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PARIS-GRIGNON
THESE
RÉSUMÉ
AVANT PROPOS
INTRODUCTION
1
2.1. Les enjeux de la problématique environnement- développement sur le littoral nord du 263
Paraná
2.2. La majeure partie de la paysannerie est confrontée à une situation socio-économique fort
précaire 266
CONCLUSION
286
BIBLIOGRAPHIE
294
ANNEXES
314
Elle montre comment certaines interventions récentes des pouvoirs publics, en altérant le
mode d'exploitation des ressources naturelles, l'organisation de l'espace et l'organisation sociale, sont
devenues des facteurs d'aggravation de la crise déjà ancienne de cette société paysanne. Tout en
mettant en évidence la situation d'exclusion socio-économique que la majorité de cette paysannerie
affronte, elle démontre que les possibilités de concevoir un projet de développement qui concilie les
impératifs de la protection de l'environnement et ceux de l'amélioration des conditions de vie de cette
paysannerie sont aujourd'hui largement réunies.
Mots-clés
Système agraire - Brésil - Paraná - Guaraqueçaba - Agriculture défriche-brûlis - Cueillette -
Paysannerie - Développement - Environnement.
Summary
This paper focuses on the evolution of and the differences between the agrarian systems that
have been set up along the Northern coast of Paraná State (southern Brazil), from the Portuguese
colonisation until today.This paper brought to light an agrarian society based on small farming which
relied mainly on natural resources (such as shifting cultivation, fruit gathering, fishing and hunting).
This work underlines how inadequate and harmful recent government schemes have proved
to be. By changing the farmers' methods of exploiting natural resources they have made the crisis
even worse. And, farmers are excluded from socio-economic patterns. However, this paper
endeavours to show that a development scheme aiming both at protecting the environment and
improving small farmers' living conditions can be devised.
Key words
Agrarian system - Paraná - Brazil - Guaraqueçaba - Schifting cultivation - Fruit gathering - Peasants -
Development - Environment.
Resumo
Coloca em evidência que certas intervenções recentes dos poderes públicos nesta região,
alterando o modo de exploração dos recursos naturais, a organização do espaço e a organização
social, tornaram-se fatores de agravação da crise que esta sociedade agrária já vem atravessando
desde os anos 30. Ao mesmo tempo que este estudo destaca a situação de exclusão sócio-
econômica da maioria dos pequenos agricultores familiares, ele demonstra que os elementos
necessários para conceber um projeto de desenvolvimento que concilie os imperativos da proteção
ambiental com os da melhoria das condições de vida desta população encontram-se hoje
amplamente reunidos.
Palavras chaves
A M. Marcel MAZOYER, pour avoir accepté de diriger cette thèse et m'avoir prodigué ses
conseils et ses remarques toujours pertinentes.
A Mlle. Sophie DEVIENNE et à Mme. Jean-Marie VIEL, pour leur attention et leur pertinence
dans la lecture de la thèse.
Pendant une bonne partie de mon séjour et de ma formation en France, j'ai pu bénéficier
d'une bourse brésilienne octroyée par le Conselho Nacional de Desenvolvimento Científico e
Tecnológico - CNPq. Ce soutien m'engage à vie dans la voie du partage de la connaissance et de
l'humilité.
Enfin, je tiens à remercier les paysans et pêcheurs du littoral Nord du Paraná, à qui je
souhaite du fond de mon coeur qu'ils puissent devenir des citoyens à part entière.
INTRODUCTION
Pour qui connaît l'importance de l'État du Paraná (région sud du pays) dans
l'économie agricole du Brésil, avec ses vastes plateaux consacrés pour l'essentiel à
une agriculture issue de la "révolution verte", la portion nord du littoral paranéen1 est
considérée à plusieurs égards comme une région remarquable (figure 1). Celle-ci,
l'une des premières de l'État à avoir été colonisée par les Portugais au XVIe siècle,
conserve en effet une richesse et une diversité biologique considérables. Si
quelques centaines de kilomètres à peine la séparent des centres urbains très
dynamiques comme Curitiba (figure 2), la capitale de l'État, et São Paulo, principal
pôle économique du pays, elle est encore aujourd'hui très faiblement peuplée (on y
compte moins de 4 habitants au km2), et demeure l'une des régions les plus pauvres
et les plus démunies du Sud du Brésil. Un regard plus attentif permet de
comprendre les origines de ce paradoxe qui ne peut manquer d'attirer l'attention sur
cette portion du territoire paranéen dont la superficie atteint environ 3.000 km2.
1 La limite géographique retenue est approximativement celle de la région d'étude adoptée par le décret de
création de la Zone d'Environnement Protégé de Guaraqueçaba (décret fédéral n°90883 du 31/01/85) exception
faite de deux petites régions localisées sur le plateau au nord de la région d'étude. En effet, nous avons
délibérément exclu ces deux petites régions car l'histoire agraire, ainsi que les caractéristiques géo-climatiques
diffèrent sensiblement de celles rencontrées dans l'ensemble de la région littorale du Paraná. Notre région
d'étude couvre la plupart de la commune de Guaraqueçaba et les parties nord et est de la commune d'Antonina.
2 Le climat de la région est fortement marqué par la latitude (entre les parallèles 25° et 26°) et par l'action
orographique de la chaîne de montagnes "Serra do Mar" et des trois centres d'action atmosphériques de
l'Amérique du Sud (l'anticyclone de l'Atlantique sud, l'anticyclone migratoire polaire et la dépression du Chaco).
Par conséquent, le climat peut être défini comme subtropical humide et est caractérisé par le balancement
régulier d'une saison hivernale à sécheresse modérée et d'une saison chaude humide estivale (Naizot - 1993, p.
15). Les précipitations annuelles moyennes varient entre 2100 et 2800 mm, ces variations étant liées à la
proximité de la chaîne montagneuse et au gradient altitudinal. En outre, les précipitations sont très inégalement
réparties sur l'année : les précipitations les plus faibles ont lieu pendant l'hiver - de juin à août - et les plus
élevées à la fin de l'été - février à avril (figure 3). Même pendant la période hivernale, le volume des
précipitations demeure important avec une moyenne mensuelle supérieure à 80 mm. Par contre, les pluies
torrentielles qui ont lieu notamment en été peuvent dépasser facilement 100 mm par jour et ceci pendant
plusieurs jours consécutifs, occasionnant les crues des principaux fleuves. En conséquence, le bilan hydrique
est fortement excédentaire tout au long de l'année avec des excédents hydriques souvent supérieurs à 500 mm
(IPARDES - 1990, p. 19). Néanmoins, de courtes périodes de déficit hydrique peuvent survenir sporadiquement
pendant certaines périodes de l'année, notamment en hiver et au début de l'été. L'humidité relative de l'air est
également très forte en toutes saisons : elle varie entre 80 et 90%.
3 Cette chaîne montagneuse a eu comme origine le processus de constitution de la bordure Est du socle
brésilien lors de la rupture de la plaque tectonique afro-américaine à la fin de l'ère mésozoïque (Maack et
Bigarella citées par Naizot - 1993, p. 28). Cette bordure périphérique, avec la forme d'un bourrelet montagneux
(Birot citée par Naizot - 1993, p. 11) et avec une altitude plus élevée que les plateaux de l'intérieur du continent,
sera à l'origine de la chaîne de montagnes "Serra do Mar". Outre le front de l'escarpement, cette chaîne de
montagnes est constituée d'un ensemble complexe de montagnes en blocs, les uns surélevés, les autres au
contraire abaissés, aux escarpements profondément disséqués qui forment des "serras" isolées et marginales
et baies qui la bordent au Sud sont de faible profondeur (figure 4). Même l'existence
d'un réseau hydrographique très dense ne permet pas de compenser ces
contraintes : le transport fluvial est lui aussi confronté à des fortes limitations, car à
l'exception des quelques fleuves principaux qui traversent la région, la plupart des
cours d'eau sont trop sinueux et étroits pour permettre une véritable navigation
fluviale (figure 5). À ceci s'ajoute la localisation géographique du littoral nord,
complètement à l'écart des principaux axes de communication terrestres qui
traversent le littoral paranéen (figure 6).
Autant de contraintes qui ont fait du littoral nord du Paraná une région
longtemps dotée de faibles avantages comparatifs notamment par rapport aux
régions de plateaux de l'intérieur de l'État4 ou même aux régions voisines du littoral
centre et sud5.
(Naizot - 1993, p. 14). Les structures rocheuses sont d'origine précambrienne et jurassique-crétacée et elles
sont composées par des roches ignées (granites) mais surtout par des roches métamorphiques (notamment des
migmatites et gneiss) (IPARDES - 1990, pp. 23-24). Les failles dans le substratum précambrien ont été
soumises à un long processus d'érosion géologique qui a donné origine aux principales orientations du relief et
aux vallées alluviales avec une orientation Nord-est, Nord et Nord-ouest. La partie plus élevée de cette chaîne
montagneuse s'élève à environ 1500 mètres, mais la plupart des montagnes ont des altitudes inférieures à 800
mètres (IPARDES - 1990, p. 35).
4 Les régions de plateaux de l'État du Paraná étaient, jusqu'aux années 60, le grand front pionnier du Sud du
Brésil avec de vastes étendues de terres vierges et un climat relativement tempéré.
5 C'est là que l'on trouve les principaux ports maritimes et fluviaux de l'État. Elles sont par ailleurs plus proches
des régions de plateaux.
Figu r e 3 - T e m pé r at ur e e t pr é cipi t a t io ns* an nue lle s sur le li t t or al Nor d de
l' Ét a t du Par a ná
C° 3 0 4 0 0 m .m .
350
25
300
20
250
15 200
150
10
100
5
50
0 0
Sep
Dec
Jan
Août
Oct
Fev
Nov
Mai
Mar
Av r
Jui
Juil
Hum id it é relat ive de l' air : Temp érat ur e maximale men suelle
8 0 % (sept à jan v ) à Temp érat ur e m inimale men suelle
9 0 % ( avril à ao ût )
Précipit at io ns mm/ mo is
Ensoleillement heures/ mo is
SOURCE : D' après les données fournies par l'IAPAR, 197 8-90 .
Le littoral nord du Paraná a donc été réduit à jouer un rôle secondaire et
périphérique tout au long du processus de développement économique de l'État du
Paraná dans son ensemble et même du reste de la région littorale. Cette situation
n'a permis qu'une intégration partielle au marché économique régional et national, et
la région est restée longtemps à l'écart de toute politique d'aménagement du
territoire et de développement.
Il faudra attendre la fin des années 60 pour que cette situation soit
profondément bouleversée par toute une série d'interventions des pouvoirs publics,
et tout d'abord par la mise en place par le gouvernement fédéral d'un ambitieux
programme de développement des activités forestières. Les avantages fiscaux
offerts par ce programme déclenchèrent en effet un ample mouvement de
concentration foncière, en incitant l'installation d'un grand nombre de néolatifundias
dans la région. Cette installation fut suivie par le désenclavement progressif des
principales vallées agricoles avec la construction de pistes en terre et quelques
routes goudronnées. Enfin, à partir des années 80, les pouvoirs publics brésiliens
intervinrent de nouveau dans la région en mettant en place une politique régionale
de protection de l'environnement.
Cette sous-région comprend l'ensemble des plaines littorales et l'aval des principales vallées
alluviales. Dans celles-ci, plus de 3/4 des surfaces de fonds de vallée sont occupées par des
bas-fonds.
Les plaines littorales ("restingas") sont des plaines sablonneuses légèrement ondulées
localisées autour des baies et estuaires. Elles résultent du dépôt de sédiments d'origine
maritime lors des dernières régressions de la mer au cours de la période Quaternaire. Cette
unité de milieu naturel est soumise à une importante influence des marées qui se traduit par
l'occurrence d'une nappe phréatique superficielle. En revanche, les bas-fonds ont été formés
par le dépôt de sédiments alluviaux récents. Les bas-fonds se situent le long des principaux
fleuves (sur des anciens méandres de fleuve) et à proximité de leur embouchure. Cette unité
de milieu naturel se caractérise par la faible profondeur de la nappe phréatique tout au long
de l'année (à l'exception des mois de plus faibles précipitations, c'est-à-dire de juillet à
septembre, quand on observe un abaissement sensible de la nappe phréatique). Cette
situation s'explique par la faible déclivité des bas-fonds combinée parfois à l'influence des
marées.
Les terrasses alluviales ont été formées par le dépôt de sédiments d'origine alluviale
pendant le Quaternaire, lorsque les périodes de transgression de la mer ont noyé les vallées
alluviales. Cette unité de milieu naturel comprend la partie des fonds de vallée non inondés
par les crues d'été (ou très exceptionnellement) en raison de leur altitude supérieure au
niveau des crues des fleuves. Les plaines d'épandage de crues (appelés localement "terras
de desmonte") se situent en bordure des principaux fleuves et bénéficient périodiquement de
dépôts de sédiments alluviaux récents. Ces plaines sont inondées par des crues d'été ("água
do monte") pendant les mois de février et de mars, d'une durée très variable (d'une demi
journée à quelques jours) et qui apportent des quantités considérables de sédiments
organiques et argileux d'origine alluviale. Les terrasses alluviales comme les plaines
d'épandage de crues se caractérisent par la prédominance de sols peu évolués d'apport
(sols alluviaux) avec un bon drainage naturel.
La végétation climacique sur les fonds des vallées varie d'une végétation herbacée, voire
arborée, hygrophile, à une végétation constituée par une forêt ombrophile dense qui
prédomine sur les versants de montagnes.
Elle comprend la partie amont des vallées alluviales presque entièrement entourées par la
sous-région montagneuse. Ces vallées sont relativement étroites (leur largeur est souvent
inférieure à 2 km), et les plaines d'épandage de crues et les terrasses alluviales occupent
plus de la moitié des surfaces de fond de vallée. Le reste des surfaces de fond de vallée est
composé de bas-fonds. Au même titre que la sous-région précédente, elle comprend
également des versants de montagnes.
• Sous-région montagneuse
La forêt ombrophile dense est prédominante sur cette sous-région, mais lorsque l'altitude
dépasse 1000 mètres (IPARDES - 1990, p. 64), elle cède progressivement la place à une
végétation arbustive puis herbacée.
V IV III II 1.2 0 0 I
Haut es Mont agne s
Alt it u de
( m èt res )
B as- f onds Ter r as s es alluv iales Plaine d ' épandage
non inondées par de c r ues
les c rues d ' ét é Plaine lit t or ale
" r es t ing a"
B as 20 à 5 0
V er sant s
F or êt o m b r op h ile de ns e
V é gé t at io n a rb o ré e et m ar ais l ac u st re
F or êt d e m ang r o v e s ( m a rai s m ar it im e s )
SOURCE : IPA RDES, 1 9 9 0 et r elev és de t err ain 1 9 8 9 , 1 9 9 1 et 1 9 9 2 .
CHAPITRE 1
La mise en place d'un système de production
esclavagiste et la formation de la paysannerie
"caiçara" (1580 - 1888)
1. La période aurifère et l'intégration de la région à la colonie portugaise
La principale activité de ces Indiens était la culture du manioc "amer", mais ils
cultivaient également du maïs, du manioc "doux", des piments, des calebasses, des
ananas, du tabac, etc. (Sanoja - 1981, pp. 135 et 171; Dean - 1996, pp. 48-49). Si le
manioc représentait un aliment abondant et riche en glucides, sa faible teneur
protéique les obligeait à pratiquer la chasse, la pêche et la cueillette (Dean - 1996, p.
49). Le système de culture sur brûlis était utilisé pour exploiter l'écosystème forestier
composé d'une forêt ombrophile dense (Steward - 1946 - Vol. 3 - p. 99, p. 886, pp.
894-895 et Vol. 6 - p. 482 ; Staden - 1979, p.163; Dean - 1996, pp. 44-46). L'analyse
de leur outillage nous amène à penser que le déboisement des parcelles était
caractérisé par l'essartage en clairière.
Néanmoins, c'est au cours de cette période que furent établis les premiers
contacts entre les Indiens du littoral paranéen et les Européens. En 1549,
l'aventurier STADEN rencontra là quelques Européens vivant déjà parmi les Indiens,
problablement dans le but d'approvisionner les expéditions et les bateaux de
passage (Staden - 1979, pp. 41-43). A partir de 1585, les habitants de la région
voisine de São Vicente (actuel État de São Paulo) organisèrent des expéditions
armées (appelées "Bandeiras"), dont l'objectif était la capture d'Indiens pour
l'esclavage. A l'époque, l'activité des habitants de ces régions consistait en la
capture et le commerce d'esclaves indiens (Furtado - 1962, pp. 49-50 et 63). En
effet, le prix des esclaves était très élevé sur le marché en raison de la forte
demande dans les régions sucrières du Nord-Est (Simonsen - 1978, p. 218). Ainsi
pendant plusieurs années, des expéditions successives venues de São Vicente
traversèrent le littoral du Paraná pour y chasser et capturer les Indiens (Martins -
1944, p. 37).
6 La législation mise en place par la couronne portugaise prévoyait la concession de terres ("sesmarias") à des
colons et pionniers en vue d'inciter la colonisation du Brésil. En fait, la plupart des "sesmarias" étaient de vastes
extensions de terres octroyées à des notables (hauts fonctionnaires, militaires, hommes d'église, commerçants,
etc.). Pour les pionniers et les petits colons sans aucun pouvoir politique ou expression économique, la seule
manière d'accéder à la terre était l'appropriation d'un lopin et sa mise en culture. Dans ce cas, la reconnaissance
officielle et légale de la possession foncière passait obligatoirement par une importante accumulation de
capitaux et de moyens de production (esclaves, bétail, ateliers, etc.).
1.3. L'épuisement de l'or au début du XVIIIe siècle
7 D'après MENDRAS, une société paysanne peut être définie par les cinq traits suivants (Mendras - 1976, pp.12-
13) :
A. L'autonomie relative des collectivités paysannes à l'égard d'une société englobante, qui les domine mais
tolère leurs originalités.
B. L'importance structurelle du groupe domestique dans l'organisation de la vie économique et de la vie
sociale de la collectivité.
de capitaux et de moyens de production pendant la période aurifère semble avoir
joué un rôle fondamental dans la formation et dans la différenciation sociale à
l'intérieur de cette société.
C. Un système économique d'autarcie relative, qui ne distingue pas consommation et production, et qui
entretient des relations avec l'économie englobante.
D. Une collectivité locale caractérisée par des rapports internes d'interconnaissance et de faibles rapports
avec les collectivités environnantes.
E. La fonction décisive des rôles de médiation des notables entre collectivités paysannes et société
englobante.
Les marchés internationaux de riz et de sucre ont été bouleversés par la
déstructuration de la production sucrière en Haïti (due aux révoltes d'esclaves), et
par l'exclusion du marché rizicole mondial des Colonies anglaises de l'Amérique du
Nord (en raison de la guerre d'Indépendance) (Furtado - 1962, pp. 98-100).
Le mode d'exploitation du milieu sur le littoral nord du Paraná était fondé sur
l'appropriation des ressources forestières et halieutiques et sur une agriculture
pratiquée avec le système de culture de défriche-brûlis (figure 9).
Figure 9 - Mode d'exploitation du milieu sur le littoral Nord du Paraná
(1730 - 1888)
V IV III II I
exploitation de produits de
la forêt (bois, lianes) et chasse
pêche
FLEUVE
Versants de Terrasses
Bas-fonds Plaines
montagnes alluviales Plaine littorale
d'épandage de Baies
crues
En ce qui concerne les activités agricoles, la mise en culture des terres était
fondée sur le système de culture de défriche-brûlis avec une durée d'abandon au
recrû d'environ 20 ans, qui permettait le développement d'une végétation arborée. La
reproduction de la fertilité des parcelles était assurée par le développement et
l'accumulation de la biomasse pendant la période de recrû. Celle-ci avait également
pour objectif de réduire l'infestation des parcelles par les herbes adventices et par
les insectes (notamment des fourmis9). Le système de défriche-brûlis consistait en le
8 D'après des récits provenants de la région de Guaratuba (littoral sud), les moulins hydrauliques pour la
transformation du riz installés sur le littoral paranéen avaient une capacité de production de moins de 2.000 Kg
de riz pilé par mois (Mafra - 1952, pp. 258-259).
9 DEAN, dans son ouvrage sur l'histoire et la destruction de la forêt atlantique brésilienne, fait référence à
d'importants dégâts causés aux cultures et aux pâturages par les fourmis (notamment des espèces Atta - les
"saúvas"). En s'appuyant sur de nombreux récits historiques, il affirme que les parcelles étaient infestées par ces
insectes après deux ou trois ans de culture. Selon lui, l'absence de moyens efficaces de contrôle de ces
insectes était l'une des principales raisons de l'utilisation du système de défriche-brûlis (Dean - 1996, pp. 124-
127). La situation sur le littoral nord du Paraná n'était guère différente, car W. MICHAUD, dans une lettre datée
de 1897 affirmait : "(...) L'un des plus grands désavantages pour l'agriculture ici sont les fourmis; ces insectes
détruisent tout; l'on perd des journées et des journées chaque année à les suivre pour arriver au nid qui souvent
est assez éloigné et une fois trouvé il faut chercher du bois, faire du feu et bouillir de l'eau pour les tuer sinon
elles détruisent toutes les plantes, excepté les bananiers, le gros blé et la canne à sucre (...)" (Correspondance
de Michaud, 15/02/1897).
défrichement de la végétation arbustive à l'aide de la machette, suivie par la coupe
des arbres à la hache. L'opération de défrichement intervenait pendant la période la
plus sèche de l'année de façon à permettre un séchage plus rapide de la biomasse
végétale. Les branches et feuillages étaient ensuite débités, puis après quelques
mois de séchage, la biomasse végétale était brûlée. Le semis intervenait sitôt après
le brûlis de la biomasse végétale qui permettait aux plantes cultivées de profiter au
maximum des apports fertilisants en éléments minéraux des cendres, ainsi que
d'une période de faible concurrence avec des herbes adventices et la repousse de la
recrû. L'outillage utilisé pour les travaux de semis et de plantation était constitué du
bâton fouisseur et de la houe.
2.4. Une société agraire bien différenciée : des paysans, des agriculteurs
esclavagistes et des grands propriétaires esclavagistes
Tableau 2 - Pourcentage estimé de chaque catégorie d'exploitants, nombre d'esclaves par exploitation, surface
des exploitations et leurs principales activités
dans la première moitié du XIXe siècle sur le littoral nord du Paraná
10 Contrairement à d'autres régions où des études historiques affirmaient que les "agregados" étaient plutôt
associés à la grande exploitation esclavagiste (Machado - 1963, p.15; Santos - 1976, p. 159), sur le littoral nord
du Paraná nous avons retrouvé les "agregados" davantage associés à la paysannerie. D'après le recensement
de 1806, environ 60% des "agregados" étaient liés à des exploitations paysannes.
production de cordages et de planches et poutres ainsi que leurs faibles surplus de
riz pluvial, de farine de manioc et de poisson séché.
11 La prédominance d'exploitations esclavagistes disposant de quelques esclaves n'est pas une exclusivité du
littoral nord, cette situation a été également retrouvée dans d'autres régions du Paraná et du Brésil (Gallardo -
1986, pp. 38 et 45-46).
