaître le caractère couplé ou non [Andra
05].
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Fig I. 4 : Représentation des sollicitations auxquelles sera soumis le site de stockage souterrain [Andra 05]
Au cours des premières phases (creusement, réalisation des structures et des ouvrages,
installation des colis et fermeture), les processus associés à la désaturation/resaturation des
matériaux, autant que de l’argilite du Callovo-Oxfordien, auront un impact sur le
comportement mécanique des ouvrages. Le fait de construire en souterrain va entraîner une
décharge hydraulique dans la couche géologique du Callovo-Oxfordien. Un nouvel état
d’équilibre se manifestera alors sous la forme d’une resaturation. Ces processus vont
influencer le comportement des bétons du site de stockage souterrain et se fera sur une
période s’étalant de quelques milliers à quelques dizaines de milliers d’années. La charge
thermique due à certains MAVL, ne devrait pas dépasser, par conception, un domaine de
fonctionnement permettant l’emploi de matériaux cimentaires (T<80°C aux points les plus
7
chauds). L’évolution mécanique reprend l’aspect souterrain du site de stockage. Celui-ci sera
notamment soumis au fluage, conséquence de la couche géologique l’accueillant.
Dans les étapes antérieures de la description de l’évolution des ouvrages de stockage, les
évolutions couplées chimie/transfert étaient le centre des préoccupations. L’objectif était une
description à très long terme de l’évolution du stockage. Dans la présente phase d’étude, ce
sont les premiers siècles qui sont au centre des travaux conduits. Cette phase non saturée
constitue en effet une période dont l’évolution physique va influer sur toute la période de
réversibilité. Il est donc indispensable de modéliser cette phase désaturée en eau afin de
proposer un état physique qui corresponde à ce que sera l’état initial, avant une évolution à
long terme. La question qui se pose est alors de quantifier l’influence des processus de
désaturation/resaturation sur les propriétés physiques des bétons. Par conséquent, la présente
étude ne portera que sur l’impact de ces processus et leur couplage avec la charge thermique
sur l’évolution mécanique des matériaux.
porté sur le couplage de ces sollicitations. Si, dans la littérature, il est possible de trouver des
études sur les effets de la température ou de l’hygrométrie sur le comportement mécanique
des bétons, il n’existe à ce jour que très peu d’études sur l’effet de la température sur
l’hygrométrie des bétons, et encore moins sur le couplage entre ces trois sollicitations.
Le travail proposé ici est purement expérimental : il se base, dans une première partie, sur une
analyse bibliographique, afin d’identifier clairement les aspects essentiels à prendre en
compte. Fondée sur cette analyse bibliographique et sur l’identification des besoins
expérimentaux, le second chapitre de cette thèse présente les principes qui ont guidés cette
démarche expérimentale. Le lecteur pourra ainsi avoir une vue exhaustive et précise des
protocoles d’essais mis au point ou utilisés pour ce travail, dans le but d’obtenir des résultats
pertinents sur les effets des couplages thermo-hydro-mécaniques sur les bétons de l’Andra.
Enfin, un troisième chapitre présente les différents résultats obtenus. Il montre, en particulier,
le rôle crucial de la température sur le comportement hydro-mécanique des bétons. Les
températures cibles utilisées dans ce travail varient de 20°C à 80°C. Malgré le fait que la
différence de température soit relativement limitée, sa conséquence, en termes de
comportement en désaturation ou en retrait, est très importante et fondamentalement
nécessaire à prendre en compte, quel que soit le type de béton. L’impact de la désaturation sur
le comportement mécanique des bétons Andra est ensuite examiné. L’aspect concurrentiel de
l’effet bénéfique de la pression capillaire et l’effet endommagement de la fissuration est alors
clairement mis en évidence aux moyens de sollicitations mécaniques variées, sur des
matériaux ayant différents degrés de saturation.
8
Les conclusions et les perspectives de ce travail sont présentées en fin du mémoire. Les
principaux enseignements des investigations expérimentales menées y sont synthétisés, et du
fait de l’étendue du travail à réaliser, des directions de recherche concernant les couplages
thermo-hydro-mécaniques dans les bétons de l’Andra sont proposées.
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BIBLIOGRAPHIQUE
PARTIE 1 : ANALYSE
Introduction
Afin d’apporter une description la plus précise possible sur des durées importantes, la
connaissance du comportement thermo-hydro-mécanique des matériaux cimentaires est
nécessaire. En conditions de fonctionnement en formation géologique profonde, les bétons,
qui seront mis en place, vont subir des contraintes provenant du milieu géologique d’une part
et des déchets d’autre part. Les contraintes mécaniques et hydriques imposées sur les deux
faces des ouvrages doivent être décrites. L’objectif du présent travail est donc d’apporter les
éléments permettant de quantifier ces processus thermo-hydro-mécaniques.
Cette analyse bibliographique présente un état des connaissances sur les processus associés au
phénomène de dessiccation (retrait, fluage en fonction de l’état de saturation) et aux
conséquences sur les propriétés physiques des matériaux.
I Les bétons
I.1 Le ciment
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Le clinker est un matériau de base auquel on peut trouver nombre d’ajouts pour la préparation
des ciments, qui sont disponibles sur le marché. On peut ainsi ajouter, des cendres volantes,
des laitiers de hauts fourneaux, ou encore des fumées de silice. On modifie ainsi la
composition du ciment et par voie de conséquence ses propriétés (figure 1.1). Les
compositions sont normalisées en fonction des compositions et des mélanges (tableau 1.1)
11
Ciment Ciment au
Ciment Ciment de haut Ciment
Portland laitier et aux
Portland fourneau pouzzolanique
composé cendres
CEM CEM CEM CEM CEM CEM CEM CEM CEM
CEM I
II/A II/B III/A III/B III/C IV/A IV/B V/A V/B
80% 65% 35% 20% 5% 65% 45% 40% 20%
Clinker (K) 95%
≤94% ≤79% ≤64% ≤34% ≤19% ≤90% ≤64% ≤64% ≤39%
36% 66% 81% 18% 31%
Laitier (S) *
≤65% ≤80% V95%
* *
≤30% ≤50%
Pouzzolanes
* * * *
(Z) 10%≤ 36%≤ 18%≤ 31%≤
Cendres total total total total
6%≤ 21%≤ ≤35% ≤55% ≤30% ≤50%
siliceuses *
total total
* * *
(fumée (fumée
(V) ≤20% ≤35% de silice de silice
Fumée de ≤10%) ≤10%)
* (fumée (fumée * * * * *
silice (D) de de
Cendres silice silice
calciques * ≤10%) ≤10%) * * * * * * *
(W)
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Schistes (T) * * * * * * * *
Calcaires
* * * * * * * *
(L)
Fillers (F) * * * * * * * * * *
Tab. 1. 1 : Classification des ciments selon la norme EN 206
• Les laitiers proviennent de la trempe des scories des hauts fourneaux de fonderies ;
• Les cendres volantes ont pour origine le dépoussiérage des centrales thermiques
fonctionnant au charbon. On distingue deux types de cendres volantes en fonction de
leur nature chimique : siliceuses (V) ou calciques (W) [Dupain 95 ; Aitcin 01] ;
• Les fumées de silice sont issues de l’industrie du silicium et sont constituées à plus de
95% de silice.
Ces différents composés, excepté les laitiers de hauts fourneaux, possèdent un caractère
pouzzolanique : en présence de clinker et d’eau, ces composés réagissent et modifient la
composition du ciment hydraté. Chacun de ces composés présente des propriétés que l’on va
utiliser soit à court terme, en améliorant la rhéologie par exemple ou en modifiant la chaleur
d’hydratation, soit à plus long terme en modifiant l’hydratation du ciment et les composés
formés, donc en modifiant les propriétés chimiques et physiques des matériaux préparés.
[Kourounis 07 ; Vejmelkova 08 ; Bouikni 09 ; Aitcin 01 ; Toutenji 03 ; Lam 97 ;
Dehghanian 97 ; Leng 00]
Au contact de l’eau, les phases anhydres du clinker, notamment les silicates tricalciques (C3S)
et bicalciques (C2S), se dispersent en solution aqueuse pour donner différents ions tels que
12
Ca2+, OH-, SiO4H22+, SiO4H3-, SiO7H42. Une fois que leur seuil de solubilité est atteint, ces
anhydres se combinent en molécules hydratées par précipitation puis nucléation. Ce sont des
réactions exothermiques car elles mettent en jeu beaucoup d’énergie. La pâte fraiche obtenue
se présente comme un système dispersé de grains de silicates [Andra 05 ; Baroghel Bouny
94]. Les équations (1) et (2) représentent les réactions chimiques produites durant
l’hydratation et donnant les composés hydratés du matériau, selon [Tazawa 95b] :
Les deux hydrates principalement formés sont les Silicates de Calcium Hydratés de la forme
C3S2H3, notés « CSH » et la Portlantide (Ca(OH)2 symbolisée « CH »). D’autres composés
mineurs sont également formés durant l’hydratation, tels que des hydroxydes d’aluminium,
des aluminates de calcium hydratés ou de l’ettringite [Baroghel Bouny 94].
phases anhydres est gêné par les hydrates déjà formés. Ainsi, même si elle ralentit
considérablement, l’hydratation se poursuit dans la microstructure du matériau par diffusion
de l’eau. La quantité d’eau est généralement rapportée à la quantité de ciment et cela est noté
rapport Eau sur Ciment (E/C). Plus le matériau présente un E/C faible, plus sa matrice
cimentaire est dense. De ce fait, le rapport E/C est un paramètre qui influence la
microstructure se formant durant l’hydratation [Andra 05 ; Aitcin 01].
Actuellement, la structure des CSH est encore mal décrite et détaillée. Généralement, on
qualifie les CSH de « gel CSH », faisant référence à son faible degré de cristallinité et à la
présence d’eau dans les molécules [Baroghel Bouny 94].
Le modèle développé par Jennings et al. représente la molécule de CSH par trois feuillets
lamellaires formant un globule retenant l’eau, comme le montre la figure 1.2 [Jennings 08 ;
Chen 04 ; Jennings 00a ; Jennings 00b ; Tennis 00 ; Vlahinic 08].
Il existe d’autres modèles qui détaillent la structure des CSH [Richardson 08]. On peut citer
celui de Feldman et Sereda (repris par [Baroghel Bouny 94 ; Yurtdas 03]). Dans ce modèle,
la molécule de CSH se compose d’un assemblage structural de plusieurs feuillets lamellaires
dans lesquels l’eau y est retenue par des liaisons hydrogène.
13
Fig. 1. 3 : Molécule de CSH d’après le modèle de Feldman et Sereda (cité par [Baroghel Bouny 94 ;
Yurtdas 03])
Malgré différents modèles, il est encore difficile de conclure sur la structure des CSH.
Cependant, il est certain que des transports d’eau ont lieu à cette échelle, pouvant, à terme,
conduire à des déformations irréversibles.
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Dans la pâte de ciment, les CSH assurent l’essentiel des propriétés mécaniques. En effet,
l’arrangement en structures plus ou moins organisées de ces hydrates donne à l’échelle
macroscopique une matrice cimentaire mécaniquement résistante.
L’hydratation des composants que ce soit dans une pâte, un mortier ou un béton, donne un
matériau poreux à l’état durci. La porosité est issue d’une part de la microstructure même des
hydrates, en particulier des CSH, et d’autre part, des vides laissés par l’eau lors de
l’hydratation alors que le système avait déjà commencé à se figer physiquement, ainsi que des
bulles d’air piégées durant le malaxage. La porosité peut ainsi être connectée ou occluse et
d’une distribution de taille de pores très variable. Certains paramètres physiques sont utilisés
pour décrire la porosité : le volume total poreux, le diamètre des pores mais aussi la tortuosité
et la constrictivité, décrivant le caractère aléatoire des formes du réseau poreux.
Influence de la composition
La porosité, tout comme la distribution de porosité, est influencée par la nature du ciment
utilisé. En effet, les différents composants chimiques du ciment anhydre réagissent pour
donner différents hydrates dont les compositions et les proportions dans le ciment hydraté
conditionnent les propriétés physiques.
Considérons par exemple des résultats de la porosimétrie au mercure effectuée sur deux
mortiers fabriqués à base de ciment CEM I ou CEM V/A (figure 1.4) [Perlot 06]. Le volume
total poreux du mortier à base de CEM V/A est plus important que celui du CEM I. Toutefois,
la porosité est plus fine et distribuée sur une taille de pores plus grande. On voit apparaître en
dessous de 20nm, toute la porosité associée aux hydrates.
14
Fig. 1. 4 : Influence de la nature du ciment sur la porosité [Perlot 06]
(mortier 1 à base de ciment CEM I ; mortier 2 à base de ciment CEM V/A)
Ainsi, C. Perlot conclue à l’identification de deux modes poreux, qui sont dépendants de la
nature du ciment utilisé : un premier mode dans la porosité capillaire, pour lequel le CEM I
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présente plus de pores et un second mode dans la porosité des hydrates dominé par le
raffinement de porosité du mortier à base de CEM V/A. Cette distribution de porosité
différente entre les deux mortiers est imputée aux additions présentes dans le ciment CEM
V/A, qui par réaction pouzolanique, conduisent à la formation de produits hydratés
supplémentaires. Ces CSH de composition (rapport calcium/silicium – C/S) modifiée
réduisent alors la proportion de pores capillaires et raffinent la porosité des hydrates du
mortier à base de CEM V/A.
Le rapport E/C du matériau est également un paramètre qui intervient sur la valeur de
porosité. En effet, l’essentiel de la porosité capillaire est issue de l’eau restée dans les espaces
intergranulaires lors de l’hydratation et qui constitue un réseau d’autant plus important et
connecté que le dosage en eau est élevé, comme le montre la figure 1.5 pour des mortiers à
base de CEM I 52.5 fabriqués à différents E/C [Aïtcin 01 ; Neville 00 ; Baron 92 ; Lafhaj
06].
Fig. 1. 5 : Influence du rapport E/C sur la porosité ouverte d’un mortier [Lafhaj 06]
15
Un matériau cimentaire présente donc une porosité bimodale, caractérisée par le réseau de
pores capillaires et celui des hydrates. Par ailleurs, les paramètres de composition influencent
les propriétés du réseau poreux.
L’auréole de transition
Les bétons sont fabriqués avec un mélange granulaire (sable et gravier). Les granulats se
comportent comme des inclusions rigides. Leur présence conduit à la formation d’une zone
appelée « auréole de transition » sur leur pourtour. De nombreux auteurs ont montré que la
porosité totale du béton est influencée par la présence de granulats. Par ailleurs, la porosité
mesurée localement présente une forte hétérogénéité en fonction de la distance par rapport au
granulat [Neville 00 ; Lobet 03 ; Basheer 05].
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Fig. 1. 6 : Mesure de la porosité en un point en fonction de la distance qui le sépare d’un granulat
[Neville 00]
16
La figure 1.7 montre l’évolution dans le temps de la résistance mécanique d’un béton
(E/C=0,49) confectionné avec différents ciments [Neville 00].
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Un autre paramètre influant sur la résistance mécanique est le rapport E/C. Comme mentionné
précédemment, l’augmentation du dosage en eau augmente la porosité capillaire et donc
abaisse la compacité. Une conséquence macroscopique de ce processus est une chute des
résistances mécaniques, comme le montre la figure 1.8 concernant l’étude d’un béton auto
compactant [Neville 00 ; Felekoglu 07 ; Yigiter 07]
17
Fig. 1. 8: Influence du rapport E/C sur la résistance en compression [Felekoglu 07]
L’augmentation du rapport E/C fait donc diminuer la résistance du matériau et ceci quelque
soit son âge. Ceci est à relier à la quantité d’eau libre présente au sein du matériau, qui
conditionne la porosité et par conséquent la résistance du béton.
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L’eau est présente sous différentes formes dans un béton : eau de constitution, eau adsorbée,
eau « libre » dans la porosité. Outre sa structure, la saturation du réseau poreux, sa connexion
et donc les transferts hydriques associés, conditionnent l’évolution des propriétés de transfert
d’un matériau pour les phases gazeuses et les phases aqueuses.
I.6.1 La perméabilité
Détermination expérimentale
Le principe de la mesure de perméabilité repose sur la loi de Darcy, qui définit le débit
d’écoulement Q dans un milieu poreux de section S et de longueur L avec l’équation (3) :
∆P
Q = K *S * (3)
ρ*g*L
18
loi pose pour hypothèses que le fluide n’interagit pas avec le milieu environnant et que le
régime d’écoulement est laminaire.
Il n’existe pas à l’heure actuelle d’essai normé sur la mesure de perméabilité. La difficulté
repose sur le respect des hypothèses de la loi de Darcy, en particulier les interactions
existantes entre le matériau et le fluide d’injection servant à la mesure. Ainsi, en fonction du
fluide utilisé, les interprétations doivent prendre en compte différents phénomènes. On
distingue la mesure de perméabilité au gaz et à l’eau.
• La mesure de perméabilité à l’eau pose des problèmes d’interactions chimiques. La
matrice cimentaire du matériau peut réagir avec l’eau par réhydratation ou encore
lixiviation. Ainsi la microstructure du matériau évolue au cours de l’essai, rendant les
interprétations délicates.
• Lors des essais de perméabilité au gaz, si la taille du pore, dans lequel le gaz circule,
est inférieure au libre parcours moyen des molécules de gaz, l’écoulement n’est plus
laminaire, ne respectant plus la loi de Darcy. Une méthode utilisée consiste à mesurer
plusieurs perméabilités apparentes et d’estimer la perméabilité intrinsèque du matériau
avec le coefficient de Klinkenberg, qui prend en compte l’effet de glissement des
molécules [Klinkenberg 41]. Enfin, la mesure au gaz est également influencée par la
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saturation en eau des matériaux. La quantité d’eau présente dans le réseau poreux
quand le gaz s’écoule peut causer des effets « bouchons », qui gêne le passage des
molécules de gaz [Chen 09]. Le protocole de la mesure de perméabilité au gaz impose
un séchage du matériau avec prise en compte de la microfissuration induite.
Du fait de ces différentes difficultés, il est difficile de rendre compte du lien entre la
microstructure du matériau et sa perméabilité. Il faut donc garder à l’esprit que les résultats
de perméabilité ne peuvent être facilement généralisés et reposent beaucoup sur les conditions
d’essais.
Influence de la composition
19
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Fig. 1. 9 : Influence du rapport E/C sur la perméabilité mesurée à l’eau [Feldman 86]
La diminution du rapport E/C donne un matériau à porosité réduite, ayant des propriétés plus
ou moins accentuées, notamment un rayon de pores plus faible, expliquant ainsi la baisse de
perméabilité.
Les travaux de Gallé et al. montrent que la perméabilité au gaz d’un béton est également
dépendante du rapport E/C, ainsi que de la saturation du matériau [Galle 00].
Fig. 1. 10 : Influence du degré de saturation sur la perméabilité au gaz pour différents rapports E/C
[Galle 00]
En plus de l’influence du E/C conditionnant la taille des pores, une quantité d’eau importante
dans la microstructure du matériau gêne le passage du gaz, réduisant ainsi sa perméabilité.
20
La perméabilité est également influencée par la nature du ciment utilisé. La réaction
pouzzolanique, engendrée par les additions, affine la distribution de porosité du matériau.
Cependant cet effet n’améliore pas forcément la perméabilité, comme le montre les travaux de
Lawrence, qui a testé trois bétons à base de CEM I avec ou sans additions. La perméabilité au
gaz est représentée en fonction de la résistance en compression et des additions incluses
[Lawrence 86].
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Fig. 1. 11 : Influence des additions sur la perméabilité au gaz d’un béton à base de CEM I avec ou sans
additions [Lawrence 86]
Influence de la température
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Fig. 1. 12 : Influence de la température sur la masse volumique de l’eau liquide [Ishida 07]
2000
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1800
1600
viscosité dynamique [10 kg/m.s]
1400
-6
1200
1000
800
600
400
200
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
température [°C]
En outre, la phase solide du matériau est également affectée par la hausse de température, à
cause de la microfisssuration thermique induite. Sa connexion avec la porosité du matériau
donne accès à de nouveaux chemins de perméation. Les travaux de Noumowé mettent en
évidence la modification de la microstructure du matériau avec la hausse de température
[Noumowe 96].
22
Fig. 1. 14 : Influence de la température sur la porosité totale du matériau [Noumowe 96]
Par ailleurs, Choinska a mesuré la perméabilité à l’azote d’un béton à base de CEM II sous
différentes températures, en cours de chauffage [Choinska 06] ; la figure 1.15 présente ses
résultats :
Fig. 1. 15 : Influence de la température sur la perméabilité à l’azote d’un béton [Choinska 06]
23
I.6.2 La diffusion
Détermination expérimentale
La loi la plus simple pour décrire la diffusion est la première loi de Fick :
J i = − Di gradCi
(4)
Notons que cette loi pose l’hypothèse qu’il n’existe pas d’interaction entre les ions de l’espèce
i et ceux des autres espèces environnantes. D’autres relations existent pour rendre compte
précisément des transports par diffusion dans la matrice cimentaire. Malgré tout, la première
loi de Fick est encore généralement utilisée.
La mesure du coefficient de diffusion dépend du traceur utilisé, dont le plus connu pour les
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Influence de la composition
Fig. 1. 16 : Influence du rapport E/C et de la nature du ciment sur le coefficient de diffusion effectif
[Richet 04]
24
sensible aux modifications de porosité capillaire, d’autres paramètres influencent
certainement ces résultats (tortuosité, constrictivité…).
Influence de la température
Fig. 1. 17 : Influence du rapport E/C sur la perméabilité mesurée à l’eau [Nguyen 09]
Fig. 1. 18 : Evolution du coefficient de diffusion apparent relatif à l’état sec de trois pâtes de ciment en
fonction de la température [Caré 07]
(A pâte de ciment à E/C=0,35 ; B pâte de ciment à E/C=0,45 ; C pâte de ciment à E/C=0,60 ; D0
coefficient de diffusion apparent à 20°C)
Plus la température du traitement thermique est élevée, plus le coefficient de diffusion relatif à
l’état sec est important. Ceci traduit l’apparition de microfissures induites par le traitement
25
thermique, qui conduisent à l’augmentation des chemins de diffusion. Plus la température est
importante, plus la microfissuration est développée, et ce quel que soit le E/C considéré.
Il est donc certain que la hausse de température affecte le coefficient de diffusion, cependant
les variations sont dépendantes de la gamme de température imposée, ainsi que des
modifications microstructurales induites par la chaleur.
Une fois la prise achevée, les différentes phases du matériau cherchent à atteindre un état
d’équilibre. L’eau liquide non consommée par l’hydratation va s’équilibrer avec la vapeur
d’eau présente dans l’air. Ceci a pour conséquence l’apparition d’une tension superficielle aux
interfaces solide/liquide/gaz dans la porosité de la matrice solide et la formation de ménisques
d’eau dans les pores. La pression capillaire qui se développe crée des tensions dans la
porosité, mettant localement en traction le matériau, ce qui compense cet effet. A l’échelle
macroscopique, cela correspond à un retrait, appelé retrait d’autodessiccation ou retrait
endogène [Hua 95 ; Baroghel Bouny 94 ; Yurtdas 03 ; Andra 05]. La variation de pression
capillaire est le mécanisme prépondérant causant le retrait autodessiccation [Hua 92 : cité par
Yurtdas 03]. D’autres mécanismes sont proposés pour expliquer ce retrait : ceci est détaillé
au paragraphe II.2.
RT
s = ρ eau ln( HR ) (6)
M eau
26
988,02 kg/m3 à 50°C et 971,6 kg/m3 à 80°C [base Thermexcel]. La succion représente la
dépression capillaire, c'est-à-dire l’opposé de la pression capillaire ( s = − Pcap = Pcap ).
L’humidité relative est définie comme le rapport de la pression de vapeur sur la pression de
vapeur saturante. En considérant la relation de Kelvin, on constate qu’une augmentation de
succion (c'est-à-dire augmentation de la valeur absolue de pression capillaire) est causée soit
par une diminution de l’humidité relative, soit par une augmentation de la température. Cette
équation permet donc d’estimer la valeur de pression capillaire appliquée dans le matériau
grâce aux conditions de température et d’humidité relative de l’environnement extérieur au
matériau. Le retrait d’autodessiccation est donc directement influencé par des variations
d’humidité relative et/ou de température.
Influence de la composition
Fig. 1. 19 : Influence du rapport E/C sur le retrait endogène [Baroghel Bouny 06]
La figure 1.20 met en évidence l’influence de la nature du ciment sur le retrait endogène. Ces
résultats proviennent des travaux de G. Camps, qui a mesuré le retrait endogène de bétons à
base de ciment CEM I et de CEM V/A sur une durée d’environ 450 jours. Les échantillons
sont recouverts d’aluminium autocollant afin de les protéger de la dessiccation [Camps 08].
27
0.50
0.45
0.40
retrait endogène [mm/m]
0.35
0.30
CEM I
0.25
CEM V
0.20
0.15
0.10
0.05
0.00
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Les additions pouzzolaniques du CEM V conduisent à une porosité des hydrates plus fine que
celle du CEM I, malgrè le volume poreux total plus important. L’autodessiccation du CEM V
conduit à des tensions capillaires plus élevées, qui induisent donc un retrait endogène plus
important que celui du CEM I.
28
Par ailleurs, les conditions thermiques et hydriques influencent également le comportement du
matériau. L’augmentation de pression capillaire est causée par une hausse de la température
et/ou une diminution de l’humidité relative (équation (6)), accentuant par voie de conséquence
le retrait endogène. La température et l’humidité relative sont donc également des paramètres
de notre étude.
Un matériau cimentaire à l’état d’équilibre présente une phase solide, une phase d’eau liquide
et une phase gazeuse, composée d’air sec et de vapeur d’eau. Les interfaces entres ces
différentes phases à l’équilibre sont caractérisées par une pression capillaire et une pression de
disjonction au sein des zones d’adsorption empêchée (paragraphe II.2) [Benboudjema 02].
Cependant, tout ouvrage est soumis aux variations de son environnement. Les différences de
température et hygrométrie entre l’environnement extérieur et le matériau vont entrainer des
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gradients thermiques et hydriques, qui vont contraindre les phases du matériau à rechercher
un nouvel état d’équilibre. Par ailleurs, l’eau est essentielle en ce qui concerne les transports
au sein du matériau, car elle permet la circulation de différentes « particules » à travers le
réseau poreux. L’étude des transports de l’eau au sein du matériau s’effectue grâce aux
isothermes de sorption d’eau.
2γ M eau
r=− (7)
RT ρ eau ln( HR )
La diminution d’humidité relative, pour des conditions de température fixées, entraine une
dessiccation du matériau. Pour une température proche de 20°C, on distingue trois gammes
d’humidité relative pour lesquelles différents mécanismes contrôlent la dessiccation du
matériau [Baroghel Bouny 94].
29
Dessiccation aux fortes humidités relatives :
A partir d’un matériau à l’état saturé, une très faible diminution de l’humidité relative amène
un écoulement d’eau liquide dans les pores capillaires. La loi de Darcy, appliquée à l’eau
liquide, décrit ce transport avec l’équation (8) :
où J liq est le flux massique d’eau liquide [kg.m-2.s-1] ; ρliq la masse volumique de l’eau
liquide [kg/ m3] ; K liq la perméabilité à l’eau liquide du matériau [kg-1.m3.s] et Pliq la
pression d’eau liquide.
La loi de Darcy peut également être appliquée à la vapeur d’eau. Cependant, ce transport est
considéré comme négligeable devant celui de l’eau liquide [Baroghel Bouny 94].
Si l’humidité relative est dans une gamme de valeurs intermédiaires, c’est le mécanisme de
transport diffusif, par évaporation/condensation et diffusion surfacique, qui intervient. En
effet, la diminution de l’humidité relative fait régresser la phase liquide en faveur de la phase
gazeuse et c’est un gradient de concentration qui est moteur de ce transport. La première loi
de Fick, appliquée à la vapeur d’eau, permet de décrire ce phénomène :
où J vap est le flux massique de vapeur d’eau [kg.m-2.s-1] ; Dvap : le coefficient de diffusion de
la vapeur d’eau [kg-1.m3.s] et Cvap : la concentration en vapeur d’eau.
Aux très faibles valeurs d’humidité relative, la phase liquide du matériau a totalement
disparue. C’est majoritairement la phase gazeuse qui est présente dans les pores du matériau,
le transport diffusif décrit par Fick continue. En outre, pour cette gamme d’humidité relative,
des mouvements de l’eau adsorbée apparaissent aux parois solides du matériau. Ces apports
de l’eau adsorbée viennent du mécanisme de diffusion surfacique, qui rompt les interactions
entre les molécules d’eau adsorbée et la phase solide.
La figure 1.21 représente schématiquement les différents transports d’eau possibles au sein
d’un pore du matériau, lorsque l’humidité relative diminue.
30
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Fig. 1. 21 : Transferts d’humidité possibles au sein d’un pore [Baroghel Bouny 94]
31
2r 2r
De ce fait, la pression de disjonction est reliée aux couches d’eau adsorbée, c'est-à-dire à la
saturation en eau du matériau. Le nombre de couches d’eau adsorbée varie au sein des zones
d’adsorption empêchée en fonction de l’humidité relative environnante, ce qui influence la
pression de disjonction. Elle est alors maximale à l’état saturé et décroit sous dessiccation. La
32
variation de pression de disjonction est définie par l’équation de Kelvin (équation (6)),
comme pour la pression capillaire [Mounanga 03] et elle est schématisée figure 1.24 :
RT
Pdisj = ρ eau ln( HR ) (10)
M eau
Le troisième mécanisme mis en avant est la variation des tensions superficielles des molécules
d’eau adsorbées sur les hydrates du matériau. Lorsque l’humidité relative est inférieure à
40%, les couches d’eau adsorbées aux hydrates diminuent, ce qui augmente les tensions
superficielles qui existent entre les CSH et les molécules d’eau encore adsorbées. Ainsi, la
matrice cimentaire se contracte localement pour compenser la variation des tensions
superficielles des couches d’eau adsorbées, induisant un retrait à l’échelle macroscopique. Il
∆l
est possible de définir le gonflement linéaire produit par l’adsorption d’eau sur la paroi
l
solide par l’équation (11) [Mounanga 03] :
∆l
= A(γ 0 − γ ) (11)
l
où γ 0 est l’énergie superficielle de l’interface sans eau adsorbée ; γ est l’énergie superficielle
de l’interface avec eau adsorbée et A constante dépendant du matériau et de sa structure.
33
Actuellement, bien que nous connaissions les mécanismes du retrait de dessiccation, la
prépondérance d’un des mécanismes en fonction de l’humidité relative diffère selon les
auteurs [Xi 92]. Cependant, afin de décrire le plus précisément le comportement hydrique du
matériau, il est utile de définir quel mécanisme est mis en jeu en fonction des conditions de
dessiccation imposées.
Influence de la composition
∆HR imposée :
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La nature du ciment est aussi un paramètre qui influence le retrait de dessiccation [Kanna
98 ; Collins 00 ; Mokarem 05]. Jianyong et al. ont mesuré le retrait de dessiccation de trois
bétons fabriqués de ciment Portland, avec ou sans additions, et constatent la similitude du
retrait des bétons additionnés par rapport à celui à base de ciment Portland [Jianyong 01].
34
Le raffinement de porosité et l’augmentation de densité du matériau, causés par les additions
de laitiers et de fumées de silice, sont les causes de la diminution du retrait de dessiccation.
Influence de la température
dessiccation et des retraits induits : l’effet des granulats et les contraintes induites par les
gradients hydriques. Ceci explique pourquoi nous considérons que cette étude concerne un
couplage thermo-hydro-mécanique.
Fig. 1. 27 : Influence du rapport E/C sur le retrait de dessiccation sur pâtes de ciment et mortiers
[Rougelot 08]
(C pâte de Ciment ; M Mortier ; 05 E/C=0,5 ; 08 E/C=0,8)
35
Les résultats mettent en évidence l’influence des granulats sur le retrait de dessiccation. En
effet, l’inclusion de granulats diminue le retrait de dessiccation car ils ne se déforment pas
sous dessiccation et de ce fait, ils retiennent une partie des déformations.
En outre, Bisshop et Van Mier ont analysé la microfissuration induite par la dessiccation des
matériaux cimentaires [Bisschop 01 ; Bisschop 02a ; Bisschop 02b ; Shiotani 03 ; Bisschop
08a ; Bisschop 08b]. En considérant tout d’abord une pâte de ciment, ils ont montré, au
moyen de l’émission accoustique, que la microfissuration apparaît perpendiculairement à la
surface de séchage et se propage parallèlement à cette surface.
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Fig. 1. 28 : Microfissuration induite après 16h de dessiccation d’une pâte de ciment [Shiotani 03]
En plaçant des capteurs d’émission acoustique aux positions repérées par des cercles (figure
1.28a), ils ont pu mesurer les fissures induites par la dessiccation selon trois coupes
transversales (figure 1.28b).
36
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Fig. 1. 29 : Microfissuration induite après 16h de dessiccation d’un matériau composite [Shiotani 03]
Fig. 1. 30 : Représentation schématique des gradients hydriques non uniformes [Baroghel Bouny 94 ; 99]
Influence de la température
37
pâtes de ciment durcies, Caré observe de la fissuration à partir de 45°C [Caré 08] (figure
1.31).
Fig. 1. 31 : Fissuration observée sur des pâtes de ciment après traitement thermique [Caré 08]
(A E/C=0,35 ; III traitement thermique à 80°C ; IV traitement thermique à 105°C ; Lw ouverture
moyenne de la fissure ; Lm espacement moyen des fissures)
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38
• A court terme, la résistance est dépendante de l’état hydrique et ainsi la sollicitation
appliquée engendre une compétition entre les mécanismes de transferts hydriques et
ceux liés au comportement mécanique du matériau.
• A long terme, le comportement différé du matériau est également influencé par la
dessiccation. Les déformations de fluage sous dessiccation s’additionnent à celle du
fluage propre. La conséquence de cette amplification des déformations de fluage se
retrouve dans les transports d’eau, accélérés par la contrainte imposée.
Ces deux « étapes » sont décrites dans ce qui suit, en décrivant distinctement les processus
« courts termes » et les processus « longs termes ». Ainsi, le premier paragraphe est consacré
au comportement mécanique à court terme en fonction de l’état de saturation du matériau. Le
fluage de dessiccation, détaillé dans le paragraphe suivant, englobe l’étude du comportement
à long terme du matériau.
Maio 96]. Dans le cadre de notre étude, les sollicitations de compression et de traction sont
étudiées et comparées.
L’analyse du comportement en traction regroupe les essais par fendage et par flexion trois
points. En compression, le comportement du matériau est étudié en fonction de la forme des
échantillons et du type de chargement (uniaxial ou triaxial).
Lors d’un essai de compression simple, le matériau est sollicité axialement jusqu’à rupture.
Avant d’atteindre la contrainte maximale, des cycles de chargements/déchargements peuvent
être appliqués afin de suivre l’évolution des caractéristiques du matériau. Quatre phases sont
distinguées durant un essai de compression :
• la première phase correspond à la réponse élastique du matériau jusqu’à environ la
moitié de la contrainte de rupture. Les déformations engendrées par l’application de la
charge sont réversibles ;
• ensuite, la phase plastique induit des déformations irréversibles pour une contrainte
aux alentours de 80% de la valeur de rupture. La microfissuration se développe
principalement dans les auréoles de transition ;
• à l’approche de la contrainte maximale, l’échantillon présente un comportement
dilatant, traduit par l’augmentation du coefficient de Poisson. La macrofissuration
apparaît grâce à la connexion des microfissures ;
39
• après la rupture du matériau, une phase d’adoucissement se manifeste, caractérisant
son effondrement.
Lors d’un essai en compression triaxiale, une phase de serrage peut apparaître, correspondant
à la fermeture des microfissures présentes au sein du matériau avant l’essai. La figure 1.32
présente l’évolution classique des déformations en fonction de la contrainte appliquée, pour
un essai de compression triaxiale sous un faible confinement, ainsi que les différentes phases
de l’essai [Burlion 02].
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Fig. 1. 32 : Evolution des déformations en fonction de la contrainte lors d’un essai de compression triaxial
sous faible confinement [Burlion 02]
40
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Fig. 1. 33 : Influence de la perte en poids d’un mortier normalisé sur sa résistance en compression
uniaxiale [Burlion 03]
Burlion et al. ont testé en compression simple des éprouvettes de mortier en fonction de leur
état de saturation (saturé, sec et à dessiccation contrôlée). La résistance obtenue pour chacun
des échantillons est reliée à sa perte en poids, renseignant sur son état de saturation.
