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Revue Philosophique de Louvain

Étienne Feron, Phénoménologie de la mort


Bernard Stevens

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Stevens Bernard. Étienne Feron, Phénoménologie de la mort. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, tome 98,
n°2, 2000. pp. 409-411;

http://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_2000_num_98_2_7306_t1_0409_0000_4

Document généré le 27/04/2017


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volonté. . . Ajoutons enfin que l'ouvrage se termine sur une bibliographie


commentée.
Avec cette collection, ses responsables font indiscutablement
œuvre utile sur le plan pédagogique; reste aux maîtres à inculquer que
les extraits doivent donner envie de lire l'ensemble dont ils
proviennent. . .

Olivier Depré.

Etienne Feron, Phénoménologie de la mort (Phaenomenologica,


154). Un vol. 25 x 17 de 220 pp. Dordrecht, Kluwer Academic
Publishers, 1999.
Autant qu'une contribution à la phénoménologie herméneutique,
cet ouvrage se veut une réponse à une attente inarticulée de notre
époque. En effet, nous est-il dit, au sein d'une société incapable
d'assumer la mort — non seulement l'authenticité de la mort propre, mais
aussi et surtout l'interpellation de la perte d'un proche — , au sein d'une
société où l'éphémère a remplacé le mortel, la mort étant soit occultée,
lorsqu'elle pourrait concerner chacun, soit à l'inverse offerte en
spectacle, lorsqu'on en est séparé par le prisme des médias, il est plus que
jamais souhaitable d'élaborer une phénoménologie qui rende justice, en
particulier, à la dimension d'altérité dans l'événement de la mort.
L'œuvre de Lévinas apparaît comme un bon guide pour cette tentative
de clarifier en quoi la mort concerne de manière essentielle l'être avec
autrui. En outre, comme la mort déchire la contingence temporelle de
l'existence, un recours à la pensée heideggerienne du temps sera sans
doute aussi de quelque secours. Il s'agira, sous ce double éclairage hei-
deggerien et lévinassien, de cerner le sens ontologique de la mort au fil
d'une patiente méditation des dimensions temporalisante (événementia-
lité, «passibilité») et intersubjective (filialité) dont le phénomène de la
mort d'autrui, traversant l'épreuve de l'angoisse et du deuil, est
l'occasion privilégiée. Il s'agira de montrer que «loin de ne concerner que le
rapport solitaire d'un moi avec sa propre fin, la mort est une modalité à
part entière, bien que fort singulière, de la relation avec autrui
constitutive de l'humain» (p. 12). Laissant de côté le problème de l'au-delà de
la mort, c'est donc le sens qui naît de la «cession» à l'autre que l'auteur
entend déployer. L'homme n'est pas seulement intersubjectivité, c'est-à-
dire un sujet entrant en relation avec d'autres sujets, il est, dès l'abord et
dans son intimité existentiale, constitué par la présence d'autrui.
Dans un va-et-vient constant entre Lévinas et Heidegger, critiquant
l'un avec les arguments de l'autre, les complétant réciproquement, les
rectifiant l'un par l'autre, M. Feron montre comment la mort est par
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excellence l'événement de l'altérité, entrelacé avec l'avènement de


