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Paix et droit (Paris)

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Alliance israélite universelle. Paix et droit (Paris). 1921-1940.

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DIX-HUITIEME ANNEE (Mensuel) Numéro 5 MAI 1938

SOMMAI RE
Sup le Oànufas :i'antijudaïsme fourrier du pangermanisme hitlérien Alfred BERL
L'essence spirituelle de l'antisémitisme d'après M, Jacques fflaritain E. 1_.
. ..
Lé drame du judaïsme autrichien ISAS
En Hongrie : Lettre de Budapest
,
Lettre de Pologne : Les variantes et la constante de la politique polonaise Dr A. T.
Communication du Comité Central •

Nécrologie
Le Tsar et ses ministres contre les « Protocoles ».— À propos d'un livre de M. Bourtsef.
Informations : 1. Allemagne : Les dernières mesures antijuives. — 2. Hongrie : La loi
juive.. -— 3. Roumanie : La continuité de la politique antijuive.

SUR LE DANUBE
LINÎIJUSîAiSME FOURRIER DU PANGERMANISME HITLÉRIEN

i tine et à Ankara. Partout la pieuvre projette ses tentacules,


messagères néfastes de discorde, de haine, de révolution, de
Depuis plusieurs années, nous n'avions pas eu à nous
soucier de la politique par delà la Leitha. La Hongrie sem- guerre civile, de pillage et de spoliation, de coercitions, de
tortures et de meurtre. Partout où l'antisémitisme apparaît,
blait avoir Tetrouvé l'équilibre ; les passions déchaînées en il s'avère, ou comme la conséquence fatale, ou comme le
i92i par les « Magyars éveillés » n'étaient plus qu'un sou- fourrier du pangermanisme hitlérien. Après l'Autriche, il vise
venir. Le judaïsme vivait dans une atmosphère de tolé- la Roumanie, où l'assassin Codreanu et ses Gardes de Fer
rance et de sécurité. Cette ère d'accalmie paraît toucher à ourdissent simultanément le renversement — et pis encore —
son terme ; et l'ancien royaume de Saint Etienne revient de Carol, des pogromes massifs et l'alliance allemande ;
aux mauvais jours du numerus clausus ; non plus d'un puis la Tchécoslovaquie dont Henîein et les Sudètes prépa-
numerus clausus restreint au domaine de l'enseignement, rent ouvertement la dislocation nationale. Aujourd'hui, c'est
mais aggravé, voire même généralisé dans toutes les bran- le tour de la Hongrie que s'efforcent de perturber Salassy et
ches de l'activité humaine.
ses bandes terroristes, tous recrutés, groupés et stipendiés
Ainsi que Paix et Droit l'appréhende depuis la vic- en vue de coups de main, dont la violence et le synchro-
toire du nazisme au sein du Reieh, la propagande raciste nisme dénoncent, sans qu'il puisse subsister le moindre
s'étend et pénètre à travers toutes les frontières. L'Anschluss doute, l'état-major politique et policier du nazisme. Que le
a donné sinon l'exemple, du moins le signal, en même succès suive cette nouvelle tentative, et l'hitlérisme conti-
temps que la double caractéristique de cette contagion, où nuera la série ; il n'est pas de nation qui puisse se flatter
se conjuguent la passion antijuive et la frénésie de domi- d'échapper à l'emprise de. la race, soi-disant supérieure,
nation universelle qui meut le racisme allemand. Son action laquelle ne peut se traduire — pour les autres — que par
s'exerce et se fait sentir partout, dans le Nord africain la servitude ou la ruine.
comme en Europe Centrale, des régions baltiques jusqu'à
Bucarest, au Japon comme dans le Proche-Orient, en Pales-
PAIX ET DROIT:
il est un point qui d'ores et déjà demeure acquis : le Cabinet force de les écraser, ils ont su apporter des preuves écla-
de Budapest n'a pas résisté à la pression des agitateurs tantes de sa fausseté ! Us peuvent, sans aucune forfante-
extrémistes. Crainte ou tactique, sinon conviction, il a pré- rie, revendiquer une large part dans le développement de la
senté au Parlement le projet d'une loi dite « juive » et qu'on patrie commune, dans son essor économique, dans les pro-
devrait appeler antijuive. Par son économie générale, comme grès de sa culture, cle sa civilisation. La métamorphose de
par. ses articles, elle est aussi déprimante pour la dignité la petite ville qu'était, il y a quelque cent ans, Budapest, en
des ressortissants juifs, aussi menaçante pour leurs intérêts une grande cité, en une véritable capitale, comparable aux
matériels qu'attentatoire- au principe d'égalité dont se ré- plus importantes de l'Europe Centrale, est leur oeuvre. Com-
clame la Constitution magyare et aux prescriptions du bien de coreligionnaires ayant honoré la Hongrie moderne,
Droit. International, écrit ou naturel. dans l'art, les lettres et la science, dont ils peuvent citer les-
En quoi consiste la loi ? Elle ne tend à rien moins noms, lès ouvrages et les découvertes !
qu'à réduire à 20 % le pourcentage accordé à l'activité S'ils se sont distingués dans les travaux de la paix,
israélite dans toutes les voies où peut travailler, se dévelop- peut-on les juger inférieurs dans l'accomplissement des de-
per, se cultiver l'être humain, négoce, industrie, banque, voirs civiques ? L'élan avec lequel ils ont répondu à l'appel,
jurispz-udence, médecine, pédagogie, scolarité ; qu'il s'agisse lors de la
guerre mondiale, le rôle qu'ils y ont joué, le nom-
de renseignement supérieur, secondaire ou même primaire; bre de décorations qu'ils ont obtenues, suffisent à affirmer
Que l'on compare ce pourcentage de 20 % au rôle que le contraire. Et surtout, les dix mille Israélites qui sont tom-
l'élément juif joue dans l'économie et clans la production bés à côté des autres Hongrois ont contresigné témoi-
du pays,, et l'on comprend aussitôt la gravité du péril qui gnage (1).. Devant la mort, il n'y eut ce
pas de-numerus clausus.
va les. atteindre. La proportion qu'on leur assigne dans les Que le Parlement de Budapest ait la sagesse et l'énergie-
carrières libérales peut, à .première vue, sembler assez équi- de résister Trabans antisémites
table, mais ce n'est qu'une apparence (1), si l'on tient qui travaillent à la main-mise d'Hitler du pangermanisme,
aux <( »
la s>ir la Hongrie, il ne
compte de ce fait que les Israélites (soit 7 % de popula- saurait être question.
tion totale), sont, surtout des citadins et n'ont pas, comme en
les autochtones,, la ressource de la propriété terrienne et du Quelques rares députés du moins ont eu ce courage et
travail agricole. C'est pour la même cause que l'on constate dénoncé Salassy, le sergent recruteur du parti antijuif,
le considérable afflux juif dans le commerce et l'industrie, l'aventurier d'origine arménienne et dont la nationalité hon-
dont en raison de leur habitat, principalement rural, les groise est même incertaine. Un autre bon point à marquer :
sont toujours éloignées, un homme d'Etat qui assuma durant plusieurs années les
masses magyares se par manque responsabilités du pouvoir, le
d'habitude et d'aptitude. comte Bethlen, a combattu le
Il était donc dans la nature et dans la force des choses projet. Dans un bref et substantiel discours (2), il en a mon-
professions vacantes devinssent, le monopole, tré les inconvénients du point cle vue économique, et les
que ces non
mais le lot du judaïsme hongrois. C'est cette conjonction de réactions dangereuses clans l'ordre international, InterA'en-
circonstance d'ordre historique et géographique, que tion d'autant plus topique que le comte Bethlen dut lui-
l'exposé justificatif d'une loi inique taxe d'accaparement. même, il y a quinze ans, appliquer la première édition du
Les juifs ont, en effet, pris possession, par leur labeur, de numerus clausus-, non sans confesser son scrupule, mais
places restées libres. De même, leur éviction systématique avec ce correctif qu'il n'y voyait qu'un expédient regret-
des. fonctions officielles, de la magistrature, de l'administra- table, temporaire, et dont il promettait la suppression pro-
tion, a: poussé: irrésistiblement leur élite intellectuelle: — chaine.
dont le crime est d'être nombreuse —: A'ers la médecine, le Si la question n'était aussi grosse de conséquences tra-
barreau, le journalisme, les lettres, la musique, le théâtre, giques, on pourrait se livrer à un parallèle d'une ironie édi-
le cinéma, vers la science pure ou appliquée. Encore l'acca- fiante. Ses ennemis reprochent à Israël l'insuffisante
parement, n'est-ce pas ? Non ; mais plutôt, le refuge sans intégration dans les sentiments et les traditions nationales.
lequel beaucoup- n'auraient eu qu'à mourir de faim. Et Et ce sont les mêmes, hommes qui commettent le suprême
c'est bien le sort qui guette, avec la: nouvelle loi, toute la reniement, la plus criante trahison à l'endroit de la tradi-
jeune génération ! Les auteurs du: projet font abstraction de tion la plus, noble, la plus honorable du peuple magyar, à
ce détail, à leurs yeux, sans importance; Par contre, ils savoir le libéralisme, au nom et pour l'a défense duquel ont
croient légitimer l'a proscription des futurs parias, en Tes lutté, pâti et finalement vaincu les grands hommes de la
chargeant d''un lourd grief, dénué-d,;'ailleurs de toute preuve : Hongrie ; les Rossuth, les Deak, l'es Apponyi, les Andrassy,
celui de n'avoir pas; en- retour de l'éga-Mé- civique' que l'es cle SzelT, les Weclierlé, les 'furr. Cette Hongrie des
leur a octroyée la Constitution', reconnu ce bienfait parT'as- temps héroïques, voilà l'a vraie, et non celle qui s'agenouille
simiMion- sincère et par l'adaptation aux traditions mo- aujourd'hui' devant l'intrigue, l'or corrupteur et' le terro-
rales de la nation hongroise. Imputation grave, en effet, si risme du Reich. Jamais un seul dés précurseurs dont nous
elle, est autre qu'un procès de tendance, si elle est véritable- évoquons la mémoire, n'eût accepté cette loi d'exception
ment justifiée. Il va sans dire que les représentants autori- et d'exclusion que propose le Gouvernement actuel :
sés de la Communauté israélite ne Font pas laissée sans ils l'eussent repoussée comme un recul d'un siècle sur la
réponse. Hs ne se sont pas contentés de protester énergi- glorieuse Iiistoire,. de leur Hongrie à eux, celle qui par son
q.uement contre la calomnie meurtrière sous laquelle on s'ef- courage clrevaleresque et son amour de l'a liberté,, avait su
intéresser les autres, peuples à sa cause,, conquérir les sym-
pathies de l'Europe et l'estime du monde ! Aux vivants de
(1) Il convient de: n'accepter que sous; réserve les statistiques
officielles, démesurément exagérées, pour les besoins dé la cause, sur
la répartition dé; ^activité: juive. On peut admettre: que- le- nombre
des chefs d'entreprise et employés juifs dans les affaires commer- (1) C'est le chiffre fourni par l'es statistiques officielles et qu'a
ciales et industrielles atteint 60 %, pour les professions libérales confirmé une sentence rendue en novembre 1922 par le Tribunal cor-
35; %, et ce; pour les raisons démonstratives que nous avons expo- rectionnel de Budapest.
sées plus haut. (2) Nous en publions plus loin un extrait essentiel.
PAIX ET DROIT:
-voir s'ils sont bien inspirés, en désavouant leurs grands morts enfin sur l'issue finale. Etant donné l'antisémitisme notoire
-et leur prestigieux passé. du Président, on ne peut guère attendre une amélioration
Qu'ils méditent aussi les leçons de l'histoire et se sou- substantielle et prochaine, à peine atténuation appa-
viennent, qu'à l'instar de tous les fléaux qui ont frappé les rente dans les une
mesures d'exception que M. Goga a prises
hommes et ravagé l'univers, le despotisme et la force bru- dès la première semaine de avènement. Toutefois, ce
tale n'ont qu'un temps, et que si le Droit et la Liberté ont qu'on peut constater, c'est son
un certain apaisement dans la
leurs éclipses, ils ont aussi leurs revanches.
rue, sinon dans les esprits. Quant à la question primordiale,
à savoir la revision de toutes les naturalisations accordées
II depuis 1918, il règne à ce sujet une épaisse obscurité. Le
Depuis deux mois, la roue politique a tourné en Rou- délai légalement imparti aux ressortissants israélites, pour
manie : il s'y est produit un changement d'importance. Le faire la preuve de leur citoyenneté, est à la veille d'expirer ;
roi Carol a « démissionné » le ministère Miron-Cristea-Goga- on ne sait encore s'il sera prolongé. Bref, on ne possède que
Antonesco, pour constituer un nouveau Cabinet. Il est des informations incomplètes et vagues sur les méthodes et les
toujours, présidé par le Patriarche, mais composé de person- tendances des services compétents auxquels est confiée la
nalités très différentes des premiers figurants. Il faut cher- mission de statuer sur les demandes des intéressés : tout
cher la cause de cette révolution dans la découverte d'un n'est encore qu'incertitude et contradiction.
complot ourdi par Codreanu. Ce dernier, trompant son Quoi qu'il en soit, d'aucuns estiment qu'une condamna-
monde par une fausse sortie de la vie politique, avait, de tion rigoureuse de Codreanu et de ses complices produirait
concert avec les militants du Reich, préparé la chute de un effet exemplaire : l'entreprise hitlérienne marquerait un
Carol, et au besoin même, sa suppression. échec, et l'autorité royale en sortirait fortifiée. Libéré des
Comme nous l'indiquions plus haut, po^ir réaliser le factions, Carol serait en mesure de rétablir l'ordre moral
Mittel-Europa, avorté en 1919, et pour s'assurer la conquête aussi bien que matériel et de jouer pleinement son rôle d'ar-
des marchés et des matières premières de l'Orient, le gou- bitre. Une telle conjoncture servirait, au moins par ricochet,
vernement de Berlin poursuit sans relâche dans l'Europe les intérêts de la minorité juive : l'antisémitisme n'étant
-Centrale et Orientale la désagrégation intérieure des pays qu'un trouble social, né et progressant en raison directe de
carpathiques et danubiens et l'élimination par les moyens la faiblesse et de la carence gouvernementale, s'atténuerait
appropriés de tous leurs dirigeants réfractaires à la mise avec le redressement du pouvoir. Une sentence sévère sera-t-
l'oie. elle prononcée ? Il est difficile de rien inférer à cet égard ; le
au pas de
C'est ainsi qu'on a vu succomber Duça et trébucher caractère du roi reste l'inconnue de cette équation. On le
Titulesco, rescapé du poison. On connaît le sort de Dolfuss, dit ballotté entre deux sentiments d'appréhension : la peur
on ignore celui de Schuschnigg, Carol, à son tour, se vit d'un attentat probable sur sa personne par les Gardes de Fer,
menacé : il prit les devants et aujourd'hui ce sont les Gardes et celle d'une agression allemande. L'une, des deux peurs,
de Fer et leur chef qui sont emprisonnés et vont — peut-être la peur obéissante, l'inclinerait vers les cotes mal taillées et
jugement. Que valent les conséquences de les compromis qui ne sauvent rien l'autre, la peur salu-
— passer en ce ;
revirement pour le judaïsme roumain ? Doit-il continuer à taire, le pousserait vers les résolutions viriles... Tout pro-
trembler, peut-il commencer à reprendre espoir ? Il est nostic serait bien hasardé, le plus sage est de s'en tenir à
malaisé de se prononcer sur les intentions du nouveau Gou- la formule, anglaise « wait and see ». Attendre et voir.
vernement, surtout sur ses moyens d'action et de lutte, Alfred BERL.