Les résultats montrent que la dessiccation peut être bénéfique à la résistance en compression.
La succion capillaire est avancée pour expliquer cette augmentation de la résistance avec la
diminution de la saturation du matériau. En effet, la dépression capillaire est l’une des causes
du retrait de dessiccation. Le matériau ainsi contracté localement sera plus résistant qu’à l’état
saturé. La seconde hypothèse fait référence aux gradients hydriques, causant l’un des effets
structurels de la dessiccation. La non-uniformité des gradients hydriques entre le cœur et la
surface du matériau amène également une contraction de la matrice cimentaire, ce qui a pour
conséquence l’amélioration de la résistance.
Influence de la composition
41
Fig. 1. 34 : Influence du rapport E/C sur la résistance mécanique de mortiers soumis à la dessiccation
[Yurtdas 06]
résistance observée à l’état sec. Yurtdas et al. estiment que l’influence de la variation
capillaire dans le mortier E/C=0,8 ne permet plus de compenser la microfissuration qui se
développe durant l’essai, pour un état de saturation inférieur à celui présentant une
augmentation de résistance de 32% par rapport à l’état saturé.
Le comportement d’un matériau cimentaire lors d’un essai de compression triaxiale est avant
tout dépendant de la pression de confinement appliquée. La figure 1.35 montre les résultats de
Jamet [Jamet 86 ; Rutland 97 ; Van Mier 84].
42
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Dans le cas de notre étude, notre objectif est de comparer le comportement du matériau sous
compression uniaxiale ou triaxiale en fonction de la saturation du matériau. Le confinement
retenu est de 5 MPa et par conséquent, le comportement attendu du matériau est adoucissant.
Nous considérons maintenant le travail de Yurtdas [Yurtdas 03], qui a étudié le couplage
hydro-mécanique sur des mortiers. Ces résultats sont intéressants pour notre étude car les
43
conditions de fabrication et de cure du matériau sont identiques aux notres. Yurtdas a effectué
cette analyse en fonction de la sollicitation appliquée (uniaxiale ou triaxiale). Ses résultats
sont donnés par la figure 1.37 :
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Les résultats indiquent également que l’augmentation de la résistance dans le cas triaxial est
supérieure à celle de la résistance uniaxiale. La pression de confinement appliquée (15 MPa)
amènerait un retard de la propagation des fissures, permettant une résistance accrue.
Notre objectif se focalisant sur la compréhension des évolutions des coefficients élastiques en
fonction du type de compression, nous nous appuyons sur l’analyse menée par Yurtdas sur la
dessiccation d’un mortier avec un rapport E/C=0,5. La figure 1.38 présente l’évolution du
module de Young et celle de l’évolution du coefficient de Poisson est illustrée par la figure
1.39. Ces courbes sont données en fonction de la perte en poids des éprouvettes [Yurtdas 03].
44
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Fig. 1. 38 : Evolution du module de Young en fonction de la perte en poids d’un mortier à E/C=0,5
[Yurtdas 03]
Fig. 1. 39 : Evolution du coefficient de Poisson en fonction de la perte en poids d’un mortier à E/C=0,5
[Yurtdas 03]
Nous constatons tout d’abord que les coefficients élastiques initiaux suivent la même
tendance dans les deux cas de chargement. Le confinement appliqué en compression triaxiale
n’influence pas les coefficients élastiques initiaux, certainement à cause de sa faible valeur
(15 MPa).
45
Les tendances des coefficients élastiques montrent deux parties : une première pour une
variation de masse inférieure à 3% où les coefficients restent constants et une seconde partie,
pour des pertes de masse supérieures à 3%, qui présente une diminution jusqu’à l’état sec.
Cette valeur « limite » de 3% se retrouve également sur la courbe qui relie le retrait et la perte
de masse correspondant à l’apparition de la microfissuration. L’effet de compétition entre les
effets structurels des gradients hydriques et la succion capillaire est alors mis en exergue : tant
que les effets de la pression capillaire sont prépondérants, les propriétés élastiques n’évoluent
pas. Une fois que la microfissuration, induite par les gradients hydriques, ne peut plus être
compensée par l’état précontraint du matériau, les propriétés élastiques diminuent avec la
microfissuration. Yurtdas conclue à l’existence d’un endommagement hydrique qui
conditionne l’endommagement mécanique.
Par ailleurs, Burlion et al. font une comparaison entre le mortier normalisé et un béton. La
comparaison de l’évolution du module de Young en fonction de la perte en masse est
présentée dans la figure 1.40 [Burlion 02]. Dans cette étude, le mortier correspond au mortier
à E/C=0,5 analysé par Yurtdas, présenté précédemment.
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Fig. 1. 40 : Evolution du module de Young d’un mortier normalisé et d’un béton sous dessiccation
[Burlion 03]
L’évolution du module de Young du béton est plus importante que celle du mortier. Ces
résultats mettent en évidence l’influence de l’effet de structure imposé par la présence des
granulats. Ils ne sont pas sensibles à la dessiccation, induisant de la microfissuration aux
auréoles de transition. Ainsi, la charge mécanique imposée au béton aide à la propagation de
la microfissuration de dessiccation, significative de la diminution du module de Young.
L’effet de structure des granulats, induit par la dessiccation, est plus prononcé pour un béton à
cause des interfaces pâte de ciment/granulat plus importantes que dans le mortier. Burlion et
al. concluent alors que l’endommagement hydrique affecte plus le comportement mécanique
du béton que celui du mortier, à cause de la présence de gros granulats.
46
des contraintes de traction au sein du matériau. La résistance déterminée dans ces essais
correspond à une résistance en traction.
L’évolution de la résistance en fonction de l’humidité relative a été étudiée par Rougelot sur
un mortier à base de ciment CEM II et à E/C=0,5 (figure 1.41) [Rougelot 08].
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Fig. 1. 41 : Evolution de la résistance en traction en fonction de l’humidité relative imposée [Rougelot 08]
Rougelot a mesuré la résistance en traction par des essais brésiliens sur des échantillons
soumis à différentes humidités relatives. Ainsi, l’évolution des résistances en traction est
fonction de l’humidité relative imposée au matériau. Les différents degrés de saturation du
matériau, obtenus par l’analyse des isothermes de désorption en eau sont également reportés
sur le graphique.
47
Par ailleurs, Rougelot présente également ces résultats pour un mortier à E/C=0,8 et constate
une diminution de résistance avec l’augmentation du E/C et ce quelque soit l’humidité relative
considérée. Un rapport E/C plus élevé donne un matériau à plus grande porosité, induisant
ainsi des résistances plus faibles et des pertes d’eau plus importantes, à même humidité
relative par rapport à un matériau à E/C plus faible.
Les résultats de Kanna montrent une augmentation de la résistance en traction par flexion
avec la diminution de l’humidité relative, sur des mortiers à base de ciment Portland
contenant ou non des laitiers et/ou des cendres volantes.
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Fig. 1. 42 : Evolution de la résistance en traction par flexion sur un mortier additionné ou non [Kanna 98]
Ces premiers résultats mettent en évidence que la nature du ciment influence les propriétés du
matériau soumis à la dessiccation. Les additions engendrent des microstructures plus fines que
celle à base de ciment Portland. Ainsi sous dessiccation, les contraintes développées sont
différentes, ce qui accentue ou non la rupture du matériau.
L’étude menée par Hotta et al. compare les résistances en flexion trois points en fonction du
traitement imposé au matériau (figure 1.43) [Hotta 95]. Hotta étudie deux mortiers à
différents E/C (E/C=0,3 et E/C=0,5) et il a considéré deux formes de séchage : un séchage
monotone (monotonous drying test) et une combinaison de séchages (reiterative drying test).
Pour chacune de ces formes de séchage, trois procédures sont suivies :
• la procédure « water curing » consiste à laisser l’échantillon sous eau jusqu’au jour
d’essai, les résistances mesurées sont les références de l’étude ;
• la procédure « after drying » indique que le matériau est soumis à un séchage à 18°C
et HR=43% un jour avant l’essai (précédemment il est soit resté sous eau (monotonous
drying test) ou a subi une combinaison de séchages et maturations d’une journée
(reiterative drying test)) ;
• la procédure « water curing after drying » indique que le jour précédent l’essai, le
matériau est de nouveau sous eau.
48
Enfin, ces procédures sont suivies pour effectuer des essais à 5, 9 ou 28 jours. La figure 1.43
en partie haute illustre ces différentes procédures de séchages et la partie basse regroupe tous
les résultats obtenus.
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Nous constatons tout d’abord que les deux formes de séchage (monotonous drying test et
reiterative drying test) donnent les mêmes tendances. En considérant la résistance obtenue
avec la procédure « water curing » comme référence, nous remarquons que la résistance du
matériau obtenue par la procédure « after drying » montre une diminution d’environ 1/3, quel
que soit le E/C considéré. La microfissuration induite par le retrait de dessiccation serait la
49
cause de la baisse de la résistance en flexion trois points avec le séchage du matériau. Enfin,
la résistance de la procédure « water curing after drying » est généralement équivalente à
celle obtenue en « water curing ». Cela montre le rôle de l’eau liquide sur la redistribution de
la contrainte mécanique durant l’essai.
Les résultats de Hotta et al. montrent une évolution de résistance avec la dessiccation
(diminution de la résistance sous procédure « after drying » par rapport à celle « water
curing ») inverse à celle de Kana et al. La propagation de la fissuration de séchage est l’effet
de dessiccation prépondérant, par rapport à l’effet de la pression capillaire. L’évolution de la
résistance en flexion trois points présente des tendances dissemblables en fonction des études
considérées. Les conditions de fabrication et de cure des échantillons sont certainement les
causes de cette différence de tendance. Par ailleurs, ces résultats nous permettent de poser
l’hypothèse qu’un effet de compétition entre les mécanismes de la dessiccation apparaît lors
de la flexion trois points. La prépondérance d’un mécanisme sur l’autre dépendrait du
traitement (fabrication, cure, conditionnement, stockage) imposé au matériau avant l’essai,
mais également de la stabilité hydrique des échantillons.
Lorsqu’on applique une contrainte continue dans le temps sur un matériau cimentaire, sa
tendance est de fluer. Cette déformation, souvent différée, est issue d’un processus très lent et
ne concerne donc qu’une évolution à très long terme. Le fluage se produit sous différents
types de chargement. Dans le cas présent, nous n’étudions que le cas de compression
uniaxiale.
50
Fig. 1. 44 : Fluage propre (état sec ou non) et fluage de dessiccation [Acker 01]
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Les courbes noires mettent en évidence le rôle de l’eau évaporable sur le fluage propre : le
matériau, ayant préalablement subi un séchage pour lui ôter toute eau évaporable, ne flue
pratiquement pas ; tandis que le matériau gardé dans son état hydrique initial sans
déséquilibre hygrométrique atteint pratiquement 300 µm/m de fluage propre. Ceci confirme
que l’amplitude des déformations de fluage propre est dépendante de la quantité d’eau
évaporable présente au sein du matériau. L’application de la contrainte met donc en
mouvement cette eau dans le réseau poreux. Par ailleurs, ce même matériau en condition de
déséquilibre hygrométrique (courbe blanche) flue jusqu’à des amplitudes supérieures,
atteignant plus de 500 µm/m. Ce résultat semble contradictoire avec la tendance donné en
fluage propre. Cela indique que la présence d’un gradient hydrique modifie la nature du
comportement du matériau sous fluage.
51
Déformations de fluage
µ m.m-1]
propre [µ
600 h = 98 % h = 90,5 %
400
h = 80,5 %
h = 71 %
h = 53 %
200
h = 42,5 %
h = 22,5 %
0
0 5 10 15 20 25 30
Temps [Jours]
Fig. 1. 45 : Déformation de fluage propre en fonction du temps pour différentes conditions de préséchage
[Wittmann 70 repris de [Benboudjema 02].
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Une autre caractéristique du fluage est la durée sur laquelle se développe le processus, son
importance dans le temps et donc l’âge du matériau. Un matériau cimentaire peut très bien ne
pas cesser de fluer, ceci pouvant parfois même aller jusqu’à la rupture du matériau [Mazloom
04 ; Berthollet 03].
Influence de la composition
Fig. 1. 46 : Influence du rapport E/C et de la nature du ciment sur les déformations de fluage propre
[Hummel 59 : cité par Benboudjema 02]
Comme attendu, l’élévation du rapport E/C, conduisant à une augmentation de l’eau libre au
sein du matériau, amplifie le fluage propre. De la même manière, l’amplitude du fluage propre
dépend de la nature du ciment, cependant il est difficile de dégager une tendance
[Benboudjema 02 ; Berthollet 03].
52
Par ailleurs, la présence de granulats au sein du matériau cimentaire compense les
déformations de fluage. Yurtdas souligne le caractère composite du mortier et du béton, qui
présentent des inclusions rigides. Celles-ci vont retenir une partie de l’énergie pour la libérer
lors du déchargement (recouvrance) [Yurtdas 03 ; Belaribi 97].
Deux cinétiques de fluage propres furent mises en évidence, démontrant qu’il existe un fluage
à court terme et un autre à long terme [Ruetz 68 cité par Benboudjema 02 ; Ulm 98 cité par
Benboudjema 02 et Yurtdas 03]. Différents mécanismes sont proposés en fonction du
temps, détaillés dans les paragraphes suivants.
Fig. 1. 47 : Schématisation du mécanisme de diffusion causé par le fluage propre à court terme
[Benboudjema 02]
Par la suite, le fluage propre va continuer de se manifester à long terme, faisant apparaître
d’autres mécanismes présentés dans le paragraphe suivant.
53
III.2.1.2 Le fluage propre à long terme
Lorsqu’une structure est placée sous contrainte constante pendant une longue période, sans
subir de déséquilibre hydrique avec son environnement, elle est soumise à un fluage propre à
long terme.
A long terme, c’est le caractère vieillissant du matériau qui serait le moteur du fluage propre.
Avec le temps, les déformations induites par la contrainte appliquée déséquilibrent les micro-
précontraintes présentes dans les zones d’adsorption empêchée. La cohésion des CSH en est
alors affectée et il apparaît des glissements de feuillets de CSH. Ces glissements permettent de
redistribuer les contraintes de cisaillement induites par la charge. Une réaction en chaîne de
ces glissements de CSH est avancée pour expliquer à l’échelle macroscopique le fluage propre
du matériau à long terme [Bazant 97]. La figure 1.48 schématise le mécanisme de glissement
des CSH qui aurait lieu pour un matériau cimentaire soumis au fluage propre à long terme.
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Fig. 1. 48 : Schématisation du mécanisme de glissement des CSH causé par le fluage propre à long terme
[Benboudjema 02]
Influence de la composition
54
Fig. 1. 49 : Influence de la nature du ciment sur le fluage de dessiccation [Jianyong 01]
(Concrete A à base de ciment Portland ; Concrete B 30% du poids du ciment remplacé par laitiers de
hauts fourneaux ; Concrete C 30% du poids du ciment remplacé par laitiers de haut fourneaux et 10% de
fumée de silice)
Deux aspects sont à prendre en compte dans l’origine du fluage de dessiccation : un effet de
structure induit par la cinétique de séchage et une caractéristique intrinsèque au matériau.
• Dans un matériau soumis au fluage de dessiccation, l’effet de structure est causé par
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des gradients hydriques qui partent de la surface de l’élément jusqu’à son cœur. Par
conséquent, la surface du matériau subit des contraintes de traction, tandis que le cœur
a tendance à se contracter, pour compenser les variations de pression capillaire. Une
microfissuration induite par le séchage peut apparaître en peau du matériau. Lors de la
mise en charge, une part de cette microfissuration est refermée par compression,
cependant, en fonction de la contrainte appliquée, la surface du matériau peut rester
contrainte par de la traction. La propagation de la fissuration est alors causée par un
effet de structure. Ainsi, la déformation mesurée lors d’un essai de fluage de
dessiccation est supérieure à la somme du retrait de dessiccation et de la déformation
de fluage propre. La différence correspond à la déformation engendrée par l’effet
structurel induit par le couplage hydro-mécanique qui est imposé au matériau
[Benboudjema 02]. La figure 1.50 suivante schématise l’effet structurel du fluage de
dessiccation.
55
• La part intrinsèque du fluage de dessiccation est expliquée par de nombreuses théories,
comme celle de consolidation, le concept de la relaxation des micro-précontraintes
dans les zones d’adsorption empêchée, la théorie de la variation du rayon de courbure
des ménisques et celle de la concentration de contraintes sur les CSH [Benboudjema
02]. Les principales idées avancées sont l’augmentation de la dépression capillaire, la
migration de CSH par arrachement et la redistribution locale de la contrainte. Les
causes probables sont soit les variations de pression capillaire, soit celles de la
pression de disjonction dans les zones d’adsorption empêchée ou encore la diffusion
de l’eau aux échelles macro et microscopiques.
Par ailleurs, tout comme pour le fluage propre, le fluage de dessiccation est supposé
indépendant du retrait de dessiccation. Par conséquent, la décomposition des déformations de
fluage et de retrait est possible lors de l’interprétation des mécanismes. Ceci est parfois remis
en cause par certains auteurs, qui pensent que le fluage de dessiccation correspond soit à un
retrait de dessiccation amplifié par la contrainte appliquée, soit à une conséquence directe de
l’hydratation du matériau [Berthollet 03 ; Benboudjema 02].
Dans ses travaux, Bazant considère que la perte en masse du matériau fissuré ou non est
significative de la variation des propriétés de transfert [Bazant 86]. La figure 1.51 montre ses
résultats.
56
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Fig. 1. 51 : Influence de la fissuration mécanique sur les propriétés de transfert d’un béton soumis à la
dessiccation [Bazant 86]
Nous constatons que les échantillons fissurés présentent une cinétique de dessiccation plus
rapide que celles des échantillons sains. Ceci est révélateur de l’amplification des propriétés
de transfert dans le matériau endommagé mécaniquement. L’auteur attribue cette différence
de cinétique à l’augmentation de la surface de séchage dans le cas des échantillons fissurés
(fissuration imposée sur la surface de séchage du matériau), causant ainsi des gradients
hydriques plus importants qui engendrent une cinétique de dessiccation plus rapide.
57
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Fig. 1. 52 : Perméabilité à l’azote de bétons endommagé mécaniquement puis soumis à différents séchages
[Picandet 01]
Nous constatons que plus les conditions de séchage sont sévères, plus la perméabilité des
matériaux est prononcée. Deux raisons sont avancées pour expliquer ces résultats. Tout
d’abord le matériau endommagé mécaniquement présente une cinétique de dessiccation
amplifiée par rapport au matériau sain. Enfin, les fissures présentes dans le matériau servent
de chemin de drainage à l’azote durant la mesure de perméabilité, connectant ainsi le réseau
de fissures aux pores qui étaient isolés avant l’endommagement mécanique.
Wang et al. ont testé la perméabilité à l’eau d’un béton à base de CEM I endommagé par de la
traction par fendage et dont l’ouverture de fissure est contrôlée. La mesure de perméabilité à
l’eau est effectuée sous charge ou après déchargement [Wang 97]. La figure 1.53 présente ses
résultats.
58
Fig. 1. 53 : Perméabilité à l’eau en fonction de l’ouverture de la fissure créée par traction par fendage,
mesure sous charge ou après charge [Wang 97]
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Les résultats présentés dans ce paragraphe sont révélateurs d’un couplage entre la fissuration
mécanique et les propriétés de transfert du matériau. En outre, la dessiccation amplifie encore
plus les transferts.
59
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60
EXPERIMENTALE
PARTIE 2 : DEMARCHE
Introduction
L’objectif de l’étude est de mesurer le comportement physique des matériaux soumis aux
processus de désaturation/resaturation de deux manières distinctes. La première partie
concerne l’étude des pertes de masses et des déformations différées dues aux processus de
désaturation/resaturation en fonction de la température. La seconde partie porte sur le
comportement des matériaux soumis à différentes contraintes mécaniques en fonction de leur
état de saturation. Une étude du couplage thermo-hydro-mécanique ainsi est effectuée.
Cette figure regroupe les différentes déformations que présente un matériau cimentaire soumis
ou non à la dessiccation, ainsi que sous fluage et recouvrance. Dans notre cas, la recouvrance
n’est pas étudiée.
En ne considérant que les déformations de retrait, nous constatons que les mesures possibles
sont : le retrait endogène ε re et le retrait total ε rt . Ainsi, le retrait de dessiccation est estimé
en soustrayant le retrait endogène au retrait total. Dans notre étude, ces mesures et estimations
sont effectuées pour différentes conditions isothermes de température (20°C, 50°C et 80°C).
L’estimation des déformations de fluage doit prendre en compte celles issues du retrait. A
l’aide des mesures de retraits ( ε re et ε rt ) et de celles de fluages, endogène et total ( ε de et ε dt ),
61
il est possible d’estimer les déformations de fluage propre et celles de fluage de dessiccation
par les équations (12) et (13) suivantes.
ε fp = ε de − ε re (12)
ε fd = ε dt − ε fp − ε rt = ε ft − ε fp − (ε rd + ε re ) (13)
où ε de et ε dt sont respectivement les mesures obtenues par les échantillons soumis au fluage
propre ou de dessiccation. Les indices sont relatifs au type de déformation considérée :
« de » signifie « déformation endogène » ; « re » : « retrait endogène » ; « dt » : « déformation
totale » ; « ft » : fluage total ; « rt » : « retrait total » et « rd » : « retrait dessiccation ».
Un programme expérimental incluant quatre étapes a ainsi été développé. Tout d’abord, lors
de la réalisation des échantillons, présentée dans le premier paragraphe, une attention
particulière fut portée à l’évolution de la microstructure, ainsi qu’à une éventuelle
dessiccation précoce des matériaux. Ensuite, une phase de conditionnement en température et
en humidité relative a été réalisée de manière à balayer des conditions expérimentales variant
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I Matériaux étudiés
Dans le cadre des études sur le stockage en formation géologique profonde, deux formulations
de référence (tableaux I.1 et I.2 en introduction générale) ont été établies pour les études
dédiées au comportement des ouvrages de stockage. Les critères de sélection tenaient autant
aux propriétés à l’état initial qu’à la stabilité physique et chimique à long terme. La
caractérisation de ces formulations a été réalisée et fournit un premier jeu de données les
concernant [Andra 01a ; 01b]. Dans le cas présent, la méthode de fabrication des matériaux
ainsi que la cure ont été réalisées de la même manière que précédemment, afin d’obtenir des
matériaux comparables.
62
2.2 (les valeurs sont issues des documents de formulations de chacun des bétons [Andra 01a ;
01b]).
Les deux matériaux ont été choisis pour leurs caractéristiques mécaniques à hautes
performances. En effet, leur résistance à la compression à 3 mois est supérieure à 60 MPa. Les
valeurs de porosité des deux bétons sont équivalentes et leurs perméabilités leurs confère un
caractère très peu perméable.
En termes de retrait, le CEM I présente des déformations plus faibles que celles du CEM V.
Ceci est attribué à la nature du ciment qui est la principale différence de composition et qui
donne une distribution de porosité plus raffinée pour le CEM V malgré la valeur de porosité
totale équivalente. Cette différence de microstructure joue sur les déformations de retrait par
l’intermédiaire de la pression capillaire. Cette notion de retrait est essentielle vis-à-vis de la
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Les propriétés thermiques indiquent que la chaleur d’hydratation du CEM I est supérieure à
celle du CEM V, alors que les coefficients de dilatation thermique montrent que le CEM I se
déforme moins sous l’effet d’un gradient thermique.
Un troisième béton a été ajouté dans notre étude, basé sur le béton CEM V, sauf pour la
quantité d’eau : ce béton a un rapport E/C égal à 0,48. Cette différence de composition va
permettre de mesurer l’influence du rapport E/C sur les processus de
désaturation/resaturation. Ce troisième matériau sera noté « CEM V* ». Le tableau 2.1 suivant
rappelle les formulations de tous les matériaux étudiés dans ce travail.
63
Conditions d’essai Conditions d’essai
CARACTERISTIQUES CEM I CEM V CEM I CEM V
[Andra 01a] [Andra 01b]
Rapport Eau/Ciment 0,43 0,39
Rapport Gravillons/Sable 1,10 1,23
Eprouvette 11*22 Eprouvette 11*22
Résistance en compression à 28 cm2 surfacées au cm2 surfacées au
62,5 MPa 55,6 MPa
jours à 20°C lapidaire ; lapidaire ;
Norme NF P 18-406 Norme NF P 18-406
Eprouvette 11*22 Eprouvette 11*22
Résistance en compression à 3 cm2 surfacées au cm2 surfacées au
65 MPa 68,3 MPa
mois à 20°C lapidaire ; lapidaire ;
Norme NF P 18-406 Norme NF P 18-406
Mesure de l’affaissement au
23 cm 9,7 cm Norme NF P 18-451
cône T0 + 1 heure
Résistance en traction par Eprouvette 11*22 cm2 ; Eprouvette 11*22 cm2 ;
5,3 MPa 5,0 MPa
fendage à 3 mois à 20°C Norme NF P 18-408 Norme NF P 18-408
Eprouvette 11*22
Recommandations de la cm2 surfacées au
Module de Young E à 3 mois 40,9 GPa 41,6 GPa
RILEM lapidaire ;
Norme NF P 18-406
Eprouvette 11*22
Coefficient de Poisson טà 3 Recommandations de la cm2 surfacées au
0,15 0,23
mois RILEM lapidaire ;
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Norme NF P 18-406
3 prismes 7*7*28 cm3
prismes 7*7*28 cm3
recouverts d’aluminium
recouverts d’aluminium
Valeur du retrait endogène à 3 autocollant ; mesures
70 µm/m 121 µm/m autocollant ;
mois à 20°C effectuées dans une
Recommandations de la
salle à 20°C +/- 2°C et
RILEM
HR= 50% +/- 5%
3 prismes 7*7*28 cm3 ; prismes 7*7*28 cm3 en
Valeur du retrait de dessiccation mesures effectuées dans ambiance dessiccative ;
367 µm/m 460 µm/m
à 3 mois à 20°C une salle à 20°C +/- 2°C Recommandations de la
et HR= 50% +/- 5% RILEM
Mode opératoire de Mode opératoire de
Porosité Ф 13% 13,4%
l’AFREM l’AFPC-AFREM
Mode opératoire de Mode opératoire de
Masse volumique apparente 2465 kg/m3 2250 kg/m3
l’AFREM l’AFPC-AFREM
Eprouvette de diamètre
de 11cm et de hauteur
Valeur de perméabilité à l’eau K Procédure CEBTP
9,5 10-20 m2 1,4 10-19 m2 de 5cm ; protocole mis
à 20°C N° E-02/278
au point par le
CEMETE
Valeur de perméabilité à Mode opératoire de Mode opératoire de
6,3.10-17m2 4,7.10-18m2
l’oygène Kox à 20°C l’AFREM l’AFPC-AFREM
3 prismes 7*7*28 cm3
3 prismes 7*7*28 cm3
séchés à masse
séchés à masse
constante à 80°C et
Coefficient de dilatation constante à 105°C et
6 10-6 /°C 9,5 10-6 /°C mesures des variations
thermique mesures des variations
dimensionnelles par
dimensionnelles puis
paliers de 10°C entre
même chose à 20°C
30°C et 80°C
Mesure faite avec le Mesure faite avec le
CTMETRE ; CTMETRE ;
Valeur de la conductivité
2,3 W/m.K 1,9 W/m.K perturbation thermique perturbation thermique
thermique
avec une sonde avec une sonde
chauffante chauffante
Mesure faite avec le Mesure faite avec le
CTMETRE ; CTMETRE ;
2,615
Valeur de la chaleur volumique 2,640 MJ/m3.K perturbation thermique perturbation thermique
MJ/m3.K
avec un anneau avec une sonde
chauffant chauffante
Tab. 2. 2 : Caractéristiques connues des bétons avant l’étude [Andra 01a ; Andra 01b]
64
I.2 Fabrication des échantillons
Afin de minimiser la variabilité induite par les fabrications successives, la totalité des
éprouvettes de chaque béton est obtenue à partir d’une seule gâchée. Dès que la gâchée est
prête, elle est répartie dans les moules prismatiques normalisés de volume égal à (4*4*16)
cm3 et dans un coffrage métallique de 4 m de long et de section carrée de (15*15) cm2. Des
séparations en polystyrène dans le coffrage ont permis la fabrication de quatre poutres de
béton de 1 mètre de long. Après le coulage, les poutres et les moules sont protégés d’un
éventuel séchage précoce grâce à une bâche disposée sur le dessus (figure 2.2).
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Le démoulage est fait cinq jours plus tard, afin d’éviter la fissuration induite par les gradients
thermiques liés à l’hydratation du matériau. Les poutres et prismes obtenus sont
immédiatement placés dans un bain thermostaté à 20°C pendant six mois. Le phénomène de
lixiviation est évité dans le bain thermostaté grâce à une saturation en chaux (figure 2.3).
Les éprouvettes cylindriques sont obtenues à partir du carottage des poutres. Il est réalisé sous
eau, afin d’éviter toute dessiccation, à l’aide d’un tube carottier de 37,5 mm de diamètre
(figure 2.4).
65
Fig. 2. 4 : Machine à carotter et carottage des poutres de béton
Le tableau 2.3 regroupe les différentes hauteurs des éprouvettes cylindriques en fonction de
l’essai visé.
Pour assurer les différents essais mécaniques, deux conditions doivent être respectées
[Dupain 95] : la première est une condition de parallélisme des faces supérieure et inférieure
de l’éprouvette et la seconde correspond à une planéité de ces faces. La rectification au moyen
d’un tour d’usinage permet de répondre facilement et rapidement à ces deux conditions
(figure 2.6).
66
Fig. 2. 6 : Tour d’usinage et rectification des éprouvettes cylindriques
La maturation sous eau des bétons est une étape essentielle de la campagne expérimentale qui
autorise à considérer les matériaux comme étant saturés avant le début des processus de
désaturation/resaturation. De plus, la conservation sous eau permet une hydratation dans les
meilleures conditions possibles. En effet, l’apport d’eau permet d’éviter les phénomènes de
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dessiccation privant le béton d’une quantité d’eau nécessaire à son hydratation. Les
éprouvettes sont conservées ainsi pendant six mois afin que toutes les réactions d’hydratation
aient pu avoir lieu et afin de pouvoir analyser les résultats d’essais sans avoir à tenir compte
d’une évolution potentielle de la microstructure. Les échantillons sont ensuite répartis dans
leur conditionnement respectif (température et humidité relative contrôlées), afin de réaliser la
désaturation jusqu’à ce qu’ils atteignent leur état d’équilibre.
67
d’exploitation conduit à la désaturation des matériaux cimentaires, puis, lors de la fermeture
des alvéoles, va suivre la resaturation par l’eau issue du milieu géologique.
Afin de respecter le cycle dans les alvéoles de stockage, les bétons ont été soumis au
phénomène de désaturation jusqu’à atteindre l’état sec puis ont ensuite été exposés à la
resaturation. Néanmoins, le cycle complet de séchage par palier et saturation étant très long,
nous avons également procédé à un séchage complet des éprouvettes en étuve puis avons
réalisé uniquement la phase de resaturation, afin d’obtenir des résultats plus rapidement.Ces
deux protocoles permettront d’évaluer l’influence du séchage sur l’endommagement et la
resaturation des matériaux.
CONDITIONNEMENT OBJECTIF
Enceinte Climatique
à température fixe
égale à 20°C
Enceinte Climatique
à température fixe Echantillons à saturation intermédiaire
égale à 50°C
Enceinte Climatique
à température fixe
égale à 80°C
Bain thermostaté à 20°C Etat saturé en eau
L’étuve à 60°C présente une valeur d’humidité relative inférieure à 10% et autorise à
considérer l’échantillon obtenu comme étant à l’état sec. La température de 60°C permet de
s’affranchir des effets de microfissuration dus à des contraintes thermiques élevées. Les
enceintes climatiques permettent de reproduire les processus de désaturation/resaturation
grâce au contrôle en humidité relative (HR). Le lien entre saturation et humidité relative sera
réalisé à partir des isothermes de sorption pour les températures fixes, égales à 20°C, 50°C ou
80°C. Les caractéristiques techniques des différents conditionnements sont développées dans
l’annexe 2.
68
Avant de placer les échantillons dans les enceintes climatiques fixées à 50°C et 80°C, un
changement de température sous eau est effectué pour éviter un choc thermique et hydrique
dans le matériau. Pour cela, les échantillons sont plongés dans l’eau à température ambiante,
chauffée ensuite progressivement jusqu’à la température cible et gardée constante à cette
valeur pendant un quart d’heure, avant la mise en place dans les enceintes climatiques (figure
2.7).
Fig. 2. 7 : Changement de température sous eau des éprouvettes de 50°C et 80°C avant mise en place en
conditionnement
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
A ce stade, tous les échantillons sont répartis dans leur conditionnement. Ils sont pesés
régulièrement pour permettre la construction progressive des isothermes de désorption des
matériaux.
69
Les mesures sur échantillons en enceintes climatiques sont effectuées toutes les semaines
lorsque les masses tendent à se stabiliser. Lors du changement de valeur d’humidité relative,
les échantillons sont mesurés tous les deux jours pendant deux semaines consécutives, avant
la reprise de la fréquence d’une mesure hebdomadaire. En outre, depuis le palier d’humidité
relative de 70%, de l’azote gazeux est ajouté dans l’enceinte pendant une dizaine de minutes
pour éviter la carbonatation des matériaux, à la fin des mesures. Dans l’étuve à 60°C et le bain
thermostaté à 20°C, les mesures sont effectuées toutes les semaines puis, une fois la
stabilisation des masses effectuées, tous les mois.
Pour suivre les variations de masse pendant le processus de désaturation, les éprouvettes de
béton sont réparties dans des enceintes climatiques, dont chacune impose une température
fixée (20°C, 50°C ou 80°C) et permet la variation de l’humidité relative. Pour fixer les paliers
d’humidité relative, deux choix se présentent. Soit ils correspondent à des valeurs d’humidité
cible pour l’étude (comme le point HR=98%), soit ils font référence à un état de saturation
visé (Sw=0,8 et Sw=0,6). Les valeurs retenues sont un compromis entre ces deux choix et sont
regroupées dans le tableau 2.5 suivant :
VALEURS DES
OBJECTIF
PALIERS HR
98% Valeurs HR ciblées
pour construire les isothermes
90%
de désorption en température
Sw= 0,8 Valeurs de Sw ciblées
pour comparer les propriétés des bétons
à des états de saturation en eau identiques
Sw= 0,6 différentes valeurs de HR en fonction des 3 bétons et de la température
50% Valeurs HR ciblées
30% pour construire les isothermes
10% de désorption en température
Tab. 2. 5 : Valeurs et objectifs des paliers d’humidité relative fixés dans les enceintes climatiques 20°C,
50°C et 80°C
En faisant décroitre les valeurs d’humidité relative, les échantillons sont soumis à la
désaturation. Un critère de variation de masse a été choisi pour autoriser le changement
d’humidité relative dans chacune des enceintes climatiques. Ce critère stipule que, pour
chaque échantillon du conditionnement considéré, les trois dernières mesures de masse ne
doivent pas varier de ± 0,1% de la masse précédente. Une fois cette condition remplie pour
tous les échantillons correspondants au même conditionnement, la valeur d’humidité relative
suivante peut être imposée.
70
température et de saturation en eau liquide, il faut relier les deux conditions de saturation en
eau et d’humidité relative. Pour cela, il est essentiel de connaître la valeur de porosité de
chaque béton étudié. Elle est mesurée avec les échantillons conservés dans l’étuve 60°C.
(méthode de détermination au paragraphe III.1)
Une fois la porosité moyenne de chaque béton connue, il est possible de déterminer la valeur
de saturation en eau de chaque échantillon en fonction de l’humidité relative. Pour cela, deux
étapes de calculs sont nécessaires : la première consiste à estimer la valeur de la masse sèche
de l’éprouvette soumise à la désaturation ; la seconde étape relie la valeur du palier
d’humidité relative du conditionnement avec l’état de saturation de l’éprouvette. Les trois
équations utilisées dans ces deux étapes sont numérotées équations (14), (15) et (16) :
M sat − M sec
%massiq = (14)
M sat
m − msec
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Sw = (16)
msat − msec
Les symboles « M » font référence aux valeurs moyennes de masses saturées ou sèches du
béton considéré (étuve 60°C) et les symboles « m » correspondent aux masses du même béton
dans l’enceinte climatique considérée.