Les rares informations disponibles sur la division du travail dans ces
exploitations nous portent à conclure que la main d'œuvre esclave était utilisée dans
les activités nécessitant une forte concentration de force de travail (transformation
du manioc, pêche, travaux agricoles, etc.). C'est d'ailleurs pour cela que la cueillette
et la production de cordage en lianes était une activité peu importante pour ces
exploitants (d'après le recensement de 1806). En effet, la grande dispersion spatiale
de la ressource dans la forêt ombrophile rendait impossible la surveillance des
activités de cueillette réalisées par les esclaves. À l'instar des paysans, ces
agriculteurs disposaient parfois d'une main d'œuvre composée de quelques
"agregados". La main d'œuvre familiale et libre "agregado" était employée dans tous
les travaux agricoles et de transformation et supervisait en outre le travail des
esclaves.
Ces exploitations étaient dirigées par des régisseurs et la main d'œuvre était
essentiellement esclave. Très peu nombreuses (moins de 2% des exploitations en
1806), elles concentraient environ 30% de la main d'œuvre esclave de la région. Ces
exploitants disposaient alors d'une main d'œuvre relativement abondante et de
moyens de production et d'infrastructures importants par rapport aux catégories
précédentes : des alambics, des moulins et des pressoirs hydrauliques ou à traction
animale, des barques et parfois des voiliers pour le transport à l'intérieur des baies et
des estuaires (Vieira dos Santos - 1950, pp. 299-302). Quelques propriétaires
possédaient des entrepôts pour la vente de marchandises et l'achat de la production
agricole et artisanale des paysans et agriculteurs des environs, ainsi que de grands
commerces et des entrepôts dans d'autres villes du littoral (Revue Marinha - 1940 ;
Vieira dos Santos - 1950 - Vol. 1 - pp. 80-89 et Vol. 2 - pp. 299-300). Souvent, ces
individus possédaient d'autres exploitations dans les régions voisines ou sur les
plateaux du Paraná (Gallardo - 1986, p. 40; Vieira dos Santos - 1950, pp. 299-300,
Machado - 1963, p. 10).
Depuis le XVIe et jusqu'à la fin du XIXe siècle, le Brésil connut deux législation
foncières distinctes.
Par ailleurs, nous pouvons d'une certaine manière confirmer notre analyse à
travers la situation foncière du littoral centre du Paraná. Contrairement à la situation
sur le littoral nord, nous retrouvons là de nombreuses concessions octroyées par les
autorités coloniales : dans son étude, RITTER en a recensé plus de 30 (Ritter -
1980, pp. 221-248). Cette structure foncière était sans doute liée à deux facteurs :
l'existence de gisements d'or plus productifs et la proximité de villes portuaires et de
pistes reliant le littoral centre et sud aux plateaux de l'intérieur. Cette conjoncture
permit d'attirer des colons et des aventuriers disposant de moyens économiques et
de production plus importants, et incita un nombre considérable de propriétaires à
accumuler suffisamment de biens et de moyens de production pour obtenir la
régularisation de leurs tenures foncières.
Cette nouvelle législation12 s'avèra insuffisante pour faire face aux graves
problèmes fonciers existants sur le littoral nord du Paraná, notamment ceux
concernant la régularisation des exploitations paysannes. Tout d'abord, elle limitait la
régularisation foncière à environ deux fois la surface agricole effectivement cultivée,
sans tenir compte des parcelles abandonnées au recrû. Ainsi, dans cette région, les
surfaces agricoles régularisées étaient donc largement inférieures aux surfaces
agricoles effectivement nécessaires. Seule une partie des tenures foncières pouvait
être régularisées (généralement aux alentours de l'habitation et des bordures des
fleuves), la plupart des parcelles ainsi que les forêts plus éloignées (utilisées pour la
cueillette et l'exploitation sélective de certaines ressources forestières), ne le
pouvant pas et demeurant des "possessions", ou simplement des "terres vacantes et
sans maître" (les "terras devolutas"). En outre, le processus de régularisation
foncière exigeait de la part des paysans une certaine démarche bureaucratique
auprès de l'administration, ainsi que des investissements en capital (frais de notaire,
12 Ceci a pu être confirmé par certains documents relatifs au littoral nord retrouvés dans les Archives Publiques
de l'Etat : "Registros de terras feitos de accôrdo com o Decreto n° 1318 de 30/01/1854"; "Registros de terras
feitos de accôrdo com o Decreto n° 01 de 08/04/1893"; "Propriedades legitimadas pelo Governo do Estado do
Paraná e que figuram no mappa - 1893".
coût des services topographiques, déplacements, etc.) (Correspondance de la
Chambre de Conseillers Municipaux de Guaraqueçaba, 10/08/1884). Enfin, en
imposant l'achat du foncier et en multipliant les conditions nécessaires à la
régularisation foncière des "possessions", cette législation s'avéra un obstacle
presque insurmontable pour les habitants de la région désirant entreprendre la
régularisation de nouvelles "possessions" foncières. Une situation que la poursuite
de la croissance démographique régionale13, et par conséquent du nombre
d'exploitations paysannes et esclavagistes, semble avoir accentuée.
13 Entre 1806 et 1866, le nombre d'habitants sur le littoral nord du Paraná est passé de 2.050 à 4.233 (Lista
nominativa dos habitantes da Provincia de São Paulo - 1806 et d'après Romário MARTINS - 1941).
14 Nous avons pu estimer la densité démographique sur le littoral nord du Paraná au milieu du XIXe siècle à
moins de 10 habitants au km2 (estimation personnelle).
- Des rapports de production et d'échange favorables aux grands
propriétaires esclavagistes
En revanche, il paraît tout à fait probable que cette situation n'ait pas permis à
cette paysannerie d'entreprendre une véritable accumulation de capitaux et de
moyens de production. Outre les prélèvements réalisés par les propriétaires des
grandes exploitations esclavagistes lors des activités commerciales, la majorité de la
15 D'après le recensement de 1806, nous avons pu estimer que moins de 5% de la population non esclave du
littoral nord du Paraná se consacrait au travail salarié à temps complet ou de façon sporadique.
16 Entre 1806 et 1854, la population du littoral nord du Paraná est passée de 2.000 à 3.500 habitants environ.
paysannerie n'avait accès qu'aux terres localisées plus à l'intérieur du continent et,
par conséquent, moins avantagées en termes de transport fluvial. Nous pouvons
donc considérer que dans ce contexte, les écarts d'accumulation entre la
paysannerie d'une part et les agriculteurs et grands exploitants esclavagistes d'autre
part se sont maintenus tout au long de cette période.
Ces produits étaient transportés par barques ou par de petits voiliers vers les
principaux ports du littoral, pour ensuite être réexpédiés notamment vers les ports du
sud du Brésil et des pays de La Plata, par des caboteurs de faible tonnage
(Correspondance de la Chambre de Conseillers Municipaux de Guaraqueçaba,
02/03/1886; Westphalen - 1964, p. 29 et Westphalen - 1962, pp. 22, 29 et 45).
17 Ces produits d'origine forestière étaient peu disponibles dans les régions côtières et pourtant très valorisés
dans les villes portuaires du sud de l'Amérique du Sud.
Les rares informations disponibles sur les échanges commerciaux du littoral
nord du Paraná à cette période concernent uniquement la fin du XIXe siècle (tableau
3).
Tableau 3 - Répartition des recettes (en %) dans le budget de
la commune de Guaraqueçaba, 1882 - 1887
18 D'après SANTOS, entre 1860 et le début des années 70, le prix moyen de la main d'œuvre esclave destinée
aux tâches agricoles sur le littoral paranéen à plus que doublé (Santos - 1976, p. 209).
19 Des régions brésiliennes en plein déclin économique (comme par exemple les anciennes régions minières du
centre du Brésil) ou celles intégrées de manière subsidiaire à l'économie d'exportation et disposant d'une
économie moins dynamique et plutôt tournée vers l'approvisionnement du marché interne (comme par exemple
le Paraná).
Figure 10 - Import ance de la populat ion escl ave (en pourcent age) par rapport à la populat ion t ot ale du
lit t oral nord du Paraná* ent re 1806 et 1888
% 20
15
Int erdict ion du t rafic d' esclaves
10
0
180 0 182 0 184 0 186 0 188 0 190 0
années
*La population rurale de la vallée du fleuve Cachoeira n'a pas été prise en compte.
SOURCES :"L ist a Nom inat iva dos hab it ant es d a Provin cia de São Paulo" , 1 8 06 ; Romário Mart ins,
1 9 41 ; "Mappa est at ist ico d a Provincia do Paraná - Arquivo Público d o Paraná" , 18 5 8; Rap port
d e la Cham bre de Conseillers Municipaux d e Guaraq ueçab a, 1 88 6 .
Cette deuxième moitié du XIXe siècle fut également marquée par une
importante amélioration des transports maritimes et terrestres au Brésil, notamment
grâce à la généralisation des bateaux à vapeur et à l'expansion des chemins de fer.
Même s'il n'a pas concerné directement le littoral nord du Paraná, le développement
des communications engendra un important renforcement de la concurrence inter-
régionale pour ses principaux produits agricoles. Une concurrence inter-régionale
souvent amplifiée par des facteurs internationaux.
Les grands propriétaires esclavagistes furent sans aucun doute les plus
touchés par cette nouvelle conjoncture qui remettait en question les bases mêmes
de leurs exploitations, à savoir le travail esclave et les activités de production, de
transformation et de commercialisation des produits agricoles.
Par ailleurs, cette période fut marquée par une progressive colonisation des
sous-régions des vallées larges et des vallées étroites localisées plus à l'intérieur du
continent. L'étude de documents historiques20 révèle que ce mouvement de
colonisation s'est produit dans les dernières décennies du siècle, à travers deux
fronts distincts et simultanés. Le plus important fut conduit par des petits paysans
originaires de la sous-région des plaines littorales et des bas-fonds, attirés par les
vastes étendues de terres vierges localisées plus à l'intérieur du continent. Le
second, de moindre importance, concerna exclusivement l'amont de la vallée
alluviale du fleuve Guaraqueçaba et fut conduit par des paysans venus des régions
voisines de l'État de São Paulo, au nord de notre région d'étude. Confrontés à
l'épuisement des terres et à un manque de nouvelles surfaces agricoles, ces
paysans entreprirent la colonisation de cette vallée alluviale de l'amont vers l'aval,
en suivant une ligne télégraphique. Ils s'installèrent sur les rives des principaux
fleuves navigables et purent ainsi s'approprier une grande partie des plaines
alluviales, notamment les mieux situées en termes de transport fluvial.
20 A partir de certains documents et registres retrouvés dans les Archives Publics de l'État du Paraná :
"Registros de terras feitos de accôrdo com o Decreto n°01 de 08/04/1893"; "Propriedades legitimadas pelo
Governo do Estado do Paraná e que figuram no mappa - 1893"; demande de régularisation d'une possession
foncière réalisée par Américo Silva Pontes en 22/10/1894.
CHAPITRE 2
L'apogée et le déclin de la paysannerie "caiçara"
(1888 - 1992)
1. La mise en place d'un nouveau système agraire
Enfin, à cette nouvelle conjoncture s'est ajoutée à la fin du XIXe siècle une
considérable amélioration du transport maritime de cabotage au Brésil avec la
généralisation des bateaux à vapeur. La réduction significative de la durée des
transports maritimes de courte et moyenne distance ouvrit de nouveaux débouchés
pour les produits agricoles tropicaux du littoral brésilien, notamment vers les pays du
Rio de La Plata. Le trajet entre les ports du littoral du Paraná et ceux de Montevideo
et de Buenos Aires passa de 18 jours en moyenne en voilier (Westphalen - 1962, p.
21) à quelques jours seulement en bateau à vapeur (Schmidt - 1934, p. 170). De
plus, l'essor économique des pays du Rio de La Plata, imputable aux exportations
de céréales et de viande bovine vers l'Europe, contribua à intensifier la demande de
produits tropicaux, notamment des fruits.
Cette nouvelle conjoncture incita certains commerçants établis dans les villes
portuaires du littoral du Paraná à se lancer dans l'exportation de la banane. Le
premier document relatif à ce commerce sur la portion nord de ce littoral concerne la
mise en place d'un impôt d'exportation en 1883 (Archives de la Mairie de
Guaraqueçaba, Résolution de l'Assemblée de la Province du Paraná, 07/11/1883).
La culture de la banane, jusqu'alors destinée essentiellement à l'autoconsommation,
devint à la fin du siècle la principale culture de rente du littoral paranéen, modifiant
profondément le paysage agraire régional (Nascimento - 1908, p. 8; correspondance
de Michaud, 03/02/1899). En 1908, la production du seul littoral nord était estimée à
plus de 50.000 régimes par mois (Nascimento - 1908, pp. 10 et 24).
Sauf en ce qui concerne les nouvelles parcelles conquises sur la forêt, l'âge
auquel les recrûs étaient défrichés et remis en culture avec le système de défriche-
brûlis était inférieur à une vingtaine d'années (Correspondance de Michaud,
20/11/1890). En réalité, cet âge variait selon la culture et la localisation de la parcelle
et était le plus souvent compris entre 5 et 20 ans (tableau 4).
F igu r e 1 1 - Pr o d u ct i vi t é d u t r av a il d an s l a cu lt ur e d u ri z p lu v ial a ve c le
sy st è m e d e c ul t u r e d e dé f r ich e - b r û lis
se lo n l ' äg e d u r ec r u
( re c r u h er b a cé , r e cr u a r b u st i f e t r e c ru ar b o r é )
Pr od uct ivit é d u t r avail( en Kg
d e riz p ar j our née d e t r avail)
25
20
15
10
0
0 5 10 15 20
Dur ée du recr u
( en ann ées)
SOURCE : D' apr ès d es ren seig neme nt s f ou rnis par des ancien s p aysan s d u
lit t or al no rd d u Par aná ( enq uêt es de t err ain 1 9 8 9 , 1 9 9 1 et 1 9 9 2 ) .
En effet, le défrichement et la remise en culture de telles parcelles
demandaient un investissement en travail aussi important que pour les parcelles
disposant d'une végétation primaire arborée, pour des rendements semblables.
Les surfaces agricoles localisées sur l'unité de milieu naturel des bas-fonds
étaient utilisées exclusivement pour la culture du riz pluvial avec le système de
défriche-brûlis. La culture du riz pluvial se limitait à un seul cycle de culture, suivi
d'une période d'abandon au recrû de moins de 20 ans. Les variétés présentaient un
cycle long (d'environ 5 mois) et une taille élevée. Le riz pluvial était la seule culture
possible dans ces bas-fonds, car il profitait de l'abaissement de la nappe phréatique
pendant les mois d'hiver (notamment juillet et août). Le mauvais drainage des bas-
fonds et l'écartement réduit dans cette culture obligeait le contrôle des herbes
adventices à l'aide de la machette. Ce contrôle parvenait à peine à ralentir le
développement des herbes adventices et empêchait donc un deuxième cycle avec
cette culture en succession. La récolte constituait la principale pointe de travail, car
elle intervenait pendant une période de pluviométrie élevée (mars-mai). En raison
des difficultés de transport et des conditions climatiques fort instables au moment de
la récolte, le riz était récolté en panicule à l'aide d'un petit couteau.
21 Les principales variétés de manioc "amer" étaient la "cascuda", "ilhéu", "ruivinha", "São Pedro", "tordinha" et
de manioc "doux" la "vassourinha".
forme allongée. D'une hauteur d'environ 50 cm et d'une longueur pouvant dépasser
quelques mètres, elles pouvaient recevoir quelques dizaines de boutures. Le
sarclage était réalisé à la houe trois fois par an, et le manioc était récolté à partir de
la fin de la deuxième année de culture pour les variétés de manioc "amer", et à partir
de la première année pour le manioc "doux".
Dans l'unité de milieu naturel des plaines d'épandage de crues, les activités
agricoles se limitaient à la culture de la banane, du maïs et de la canne à sucre. Les
cultures de la banane et de la canne à sucre ne craignent pas les inondations de
courte durée et le maïs était cultivé très tôt pour pouvoir être récolté avant la période
de crues. En revanche, les plaines d'épandage de crues soumises à des inondations
de longue durée ne peuvent être cultivées qu'avec la culture précoce du maïs.
Les systèmes de culture mis en œuvre sur les terrasses alluviales s'avéraient
plus diversifiés que ceux rencontrés sur les unités de milieu naturel précédentes en
raison des meilleures conditions de drainage. Ces surfaces agricoles pouvaient ainsi
être cultivées avec des bananiers, du maïs, du manioc et du haricot.
Les systèmes de culture mis en œuvre sur les versants des montagnes
étaient similaires à ceux utilisés sur les terrasses alluviales. A côté de la culture de la
banane, du maïs, du manioc et du haricot noir, on trouvait des plantations de
caféiers (Correspondance de Michaud, 20/11/1890) exploitées pendant moins d'une
dizaine d'années. Lorsque les rendements avaient atteint un niveau trop bas,
l'entretien des plantations était arrêté pour permettre le développement du recrû
pendant une durée de moins d'une vingtaine d'années. La récolte constituait la
principale contrainte de cette culture. Elle débutait en mars, à un moment de forte
pluviométrie (Correspondance de Michaud, 10/03/1896) et la maturation non
uniforme des grains en allongeait considérablement la durée.
Sur ces versants, la culture du manioc (aussi bien en tête de rotation qu'en
succession) était également précédée par la confection de petites buttes. Celles-ci
étaient plus petites que sur les plaines alluviales (moins d'un mètre carré) pour
faciliter l'écoulement des eaux des pluies et recevaient quelques boutures de
manioc.
22 Pour la fabrication d'un kg de farine de manioc il faut environ quatre kg de racine de manioc.
- Les systèmes d'élevage
Quant aux bovins, ils étaient élevés sur des pâturages permanents localisés
sur les fonds de vallées et sur les plaines alluviales, à proximité des habitations.
Aucun recueil des déjections ou transfert de fertilité n'était réalisé entre les parcelles
cultivées et l'élevage, et c'était là l'une des caractéristiques de ce système. Les
taurillons et les animaux de réforme étaient destinés essentiellement à être vendus
sur pied à des commerçants locaux.
Ainsi, nous avons pu mettre en évidence trois catégories sociales avec leurs
principales caractéristiques, ainsi que leur place dans cette société agraire :
V IV I II II
I
E x p l o it a t i o n d e s p ro d ui ts de
la fo rê t ( b o i s , li a n e s ) , c h a s s e
F L EU V E
V e rs a nt s P la in e s
T e rra s s e s P l a i n e l it t o r a l e
d e B as - fo nd s d ' é pa n da g e d e
a ll u v ia le s " r e s t in g a " B a ie s
m on t ag n es c ru es
P a y s a n s " m o y e n s " P e t it s p a y s a n s ( m o in s d e 6 0 h a S A U / e x p l) :
( 8 0 à 1 4 0 h a S A U / e x p l) :
- c u lt u r e d u r iz p lu v ia l ( < 1 , 5 ha )
- c u lt u r e d u r i z p l u v i a l (< 4 ha )
- c u l t u r e d u m a ïs ( < 1 h a )
- c u lt u r e d u m a ïs ( < 3 h a)
- c u l t u r e d u m a n io c / h a r ic o t ( + / - 0 , 5 ha )
- c u lt u r e m a n i o c / h a r ic o t ( + / - 1 ha )
- b an an e (< 3 ,0 h a)
- b a na n e (7 à 1 5 ha )
- v e n t e d e la f o r c e d e t r a v a il ( jo u r n a lier )
- é le v a g e p o r c in e n p le in a ir ( q u e lq u e s t ê t e s )
( a v e c le s p e r t e s e n b a na n e ) - e x p l o i t a t i o n d e s p r o d u i t s d e la f o r ê t ( l i a n e s ,
b o is ) e t a r t is a n a t ( c â b les , p la n c h e s )
- é le v a g e b o v in ( < 1 5 t ê te s)
SO U RCES : Est im a t io n s p e rs o n n e l l e s à p a r t ir des
- at e lie r f ar in e m an io c m a n u e l in f o r m a t i o n s f o u r n ie s par des a n c ie n s pay s ans du li t t o r a l
- a t e lie r f a r in e m a n io c m a n u e l e t p a r f o i s h y d r a u l iq u e nord du P a ra n á (enq uêt es de t e r r a in 19 8 9, 1 9 91 et
19 9 2); Co r r e sp o n d a n c e de W . M ic h a u d (1 8 83 - 19 0 2);
e n v ir o n 8 0 % e x p l o i t a t io n s A rc h i v e s d e la C h a m b r e d e C o n s e il l e r s M u n icip a u x de
e n v ir o n 2 0 % e x p lo i t a t i o n s
G u a r a q u e ç a b a ; N a s c im e n t o , 1 9 0 8 .
Néanmoins, la plupart de ces paysans ne parvenaient pas à dégager des
surplus agricoles, pas même avec la culture de la banane. En effet, la plupart des
parcelles dont ils disposaient étaient soumises à des fortes limitations d'usage, en
raison notamment des difficultés de transport de la production.
Pour pouvoir acheter les marchandises qui n'étaient pas produites sur place,
ces paysans vendaient leur force de travail en réalisant certaines activités non
agricoles. Outre la collecte, la fabrication artisanale de cordages de lianes et
l'exploitation et la transformation du bois, ils s'engageaient comme salariés auprès
des paysans "moyens" et des commerçants locaux23.
Leur niveau d'équipement était beaucoup plus important que celui des petits
paysans : outre l'outillage manuel, ils possédaient un atelier de production de farine
manioc (manuel ou parfois hydraulique), des pirogues et parfois quelques animaux
de trait (mulets et chevaux).
Les systèmes de production mis en œuvre par ces paysans "moyens" étaient
essentiellement fondés sur des activités agricoles avec le système de défriche-brûlis
(avec de recrûs de moins d'une vingtaine d'années) et dans une moindre mesure,
sur des activités d'élevage. Nous avons pu estimer que les surfaces cultivées avec le
riz pluvial variaient entre 2 et 4 hectares et celles concernées par la banane entre 7
23 Sur le littoral du Paraná, les paysans qui vendaient leur force de travail étaient appelés "alugados".
et 15 hectares en production. Les activités agricoles destinées à l'autoconsommation
occupaient une surface cultivée d'environ un hectare, pour la culture du manioc et du
haricot noir, et de 1,5 à 3 hectares pour la culture du maïs. Ils élevaient
essentiellement des porcs, mais certains "paysans moyens" possédaient en outre
des bovins. L'élevage porcin était réalisé en plein air et les animaux étaient nourris
avec les résidus et les pertes de production. L'élevage bovin se limitait le cas
échéant à une quinzaine de têtes de bétail élevées en plein air. Vraisemblablement,
l'élevage constituait pour ces paysans un moyen d'épargne facilement disponible en
cas de besoin.
Par ailleurs, une partie des commerçants, notamment ceux implantés dans
les localités les plus isolées, développaient des activités agricoles (culture de la
banane et du riz pluvial) et d'élevage (porcin et bovin) destinées essentiellement à la
vente.
Cette paysannerie était organisée autour d'une unité sociale, la famille élargie,
composée d'un ou plusieurs groupes domestiques (ou familles nucléaires). La
famille élargie était soumise à l'autorité de l'ascendant patriarcal chargé de résoudre
les conflits entre les différents groupes domestiques, de régler l'utilisation des
moyens de production (atelier de farine de manioc, pirogues, etc.), et d'attribuer des
terres localisées à proximité des habitations. Cette forme d'organisation sociale était
d'une importance fondamentale lors des héritages, car elle représentait un obstacle
efficace à la division du patrimoine qui restait ainsi au sein de la famille élargie.