L'ESSENCE SPIRITUELLE DE L'ANTISEMITISME


d'après Jacques MARÏTAIN

Dans un leader cle Paix et Droit du mois de mars de menace dans votre être, qui vous vise directement, qui vous
cette année, M. Berl a exposé la substance des réflexions parle, en quelque manière, à la deuxième persojnne du
sur le problème juif de M. Jacques Maritain (1). Il a rendu singulier. Il existe des moments où la philosophie est une
au philosophe catholique l'hommage dû à sa charité de inconvenance.
chrétien, à sa générosité de Français, à sa pénétration de Mais les grandes douleurs ne sont jamais aveugles.
penseur. Si nous nous permettons d'y reA'enir, c'est pour Leur brûlure est aussi une lumière. En éclairant l'impassible
insister sur un point particulier que M. Berl a bien effleuré enchaînement des faits, elles en font ressortir l'intensité
dans son article, mais que le reste de la presse juive a un dramatique.
peu négligé et qui concerne — l'expression étonnera — la Aux époques douloureuses de l'histoire on constate un
métaphysique de l'antisémitisme. réveil de la foi ou, du moins, cle la préoccupation religieuse.
Il serait cynique d'envisager l'antisémitisme du point Il ne se confond pas toujours avec le besoin de faciles
de vue de Sirius. Cynisme indécent et, pour un juif — quel espérances et de consolations peu viriles ; il témoigne d'un
que soit le degré de son insensibilité — cynisme impossible. renversement des perspectives selon lesquelles apparaissent
On ne contemple pas avec le sourire un danger qui vous alors le monde et l'histoire. Les événements ne se laissent
olus circonscrire clans leur essence naturelle, ils n'ont plus
(1) L'impossible antisémitisme, dans l'ouvrage collectif Les Juifs, à proprement parler de définition. Vision des choses qui n'a
Pion, Paris 1937. rien d'apocalyptique : la nature ne se trouve pas bouleversée
Les Juifs parmi les nations, conférence faite le samedi 5 février par l'irruption subite de forces surnaturelles. La signification
1938 au Théâtre des Ambassadeurs, parue en brochure aux Editions
du Cerf. mystique des êtres éclate dans leur nature même, plus
PAIX ET DROIT:
naturelle que leur nature. Cette nature profonde, M. Jacques Etranger au monde, le juif en serait le ferment, il le.
Maritain cherche à l'établir pour l'antisémitisme. réveillerait de sa torpeur, il lui communiquerait son
Le christianisme est sorti du judaïsme. Mais la filiation impatience et son inquiétude du bien. Biais l'antagonisme
historique ne constitue pas leur parenté la plus intime. entre le christianisme et Je juda'snie n'en demeure pas moins
Celle-ci réside dans une vocation commune Israël et l'Eglise entier et ne souffre aucun compromis.
:
tout en étant dans le monde, sont étrangers au monde, Antagonisme qui n'a rien 'de commun avec l'anti-
mettent constamment en jeu et en question le monde qui, sémitisme --- tel est le point décisif de loule celte analyse.
cependant, semble les contenir. Dans les horizons où les L'antisémitisme vient d'ailleurs. Derrière l'envie ou l'intolé-
autres voient les limites du réel, la destinée du juif comme rance qui le dissimulent, il est la révolte de la Nature contre
Ja. destinée du chrétien ne saurait s'accomplir intégralement. la Surnature, l'aspiration du monde à sa propre apothéose,
Ce qu'il y a de particulièrement séduisant dans cette à sa béatification dans sa nature. « Si le monde hait les-
conception, c'est qu'elle ne se réfère pas seulement au dogme juifs, c'est qu'il sent bien qu'ils lui seront toujours surna-
de la vie future commun aux théologies juive et chrétienne. iurellement étrangers ; c'est qu'il déteste leur passion dé
La croj'-auce au prolongement infini de notre durée limitée l'absolu et l'insupportable stimulation qu'elle lui inflige.
d'ici-bas suppose une attitude concrète à l'égard du monde. C'est la vocation d'Israël que le monde exècre ». Dès lors
L'attachement au monde qu'elle refuse n'est pas forcément l'antisémitisme n'est pas seulement incompatible avec le
le sensualisme jouisseur dénoncé par toutes les doctrines christianisme, il est son ennemi mortel : le Christianisme
de la Arertu, qu'elles soient juives, chrétiennes ou grecques. est aussi étranger au monde que le judaïsme. « Haïr les-
Cet attachement est déterminé par une l'ajon d'être installé juifs et haïr les Chrétiens vient de même fond ».
dans la réalité qui donne le ton à toutes les péripéties d'une L'idée n'est peut-être pas tout à fait nouvelle. Personne
vie, de se complaire dans la condition l'atureJle, d'èlre de ne doute que l'antisémitisme raciste menace le christianisme
plain-pied avec les choses. Ce qui distingue en fin cle compte autant que le judaïsme. Mais que cette -hostilité soit sans
le judéo-christianisme du paganisme, c'est, plus qu'une merci, qu'elle ne soit pas de pure doctrine, qu'elle vienne-
certaine morale ou une certaine meta.physiq.ue, un sentiment dés profondeurs de la Nature, de son instinct même de
immédiat de la contingence et de l'insécurité du monde, Nature, voilà le point sur lequel M. Maritain projette un
une inquiétude de ne* pas y être chez soi et la force d'en jour nouveau. Qu'à son tour la solidarité judéo-chrétienne
sortir.' ne tienne pas seulement à un lien historique, à l'origine cle
Les oppositions ne s'effacent pas pour autant. Au Jésus, à. la. générosité des chrétiens ou au respect d'une-
chrétien qui croit la nature dépassée par la grâce et le morale commune, qu'elle exprime la même émotion ressentie
mystère du Christ, le refus d'Israël de se convertir apparaît en face des choses, la même destinée étrangère au monde,
comme un amour du monde, comme un. espoir chimérique voilà une vue qui va au coeur même du problème des relations
d'y .réaliser le royaume de Dieu. Par l'attente obstinée cle entre juifs et chrétiens et qui doit en commander la solution..
cet avènement, le destin juif ne manquerait pas cle grandeur. E. LEVINAS.