Chaque point des isothermes relie la valeur d’humidité relative imposée à l’état de saturation
des échantillons considérés à l’équilibre. De ce fait, les différentes isothermes de désorption
sont construites progressivement.
Le conditionnement est assuré par un récipient, contenant de l’eau à température cible et les
échantillons, placé dans une étuve, dont la condition imposée est légèrement supérieure à la
température désirée pour l’eau (annexe 2).
Les mesures effectuées durant la resaturation directe sont la pesée des échantillons et la
mesure du retrait/gonflement. Comme en désaturation, les mesures sont faites dans une
ambiance contrôlée à 20°C ± 5°C avec une humidité relative proche de 40% ± 5%. Les
71
mesures de retrait/gonflement des éprouvettes cylindriques sont réalisées à l’aide d’un palmer
micrométrique précis au micromètre (µm). La différence entre la longueur de l’éprouvette et
celle d’un étalon (de longueur connue et égale à 50 mm) permet de déterminer la valeur de
retrait ou gonflement. Pour mesurer la variation de longueur au cours du temps de chaque
échantillon, un repère est tracé sur ses faces. Ce repère est localisé de manière à ce que
chacune des broches du palmer micrométrique soit au contact de la pâte de ciment et non d’un
granulat. Cela permet d’être sûr que la mesure prise correspond bien aux déformations de
l’éprouvette et non aux déformations locales d’un granulat (figure 2.9).
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Les mesures sont effectuées quotidiennement. Les échantillons sont sortis du récipient,
essuyés sur du papier absorbant pour retirer l’excès d’eau en surface, puis mesurés.
Afin de permettre les mesures, des hypothèses sont posées pour ces tests. En effet, les
mesures sont réalisées à 20°C ± 5°C et HR=40% ± 5%. Bien que les mesures soient
effectuées rapidement, l’ouverture du récipient rempli d’eau à température constante et
contenant les échantillons, est nécessaire. Ceci expose l’eau au dioxyde de carbone qui peut
retarder l’équilibre chimique des solutions [Andra 08]. Dans notre cas, nous considérons que
cela n’influe pas sur nos mesures. De plus, après chaque mesure, nous faisons le vide dans le
récipient pour accélérer le processus de resaturation. Pourtant cela pose des problèmes de
respect des conditions : les quantités de vapeur d’eau et d’eau liquide évoluent. La solution
retenue est de limiter la période d’aspiration à 2 minutes pour toutes les températures, ce qui
nous permet de considérer que les quantités d’eau liquide et vapeur sont indépendantes du
protocole d’essai.
Ces données expérimentales renseignent sur les quantités d’eau reprises par les bétons après
avoir subi un séchage, supposé sans microfissuration importante, dans l’étuve à 60°C. Une
comparaison des résultats en fonction de la température et des matériaux sera également
possible.
72
III.1 Mesure de la porosité accessible à l’eau
La porosité accessible à l’eau d’un matériau est calculée grâce à la différence de masse entre
un échantillon à l’état sec et ce même échantillon à l’état saturé. La mesure est effectuée sur
l’ensemble des éprouvettes d’essais. Pour une éprouvette, la valeur de porosité est ainsi
donnée par l’équation (17) :
msat − msec
Φ= (17)
ρeau *Vapp
où msat est la masse saturée de l’échantillon en [kg] obtenue à la suite des six mois de
maturation dans l’eau ; msec : masse sèche du même échantillon [kg] ; ρeau : la masse
volumique de l’eau [1000 kg/cm3] et Vapp : le volume apparent de l’éprouvette [cm3]. Le
volume apparent de l’échantillon dépend de sa forme (cylindrique ou prismatique) et de ses
dimensions. Les différentes valeurs utilisées sont données dans le tableau 2.6 :
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Pour toute la campagne d’essais, cela représente 58 échantillons pour le CEM I, 58 pour le
CEM V (E/C=0.39) et à 44 échantillons pour le CEM V* (E/C=0.48).
La porosité moyenne du matériau est donnée avec des valeurs apparentes (dimensions des
échantillons). Un calcul d’erreur est développé et la valeur moyenne de porosité obtenue pour
chaque matériau sera présentée avec cette erreur. La porosité moyenne du matériau est utilisée
dans la construction progressive des isothermes, afin de relier l’humidité relative à l’état de
saturation. De plus, la même mesure de porosité est effectuée à 105°C sur un groupe
d’échantillons de 37,5 mm de diamètre et de 20 mm de hauteur. Ces résultats seront comparés
à ceux obtenus à 60°C. L’influence de la température de séchage sur la porosité accessible à
l’eau sera ainsi déduite.
73
le mercure est extrait de l’échantillon en diminuant l’injection. La distribution de porosité est
construite à partir de chaque étape d’injection. L’équation de Washburn donne le diamètre du
pore atteint d en fonction de la pression d’injection P :
4γ cos θ
d =− (18)
P
La perméabilité au gaz est mesurée avec de l’argon (pureté ≥ 99%) [Burlion 03b]. Dans ces
conditions, il peut être considéré comme un gaz parfait. Cet essai est effectué sur des
échantillons cylindriques de diamètre égal à 37,5 mm et de hauteur de 75 mm, présentant
l’état de saturation Sw=0. L’éprouvette est tout d’abord enduite sur sa surface latérale d’une
résine, UE-2 (afin de boucher les trous et permettre une circulation unidirectionnelle du
fluide). Cet essai nécessite l’utilisation d’une cellule triaxiale. Cette dernière se compose de
trois parties : l’embase, le fût et le couvercle. Une fois mise en place, la cellule se présente
comme un système fermé avec une alimentation pour l’huile qui confine l’échantillon et une
entrée/une sortie pour le fluide d’injection, qui s’écoule dans le matériau (figure 2.10).
74
Une fois le fût de la cellule installée, elle est remplie d’huile. Pour finir, elle est fermée avec
le couvercle et des tirants. Dès lors, la cellule est reliée d’un coté à une pompe, d’une capacité
maximale de 600 bars, qui permet de maintenir le confinement. Ce confinement assure alors
l’étanchéité entre la membrane et l’éprouvette. De l’autre coté, elle est reliée à l’arrivée du
fluide d’injection.
Pour une pression de confinement donnée, Pconf , un écoulement continu est généré dans
l’échantillon par application d’un gradient de pression entre les faces de l’éprouvette, puisque
l’une d’elles est à la valeur de la pression d’injection Pinj et l’autre est à la pression
atmosphérique. Pour mesurer le temps au cours duquel une quantité de fluide passe dans
l’échantillon, un réservoir tampon est rempli de gaz puis l’alimentation est coupée. Au fur et à
mesure que le réservoir tampon se vide, la pression d’injection diminue et le temps est mesuré
sur une gamme de pressions d’injection.
µ * Qmoy * L * Pmoy
K int = (19)
2
S * ( Pmoy − P02 )
Vr * ∆Pinj
Qmoy = (20)
∆t * Pmoy
où Vr est le volume du réservoir tampon [m3] ; ∆Pinj : la variation de pression d’injection
imposée [Pa] ; ∆t : l’intervalle de temps entre t0 et t f [s] et Pmoy représente la moyenne de la
pression d’injection [Pa] (équation (21)) :
La valeur de perméabilité à l’état sec est la seule propriété de transfert mesurée durant cette
étude. Elle permettra d’établir un lien entre la microstructure du matériau, déterminée à l’aide
des isothermes et l’évolution des propriétés de transfert.
75
( K b ) et en conditions non drainées, seule la matrice cimentaire est considérée ( K s ). Le
principe théorique et la méthode de mesure sont développés ci-après.
La théorie de la poromécanique, développée par Biot puis reformulée par Coussy [Coussy
04], considère les différentes phases du matériau (figure 2.11).
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Fig. 2. 11 : Représentation schématique des différentes phases d’un matériau poreux [Lion 04]
Les phases fluides prises en compte sont la phase d’eau liquide et la phase gazeuse, composée
d’air sec et de vapeur d’eau. La théorie de la poromécanique permet d’analyser un échantillon
de matériau cimentaire comme un système capable d’échanger du fluide et de la chaleur avec
l’extérieur. Ainsi, le tenseur de déformation du squelette du matériau ( ε ), la variation de
masse du fluide considéré ( m ) et la température (T ) sont utilisés comme variables d’état
(dans le cas de transformations infinitésimales).
Pour notre travail, nous allons nous placer dans le cas isotherme, puisque nous cherchons à
comparer la compressibilité des matériaux sous les mêmes conditions expérimentales de
température. L’énergie libre ψ du système s’écrit alors :
2
1 mM 1 m
Ψ = g m + ε :C :ε − 0 B :ε + M 0
0
(22)
ρf 2 ρ f
m
2
Dans cette équation, g m0 est l’enthalpie libre du fluide ; ρ 0f est la masse volumique initiale du
2
C = K − G J + 2GI (23)
3
76
où K est le module d’incompressibilité isotrope et G le module de cisaillement. I est le
Le tenseur des coefficients de Biot se détermine dans le cas d’un matériau isotrope par :
B = b1 (24)
où b est défini comme étant le coefficient de Biot et 1 est le tenseur d’identité d’ordre 2. Le
coefficient de Biot est le terme qui représente la reprise de charge par le fluide interstitiel
présent au sein du matériau.
En posant l’hypothèse que le fluide est parfait, il est possible de prendre en compte la pression
interstitielle ( p ), présente dans la porosité du matériau. En outre, en considérant l’énergie
libre comme potentiel thermodynamique, sa dérivation, ainsi que la prise en compte de l’état
de contraintes initiales permettent l’obtention des équations d’état suivantes :
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2
σ ij − σ ij0 = 2Gbε ij + ( K b − Gb )tr (ε )δ ij − b( p − p0 )δ ij
3
2 m
σ ij − σ ij0 = 2Guε ij + ( K u − Gu )tr (ε )δ ij − bM δ ij (25 ; 26 ; 27)
3 ρ0
f
m
p − p0 = M −btr (ε ) + 0
ρf
A l’état initial, la contrainte est σ ij0 et la pression interstitielle est égale à p0 . δ ij représente le
symbole de Kronecker. Les deux premières équations d’état donnent le champ de contraintes
appliquées au matériau, soit en conditions drainées (avec les modules d’incompressibilité et
de cisaillement en conditions drainées ( K b et Gb )), soit en conditions non drainées (avec les
modules d’incompressibilité et de cisaillement en conditions non drainées ( K u et Gu )).
En effet, d’un point de vue poromécanique, un milieu peut être observé de deux façons : dans
le cas drainé ou dans le cas non drainé. Dans le cas drainé, le matériau est considéré comme
un système ouvert qui permet les échanges de matière avec l’extérieur. Cela entraîne la
dissipation des surpressions interstitielles présentes dans le matériau. Les déformations
mesurées sont celles du milieu poreux comprenant sa porosité. Le cas non drainé suppose le
milieu comme un système fermé qui empêche les échanges avec l’extérieur. Les surpressions
interstitielles influencent alors le comportement du matériau. Les déformations mesurées sont
celles de la matrice solide seule du milieu poreux. Le fait de se placer en conditions drainées
ou non permet de mesurer les paramètres K b ou K s expérimentalement.
Dans le cas de notre étude, seul le module d’incompressibilité en conditions drainées K b est
mesuré sur un matériau à l’état sec. Ces résultats renseignent sur la déformabilité du matériau.
En effet, la mesure du module d’incompressibilité en conditions drainées indique comment la
matrice cimentaire, incluant sa porosité, réagissent en fonction d’un chargement
hydrostatique. Notre objectif étant de caractériser le comportement hydrique du matériau, ce
77
résultat à l’état sec nous autorise à le considérer comme faisant référence à la déformabilité de
la matrice solide (matrice cimentaire et porosité associée) sans reprise de charge locale par
l’eau liquide. Ce sera un indicateur utile lors de la comparaison des matériaux de l’étude
soumis aux mêmes conditions expérimentales (retrait, compression simple ou triaxiale, etc…).
L’essai est effectué dans une cellule triaxiale, tout comme pour la mesure de perméabilité
(figure 2.10). Avant d’être placé sur l’embase de la cellule, l’échantillon est muni de jauges
d’extensométrie, qui sont des capteurs de déformations collés sur l’échantillon et dont le
principe est détaillé au paragraphe IV.1. Une fois l’éprouvette isolée de toute intrusion d’huile
possible, la cellule triaxiale est montée, puis remplie d’huile. En raccordant la cellule à une
pompe, il est possible de contrôler la pression de confinement Pconf .
est géré avec un logiciel d’acquisition. La figure 2.12 montre une représentation schématique
de l‘évolution de la pression de confinement imposée dans le temps.
30
25
pression de confinement Pconf [MPa]
20
15
10
0
0 5000 10000 15000 20000 25000 30000
temps [secondes]
Chaque point présent sur le graphique précédent est à relier à une période de stabilisation des
déformations dans le temps afin que la pression de confinement s’équilibre, suivi d’un relevé
de valeurs.
78
Fig. 2. 13 : Schématisation de la mesure de Kb [Lion 04]
confinement car elle est plus précise qu’en charge. K b est calculé avec l’équation (28) :
∆Pconf
Kb = (28)
∆ε v
Le comportement du matériau est mesuré à court et long terme. A court terme, les essais de
compression uniaxiale et triaxiale, ainsi que les essais de traction sont réalisés. L’essai de
fluage de dessiccation renseigne sur le couplage hydro-mécanique à long terme. Les
dispositifs expérimentaux sont détaillés ainsi que la méthode de préparation des éprouvettes
avant essais.
79
IV.1 Préparation des éprouvettes avant essais
Au cours d’un essai mécanique, les déformations du matériau sont enregistrées grâce à des
jauges d’extensométrie placés sur l’éprouvette. Il s’agit de dispositifs, collés sur l’échantillon,
qui permettent de connaître les déformations du matériau en mesurant une variation de
résistance électrique d’une grille métallique (figure 2.14). L’utilisation de jauges exige une
préparation de l’échantillon avant l’essai.
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Pour être instrumentée de jauges d’extensométrie, l’éprouvette cylindrique doit présenter une
surface latérale propre et lisse. Une résine de type UE-2 est appliquée sur cette surface et
après séchage, les jauges sont collées sur l’échantillon. Sachant que la dimension maximale
des granulats est de 12 mm, il a été choisi de travailler avec des jauges dont la taille est
supérieure à deux fois le diamètre maximal des granulats. Des jauges de longueur de 30 mm
sont donc utilisées. L’éprouvette, munie de jauges d’extensométrie, présente deux jauges
longitudinales et deux jauges transversales (figure 2.15).
Il faut garder à l’esprit que la résine appliquée sur la face latérale de l’éprouvette impose un
durcissement à l’air libre pendant une douzaine d’heures. La méthode développée consiste à
appliquer la résine sur les échantillons en fin de journée et les placer sous une hotte durant une
80
nuit pour permettre ce durcissement. De ce fait, une hypothèse supplémentaire est à prendre
en compte : le durcissement à l’air libre durant une nuit sous la hotte fait peu évoluer les
gradients hydriques, car une nuit correspond à un temps court du point de vue de la
dessiccation. Il en va de même pour l’étape de collage de jauges, considérée comme
n’influençant pas les propriétés hydriques de l’éprouvette. Cette hypothèse est valable dans
cette étude, car la même procédure est appliquée pour chacun des échantillons instrumentés.
Une fois l’éprouvette instrumentée, elle doit conserver son état de saturation jusqu’au jour de
l’essai.
• Les échantillons à l’état sec sont replacés dans l’étuve fixée à 60°C.
• Ceux à l’état saturé sont gardés dans un récipient au dessus d’eau et un vide partiel est
fait, de manière à équilibrer la solution avec l’atmosphère et à aboutir à une humidité
relative de 100% au dessus de la solution
• Enfin, les éprouvettes aux états de saturation intermédiaires sont placées au dessus de
solution salines saturées. Le choix des solutions salines s’effectue à l’aide des résultats
des isothermes de chaque matériau à 20°C :
La saturation ciblée à 0,8 est obtenue pour le CEM I avec une humidité relative
égale à 90% pour une saturation exacte de 0,73 et la saturation 0,6 est obtenue
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sous une humidité relative de 70% donnant une saturation exacte de 0,65 ;
Pour le CEM V, la saturation cible 0,8 est obtenue avec une humidité relative
égale à 70% pour une saturation exacte de 0,87.
Il faut donc utiliser des solutions salines sursaturées recréant les humidités relatives
égales à 90% et 70% sous une température proche de 20°C :
Le chlorure de potassium (KCl), qui donne à 20°C une humidité
relative de 85%, est utilisé pour conditionner les éprouvettes Sw=0,8 du
CEM I ;
L’iodure de potassium (IK) est employé pour conserver les échantillons
du CEM I dont l’état de saturation cible est de 0,6 et ceux du CEM V
ciblés à Sw=0,8, car à 20°C il crée une humidité relative proche de
70%.
Les seconds conditionnements sont utilisés sur des périodes de plusieurs jours. Ceci nous a
permis de préparer plusieurs échantillons en même temps.
Les essais de compression devraient faire apparaitre l’effet d’un endommagement hydrique
sur le comportement mécanique du matériau. Les sollicitations de traction mettent en valeur
l’effet de compétition existant entre les mécanismes de la dessiccation sur la rupture du
matériau.
Pour chacun de ces essais, la même presse (figure 2.16), est utilisée. Cette presse, d’une
capacité maximale de 250 kN, présente l’avantage d’avoir un système d’acquisition de
données propre (capteur de force et calcul du déplacement intégrés) et peut être pilotée soit en
81
force, soit en déplacement. De plus, chaque protocole d’essai peut être enregistré lors du
premier état de saturation considéré, et réutilisé pour une nouvelle valeur de saturation.
Boitier
d’acquisition des
Boitier de contrôle données des
manuel de la presse capteurs
Pilotage et
enregistrement des
protocoles et des
résultats d’essai
Les essais mécaniques à court terme sont donc réalisés sur cette presse en suivant les
protocoles décrit ci-après.
82
Fig. 2. 17 : Schématisation de la rupture du matériau avec ou sans frettage
Dans notre cas, aucun système anti frettage n’est utilisé. La rupture de l’éprouvette devrait
présenter des cônes à 45°. L’élancement de 2 de nos éprouvettes devrait permettre de négliger
cet effet sur cylindre. En revanche, il sera actif et visible sur les prismes.
Au cours de l’essai, la presse est pilotée en déplacement à une vitesse de 2 µm/s. L’éprouvette
subit des cycles de charge/décharge en compression dans le domaine élastique du matériau.
Les trois premiers cycles sont essentiels à la mise en place de l’échantillon et ne sont pas
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La figure 2.18 suivante illustre les cycles de charge/décharge effectués durant l’essai.
70
60
50
contrainte [Mpa]
40
30
20
10
0
00:00 07:12 14:24 21:36 28:48 36:00 43:12
temps [minutes : secondes]
Les données enregistrées pendant l’essai sont la variation de force au cours du temps et le
déplacement de la traverse de la presse, ainsi que les déformations fournies par les jauges
d’extensométrie.
83
Lors du dépouillement de l’essai, on détermine l’évolution du module de Young, noté E en
[GPa], ainsi que celle du coefficient de Poisson, appelé υ, suivant les cycles de
charge/décharge. Nous déterminons aussi la résistance en compression, symbolisée par f c en
[MPa]. La contrainte au cours du temps σ est déterminée de façon lagrangienne par l’équation
(29) :
F
σ= (29)
S0
Le coefficient de Poisson υ est calculé pour chaque cycle par l’équation (30) :
ε transv ε
υ =− = − 22 (30)
ε longi ε11
84
IV.2.1.2 Essai de compression simple sur prisme
Les prismes sont testés en compression simple à l’aide d’un bâti de compression en suivant la
norme EN 196-1 (figure 2.20).
Le prisme est soumis à une force de compression jusqu’à la rupture. Pour cela, la presse est
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pilotée en déplacement à une vitesse de 500 µm/s. Cette vitesse correspond à la vitesse
imposée pour les mortiers normalisés [norme EN 196-1 ; Dupain 95]. Le principe de l’essai
de compression sur demi-prisme est donné par la figure 2.21 :
Pour déterminer la résistance à la compression f cprisme , obtenue sur chaque prisme, la valeur
de force maximale est relevée et elle est introduite dans l’équation (31).
F
f cprisme = σ max = max (31)
S0
où S0 est la section initiale du prisme (40 x 40 mm2).
Les résultats obtenus en compression simple sur les prismes sont des données intéressantes à
comparer avec les résultats de compression simple, pour constater l’influence de la forme de
l’échantillon pour une même sollicitation.
L’essai de compression triaxiale est réalisé sur des éprouvettes cylindriques de diamètre égal à
37,5 mm et dont la hauteur est de 75 mm (élancement = 2). La pression de confinement a été
85
fixée à 5 MPa. Cet essai permet de comparer le comportement du béton soumis à de la
compression uniaxiale et triaxiale.
L’utilisation d’une cellule auto compensée est nécessaire pour reproduire une sollicitation
triaxiale grâce à la pression de confinement (huile) et à un piston axial placé sur le couvercle
de la cellule (déviateur). L’essai de compression triaxiale est donc un essai déviatorique
(figure 2.22) [Yurtdas 03].
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86
Fig. 2. 23 : Préparation de l’échantillon la veille de l’essai de compression triaxiale
L’échantillon est mis en place dans la cellule en suivant la procédure décrite dans le
paragraphe III.3. La cellule est ensuite positionnée au centre de la presse (figure 2.24). Le
confinement représente alors les contraintes isotropes ( σ 1 = σ 2 = σ 3 = Pconf = 5MPa ) et la
presse permet d’appliquer un effort déviatorique sur le piston, situé au dessus de l’échantillon
dans la cellule.
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Dans cette étude, les résultats de compression triaxiale serviront à identifier l’influence de
l’état de saturation du matériau sur le comportement triaxial du matériau et comparer ceci au
cas des sollicitations uniaxiales.
87
IV.2.3 Essai de traction par fendage
L’essai de traction par fendage, appelé aussi essai brésilien, est effectué sur des cylindres de
matériau de diamètre égale à 37,5 mm et de hauteur correspondant à un élancement égal à 2.
Pour cet essai, l’échantillon n’est pas instrumenté, car la presse enregistre au cours du temps
la force F et le déplacement de la traverse de la presse. Le protocole suivi est celui décrit par
la [norme NF EN 12390-6]. La seule différence, par rapport à la norme, vient du fait que les
échantillons ont été obtenus par carottage et non préparés dans des moules normalisés.
L’éprouvette est placée diamétralement au centre de la presse à l’aide d’un gabarit et le
contact entre l’échantillon et les plateaux de la presse se fait grâce à de fines bandes en bois.
Ceci permet de bien positionner l’éprouvette au cours de l’essai et de répartir la sollicitation le
long de l’éprouvette. Pendant l’essai, la presse est pilotée en contrainte à une vitesse de 200
N/s, ce qui respecte la condition des normes d’un accroissement de la contrainte de traction de
0,05 MPa/s avec une tolérance de 20% [Dupain 95]. L’éprouvette subit un effort de
compression sur deux génératrices opposées, cela entraîne la formation d’une contrainte de
traction normale au plan diamétral (figure 2.25).
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
F
f tfe = 2 (32)
π *D*L
88
Fig. 2. 26 : Bâti de flexion pour l’essai de traction par flexion
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Le bâti et l’échantillon sont installés au centre de la presse. Au cours de l’essai, la presse est
pilotée en force à une vitesse de 10 N/s. L’échantillon subit une force qui est répartie
linéiquement sur la face supérieure. La répartition des contraintes est linéaire dans
l’échantillon, la contrainte de traction étant maximale en face inférieure et pour une certaine
valeur de contrainte, il y a rupture de l’éprouvette.
1, 5 F * l
f tfl = (33)
b3
où F est l’effort maximal de compression [N] ; l la distance entre les appuis du bâti de
flexion [mm] ; b largeur du prisme [mm].
89
mécaniques issues de la couche géologique qui accueillerait le site de stockage souterrain
couplées au processus de désaturation. Cet essai a été mis en place pour mesurer l’influence
de la désaturation sur les déformations différées du matériau à long terme.
Pour estimer les déformations uniquement dues au fluage, la décomposition des déformations
est prise en compte. Cela sous entend que le retrait est déduit des déformations ou n’y apporte
pas de modification significative Cette procédure est illustrée par la figure 2.1, pour un essai
de fluage suivi de recouvrance [Yurtdas 03]. Pour dépouiller l’essai de fluage, le groupe
d’échantillons considéré (protégé ou non de la dessiccation) donne une déformation
« unique ». La déformation instantanée ε di , causée par l’application de la contrainte de fluage
n’est pas prise en compte. Le groupe protégé de la dessiccation sert à déterminer la
déformation de fluage propre ε fp , égales aux déformations des échantillons protégés
auxquelles les déformations de retrait endogène ε re sont retirées. Les échantillons soumis à la
dessiccation donnent la valeur de déformation du fluage total ε ft .
L’essai de fluage sous dessiccation est réalisé sur des éprouvettes cylindriques de diamètre
égal à 37,5 mm et de hauteur égale à 120 mm. En outre, cet essai est effectué sur les trois
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Pour mesurer l’influence de la désaturation sur les déformations de fluage des bétons étudiés,
deux groupes d’échantillons sont distingués :
• les échantillons ne subissant que des déformations endogènes (fluage propre et retrait
endogène (équation (12)) : ils sont protégés de la dessiccation grâce à trois couches
d’aluminium autocollant ;
• les éprouvettes non protégées de la dessiccation et soumises donc au fluage de
dessiccation et au fluage propre. Par définition, le fluage de dessiccation est la
différence entre le fluage total, le fluage propre et le retrait total (équation (13)).
Cet essai permet de quantifier l’importance de l’effet Pickett, se traduisant par une
augmentation des déformations différées sous dessiccation, en comparaison à la somme des
déformations de retrait de dessiccation et de fluage propre mesurées indépendamment. De
plus, l’influence des propriétés de transport sur les déformations de fluage devrait être mise en
exergue en comparant les résultats des trois bétons sous les mêmes conditions.
Pour mettre en place cet essai, douze dispositifs de mesure ont été fabriqués pour s’adapter
aux bâtis de fluage. La mesure de déformation de chaque échantillon est faite au moyen d’un
comparateur tenu par deux colliers entourant l’éprouvette. Le collier haut permet de porter le
comparateur et le collier bas lui sert d’appui. Le comparateur présente une précision du
centième de millimètre [± 10µm] et une étendue de 5000 µm. Chaque échantillon est
surmonté d’une rotule pour compenser les défauts de parallélisme des bâtis de fluage et
assurer une contrainte uniaxiale (figure 2.28). L’éprouvette, les colliers ainsi que la rotule sont
installés de manière à avoir le même axe principal que les bâtis de fluage.
90
Plateau haut bâti
rotule
Une fois chaque dispositif en place, une pompe, d’une capacité maximale de 700 bars, impose
une contrainte constante à tous les bâtis de fluage à l’aide d’une nourrice (figures 2.29 et
2.30).
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Echantillons
protégés de la
dessiccation
Echantillons
soumis à la
dessiccation
Les valeurs des comparateurs sont relevées quotidiennement et la pression est maintenue à
300 bars, équivalente à une contrainte, sur chaque échantillon, égale à environ la moitié de la
résistance en compression f c pour les 3 bétons.
91
Le fluage de dessiccation est donc estimé à partir du fluage total auquel les déformations du
retrait total et celles du fluage propre sont soustraites. Les équations (12) et (13) résument les
calculs effectués pour estimer la déformation du fluage propre et celle du fluage de
dessiccation.
Cette méthode permet de comparer les déformations uniquement induites par les fluages
(propre ou de dessiccation). Une comparaison entre matériaux sera possible, où l’évolution
des propriétés de transfert sera débattue.
V Conclusions
La démarche expérimentale développée dans cette étude s’intègre dans un programme visant
à affiner les connaissances sur le comportement thermo-hydro-mécanique des bétons et à
récolter des données expérimentales sur le comportement des bétons de référence de l’Andra.
Les isothermes de sorption/désorption d’eau sont obtenus progressivement pour trois valeurs
de températures (20°C ; 50°C ; 80°C). Des enceintes climatiques sont utilisées pour faire
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La resaturation est analysée de façon directe en suivant l’évolution des bétons de référence,
préalablement séchés puis plongés dans l’eau osmosée à différentes températures.
Par ailleurs, des propriétés de référence (porosité totale, distribution de porosité, perméabilité
au gaz et module d’incompressibilité en conditions drainées) sont mesurées sur les matériaux
à l’état sec. Ces résultats servent à étayer les interprétations apportées dans ce travail.
Une étude du couplage hydro-mécanique, qui s’intègre également dans l’analyse approfondie
du couplage thermo-hydro-mécanique, est aussi proposée. Les résultats rendent compte du
comportement des bétons de référence de l’Andra à court et à long terme à 20°C.
Le tableau 2.7 récapitule les différents essais effectués dans cette étude.
92
Sw à Nb(é
PHENOMENES Forme Quels
atteindre p)/m Conditionne-
SUIVIS T de bétons Objectifs Observations
OU ESSAIS au cours du atéri -ment
l’éprouvette étudiés ?
processus au
Établir
Cylindrique l’isotherme
Processus
20°C Ø=37,5mm 4 de sorption EC20
entier CEM I
h=50mm à 20°C
CEM V Établir
Cinétique de (E/C=0,39)
Désaturation/ Processus Cylindrique l’isotherme
50°C CEM V*
Resaturation entier Ø=37,5mm 4 de sorption
(E/C=0,48) EC50
h=50mm à 50°C
Établir
Processus Cylindrique l’isotherme
80°C
entier Ø=37,5mm 4 de sorption
EC80
h=50mm à 80°C
Mesurer le
Prisme
Retrait/gonfle
Processus de volume
20°C 3 ment
entier V=(4*4*16)
total EC20
cm3
à 20°C
Plots
Mesurer le incrustés
Prisme
Retrait/gonfle dans prismes
Processus de volume
50°C ment pour la
entier V=(4*4*16) 3
total EC50
cm3 mesure
à 50°C du retrait/
Mesurer le
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Prisme gonflement
Retrait/gonfle
Processus de volume
80°C ment
entier V=(4*4*16) 3
CEM I total EC80
cm3
CEM V à 80°C
Retrait/ (E/C=0,39) Mesurer le
Prisme
Gonflement CEM V* Retrait/gonfle Plots
Processus de volume
20°C (E/C=0,48) ment incrustés
entier V=(4*4*16) 3
thermique dans prismes EC 20
cm3
à 20°C pour la
Mesurer le mesure
Prisme du retrait/
Retrait/gonfle
Processus de volume gonflement
50°C ment
entier V=(4*4*16) 3
thermique EC 50
cm3
à 50°C
Prismes
Mesurer le emballés
Prisme
Retrait/gonfle d’aluminium
Processus de volume
80°C ment pour protéger
entier V=(4*4*16) 3
thermique EC 80
cm3 du retrait de
à 80°C dessiccation
Constater
l’influence de
Cylindrique la
20°C Sec
Ø=37,5mm 4 composition
h=50mm de l’eau à
20°C
CEM I Constater
Resaturation CEM V l’influence de Resaturation
par Eau de Cylindrique (E/C=0,39) la à
50°C Sec ETUVE 60°C
Site Ø=37,5mm 4 CEM V* composition l’eau osmosée
h=50mm (E/C=0,48) de l’eau à
50°C
Constater
l’influence de
Cylindrique la
80°C Sec
Ø=37,5mm 4 composition
h=50mm de l’eau à
80°C
CEM I
Cylindrique CEM V Mesurer la
Perméabilité 20°C Sec Ø=37,5mm 4 (E/C=0,39) perméabilité ETUVE 60°C
h=20mm CEM V* K
(E/C=0,48)
Mesurer Kb,
ETUVE 60°C
Poromécanique 20°C Sec Cylindrique CEM I
93
(Kb) Ø=37,5mm 3 CEM V (Kb
h=75mm (E/C=0,39) module
d’incompress
ibilité du
squelette
drainé)
BAIN
Cylindrique Mesurer Rc,
THERMOST
20°C Saturé Ø=37,5mm l’évolution de
3 ATE
h=75mm E
20°C
et de ט
Cylindrique pendant Quand valeur
20°C Sw=0,8 Ø=37,5mm charge/déchar Sw atteinte en
3
h=75mm CEM I ge désaturation,
Compression CEM V emballage de
Simple (E/C=0,39) (Rc l’éprouvette
Cylindrique résistance en dans 3
20°C Sw=0,6 Ø=37,5mm couches EC 20
3 compression ;
h=75mm E module d’aluminium
de Young ; jusqu’à
ט l’essai
Cylindrique coefficient de
20°C Sec Ø=37,5mm Poisson)
3 ETUVE 60°C
h=75mm
BAIN
Cylindrique
THERMOST
20°C Saturé Ø=37,5mm
3 ATE
h=75mm
20°C
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
94
cm3
Eprouvettes
Mesurer sous
l’influence dessiccation
Cylindrique
En CEM I de la dans une salle
20°C Ø=37,5mm
dessiccation 2 CEM V dessiccation à ambiance
h=120mm
(E/C=0,39) sur contrôlée
CEM V* les (T=21°C et
Fluage (E/C=0,48) déformations HR=40%)
différées Eprouvettes
Protégés Cylindrique de fluage emballées de
20°C de la Ø=37,5mm 3 couches
2 σ=30 MPa
dessiccation h=120mm d’aluminium
avant l’essai
Tab. 2. 7 : Récapitulatif des phénomènes suivis et des essais de cette étude
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95
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96
Introduction
Le modélisateur a besoin de nombreuses données expérimentales, pour la conception du
stockage souterrain des déchets radioactifs. Ainsi, le programme expérimental, développé
dans cette étude et dont la méthodologie est détaillée dans la partie précédente, a pour
principal objectif de caractériser le comportement thermo-hydro-mécanique des bétons de
référence de l’Andra. Plus précisément, cette analyse porte sur les effets des processus de
désaturation/resaturation en fonction de la température, couplée au chargement mécanique.
et hydrique des matériaux. L’analyse des variations de masse et des retraits/gonflements est
d’une part effectuée en fonction de trois conditions isothermes (à 20°C, 50°C et 80°C), puis
en fonction des paramètres de composition. La pression capillaire est directement reliée à la
microstructure, puisque la taille des pores conditionne son effet à échelle macroscopique et
donc les variations dimensionnelles. Le CEM V, qui présente une distribution de porosité
équivalente à celle du CEM V* et un rapport E/C proche de celui du CEM I, constitue le
matériau de référence de cette étude. En outre, pour appuyer cette analyse, la microstructure
des matériaux, ainsi que leur perméabilité et leur module d’incompressibilité ont été mesurés
et sont considérés comme propriétés de référence par rapport auxquelles les autres sont
présentées. Le second objectif de cette étude correspond à l’estimation des effets de la
dessiccation sur le comportement mécanique des matériaux. La pression capillaire, régnant
dans la microstructure, peut devenir bénéfique, en obligeant la matrice cimentaire à se
rétracter, conduisant ainsi à l’augmentation de la résistance du matériau du fait d’une
augmentation locale de la compacité. Cependant, la microfissuration liée à la dessiccation
risque de se propager, ce qui accélère la rupture, en masquant l’effet de la pression capillaire.
La prépondérance d’un mécanisme sur l’autre diffère en fonction du type et de la période de
chargement. Le double objectif de ce programme expérimental contribue donc à l’analyse du
couplage thermo-hydro-mécanique des matériaux cimentaires.
Cette partie présente les résultats du programme expérimental. Tout d’abord, le premier
paragraphe pose les propriétés de référence, ce qui permet de définir l’influence des
paramètres de composition sur la microstructure des matériaux. Le second paragraphe détaille
l’analyse du processus de désaturation, d’une part en séchage jusqu’à poids constant dans une
étuve à 60°C, et d’autre part sous différentes températures, en dessiccation contrôlée au
moyen d’enceintes climatiques. Le processus de resaturation est étudié avec de l’eau osmosée
à différentes températures son analyse argumente la discussion développée sur l’étude des
isothermes de désorption en fonction de la température. Le dernier paragraphe reporte les
résultats des différents essais mécaniques couplés à la dessiccation. L’analyse s’effectue à
court terme par des essais ponctuels en fonction de l’état de saturation des matériaux et à long
terme avec l’essai de fluage de dessiccation.
