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4.

Le salon de Jupiter

Le salon de Jupiter, oü se réunissaient les bourgeois de l'endroit, éta¡t tapissé


de papier bleu et agrémenté1 d'un grand dessin représentant2 Léda3 éten-
due sous un cygne. On parvenaita dans ce lieus au moyen d,un escalier
tournant terminé par une porte étroite, humble d'apparence 6, donnant sur
la rue7, et au-dessus deB laquelle brillait toute la nuit, derriéres un treíllage,
une petite lanterne 10 comme celles qu'on allume 11 encore en certaines vil-
les aux pieds des madones encastrées dans les murs.
Le bátiment, humide et vieux, sentait légérement le moisi12. par
moments, un souffle d'eau de Cologne passait dans les couloirs 13, ou bien
une porte entrouverte en bas faisait éclater dans toute la demeure, comme
une explosion de tonnerre 14, les cris populaciers des hommes attablés 15 au
rez-de-chaussée, et mettaiti6 sur la figure des messieurs du premier une
moue inquiéte et dégoútée.
Madame, familiére avec les clients ses amis 17, ne quittait point le
salon, et s'intéressaitls aux rumeurs de la ville qui lui parvenaient par euX 1s.
sa conversation grave faisait diversion aux propos sans suite 20 des trois
femmes ; elle était comme un repos dans le badinage polisson 2r des parti-
culiers ventrus qui se livraient chaque soir á cette débauche honnéte et médio-
cre de boire un verre de liqueur en compagnie de filles publiques 22.
Les trois dames du premier s'appelaient Fernande, Raphaéle et Bosa
la Rosse 23.
Le personnel étant restreint2a, on avait táché que chacune d,elles füt
comme un échantillon, un résumé 25 de type féminin, afin que tout consom-
mateur püt trouver lá, á peu prés du moins26, la réalisation de son idéal-
Fernande représentait la belle blonde, z7 trés gránde. presque obése,
molle, fille des champs 28 dont les taches de rousseur se refusaient á dis-
paraitre, et dont la 2e chevelure filasse 30, écourtée, claire 31 et sanb couleur,
pareille á du chanvre peigné, lui couvrait insuffisamment le cráne.
Raphaéle, une Marseillaise, roulure 32 des ports de mer, iouait le róle
indispensable de la belle Juive, maigre, avec des pommettes saillantes plá-
trées33 de rouge. ses cheveux noirs, lustrés3a á la moeile de bceuf, for-
maient des crochets sur ses tempes. ses yeux eussent paru beaux si le droit
n'avait été 35 marqué s6 d'une taie.

son nez arqué tombait sur une máchoire accentuée oü deux dents neu-
ves, en haut, faisaient tache á cÓté de celles du bas qui avaient pris en
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vieillissant une teinte foncée comme les bois anciens'


38 jam-
Rosa Ia Rosse, une petite boule de chair tout en ventre avec des
bes minuscules, chantait du matin au soir, d'une voix éraillée, des couplets
alternativement3e grivois ou sentimentaux, racontait deS histoires intermi-
nables et insignifiantes, ne cessait de parler que pour manger et de manger
que pour parler, remuait toujours, souple comme un écureuil malgré sa graisse
et l'exigulté de ses pattes ; et son rire, une cascade de cris aigus, éclatait
,
,un, de-ci, de-lá, dans une chambre, au grenier, dans le café, par-
tout' "u..",
á Pro'os de rien'
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