l'être. Refusant de suivre Lévinas dans son accentuation excessive de la
responsabilité, de la culpabilité et de l'expiation au plan du rapport à la
mort d'autrui, M. Feron montre comment, touchant l'affectivité la plus
radicale, qui est le plan de l'exposition à autrui, la mort de l'autre atteint
le niveau de la structure constitutive de l'existentialité, et ce plus
profondément que l'épreuve de l' être-pour-mort. L'angoisse existentiale est
moins celle de la mort propre que celle de la scission dont le décès de
l'être proche est l'occasion: l'angoisse du néant et la crainte pour l'autre
se découvrent fondées toutes deux plus profondément, dans un transcen-
dantal du temps déployant le Mitsein que Heidegger avait tout juste
pressenti — bref une manière d'intersubjectivité transcendantale. Le devant
quoi de l'angoisse n'y est pas le néant mais la personne dont l'absence
nous laisse dans la désolation. Dans l'expressivité sans réponse de son
visage, dans le non-retour de son départ, dans la radicalité de la
séparation, le décès d'autrui, par l'absence ou l'appel de vide qu'il crée, rend
présente la mort «en personne», et met en relief la relation constitutive
de l'être-avec-autrui. Cette relation n'est pas un lien qui viendrait unir
deux sujets préalablement constitués dans leur intégrité monadique:
cette relation est ce sans quoi ces deux sujets ne seraient pas. La relation
précède les sujets qu'elle lie et le décès de l'un touche de ce fait
l'intimité constitutive de l'autre. M. Feron s'emploit donc à dépasser non
seulement le «solipsisme existential» de Heidegger, mais aussi le
«solipsisme éthique» de Lévinas où le sujet, face à l'autre, est enfermé
dans sa responsabilité pour autrui. Or la relation est première et lorsque
l'autre s'en absente il m'y laisse réduit. Sa mort est un dire inexprimé
qui m'enjoint de soutenir la relation, non seulement en perpétuant le
souvenir, mais en reportant vers les tiers la qualité propre de ce lien.
C'est alors que se déploie le sens existential de la mort. En un style
sobre et beau, Etienne Feron rassemble ici sa pensée:
«L'autre meurt, c'est un lien qui se rompt, comme si le fil qui nous relie
se cassait mais que je continuais à en tenir une extrémité dans les mains,
tandis que l'autre bout ne serait plus rattaché à rien, créant un déséquilibre,
un vertige ou une angoisse qui est la douleur même du deuil. De pesanteur
d'être insupportable, le deuil devient vertige d'une absence, le manque
d'un quelqu'un, où déjà se dessine le scheme dans lequel des relations
avec d'autres pourront se nouer. A la mort de l'autre, je suis investi d'une
relation dont je suis seul à supporter le poids, mais de sorte que le
déséquilibre que crée l'absence du proche donné déjà à mon être une
inclination qui me déporte vers les autres» (p. 116).
Cette déportation vers les autres, M. Feron la précise alors dans le
sens d'une «passibilité» où se dessine une temporalité transgénéalo-
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gique à travers notamment la prise de conscience de la filiation: le fait


d'être héritier et transmetteur, d'être le tiers moment, entre-temps, entre
les générations dont on hérite et celles qui nous succèdent. «L'homme
est tout entier relation et non pas sujet, ni tout à fait être-pour-autrui ni
totalement être-en-propre, mais en quelque sorte 'en tiers'». La
responsabilité du pour-autrui ne se résume plus à l'interdiction du meurtre et du
faire-violence, elle devient le devoir de transmettre l'héritage dans la
filiation et de léguer un monde habitable. C'est à ce niveau que l'homme
se découvre «passible»: il nie l'impassibilité vis-à-vis d'autrui en étant
susceptible de l'être-affecté par l'autre, le décédé ou le succédant; il est
capable ainsi de passation, céder la place à son tour à l'autre, au fil d'un
passage qui est la marche des générations. La passibilité c'est le fait
d'être passant et non pas l'effort de fixation dans l'être.
C'est un bien bel ouvrage — mieux: une œuvre forte que nous
offre ici Etienne Feron, — ample, sobre, digne. Avec un souci de clarté,
de sincérité, avec une conviction sans faille, il arrive à déployer de
manière parfaitement convainquante une dimension de l'herméneutique
existentiale qui avait partiellement échappé aussi bien à Heidegger qu'à
Lévinas: la dimension relationnelle en tant que préalable à la
constitution de l'ipséité. Personnellement, je trouve la tentative d'autant plus
intéressante qu'elle rejoint mes propres recherches sur la manière dont
l'éthique relationnelle des pensées héritières du confucianisme entend
remédier à l'individualisme excessif des éthiques occidentales: plutôt
que de penser la morale à partir d'un individu qui, sur base d'une
constitution préalable, entre en rapport avec un alter ego, puis avec la
dimension contractuelle plus large d'une société, il s'agit de montrer comment
la dimension d'emblée relationnelle et sociétale de l'être humain précède
et conditionne l'avènement de l'individu. Attachant aussi, l'ouvrage
d'Etienne Feron l'est jusque dans ses mouvements d'humeur
occasionnels, signes d'un engagement rare en ces temps où ne comptent que les
commentaires scolastiques rédigés sans nécessité.

Bernard Stevens.

Angèle Kremer-Marietti, Philosophie des sciences de la nature


(L'interrogation philosophique). Un vol. 22 x 15 de VIII-280 pp. Paris,
Presses universitaires de France, 1999. Prix: 158 FF.
Dans cette monographie d'une grande érudition, mais nullement
pesante, A. Kremer-Marietti, en philosophe des sciences, se propose,
dans une perspective philosophique, de saisir «les démarches qui sous-
tendent le discours scientifique», mais «tout en respectant l'histoire des

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