97
I Propriétés de référence
Pour permettre les comparaisons futures entre matériaux, il est nécessaire de caractériser leur
microstructure et leurs propriétés de transfert à l’état initial ou considéré comme tel. Ces
résultats nous serviront de référence dans les interprétations à venir. Par ailleurs, les propriétés
de référence de l’étude ont été mesurées, dans la mesure du possible à l’état saturé, mais plus
souvent à l’état sec. Cet état a été choisi, d’une part, par cohérence avec les protocoles
d’essais, et d’autre part, afin de caractériser les matériaux sans influence de leur teneur en eau.
-1
CEM V cyl
-2 H=50 mm
perte de masse [%]
CEM V cyl
-3 H=75 mm
CEM V prisme
-4
CEM V
rondelles
-5 (105°C)
×1,2 ×1,6
-6
-7
Fig. 3. 1 : Perte de masse dans le temps du CEM V lors d’un séchage à 60°C ou 105°C en fonction de la
formes des échantillons
Le séchage à 105°C présente une cinétique plus rapide en comparaison du séchage à 60°C. En
effet, la masse des échantillons à 105°C se stabilise après 7 jours de séchage, tandis qu’il faut
98
84 jours pour obtenir la stabilisation des masses des échantillons à 60°C. L’agitation
thermique des molécules d’eau, accentuée à 105°C, contribue à la rapidité de ce séchage en
augmentant le coefficient de diffusion. De plus, la température de séchage influence la mesure
de porosité accessible à l’eau. Plus le séchage est sévère, plus le matériau perd de l’eau libre,
ce qui vidange plus de pores, mais il peut aussi commencer à perdre une eau de constitution
issue de certains hydrates. Ceci est mis en évidence par la variation de masse maximale
atteinte plus importante à 105°C (l’amplitude de la perte de masse à 105°C est environ 1,2
fois supérieure à celle des prismes et cylindres de 75 mm de hauteur en séchage à 60°C), et
ainsi la porosité initiale mesurée sera supérieure à 105°C. Cette vidange plus intense est
due à :
• Une humidité relative résiduelle dans l’étude à 60°C : lors du séchage au four des
bétons à 60°C, l’ensemble des échantillons perdent de l’eau ce qui induit une
augmentation de la quantité de vapeur dans l’enceinte. Une humidité relative
résiduelle existe alors (entre 5 et 10% de HR suivant la quantité d’éprouvettes
présentes [Yurtdas 04]). Une température de 105°C assure une humidité relative de
0% induisant à l’équilibre un séchage complet du matériau. Précisons toutefois que ce
séchage complet ne concerne que l’eau libre du matériau et certainement une partie de
l’eau physisorbée [Baroghel Bouny 94]. Il est communément admis que l’eau liée
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Le tableau 3.1 regroupe les résultats de nos différentes mesures de porosités accessibles à
l’eau (valeurs moyennes), ainsi que celles provenant d’études antérieures. Ce tableau présente
également la variation de masse maximale possible des matériaux, ramenée à la masse des
échantillons à l’état saturé. L’estimation de cette variation maximale de masse s’obtient une
fois la porosité moyenne du matériau connue. Cette valeur se détermine pour chaque forme
d’échantillons par l’équation (34).
99
où Vapp reprend les valeurs du tableau 2.6 [cm3]; ρ eau est la masse volumique de l’eau (1000
kg/cm3) ; φ la porosité ; msatmoy représente la moyenne des masses saturées des échantillons de
la forme concernée [kg] et m0 est la masse initiale de l’échantillon considéré. Une fois la
variation de masse maximale possible connue pour chaque forme d’échantillon, la valeur
moyenne est déterminée en fonction de la température et du matériau étudié. Ces valeurs
seront utiles pour comparer les pertes de masse des échantillons sous dessiccation contrôlée,
par rapport aux valeurs maximales possibles.
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100
Nombre Forme des CEM CEM
Propriété CEM I
d’échantillons échantillons V V*
Cylindres
(Ø=37.5 mm;
H=50 mm)
CEM I et
PAE Ф après Prismes
CEM V : 55 8,1% 11,9% 14,1%
séchage à 60°C (4*4*16) cm3
CEM V* : 44
Cylindres
(Ø=37.5 mm;
H=75 mm)
∆m/m0
Cylindres
max(cylindres
24 (Ø=37.5 mm; 3,17% 3,31% 3,33%
H=50 mm) avec
H=50 mm)
Ф(60°C)
∆m/m0
CEM I et Cylindres
max(cylindres
CEM V : 28 (Ø=37.5 mm; 3,16% 3,31% 3,32%
H=75 mm) avec
CEM V* : 20 H=75 mm)
Ф(60°C)
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∆m/m0 CEM I et
Prismes
max(prismes) CEM V : 3 3,68% 3,46% _
(4*4*16) cm3
avec Ф(60°C) CEM V* : 0
∆m/m0 max
Résultats MOYEN avec _ _ 3,34% 3,36% 3,33%
de l’étude Ф(60°C)
Rondelles
PAE Ф après
4 (Ø=37.5 mm; 10,1% 15,3% 16,5%
séchage à 105°C
H=20 mm)
∆m/m0
Cylindres
max(cylindres
24 (Ø=37.5 mm; 3,94% 5,99% 6,43%
H=50 mm) avec
H=50 mm)
Ф(105°C)
∆m/m0
Cylindres
max(cylindres
24 (Ø=37.5 mm; 3,94% 5,99% 6,43%
H=75 mm) avec
H=50 mm)
Ф(105°C)
∆m/m0
CEM I et Prismes
max(prismes) 4,58% 6,55% _
CEM V : 3 (4*4*16) cm3
avec Ф(105°C)
∆m/m0 max
MOYEN avec _ _ 4,15% 6,26% 6,59%
Ф(105°C)
PIM Ф mesurée
Cube de 1
au mercure après 1 par matériau 5% 6,3% _
cm3
séchage à 60°C
Résultats
connus PAE Ф à l’eau
[Andra après séchage à 3 par matériau _ 13% 13,4% _
01a ; Andra 105°C
01b]
Tab. 3. 1 : Résultats de porosité et de variation de masse maximale possible
101
Influence de la méthode de mesure
Nous constatons que les valeurs de porosité obtenues sont dépendantes de la méthode de
mesure. La porosité mesurée par injection de mercure (PIM) est la plus faible (CEM I : 5% et
CEM V : 6,3%) : ceci s’explique tout d’abord par le phénomène de « bouteille d’encre »
[Moro 02]. La mesure par porosimétrie au mercure postule que les pores sont de même
accessibilité dans le réseau. Cependant, certains pores ont une accessibilité restreinte, ce qui
gêne l’intrusion du mercure dans ces pores si la pression d’injection n’est pas assez forte, ce
qui ne permet pas de couvrir toutes les tailles de pores. De plus, la porosimétrie au mercure
induit des pressions hydrostatiques de l’ordre de 200 MPa conduisant à une forte compaction
du matériau, en particulier de sa matrice [Burlion 97]. Enfin, le volume de matériau testé est
très faible et n’est en aucun cas représentatif d’un volume élémentaire représentatif d’un
béton. L’ensemble de ces phénomènes conduit alors à une valeur de porosité au mercure très
inférieure aux résultats de porosité à l’eau.
En considérant les différents matériaux de l’étude, nous constatons que, quelque soit la
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méthode considérée, le CEM I présente la porosité la plus faible, suivi du CEM V puis du
CEM V*. Les différences sont attribuées à la quantité d’eau apportée lors de la fabrication des
matériaux, qui conditionne la taille des pores capillaires, ainsi qu’à la réaction pouzzolannique
qui a eu lieu dans les bétons à base de CEM V/A. Ces résultats nous permettent de conclure
que le CEM I présente un volume poreux inférieur aux deux matériaux avec CEM V/A, et
qu’une augmentation du rapport E/C du matériau conduit à une augmentation notable de la
porosité (environ 1,2 % pour un E/C variant de 0,39 à 0,48 pour une PAE mesurée à 105°C).
Notons par ailleurs que cet écart est accentué si on prend comme référence la PAE mesurée à
60°C : 2,2 % de plus de porosité pour le CEM V* par rapport au CEM V. On peut donc en
déduire que, du fait de l’humidité relative résiduelle, la porosimétrie du béton à base de CEM
V est plus fine que celle du CEM V*. La réduction de l’écart de porosité entre les deux
matériaux à base de CEM V/A, pour une PAE mesurée à 60°C, puis à 105°C démontre que le
CEM V présente une quantité de pores importante pour lesquels le rayon caractéristique est
très faible (en deçà de quelques nanomètres). Cette observation est très largement confirmée
par les isothermes de sorption.
La différence entre les porosités mesurées à 105°C avant (CEM I : 13% ; CEM V : 13,4%) et
pendant l’étude (CEM I : 10,1% ; CEM V : 15,3%) est attribuée à la méthode de fabrication,
et surtout à la durée de maturation des matériaux qui diffère dans les deux cas. Les mesures
connues avant l’étude ont été effectuées sur des échantillons âgés de trois mois et conservés
suivant la norme en chambre humide. La maturation sous eau imposée dans notre étude
pendant au moins six mois a permis une poursuite de l’hydratation des matériaux, ce qui a
pour conséquence de réduire leur porosité initiale. Notons que cette remarque est surtout
valable pour le CEM I. Pour le CEM V, la porosité mesurée au cours de notre étude est plus
importante : la différence de fabrication explique sans doute ce phénomène.
Puisque la porosité accessible à l’eau à 60°C a été mesurée sur une grande quantité
d’échantillons de forme et de taille différente, il a été possible de déterminer la variabilité de
102
cette mesure en utilisant l’équation (35) suivante, qui donne l’erreur commise dφ sur la
mesure de porosité :
où les trois termes de cette équation sont successivement l’erreur de mesure faite sur la masse
des échantillons (liée à la précision de la balance), l’erreur commise sur la valeur de la masse
volumique de l’eau de béton (considérée comme négligeable), et l’erreur commise sur la
détermination du volume apparent de l’échantillon (liée à la prise des dimensions, les
aspérités de surface, etc…). Ainsi, cela permet d’estimer que la valeur de porosité à 60°C est
donnée avec une erreur maximale de plus ou moins 3 % (variation moyenne de porosité :
0,35% et écart type de la porosité : 1,73). Cette dispersion de PAE à 60°C est illustrée par la
figure 3.2 suivante.
20
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
18 CEM I cyl.
H=50mm
16
CEM I cyl.
H=75mm
14
CEM I prism.
porosité en %
12
CEM V cyl.
10 H=50mm
CEM V cyl.
8 H=75mm
6 CEM V prism.
4 CEM V* cyl.
H=50mm
2
CEM V* cyl.
H=75mm
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28
éprouvettes
Nous constatons que la dispersion de la porosité est incluse dans la marge d’erreur, et cela
quel que soit le matériau considéré. De plus, nous remarquons que plus la dimension de
l’échantillon est grande, plus la dispersion de porosité est faible. Ceci nous permet de
conclure que la valeur de porosité à 60°C est représentative des bétons d’ouvrage.
103
0.035
0.015
0.01
0.005
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
La mesure globale de porosité sous vide, donne le volume de pores mais renseigne peu sur
leur taille et leur répartition. Une mesure de porosimétrie au mercure a permis d’estimer la
distribution poreuse du CEM I et du CEM V, illustrée dans la figure 3.3 et sur laquelle est
présenté le volume cumulé de pores en fonction du diamètre d’entrée. Plus le diamètre
caractéristique des pores est faible, plus la perméation et la diffusion au sein de nos matériaux
seront difficiles. Cette distribution de taille de pores est essentielle car elle est un élément
permettant d’expliquer les résultats obtenus sur les isothermes de sorption/désorption d’eau.
La gamme de porosité investiguée par cette mesure s’étend de la macroporosité jusqu’ à la
microporosité (de 400µm à 6 nm de diamètre).
Dans la zone des macropores (1 à 100 µm), les courbes de rayon d’entrée des pores sont
identiques pour les deux matériaux, ce qui signifie que leur porosité est équivalente jusqu’à un
diamètre de pores de 1 µm. En dessous de cette valeur, les courbes de diamètre d’entrée de
pores nous permettent de distinguer deux parties, limitées par le diamètre de 0,06 µm. Pour un
diamètre compris entre 1 et 0,06 µm, le CEM V ne présente pas ou peu de pores, car sa courbe
de diamètre d’entrée de pores n’évolue pas. En revanche, sur cette même gamme, le volume
de pores du CEM I double, confirmant la grande proportion de pores de cette taille dans sa
microstructure. En deça d’un rayon de 0,06 µm, la courbe de diamètre d’entrée du CEM V
augmente rapidement et celle du CEM I tend vers un palier. L’évolution du CEM I indique
qu’il ne présente pas ou peu de pores avec un diamètre inférieur à 0,07 µm. Cependant le
CEM V montre une évolution du diamètre d’entrée tronquée par les limites techniques de
l’appareil, ce qui laisse penser que la plupart des pores du CEM V ont un diamètre inférieur à
6 nm. Les distributions de porosité du CEM I et du CEM V sont donc révélatrices de
l’influence de la nature du ciment utilisé. Les additions présentes dans le ciment CEM V/A
induisent la réaction pouzzolanique, qui engendre un raffinement dans la porosité des
hydrates.
104
Les résultats de porosimétrie au mercure sont cohérents avec ceux de la porosité accessible à
l’eau. Les bétons à base de CEM V/A présentent des porosités totales supérieures au CEM I,
en revanche, leur distribution reflète une plus grande proportion de « petits » pores. Ainsi, ces
différences de microstructure vont influencer les propriétés de transfert lors de la dessiccation,
mais également l’évolution mécanique des matériaux.
8E-18
7E-18
6E-18
y = 2E-12x + 5E-18
2
R = 0.9794
5E-18
Kapp [m²]
4E-18 CEM I
3E-18
2E-18
1E-18
0
0.E+00 1.E-07 2.E-07 3.E-07 4.E-07 5.E-07 6.E-07 7.E-07 8.E-07 9.E-07 1.E-06
1/Pmoy [Pa]
105
5E-18
4.5E-18
4E-18
3.5E-18
y = 2E-12x + 2E-18
2
3E-18
R = 0.9689
Kapp [m²]
2.5E-18 CEM V
2E-18
1.5E-18
1E-18
5E-19
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0.E+00 1.E-07 2.E-07 3.E-07 4.E-07 5.E-07 6.E-07 7.E-07 8.E-07 9.E-07
1/Pmoy [Pa]
2.5E-17
2E-17
1.5E-17
Kapp [m²]
y = 5E-12x + 1E-17
2 CEM V*
R = 0.6266
1E-17
5E-18
0
0.E+00 1.E-07 2.E-07 3.E-07 4.E-07 5.E-07 6.E-07 7.E-07 8.E-07 9.E-07 1.E-06
1/Pmoy [Pa]
L’ordonnée à l’origine de la régression linéaire effectuée sur les points de mesure permet
d’estimer la perméabilité intrinsèque du matériau. Les résultats montrent que l’effet
Klinkerberg n’est pas très significatif, du fait d’une pente de cette droite très faible (10-12 m2).
Les résultats des perméabilités intrinsèques mesurées, ainsi que ceux issus d’études
antérieures, sont regroupés dans le tableau 3.2.
106
Kint [m2] De l’étude Données antérieures [Andra 01a ; Andra 01b]
Argon Oxygène Eau
CEM I 5.10-18 8,5.10-17 9,5.10-20
CEM V 2.10-18 1,9.10-18 1,4.10-19
CEM V* 1.10-17 - -
Tab. 3. 2 : Résultats de perméabilité au gaz en fonction du type de matériau, et du fluide injecté
Influence de la composition
La mesure de perméabilité à l’argon indique que le CEM V* est plus perméable que le CEM
V. Ce résultat est cohérent, puisque le CEM V* présente une porosité plus importante et plus
grossière, dans laquelle les perméations sont facilités par rapport au CEM V. Dans le cas
présent, l’augmentation du rapport E/C conduit ici à une augmentation de la perméation d’un
ordre de grandeur. En outre, la comparaison en fonction de la nature du ciment montre que,
bien que moins poreux, le CEM I est plus perméable que le CEM V. Ce résultat rejoint tout à
fait les constatations faites sur les microstructures, indiquant que, même si le CEM V présente
une porosité totale supérieure au CEM I, celle-ci est répartie vers des tailles de pores
inférieures à celles du CEM I et présente donc une perméabilité plus faible, doublé d’une
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tortuosité qui doit être plus élevée (en cohérence avec le raffinement de la porosité).
Rappelons que l’écriture de la loi de Poiseuille dans un pore cylindrique indique que le débit
pouvant passer dans ce pore est proportionnel au rayon du pore à la puissance 4. Le fait de
raffiner la porosité par réaction pouzzolanique améliore l’imperméabilité du béton CEM V.
Les tendances entre matériaux sont les mêmes lorsqu’on passe d’une injection à l’argon à une
injection à l’oxygène, mais sont sensiblement différentes avec celles de l’eau. Ceci peut être
attribué à la taille des molécules de chacun des fluides d’injection qui alors remplissent ou
non la porosité connectée du matériau et aux interactions du fluide avec la matrice cimentaire.
En effet, le rayon d’une molécule d’argon est équivalent à celui d’une molécule d’oxygène
(R(Arg)= 188 pm ; R(O2)= 152 pm), mais supérieur à celui d’une molécule d’eau (R(H2O)=
95,8 pm). En revanche, l’eau devrait logiquement s’écouler plus difficilement : on constate 3
ordres de grandeur d’écart entre ces perméabilités. L’explication vient du fait que les mesures
des perméabilités à l’eau se font avec un fluide non neutre vis-à-vis du matériau poreux saturé
qu’est le béton. Lors de l’injection de l’eau, la phase solide hydrophile attire l’eau, ce qui peut
conduire à des phénomènes de dissolution-précipitation. Cela entraine généralement une
modification du réseau poreux et conduit à une mesure de perméabilité d’un matériau en
déséquilibre thermodynamique. Par ailleurs les mesures de perméabilité au gaz se font sur
matériau sec. Comme nous l’avons déjà évoqué, les bétons sont sensibles au processus de
séchage, en particulier en présentant une microfissuration plus ou moins importante. Cette
microfissuration influe sur la mesure de perméabilité. L’utilisation de ces valeurs de
perméabilité dans une modélisation nécessitera donc l’utilisation d’un paramètre (de calage)
permettant de compenser la difficulté expérimentale d’obtenir un état sec, physiquement non
modifié, pour un béton ; ce paramètre pourra être calé, par exemple, sur les courbes cinétiques
de pertes en masse [Mainguy 01], en particulier sur la pente à l’origine de la courbe perte en
masse en fonction du temps.
107
I.3 Module d’incompressibilité en conditions drainées
Afin de compléter la caractérisation des propriétés de référence des matériaux étudiés, la
mesure du module d’incompressibilité en conditions drainées est réalisée sur deux
éprouvettes, âgées de 1 an et à l’état sec. Chaque échantillon, placé dans une cellule triaxiale,
est soumis aux variations de pression de confinement (protocole détaillé au paragraphe III.4
de la Partie 2). Dès qu’un palier de confinement est imposé, une période de stabilisation est
requise avant de lire les valeurs des jauges d’extensométrie. Pour s’en assurer, les valeurs
prises par les jauges sont enregistrées dans le temps comme l’illustre la figure 3.7. La
déformation volumique est calculée avec les jauges et est reliée à la pression imposée (figure
3.8). Sur cette figure, la pression de confinement est comptée conventionnellement positive.
On constate également la linéarité de la réponse des évolutions de pression en fonction de la
déformation volumique, traduisant le comportement élastique du matériau jusqu’à 25 MPa de
confinement et une absence de microfissuration significative.
Temps [secondes]
0 10000 20000 30000 40000 50000 60000
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-100
valeurs des jauges [µdef]
-200
-300
Jauge 1
-400
Jauge 2
Jauge 3
-500
-600
Fig. 3. 7 : Enregistrement des déformations dans le temps suivant la variation de pression de confinement
108
25
20
Pconf en MPa
15
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 3. 8 : Déformation volumique d’une éprouvette de CEM V en fonction des cycles de pression de
confinement
109
II Couplage thermo-hydro-mécanique
L’étude des couplages thermo-hydro-mécaniques dans les bétons renseigne, en particulier, sur
les processus de désaturation/resaturation en fonction de la température. Sous l’effet d’une
désaturation, le matériau cimentaire subit une variation de pression capillaire qui, par
interaction avec le solide va conduire à une modification des dimensions de l’éprouvette ou de
l’ouvrage, mais également une évolution de ses propriétés mécaniques macroscopiques. De
plus, l’ensemble de ces phénomènes est thermo-activé, car dépendant de propriétés
matérielles qui varient avec la température. Il faut donc déterminer les conséquences d’une
désaturation et/ou d’une augmentation de la température sur les propriétés macroscopiques
des bétons.
température.
La microstructure d’un matériau cimentaire continue d’évoluer à l’état durci depuis la prise et
au-delà (pendant des durées importantes pour certains matériaux à hydratation lente). Dans
notre cas, afin d’établir des isothermes de sorption/désorption et de comparer les états de
saturation entre eux, il est nécessaire d’étudier des matériaux dont l’hydratation est
suffisamment avancée, pour que les réactions qui peuvent encore se développer ne modifient
pas de façon significative la microstructure des matériaux. Ainsi, après démoulage, les
matériaux sont conservés dans un bain thermostaté à 20°C pour une période minimale de six
mois. Il a été démontré au cours de la thèse de Baroghel-Bouny [Baroghel Bouny 94] et de
celle de Yurtdas [Yurtdas 04], que ce temps était suffisant pour obtenir des échantillons
« stables ». La figure 3.9 représente la prise de masse des matériaux, mesurée sur les prismes
(4*4*16) cm3 (CEM I et CEM V : 33 prismes et CEM V* : 21 prismes) en fonction du temps
pendant la phase de maturation. Le temps zéro correspond ici au début d’immersion dans
l’eau, 5 jours après le coulage (paragraphe I.2 de la Partie 2).
110
1.80
1.60
1.40
1.20
prise de masse en %
1.00 CEM I
CEM V
0.80 CEM V*
0.60
0.40
0.20
0.00
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Influence de la composition
La comparaison, entre matériaux, de la prise de masse en maturation sous eau rejoint les
résultats de porosité. Nous constatons que plus la porosité du matériau est élevée, plus la prise
de masse est importante, conduisant à la saturation en eau des échantillons au bout de six
mois. En fin de maturation, la barre verticale est représentative des écarts de prise de masse
mesurées. Ces écarts sont très similaires à ceux constatés sur les mesures de porosité et
montrent, si besoin en était, que le béton est un matériau intrinsèquement variable, du fait de
son hétérogénéité propre.
Les prismes pris en compte dans la mesure de variations de masse précédente seront utilisés
pour différentes observations : une partie servira aux mesures du retrait avec des plots inclus
(21 prismes), les prismes restants seront utilisés pour les essais de traction par flexion et
compression simple sur cubes. Les variations dimensionnelles des prismes munis de plots ont
également été mesurées durant la phase de maturation sous eau et sont présentées figure 3.10.
Un retrait est constaté quel que soit le matériau. Ce retrait est lié à l’autodessiccation du béton
en cours d’hydratation. L’eau présente dans la microstructure est progressivement consommée
par la réaction d’hydratation. Du fait de la très faible perméabilité (10-18 m2), l’eau
111
environnante ne peut pas combler cette consommation immédiatement. S’en suit donc une
cavitation et un équilibre air/eau/solide se met en place, conduisant à une pression capillaire
dans le fluide (pression négative). Comme le système est à contrainte macroscopique nulle
(on néglige le poids propre), le solide est mis en compression isotrope pour équilibrer la
dépression capillaire. Cette compression se traduit à l’échelle macroscopique par un retrait dit
d’autodessiccation, menant à des déformations pour une bonne part irréversibles. En effet, la
resaturation progressive annule cette dépression capillaire. Malgré cela, le retrait
macroscopique reste important (de 100 µm/m pour le CEM I à 600 µm/m pour le CEM V*).
De plus, on constate bien que, plus la matrice est compressible, plus le retrait
d’autodessiccation est élevé, confirmant l’effet majeur de la pression capillaire. La variation
de pression de disjonction ou celle d’énergie de surface ne peuvent pas rendre compte
directement de cette relation compressibilité/retrait. Enfin, tout comme pour la prise de masse,
le retrait du CEM I et du CEM V se stabilise vers 120 jours et vers 160 jours pour le CEM
V*. Ceci nous conforte dans l’idée que la microstructure des matériaux n’évolue plus
significativement après six mois de maturation sous eau : la pression capillaire, qui diminue
avec la prise d’eau, s’exerce sur des zones de matériau de plus en plus petites, stabilisant ainsi
le retrait. Ajoutons que le retrait peut également s’expliquer comme un fluage sous pression
interne [Benboudjema 02] : la pression capillaire exerce une pression constante au sein du
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matériau. Le béton étant un matériau visco-élastique non linéaire, il réagit à cette pression en
se déformant progressivement [Bazant 76 ; Granger 96]. Finalement, le retrait
d’autodessiccation serait influencé par la compressibilité du squelette solide, ainsi que par ses
paramètres de viscosité. Si la première évolue peu avec la température, nous verrons que,
comme on peut s’y attendre, la viscosité du matériau va varier beaucoup avec la température.
Au terme des six mois de maturation sous eau, les matériaux sont considérés comme stables
chimiquement et physiquement (hydratation terminée ou peu s’en faut et saturation en eau
complète) : l’étape de conditionnement a pu démarrer.
temps en jours
0 50 100 150 j=180 200 250
0
-100
-200
-300
retrait en µm/m
CEM I
-400 CEM V
CEM V*
-500
-600
-700
-800
Fig. 3. 10 : Variations dimensionnelles des matériaux en cours de maturation sous eau à 20°C
112
II.2 Analyse du séchage et du retrait de dessiccation à 60°C
Lors de nombreux essais, une phase de séchage au four à 60°C a été nécessaire. Nous
proposons ici d’exploiter cette phase. L’analyse du séchage jusqu’à poids constant à 60°C
permet de montrer l’influence des paramètres de composition sur la perte de masse et le
retrait, lors d’un séchage direct (60°C, moins de 10% de HR), sans palier hydrique
intermédiaire. Les figures 3.11 et 3.12 présentent, en fonction du temps, respectivement la
perte de masse et le retrait de dessiccation mesuré au palmer micrométrique, des matériaux
durant ce séchage à 60°C. Pour chaque matériau, les courbes représentent la valeur moyenne
de douze éprouvettes cylindriques de 37,5 mm de diamètre et de 50 mm de hauteur.
temps [jours]
-1
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-2
perte de masse [%]
CEM I
-3 CEM V
CEM V*
-4
-5
-6
-7
Fig. 3. 11 : Perte de masse dans le temps des matériaux soumis à un séchage à 60°C
Les évolutions de perte de masse en fonction du temps à 60°C montrent que le CEM I a perdu
moins d’eau par rapport aux matériaux à base de ciment CEM V/A, sur un temps d’équilibre
plus court (le CEM I est stable à partir du 31ème jour, tandis que le CEM V est en équilibre à
partir du 84ème jour et le CEM V* au 59ème jour). Ce résultat montre bien les différences de
microstructure : au début du séchage, la perméation en phase liquide, prépondérante sur les
autres mécanismes de transports, est favorisée dans la microstructure du CEM I, présentant
une porosité plus grossière, ce qui accélère la cinétique de séchage. Une fois que la phase
liquide est discontinue, ce sont les transports en phase gazeuse qui dominent (par perméation
et diffusion). Le front de séchage atteint donc la porosité des hydrates, plus importante dans
les matériaux à base de CEM V/A, conduisant ainsi à une perte de masse plus élevée par
rapport au CEM I.
113
temps [jours]
-200
-400
CEM I
retrait [µm/m]
CEM V
-600 CEM V*
-800
-1000
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-1200
Fig. 3. 12 : Retrait de dessiccation en fonction du temps des matériaux soumis à un séchage à 60°C
La figure 3.12 est d’un grand intérêt car elle est révélatrice d’effets de structure. On a en effet
affaire ici à une évolution sous humidité relative constante et température constante jusqu’à
l’état d’équilibre qui peut, pour les trois matériaux, être considéré comme sec. Le phénomène
simplifié est celui d’un front de séchage qui se déplace de la surface vers le cœur du matériau
et d’une mise en compression interne progressive par dépression capillaire qui va générer du
retrait. Quand la masse est stabilisée, le front n’évolue plus et le matériau est homogènement
saturé (ici quasiment une saturation nulle). Il est donc remarquable de constater que si la
pression capillaire était le seul moteur la déformation de retrait devrait être stable vers 50
jours pour le CEM I et environ 80 jours pour les bétons à base de CEM V/A. Or cette
déformation se poursuit très largement dans le temps pour ne se stabiliser qu’aux environs de
200 jours pour les trois bétons. De plus, les matériaux à CEM V/A présentent les mêmes
amplitudes finales de retrait, ce qui indique que la nature du liant conditionne ce retrait, une
fois que la dépression capillaire n’agit plus. Il y a donc bien là des effets différés que l’on ne
peut attribuer dans ce cadre qu’à du fluage induit par la pression capillaire qui règne dans le
réseau poreux.
Un autre point remarquable est que la déformation est quasiment identique pour les trois
matériaux jusqu’un peu avant 50 jours, qui correspond néanmoins à la stabilisation pour le
CEM I et à la quasi stabilisation pour le CEM V*. Seul le CEM V perd encore
significativement de l’eau au-delà de cette période. Cela doit permettre de relativiser les
observations antérieures qui ont pu être faites sur les contrastes de rigidité, car si on admet
que l’essentiel des déformations « instantanées » dues aux dépressions internes se produisent
avant ou autour de 50 jours et qu’elles sont dues à des causes poromécaniques, alors il faut
bien admettre que ce comportement à 60°C n’indique des différences notables entre les
matériaux que sur leur comportement différé.
114
En considérant les variations de masse de façon relative par rapport à la perte de masse
maximale possible, il est possible de les relier aux déformations de retrait (figure 3.13). Les
pertes de masse et les retraits sont considérés avec des valeurs négatives.
-1.0 -0.9 -0.8 -0.7 -0.6 -0.5 -0.4 -0.3 -0.2 -0.1 0.0
-100
2ème phase
-300
retrait [µm/m]
3ème phase CEM I
CEM V
CEM V*
-500
-700
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4ème phase
-900
-1100
Fig. 3. 13 : Relation perte de masse relative et retrait des matériaux soumis à un séchage à 60°C
Les évolutions du retrait de séchage en fonction de la perte de masse sous un séchage à 60°C
mettent en évidence quatre phases, « délimitées » sur le graphique, qui mettent en exergue les
mécanismes décrits précédemment. La première phase montre une perte de masse sans retrait.
« L’application » du traitement thermique amène en premier un départ d’eau libre à la surface
des matériaux. La seconde phase présente une forte variation de retrait, accompagnée d’une
faible perte de masse. Le front de séchage progresse ensuite du bord vers le cœur du matériau,
induisant un retrait sous l’effet de la dépression capillaire. La troisième phase indique une
perte de masse sans évolution importante du retrait. L’avancé du front de séchage amène une
homogénéisation de la saturation (importante perte de masse) accompagné d’un retrait se
stabiliant vers -600 µm/m (ce qui correspond à la valeur du retrait atteint vers 50 jours sur la
figure 3.12) Enfin la quatrième phase montre une augmentation de retrait sans perte de masse.
Comme la dépression capillaire n’agit plus, puisque le matériau présente une saturation
homogène à la fin de la 3ème phase et que les amplitudes finales de retrait sont identiques pour
les bétons à base de CEM V/A, ce retrait sans perte de masse est donc significatif d’un
réarrangement des CSH sous effets thermiques, c'est-à-dire à du fluage thermique.
115
de l’exploitation des infrastructures et de la ventilation imposée dans le stockage, une
dessiccation importante est à envisager. De plus, lié au caractère exothermique de certains
déchets, une augmentation de la température au cœur d’alvéoles de stockage sera inévitable.
Par conception, ces alvéoles ne présenteront pas d’élévation de température supérieure à
80°C.
modifications microstructurales sont importantes et les effets induits sur les structures
considérables.
Le processus de dessiccation est suivi dans le temps au travers de mesures de pertes de masses
et de retrait de dessiccation. Les mesures sont effectuées à 20°C et à HR=40%. Pour rappel, le
critère permettant de passer d’un palier d’humidité relative au suivant est que trois mesures
consécutives ne varient pas de ±0,1% de la masse, et ce pour tous les échantillons du
conditionnement considéré. Ainsi, pour assurer la représentativité des résultats, plusieurs
échantillons sont soumis aux mêmes conditions de dessiccation. En effet, travailler avec des
séries d’éprouvettes permet de gommer la variabilité intrinsèque des bétons, et de
statistiquement montrer les évolutions moyennes des échantillons, mais également de rendre
compte de la variabilité des matériaux cimentaires. Ainsi, les résultats présentés dans la suite
correspondent aux tendances moyennes, comme le montre la figure 3.14. Sur cette figure, en
partie haute est présentée l’évolution de la perte de masse de quatre échantillons de CEM I à
20°C en fonction du temps et de l’humidité relative imposée (en enceinte climatique).
116
TEMPS EN JOURS
0 100 200 300 400 500 600 700 800
0.000
-0.200
éprouvette 1
CEM I 20°C
VARIATION POIDS EN %
-0.400 éprouvette 2
CEM I 20°C
-0.600 éprouvette 3
CEM I 20°C
éprouvette 4
-0.800
CEM I 20°C
moyenne CEM I
-1.000 20°C
HR=98%
-1.200
90%
-1.400
-1.600
temps en jours
-0.2
-0.4
20°C
variation masse en %
-0.6 CEM I
-0.8
20°C
HR=98% CEM V
-1.0
90%
-1.2 20°C
80%
CEM V*
70%
-1.4
60%
-1.6
Fig. 3. 14 : En partie haute : cinétique des pertes de masses des quatre éprouvettes de CEM I à 20°C ;
en partie basse : cinétique des pertes de masse moyennes des matériaux à 20°C
Plusieurs choses sont remarquables sur la figure 3.14. La première est l’importante perte en
masse initiale liée au palier à 98 % d’humidité relative. Cette perte en masse est fonction de la
porosité ouverte de grand diamètre : 98% d’humidité relative à 20°C correspond, selon la loi
de Kelvin-Laplace (équation (7)) à une pression capillaire de 2,74 MPa et à un rayon de pores
vidangés de 53 nm. Comme nous l’avons vu sur la figure 3.3, 53 nm correspond à un rayon
pour lequel la totalité de la macroporosité est concernée, et une bonne partie de la
microporosité. Notons tout de suite, à la vue de cette courbe, qu’il est probable que la
117
désaturation du CEM V à ce palier d’humidité relative, conduise à une perte de saturation plus
faible, la microporosité étant décalée vers les pores de diamètres encore plus petits. De plus,
cette perte en eau initiale est caractéristique de l’eau adsorbée à la surface de l’échantillon, qui
représente une quantité importante, malgré l’essuyage sur papier absorbant pratiqué
systématiquement. Notons d’ailleurs que l’écart constaté pour un même matériau entre les
différentes courbes (environ 35% pour le CEM I par exemple) se maintient tout au long du
processus de dessiccation. Ces écarts se retrouvent de manière reproductible sur l’ensemble
des bétons, avec des intensités variables d’une courbe à l’autre. En revanche, l’effet d’échelle
lié à la taille des échantillons devra être analysé par la suite. En effet, il conviendra d’analyser
cet effet en fonction de la géométrie, en passant de l’échelle de l’échantillon à celui de la
structure, pour voir l’impact que cela aurait sur la détermination de l’isotherme de
sorption/désorption. Afin de palier cet inévitable effet d’échelle, plusieurs échantillons sont
utilisés et une analyse des moyennes est proposée. Le comportement moyen est sans doute
caractéristique du matériau étudié. Celui-ci est reporté sur la figure 3.14 en partie basse, où
sont proposées les évolutions de pertes de masse en fonction du temps et de l’humidité
relative des trois bétons. La dispersion des masses mesurées sera reportée à chaque fin de
palier d’humidité uniquement, afin de ne pas surcharger les graphiques. Cette étude
comparative sera détaillée au paragraphe II.3.1.2. En outre, pour faciliter les comparaisons,
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les graphiques seront toujours présentés à la même échelle. Lorsque ce sera nécessaire, un
graphique supplémentaire, montrant en détail un comportement particulier, sera également
présenté. Enfin, le processus de dessiccation est actuellement en cours, les résultats présentés
sont tous arrêtés à la même date calendaire, afin de permettre de réelles comparaisons.