L'&utricSie continue à être ie théâtre de criminelles menées antijuives. Voici que près:
de deux mois après l'Anschluss, les instincts brutaux des conquérants nationaux-socialistes
ne sont pas encore apaisés. Livrés à la merci d'une foule sauvage, à de vilaines rancoeurs et
à d'âpres appétits, les juifs autrichiens, dont ie seul crime est d'être juifs et d'avoir été de
fervents patriotes, vivent dans des transes continuelles et dans la plus crueile incertitude. Bis
ne savent ce qui adviendra d'eux. C'est, non seulement dans les prisons et les camps de con-
centration, mais aussi dans chaque foyer familial, la plus navrants tragédie que l'on puisse
imaginer.
Chaque jour nous apporte de nouvelles manifestations de la volonté bien décidée des
nouveaux maîtres 6u pays d'en finir lo plus rapidement et le pius forutafement possible avec
les juifs autrichiens.
Arrestations et perquisitions se trouvent Robert Dannenberg, ancien rédacteur en chef
On aurait pu penser qu'après le plébiscite, la situation de YArbeiter Zeilung, ancien président du Conseil de la pro-
des juifs autrichiens deviendrait plus « normale », en ce vince de Vienne ; Oswald Richter et Heinrich Steinitz, avo-
cats de grande réputation ; le Dr. Armand Eisler, ancien
sens que les excès prendraient fin et que des contacts entre conseiller
les juifs d'Allemagne et ceux d'Autriche deviendraient pos- juridique à l'ambassade cle l'U.R.S.S. ; Alexandre
sibles. Geller, ancien directeur du Telegraf et de l'Echo, etc.
Mais les arrestations, les perquisitions, les confisca- Toute la population juive des villes de Frauenkirchen
tions, les humiliations continuent de plus belle. et de Deutsch-Kreuiz, près de 200 personnes, a été envoyée-
au camp de concentration de Bei'g. Auparavant, ces juifs
Une fouille particulièrement minutieuse a été opérée au dû établir l'inventaire de leur avoir et déclarer qu'ils
domicile du Dr. Friedmann, ancien président de la Commu- ont
sont disposés à quitter l'Autriche.
nauté israélite de Vienne, actuellement détenu au camp de
concentration de Dachau. D'autres perquisitions continuent On annonce officellement la confiscation cle plusieurs
à être effectuées chez des industriels et commerçants juifs. domaines ruraux appartenant à la famille Rothschild. Les
La police cherche plus particulièrement les. preuves d'une biens confisqués « seront incorporés aux domaines natio-
assistance financière que lès juifs auraient prêtée au chan- naux du Reich allemand », déclare le communiqué officiel
celier Schuschnigg. adressé au baron Alphonse de Rothschild, « domicilié à
Les archives de la Communauté israélite de Vienne ont Vienne, actuellement sans adresse connue ».
été fouillées par les agents de la Gestapo et les scellés ont Suicides-
été apposés au local où elles sont conservées. Le nombre des suicides s'accroît d'une façon effrayan-
Un nouveau groupe de juifs autrichiens te. On l'évalue à 2.000. Les journaux de Vienne qui'pu-
a été envoyé
au camp cle concentration de Dachau. Parmi les victimes blient les avis de décès les qualifient de « morts subites »..
:PAIX ET DROITE
Parmi les malheureux qui se-sont donné la mort au cours chiens au 1er janvier 1938 et ont quitté aujourd'hui ce pays,
des dernières semaines -se trouvent l'écrivain bien connu, ainsi que par' les personnes qui étaient sujets allemands au
Mme Marianne Trebitsch-Stein, l'avocat Dr. Yaroslav Fantl 31 mars 1931 et qui ont quitté l'Autriche --après le 31 dé-
-et sa femme, le célèbre médecin Dr. Wl'lhelm Knoepfelma- cembre 1937. Cet impôt consiste dans un prélèvement du
cher, le Dr. Arnold Aseher, président de la Loge Bné Brith quart de la fortune.
de Vienne ; le directeur de sanatorium Dr. Furth et sa
femme, l'industriel Felsbevg, le conseiller commercial Le sort de la « Maison de l'Orphelin juif »
Metzger, le commerçant Max Bergmann, s-a femme, son fils Lac<
Maison de l'Orphelin juif » a été « réquisition-
•et sa fille. Cette dernière avait tué au préalable son enfant née » par les autorités nazistes pour les besoins -des en-
en bas âge ; l'avocat Dr. Oscar Blooii-et sa femme, -etc. fants aryens. 70 enfants juifs, âgés de 6 mois à 14 ans, ont
été expulsés. Les -enfants ont été hébergés par l'adminis-
Expulsions massives tration d'une clinique d'en-fants juive. Les nazis ont saisi
LU situation des juifs dans le Rurgenland qui s'étend tout le matériel de la maison, y compris les vêtements, le
à l'est de Vienne, le long de la frontière hongroise et tchéco- linge, -etc.
slovaque, est tout particulièrenient tragique. Un matin du La « Maison de l'Orphelin juif », connue sous le nom
début du mois d'avril, 14 familles juives de Frauenlurchen de « Tuerkenschanzes Kinderheim », a été fondée -en 1924
et i familles de Neusiedl-ani-See furent réveillées par les par un philanthrope juif, le Dr. Bans Rosenzweig. Elle hé-
S. A. et amenées au poste principal de police à Frauenldr- bergeait, outre les 70 orphelins juifs qui viennent d'être
•c'hen. Parmi les détenus se trouvaient des enfants en bas expulsés, 36 enfants non juifs. La réquisition a eu lieu
âge, des vieillards et des malades. Au poste où se trouvait, malgré la. protestation de la municipalité de DoeMing. fau-
un officier de la Gestapo, on contraignit les juifs à signer bourg de Vienne où se trouve l'orphelinat, les conseillers
une déclaration par laquelle ils faisaient don de leur « .plein municipaux considérant cet acte comme illégal.
gré » de tout leur avoir à FEta.t. Ils furent ensuite relâ-
chés et on leur ordonna de quitter le territoire allemand, y Humiliations et vexations
compris l'Autriche, dans un .délai de trois jours. Défense Le soir de Pâques, des nationaux-socialistes viennois
leur fut faite d'emporter autre chose que leurs vêtements. ont fait irruption dans les maisons juives où les familles
Ces familles juives furent amenées à la frontière tchéco- étaient réunies pour le repas traditionnel et ont forcé les
slovaque, à Kittsee-Berg. Les- autorités tchèques ayant re- juifs à descendre dans la rue et à nettoyer les trottoirs et
fusé leur admission en territoire tchèque, les S. A. enfer- les murs.
mèrent les familles juives dans les locaux de la douane, Le grand-rabbin, le Dr. Israël Taeglicht, chef spirituel
•les obligèrent ensuite à pénétrer sur le territoire tchéco- du judaïsme autrichien, a été soumis lui aussi à un trai-
slovaque à travers les fils barbelés qui séparent les- deux tement humiliant. On l'a forcé à participer à la campagne
pays. de boycottage antijuif et à porter sur la voie publique une
Des scènes semblables se sont produites à Kittsee, pancarte avec l'inscription : » N'achetez rien aux juifs » !

Deutsch Kreutz, Eisenstadt, Reichnitz, Wallern, Pamihagen, Les nazis ont rassemblé plusieurs centaines cle juifs et
Golz, Mattersburg, Scbottendorf, Kobersdorf. En tout, une les ont forcés à défiler dans les rues cle Vienne au pas de
cinquantaine de familles juives (plus de 200 personnes) se l'oie, à chanter et à se mettre à genoux tous les cent mètres.
sont vues dépouillées cle tout leur avoir, arrachées à leur Pendant la célébration de l'office cle Pâque, des S. A.
milieu et réduites au vagabondage. Comme les pays voi-
sins sont fermés, elles sont rejetées, d'une frontière à l'autre ont fait irruption dans la synagogue orthodoxe « la Schiff-
schul », ont emmené sur un camion plusieurs fidèles, les
-et finalement refoulées en Autriche où elles .sont arrêtées
ont conduits au poste de police où ils ont été photogra-
par la Gestapo. phiés, et les ont obligés ensuite à nettoyer, dans leurs man-
Il convient d'ajouter qu'il ne s'agit pas, dans ces cas,
de (( nouveaux venus », mais que la plupart des familles teaux de prière, pendant plusieurs heures, des fenêtres et
expulsées habitent le Burgenland depuis 200 ans. L'une des parquets. Les photographies ont été prises en vue de
d'elles a pu établir que ses ancêtres y résidaient demis le leur publication dans le Stûrmer.
XIV0 siècle. Campagne de boycottage
Quelques villes de la pr-ovince .arborent des drapeaux Depuis quelque temps, Vienne est le théâtre d'une for-
blancs pour indiquer qu'aucun juif ne demeure plus dans midable campagne de boycottage antijuif. Elle est sou-
la localité. vent dépassée en brutalité par celle menée en avril 1933 à
La rançon de la Gommunauté israélite de Vienne Berlin. Des centaines de jeunes gens défilent dans la rue,
On ci'oit savoir que la Communauté Israélite de Vienne porteurs d'affiches aux slogans antisémites. A l'entrée de
tous les magasins juifs stationnent des factionnaires inter-
pourra prochainement reprendre son activité et, ainsi, ai- disant l'accès -des locaux aux -clients chrétiens.
der les juifs autrichiens à s'adapter aux nouvelles condi-
tions d'existence. Plusieurs « aryens », dont une femme, qui n'avaient
Deux conditions sont posées par les autorités nazistes. pas obtempéré aux injonctions nazistes, ont été arrêtés par
La première, c'est le versement d'une « rançon -» de 800.000 les S. A qui les ont "forcés à passer par les rues les plus
shillings (plus de cinq millions cle francs).. La. deuxième, importantes de Vienne en portant l'inscription : « Celui qui
c'est l'engagement d'encourager l'émigration des juifs au- achète chez les juifs est un porc », « Il n'y a que les imbé-