Chaque famille nucléaire possédait une habitation propre située le plus souvent à
proximité de celle de l'ascendant patriarcal. En revanche, le mode de production
était individuel et chaque groupe domestique possédait ses propres plantations et
son propre cheptel.
Il existait des rapports d'entraide, aussi bien entre des groupes domestiques
appartenant à la même famille élargie qu'entre ceux appartenant à différentes
familles élargies. L'entraide ("troca-dia", ou "échange de journée de travail") était
sans aucun doute la forme de travail collectif la plus répandue chez les paysans de
la région. Le groupe domestique envoyait une ou plusieurs personnes travailler pour
de courtes périodes dans un groupe domestique voisin, et en échange, il pouvait
disposer ultérieurement d'un apport de main d'œuvre équivalent.
Cette période, nous l'avons vu, fut également marquée par l'implantation
d'importants établissements commerciaux et par l'installation de plusieurs unités de
transformation de produits agricoles et de cueillette (scieries, moulins à riz, alambic
et conserverie de cœur de palmier notamment).
24 Une deuxième concession de terres d'environ 5.000 hectares fut accordée à une deuxième compagnie privée
vers 1920 à l'extrême nord de la région étudiée (en amont de la vallée du fleuve Rio Guaraqueçaba) (Petrone -
1960, pp. 153-167). La colonie "Santa Maria" étant localisée dans la zone d'influence du système agraire de la
vallée du Ribeira, elle n'a pas été intégrée à notre région d'étude.
25 Les actions de colonisation et de régularisation foncière réalisées dans le cadre de concessions à des
compagnies privées sur le littoral nord du Paraná se sont avérées des échecs complets. Selon la législation en
vigueur, les compagnies de colonisation devaient consentir aux paysans locaux la régularisation des terres qu'ils
exploitaient. En réalité, les surfaces accordées aux paysans ont été limitées à moins d'une trentaine d'hectares
par exploitation, ce qui était très en deçà des surfaces nécessaires aux exploitations paysannes si l'on prend en
compte leur mode d'exploitation du milieu. La plupart des terres ont été considérées comme "vacantes et sans
maître", et furent par conséquent intégrées à la concession de la compagnie de colonisation. Les résultats du
processus de délimitation de terres, réalisé en 1919 et 1920 préalablement à la mise en place du projet de
colonisation par la Compagnie União Colonial Ltda, montrent clairement l'exiguïté des surfaces légalement
accordées à la paysannerie. Sur les 52.615 hectares du périmètre délimité dans les vallées alluviales des
fleuves Serra Negra et Tagaçaba, seuls 2.615 furent accordés aux paysans locaux, soit moins de 5% de la
surface totale de la concession (Processo n° 624 du 27/01/1920 - D.G.T.C.). Même si ce processus n'empêcha
pas la paysannerie locale de continuer à exploiter ces terres (car le programme de colonisation n'arriva pas à
terme), il exclut définitivement les paysans d'une future appropriation légale de ces terres. Au milieu des années
20, le programme de colonisation fut stoppé et rentra dans une période de déclin. Cette situation s'expliquait par
l'insuffisance des infrastructures de transport et de commercialisation de la production dans la région et par la
succession de litiges à propos des limites de la concession qui opposèrent la Compagnie União Colonial, les
services juridiques du gouvernement du Paraná et les personnes qui s'étaient arrogées la concession de terres
dans la région. Face à cette situation, la compagnie se défit progressivement de la totalité des terres en divisant
la concession en grands lots (les "glebas"). D'une superficie dépassant souvent plusieurs milliers d'hectares, ces
lots furent ensuite vendus à d'autres compagnies ou à des individus en vue de la constitution de grandes
exploitations. Le lot le plus vaste que nous ayons pu répertorier a été celui acquis par la Compagnie de
Colonisation Brésilienne Ltda. (C.C.B.) en 1960 : il couvrait environ 17.880 hectares (d'après document n°3940 -
D.G.T.C. du 16/06/1961). Ainsi, ce projet de colonisation fut un échec, mais en outre il permit la cession de
vastes surfaces de terres avec des titres fonciers régularisées juridiquement, ce qui incita plus tard l'implantation
de grands domaines sur le littoral nord du Paraná. Ces événements furent également à l'origine d'un processus
de spéculation foncière qui ne cessa d'ailleurs de s'intensifier au fil des années, et qui fut renforcé notamment
par l'arrivée, à partir des années 50, d'une multitude d'aventuriers (les "grileiros de terra") désireux de
s'approprier de vastes étendues de terres en profitant de la confusion régnant dans la région.
Fi gur e 1 3 - Ev olut ion de l a pop ul at ion t ot a le du l it t or al nor d de l ' ét at du
Par a ná* e nt r e 1 8 0 6 e t 1 9 9 1
n o m b r e d ' h a b i t an t s
10000
9 00 0
8 00 0
7 00 0
6 00 0
5 00 0
4 00 0
3 00 0
2 00 0
1 00 0
0
199 1
1 800
1 840
1 880
1 920
19 40
19 80
1 820
1 860
1 900
19 60
a nné e s
* Remarque: la population r urale de la vallée alluv iale de Cachoeir a n' est pas comprise
SOURCE :
IBGE - Recens ements nationaux 19 40, 1 950 , 196 0, 19 70,19 80 et 199 1.
Lis te nominat iv e des habit ants de la Province de São Paulo, Archives de l'État de São Paulo, 1 806 .
Mairie de la ville de Guaraqueç aba, 198 6.
MARTINS, R. - " Quem somos e quantos somos ?" , 19 41.
VIEIRA DOS SANTOS, A. - " Mem ória hist ór ic a da cidade de Paranguá e seu Munic ípio" , 19 50.
2. Les années 30 : le début d'une longue période de crise ....
Zone cult ivable désormais limit ée avec l'ach èvem ent de la colonisat ion de la
"sou s-régio n d es vallé es alluv iales ét ro it es"
+
Expan sion de la cult ure de la ban ane
et
A ccro issem ent de la pop ulat ion rurale
mise e n cult u re de s
su rf aces
p arcelles d e p lus en plus
cult iv ées
éloigné s
- pêc he ar t isanale
Cette réduction de la durée des recrûs permit à la paysannerie d'augmenter
les surfaces maximales cultivables par actif tout en réduisant les surfaces totales en
rotation. En effet, l'étude du calendrier des travaux agricoles des cultures annuelles
avec le système de défriche-brûlis montre que la principale pointe de travail était la
récolte. Par conséquent, la réduction des rendements et la réduction du temps de
récolte par hectare qui en résultait permettait d'augmenter les surfaces maximales
cultivables.
Tableau 5 - Les travaux agricoles, les rendements et la productivité du travail dans la culture du riz pluvial avec
le système de culture de défriche-brûlis dans les bas-fonds, selon l'âge des recrûs (arbustifs et arborés)
Les paysans transférèrent une partie de leurs activités agricoles sur des
parcelles de plus en plus éloignées des principales vallées alluviales, notamment les
cultures annuelles dont la production pouvait être plus facilement transportée à dos
d'homme ou de mulet. Ils purent ainsi disposer de nouvelles parcelles avec des
recrûs de plus de 10 ans d'âge, voire même avec une végétation primaire. En
contrepartie, la mise en culture de parcelles de plus en plus éloignées des vallées
alluviales signifia une augmentation du temps de transport et donc une baisse de la
productivité du travail. Le transport de la production agricole constituait d'ailleurs la
principale contrainte pour la majeure partie de la paysannerie, en raison de la
précarité des moyens de transport dont elle disposait, de la grande dispersion des
parcelles et du relief accidenté (petites vallées encastrées, ravins, versants avec
forte déclivité, etc.). À titre d'exemple, nous avons estimé les capacités de transport
d'un mulet et d'un homme à moins de 200 et 80 kg respectivement par jour.
A cela vint s'ajouter tout au long des années 20 le déclin des exportations de
banane, qui s'expliquait par la concurrence de plus en plus vive de la production de
la région littorale de São Paulo. Celle-ci bénéficiait en effet de conditions
pédoclimatiques très semblables à celles du littoral nord du Paraná et jouissait par
ailleurs de la proximité de l'énorme marché de consommation que représentait déjà
cette ville (Papy - 1952, p. 388) et de la constante amélioration, depuis 1892, des
conditions de transport (id, pp. 365-366). Contrairement au littoral paranéen, le
littoral de São Paulo était alors desservi par des voies de communication routières,
ferroviaires (notamment la ligne de chemin de fer Santos-Juquiá) et maritimes
modernes destinées à l'origine à l'écoulement du café des régions productrices de
l'intérieur vers le port de Santos mais utilisées en partie aussi pour le transport de la
production de banane (Petrone - 1960, pp. 206 et 386-387). Dans ces conditions, les
producteurs de banane du littoral de São Paulo purent ainsi accaparer
progressivement, à partir de la veille de la première Guerre mondiale, le marché
d'exportation de la banane (Papy - 1952, p. 389) (tableau 6).
Tableau 6 - Les exportations de banane (en milliers de régimes) de l'État de São Paulo et de l'ensemble du
Brésil entre 1910 et 1930
Pour faire face à cette situation, la paysannerie du littoral nord du Paraná fut
contrainte de modifier son mode d'exploitation du milieu (figure 15) et notamment de
développer de nouvelles activités comme la cueillette du cœur de palmier Euterpe
edulis, de modifier ses systèmes de production en développant en particulier
l'élevage bovin et porcin, la culture et la transformation du manioc, en abandonnant
partiellement les cultures annuelles et en introduisant un nouveau système de
culture de la banane.
Les impacts de cette crise sur la paysannerie furent très divers en fonction de
la localisation des exploitations, des moyens de production et des capitaux
disponibles. D'une façon générale, cette conjoncture agraire contribua à renforcer
encore davantage la différenciation sociale au sein de cette société paysanne, dans
la mesure où les possibilités de transformation et d'adaptation des modes
d'exploitation du milieu dépendaient avant tout des moyens de production et des
capitaux accumulés au cours des périodes précédentes.
Pour les paysans "moyens", qui disposaient des moyens de production et des
capitaux nécessaires (quelques têtes de bétail et des mulets, des parcelles sur les
plaines d'épandage de crues, des possibilités de crédit auprès des commerçants,
etc), la modification des systèmes de production fut possible.
V IV III II I
Ex plo it at io n de s p r o du it s d e la f o r ê t
( b o is , lia n es) , ch asse , c ue ille t t e d u
cœ u r de pa lm ier
Pêc he
FL EU V E
Par ailleurs, une partie des paysans "moyens" complétèrent cette activité de
cueillette par le commerce du cœur de palmier en jouant le rôle d'intermédiares dans
la filière : ils achetaient la production des paysans des environs, à proximité des lieux
de cueillette, pour la transporter jusqu'aux conserveries. Le transport était alors
assuré à dos de mulets et en pirogues, et dans certains cas, les conserveries
finançaient des barques à moteur pour faciliter le transport de la production sur les
principaux fleuves.
26 Les principales variétés de manioc "doux" étaient le "manteiga", le "amarelo", le "santista" et le "preto".
maître". Pour pouvoir séjourner pendant toute la saison agricole sur ces parcelles
éloignées des principales vallées alluviales, les paysans durent y installer des
campements (ces possessions étaient appelées "capuavas"). Dans ces conditions,
le transport de la production requérait l'utilisation de mulets et de chevaux. Nous
avons estimé les surfaces cultivées en riz pluvial et en maïs à moins de 7 et 6
hectares respectivement.
Enfin, dans les sous-régions des bas-fonds et des plaines littorales, les
paysans "moyens" mirent en œuvre des systèmes de production fondés sur
l'élevage bovin en plein air et dans une moindre mesure sur la culture du riz pluvial.
En effet, et en dépit des facilités de transport fluvial, les exploitations comprenaient
en grande partie des parcelles soumises à d'importantes limitations d'usage liées au
mauvais drainage. Parmi ces paysans, certains réussirent à acquérir, avec l'aide des
conserveries de cœur de palmier, des bateaux à moteur destinés au développement
des activités de transport de produits locaux comme la banane, le bois, le bétail,
mais surtout le cœur de palmier.
Pour les petits paysans, cette période se caractérisa par une exclusion socio-
économique et une paupérisation croissantes : ne disposant ni des moyens de
production, ni des capitaux suffisants, il ne pouvaient faire face à la nouvelle
conjoncture agraire régionale en modifiant leurs systèmes de production.
La paupérisation d'une partie des petits paysans était telle qu'ils ne pouvaient
sans aide extérieure réaliser la cueillette du cœur de palmier qui pourtant, n'exigeait
aucun moyen de production ou investissement en équipement particuliers. En effet,
leurs disponibilités en capitaux et en denrées alimentaires étaient si faibles que pour
pouvoir s'engager dans cette activité, ils n'avaient d'autre alternative que de
s'endetter et de demander des avances en nourriture et financières (pour acquérir
des marchandises, des médicaments, etc.) aux paysans "moyens" et aux
commerçants locaux. D'ailleurs, si cette situation accentuait leur dépendance vis-à-
vis des paysans "moyens" et des commerçants, elle permettait à terme à ceux-ci de
les déposséder de la plus value dégagée par la cueillette du palmier.
Ainsi, les petits paysans étaient pris dans un cercle vicieux. En se consacrant
davantage à la cueillette du cœur de palmier, ils étaient contraints de diminuer leur
temps consacré aux activités agricoles. Une situation que se traduisait bien
évidemment par une intensification de leur dépendance vis-à-vis des commerçants
et paysans "moyens" et par une perte progressive de leur autonomie alimentaire. Si
la cueillette du palmier pouvait se faire à tout moment de l'année, elle signifiait des
séjours dans la sous-région montagneuse de plusieurs jours, et à la fin des années
50, ils consacraient déjà plus du tiers de leur temps de travail à la cueillette du
palmier.
- crise paysanne et exode rural
A partir du milieu des années 60, les pouvoirs publics lancèrent un ensemble
de programmes fédéraux de développement des activités agro-industrielles et
forestières. Conçus dans le but spécifique d'inciter le développement agro-industriel
des régions Nordeste et Nord du Brésil (notamment de l'Amazonie), certains de ces
programmes furent appliqués sur l'ensemble du territoire national et avaient pour
27 Celle-ci était principalement fondée sur la restructuration des marchés de capitaux, sur une croissante
indexation de l'économie à l'inflation (à travers la "correction monétaire"), sur une importante réduction des
déficits publics, sur une limitation du crédit et des salaires ainsi que sur l'accroissement des recettes fiscales
(par une augmentation des impôts et par une amélioration de leur recouvrement) (Baer - 1977, pp. 8-9).
objectif d'exhorter la bourgeoisie industrielle et financière, mais aussi les groupes
économiques et commerciaux, à investir dans le secteur agricole. En particulier,
d'importants avantages fiscaux furent concédés à tout individu ou groupe
économique qui s'engageait à développer des activités forestières. Il s'agissait
notamment de financer de grands projets de reboisement fondés sur des essences
forestières exotiques ou locales. Dans son étude sur l'intervention financière de l'État
brésilien dans le secteur agricole, Faveiro souligne que pour la seule période 1970-
1973, près de 500 millions de francs furent ainsi engagés par l'État dans de tels
programmes (Favero - 1983, p. 135).
Sur le littoral nord du Paraná, les premiers projets furent implantés dès 1969
(source DE/P.R. - IBDF), avec des reboisements en essences forestières exotiques
(pinus, eucalyptus, noyers) ou locales (palmier Euterpe edulis, "guapuruvú"
Schizolobium parahyba). Néanmoins, la presque totalité des projets étaient fondés
sur le palmier Euterpe edulis, comme ce fut le cas pour la commune de
Guaraqueçaba, où entre 1969 et 1977, 69.800 des 70.000 hectares de reboisements
autorisés dans le cadre de l'application de ce programme concernèrent cette espèce
(tableau 8). Ceci explique l'importance des capitaux publics engagés dans ce
programme sur le littoral nord du Paraná (entre 70 et 100 millions de francs pour les
sept années du programme)28.
Tableau 8 - Surfaces concernées par le programme de développement des activités forestières (Loi n°5.106 et
Décret n°1.134) avec le palmier Euterpe edulis dans la commune de Guaraqueçaba
(en hectares)
Source : Inventário nacional das florestas plantadas nos Estados do Paraná e Santa Catarina - IBDF - 1982 (Annexe II - pp.
33-34 et Annexe I - pp. 42-45).
F ig u r e 1 8 - Évo l ut io n d e la p r o d u ct i o n b r é sil ie n ne d e s co n se r ve s
d e c o eu r d e p al mi e r, 1 9 4 9 à 1 9 8 4
t onne s
250000
200000
150000
100000
50000
0
1949 1959 1970 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984
a nné e s
SOURCE : IBGE/ Pe sq uisa , in Palm it o , A n ais d o 1 ° Enc on t ro Nac ion a l d e Pes qu isad o re s,
1 9 8 7 , EMB RA PA , PP. 1 3 5 .
Fi gure 1 6 - Év olut i on de s pr ix d' e xpor t at ion br é sil ie ns du c oeur
de pa lmie r e n c onse rv e ( en dolla r s pa r t onne ) ent r e 1 9 6 0 et 1 9 7 3
US$/tonne
7 00
6 00
5 00
4 00
3 00
2 00
1 00
0
1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972 1973
années
80 00
70 00
60 00
50 00
40 00
30 00
20 00
10 00
0
1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972 1986 1988
années
30 Ces latifundias étaient constitués par des spéculateurs fonciers (les "grileiros de terra") arrivés dans la région
à partir des années 50 et attirés par l'exode de la paysannerie locale et par l'existence de vastes étendues de
terres non régularisées juridiquement. Ils réussirent à former quelques latifundias (dont certains d'une superficie
de plusieurs milliers d'hectares) notamment dans les vallées des fleuves Abobreira et Trancado ainsi que dans
une partie de la sous-région montagneuse localisée autour de la vallée du fleuve Guaraqueçaba (Enquêtes de
terrain, 1989-1992).
Mais la plupart des projets de reboisements prévus dans le cadre du
programme de développement des activités forestières sur le littoral nord du Paraná
étaient voués à l'échec.
L'état actuel des connaissances sur le palmier Euterpe edulis laisse présager
que ces opérations de reboisement, lorsqu'elles ont été effectivement réalisées, n'ont
donné que de faibles résultats, voir même des résultats insignifiants, sur
l'accroissement de la production en palmier sous couvert arboré, en raison des
techniques employées à l'époque. Les enquêtes réalisées auprès de quelques
néolatifundias ont permis d'estimer que les rendements nets en cœur de palmier
dégagés par des reboisements implantés selon ces techniques variaient entre 4,5 et
9 kg par hectare et par an. En effet, le taux de germination des semences utilisées
dans les reboisements était très bas, voire nul dans certains cas, en raison de la
mauvaise qualité des semences. En outre, le taux de survie des plantes a été
largement sous-estimé. Les entretiens avec des paysans investis dans la cueillette
du cœur de palmier sur les néolatifundias concernés par les opérations de
reboisement en palmier, confirment indirectement ces affirmations : selon eux, le
cœur de palmier récolté dans ces exploitations proviendrait en grande partie de
palmiers issus de la régénération naturelle (Enquêtes de terrain, 1989-1992).
Par ailleurs, le faible intérêt porté par la plupart des groupes économiques
concernés par ces projets à leurs reboisements explique pourquoi jusqu'à la fin des
années 70, aussi peu de conflits fonciers ou d'exploitation des ressources forestières
aient éclaté entre les néolatifundias et la paysannerie locale31. Soulignons que les
surfaces concernées par les projets de reboisements en palmier correspondaient à
31 Les enquêtes historiques concernant les années 70 ont mis en évidence peu de conflits fondés sur des
problèmes fonciers. Le plus important concernait une vingtaine de petits paysans de la partie aval de la vallée
alluviale du fleuve Guaraqueçaba qui contestaient l'appropriation d'environ 1.000 hectares de fond de vallée par
le propriétaire d'un néolatifundia (Enquête de terrain, 1989-1992).
environ 30% de la surface de la région nord du Paraná. Nous verrons ultérieurement
que cette situation se modifia considérablement au début des années 80.
Les plantations de caféiers trouvent leur origine dans la mise en place d'une
série de programmes d'incitation au développement de la culture du café lancés par
l'Institut Brésilien du Café (IBC) tout au long des années 70 (IPARDES - 1978, pp.
449-451; ACARPA - 1982, p. 35) et qui accordaient des crédits subventionnés.
D'après les enquêtes réalisées, ce programme a permis l'implantation sur le littoral
nord du Paraná d'environ 300 hectares de caféiers distribués sur une dizaine
d'exploitations appartenant à de néolatifundiaires (Enquête de terrain, 1989-1992).
Néanmoins, les résultats des premières récoltes se révélèrent décevants : outre une
maturité non uniforme des grains qui compliquait énormément la récolte, les
conditions climatiques de la région ne permettaient pas la production d'un café de
bonne qualité. En conséquence, le développement de nouvelles plantations fut
stoppé et les plantations existantes ne furent exploitées que quelques années avant
d'être définitivement abandonnées.
Le bois était destiné à la vente, sous forme de matière première brute, ou à sa
transformation sur place en charbon. La production était commercialisée sur le
marché régional (scieries, fournisseurs de bois de chauffe, industries de papier, etc.).
Mais l'intérêt porté à cette activité reposait sur la possibilité qu'elle offrait d'implanter
des pâturages permanents pour le développement de l'élevage du bétail.
C'est dans les villages localisés dans la sous-région des vallées alluviales
étroites que l'amélioration des conditions de commercialisation de la production
entraîna les plus profonds changements dans les systèmes de production des
paysans "moyens". Ceux-ci abandonnèrent progressivement l'élevage porcin en
plein air, puisque la banane jusqu'alors utilisée comme aliment du bétail, fut
désormais destinée essentiellement à la vente. Ils entreprirent également de
développer la culture de la banane en mettant en culture la plupart de leurs
parcelles encore non exploitées faute de débouchés et situées sur les plaines
alluviales d'épandage de crues. Ainsi, dans la localité du Batuva localisée en amont
du fleuve Guaraqueçaba, la production de bananes des paysans a été multipliée par
trois depuis la construction d'une piste au milieu des années 80 (Enquêtes de
terrain, 1989-1992). Le système de culture de la banane mis en œuvre par ces
paysans ne permettait que la production d'une banane de taille réduite et tachetée.
Malgré cela, la production trouvait un débouché sur le marché régional grâce à son
prix de vente inférieur à celui de la banane produite dans les régions avoisinantes
(notamment du littoral de l'État de São Paulo et Santa Catarina).
Soulignons, à partir des années 70, l'adoption progressive par les paysans
"moyens" du contrôle chimique des herbes adventices dans la culture du riz pluvial
pratiqué avec le système de défriche-brûlis. L'application d'herbicides totaux était
réalisée avant le semis du riz avec un petit pulvérisateur manuel. L'utilisation
d'herbicides permettait notamment de diminuer les besoins de sarclage pendant les
premiers mois de culture tout en utilisant des parcelles avec des recrûs d'une durée
plus courte. Seuls les paysans "moyens" pouvaient adopter cette technique qui
demandait des investissement relativements élevés (pulvérisateur manuel,
herbicides).