118
400
350
pression capillaire Pcap [MPa]
300
250
20°C
200 50°C
80°C
150
100
50
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Nous avons fait le choix de présenter systématiquement les différents graphiques en fonction
de l’humidité relative, mais également en fonction de la pression capillaire correspondante.
En effet, une observation peut se faire soit sous température fixe en fonction de l’humidité
relative, soit sous humidité relative constante en fonction de la température, ou encore en
fonction de ces deux paramètres, c'est-à-dire en fonction de la pression capillaire (équation
(6)). Ainsi, le cheminement suivi lors des interprétations est facilité par la correspondance des
graphiques. De plus, les pertes de masse atteinte à l’équilibre de chaque palier d’humidité
relative sont également présentées respectivement en fonction de l’humidité relative et de la
pression capillaire. Les pertes de masse maximales relatives seront donc calculées, à la fin de
chaque palier d’humidité relative, par rapport aux pertes de masse maximales possibles,
déterminées avec la porosité accessible à l’eau depuis un séchage à 60°C (valeurs dans le
tableau 3.1). Une perte en masse maximale relative de 0 signifie que l’échantillon est saturé.
Une perte en masse maximale relative de 1 signifie que l’échantillon est totalement désaturé.
Dans ce qui suit, les évolutions du CEM V seront d’abord présentées en fonction de la
température, puis comparées à celles des autres bétons. Notons qu’une discussion
paramétrique en fonction de l’état sec de référence (à 60°C ou à 105°C) sera proposée.
119
temps en jours
0 100 200 300 400 500 600 700 800
0.0
-0.5 98%
90%
80%
70%
98%
-1.0 90%
80% 60%
HR=98% 70% ×2
variation masse en %
-1.5 CEM V
20°C
90%
-2.0
60%
CEM V
-2.5 50°C
80%
×5
-3.0 CEM V
70%
80°C
-3.5
-4.0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
60%
-4.5
1.2
1.0
variation de masse maximale relative
0.8
CEM V 20°C
0.6 CEM V 50°C
CEM V 80°C
0.4
0.2
0.0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
humidité relative HR [%]
Fig. 3. 17 : Variation de masse à l’équilibre relative à la variation de masse maximale possible du CEM V
en fonction de l’humidité relative et de la température
120
1.2
1.0
variation de masse maximale relative
0.8
CEM V 20°C
0.6 CEM V 50°C
CEM V 80°C
0.4
0.2
0.0
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0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
pression capillaire Pcap [MPa]
Fig. 3. 18 : Variation de masse à l’équilibre relative à la variation de masse maximale possible du CEM V
en fonction de la pression capillaire et de la température
Pour le palier d’humidité relative égal à 98 %, nous constatons un faible écart entre les pertes
de masses, ainsi qu’une très faible dispersion aux différentes températures. Cet écart
augmente très sensiblement avec la diminution de l’humidité relative, ce qui est significatif
d’une vidange de pores de plus en plus fins, accentuée du fait de l’augmentation de la
température, soit de l’augmentation de la tension de vapeur. Les pertes de masse du CEM V à
50°C sont en moyenne 2 fois supérieures à celle à 20°C et celles à 80°C sont 5 fois
supérieures. L’élévation de la température accentue grandement la perte de masse, et ce de
manière non linéaire. Pour expliquer ces comportements, plusieurs phénomènes concomitants
sont à mettre en avant :
• En utilisant l’équation de Kelvin-Laplace (équation (7)), il est possible de déterminer
le plus petit rayon de pores vidangés en fonction de l’humidité relative et de la
température imposée (figure 3.19). Le rayon de pores vidangés décroit avec
l’augmentation de la température et/ou la diminution de l’humidité relative. La
comparaison avec les distributions de porosité des matériaux (figure 3.3), estimées
grâce à la porosimétrie au mercure, indique que plus la température va augmenter, plus
le diamètre du plus petit pore vidangé va décroître, passant de 53 nm à 20°C et 98 %
de HR, à 45 nm à 50°C et 98 % de HR, puis 38 nm à 80°C et 98 % de HR. Une
quantité importante d’eau va donc être impliquée lorsque le séchage se fera à haute
température, au moins pour les premiers paliers de désaturation. Ensuite, l’écart entre
les diamètres s’estompe, mais il est remarquable de constater sur la figure 3.3 que,
pour le CEM V, la quantité de porosité est quasi-constante pour des diamètres
inférieurs à 20 nm. Une faible variation du diamètre entrainera donc une vidange
significative.
• Aux fortes humidités relatives (HR>90%), l’eau est principalement sous forme
liquide, ce qui donne peu d’écart en termes de saturation. La viscosité de l’eau entre
les trois températures est alors à prendre en compte (à 20°C, elle est égale à 1003.10-6
kg/m.s ; à 50°C, elle vaut 547.10-6 kg/m.s et à 80°C 355.10-6 kg/m.s) : on constate
121
alors un décalage des valeurs de saturation entre 20°C, 50°C et 80°C pour les fortes
humidités relatives.
• Aux valeurs d’humidités relatives intermédiaires (90%<HR<60%), la phase gazeuse
est fortement présente et ainsi les transports en phase gazeuse est amplifiée avec la
température. En effet, si on considère la pression de vapeur (égale au produit de
l’humidité relative et de la pression de vapeur saturante), on constate qu’elle est
multipliée respectivement par 5 à 50°C et par 20 à 80°C, par rapport à 20°C, du fait de
la variation importante et non linéaire de la pression de vapeur saturante en fonction
de la température (figure 3.20). Ainsi, localement et du fait de la très faible
perméabilité des bétons, une augmentation de pression va se faire jour conduisant à
des gradients de pression plus importants à mesure que la température augmente. Un
séchage plus intense en découlera donc. A 80°C, la proportion de vapeur d’eau dans le
réseau poreux sera alors en augmentation par rapport aux températures plus basses,
privilégiant également la diffusion de vapeur et donc la perte d’eau par le matériau.
• Les propriétés de transfert des bétons augmentent avec la température. De fait, lors de
l’élévation de température, une agitation thermique des molécules de fluides va
s’activer, impliquant une augmentation des coefficients de diffusion et de perméation.
Le mouvement Brownien est accentué lorsqu’on augmente la température (et
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
1.0
0.9
humidité relative HR
0.8
20°C
50°C
80°C
0.7
0.6
0.5
0.00 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0.06
plus petit rayon de pore vidangé [µm]
Fig. 3. 19 : Plus petit rayon de pores vidangés en fonction de l’humidité relative et de la température
122
500
450
400
pression de vapeur [mbar]
350
300
20°C
250 50°C
80°C
200
150
100
50
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Les figures 3.21 et 3.22 présentent les isothermes de désorption d’eau de ces mêmes
échantillons de CEM V : elles relient d’une part le degré de saturation en eau en fonction de
l’humidité relative et, d’autre part la pression capillaire à ce degré de saturation. Notons que la
pression capillaire est comptée positive conventionnellement (bien qu’elle soit synonyme
d’une dépression dans le fluide interstitiel).
1.0
0.9
0.8
0.7
Saturation en eau Sw
0.6
CEM V 20°C
0.5 CEM V 50°C
CEM V 80°C
0.4
0.3
0.2
0.1
0.0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Humidité Relative HR [%]
123
90
80
70
pression capillaire Pcap [MPa]
60
50 CEM V
20°C
40 CEM V
50°C
30 CEM V
80°C
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
Saturation en eau Sw
Les isothermes obtenues à 20°C et 50°C présentent des tendances similaires et sont linéaires.
A 80°C, l’isotherme présente une tendance non-linéaire : la désaturation conduit à des
niveaux de saturation très faibles, bien que l’humidité relative soit encore importante et que la
pression capillaire augmente peu. Ces différences de tendance entre 20°C et 50°C, en
comparaison à 80°C, indiquent que l’amplification des mécanismes de séchage avec la
température conduirait à une déshydratation des CSH, causé par un possible départ de l’eau
liée.
124
temps en jours
-0.2
-0.4
20°C
variation masse en %
-0.6 CEM I
-0.8
20°C
HR=98% CEM V
-1.0
90%
-1.2 20°C
80%
CEM V*
70%
-1.4
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
60%
-1.6
1.0
0.9
variation de masse maximale relative
0.8
0.7
0.6
CEM I 20°C
0.5 CEM V 20°C
CEM V* 20°C
0.4
0.3
0.2
0.1
0.0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
humidité relative HR [%]
Fig. 3. 24 : Variation de masse à l’équilibre relative à la variation de masse maximale possible des
matériaux soumis à la dessiccation à 20°C en fonction de l’humidité relative
125
1.0
0.9
variation de masse maximale relative
0.8
0.7
0.6
CEM I 20°C
0.5 CEM V 20°C
CEM V* 20°C
0.4
0.3
0.2
0.1
0.0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
pression capillaire Pcap [MPa]
Fig. 3. 25 : Variation de masse à l’équilibre relative à la variation de masse maximale possible des
matériaux soumis à la dessiccation à 20°C en fonction de la pression capillaire
• Tout d’abord, l’écart entre les évolutions quand l’humidité relative imposée est égale à
98% est très significatif de la perméation de l’eau liquide dans la macroporosité. A
cause de sa porosité capillaire plus importante, le CEM I perd plus d’eau que les autres
matériaux. De plus, nous constatons que pour une humidité relative comprise entre
100% et 70%, le CEM I est le matériau qui présente la perte d’eau cumulée la plus
forte, suivi par le CEM V* puis le CEM V.
• Au-delà d’une humidité relative de 60% imposée, le CEM V* présente alors une perte
de masse supérieure à celle du CEM I, traduisant le fait que le front de séchage a
atteint la porosité des hydrates du CEM V*, dont la quantité cumulée doit être grande
(non déterminée par PIM), et dont la quantité d’eau évaporable est plus importante.
Par ailleurs, l’écart entre le CEM V et le CEM I se restreint. Pour le CEM V, le front
de séchage a atteint la plus grande réserve d’eau située en porosité plus fine, ce qui
induit une importante désorption d’eau à 20°C pour une faible valeur d’humidité
relative.
Enfin, la dispersion des résultats pour chacun des matériaux semble constante quelle que soit
l’humidité relative. La différence la plus importante concerne la dispersion des mesures sur
le CEM I, par rapport à celles des bétons à base de CEM V/A. Ceci tend à confirmer que les
transports dans le CEM I ont lieu dans la porosité capillaire, plus importante dans ce matériau.
126
1.0
0.9
CEM V : 29.10-4
0.8
0.7
Saturation en eau Sw
CEM I : 39.10-4
0.6
0.5
CEM V* : 45.10-4 CEM I 20°C
CEM V 20°C
CEM V* 20°C
0.4
0.3
0.2
0.1
0.0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Humidité Relative HR [%]
90
80
70
pression capillaire Pcap [MPa]
60
50 CEM I 20°C
CEM V 20°C
40 CEM V* 20°C
30
20
10
0
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
Saturation en eau Sw
Sur la figure 3.26, nous avons indiqué les pentes des droites sur la gamme d’humidité relative
HR= 98% et HR= 60 %. Ces droites, déterminées par la méthode des moindres carrés, sont
considérées pour appuyer les interprétations sur le comportement hydrique de chacun des
matériaux soumis à la même température. De la même manière, à 50°C et 80°C, les mêmes
droites seront considérées et leurs pentes seront reportées sur les isothermes en fonction de
l’humidité relative.
127
A 20°C, le mécanisme de transport prépondérant est la perméation en phase liquide,
conditionné par la taille des pores capillaires tant que l’humidité relative est forte. Une fois à
HR=60 %, la diffusion en phase gazeuse domine. Ceci est confirmé en analysant les pentes
des isothermes, reportées sur la figure 3.26, montrant que la pente du CEM V* est la plus
forte et que celle du CEM V est la plus faible. A cause de sa grande porosité capillaire, le
CEM I présente la plus faible saturation en eau, tant que la perméation en phase liquide
domine. Lorsque les transports s’effectuent principalement en phase gazeuse, le front de
séchage atteint les pores des hydrates, induisant une accélération des transports dans le CEM
V* et un ralentissement dans le CEM I. Enfin, les résultats concernant les matériaux à base de
ciment CEM V/A sont également cohérents : le CEM V* présente un état de saturation plus
faible que le CEM V, à cause sa porosité plus élevée et de sa plus forte perméabilité qui
favorisent les transports par rapport au CEM V.
b) Evolutions à 50°C
A 50°C, les évolutions de la perte en masse des matériaux en fonction du temps sont données
par la figure 3.28 et les pertes de masse relative à l’équilibre en fonction de l’humidité relative
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
temps en jours
-0.5
50°C
variation masse en %
-1.0
CEM I
-1.5
50°C
CEM V
HR=98%
90%
-2.0
80% 50°C
70% CEM V*
-2.5
60%
-3.0
128
1.0
0.9
variation de masse maximale relative
0.8
0.7
0.6
CEM I 50°C
0.5 CEM V 50°C
CEM V* 50°C
0.4
0.3
0.2
0.1
0.0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
humidité relative HR [%]
Fig. 3. 29 : Variation de masse à l’équilibre relative à la variation de masse maximale possible des
matériaux soumis à la dessiccation à 50°C en fonction de l’humidité relative
1.0
0.9
variation de masse maximale relative
0.8
0.7
0.6
CEM I 50°C
0.5 CEM V 50°C
CEM V* 50°C
0.4
0.3
0.2
0.1
0.0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
pression capillaire Pcap [MPa]
Fig. 3. 30 : Variation de masse à l’équilibre relative à la variation de masse maximale possible des
matériaux soumis à la dessiccation à 50°C en fonction de la pression capillaire
Les évolutions de perte de masse à 50°C, bien qu’accentuées par la température, sont
similaires à celles à 20°C.
• L’écoulement d’eau liquide dans la porosité capillaire amène le CEM I à
perdre environ deux fois plus d’eau que les matériaux CEM V et CEM V*, à
129
cause de sa plus grande proportion de macropores aux hautes humidités
relatives. Ce mécanisme est dominant jusqu’à la fin du palier HR = 70 %, où
les écarts entre matériaux sont constants. La dispersion du CEM I est bien
supérieure à celles des bétons à base de CEM V/A, de manière identique à ce
qui a été constaté à 20°C.
• A partir de HR=60 %, les pertes de masse des CEM V et CEM V* sont
accentuées par rapport au CEM I, indiquant que la dessiccation a accédé à la
microporosité des matériaux.
1.0
0.9
0.8
0.7
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Saturation en eau Sw
0.6
CEM V : 50.10-4 CEM I 50°C
0.5 CEM V* : 54.10-4 CEM V 50°C
CEM V* 50°C
0.4 CEM I : 59.10-4
0.3
0.2
0.1
0.0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Humidité Relative HR [%]
130
90
80
70
pression capillaire Pcap [MPa]
60
50 CEM I 50°C
CEM V 50°C
40 CEM V* 50°C
30
20
10
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
Saturation en eau Sw
De la même manière qu’à 20°C, pour chacune des isothermes, en fonction de l’humidité
relative, la droite passant sur la gamme d’humidité relative de 98% à 60% est déterminée par
la méthode des moindres carrés et sa pente est reportée sur le graphique figure 3.31.
Les isothermes de désorption d’eau à 50°C confirment les similitudes qui existent entre les
évolutions à 20°C et 50°C. En effet, bien que diminuées, les proportions entre les pentes des
matériaux, reportées sur les figures 3.26 et 3.31, sont semblables à 20°C et 50°C (à 20°C, la
pente du CEM I est 1,3 fois supérieure à celle du CEM V ; à 50°C, elle est 1,18 fois
supérieure ; la pente du CEM V* est 1,5 fois supérieure à celle du CEM V à 20°C et 1,08 fois
supérieure à celle du CEM V à 50°C).
• Ainsi, les transports d’eau s’effectuent tout d’abord grâce à la perméation en phase
liquide dans la porosité capillaire des matériaux, tant que l’humidité relative est
supérieure à 70%. A cause de sa porosité capillaire plus importante, le CEM I présente
le plus faible degré de saturation dès le début du séchage.
• Ensuite, les transports en phase gazeuse deviennent prépondérants et ont lieu dans la
porosité des hydrates, ceci est mis en évidence par le changement de pente quand
l’humidité relative est inférieure à 70 %. La plus faible proportion de micropores dans
le CEM I est la cause de son ralentissement de perte de masse sous une humidité
relative de 60 %, par rapport à celles des bétons à base de CEM V/A.
c) Evolutions à 80°C
La figure 3.33 présente la perte de masse en fonction du temps et de l’humidité relative des
matériaux à 80°C et leur variation de masse à l’équilibre sont données en fonction de
131
l’humidité relative figure 3.34 et en fonction de la pression capillaire figure 3.35.
temps en jours
-1
variation masse en %
-2 80°C
HR=98%
CEM I
90%
-3 80°C
CEM V
80%
-4 80°C
CEM V*
70%
-5
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
60%
-6
1.6
1.4
variation de masse maximale relative
1.2
1.0
CEM I 80°C
0.8 CEM V 80°C
CEM V* 80°C
0.6
0.4
0.2
0.0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
humidité relative HR [%]
Fig. 3. 34 : Variation de masse à l’équilibre relative à la variation de masse maximale possible des
matériaux soumis à la dessiccation à 80°C en fonction de l’humidité relative
132
1.6
1.4
variation de masse maximale relative
1.2
1.0
CEM I 80°C
0.8 CEM V 80°C
CEM V* 80°C
0.6
0.4
0.2
0.0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
pression capillaire Pcap [MPa]
Fig. 3. 35 : Variation de masse à l’équilibre relative à la variation de masse maximale possible des
matériaux soumis à la dessiccation à 80°C en fonction de la pression capillaire
A 80°C, les tendances entre matériaux sont différentes de celles aux températures inférieures,
supposant d’autres processus que ceux décrits précédemment.
• Au début du séchage à la fin du palier HR=90% : le CEM V présente une perte d’eau
inférieure de 50% à celle du CEM I et la perte de masse du CEM V* est plus
supérieure de 50% à celle du CEM I. Les phénomènes mis en jeu précédemment
semblent toujours actifs, avec des amplitudes plus importantes liées à la thermo-
activation très importante à 80°C.
• Aux humidités relatives inférieures, on remarque que les courbes d’évolution de la
perte en masse en fonction du temps se croisent, en particulier entre le CEM I et le
CEM V : le CEM I atteint rapidement son potentiel de dessiccation maximal (calculé à
4,15 % de perte en masse maximale, tableau 3.1). La valeur atteinte à 80°C et HR =
60 % est proche de 2,8 % de perte en masse. La dessiccation du CEM I est donc très
ralentie car l’essentiel de l’eau contenue dans sa porosité a été enlevée.
Potentiellement, seulement 25 % de l’eau libre reste encore à vidanger dans le
matériau. Pour le CEM V, la perte en masse atteinte est de 3, 8 % pour ce même palier
d’humidité relative, pour une perte en masse maximale possible d’environ 6,26 %
(tableau 3.1) : 40 % de l’eau évaporable est encore présente dans le matériau et la
cinétique évolue parallèlement à celle du CEM V*, dont la perte en masse est 4,9 %
(soit 25 % d’eau libre restante). Ce parallélisme des cinétiques de séchage indique que
la microporosité des deux matériaux à base de CEM V/A est similaire. Il est d’ailleurs
communément admis que la porosité des hydrates ne dépend que du type de ciment
[Neville 00]. Pour une même variation d’humidité relative, les diamètres des pores
vidés sont les mêmes et les quantités d’eau évacuées sont les mêmes dans les deux
matériaux CEM V et CEM V*. L’effet du E/C est, comme cela était attendu,
principalement actif vis-à-vis de la porosité capillaire. Enfin, il ne faut pas totalement
écarter la possibilité d’un départ de l’eau liée conduisant à des valeurs de perte en
masse importantes. Par ailleurs, l’analyse de la dispersion des résultats semble
133
équivalente pour tous les matériaux au début du séchage et montre également une
augmentation de la variabilité du CEM V* avec la diminution de l’humidité relative.
Cela confirme donc que les mécanismes de dessiccation à 80°C sont essentiellement
mis en jeu dans la porosité des hydrates des matériaux, qui est plus importante pour les
bétons à base de CEM V/A par rapport au CEM I.
0.9
0.8
0.7
Saturation en eau Sw
0.6
CEM I 80°C
0.5 CEM V 80°C
CEM V : 148.10-4 CEM V* 80°C
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0.4
0.3
0.2
CEM V* : 151.10-4 CEM I : 106.10-4
0.1
0.0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Humidité Relative HR [%]
134
90
80
pression capillaire Pcap [MPa]
70
60
50 CEM I 80°C
CEM V 80°C
40 CEM V* 80°C
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
Saturation en eau Sw
Encore une fois, les pentes inscrites sur les isothermes en fonction de l’humidité relative
correspondent aux droites déterminées par la méthode des moindres carrés et passant par la
gamme d’humidité relative de 98% à 60%.
L’analyse des isothermes à 80°C montre des évolutions du degré de saturation en eau
différentes à celles obtenues sous les températures inférieures. Les pentes (figure 3.36) des
courbes montrent que, contrairement à 20°C ou 50°C, la pente de l’isotherme à 80°C du CEM
V est supérieure à celle du CEM I. Ces résultats confirment également l’accentuation des
transports en phase gazeuse dans la porosité des hydrates, comme évoqué précédemment. En
considérant le même matériau, les pentes moyennes à 50°C sont environ 1,5 fois supérieures à
celles à 20°C. L’évolution de ces pentes à 80°C, par rapport à celles à 20°C, diffère par contre
d’un matériau à l’autre : pour le CEM I, la proportion est de 2,7 entre 20 et 80°C, le CEM V*
montre un écart de 3,35, tandis que le CEM V présente une proportion de 5,10. Ceci est donc
significatif de l’implication de l’ensemble des mécanismes de transport à 80°C, en
comparaison les autres températures de l’étude. Du fait des fortes non linéarités d’évolution
des paramètres avec la température (pression de vapeur saturante, viscosité de l’eau, rayon des
plus petits pores vidangés, etc…), la prise en compte des évolutions réelles de ces paramètres
est impérative dans l’élaboration d’une modélisation prédictive.
II.3.1.3 Discussion
Les isothermes présentées dans l’analyse précédente relient le degré de saturation en eau des
matériaux aux conditions d’humidité relative imposées. La porosité accessible à l’eau,
mesurée après un séchage à 60°C jusqu’à poids constant, a été utilisée pour les calculs. Le fait
d’utiliser cette mesure de porosité se justifie par sa faible influence sur la microstructure du
matériau. Ainsi, nous avons considéré que la porosité accessible à l’eau après un séchage à
60°C est représentative de l’état sec des matériaux. Cependant, comme précisé dans le
paragraphe I.1, la porosité accessible à l’eau a également été déterminée après un séchage à
135
105°C et montre une valeur de porosité supérieure à celle obtenue à 60°C. Nous pouvons
alors nous questionner sur la représentativité des estimations des degrés de saturation en eau,
calculés à partir des porosités à 60°C. Les isothermes des matériaux déterminées avec la
porosité à 105°C sont présentées dans l’annexe 4 en fonction de la température. Malgré une
valeur certainement plus représentative du potentiel de dessiccation des matériaux étudiés
avec le séchage à 105°C, les modifications induites dans la microstructure sont trop
importantes pour pouvoir prendre en compte l’état des matériaux après séchage à 105°C
comme état sec de référence dans notre étude. Notre choix s’explique également par plusieurs
points, détaillés ci-après. Pour appuyer notre discussion, nous allons considérer le béton CEM
I.
Analyses des pertes de masse obtenues en fonction de la porosité choisie pour référence
Les pertes de masse maximales relatives sont calculées par rapport aux pertes de masse
maximales possibles, déterminées avec la porosité accessible à l’eau depuis un séchage à
60°C ou 105°C (tableau 3.1). En termes de pertes de masses maximales relatives, le fait
d’utiliser la porosité des matériaux estimée après un séchage à 105°C les diminue. En effet,
puisque la porosité à 105°C est supérieure à celle estimée à 60°C, la perte de masse maximale
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
possible est inférieure à 105°C. Les figures 3.38 et 3.39 présentent les pertes de masses
maximales du CEM I en fonction des températures de l’étude (20°C, 50°C et 80°C), ainsi
qu’en fonction de la température de séchage imposée, à partir de laquelle la porosité fut
mesurée et utilisée dans les calculs (équations (14), (15) et (16)). La notation utilisée pour les
différentes courbes indique respectivement ces deux températures.
1.0
0.9
variation de masse maximale relative
0.8
0.7
CEM I 20°C-60°C
0.6
CEM I 20°C-105°C
CEM I 50°C-60°C
0.5
CEM I 50°C-105°C
CEM I 80°C-60°C
0.4
CEM I 80°C-105°C
0.3
0.2
0.1
0.0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
humidité relative HR [%]
Fig. 3. 38 : Variation de masse maximale relative du CEM I soumis à la dessiccation (20°C, 50°C, 80°C),
en fonction de l’humidité relative et de la référence de masse maximale (60°C ou 105°C)
136
1.0
0.9
variation de masse maximale relative
0.8
0.7
CEM I 20°C-60°C
0.6
CEM I 20°C-105°C
CEM I 50°C-60°C
0.5
CEM I 50°C-105°C
CEM I 80°C-60°C
0.4
CEM I 80°C-105°C
0.3
0.2
0.1
0.0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
pression capillaire Pcap [MPa]
Fig. 3. 39 : Variation de masse maximale relative du CEM I soumis à la dessiccation (20°C, 50°C, 80°C),
en fonction de a pression capillaire et de la référence de masse maximale (60°C ou 105°C)
Les amplitudes des degrés de saturation sont diminuées dès lors qu’on utilise la porosité
estimée à 105°C, par rapport à 60°C. Ainsi, les différentes tendances analysées dans les
paragraphes précédents, sur les isothermes en fonction des conditions de dessiccation, sont
validées.
Les isothermes du CEM I, déterminées avec la porosité à 105°C, peuvent être comparées avec
ceux obtenus par Poyet à 30°C et 80°C. Les deux études présentent beaucoup de similitudes.
Les échantillons sont de dimensions équivalentes : les échantillons de Poyet ont un diamètre
de 40 mm et une hauteur de 40 mm. De plus, la cure des matériaux s’est également effectuée
sous eau à 20°C sur une longue durée (6 mois). La dessiccation des matériaux est contrôlée
par des solutions salines saturées, en récipients qui sont ensuite étuvés à 30°C ou 80°C. La
figure 3.40 donne les isothermes de désorption d’eau, obtenues par Poyet, en termes de teneur
en eau et en fonction de la température. La figure 3.41 regroupe les isothermes du CEM I
obtenues dans notre étude en fonction de l’humidité relative et de la température.
137
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
1.0
0.9
0.8
0.7
Saturation en eau Sw
0.6
CEM I 20°C
0.5 CEM I 50°C
CEM I 80°C
0.4
0.3
0.2
0.1
0.0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Humidité Relative HR [%]
Les résultats des figures 3.40 et 3.41 ne peuvent être comparées quantitativement car les
résultats de Poyet sont exprimés en fonction de la teneur en eau, différente de la saturation en
eau calculée dans notre cas. Cependant, en ne considérant pas le point théorique à HR=100%
dans la figure 3.41, nous constatons que les mêmes allures sont trouvées dans les deux cas :
138
pour de faibles températures (20°C, 30°C et 50°C), les tendances sont linéaires ; tandis qu’à
80°C, les courbes deviennent non linéaires. Ceci valide le protocole utilisé dans notre étude
et confirme sa répétabilité (même si les protocoles des deux études divergent un peu :
dessiccation en enceinte climatique ou au dessus de solutions salines saturées).
La resaturation directe est réalisée en resaturant sous eau osmosée des échantillons ayant subi
préalablement un séchage jusqu’à poids constant dans l’étuve 60°C. En outre, la resaturation
est effectuée respectivement à 20°C, 50°C et 80°C, ce qui permet l’analyse de l’influence de
la température sur les variations de masse et de retrait/gonflement. Pour chaque matériau et
chaque température les résultats font référence à des séries de quatre cylindres de 37,5 mm de
diamètre et 50 mm de hauteur. Les mesures effectuées durant ces essais sont le suivi de la
variation de masse, ainsi que la mesure du gonflement linéique avec un palmer
micrométrique. Le protocole est détaillé dans le paragraphe II.2.5 de la Partie 2.
Les deux étapes expérimentales (séchage jusqu’à poids constant et resaturation) sont
considérées dans cette analyse. Comme le montre la figure 3.42, les variations de masses des
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
échantillons furent suivies dans le temps. Ainsi, pour rendre compte au mieux du
comportement des matériaux, nous avons postulé une référence, à partir de laquelle les
comparaisons sont effectuées. La référence correspond au matériau à l’état sain (jour 0 sur le
graphique) : le matériau à l’état sain n’a subi ni séchage, ni resaturation. Les notations des
courbes différentient la température de l’eau osmosée en resaturation.
1.0
-0.5
+3.13% +3.01%
-1.0 CEM I 20°C
-2.39%
-1.5 CEM I 50°C
+3.09%
CEM I 80°C
-2.0
-3.27%
-2.5
-3.20%
-3.0
-3.5
Fig. 3. 42 : Variation de masse du CEM I en séchage dans une étuve à 60°C puis en resaturation directe
sous différentes températures
Les amplitudes des variations de masse sont différentes selon la température de resaturation.
A 20°C, le CEM I a repris plus d’eau qu’il n’en avait perdue, cependant, cela représente une
augmentation de masse inférieure à 1% par rapport à l’état sain. Après les resaturations sous
139
eau osmosée à 50°C et 80°C, le matériau a quasiment retrouvé la masse de l’état initial : les
écarts étant inférieurs à 0,5%. Ces résultats mettent en exergue que le séchage à 60°C
n’influence pas significativement la microstructure des matériaux.
1400
1200
1000
gonflement [µm/m]
800
CEM I 20°C
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
CEM I 50°C
600
CEM I CEM I 80°C
20°C 3392
400 50°C 1519
7891
80°C 5845
200
Pente [µm/m.%]
0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2
prise de masse relative
Les amplitudes de gonflement sont fonction de la température et cela pour une prise de masse
relative similaire. Sachant que la dilatation thermique du CEM I est de 6.10-6 /°C (tableau 2.2
de la Partie 2), l’écart de 20°C entre le séchage à 60°C et la température de 80°C autorise un
gonflement maximal de 1200 µm/m pour que le matériau retrouve les dimensions de l’état
sain (avant séchage à 60°C), ce qui est le cas pour le CEM I. Cela indique que les
déformations de retrait, induites par le séchage à 60°C, sont réversibles et par voie de
conséquence aucune microfissuration n’est apparue dans la microstructure du CEM I. Cela
confirme une nouvelle fois que le séchage à 60°C ne modifie pas significativement la
microstructure des matériaux et cela valide donc notre référence d’état sec, obtenue après ce
séchage.
Les arguments développés dans cette discussion valident notre référence de l’état sec. La prise
en compte de la porosité mesurée par un séchage à 60°C pour établir les degrés de saturation
des matériaux est validée.
140
II.3.2 Evolution des retraits en fonction de la température
3.44 présente les évolutions du retrait supposé endogène et du retrait total, en fonction du
temps et de l’humidité relative, du CEM V à 20°C.
temps en jours
-50
-100
-150
retrait en µm/m
retrait endogène
HR=98% retrait total
-200
90%
-250
80%
-300
70%
-350
60%
-400
Fig. 3. 44 : Retrait endogène et retrait total du CEM V à 20°C en fonction du temps et de l’humidité
relative imposée
Pour ce retrait en conditions endogènes, deux phases caractéristiques peuvent être mises en
avant : la première entre 0 et 120 jours et la deuxième au-delà de 120 jours. Dans la première
phase, le retrait endogène évolue peu et se stabilise rapidement. Rappelons que le retrait
endogène est une conséquence de la consommation d’eau durant l’hydratation, entrainant la
formation d’une dépression capillaire dans la porosité. Du fait de la maturation de six mois
des éprouvettes, le retrait endogène relevé est très faible. Il correspond à une poursuite de
141
l’hydratation mais qui est, à cette échéance, pratiquement complète. En revanche, au-delà de
120 jours, le retrait supposé endogène augmente, car il est influencé par de la dessiccation :
les matériaux subissent une perte de masse après cette date, comme cela est illustré figure
3.45, où sont présentées les évolutions des pertes de masses du CEM V à 20°C pour les deux
types de conservation. Après une légère perte de masse liée au déséquilibre hydrique créé par
la sortie de l’eau, la perte de masse des échantillons emballés dans l’aluminium se stabilise
jusqu’environ 120 jours, pour ensuite augmenter quasi-linéairement.
temps [jours]
0 100 200 300 400 500 600 700 800
0.0
-0.2
-0.4
perte de masse [%]
prismes sous
dessiccation
HR=98%
-0.6
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
90%
-0.8
80% prismes
protégés de
70% la
-1.0 dessiccation
60%
-1.2
Fig. 3. 45 : Perte en poids des prismes du CEM V utilisés pour les mesures de retrait à 20°C en fonction du
temps et de l’humidité relative imposée
142
temps [jours]
0 98%
100 200 300 400 500 600 700 800
0.0 90%
90% 80%
70%
60%
80%
-0.5 70%
CEM I 20°C
98% 60% CEM V 20°C
HR=98% CEM V* 20°C
perte de masse [%]
-2.0
60%
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
-2.5
Fig. 3. 46: Perte en poids des prismes des matériaux utilisés pour les mesures de retrait endogène en
fonction du temps, de la température et de l’humidité relative imposée
La figure 3.46 précédente prouve que la protection en aluminium permet de maintenir les
conditions endogènes pour toutes les températures jusqu’à environ 120 jours. Les prismes
présentent ensuite d’importantes pertes de masse, plus ou moins rapidement après cette date
de 120 jours, en fonction des températures de dessiccation imposées. Une mauvaise étanchéité
de l’aluminium autocollant, qui après 120 jours, se dégrade trop pour jouer son rôle de
protection est sans aucun doute à l’origine de cette dessiccation. Nous avons alors décidé
d’estimer le retrait en conditions endogènes avec les mesures effectuées jusqu’à 100 jours. Ce
choix est justifié par les évolutions de pertes de masse qui sont stables jusqu’à cette date. Le
tableau 3.4 regroupe les valeurs maximales de retraits en conditions endogènes estimés sur la
période des 100 premiers jours de séchage.
Les retraits en conditions endogènes sont influencés par la température : leur amplitude
augmente avec la température. En effet, la pression capillaire régnant dans le matériau
s’accroît avec l’élévation de la température (équation de Kelvin (6)) et comme c’est le
principal moteur du retrait en conditions endogènes, cela induit un retrait plus important.
Cependant, les résultats montrent que le retrait du CEM V à 50°C est inférieur à celui de
20°C. Cette « incohérence » est certainement causée par la variabilité des matériaux
cimentaires. De plus, comme l’écart entre les deux retraits du CEM V à 20°C et 50°C est
faible par rapport à la précision de la mesure, il a été décidé de conserver ces valeurs sans les
corriger. Par ailleurs, les paramètres de composition (rapport E/C et nature du ciment)
conditionnent également les amplitudes des retraits endogènes. Nous constatons que le CEM I
143
présente le plus faible retrait et le CEM V* la plus grande amplitude de retrait endogène. La
pression capillaire, s’amplifiant avec la température, conduit donc à une contraction du
squelette solide. En première approche, cette contraction peut être considérée comme
élastique. Comme la distribution de porosité des bétons à base de CEM V/A est plus fine que
celle du CEM I, à cause de la réaction pouzzolanique des additions qui a eu lieu dans leur
microstructure, l’effet de la pression capillaire y est plus intense et par voie de conséquence,
ils présentent un retrait en conditions endogènes supérieur à celui du CEM I. De plus, le CEM
V* présente un retrait plus fort que celui du CEM V, du fait de son plus important dosage en
eau qui a induit un volume poreux et une quantité d’eau libre plus élevée. La pression
capillaire qui règne dans la microstructure du CEM V* agit par dépression sur un volume plus
important que pour le CEM V et conduit ainsi à un retrait plus fort du CEM V* en
comparaison au CEM V.
Par ailleurs, une autre cause à l’augmentation du retrait endogène avec la température peut se
trouver dans l’arrangement structurel des CSH [Zajac 07] : après maturation à température
ambiante, au cours de l’élévation de température, les CSH voient leur structure propre se
modifier pour adopter un état thermodynamique plus stable. Ce changement s’accompagne
d’une diminution du volume occupé par les CSH, donc d’une contraction à l’échelle
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
macroscopique.