trichiens. La Communauté devra .s'engager à expatrier ciles pour acheter chez les juifs », etc. Très souvent, on
25.000 juifs avant la fin de 1938. oblige les propriétaires juifs à prendre part eux-mêmes à-la
Sur ce montant de 800.000 shillings, 200.000 ont déjà campagne cle boycott en les forçant à stationner devant leur
été versés aux autorités nazies. On espère réunir prochai- propre magasin avec des pancartes portant des invitations
nement le reste de la somme exigée par les nazis qui pré- au boycottage.
tendent qu'elle représente l'équivalent du montant de la La liquidation des entreprises juives, un devoir séculaire
contribution juive à l'oeuvre patriotique du chancelier
Sehuschnigg. Dans un leader des Wwner ~Neuesten Tsïachrichten inti-
tulé : « La faute des juifs », on lil :
L'impôt sur le capital des émigrés « Dans son grand
discours prononcé avant le plébis-
A dater du 1er mai 1938, l'impôt sur le capital des émï- cite, Hermann Goering a déclaré que Vienne doit devenir
,grés sera payé par tous ceux qui étaient citoyens autri- une ville allemande et que tous les juifs en doivent dispa-
PAIX ET DROIT

raître. Cette déclaration définit nettement le programme. lequel les citations par ordre de justice sont suspendues jus-
Pour les juifs, il n'y a plus de question de gain, seule la qu'au 30 juin, mais ces dispositions ne s'appliquent pas
question de la liquidation peut encore se poser... La. ques- aux juifs en ce sens que les débiteurs juifs peuvent être
tion juive en Autriche doit être liquidée. Le national-socia- l'objet de citations, mais que les créanciers israélites n'ont
lisme se trouve en présence d'un devoir grand et séculaire pas le droit de faire pratiquer de saisies.
qui doit être accompli intégralement, et en pleine disci-
pline. » La tragédie du judaïsme autrichien
Les entreprises, comme les annonces de journaux en L'envoyé spécial du Daily Herald mande à son jour-
font, foi, passent l'une après l'autre, fictivement ou réelle- nal : « La persécution des juifs autrichiens a atteint son
ment, aux mains des aryens à des prix dérisoires. De ces point culminant. Les juifs aisés ont quitté en partie le pays,
bénéfices, les juifs, s'ils parviennent, à trouver un pays où abandonnant leur avoir ; d'autres ont fui vers Berlin où la
s'expatrier, sont autorisés à emporter, au maximum, un persécution antijuive est moins systématiquement pratiquée
quart à l'étranger. qu'à Vienne. Des familles entières essayent de passer clan-
Elimination destinement la frontière. Très peu y réussissent. Pour ne
L'élimination des juifs des différentes branches de Inac- pas être aperçus, ils se cachent pendant la journée et mar-
tivité se poursuit, jour par jour, implacable et sans trêve. chent pendant la nuit. Des hommes qui il y a quelques se-
Voici que les pharmaciens ne pourront, plus exercer leur maines étaient encore des citoyens estimés et aisés, se voient
profession et devront céder leur commerce à des pharma- dans l'obligation d'accepter l'aumône des habitants des vil-
ciens « aryens ». lages. Les commerçants ont été privés purement et simple-
Les juifs ne sont plus admis à la Bourse du blé de ment de leur avoir, mais en même temps ils sont obligés
Worms, qui est le principal établissement autrichien de ce de s'acquitter de leurs devoirs envers l'Etat et la Commu-
genre. nauté. Ils sont astreints à payer le loyer de leurs maga-
M. Ettinghausen, le nouveau président de la Chambre sins qui ont été fermés sur un ordre officiel. Le nombre des
des avocats de Vienne, a déclaré que les 1.800 avocats juifs employés et ouvriers juifs congédiés des entreprises aryen-
du ressort du barreau de Vienne seront éliminés. Le pro- nes depuis l'Anschluss est évalué à 80.000. Nombre de ces
blème de la « déjudaïsation » de l'Ordre des Avocats à malheureux sont condamnés à la mort par inanition. C'est
Vienne sera prochainement résolu d'une manière radicale. ce qui explique aussi en grande partie le nombre considé-
Le Journal Officiel cle Vienne publie un décret suivant rable de suicides parmi la population juive de l'Autriche-. »

EN HONGRIE
Lettre de Budapest
23 avril 1938. point le gouvernement cle Budapest eût poussé l'esprit de
mesure dans les décisions déjà prises si la rue se fût avisée
A l'histoire du martyre des juifs vient cle s'ajouter une de dire son mot dans la confection du projet législatif pré-
nouvelle page. La Hongrie entend ne pas demeurer en reste senté et qui, tel qu'il est conçu et prêt à entrer en vigueur,
avec les persécutions et les dénis de justice allemands, ger- réduira sans merci les israélites à la même paralysie et
mano-autrichiens, polonais, roumains. La voici, elle aussi, au même dénûment contre, lesquels se débattent à cette
atteinte de manie législative antijuive. heure leurs infortunés coreligionnaires d'Allemagne et d'Au-
Le 17 avril, premier jour de la fête pascale israélite, triche.
M. Daranyi, premier ministre, a jugé cle bonne politique A voir en ce moment l'acharnement judéophobe de
pour son prestige personnel cle proclamer que ses conci- MM. Sztradanyavsky, président cle la Chambre ; Endré, Cail-
toyens juifs sont devenus gênants ; qu'ils- constituent un lery, membres du Parlement, leaders des partis antisémites,
péril pour la nation hongroise, parce qu'ils jouent un rôle on se croirait revenu à l'époque du Cardinal-Archevêque
trop important dans la vie sociale et économique ; qu'ils se de Vienne Rauscher et des agitateurs politiques Istocsy,
montrent inaptes et réfractaires aux travaux des champs ; Onody et autres qui avaient réussi à constituer, comme on
qu'ils ne s'assimilent pas moralement au reste cle la popu- sait, en Hongrie, plus de soixante-dix sociétés antijuives-,
lation chrétienne ; que leur collectivité, enfin, compte un lors du procès de meurtre rituel de Tisza-Eslar, de triste
nombre excessif de lettrés, de savants, cle musiciens, de mémoire.
banquiers, de médecins, d'avocats, d'inventeurs, d'indus- De nouveau, même propagnade forcenée, mêmes im-
triels, etc.. D'où impérieuse nécessité pour le gouverne- pitoyables accusations et diffamations dans un but d'asser-
ment d'introduire et d'appliquer sans retard le numerus vissement, cle compression des israélites. Les dernières se-
clausus dans toutes les branches de l'activité sociale, seul cousses de Vienne servent à souhait les menées et les des-
moyen, paraît-il, cle remédier aux maux du pays démem- seins de la réaction. Dans quelques jours peut-être, les
bré par le Traité de Trianon... juifs hongrois, tout comme leurs coreligionnaires d'Alle-
Avec un ensemble de commande, la presse bourgeoise magne, se verront réduits à la condition de citoyens de
assure que le projet de règlement du problème juif est « sa- deuxième zone, ou de parias. Les fonctions, les carrières,
lué avec enthousiasme par la nation », qu'il est « empreint les emplois leur seront fermés au point que, suivant le fa-
de modération et d'esprit humanitaire ». De leur côté, les meux mot du farouche procureur tsariste Pobédonostsef,
sphères dirigeantes font publier que la majorité du pays « un tiers d'entre eux se verront obligés d'émigrer, un
pousse à des mesures plus radicales encore en vue de met- liers cle se convertir, un tiers de mourir de faim ».
tre fin, une fois pour toutes, à la prépondérance insup- On sait que jusqu'à ce jour, les israélites de Hongrie
portable de l'élément israélite, mais que « les facteurs res- devaient à leur patriotisme, à leur activité et. à leurs facul-
ponsables ne toléreront pas que la rue leur dicte le rythme tés spéciales d'entreprise la place qu'ils se sont faite dans
du travail entrepris ». On peut se demander jusqu'à quel I le redressement économique. Ce relèvement
sert maintenant
PAIX ET DROIT:
de grief contre eux et il est devenu courant de réveiller souvenir du passé, passé aboli par l'ydassable propagande
contre eux mille préjugés ataviques. De partout, on de- germanique, par les toxines nazistes, qui contaminent cha-
mande qu'ils soient réduits à l'impuissance, exclus du sein que jour davantage l'Europe Centrale.
de la nation. Ainsi, pense-t-on, celle-ci retrouvera la pros- En Hongrie, à la tête du mouvement national-socialiste,
périté d'antan et... le paradis national perdu. figurent à cette heure, en plus du féroce agitateur Szalasy
Voilà qui explique l'initiative inattendue prise" par qui prend son mot d'ordre à Berlin, deux hommes politi-
M. Daranyi cle présenter son projet de loi. Il convient de ques dont l'influence sur les masses va s'accentuant. Ce
le considérer comme un prélude à d'autres mesures restric- sont le Dr Vegvary, président de l'Union antisémite dénom-
tives. Les israélites ont lieu de craindre qu'ils ne connaî- mée « Turul », et M. Meczer, président de la Chambre dite
tront désormais ni repos, ni liberté. Au nom de toutes les Culturelle. Ce triumvirat fait pression sur le gouvernement.
Communautés, ils adressent au gouvernement une protes- Aussi, avant même que le projet de loi Daranyi ait été
tation dans laquelle on dit entre autres : « Ce projet cons- adopté par le Parlement, des instructions ont été données
titue une violation des principes de l'égalité de nos droits aux autorités administratives et policières pour qu'elles
et menace notre existence morale et matérielle. Il oppose commencent l'épuration du personnel juif et son exclusion
la nation à notre religion qu'il flétrit. Il affirme gratui- de toutes les institutions ainsi que cle tous les établisse-
tement que les israélites n'ont pas adopté les traditions na- ments d'Etat. Des centaines de fonctionnaires et employés
tionales historiques et qu'ils ne se sont que superficielle- israélites sont déjà licenciés et jetés sur le pavé. Ceci, pa-
ment assimilés aux populations autochtones. Nous protes- raît-il, comme représailles contre les juifs cle la capitale,
tons contre ces accusations et contre les mesures d'excep- qui, en signe de protestation contre la législation projetée,
tion envisagées. Elles sont susceptibles de réduire nos droits s'abstienennt de fréquenter théâtres, cinémas, cafés et au-
de citoyens hongrois, uniquement parce que nous demeu- tres lieux de distraction. A la suite cle cette abstention, les
rons fidèles à notre religion. On ne doit pas permettre que rues de Budapest, d'ordinaire fort animées, ont présenté
l'attachement à notre foi monothéiste puisse constituer pour un aspect très calme durant les huit, jours cle la Pâque
nous un préjudice. » juive. Affectés par les tragiques événements qui se dérou-
La protestation s'achève par un appel au Régent, et lent non loin cle chez eux en Autriche, les quelques rares
à l'esprit libéral des hommes politiques ; mais, où sont les passants Israélites sortis de leurs, demeures paraissaient
libéraux hongrois d'autrefois, tels que Kossuth, Apponyi, comme atterrés, hébétés, ou comme des gens qui voient
Tisza ? Où sont les temps où l'humanité s'indignait contre venir un cataclysme. Puissent ces infortunés ne pas con-
les atteintes aux droits de l'homme, où l'opinion mondiale naître les mêmes vicissitudes dramatiques et les mêmes
se révoltait et laissait entendre des paroles de pitié en affres que leurs voisins de la capitale autrichienne disparue,
faveur des opprimés ? Tout cela, hélas ! n'est plus qu'un ISAS