Enfin, cette période a été marquée par une importante expansion du travail
salarié parmi la paysannerie. Une partie des paysans "moyens" se consacrait à des
travaux "à la tâche" (reboisement, construction de clôtures ou défrichement) pour
des néolatifundias de la région. Pour réaliser ces travaux, ils s'appuyaient parfois sur
des équipes de petits paysans. En outre, ces petits paysans pouvaient aussi être
employés en tant que journaliers directement par les néolatifundiaires. Il s'agissait
notamment de travaux de défrichement, de nettoyage de pâturages, et de
construction de clôtures.
- le développement de nouveaux systèmes de culture
Sur le littoral nord du Paraná, il fallut cependant attendre le milieu des années
80 pour que les conditions fussent enfin réunies pour le développement de la
production maraîchère. C'est à cette époque que les ceintures maraîchères plus
anciennes, localisées sur le littoral et aux alentours de Curitiba, furent confrontées à
un manque de nouvelles surfaces agricoles. L'État du Paraná mit alors en place un
système de subventions destiné à inciter le développement de la production
maraîchère dans la région littorale. Appelé Programme d'Irrigation et Drainage
(PROID), ce programme prenait en charge jusqu'à 50% des capitaux nécessaires à
l'acquisition et au financement d'équipements et d'infrastructures de production
(canaux de drainage, correction des sols, équipements d'irrigation, etc.).
C'est à cette période que les premiers producteurs originaires des anciennes
ceintures maraîchères s'installèrent dans la vallée du fleuve Cachoeira, la seule
vallée alluviale du littoral nord desservie par une route goudronnée. Ils constituèrent
des exploitations d'une surface inférieure à une centaine d'hectares en achetant des
exploitations paysannes, notamment celles qui possédaient des parcelles dans les
plaines d'épandage de crues et dans les terrasses alluviales. Ils mirent en œuvre des
systèmes de culture fondés sur l'utilisation d'intrants extérieurs (engrais, herbicides,
fumure de volaille) et sur une intense préparation motorisée du sol, et produisirent
des cultures maraîchères, du chayotte, du fruit de la passion, du gingembre et du
taro. Leur équipement était composé d'un tracteur, d'un motoculteur et de
pulvérisateurs. La plupart des producteurs maraîchers durent en outre s'équiper d'un
camion pour assurer le transport de la production, car en raison de leur faible
nombre et de leur dispersion spatiale, la vallée alluviale du Cachoeira n'était pas
desservie par les intermédiaires.
32 Au Brésil en réalité, les premières associations de protection de l'environnement ont été fondées à partir de la
fin des années 50 (comme par exemple la Fondation Brésilienne pour la Conservation de la Nature - FBCN, en
1958). En raison de leur conception plutôt philanthropique et de leur caractère trop aristocratique, ces
organisations ont eu une très faible répercussion auprès de la société brésilienne et des organisations
écologistes qui apparurent à partir des années 70 (Diegues - 1994, pp. 236/237 ; Viola et Leis - 1992, p. 81).
changements politiques, économiques et sociaux engendrés par le modèle de
développement adopté depuis les années 60. Elle se traduisit dès 1971, mais
surtout pendant les années 80, par un important développement du mouvement
écologiste. Dans une première phase, celui-ci se caractérisa par la naissance
d'associations de protection de la nature, dont la conception de l'environnement était
proche de celle des États-Unis fondée sur la préservation de la nature (Viola - 1987,
pp. 87-94). A la fin des années 70, le retour progressif à la démocratie (avec
l'assouplissement de la répression et le retour des exilés politiques) permit au
mouvement écologiste d'acquérir une dimension davantage politique.
33 Selon MINC, cité par VIOLA (1987 - p. 99), il existait en 1985 entre 900 et 1.000 associations écologistes
autonomes.
les Réserves Écologiques et les Zones d'Intérêt Écologique (Décret n°89.336 du
31/01/1984). Les dispositifs concernant les Zones d'Environnement Protégé furent
sans aucun doute les plus importants dans le cadre de la législation
environnementale brésilienne : en permettant la création d'espaces de protection de
l'environnement compatibles avec le maintien sur place des populations locales, elle
donnait naissance à une nouvelle approche des relations homme-nature.
Mais une analyse approfondie montre qu'au même titre que la politique
fédérale, la politique de protection de l'environnement instaurée dans l'État du
Paraná reste pour l'essentiel fondée sur une approche "réglementaire" de la
question environnementale.
Tableau 10 - La surface totale et le couvert forestier naturel du littoral paranéen, du reste de l'État et de l'État du
Paraná (en hectares et en pourcentage), en 1980
Surface totale par rapport Couvert forestier naturel par Couvert forestier naturel par
à l'ensemble du Paraná rapport à la surface totale du rapport à la surface forestière
Paraná naturelle du Paraná
(a) (a)
Région littorale 3% 2,4% 33,2%
585.000 ha 468.000 ha
Restant de l'État 97% 4,7% 66,8%
19.321.000 ha 941.000 ha
Ensemble de 100% 7,1% 100%
l'État Paraná 19.906.000 ha 1.409.000 ha
(a) Forêts primaires, forêts secondaires et recrûs arborés.
Source : d'après Paula et al. - 1984, p. 830.
C'est également sur le littoral paranéen que l'on trouvait encore de la forêt
ombrophile dense (la "Mata Atlântica") et d'autres écosystèmes associés
(mangroves et estuaires) encore peu anthropisés. Soulignons que la "Mata
Atlântica" couvrait à l'époque précolombienne plus de 3.000 kilomètres de la façade
atlantique brésilienne. Depuis la période coloniale, l'exploitation des ressources
forestières et la déforestation massive de cette forêt à des fins agricoles l'ont réduite
à moins de 10% de l'étendue du biome originel (M.A.B. - 1993, p. 4).
Mais la richesse et la relative préservation des écosystèmes locaux n'étaient
pas les seuls motifs à la création d'espaces de préservation de l'environnement sur
le littoral nord de l'État.
Tableau 11 - L'utilisation du sol dans les communes du littoral paranéen (en hectares et en pourcentage de la
surface totale de la commune) en 1980
36 La participation de la commune de Guaraqueçaba à la valeur ajoutée totale de l'État du Paraná a été estimée
en 1981 à 0,0174% et en 1983 à 0,0089% (source "Anuário Estatistico - Dept. Estadual de Estatística do
Paraná").
en effet à entretenir un important mouvement de spéculation foncière dans
l'ensemble de la région37.
37 Face à des restrictions budgétaires et à la pression des organismes de protection de la nature, cette route
fédérale n'a jamais été construite.
Une partie des propriétaires des néolatifundias se consacrèrent en outre à
l'exploitation du cœur de palmier, et soucieux d'empêcher la paysannerie locale de le
cueillir, ils embauchèrent des gardiens, le plus souvent originaires d'autres régions
du Paraná. En réalité, ils entérinaient ainsi l'exclusion socio-économique dont
souffrait la paysannerie locale depuis longtemps déjà : déjà privés du droit d'exploiter
et de transformer de manière légale le cœur de palmier, les paysans étaient
désormais empêchés d'accéder à la plupart des boisements naturels en palmier
existants dans la région.
Dans plusieurs localités rurales situées en amont des fleuves Serra Negra et
Guaraqueçaba, où la pression des grands domaines était forte, les paysans locaux
se retrouvèrent pris au piège d'une véritable guerre entre néolatifundiaires
engendrée par des litiges sur les limites de leurs exploitations.
Au début des années 80, la question foncière sur le littoral du Paraná, et plus
particulièrement dans sa portion nord, fut fortement marquée par la spéculation. La
figure 20 montre l'ampleur de l'implantation des néolatifundias dans cette région où
ces exploitations de plus de 1.000 hectares occupaient déjà plus de 80% des terres
(IBGE, 1980).
Ces événements trouvèrent un large écho auprès des médias brésiliens, des
organisations des droits de l'homme38 et de certaines organisations de protection de
la nature des États du Paraná et de São Paulo (notamment l'ONG "S.O.S. Mata
Atlântica" basée à São Paulo et d'orientation fortement préservationniste)39. Ils
38 Notamment la "Comissão Pastoral da Terra" et la "Comissão de Justiça e Paz do Paraná" liées à une
tendance progressiste de l'Église Catholique brésilienne et à la C.N.B.B.
39 A ce propos, voir Gomes - 1984, p. 53-61 et les quotidiens Estado de São Paulo (07/06/81, 13/10/83,
20/10/83, 10/01/84), Estado do Paraná (31/01/81, 30/08/81) et Jornal da Tarde (10/01/84, 11/01/84).
eurent également une importante répercussion auprès des pouvoirs publics.
L'Assemblée législative du Paraná mit en place une Commission Parlementaire
d'Enquête (C.P.I.) chargée d'analyser la situation. Le gouvernement fédéral et celui
de l'État du Paraná intervinrent à leur tour en déployant sur place un important
dispositif policier, mais surtout en multipliant les opérations de contrôle dans la
région. Ils incitèrent également l'ITCF (Institut des Terres, de la Cartographie et des
Forêts) à contester juridiquement les titres fonciers des néolatifundias mêlés à ces
événements. Enfin, les pouvoirs publics instaurèrent les conditions nécessaires à
l'élargissement des espaces de protection de l'environnement et à la mise en place
des nouveaux dispositifs environnementaux.
100
80 Classes de surface
60
- 100 ha
40
100 à 1000 ha
20 + 1000 ha
0
197 0
198 5
19 50
1 975
19 80
années
Les espaces de protection les plus significatifs sur le littoral nord du Paraná
sont la Station Écologique et la Zone d'Environnement Protégé ("A.P.A.") de
Guaraqueçaba, créées respectivement en 1982 et 1985 (tableau 12).
Tableau 12 - Les principaux dispositifs environnementaux concernant directement le littoral Nord du Paraná
dans la législation Fédérale et dans celle de l'État du Paraná
40 Les seules études et recherches sur la situation socio-économique et le mode de vie des populations locales
et sur les écosystèmes de la région ont été réalisées postérieurement à la mise en place de cette politique
environnementale. Elles ont été menées par des universitaires, des ONGs de protection de la nature et quelques
organismes publics paranéens. Citons les travaux réalisés par l'IPARDES entre 1988 et 1990, l'ONG SPVS et
ses membres entre 1992 et 1995 ainsi que une série d'études réalisées par des universitaires (ROUGEULLE -
1993 ; MARTIN - 1992 ; NAYZOT - 1993 et ENGEL GERHARDT - 1994).
41 Représentés par deux ONGs brésiliennes : "SOS Mata Atlântica" et SPVS (Société pour la Protection de la
Vie Sauvage et l'Éducation Environnementale).
l'Environnement et les Ressources Renouvelables (IBAMA) et l'Institut
Environnemental du Paraná (IAP) (à ce propos, voir SPVS - 1992 et IAP - 1995).
3.3. Les actions et interventions entreprises par les pouvoirs publics pour
compenser les restrictions d'usage des ressources naturelles sur le littoral nord
du Paraná
Ainsi par exemple sur le littoral nord du Paraná et jusqu'en 1992, le principal
responsable de l'antenne locale de l'IBAMA était un militant actif de l'ONG de
protection de l'environnement "SOS Mata Atlântica". Dans une telle situation, les
fonctionnaires de l'IBAMA prenaient systématiquement position contre la mise en
œuvre d'actions et de programmes de développement ou évitaient simplement
d'intervenir auprès de leur hiérarchie sur la nécessité de telles actions. La faible
implication fédérale dans l'amélioration de la situation socio-économique des
populations vivant dans les espaces de protection de l'environnement sur le littoral
nord du Paraná demeure ainsi la règle générale.
44 Cet organisme fédéral jouissait d'une si mauvaise réputation auprès des associations écologistes
paranéennes (notamment de l'ADEA) qu'il avait reçu le surnom de l'Institut Brésilien de la Destruction Forestière
(Bigarella - 1986, pp. 31-32).
maraîchers) et la transformation sur place d'une partie de la production. En mettant
en place des mécanismes de commercialisation, cette association devait permettre
de réduire la dépendance des producteurs locaux vis-à-vis des intermédiaires et
commerçants établis dans la région. Les investissements des pouvoirs publics en
infrastructures (SEAG - 1984, p. 74) et en personnel furent considérables : camions,
équipements d'une unité de transformation de produits agricoles, hangars répartis
dans plusieurs localités pour le rassemblement de la production, entrepôts de vente
directe dans la ville de Morretes et sur le marché de gros de Curitiba, mise à
disposition de techniciens par l'organisme de vulgarisation de l'État (ACARPA), etc.
Les résultats de ces programmes n'ont cependant pas été à la hauteur des
perspectives initiales. Tout d'abord, le nombre de paysans bénéficiaires était
insuffisant en raison des trop faibles crédits alloués pour le littoral nord,
contrairement à d'autres régions du Paraná. D'après les enquêtes réalisées auprès
des exploitants de la région, moins d'un quart d'entre eux ont été concernés par le
PMISA. En outre, la plupart des donations en équipements ont été accordées à des
associations ou à des groupements de producteurs créés à la hâte et peu
structurés.
45 Le programme systèmes de production conduit par une équipe du centre de recherches de l'IAPAR de
Curitiba fut restructuré en 1984. Il a été décidé de concentrer les activités du programme sur la région d'Irati
située sur le plateau de l'État (Wibaux - 1986, pp. 9-17).
caractérisation de la situation agraire dans les régions concernées. Cette absence
de diagnostics influa sur la définition des axes de recherche qui s'avérèrent le plus
souvent dissociés de la réalité agraire.
46 Pour l'année fiscale 1994, les sommes concernées s'élevaient à environ 100 millions de francs français
(source : Secrétariat d'État aux Finances du Paraná, 1995).
Tableau 13 - Part des différentes rubriques composant l'Impôt sur la Circulation des Marchandises et sur les
Services (ICMS) versé à la commune de Guaraqueçaba en 1993
RUBRIQUES Pourcentage
Part de la commune dans la taxe sur la valeur ajoutée de l'État 2,7%
Part de la production du secteur primaire par rapport à l'ensemble de 3,8%
l'État
Part de la population par rapport à l'ensemble de l'État 2,5%
Part des espaces de protection de l'environnement ou des 77,7%
ressources hydriques par rapport à l'ensemble de l'État ("royalties
écologiques")
Part du nombre d'exploitations agricoles par rapport à l'ensemble de 2,0%
l'État
Part de la surface de la région par rapport à l'ensemble de l'État 8,8%
Part fixe 2,5%
Source: Secrétariat d'État aux Finances du Paraná - 1994.
L'analyse des résultats de la loi des "royalties écologiques" sur le littoral nord
du Paraná révèle plusieurs points critiques. La plupart des actions entreprises par
les communes de la région ne visaient pas le développement du secteur productif
local, et les ressources supplémentaires provenant de la loi des "royalties
écologiques" ont été destinées à l'amélioration des services municipaux (notamment
dans les domaines de la santé, de la collecte des ordures ménagères et de
l'éducation), à certains travaux d'infrastructure (construction de pistes secondaires,
aménagements urbains, etc.) et l'augmentation du personnel municipal.
47 En 1991, le P.I.B. par habitant de Guaraqueçaba était estimé à environ 1.100 francs par habitant (source BD
- IPARDES, 1992).
ambitieux programme, dont les propositions ont orienté la plupart des actions de
développement mises en place sur le littoral paranéen tout au long des années 80,
s'appuyait pour l'essentiel sur des données statistiques et des recensements48 et
très peu seulement sur des analyses de la réalité socio-économique locale.
48 Les recensements et les statistiques concernant les activités agricoles, halieutiques et forestières ont une
validité que nous considérons fort limitée. La grande dispersion spatiale des populations locales, les conditions
de communication souvent difficiles, la diversité des activités de production et l'importance des activités
économiques clandestines dans la région sont autant de variables qui doivent inciter à une extrême prudence.
fonctionnaires, contre moins d'une dizaine pour les agences de développement et
de vulgarisation agricole (Enquêtes de terrain, 1989-1992).
Quant à la législation sur les "royalties écologiques", les résultats n'ont pas
été à la hauteur des espoirs suscités au moment de sa mise en place. Libre de
décider de l'emploi de ces nouvelles sources de revenu, les maires concernés ont
été accusés publiquement de ne pas les avoir investies au profit de la population, et
l'effet d'entraînement sur la dynamique économique régionale a été très limité.
C'est dans ce contexte que furent décidées la plupart des interventions des
pouvoirs publics sur le littoral paranéen tout au long de cette période, comme la
modernisation des infrastructures portuaires d'Antonina mais surtout de Paranaguá
et l'amélioration des voies de communication entre ces ports et l'intérieur de l'État. Et
c'est cette logique qui a orienté la mise en place de la politique de protection de
l'environnement sur une grande partie de la région littorale du Paraná. D'autres
interventions de portée plus restreinte avaient pour objectif le développement de
certaines activités agricoles, comme les cultures maraîchères et le reboisement avec
des espèces forestières.
Malgré l'essor des activités maraîchères depuis les années 80, notamment
aux alentours de la ville de Morretes, les activités agricoles ne représentent qu'une
faible part de la valeur ajoutée régionale. Et la pêche affronte une crise profonde qui
trouve son origine dans la surexploitation des ressources halieutiques (Rougeulle -
1993, pp. 351- 353).
On distingue deux types de travail à la tâche, selon que les travaux sont
réalisés en équipe ou individuellement. Le premier concerne les travaux agricoles
qui exigent une importante mobilisation de main d'œuvre, comme c'est le cas pour le
nettoyage des pâturages. Il est organisé par des paysans locaux qui constituent des
équipes de journaliers, et se fonde le plus souvent sur des rapports de clientélisme
avec le gérant ou le propriétaire des néolatifundias. Quant au travail à la tâche
individuel, il est la norme pour la réalisation de travaux plus spécialisés et moins
demandeurs de main d'œuvre, comme la réparation de clôtures.
Les systèmes de production mis en œuvre dans les néolatifundias ont été
classés en 2 types distincts, IVA et IVD.
Outre une main d'œuvre salariée fixe (vacher et éventuellement gérant), il est
fait appel à de la main d'œuvre journalière ou embauchée à la tâche pour la plupart
des travaux (notamment le nettoyage des pâturages et l'entretien des clôtures). En
effet, ces travaux ne sont pas réalisés à période fixe et peuvent attendre les
époques de l'année où la main d'œuvre journalière est plus disponible et donc moins
coûteuse.
49 D'ailleurs, nous avons pu rencontrer deux néolatifundias dont les surfaces totales dépassaient largement une
dizaine de milliers d'hectares : "Agroflorestal INVESTI" (appartenant à la conserverie industrielle de cœur de
palmier GUAM) et "SECOMIL" (appartenant à l'industrie de transformation du bois "Madezzatti").
Tableau 18 - Le mode d'exploitation du milieu mis en œuvre
par néolatifundias VB
Quant aux fortes variations de rendements (de 4,5 à 9 kg par hectare et par
an), elles sont en large partie déterminées par la pression exercée sur les
peuplements de palmier. La surexploitation de cette ressource induite par la
cueillette généralisée de palmiers juvéniles et de matrices en réduit
considérablement la régénération. Les peuplements de palmiers soumis à une
surexploitation présentent par conséquent les rendements les plus faibles. D'une
manière générale, les néolatifundias dont la tenure foncière est précaire et non
reconnue juridiquement, réalisent la cueillette à blanc des palmiers âgés de plus de
4 ou 5 ans. La surexploitation de la ressource vise à dégager des bénéfices au plus
court terme possible. Par contre, les néolatifundias disposant d'une situation
foncière reconnue juridiquement ne réalisent la cueillette que lorsque les palmiers
atteignent plus de 8 ans d'âge. Outre une abondante régénération des palmeraies,
ils parviennent à dégager à long terme des rendements presque deux fois plus
importants.
Tableau 19 - Les principaux systèmes de culture mis en œuvre par les agriculteurs patronaux sur les terrasses
alluviales
Comme pour les cultures maraîchères, les cours du chayotte sur le marché
de gros atteignent leurs plus hauts niveaux en contre-saison. C'est d'ailleurs pour
cette raison, et pour augmenter les rendements du chayotte, que la fertilisation
chimique a lieu à cette période de l'année. La culture du fruit de la passion n'est
possible que sur le littoral en raison du climat plus clément et sans gelées.
Contrairement au chayotte, les cours sur le marché de gros du fruit de la passion
sont plus élevés pendant la période estivale en raison d'une importante
augmentation de la demande à cette période de l'année (notamment pour la
réalisation de boissons rafraîchissantes). De même que pour la culture du chayotte,
la fertilisation chimique est concentrée sur cette période de l'année. Ces deux
cultures sont cultivées en rotation pour des raisons essentiellement phytosanitaires,
notamment pour éviter les maladies virales et fongiques. Cette rotation intervient
après 2 à 3 ans de culture. Aussitôt après l'arrachage des anciens plants et un
intense travail du sol, la parcelle est replantée avec des jeunes plants.
Tableau 20 - Principaux systèmes de culture mis en œuvre par les paysans manouvriers IB sur les terrasses
alluviales
- Culture du manioc associé ou non au haricot noir (avec le système de < 0,9
défriche-brûlis), en succession culture du manioc suivie par l'abandon au
recrû (durée de 2 à 4 ans)
Source : Enquêtes de terrain, 1991-92.
Outre le jardin de case (semblable à celui rencontré dans le type IA), les
terrasses alluviales sont cultivées uniquement avec du manioc associé au haricot
avec le système de défriche-brûlis (avec une durée des recrûs inférieure à 4 ans).
Ce système de culture se caractérise par la culture du manioc (associée ou non à
celle du haricot) dès la première année en tête de rotation, suivie parfois en
succession d'un deuxième cycle de culture avec du manioc. Dans ce système, lors
de la mise en culture en succession, les parcelles sont travaillées superficiellement à
la houe. Par ailleurs, nous avons souvent observé la réalisation d'une préparation
superficielle du sol à la houe suite à l'opération de défriche-brûlis et cela dès le
premier cycle de culture. Cette pratique vise à ralentir le développement initial des
herbes adventices et à réduire ainsi le sarclage pendant les premiers mois de
culture. En effet, la durée des recrûs permet un contrôle peu efficace des herbes
adventices et une accumulation en biomasse végétale relativement peu importante.
La reproduction de la fertilité est assurée par le développement du recrû herbacé/
arbustif auquel s'ajoutent, pour les parcelles localisées sur les versants des
montagnes, des apports colluviaux. Les cultures du manioc et du haricot s'avèrent
les plus adaptées à ces conditions de culture peu favorables : l'écartement entre les
plants facilite le sarclage à la houe, le manioc est une culture bisannuelle avec un
système racinaire assez performant dans le pompage des éléments minéraux et le
haricot est une légumineuse qui fixe l'azote. En outre, ce système de culture se
caractérise par une valeur ajoutée brute par actif relativement élevée, tout en
demandant une surface agricole totale par actif restreinte et des consommations
intermédiaires réduites voire nulles.
Tableau 22 - Les principaux systèmes de culture mis en œuvre par les paysans manouvriers IB sur les plaines
d'épandage de crues
- Culture du maïs (avec le système de défriche-brûlis) suivie par l'abandon < 0,6
au recrû (durée d'environ 3 ans)
Source : Enquêtes de terrain, 1991-92.
Enfin, ces paysans disposent de quelques parcelles localisées sur les bas-
fonds et les plaines littorales. Ces parcelles sont utilisées uniquement pour la culture
du riz pluvial avec le système de défriche-brûlis, celle-ci étant en effet la seule
activité agricole dont les manouvriers disposent afin de mettre en valeur cette unité
de milieu naturel.