144
0 temps [jours]
0 100 200 300 400 500 600 700 800
-200
HR=98%
endogène
90%
-600
CEM V 20°C retrait de
80% dessiccation
-800
CEM V 20°C retrait total
70%
-1000
60%
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
-1200
Dans ce qui suit, les différents retraits de dessiccation estimés sont analysés en fonction des
conditions hydriques et thermiques imposées, ainsi qu’en fonction des paramètres de
composition.
145
98%
90%
0 temps [jours]
0 100 200 300 80% 400 500 600 700 800
90% 70% 60%
-200
retrait de dessiccation [µm/m]
98% 80%
70%
-400
HR=98% ×1,6 CEM V
60% 20°C
90%
-600
CEM V
×2,6 50°C
80%
-800 CEM V
80°C
70%
60%
-1000
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
-1200
1200
retrait de dessiccation maximum [µm/m]
1000
800
CEM V 20°C
CEM V 50°C
600 CEM V 80°C
400
200
0
100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
Humidité Relative HR [%]
146
90
80
70
pression capillaire Pcap [MPa]
60
50 CEM V 20°C
CEM V 50°C
40 CEM V 80°C
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Nous constatons que les évolutions de retrait du CEM V en fonction de la température sont
similaires en forme mais pas en amplitude. Le retrait de dessiccation à 50°C atteint des
valeurs à HR=60% pratiquement 1,6 fois supérieures de celles à 20°C. A 80°C, les
déformations de retrait sont environ 2,6 fois supérieures à celles à 20°C. Les mêmes rapports
sont présentés pour tous les matériaux dans le tableau 3.5 suivant.
50°C 80°C
CEM I 2,2 2,7
CEM V 1,6 2,6
CEM V* 2,0 2,4
Tab. 3. 5 : Rapport entre la déformation considérée et la déformation à 20°C (les déformations
considérées sont les dernières obtenues à HR=60%)
147
• La pression capillaire : elle résulte de l’équilibre liquide/vapeur dans la porosité
capillaire du béton. La diminution de l’humidité relative au sein du béton induit une
mise en dépression de l’eau liquide, provoquée par l’évaporation de celle-ci. La
coexistence des phases liquides (eau) et gazeuses (vapeur d’eau et air sec) entraîne la
formation d’un ménisque à l’interface liquide/gaz, et donc l’apparition de tensions
capillaires. Elles entraînent alors la contraction du squelette solide et provoque ainsi le
retrait de dessiccation. Comme le précise la loi de Kelvin (équation (6)), la hausse de
température accentue linéairement (avec la température absolue qui passe dans notre
cas de 293 K à 353 K, soit une augmentation maximale de 20 %) la variation de
pression capillaire au sein du matériau, induisant ainsi une contraction locale de la
matrice plus importante. Les transports en phase gazeuse étant amplifiés avec la
hausse de température, induisent une perte en masse plus importante, ce qui déplace
les zones d’application de cette pression capillaire vers les plus petits pores. Ainsi, la
pression capillaire s’applique en de multiples endroits dans la matrice cimentaire, leur
nombre augmentant avec la température. Toutefois, la variation de pression capillaire,
présentée figure 3.15 en fonction de l’humidité relative et de la température, montre
que celle-ci varie assez peu, et ne peut pas à elle seule expliquer les augmentations très
notoires de retrait de dessiccation.
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
En conclusion, l’effet de la température sur les mécanismes exposés ci-dessus, bien que
sensible, ne suffit pas à expliquer les amplitudes de variation du retrait de dessiccation en
fonction de la température. Il convient donc de trouver une explication complémentaire. La
température joue un rôle fondamental sur d’autres paramètres des matériaux bétons. En
particulier, le béton est, depuis de nombreuses années, considéré comme un matériau visco-
élastique non linéaire [Bazant 78]. Or la viscosité des matériaux cimentaires est largement
influencée par la température : la déformation visqueuse varie proportionnellement avec la
température [England 80]. Or, lors de la dessiccation des matériaux cimentaires, l’effet
148
d’augmentation de pression capillaire conduit à un processus que l’on peut qualifier d’une
précontrainte interne du matériau. Cette compression interne est appliquée sur des temps
longs : le matériau flue sous l’effet de la pression capillaire. Or le fluage met en évidence le
caractère visco-élastique du matériau. Sur la figure 3.51 ci-dessous est reportée la courbe de
variation de la complaisance de fluage propre (c'est-à-dire la déformation de fluage ramenée à
la contrainte macroscopique appliquée) en fonction du temps et de la température. On
constate une nette augmentation de la complaisance de fluage, c'est-à-dire la déformation de
fluage, lorsque la température passe de 20°C à 70°C ou encore à 90°C. La viscosité du
matériau chute avec l’augmentation de température, ce qui rend le matériau plus déformable
sous l’effet d’une contrainte mécanique. Notons que cet effet visqueux est en général négligé
à température ambiante où les effets conjugués de la pression capillaire, de la variation de
pression de disjonction et de la variation d’énergie de surface suffisent à expliquer l’évolution
du retrait de dessiccation. Ce lien entre déformation de retrait et fluage a déjà été avancé par
Benboudjema et al. [Benboudjema 07], où le retrait était interprété comme une déformation
de fluage propre sous l’effet de la pression capillaire générée par l’autodessiccation et la
dessiccation.
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 3. 51 : Evolution des déformations de fluage propre en fonction de la température [Nishizawa 70]
Dès lors, les évolutions des figures 3.48, 3.49 et 3.50 s’expliquent naturellement : sous l’effet
de la baisse d’humidité relative, la pression capillaire au sein du matériau augmente,
conduisant à une compression isotrope de la matrice. Sous l’effet de cette compression et par
thermo-activation, les déformations visqueuses évoluent quasi-proportionnellement avec le
saut de température. En première approche, il est possible de considérer que la contrainte
mécanique appliquée et les conditions d’essai conduisent à une succession d’états où la
sollicitation se ramène à du fluage en conditions endogènes, c'est-à-dire du fluage propre sous
une contrainte de compression croissante. En effet, la pression capillaire s’applique sur des
portions de matériau dont le diamètre poreux est de plus en plus petit. A l’état de saturation
considéré, la portion de matériau sollicitée par la pression capillaire reste saturée en eau, d’où
un fluage propre sous l’effet de la pression capillaire. Cet effet est d’ailleurs corroboré par la
figure 1.45 (Partie 1, paragraphe III.2.1) où sont présentées les déformations de fluage propre
149
en fonction du temps et de l’état de saturation initial des échantillons [Wittmann 70 cité par
Benboudjema 02]. On constate qu’à mesure que l’humidité relative décroit dans le béton, les
déformations de fluage propre diminuent, traduisant le fait que plus la désaturation est
importante, plus la portion de matériau qui peut fluer est faible. Pour mieux comprendre ceci,
il convient de préciser les mécanismes à l’origine du fluage propre. Celui-ci se décompose en
un fluage à court terme (entre 21 et 28 jours), et un fluage à long terme [Ruetz 68, Ulm 98].
porosité capillaire, entraînant la déformation du squelette solide. Les travaux de [Ulm 98]
mettent en avant le fait que seule la cinétique de la déformation de fluage à court terme est
influencée par le rapport E/C. Or, la principale différence entre des bétons de rapport
différents E/C se situent au niveau de la distribution des pores capillaires [Hansen 86,
Baroghel-Bouny 94], ce qui supporte l’idée que le fluage propre fait intervenir, à court terme,
les pores capillaires [[Ulm 98]. Dans notre cas, sous les effets de la température, nous avons
vu que les équilibres hygrométriques se déplaçaient très rapidement vers les porosités
d’hydrates : ce mécanisme n’est donc pas très influent dans l’évolution du retrait de
dessiccation des bétons ici en fonction de la température.
150
dislocations. En augmentant l’agitation thermique et en réduisant la viscosité de l’eau, les
glissements de feuillets de CSH vont être facilités, d’où les amplitudes de fluage propre en
augmentation.
De nombreuses évidences expérimentales suggèrent que le fluage propre à long terme soit lié
au glissement des feuillets de CSH :
• Des valeurs de surface d’adsorption d’azote différentes ont été mesurées entre des
pâtes de ciment chargées et non chargées, ce qui n’est pas le cas avec de l’eau ou de
l’hélium. Contrairement à ces deux dernières molécules de taille plus petite, la
molécule d’azote ne peut pas accéder à la nanoporosité. Cette observation est donc
compatible avec le mécanisme de glissement des feuillets de CSH dans le sens où la
déformation de cisaillement créerait de nouvelles surfaces accessibles aux molécules
d’azote [Bentur 79, Guénot-Delahaie 97].
• Si l’eau contenue dans un spécimen en béton est remplacée par du méthanol (après que
le matériau ait été désaturé), le matériau présente une déformation de fluage
importante [Tamtsia 00]. Or, le méthanol est adsorbé physiquement sur les feuillets
de CSH. De plus, il forme un complexe en réagissant avec les CSH. Ces deux
processus induisent une diminution de l’intensité des forces entre les feuillets de CSH
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Il apparaît donc que les mécanismes de fluage propre à long terme, résultat d’un cisaillement
progressif des feuillets de CSH, sont susceptibles d’expliquer l’augmentation de l’amplitude
de retrait de dessiccation à humidité relative fixée, lorsque la température augmente.
Remarquons qu’à mesure que l’humidité relative décroit, la pression capillaire augmente donc
l’amplitude de fluage propre devrait augmenter. De nombreux résultats expérimentaux
montrent que, globalement, il y a proportionnalité entre la déformation de fluage propre et le
niveau de contrainte appliquée (ramené à la résistance du béton) [Neville 96]. Mais comme
cette contrainte s’applique sur des zones du matériau de plus en plus petites (on déplace le
front de séchage vers les pores de plus petit diamètre, le taux de saturation chutant très
rapidement), la déformation visqueuse ralentit progressivement. Ce phénomène est
particulièrement visible sur la figure 3.50 où est proposée l’évolution du retrait de
dessiccation en fonction de la pression capillaire. A 20°C, on constate une linéarité entre le
retrait et la pression capillaire : les déformations visqueuses sont très peu activées, bien que
présentes. A 50°C et plus nettement à 80°C, les déformations de retrait de dessiccation varient
de manière non linéaire, en « ralentissant » avec l’augmentation de pression capillaire. Notons
qu’il existe, comme évoqué précédemment, un vieillissement des phénomènes de fluage : le
potentiel de déformation des CSH est borné par leur état thermodynamique le plus stable. Il
est raisonnable de penser que la température va permettre d’atteindre cet état avec une
cinétique accélérée.
151
La figure 3.52, présente les retraits des matériaux en fonction du temps et de l’humidité
relative imposée à 20°C. Les valeurs maximales de ces retraits, atteintes à l’équilibre
hydrique, sont reportées en fonction de l’humidité relative figure 3.53 et en fonction de la
pression capillaire figure 3.54.
0 temps [jours]
0 100 200 300 400 500 600 700 800
-200
retrait de dessiccation [µm/m]
HR=98%
-400
90% CEM I 20°C
-600
CEM V 20°C
80%
-800
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CEM V* 20°C
70%
-1000
60%
-1200
Fig. 3. 52 : Retrait de dessiccation des matériaux à 20°C en fonction du temps et de l’humidité relative
imposée
1000
900
retrait de dessiccation maximum [µm/m]
800
700
600
CEM I 20°C
500 CEM V 20°C
CEM V* 20°C
400
300
200
100
0
100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
Humidité Relative HR [%]
Fig. 3. 53 : Retrait de dessiccation maximum des matériaux en fonction de l’humidité relative à 20°C
152
90
80
70
pression capillaire Pcap [MPa]
60
50 CEM I 20°C
CEM V 20°C
40 CEM V* 20°C
30
20
10
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0
0 200 400 600 800 1000 1200
retrait de dessiccation maximum [µm/m]
Fig. 3. 54: Retrait de dessiccation maximum des matériaux en fonction de la pression capillaire à 20°C
Les évolutions des retraits de dessiccation à 20°C montrent que, globalement, le CEM I se
rétracte moins que le CEM V, qui lui-même a des déformations différées inférieures au CEM
V*. Comme évoqué précédemment, les déformations de retrait de dessiccation sont
principalement induites par les variations de la pression capillaire au cours de la diminution
de l’humidité relative. Les évolutions de pertes de masse ont montré que le CEM I est le
matériau qui a perdu le plus d’eau pour les fortes humidités relatives (paragraphe II.3.1.2).
Les bétons à base de CEM V/A, qui présentent une porosité plus fine que celle du CEM I,
sont donc plus sensibles aux variations de pression capillaire qui règne dans la porosité des
hydrates. De plus, nous avons montré que la rigidité des bétons à base de CEM V/A est plus
faible que celle du CEM I, ce qui induit que leur matrice cimentaire se contractera plus sous
l’effet des variations de la pression capillaire. Ceci est particulièrement visible sur la figure
3.54 où on constate une linéarité du retrait en fonction de la pression capillaire, et l’évolution
des pentes correspond à l’évolution de la raideur des matériaux. Par ailleurs, en comparant les
matériaux à base de CEM V/A entre eux, on constate que le CEM V* a un plus fort retrait, la
microstructure du CEM V présente un volume poreux plus faible (lié principalement à un
rapport E/C plus faible) dans lequel la pression capillaire est répartie sur moins « d’endroits »
qui induit une raideur plus faible.
L’évolution des retraits de dessiccation des matériaux soumis à la dessiccation à 50°C est
présentée en fonction du temps et de l’humidité relative imposée (figure 3.55). Les valeurs de
retrait de dessiccation atteintes à l’équilibre hydrique pour chaque humidité relative imposée
sont données figures 3.56 et 3.57 en fonction de l’humidité relative et de la pression capillaire.
153
0 temps [jours]
0 100 200 300 400 500 600 700 800
-200
retrait de dessiccation [µm/m]
HR=98%
-400 CEM I 50°C
90%
80%
-800
CEM V* 50°C
70%
-1000
60%
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
-1200
Fig. 3. 55 : Retrait de dessiccation des matériaux à 50°C en fonction du temps et de l’humidité relative
imposée
1000
900
retrait de dessiccation maximum [µm/m]
800
700
600
CEM I 50°C
500 CEM V 50°C
CEM V* 50°C
400
300
200
100
0
100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
Humidité Relative HR [%]
Fig. 3. 56: Retrait de dessiccation maximum des matériaux en fonction de l’humidité relative à 50°C
154
90
80
70
pression capillaire Pcap [MPa]
60
50 CEM I 50°C
CEM V 50°C
40 CEM V* 50°C
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 3. 57 : Retrait de dessiccation maximum des matériaux en fonction de la pression capillaire à 50°C
A 50°C, les déformations de retrait de dessiccation sont tout autant qu’à 20°C influencées par
la variation de la pression capillaire. Comme nous l’avons déjà vu précédemment, cette
augmentation est linéaire avec la température absolue. La figure 3.15 présente l’évolution de
la pression capillaire (suivant la loi de Kelvin : équation (6)), en fonction de l’humidité
relative et de la température. On constate alors que cette seule augmentation de pression
capillaire ne peut expliquer l’augmentation de retrait de dessiccation entre 20°C et 50°C. En
effet, si on trace pour un matériau donné le retrait à 20°C et 50°C en fonction de la pression
capillaire (figure 3.50 pour le CEM V), on constate qu’il existe un décalage en amplitude du
retrait à 50°C par rapport à celui à 20°C et ceci quelle que soit l’humidité relative imposée.
L’augmentation de température implique une diminution de la viscosité du béton, ce qui
conduit à une augmentation des déformations différées sous l’effet d’une pression interne. Les
évolutions des bétons confectionnés à partir de ciment CEM V/A ont des évolutions
parallèles, mais décalées vers les plus grandes valeurs de retrait de dessiccation pour le CEM
V*. Alors que l’écart des retraits de dessiccation des bétons à CEM V/A à 20°C était
d’environ 100 µm/m à 60 % de HR, à 50°C, cet écart est d’environ 300 µm/m pour les mêmes
conditions d’humidité relative. Le fluage propre du CEM V* est donc plus fort que celui du
CEM V : l’effet du rapport E/C est donc bien mis en évidence. Notons que l’effet de
l’augmentation du rapport E/C sur les valeurs asymptotiques de fluage propre a déjà été mis
en évidence : la figure 1.46 de gauche (Partie 1, paragraphe III.2.1) présente l’évolution de la
déformation de fluage pour différents bétons dont seul le rapport E/C évolue [Hummel 59
cité par Benboudjema 02]. On constate que la valeur asymptotique du fluage propre (effet à
long terme) est largement influencée par l’augmentation du rapport E/C. Ceci est à mettre en
relation avec la porosité du matériau : plus le rapport E/C est élevé, plus la porosité est
importante. Pour une même contrainte mécanique macroscopique appliquée, la diffusion de
cette contraint à l’échelle des CSH se fera donc sur une matrice plus poreuse. Localement, la
contrainte « vue » en sera d’autant plus importante, et comme le fluage augmente avec le
niveau de charge, le fluage propre d’un matériau cimentaire augmentera avec sa porosité
initiale. Dans notre cas, l’effet est similaire et rejoint celui rencontré pour le retrait de
155
dessiccation à 20°C : la mise en compression de la matrice se fait par l’intermédiaire de la
pression capillaire sur une matrice plus ou moins poreuse. Non seulement la déformation est
liée à la raideur de la matrice (retrait), mais cette pression capillaire sera compensée par une
compression matricielle de fraction volumique de plus en plus petite à mesure que le rapport
E/C augmente. Globalement, les déformations différées à 50°C seront en augmentation.
0 temps [jours]
0 100 200 300 400 500 600 700 800
-200
retrait de dessiccation [µm/m]
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
HR=98%
-600 CEM V 80°C
90%
80%
-1000
70%
60%
-1200
Fig. 3. 58 : Retrait de dessiccation des matériaux à 80°C en fonction du temps et de l’humidité relative
imposée
La figure ci-dessus montre tout d’abord que les valeurs atteintes par le retrait de dessiccation à
80°C sont très importantes par rapport à celles obtenues à 20°C, et ce même à 60%
d’humidité relative. En effet, le CEM V atteint une valeur de 800 µm/m de retrait, environ 600
µm/m pour le CEM I et 900 µm/m pour le CEM V*.
156
1000
900
retrait de dessiccation maximum [µm/m]
800
700
600
CEM I 80°C
500 CEM V 80°C
CEM V* 80°C
400
300
200
100
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
Humidité Relative HR [%]
Fig. 3. 59 : Retrait de dessiccation maximum des matériaux en fonction de l’humidité relative à 80°C
90
80
70
pression capillaire Pcap [MPa]
60
50 CEM I 80°C
CEM V 80°C
40 CEM V* 80°C
30
20
10
0
0 200 400 600 800 1000 1200
retrait de dessiccation maximum [µm/m]
Fig. 3. 60 : Retrait de dessiccation maximum des matériaux en fonction de la pression capillaire à 80°C
On peut noter que ces évolutions présentent un ordonnancement similaire aux évolutions à
20°C et 50°C. Le CEM I est le matériau qui présente le retrait le plus faible, tandis que celui
du CEM V* a le retrait le plus fort. La microstructure plus fine des bétons à CEM V/A
induisent un effet de pression capillaire plus intense pour ces matériaux, en comparaison avec
le CEM I, dont la porosité est moins importante dans la porosité des hydrates, conduisant ainsi
à un retrait plus faible que ceux des CEM V/A. De plus, le dosage en eau plus élevé pour le
157
CEM V* a induit un volume poreux plus important, ce qui « étale » plus la pression capillaire
dans sa microstructure et conduit ainsi à des retraits plus fort que celui du CEM V. Les
évolutions se différencient toutefois des précédentes à 20°C et 50°C par leurs caractères
fortement non linéaires. Ceci est particulièrement remarquable sur la figure 3.60 où le retrait
est mis en relation avec la pression capillaire. Après une évolution linéaire, où les mécanismes
décrits précédemment (retrait sous pression capillaire et fluage propre sous pression
capillaire) sont affectés par l’augmentation de température, les courbes d’évolution de retrait
fléchissent et une baisse de l’humidité relative (augmentation de la pression capillaire) semble
ne plus avoir le même effet que pour les paliers précédents d’humidité. Deux mécanismes
complémentaires sont donc activés à ce niveau de température et d’humidité relative :
• Le potentiel de dessiccation des matériaux devient faible : à 80°C et 60 % HR les
matériaux ont perdu 72 %, 73 % et 90 % de leurs eaux évaporables respectivement
pour le CEM I, le CEM V et CEM V*. Moins le matériau contient d’eau, moins le
fluage propre est important [Wittmann 70 cité par Benboudjema 02]. Du fait du
mécanisme de fluage à long terme décrit plus haut, il est aisément compréhensible que
sans eau, les feuillets de CSH auront une stabilité dimensionnelle bien plus élevée.
• Une microfissuration importante peut être générée : en effet, seule la matrice
cimentaire se rétracte et les granulats sont stables : cette incompatibilité de
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Il est possible de considérer trois phases dans l’évolution du retrait de dessiccation en fonction
de la perte en poids relative (par rapport à l’eau évaporable), quand la dessiccation du
matériau est terminée (figure 3.61).
158
-1600 Retrait de dessiccation [10-6]
3ème
-1400
phase
1ère 2ème mortier08
-1200 phase phase
séchage au
four
-1000
-800
mortier05
-600
-400
-200
Perte en poids relative [%]
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Fig. 3. 61 : Relation perte de masse relative et retrait total de deux mortiers avec différents E/C en
fonction de la perte en masse [Yurtdas 04]
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
La première phase est appelée phase dormante et correspond à la perte d’eau en surface de
l’échantillon, ainsi qu’à une fissuration de la peau de l’échantillon qui conduit à
contrebalancer le retrait [Granger 96, Torrenti 97, Khelidj 98, Benboudjema 02, Turcry
04, Yurtdas 04].
La seconde phase relie linéairement la variation de masse à celle de retrait et est significative
de l’évolution des déformations de retrait en fonction de l’augmentation de la pression
capillaire.
La dernière phase peut s’expliquer soit par le fait que la contraction de la matrice cimentaire
devient infime par épuisement de l’eau évaporable, soit par le passage d’un comportement
linéaire à un comportement non linéaire sous contrainte hydrique [Meftah 00, Benboudjema
02]. Ce phénomène peut également être dû à l’apparition de microfissures supplémentaires,
générées par la dessiccation [Khelidj 98, Bisschop 01] et à la présence de granulats
[Bisschop 01, Yurtdas 04]. Les microfissures ainsi formées s’opposent au retrait et facilitent
la dessiccation [Bazant 86, Khelidj 98].
Notons que ces trois phases se retrouvent également dans le cas de la dessiccation des argiles
[Colina 00], où la dernière phase est interprétée par les auteurs comme étant due à un niveau
suffisant d’écrouissage de la matrice, permettant au matériau de résister au surplus de
contrainte généré par l’augmentation de dépression capillaire due au séchage. Notons que
cette dernière notion est très parallèle à la notion de vieillissement en fluage [Bazant 72] : les
sites où se produisent les micro-glissements s’épuisent progressivement, ce qui tend à ralentir
la cinétique de fluage, équivalent à l’écrouissage dans le cadre d’un chargement quasi-
statique.
Il faut noter que sur la figure 3.61, les résultats sont présentés en valeurs absolues ; en
revanche, dans notre cas nous avons décidé de considérer la perte de masse et le retrait en
valeurs négatives, pour éviter toute confusion possible. En outre, les valeurs des variations de
masse sont présentées en relatif, par rapport à la quantité maximale d’eau évaporable possible
(mesurée à 60°C).
159
II.3.3.1 Influence de la température
La figure 3.62 présente la relation entre et le retrait de dessiccation et la perte de masse
relative du CEM V en fonction de la température imposée. L’annexe 6 fournit les évolutions
du CEM I et du CEM V*.
100
0
-1.0 -0.9 -0.8 -0.7 -0.6 -0.5 -0.4 -0.3 -0.2 -0.1 0.0
-100
-200
retrait de dessiccation [µm/m]
-300
-400
CEM V 20°C
-500 CEM V 50°C
CEM V 80°C
-600
CEM V
-700
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
20°C 1519
-800
50°C 2145
-900
80°C 1665
-1000
Pente [µm/m.%] de la partie
linéaire -1100
variation de masse relative
Fig. 3. 62 : Relation perte de masse relative et retrait total de dessiccation du CEM V en fonction de la
température
Les résultats présentés figure 3.62 mettent en évidence l’influence de la température sur le
comportement hydrique du CEM V. Tout d’abord, tant que le retrait n’est pas significatif
(phase dormante), la température conditionne les transports d’eau, en induisant une
accélération de la perte de masse. En effet, la phase dormante est faible à 20°C et atteint
environ 0,5% de la variation de masse à 50°C et 0,75% à 80°C. Ainsi, à 50°C et 80°C, la
phase dormante plus importante est liée à l’activation de la dessiccation de surface ne donnant
pas de retrait significatif (diminution de la viscosité de l’eau, augmentation de la pression de
vapeur), et à la présence d’une fissuration de peau. La seconde phase, entre une perte en poids
relative de 10 % et une de 55 %, fait apparaitre globalement la proportionnalité de l’évolution
du retrait de dessiccation avec la perte en masse, tout en mettant en évidence le rôle de la
température qui joue un rôle cinétique majeur quand la porosité concernée par la dessiccation
est la plus grossière. La déformation maximale atteinte est d’environ 300 µm/m à 20°C, 500
µm/m à 50°C et atteint environ 900 µm/m à 80°C. De plus, en ne considérant que la seconde
phase des courbes, il est possible de déterminer les pentes des droites moyennes (exemple de
droite considérée pour 80°C en pointillés sur le graphique) par la méthode des moindres
carrés, dont les valeurs sont regroupées dans le tableau de la figure 3.62. Notons que plus la
pente est faible, moins le matériau présentera de retrait, et inversement. Il apparait que mis à
part le retrait à 50°C qui paraît fort, les pentes sont semblables, confirmant la proportionnalité
du retrait de dessiccation avec la perte en poids. Cette proportionnalité est donc due aux
propriétés élastiques des matériaux, mais également aux propriétés visqueuses. Il est possible
de postuler la chose suivante : en supposant que cette phase se poursuivrait jusqu’au séchage
complet du matériau, et en supposant que la dessiccation n’engendrerait aucune
160
microfissuration, la déformation maximale atteinte serait représentative du potentiel maximal
à une température donnée. Si on admet ces suppositions, alors on s’aperçoit que ce retrait
théorique serait environ 5 fois celui de 20°C, pour la même humidité relative imposée. Cette
proportion entre les évolutions à 20°C et 80°C se retrouve dans l’analyse des pertes de masse
du CEM V en fonction du temps et de la température (paragraphe II.3.1.1). C’est également
vrai pour la proportion entre 20°C et 50°C. Cela met en évidence, qu’en admettant qu’aucune
microfissuration induite par la dessiccation ne se produit, l’influence de la température est
similaire sur les variations de masses et les déformations de retrait. Cependant, en considérant
à nouveau la figure 3.62, en particulier pour 80°C, il y a une troisième phase en plateau qui
est significative de l’apparition de microfissuration autour des granulats. Au-delà d’une perte
en masse relative de 55 %, la fissuration devient très importante et contrebalance à l’échelle
macroscopique le retrait. Notons que cette valeur de 55 % est similaire à celle trouvée par
Yurtdas sur des mortiers (figure 3.61). Toutefois, la comparaison s’arrête là car cette
microfissuration sera influencée principalement par le diamètre du granulat, le type de
granulat, la fraction volumique de granulat et la qualité de la pâte de ciment.
En comparant les matériaux dans les mêmes conditions de dessiccation, nous pouvons ainsi
les positionner en termes de rigidité et de viscosité de la matrice cimentaire. Les figures 3.63,
3.64 et 3.65 illustrent les relations entre pertes de masse relative et retrait de dessiccation des
matériaux respectivement à 20°C, 50°C et 80°C.
a) Evolutions à 20°C
100
0
-1.0 -0.9 -0.8 -0.7 -0.6 -0.5 -0.4 -0.3 -0.2 -0.1 0.0
-100
-200
retrait de dessiccation [µm/m]
-300
-400
CEM I 20°C
20°C -500 CEM V 20°C
CEM I 779 CEM V* 20°C
-600
CEM V 1519
-700
CEM V* 1797
-800
Pente [µm/m.%] de la partie
linéaire -900
-1000
-1100
variation de masse relative
Fig. 3. 63 : Relation perte de masse relative et retrait de dessiccation des matériaux à 20°C
Les évolutions à 20°C confirment que le CEM I présente la matrice cimentaire la plus rigide,
ce qui a été également constaté avec la mesure du module d’incompressibilité en conditions
drainées (paragraphe I.3). Ainsi, à pression capillaire équivalente, la matrice cimentaire des
161
matériaux à base de CEM V/A se déforment plus que celle du CEM I, donnant ainsi un plus
fort retrait de dessiccation. Notons que le risque de microfissuration par dépassement des
déformations admissibles est alors accentué dans les matériaux à base de CEM V/A. En outre,
ces matériaux présentent une phase dormante et une perte de masse maximale inférieures à
celle du CEM I : ce dernier étant plus rigide, lors des premiers stades de dessiccation, une
faible déformation de la peau du béton induira des contraintes de traction qui vont rapidement
croître. Les microfissurations de peau seront ainsi inéluctables et importantes, conduisant à
une phase dormante plus importante que pour le CEM V. Lors de la seconde phase, on
constate encore la proportionnalité entre retrait de dessiccation et perte en masse, quel que soit
le béton. En ce qui concerne l’influence du rapport E/C, l’augmentation de ce rapport amplifie
les pertes de masses et les retraits, à cause d’une porosité plus importante. Il est toutefois
remarquable de constater que ces deux matériaux, CEM V et CEM V*, suivent la même
évolution (retrait/perte en masse relative) à 20°C.
b) Evolutions à 50°C
100
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0
-1.0 -0.9 -0.8 -0.7 -0.6 -0.5 -0.4 -0.3 -0.2 -0.1 0.0
-100
-200
retrait de dessiccation [µm/m]
-300
-400
CEM I 50°C
-500 CEM V 50°C
50°C -600
CEM V* 50°C
CEM I 1316
-700
CEM V 2145
-800
CEM V* 2458
-900
Pente [µm/m.%] de la partie
linéaire -1000
-1100
variation de masse relative
Fig. 3. 64 : Relation perte de masse relative et retrait de dessiccation des matériaux à 50°C
A 50°C, les évolutions constatées figure 3.64 du CEM I et des bétons à base de CEM V/A
rejoignent celles à 20°C. La matrice cimentaire plus rigide du CEM I induit moins de retrait.
En revanche la microstructure plus grossière du matériau favorise les pertes de d’eau. Le
CEM I développe plus de microfissuration de peau. De plus, les évolutions des matériaux à
base de CEM V/A se distinguent l’un de l’autre dès lors que la déformation de retrait est
supérieure à environ 300 µm/m. Ceci est révélateur de l’influence du rapport E/C, qui amène
un décalage dans la cinétique de dessiccation et dans les amplitudes de retrait.
d) Evolutions à 80°C
162
100
0
-1.0 -0.9 -0.8 -0.7 -0.6 -0.5 -0.4 -0.3 -0.2 -0.1 0.0
-100
-200
retrait de dessiccation [µm/m]
-300
-400
CEM I 80°C
-500 CEM V 80°C
CEM V* 80°C
-600
80°C -700
CEM I 1143
-800
CEM V 1665
-900
CEM V* 1579
-1000
Pente [µm/m.%] de la partie
linéaire
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
-1100
variation de masse relative
Fig. 3. 65 : Relation perte de masse relative et retrait de dessiccation des matériaux à 80°C
A 80°C, la comparaison avec la nature du ciment (CEM I ou CEM V/A) recoupe celles des
autres températures. Les matériaux à base de CEM V/A sont moins sensibles à la
microfissuration de peau, comme le montre leur plus faible phase dormante. En revanche, ils
présentent plus de microfissuration autour des granulats induite par la dessiccation, ce que
prouve la dernière phase de la courbe qui est plus importante que celle du CEM I.
Enfin, nous pouvons également confirmer, des trois figures précédentes, que l’influence de la
température est équivalente pour tous les matériaux. En effet, la proportion entre les pentes
des parties linéaires entre 20°C et 50°C est environ d’1,5 fois, pour tous les matériaux et se
réduit entre 20°C et 80°C (entre 1 et 0,8). Ces valeurs nous confortent dans l’idée qu’à 80°C,
des mécanismes supplémentaires sont activés.
Pour rendre compte des changements de microstructure des matériaux, il faut tout d’abord
s’assurer qu’aucune évolution de la microstructure due à la poursuite de l’hydratation
n’intervienne. Ainsi, les matériaux ont été conservés sous eau dans un bain thermostaté à
20°C durant six mois, avant d’être soumis à la dessiccation. L’évolution des prises de masses
a montré le lien entre la porosité des matériaux et l’écoulement d’eau liquide. Le CEM I, qui a
la plus petite porosité (8,1% après un séchage à 60°C, 11,9% et 14,1% respectivement pour le
163
CEM V et le CEM V* (tableau 3.1 au paragraphe I.1)), est le matériau qui reprend le moins
d’eau, suivi du CEM V, lui-même de reprise de masse inférieure au CEM V*. De plus malgré
l’apport d’eau « continu », les matériaux présentent un retrait, attribué à l’autodessiccation. La
formation progressive de la microstructure, due à la poursuite de l’hydratation, amène un
réseau poreux dans lequel l’eau s’écoule de plus en plus difficilement et des ménisques se
forment. Cela conduit à l’apparition d’une dépression capillaire dans la microstructure du
matériau, qui oblige la matrice solide à se contracter localement. Enfin, les évolutions de
pertes de masses et de retraits montrent une stabilisation au-delà de 120 jours, confirmant
qu’une éventuelle évolution de la microstructure par poursuite de l’hydratation est « écartée ».
105°C, généralement utilisé. Notre référence d’état sec (60°C) a été validée par une
discussion prouvant que les tendances des isothermes se retrouvent dans d’autres
études.
• le fluage thermique à l’échelle des CSH : les évolutions des pertes de masses et de
retrait ont montré qu’un mécanisme de fluage thermique s’enclenche une fois que la
saturation des matériaux est homogène. Dès lors que la dépression capillaire n’induit
plus de perte de masse, le retrait des matériaux se poursuit, confirmant un
réarrangement des CSH sous l’effet de la température.
164
prépondérant ; tandis que les bétons à CEM V/A perdent plus d’eau quand le front de
séchage atteint la porosité des hydrates. En outre, l’augmentation du rapport E/C du
CEM V* conduit à un volume poreux et une quantité d’eau libre plus importants que
dans le CEM V, ce qui accroît les pertes de masse du CEM V*. En termes de retraits,
le principal paramètre microstructural est la distribution de porosité qui conditionne la
pression capillaire. L’effet de la dépression capillaire est plus fort dans la
microstructure des bétons CEM V/A, qui présentent une distribution de porosité plus
fine que le CEM I, conduisant à des retraits plus importants que celui du CEM I. Par
ailleurs, l’évolution des retraits en fonction des pertes de masse a mis en évidence que
la microfissuration induite par la dessiccation dans la microstructure du CEM I est
principalement de la microfissuration de peau ; alors que les bétons à base de CEM
V/A développent plutôt de la microfissuration autour des inclusions rigides.
Les mécanismes mis en jeu par la dessiccation de matériaux cimentaires sont donc
conditionnés par la température, qui induit du fluage à long terme des CSH. De plus, les effets
de structure induits par la dessiccation sont également dépendants de la microstructure des
matériaux.
L’objectif de ce chapitre est de montrer comment l’état de contrainte à court et à long terme
peut activer l’un ou l’autre de ces mécanismes. Pour rappel, dans ce travail le comportement à
court terme est étudié par divers essais ponctuels et à long terme, c’est l’essai de fluage sous
dessiccation qui est considéré. Ces données sont essentielles pour le modélisateur qui doit
injecter, dans ses modélisations, la physique pertinente pour rendre compte des phénomènes
liés aux couplages hydro-mécaniques. Notons par ailleurs que tous les essais présentés dans la
suite ont été réalisés à une température de 20°C. Des essais complémentaires réalisés
ultérieurement permettront d’identifier les évolutions des propriétés mécaniques à 50°C et
80°C.