LETTRE DE POLOGNE
Les variantes et la constante de îa politique polonaise
Varsovie, le 25 avril 1938. sible à ces événements et n'y voit autre chose qu'une ma-
Le camp gouvernemental actuel ne peut se maintenir noeuvre cle pure tactique. Les juifs, eux non plus, n'y pui-
et conserver son équilibre que par un jeu habile d'oscilla- sent pas l'espoir d'un revirement en leur faveur. Forts d'une
tions caractérisé par un mouvement tantôt vers la gauche, expérience déjà longue, ils ne savent, que trop bien que
tantôt vers la droite. Ces changements cle direction politi- de pareils changements politiques ne signifient aucunement
que ont fait jadis l'objet de graves commentaires- et d'in- un redressement de leur tragique, situation. D'ailleurs, ce
terminables discussions. Aujourd'hui, on n'y attache plus n'est pas la question, juive qui sépare les éléments réac-
beaucoup d'importance. Tout le monde a compris que, seu- tionnaires des éléments « progressistes » du parti gouver-
les, des raisons de tactique et d'opportunité inspirent et nemental. Ceux-ci sont aussi antisémites que ceux-là. Ne
motivent ces fluctuations. Il en est ainsi du dernier glisse- font-ils pas l'impossible en vue d'éviter l'impression que la
ment vers la « gauche » auquel personne — les groupements nouvelle orientation politique a quelque rapport avec le
démocratiques moins que tous autres — n'attribue une va- problème juif ? Le député Budzynski s'étant acquis une ré-
leur spéciale. Il convient toutefois de relever certains faits putation uniquement par ses manifestations antisémites au
assez violents et inattendus. Le député réactionnaire Bud- Sejm, on s'est empressé d'informer le public par un com-
zynski, qui s'est distingué au Sejm par ses discours antisé- muniqué de presse spécial que son exclusion du parti gou-
mites, et tout son groupe ont été exclus du parti gouver- vernemental n'a rien de commun avec son activité dans
nemental ; les chefs de la section de la jeunesse, connus l'assemblée législative.
pour leur tendance extrémiste, ont été destitués de leur Il serait erroné également d'attribuer l'ajournement du
fonction et remplacés par des commissaires du parti. Il est vote, définitif par le Sénat de la loi relative à l'interdiction
question également d'autres mesures sévères, notamment de totale de l'abatage rituel à la bonne volonté du gouverne-
l'exclusion du parti de personnalités dirigeantes de l'aile ment ou à la pitié provoquée par le désespoir de la popu-
droite et plus particulièrement de celles qui appartiennent lation juive. Plus simplement, le gouvernement s'est rendu
au groupe des « colonels » et à celui des grands proprié- compte qu'une telle loi porterait actuellement un grand pré-
taires fonciers. La direction des affaires tend de plus en plus judice à l'économie générale du pays, et cela d'autant plus
à passer entre les mains des groupes radicaux, des « réfor- que les juifs menaçaient de se mettre au régime végétarien.
mateurs » (Naprawiacze), qui se recrutent en majeure par- La soi-disant victoire des juifs, dénoncée avec force indi-
tie parmi les milieux des anciens légionnaires et dont le gnation par les nationaux-démocrates, est donc loin d'être
porte-parole est le ministre cle l'Agriculture, M. Ponia- imputable à une .attitude plus bienveillante du gouvernement
towski, auquel la droite veue une haine toute particulière. à l'égard des israélites.
Mais, nous le répétons, l'opinion publique est peu sen- Qu'il n'y ait pas d'évolution parmi les sphères, diri-
8 PAIX ET DROIT:
géantes vers des sentiments meilleurs vis-à-vis des juifs, treprises privées. Donc, tant qu'il s'agissait d'éliminer la
l'attitude des différentes autorités et administrations le con- concurrence juive, on a eu recours à la forme coopérative
firme journellement. Le ministre (du Commerce polonais pour gagner la sympathie de la population. La soi-disant
n'a.-t-il pas tout récemment, lors d'un Congrès des commer- lutte contre le commerce privé ne visait à rien d'autre qu'à
çants de F Ouest cle la Pologne, rendu hommage à la. mé- l'éviction des commerçants juifs. Avec la disparition cle ces
thode pratiquée par eux dans la. lutte contre les « concur- derniers disparurent aussi les sociétés coopératives. Et que
rents » et exprimé le regret que les autres régions du pays sont devenus les fameux arguments invoqués jadis contre
ne soient pas encore « mûres » pour une pareille lutte ? le trop grand nombre d'intermédiaires juifs qui exploitaient
Pour bien comprendre le sens de ces paroles, il faut savoir le paysan polonais, maintenant qu'ils ont été remplacés par
que dans cette contrée de la Pologne le nombre clés, com- des interniêdiaires chrétiens ? La mauvaise foi est trop évi-
merçants juifs est très restreint et qu'il ne peut s'agir que dente pour qu'il soit utile d'insister.
d'une campagne contre les plus miséreux, les marchands Evincés par tous les moyens possibles de leurs posi-
ambulants qui traînent pitoyablement leur marchandise de tions économiques, que deviennent ces milliers de juifs po-
marché en marché pour gagner, dans les conditions les plus lonais ? Ils ne tiennent aucunement à exercer une activité
dures, leur pain quotidien. économique, à condition toutefois qu'on leur donne la pos-
C'est contre ces malheureux qu'on mène -aujourd'hui sibilité d'embrasser une autre profession. Les chiffres sont
une campagne d'extermination de grande envergure. Toutes là pour le prouver. Un recensement effectué en 1931, mais
les méthodes -sont pratiquées. Dans certains' endroits, on dont les résultats ne viennent d'être publiés que mainte-
interdit purement et simplement aux-juifs, par décrets ad- nant, accuse les données suivantes : en 1921, 41 % des juifs
ministratifs, l'accès du marché. Dans d'autres localités, on polonais vivaient du commerce, 33,8 % de l'artisanat et de
loue les places du marché à des organisations chrétiennes l'industrie ; en 1936, 36,6 % vivent du commerce et
ou à des associations- de commerçants chrétiens qui empo- 42,2 % de l'artisanat et de l'industrie. Des constata-
chent naturellement les juifs d'établir leurs stands. Un au- tions analogues peuvent être faites en ce qui concerne les
tre moyen consiste à installer les marchés dans la péri- juifs dans le domaine de l'activité professionnelle. Cette
phérie ou même à une distance plus éloignée des villes où évolution reflète l'âpre lutte que soutiennent pour l'exis-
les juifs n'osent guère s'aventurer par crainte d'agressions. tence les juifs polonais, contraints à faire travailler leurs
Il n'est pas rare non plus que le jour du marché soit fixé femmes et leurs enfants- dès leur jeune âge. A condition tou-
au samedi ou à des jours de fêtes juives ; les commerçants tefois qu'ils trouvent du travail. Car — et il importe cle le
juifs s'abstenant, ces jours-là, de toute affaire. Enfin, souligner — le désir de travailler chez les juifs polonais
la méthode de plus en plus fréquemment employée ces. der- est bien plus vif qu'on ne l'imagine. Si beaucoup d'entre
niers temps consiste dans l'introduction de ghettos dans les eux n'abandonnent pas le commerce, c'est uniquement pour
marcliés. On assigne aux juifs certaines places situées le ne pas augmeter le nombre des chômeurs. Des milliers et
plus souvent à des endroits éloignés et difficilement acces- des milliers de juifs aspirent à s'employer dans l'industrie ;
sibles. Un seul exemple permettra de montrer les consé- bien peu d'entre eux peuvent réaliser ce rêve. Car le boycott
quences de cette campagne d'élimination : du l"r janvier contre l'ouvrier juif est aussi violent que celui qui sévit
1936 au 20 juin 1937 ont eu lieu, dans la région de Posen, contre le commerçant. C'est là une des preuves les plus
511 foires. Dans 222 cas on en a interdit purement et sim- éclatantes de la mauvaise foi des antisémites polonais. Les
plement l'accès aux marchands juifs ; dans 136 autres cas, commerçants et intermédiaires: juifs sont superflus, clament-
on les a forcés cle quitter le marché avant qu'ils aient pu ils. Mais lorsqu'ils demandent du travail, on le leur refuse.
installer leurs marchandises. Quelle que soit la couleur politique du parti gouverne-
Telles sont. les méthodes approuvées et recommandées mental, rien ne permet d'entrevoir dans les circonstances ac-
par le ministre du Commerce, tuelles un changement de cet état de choses. Seule une vic-
S'attaquant de préférence aux éléments les plus fai- toire des éléments sincèrement démocrates pourrait y remé-
bles, on s'en prend aussi aux petits commerçants des vil- dier. Us semblent d'ailleurs se consolider de plus en plus
lages. D'une enquête faite dans 30 villages de l'Est de la et prendre à coeur la défense des juifs, si impitoyablement
Galicie, en vue de constater les changements survenus de- persécutés. L'organe des milieux démocrates intellectuels,
puis cinq ans, il résulte qu'en 1932, il y avait 62 magasins Czarno na Bialem (Noir sur blanc), d'un niveau très élevé,
juifs et 47 magasins non juifs ; en 1937, 16 boutiques et vient cle consacrer un numéro spécial à la question juive
112 entreprises non juives. Mais l'enquête a encore établi en Pologne. Sous une forme tantôt sévère, tantôt ironique,
ce phénomène curieux qu'en 1932 des 47 magasins non il condamne vigoureusement l'antisémitisme. De ces élé-
juifs, 16 seulement, donc un tiers en tout, étaient des en- ments seuls peut venir un secours au judaïsme polonais dont
treprises privées, les autres des coopératives. Or, en 1937, la détresse morale et physique est à son comble.
de 112 magasins non juifs, 70, soit les 2/3, étaient des en- Dr. A. ï.

Réception de M. GoUeland, directeur général de l'Instruc- de Versailles et d'Auteuil et le personnel du secrétariat ont
tion publique, des Beaux-Arts et des Antiquités du Pro- assisté à cette réception.
tectorat marocain par le Comité central de l'Alliance Is- Au nom du Guiiiiié central, M. Georges Leven, vice-
raélite. président de Y Alliance Israélite, a salué le directeur géné-
ral et lui a exprimé la gratitude du Comité central pour la.
Le 7 avril 1938, le Comité central a reçu, dans les sa- bienveillance que M. Gottela-nd témoigne à l'oeuvre de l'Al-
lons de Y Alliance, M. Gofteland, directeur général cle l'Ins- liance au Maroc. Retraçant le développement de cette oeu-
truction publique du Protectorat marocain. vre, il a fait ressortir le rôle qu'elle a joué dans la diffu-
sion de la langue et de la civilisation françaises au Maroc
De .nombreux membres du Comité central, le délégué
et dans la pacification du pays. Rendant hommage à l'es-
de Y Alliance au Maroc, les directeurs des Ecoles normales prit qui, depuis 1927, anime la collaboration étroite entre
PAIX ET DROIT:
l'Alliance et le Protectorat dans le domaine scolaire, il a. le Comité central. Dans une improvisation éloquente, il exr
insisté sur l'essor pris par l'oeuvre depuis l'amvée à la tête prime son admiration pour l'oeuvre de l'Alliance qui: exerce
de la Direction générale de l'Instruction publique de M. son action de relèvement dans tant de pays divers. Il a pu
Gotteland : surtout l'apprécier au Maroc durant ses 12 années de sé-
« A votre arrivée, en 1927, nous avions au Maroc 26 éco- jour dans le pays et en constater les bienfaits, tant au point
les" et 6.500 élèves. Aujourd'hui, nous avons plus de 40 éco- de vue éducatif que social., Sans s'attarder sur les réalisa-
les et plus de 17.000 élèves. En 10 ans, notre population tions du passé, M. Gotteland dirige ses regards vers l'avenir
scolaire a presque triplé. et trace le tableau de tout ce qui reste à faire. Assurément,
« Avec le concours du. Protectorat, de superbes écoles i de nombreuses difficultés se présentent qui arrêtent la mar-
se sont élevées, dans tous les grands centres, à Casablanca, che en avant ; mais le but à atteindre est connu : c'est l'exé-
Fez, Marrakech, Mogador, Meknès, Rabat, Sali, Salé. Des cution du programme de relèvement moral et intellectuel
écoles plus modestes se sont ouvertes dans le bled maro- dont ont rêvé les fondateurs de l'Alliance, pour satisfaire
cain : à Ber-Rechid, Settat, Midelt, Ben-Ahmed, Beinnat, Ta- les besoins croissants des groupements juifs. La situation
raudant, Kasba-Tadia, Tiznit, Oued-Zem. financière du moment est défectueuse, mais la tâche doit
« Et au Maroc, comme ailleurs, l'école de'Y Alliance continuer, malgré les efforts considérables qu'elle réclame.
est un admirable centre d'action: bienfaisante. Autour de D'autre part, le Protectorat devant tenir compte des cir-
l'école s'organisent des oeuvres de nourriture,, d'habillement», constEtnces particulières- du Maroc et devant, dans un es-
des infirmières, des dispensaires qui apportent un peu de prit d'équité et d'égalité absolue, faire bénéficier de son
soulagement à la maladie, à la misère, si souvent affreuse, aide toutes les populations du pays, ne peut pas toujours
des enfants du mellah. Les communautés rivaliseut de zèle apporter à Y Alliance son concours dans la mesure où il le
et d'ardeur généreuse, et c'est par elles que ces oeuvres voudrait. II est tenu constamment au courant pa-r M. Sém-ach
s'accroissent et se développent. » cle tous les besoins des» communautés .juives et de l'oeuvre
M. Georges Leven a remercié enfin M. Gotteland de scolaire. Il profite de l'occasion pour rendre hommage au
l'intérêt qu'il témoigne aux oeuvres d'apprentissage pro- délégué de l'Alliance au Maroc et salue en lui un collabo-
fessionnel, à l'enseignement agricole, à toutes les initiatives rateur clairvoyant et dévoué, il évoque le souvenir de
qui doivent permettre' le relèvement moral et social du ju- Mme Sémach, qui fut une collaboratrice précieuse cle l'oeu-
daïsme marocain. vre cle l'Alliance.
Prenant la parole à son tour, M. Gotteland remercie En terminant, M. Gotteland assure le Comité central
d'abord M. Leven des paroles chaleureuses qu'il a pronon- de toute sa sollicitude pour l'oeuvre scolaire de l'Alliance
cées à son adresse, ainsi que de l'accueil que lui a réservé au Bîaroc et du vif intérêt qu'il lui porte.

Sir Léonard L. COHEN associée à toutes ses pensées et à toutes <ses entreprises.
Dans la reconnaissance que ^Alliance voue à son fondateur
Une grande personnalité juive vient de s'éteindre : Sir et à son inoubliable Président, elle ne saurait séparer Nar-
Léonard L. Cohen. Avec lui disparaît une des figures les plus cisse Leven de Mme Narcisse Leven.
marquantes du judaïsme anglais, un homme qui a considéré Nows extrayons de la touchante allocution que M. le
comme la tâche essentielle de sa vie de prendre en mains Rabbin Kaplan a prononcée le 23 maris à ses obsèques, le
la cause de ses coreligionnaires. Aussi sa perte a-t-elle été
vivement ressentie non seulement par la Communauté de passage suivant :
Londres, mais par tous ceux qui savent avec quel inlassable
« La mort de Mme Narcisse Leven ne met pas seule-
dévouement il travaillait au succès de toutes les oeuvres ment en deuil une famille des plus considérées de la com-
philanthropiques. Président du « jewish Board of Guar- munauté, mais aussi tous ceux qui ont la mémoire du coeur
dians », président de la " Jewish Colonization Association », et qui n'oublient pas le rôle considérable joué par Narcisse
membre du « Council of the Anglo-Jewish Association », du Leven, son mari, dans le judaïsme français contemporain.
« Joint Foreig.n Committee », et cle presque toutes les or- Depuis 23 ans qu'il n'est plus, son nom subit victorieuse-
ganisations philanthropiques et cultuelles juives cle la Cité, ment l'épreuve du fempsjifc, à mesure que les aimées s'écou-
il a déployé dans ces fonctions qu'il remplissait avec un lent, nous prenons plus nettement conscience de la grande
admirable désintéressement une activité infatigable et fé- place qu'il a. occupée parmi nous et de l'importance cle la
conde. A toutes ces oeuvres, son nom restera indissoluble-
1 perte que nous avons subie. Aujourd'hui, c'est celle qui a.
ment associé. Bien qu'il ne fît pas partie du Comité central porté son nom avec tant de dignité et de distinction, sa
de l'Alliance, il secondait, en toute occasion, les efforts de compagne, sa collaboratrice, sa confidente, qui disparaît à
la Société, notamment au sein de 1' « Anglo-J'vwish Asso- son tour. En nous inclinant respectueusement devant sa
ciation », qui est en rapport d'intime collaboration avec dépouille mortelle, qu'il nous soit permis de lui rendre
l'Alliance. En maintes circonstances, son intervention per- l'hommage qui lui revient.
sonnelle, sa parole écoutée se sont employées au bien de
l'Alliance. Elle perd en lui un dès hommes dont le concours Dans le célèbre chapitre biblique cle la femme vertueuse,
lui était des plus précieux. Elle lui doit un tribut d'hom- parmi les différents traits qui composent le touchant ta-
mages et de regrets. bleau de l'épouse israélite, à côté de l'éloge qui est fait, de
sa bonté, cle sa douceur, de sa sagesse et de sa prévoyance,
M" 10 Narcisse LEVEN il est un éloge qui nous surprend au premier abord, car
il concerne plus l'époux que l'épouse, le mari que la femme,
Les amis de notre oeuvre ont appris avec émotion c'est la parole suivante : « Son mari est connu dans la cité,
la disparition de Mme Narcisse Leven, qui s'est éteinte le quand) il siège avec les anciens du pays. » La Bible veut
21 mars dernier. Fidèle compagne de l'homme qui fut le nous apprendre par là qu'il y a lieu cle faire hommage à
grand animateur et le grand ouvrier de ^'Alliance, elle était l'épouse de l'activité publique de son mari. De cette acti-
10 PAIX ET DROIT:

vite qui s'exerce hors du foyer, c'est bien l'épouse pourtant, zèle charitable ne se borna pas à seconder son mari. Elle
la maîtresse de la maison qui tient le sort entre ses mains. fit elle-même partie de nombreux Comités de dames où sa
Il dépend d'elle de la favoriser ou de l'entraver. Rien ne collaboration était grandement appréciée et recherchée en
se fait sans ses- encouragements affectueux, sans son se- raison de l'autorité de son nom et du dévouement total
cours constant et dévoué. Cette collaboration de tous les qu'elle apportait à tout ce qu'elle faisait. »
instants, Mme Narcisse Leven l'a apportée inlassablement «... Elle s'en va, à l'âge de 88 ans, avec la conscience
à son mari. Elle a été pour lui une compagne d'élite — d'avoir noblement accompli sa tâche ici-bas, heureuse des
partageant, ses nobles soucis, ses espoirs généreux, vibrant grandes satisfactions que Dieu lui a accordées sur cette
comme lui quand il s'agissait de défendre une cause sainte terre, heureuse de laisser après elle des enfants qui, eux-
et belle. mêmes, entourés de l'estime et de la sympathie générales,
Dieu lui a accordé les qualités du coeur et de l'esprit donnent de nombreuses preuves de leur attachement à notre
qui lui permirent d'être à la hauteur de sa tâche. Mais son culte et de leur dévouement à nos institutions. »