Tableau 23 - Principal système de culture mis en œuvre par les paysans manouvriers IB sur les bas-fonds et les
plaines littorales
Ces unités de milieu naturel ne sont jamais inondées par les crues d'été mais
le drainage naturel y est insuffisant en raison de la nappe phréatique qui demeure
superficielle pendant presque toute l'année, à l'exception de quelques mois d'hiver
et en particulier notamment de juillet à septembre. La culture du riz pluvial est
possible car le semis est réalisé au moment de l'abaissement de la nappe
phréatique, pendant la période hivernale. Ce système de culture se caractérise par
un seul cycle de culture avant l'abandon de la parcelle au recrû (d'une durée de 3 à
5 ans), car les herbes adventices ne peuvent être suffisamment contrôlées. En effet,
l'écartement utilisé pour la culture du riz rend le sarclage à la houe impossible et le
désherbage à la machette peu efficace dans le contrôle des adventices. Le contrôle
chimique de ces dernières exige d'importantes dépenses (pulvérisateur manuel,
herbicides) que ces manouvriers ne sont pas en mesure d'engager.
Ce système de culture est confronté à une importante pointe de travail au
moment de la récolte. La récolte a une très faible productivité du travail (les
panicules sont récoltées manuellement à l'aide d'un couteau) et coïncide avec une
période de pluviométrie très élevée (de février à mai). Autant de contraintes qui font
de cette culture une activité à haut risque en raison des importantes possibilités de
pertes de la production.
D'une manière générale, et bien que les contraintes qui pèsent sur les
activités agricoles soient considérables, celles-ci permettent aux manouvriers IB
d'assurer une partie de leurs besoins d'autoconsommation et de dégager
éventuellement un petit surplus en banane et en manioc. C'est d'ailleurs ce surplus
qui permet aux manouvriers du type IB d'engraisser un porcin. Ils disposent pour
cela d'une petite porcherie en bois très rustique construite avec des matériaux
récoltés localement. Le porcin est souvent engraissé pendant plus d'une année, car
l'alimentation des animaux est déséquilibrée et peu variée. Les porcins sont abattus
sur place et la viande est essentiellement destinée à l'autoconsommation.
L'engraissement d'un porcin permet de valoriser des produits agricoles locaux
comme la production de bananes non commercialisée (soit en raison de leur
mauvaise qualité soit faute d'acquéreur), et les résidus de la transformation du
manioc en farine. Les investissements nécessaires dans ce système d'élevage se
limitent à l'achat d'un porcelet et à la construction de la porcherie. Réalisé à petite
échelle, l'élevage porcin permet par ailleurs de valoriser les temps morts.
Soulignons tout d'abord que le cœur de palmier Euterpe edulis, une ressource
naturelle abondante dans la forêt atlantique brésilienne et en libre accès jusqu'à la
fin des années 60, est devenu au fil des années rare et très valorisé sur le marché
brésilien. Des spécificités propres à la nature de cette ressource ont contribué à
cela. Outre qu'il présente de très faibles rendements, le palmier Euterpe edulis
possède des caractéristiques bio-physiologiques qui rendent la pérennité de son
exploitation extrêmement difficile. Sa croissance est très lente sous couvert arboré
(7 à 10 ans pour atteindre l'âge adulte), sa période de reproduction est tardive et
cette plante présente un unique rejet.
Fig ur e 2 3 - F ili èr e d u cœ u r d e p a lm ie r su r l e li t t o ra l N o r d d u Pa ra n á
Boi se m en t s d e p a lm i e r
so u s c o u v e rt a rb o ré :
-n at u re ls
-re b o is e me n t s
Ram a ss a ge d e la p r od u c t io n
d e s c o u pe u r s e t t ran s p o r t M ise en c o n s e rv e
ass u ré p ar u n int e rm é d ia r e c la nd e s t in e
" g a t o " ( ba t ea u / c am io n )
M ise e n c o n s erv e d a ns u n e
c o n s e rv e rie in d u st r ie lle
S u p e rm ar ch é s Re st au r an t s V en t e d ir e ct au
Ep ic erie s Caf é t ér ia s c o n so m m a t e u r
Le travail à la tâche est moins répandu chez les manouvriers que le travail
journalier. Il se limite à de petits travaux agricoles (récolte, sarclage des plantations,
etc.), notamment chez des paysans "moyens".
La troisième forme de travail dont les manouvriers disposent pour vendre leur
force de travail est la transformation de la production de manioc en farine. La
production de farine de manioc est une pratique très ancienne dans la région,
puisque elle remonte à la période précolombienne (cf. chapitre 1). Les manouvriers
produisent la farine dans des ateliers artisanaux installés dans leurs exploitations,
chez un membre de leur famille ou chez un paysan voisin. Dans ce dernier cas, pour
pouvoir utiliser l'atelier, ils doivent verser au propriétaire l'équivalent de 10% de la
production totale en farine de manioc.
Enfin, nous avons pu constater que plus de 70% des manouvriers disposent
d'ateliers manuels de farine de manioc (I). Ces ateliers se caractérisent par la
prédominance des équipements manuels et par la simplicité des installations :
équipements en bois (râpeuse, pressoir), chaudron en cuivre, petit appentis en bois,
absence d'eau courante et d'électricité, sol en terre battue. L'équipement est en
grande partie construit sur place, ou peut être acheté d'occasion bon marché. Cet
atelier se caractérise également par une faible productivité du travail et par une
basse rémunération dégagée par actif (tableau 26).
Tableau 26 - Différents types d'ateliers de fabrication de farine de manioc utilisés par les manouvriers selon le
niveau d'équipement, la productivité du travail, la production totale annuelle
et la rémunération annuelle dégagée par actif
En revanche, moins de 30% des manouvriers sont équipés d'un atelier semi-
motorisé (II). Il s'agit essentiellement de manouvriers du type IB. L'atelier semi-
motorisé (II) dégage une productivité et une rémunération du travail plus de deux
fois supérieure à celles dégagées par les ateliers manuels (I). L'équipement de
l'atelier semi-motorisé est semblable au type précédent mais la râpeuse est équipé
d'un moteur électrique. Le plus souvent, ces ateliers sont d'anciens ateliers manuels
(I) améliorés par la motorisation de la râpeuse à manioc. Les modifications
nécessaires sont réalisées par le propriétaire de l'atelier et le moteur électrique est
acheté d'occasion auprès de récupérateurs de ferraille de la région.
L'artisanat est depuis toujours une activité très présente chez ces paysans.
Les restrictions imposées par la législation de protection de l'environnement et
l'arrivée massive de produits manufacturés bon marché ont fait considérablement
régresser cette activité depuis quelques décennies. Actuellement, cette activité se
limite à la production de certains biens de consommation indispensables à ces
paysans. Elle concerne ainsi les produits dont l'équivalent manufacturé existant sur
le marché ne correspond pas aux besoins des paysans locaux ou à leurs
disponibilités financières. Ainsi, certains manouvriers se consacrent à la fabrication
de produits comme les pirogues, des équipements pour les ateliers de
transformation (pressoirs en bois, râpes, etc.), des balais et paniers en fibre
végétale. Étant donné les particularités de ces activités artisanales, il ne nous a pas
été possible d'en estimer la rémunération.
D'une manière générale, les systèmes de production mis en œuvre par les
paysans minifundistes s'avèrent plus complexes que ceux de la catégorie
précédente. Ces paysans disposent de surfaces agricoles supérieures (entre 3,5 et
7 hectares par actif familial), et ont accès simultanément à plusieurs unités de milieu
naturel. Les systèmes mis en œuvre privilégient des activités agricoles qui
présentent un calendrier souple, ce qui leur permet de travailler à l'extérieur de
l'exploitation dès que se présentent des opportunités de travail. Cette stratégie est
vérifiée à travers l'analyse des différents systèmes de production mis en place par
ces paysans. Ces systèmes minifundistes ont été classés en 3 types distincts à
savoir IIJ, IIM et IIV.
Les systèmes de culture les plus répandus restent fondés sur le système de
défriche-brûlis, avec l'utilisation de recrûs de courte durée (moins de 5 ans d'âge),
souvent complétés par une préparation superficielle et manuelle du sol. Dans
certaines parcelles localisées sur les versants des montagnes, ils utilisent des
systèmes de défriche-brûlis avec des recrûs de moyenne durée (moins de 10 ans
d'âge). Dans tous les cas, la mise en culture en succession est réalisée après une
préparation superficielle du sol à la houe.
Les minifundistes IIJ possèdent moins de 30% de leurs surfaces agricoles sur
les terrasses alluviales. La faible disponibilité de surfaces agricoles dans cette unité
de milieu naturel contraint ces paysans à utiliser des systèmes de culture fondés sur
le système de défriche-brûlis, avec des recrûs d'une durée inférieure à 4 ans.
Tableau 27 - Les principaux systèmes de culture mis en œuvre par les paysans minifundistes IIJ
sur les terrasses alluviales
Certains paysans IIJ mettent en œuvre des systèmes de culture avec des
cultures annuelles en tête de rotation (maïs, haricot noir), avec le système de
défriche-brûlis (recrû de courte durée) suivie en succession, et après une
préparation superficielle et manuelle du sol, par la culture du manioc (associé ou
non au haricot). Ce système de culture présente un avantage certain : en plaçant les
cultures annuelles en tête de rotation, ces systèmes de culture permettent une plus
longue durée de mise en culture avant l'abandon au recrû. Ceci n'entraîne pas pour
autant une modification significative des surfaces agricoles en rotation ni de la durée
des recrûs, et l'augmentation de la durée de mise en culture a peu de conséquences
sur les cultures du manioc et du haricot réalisées en succession.
Tableau 28 - Les principaux systèmes de culture mis en œuvre par les paysans minifundistes IIJ
sur les plaines d'épandage de crues
Les systèmes de culture les plus répandus parmi ces paysans sont
semblables à ceux rencontrés chez les paysans minifundistes IIJ. Ils sont fondés sur
le système de défriche-brûlis avec l'utilisation de recrûs de courte durée (moins de 5
ans d'âge), souvent complétés par une préparation superficielle et manuelle du sol.
Dans tous les cas, la mise en culture en succession est réalisée après une
préparation superficielle et manuelle à la houe.
Parmi les paysans minifundistes, les paysans IIM disposent des plus
importantes surfaces agricoles sur les plaines d'épandage de crues. En effet,
environ 70% des minifundistes IIM disposent de plus de 30% de leurs exploitations
situés sur des plaines d'épandage de crues. Une situation d'autant plus favorable
que la plupart des parcelles disponibles sur ces plaines d'épandage sont soumises à
des crues de courte durée, ce qui permet de développer davantage la culture de la
banane. Outre une production à haute valeur ajoutée, la culture de la banane assure
des rentrées monétaires tout au long de l'année, tout en demandant une distribution
assez régulière des travaux agricoles. Les surfaces agricoles soumises à des
inondations de longue durée sont cultivées uniquement avec du maïs selon le
système de défriche-brûlis.
Tableau 30 - Les principaux systèmes de culture mis en œuvre par les paysans minifundistes IIM sur les plaines
d'épandage de crues
Figure 32 - Les principaux systèmes de culture mis en œuvre par les paysans minifundistes IIM sur les versants
de montagnes
Tableau 33 - Rémunération moyenne obtenue avec la cueillette clandestine du cœur de palmier avec le
transport de la production par mulet et au dos d'homme en 1992 sur le littoral nord du Paraná
Les systèmes de culture les plus répandus parmi ces paysans sont
semblables à ceux rencontrés chez les paysans minifundistes IIJ et IIM. Ils
demeurent fondés sur le système de défriche-brûlis avec l'utilisation de recrûs de
courte durée (moins de 5 ans d'âge), souvent complétés par une préparation
superficielle et manuelle du sol. Dans certaines parcelles localisées sur les versants
des montagnes, ils utilisent des systèmes de défriche-brûlis avec des recrûs de
moyenne durée (moins de 10 ans d'âge). En outre, quelques minifundistes ont mis
en place, sur certaines parcelles localisées sur les terrasses alluviales, des
systèmes de culture fondés sur des activités agricoles en continu.
Ces paysans disposent de petites surfaces agricoles situées sur les plaines
d'épandage de crues limitées. En effet, plus de 70% des minifundistes IIV disposent
de moins de 20% de leurs exploitations couvertes par des plaines d'épandage de
crues. Ainsi, les surfaces agricoles avec la culture permanente de la banane sont
limitées à moins de 1,6 hectare par actif familial.
Entre 10 et 20% de ces paysans disposent également de surfaces agricoles
relativement restreintes sur les terrasses alluviales. Cette faible disponibilité de
surfaces agricoles s'avère déterminante dans le choix des systèmes de culture qui,
pour l'essentiel, sont fondés sur la culture du manioc (parfois en association avec le
haricot noir), en tête de rotation avec le système de défriche-brûlis (avec des recrûs
de courte durée). Ce premier cycle de culture est parfois suivi en succession par un
second avec du manioc, avant l'abandon au recrû.
Tableau 34 - Les principaux systèmes de culture mis en œuvre par les paysans minifundistes IIV sur les plaines
d'épandage de crues
Tableau 35 - Les principaux systèmes de culture mis en œuvre par les paysans minifundistes IIV
sur les terrasses alluviales
À côté des surfaces agricoles situées sur les terrasses alluviales, la majorité
des minifundistes IIV possèdent des surfaces agricoles relativement importantes sur
les versants des montagnes. Nous avons pu estimer que ces paysans ont plus de
30% de leurs surfaces agricoles localisées sur cette unité de milieu naturel. Ces
paysans y mettent uniquement en œuvre des systèmes de défriche-brûlis. Les
cultures annuelles sont placées en tête de rotation sur les parcelles où les recrûs
sont les plus âgés. Le manioc, parfois en association avec le haricot, est cultivé
aussi bien en tête de rotation (dans les parcelles disposant de recrûs de courte
durée), qu'en succession (dans les parcelles disposant de recrûs plus âgés). En
outre, environ 30% des minifundistes IIV cultivent la banane avec le système de
défriche-brûlis (avec des recrûs de 8 à 10 d'âge), sur des parcelles localisées sur les
bas versants.
Néanmoins, la plupart des surfaces de versants de montagnes sont cultivées
avec du manioc et de la banane. En effet, en augmentant les surfaces cultivées
avec ces cultures sur les versants, ces paysans cherchent à compenser les faibles
surfaces agricoles dont ils disposent sur les plaines d'épandage de crues et sur les
terrasses alluviales.
Tableau 36 - Les principaux systèmes de culture mis en œuvre par les paysans minifundistes IIV sur les
versants de montagnes
C'est d'ailleurs pour cette raison que ces paysans minifundistes n'ont aucune
raison de généraliser la préparation motorisée du sol pour la culture du manioc sur
leurs exploitations. En effet, si le motoculteur permet certes de surmonter un
important goulet d'étranglement - la préparation du sol -, en revanche, il ne permet
pas de réduire les besoins de travail lors des opérations de sarclage : le temps
nécessaire au sarclage tend à augmenter car la préparation du sol à l'aide du
motoculteur nécessite l'utilisation de parcelles avec des recrûs de courte durée ou
en succession (par conséquent, avec une infestation d'herbes adventices plus
élevée). La culture du manioc avec une préparation du sol à l'aide du motoculteur
demeure donc marginale et peu répandue parmi les paysans du type IIV. Enfin, ces
paysans peuvent réaliser, de manière sporadique, des prestations de service à l'aide
du motoculteur, comme le transport de produits agricoles et la préparation
superficielle du sol de petites parcelles agricoles appartenant à des paysans des
environs.
Mais le principal avantage de ces activités non agricoles tient au fait qu'elles
peuvent être réalisées tout au long de l'année, et qu'elles ne sont soumises à
aucune contrainte liée à la politique de protection de l'environnement. Bien qu'elles
dégagent une rémunération du travail moins élevée, notamment par rapport à la
cueillette et la transformation du cœur de palmier, ces activités non agricoles
assurent une réelle sécurité à ce système de production.
Les systèmes de production mis en œuvre par les paysans "moyens" sont
fondés en grande partie sur des systèmes de culture de défriche-brûlis (avec une
durée des recrûs qui varient entre 2 et 10 ans), sur la culture permanente de la
banane, sur l'élevage bovin en plein air, ainsi que sur un important recours aux
activités non agricoles.
Les systèmes de production mis en œuvre par le paysans "moyens" ont été
classés en trois types distincts, à savoir IIIA, IIIB et IIIF.
Le système de production type IIIA est mis en œuvre par des paysans
"moyens" ayant des surfaces agricoles comprises entre 10 et 18 hectares par actif
familial, réparties sur différentes unités de milieu naturel. Ces paysans "moyens"
représentent environ 3% des exploitants de la région et sont pour la plupart
implantés dans les villages localisés dans la sous-région des bas-fonds et des
plaines littorales. Ces exploitations disposent donc d'un accès très limité à certaines
unités de milieu naturel, comme les versants de montagnes et les terrasses
alluviales. Le jardin de case, dont la surface est de 0,3 à 0,7 hectare par actif
familial, est semblable à celui rencontré chez les minifundistes. Outre un outillage
manuel et un petit atelier de transformation de farine (manuel ou semi-motorisé), ces
paysans possèdent une tronçonneuse qu'ils ont le plus souvent pu acquérir
d'occasion auprès des propriétaires des néolatifundias de la région.
Tableau 37 - Les principaux systèmes de culture mis en œuvre par les paysans "moyens" IIIA sur les terrasses
alluviales
Les paysans "moyens" IIIA disposent en outre de parcelles sur les plaines
d'épandage de crues qui peuvent représenter jusqu'à 30% des surfaces agricoles
disponibles. Sur ces plaines cependant, la plupart des surfaces agricoles sont
inondées par des crues de longue durée et ne peuvent donc pas être cultivées avec
de la banane. Ces paysans disposent des surfaces en banane les moins
importantes parmi les paysans "moyens" (moins de 0,8 hectare par actif). Ainsi, la
mise en culture de ces parcelles se limite à la culture du maïs avec le système de
défriche-brûlis.
Tableau 38 - Les principaux systèmes de culture mis en œuvre par les paysans "moyens" IIIA
sur les plaines d'épandage de crues
L'analyse plus détaillée des activités agricoles pratiquées par ces paysans
"moyens" nous a permis de souligner quelques-unes des particularités de ce
système de production. En effet, la plupart des surfaces agricoles dont disposent ces
paysans sont situées sur les bas-fonds et sur les plaines littorales, et ce système de
production est donc fondé en large partie sur l'élevage bovin en plein air et sur la
culture du riz pluvial qui, comme nous avons pu le voir précédemment, sont des
activités à très faible valeur ajoutée. Cela se traduit par des performances
économiques qui comptent parmi les plus basses des divers systèmes de production
mis en œuvre par les paysans "moyens". Ce système de production présente une
productivité du travail comprise entre 4.400 et 7.200 francs par actif familial et une
productivité de la terre comprise entre 320 et 560 francs par hectare SAU. Par
contre, en privilégiant ces systèmes de culture et d'élevage, ces paysans peuvent
bénéficier d'un calendrier agricole souple avec des travaux agricoles concentrés sur
une courte période de l'année, qui permet à une partie de la main d'œuvre familiale
de se soustraire à l'exploitation pendant des périodes relativement longues. Ces
paysans peuvent alors se consacrer à des activités non agricoles notamment comme
entrepreneurs auprès des néolatifundias.
Quoi qu'il en soit, les activités non agricoles peuvent concerner jusqu'à 30%
de la force de travail employée dans ces exploitations agricoles et leur participation
dans le revenu total atteindre 40%. Les difficultés que les paysans "moyens" IIIA
affrontent dans leurs activités non agricoles ne les empêchent pas pour autant
d'embaucher des journaliers pendant certaines périodes de surcharge de travail,
notamment de mars à mai pour la récolte du riz pluvial. Assez souvent d'ailleurs, ces
paysans préfèrent investir leur main d'œuvre familiale dans certaines activités non
agricoles, dont la rémunération du travail semble plus élevée que celle
éventuellement obtenue sur leurs exploitations. Dans ce cas, des journaliers sont
embauchés pour assurer à leur place les travaux agricoles. Nous estimons ces
besoins en main d'œuvre externe à moins de 40% de la force de travail totale.
Tableau 39 - Les principaux systèmes de culture mis en œuvre par les paysans "moyens" IIIB
sur les plaines d'épandage de crues
Ces surfaces agricoles situées dans les plaines d'épandage de crues sont
pour la plupart soumises à des inondations de courte durée et les paysans
disposent ainsi des surfaces pour la culture de la banane les plus importantes : pour
deux tiers d'entre eux, elles sont comprises entre 3 et 5 hectares par actif familial.
De plus, ils cultivent du maïs avec le système de défriche-brûlis sur les plaines
d'épandage qui ne peuvent pas être mises en culture avec la banane en raison de
l'excessive durée des crues.
Tableau 40 - Les principaux systèmes de culture mis en œuvre par les paysans "moyens" IIIB
sur les terrasses alluviales
Certains de ces paysans mettent en œuvre des systèmes de culture avec des
cultures annuelles en tête de rotation (maïs, riz pluvial, haricot), avec le système de
défriche-brûlis (recrû de courte à moyenne durée) suivi, en succession et suite à une
préparation superficielle du sol manuel, par la culture du manioc (associé ou non au
haricot).
En plus des surfaces agricoles sur les plaines d'épandage et les terrasses
alluviales, ces paysans disposent de surfaces agricoles considérables sur les
versants de montagnes : environ la moitié des paysans "moyens" IIIB y ont là plus
de 40% de leurs surfaces agricoles. Cette importante disponibilité de surfaces
agricoles sur les versants des montagnes permet à ces paysans de mettre en place
des systèmes de culture fondés sur le système de défriche-brûlis avec des recrûs de
moyenne durée (plus de 6 ans d'âge). Les cultures annuelles sont alors placées en
tête de rotation suivies, en succession, par la culture du manioc et du haricot noir
avant l'abandon au recrû. Ces versants sont également cultivés avec de la banane,
avec le système de défriche-brûlis. Environ un tiers des paysans "moyens" IIIB
exploitent les boisements naturels de palmier existants sur les surfaces agricoles
localisées sur les versants les plus éloignés des fonds de vallée.
Tableau 41 - Les principaux systèmes de culture mis en œuvre par les paysans "moyens" IIIB
sur les versants de montagnes
Enfin, ces paysans disposent de surfaces agricoles sur les bas-fonds et les
plaines littorales, qui varient entre 15 et 40% de la surface totale des exploitations.
La mise en valeur de ces parcelles se limite à la culture du riz pluvial, avec le
système de défriche-brûlis (avec des recrûs d'une durée de 6 à 10 ans), mais
surtout à l'élevage bovin naisseur-engraisseur en plein air. En effet, ces paysans
consacrent à la culture du riz pluvial une surface agricole utile inférieure à 5 hectares
par actif familial et disposent d'une surface en pâturage de 2 à 6 hectares par actif
familial. Contrairement aux paysans IIIA, l'élevage bovin constitue pour ces paysans
un moyen d'épargne, dont le capital peut être facilement disponible en cas
d'imprévu.
À l'instar des paysans "moyens" IIIA, l'élevage porcin aussi bien naisseur-
engraisseur qu'engraisseur est présent dans la plupart des exploitations, sans pour
autant occuper une place importante dans ce système de production.