Les essais mécaniques à court terme sont effectués en fonction de quatre états de saturation
(saturé, Sw=0,6 et Sw=0,8 et sec). Après une maturation de six mois sous eau dans un bain
thermostaté à 20°C, les matériaux sont considérés comme matures et saturés. Excepté les
éprouvettes qui doivent conserver cet état saturé, les échantillons sont soumis à une
dessiccation, pour obtenir la saturation en eau visée. Les échantillons représentant l’état sec
sont séchés jusqu’à poids constant dans une étuve à 60°C, alors que les états de saturation
intermédiaires sont obtenus sous dessiccation contrôlée dans l’enceinte climatique à 20°C. Le
165
suivi régulier des variations de masse des échantillons, ainsi que la construction des
isothermes des matériaux avec l’analyse de la désaturation, permet de s’assurer des états de
saturation de chacun d’eux. Le détail de la méthodologie suivie dans ce chapitre est présenté
au paragraphe II.2 de la Partie 2. L’étude du comportement à court terme, présentée ici,
concerne uniquement les matériaux CEM I et CEM V, sous sollicitations de compression et
de traction. Le tableau 3.6 résume les conditions des essais étudiés dans l’analyse à court
terme.
Nombre d’échantillons
pour chaque état de Vitesse de
Echantillons Observations
saturation et la presse
chaque matériau
Cylindres (Ф=37,5
2 2 µm/s jauges
Compression mm ; H=75 mm)
Simple Prismes (4*4*16)
6 500 µm/s
cm3
Compression Cylindres (Ф=37,5 Pconf =5 MPa
2 2 µm/s
Triaxiale mm ; H=75 mm) jauges
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
La compression uniaxiale a été réalisée avec des cycles de chargement/déchargement sur des
éprouvettes cylindriques (Ф= 37,5 mm et H=75 mm), munies de jauges d’extensométrie. Il
faut préciser que les essais de compression réalisés présentaient l’effet de frettage, expliqué au
paragraphe IV.2 de la Partie 2, puisque après la rupture de l’échantillon il ne restait plus que
deux cônes de matériau (figure 3.66). Nous rappelons que cela ne remet pas en cause nos
résultats, puisque le même protocole d’essai est reconnu dans la littérature et il a été suivi
pour chacun des échantillons. Notre principal objectif est de comparer les bétons de référence
de l’Andra entre eux.
166
Cône de
rupture
à 45°
Rotule
placée sur
éprouvette
pendant essai
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 3. 66 : Cône de rupture d’une éprouvette de CEM V après l’essai de compression uniaxiale
4000
3000
2000
déformations en µm/m
jauge 2 longi
0
00:00 07:12 14:24 21:36 28:48 36:00 moyenne jauge
longi
-1000 jauge 1 transv
jauge 2 transv
-2000
moyenne jauge
transv
-3000
-4000
temps en minutes:secondes
Fig. 3. 67 : Evolution des déformations dans le temps (1 éprouvette CEM V état sec) en compression
uniaxiale
Lors de l’essai, les déformations sont enregistrées (figure 3.67), ainsi que la force appliquée
par la presse. Les valeurs moyennes des jauges permettent de construire la courbe de
comportement de l’échantillon comme le montre la figure 3.68 où est présentée l’évolution de
la contrainte axiale appliquée en fonction des déformations axiale et radiale d’une éprouvette
167
du CEM V à l’état sec. Les contraintes et déformations en compression sont présentées en
valeurs positives. L’annexe 7 regroupe toutes les courbes de comportement de l’étude, en
compression uniaxiale sur cylindres.
100
90
80
70
contrainte en MPa
60
50
40
30
20
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
10
0
-3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000
def en µdef
Fig. 3. 68 : Courbe contrainte axiale en fonction des déformations axiale et radiale d’une éprouvette de
CEM V (état sec) en compression uniaxiale avec cycles de charge/décharge
Les courbes charge/décharge faites dans la phase élastique présentent une hystérésis faible
traduisant bien le fait que la viscosité du matériau est très faible à l’état sec. En effet, ces
hystérésis sont caractéristiques d’une dissipation d’énergie dans le matériau. Ici, cette
dissipation ne peut se faire que sous forme visqueuse. Lors de la décharge, une légère
décharge élastique de la presse se produit dans l’échantillon, faisant augmenter la vitesse de
déplacement de manière importante durant un faible instant. Cet effet, qu’il est difficile
d’éviter sauf à avoir une rigidité de la machine la plus élevée possible, implique une variation
de vitesse qui se traduit souvent par une hystérésis plus ou moins marquée en fonction de la
teneur en eau des matériaux cimentaires. A titre de comparaison, la figure 3.69 présente la
courbe de comportement du CEM V d’une éprouvette à l’état saturé et une à l’état sec.
168
100
90
80
70
contrainte en MPa
60
CEM V SEC
50
CEM V SATURE
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 3. 69 : Courbe contrainte axiale en fonction des déformations axiale et radiale d’une éprouvette de
CEM V en compression uniaxiale avec cycles de charge/décharge, à l’état saturé et sec
L’influence de la saturation en eau est visible sur les courbes de comportement : pour une
même contrainte imposée, les déformations de l’éprouvette à l’état sec est supérieure à celle
de l’état saturé. En outre, la phase élastique est identique pour les deux états de saturation,
cependant les boucles d’hystérésis sont moins marquées à l’état saturé, confirmant que la part
visqueuse de la phase solide est moins mise à contribution à l’état saturé. La résistance
obtenue en compression uniaxiale à l’état saturé est supérieure (81 MPa) à celle de l’état sec
(75 MPa). Le fluage des CSH et la microfissuration induits par la dessiccation peuvent
expliquer la diminution de la résistance à l’état sec.
Par ailleurs, la compression uniaxiale a été réalisée sur les bétons CEM I et CEM V. La figure
3.70 suivante montre les courbes de comportement de chacun des matériaux à l’état sec (1
éprouvette par matériau).
169
100
90
80
70
contrainte en MPa
60
CEM I
50
CEM V
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 3. 70 : Courbe contrainte axiale en fonction des déformations axiale et radiale d’une éprouvette de
CEM V et d’une éprouvette de CEM I (état sec) en compression uniaxiale avec cycles de charge/décharge
Les boucles d’hystérésis des CEM I et CEM V sont similaires, ce qui montre que les
matériaux présentent la même déformation visqueuse en compression uniaxiale. Les phases
élastiques des matériaux atteignent environ les mêmes amplitudes de contraintes (55 MPa),
cependant la phase plastique du CEM I est plus importante que celle du CEM V. Ceci
s’explique par la rigidité du CEM I plus importante que celle du CEM V et conduit à une
résistance plus élevée pour le CEM I à l’état sec.
La compression uniaxiale a également été étudiée sur des prismes. Les échantillons sont testés
après l’essai de traction par flexion sur prisme (4*4*16) cm3. Les prismes sont comprimés
dans un bâti sollicitant une section de (4*4) cm2. Au cours de l’essai, l’acquisition des
données de la presse permet l’enregistrement de la force et du déplacement de la traverse,
données utiles à la construction de la courbe d’effort-déplacement (figure 3.71). L’ensemble
des courbes de comportement de compression sur prismes est présenté dans l’annexe 8.
Notons que la vitesse de sollicitation utilisée est très importante, et celle-ci peut conduire à
des effets dynamiques non négligeables et une rupture brutale des échantillons (figure 3.68),
en particulier une augmentation de la résistance apparente du matériau [Burlion 97]. Encore
une fois, nous nous intéressons ici à comprendre l’évolution du comportement mécanique du
matériau en fonction de l’état de saturation : les comparaisons faites seront toujours objectives
car les protocoles utilisés sont toujours les mêmes sur des matériaux matures.
170
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 3. 72 : Courbe effort-déplacement d’un prisme de CEM V (état sec) en compression uniaxiale
La compression triaxiale sous faible confinement (5 MPa) a pour objet de faire évoluer le
trajet de chargement des échantillons depuis la compression simple vers une sollicitation où
171
l’effet de microfissuration sera moindre, afin de mieux mettre en évidence l’effet de la
pression capillaire sur le comportement des bétons. Par ailleurs, les sollicitations appliquées
aux ouvrages de stockage seront souvent multiaxiales. Il convient donc d’avoir une idée
précise de l’évolution des propriétés mécaniques des bétons sous ce type de sollicitation.
L’analyse de la compression triaxiale est effectuée sur des éprouvettes cylindriques de mêmes
dimensions que celles de la compression uniaxiale. A la fin de l’essai, l’échantillon montre
une macrofissure le traversant, comme l’illustre la figure 3.73. Ce type de fissuration est
caractéristique du comportement triaxial des bétons [Van Mier 84].
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
172
5000
4000
3000
0 moyenne jauge
00:00 07:12 14:24 21:36 28:48 36:00 43:12 50:24 longi
-1000 jauge 1 transv
-4000
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
-5000
temps en minute:seconde
Fig. 3. 74 : Evolution des déformations dans le temps (1 éprouvette CEM V état sec) en compression
triaxiale
Tout comme en compression uniaxiale, les éprouvettes sont munies de jauges d’extensométrie
qui permettent de suivre les déformations du matériau durant l’essai (figure 3.74). L’évolution
de la moyenne des jauges longitudinales et transversales dans le temps permet de déterminer
les déformations du matériau en fonction de la contrainte appliquée. L’annexe 9 rassemble
toutes les courbes de comportement de la compression triaxiale à 5 MPa.
140
120
100
contrainte en MPa
80
60
40
20
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
Fig. 3. 75 : Courbe de contrainte axiale en fonction des déformations axiale et radiale d’une éprouvette de
CEM V (état sec) en compression triaxiale (5 MPa) avec cycles de charge/décharge
173
La figure 3.75 présente l’évolution de la contrainte axiale appliquée sur l’échantillon en
fonction des déformations axiale et radiale, d’un béton CEM V à l’état sec. On constate que la
pression de confinement augmente de manière significative la résistance au pic du matériau :
elle passe de 75 en compression simple à 135 MPa. L’augmentation de la pression de
confinement conduit à réduire les déformations latérales possibles de l’échantillon, ce qui
rend la microfissuration du matériau plus difficile. La zone élastique du matériau s’étend au
délà de 100 MPa. La zone de non linéarité est moins prononcée et la rupture est plus fragile.
Encore une fois ce comportement est classique d’un comportement de BHP.
Comme en compression uniaxiale, les essais ont été éffectués en fonction de l’état de
saturation des matériaux. La figure 3.76 présente le comportement du CEM V à l’état sec et
saturé (1 éprouvette).
140
120
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
100
contrainte en MPa
80 CEM V SEC
CEM V SATURE
60
40
20
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
Fig. 3. 76 : Courbe contrainte axiale en fonction des déformations axiale et radiale d’une éprouvette de
CEM V en compression triaxiale avec cycles de charge/décharge, à l’état saturé et sec
Les évolutions du CEM V aux états sec et saturé sont similaires durant la phase élastique et
présentent les mêmes boucles d’hystérésis. La résistance à l’état sec, plus élevée qu’à l’état
saturée, s’explique par l’effet de la pression capillaire, qui a induit une contraction interne de
la matrice solide en son cœur et a permis ainsi d’augmenter la résistance.
Enfin, la compression triaxiale a été étudiée sur le CEM V et le CEM I, dont la figure 3.77
suivante montre leur comportement respectif (1 éprouvette à l’état sec pour chaque matériau)
174
140
120
100
contrainte en MPa
80 CEM I
CEM V
60
40
20
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
Fig. 3. 77 : Courbe contrainte axiale en fonction des déformations axiale et radiale d’une éprouvette de
CEM V et d’une éprouvette de CEM I (état sec) en compression triaxiale avec cycles de charge/décharge
Les évolutions du CEM I et du CEM V présentent la même phase élastique jusqu’à 100 MPa.
Cependant les boucles d’hystérésis sont plus marquées dans le cas du CEM V, ce qui laisse
supposer que ce matériau dissipe plus d’énergie que le CEM I en conditions de compression
triaxiale à l’état sec. La résistance est reliée à la porosité, qui est plus importante pour le CEM
V et conduit ainsi à une résistance plus élevée que celle du CEM I.
La figure 3.78 présente les courbes de comportement obtenues pour le CEM V à l’état sec,
pour une éprouvette soumise à la compression uniaxiale et une autre en triaxiale.
175
140
120
100
contrainte en MPa
compression
80 triaxiale
compression
60 uniaxiale
40
20
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
Fig. 3. 78 : Courbe contrainte axiale en fonction des déformations axiale et radiale du CEM V (état sec) en
compression uniaxiale ou triaxiale (1 éprouvette dans chaque cas)
Pour un même matériau, si l’on compare les essais en compression simple et en triaxiale, on
note une augmentation à la fois de la résistance au pic et de l’importance des hystérésis
(figures 3.77 et 3.78). Les cycles de charge/décharge apparaissent plus « développés » en
compression triaxiale, les boucles d’hystérésis présentent une évolution plus importante dans
le cas des essais triaxiaux. Le confinement imposé en compression triaxiale (5 MPa) a permis
de retenir la propagation de la microfissuration, augmentant ainsi la résistance déviatorique et
la raideur du matériau. On remarque d’ailleurs que la rupture de l’échantillon est différente
dans le cas uniaxial ou triaxial. En compression uniaxiale, la propagation de la
microfissuration est un effet désavantageux qui accélère la rupture. Les différences
d’hystérésis entre les deux cas sont également attribuées au confinement du matériau durant
l’essai triaxial. Excepté pour l’état sec, la mise en charge du matériau met en pression son
liquide interstitiel dans le réseau poreux et inversement lors de la décharge, le fluide se
« relache » en se répartissant dans la porosité. Ainsi, plus le liquide est visqueux, plus ces
mouvements sont lents et plus la boucle d’hystérésis entre la charge et la décharge est
marquée. En compression triaxiale, cet effet de mise en pression du liquide interstitiel est
accentué par le confinement, par rapport au cas uniaxial.
Dans ce qui suit, l’analyse du comportement à court terme en compression renvoie donc aux
essais uniaxiaux réalisés sur des éprouvettes cylindriques et des prismes. De plus, une
comparaison entre le chargement uniaxial et triaxial est présentée. Enfin, les évolutions des
coefficients élastiques en fonction de l’état de saturation sont également étudiées.
176
III.1.1.1 Evolution de la résistance uniaxiale en fonction de la
forme des échantillons
Les essais de compression uniaxiale ont été effectués sur des cylindres de diamètre égal à
37,5 mm et d’élancement de 2, mais également sur des prismes. Pour mémoire, les détails des
protocoles d’essais sont présentés dans la Partie 2, aux paragraphes IV.2 et IV.3. Notons tout
de suite que la littérature, ainsi que la norme utilisée pour les essais de compression simple,
[norme EN 196-1] indiquent que les résistances obtenues sur éprouvettes cubiques sont
systématiquement supérieures à celles obtenues sur cylindres (d’environ 20%), à cause du
faible élancement des cubes par rapport aux échantillons cylindriques. Ce faible élancement
induit une zone influencée par le frettage dans la quasi-totalité de l’éprouvette, ce qui
augmente artificiellement les résistances. En revanche, pour des cylindres d’élancement 2, la
zone centrale est sollicitée uniquement en compression uniaxiale, ce qui rend la valeur de
résistance mesurée plus en accord avec la valeur réelle. Les essais de compression présentés
dans la suite ont donc été menés suivant le même protocole, pour des échantillons matures,
dont seul le degré de saturation en eau évolue depuis l’état saturé jusque l’état sec à 60°C.
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Les figures 3.79 et 3.80 représentent les évolutions des résistances uniaxiales en fonction de
l’état de saturation et du type d’échantillons, respectivement pour le CEM I et le CEM V. Ces
valeurs sont issues de l’analyse de l’ensemble des résultats obtenus sur chaque matériau en
compression uniaxiale.
90
85
80
75
+19% +14%
fc en MPa
CEM I CYLINDRES
70
CEM I PRISMES
65
+10% +16%
60
55
50
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
Tout d’abord, nous constatons que la résistance, obtenue sur nos échantillons cylindriques à
l’état sec, est équivalente à la valeur de référence à trois mois, connue avant l’étude et
177
présentée dans le tableau 2.2 de la Partie 2 (65 MPa). Ceci nous conforte sur l’hypothèse de la
stabilisation de la microstructure après six mois de maturation sous eau. Comme attendu, les
résistances obtenues sur prismes sont supérieures à celles des cylindres, d’environ 19% à
l’état sec et de 16% à l’état saturé.
90
85
80
+5%
fc en MPa
75
+2% CEM V CYLINDRES
CEM V PRISMES
-2%
70
65
60
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
178
compacte que celles des échantillons âgés de trois mois, conduisant à des résistances plus
fortes.
Les résistances des éprouvettes cylindriques sont légèrement supérieures à celles des prismes
(à l’état saturé, la résistance des cylindres est supérieure à celle des prismes de 2% et la
tendance s’inverse à l’état sec où la résistance des prismes est supérieure à celle des cylindres
de 5%). Bien que l’évolution semble globalement inchangée, elle présente une très faible
diminution (-2%) avec les éprouvettes cylindriques, entre l’état saturé et l’état sec. Une des
causes possibles est l’apparition de microfissuration, causée par le conditionnement du
matériau en séchage (dessiccation contrôlée pour l’état Sw=0,8 et séchage jusqu’à poids
constant à l’état sec). En comparaison avec le CEM I, les phénomènes physiques sont les
mêmes (compétition entre microfissuration et pression capillaire), en revanche, la matrice
cimentaire du CEM V est plus sensible à la microfissuration induite par la dessiccation
(paragraphe II.3) : quand celle-ci reste faible pour des saturations supérieure à 0,7, la pression
capillaire joue effectivement son rôle bénéfique. Au dessous de cette valeur, la pression
capillaire ne compense plus l’effet de microfissuration, ce qui tend à réduire la résistance. Ce
type de résultats a été déjà mis en évidence sur des mortiers normaux ayant des E/C différents
[Yurtdas 04] : le matériau ayant le plus fort E/C, c'est-à-dire la matrice la plus faible en
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
traction, présente d’abord une augmentation de la résistance avec la désaturation puis une
diminution ensuite ; le matériau ayant le plus faible E/C présente une croissance monotone de
la résistance avec le séchage. Une seconde hypothèse peut également être avancée : le fluage
des CSH, induit également par la dessiccation, peut amener un réarrangement de la
microstructure qui affecte la résistance et conduit à la diminution de la résistance avec la
dessiccation. Il est difficile à l’heure actuelle de quantifier l’un ou l’autre de ces effets de la
dessiccation endommageant la résistance.
Les figures 3.81 et 3.82 présentent les évolutions des résistances en compression uniaxiale
(notation CS) et triaxiale (notation CT) des matériaux en fonction de l’état de saturation
respectivement pour le CEMI et le CEMV.
179
140
130
120
110
+28%
fc en MPa
100
CEM I CS
CEM I CT
90
80
70
+10%
60
50
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
180
140
130
+8%
120
110
-24%
fc en MPa
100
CEM V CS
CEM V CT
90
80
-2%
70
60
50
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
Les évolutions des résistances du CEM V, présentées figure 3.82, sont différentes selon le
type de chargement. La très faible diminution, entre l’état saturé et l’état sec en compression
simple (-2%), semble montrer qu’il y a compensation entre l’effet de la pression capillaire et
l’effet de microfissuration sur les résistances mécaniques uniaxiales de ce type de matériaux.
Cependant, en compression triaxiale, l’augmentation de la résistance de 8 %, entre l’état sec et
l’état saturé met en évidence l’influence de la pression capillaire : à l’état sec, son effet est
important car la vidange des pores a atteint la microporosité, très importante dans ce matériau.
La diminution de 24 % lors du début de la désaturation (Sw=0,8) est différent par rapport à
l’ensemble des autres évolutions, et peut être attribuée à plusieurs phénomènes : une
fissuration importante des échantillons en cours de dessiccation, une variabilité importante
des résistances des échantillons, une résistance surestimée à l’état saturé. Il convient donc de
prendre avec précautions cette évolution qui n’est pas en accord avec le reste de l’étude ni
avec la littérature.
La figure 3.83 présente les évolutions des résistances des matériaux en compression uniaxiale
en fonction du degré de saturation et la figure 3.84 montre ces mêmes évolutions, mais
normalisées par rapport à la résistance moyenne à l’état saturé, ce qui permet de positionner
graphiquement les matériaux en termes de gain/perte de résistance avec la dessiccation.
a) Compression uniaxiale :
181
90
85
résistance en compression fc en MPa
80
75
CEM I
70
CEM V
65
60
55
50
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
1.3
résistance relative fc/fcsat
1.2
CEM I
1.1
CEM V
1.0
0.9
0.8
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
Bien que le CEM V soit globalement plus résistant que le CEM I (figure 3.83), la dessiccation
apparaît plus bénéfique pour le CEM I (figure 3.84). Nous avons vu, au paragraphe II.2, que
le CEM V est plus sensible au séchage, en termes de retrait de dessiccation. Le CEM I,
malgré une résistance plus faible, bénéficie de l’influence de la pression capillaire avec la
dessiccation du matériau, avec un risque de microfissuration qui semble plus faible, une
182
perméabilité plus forte et des déformations différées également plus faibles. Le CEM V
semble lui plus insensible aux effets de la dessiccation en terme de résistance, il possède une
perméabilité plus faible mais présente des déformations différées plus importantes. La
microfissuration développée et/ou le fluage des CSH, induits par la dessiccation, conduisent à
un plus faible gain de résistance avec la dessiccation pour le CEM V.
b) Compression triaxiale :
La même analyse est effectuée en compression triaxiale à l’aide des figures 3.85 et 3.86,
illustrant l’évolution des résistances déviatoriques du CEM I et du CEMV en fonction de la
saturation en eau, respectivement absolues et relatives aux résistances à l’état saturé.
140
130
résistance en compression fct en MPa
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
120
CEM I
110
CEM V
100
90
80
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
183
1.4
1.3
1.2
résistance relative fc/fcsat
1.1
CEM I
CEM V
1.0
0.9
0.8
0.7
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
184
45
40
35
30
contrainte en MPa
Ei
25
20
15
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 3. 87 : Zoom de la courbe de comportement d’une éprouvette de CEM V (état sec) en compression
triaxiale (5 MPa) pour la détermination des coefficients élastiques
La méthode, schématisée figure 3.87, permet d’estimer les pentes des droites du dernier cycle
de chargement (noté i). Ainsi, la pente des déformations longitudinales du cycle i donne le
module de Young E ; le coefficient de Poisson se calcule par l’équation (27) à l’aide des
pentes des déformations longitudinales et transversales du même cycle. L’évolution des
coefficients élastiques avec l’état de saturation est effectuée sur les valeurs initiales (E0 et υ0)
du premier cycle de charge/décharge considéré (figure 3.87, contrainte allant de 10 MPa à 20
MPa). Notons qu’un cycle initial, dont la contrainte atteinte est de 10 MPa, est répété 3 fois
selon les recommandations du LCPC pour une bonne mise en place du matériau [Boulay 99 ;
Toutlemonde 99 ; Torrenti 99]. Le cycle considéré alors pour le calcul de E0 et υ0 est le
cycle suivant à ces trois cycles. L’analyse de l’évolution de ces paramètres élastiques en
fonction de l’état de saturation est présentée selon le type de chargement pour comparer les
matériaux sous mêmes conditions.
a) Compression uniaxiale
Les figures 3.88 et 3.89 présentent les évolutions du module de Young initial E0 et du
coefficient de Poisson initial υ0 des matériaux soumis à la compression uniaxiale, en fonction
de l’état de saturation.
185
60
50
-21%
40
-26% CEM I
compression
E0 en GPa
uniaxiale
30
20
CEM V
compression
uniaxiale
10
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
Fig. 3. 88 : Variations des modules de Young initiaux E0 du CEM V et CEM I obtenus en compression
uniaxiale en fonction de l’état de saturation
Tout d’abord, les résultats aux états saturés et secs rejoignent les mesures du module
d’incompressibilité présentées dans le paragraphe I.3 : le CEM V apparait plus souple que le
CEM I, ce qui le conduit en particulier à avoir des déformations de retrait plus importantes
que le CEM I. Les évolutions du module de Young du CEM I et du CEM V se décomposent
en deux parties : depuis l’état saturé, les modules restent quasiment constants jusqu’aux états
de saturation intermédiaires testés (Sw= 0,6 pour le CEM I et Sw= 0,8 pour le CEM V), suivie
d’une diminution jusqu’à la valeur de E0 à l’état sec. Ces deux parties illustrent encore une
fois la compétition existante entre les effets de la dessiccation (pression capillaire et
microfissuration). Tant que l’augmentation de la pression capillaire compense l’augmentation
de la microfissuration, son module ne s’en trouve pas affecté. En revanche, une fois que la
microfissuration, induite par les gradients hydriques et l’effet des inclusions rigides, devient
trop importante, la raideur du matériau diminue de plus de 20 %. Les baisses des matériaux
sont équivalentes, cependant le CEM V présente toujours des modules de Young inférieurs à
ceux du CEM I. Ceci confirme encore une fois que la dessiccation l’affecte plus, par rapport
au CEM I. La microfissuration doit donc être plus importante dans la microstructure du CEM
V, malgré une valeur de résistance plus forte.
186
0.40
0.35
-16%
0.30
0.25 CEM I
compression
v0 en GPa
uniaxiale
0.20
-20%
0.15
CEM V
compression
0.10 uniaxiale
0.05
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0.00
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
Fig. 3. 89 : Variations des coefficients de Poisson initiaux υ0 du CEM V et CEM I obtenus en compression
uniaxiale en fonction de l’état de saturation
b) Compression triaxiale
Les variations du module de Young initial et du coefficient de Poisson initial des matériaux
soumis à une compression déviatorique, en fonction de l’état de saturation sont présentées
respectivement figures 3.90 et 3.91. Il faut avant tout noter que certains états de saturation ne
sont pas représentés, à cause d’un défaut de capteurs.
187
60
50
+14%
40
CEM I
+45% compression
E0 en GPa
déviatorique
30 +9%
20 CEM V
compression
déviatorique
10
0
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0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
188
0.40
0.35
0.30
0.25 CEM I
compression
v0 en GPa
déviatorique
-14%
0.20
0.15
CEM V
compression
0.10 déviatorique
0.05
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0.00
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
189
L’essai de traction par fendage est effectué sur des cylindres, de 37,5 mm de diamètre et de
hauteur égale 75 mm, placés diamétralement entre deux bandes en bois, au centre de la presse,
dont la vitesse utilisée est de 200 N/s [norme NF EN 12390-6]. On notera que la vitesse de
sollicitation est élevée, conduisant sans doute à des effets dynamiques. La figure 3.92 montre
l’éprouvette après rupture, à la fin de l’essai de traction par fendage : la courbe effort-
déplacement obtenue avec ce type d’essai est donnée par la figure 3.93 (annexe 10).
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Fig. 3. 92 : Rupture d’une éprouvette de CEM V (état saturé) après l’essai de traction par fendage
10
7
effort en MPa
0
0 1 2 3 4 5 6 7
déplacement en mm
Fig. 3. 93 : Courbe effort-déplacement d’une éprouvette de CEM V (état sec) en traction par fendage
190
Les résistances obtenues ont toutes des valeurs supérieures à 6 MPa, ce qui est supérieur aux
valeurs antérieures à notre étude et qui sont reportées dans le tableau 2.2 de la Partie 2. De
plus, les échantillons présentaient parfois trois morceaux après rupture, au lieu de deux. Nous
pensons alors que ces essais de traction par fendage ont été fortement influencés par la vitesse
de sollicitation choisie. Il se peut également que les bandes en bois n’étaient pas aux bonnes
dimensions (b= 9 mm ; d= 3 mm) pour des échantillons de diamètre égale à 37,5 mm et de
hauteur de 75 mm. Cependant, puisque le même protocole fut suivi pour tous les échantillons,
la comparaison en fonction de l’état de saturation est possible.
La traction par flexion est effectué sur des prismes (4*4*16) cm3, placés dans un bâti de
flexion. La presse, évoluant à une vitesse de 10 N/s [norme NF EN 12390-5], exerce un
effort sur la face supérieure des échantillons. La rupture s’initie en face inférieure simplement
posés sur deux appuis. La figure 3.94 illustre un échantillon de CEM V après rupture et la
courbe effort-déplacement est présentée figure 3.95 (annexe 11). L’idée est de créer un
moment dans la poutre, donc de solliciter la fibre inférieure en traction, la fibre supérieure
étant comprimée. Les conditions aux limites utilisées sont de type appuis à rouleaux aux
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Fig. 3. 94 : Faciès de rupture d’un prisme de CEM V (état Sw=0,8) après l’essai de traction par flexion
191
12
11
10
8
effort en MPa
0
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0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 3. 95 : Courbe effort-déplacement d’un prisme de CEM V (état sec) en traction par flexion
L’analyse qui suit concerne tout d’abord les différents matériaux sous un même chargement
puis une comparaison des évolutions de chacun des matériaux en fonction du chargement est
présentée.
192
12
+12%
10
8
+4% +38%
+31%
ft en MPa
CEM I
6
CEM V
0
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0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
193
14
+6%
12
10
8
ft en MPa
0
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0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
194
macroscopiquement par une faible variation de résistance du CEM V, certainement influencée
par le fluage à l’échelle des CSH.
Traction
par
Pcap Contrainte
en MPa
fendage
Traction
par
Pcap Contrainte
en MPa
flexion
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Fig. 3. 98 : Illustration de la répartition des contraintes dans l’éprouvette pendant les essais de traction
Lors d’un essai de traction par flexion, au contraire de l’essai brésilien, la sollicitation de
traction maximale se situe en fibre inférieure de l’échantillon (Fig. 3.98 en bas), et va donc
conduire à solliciter au maximum une partie du matériau sévèrement microfissuré par le
processus de dessiccation. On constate donc une prédominance du processus de la
microfissuration sur le processus de rupture, et donc une décroissance de la résistance en
traction par flexion (figure 3.97)
Les figures 3.99 et 3.100 montrent les résistances relatives de traction par fendage et traction
par flexion, respectivement pour le CEM I et le CEM V. Ces résistances sont normalisées par
rapport à la résistance moyenne à l’état saturé. Ces courbes traduisent ce qui a été dit plus
haut, et montrent l’importance relative des deux processus principaux sur l’évolution des
résistances des matériaux.
195
1.6
1.5
résistance en traction relative ft/ftsat
1.4
1.3
CEM I traction
1.2 par fendage
1.1
CEM I traction
1.0 par flexion
0.9
0.8
0.7
0.6
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0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
1.2
1.1
résistance en traction relative ft/ftsat
0.9
CEM V traction
par flexion
0.8
0.7
0.6
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
saturation en eau Sw
Fig. 3. 100 : Variations de la résistance en traction du CEM V en fonction de l’état de saturation et du type
de chargement imposé
196
III.2 Comportement à long terme : le fluage de dessiccation
Après avoir examiné l’effet des contraintes mécaniques sur le comportement des bétons CEM
I et CEM V en statique, il convient également de s’intéresser au comportement sous
contrainte constante. Les essais de fluage sont effectués sur les trois matériaux de l’étude avec
des échantillons cylindriques de diamètre égal à 37,5 mm et de 120 mm de hauteur. Le fluage
propre est mesuré sur deux éprouvettes (par matériaux) protégées de la dessiccation par trois
couches d’aluminium autocollant, tandis que le fluage de dessiccation est estimé à partir de
deux échantillons soumis au séchage. La contrainte imposée est de 30 MPa, correspondant à
environ la moitié de la contrainte de rupture moyenne des matériaux. Le détail du protocole
est présenté au paragraphe IV.3 de la Partie 2. Rappelons que les essais se font en ambiance
contrôlée à 20°C et 40 % d’humidité relative.
Classiquement, l’analyse du fluage est en partie basée sur l’hypothèse de découplage des
déformations de retrait et de fluage, autorisant ainsi la soustraction du retrait correspondant
au fluage concerné. Compte-tenu de ce que nous avons montré précédemment, ce découplage
peut être remis en question et nous ne présenterons ici que les valeurs « brutes » obtenues
sous sollicitation de fluage, à savoir le fluage propre et le fluage total.
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CEM V* en conditions de
dessiccation
2000
1500
1000
500
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
temps en jours
Fig. 3. 101 : Déformations de fluage en conditions endogènes et de dessiccation (HR=40%) des matériaux
La figure 3.101 présente l’évolution des déformations de fluage pour les trois matériaux en
fonctions du temps. Les déformations de fluage propre sont notée « en conditions endogènes »
et les déformations de fluage de dessiccation « en conditions de dessiccation ». Notons que
pour le fluage propre du CEM V* après 300 jours, une dessiccation additionnelle a
certainement eu lieu (changement notoire de régime dans les déformations). Par conséquent,
nous ne considérons que les mesures de fluage propre du CEM V* qu’avant 300 jours.
197
Le fluage propre se différentie par un comportement distinct à court terme et à long terme. Le
fluage propre à court terme dure moins de 25 jours. La comparaison des matériaux sous
fluage propre à court terme montre que les bétons à base de ciment CEM V/A fluent environ
deux fois moins que le CEM I. La microstructure des CEM I, présentant une proportion plus
importante de pores capillaires et ayant une perméabilité supérieure au CEM V, favorise le
transport d’eau et autorise des déformations immédiates en rapport avec le volume poreux
disponible (agissant, mécaniquement parlant, comme un degré de liberté dans la matrice),
sous l’effet de l’humidité relative imposée. A long terme, les déformations de fluage propre
du CEM I sont toujours supérieures à celles des bétons à base de CEM V/A. Cette répartition
a déjà été rapportée par G. Camps [Camps 08].
Les résultats de fluage de dessiccation, que l’on peut déduire des déformations de fluage total
présentées figure 3.101, mettent en évidence l’effet Pickett. Les déformations de fluage de
dessiccation sont supérieures à la somme du fluage propre et du retrait de dessiccation. Durant
la dessiccation, des déformations, dont l’origine n’est pas encore complètement comprise
aujourd’hui, se surajoutent aux déformations de fluage propre et de retrait. La pression
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L’analyse du fluage total (ou de dessiccation) peut se partager en deux parties et les résultats
sont concordants avec ceux obtenus en retrait de dessiccation en température, que ce soit en
considérant la valeur maximale ou la cinétique. La première partie s’effectue sur une durée
inférieure à 100 jours et se caractérise par une cinétique de fluage plus rapide pour le CEM I.
La seconde partie de fluage de dessiccation couvre une période supérieure à 100 jours et se
distingue par la stabilisation des déformations du CEM I, en comparaison avec la poursuite du
fluage des bétons CEM V. Le CEM I est un matériau qui aura un fluage de dessiccation ayant
une cinétique élevée, du fait de sa porosité dont la taille est plus importante que celle des
deux bétons à base de CEMV/A. Une fois que le CEM I est fortement désaturé, les
déformations de fluage ralentissent. Par contre, le CEM V et le CEM V* se désaturent plus
lentement, mais finissent par dépasser celles du CEM I du fait d’une « déformabilité » plus
importante en relation avec les quantités respectives de CSH dans les différents matériaux.
Les essais mécaniques réalisés en fonction de la saturation ont permis d’analyser les effets de
la dessiccation, sous diverses sollicitations à court et à long terme. La dépression capillaire
amène une compression interne du matériau dont la conséquence est une augmentation des
résistances mécaniques. Cependant, la dessiccation induit également un fluage des CSH et de
la microfissuration causée par la non-uniformité des gradients hydriques, qui règnent dans le
198
matériau. La prépondérance d’un mécanisme par rapport à l’autre est dépendante de l’état de
saturation, du type de chargement, ainsi que de la microstructure du matériau.
chargement montre que la dessiccation joue donc un rôle positif pour le CEM I. A
saturation fixée, la matrice cimentaire du CEM I, plus rigide et moins endommagée
par la dessiccation que celle du CEM V, se déforme moins sous chargement
mécanique.
Les deux essais de traction (fendage et flexion) effectués en fonction de l’état de saturation
des matériaux ont mis en évidence l’effet de compétition existant entre la dépression
capillaire, la microfissuration de séchage et le fluage des CSH.
• En traction par fendage, la dépression capillaire induit une contraction du cœur de
l’échantillon. Ainsi, avec la diminution de la saturation, la précontrainte locale amène
une augmentation de résistance.
• Le profil de contraintes induit par la traction par flexion conduit à une rupture par
traction aux bords de l’échantillon. La microfissuration de séchage, précurseur de celle
initiée mécaniquement, va donc faciliter la propagation des fissures, ce qui accélère la
rupture. La résistance en traction par flexion diminue donc avec la désaturation.