LE TSAR ET SES MINISTRES CONTRE LES PROTOCOLES

A propos d'un livre de M. Bourtsef


n'a rien d'un juif — se rendit célèbre,
M. Bourtsef — qui que, personnellement, ils étaient satisfaits que les Proto-
dans la. Russie d'avant-iguerre, en démasquant Azev, agent coles existent tout de môme et qu'il se trouve des gens pour
double qui servait à la fois les révolutionnaires et la police les répandre. Tout en admettant la fausseté des Protocoles,
politique du tsar. Son activité depuis lors n'a fait que ils considéraient que leur propagation était utile pour com-
confirmer sa réputation. L'indépendance de son caractère, battre les juifs qu'ils détestaient. » Les Protocoles leuir
le courage de son opinion s'affirmèrent une fois de plus étaient une arme. Ils n'ont jamais été une vérité.
lorsque, ancien révolutionnaire, il se déclara résolument Les impressions que laissèrent à M, Bourtsef les contacts
hostile aux Soviets et ne vola pas au secours de la victoire qu'il a eus avec certains fonctionnaires du « département
du bolchevisme ,en octobre 1917. Ennemi des plus intran- de la police » sont plus intéressantes encore. M. Bourtsef a
sigeants du communisme qu'il combattait et qu'il combat rencontre, après la révolution, Lopoucibine, collaborateur
par la parole, et par la plume, c'est un polémiste né. Mais direct du célèbre ministre antisémite Plehve et ancien direc-
il n'a jamais partagé les égarements cle ceux qui n'admet- teur du « département de la police ». M. Lopouchine a
tent pas de règles de lutte, ne reculent devant aucun moyen exprimé son étonnemeot que les Protocoles soient encore
et considèrent, si l'on peut dire, que l'action ne saurait dfaclualilé, alors qu'à l'époque où il dirigeait la police
avoir d'autre guide que l'aveuglement. politique, tout le monde dans les milieux gouvernementaux
Les Protocoles des Sages de Sion, les relents de l'offi- les savait fabriqués à l'étranger par les agents de Raleh-
cine de rokhraaia russe qu'on respire en les lisant, toute kovski.
l'atmosphère cle provocation, de trahison et de crime où Dans la prison où il avait été jeté par les bolcheviks
ils plongent ont dû éveiller dans l'âme de M, Bourtsef bien après l'avènement du communisme en Russie, M. Bourtsef a
des souvenirs, bien des sentiments. Rien n'élonne moins que rencontré Beletzki, sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur de
le livre qu'il a consacré à ce faux dont l'incroyable fortune 1910 à 1916, et également ancien directeur du « département
constituera pour l'historien futur l'un des mystères de notre de la police ». Ce fut autrefois l'un des ouvriers cle l'affaire
temps (1). Beilis. La prison efface bien des différences — et bien des
Sur la « fabrication » même des Protocoles, M. Bourtsef différends — et une certaine intimité s'est vite établie entre
n'apporte certes rien d'inédit. Il fait l'historique du « genre les deux hommes. Bourtsef demanda alors à Beletzki la
littéraire » auquel ils appartiennent. 1-1 rappelle, dans un raison pour laquelle les Protocoles n'avaient pas été utilisés
exposé clair et nerveux, les preuves incontestables du faux par les antisémites lors du procès Beilis. Beletâki répondit
et du plagiat, il identifie enfin les faussaires. Ce sont, con- en riant : « Impossible On nous a conseillé de les utiliser,
!

formément à la thèse désormais certaine, Ratchkovs'ki, mais nous savions très bien que cela aurait élé un moyen
Golovinski, hauts fonctionnaiires de l'Okhrana russe à Paris. sûr de couler notre affaire. Les Protocoles sont un faux la
On retrouve les qualités de précision et de jugement qui chose est évidente. Nous ne pouvions pas nous couvrir de
caractérisent cet exposé dans la partie finale du livre sur ridicule. On ne se présente pas devant le tribunal muni
la propagande mondiale des Protocoles, les péripéties du de tels documents. »
procès de Berne et la lumière qui, au cours de ce procès, A la lutte que les généraux « blancs » ont menée contre
a pu être faite sur la véritable origine des Protocoles. les bolcheviks au cours des années 1919-1920 dans la Russie
Ce qui est, par contre, très nouveau et d'un intérêt du Sud, M. Bourtsef a été étroitement associé. ' On sait
poignant, ce sont les données de l'enquête personnelle de 1 usage que certains chefs militaires ont fait des Protocoles,
M. Bourtsef sur la diffusion des Protocoles en Russie et identifiant antibolehevisme et antisémitisme. Le général
su,r ta réaction qu'il ont suscitée clans la société russe Demkine et le général Wrangel ne donnèrent jamais leur
d'avant-guerre. Les relations dont Bourtsef disposait dans assentiment à de tels procédés, bien qu'ils n'aient pas pu
de nombreux milieux rendent son témoignage particuliè- en empêcher l'application. Dans l'entourage de Denikine
rement précieux. on ne prêtait aucune importance aux Protocoles et on parlait
Vers 1905, les Protocoles ne trouvaient de défenseurs ni avec agacement dé ceux qui les répandaient. Le général
dans les sphères go uvernemenlaies ni dans les milieux wrangel, au cours d'une conversation avec Bousrtsef, les
ecclésiastiques, ni, bien entendu, parmi les intellectuels a qualifiés cle « faux éhontés ».
d-avant-guerre. Même les antisémites que M. Bourtsef ren- Depuis la débâcle des armées blanches, M. Bourtsef
contrait à cette époque ne cherchaient pas à soutenir Pau- n t est quun réfugié politique, 11 est vice-président d^un
thenticité des Protocoles et évitaient toute discussion à ce Comité national russe à Paris et jouit d'une grande autorité
sujet. « n n'y avait aucun doute, fait remarquer M. Bourtsef clans tous les milieux cle l'émigration, Il a pu approcher
Jiien des ex-dignitaires de la Russie, bien des hommes qui
P™^Pou^teefi, vice-président du Comité national russe, (Menaient les secrets du régime tsa,risle. Les renseigne-
ôiwo
« T 7o^ ^-^S S^,? de Slon »• Un faux ^éré.- Paris
Oiesle Zeiuk, éditeur. Le livre est publié en langue russe 1938 ments qu il a recueillis sur les Protocoles, ceux qu'il a pu
obtenir
par l'intermédiaire
d'amis, confirment dans l'en-
PAIX ET DROIT:

semble ce que pensent de ce document tous les .hommes de russe, tels que Cbmakov, Markov II et autres, demandèrent
bon sens et de bonne i'oi. Il y a eu certes quelques rares au ministre de l'Intérieur la permission de les utiliser lar-
réticences que M. Bourtsef,, dans un esprit d'impartialité gement pour lutter contre le judaïsme militant.
auquel il convient de rendre hommage, n'a pas manqué « Sous la pression de (Lopouchine, Stolypine ordonna à
de reproduire dans son livre. Elles doivent être mises sur deux officiers de la gendarmerie, Mariinoff et Vasilieff, une
le compte de l'exaltation mystique qu'entretiennent les ran- enquête secrète sur la provenance de ce document.
cunes et le déceptions de l'exil. Mais elles sonit sans impor- « L'enquête a permis 'd'établir avec précision qu'il
tance parmi tant de témoignages tout à fait décisifs dont s'agissait d'un faux, Stolypine en a fait un rapport à Nico-
nous reproduisons le. plus remarquable. Par l'intermédiaire las IL Le tsar en l'ut ébranlé. Sur le rapport de la droite,
d'un certain K..., ami commun du général G..., ancien chef qui en préconisait, malgré tout, l'utilisation aux fins d'une
de l'Okhrana de Saint-Péfepsbourg, et de M. Bourtsef, celui- propagande anti-juive, Nicolas H a écrit : « Piclirez les Pro-
ci a pu obtenir, en 1934,, du général des renseignements tocoles de la circulation. On ne défend pas une cause propre
du plus haut intérêt, qui confirment, entre autres que Rat- par des moyens malpropres. »
chkovski et Golovinski furent les auteurs des Protocoles en
voici ce qu'on- en apprend sur- l'histoire des Protocoles en En 1.908, en Russie, pour le tsar Nicolas II, tous les
Russie : « Depuis 1908, une ère nouvelle commença pour moyens n'étaient pas bons. Heureuse époque !

les Protocoles. Les membres actifs de l'Union du Peuple L.

1. — ALLEMAGNE. qui, conformément au décret du feld-malréclial Geering,


Les dernières mesures aniijuives auront l'autorisation gouvernementale d'acheter une entre-
prise commez'eiale ou industrielle israélite en Allemagne
Un décret du maréchal Goering, commissaire: au plan et en Autriche, sont tenus de verser le prix d'achat en
de quatre ans, oblige tous lès israélites, résidant en Alle- espèces, non directement au vendeur israélite, mais à la
magne, à déclarer et évaluer, au taux du 26 avril, tous Reïchsbank. Celle-ci leur remettra en échange des bons,du
leurs biens en Allemagne et à l'étranger, lorsque leur for- Trésor qu'ils remettront à leur tour au vendeur israélite.
tune est supérieure à 5.000 marks. Des décrets spécifiant nettement l'usage que l'ancien pro-
Les israélites étrangers auront à déclarer également priétaire Israélite pourra faire de ces bons, paraîtront inces-
les biens qu'ils possèdent en Allemagne. samment.
En outre, les israélites allemands devront déclarer tous Grâce à cette opération, la R.eiehsbarik touchera, dans
les contrats de vente ou d'affermage d'entreprises indus-
trielles ou agricoles qu'ils ont conclus. Aucun juif ne un avenir plus pu moins rapproché, en espèces, ta totalité
du prix de vente des entreprises israélites en Allemafgne et
pourra fonder de nouvelles entreprises ou succursales sans en Autriche. Eilant donné que l'Évaluation de la fortune
autorisation. israélite dans la nouvelle Allemagne varie entre 4 et 9 mil-
C'est essentiellement en considération de l'Autriche et liards de marks, les fonds disponibles dans les caisses cle
de Vienne, déclare l'agence officielle, que le décret est la Reicbsbank, et qui seront manifestement employer à finan-
édicté. Il doit assurer également une réglementation uni-
forme par lé gouvernement du Reich de toutes les ques- cer le plan de quatre ans, se trouveront donc fortement
tions concernant les juifs. accrus. En outre, le gouvernement du Reich tient à empê-
cher, par ces nouvelles mesures, que les vendeurs israélites
Enfin, cette mesure peut être considérée comme ren-
forçant la récente .ordonnance du maréchal Goering punis- ne puissent transférer illégalement à l'étranger les sommes
qu'ils auraient reçues.
sant cle peines sévères les Allemands facilitant le camou-
flage cle firmes juives en firmes aryennes. Les peines pré- 2. — HONGRIE
vues en cas de non-déclaration de biens sont la prison et La loi juive
l'amende et, « en cas de préméditation », elles peuvent Le 28 avril, la Chambre hongroise a voté à une majo-
aller jusqu'à dix ans de réclusion. Les peines sont appli- rité écrasante la a loi juive » limitant à 20 % la partici-
cables également aux personnes qui ont commis la contra- pation des juifs dans tous les domaines cle la vie natio-
vention à l'étranger. nale : industrie, professions libérales, presse, théâtre, litté-
Le décret relatif à la déclaration des biens des israé- rature, etc.
lites équivaut pratiquement à l'expropriation progressive Rappelons dans leur ordre chronologique les événe-
mais complète des juifs allemands et touche également les ments qui ont abouti au vote cle cette loi :
israélites étrangers habitant l'Allemagne. Au début du mois d'avril, le gouvernement a nommé
Les commentaires de la presse allemande mettent bien une commission de treize membres chargée d'étudier « la
en vue les intentions réelles de cette ordonnance. question juive en Hongrie ». Le 8 avril, celle commission
Le Deulsches Nachrichtenbùro précise que ces mesures a fait connaître le résultat cle son examen sous la forme
doivent faciliter le recensement des biens des juifs du Reich. d'un projet cle loi sur « une organisation plus efficace cle
D'autre part, on. peut les considérer comme une mesure l'équilibre clans la vie sociale et économique ». Le 14 avril,
préparatoire pour le relèvement économique de l'Autriche. le gouvernement a publié l'exposé des motifs de la loi juive
VAngriff, l'organe de M. Goefebels, écrit : « Toute la ainsi que les statistiques officielles sur la proportion des
fortune juive à partir de 5.000 marks sera donc confisquée. juifs dans l'ensemble de l'activité économique et culturelle
Nous pouvons affirmer avec certitude qu'une grande partie du pays et dont voici la substance :
de cette fortune a été acquise de façon malhonnête et que Quand, il y a quatre-vingts ans, le système capita-
c'est pour cette raison que le maréchal Goering a décrété liste s'est introduit en Hongrie, la population a été divisée
que le capital juif devra être mis au service de la vie éco- en trois secteurs.
nomique allemande. » Les paysans, à peine sortis du servage, pauvres et
D'autre part, un pas vient d'être fait par les autorités sans instruction, ont été incapables de jouer, dans le nou-
veau système économique, un autre rôle que celui de sim-
du Reich vers l'élimination totale des israélites cle l'écono- ples ouvriers. La bourgeoisie ne montrait d'intérêt que
mie allemande. On apprend, en effet, que les « Aryens », pour l'art militaire et les affaires publiques.
12
rrzPAIX ET DROIT =
Le capitalisme passa ainsi aux mains des israélites extrémiste. Le gouvernement ne l'a pas seulement toléré,
dont on a facilité l'immigration. mais y a contribué à travers ses journaux. 11 fallait que je
Les juifs ont créé le commerce, le système financier
, dise cela : c'était mon devoir ; je ne céderai à aucune terreur
hongrois et l'industrie hongroise. Actuellement ils consti- et j'ai dit la vérité devant les commissions et je la dirai
de la population hongroise; 40 % des employés devant la nation...
tuent 5 %
% employés de l'in-
de commerce et de banque, 33 des A un moment où le gouvernement demande que les
dustrie, 11 % des industriels et 45 % des commerçants et minorités hongroises à l'étranger jouissent de tous les droits,
des banquiers sont israélites. il n'est pas qualifié pour enlever les droits à une partie de
Les juifs occupent des positions importantes aussi dans ses propres sujets:
l'activité culturelle : 49 % des avocats, 34 % des % méde-
des Dans une interview accordée au journal Esli l]\sag/
cins, 31 % des journalistes, 28 % clés musiciens, 24 M. Daranyi, président du Conseil, a déclare notamment^/
acteurs et 27 % des écrivains et des savants. Toute la nation salue avec satisfaction le projet de
Ils sont, représentés par contre, dans une proportion règlement de la question juive, comme le prouvent les
tout à fait insignifiante, dans l'agriculture. innombrables dépêches de félicitations reçues à ce sujet.
Un et demi pour cent seulement des employés d'Etat Les milieux raisonnables' de la population reconnais-
sont israélites. Leur nombre dans l'armée est actuellement, sent que le projet est empreint de modération et d'esprit
de 154. humanitaire. Le gouvernement est allié jusqu'à une extrême
L'exposé affirme que les juifs n'ont pas réussi à s'assi-
i
limite qui ne peut être franchie sans danger pour l'équi-
miler moralement aux Hongrois. libre économique. Ceux qui réclament une solution radicale
L'Union nationale des israélites hongrois a protesté n'ont pas place dans le camp du gouvernement. Le gouver- l

ensuite, dans une déclaration publiée par la presse, contre nement ne tolère pas que la rue.lui dicte le rythme de son
le projet, de loi juive de M. Daranyi. En voici quelques
travail.
extraits D'une manière irresponsable et en excitent les passions
:
des masses, il serait facile de réclamer une solution plus
Ce projet cle loi constitue une infraction aux principes radicale ; mais, étant pleinement conscient de sa responsa-
de l'égalité" des droits. Il nous menace dans notre existence bilité, le gouvernement considère les mesures contenues
morale et matérielle. L'exposé des motifs du projet de loi clans son projet comme justes et il désire que ce projet
oppose la religion israélite à la nation. Il flétrit notre reli-
devienne une loi dans le cadre qu'il a établi.
gion, il affirme que la majorité des juifs n'ont pas adopté
les traditions historiques de la nation et déclare que les 3. — ROUMANIE
juifs ne se sont assimilés que superficiellement à la popu-
lation autochtone. La continuité de la politique antijuive
Nous prolestons contre ces -accusations. Nous protes- Sans bruit mais avec méthode et rigueur, le gouver-
tons contre les mesures envisagées et susceptibles de dimi- nement national du Patriarche Myron Christea continue
nuer les droits de citoyens hongrois parce qu'ils sont restés l'oeuvre antisémite du gouvernement raciste cle Goga. La
fidèles à leur religion. revision des naturalisations se poursuit avec cette diffé-
Nous faisons appel au régent hongrois, au Parlement rence qu'aujourd'hui les juifs forment la seule catégorie
hongrois, à la société chrétienne hongroise et aux chefs cle citoyens appelés à prouver leurs droits à la nationalité
des autres confessions : ils ne doivent pas permettre que roumaine. Si, à la suite de la suppression des partis poli-
la fidélité à une loi monothéiste puisse constituer un préju- tiques, l'antisémitisme de la rue est moins intense, des
dice aux citoyens hongrois.
mesures draconiennes sont prises par le gouvernement afin
Le comte Bethlen s'est élevé, à son fouir, devant les de parachever l'élimination des juifs de tous les domaines
commissions réunies de la Chambre contre ce projet cle loi. de la vie nationale.
Il a rappelé les attaques violentes que, du point de vue Le gouvernement roumain considère sa politique anti-
des traités minoritaires, les milieux genevois ont lancé juive comme une affaire purement intérieure et ses porte-
contre la Hongrie, à l'occasion de l'introduction en Hongrie parole font comprendre que la Roumanie ne tolérerait au-
du numerus clausus. La solution de la question israélite cune intervention étrangère à ce sujet.
provoquera, en tout cas, des réactions dans le domaine in- En ce qui concerne la revision des naturalisations, le
ternational. ministre de la Justice a pris des dispositions en vue de faci-
Le comte Bethlen s'est opposé au projet de loi qui liter la preuve cle la nationalité, dans le cas où les docu-
constitue, selon lui, une infraction au principe de l'égalité ments requis feraient défaut. Les personnes intéressées
des droits. Le pays a besoin d'unifié ; le projet de loi a pro- pourront invoquer dans ce cas le témoignage de personnes
voqué, cependant, l'inquiétude des milieux économiques. connues des autorités.
Le commerce intérieur a subi déjà un préjudice important ; La situation reste toutefois très pénible pour les juifs
l'exécution du plan quinquennal est menacée. indigents, car les nombreuses formalités qu'entraîne la
Cette loi n'est pas susceptible de calmer l'opinion, a-t-il procédure de revision de la nationalité sont très coûteuses,
déclaré notamment ; on se rendra vite compte qu'il faut et en ne se conformant pas aux exigences de la procédure,
appliquer d'autres méthodes ; je ne pense pas à des métho- les intéressés s'exposent à la radiation des listes de ci-
des révolutionnaires ; si l'on parle, actuellement., de révolu- toyens, sans appel possible. Le nombre cle nouveaux apa-
tion, c'est, que l'on a toléré, pendant des années, l'agitation trides sera en conséquence très élevé.

Les libéralités testamentaires en faveur de Alliance Israélite » doivent être attribuées à sa principale
1' «
institution, l'ECOLE NORMALE ISRAELITE ORIENTALE, établissement reconnu d'utilité publique.
La formule doit être la suivante :
Je donne et lègue à l'ECOLE NORMALE ISRAELITE ORIENTALE, établissement reconnu
((
d'utilité publique, dont le siège est à Paris, 45, rue La Bruyère »

Le Gérant : Jules CBEPIN. Imprimerie Française (S.u;.an.), 123, rue MoMwiaj-tre, parls-2e

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