En ce qui concerne les activités non agricoles, ces paysans sont, parmi les
paysans "moyens", ceux qui y consacrent le moins de temps de travail. Elles
mobilisent moins de 20% de leur force de travail totale et sont responsables de
moins de 10% de leur revenu total. Ces paysans "moyens" trouvent dans la
cueillette et dans la transformation du cœur de palmier leur principale activité non
agricole. En effet, ce sont eux qui disposent du plus d'avantages pour entreprendre
la cueillette du cœur de palmier et sa mise en conserve artisanale, car leurs
exploitations sont implantées à proximité des boisements naturels de la région
montagneuse. D'ailleurs, dans l'objectif d'améliorer la productivité du travail, une
partie d'entre eux possèdent des mulets pour transporter la matière première.
Ces systèmes de culture sont semblables à ceux mis en œuvre par les
paysans "moyens" IIIA et IIIB : des cultures annuelles (maïs, riz pluvial, haricot) ou
de manioc (associé ou non au haricot), en tête de rotation avec le système de
défriche-brûlis (recrû de courte durée), suivies en succession et suite à une
préparation superficielle du sol manuel, par la culture du manioc (associé ou non au
haricot).
Tableau 43 - Les principaux systèmes de culture mise en œuvre par les paysans "moyens" IIIF
sur les terrasses alluviales
Bien qu'ils disposent parfois d'un motoculteur, ces paysans n'ont mis en
œuvre aucun système de cultures maraîchères. Avec des fonds propres insuffisants
et dans l'impossibilité de présenter les garanties exigées, ils n'ont pas accès au crédit
bancaire dont les taux sont trop élevés. La plupart des subventions offertes par les
programmes de développement de l'État leur échappent également, car il leur
faudrait pouvoir disposer des capitaux nécessaires au financement de la
contrepartie. Contrairement aux minifundistes, ces paysans "moyens" portent peu
d'intérêt au développement des cultures maraîchères en métayage avec des
agriculteurs patronaux, car leur main d'œuvre familiale est très peu disponible.
Outre les plaines d'épandage et les terrasses alluviales, environ deux tiers
des paysans IIIF disposent de surfaces agricoles sur les versants des montagnes.
Les parcelles localisées sur les bas versants sont cultivées avec de systèmes de
défriche-brûlis (avec des recrûs de courte à moyenne durée). Dans ces systèmes,
les cultures annuelles (riz pluvial, maïs) ou la culture du manioc, parfois associé au
haricot noir, sont placées en tête de rotation suivies, en succession, par la culture du
manioc (associé ou non au haricot noir), avant l'abandon au recrû. La culture du
manioc occupe une place prédominante sur les versants des montagnes, car
l'utilisation d'un motoculteur permet de surmonter en grande partie l'obstacle que
représente le transport de la matière première depuis les parcelles jusqu'aux ateliers
de transformation. Un tiers environ des paysans IIIF disposent de surfaces agricoles
sur les versants des montagnes plus éloignés des fonds de vallée dont ils exploitent
les boisements naturels de palmier.
Comme ceux des types IIIA et IIIB, ces paysans disposent d'importantes
surfaces agricoles sur les bas-fonds et sur les plaines littorales, qui représentent
entre 40 et 70% de la surface totale de leurs exploitations. La mise en valeur de ces
surfaces est semblable à celle utilisée par les paysans "moyens" du type précédent :
culture du riz pluvial avec le système de défriche-brûlis (avec des recrûs de
moyenne durée), et élevage bovin naisseur-engraisseur en plein air. Ces paysans
consacrent à la culture du riz pluvial une surface agricole utile inférieure à 6 hectares
par actif familial, et à l'élevage bovin, une surface agricole utile entre 1 et 6 hectares
par actif familial.
Tableau 44 - Les principaux systèmes de culture mis en œuvre par les paysans "moyens" IIIF
sur les versants de montagnes
En ce qui concerne les besoins en main d'œuvre externe des paysans IIIF,
nous avons constaté qu'ils sont aussi élevés que ceux des paysans "moyens" IIIB.
Nous estimons qu'ils peuvent atteindre 60% de la force de travail totale employée
dans leurs exploitations. En effet, les principales activités agricoles (notamment la
culture du manioc et de la banane), mais surtout les activités de transformation de la
production agricole, se caractérisent par une importante demande en main d'œuvre,
et cela tout au long de l'année. Pour compléter leurs besoins, ces paysans
embauchent de journaliers qui sont le plus souvent des paysans manouvriers et des
minifundistes des environs.
Contrairement aux paysans IIIA et IIIB, les paysans IIIF consacrent une partie
très importante de leur force de travail totale à des activités non agricoles, soit 20 à
50%, pour 30 à 70% de leur revenu total. En effet, les paysans IIIF ont bénéficié de
certains atouts pour le développement de telles activités, notamment pour la
transformation du manioc et plus récemment, pour la transformation de la banane.
Ces paysans ont toujours joui d'une localisation privilégiée quant à l'accès aux voies
de communication, qu'elles soient fluviales ou terrestres. Aujourd'hui, leurs
exploitations sont directement desservies par les principales pistes en terre
construites depuis les années 70. Ils ont par ailleurs été largement favorisés par les
programmes de développement mis en place par le gouvernement du Paraná.
Certes, les moyens financiers alloués étaient limités, mais l'organisme de
vulgarisation agricole de l'État (EMATER) a concentré son action sur un nombre
restreint de paysans, et notamment sur les paysans "moyens" IIIF en raison de leur
localisation privilégiée, des importantes surfaces agricoles dont ils disposaient et de
leur niveau d'équipement relativement élevé.
Tableau 45 - Les différents types d'ateliers de fabrication de farine de manioc dont disposent les paysans
"moyens" IIIF, selon le niveau d'équipement, la productivité du travail, la production totale annuelle et la
rémunération annuelle dégagée par actif
Quel que soit leur niveau d'équipement, les ateliers de production de farine de
manioc demandent une main d'œuvre relativement importante. La transformation du
manioc en farine peut être réalisée tout au long de l'année, mais certaines périodes
y sont plus favorables. L'hiver est considéré comme la période la plus indiquée car
les racines de manioc présentent alors une concentration d'amidon plus élevée et
les températures plus fraîches limitent les risques de fermentation de la pâte tout au
long du processus de fabrication. En outre, les calendriers agricoles sont moins
chargés à cette période de l'année et la main d'œuvre familiale et externe est plus
disponible. D'après les enquêtes réalisées, nous estimons que chaque exploitant IIIF
utilise l'atelier de transformation de manioc pendant 25 à 50 jours par an pour une
production de farine de 4 à 8 tonnes.
Les résultats obtenus par des paysans de la région voisine de Morretes, qui
avaient quant à eux débuté plus tôt cette activité, sont à ce titre exemplaires.
Profitant des nombreux touristes visitant cette région ou la traversant pour gagner
les plages du littoral au cours de la période estivale, des boutiques de produits
artisanaux locaux se sont multipliées dans la ville de Morretes et en bordure des
principales routes. Ce débouché a incité les paysans de cette région à développer
davantage leurs activités artisanales à partir des produits agricoles locaux et la
banane a conquis une place prédominante.
Nous n'avons pas non plus pris en considération les moyennes des valeurs
rencontrées auprès des représentants de chaque type, ni les régressions linéaires
sur le nuage de points de celles-ci, car elles pouvaient compromettre la cohérence
interne des systèmes de production. Nous avons donc tenté de dresser les limites
de systèmes de production cohérents, en respectant les orientations économiques
et les composantes techniques des exploitations de chaque type (Léonard - 1991, p.
228). En prenant en considération ces arguments, nous avons construit un modèle
mathématique pour chaque type identifié lors de la mise en œuvre de la typologie de
systèmes de production.
Enfin, les différents systèmes de production ont été classés par rapport aux
critères de pérennité et de reproductibilité. Pour cela, nous avons fait appel à la
notion de "seuil de reproduction". Nous considérons le "seuil de reproduction"
comme le niveau de revenu en dessous duquel il n'est plus possible, pour un
exploitant agricole, d'assurer à la fois le renouvellement du capital d'exploitation et la
subsistance de sa famille (Dufumier - 1996, p. 346). Pour la paysannerie, le "seuil
de reproduction" correspond au revenu qu'un actif doit dégager pour assurer sa
propre reproduction sociale (alimentation, habillement, dépenses en médicaments,
entretien de la maison, etc.), des inactifs à sa charge ainsi que du capital
d'exploitation (outillage agricole, bâtiments agricoles, etc.). Ce seuil a été fixé en
prenant en compte le revenu annuel moyen d'un salarié agricole permanent dans la
région. Il se situe à environ 6.000 francs.
Type SAU/ actif Valeur Ajoutée par actif familial Revenu par actif familial
fam. (en francs) (en francs)
IA 0,2 à 0,4 VA/actif = 1360 SAU/actif - 80 Rev/actif = 11600 SAU/actif - 80
et
Rev'/actif = 26000 SAU/actif - 80
IB 1,2 à 2,4 VA/actif = 940 SAU/actif - 170 Rev/actif = 2350 SAU/actif - 170
et
Rev'/actif = 4450 SAU/actif - 170
Nous avons constaté que les manouvriers des types I.A. et I.B. ne
parviennent pas à atteindre le seuil de reproduction par les seules activités agricoles
ou par la transformation manuelle du manioc, le salariat ou des activités non
agricoles secondaires (pêche, artisanat, etc.). Pour pouvoir atteindre ce seuil, ils
doivent réaliser, au moins partiellement, la cueillette et la transformation clandestine
du cœur de palmier. Nous estimons que cette situation concerne environ 37% des
exploitants de la région.
- Les systèmes de production des paysans minifundistes
Type SAU/ actif Valeur Ajoutée par actif familial Revenu par actif familial
familial (en francs) (en francs)
IIJ 3,5 à 7 VA/actif = 550 SAU/actif - 200 Rev/actif = 950 SAU/actif - 200
et
Rev'/actif = 1600 SAU/actif - 200
IIM 4à7 VA/actif = 1120 SAU/actif - 200 Rev/actif = 1370 SAU/actif - 200
et
Rev'/actif = 2040 SAU/actif - 200
IIV 4 à 6,5 VA/actif = 820 SAU/actif - 270 Rev/actif = 1500 SAU/actif - 270
Les paysans IIM disposent d'une taille d'exploitation semblable à celle du type
IIJ mais ont accès à des surfaces agricoles plus importantes sur les plaines
d'épandage de crues et sur les terrasses alluviales. Ils ont ainsi la possibilité de
développer des activités agricoles qui dégagent une productivité du travail plus
élevée (comme le manioc et surtout la banane). Par conséquent, ils sont capables
de doubler la productivité du travail par actif de leurs activités agricoles par rapport
aux paysans type IIJ. Leur capital immobilisé est semblable à celui du type IIJ. Ces
paysans sont obligés de vendre leur force de travail pour atteindre le seuil de
reproduction. Néanmoins, ils peuvent l'atteindre uniquement avec des activités
salariales sans être dépendants de la cueillette et de transformation du cœur de
palmier.
Les paysans IIV disposent d'une taille d'exploitation semblable à celles des
types IIJ et IIM mais ont accès à des surfaces agricoles relativement importantes sur
toutes les unités de milieu naturels. Ils peuvent ainsi développer des activités
agricoles qui dégagent une productivité du travail plus élevée (la banane et surtout
le manioc). La productivité du travail par actif familial de leurs activités agricoles est
inférieure à celle des paysans IIM, mais demeure toutefois relativement élevée. Le
capital immobilisé est plus important et permet une amélioration significative de la
productivité du travail des activités agricoles. Comme les paysans minifundistes
précédents, ces paysans doivent vendre leur force de travail pour atteindre le seuil
de reproduction. La principale activité non agricole des paysans IIV est la
transformation du manioc en farine, une activité caractérisée par une rémunération
du travail relativement élevée.
Nous pouvons donc affirmer que pour environ la moitié des exploitants
minifundistes (soit 17% des exploitants de la région), la cueillette et la transformation
du cœur du palmier est une activité non agricole indispensable pour atteindre le
seuil de reproduction. L'épuisement progressif des ressources en palmier et
l'intensification de la répression de la part des autorités risquent d'affecter
considérablement la survie de ces paysans.
Type SAU/ actif Valeur Ajoutée par actif familial Revenu par actif familial
familial (en francs) (en francs)
Ces paysans "moyens" IIIB disposent de plus vastes surfaces agricoles dans
les plaines d'épandage de crues et ont ainsi la possibilité de développer davantage
la culture de la banane (une activité agricole qui dégage une productivité du travail
très élevée). C'est d'ailleurs en grande partie pour cette raison que la valeur ajoutée
créée est très proche du revenu dégagé dans ces exploitations. En effet, ces
exploitants consacrent relativement peu de main d'œuvre aux activités non agricoles
(moins de 10% de la force de travail totale). La cueillette et la transformation du
cœur de palmier sont les principales activités non agricoles réalisées par ces
paysans. Le capital immobilisé le moins important se rencontre parmi ces paysans
"moyens", les équipements et installations nécessaires étant très simples et peu
coûteux. Ces paysans se situent au dessus du seuil de reproduction et disposent
d'une marge d'accumulation significative. Cependant, le revenu dégagé par ces
paysans provient essentiellement des activités de cueillette et de transformation du
cœur de palmier.
Type SAU/ actif Valeur Ajoutée par actif familial Revenu par actif familial
familial (en francs) (en francs)
IV 2,5 à 4 VA/actif = 12700 SAU/actif - 15000 Rev/actif = 12400 SAU/actif - 15000
Tableau 51 - Répartition des exploitations des paysans manouvriers et minifundistes selon l'importance de la
surface agricole utile par actif localisée sur les versants de montagnes (en %)
Moins de 30% de la SAU par Entre 30% et 60% de la SAU Plus de 60% de la SAU par
actif localisée sur les versants par actif localisée sur les actif localisée sur les versants
versants
Ainsi, chaque année, les paysans sont désormais obligés de déposer une
demande d'autorisation auprès des organismes de protection de l'environnement
pour toute opération de défrichement. La longueur des démarches administratives
et les constants retards dans la délivrance des autorisations entraînent souvent un
bouleversement des calendriers agricoles et des retards dans la préparation des
parcelles (de quelques semaines à plusieurs mois). Or, dans le système de
défriche-brûlis, tout décalage dans le défrichement, et par conséquent dans le brûlis,
provoque une augmentation des risques : plus le défrichement est reporté vers la
période estivale, plus les probabilités d'occurrence de pluies après l'abattis
augmentent. Ceci peut se traduire par un mauvais séchage de la biomasse
végétale, et par conséquent par l'impossibilité d'effectuer le brûlis et le semis (figure
28).
Tableau 52 - Les travaux agricoles, les rendements et la productivité du travail dans la culture du riz pluvial avec
le système de culture de défriche-brûlis dans l'unité de milieu naturel des bas-fonds, selon l'âge des recrûs
(recrû herbacé, recrû arbustif, recrû arboré)
MAIS
RIZ PLUVIAL
MANIOC / HARICOT
400
300
200
Précipit ations
100
moyenne
(mm/ mois)
Jan
Ao u
Juil
Juin
Fé v
Nov
Déc
Mar
A vr
Mai
Sept
période de semis/ plant at ion Oct
période de défrichement
Tableau 53 - Classification des exploitations appartenant à des paysans "moyens" selon l'importance de la
surface agricole utile par actif localisée sur les versants de montagnes
Moins de 30% de la SAU par Entre 30% et 60% de la SAU Plus de 60% de la SAU par
actif localisée sur les versants par actif localisée sur les actif localisée sur les versants
versants
Tableau 54 - Nombre de paysans "moyens" ayant bénéficié d'autorisations simplifiées pour l'exploitation du
cœur de palmier entre 1988 et 1993 sur le littoral nord du Paraná
Cette situation s'explique par le fait que la presque totalité des paysans
"moyens" surexploitent depuis fort longtemps leurs boisements naturels en palmier
et ne disposent donc plus aujourd'hui des stocks suffisants pour pouvoir déposer
une demande d'autorisation dans le cadre du "plan simplifié d'exploitation". Les
résultats d'un inventaire réalisé sur des parcelles couvertes d'une végétation arborée
localisées dans la localité du Batuva (située en amont de la vallée alluviale du fleuve
Guaraqueçaba) confirment ce constat. Sur environ 340 hectares, concernant un
échantillonnage de 7 exploitations appartenant à des paysans "moyens", seuls 2
50 Le "plan simplifié d'exploitation du coeur de palmier" a été réglementé pour la première fois en 1987 (Ordem
de serviço n°33/87 -IBDF-DE-PR). Actuellement, c'est le "plan simplifié d'exploitation" adopté en 1994 qui est en
vigueur (Resolução Conjunta IBAMA/ SEMA n°001/94). La délivrance d'un plan simplifié exige que les
boisements de palmier disposent d'une abondante régénération naturelle et limite la quantité à exploiter à 2.000
unités de cœur de palmier par exploitant et par an.
exploitants (correspondant à une surface totale d'environ 70 hectares) possèdent
des palmiers en âge et en quantité suffisante pour être exploités (Clément - 1996, p.
7). Dans ces conditions, la majorité des paysans disposant de parcelles avec des
peuplements de palmier vendent le plus souvent leur production en cœur de palmier
de manière clandestine, une situation qui n'incite pas ces paysans à gérer la
ressource et à assurer la régénération de leurs boisements naturels.
Sur le seul littoral nord, l'expansion de ces cultures est relativement moins
significative : en 1991, nous avons pu estimer la surface occupée par les cultures
maraîchères et du gingembre à environ 20 et 30 hectares respectivement (Enquêtes
de terrain, 1989-1992). Plusieurs raisons se conjuguent pour expliquer ce
phénomène. Tout d'abord, il existe encore sur le littoral centre et sud de l'État une
certaine disponibilité des surfaces agricoles susceptibles d'être aménagées dans le
cadre du développement de ces activités agricoles. Mentionnons par ailleurs le
relatif enclavement de la portion nord du littoral, mal desservie par des routes
goudronnées, qui constitue un frein au développement des cultures maraîchères.
Seule une vallée alluviale y est aujourd'hui encore desservie par une route
asphaltée (la vallée du fleuve Cachoeira), et c'est d'ailleurs là que sont concentrés
les producteurs maraîchers. Enfin, l'éloignement des réseaux de commercialisation
contraint les agriculteurs patronaux désireux de s'installer dans la région à assurer
eux-mêmes le transport de la production jusqu'au marché de gros, et l'acquisition
d'un camion alourdit encore davantage l'investissement nécessaire à leur
installation.
Dans les autres régions du littoral nord, nous pouvons également prévoir une
poursuite de l'installation des agriculteurs patronaux avec, dans ce cas, un système
de production fondé uniquement sur la culture du gingembre. Ceci nous permet
d'entrevoir la mise en place de contrats de fermage pour la culture du gingembre
entre ces agriculteurs patronaux et des paysans locaux, comme c'est d'ailleurs déjà
le cas sur le littoral centre et sud.
51 Ces produits phytosanitaires ont comme principales matières actives mancozeb, oxychlorure de cuivre,
bouillie bordelaise, prochorolaz, aldicarb, chlorpyrifos, methamidophos, thiophanate methyl et thiophanate
methyl + chlorothanil (SPVS - 1995, p. 35).
52 Décret fédéral n° 90.883 du 31/01/85.
53 Resolução CONAMA n°10 de 14/12/88
projet de drainage54, la plupart des projets de construction d'infrastructures de
drainage dans les fonds des vallées ont été approuvés par les organismes
environnementaux. D'ailleurs, ces projets de drainage sont appuyés techniquement
par l'organisme de vulgarisation agricole du Paraná (EMATER). Et les projets de
développement des activités maraîchères par des agriculteurs patronaux ont reçu
des subventions publiques (cf. chapitre 2).
Tableau 55 - Les principales activités agricoles sur le littoral du Paraná (nombre de producteurs, surface
agricole exploitée et valeur estimée de la production en 1995)
54 Ce projet de drainage concernait la vallée du fleuve Tagaçaba. Il avait été mis en place avec l'objectif de
diminuer les inondations à l'origine de graves dommages causés à la seule voie de communication qui dessert
le littoral nord du Paraná (la PR-405). Des pressions exercées par les organismes environnementaux ont stoppé
ce projet à la fin des années 80. Ce projet a permis d'améliorer indirectement les conditions de drainage d'une
superficie agricole d'environ 300 hectares (Enquêtes de terrain, 1989-1992).
des fonctionnaires à la corruption et au manque de conscience professionnelle. Par
ailleurs, l'absentéisme des responsables locaux est trop souvent la règle à l'IBAMA
(Institut Brésilien de l'Environnement, chargé de coordonner les organismes
environnementaux présents dans la région) et explique en partie le profond
désengagement de toute la hiérarchie locale dans l'application de la politique
environnementale et le manque de coordination avec les autres organismes. Dans
ces conditions, ces organismes ne sont pas en mesure d'imposer l'application des
dispositifs prévus par la politique environnementale et concernant les activités
agricoles développées par les agriculteurs patronaux, une catégorie sociale dont
l'influence politique, mais surtout économique, est très importante sur le littoral du
Paraná.
On peut donc considérer que la grande majorité des propriétaires n'ont jamais
réellement envisagé d'investir dans le développement des activités agro-pastorales.
En effet, ils se sont contentés d'exploiter les ressources naturelles disponibles, en
attendant une future valorisation de leur patrimoine foncier. La mise en place de la
politique de protection de l'environnement à partir des années 80 a mis fin à leurs
prétentions. Les bouleversements sociaux et environnementaux engendrés par
l'implantation des néolatifundias dans la région a suscité à l'époque une vive
réaction de l'opinion publique brésilienne (cf. chapitre 2), et sous la pression des
médias et des organisations non gouvernementales, les pouvoirs publics ont été
contraints d'appliquer à la lettre la plupart des dispositifs prévus dans cette politique
environnementale.
- Les conséquences de la politique environnementale sur les
néolatifundias
Cette situation trouve son origine dans l'antécédent créé par le programme de
développement des activités forestières mis en œuvre dans les années 60/70 qui,
comme nous l'avons vu, avait permis aux propriétaires des néolatifundias du littoral
nord du Paraná de régulariser l'exploitation des ressources naturelles en cœur de
palmier auprès de l'organisme fédéral chargé de la gestion des ressources
forestières55. Les propriétaires des néolatifundias ont ainsi pu conserver leurs droits
en dépit de l'évidente contradiction avec les objectifs de la politique
environnementale. Un paradoxe qui est d'ailleurs d'autant plus évident si nous
considérons que le cœur de palmier récolté dans les néolatifundias provient, pour
l'essentiel, de boisements naturels.
55 Cet organisme fédéral s'appelait à l'époque IBDF (Institut Brésilien du Développement Forestier). Comme
nous l'avons vu auparavant, en 1989, l'IBDF a fusionné avec deux autres organismes fédéraux pour donner
origine à l'IBAMA (Institut Brésilien de l'Environnement). C'est à l'IBAMA qu'incombe aujourd'hui la responsabilité
de contrôler l'application de la politique environnementale sur le littoral nord du Paraná.
néolatifundias. D'ailleurs, les enquêtes de terrain ont révélé qu'un grand nombre de
néolatifundias, pour l'essentiel localisés sur la sous-région des montagnes, ne font
l'objet d'aucune activité productive.