• Les évolutions de matériaux sous un même type de chargement montrent une nouvelle
fois que la microfissuration de séchage et le fluage des CSH sont plus développés dans
la microstructure du CEM V, plus sensible à la dessiccation en termes de retrait. Ainsi,
même si les amplitudes de résistance sont supérieures pour le CEM V, la dessiccation
lui apporte un gain de résistance moindre à celui du CEM I.
A long terme, comme attendu, les déformations de fluage sous dessiccation sont plus
importantes que celles obtenues en conditions endogènes. Les gradients hydriques régnant
dans la microstructure du matériau en dessiccation induisent un effet de structure qui accentue
les déformations de fluage. Par ailleurs, les cinétiques de déformations sont influencées par la
microstructure. En conditions endogènes, le CEM I flue plus que les bétons à base de CEM
V/A. A cause de sa perméabilité plus élevée, les mouvements de l’eau, induit par l’application
de la charge, sont accentués dans la microstructure du CEM I à court terme. En dessiccation,
le front de séchage progressant dans la microstructure des matériaux induit une forte
déformation du CEM I jusqu’à environ 100 jours, car les transports d’eau ont lieu dans la
macroporosité, plus importante pour ce matériau, en comparaison des bétons à CEM V/A.
Ensuite, les déformations du CEM I ralentissent et celles des bétons CEM V/A augmentent
199
progressivement, ce qui indique que le séchage implique des tailles de pores de plus en plus
petites jusqu’à atteindre celle des hydrates. Les processus de transferts d’eau se font donc de
plus en plus lentement et se reflètent sur des cinétiques plus faibles que dans le cas des CEM
I.
Le modélisateur doit donc prendre en compte ces différents paramètres (type de chargement,
saturation du matériau et composition) pour pouvoir rendre compte le plus précisément
possible du comportement mécanique des matériaux en fonction de la dessiccation. En outre,
l’histoire hydrique est également essentielle aux modélisations, puisque la microfissuration et
le fluage des CSH induits par le séchage influencent les résistances et coefficients élastiques.
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200
CONCLUSION GENERALE
Ce travail de thèse contribue à l’étude du couplage thermo-hydro-mécanique des matériaux
cimentaires dans le contexte du stockage souterrain de déchets radioactifs. Trois bétons ont
été étudiés : les bétons de référence de l’Andra, fabriqués à base de ciment CEM I à E/C=0,43
(béton CEM I) ou de ciment CEM V/A à E/C=0,39 (béton CEM V), ainsi qu’un béton à base
de CEM V/A présentant un E/C=0,48 (béton CEM V*). Un programme expérimental a été
développé en plusieurs étapes (maturation longue, dessiccation, resaturation, essais
mécaniques) pour permettre l’analyse des effets des processus de désaturation/resaturation sur
les matériaux cimentaires.
201
l’eau liquide, vaporisation), des propriétés de transfert plus élevées et de
l’augmentation de la pression vapeur saturante agissant sur des pores de plus
en plus fins.
Les retraits des matériaux (en conditions endogènes et de dessiccation) sont
également influencés par la température imposée. L’augmentation des
déformations de retrait avec la hausse de température est en partie attribuée à
l’augmentation des pressions capillaires dans le réseau poreux, à la diminution
de la pression de disjonction dans les zones d’adsorption empêchée, ainsi que
la variation des tensions superficielles des CSH. Ces trois mécanismes sont
accentués par la hausse de la température et par voie de conséquence les
retraits augmentent. Cependant ces phénomènes ne peuvent pas rendre
totalement compte des écarts d’amplitudes de retrait constatés entre 20°C et les
températures supérieures. Ainsi, un mécanisme supplémentaire, équivalent à
du fluage propre à long terme à l’échelle des CSH, doit être pris en compte.
L’augmentation de température conduit à une diminution de la viscosité de la
matrice solide et le cisaillement des feuillets de CSH induit une déformation
visqueuse dans la microstructure, expliquant l’augmentation du retrait avec la
température quand l’humidité relative est fixée.
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Les essais mécaniques réalisés à 20°C en fonction de la saturation ont permis de mettre en
avant l’influence de la dessiccation sur le comportement mécanique.
• Les essais de compression ont montré une augmentation de la résistance avec la
dessiccation, ainsi qu’un endommagement hydrique qui affecte la raideur du matériau.
L’augmentation de la résistance est attribuée à la dépression capillaire qui amène une
compression interne du matériau en son cœur et le rend plus résistant. Cependant, la
dessiccation induit également un fluage à l’échelle des CSH et de la microfissuration
qui affectent le comportement mécanique. Enfin, le type de chargement (uniaxial et
triaxial) induit également des différences de comportement : en compression triaxiale,
le confinement retient la propagation des fissures, induisant ainsi une résistance plus
importante que dans le cas uniaxial.
• Les essais de traction ont mis en exergue un effet de compétition des effets de la
dessiccation (dépression capillaire, microfissuration, fluage des CSH), qui conditionne
la rupture du matériau. La résistance obtenue en traction par fendage est améliorée par
la dessiccation, car la dépression capillaire induit une contraction locale du cœur de
l’échantillon, lieu où démarre la rupture. En traction par flexion, la rupture est
conditionnée par les effets endommageants de la dessiccation (microfissuration, fluage
des CSH), car elle démarre sur les fibres inférieures de l’échantillon.
• La comparaison entre le CEM I et le CEM V sous divers sollicitations a confirmé que
le CEM V est plus endommagé par la dessiccation que le CEM I. Ainsi, même si les
202
résistances du CEM V sont supérieures à celles du CEM I, l’effet bénéfique de la
dessiccation est plus important pour le CEM I.
En termes de perspectives, une étude de ces mêmes essais à 50°C et 80°C sera intéressante.
Elle apportera des compléments sur l’influence des effets de la dessiccation sur le
comportement mécanique des matériaux et permettra de répondre à ces questions: la hausse
de température est –elle endommageante pour le comportement mécanique ? Un des effets de
la dessiccation devient-il prépondérant sur le comportement mécanique avec la hausse de
température ?
Dans le contexte du projet de stockage souterrain des déchets radioactifs, ce travail, purement
expérimental, est donc source, pour le modélisateur, à la fois de données pour les problèmes
mettant en jeu le couplage thermo-hydro-mécanique des matériaux cimentaires, mais
également explique un grand nombre de phénomènes qui permettent de mieux comprendre les
implications de la dessiccation dans le comportement au combien complexe de matériaux à
matrices cimentaires.
203
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216
ANNEXE 1 : DETAILS DES MODES OPERATOIRES DU
TABLEAU 2.2
Paramètre Béton Conditionnement Age du Taille de Protocole
Observations
mesuré concerné du matériau matériau l’échantillon suivi
Protection : 2
couches
d’aluminium Mesures Cure : 24 h en
autocollant effectuées Règles de salle humide
CEM I Conditionnement : aux jours : calcul BAEL (T= 20°C ;
salle sèche (T= 1, 2, 7, 14, et BPEL HR> 95%)
20+/-2°C ; HR= 28, 56, 90
50+/-5%)
Retrait
Prismes
endogène et
(7*7*28) RILEM :
retrait de
Mesures cm3 Measurement
dessiccation Protection : 2
effectuées of time-
couches
aux jours : dependent
d’aluminium
0, 7, 14, strains of
CEM V autocollant _
21, 28, 35, concrete,
Conditionnement :
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
217
ANNEXE 2: CARACTERISTIQUES TECHNIQUES DES
APPAREILS DE CONDITIONNEMENT
La démarche expérimentale développée amène l’utilisation de différents moyens techniques
pour conditionner les échantillons. Cinq conditionnements sont adoptés :
• Un bain thermostaté à 20°C pour conserver l’état saturé ;
• Une étuve fixée à 60°C pour obtenir les échantillons secs ;
• Trois enceintes climatiques pour contrôler le séchage des échantillons.
En outre, une petite étuve fut également utilisée pour l’essai de resaturation directe.
Les enceintes climatiques doivent être alimentées en eau distillée. La quantité d’eau varie en
fonction des conditions de température et d’humidité relative imposées.
218
La démarche expérimentale développée dans ce travail prend en compte des périodes de
conditionnement très longues. Concernant la gestion des enceintes climatiques, ceci est un
inconvénient, puisque l’apport en eau doit être continuellement assuré pour ne pas rompre le
conditionnement imposé aux échantillons. La solution choisie fut d’utiliser des enceintes
climatiques de la marque Binder®, de modèle KBF115 pour toutes les « périodes délicates ».
Le terme « périodes délicates » regroupe les moments où une ou plusieurs enceintes
climatiques sont en panne, ainsi que les périodes où l’approvisionnement en eau
régulièrement est impossible. Les caractéristiques d’hygométrie et de température des
enceintes climatiques de la marque Binder® sont présentées dans la figure 2.
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Deux marques d’enceintes climatiques sont utilisées afin de conserver le conditionnement des
matériaux sur de longues périodes de temps. Les conditions de séchage et/ou de température
sont considérées comme équivalentes d’une marque à l’autre.
Une mesure d’humidité relative, réalisée dans l’étuve, indique une valeur de 10%. Ceci nous
conduit à supposer que les échantillons subissent un séchage jusqu’à poids constant sans
induire de microfissuration.
219
bain thermostaté de la marque Controlab®, fixé à la température de 20°C. Une résistance,
placée au fond du bain, permet de chauffer l’eau à la température désirée. Par ailleurs, l’eau
fut sursaturée en chaux éteinte afin de préserver les échantillons de toute lixiviation.
Ces valeurs résultent de plusieurs jours de contrôle de la température de l’eau durant les
mesures.
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Par ailleurs, le protocole établit qu’il y a toujours la même proportion de vapeur d’eau dans le
récipient, grâce au vide imposé pendant une période constante. Ainsi l’étuve permet de
conforter cette hypothèse, puisqu’une fois close, cela se comporte comme un système fermé.
220
ANNEXE 3 : ISOTHERMES DE DESORPTION DU CEM I ET
DU CEM V* EN FONCTION DE LA TEMPERATURE
Les isothermes de désorption du CEM I et du CEM V* en fonction de la température sont
présentés en fonction de l’humidité relative en figures 3 et 5 et en fonction de la pression
capillaire figures 4 et 6.
Résultats du CEM I :
1.0
0.9
0.8
0.7
Saturation en eau Sw
0.6
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
CEM I 20°C
0.5 CEM I 50°C
CEM I 80°C
0.4
0.3
0.2
0.1
0.0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Humidité Relative HR [%]
221
90
80
70
pression capillaire Pcap [MPa]
60
50 CEM I 20°C
CEM I 50°C
40 CEM I 80°C
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
1.0 0.9 0.8 0.7 0.6 0.5 0.4 0.3 0.2 0.1 0.0
Saturation en eau Sw
Résultats du CEM V* :
1.0
0.9
0.8
0.7
Saturation en eau Sw
0.6
CEM V* 20°C
0.5 CEM V* 50°C
CEM V* 80°C
0.4
0.3
0.2
0.1
0.0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Humidité Relative HR [%]
222
90
80
70
pression capillaire Pcap [MPa]
60
50 CEM V* 20°C
CEM V* 50°C
40 CEM V* 80°C
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
1.0 0.9 0.8 0.7 0.6 0.5 0.4 0.3 0.2 0.1 0.0
Saturation en eau Sw
223
ANNEXE 4 : VARIATION DE MASSE DES MATERIAUX EN
FONCTION DU TEMPS DE SECHAGE A 60°C OU 105°C
Cette annexe regroupe les résultats de séchage à 60°C et 105°C des CEM I et CEM V*. Pour
chaque matériau, plusieurs formes d’échantillons sont utilisées pour les mesures : à 60°C, des
cylindres de 37,5 mm de diamètre et une hauteur égale soit à 50 mm, soit à 75 mm et des
prismes de volume égal à (4*4*16) cm3 ; tandis qu’à 105°C, ce sont des rondelles de 37,5 mm
et de 20 mm d’épaisseur. Les figures 7 et 8 représentent les pertes de masse en fonction du
temps de séchage à 60°C ou 105°C et en fonction de la forme d’échantillon, respectivement
pour le CEM I et le CEM V.
Résultats du CEM I :
temps [jours]
-1
-2
perte de masse [%]
CEM I cyl
H=50 mm
-3
CEM I cyl
H=75 mm
-4
CEM I prisme
-5 CEM I
rondelles
(105°C)
-6
-7
Fig. 7 : Perte de masse du CEM I en fonction du temps de séchage à 60°C ou 105°C et en fonction de la
forme d’échantillon
224
Résultats du CEM V* :
temps [jours]
-1
CEM V* cyl
-2 H=50 mm
perte de masse [%]
CEM V* cyl
-3 H=75 mm
CEM V*
-4 rondelles
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
(105°C)
-5
-6
-7
Fig. 8 : Perte de masse du CEM V en fonction du temps de séchage à 60°C ou 105°C et en fonction de la
forme d’échantillon
225
ANNEXE 5 : RESULTATS EN RESATURATION DIRECTE DU
CEM V ET DU CEM V* EN FONCTION DE LA
TEMPERATURE
Les résultats de resaturation directe en fonction de la température sont présentés en figures 9
et 10 pour le CEM V et figures 11 et 12 pour le CEM V*.
Résultats du CEM V :
0 temps en jours
0 100 200 300 400 500 600 700
variation de masse en %
-1
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
+5.7% +5.2%
+5.0%
-2
-3 CEM V 50°C
-4.9%
CEM V 80°C
-4
-5
-6
Fig. 9 : Variation de masse du CEM V en séchage dans une étuve à 60°C puis en resaturation directe sous
différentes températures
226
1400
1200
1000
gonflement [µm/m]
800
CEM V 20°C
CEM V 50°C
CEM V 80°C
600
400
200
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Résultats du CEM V* :
2.0
1.0
-1.0
-2.0
CEM V* 20°C
-5.58%
-5.0
-6.0
-7.0
Fig. 11 : Variation de masse du CEM V* en séchage dans une étuve à 60°C puis en resaturation directe
sous différentes températures
227
1400
1200
1000
gonflement [µm/m]
800
CEM V* 20°C
CEM V* 50°C
CEM V* 80°C
600
400
200
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2
prise de masse relative
228
ANNEXE 6 : ISOTHERMES DE DESORPTION EN EAU DES
MATERIAUX OBTENUS AVEC LA POROSITE A 105°C
Les isothermes de l’étude furent d’abord estimées à l’aide de la mesure de porosité à 60°C
et des équations (14), (15) et (16). Cependant une discussion a mis en évidence
l’importance du choix de la température à laquelle la porosité est estimée, grâce à une
comparaison effectuée avec la porosité à 105°C. Cette discussion s’est appuyée sur les
variations de masses maximales, parce que c’est graphiquement plus parlant. Les figures
13, 15 et 17 présentent les isothermes estimées avec la porosité moyenne obtenue à
105°C, respectivement pour les températures de 20°C, 50°C et 80°C. Chacune des pentes
notées sur les graphiques correspond à la droite déterminée par la méthode des moindres
carrés sur la gamme d’humidité relative allant de 98% à 60%. Les figures 14, 16 et 18 sont
équivalentes aux figures précédentes, en termes de pression capillaire.
Evolutions à 20°C
1.0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
CEM V : 23.10-4
0.9
0.8
0.7
Saturation en eau Sw
0.6
CEM I : 33.10-4
CEM V* : 39.10-4 CEM I 20°C
0.5 CEM V 20°C
CEM V* 20°C
0.4
0.3
0.2
0.1
0.0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Humidité Relative HR [%]
Fig. 13 : Isothermes (déterminées avec la porosité à 105°C) des matériaux soumis à la dessiccation à 20°C,
en fonction de l’humidité relative
229
90
80
70
pression capillaire Pcap [MPa]
60
50 CEM I 20°C
CEM V 20°C
40 CEM V* 20°C
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
Saturation en eau Sw
Fig. 14 : Isothermes (déterminées avec la porosité à 105°C) des matériaux soumis à la dessiccation à 20°C,
en fonction de la pression capillaire
Evolutions à 50°C
1.0
0.9
0.8
0.7
CEM V : 39.10-4
CEM V* : 47.10-4
Saturation en eau Sw
0.6
CEM I 50°C
0.5 CEM V 50°C
CEM V* 50°C
0.4
CEM I : 51.10-4
0.3
0.2
0.1
0.0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Humidité Relative HR [%]
Fig. 15 : Isothermes (déterminées avec la porosité à 105°C) des matériaux soumis à la dessiccation à 50°C,
en fonction de l’humidité relative
230
90
80
70
pression capillaire Pcap [MPa]
60
50 CEM I 50°C
CEM V 50°C
40 CEM V* 50°C
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
Saturation en eau Sw
Fig. 16 : Isothermes (déterminées avec la porosité à 105°C) des matériaux soumis à la dessiccation à 50°C,
en fonction de la pression capillaire
Evolutions à 80°C
1.0
0.9
0.8
0.7
CEM V : 116.10-4
Saturation en eau Sw
0.6
CEM I 80°C
0.5 CEM V 80°C
CEM V* 80°C
0.4
0.3
CEM V* : 131.10-4 CEM I : 92.10-4
0.2
0.1
0.0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Humidité Relative HR [%]
Fig. 17 : Isothermes (déterminées avec la porosité à 105°C) des matériaux soumis à la dessiccation à 80°C,
en fonction de l’humidité relative
231
90
80
pression capillaire Pcap [MPa]
70
60
50 CEM I 80°C
CEM V 80°C
40 CEM V* 80°C
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
Saturation en eau Sw
Fig. 18 : Isothermes (déterminées avec la porosité à 105°C) des matériaux soumis à la dessiccation à 80°C,
en fonction de la pression capillaire
232
ANNEXE 7 : RETRAITS DE DESSICCATION DU CEM I ET
DU CEM V* EN FONCTION DE LA TEMPERATURE ET DE
L’HUMIDITE RELATIVE
Les figures 19 et 20 suivantes présentent les retraits de dessiccation du CEM I et du CEM V*
en fonction de la température et de l’humidité relative imposée. Le retrait de dessiccation a été
déterminé en soustrayant le retrait en conditions endogènes au retrait total.
Résultats du CEM I :
98%
90%
0 temps [jours]
0 100 200 300 80% 400 500 600 700 800
80%
-200
90% 70% 70%
retrait de dessiccation [µm/m]
98%
60%
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
-400
HR=98%
60% CEM I 20°C
90%
-600
CEM I 50°C
80%
-800
CEM I 80°C
70%
60%
-1000
-1200
233
Résultats du CEM V* :
98%
90%
0 temps [jours]
0 100 200 300 80% 400 500 600 700 800
90% 70% 60%
-200
retrait de dessiccation [µm/m]
98% 80%
70%
-400
HR=98% CEM V*
60% 20°C
90%
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
-600
CEM V*
50°C
80%
-800 CEM V*
80°C
-1000
70%
60%
-1200
234
ANNEXE 8 : EVOLUTION DU RETRAIT DE DESSICCATION
EN FONCTION DE LA PERTE DE MASSE ET DE LA
TEMPERATURE IMPOSEE, POUR LE CEM I ET LE CEM V*
L’évolution du retrait de dessiccation en fonction de la perte de masse correspondante est
présentée figure 21 pour le CEM I et figure 22 pour le CEM V*, en fonction de la
température.
Résultats du CEM I :
100
0
-1.0 -0.9 -0.8 -0.7 -0.6 -0.5 -0.4 -0.3 -0.2 -0.1 0.0
-100
-200
retrait de dessiccation [µm/m]
-300
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
-400
CEM I 20°C
-500 CEM I 50°C
CEM I 80°C
-600
-700
-800
-900
-1000
-1100
variation de masse relative
Fig. 21 : Relation perte de masse relative et retrait total de dessiccation du CEM I en fonction de la
température
235
Résultats du CEM V* :
100
0
-1.0 -0.9 -0.8 -0.7 -0.6 -0.5 -0.4 -0.3 -0.2 -0.1 0.0
-100
-200
retrait de dessiccation [µm/m]
-300
-400
CEM V* 20°C
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
-700
-800
-900
-1000
-1100
variation de masse relative
Fig. 22 : Relation perte de masse relative et retrait total de dessiccation du CEM V* en fonction de la
température
236
ANNEXE 9 : COURBES DE COMPORTEMENT DE
COMPRESSION UNIAXIALE SUR CYLINDRES
Les dimensions des échantillons testés en compression simple sont des cylindres carottés de
diamètre égal à 37,5 mm et de hauteur 50 mm. La presse, de la marque Zwick®, est pilotée en
déplacement à une vitesse de 2µm/m et des cycles de charge/décharge sont imposés. Le détail
du protocole suivi est présenté au paragraphe IV.2.1.1. Pour chacun des matériaux (CEM I et
CEM V) deux éprouvettes sont testés et les figures suivantes représentent les courbes de
comportement de chacune d’elles en fonction de l’état de saturation et du matériau.
CEM I
100
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
90
80
70
contrainte en MPa
60
50
40
30
20
10
0
-3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000
def en µdef
CEM V
237
100
90
80
70
contrainte en MPa
60
50
40
30
20
10
0
-3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000
def en µdef
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
100
90
80
70
contrainte en MPa
60
50
40
30
20
10
0
-3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000
def en µdef
CEM I
238
100
90
80
70
contrainte en MPa
60
50
40
30
20
10
0
-2000 -1500 -1000 -500 0 500 1000 1500 2000
def en µdef
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
100
90
80
70
contrainte en MPa
60
50
40
30
20
10
0
-2000 -1500 -1000 -500 0 500 1000 1500 2000
def en µdef
CEM I
239
100
90
80
70
contrainte en MPa
60
50
40
30
20
10
0
-2000 -1500 -1000 -500 0 500 1000 1500 2000
def en µdef
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
100
90
80
70
contrainte en MPa
60
50
40
30
20
10
0
-3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000
def en µdef
CEM V
240
90
80
70
60
contrainte en MPa
50
40
30
20
10
0
-3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000
def en µdef
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
100
90
80
70
contrainte en MPa
60
50
40
30
20
10
0
-3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000
def en µdef
CEM I
241
100
90
80
70
contrainte en MPa
60
50
40
30
20
10
0
-3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000
def en µdef
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
100
90
80
70
contrainte en MPa
60
50
40
30
20
10
0
-3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000
def en µdef
CEM V
242
100
90
80
70
contrainte en MPa
60
50
40
30
20
10
0
-3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000
def en µdef
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
100
90
80
70
contrainte en MPa
60
50
40
30
20
10
0
-3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000
def en µdef
243
ANNEXE 10 : COURBES DE COMPORTEMENT DE
COMPRESSION UNIAXIALE SUR PRISMES
Des prismes furent testés en compression uniaxiale sur une section de (40*40) mm2 à l’aide
d’un bâti de compression Controlab® et de la presse Zwick®, pilotée à une vitesse de 500
µm/s. Les figures suivantes présentent les courbes effort-déplacement des différents prismes
en fonction du déplacement de la traverse.
CEM I
100
90
80
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 36 : Courbe effort-déplacement du premier prisme de CEM I (état sec) testé en compression uniaxiale
244
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 37 : Courbe effort-déplacement du second prisme de CEM I (état sec) testé en compression uniaxiale
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 38 : Courbe effort-déplacement du troisième prisme de CEM I (état sec) testé en compression
uniaxiale
245
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 39 : Courbe effort-déplacement du quatrième prisme de CEM I (état sec) testé en compression
uniaxiale
CEM V
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 40 : Courbe effort-déplacement du premier prisme de CEM V (état sec) testé en compression
uniaxiale
246
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 41 : Courbe effort-déplacement du second prisme de CEM V (état sec) testé en compression uniaxiale
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 42 : Courbe effort-déplacement du troisième prisme de CEM V (état sec) testé en compression
uniaxiale
247
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 43 : Courbe effort-déplacement du quatrième prisme de CEM V (état sec) testé en compression
uniaxiale
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 44 : Courbe effort-déplacement du cinquième prisme de CEM V (état sec) testé en compression
uniaxiale
248
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 45 : Courbe effort-déplacement du sixième prisme de CEM V (état sec) testé en compression uniaxiale
CEM I
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 46 : Courbe effort-déplacement du premier prisme de CEM I (état Sw=0,6) testé en compression
uniaxiale
249
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 47 : Courbe effort-déplacement du second prisme de CEM I (état Sw=0,6) testé en compression
uniaxiale
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 48 : Courbe effort-déplacement du troisième prisme de CEM I (état Sw=0,6) testé en compression
uniaxiale
250
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 49 : Courbe effort-déplacement du quatrième prisme de CEM I (état Sw=0,6) testé en compression
uniaxiale
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 50 : Courbe effort-déplacement du cinquième prisme de CEM I (état Sw=0,6) testé en compression
uniaxiale
251
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 51 : Courbe effort-déplacement du sixième prisme de CEM I (état Sw=0,6) testé en compression
uniaxiale
CEM I
252
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 52 : Courbe effort-déplacement du premier prisme de CEM I (état Sw=0,8) testé en compression
uniaxiale
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 53 : Courbe effort-déplacement du second prisme de CEM I (état Sw=0,8) testé en compression
uniaxiale
253
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 54 : Courbe effort-déplacement du troisième prisme de CEM I (état Sw=0,8) testé en compression
uniaxiale
100
90
80
70
60
effort en MPa
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 55 : Courbe effort-déplacement du quatrième prisme de CEM I (état Sw=0,8) testé en compression
uniaxiale
254
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 56 : Courbe effort-déplacement du cinquième prisme de CEM I (état Sw=0,8) testé en compression
uniaxiale
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 57 : Courbe effort-déplacement du sixième prisme de CEM I (état Sw=0,8) testé en compression
uniaxiale
CEM V
255
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 58 : Courbe effort-déplacement du premier prisme de CEM V (état Sw=0,8) testé en compression
uniaxiale
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 59 : Courbe effort-déplacement du second prisme de CEM V (état Sw=0,8) testé en compression
uniaxiale
256
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 60 : Courbe effort-déplacement du troisième prisme de CEM V (état Sw=0,8) testé en compression
uniaxiale
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 61 : Courbe effort-déplacement du quatrième prisme de CEM V (état Sw=0,8) testé en compression
uniaxiale
257
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 62 : Courbe effort-déplacement du cinquième prisme de CEM V (état Sw=0,8) testé en compression
uniaxiale
CEM I
258
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 63 : Courbe effort-déplacement du premier prisme de CEM I (état saturé) testé en compression
uniaxiale
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 64 : Courbe effort-déplacement du second prisme de CEM I (état saturé) testé en compression
uniaxiale
259
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 65 : Courbe effort-déplacement du troisième prisme de CEM I (état saturé) testé en compression
uniaxiale
100
90
80
70
60
effort en MPa
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 66 : Courbe effort-déplacement du quatrième prisme de CEM I (état saturé) testé en compression
uniaxiale
260
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 67 : Courbe effort-déplacement du cinquième prisme de CEM I (état saturé) testé en compression
uniaxiale
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 68 : Courbe effort-déplacement du sixième prisme de CEM I (état saturé) testé en compression
uniaxiale
CEM V
261
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 69 : Courbe effort-déplacement du premier prisme de CEM V (état saturé) testé en compression
uniaxiale
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 70 : Courbe effort-déplacement du second prisme de CEM V (état saturé) testé en compression
uniaxiale
262
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 71 : Courbe effort-déplacement du troisième prisme de CEM V (état saturé) testé en compression
uniaxiale
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 72 : Courbe effort-déplacement du quatrième prisme de CEM V (état saturé) testé en compression
uniaxiale
263
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 73 : Courbe effort-déplacement du cinquième prisme de CEM V (état saturé) testé en compression
uniaxiale
100
90
80
70
effort en MPa
60
50
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
déplacement en mm
Fig. 74 : Courbe effort-déplacement du sixième prisme de CEM V (état saturé) testé en compression
uniaxiale
264
ANNEXE 11 : COURBES DE COMPORTEMENT DE
COMPRESSION TRIAXIALE SUR CYLINDRES
La compression triaxiale est effectuée sous un confinement de 5 MPa, au moyen d’une cellule
triaxiale. Les éprouvettes sont des cylindres, qui ont pour dimensions un diamètre de 37,5 mm
et une hauteur de 75 mm. La mise en place des jauges d’extensométrie a nécessité une
l’application d’une pellicule de latex afin de les protéger d’une éventuelle intrusion de l’huile
assurant le confinement dans la cellule. La protection devant sécher durant quelques heures
avant l’essai, cela postule que l’état de saturation reste inchangé durant cette période. La
presse est pilotée en déplacement à la vitesse de 2 µm/m. Les figures suivantes présentent les
courbes de comportement de chacune des deux échantillons testés en fonction de l’état de
saturation et du matériau.
CEM I
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
140
120
100
contrainte en MPa
80
60
40
20
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
265
140
120
100
contrainte en MPa
80
60
40
20
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 76 : Courbe de comportement de la seconde éprouvette du CEM I à l’état sec en compression triaxiale
CEM V
140
120
100
contrainte en MPa
80
60
40
20
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
266
140
120
100
contrainte en MPa
80
60
40
20
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
CEM I
140
120
100
contrainte en MPa
80
60
40
20
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
267
140
120
100
contrainte en MPa
80
60
40
20
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
CEM I
140
120
100
contrainte en MPa
80
60
40
20
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
268
140
120
100
contrainte en MPa
80
60
40
20
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
CEM V
140
120
100
contrainte en MPa
80
60
40
20
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
269
140
120
100
contrainte en MPa
80
60
40
20
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
CEM I
140
120
100
contrainte en MPa
80
60
40
20
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
270
100
90
80
70
contrainte en MPa
60
50
40
30
20
10
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
CEM V
140
120
100
contrainte en MPa
80
60
40
20
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
271
140
120
100
contrainte en MPa
80
60
40
20
0
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000
def en µdef
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
272
ANNEXE 12 : COURBES DE COMPORTEMENT DE
TRACTION PAR FENDAGE SUR CYLINDRES
La traction par fendage fut réalisée sur des cylindres (Ø=37,5 mm et H=75 mm) placés
diamètralement sur le plateau de la presse. La presse était pilotée à une vitesse de 500 N/s. les
courbes de comportement des matériaux sont présentées par les figures suivantes en fonction
du déplacement de la traverse de la presse.
CEM I
10
8
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
7
effort en MPa
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
déplacement en mm
Fig. 89 : Courbe effort-déplacement de la première éprouvette de CEM I (état sec) en traction par fendage
273
10
7
effort en MPa
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 90 : Courbe effort-déplacement de la seconde éprouvette de CEM I (état sec) en traction par fendage
CEM V
10
7
effort en MPa
0
0 1 2 3 4 5 6 7
déplacement en mm
Fig. 91 : Courbe effort-déplacement de la première éprouvette de CEM V (état sec) en traction par
fendage
274
10
7
effort en MPa
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0 1 2 3 4 5 6
déplacement en mm
Fig. 92 : Courbe effort-déplacement de la seconde éprouvette de CEM V (état sec) en traction par fendage
CEM I
10
7
effort en MPa
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
déplacement en mm
Fig. 93 : Courbe effort-déplacement de la première éprouvette de CEM I (état Sw=0,6) en traction par
fendage
275
9
6
effort en MPa
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 94 : Courbe effort-déplacement de la seconde éprouvette de CEM I (état Sw=0,6) en traction par
fendage
CEM I
276
10
7
effort en MPa
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 95 : Courbe effort-déplacement de la première éprouvette de CEM I (état Sw=0,8) en traction par
fendage
10
7
effort en MPa
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
déplacement en mm
Fig. 96 : Courbe effort-déplacement de la seconde éprouvette de CEM I (état Sw=0,8) en traction par
fendage
CEM V
277
10
7
effort en MPa
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0 1 2 3 4 5 6 7
déplacement en mm
Fig. 97 : Courbe effort-déplacement de la première éprouvette de CEM V (état Sw=0,8) en traction par
fendage
10
7
effort en MPa
0
0 1 2 3 4 5 6
déplacement en mm
Fig. 98 : Courbe effort-déplacement de la seconde éprouvette de CEM V (état Sw=0,8) en traction par
fendage
278
CEM I
10.0
9.0
8.0
7.0
effort en MPa
6.0
5.0
4.0
3.0
2.0
1.0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0.0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
déplacement en mm
Fig. 99 : Courbe effort-déplacement de la première éprouvette de CEM I (état saturé) en traction par
fendage
10
7
effort en MPa
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
déplacement en mm
Fig. 100 : Courbe effort-déplacement de la seconde éprouvette de CEM I (état saturé) en traction par
fendage
CEM V
279
10
7
effort en MPa
1
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
déplacement en mm
Fig. 101 : Courbe effort-déplacement de la première éprouvette de CEM V (état saturé) en traction par
fendage
10
7
effort en MPa
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
déplacement en mm
Fig. 102 : Courbe effort-déplacement de la seconde éprouvette de CEM V (état saturé) en traction par
fendage
280
ANNEXE 13 : COURBES DE COMPORTEMENT DE
TRACTION PAR FLEXION SUR PRISMES
La traction par flexion est réalisée sur des prismes de volume égal à (4*4*16) cm3, à l’aide
d’un bâti de flexion Controlab®. La vitesse imposée à la presse, de la marque Zwick®, est
égale 10 N/s. Chaque état de saturation est représenté par trois prismes dont les courbes de
comportement sont présentées en fonction des matériaux.
CEM I
10
8
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
7
effort en MPa
0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 103 : Courbe effort-déplacement du premier prisme CEM I à l’état sec en traction par flexion
281
10
7
effort en MPa
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 104 : Courbe effort-déplacement du second prisme CEM I à l’état sec en traction par flexion
10
7
effort en MPa
0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 105 : Courbe effort-déplacement du troisième prisme CEM I à l’état sec en traction par flexion
282
CEM V
12
11
10
8
effort en MPa
2
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 106 : Courbe effort-déplacement du premier prisme CEM V à l’état sec en traction par flexion
11
10
7
effort en MPa
0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
def en µdef
Fig. 107 : Courbe effort-déplacement du second prisme CEM V à l’état sec en traction par flexion
283
12
11
10
8
effort en MPa
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 108 : Courbe effort-déplacement du troisième prisme CEM V à l’état sec en traction par flexion
CEM I
10
7
effort en MPa
0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 109 : Courbe effort-déplacement du premier prisme CEM I à l’état Sw=0,6 en traction par flexion
284
12
11
10
8
effort en MPa
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 110 : Courbe effort-déplacement du second prisme CEM I à l’état Sw=0,6 en traction par flexion
11
10
7
effort en MPa
0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 111 : Courbe effort-déplacement du troisième prisme CEM I à l’état Sw=0,6 en traction par flexion
CEM I
285
10
7
effort en MPa
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 112 : Courbe effort-déplacement du premier prisme CEM I à l’état Sw=0,8 en traction par flexion
10
7
effort en MPa
0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 113 : Courbe effort-déplacement du second prisme CEM I à l’état Sw=0,8 en traction par flexion
286
12
11
10
8
contrainte en MPa
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 114 : Courbe effort-déplacement du troisième prisme CEM I à l’état Sw=0,8 en traction par flexion
CEM V
12
11
10
8
effort en MPa
0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7
déplacement en mm
Fig. 115 : Courbe effort-déplacement du premier prisme CEM V à l’état Sw=0,8 en traction par flexion
287
11
10
7
effort en MPa
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
Fig. 116 : Courbe effort-déplacement du second prisme CEM V à l’état Sw=0,8 en traction par flexion
12
11
10
8
effort en MPa
0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 117 : Courbe effort-déplacement du troisième prisme CEM V à l’état Sw=0,8 en traction par flexion
CEM I
288
11
10
7
effort en MPa
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 118 : Courbe effort-déplacement du premier prisme CEM I à l’état saturé en traction par flexion
12
11
10
8
effort en MPa
0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 119 : Courbe effort-déplacement du second prisme CEM I à l’état saturé en traction par flexion
289
11
10
7
effort en MPa
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 120 : Courbe effort-déplacement du troisième prisme CEM I à l’état saturé en traction par flexion
CEM V
12
11
10
8
effort en MPa
0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 121 : Courbe effort-déplacement du premier prisme CEM V à l’état saturé en traction par flexion
290
12
11
10
8
effort en MPa
0
tel-00578753, version 1 - 22 Mar 2011
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
déplacement en mm
Fig. 122 : Courbe effort-déplacement du second prisme CEM V à l’état saturé en traction par flexion
13
12
11
10
8
effort en MPa
0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7
déplacement en mm
Fig. 123 : Courbe effort-déplacement du troisième prisme CEM V à l’état saturé en traction par flexion
291