L'une des questions centrales soulevées lors de ces forums et séminaires fut
le degré de compatibilité entre développement économique et préservation de
l'environnement. À la thèse d'une incompatibilité par essence entre ces deux
objectifs, s'opposaient deux antithèses. Pour les uns, seule une croissance forte
permettrait de financer une politique vigoureuse de l'environnement en misant sur la
diffusion rapide de l'innovation, sur la prise en charge des coûts d'entretien ou de
restauration des milieux et sur la mise en place de mécanismes de recyclage des
matériaux ou d'élimination des déchets. Pour les autres, l'harmonisation entre
objectifs du développement et préservation de l'environnement serait possible mais
nécessiterait la conception de nouveaux modèles de développement se traduisant
par des changements substantiels des modes de vie, des modes de production et
des choix techniques, voire des formes sociales d'organisation. C'est ainsi qui sont
apparus plusieurs vocables symbolisant la recherche de ces nouvelles voies
notamment celui de "l'écodéveloppement" puis plus récemment celui de
"développement durable" ou "développement soutenable" (Godard et al. - 1992, p.
323).
56 La définition de développement soutenable la plus communément reconnue est celle adoptée par la
Commission Mondiale sur l'Environnement et le Développement : "Le développement soutenable est celui qui
répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs
propres besoins" (CMED - 1988).
forêts ou de biomes mal connus, mal utilisés ou mal gérés ou de ressources d'intérêt
général comme l'eau, de mieux valoriser des ressources végétales ou animales, etc.
(Jollivet - 1992, pp. 26-30).
Tout d'abord, nous avons pu constater que cette politique est fondée sur une
conception très étroite de l'environnement, limitée le plus souvent à la protection des
facteurs biotiques du milieu. Ainsi par exemple, les ressources hydriques, même si
elles ont fait l'objet de quelques réglementations, n'ont à aucun moment bénéficié
d'une réelle application de la loi. Les pouvoirs publics, tout en prétendant protéger
les milieux et les ressources naturelles, n'ont guère attribué au facteur hydrique
l'importance qu'il méritait (Engel Gerhardt - 1994, pp. 131-132). La pollution des
cours d'eau par les déjections des buffles ou encore par les produits phytosanitaires
utilisés à grande échelle dans les cultures maraîchères et du gingembre n'ont fait
l'objet d'aucune mesure directe de contrôle ni de suivi technique de la part des
organismes d'État chargés de l'application de la politique environnementale. Les sols
font l'objet de mesures de protection plutôt liées à la préservation des écosystèmes
forestiers qui s'y trouvent. Ils sont alors perçus exclusivement comme le support
physique des écosystèmes forestiers à protéger.
57 Les salariés fixes représentent environ 50% de la main d'œuvre employée mais la plupart d'entre eux
viennent d'autres régions (Enquêtes de terrain, 1989-1992).
manioc ou de pâtes de banane, elles exigent des investissements que la plupart
d'entre eux sont bien incapables de réaliser.
Tout d'abord, nous avons pu constater que cette paysannerie ne dispose que
de moyens de production très limités. En outre, les opportunités de développement
sont très rares, voire même inaccessibles. Enfin, les engagements pris par les
pouvoirs publics brésiliens suite notamment à la Conférence de Rio de Janeiro en
1992 sur la protection de la Forêt Atlantique laissent penser que la politique
environnementale mise en place sur le littoral nord du Paraná sera maintenue et
probablement même renforcée progressivement.
Dans ces conditions, les paysans ont été contraints de poursuivre leurs
activités de cueillette et de transformation artisanale de manière clandestine et
même de compenser les prélèvements réalisés par les conserveries industrielles par
une intensification considérable de l'effort d'exploitation des peuplements naturels.
Soulignons par ailleurs que cette situation rend impossible toute gestion rationnelle
de la ressource. Qui plus est, l'absence de données fiables empêche d'estimer le
potentiel d'exploitation de cette ressource et le contexte institutionnel n'incite guère la
paysannerie à la gérer de façon rationnelle.
Les pouvoirs publics doivent intégrer les questions d'environnement dans les
programmes et projets de développement rural, de façon à ce que les exploitants
puissent satisfaire leurs besoins vivriers et monétaires tout en respectant leur
environnement naturel. Les projets tournés exclusivement vers la protection de
l'environnement sont voués à l'échec si l'on ne parvient pas à améliorer le niveau de
vie de la paysannerie de la région. Il appartient donc à l'État de créer les conditions
socio-économiques nécessaires à la mise en œuvre par les paysans de systèmes de
culture et d'élevage favorables à la reproduction des écosystèmes, et de faire en
sorte que ces individus aient les moyens de les développer (Dufumier - 1992, p.
308).
Devant une telle problématique, il est impératif que l'État impose une réelle
coordination entre les organismes chargés de la promotion du développement rural
et ceux chargés d'inciter une meilleure prise en compte des problèmes
environnementaux.
Tout d'abord, ce mode d'exploitation du milieu est fondé en grande partie sur
la reproduction du potentiel écologique des milieux exploités. L'analyse des
systèmes de production mis en œuvre par cette paysannerie (cf. chapitre 3), nous
permet d'affirmer que ce mode d'exploitation du milieu se caractérise par un fort
potentiel et par une aptitude à exploiter de façon durable les écosystèmes locaux, et
cela malgré qu'il soit depuis fort longtemps marqué par l'empreinte de la crise. Ce
mode d'exploitation de la nature se traduit par des interventions de courte durée et
sur des espaces restreints afin de limiter les impacts sur les écosystèmes et de
permettre, autant que possible, le maintien d'un équilibre entre l'utilisation et le
renouvellement des ressources naturelles.
60 La législation de protection de l'environnement mise en place sur le littoral nord du Paraná prévoyait au
départ des limitations d'usage de certaines ressources naturelles tout en permettant le maintien de la
paysannerie locale et de son mode d'exploitation du milieu (cf. chapitre 2).
considérable et ceux-ci doivent donc être limités, voire exclus, d'une zone
d'environnement protégé.
Tout au long de notre recherche, nous avons souligné les lacunes des
pouvoirs publics dans la promotion du développement rural sur le littoral nord du
Paraná. La plupart des actions et des programmes de développement mis en place
par les pouvoirs publics ont bénéficié à des exploitations patronales et à un faible
nombre de paysans. Nous avons également constaté des dysfonctionnements dans
les différents organismes chargés de ces tâches ainsi que d'importants vices de
conception et la faible portée des actions et projets de développement en cours.
Enfin, il nous paraît indispensable que ces antennes puissent disposer d'une
plus grande autonomie d'action par rapport aux directives définies par la direction
régionale qui, trop souvent, sont très éloignées de la réalité rencontrée par les
vulgarisateurs sur le terrain.
Dans ce sens, une véritable concertation doit être envisagée entre les
différents organismes aussi bien gouvernementaux que non gouvernementaux
réalisant des recherches sur le littoral du Paraná. Ceci doit permettre d'éviter des
répétions et garantir une meilleure utilisation des moyens financiers et humains.
Enfin, il est indispensable que cette redistribution foncière soit suivie par un
important effort d'encadrement de la paysannerie par les pouvoirs publics et les ONG
présentes dans la région, et qu'un important soutien financier soit apporté à ces
paysans (équipements, crédits de campagne, etc.).
Les résultats dégagés par l'étude des systèmes de production nous ont permis
d'estimer un module minimum pour les exploitations paysannes sur le littoral nord du
Paraná. Nous avons ainsi pu calculer qu'elles doivent disposer d'une surface
cultivable en rotation avec le système de défriche-brûlis d'environ 20 hectares, dont
environ la moitié localisée impérativement sur les unités de milieu naturel des plaines
d'épandage de crues et des terrasses alluviales.
Fortement inspirée par la législation sur les réserves indigènes, celle-ci permet
la création des "réserves extractivistes" dans les régions dont les caractéristiques
naturelles rendent possible leur exploitation durable par des populations
"extractivistes" sans porter préjudice à la conservation du milieu (d'après le décret
n° 98897 du 30/01/90).
63 Estimation personnelle réalisée à partir du cadastre de l'INCRA (1991) et des relevés de terrain (1989-1992).
64 Nous avons pris comme hypothèse une production annuelle de 3,0 kg de cœur de palmier par hectare
pendant les cinq premières années et 6,0 kg les années suivantes. En outre, nous avons considéré que les deux
tiers environ de la surface de la réserve ne présentaient pas les conditions pédoclimatiques nécessaires pour
permettre le développement du palmier "Euterpe edulis".
structures associatives paysannes. Celles-ci doivent s'attaquer, au moins dans un
premier temps, à la résolution des problèmes courants rencontrés par ces paysans
et à la création des conditions socio-économiques favorables à l'augmentation de
leurs revenus.
66 Cette estimation prend en compte les normes sanitaires en vigueur dans l'État du Paraná, une assistance
technique non rémunérée par les organismes publics de vulgarisation et développement agricole et la
participation bénévole des paysans concernées à la construction de l'unité.
CONCLUSION
La reconstitution de la formation et de l'évolution des systèmes agraires sur
littoral nord du Paraná a révélé une société agraire à dominante paysanne et dont le
mode d'exploitation du milieu est resté jusqu'aux années 60 fondé sur l'exploitation
des ressources forestières et halieutiques, sur une agriculture de défriche-brûlis et
sur la transformation artisanale de certains produits agricoles et forestiers. Cette
société agraire était alors caractérisée par une grande autonomie vivrière et
matérielle vis-à-vis du monde extérieur et par sa place fort modeste dans la division
inter-régionale du travail.
À partir des années 60, cette situation fut considérablement aggravée par les
interventions successives des pouvoirs publics. La mise en place d'un ambitieux
programme de développement des activités forestières et la réglementation de la
cueillette du cœur de palmier suscitèrent l'installation de nombreux latifundias dans
la région et un intense mouvement de concentration foncière. C'est d'ailleurs la
présence des premiers latifundias qui est à l'origine de la construction de pistes et
de routes asphaltées et du consécutif désenclavement de la région.
Très rapidement, ces grands exploitants accaparèrent de vastes terres et par
voie de conséquence les boisements naturels en palmier qui s'y trouvaient. Ils firent
de même pour de multiples possessions foncières localisées dans les montagnes et
sur les vallées alluviales secondaires, aggravant de la sorte l'exclusion socio-
économique dont souffrait la petite paysannerie.
La petite paysannerie est de plus en plus fragilisée : pour les deux tiers, elle
doit sa survie à la cueillette et à la transformation clandestines du palmier, une
situation d'autant plus précaire que l'épuisement de la ressource va s'intensifiant et
que l'application de la politique environnementale présente un indéniable caractère
répressif.
Les paysans "moyens" sont quant à eux davantage privilégiés par ce nouveau
contexte agraire, dans la mesure où ils ont pu diversifier leurs activités en
développant des activités économiques peu affectées par la politique
environnementale, comme la culture de la banane et la transformation artisanale du
manioc. Il est vrai que si leurs activités agricoles, fondées pour l'essentiel sur des
systèmes de culture de défriche-brûlis avec des recrûs le plus souvent arborés, ont
été incontestablement frappées par cette législation, la cueillette et la transformation
du cœur de palmier ne contribuent que faiblement à leurs revenus.
Nous avons également tenté de montrer d'une part que les conditions de la
mise en place d'un projet de développement agricole qui satisfasse aux impératifs
de la protection de l'environnement et à ceux de l'amélioration des conditions de vie
de la paysannerie locale sont aujourd'hui réunies, et d'autre part qu'un tel projet
présente un caractère urgent.
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III. CARTES et PHOTOS AERIENNES
Comissão da Carta Geológica do Paraná (1969) - Mapa geológico - folha Guaraqueçaba, Curitiba,
escala 1:70.000.
Comissão da Carta Geológica do Paraná (1970) - Mapa geológico - folha Antonina, Curitiba, escala
1:70.000.
CPRM (1977) - Mapa geológico, Projeto Leste do Paraná - folha Guaraqueçaba, Curitiba, escala
1:100.000.
IBGE (1983) - Carta de Curitiba, folha MIR 514/ MIR 515, escala 1:250.000.
Ministério das Minas e Energia (1988) - Mapa geológico do quaternário costeiro dos Estados do
Paraná e Santa Catarina; Série Geologia n°28, seção geologia básica n°18, Brasília, escala
1:200.000.
1973 :
• "Guaraqueçaba, a terra onde a promissão custa a chegar", in Diário da Tarde (22/01/73).
1974 :
• "Guaraqueçaba, onde o povo vive de esperanças", in Diário do Paraná (06/10/74).
1975 :
• "Veja como a pequena Guaraqueçaba sobrevive com o menor orçamento do Estado", in Panorama (31/08/75).
1981 :
• "Companhia Agropastoril só traz benefícios para Guaraqueçaba", in Estado do Paraná (12/08/81).
• "Guaraqueçaba com central DDS e outras melhorias do Governo", in Diário do Paraná (06/12/81).
1982 :
• "Guaraqueçaba vai ganhar a primeira estação ecológica", in Diário do Paraná (19/05/82).
• "Repercute no Paraná criação da Reserva de Guaraqueçaba", in Gazeta do Povo (01/06/82).
1983 :
• "Polícia põe fim a trabalho escravo" et "A cidade morre sob as patas de muitos búfalos", in O Estado de São
Paulo (11/10/83).
• "Governo ignorava ação de grupo no PR", in O Estado de São Paulo (12/10/83).
• "Os jagunços da Capela atacam em Curitiba", in Jornal da Tarde (12/10/83).
• "E o governo começa a agir contra Capela", in Jornal da Tarde (13/10/83).
• "Primeiras medidas oficiais contra a Capela", in Jornal da Tarde (14/10/83).
• "Capela : mais rigor na fiscalização", in Jornal da Tarde (15/10/83).
• "Novas ações policiais contra a Capela", in Jornal da Tarde (19/10/83).
• "Embargado outro desmatamento irregular da Capela no Paraná", in O Estado de São Paulo (19/10/83).
• "Capela : "Fim da impunidade", in Jornal da Tarde (21/10/83).
• "Tensão e medo no paraíso", in Jornal da Tarde (24/10/83).
• "Capela não aceita pagar multa imposta pelo ITC", in O Estado de São Paulo (25/10/83).
• "A Capela, interferindo nas investigações?", in Jornal da Tarde (25/10/83).
• "O golpe do reflorestamento nas terras do Paraná", in Jornal da Tarde (15/12/83).
• "O escândalo do palmito", in O Estado de São Paulo (21/12/83).
• "Desvio em reflorestamento é maior", in O Estado de São Paulo (22/12/83).
• "Reflorestamento : o IBDF acusa as vítimas" et "As denúncias desse reflorestador contra os métodos do
IBDF", in Jornal da Tarde (23/12/83).
• "IBDF admite desvio em reflorestamento", in O Estado de São Paulo (23/12/83).
• "Reflorestamento : investidores estão unindo-se contra maus empresários", in Jornal da Tarde (24/12/83).
• "Reflorestamento", in O Estado de São Paulo (24/12/83).
• "Empresário faz denúncia de corrupção no IBDF", in O Estado de São Paulo (28/12/83).
• "Policia apurará caso do palmito", in O Estado de São Paulo (30/12/83).
1984 :
• "O fim da serra do Mar parece próximo", in O Estado de São Paulo (14/01/84).
• "A rede clandestina dos palmitos", in O Estado de São Paulo (15/01/84).
• "Dia mundial do meio ambiente - Comemorar o quê?", in Jornal da Tarde (05/06/84).
• "Não há o que comemorar no dia do meio ambiente", in O Estado do Paraná (05/06/84).
• "Rodovia na Serra do Mar? Isto é crime, protesta deputado", in Jornal da Tarde (06/06/84).
• "Os madereiros pressionam. Mas não haverá estrada nessa região", in Jornal da Tarde (09/06/84).
• "Estrada, ameaça no litoral sul", in O Estado de São Paulo (31/07/84).
• "Pela proteção do nosso litoral", in Jornal da Tarde (02/08/84).
• "Convênio para litoral deve sair em setembro", in Jornal da Tarde (24/08/84).
• "Nosso paraíso litorâneo está salvo", in Jornal da Tarde (29/09/84).
• "Ecologistas denunciam omissão no Paraná", in O Estado de São Paulo (20/12/84).
• "Jagunços aterrorizam colonos", in O Estado do Paraná (28/12/84).
• "Batuva : agricultores em pânico", in Correio de Notícias (28/12/84).
1985 :
• "Um grito pela vida", in Caderno de programas e leituras - Jornal da Tarde (12/01/85).
• "Tancredo vai salvar este paraiso?", in Jornal da Tarde (18/01/85).
• "Montoro e Richa assinam na 5° feira convênio para litoral", in O Estado de São Paulo (22/01/85).
• "Sr. Governador, eis o que os homens do litoral querem", in Jornal da Tarde (23/01/85).
• "Hoje, o convênio para salvar o litoral", in O Estado de São Paulo (24/01/85).
• "A festa pelo nosso litoral", in Jornal da Tarde (25/01/85).
• "Areas no litoral recebem proteção", in O Estado de São Paulo (31/01/85).
• "Em defesa do litoral"; "O Convênio"; "O homem e a natureza em perspectiva" et "Fortalecimento social &
preservação", in São Paulo Interior - Revista da Secretaria de Estado dos Negócios do Interior de São Paulo
n°2 (février/1985).
• "Sob a proteção da lei. Isso basta?", in Jornal da Tarde (23/02/85).
• "Area de Iguape ainda preocupa", in O Estado de São Paulo (17/04/85).
• "Um balanço de Iguape-Paranaguá", in Jornal da Tarde (17/04/85).
• "Ação sem fronteiras" et "Preservando a Serra", in São Paulo Interior - Revista da Secretaria de Estado dos
Negócios do Interior de São Paulo n°6/7 (juin-juillet/1985).
• "Proteção (agora oficial) para nosso estuário", in Jornal da Tarde (20/06/85).
• "A última reserva" et "Estuário começa a ser preservado", in Correio de Notícias (21/06/85).
• "Aqui acabou a pilhagem da natureza", in Jornal da Tarde (21/06/85).
• "Silêncio. Vamos entrar no santuário de Guaraqueçaba", in Jornal da Tarde (02/07/85).
• "O "progresso" chegou a Batuva. Com dias de medo e de morte", in Jornal da Tarde (30/09/85).
• "Batuva : armas de jagunços apreendidas", in Jornal da Tarde (01/10/85).
• "Visita ao centro de um santuário ameaçado", in Jornal da Tarde (07/10/85).
• "O grande ataque ao verde de Cananéia" et "Guaraqueçaba tem 220 mil hectares de área. O INCRA registra
378 mil" in Jornal da Tarde (08/10/85).
• "O dificil trabalho da polícia florestal", in O Estado de São Paulo (09/10/85).
• "Grileiros em ação no Ribeira" et "Medo e indignação em Superagüi", in Jornal da Tarde (10/10/85).
• "Vivendo e sofrendo no litoral", in Jornal da Tarde (15/10/85).
• "Devastação no santuário ecológico", in Jornal da Tarde (16/10/85).
• "Sarney, Montoro, Richa, o que vocês estão esperando?", in O Estado de São Paulo (16/10/85).
• "Visita às terras de dois devastadores", in Jornal da Tarde (17/10/85).
• "Os planos do Paraná para o seu litoral", in Jornal da Tarde (27/10/85).
1986 :
• "Atrás do relógio", in São Paulo Interior - Revista da Secretaria de Estado dos Negócios do Interior de São
Paulo n°4 (avril/1986).
• "Serra do Mar : mais 562 mil hectares tombados", in Jornal da Tarde (06/06/86).
• "Doze quilômetros de estrada. Que comprometem nosso litoral", in Jornal da Tarde (17/06/86).
• "São Paulo vai denunciar ao Ministro - Por esta estrada a destruição pode chegar ao litoral", in O Estado de
São Paulo (18/06/86).
• "Paraná : polêmica na BR-101", in Jornal da Tarde (18/10/86).
• "Cz$ 3,5 milhões para proteger Guaraqueçaba", in Jornal da Tarde (19/12/86).
1991 :
• "Guaraqueçaba - entre a terra e o mar, a fonte da vida", in Manchete (13/04/91).
• "Proibição do corte de árvores em xeque", in Gazeta Mercantil (28/09/91).
1993 :
• "Palmito dá mais lucro sem destruir" supplément "O futuro da Mata Atlântica", in Gazeta Mercantil (28/01/93).
1994 :
• "A força do imposto verde", in Veja (16/03/94).
1995 :
• "Piratas" do palmito devastam Litoral", in Gazeta do Povo (14/04/95).
ANNEXES
ANNEXE 1
récolte
sarclage sarclage
semis
Riz Pluvial :
(cycle d'environ 5 mois)
défrichement - rendement :
0,8 à 1,3 tonnes/ ha cultivé
Fév
Sept.
Janv
Oct
Août
Nov
Déc
Mar
Mai
Juin
Juil
Avr
récolte réc.
Mai
Sept.
Août
Oct
Nov
Mar
Déc
Juil
Avr
Juin
2 e sarclage
1e sarclage
Haricot Noir :
récolte semis récol 1e saison culturale
- rendement :
préparation du sol 0,4 à 0,8 tonnes/ ha cultivé
Nov
Fév
Sept.
Janv
Oct
Août
Mar
Mai
Déc
Juil
Avr
Juin
2e sarclage
1 e sarclage
Haricot noir :
récolte
semis 2e saison culturale
- rendement :
prép. du sol 0,3 à 0,6 tonnes/ ha cultivé
Fév
Sept.
Nov
Juil
Janv
Mai
Juin
Août
Oct
Déc
Mar
Avr
Sept.
Nov
Déc
Mar
Juin
Mai
Août
Juil
Avr
récolte
Culture de la Banane
plantation des rejets - rendement :
3,0 à 6,0 tonnes/ ha cultivé
défrichement
Oct
Déc
Fév
Mai
Nov
Mar
Janv
Juin
Août
Sept
Juil
Avr
Les principales limitations d'usage des ressources naturelles au littoral nord du Paraná
et les dispositifs législatifs correspondants
r éc olt e
sa rc la g e
s arc la g e
Ri z p l uv ia l :
c yc le 5 m o is
sem is
d é fri ch e me nt
Dé c
A o ût
Oct
Fé v
No v
Ma i
Jui l
Ju in
Mar
Av r
Ja nv
Se pt
r éc ol t e ré co lt e
Ma ïs :
sar cl ag e - sem is pr éc o ce ( plai ne s
sa rclag e
d ' ép a nd a ge d e c ru e s)
se mi s - sem is no r ma l ( t er ra sse s
se m is n o rm al
p re co ce a ll uv ia le s e t v e rsa nt s d e
Pé ri od e d e
m o nt ag n e s)
c ru es d é frich e me nt
No v
D éc
Ao û t
Oc t
Mai
Ju i n
Ma r
Jan v
Fév
Ju il
A vr
Sep t
2 e sar cl ag e
1 e sa rc la ge
ré co lt e ré co l
se mi s Har ic ot n o ir :
dé f ric he m en t o u 1 e sai so n c ul t ur al e
p ré p ar at io n d u so l
Dé c
Se p t
Fév
Nov
Ao û t
Oct
Ma i
Ma r
Jan v
Ju in
A vr
Ju il
2e
s arc la g e
1e
sar clag e
se m is r éc olt e
Ha ric o t no ir :
dé fr ic . ou 2 e sai so n cu lt u ral e
p ré p . du so l
Se p t
Dé c
Ma i
Fé v
Ao û t
Oct
Ju in
N ov
Jui l
Mar
Av r
Ja n v
4e 4e
sa rc la ge Man i oc " d ou x" :
sa rc la ge
cy cl e de 1 ,5 à 3 a ns
1e e e 1e
2 sar cl ag e 3 sar cl ag e
sar cl ag e s arc la g e
p la nt a ti o n
Sep t
Nov
Dé c
Ao û t
Oct
Ma r
Ma i
Jan v
Fév
Ju il
Ju in
A vr
récolte récolte
récolte (saison froide)
(saison chaude) (saison chaude)
3 e période de 2 e période de 1 e période de
contrôle adventices contrôle adventices contrôle adventices
plantation des rejets Culture permanente de la Banane :
Période de plaines d'épandage de crues
crues défrichement
Sept.
Fév
Déc
Oct
Janv
Mai
Mar
Juil
Juin
Nov
Août
Avr
récolte
Nov
Mai
Oct
Juil
Juin
Mar
Août
Janv
Avr
récolte
Culture du taro
semis
Sept
Nov
Déc
Mai
Oct
Juin
Fév
Janv
Mar
Août
Juil
Avr
récolte
plantation
préparation
Culture du gingembre
parcelle
Déc
Sept
Fév
Nov
Oct
Juin
Juil
Mai
Mar
Août
Janv
Avr
Sept.
Fév
Janv
Nov
Déc
Oct
Mai
Mar
Août
Juil
Juin
Avr
récolte
Culture de la laitue
semis
Sept.
Nov
Oct
Fév
Janv
Déc
Août
Juil
Juin
Avr
Mai
Mar
récolte
Culture du poivron /
tomate
semis
Janv
Nov
Déc
Oct
Août
Fév
Sept.
Mai
Mar
Juil
Juin
Avr
récolte
Culture courgette
semis
Sept.
Fév
Janv
Déc
Mai
Mar
Juil
Juin
Nov
Oct
Août
Avr
réc. récolte
Culture aubergine
semis
Fév
Nov
Août
Sept.
Déc
Oct
Juin
Avr
Janv
Mar
Juil
Mai
récolte
Culture du haricot vert
semis
Sept.
Fév
Nov
Déc
Oct
Août
Juil
Juin
Janv
Mar
Mai
Avr
récolte
Culture du chayotte
(bisannuelle)
plantation
Fév
Sept.
Déc
Janv
Nov
Oct
Mar
Juin
Juil
Mai
Août
Avr
récolte
Culture du fruit de la
passion (bisannuelle)
plantation
Sept.
Fév
Nov
Janv
Déc
Mai
Oct
Mar
Août
Juil
Juin
Avr
Culture du maïs :
Culture du manioc :
Culture de la banane :
Culture du taro :
Cultures maraîchères :
Nous avons représenté les systèmes de culture d'après leur occurrence sur
les différentes unités du milieu naturel qui caractérisent la région d'étude :
Les plaines d'épandage de crues se localisent dans le lit majeur des fleuves et
sont souvent soumises à des dépôts d'alluvions par inondation (les "águas do
monte"). Ces inondations ont lieu pendant l'été, notamment pendant les mois de
février à avril, et elles permettent à la plupart des plaines de recevoir périodiquement
des quantités considérables de sédiments organiques et argileux ainsi que des
matériaux solubles. Les sols sont classés comme étant peu évolués d'apport et les
sols gris alluviaux et alluviaux brunifiés sont les plus courants dans ces plaines
(d'après IAPAR - 1977). En outre, ces sols disposent d'un bon drainage naturel
malgré la présence d'une nappe phréatique qui subit une importante variation
saisonnière. Cependant, l'occurrence et la durée des crues d'été sont des facteurs
limitant le développement des activités agricoles. Selon la durée des crues, nous
avons caractérisé ces plaines en 2 catégories distinctes :
-les plaines inondées par les crues de courte durée (en général inférieure
à une journée) - normalement localisées plus en amont des vallées
alluviales; outre la culture du maïs, la culture de la banane devient
possible car les bananeraies sont relativement peu affectées par les
inondations d'une aussi courte durée.
-les plaines inondées par les crues de longue durée (plusieurs journées
consécutives) - normalement localisées en aval des vallées alluviales et
proches des baies et estuaires; les activités agricoles se limitent à la
culture précoce du maïs et à l'implantation de pâturages;
Commentaires :
Selon leur situation et selon la déclivité des versants, nous avons pu classer
les différents sols rencontrés en deux groupes. Les bas-versants des montagnes
disposant d'une déclivité relativement faible, constituent des sols peu évolués
d'apport (des sols colluviaux). Les autres parties des versants des montagnes ont
des sols peu évolués d'érosion (avec de lithosols) ainsi que des sols ferrallitiques
(avec des sols ferrallitiques) et hydromorphes (avec des sols pseudo gley).
Commentaires :
Les systèmes de culture mis en oeuvre sur les versants des montagnes
présentent un certain nombre de caractéristiques communes. Mise à part
l'exploitation du coeur de palmier "Euterpe edulis", la reproduction de la fertilité est
assurée en large partie par le système de défriche-brûlis. Cet ensemble se
caractérise par la quasi absence d'intrants externes (la seule exception étant
l'utilisation occasionnelle d'herbicides pour la culture du riz pluvial) et par la demande
de travaux essentiellement manuels. Par conséquent, les consommations
intermédiaires de ces systèmes sont très faibles et le plus souvent limitées au coût
des semences.
Commentaires :
Cette activité, malgré ses résultats économiques assez modestes par rapport
à d'autres activités agricoles, demeure très répandue dans la région pour plusieurs
raisons. L'élevage bovin constitue l'activité des bas-fonds qui dégage la productivité
de la terre (VAB/ ha) la plus élevée. Elle permet donc de mieux valoriser ces
surfaces agricoles.
L'élevage de buffles a été introduit dans la région au début des années 70 par
des neolatifundiaires en raison de la grande rusticité des animaux et de leur
adaptation aux conditions climatiques locales. Dans ces systèmes d'élevage, les
animaux restent en plein air toute l'année et leur alimentation est basée
essentiellement sur la production fourragère des pâturages permanents. Les
pâturages se localisant le plus souvent sur les plaines alluviales et les bas-fonds,
leur entretien se limite au nettoyage manuel des refus et des herbacées indésirables.
Les installations comprennent notamment un couloir de rétention avec un parc ainsi
que des clôtures renforcées. Mis à part les produits de prophylaxie sanitaire et une
supplémentation minérale, aucun intrant d'origine extérieure n'est employé dans ces
systèmes. De même, aucun recueil de déjections n'est mis en oeuvre.
2.B.1. Naisseur
Les élevages porcins se localisent dans les plaines alluviales, à proximité des
habitations ou sur les bas-versants de montagnes. L'alimentation des animaux est
produite sur place et est composée notamment de banane, manioc et parfois maïs.
D'une manière générale, aucun transfert direct des déjections n'est mis en oeuvre à
cause de la simplicité des installations et des difficultés de transport à l'intérieur des
exploitations.
Nous avons pu distinguer 3 systèmes d'élevage porcin sur le littoral nord du
Paraná :
Les installations sont très simples et se limitent à une petite porcherie "hors
sol" en bois, les animaux restant parqués toute l'année. D'une manière générale,
une partie des porcelets est commercialisées à l'âge de 4 mois et le reste engraissé
jusqu'à 1,5 ans d'âge. Les porcelets sont vendus aux paysans des environs pour
engraissement et les porcs gras et truies de reforme sont vendus à des
intermédiaires ou abattus sur place (la viande est destinée à l'autoconsommation).
Les truies et porcelets restent en plein air toute l'année dans un vaste enclos
construit autour de bananeraies. Par contre, les animaux en engraissement sont
parqués en permanence dans de petites porcheries en bois "hors sol". D'une
manière générale, une partie des porcelets est commercialisées à l'âge de 4 mois et
les animaux restants sont engraissés sur place. Les porcelets sont vendus aux
paysans des environs et les porcs gras et truies de reforme sont vendus à des
intermédiaires mais surtout abattus sur place (la viande étant destinée à
l'autoconsommation).
Commentaires :
Les différents systèmes d'élevage porcin dégagent une valeur ajoutée brute
par actif inférieure à la plupart des activités agricoles développées sur le littoral nord
du Paraná. En effet, ces activités d'élevage présentent une très faible productivité du
travail car les travaux sont manuels, les installations précaires et l'alimentation des
animaux souvent déséquilibrée et peu variée. En outre, la viande porcine produite
localement souffre de la concurrence d'autres viandes commercialisées à bon
marché par les commerçants locaux (notamment la viande de volaille et les
charcuteries).
TYPE Niveau Surf/ Plaines Terrasses alluviales Bas-fonds Versants de Système Main Activités non %
équipement actif d'épandage (ha/actif fam.) et plaines montagnes d'élevage d'oeuvre agricoles exploit.
fam. crues littorales (ha/actif fam.) externe (en % de la force de
(ha/ actif (ha/actif (ha/actif (% FWT) travail totale)
fam.) fam.) fam.)
MANOUVRIERS:
I.A. Outillage 0,2 à --- • JDC (0,2 à 0,4 --- --- • Basse-cour --- • Journalier 15%
manuel + 0,4 ha/actif) (volailles) • Transf. manioc
atelier transf. • Cueillette palmier
manioc (au dos)
manuel • Transf. clandestine
palmier
• Activités
secondaires
(>90%FWT)
I.B. Outillage 1,2 à • Banane • JDC (0,3 à 0,6 • RP ∅ 3 à • MA+ HA ∅ R3 ans • Basse-cour --- • Journalier 22%
manuel + 2,4 (<0,7 ha/actif) 5 ans (<0,6 ha/actif) (volailles, • Transf. manioc
atelier transf. ha/actif) • MA ou MA+HA ∅ MA (<0,3 parfois porcins) • Cueillette palmier
manioc • M ∅ R3 ∅ R2 à 4 ans (<0,9 ha/actif) (au dos)
manuel ou ans (<0,6 ha/actif) • Transf. clandestine
semi-motorisé ha/actif) palmier
• Activités
secondaires
(70 à 80% FWT)
LEGENDE :
JDC - jardin de case R .... - durée du recrû MA - manioc MA + HA - manioc associé RP - riz pluvial ∅ culture en succession
(en années) ou non au haricot noir
M - maïs HA - haricot FWT - force de travail N - naisseur N/E - naisseur et
totale engraisseur
Source : Enquêtes de terrain 1991-92.
** la surface concernée par l'exploitation du coeur de palmier n'est pas prise en compte.
PAYSANS MINIFUNDISTES:
II.J. Outillage 3,5 à 7 • Banane • JDC (0,3 à 0,5 • RP ∅ R3 • Banane ∅ R8 à 10 • Basse-cour --- • Journalier 15%
manuel + (<1,2 ha/actif) à 5 ans ans (<0,3 ha/actif) (volailles, • Cueillette palmier
pulvérisateur ha/actif) • MA+HA ∅ MA + HA (<4 • RP ou M ∅ MA + parfois porcins) (au dos)
manuel + • M ∅ R3 ∅ R2 à 4 ans (<0,8 ha/actif) HA ∅ R3 à 5ans • Elevage porcin • Transf. clandestine
atelier transf. ans (<1,3 ha/actif) (<2,9 ha/actif) N/E en plein air palmier
manioc ha/ actif) • M ou HA ∅ MA+HA ∅ (<1 truie/expl.) • Activités
• RP ou M ou HA ∅
manuel R3 ans (<0,8 ha/actif) secondaires
HA ∅ R3 à 5 ans (30 à 70% FWT)
(<3,5 ha/actif)
• MA + HA ∅ R3 ans
(<0,7 ha/actif)
II.M. Outillage 4à7 • Banane • JDC (0,3 à 0,6 • RP ∅ R3 • RP ou M ∅ MA + • Basse-cour --- • Entrepreneur 12%
manuel + ** (<3,1 ha/actif) à 5 ans HA ∅ R3 à 5ans (volailles, • Cueillette palmier
pulvérisateur ha/actif) • MA+HA ∅ MA ∅ R2 à (<1,4 (<2,4 ha/actif) porcins) (au dos ou avec
manuel + • M ∅ R3 4 ans (<1 ha/actif) ha/actif) • RP ou M ou HA ∅ • Elevage porcin mulet)
atelier transf. ans (<1,8 • RP ou M ou HA ∅ HA N/E en plein air • Transf. clandestine
HA ∅ R3 à 5 ans
manioc ha/ actif) ∅ R3 à 5 ans (<1,5 (<1 truie/ expl.) palmier
(<2,3 ha/actif)
manuel + ha/actif) (30 à 60% FWT)
parfois mulet • MA + HA ∅ R3 ans
(<0,8 ha/actif)
• Exploitation palmier
(<20 ha/ actif)
II.V. Outillage 4 à 6,5 • Banane • JDC (0,3 à 0,6 • RP ∅ R3 • Banane ∅ R8 à 10 • Basse-cour --- • Entrepreneur 6%
manuel + (<1,6 ha/actif) à 5 ans ans (<0,4 ha/actif) (volailles, • Transf. manioc
pulvérisateur ha/actif) • MA+HA ∅ MA + HA ∅ (<2,4 • RP ou M ou HA ∅ porcins) (20 à 60% FWT)
manuel + • M ∅ R3 R2 à 4 ans (<0,7 ha/actif) HA ∅ R3 à 5 ans • Elev. porcin en
atelier transf. ans (<0,7 ha/actif) (<2,8 ha/actif) plein air ou
manioc semi- ha/actif) • Maraîchères ∅ M ou hors-sol N/E (<1
• MA+HA ∅ MA + HA
motorisé + RP ou Ha ∅ MA (<1 truie/ expl.)
parfois un ∅ R3 à 5 ans (<3,2 • Elevage bovin
ha/actif) ha/actif)
motoculteur N/E (<2,6
(en commun) • MA ∅ R3 ans (<2 ha/actif)
ha/actif)
Suite de l'annexe 7
PAYSANS
"MOYENS":
III.A. Outillage 10 à • Banane • JDC (0,3 à 0,7 • RP ∅ R6 --- • Basse-cour <40% • Tranf. manioc 3%
anuel + 18 (<0,7 ha/actif) à 10 ans (volailles, • Entrepreneur
pulvérisateur ha/actif) • MA+HA ∅ MA + HA ∅ (<5 porcins) (<20%)
manuel + • M ∅ R3 R2 à 4 ans (<1,1 ha/actif) • Elevage
atelier transf. ans (<3 ha/actif) porcin hors-sol
manioc ha/actif) • HA ∅ MA + HA ∅ R2 N/E (<1 truie/
manuel ou à 4 ans (<1 ha/actif) expl.)
semi-motorisé • Elevage
+ bovin N/E (4 à
tronçonneuse 10 ha/actif)
III.B. Outillage 12 à • Banane (<5 • JDC (0,4 à 0,8 • RP ∅ R3
• Banane ∅ R8 à 10 • Basse-cour 20 à 60% • Tranf. manioc 6%
manuel + 21 ha/actif) ha/actif) à 6 ans
ans (<1 ha/actif) (volailles, • Transf.
pulvérisateur ** • M ∅ R3 • MA+HA ∅ MA + HA ∅ (<5 • RP ou M ou HA ∅ porcins) clandestine
manuel + ans (<3 R2 à 4 ans (<1 ha/actif) ha/actif)
HA ∅ R6 à 10 ans • Elevage palmier
atelier transf. ha/actif) • RP ou M ou HA ∅ MA (<10 ha/actif) porcin N/E en • Cueillette
manioc + HA ∅ R3 à 6 ans plein air (<2 palmier (au dos
• RP ou M ou HA ∅
manuel ou (<0,7 ha/actif) truies/ expl.) ou avec mulet)
semi-motorisé MA +HA ∅ R6 à 10 • Elevage • Entrepreneur
+ parfois ans (<8 ha/actif) bovin N/E (<6 (<10%)
mulet • Exploitation palmier ha/actif)
(<30 ha/actif)
III.F. Outillage 8 à 16 • Banane (<3 • JDC (0,3 à 0,6 • RP ∅ R6 • Banane ∅ R8 à 10 • Basse-cour 30 à 60% • Transf. manioc 7%
manuel + ** ha/actif) ha/actif) à 10 ans ans (<5 ha/actif) (volailles, • Transf. banane
pulvérisateur • M ∅ R3 • MA+HA ∅ MA + HA ∅ (<6 • RP ou M ∅ MA +HA porcins) • Transf.
manuel + ans (<2 R2 à 4 ans (<3 ha/actif) ha/actif) ∅ R3 à 5 ans (<4 • Elevage clandestine
atelier transf. ha/actif) • M ou HA ∅ MA + HA ha/actif) porcin N/E palmier
manioc ∅ R3 à 6 ans (<2,6 hors-sol (<1 • Entrepreneur
• MA+HA ∅ MA + HA
motorisé ou ha/actif)s truie/ expl.) (20 à 50%)
atelier transf. ∅ R4 à 10 ans (<6 • Elevage bovin
banane+ ha/actif) N/E (<6 ha/
parfois • Exploitation palmier actif)
motoculteur (<30 ha/actif)
(en commun)
ou camionette
AGRICULTEURS
PATRONAUX:
IV. Motoculteur + 2,5 à --- • JDC (<0,5 ha/actif) --- --- • Basse-cour 40 à 90% --- <1%
tracteur + 4 • Maraîchères ∅ taro ou (volailles,
camion + maïs ou manioc ou porcins)
equipement friche 4 mois (<1,7
d'irrigation par ha/actif)
aspersion + • Gingembre ∅ taro ou
hangar maraîchères (<2
agricole + ha/actif)
installations • Chayotte ou Fruit de
de palissage la passion (<0,7
ha/actif)
NEOLATIFUNDIAIRES:
TYPE Niveau Surf. Plaines Terrasses alluviales Bas- Versants de Système Main Activités non %
équipement (ha) d'épandage (ha) fonds et montagnes (ha) d'élevage d'oeuvre agricoles exploit.
crues (ha) plaines
littorales
(ha)
V.A. Outillage 70 à • Pâturages permanents • Elev. buffles 2 à 20 --- 6%
manuel + 700 (70 à 700 ha) Naisseur ou actifs
clôtures ** • Parfois exploitation du palmier (200 à 1600ha) Naisseur/
renforcées + Engraisseur
couloir
vaccination +
parc de
retention +
maisons
V.B. Outillage 400 à • Exploitation palmier ---- 1 à 3 --- 7%
manuel 1700 (400 à 1700 ha) actifs
** la surface concernée par l'exploitation du coeur de palmier n'est pas prise en compte.
Source : Enquêtes de terrain 1991-92.
ANNEXE 8
Dispositif Contenu
Portaria Normativa 300/83 - oblige l'enregistrement auprès de l'IBAMA de toute personne ou entreprise
liée aux activités de reboisement, cueillette, transformation ou industrialisation
du palmier
Portaria Normativa 122/85 - oblige la demande de bons d'autorisation ("guias") pour la cueillette et le
de 1985 transport du cœur de palmier; fixe le diamètre minimal des palmiers pour la
cueillette
Portaria Normativa 267/88 - fixe les pénalités et les amendes pour les infractions à la réglementation
de 1988
Portaria Normativa 039/88 - oblige à soumettre à l'IBAMA des projets de gestion forestière; seuls les
de 1988 boisements de palmier faisant l'objet d'un projet de gestion forestière peuvent
être exploités de manière légale
Portaria Normativa 439/89 - mise en place d'une taxe de remise en état des boisements de palmier ou
de 1989 obligation d'effectuer des reboisements pour tous ceux qui exploitent le palmier
sauf s'ils commercialisent celui-ci avec des conserveries industrielles (qui
doivent alors prendre en charge ces contraintes)
Ordem de serviço 038/89 - - établie deux modalités distinctes pour l'exploitation du coeur de palmier c'est-
SUPES/PR de 1989 à-dire le "plan de gestion forestière" pour l'exploitation d'une quantité
supérieure à 10.000 unités et "l'autorisation simplifiée" (accordée une seule
fois par an) pour l'exploitation d'une quantité inférieure à 10.000 unités
Resolução conjunta - modifie les conditions et les volumes établis dans la réglementation
IBAMA/ SEMA n°001/94 de antérieure en ce qui concerne "l'autorisation simplifiée" (demande
1994 d'autorisation à demander auprès de l'IAP); peuvent être au maximum 2.000
unités - par an et par exploitation agricole dont la surface forestière est
inférieure à 50 hectares - et la régénération naturelle de la ressource doit être
garantie
Source : SEDU 1990 et IBAMA 1992
ANNEXE 9
MANOUVRIERS
Système de production type IA
Producteur Localité SAU/actif Valeur ajoutée/ Activités non- Vente de la Achat de la
familial (ha/ actif fam. agricoles force de travail force de travail
Legende : J - Journalier; TMM - Transformation Manioc Manuelle; CPD - Cueillette Palmier Dos d'homme.
TMSMot
TMSMot
Legende : J - Journalier; TMM - Transformation Manioc Manuelle; TMSMot - Transformation Manioc Semi-
Motorisée; TMMot - Transformation Manioc Motorisée; CPD - Cueillette Palmier Dos d'homme; AS - Activités
Secondaires.
MINIFUNDISTES
Système de production type IIJ
TCP
Legende : J - Journalier; TMM - Transformation Manioc Manuelle; TMSMot - Transformation Manioc Semi-
Motorisé; CPD - Cueillette Palmier Dos d'homme; TCP - Transformation Clandestine Palmier; AS - Activités
Secondaires.
Système de production type IIM
Legende : J - Journalier; TMM - Transformation Manioc Manuelle; TMSMot - Transformation Manioc Semi-
Motorisée; CPD - Cueillette Palmier Dos d'homme; CPM - Cueillette Palmier Mulet; TCP - Transformation
Remarque : la surface concernée par l'exploitation du cœur de palmier n'est pas prise en compte dans la
actif)
PAYSANS "MOYENS"
Système de production type IIIA
Producteur Localité SAU/actif Valeur ajoutée/ Activités non- Vente de la Achat de la
Legende : TMM - Transformation Manioc Manuelle; TMSMot - Transformation Manioc Semi-Motorisée; ETA -
actif)
CPM
CPM
CPM
Legende : TMSMot - Transformation Manioc Semi-Motorisée; CPM - Cueillette Palmier Mulet; TCP -
Remarque : la surface concernée par l'exploitation du cœur de palmier n'est pas prise en compte dans la
Legende : TMMot - Transformation Manioc Motorisée; CPM - Cueillette Palmier Mulet; TCP - Transformation
Clandestine Palmier; ETA -Entrepreneur Travaux Agricoles; TBF - Transformation Banane et/ou Fruits; AS -
Activités Secondaires.
Remarque : la surface concernée par l'exploitation du cœur de palmier n'est pas prise en compte dans la
NÉOLATIFUNDIAIRES
Système de production type VA
Nom propriétaire Localité SAU/ exploitation (ha) Activités Valeur ajoutée/ Main d'oeuvre
(A) EP
(A) EP
(A) EP
(A) EP
(A) les surfaces éventuellement concernées par l'exploitation du cœur de palmier ne sont pas
prises en compte.
Système de production type VB
Nom de Localité SAU/ exploitation (ha) Activités Valeur ajoutée/ Main d'oeuvre
STACK: