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Première partie : Technologie et propriétés du béton armé

Chapitre 1.
NOTIONS GENERALES SUR LES PROPRIETES DES MATERIAUX
L’utilisation de tout matériau dans la construction d’un ouvrage suppose une connaissance de ses
propriétés physiques et mécaniques, c’est-à-dire les paramètres déterminant l’état du matériau, son
comportement vis à vis de l’eau, de la chaleur, du froid et sous l’action des effets et forces extérieurs.

1. PROPRIETES PHYSIQUES
1.1. Les paramètres déterminant l’état du matériau
1.1.1. La densité
La densité ρ est la masse d’une unité de volume de la substance sans pores. Elle est égale au quotient
de la masse m du matériau sec par le volume V occupé sans les pores:
m
ρ = ; ρ est en t/m3 ; kg/m3 ; g/cm3 ; etc... (1.1)
V
1.1.2. La masse volumique
La masse volumique Mv est la masse d’une unité de volume du matériau à l’état naturel, c’est-à-dire
avec les pores. Elle est égale au quotient de la masse m du matériau sec par le volume V1 occupé avec
les pores:
m
Mv = (1.2)
V1
La masse volumique Mv est exprimée en t/m3 ; kg/m3; g/cm3 ; etc... On peut remarquer que V1 ≥V,
donc Mv ≤ ρ, c’est-à-dire que la masse volumique est toujours inférieure à la densité, sauf pour les
matériaux très denses (verre, acier, matériaux liquides, etc...) pour lesquels la densité et la masse
volumique se confondent. Dans le tableau 1.1. sont données les limites dans lesquelles varient la
densité et la masse volumique de certains matériaux de construction.

Tableau 1.1. Densités et masses volumiques de certains matériaux


Matériaux Densité ρ, en t/m3 Masse volumique Mv, en t/m3
Matériaux pierreux 2,2 ... 3,3 0,5 ... 3,0
Matériaux ferreux 7,25 ... 7,85 7,2 ... 7,85
Matériaux organiques (bois, bitumes, matières 0,9 ... 1,6 0,2 ... 1,2
plastiques, etc...)

1.1.3. Le poids spécifique


Le poids spécifique γ est le poids d’une unité de volume du matériau à l’état naturel. Il est égal au
quotient du poids G du matériau sec par le volume V1 occupé avec les pores:
G
γ = ; γ est en kN/m3 ; daN/m3 ; N/cm3 ; etc... (1.3)
V1
Le poids d’un matériau est obtenu en multipliant sa masse m par l’accélération de la pesanteur g: G =
mg, avec g = 9,81 m/s2 en moyenne. Le poids spécifique γ et la densité ρ du matériau sont liés par la
relation suivante:
γ = ρg (1.4)

1.1.4. La porosité
Technologie et propriétés du béton armé

La porosité p est le degré de comblement du volume par les pores. Elle est égale au quotient du
volume des vides Vv par le volume total V1 du matériau à l’état naturel :
Vv
p = (1.5)
V1
Le volume des vides Vv est égal à : Vv = V1 – V (1.6)

V1 − V V V m Mv
Donc, p = = 1- = 1- = 1 - (1.7)
V1 V1 m V1 ρ
Cette expression exprime la porosité en fractions d’unité ; en pourcentage, on obtient :
Mv
p = (1 - )100% (1.8)
ρ
1.1.5. La compacité
La compacité c caractérise le degré de serrage des grains du matériau ; c’est l’opposé de la porosité.
On l’obtient en divisant le volume plein V par le volume total V1 :
V V1 − Vv V
c = = 1- v =1-p (1.9)
V1 V1 V1
Dans cette formule, la compacité c est exprimée en fractions d’unité ; en pourcentage, on obtient :
Mv
c = ( )100% (1.11)
ρ
On a toujours : en fractions d’unité : c + p = 1 ; en pourcentage : c + p = 100%;

1.2. Les propriétés hydrophysiques


1.2.1. L’absorption d’eau
L’absorption d’eau w est la capacité du matériau à absorber et garder l’eau. On la détermine en
plongeant complètement le matériau dans l’eau jusqu’à saturation, puis on fait la différence entre les
masses à l’état saturé m2 et à l’état sec m1. Elle est exprimée en pourcentage du volume V1 à l’état
naturel ou de la masse m1 à l’état sec et, est calculée par les expressions suivantes :
m2 − m1 m2 − m1
wm = 100% ; wv = 100% (1.14)
m1 V1
wm m1
Le rapport de ces deux valeurs donne la masse volumique : = = Mv (1.16)
wv V1
L’absorption d’eau est due à la présence des pores dans les matériaux. En plongeant les matériaux
dans l’eau, cette dernière pénètre et remplit tous les pores qui lui sont admissibles. Une partie des
pores (pores fermés) est toujours inadmissible à la pénétration de l’eau, raison pour laquelle
l’absorption d’eau est toujours inférieure à la porosité. Les matériaux capillaires sont capables
d’absorber les vapeurs d’eau de l’air ; cette propriété est appelée l’hydroscopicité des matériaux.

1.2.2. Le coefficient de ramollissement


Les propriétés mécaniques de certains matériaux changent quand ils sont saturés en eau. Le rapport de
la résistance (limite de résistance à l’écrasement) d’un matériau à l’état saturé Rsat par sa résistance à
l’état sec Rsec est appelé coefficient de ramollissement kram :
Rsat
kram = (1.17)
Rsec

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Le coefficient de ramollissement varie de zéro (l’argile) à l’unité (l’acier). Seuls les matériaux qui ont
un coefficient de ramollissement kram≥ 0,8 peuvent être exploités dans l’eau ; ces matériaux sont
résistants à l’eau. Certains bétons denses ont un coefficient de ramollissement supérieur à 0,8, donc
peuvent être exploités dans l’eau. Par contre, d’autres bétons poreux, pour lesquels kram < 0,8 et avec
un liant non hydraulique, ne peuvent pas être exploités dans l’eau.

1.2.3. La perméabilité
La perméabilité est la capacité du matériau de laisser passer l’eau sous pression. Elle est définie
comme la quantité d’eau passée durant une heure de temps à travers un mètre carré de surface
du matériau sous une pression d’un méga pascal (1 MPa). La perméabilité est, généralement
caractérisée par le coefficient de filtration kf qui est défini comme la quantité d’eau, en mètre cube
(m3) passée à travers une paroi d’un mètre (1 m) d’épaisseur et d’un mètre carré (1 m2) de surface
pendant une durée d’une heure (1 h) de temps sous une différence de pression hydrostatique égale à
un mètre de colonne d’eau :
Ve .a
kf = (1.18)
S .∆P.t
avec, Ve - quantité d’eau, en m3 ; a – épaisseur de la paroi, en m ; S – surface de la paroi, en m2 ; ∆P
= P1 – P2 - différence entre les pressions aux deux côtés de la paroi, en MPa ; t – temps, en heures ;
kf - coefficient de filtration, il a les dimensions de vitesse : m/h ; m/jours ; cm/h ; cm/s ; etc…).

1.2.4. Les déformations de volume


Les matériaux poreux (béton, bois, etc…) changent de volume avec le changement d’humidité. Selon
le sens de la variation du volume, on distingue le retrait et le gonflement. Le retrait est la diminution
du volume et des dimensions du matériau dans un milieu très sec (très faible humidité). Le
gonflement est l’augmentation du volume et des dimensions du matériau dans un milieu très humide,
lorsque le matériau est saturé en eau.

1.3. Les propriétés thermophysiques

1.3.1. Conductivité thermique


La conductivité thermique (ou calorifique) λ (en W/(m.°C)) est la propriété du matériau de conduire
(transmettre) la chaleur, c’est-à-dire le flux thermique (de chaleur), à travers lui même, d’une face à
l’autre. Ce déplacement de chaleur est dû à la différence de températures des deux faces opposées de
la paroi. Le coefficient de conductivité thermique λ d’un matériau est donc la quantité de chaleur Q
(en joules) traversant une paroi d’épaisseur a égale à un mètre et de surface S égale à un mètre carré
pendant un temps t égal à une heure et pour une différence de température égale à un degré Celsius :
Q.a
λ = (1.19)
S .∆T .t
Ainsi, la quantité de chaleur Q traversant une paroi faite de d’un matériau dont on connaît la
conductivité thermique λ est :
S .∆T .t
Q = λ (1.20)
a
avec, S – la surface de la paroi en m2 ; ∆T – la différence de température des surfaces opposées, en
°C ; t – le temps, en heures ; a – épaisseur de la paroi, en m.

La conductivité thermique est importante, surtout pour l’isolation thermique du milieu extérieur (murs
extérieurs, couverture de bâtiments). En général, plus le matériau est poreux, donc plus la masse
volumique est faible, plus il conduit très mal, à travers lui, le flux de chaleur ; dans ce cas, le matériau

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est un bon isolant thermique. Dans le tableau 1.2 sont données les valeurs des coefficients de
conductivité thermique de certains matériaux de construction.

Tableau 1.2. Coefficients de conductivité thermique λ de certains matériaux


Matériaux λ, en W/m.°C Matériaux λ, en W/m.°C
Bois : Béton :
à travers les fibres 0,14 … 0,18 ordinaire 1,22 … 1,50
le long des fibres 0,29 … 0,35 caverneux 0,64 … 0,94
cellulaire 0,12 … 0,35
Acier 58,35 Mur en moellons :
Verre 0,76 avec Mv = 2,3 t/m3 1,20
Plâtre 0,35 avec Mv = 1,2 t/m3 0,60
Mortier de ciment 0,76 Murs en banco avec débris
végétaux : 0,58

1.3.2. Dilatation
Avec la variation de la température du milieu environnant, les matériaux changent leurs dimensions
linéaires suivant la loi :
∆L = αt.∆T.L (1.21)
avec, ∆L - la variation de la dimension linéaire L, en m ; ∆T – la variation de la température , en °C ;
αt – le coefficient dépendant de la nature du matériau appelé coefficient de dilatation thermique
linéaire du matériau , en °C-1.

Ce phénomène est appelé dilatation du matériau ; elle se caractérise par un allongement quand la
température augmente (dilatation positive) et par un raccourcissement quand la température baisse
(dilation négative). Les valeurs du coefficient de dilatation linéaire pour certains matériaux de
construction sont données dans le tableau 1.3.

Tableau 1.3. Coefficients de dilatation thermique pour certains matériaux


Matériaux Bétons Aciers Bois
αt, en °C-1 (7 … 15).10-6 12.10-6 20.10-6

1.3.3. Résistance au feu


La résistance au feu est la capacité du matériau à résister à l’action du feu au cours d’un incendie
pendant un temps déterminé. On distingue :
• les matériaux non combustibles : les bétons, les briques, l’acier, etc… ;
• les matériaux difficilement combustibles (inflammables) : le bois protégé ;
• les matériaux combustibles : le bois non protégé.

La résistance pyroscopique est la capacité du matériau de tenir sans se déformer, ni se ramollir sous
l’action continue, c’est-à-dire pendant une longue durée, de hautes températures (à partir de 1500°C et
plus). Les matériaux ayant cette propriété sont appelés matériaux réfractaires ; ils sont utilisés pour
le revêtement de l’intérieur des fours industriels.

2. PROPRIETES MECANIQUES
2.1. Déformabilité
La déformabilité des matériaux est caractérisée par les facteurs suivants : l’élasticité ; la plasticité ; la
fragilité ; le module de déformation du premier ordre (module d’Young) ; le coefficient de Poisson ;
le module de cisaillement ; le module volumique de déformation ; les déformations limites
(allongement, raccourcissement, cisaillement, etc…) ; le fluage, etc…

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2.1.1. L’élasticité
L’élasticité est la propriété du matériau de se déformer sous l’action d’une charge et de reprendre
spontanément sa forme et ses dimensions initiales dès la cessation de la charge. Les déformations
élastiques disparaissent complètement après la cessation des charges extérieures ; c’est pourquoi on
les appelle souvent déformations réversibles.

2.1.2. La plasticité
La plasticité est la propriété du matériau de changer sa forme et ses dimensions sous l’action des
forces extérieures avant sa ruine (rupture) et sans pour autant pouvoir les (forme et dimensions)
reprendre spontanément après cessation de l’action des forces. Ainsi, même après la cessation des
forces extérieures, les déformations plastiques ne disparaissent pas ; ces déformations restent dans
le matériau et sont souvent appelées déformations résiduelles ou irréversibles.

2.1.3. La fragilité
L’élasticité est la propriété des matériaux de se rompre sous l’action des charges mécaniques sans
déformations plastiques considérables ; c’est la propriété contraire à la plasticité.

2.1.4. Le module d’Young


Le module d’Young ou module d’élasticité E est le rapport de la contrainte axile σ par la déformation
linéaire unitaire correspondante ε (loi de Hooke) :
σ
E = ; E a les dimensions d’une contrainte (daN/m2 ; MPa, etc… ) (1.22)
ε
Dans cette formule la contrainte σ et la déformation linéaire unitaire sont égales à :
N ∆L
σ = ; ε = (1.23)
A L
où, A est l’aire de la section et N l’effort normal de traction ou de compression ; ∆L est la variation
de la longueur de l’élément de longueur initiale L.

Le module d’Young E est défini comme la tangente de l’angle d’inclinaison de la droite dérivée
dσ/dε par rapport à l’axe des déformations. Il caractérise la résistance, c’est-à-dire l’opposition du
matériau aux déformations longitudinales. Les valeurs du module d’Young pour certains matériaux
sont données dans le tableau 1.4. Les propriétés mécaniques des matériaux sont définies par le
diagramme σ-εε appelé diagramme ou courbe de déformation du matériau (voir fig. 1.1).

Tableau 1.4. Modules d’Young de certains matériaux.


Matériaux E, en MPa Matériaux E, en MPa
Fer 21,1.104 Plomb 1,5.104
Acier (20…21).104 Caoutchouc 0,007.104
Cuivre 11,2.104 Bois (1,4…2,4).104
Aluminium 7.104 Bétons (1…2).104

Fig. 1.1. Diagrammes de déformations de certains matériaux :


a) compression du béton ; b) traction de l’acier ; c) compression du verre ; d) traction du
caoutchouc.

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2.1.5. Le coefficient de Poisson


Le coefficient de Poisson ν caractérise la déformation transversale du matériau ; il est défini comme
le quotient de la déformation linéaire transversale ϕ par la déformation longitudinale ε (voir fig. 1.2) :
ϕ
ν = avec, ϕ = ∆b/b et ε = ∆L/L. (1.25)
ε
Le coefficient de Poisson ν est sans dimensions.
Pour le béton fissuré, on a : ν = 0 ;
pour le béton non fissuré, on a : ν = 0,15…0,22 ;
pour l’acier, on a : ν = 0,33.

Fig. 1.2.
2.1.6. Le module de cisaillement
Le module de cisaillement G est défini par l’expression suivante :
E
G = , G a les dimensions d’une contrainte (MPa, daN/cm2, etc…). (1.26)
2(1 + ν )
Le module En cisaillement pur, on a la relation suivante :
τ
G = (1.27)
γ
avec, τ - la contrainte tangentielle ; γ - la déformation angulaire
unitaire correspondante (cisaillement relatif ou unitaire) (voir fig.
1.3).
Fig.1.3.
2.1.7. Le module volumique d’élasticité
Le module volumique d’élasticité K (il a les mêmes dimensions que le module E) ou module de
compression (ou traction) triaxiale est défini par l’expression suivante :
E
K = (1.28)
2(1 − 2ν )

2.1.8. Les déformations limites


Les déformations limites sont les déformations auxquelles le matériau se ruine (se rompe) par
écrasement (raccourcissements limites) ou par étirement (allongements limites). Les matériaux ont
des déformations limites différentes selon la nature des sollicitations ; par exemple, l’allongement
limite du béton est de l’ordre de 15.10-5 (ou 0,015% ou encore 0,15ä), alors que son raccourcissement
limite est de 250.10-5 (ou 0,25% ou encore 2,5ä). Les déformations (allongement et
raccourcissement) unitaires limites des aciers varient de 2.10-2 (ou 2% ou encore 20ä), à 25.10-2 (ou
25% ou encore 250ä), selon la nature des aciers.

2.1.9. Le fluage
Les déformations de beaucoup de matériaux soumis à des charges (contraintes) constantes varient
avec le temps, et, plus précisément, augmentent de valeurs. Ce phénomène de croissance des
déformations avec le temps sous contraintes constantes est appelé fluage. Le phénomène de fluage
peut être suivi de la rupture de l’élément (courbe 1 sur la fig. 1.4) ou bien, dans certains cas, les
déformations tendent vers une valeur constante (courbe 2 de la fig. 1.4) ; ce dernier cas est le plus
fréquent. De nos jours, il existe plusieurs modèles mathématiques pour décrire ce phénomène de
fluage.

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2.2. Résistances
2.2.1. La résistance
La résistance est la propriété (ou capacité) du matériau à
résister à la rupture sous l’action des contraintes internes
dues aux forces extérieures et à d’autres facteurs
(températures, tassements différentiels, etc…). C’est donc
la capacité du matériau à supporter des charges
extérieures sans se rompre. La résistance d’un matériau à Fig. 1.4. Croissance des déformations
un type de sollicitation (traction, compression, linéaires ε avec le temps t ; εo la
cisaillement, flexion, torsion, etc…) est caractérisée par déformation initiale (au moment tout
une limite de résistance R déterminée pour ce type de juste après le chargement) ; εlim la
sollicitation. Pour les matériaux fragiles (bétons, déformation limite suivie de la
maçonneries, etc…), la limite de résistance à la traction Rt rupture.
est très faible ; pour eux, la caractéristique principale de
résistance est la limite de résistance à la compression Rc qui est déterminée par la formule suivante :
Frup
Rc = (1.29)
A
avec, Frup - la force de rupture (d’écrasement) ; A – l’aire de la section transversale de l’élément.

Tableau 1.5. Limites de résistance de certains matériaux de construction


Matériaux Bétons Aciers Bois
Rc, en MPa 2 … 100 190 … 1650 1 … 60
Rt, en MPa 0,4 … 20 190 … 1650 2 … 80

Par contre, l’acier qui est un matériau plastique (ductile) résiste aussi bien à la traction qu’à la
compression. Dans la pratique de la construction, l’acier est souvent (mais pas toujours) utilisé pour
prendre des contraintes de traction. Dans le tableau 1.5. sont données les valeurs des résistances de
quelques matériaux de construction.

2.2.2. La légèreté
La légèreté cleg est une propriété mécanique des matériaux qui est définie comme le rapport de la
densité du matériau ρ par sa résistance R :
ρ
cleg = ; cleg est exprimée en m-1, cm-1, etc…; (1.30)
R
Plus la valeur de cleg est petite, plus le matériau est léger ; Parmi les matériaux de construction
utilisés actuellement, l’acier est le plus léger. Dans le tableau 1.6 sont données les valeurs de la
légèreté cleg de quelques matériaux de construction.

Tableau 1.6. Valeur de la légèreté de quelques matériaux de construction


Matériaux Acier doux Acier haute Bois Béton lourd avec fc28 =
résistance 30 MPa
Légèreté en m-1 3,7.10-4 1,7.10-4 5,4.10-4 18,5.10-4

2.3. La dureté et l’usure


2.3.1. La dureté
La dureté est la propriété du matériau de pouvoir résister à la pénétration d’un autre matériau plus dur
que lui ; c’est donc la propriété du matériau de ne pas se laisser percer par un autre matériau plus dur
que lui. Il ne faut pas confondre dureté et résistance, car des matériaux ayant même résistance
peuvent avoir des duretés différentes. La dureté des matériaux homogènes est déterminée à l’aide de

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l’échelle de dureté composée de dix (10) minéraux spécialement choisis et disposés de façon que
chaque minéral qui suit peut percer tous les précédents. Cette échelle comprend ainsi les minéraux en
ordre croissant de dureté de 1 à 10 (voir tableau 1.7).

Tableau 1.7. Echelle de dureté des minerais


Facteur de Minéral ayant Formule chimique du
dureté Minéraux la même dureté minerai Caractéristique de dureté
(dureté)
1 Talc Craie 3MgO.4SiO2.H2O Est facilement égratigné (griffé)
par l’ongle
2 Gypse Sel gemme CaSO4.2H2O Est égratigné par l’ongle
3 Calcite Anhydrite CaCO3 Est facilement égratigné par un
couteau en acier
4 Fluorine - CaF2 Est égratigné par un couteau en
(Spath fluor) acier sans grande pression
5 Apatite - Ca5(PO4)F Est facilement égratigné par un
couteau en acier sous forte
pression
6 Orthoclase - K2O.Al2O3.6SiO2 Egratigne le verre facilement (un
(Orthose) couteau en acier ne le griffe pas)
7 Quartz - SiO2 Egratigne facilement le verre.
8 Topaze - Al2(SiO4).(FOH)2 Ils sont utilisés comme matériaux
9 Coridon - Al2O3 abrasifs.
10 Diamant - C

La dureté des bétons, de l’acier, du bois et des autres matériaux de construction est déterminée à
l’aide d’une bille en acier qu’on enfonce dans le matériau et on mesure la profondeur de
l’enfoncement.

2.3.2. L’usure
L’usure est la propriété du matériau de résister à l’action des frottements et des chocs. La tenue à
l’usure d’un matériau est définit comme la perte de la masse initiale du matériau par unité de surface
de frottements ; elle est déterminée par la formule suivante :
m1 − m2
Tus = (1.31)
Af
avec, m1, m2 – les masses du matériau avant et après l’usure ; Af – la surface de frottement. La tenue
à l’usure Tus est exprimée en kg/m2, g/m2, etc…

Plus la valeur de Tus est faible, plus le matériau résiste bien à l’usure. Les matériaux ayant une bonne
tenue à l’usure (granite, quartzite, dalles céramiques) sont utilisés dans les endroits où les frottements
sont intenses, par exemple : les revêtements de sol, les marches d’escaliers, les circulations, etc… De
la dureté dépend l’usure ; plus le matériau est dur, plus il résiste à l’usure, c’est-à-dire qu’il s’use
moins.

3. DURABILITE ET FIABILITE
3.1. La durabilité
La durabilité est la propriété d’un élément de conserver son aptitude à fonctionner (c’est-à-dire à être
exploité, utilisé avec quelques réparations nécessaires) sans atteindre l’état limite à partir duquel
l’élément ne peut plus remplir les fonctions pour lesquelles il a été conçu. Elle est définie comme le
délai de service de cet élément sans pertes de ses qualités d’exploitation dans des conditions
climatiques et d’exploitation concrètes. Elle est déterminée comme l’ensemble des propriétés

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physiques, mécaniques et chimiques du matériau ; elle dépend des conditions concrètes


d’exploitation. Les constructions en béton armé peuvent avoir une durabilité de plus de 100 ans si
certaines conditions sont réunies.

3.2. La fiabilité
La fiabilité d’un élément est la propriété (ou capacité) de cet élément de remplir des fonctions
données durant la période d’exploitation. Elle comprend les notions (ou propriété) suivantes qui sont
liées entre elles :
• la durabilité de l’élément ;
• la non défaillance de l’élément, c’est-à-dire la conservation de l’aptitude à fonctionner sans
discontinuité dans les conditions d’exploitation ;
• l’aptitude à la réparation, c’est-à-dire la possibilité de restauration et de conservation des
qualités techniques données après réparation des parties défaillantes ;
• le pouvoir de conservation, c’est-à-dire pouvoir conserver des qualités de service durant et
après le délai de stockage et de transport.

Chapitre 2.
TECHNOLOGIE DU BETON
1. GENERALITES
1.1. Définition
Le béton est une pierre artificielle obtenue à partir d’un mélange correctement dosé (c’est-à-dire dans
des proportions bien déterminées) de liant, d’eau, de granulats (gros et petits) et éventuellement
d’adjuvants. Ce mélange, à l’état humide est appelé béton frais ; après hydratation, il durcit pour
donner une pierre très résistante appelé béton. Dans un volume de béton, les différents composants
sont en proportions différentes (voir tableau 2.1).

Tableau 2.1. Proportions des différents composants du béton


Constituants → Liant Eau Granulats Adjuvant Air
% en volume absolu 6 ... 15 18 ... 30 60 ... 80 0 ... 1 1 ... 6
% en poids 7 ... 15 3 ... 12 75 ... 85 0 ... 1 -

1.2. Classifications
Il y a plusieurs critères de classification du béton, par exemple :
- la densité (ou masse volumique) ;
- la résistance (à la compression surtout) ;
- la destination ;
- le type de composants (liant, granulats) ; etc...

Ainsi, selon le critère de densité, on peut distinguer :


- les bétons très lourds (avec des granulats spéciaux très lourds) de masse volumique
supérieure à 2,5 tonnes/m3 , destinés généralement à protéger contre les émissions
radioactives;
- les bétons lourds ordinaires de masse volumique comprise entre 1,8 et 2,5 tonnes/m3 ,
utilisés dans les ouvrages courants;
- les bétons légers de masse volumique inférieure à 1,8 tonnes/m3.

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La résistance du béton à la compression, après 28 jours de durcissement dans les conditions normales
de température et d’humidité, est une des qualités principales du béton. Selon la résistance, on
distingue:
- les bétons de classe inférieure ayant une résistance à la compression inférieure à 20 MPa;
- les bétons de classe supérieure ayant une résistance à la compression de 20 à 60 MPa;
- les bétons de très haute performance (ou de très haute résistante) ayant une résistance à
la compression supérieure à 60 MPa (généralement de 60 à 150 MPa).

Plusieurs liants sont utilisés pour obtenir du béton ; ce sont : les différents ciments ; la chaux ; le
plâtre ; certains produits organiques ; etc... Aussi, plusieurs granulats sont utilisés pour obtenir du
béton ; ils peuvent être pleins ou poreux, naturels ou artificiels et de granularité différente.

1.3. Domaines d’utilisation


Le béton (surtout sous sa forme de béton armé) constitue aujourd’hui le principal matériau de
construction. Il est utilisé dans tous les types de construction, principalement pour l’exécution des
éléments porteurs : fondations; dalles ; poutres ; poteaux ; voiles ; membranes ; panneaux ; planchers ;
etc... Les éléments en béton peuvent être coulés en place ou être préfabriqués.

2. LES COMPOSANTS DU BETON


2.1. Le liant
Les différentes variétés de ciment sont les liants les plus utilisés pour le béton. Ces ciments sont
différents aussi bien par leur composition chimique que par leur résistance mécanique à la
compression (leur qualité principale). Aujourd’hui, on produit une gamme très vaste de ciments parmi
lesquels on peut citer (voir tableau 2.2) :
• les ciments portlands artificiels (CPA ou CEM I);
• les ciments portlands ajustés ou composés ou encore avec ajouts (CPJ ou CEM II);
• les ciments de haut fourneau (CHF);
• les ciments de laitier au clinker (CLK); etc...

Quant aux classes de résistance des ciments (la classe de ciment est sa résistance à la compression
à l’âge de 28 jours, en MPa), la gamme est très variée selon les pays producteurs. Ils ont, en général,
une résistance minimale à la compression allant de 20 à 65 MPa. Dans le tableau 2.3 sont données les
valeurs extrêmes des résistances à la compression pour différentes classes de ciments. Dans le tableau
2.4 sont donnés les domaines d’emplois des ciments CPA (CEM I) et CPJ (CEM II) qui sont
couramment utilisés au Mali. Les autres types de liants sont très peu utilisés pour le béton.

2.2. Les granulats


Les granulats sont des matériaux inertes, naturels ou artificiels qui rentrent dans la composition du
béton. Il y a les gros granulats constitués par les graviers ou cailloux et les petits granulats constitués
par les sables. Les granulats sont classés d’après leur grosseur suivant le tableau 2.5. Les sables ont,
en moyenne, une masse volumique variant entre 1,4 t/m3 et 1,8 t/m3. Quant aux roches couramment
utilisées pour gros granulats, leurs caractéristiques physiques et mécaniques dépendent surtout de leur
nature et origine (voir fig. 2.1).

2.3. L’eau de gâchage


L’eau utilisée pour le gâchage du béton doit être propre et ne doit pas contenir des matières en
suspension (matières grasses) et des sels dissous. Toutefois, on peut admettre jusqu’à cinq grammes

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Tableau 2.2. Composition et caractéristiques de certains ciments

d’hydratatio

particulières
Dégagement

d’utilisation
Désignation
des ciments

indications
n, en % en
Résistance

de chaleur

Propriétés
agressives
Composition

Domaine
aux eaux
Symbole

poids du

Contre
ciment
(constituants

Eau
en %)

Ciment normal à Durcisse- Eléments Travaux en


Portland CPA Clinker - 97% très faible assez fort ment porteurs milieux
Artificiel (CE Fillers - 3% 25...30% normal à armés agressifs;
M I) rapide travaux
souterrains
Clinker - 65% Tous Travaux en
Ciment Laitier, faible à Durcisseme travaux milieux
Portland CPJ pouzzolane, moyenne 25% normal nt normal avec ou agressifs;
Composé (CE fillers, cendres sans travaux
M II) volcaniques - armatures souterrains
35%
Ciment de Clinker - Ouvrages Eviter la
Haut CHF 25...40% massifs et dessiccation
Fourneau Laitier - 60...75% Durcisseme souterrains; et l’excès
bonne 32% faible nt lent milieux d’eau de
agressifs et gâchage
humides
Clinker - Eviter la
Ciment de CLK 17...20% Durcisseme Milieux dessiccation
Laitier au Laitier - 80% très bonne 34% très faible nt lent agressifs; et l’excès
clinker Fillers, cendres réservoirs d’eau de
volcaniques ≤3% gâchage
Ciment de Laitier - 67% Travaux
Laitier à la CLX Chaux - 30% faible à hydrauliqu
Chaux Fillers, cendres moyenne 38% fort - es et -
volcaniques -3% souterrains
Clinker - 20% Milieux
sursulfaté

CSS Laitier - 75% bonne 30% faible bonne agressifs; Milieux


Ciment

SO3 -5% étanchéité travaux en particuliers


grande agressifs
masse
Ciment Clinker - bonne Tous craint la
Pouzzolani- - 60...70% très bonne 26% faible imperméab travaux dessiccation
que Pouzzolane - ilité
30...40%
Durcisseme Béton craint la
Ciment - Clinker - 10% très bonne 45% Très fort nt très réfractaire; dessiccation
Alumineux Chaux - 60% rapide travaux en et les
Fondu Alumine – 30% (prise grande climats
normale) masse et chauds
urgents

Tableau 2.4. Emplois des ciments CPA (CEM I) et CPJ (CEM II)
Emplois courants CPA (CEM I) CPJ (CEM II)
Enduits •
Joints de maçonnerie •
Béton courant non ou faiblement armé : fondations, dallages, remplissages
• •
Béton armé fortement sollicité: éléments porteurs •
Produits préfabriqués en béton non armé: agglomérés, hourdis, dallettes • •
Eléments préfabriqués en béton armé • •
Béton précontraint •
Stabilisation des sols • •
Ouvrages massifs • •

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Tableau 2.3. Résistances des ciments à la compression


Classe de ciment RESISTANCES A LA COMPRESSION, en MPa
(Résistance à la à 2 jours à 7 jours à 28 jours
compression),
Limite inférieure Limite inférieure Limite inférieure Limite supérieure
en MPa nominale nominale nominale nominale
20 5,5 12 15 25
25 7,5 15 20 32
30 9,0 18 22 38
35 10,5 (7) 21 (10) 25 45
40 12 (8) 24 (15) 30 50
45 14 (10) 28 (17,5) 35 55
50 17 (12) 34 40 60
55 20 (15) 40 45 65
60 25 (20) 48 50 70
65 30 (25) 56 55 75

Tableau 2.5. Classification des granulats suivant leur grosseur


Appellations Epithètes Ouverture des tamis Dimensions (diamètre
(en mm) d, en mm)
Fillers fins < 0,08 d < 0,08
fins 0,08 d ≤ 0,08
Sables moyens 0,31 0,08 < d ≤ 0,31
gros 1,25 0,31 < d ≤ 1,25
fins 5,0 1,25 < d ≤ 5,0
Gravillons moyens 8,0 5,0 < d ≤ 8,0
gros 12,5 8,0 < d ≤ 12,5
petits 20,0 12,5 < d ≤ 20
Cailloux et pierres moyens 31,5 20 < d ≤ 31,5
cassées gros 50 à 80 31,5 < d ≤ 50 ou 80

de matières grasses par litre d’eau (5 g/l) et trente grammes de sels dissous par litre d’eau (30 g/l) si
leurs présences ne puissent nuire au béton. Généralement, on utilise l’eau de robinet (eau potable)
pour la préparation du béton ; elle ne présente aucun danger pour le béton. L’utilisation de l’eau de
mer pour le béton est interdite.

Fig. 2.1. Résistance R de certaines roches en fonction de leur masse volumique Mv

2.4. Les adjuvants


Un adjuvant est un produit (en poudre ou en liquide) qui, ajouté au béton en faible quantité, permet
d’améliorer certaines propriétés ou qualités souhaitées soit au béton frais, soit au béton durci. Les

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adjuvants sont définis et classés selon leurs actions principales, c’est-à-dire les propriétés qu’ils
confèrent au béton frais ou durci (voir tableau 2.6).

3. QUALITES ESSENTIELLES DU BETON


Les deux qualités essentielles du béton sont :
• l’ouvrabilité et,
• la résistance.

3.1. L’ouvrabilité
Tableau 2.6. Tableau synoptique de certains adjuvants
Adjuvants Exemples (obtention) Propriétés conférées Utilisation
Bentonite; argile colloïdale; améliorent la plasticité béton pompé; béton très ferraillé;
chaux grasse; fillers (maniabilité) du béton frais sans injection; béton routier
Plastifiants
calcaires; pouzzolanes fines inconvénients sur la résistance du
béton
Accélérateurs de prise: accélèrent soit la prise décoffrage rapide; scellement;
carbonates et sulfates de (accélérateurs de prise), soit le travaux à la mer; réparation
soude, de potasse. durcissement (accélérateurs de rapide; pistes; préfabrications
Accélérateurs Accélérateurs de durcissement) du béton
durcissement: chlorures et
carbonates.
sucres; gluconates; oxyde de retardent le processus injection à grande profondeur;
zinc; phosphates alcalins; d(hydratation et le début de prise transport sur longue distance;
acides citriques du ciment (faible résistance parois moulées dans le sol; temps
Retardateurs initiale, mais résistance finale chauds; voiles d’étanchéité
élevée)
Fluidifiants produits à base de permettent une réduction d’eau de béton à haute résistance;
lignosulfate de calcium gâchage sans inconvénients sur la préfabrication; nécessité d’une
(réducteurs
maniabilité du béton bonne maniabilité
d’eau)
Entraîneurs composés résineux ou à base améliorent la plasticité et routes; ponts; barrages; travaux
d’huiles végétales ou l’ouvrabilité du béton, de même maritimes; ouvrages exposés aux
d’air
minérales que la résistance au gel du béton eaux agressives
hydrofuges de masse améliorent l’étanchéité du béton et mortiers d’enduits étanches;
(bouchent les pores): kaolin; protègent de l’humidité en arrêtant citernes; réservoirs; piscines;
fillers; bentonite. l’absorption capillaire tunnels; travaux souterrains et
Hydrofuges hydrofuges de surface maritimes; mortiers de joints;
(traitement e surface): à base terrasses
de silicates; silicones

L’ouvrabilité (ou maniabilité) est la facilité offerte à la mise en œuvre du béton pour le remplissage
parfait du coffrage et du ferraillage avec conservation de son homogénéité. De l’ouvrabilité du béton
dépendent certaines qualités de l’ouvrage telles que:
- la compacité et la résistance du béton;
- l’enrobage et l’adhérence des armatures;
- la cohésion du béton (pas de ségrégation);
- des parements bruts acceptables;
- l’étanchéité; etc...

On apprécie, généralement, l’ouvrabilité par des mesures de plasticité (voir tableau 2.7), soit par des
affaissements au cône d’Abrams (fig. 2.2), soit par étalement à la table de secousses (fig. 2.3). Il
existe encore d’autres méthodes d’appréciation de la plasticité du béton. Pour donner une bonne
plasticité au béton, on peut utiliser des plastifiants.

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Tableau 2.7. Appréciation de la consistance du béton


Classe de Affaissement (du cône Rapport d’étalement à la table à
consistance du d’Abrams) ∆h, en cm secousses (rapport d’augmentation du Mise en oeuvre
béton diamètre) 1+∆ ∆d/do
Très ferme 0 ... 3 1,1 ... 1,3 Vibration puissante
Ferme 3 ... 6 1,3 ... 1,5 Bonne vibration
Plastique 6 ... 10 1,5 ... 1,7 Vibration courante
Très plastique 10 ... 15 1,7 ... 2,0 Piquetage
(mou)
très mou > 15 > 2,0 Léger piquetage

Fig. 2.2. Mesure de la plasticité par affaissement au cône d’Abrams.


Le remplissage du moule s’effectue en 4 couches piquées avec une barre en acier de diamètre 16 mm
à raison de 25 coups par couche. a, b - positions du béton avant et après le démoulage;
∆h = ho - h1 = affaissement du cône.

Fig. 2.3. Mesure de la plasticité par étalement à la table à secousses.


On soumet le béton démoulé à une série de 15 secousses verticales.
a, b - positions du béton avant le démoulage et après les secousses;
∆d = d1 - d0 = étalement du béton.

3.2. La résistance
La résistance du béton est sa capacité de s’opposer à la rupture sous l’action des contraintes internes
provoquées par des actions extérieures. Elle constitue avec l’ouvrabilité les deux qualités essentielles
du béton. La résistance et l’ouvrabilité doivent être étudiées de pair, car elles sont étroitement
dépendantes l’une de l’autre et varient en sens inverse en fonction de certains facteurs de la
composition du béton (voir tableau 2.8). Pour le béton, les résistances caractéristiques sont la
résistance à la compression fc28 et la résistance à la traction ft28 à l’âge de 28 jours.

La résistance du béton à la compression fc28 peut être calculée par la formule de Bolomey en fonction
du rapport ciment/eau (C/E), de la classe du ciment (Rc) et de la qualité des granulats (coefficients
granulaires A1 et A2):

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Tableau 2.8. Facteurs influant sur la résistance (et l’ouvrabilité) du béton


Facteurs Pour une bonne ouvrabilité Pour une bonne résistance
Dosage en eau (E) à augmenter à diminuer
Dosage en ciment (C) - à augmenter
Rapport ciment/eau (C/E) à diminuer à augmenter
Dimension maximale des granulats (cg) plutôt petite plutôt grande
Finesse du sable plutôt fin plutôt à tendance grosse
Rapport gravier/sable (G/S) à diminuer à augmenter
Granularité plutôt continue discontinue préférable

C 
fc28 = A1 Rc  − 0,5  (2.1)
E 
Cette expression est valable pour les bétons plastiques pour lesquels le rapport ciment/eau C/E ≤ 2,5
(ce qui est le cas courant). Pour les bétons fermes pour lesquels le rapport C/E > 2,5, la formule prend
la forme suivante:
C 
fc28 = A2 Rc  + 0,5  (2.2)
E 
Dans ces expressions: Rc est la classe du ciment utilisé (sa résistance à la compression); C/E est le
rapport ciment/eau; A1 et A2 sont les coefficients granulaires (ou coefficients de qualité des
granulats) dont les valeurs sont données dans le tableau 2.9.

Tableau 2.9. Valeurs des coefficients A1 et A2 pour les bétons lourds ordinaires.
Qualités des Valeurs du coefficient A1 pour une dimension maximale des Valeurs du
granulats granulats cg, en mm égale à coefficient A2
cg ≤ 20 20 < cg ≤ 50 cg > 50
Excellente 0,55 0,60 0,65 0,43
Bonne (courante) 0,45 0,50 0,55 0,40
Passable 0,34 0,40 0,45 0,37

Le rapport ciment/eau (C/E) est un facteur très important pour le béton, car il englobe deux grandeurs
principales (le dosage en ciment C et le dosage en eau E) qui influent toutes deux (mais inversement)
sur sa résistance. Il apparaît donc comme un facteur global intervenant dans la résistance du béton.
Généralement, pour atteindre une résistance maximale du béton, il faut une valeur du rapport C/E =
5,0 ... 3,0, (c’est-à-dire la quantité d’eau nécessaire pour l’hydratation du ciment seulement); mais
pour une bonne ouvrabilité, on est amené à augmenter la quantité d’eau jusqu’à obtenir une valeur du
rapport C/E = 2,5 ... 1,5. Une représentation graphique de fc28 en fonction de C/E est donnée sur la fig.
2.4). La résistance du béton dépend aussi du degré de compactage (coefficient de compacité), c’est-à-
dire du degré de serrage des différents constituants (voir fig. 2.5). Le coefficient de compacité est le
rapport des volumes absolus des matières solides (graviers, sable, ciment) au volume total de béton
frais en œuvre. Plus ce coefficient est élevé, plus le béton est compact (c’est-à-dire qu’il contient
moins de vides) et plus il est résistant. Aussi, la résistance du béton dépend de certains facteurs
comme le rapport gravier/sable (G/S), les dimensions des granulats et la granularité (voir tableau 2.8).
Le béton a une très faible résistance à la traction; cette résistance est environ 13 fois plus faible que
celle à la compression, mais le rapport fc28 /ft28 croit avec la qualité du béton, c’est-à-dire qu’une
amélioration de la résistance à la compression des bétons ne s’accompagne pas d’une amélioration de
même ampleur de celle à la traction. On a pour toutes les classes de béton:
fc28 /ft28 = 5 ... 21. (2.5)
La classe de qualité du ciment est choisie généralement en fonction de la résistance de béton désirée.
Dans le tableau 2.10 sont données les classes de ciment recommandées (à partir de calculs
économiques dans les conditions habituelles) pour obtenir des bétons de différentes résistances.

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Fig. 2.4. Variation de la résistance fc28 en Fig. 2.5. Variation de la résistance fc28 en
fonction du rapport C/E fonction du coefficient de compacité.
1 - serrage puissant et régulier; 2 - serrage
soigné; 3 - serrage moyen.

Tableau 2.10. Choix de classe de ciment en fonction de la résistance désirée du béton.


Classe de résistance du béton qu’on désire < 20 20 25 30 40 50 et
obtenir (fc28, en MPa) plus
Classe de ciment qu’on recommande d’utiliser ≤ 30 30 … 35 … 40 … 50 … 60 et
Rc, en MPa 40 45 50 60 plus

4. LA COMPOSITION DU BETON
4.1. Considérations générales
L’étude de la composition d’un béton consiste à définir le mélange optimal des différents composants,
c’est-à-dire les rapports entre le gravier, le sable, le liant et l’eau afin de réaliser un béton dont les
qualités désirées pour l’ouvrage à réaliser. Ces qualités sont, tout d’abord, l’ouvrabilité et la résistance
qui sont les plus importantes; en plus de ces deux qualités essentielles, d’autres qualités spécifiques
peuvent être exigées. Il existe plusieurs méthodes de détermination de la composition du béton qui
aboutissent généralement à un dosage volumétrique. En général, il s’agit d’obtenir un mélange
suffisamment dense où les cavités des gros granulats (graviers) sont remplies par les petits granulats
(sable) et celles des sables par la pâte de ciment (ciment + eau) ; le volume d’un tel béton est constitué
des volumes absolus des matériaux constituants (eau, ciment, sable, graviers).

4.2. Données de base


Pour le calcul de la composition du béton, il faut les données suivantes:
- la classe de béton en projet, c’est-à-dire sa résistance à la compression fc28 ;
- la plasticité désirée (ouvrabilité);
- le type de ciment et sa résistance à la compression (la classe de ciment Rc) ;
- les masses volumiques et les densités des granulats (gravier et sable) ;
- la plus grosse dimension des gros granulats cg ;
- l’humidité des granulats (Ws pour le sable et Wg pour les graviers) ;
- le module de finesse du sable ; etc…

4.3. Dosage en ciment


Le dosage en ciment C est déterminé à partir du rapport ciment/eau (C/E) qui est un facteur important
déterminant les qualités du béton :
C = (C/E) E (2.6)
où E est le dosage en eau.

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La résistance du béton fc28 croît avec le dosage en ciment C et la classe du ciment Rc, mais on est
toujours limité par le coût trop élevé du ciment. Le ciment est, généralement, le plus cher parmi tous
les composants du béton. Ces raisons font que son dosage doit être réduit au minimum; toutefois, il
faut un dosage suffisant en ciment pour atteindre une résistance nominale garantie et assurer certaines
qualités (comme la protection des armatures, une ouvrabilité adéquate, etc...) du béton. Pour cela, un
dosage minimal en ciment (en kg/m3, c’est-à-dire la quantité de kilogrammes de ciment par mètre
cube de béton) est exigé et est donné par les expressions suivantes:
250 + 10 f c 28 550
- pour les ouvrages en milieux non agressifs: Cmin = Max  ; ; (2.7)
5 cg 5 c
g

250 + 10 f c 28 700
- pour les ouvrages en milieux agressifs: Cmin = Max  ; ; (2.8)
5 cg 5 c
g
Dans ces expressions, les quantités fc28 et cg sont respectivement en MPa et en mm. Les valeurs de
5 cg pour certaines valeurs de cg sont données ci-après:

cg , en mm → 5 10 15 20 25 30 40 50 80
1,38 1,59 1,73 1,82 1,90 1,98 2,09 2,19 2,40
Valeur de 5 cg →

Pour les éléments en béton sans armatures, le dosage minimal en ciment est fixé, généralement, à
partir de la cohésion nécessaire pour la pierre de béton (voir tableau 2.11).

Tableau 2.11. Dosage minimal en ciment C, en kilogrammes de ciment par mètre cube de béton (kg/m3)
Classe de consistance Dosage minimal en ciment C (en kg/m3) pour une dimension maximale des
du béton granulats cg, en mm
10 20 40 70
Très ferme 160 150 140 130
Ferme 180 160 150 140
Plastique 200 180 160 150
Mou 220 200 180 160
Très mou 250 220 200 180

4.4. Dosage en eau


Tableau 2.12. Quantité d’eau E, en l/m3 pour un dosage en ciment ne dépassant pas 400 kg/m3
Classe de Dosage en eau E, en litres par mètre cube de béton (l/m3) pour une grosseur maximale
consistance du des granulats cg, en mm
béton Graviers Pierres (concassées)
10 20 40 70 10 20 40 70
Très ferme 185 170 155 140 200 185 170 155
Ferme 195 180 165 150 210 195 180 165
Plastique 205 190 175 160 220 205 190 175
Mou 215 200 185 170 230 215 200 185
Très mou 225 210 195 180 240 225 210 195

Le dosage en eau E, (quantité d’eau nécessaire pour le gâchage) doit être précis en tenant compte de:
- l’eau nécessaire pour l’hydratation du ciment;
- l’eau apportée par les granulats (humidité du gravier et du sable);
- l’eau perdue pendant la fabrication et la mise en oeuvre du béton (évaporation, absorption
par le sol et par le coffrage, etc...).

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Le dosage en eau E est déterminé à partir du rapport ciment/eau (C/E): E = C/(C/E

Le tableau 2.12 donne des valeurs approximatives moyennes de la quantité d’eau pour un mètre cube
(1 m3) de béton. Dans le tableau 2.13 sont indiqués les inconvénients d’un mauvais dosage en eau.

Tableau 2.13. Inconvénients d’un mauvais dosage en eau


Qualités Insuffisance d’eau Excès d’eau
Ouvrabilité Difficulté de mise en oeuvre Ségrégation à craindre
Résistance Chute de la résistance par manque de compacité Chute de la résistance
Autres propriétés Enrobage défectueux des armatures; défauts de Porosité et perméabilité accentuées;
parements retrait accentué.

4.5. Dosage des granulats


Il s’agit maintenant de déterminer les quantités de granulats (graviers et sable) nécessaires pour la
préparation d’un mètre cube (1 m3) de béton. Nous vous proposons ici une des méthodes les plus
simples pour déterminer les quantités de granulats; elle est dite méthode des volumes absolus. Cette
méthode consiste à supposer qu’un mètre cube de volume de béton est la somme des volumes de
graviers et des vides (lacunes) en tenant compte du coulissement des grains, c’est-à-dire le fait que les
petits grains vont occuper les vides laissés entre les gros grains. Par cette méthode, les quantités de
graviers G et de sable S en kilogrammes (kg) pour un mètre cube de béton (1 m3 = 1 000 litres) sont
déterminées par les expressions suivantes:
1000  C G E 
S = 1000 −  + + ρ
 s
G = ; (2.10)
Vv , g α ρ ρ ρ
+
1   c g w 

ρg M v, g
Dans ces expressions: Mv,g - la masse volumique des graviers en vrac, en kg/ dm3 (1 dm3 = 1 litre) ;
ρg , ρc , ρs et ρw - les densités respectivement des graviers (densité des grains de graviers), du ciment
ρc = 3,1 kg/dm3), des grains de sable et de l’eau (ρ
(ρ ρw = 1 kg/dm3), toutes en kg/dm3 ; α - facteur de
coulissement des grains, fonction de la consistance du béton et du dosage en ciment (α α = 1.10 …
1.60) (voir fig. 2.6) ; Vv,g - volume des vides entre les grains de graviers en fraction d’unité :
M v, g
Vv,g = 1 - (2.12)
ρg
Comme il a été déjà souligné, il s’agit de
choisir un mélange de graviers et de sables
avec des grains de différentes grosseurs de
façon à obtenir le minimum de vides entre eux
à remplir par la pâte de ciment; ainsi, on
aura moins de ciment pour réaliser la
résistance souhaitée. Sur les fig. 2.7 et 2.8
sont donnés les fuseaux pour la granularité
des sables et des graviers (zones pointillée
et hachurée). La composition granulaire du
sable et du gravier doit être dans des limites
de ces zones pour obtenir le minimum de Fig. 2.6. Valeurs du facteur de coulissement α
vides entre les particules de granulats. en fonction du dosage en ciment C et de la
consistance du béton.

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Fig. 2.7. Graphique de la composition Fig. 2.8. Graphique de la composition


granulaire du sable. granulaire du gravier.
1 – fuseau de référence pour la granularité des 2 – fuseau de référence pour la granularité
sables à béton. des graviers à béton.

La dimension maximale des granulats cg dépend de la pièce à bétonner; généralement, elle ne doit pas
dépasser le quart (1/4) de la plus petite dimension de la pièce, c’est-à-dire qu’on doit toujours avoir cg
≤ 0,25b, avec b - la plus petite dimension de la pièce à bétonner.

Exemple.
On désire avoir un béton de classe B20, c’est-à-dire un béton avec une résistance à la compression fc28 = 20 MPa.
Les conditions technologiques de mise en œuvre exigent d’avoir un béton de consistance plastique. Le milieu est
non agressif. Les autres données sont les suivantes :
Ciment : CEM I avec Rc = 35 MPa ; ρc = 3,1 kg/dm3 ;
Graviers: qualité courante ; cg = 20 mm ; ρg = 2,5 kg/dm3 ; Mv,g = 1,6 kg/dm3 ;
Sable : qualité courante ; ρs = 2,6 kg/dm3 ; Mv,s = 1,5 kg/dm3 ;
Eau : eau propre ; ρw = 1,0 kg/dm3.

Solution :
A partir du tableau 1.2, on détermine l quantité d’eau E approximative ; on trouve : E = 185 litres = 185 dm3 pour
1 m3 = 1 000 lires (ou dm3) de béton.
La valeur du coefficient de qualité des granulats A1 = 0,45 (voir tableau 2.9).
Déterminons le rapport ciment - eau (C/E) à partir de la formule (2.1) :
C/E =fc28 /(A1.Rc) + 0,5 = 20/(0,45x35) + 0,5 = 1,77.
Le dosage en ciment par la formule (2.6) sera : C = 1,77x185 = 328 kg.
Comparons cette quantité (dosage) trouvée avec la valeur minimale donnée par la formule (2.7) :
Cmin = max{(250 + 10x20)/ 5 20 ; 550/ 5 20 } = max{248 ; 302} = 302 kg.
Ainsi, le dosage en ciment est supérieur à la limite inférieure. Pour ce dosage en ciment, la valeur du facteur de
coulissement sera égale à α = 1,38 (fig. 2.6).
Le volume des lacunes par la formule (2.12) dans le gravier est : Vv,g = 1 – 1,6/2,5 = 0,36.
La quantité de graviers :
1000
G= = 1 214 kg
((0,36.1,38) / 2,5) + 1 /(1,6)
La quantité de sable : S = [1000 – ((328/3,1) + 1214/2,5) + (185/1)]x2,6 = 582 kg
On obtient ainsi les quantités suivantes pour les différents composants du béton :
Ciment = 328 kg ; eau= 185 litres ; gravier = 1214 kg ; sable = 582 kg.
Ce calcul nous donne :

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Un rapport gravier – sable (G/S) en poids égal à : G/S = 1214/582 = 2,086 ≅ 2 ;


Un rapport ciment – eau (C/E) en poids (185 l = 185 kg) égal à : C/E = 328/185 = 1,77.
Calculons maintenant les volumes de gravier et de sable : Vg et Vs.
Vg = G/Mv,g = 1214/1,6 = 759 dm3 = 759 litres ;
Vs = S/Mv,s = 582/1,5 = 388 dm3 = 388 litres ;
soit un rapport gravier – sable en volume (Vg/Vs) égal à : Vg/Vs = 759/388 = 1,96 ≅ 2.
Au total, on obtient : Vg + Vs = 759 + 388 = 1147 litres.
Le sac de ciment de 50 kg a une capacité de 40 litres, donc les 328 kg de ciment correspondent à (40x328)/50 =
262,4 litres ; soit un rapport ciment – eau (C/E) en volume égal à : C/E = 262,4/185 = 1,42.
Ainsi, en volume, on obtient pour les composants :
Ciment = 262,4 litres ; eau= 185 litres ; gravier = 759 litres ; sable = 388 litres.
En pratique, pour obtenir un tel béton avec de telles qualités des composants, on prend les quantités suivantes
pour les différents constituants :
Ciment = 350 kg ; eau= 180 … 200 litres ; gravier = 800 litres ; sable = 400 litres.
On remarquera que les différents rapports sont respectés :
Vg/Vs = 800/400 = 2 ; C/E = 350/(18à … 200) = 1,89 …1,75.
Voyons maintenant comment se fait le dosage du béton sur le chantier. Sur les chantiers, le dosage se fait à partir
des outils de mesure comme la brouette, le sac de ciment, le seau d’eau ; ainsi on détermine pour chaque cas le
nombre de brouettées de gravier et de sable, le nombre de sac de ciment et le nombre de seaux d’eau. La gâchée,
par définition, est le mélange à faire, donc les quantités de gravier, de sable et d’eau à prendre pour un sac
(50 kg) de ciment. Comme chaque sac de ciment contient 50 kg, donc pour avoir 350 kg de ciment, il faut
350/50 = 7 sacs de ciment.
La capacité des brouettes varie de 50 à 60 litres ; couramment, on a des brouettes de capacité 60 litres sur les
chantiers (N.B. Le chef de chantier doit impérativement connaître les capacités des brouettes qu’il utilise pour
faire les mesures). Ainsi, pour avoir 800 litres de gravier et 400 litres de sable, il faut respectivement :
800/60 = 13,33 brouettées, couramment arrondi à 14 brouettées ;
400/60 = 6,67 brouettées, couramment arrondi à 7 brouettées.
En conclusion, on retiendra que pour la fabrication d’un mètre cube (1 m3) de béton de classe B20 (avec fc28 = 20
MPa), il faut :
Ciment avec Rc = 35 MPa : 7 sacs ; eau= 180 … 200 litres ;
gravier = 14 brouettées ; sable = 7 brouettées.
Donc, pour un sac de ciment (gâchée), il faut :
Ciment avec Rc = 35 MPa : 1 sac ; eau= (180 … 200)/7 = 25… 29 litres ;
gravier = 14/7 = 2 brouettées ; sable = 7/7 = 1 brouettée.
Les résultats de ce calcul sont récapitulés dans le tableau 2.14.

Tableau 2.14. Dosage des différents composants pour la fabrication d’un béton avec fc28= 20 MPa.
Dosage pour la fabrication de 1 m3 de Dosage pour la gâchée (mélange pour 1
Composants béton de classe B20 sac de ciment)
Volume/Quantité Mesures Volume/Quantité Mesures
Ciment avec Rc = 350 kg 7 sacs 350 kg 7 sacs
35 MPa
Gravier 800 litres 14 brouettées 800 litres 14 brouettées
Sable 400 litres 7 brouettées 400 litres 7 brouettées
Eau (180 … 200) litres (18 … 20) seaux (180 … 200) litres (18 … 20) seaux
de 10 litres de 10 litres

5. FABRICATION ET MISE EN OEUVRE DES BETONS


5.1. Stockage des matériaux
5.1.1. Stockage des granulats
Les granulats (sable, graviers ou cailloux) sont généralement stockés à l’air libre sur un fond propre et
solide (couche de béton de propreté). Il faut éviter toute souillure des granulats (poussières, argiles,

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débris végétaux, etc...). Les graviers et sables doivent être stockés séparément suivant les
granulations ; autrement dit, il ne faut pas mélanger différents graviers ou différents sables.

5.1.2. Stockage du ciment


Le ciment doit être stocké à l’abri de l’humidité et isolé du sol. Ainsi, les sacs de ciment doivent être
stockés dans des hangars couverts, isolés du milieu extérieur et posés sur des planches en bois, elles-
mêmes posées sur des briques ou pierres. Les conditions de stockage et l’organisation des entrées et
sorties du ciment doivent exclure son vieillissement, c’est-à-dire la dégradation de la qualité du
ciment.

5.1.3. L’eau
Généralement, on prend l’eau directement du réseau de distribution extérieure. Par son manque, on
peut stocker l’eau dans des citernes ou réservoirs. Elle doit être propre et être exempte d’impuretés.

5.2. Mélange et malaxage


La fabrication du béton comprend les deux opérations suivantes:
- le mélange des différents composants (granulats, ciments, eau, adjuvants);
- le malaxage proprement dit pour obtenir un mélange homogène.

Les différents composants du béton sont dosés d’abord, après mélangés. Les appareils et instruments
de dosage dépendent de l’appareil de malaxage. Le mélange peut être manuel ou mécanique ; dans
tous les cas, après le mélange, suit le malaxage qui continue jusqu’à obtenir un mélange homogène.
Ce malaxage se fait à l’aide des bétonnières (axe vertical), des malaxeurs (axe horizontal ou incliné)
ou d’outils simples (pelles). Les appareils mélangeurs permettent d’obtenir un béton très homogène.
Les fiches techniques de ces appareils donnent toutes les informations relatives aux techniques de
mélange et à leur utilisation rationnelle. Avec des outils simples comme les pelles, on peut aussi
obtenir un mélange homogène. Pour cela, il est recommandé de faire le mélange sur fond propre et dur
et de mélanger d’abord les granulats, c’est-à-dire le gravier et le sable; après on y ajoute le ciment et
on mélange; puis on y ajoute l’eau en dernière position. Chaque type d’adjuvant a un mode d’emploi
spécial, mais généralement les adjuvants sont mélangés dans l’eau de gâchage.

5.3. Transport du béton


Il s’agit du transport du béton frais du lieu de fabrication à la mise en oeuvre dans le coffrage. Pour
cela, les matériels et les moyens de transport sont nombreux; ce sont: les jets de pelles; les brouettes;
les wagonnets; les bennes; les pompes à béton; l’air comprimé; les tapis roulants; les camions en
bennes rotatives; les réservoirs à béton pour le transport (levage) par grues; etc... Le problème
fondamental qui se pose ici est la ségrégation du mélange de béton, c’est-à-dire la concentration des
gros granulats lourds en bas sous l’action de leur propre poids; donc toutes les dispositions doivent
être prises pour éviter cette ségrégation. Le risque de ségrégation est plus important pour les bétons de
consistance plastique que pour les bétons fermes ; toutefois, pour des raisons technologiques de mise
en oeuvre, on est parfois amené à fabriquer des bétons très plastiques. Avec les brouettes, il est
recommandé de transporter toujours des bétons fermes et ajouter le supplément d’eau, quand cela est
nécessaire, au lieu de mise en œuvre.

5.4. Vibration
La vibration a pour but de donner au béton sa compacité maximale par élimination des vides d’air et
le remplissage parfait du coffrage. Elle agit en diminuant les frottements internes des grains
constituants et compacte la matière ainsi coulée. Plus le béton est compact, plus sa résistance sera

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élevée. Il faut faire très attention à la vibration, car son excès provoque la ségrégation du béton, ce qui
est très néfaste. Il existe plusieurs types de vibrations:
- la vibration superficielle à l’aide de taloches, de règles vibrantes et de surfaceuses (pour
dalles, panneaux, etc...);
- la vibration interne à l’aide de vibrateurs internes ou aiguilles vibrantes (pour poutres,
éléments massifs, etc...);
- la vibration de coffrages, quand les vibrateurs sont fixés au coffrage solide;
- le piquage à l’aide de tiges pour les bétons mous et très mous;
- le damage (pilonnage) à l’aide de dames (ou pilons); etc...

On obtient la compacité maximale par simple piquage pour un béton très plastique, alors que pour un
béton très ferme, il faut une puissante vibration (voir tableau 2.7).

5.5. Joints de reprise


Lorsqu’une pièce ne peut être coulée en une seule fois, on prévoit des joints de reprise qui doivent
être disposés dans les parties bien déterminées. Les joints de reprise doivent se présenter suivant des
plans disposés perpendiculairement à la direction des contraintes; ils ne doivent pas être faits dans les
endroits critiques (sections les plus sollicitées, zones de concentration de contraintes). La surface des
plans de reprise doit être rugueuse; pour cela, il faut:
- repiquer la surface plus ou moins durcie en y créant des petits alvéoles;
- noyer à moitié un grillage dans la masse de béton;
- que les plans de reprise soient rendus propres et mouillés avant le bétonnage.

Il existe aussi des colles à béton qui assurent une bonne adhérence du béton frais au béton durci.

5.6. Bétonnage par temps chaud


Le temps chaud et sec accélère la prise et le durcissement du béton et, en même temps, il a un effet
très néfaste en favorisant l’évaporation de l’eau de gâchage qui devient désormais insuffisante pour
l’hydratation du ciment. De plus, cette évaporation provoque un retrait important et accéléré du béton.
Des précautions sont à prendre pour éviter l’évaporation rapide de l’eau et maintenir le béton à une
température modérée ; pour cela, il faut :
- un arrosage abondant (2 à 4 fois par jour) ;
- la protection de toutes les surfaces contre le vent sec et chaud et contre l’ensoleillement à
l’aide de sacs, nattes ou paillasses mouillées régulièrement, ou par film protecteur, ou
encore par du sable humide pour les surfaces horizontales ;
- l’utilisation de matériaux stockés dans l’ombre ;
- le choix d’un ciment à faible chaleur d’hydratation (CEM II ou CPJ est préférable au
CEM I ou CPA).

5.7. Bétonnage sous l’eau


Toutes les conditions de durcissement du béton étant réunies, le problème fondamental ici est la mise
en oeuvre du béton en évitant son délavage. Pour cela, on fait conduire, par l’intermédiaire d’une
goulotte imperméable, le béton dans le fond de la partie à bétonner délimitée par un coffrage dans
l’eau. Le bulbe de béton grossit progressivement en remplissant l’espace à bétonner ; la goulotte est
relevée progressivement au fur et à mesure que la masse de béton s’élève dans le coffrage ; ainsi,
seule la partie supérieure se délave un peu et, généralement, on l’élimine après finition. Pendant toute
l’opération, il faut contrôler la hauteur du béton dans le fond et dans la goulotte et surtout la position
de cette dernière dans la masse de béton. Une autre méthode de bétonnage sous l’eau consiste à
injecter le mortier sous pression par des tubes à partir du fond de la partie à bétonner où le gros

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granulat est déjà mis en place et régalé dans le coffrage. Les tubes sont progressivement relevées au
fur et mesure que le mortier remplit les vides entre les gros granulats.

5.8. Bétonnage à la mer


L’action de la mer sur le béton se présente en deux aspects:
- l’action dynamique des vagues;
- l’action corrosive de la salinité.

Pour remédier à ces actions, il faut:


- que le béton soit d’une compacité exceptionnelle ;
- bien protéger les armatures par une couverture d’enrobage de béton d’épaisseur
suffisante ;
- construire toujours massifs et éviter les parois minces ;
- éviter les arêtes vives ; tous les angles doivent être arrondis ;
- éviter les joints de reprise ; si ces joints sont inévitables, il faut faire une rainure en creux
sur le parement et colmater ensuite avec un mortier à base de résine époxy ou de thiokol.

5.9. Contrôle de qualité du béton


Le rôle fondamental du contrôle est de suivre le béton dan son évolution et s’assurer qu’enfin on a un
béton avec toutes les qualités demandées. Cela passe par :
• un contrôle de qualité des composants ;
• un dosage correct ;
• une surveillance du malaxage, du transport et de la mise en œuvre ;
• un contrôle de la plasticité ;
• une vibration suffisante sans excès ;
• la réalisation d’une cure efficace du béton.

En effet, il est toujours nécessaire de contrôler la qualité du béton. Cela consiste à d’abord à contrôler
la qualité des constituants, la composition et la fabrication du béton afin d’apprécier la qualité
intrinsèque du mélange et, après vérifier que le béton durci a bien les qualités requises compte tenu
des conditions de transport, de mise en œuvre, de vibration et de température au cours du
durcissement. La qualité est contrôlée par des prélèvements d’échantillons de constituants ou pour
confectionner des éprouvettes. Les essais pour contrôle de qualité du béton sont normalisés. On peut
distinguer différentes catégories d’essais de béton :
• les essais d’étude pour déterminer la composition du béton étudié compte tenu des
caractéristiques exigées et des conditions de mise en œuvre ; ils sont réalisés avec les
échantillons des composants utilisés sur le chantier ;
• les essais de convenance ont un double objectif :
- pour vérifier qu’avec les moyens de chantier, on peut réaliser, avec un minimum d’aléas,
le béton défini par l’essai d’étude ;
- pour vérifier que les quantités de composants prévues par mètre cube de béton donnent
bien un mètre cube (1 m3) de béton.
• les essais de contrôle pour vérifier la régularité de la fabrication et de contrôler si les qualités
prescrites sont bien atteintes ;
• les essais de recherche pour étudier l’influence de certains paramètres sur les caractéristiques
du béton ;
• les essais d’information pour déterminer les résistances probables du béton dans le temps.

Chaque catégorie d’essais se fait dans des conditions bien définies.

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6. BETONS SPECIAUX
Les bétons spéciaux sont ceux qui diffèrent des bétons classiques qui ont été l’objet de l’étude
précédente. La spécificité de ces bétons réside :
• soit dans les caractéristiques des constituants (en particulier les gros granulats et les liants);
• soit dans des produits ajoutés (adjuvants conférant au béton des propriétés particulières.

Parmi les bétons spéciaux les plus utilisés, on peut citer : le gros béton ; le béton cyclopéen ; le béton
de latérite ; le béton pour ouvrages hydrotechniques ; le béton routier ; les bétons légers ; le béton
réfractaire ; le béton à base de résine ; les bétons très lourds; etc... Au Mali, on utilise couramment le
gros béton, le béton cyclopéen et le béton de latérite.

6.1. Le gros béton


Le gros béton est un mélange de béton classique et de la caillasse, c’est-à-dire des cailloux de
dimension 8 … 10 cm. Généralement, le volume de caillasse pour un mètre cube de béton (classique)
dépasse rarement les 1 000 litres. Le mélange se fait sur une aire de gâchage et le bétonnage se fait
comme pour les bétons classiques. Il est destiné pour des ouvrages massifs comme les puits, les
massifs de fondations, digues et autres ouvrages similaires.

6.2. Le béton cyclopéen


Le béton cyclopéen est un mélange de béton classique et de moellons. La grosseur des moellons
dépend des dimensions de l’ouvrage à bétonner et de la densité de ferraillage. Leurs dimensions
maximales peuvent atteindre 20 ... 30 cm et même plus. Pour la mise en oeuvre, on doit, au fur et à
mesure qu’on bétonne l’ouvrage plonger les moellons dans le béton de façon à avoir une bonne
répartition. Le bétonnage doit se faire par couche si la hauteur à bétonner est importante ; on évitera
aussi les bétons trop plastiques dans lesquels les moellons peuvent « flotter ». Le béton cyclopéen est
utilisé généralement pour les ouvrages massifs n’exigeant pas une composition spéciale du béton,
surtout dans un but économique. Dans le bâtiment, il est utilisé pour les fondations (semelles isolées
ou filantes, puits, radiers massifs).

6.3. Le béton de latérite


Dans ces bétons, les gros granulats sont extraits de la latérite. La latérite est une roche sédimentaire
formée par altération lente des basaltes, favorisée par la chaleur et l’humidité en climat tropical et
équatorial. Elle est composée essentiellement d’alumine et d’oxyde de fer et se présente sous forme de
terre rouge. Les granulats de latérite doivent être:
- bien lavés pour être débarrassés de la terre rouge;
- mouillés avant utilisation comme ils sont poreux;
- dosés comme pour les granulats traditionnels.

La rugosité de leurs surfaces augmente le dosage en ciment. La résistance des bétons de latérite sont
plus faibles que pour les bétons ordinaires et ne dépassent pas 30 MPa à la compression.

6.4. Le béton pour ouvrages hydrotechniques


Il s’agit des bétons utilisés pour la construction des barrages et autres ouvrages hydrotechniques. Ces
bétons doivent:
- pouvoir résister à l’action de l’eau et en milieu agressif ;
- être imperméable à l’eau (infiltration de l’eau, protection des armatures) ;
- dégager moins de chaleur au moment du durcissement (corps massifs).

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Pour obtenir un tel béton, il faut:


- utiliser des adjuvants conférant au béton une plasticité maximale ;
- utiliser des liants (ciments) répondant aux qualités du béton recherché (variétés de
ciments portland résistant en milieux agressifs) ;
- avoir des granulats de qualité exceptionnelle (excellente) ne contenant pas d’argile, par
exemple des graviers lourds de plus de 2,4 t/m3 de masse volumique et une composition
granulaire permettant d’obtenir un mélange dense ;
- une vibration suffisante, sans excès et un suivi minutieux.

6.5. Le béton routier


Le béton routier est le béton utilisé pour la construction des routes et des pistes d’aéroports. Ces
bétons sont exploités dans des conditions difficiles à cause:
- du mouvement intense des voitures et des avions entraînant des contraintes importantes
dans le béton ;
- de l’action agressive du milieu ;
- de la variation de la température et de l’humidité.

Ces bétons doivent avoir les qualités suivantes:


- une résistance importante à la compression et à la traction ;
- une tenue importante à l’usure ;
- une résistance suffisante aux intempéries atmosphériques et à l’action agressive du milieu.

Pour obtenir ces qualités, il faut :


- utiliser un ciment spécial fourni pour des travaux semblables (ciment portland pour
routes) ;
- ajouter des produits (adjuvants) tensioactifs ;
- choisir des granulats (graviers surtout) de très haute résistance mécanique ; la résistance à
la compression des cailloux ne doit pas être inférieure à 120 MPa.

6.6. Les bétons légers


Dans ce groupe, font partie tous les bétons ayant une densité inférieure à 1,8 ... 2,0 t/m3. Ce sont : les
bétons caverneux ; les bétons de granulats légers ; les bétons cellulaires ; etc...

6.6.1. Le béton caverneux


Le béton caverneux est obtenu par mélange de gros granulats (avec cg ≤ 20 mm) avec une pâte de
ciment sans ou avec peu de sable. La pâte de ciment enrobe les granulats et les soude en leurs points
de contact. Le dosage en eau est limité, car son excès provoque un lavage des granulats. Le dosage en
ciment est de 70 à 150 kg de ciment par mètre cube de béton. Le béton caverneux a une densité
comprise entre 1,6 et 1,9 t/m3 selon les granulats. La résistance à la compression est faible; elle est de
1,5 à 7,5 MPa avec une résistance à la traction presque nulle. C’est un bon isolant thermique et
s’oppose aux montées d’humidité par capillarité. On l’utilise pour murs ou comme béton de
remplissage.

6.6.2. Les bétons de granulats légers


Ils sont obtenus en utilisant des gros granulats poreux, donc très légers, de masse volumique ne
dépassant pas, en général 1,0 t/m3. Ces bétons ont une masse volumique qui peut varier de 0,5 à 2,0
t/m3 avec une résistance à la compression relativement faible (2,0 ... 20,0 MPa); mais avec des
granulats de très bonne qualité, on peut obtenir une résistance de 40 MPa. Les granulats poreux
utilisés sont d’origine naturelle ou artificielle à partir des débris industriels. Ils sont, généralement
mouillés avant utilisation. Le dosage en eau est très important; il dépend beaucoup de la composition

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granulaire et de la porosité (ouverte ou fermée) des gros granulats. Ces bétons sont utilisés pour le
bétonnage de divers éléments comme les murs, les dalles, les poutres, etc...

6.6.3. Le béton cellulaire


Le béton cellulaire est un mortier (ciment + sable + eau) auquel on additionne une matière génératrice
de gaz ou de mousses. Ce gaz forme de petits pores de dimensions 0,5 ... 2,0 mm dans la masse de
mortier ; après durcissement, on obtient un béton très poreux, donc très léger de masse volumique
variant entre 0,4 et 1,2 t/m3. Il est utilisé, généralement, sous forme de produits préfabriqués. Il est un
bon isolant thermique ; sa résistance à la compression peut atteindre 20 MPa.

6.7. Le béton réfractaire


Les bétons réfractaires sont ceux capables de supporter de hautes températures (≥ ≥ 1500°C) sans
perdre leurs qualités physiques et mécaniques. Ils sont utilisés dans la construction industrielle (fours,
etc...). Leur composition peut s’étudier suivant les méthodes classiques; mais, il faut un ciment et des
granulats réfractaires, c’est-à-dire capables de résister à de très hautes températures. On doit éviter
tout excès d’eau. En utilisant des granulats isolants thermiquement, on obtient un béton réfractaire
isolant, utilisé pour l’isolation des hautes températures. Les qualités physiques et mécaniques des
bétons réfractaires sont assez élevées :
- leur masse volumique est de l’ordre de 1,7 ... 2,0 t/m3 ;
- une porosité de 20 à 35 % ;
- un coefficient de dilatation thermique égal à (6 ... 8).10-6 °C-1 ;
- une résistance minimale à la compression supérieure à 10 MPa.

6.8. Les bétons très lourds


Les bétons très lourds sont, généralement, utilisés dans la construction des centrales atomiques et sont
destinés à jouer le rôle de protection biologique contre les radiations atomiques, neutrons et rayons
gamma (γ) en particulier. Ainsi, pour réduire au minimum les épaisseurs nécessaires, on doit utiliser
des matériaux très lourds. Ce problème a trouvé sa solution dans le choix des granulats spéciaux pour
ces bétons (voir tableau 2.15).

Tableau 2.15. Masses volumiques des bétons très lourds


Granulats utilisés Densité du granulat, en t/m3 Masse volumique du béton, en t/m3
la barytine 4,5 2,8 à 4,0
La magnétite 4,0 à 5,0 3,3 à 3,6
Les déchets ferreux 7,4 à 7,7 3,7 à 5,0

Le dosage en ciment est de 300 à 350 kg/m3 de béton. Le dosage en eau doit être faible (2 < C/E < 3).
Ce faible dosage en eau et la qualité des granulats font que les résistances mécaniques de ces bétons
sont plus élevées que celles des bétons classiques avec le même dosage en ciment. Pour la mise en
œuvre, la vibration doit être suffisante et limitée. Parfois, on peut faire recours à un bétonnage par
injection, en injectant un mortier dense pour remplir les vides laissés entre les gros granulats.

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Technologie et propriétés du béton armé

Chapitre 3.
PROPRIETES PHYSIQUES ET MECANIQUES DU BETON
Le béton comme matériau de construction doit avoir des propriétés physiques et mécaniques données,
par exemple une densité suffisante, une résistance mécanique nécessaire, etc... Selon les conditions
d’exploitation, le béton doit pouvoir résister à d’autres effets extérieurs (hautes températures, milieux
agressifs, etc...).

1. PROPRIETES PHYSIQUES

1.1. Densité
La densité (confondue avec la masse volumique pour le béton) des différents bétons utilisés dans les
constructions modernes varie de 0,4 à 5,0 t/m3. Selon leur densité, on distingue:
- les bétons légers d’une densité inférieure à 2,0 (ou 1,8 selon certains auteurs) t/m3 ;
- les bétons lourds ordinaires (classiques) d’une densité allant de 2,0 (ou 1,8) à 3,0 (ou 2,5)
t/m3 ;
- les bétons très lourds de densité supérieure à 3,0 (ou 2,5) t/m3.

Le béton ordinaire utilisé dans la


construction des bâtiments et des
ouvrages courants a une densité variant
entre 2,0 et 2,5 t/m3. La densité du
béton dépend essentiellement de la
nature des gros granulats et de
l’existence des pores à l’intérieur de la
masse de béton, c’est-à-dire du degré de
compactage du béton. Les bétons très
denses ont une compacité maximale,
alors que les bétons très légers ont une Fig. 3.1. Répartition des bétons selon leur
porosité maximale (voir fig. 3.1). compacité c et leur porosité p.

1.2. Propriétés hydrophysiques


1.2.1. Imperméabilité

Les bétons, sous forte pression laissent passer l’eau. Les bétons très denses sont pratiquement
imperméables à l’eau et aux gaz. On peut améliorer l’imperméabilité du béton en y ajoutant des
adjuvants hydrofuges. La classe en imperméabilité à l’eau W du béton est la pression (en daN/m2) à
laquelle le béton (éprouvette cylindrique de hauteur 15 cm) ne laisse pas passer l’eau. On utilise les
bétons de classe W2 à W12 pour les constructions exploitées sous pression des liquides ou de gaz.
Plus le coefficient de filtration du béton est faible, plus la classe du béton à l’imperméabilité est
élevée (voir les valeurs des coefficients de perméabilité des différents bétons dans le tableau 3.1).

La diminution du volume des macropores capillaires augmente l’imperméabilité du béton à l’eau


(utilisation d’adjuvants hydrofuges). Les produits à base de pétrole (essence, gas-oil, etc...) pénètrent
(traversent) plus facilement le béton. Dans les bétons destinés à recevoir ces produits, on y ajoute des
adjuvants spéciaux. La perméabilité du béton à l’eau et aux produits pétroliers peut être diminuée en
utilisant à la place du ciment portland ordinaire un ciment expansif.

27
Technologie et propriétés du béton armé

Tableau 3.1. Coefficient de filtration kf, en cm/s pour différentes classes de béton en imperméabilité.
Classe de béton en imperméabilité Essai des éprouvettes en état
d’humidité équilibrée de saturation en eau
W2 (70 … 200).10-10 (5 … 10). 10-10
-10
W4 (20 … 70). 10 (1 … 5). 10-10
-10
W6 (6 … 20). 10 (0,5 … 1). 10-10
-10
W8 (1 … 6). 10 (0,1 … 0,5). 10-10
-10
W10 (0,6 … 1). 10 (0,05 … 0,1). 10-10
W12 (0,6). 10-10 et moins (0,05). 10-10 et moins

1.2.2. Le coefficient de ramollissement.

Les bétons à base de liants hydrauliques, par exemple les ciments portlands ont un coefficient de
ramollissement kram très élevé (kram ≥ 0,8), ce qui permet d’utiliser ces bétons dans des lieux très
humides et dans l’eau.

1.3. Propriétés thermiques


1.3.1. Conductivité thermique
Le béton conduit le flux de chaleur de la surface d’une paroi de température relativement haute à
l’autre de température relativement basse. Plus le béton est poreux, plus il conduit difficilement le
flux de chaleur et plus ses qualités d’isolation thermique sont élevées ; raison pour laquelle les bétons
poreux (légers) sont généralement utilisés comme isolants thermiques. Le coefficient de conductivité
thermique des bétons varie de 0,1 à 2,0 W/(m°C). Le coefficient de conductivité thermique du béton
lourd en milieu sec est de 2 à 4 fois plus grand que celui des bétons légers. Cette grande conductivité
thermique du béton lourd constitue un de ses défauts.

1.3.2. Le coefficient de dilatation thermique


Le coefficient de dilatation thermique des bétons varie de 7.10-6 °C-1 à 15.10-6 °C-1, ce qui correspond
à une dilatation linéaire de 0,21 mm/m à 0,45 mm/m pour une variation de température égale à 30°C
(par exemple de 15°C à 45°C). Pour éviter la fissuration des ouvrages de grandes dimensions, ils sont
coupés par des joints de dilatation. Les gros granulats et les mortiers de ciment ont des coefficients de
dilatation thermique différents ; sous variation de températures, ces deux matériaux se déforment
différemment, ce qui peut provoquer la fissuration du béton en cas de variations importantes de la
température.

1.3.3. Résistance à l’action des hautes températures


Le béton résiste mieux (par rapport aux autres matériaux de construction) à l’action des hautes
températures pendant les incendies (1000 ... 1100°C). Les bétons réfractaires peuvent tenir longtemps
sous une température de plus de 1500 °C (fours métallurgiques, revêtements des appareils thermiques
travaillant sous une température de plus de 1000°C, etc...). La résistance du béton à l’action des
hautes températures dépend du type de ciment et de la nature des granulats. Si les granulats utilisés
contiennent du quartz cristallin, à la température de 600°C, il augmente de volume, entraînant ainsi la
fissuration du béton.

La résistance mécanique du béton à base de ciment portland diminue de 25% sous une température de
200 … 250 °C. Après avoir été maintenu ce béton sous une température de 500°C et en le plaçant en
milieu humide à température de chambre, il se détruit. Cela s’explique par le fait qu’à partir de 400°C,
on observe la décomposition de l’hydrate de calcium Ca(OH)2 et plus tard (à 600 … 650°C), on
assiste à celle du carbonate de calcium CaCO3 :
Ca(OH)2 → CaO + H2O ↑
CaCO3 → CaO + CO2 ↑

28
Technologie et propriétés du béton armé

Pour les ouvrages exploités sous de très hautes températures, on utilise les bétons réfractaires.

1.4. Résistance du béton à la radiation


La résistance à la radiation (ou radiorésistance) du béton est sa capacité de maintenir sa structure et
ses propriétés sous l’action des charges radiatives (flux de neutrons et de γ quantum). L’exposition à
la radiation influe sur la structure des granulats jusqu’à leur amorphisation totale. Ce phénomène de
changement de structure est accompagné de déformation de volume, entraînant des contraintes
internes et parfois, la fissuration du béton. Pour l’isolation radioactive, on utilise des bétons spéciaux
très lourds.

2. PROPRIETES MECANIQUES

2.1. Résistance du béton


Le durcissement du béton commence après la prise, généralement quelques heures seulement après sa
fabrication et sa mise en oeuvre. Ce durcissement est le résultat des réactions chimiques entre l’eau et
le ciment (hydratation du ciment), réactions qui se déroulent normalement à température positive (>
5°C) et en présence d’humidité. Au cours de ce durcissement, le béton prend, petit à petit, sa
résistance et au 28ème jour, cette résistance atteint sa valeur caractéristique, désignant la classe de
béton. Cette croissance de la résistance se fait intensivement pendant les sept (7) premiers jours et au
7ème jour la résistance atteint 60 à 80% de la valeur caractéristique (voir fig. 3.2). Après le 3ème jour,
surtout à partir du 7ème jour, la résistance du béton croît selon une loi logarithmique :
log j
fcj = fc28 ≅ 0,7fc28 logj (3.1)
log 7
où, j est l’âge du béton, en jours (j ≤ 28 jours); fc28 est la résistance du béton à l’âge de 28 jours,
exprimée en MPa.

La résistance fc28 exprimée en MPa désigne la classe du béton ; par exemple, quand fc28 = 20 MPa,
on a un béton de classe B20.

Il existe plusieurs autres relations entre la résistance à l’âge j ( j ≤ 28 jours) fj et la résistance fc28 :
fcj = 0,685fc28log(j+1) (3.2)

Les normes Françaises (Règles BAEL –91, modifiées 99) donnent les expressions suivantes pour la
résistance fcj à l’âge j (pour j ≤ 28 jours) :
j
fcj = fc28 pour fc28 ≤ 40 MPa; (3.3)
4,76 + 0,83 j
j
fcj = fc28 pour fc28 > 40 MPa. (3.4)
1,4 + 0,95 j

Tableau 3.2. Evolution des résistances du béton pendant les 28 premiers jours.
Résistance Age du béton, en jours
caractéristique du
3 7 10 14 16 18 21 25 28
béton fc28
15 6,21 9,93 11,49 12,82 13,30 13,71 14,20 14,70 15,00
20 8,28 13,25 15,31 17,09 17,74 18,27 18,93 19,60 20,00
25 10,34 16,56 19,14 21,37 22,17 22,84 23,66 24,50 25,00
30 12,41 19,87 22,97 25,64 26,61 27,41 28,39 29,40 30,00

29
Technologie et propriétés du béton armé

Fig. 3.2. Croissance de la Fig. 3.3. Courbe de Fig. 3.4. Croissance de la


résistance fcj du béton croissance de la résistance fcj résistance fcj du béton avec le
du béton en milieux humide et temps dans un milieu favorable
sec

Les résistances caractéristiques du béton sont:


- la résistance à la compression fc28 (caractéristique principale);
- la résistance à la traction ft28 ;
- la résistance au cisaillement (glissement) τ bj .

La caractéristique principale du béton reste toujours sa résistance à la compression fc28 (sa classe de
qualité ou encore résistance caractéristique spécifiée). La résistance mécanique du béton dépend :
- des conditions de durcissement;
- de l’âge du béton;
- des conditions de mise en oeuvre;
- du dosage en ciment, en eau et du rapport ciment/eau (C/E);
- de la classe de résistance du ciment;
- de la nature et de la qualité des granulats;
- de la granularité et du rapport gravier/sable (G/S);
- des adjuvants utilisés.

Fig. 3.5. Fig. 3.6. Courbe de variation de la résistance fcj en Fig. 3.7.
Influence de la fonction du dosage en eau E (en litres/m3) pour un Variation de la
compacité c même dosage en ciment et une même vibration ; A, B, résistance fcj en
sur la C, D zones des bétons respectivement très fermes fonction du
résistance du incompactables, de grande résistance et de densité, rapport ciment –
béton fcj plastiques et très mous. eau C/E

La résistance du béton dépend des conditions de durcissement. Par exemple, en milieu naturel
humide, la résistance du béton croît lentement et atteint sa valeur maximale ; par contre, en milieu sec,
la résistance croît vite au début pour rester presque constante sans atteindre la valeur maximale (voir
fig. 3.3). Dans des conditions favorables de température et d’humidité, la croissance de la résistance

30
Technologie et propriétés du béton armé

du béton se poursuit pendant plusieurs années (voir fig. 3.4). Les conditions de mise en oeuvre ont
une influence remarquable sur la résistance du béton. Une vibration suffisante sans excès assure la
compacité maximale du béton frais. Un tel béton, avec le minimum de pores réalise la résistance
maximale (voir fig. 3.5). D’autres facteurs de mise en oeuvre tels que la ségrégation, la température au
moment du bétonnage, les mauvaises exécutions des joints de reprise et les conditions de bétonnage
peuvent avoir des conséquences très néfastes sur la résistance du béton.

La résistance du béton dépend du dosage en ciment, en eau et du rapport ciment/eau -C/E (voir fig.
2.4). En principe, la résistance du béton est proportionnelle au dosage en ciment. Après la quantité
d’eau nécessaire à l’hydratation du ciment, tout supplément d’eau joue négativement sur la résistance
du béton (voir fig. 3.6). Le rapport C/E optimal pour une résistance maximale du béton est compris
entre 2 et 3 (C/E = 2 ... 3) (voir fig. 3.7). De plus, la résistance du béton est proportionnelle à la classe
de résistance du ciment Rc (voir formule (2.2) de Bolomey). Plus le ciment est résistant (de classe
supérieure), plus avec le même dosage on obtient un béton résistant (fig. 3.8).

En utilisant des liants à durcissement rapide, en quelques jours seulement, on obtient une résistance
suffisante du béton permettant, par exemple son décoffrage (voir fig. 3.9).

Fig. 3.8. Variation de la résistance du béton fcj en Fig. 3.9. Croissance de la résistance du
fonction de la classe de ciment Rc ; béton fcj selon les liants. 1, 2, 3 – courbes
1, 2, 3, 4 – courbes pour Rc respectivement égale à respectivement pour liants à durcissement
30, 35, 45 et 60 MPa. rapide, normal et lent

La résistance du béton dépend aussi de la nature et de la qualité des granulats. Ainsi, pour un même
rapport C/E, les bétons avec les granulats roulés (graviers) ont une résistance de 10 à 20% inférieure à
celle des bétons avec des granulats concassés (pierres cassées) et cela à cause de la faible
(relativement) adhérence du ciment avec les graviers. Avec du sable propre, résistant, de grosseur
moyenne et grande, on obtient un béton plus résistant qu’avec du sable fin et de faible résistance.

La résistance caractéristique du béton à la compression fc28 est fondée et contrôlée sur des
éprouvettes. Ces éprouvettes ont des dimensions différentes selon les pays. Par exemple, au Mali, on
utilise, généralement des éprouvettes cylindriques avec un diamètre de 16 cm et une hauteur de 32 cm
(soit une section de 200 cm2) et cela, conformément aux normes Françaises. Dans certains pays, on
utilise des éprouvettes cubiques. Dans le tableau 3.3 sont données les dimensions de certains types
d’éprouvettes pour essais aux différentes sollicitations. Ces éprouvettes, durcies dans des conditions
normales de température et d’humidité sont écrasées en compression centrée à l’âge de 28 jours, ou à
d’autres âges. La résistance est déterminée comme le quotient de la force d’écrasement Frup par l’aire
Ae de la section de l’éprouvette :
Frup
fc28 = (3.5)
Ae

31
Technologie et propriétés du béton armé

Tableau 3.3. Formes et dimensions des éprouvettes


Types d'essais Dimensions
Formes des éprouvettes géométriques de
l'éprouvette, en cm
Détermination de la
résistance à la
compression par a = 7; 10; 15; 20; 30
écrasement à la
compression centrée
d = 7; 10; 15; 16; 20; 30

h = d ou h = 2d

Détermination de la Dimensions de la section


résistance à la traction utile axa: 10x10; 15x15;
par traction axiale 16x16; 20x20.

Dimensions: 10x10x40;
Détermination de la 15x15x60; 20x20x80.
résistance à la traction
par flexion
Diamètre d = a:
d = 7; 10; 15; 16; 20;
30.
Hauteur :
h = 2d ou h = d.

Dimensions: 10x10x40;
Détermination de la 15x15x60; 20x20x80.
résistance à la traction
par fendage
Diamètre d:
d = 10; 15; 16; 20.
Hauteur h:
h = d ou h = 2d

Fig. 3.10. Ecrasement des éprouvettes en béton. a, b – respectivement sans et avec


graissage des surfaces de contact des plateaux de la presse et de l'éprouvette.

La classe de résistance du béton est définie comme la résistance minimale garantie (au moins à 90%)
des éprouvettes essayées à l’âge de 28 jours selon des instructions techniques ; donc, cette résistance
minimale garantie est déterminée après une étude statistique de la résistance de plusieurs éprouvettes
identiques. Il est à noter que la résistance obtenue après écrasement dépend :
• des dimensions des éprouvettes,

32
Technologie et propriétés du béton armé

• des conditions de contact entre les surfaces de la presse et de l’éprouvette (fig. 3.10 et 3.11).

Voyons maintenant comment se comporte l’éprouvette sous la charge de compression. En


compression axiale dans un milieu continu, il n’y a pas de contraintes de traction ; mais le béton étant
un matériau poreux, il se développe, sur des plans longitudinaux autour de ces pores (vides) des
contraintes de traction équilibrées par les contraintes de compression (voir fig. 3.12). Comme les
vides sont fréquents et sont dispersés chaotiquement, il se passe une superposition des contraintes de
traction. La concentration de ces contraintes locales de traction entraîne la formation et le
développement des microfissures dans le béton et cela, longtemps avant sa rupture. Les microfissures
se développent intensivement quand σbc = (0,5 ... 0,6)fc28 et cette contrainte est souvent appelée, par
convention, la limite inférieure des microfissures. Quand σbc = (0,8 ... 0,9)fc28, le processus
s'intensifie de plus et il se forme des fissures verticales (longitudinales). Cela entraîne la rupture de
l'élément dans la direction transversale (voir fig. 3.12).

Fig. 3.11. Ecrasement des Fig. 3.12. Ecrasement des éprouvettes.


éprouvettes cylindriques ou a) Concentration des contraintes autour des pores ; b) Rupture de l'éprouvette
prismatiques avec en direction transversale. 1 – pores ; 2 - masse de béton ; 3 - contraintes de
h/d = 3 ... 4. compression ; 4 - contraintes de traction développées autour des pores.

On utilise différentes classes de béton selon la nature t la destination de l’ouvrage, de B5 à B100, et


même plus (la lettre B désigne béton et le nombre devant la lettre B désigne la valeur de la résistance
caractéristique fc28 en MPa). Ces résistances sont obtenues avec des dosages en ciment variant de 150
3
à 500 kg/m de béton selon les classes de qualité du ciment (voir tableau 3.4).

Tableau 3.4. Tableau synoptique des caractéristiques des bétons.


Classe du Résistances caractéristiques du béton à l'âge de 28 jours (fc28/ft28), en MPa, en fonction du
ciment Rc,
dosage en ciment, en kg/m3
en MPa
150 200 250 300 350 400 450 500
30 4,8/0,94 7,0/1,04 10,0/1,21 13,5/1,41 17,0/1,62 20,0/1,80 24,0/2,04 27,0/2,22
35 5,6/0,98 8,0/1,09 12,0/1,32 16,0/1,56 20,0/1,80 24,0/2,04 28,0/2,28 32,0/2,52
40 6,2/1,02 9,0/1,15 13,5/1,41 18,0/1,68 22,5/1,95 27,0/2,22 31,5/2,49 36,0/2,75
45 7,1/1,06 10,0/1,21 15,0/1,50 20,0/1,80 25,0/2,10 30,0/2,40 35,5/2,72 40,5/3,02
50 7,8/1,12 11,0/1,27 17,0/1.62 22,5/1,95 28,0/2,28 34,0/2,64 39,5/2,95 45,0/3,20
55 8,6/1,17 12,5/1,35 18,5/2,71 25,0/2,10 31,0/2,46 37,0/2,81 43,5/3,15 49,5/3,48
60 9,5/1,20 13,5/1,41 20,0/1,80 27,0/2,22 34,0/2,64 40,5/3,01 47,0/3,33 54,0/3,68
N.B.: ♦Aux numérateurs, sont données les valeurs des résistances à la compression et aux
dénominateurs celles à la traction.♦ Les valeurs des résistances sont données pour
des granulats de bonne qualité avec cg = 20 mm et un dosage en eau d’environs 185
l/m3 de béton, ce qui correspond à un béton de consistance plastique.

La résistance caractéristique du béton à la compression à l'âge j, quand j est très grand, peut être
déterminée par la formule suivante:

33
Technologie et propriétés du béton armé

fcj = 1,1fc28 (3.6)

La résistance du béton à la traction ft28 est très faible par rapport à celle à la compression ; dans la
plupart des cas, elle présente moins de 10% de sa résistance à la compression. La résistance du béton
à la traction est caractérisée par une dispersion très importante: ft28 = (0,05 ... 0,10) fc28. Elle est
déterminée par les méthodes suivantes:
- par flexion simple (fig. 3.13, a);
- par traction axiale (fig. 3.13, b);
- par fendage d'un cylindre ou essai Brésilien (fig. 3.13, c).

Dans le premier cas, les éprouvettes sont en général de dimensions 7x7x28 cm ou 15x15x60 cm et la
résistance à la traction est déterminée par la formule : ft28 =Mrup/(γplW) (3.7)
où, Mrup - moment fléchissant de rupture ; γpl - coefficient tenant compte des déformations plastiques
2
du béton, γpl = 1,7; W = module de résistance élastique de la section transversale (W = (bh )/6 pour
les sections rectangulaires).

Dans le deuxième cas (traction axiale), on a: ft28 = Frup/Ab (3.8)


où, Frup est la force de rupture ; Ab - l'aire de la section du béton.

Dans le troisième cas (traction par fendage), on a: ft28 = Frup/(π d) (3.9)

Fig. 3.13 Détermination de la résistance à la traction du béton par :


a) flexion ; b) traction axiale ; c) fendage (méthode Brésilienne).

Les Règles BAEL -91, modifiées 99 (normes Françaises : « Règles techniques de conception et de
calcul des ouvrages et des constructions en béton armé suivant la méthode des états limites »), par
exemple, proposent la relation suivante entre les résistances caractéristiques du béton à la
compression fcj et à la traction ftj à l'âge j pour les classes inférieures à B40 :
ftj = 0,6 + 0,06fcj (3.10)
où, fcj, ftj sont exprimés en MPa.

Il existe d'autres relations empiriques entre ces deux résistances caractéristiques. Sur la fig. 3.14, on
peut remarquer comment varie la résistance à la traction du béton en fonction de sa classe. Les valeurs
de la résistance à la traction des bétons sont données dans le tableau 3.3.

Une autre grandeur caractéristique du béton est sa résistance au cisaillement τ bj . Cette grandeur n'est
généralement pas normalisée et est calculée en fonction de la classe du béton. Le cisaillement, est
généralement suivi d'actions de sollicitations normales, raison pour laquelle la rupture par glissement

34
Technologie et propriétés du béton armé

se fait toujours suivant un plan incliné (voir fig. 3.15). La résistance au cisaillement du béton à l'âge j
peut être évaluée par la formule empirique suivante:
τ bj = kcftj (3.11)
où, kc est un coefficient dépendant de la classe du béton, ses valeurs sont données dans le tableau 3.5.

Fig. 3.14. Variation de la limite Fig. 3.15. Rupture par glissement:


de résistance à la traction ftj du a) cisaillement pur (τb,p est la résistance caractéristique du
béton en fonction de fcj: béton au cisaillement pur;b) cisaillement composé (τb est la
1 - en traction axiale; résistance caractéristique du béton au cisaillement, τb ≤ τb,p).
2 - en traction par flexion.

Tableau 3.5. Valeurs du coefficient kc


Classe de béton Valeurs de kc
Béton de classe inférieure à B20 : ( fc28< 20 MPa) 1,5 ... 1,7
Béton de classe entre B20 et B40 : (20 MPa ≤ fc28 ≤40 MPa) 1,7 ... 1,9
Béton de classe supérieure à B40 : (fc28 ≥ 40 MPa) 1,9 ... 2,0

D'autres grandeurs de résistance mécanique du béton sont :


- la résistance à la compression localisée, fc,loc ;
- la résistance de longue durée, fc,l ;
- la résistance dynamique, fc,d .

A la compression localisée, le béton résiste plus grâce à l'effet enveloppe de renforcement (frette) du
béton environnant non chargé. La valeur de la résistance du béton à la compression localisée fc,loc
dépend du rapport de la surface chargée par la surface totale et est déterminée par la formule suivante
(voir fig. 3.16) :
fc,loc = γb,1 β b fc28 (3.12)
où, γb,1 = 0,73 pour les bétons de classe inférieure à B25 (pour fc28 < 25 MPa); γb,1 = 10 ft28/fc28 pour
les bétons de classe B25 et supérieure (fc28 ≥ 25 MPa); β b = A Aloc ≤ 1,5 - coefficient de
pondération de la résistance du béton, avec, A - l'aire totale de la section du béton et Aloc - l'aire
chargée de la section du béton (aire de la zone chargée, voir fig. 3.16).

La résistance de longue durée du béton fc,l sous contraintes importantes est inférieure à la
résistance caractéristique fc28 . Cette diminution de 10 à 20% de la résistance fc28 est due à l'influence
des déformations plastiques, des microfissures et de l'hétérogénéité de la structure interne du béton ;
on a , en général : fc,l = (0,80 ... 0,9)fc28 .

35
Technologie et propriétés du béton armé

Fig. 3.16. Compression localisée Fig. 3.17. Déformation du béton.


1, 2 - courbes de chargement et de
déchargement.

Sous l'action des charges répétées (vibrations), le béton peut se rompre par fatigue à la suite
d'accumulation des déformations plastiques et de la formation des microfissures. La limite
d'endurance fc,d , c'est-à-dire la résistance à la fatigue du béton est toujours inférieure à la résistance
caractéristique à la compression. Elle dépend de l'asymétrie ρ du cycle (ρ = σmin/σ σmax, où σmin et σ
max
sont respectivement les valeurs minimales et maximales des contraintes dans le béton) et varie, en
général, entre 50 et 95% de la résistance caractéristique du béton à la compression : fc,d = (0,50 ...
0,95) fc28.

2.2. Déformabilité du béton


2.2.1. Caractéristiques de déformation du béton

Le béton est un matériau à la fois élastique et plastique. Les propriétés plastiques du béton
apparaissent dès au début du chargement à un niveau bas des contraintes. La déformation totale du
béton εb comprend une composante élastique εb,el et une composante plastique εb,pl (voir fig. 3.17) :
εb = εb,el + εb,pl (3.13)

On distingue deux types de déformations du béton :


- les déformations dues aux actions des forces extérieures sous forme de charges
permanentes, variables et accidentelles;
- les déformations (variations) de volume qui sont le retrait, le gonflement et la dilatation
(allongement ou raccourcissement) ; elles sont dues aux variations de l'humidité, de la
température de l'air environnant.

Les déformations dues aux forces extérieures dépendent du caractère d'application de ces charges,
notamment :
- de la vitesse de chargement, c'est-à-dire la vitesse d'application de la charge (application
statique ou dynamique de la charge);
- de la durée d'application de la charge (charge de très courte durée d'application ou de
longue durée entraînant le fluage du béton).

Les propriétés élastiques du béton sont caractérisées par le module d'élasticité Eb,o et le
coefficient d'élasticité ωel définis comme suit:
Eb,o = σb/εb,el (3.14)
ωel = εb,el/εb = εb,el/(εb,el +εb,pl) (3.15)

36
Technologie et propriétés du béton armé

Le module Eb,o est appelé aussi module d'élasticité initial, car il est égal à la tangente de l'angle
d'inclinaison de la droite tangente à la courbe σb-εεb (dérivée dσb/dεb) à l'origine du repère par
rapport à l'axe des abscisses (voir fig. 3.18) :
αo
Eb,o = tanα (3.16)

Le module d'élasticité Eb,o dépend de la classe et du type du béton et des conditions de son
durcissement.

Le coefficient d'élasticité ωel du béton dépend du niveau des contraintes et du temps de chargement ;
il varie entre 0,1 et 0,9. Théoriquement, ωel = 0 pour les matériaux parfaitement plastiques et ωel
= 1 pour les matériaux parfaitement élastiques. Le coefficient d'élasticité ωel diminue avec le
niveau des contraintes et la durée de chargement. Pour les calculs pratiques, on peut prendre les
valeurs suivantes:
- pour les chargements de courte durée : ωel = 0,45 ... 0,50 ; (3.17a)
- pour les chargements de longue durée : ωel = 0,15 ... 0,20. (3.17b)

Le module d'élasticité d'un béton avec des gros granulats de grandes dimensions est de 20% supérieur
à celui d'un béton de même classe, mais avec des gros granulats de petites dimensions. Le module
d'élasticité Eb,o croît avec la classe de résistance du béton. Il existe plusieurs formules empiriques
exprimant cette dépendance.

Fig. 3.18. Courbe σb - εb. Fig. 3.19. Modules de déformations du béton.


1, 2 - courbes de chargement et de s, t, to - sécante et tangentes au point considéré et à
déchargement; 3, 4 - domaines des l'origine.
déformations élastiques et
plastiques.

En plus du module d'élasticité Eb,o, il y a le module de déformation tangentiel du béton Ebt qui
caractérise la déformabilité totale (élastique et plastique) du béton. Ce module est, numériquement
égal à la valeur de la tangente de l'angle αt (voir fig. 3.19) formé par la droite tangente (dσb/dεb) à la
courbe σb-εεb au point de coordonnées (εεb, σb) avec l'axe des déformations εb. Il est variable et dépend
du niveau des contraintes, de la vitesse de chargement et d'autres facteurs. On a ainsi :
Eb,t = tanαt (3.18)
σb σb εb εb
ou encore E b ,t = = = tan α s (3.19)
010 ε b 010 + ε b 010 + ε b

37
Technologie et propriétés du béton armé

Pour les calculs pratiques, on se sert généralement d'une valeur moyenne du module de déformation
Eb, numériquement égale à la tangente de l'angle αs, c'est-à-dire l'angle que fait la droite sécante
reliant l'origine O au point de coordonnées (εεb, σb) avec l'axe des déformations εb. Ce module est
appelé aussi module élasto-plastique du béton ou module sécant; il est inférieur à Eb,o et supérieur
à Eb,t:
σ b σ b ε b,el
Eb ,s = tgα s = = = ω el Eb ,o (3.20)
ε b ε b,el ε b
En posant : ωpl = εpl /εεb (3.21)
où, ωpl est le coefficient de plasticité du béton, on obtient:
ωpl + ωel = 1 ; (3.22)
donc, Eb = (1 - ωpl)Eb,o (3.23)

Le module de déformation longitudinale des bétons ordinaires de classe B10 à B40 varie de 15 000
MPa à 40 000 MPa. Pour les calculs pratiques, les différentes normes et règles de calcul donnent
toujours des expressions pour évaluer sa valeur compte tenu des particularités du béton et des
conditions d’application des charges ; par exemple, les Règles BAEL – 91, modifiées 99 donnent les
expressions suivantes :
- sous les charges supposées instantanées, c'est-à-dire les charges pour lesquelles la durée
d'application est inférieure à 24 heures (charges variables de courte durée
d'application) :
Eb,ij = 11 000 3 f cj (3.24)
- sous les charges de très longue durée d'application, par exemple les charges
permanentes, entraînant des déformations importantes dues au fluage :
1
Eb,νj = E = 3700 3 f cj (3.25)
3 b,ij
avec, Eb,ij , Eb,νj , fcj en MPa.

Fig. 3.20. Courbe σb-εb en Fig. 3.21. Déformations sous chargements graduels.
fonction de la vitesse de ∆t1, ∆t2, ∆t3 - durées de maintien sous charges constantes ; tap -
chargement. durée totale du chargement (durant laquelle on fait croître la
∆t, ∆t', ∆t'' - durées des charge jusqu'à sa valeur finale ; 1 - courbe obtenue en appliquant
chargements (temps mis pour uniformément la totalité de la charge au temps tap; 2 - courbe sous
l'application de la totalité de la application graduelle de la charge; 3 - courbe correspondant à une
charge); application uniforme de la totalité de la charge au temps t3; 4 -
1, 2 - domaines des déformations
déformations plastiques dues au fluage du béton développées
élastiques et plastiques.
pendant les temps de maintien (∆ti) sous charges constantes.

38
Technologie et propriétés du béton armé

Sur la fig. 3.20 est montrée l’influence de la vitesse d’application de la charge sur le diagramme de
déformation (donc sur le module de déformation) du béton. Le développement des déformations
plastiques peut être observé en appliquant graduellement la charge et en mesurant (fixant) les valeurs
des déformations deux fois : au moment tout juste après l'application de la charge et après avoir
maintenu le béton sous cette charge constante pendant un certain temps ∆t (voir fig. 3.21).

Le coefficient de Poisson du béton νb sans fissures est en moyenne égal à 0,12 ... 0,25. Après la
formation des fissures, le coefficient de Poisson est pris égal à zéro (0). Pour les calculs pratiques on
prend :
- νb = 0,2 pour le béton sans fissures ;
- νb = 0 pour le béton avec fissures.

Pour νb = 0,2, on obtient pour le module de cisaillement du béton : Gb = 0,4Eb,o (3.26)

Sous charges répétées (vibrations) entraînant des contraintes σ1 ne dépassant pas la limite de fatigue
fc,d (fc,d = 0,5fc28), les déformations plastiques se réalisent petit à petit de manière décroissante. Après
un certain nombre de cycles, quand toutes les déformations plastiques se sont déjà réalisées, le béton
devient élastique (voir fig. 3.22, a). En augmentant le niveau des contraintes à σ2 (σ σ2>σ1), mais sans
atteindre la limite de fatigue fc,d, la nature de la déformation demeure identique (fig. 3.22,b). A un
niveau supérieur des contraintes, quand σ3 > fc,d , l'allure de la courbe de déformation σb-εεb change :
la courbe tourne vers l'axe des contraintes σb, c'est la fatigue du béton. Cette fatigue est caractérisée
par une augmentation de plus en plus grande des déformation élastiques à chaque cycle, donc une
diminution de l'angle d'inclinaison de la courbe de déformation ; cela conduit à la rupture du béton
(voir fig. 3.22, c).

fig. 3.22. Courbe σb -εb sous charges répétées.


1 - courbe caractérisant la fatigue du béton

2.2.2. Déformations limites du béton


Les déformations limites sont les déformations au-delà desquelles il y a rupture (écrasement ou
déchirement) du béton. Ces déformations dépendent de beaucoup de facteurs, en premier lieu du
temps. Elles diminuent avec la classe du béton et augmentent avec la durée d'application de la charge.
La connaissance des déformations limites est très nécessaire, car elles montrent jusqu'à quel niveau de
déformation le béton et l'armature travaillent (se déforment) ensemble.

Les allongements unitaires (relatifs) limites du béton εbt,u du béton varient de 0,00010 à 0,00017
(fig. 3.23,a). Dans les calculs pratiques, on prend εbt,u = 0,00015, ce qui correspond à une contrainte
d'environs 30 MPa dans l'armature d'une pièce en béton armé.

39
Technologie et propriétés du béton armé

Les raccourcissements unitaires (relatifs) limites du béton εb,u sont relativement plus grands ; ils
varient de 0,0008 à 0,0030 en compression simple. Pour les calculs pratiques, on prend εb,u = 0,0020
pour les charges de courte durée d'action (charges variables) et εb,u = 0,0025 pour les charges de
longue durée d'action (charges permanentes) (fig. 3.23,b).

En compression excentrée (flexion composée) et en flexion simple, les déformations limites


(raccourcissements) des fibres extrêmes peuvent atteindre εb,u = 0,0025 ... 0,0045 (fig. 3.23,c). Pour
les calculs pratiques en flexion, on prend les valeurs suivantes :
εb,u = 0,0035 pour fc28 ≤ 40 MPa ; (3.27)
εb,u = (0,0045 – 0,025 fcj) pour fc28 > 40 MPa. (3.28)

Fig. 3.23. Déformations limites du béton :


a) en traction (allongements limites) ; b) en compression centrée (raccourcissements limites) ; c) en
flexion (raccourcissements limites).

2.2.3. Le fluage du béton


Le fluage est la propriété du béton de se déformer sous l'action des charges de longue durée,
constantes dans le temps. Si l’on soumet une pièce de béton à l'action d'une charge de longue durée Ft,
au début, apparaissent d’abord les déformations élastiques εel, puis avec le temps, se développent les
déformations de fluage (déformations plastiques) εpl (voir fig. 3.24). Ces déformations sont fonction
du temps et dépendent du niveau des contraintes, de la température et de l'humidité de l'air. C'est
pendant les premières périodes que les déformations de fluage se développent intensivement ; puis au
fur et à mesure, cette croissance diminue. Les expériences ont montré que pendant les trois premières
années se réalisent à peu près 85% des déformations totales de fluage. Sur les fig. 3.25 et 3.26 sont
montrées les influences du niveau des contraintes et du milieu extérieur sur les déformations de
fluage.

Fig. 3.24. Croissance Fig. 3.25. Déformations de fluage en Fig. 3.26. Influence du milieu
des déformations du fonction du niveau des contraintes: sur le fluage:
béton dans le temps 1 - Ft = 0,3 Frup; 2 - Ft = 0,6 Frup; 1 - en milieu très humide; 2 -
sous l'influence du 3 - Ft = 0,8 Frup; A, B - domaines de en milieu normal; 3 - en
fluage. milieu chaud et sec.
fluage linéaire et non linéaire.

40
Technologie et propriétés du béton armé

Il existe plusieurs modèles mathématiques pour décrire l'évolution du fluage du béton dans le temps ;
ces modèles aboutissent à des expressions mathématiques différentes, toutes tenant compte du facteur
temps et du niveau des contraintes. Ces expressions permettent de déterminer les déformations totales
du béton sous charge à l'âge j :
εb (j) = εel + εpl (σo , j) (3.29)
où, σo est la contrainte au moment tout juste après le chargement.

2.2.4. Le retrait du béton


En durcissant à l’air libre, le béton diminue de volume. Ce phénomène est appelé le retrait ; on
l'appelle souvent retrait positif (voir fig. 3.27). Le retrait se manifeste pendant de longue durée
indépendamment des contraintes développées dans le béton. Il dépend de la composition et de la
structure (structure dense ou poreuse) du béton. Les déformations de retrait du béton εb,ret varient
en général de 0,0003 à 0,0005. Pour les calculs pratiques de béton, on prend εb,ret = 0,0002 ... 0,0003.
Les facteurs ayant une influence importante sur le retrait du béton sont :
- le rapport ciment-eau (C/E);
- les conditions climatiques de durcissement (température, humidité de l'air);
- la durée de réalisation des déformations et autres.

Fig. 3.27. Retrait du béton. Fig. 3.28. Contraintes dans le béton


a) Diminution du volume du béton avant et après dues aux déformations de retrait.
le durcissement du béton. 1 - volume initial ; 2 - 1, 2 - zones tendues (extérieures) et
volume après retrait ; comprimées (intérieures) de la pièce;
b) évolution des déformations de retrait dans le 3 - fissures dues au retrait.
temps.

Le retrait influe négativement sur la résistance du béton à la fissuration, sur la durabilité de la


structure et sur l'état de contrainte et de déformation de la pièce. On peut lutter contre le retrait, par
exemple :
- en utilisant des liants (ciments) sans retrait et des ciments expansifs;
- en augmentant la densité du béton;
- en augmentant le rapport ciment-eau (C/E) par diminution de la quantité d'eau.

Si les dimensions de la pièce ne sont pas grandes, le retrait se manifeste uniformément et librement
sans provoquer de contraintes internes dans le béton. Par contre, si les dimensions sont très grandes
les déformations de retrait se développent intensivement dans les zones superficielles entraînant
parfois la fissuration de ces zones. Quant à la zone interne de l'élément, elle s'oppose au
raccourcissement des couches extérieures, diminuant ainsi les déformations de retrait. Cette zone sera
donc soumise à des contraintes de compression (voir fig. 3.28).

2.2.5. Le gonflement du béton


En durcissant dans l'eau, le béton augmente de volume; c'est le gonflement du béton, appelé souvent
retrait négatif. Les déformations de gonflement du béton εb,gonf ne sont pas importantes et sont plus

41
Technologie et propriétés du béton armé

petites que celles dues au retrait (voir fig. 3.29) ; Dans les calculs pratiques, elles ne sont pas tenues
en compte en général.

Fig. 3.29. Courbe de retrait et de gonflement du béton

Chapitre 4.
L’ARMATURE
1. TYPES D'ARMATURES

1.1. Notions générales


Les armatures sont des assemblages d'éléments noyés dans la masse de béton et ayant pour rôles
essentiels:
- de prendre les contraintes de traction qui ne peuvent être prises par le béton ;
- de renforcer la capacité portante du béton comprimé ;
- d'empêcher la formation et le développement des fissures dans le béton.

Comme armatures, on peut utiliser des barres d'acier (fers à béton), des fils en acier, des profilés en
acier, des fibres de verre, des matériaux synthétiques, des barreaux de bois, des troncs de bambou,
etc... Les armatures en acier, c'est-à-dire les barres, les fils et les profilés en acier sont aujourd'hui les
plus utilisées, raison pour laquelle notre étude sommaire des armatures qui suit se limitera seulement
à ces types d'armatures.

1.2. Aciers pour béton armé


1.2.1. Définition
L'acier est un alliage de fer (de 88 à 98%) et de carbone (jusqu'à 2,0%) contenant un pourcentage très
faible d'impuretés (provenant de la mine ou formées au cours de la fabrication) de même que des
adjuvants (jusqu'à 10% parfois) pour améliorer ses qualités. La métallurgie de l'acier comporte deux
opérations essentielles qui sont:
- la production de la fonte par réduction à chaud du minerai;
- la transformation de la fonte en acier par décarbonisation.

1.2.2. Types d'aciers utilisés


Parmi les aciers utilisés dans les ouvrages en béton armé on distingue (voir fig. 4.1):
- les ronds lisses (sous forme de barres) qui ne présentent aucune aspérité sur la surface; ils
sont obtenus par laminage à chaud d'un acier doux;

42
Technologie et propriétés du béton armé

- les aciers à haute adhérence (sous forme de barres, fils et treillis) présentant des
aspérités ou reliefs (verrous, créneaux, nervures, etc...) sur la surface afin d'améliorer
l'adhérence acier-béton.

Les aciers à haute adhérence peuvent être classés en quatre (4) types :
Types 1: Ce sont les aciers naturels en barres obtenues par laminage à chaud d'un acier naturellement
dur. Les caractéristiques de ces aciers sont fonction de leur composition chimique. Dans ce type
d'aciers on classe aussi ceux obtenus à partir d'un acier doux laminé à chaud, puis soumis à un
traitement (par exemple une trempe) permettant d'améliorer ses caractéristiques mécaniques.

Types 2: Ce sont les aciers écrouis par torsion en barres obtenues par laminage à chaud suivit d'un
écrouissage par torsion ou par traction à froid sans réduction sensible de la section.

Types 3: Ce sont les fils à haute adhérence. Ils sont des aciers doux écrouis, obtenus soit par laminage
à chaud suivit d'un écrouissage par tréfilage, soit par laminage à froid entraînant une réduction
sensible de la section.

Types 4: Ce sont les treillis soudés (TS). Ils sont obtenus à partir d'aciers doux écrouis par tréfilage.
Les fils ou barres sont soudés mécaniquement pour former des mailles carrées ou rectangulaires (de
50x50 mm jusqu'à 200x300 mm). Ils sont en rouleaux si les diamètres sont inférieurs à 5 mm et en
panneaux si les diamètres sont supérieurs à 5 mm.

Fig. 4.1. Types d'aciers. a - ronds lisses ; b - barres à haute adhérence ;


c - fils à haute adhérence; d - treillis soudés : 1 - fils porteurs ; 2 - fils de répartition.

Tableau 4.1. Caractéristiques de quelques nuances d'aciers.


Aciers Nuances fe, en frup, en εrup, en Utilisations
MPa MPa %
Ronds lisses FeE220 215 330...490 22 Cadres, étriers, anneaux de
(RL) FeE240 235 410...490 25 levage des pièces
FeE400 400 480 14
Type 1 FeE450 441 - - Tous travaux de béton armé
FeE500 500 550 12
Aciers à haute Type 2 FeE400 400 480 14
adhérence FeE500 500 550 12
(HA) Type 3 FeTE400 400 - - Armatures préfabriquées
FeTE500 500 - -
Type 4 TLE52 520 - - Radiers, voiles, planchers,
(TS) ∅≤6 mm dallages
TLE ∅>6 500 - -
mm
fe - limite d'élasticité ; frup - la contrainte de rupture ; εrup - l'allongement de rupture.

43
Technologie et propriétés du béton armé

Les aciers à béton présentent différentes nuances qui correspondent à leurs qualités de limite
d’élasticité et de résistance. Ces qualités diffèrent selon les pays producteurs et, il n'y a pas une
standardisation et une classification internationale définitives. Les limites d'élasticité des aciers
varient en général de 200 MPa à 1400 MPa. Dans le tableau 4.1, sont données les caractéristiques
mécaniques de certaines nuances d'aciers de production Française. Dans le tableau 4.2 sont donnés
les diamètres nominaux des différents aciers à béton.

Tableau 4.2. Diamètres nominaux des aciers


Diamètres, en mm 3 3,5 4 4,5 5 5,5 6 7 8 9 10 12 14 16 20 25 32 40
Ronds lisses et barres à • • • • • • • • • • • •
H.A.
Fils tréfilés H.A. • • • • • • •
Treillis soudés (TS) • • • • • • • • • • • •

Dans le tableau 4.3 sont données les sections (en cm2) des fers à béton sous forme de barres de
différents diamètres. En dernière sont données les poids linéaires de ces barres, c’est-à-dire le poids
d’un mètre linéaire.

Pour les treillis soudés (TS), la section d'armatures est, généralement, déterminée pour un mètre de
largeur de l'élément (dalles en général). Pour cela, il suffit de faire la somme des sections du nombre
de barres dans un mètre de largeur. Dans le tableau 4.4 sont données les valeurs des sommes des
sections des barres se trouvant dans un mètre de largeur de l'élément pour certaines dimensions les
plus courantes des mailles de treillis. Ces valeurs sont aussi valables pour les treillis ligaturés,
généralement conçus sur les chantiers.
2
Tableau 4.3. Sections réelles, en cm de N armatures en barres de diamètre ∅, en mm; p – le poids
d'un mètre linéaire, en kg.
5 6 8 10 12 14 16 20 25 32 40

1 0.20 0.28 0.50 0.79 1.13 1.54 2.01 3.14 4.91 8.04 12.57
2 0.39 0.57 1.01 1.57 2.26 3.08 4.02 6.28 9.82 16.08 25.13
3 0.59 0.85 1.51 2.36 3.39 4.62 6.03 9.42 14.73 24.13 37.70
4 0.79 1.13 2.01 3.14 4.52 6.16 8.04 12.57 19.64 32.17 50.27
5 0.98 1.41 2.51 3.93 5.65 7.70 10.05 15.71 24.54 40.21 62.83
6 1.18 1.70 3.02 4.71 6.79 9.24 12.06 18.85 29.45 48.25 75.40
7 1.37 1.98 3.52 5.50 7.92 10.78 14.07 21.99 34.36 56.30 87.96
8 1.57 2.26 4.02 6.28 9.05 12.32 16.08 25.13 39.27 64.34 100.53
9 1.77 2.54 4.52 7.07 10.18 13.85 18.10 28.27 44.18 72.38 113.10
10 1.96 2.83 5.03 7.85 11.31 15.39 20.11 31.42 49.09 80.42 125.66
11 2.16 3.11 5.53 8.64 12.44 16.93 22.12 34.56 54.00 88.47 138.23
12 2.36 3.39 6.03 9.42 13.57 18.47 24.13 37.70 58.91 96.51 150.80
13 2.55 3.68 6.53 10.21 14.70 20.01 26.14 40.84 63.81 104.55 163.36
14 2.75 3.96 7.04 11.00 15.83 21.55 28.15 43.98 68.72 112.59 175.93
15 2.95 4.24 7.54 11.78 16.96 23.09 30.16 47.12 73.63 120.64 188.50
16 3.14 4.52 8.04 12.57 18.10 24.63 32.17 50.27 78.54 128.68 201.06
17 3.34 4.81 8.55 13.35 19.23 26.17 34.18 53.41 83.45 136.72 213.63
18 3.53 5.09 9.05 14.14 20.36 27.71 36.19 56.55 88.36 144.76 226.20
19 3.73 5.37 9.55 14.92 21.49 29.25 38.20 59.69 93.27 152.81 238.76
20 3.93 5.65 10.05 15.71 22.62 30.79 40.21 62.83 98.17 160.85 251.33
p, en kg 0.139 0.222 0.395 0.617 0.888 1.208 1.578 2.466 3.853 6.313 9.870

44
Technologie et propriétés du béton armé

2
Tableau 4.4. Sections des barres de treillis sur un mètre de largeur de l'élément, en cm
Dimensions Diamètres d e s b a r r e s, en mm
de la maille
(espacement 3 4 5 6 8 10 12 14 16 20 25
des barres),
en mm
50 1.42 2.52 3.92 5.66 10.06 15.70 22.62 30.78 40.22 62.84 98.18
75 0.94 1.67 2.62 3.68 6.70 10.46 15.08 20.52 26.80 41.88 65.44
100 0.71 1.26 1.96 2.83 5.03 7.85 11.31 15.39 20.11 31.42 49.09
125 0.57 1.01 1.57 2.26 4.02 6.28 9.05 12.31 16.08 25.13 39.27
150 0.47 0.84 1.31 1.84 3.35 5.23 7.54 10.26 13.40 20.94 32.72
200 0.35 0.63 0.98 1.41 2.51 3.93 5.65 7.69 10.05 15.71 24.54
250 0.28 0.50 0.79 1.13 2.01 3.14 4.52 6.16 8.04 12.56 19.64
300 0.23 0.42 0.65 0.94 1.68 2.61 3.77 5.13 6.70 10.47 16.36

1.2.3. Identification
Tout acier est livré avec des fiches d'identification comportant :
- la dénomination du produit, sa description et son croquis, le nom et l'adresse du
producteur ;
- la nature et la classe de l'acier ;
- les caractéristiques géométriques des sections ;
- les caractéristiques d'adhérence ;
- les caractéristiques mécaniques garanties (classe, type, limite d'élasticité, etc ...) ;
- les recommandations d'emploi ;
- les conditions de cintrage, de façonnage, l'aptitude au soudage.

Pour les aciers, les diamètres sont toujours donnés en millimètres (mm). La désignation se fait par le
symbole ∅; par exemple ∅12 veut dire: barre en acier de diamètre 12 mm. Cette désignation est,
souvent propre pour les aciers ronds lisses; par exemple ∅10 veut dire : barre en acier rond lisse de
diamètre 10 mm. Pour les aciers à haute adhérence, la désignation est suivie en général des lettres HA
(Haute Adhérence); par exemple 2∅12 HA veut dire : deux barres de diamètre 12 mm à haute
adhérence. Cette désignation peut être aussi écrite sous la forme suivante : 2HA12 qui veut toujours
dire deux barres à haute adhérence de diamètre 12 mm. Ils peuvent être aussi désignés par les
symboles des fiches d'homologation; par exemple 8T10 veut dire: huit barres Tor de diamètre 10 mm.

Les treillis soudés sont désignés par les lettres T.S. (Treillis Soudés) suivies généralement des
diamètres des barres et des dimensions des mailles dans les deux directions en millimètres (mm); par
exemple la désignation TS 100x200x6x5 veut dire : treillis soudé avec des barres porteuses espacées
de 100 mm, de diamètre 6 mm et avec des barres de répartition espacées de 200 mm de diamètre 5
mm.

1.3. Armatures spéciales


En plus des types d'armatures mentionnés ci-dessus, il existe d'autres, issus d'un traitement spécial et
dont la nomenclature et les qualités sont différentes selon les pays producteurs ; pour toute
information concernant leurs caractéristiques il faut se référer strictement aux fiches d'identification.
En plus des barres, fils, treillis soudés (sous formes ordinaires), l'armature en acier est utilisée sous
forme de profilés en I, H, ⊥, L , T, O, ▭, ∆, etc... ou bien sous forme spirale (armatures en spirales).

Comme il a été dit en haut, on utilise aussi des armatures en matériaux synthétiques, en fibres, en
barreaux de bois ou troncs de bambou. Par exemple, avec des fibres de verres (diamètre 3 ... 20

45
Technologie et propriétés du béton armé

micromètres) unies en tiges ou en bandes par une colle synthétique, on obtient une armature
caractérisée par une bonne adhérence avec le béton, une résistance élevée (contrainte de rupture
jusqu'à 1800 MPa), mais un module de déformation faible (45000 MPa).

Le béton armé en fibres courtes (10 ... 30 mm de longueur) est appelé béton en fibres d'aciers; il
présente les qualités suivantes :
- une structure homogène ;
- une résistance mécanique élevée ;
- une bonne résistance à la fissuration.

2. PROPRIETES PHYSIQUES ET MECANIQUES DE L’ACIER

2.1. Généralités et propriétés physiques


Comme il a été déjà mentionné, les aciers sont fournis aux entreprises de béton armé, sur
chantiers ou sur le marché avec toutes leurs caractéristiques mécaniques sur fiches
d'identification.

La densité de l'acier est égale à sa masse volumique (matériau dense sans pores) et équivaut à 7,85
3
t/m ; soit une densité de 2 à 16 fois plus grande que celles des différents bétons (ou 3 à 4 fois celle du
béton lourd ordinaire). Néanmoins, grâce à sa grande résistance mécanique, il est le matériau de
-4
construction le plus léger. Sa légèreté est de l'ordre de (1,5 ... 3,7).10 , soit en moyenne 2 fois plus
léger que le bois et 10 fois plus léger que le béton ordinaire. Grâce à sa grande densité, l'acier est un
bon conducteur de chaleur, donc un mauvais isolant thermique. Son coefficient de conductivité
thermique est de 58,35 W/m.°C, soit plus de 40 fois celui du béton et plus de 70 fois celui d'un mur en
banco (voir tableau 1.2). L'acier est imperméable à l'eau et au gaz. L'acier possède une très faible
résistance au feu ; à 200°C, son module d'élasticité diminue et à 600°C déjà, il passe à l'état plastique.
Les aciers sont classés selon leur classe de résistance, leur composition chimique et leurs propriétés.

2.2. Propriétés mécaniques

Fig. 4.2. Diagramme σs - εs Fig. 4.3. Diagramme σs - εs d'un acier doux.


de différents aciers : OA - domaine des déformations élastiques; AB – palier de ductilité;
1 - aciers doux; BC - domaine de raffermissement; CD - domaine de striction; C -
2 - aciers durs. point de striction; ABCD - domaine des déformations plastiques.

Les caractéristiques mécaniques principales de l'acier sont sa résistance mécanique et sa


déformabilité qui dépendent de sa composition et de la technologie de sa fabrication. On distingue
(voir fig. 4.2) :

46
Technologie et propriétés du béton armé

- les aciers doux avec un palier de ductilité;


- les aciers durs sans palier de ductilité et se déformant jusqu'à la rupture sans
déformations plastiques considérables.

Sur le diagramme de déformation (de traction) d'un acier doux, on peut remarquer différents domaines
de déformations (voir fig. 4.3). Dans le domaine des déformations élastiques (au début de la
déformation) est applicable la loi de Hooke : "les déformations sont proportionnelles aux contraintes",
et la courbe de déformation σs = σs(εs) est une droite oblique dont la tangente de l'angle d'inclinaison
α est numériquement égale au module d'élasticité de l'acier :
Es = tanα = fe/εel , (4.1)
où, fe est la limite d'élasticité de l'acier et εel est l'allongement unitaire (ou relatif) de l'acier
correspondant à la limite d'élasticité.
5 5
Le module d'élasticité des aciers utilisés comme armatures varie entre 1,7.10 MPa à 2,1.10 MPa.
5 5
Pour l'acier doux, il est entre 2,0.10 et 2,1.10 MPa; pour les calculs pratiques, on prend, en général :
5
Es = 2.10 MPa.

Dès que les contraintes développées dans la section atteignent la limite d'élasticité fe, les déformations
cessent d'être proportionnelles aux contraintes, car toute augmentation, même insignifiante de la
contrainte entraînera l'apparition des déformations plastiques. D'abord c'est le palier de ductilité (zone
AB) qui est représenté par une ligne horizontale et où les déformations augmentent considérablement
sans augmentation remarquable des contraintes Après une certaine valeur des déformations εd,
commence le raffermissement (durcissement) de l'acier (zone BC) jusqu'au point de rupture théorique
(point C) à partir duquel on assiste à une chute des contraintes due à une réduction de la section
d'abord (striction) - zone CD, puis à la rupture totale de l'élément au point D; le point C est appelé
point de striction ou point de rupture théorique de l'acier.

Le critère mécanique de base dans les calculs est la limite d'élasticité garantie fe. Pour les aciers
durs n'ayant pas de palier de ductilité, la limite d'élasticité fe est déterminée pour un allongement
unitaire résiduel de 0,2% par convention. Cette limite d'élasticité (désignée, généralement, par σ0,2)
est obtenue en traçant une parallèle à la tangente à l'origine (voir fig. 4.4); on l'appelle limite
d'élasticité conventionnelle.

En connaissant la limite d'élasticité de l'acier et son module d'élasticité, on peut calculer l'allongement
unitaire εel:
εel = fe/Es (4.2)

Fig. 4.4. Diagramme σs - εs d'un Fig. 4.5. Diagramme σs - εs des aciers en traction et en
acier dur sans palier de ductilité compression : 1 - acier doux; 2 - acier dur.

47
Technologie et propriétés du béton armé

Les diagrammes de déformation de l'acier en traction et en compression sont identiques; ils sont
symétriques par rapport à l'origine O (voir fig. 4.5). Ces diagrammes permettent de déterminer les
caractéristiques mécaniques des aciers, à savoir:
- les contraintes caractéristiques (limites d'élasticité fe ou σ0,2, limite de résistance fR);
- les déformations (allongements, raccourcissements) unitaires caractéristiques (d'élasticité
εel , de rupture εr );
- le module d'élasticité de l'acier Es.

Sur les diagrammes de déformation des aciers (voir fig. 4.2), on peut constater une nette différence au
niveau des résistances et des déformations caractéristiques selon leur nature ; par exemple, les aciers
durs ont une très forte résistance et une faible déformation de rupture. Le contraire est constaté chez
les aciers doux, c'est-à-dire que ces derniers ont une faible résistance (relativement) et une
déformation de rupture considérable.

Une des méthodes pour modifier les caractéristiques mécaniques d'un acier doux (sans modification
de la composition chimique de l'acier) est l'écrouissage par torsion ou par traction (voir fig. 4.6) qui
est une opération technologique. Après l'écrouissage, on peut constater:
- la disparition du palier de ductilité ;
- une augmentation de la limite d'élasticité ;
- une diminution de la déformation de rupture (diminution des déformations plastiques).

Fig. 4.6. Ecrouissage d'un acier doux.


a,b - opérations technologiques de l'écrouissage qui consistent à faire un chargement jusqu'à σ1 (σ1 >
fe) suivi du déchargement; c - comparaison des deux diagrammes (avant et après écrouissage); 1, 2 -
diagrammes de déformation avant (acier doux) et après (acier écroui) l'écrouissage.

Chapitre 5.
LE BETON ARME
1. GENERALITES SUR LE BETON ARME

1.1. Notions générales sur le béton armé


Le béton armé (B.A.) est un matériau de construction artificiel. On l'obtient en plaçant (noyant) des
barres d'aciers, appelées armatures dans du béton frais. Après durcissement du béton le matériau
obtenu est appelé béton armé.

48
Technologie et propriétés du béton armé

Le béton, par sa composition est une pierre, donc il résiste bien aux efforts de compression, par
contre, résiste très faiblement aux efforts de traction. L'armature est ainsi placée dans le béton, soit
pour prendre les efforts de traction, soit pour renforcer le béton comprimé. Les barres d'aciers
constituent ainsi des éléments de renforcement lui permettant de résister à différents efforts, d'où le
nom de béton armé. Ces deux composants (béton et acier) du béton armé travaillent ensemble et se
complètent. Ainsi le béton :
- résiste bien aux efforts de compression;
- protège l'armature contre la corrosion;
- assure la rigidité de l'élément;
- définit les caractéristiques (propriétés) physiques de l'ouvrage;
- détermine en grande partie la durabilité et la fiabilité de l'ouvrage.

Quant à l'armature, elle:


- résiste très bien aux efforts de traction;
- augmente la capacité portante du béton comprimé;
- peut empêcher la formation des fissures ou limiter leur ouverture (si elle est placée pour
cela);
- détermine en partie la durabilité et la fiabilité de l'ouvrage.

Selon le rôle des armatures, on distingue:


- les armatures porteuses destinées à prendre des efforts;
- les armatures de répartition, destinées à répartir les efforts entre les armatures
porteuses ;
- les armatures constructives placées pour des raisons technologiques (armatures
technologiques) ou de montage (armatures de montage).

Selon leur disposition dans la pièce, on distingue:


- des armatures longitudinales parallèles à l'axe longitudinal de l'élément;
- des armatures transversales placées perpendiculairement à l'axe longitudinal de
l'élément (cadres, étriers, épingles, armatures de couture);
- des armatures inclinées par rapport à l'axe longitudinal de l'élément servant d'armatures
porteuses, de couture ou de montage.

Les armatures sont façonnées aux droits des arrêts et de changement de direction. Le façonnage des
armatures en cadres, étriers, coudes, etc... s'effectue à l'aide de cintrage (fig. 5.1). Le rayon de
courbure à l'intérieur du crochet dépend du diamètre de la barre, de sa nature et du façonnage à
exécuter.

Fig. 5.1. Façonnages des armatures. Fig. 5.2. Enrobages des


a) épingle; b) cadre; c) étriers d) crochets ; e) coude ; f) armatures. 1 - paquets de barres
cavalier ; g) cerce. ou barres isolées; 2 - béton

49
Technologie et propriétés du béton armé

Les barres peuvent être enrobées, soit individuellement (barres isolées), soit en groupe (paquets de
barres). Les paquets de plus de trois barres sont utilisés seulement quand ils ne sont pas soumis à
une sollicitation d'entraînement. Les dispositions à prendre concernant l'enrobage pour un bon
bétonnage sont les suivantes (voir fig. 5.2):
c ≥ a ; eh ≥ { a ; 1,5 cg} ; ev ≥ {a ; cg} ;
a.b cg
≤ ; cg ≤ 0,25Bmin (5.1)
2( a + b ) k
avec, k = 1,4 pour les gros granulats roulés (graviers de fleuve), k = 1,2 pour les granulats concassés
(pierres concassées) ; Bmin - dimension minimale de la pièce à bétonner ; a, b - dimensions du
paquet d'armatures; c - couverture d'enrobage, sa valeur est donnée dans le tableau 5.1; cg -
dimension maximale (grosseur) des gros granulats; eh , ev - distances entre les paquets ou barres.

Tableau 5.1. Valeurs de la couverture d'enrobage c, en cm


M i l i e u x c, en cm
Milieux très agressifs (industries chimiques, eau de mer, etc ...) 4
Milieux agressifs (usines non chimiques, etc ...) 3
Milieux exposés aux intempéries (bâtiments civils, etc ...) 2
Milieux non exposés aux intempéries (endroits couverts et clos) 1

1.2. Avantages et défauts du béton armé


Comme tout matériau de construction, le béton armé possède des qualités (avantages) et des défauts
(inconvénients). Comme qualités du béton armé, on peut citer :
- une résistance élevée à la compression, résistance qui peut d'ailleurs augmenter avec le
temps ;
- une bonne résistance au feu et aux intempéries atmosphériques ;
- la durabilité ;
- l'hygiénité ;
- des coûts exploitation très faibles ;
- un coût relativement moins cher à cause de l'utilisation des matériaux locaux de
construction qui sont le gravier, les cailloux, le sable et l'eau.

Comme défauts du béton armé, on peut citer:


- le poids important du matériau ;
- des conductivités thermiques et phoniques élevées ;
- la possibilité de formation des fissures avant même la charge, fissuration due au retrait, au
fluage ou d'ordre technologique ;
- une faible résistance à la traction entraînant la formation des fissures en zone tendue sous
des charges relativement faibles (environ 10% de la charge de rupture).

1.3. Domaines d'utilisation


Il est très difficile aujourd'hui de trouver un domaine de la construction où le béton armé n'est pas
utilisé. Il constitue actuellement la base même de la construction moderne ; il est notamment utilisé
dans les domaines suivants :
- dans les bâtiments civils (publics et à usage d'habitation) ;
- dans les bâtiments industriels et de production agro-pastorale ;

50
Technologie et propriétés du béton armé

- dans les constructions de ponts, de routes, d'ouvrages hydrotechniques, de châteaux d'eau,


de murs de soutènement, de piliers et de divers ouvrages techniques d'ingénieurs ;
- dans la construction des centrales atomiques ; etc ...

Le béton armé est utilisé soit sous forme d'éléments coulés en place (fabrication sur chantiers), soit
comme éléments préfabriqués (fabrication dans les usines de préfabrication ou sur des aires
spéciales aménagées sur chantier).

1.4. Historique
Le béton armé est né en France au milieu du XIXe siècle et plus précisément en 1849. En cette année,
un jardinier Français Lambeau fit construire un bac à fleur et pour cela, il a pris un grillage métallique
qu'il a couvert de mortier de ciment. La première patente pour le béton armé a été reçue également en
France en 1867 par Monier. A partir de cette date, autre la France, les constructions en béton armé ont
vu le jour en Angleterre, en Allemagne, en Russie et aux Etats Unis d'Amérique. Dès la fin du XIXe
siècle, des recherches importantes furent menées en faveur d'une conception rationnelle des
constructions en béton armé. C'est surtout au XXe siècle que le béton armé a envahit les chantiers, et
depuis lors, il est devenu le matériau de construction moderne principal dans le monde entier.
Parallèlement et jusqu'à nos jours, les recherches n'ont cessé, même un instant, en faveur de
l'élaboration d'une méthode de calcul des constructions en béton armé et de leur optimisation.

2. ASSOCIATION BETON-ACIER
La possibilité de fonctionnement rationnel et d'existence durable de l'élément complexe béton-acier
est due à :
- l'adhérence mutuelle béton-acier permettant la transmission des efforts ;
- l'analogie des coefficients de dilatation thermique très voisins : pour le béton, il est égal à
-1 -1
(7 ... 15).10-6 °C ; pour l'acier, il est égal à 12.10-6 °C ;
- l'absence de réactions chimiques nuisibles entre le béton et l'acier.

L'adhérence béton-acier est due (voir fig. 5.3):


- aux forces tangentielles de frottement provoquées par les irrégularités de surface de
l'armature et par les déformations de retrait du béton qui diminue de volume et serre plus
la barre d'acier;
- à la formation à partir du ciment d'une substance collante sur la surface de l'armature.

Ainsi, une importance particulière revient à:


- l'état des surfaces des aciers : les barres avec des surfaces rugueuses (aspérités, reliefs)
sont caractérisées par une très haute adhérence (barres à Haute Adhérence), alors que
l'adhérence des barres ronds lisses est relativement faible ;
- la qualité du béton d'enrobage : la pâte de ciment doit pouvoir bien enrober la surface
de l'armature ;
- aux soins apportés à la mise en oeuvre : éviter l'effet de voûte des granulats et toute
impureté et graisse sur la surface des barres, etc...

La résistance d'adhérence dépend surtout des irrégularités de surface de la barre d'armature ; elles
réalisent 70 à 75% de cette résistance. L'adhérence des aciers à H.A. est de 2 à 3 fois supérieure à
celle des aciers ronds lisses. La résistance d'adhérence augmente avec la classe de béton,
l'augmentation du rapport ciment/eau (C/E) et l'âge du béton.

51
Technologie et propriétés du béton armé

Fig. 5.3. Adhérence béton - acier.


a, b, c - adhérence due aux irrégularités des surfaces respectivement pour les barres à H.A., les ronds
lisses et les treillis soudés ; d - adhérence due aux déformations de retrait ; e - adhérence due au
collage ; 1 – béton ; 2 - barre d'acier.

Les essais ont montré que les contraintes d'adhérence se repartissent irrégulièrement le long de la
longueur de scellement (voir fig. 5.4). En arrachant la barre du béton, les contraintes maximales τs,u
sont d'abord concentrées près de la face extérieure (position 1 sur la fig. 5.5). Avec l'augmentation de
l'effort et la rupture de l'adhérence entre le béton et l'acier (dans la zone des contraintes maximales),
l'épure des contraintes se déplace vers l'intérieur en prenant les positions 2, puis 3 (voir fig. 5.5), suivi
de l'arrachement de la barre.

Fig. 5.4. Contraintes d'adhérence dans la barre Fig. 5.5. Arrachement de la barre
scellée. σs - contraintes normales dans la barre du béton. 1, 2, 3 - positions
scellée; τs - contraintes tangentielles d'adhérence; ls - successives de l'épure des
contraintes.
longueur de scellement.

Dans les calculs pratiques, on utilise la valeur moyenne de la contrainte tangentielle τ s (voir fig. 5.4).
Cette valeur moyenne nécessaire pour le scellement de la barre est déterminée à partir de l'équation :
fe As = τ s Ψ τ ls u (5.2)
f e As
d'où, τs = (5.3)
ψ τ ls u
avec, Ψ τ - coefficient de remplissage du diagramme des contraintes tangentielles τs ; u - périmètre de
la barre (u = πd) ; fe - limite d'élasticité de l'acier ; As - section de la barre.

La résistance d'adhérence d'une barre comprimée est supérieure à celle d'une barre tendue,
cela grâce à l'augmentation du diamètre (donc du périmètre) de la barre comprimée (voir fig. 5.6) ; le
béton s'oppose plus à l'extension (dilatation) transversale de la barre comprimée. Donc, avec les barres
de grand diamètre et très sollicitées, la résistance d'adhérence augmente en compression et
diminue en traction (voir fig. 5.7).

52
Technologie et propriétés du béton armé

La résistance d'adhérence due aux déformations de retrait présente en général 10 à 15% de la


résistance totale d'adhérence. Quant à la résistance d'adhérence due au collage du ciment à l'acier, elle
est de l'ordre de 0,2 ... 0,5 MPa.

Fig. 5.6. Arrachement (a) et enfoncement (b) d'une Fig. 5.7. Influence du diamètre et de la
barre dans le béton. do - diamètre initial de la sollicitation sur la résistance d'adhérence.
barre; d - diamètre de la barre après déformation. d1, d2 - diamètres des barres

3. ARRETS ET JONCTIONS DES BARRES

3.1. Arrêts des barres


Les barres sont arrêtées au niveau des extrémités des éléments et par défaut de longueur. L’arrêt d’une
barre suppose son ancrage dans la masse de béton. L'ancrage des barres se fait à l'aide (voir fig. 5.8):
- d'ancrage droit (fig. 5.8, a);
- de crochet en équerre avec ligature reliant le retour à la masse du béton pour éviter une
poussée au vide (fig. 5.8, b);
- de crochet normal ou à 135° (fig. 5.8, c, d);
- de crochet à double coudes (fig. 5.8, e);
- de profilés soudés au bout de l'armature (fig. 5.8, f);
- de têtes spéciales (fig. 5.8, g).

L'ancrage des barres permet une transmission des efforts de l'armature au béton grâce à leur
adhérence. Cette transmission se fait, soit tout le long de la longueur de scellement (longueur
d’ancrage) de la barre, soit par des têtes spéciales. L'ancrage droit est permis seulement pour les
barres à haute adhérence ; pour les aciers ronds lisses, elle se fait par crochets ou par des têtes
spéciales.

Il existe plusieurs méthodes de détermination des longueurs d'ancrages des barres. La longueur
nécessaire pour l’ancrage une barre dépend, en général, de son diamètre et de la valeur de la
contrainte qui va se développer dans ladite barre. Aussi, la longueur de scellement droit ou
longueur d’ancrage droit, nécessaire pour qu'une barre rectiligne, de diamètre d, soumise à une
contrainte égale à fe (limite d'élasticité garantie), ne soit pas arrachée (c'est-à-dire pour qu'elle soit
convenablement ancrée), peut être déterminée par l'expression suivante (voir fig. 5.9) :
d fe
ls = (5.5)
4 τ s ,l
avec, τ s,l = 0,6 ψ s2 f t , 28 (5.6)
où, ψs - coefficient de scellement : ψs = 1,0 pour les aciers ronds lisses ; ψs = 1,5 pour les aciers à
H.A. ; dans tous les cas se référer à la valeur fixée par les fiches d'identification.

53
Technologie et propriétés du béton armé

Fig. 5.8. Ancrages des barres. 1- ligature; 2 - profilés; 3 - têtes spéciales.

Forfaitairement, on admet de d'adopter les valeurs suivantes :


- ls = 50 d pour les ronds lisses;
- ls = 40 d pour les aciers à H.A.

L'ancrage de l'ensemble d'un paquet de barres est interdit. Une barre doit être toujours ancrée
individuellement ; de plus, les longueurs d'ancrage des barres ne doivent pas se chevaucher (voir fig.
5.10).

Fig. 5.9. Scellement droit. Fig. 5.10. Ancrage des paquets de barres.

Les crochets type retour d'équerre sont généralement déconseillés, toutefois dans leur exécution, pour
éviter l'éclatement du béton, le retour doit être relié à la masse de béton par une ligature (voir fig. 5.8,
b). Pour les poutres importantes, armées avec des barres de grands diamètres, il y a risque de fendage
au voisinage de leurs arêtes inférieures au niveau des appuis. Pour remédier à cela, on prévoit des
armatures supplémentaires destinées à lutter contre la fissuration (voir fig. 5.11). Aux droits des
ancrages, des armatures transversales sont prévues pour équilibrer les réactions nées par la mise en
jeu mécanique de l'ancrage. Ces armatures, de section totale ΣAt et de limite d'élasticité fe,t, doivent
satisfaire la condition suivante :
ΣAt fe,t ≥ As .fe (5.7)
avec, As , fe -section et limite d'élasticité des armatures à ancrer.

54
Technologie et propriétés du béton armé

Fig. 5.11. Risque de fendage de l'arête Fig. 5.12. Ancrages des treillis soudés.
inférieure de la poutre. a, b - ancrages des fils (barres) porteurs et de répartition

Tableau 5.3. Ancrages courbes


Valeurs forfaitaires pour un
Noms Schémas ancrage convenable

r = 3d (ronds lisses);
r = 5d (aciers à H.A.);
Crochet normal l3 = 2d;
l2 = 5d;
l1 = 0,6ls = 30d

r = 3d (aciers ronds lisses);


Crochet à 45° (135°) r = 5d (aciers à H.A.);
l3 = 6d;
l1 = 0,6ls

r = 3d (aciers ronds lisses);


Ancrage à double r = 5d (aciers à H.A.)
coude l3 = 2d;
l1 = 0,6ls ;
l2 = 8d

r = 3d (aciers ronds lisses);


Retour d'équerre r = 5d (aciers à H.A.);
l3 = 10d;
l1 = 0,6ls

L'ancrage des treillis soudés se fait, en général, soit par crochets droits (ancrages droits), soit par
crochets normaux (ou à 135°C) (voir fig. 5.12). L'ancrage total des fils (porteurs et de répartition) peut
contenir une, deux ou trois soudures et parfois même sans soudures selon la longueur disponible pour
l'ancrage et l'existence d'un crochet ou non : la longueur totale d'ancrage ls des fils porteurs en ronds
lisses étant toujours plus considérable que celle des fils à haute adhérence ou des fils de répartition.
Dans le tableau 5.3, sont schématisés les principaux types d'ancrages courbes pour les barres avec les
valeurs forfaitaires des caractéristiques géométriques pour assurer un ancrage convenable.

55
Technologie et propriétés du béton armé

3.2. Jonction des barres


La jonction des barres peut se réaliser, soit par recouvrement, soit par soudage si les aciers
présentent certaines caractéristiques de soudabilité (voir fig. 5.13). Pour les treillis soudés, la jonction
se fait, en général, par recouvrement. Le recouvrement sert à rétablir la continuité entre les
armatures ; pour cela, les barres se recouvrent sur une longueur lr dite longueur de recouvrement.
La longueur de recouvrement lr pour les barres tendues est égale à (voir fig. 5.14) :
• lr = ls si la distance c entre axes des barres est inférieure à 5d (c ≤ 5d, où, d est le diamètre
de la barre);
• lr = ls + c si c > 5d.

Lorsque les barres sont munies de crochets, cette longueur est réduite pour le premier cas à :
• Pour le premier cas, c’est-à-dire quand c ≤ 5d :
lr = 0,6 ls pour les aciers ronds lisses;
lr = 0,4 ls pour les aciers à haute adhérence ;
• Pour le deuxième cas (quand c > 5d), on a :
lr = 0,6 ls + c pour les aciers ronds lisses;
lr = 0,4 ls + c pour les aciers à haute adhérence.

Aux recouvrement des armatures tendues, on doit prévoir des armatures de couture de section
totale ΣAt satisfaisant la condition (5.7) et disposées au moins en trois plans sur la longueur de
recouvrement (deux plans aux extrémités et un plan au milieu).

Fig. 5.13 Jonction des barres : Fig. 5.14. Recouvrement des barres tendues
a) par recouvrement ; b) par soudage ; c) sans (a) et avec (b) crochets.
jonction des TS

Pour les armatures comprimées, la longueur de recouvrement lr est, généralement, prise égale à
0,6ls. Si ces barres sont susceptibles d'être tendues ou être soumises à des chocs, la longueur de
recouvrement lr est prise égale à celle des barres tendues non munies de crochets. Le recouvrement
des barres comprimées se fait sans crochets qui risqueraient de faire éclater le béton qui les
entoure. Aux recouvrements des armatures comprimées seront prévues des armatures de
couture comme pour les armatures tendues.

Pour les treillis soudés constitués par des fils lisses, la jonction par recouvrement doit comporter
trois (3) soudures pour les fils porteurs et deux (2) soudures pour les fils de répartition. Les

56
Technologie et propriétés du béton armé

soudures intéressées sur l'un et l'autre fil doivent être écartées d'au moins 4 cm (voir fig. 5.15). Pour
les treillis soudés constitués par des fils à H.A., le recouvrement se fait comme pour les barres à H.A.

Fig. 5.15. Recouvrement des treillis soudés.


a, b, c, d - jonction dans la direction des fils porteurs : a - fils lisses; b, c, d - fils à H.A.;
e, f - jonction dans la direction des fils de répartition

4. PROPRIETES MECANIQUES DU BETON ARME


Le béton armé est l'union de deux matériaux qui, malgré leur adhérence mutuelle, ont des propriétés et
des comportements différents. De plus, si l'on peut considérer l'acier comme un matériau "mort"
(inerte) dont la formation chimique est déjà achevée, le béton est au contraire un matériau "vivant" en
évolution dans le temps : les réactions chimiques s'y produisent pendant plusieurs années.

Les propriétés physiques du béton armé sont, en général, déterminées par le béton. La densité
3
moyenne du béton armé ordinaire (béton lourd avec une masse volumique 2,1 ... 2,3 t/m et un
3 3
ferraillage normal) est de 2,5 t/m avec vibration et, 2,4 t/m sans vibration du béton. Pour les
éléments surarmés, il convient de faire la somme des masses de béton et de l'acier dans un mètre cube
3
(1 m ) de volume de l'élément. Pour les autres bétons (très lourds et légers), la densité est aussi
3
déterminée par la somme des masses de béton et d'aciers dans un mètre cube (1 m ) de volume de
l'ouvrage.

4.1. Résistance et déformabilité du béton armé


Les propriétés mécaniques du béton armé ne dépendent pas seulement du béton et de l'acier, mais
aussi de la quantité d'armatures, de la position de l'armature dans la structure, etc...

En compression, l'acier et le béton travaillent généralement ensemble jusqu'à l'écrasement du béton


quand le raccourcissement unitaire de ce dernier atteint sa valeur limite εb,u (l'acier étant le plus
souvent plus résistant que le béton même en compression). La contrainte dans l'armature sera égale à:
σ ' = ε E = 2.10- .2.10 = 400 MPa. C'est pourquoi, il n'est pas économique d'utiliser des
3 5
s b,u s
aciers comprimés ayant une limite d'élasticité supérieure à 400 MPa.

En traction, le béton et l'acier travaillent ensemble au début quant l'allongement unitaire du béton est
inférieur à sa valeur limite εbt,u. Quand l'allongement ait atteint sa valeur limite, la contrainte dans les
5 5
aciers aura pour valeur : σ = ε Es = 15.10- .2.10 = 30 MPa. Une fois que l'allongement
s bt,u
dépasse la valeur limite εbt,u, il se forme des fissures dans le béton. Au niveau de ces fissures, tout
l'effort est repris par l'armature, alors qu'entre les fissures l'effort est reparti entre le béton et l'armature
(voir fig. 5.16). Le caractère des fissures dépend du traitement de la surface de l'armature (voir fig.
5.17).

57
Technologie et propriétés du béton armé

Fig. 5.16. Contraintes de traction dans le béton et Fig. 5.17. Fissuration du béton armé
l'armature. a - élément en béton armé avec fissures; avec des barres. a - lisses (fissures
b , c - contraintes dans le béton σb et dans l'acier σ s; larges et espacées); b - à haute
d - contrainte totale : σ = N/As. adhérence (fissures fines et
rapprochées)

Fig. 5.18. Diagramme de déformation σ-ε des éléments en béton armé.


a, b - diagrammes de compression avec acier doux et acier dur ; c - diagramme de traction; 1 -
(phase 1) - le béton et l'acier travaillent ensemble ; 2 - (phase 2) - seul l'acier travaille (en régime
élastique) ; 3 - (phase 3) - l'acier travaille en régime plastique ; 4, 5 - courbes en phase 3 de
déformation, respectivement pour acier doux et acier dur.

Sur la fig. 5.18 sont représentés les différents diagrammes de déformation σ-εε d'un élément en béton
armé. En compression (voir fig. 5.18, a, b), l'armature et le béton travaillent ensemble jusqu'à la
rupture, c'est-à-dire quand les déformations unitaires atteignent le raccourcissement ultime du béton
εb,u ; dans ce cas, le diagramme de déformation σ-εε de l'élément suit celui de l'acier σs-εεs :
- pour les aciers naturels doux avec palier de ductilité, cela trouve que la contrainte a atteint
la limite d'élasticité garantie (voir fig. 5.18, a);
- pour les aciers écrouis durs très résistants, la contrainte reste inférieure à la limite
d'élasticité conventionnelle σ0,2 (voir fig. 5.18, b).

En traction, on peut constater les phases de déformation suivantes (voir fig. 5.18, c) :
- En première phase (phase 1), c'est-à-dire au tout début, le béton et l'acier travaillent
ensemble ; ils s'aident mutuellement, puis après, le béton suit plastiquement l'armature
jusqu'au moment où la déformation unitaire atteint l'allongement limite du béton εbt,u ;
- les fissures se forment dès l'instant où la déformation dépasse εbt,u ; c'est la deuxième
phase (phase 2) qui commence. En ce moment, le béton est exclu, c'est - à - dire qu'il ne
participe plus à la prise des efforts de traction ; tout l'effort de traction est ainsi pris par
l'armature et la déformation suit le diagramme de déformation σs -εεs. L'acier n'a pas
encore atteint sa limite d'élasticité et se déforme comme un matériau élastique.
- En troisième phase (phase 3), quand les contraintes dans l'armature ont atteint la limite
d'élasticité fe, l'acier entre en régime plastique de déformation et le diagramme continue

58
Technologie et propriétés du béton armé

jusqu'à l'allongement ultime de l'acier utilisé εs,u. Pour les aciers naturels doux avec palier
de ductilité, le diagramme est représenté pour cette phase, conventionnellement par une
ligne horizontale parallèle à l'axe des déformations. Pour les aciers écrouis durs, l'allure
de la courbe ne change pas considérablement (courbe 5 sur la fig. 5.18, c).

4.2. Influence du retrait du béton

Fig. 5.19. a - Evolution des déformations de retrait dans le temps ; 1 - déformation du béton; 2 -
déformation du béton armé ; b - Influence de l'armature sur les déformations de retrait.

Les barres d'armature placées dans le béton constituent des liaisons internes s'opposant au
développement libre des déformations de retrait (voir fig. 5.19). Les contraintes de compression dans
l'armature σ sret dues au retrait du béton ont pour expression :
σ sret = σbt(Bc/As) = σbt /ρρ (5.13)
où, ρ est le pourcentage d'armatures (coefficient de ferraillage) ; Bc est l'aire de la partie comprimée
de la section du béton ; As – section des armatures.

On remarque donc que les inversement proportionnelles au pourcentage d’armatures ρ. Pour un


pourcentage d'armatures donné, les contraintes de traction dans le béton ont pour valeur :
ρε ret E s
σbt = (5.14)
(nρ / ωbt ) + 1
où, n = Es/Eb - le rapport des modules d'élasticité de l'armature et du béton appelé coefficient
d'équivalence.

De cette expression, on peut tirer la valeur du pourcentage d'armature ρ :


σ bt
ρ = (5.15)
ε ret E s − (nσ bt / ωbt )

En remplaçant σbt par fbt dans cette expression, on trouve la valeur du pourcentage d'armature à
laquelle, pour une valeur donnée εret des déformations de retrait, apparaissent sur l'élément des
fissures de retrait. Dans les calculs pratiques, on peut prendre εret = 0,3.10-3 et ωbt = 0,5. Les
contraintes de traction dans le béton dues au retrait favorisent la formation prématurée des fissures
dans les zones tendues des éléments en béton armé ; mais, après la fissuration, l'influence du retrait
diminue considérablement. Le retrait n'influe pas sur la capacité portante des éléments en béton
armé des systèmes isostatiques. Dans les systèmes hyperstatiques, les liaisons surabondantes
s'opposent au retrait, entraînant ainsi des contraintes internes supplémentaires dans les éléments.
Les contraintes de retrait peuvent causer la fissuration des éléments en béton armé, raison pour
laquelle dans les ouvrages de grandes dimensions, on envisage toujours des joints de retrait.

59
Technologie et propriétés du béton armé

4.3. Influence du fluage du béton


Comme pour le retrait, les barres d'armatures placées dans le béton constituent des liaisons internes
qui s'opposent au développement libre des déformations de fluage. Dans ces conditions, il se passe
une redistribution des contraintes entre le béton et l'armature (voir fig. 5.20). Ce processus de
redistribution s'intensifie au début, pendant les premiers mois pour s'amortir au fur du temps.

Fig. 5.20. Influence du fluage du béton sur une pièce comprimée en béton armé.
a - raccourcissement de l'élément sous l'action du fluage;
b - variation des contraintes dans le temps : 1 - dans l'acier; 2 - dans le béton.

Pour les éléments courts comprimés, l'influence du fluage est positive, car il permet une bonne
utilisation des résistances du béton et de l'acier. Pour les éléments comprimés élancés, le fluage
entraîne une augmentation des excentricités initiales, diminuant ainsi leur capacité portante.

Pour les éléments fléchis (voir fig. 5.21) dont la flèche instantanée est yel, le phénomène de fluage agit
comme suit : après un certain temps, sous l'effet du fluage, la zone comprimée se raccourcit de plus et
la partie tendue s'étire d'avantage, entraînant ainsi une augmentation de la flèche jusqu'à la valeur yt
pouvant dépasser yel deux à cinq fois (yt = (2 ... 5)yel.

Si un élément, après application de la charge, ne peut plus se déformer (c'est-à-dire s'allonger ou se


raccourcir) à cause des liaisons, par exemple comme indiqué sur la fig. 5.22, alors il se passe un
phénomène appelé relaxation qui est la diminution des contraintes dans l'élément de longueur
constante soumis à une charge permanente (constante). Cela s'explique comme suit : on a la force Ft
qui est constante, la contrainte développée dans le béton a pour valeur :
σb,t = εb,tfωbEb ; (5.23)
mais, comme la déformation εb,tf est constante selon les conditions d'exploitation (la déformation
étant gênée , donc εb,tf = constante) et que ωb diminue avec le temps, donc la contrainte σb,tf, selon
l'expression (5.23), diminue.

Fig. 5.21. Influence du fluage du Fig. 5.22. Relaxation des contraintes dans l'acier (1) et dans le
béton sur un élément fléchi. béton (2) pour un élément lié (non libre)

60
Technologie et propriétés du béton armé

Le phénomène de relaxation des contraintes se passe aussi au niveau de l'armature grâce au


développement des déformations plastiques.

4.4. Action de la température


La variation de la température provoque dans le béton armé des contraintes internes équilibrées, dues
à la différence entre les coefficients de dilatation thermiques du ciment, des granulats et de l'acier.
Jusqu'à une température de 50 ... 60°C, les contraintes internes ne sont pas importantes et n'entraînent
pas une chute de la résistance du béton. Vers 200°C, la résistance du béton ordinaire (non réfractaire)
peut chuter jusqu'à 30% , et il se détruit après un long séjour sous une température de 500...600°C.

L'adhérence béton-acier diminue sous l'action des hautes températures. Pour les aciers à haute
adhérence, elle diminue de 30% sous une température de 500°C et pour les aciers ronds lisses, cette
diminution se produit déjà sous une température de 250°C.

Dans les constructions hyperstatiques, la variation de température (variations journalière et


saisonnière) provoque des efforts supplémentaires importants, surtout quand les dimensions de
l'ouvrage sont considérables. Pour diminuer les efforts supplémentaires dus aux variations de
température, on prévoit des joints de dilatation confondus le plus souvent avec les joints de retrait.

La limite de résistance au feu d'un élément en béton armé est le temps (en heures) après lequel
l'élément perd sa capacité portante, ou bien, il s'est formé des fissures importantes pouvant
laisser passer le feu, ou bien encore, que la température de la face de l'élément opposée au feu
s'est considérablement élevée (jusqu'à 150°C). La limite de résistance au feu d'un élément en béton
armé dépend:
- des dimensions de sa section droite;
- de l'armature (type d'armature et de ferraillage);
- de la couverture d'enrobage de l'armature.

Le béton armé est un matériau qui résiste bien au feu. Le béton réfractaire est utilisé dans des endroits
où les températures liées au processus technologique de la production sont très élevées (industries
métallurgiques, divers fours, etc...).

4.5. Corrosion et couverture d'enrobage


La corrosion du béton armé est déterminée par celle du béton et dans certaines conditions par celle de
l'armature. Beaucoup de substances sont corrosives pour le béton, parmi elles, on peut citer les sels
des acides, certains acides, l'eau de mer, etc...

On protège le béton contre l'action néfaste des milieux agressifs en augmentant sa densité, ce qui veut
dire une bonne composition granulaire, une augmentation du rapport ciment/eau (C/E) et une
vibration suffisante. L'acier peut être corrodé sous l'action des substances agressives liquides et
gazeuses, de même que par l'eau qui s'infiltre par les pores et les fissures du béton. L'acier corrodé
augment de volume provoquant ainsi l'éclatement de la couverture d'enrobage. L'armature est protégée
contre la corrosion par le béton de la couverture d'enrobage ; cette couverture doit être suffisante (voir
tableau 5.1) en milieu agressif et humide.

5. LES ELEMENTS EN BETON ET EN BETON ARME


Les éléments en béton et en béton armé dans les ouvrages sont obtenus :
- soit en les coulant en place dans leur position d'exploitation (éléments coulés en place);

61
Technologie et propriétés du béton armé

- soit sous forme d'éléments déjà préfabriqués dans des usines spéciales (éléments
préfabriqués).

5.1. Eléments coulés en place


Ce sont les éléments qui sont exploités dans la même place où ils sont coulés. La technique de
fabrication des éléments coulés en place (éléments monolithes) comprend les opérations suivantes : le
coffrage; le ferraillage (pour les éléments en béton armé); le bétonnage; le suivi; le décoffrage.

5.1.1. Le coffrage
Il s'agit par cette opération de limiter les dimensions du futur élément à obtenir par des planches en
bois ou des tôles (plaques) métalliques ou en matières plastiques appelées coffrages. Ce coffrage doit
être indéformable et pouvoir résister à toutes les charges (poids du béton et de l'armature, action des
vibrations, poids des ouvriers et de l'équipement, etc..) qui lui sont appliquées avant le durcissement
du béton.

5.1.2. Le ferraillage
C'est l'opération de la mise en place de l'armature. Selon l'ouvrage ou sa partie, cette opération peut
être facile ou complexe. Les armatures doivent être bien positionnées dans leurs places et sans subir
de déplacements quelconques au moment du bétonnage.

5.1.3. Le bétonnage
C'est l'opération de mise en oeuvre du béton. Il s'agit d'abord de couler le béton frais dans le coffrage
déjà préparé avec l'armature placée à l'intérieur; après cela, on passe à la vibration du béton pour
obtenir la compacité nécessaire afin d'avoir la densité et la résistance désirées.

5.1.4. Le suivi
Après le bétonnage, c'est le suivi qui consiste à protéger le béton frais ainsi coulé contre certaines
intempéries climatiques (températures extrêmes, rayons solaires) et à réunir les conditions nécessaires
pour avoir un béton durci avec toutes les qualités nécessaires (bonne résistance, absence de fissures,
etc...).

5.1.5. Le décoffrage
Après que le béton ait atteint une certaine résistance, on passe au décoffrage qui est l'opération
consistant à enlever le coffrage. Le temps mis entre le bétonnage et le décoffrage dépend de plusieurs
facteurs qui sont:
- la nature de l'ouvrage et celle de la sollicitation (portée, hauteur, massivité, etc...);
- le milieu extérieur (air, eau, température, etc...);
- la durée de prise du liant (liant à prise rapide, normale ou lente).

Pour les éléments porteurs, et sauf prescriptions spéciales, le décoffrage est permis seulement quand
la résistance acquise à ce jour j par le béton (fcj ) est au moins égale à 70% de la résistance
caractéristique à la compression fc28 et sous conditions que cet élément ne soit pas sollicité au
maximum.

Pour les éléments verticaux (surfaces verticales), par exemple les murs et les poteaux en béton de
ciment portland (CPA, CPJ) à prise normale, cette durée est de 1 ... 4 jours dans les conditions
normales d'humidité et de température. Cette durée augmente pour les ouvrages très hauts et avec des
liants à durcissement lent.

62
Technologie et propriétés du béton armé

Pour les éléments horizontaux (surfaces horizontales), par exemple les planchers et les poutres en
béton de ciment portland à durcissement normal, cette durée est de 15 ... 28 jours dans des conditions
normales d'humidité et de température. Pour les petites portées (linteaux par exemple), la durée peut
être ramenée à 7 … 15 jours. Avec les liants à durcissement rapide, cette durée peut être réduite à 7 ...
10 jours seulement. Avec certains liants à durcissement très lent, la durée peut considérablement
augmenter et atteindre même trois mois (90 jours).

5.1.6. Domaine d’utilisation des éléments coulés en place


Le béton coulé en place est utilisé dans la réalisation de presque tous les types d'ouvrages modernes
(bâtiments civils et industriels, ouvrages hydrauliques, ouvrages d'art, etc...) et leurs éléments
constitutifs (fondations, dallages, murs, piliers, revêtements, couvertures, escaliers, etc…).

5.1.7. Avantages et inconvénients des éléments coulés en place


Le béton coulé en place a des avantages et des défauts. Comme avantages du béton armé coulé en
place (par rapport au béton armé préfabriqué), on peut citer :
- une grande possibilité de donner aux éléments les formes et les dimensions désirées ;
- une invariabilité (indéformabilité) géométrique considérable des ouvrages en béton coulé
en place grâce aux noeuds de jonction très rigides.

Comme défauts du béton armé coulé en place, on peut citer :


- les difficultés d'exécution liées aux techniques et aux conditions climatiques ;
- un coût souvent très élevé lié surtout aux travaux importants de coffrage ;
- la lenteur dans l'exécution des travaux entraînant une longue durée de réalisation de la
construction.

5.2. Eléments préfabriqués


Ce sont les éléments qui sont fabriqués dans des usines spéciales appelées usines de préfabrication
d'éléments en béton armé. Ces usines ont leurs propres ateliers de dosage, de fabrication de béton
frais, de travaux de ferraillage et de coffrage et locaux de séchage.

La nomenclature des éléments préfabriqués est très vaste. On y trouve des éléments pour les bâtiments
civils, pour les bâtiments industriels et pour différents ouvrages techniques d’ingénieurs. Ainsi, on a :
• des éléments pour bâtiments civils (semelles, pieux, blocs, panneaux, poteaux, dalles, poutres,
escaliers, éléments divers, caissons, chambres, appartements, etc…) ;
• des éléments pour bâtiments industriels ((semelles, pieux, blocs, longrines, panneaux,
poteaux, dalles, poutres, fermes, etc…) ;
• des éléments pour ouvrages techniques d’ingénieurs (supports et piliers pour communication
ou transport d’électricité, traverses pour voies de chemins de fer, poutres diverses, dalles de
revêtement, arcs, réservoirs, tuyaux, éléments de caniveaux, etc…).

Avantages et inconvénients des éléments préfabriqués


La préfabrication a des avantages qui sont:
- une industrialisation de la construction;
- un délai de construction relativement court;
- une possibilité de montage quelque soit les conditions climatiques et sans coffrage;
- une qualité du béton relativement meilleure.

Les constructions en éléments préfabriqués ont quelques défauts qui sont:


- une grande déformabilité (variabilité) de l'ouvrage due à la faible rigidité des noeuds de
jonction des éléments préfabriqués;

63
Technologie et propriétés du béton armé

- une armature supplémentaire nécessaire pour le transport et le montage;


- l'utilisation de matériels de chantiers (grues) parfois très chers pour le montage.

Les techniques de préfabrication


Les techniques de la préfabrication comportent les opérations essentielles suivantes :
- le dosage et l a préparation du mélange de béton ;
- la préparation de l'armature;
- le ferraillage de l'élément;
- le moulage de l'élément comportant le bétonnage et le compactage (vibration) du béton
mis en œuvre ;
- le durcissement du béton.

Toutes ces opérations se font à l'intérieur de l'usine. En plus de ces opérations, les éléments
préfabriqués en béton armé doivent être :
- stockés : le stockage à l'usine et sur chantiers
- transportés : le transport de l'usine au chantier;
- mis en œuvre (montés) : le montage dans l'ouvrage.

Une mauvaise exécution de ces trois dernières opérations peut avoir des conséquences très néfastes
sur la qualité et la fiabilité de l'élément. Il existe deux techniques principales de préfabrication des
éléments en béton armé :
- une première technique consiste à façonner dans des moules mobiles ;
- une seconde technique, où les moules sont immobiles.

Dans le premier cas des moules mobiles, toutes les opérations (du coffrage au décoffrage) se font
dans des postes spécialisés avec tout l'équipement nécessaire ; l'élément, avec le moule, se déplace de
poste en poste tout le long de la ligne technologique. Cette technique est utilisée pour la fabrication
des éléments de petites à moyennes dimensions.

Dans le deuxième cas des moules immobiles, les éléments dans les moules restent sur place et les
appareils (matériels et équipements nécessaires) pour exécuter les différentes opérations se déplacent
de moule en moule. Cette technique est généralement utilisée pour la fabrication des éléments de très
grandes dimensions (par exemple, les fermes en béton armé, les poutres de grandes longueurs).

Pour réduire la durée de durcissement du béton (de 28 jours à 1... 2 jours ou à quelques heures
seulement), on procède par étuvage qui consiste à introduire l'élément frais dans un autoclave où
il est soumis à un traitement spécial de température et d'humidité. Le processus de durcissement
du béton est ainsi accéléré grâce à ces deux facteurs essentiels qui sont une température élevée et un
milieu très humide. Il existe plusieurs procédés pour créer un tel milieu (chaud et humide) :
- un traitement à la vapeur chaude ;
- le maintien de l'élément dans des réservoirs avec eau chaude ;
- le traitement à gaz chaud et humide sous haute pression ;
- l'introduction des éléments dans des héliocaméras (utilisation de l'énergie solaire).

La dernière méthode, qui consiste à utiliser l'énergie solaire dans la technologie de préfabrication du
béton armé, mérite une attention particulière pour nos pays à climat chaud, où le soleil est présent
presque toute l'année et pendant une grande période de la journée. En effet, les héliocaméras sont
des chambres hermétiques, fermées en haut par des couvertures transparentes spéciales
permettant d'utiliser l'énergie solaire pour créer un milieu favorable (chaud et humide) au
durcissement rapide du béton armé.

64
Technologie et propriétés du béton armé

Chapitre 6
NOTIONS SOMMAIRES SUR LES DESSINS D'EXECUTION
DE BETON ARME
1. DESSINS DE COFFRAGE
Les dessins de coffrage sont l'ensemble des élévations, coupes et plans qui déterminent les
formes extérieures brutes de coffrage (c'est-à-dire sans enduits et revêtements) des éléments
constitutifs en béton armé. Ces dessins sont à établir en général chaque fois qu'il s'agit d'un ouvrage
ou partie d'ouvrage en béton armé.

L'établissement des dessins de coffrage se fait dans le respect des règles suivantes :
- les échelles varient en général de 1/200 à 1/5 (couramment 1/100; 1/50 ; 1/25 ; 1/20 ;
1/10) ;
- les coupes (horizontales et verticales) se font toujours en dehors des noeuds d'assemblage
de façon à faire apparaître les sections courantes des éléments coupés ;
- il est admis de pocher en noir les éléments verticaux (poteaux) quand ces derniers
présentent une faible surface ;
- les dessins doivent faire apparaître clairement les relations de liaison entre les différents
éléments du système porteur ;
- pour des raisons de lisibilité, on admet conventionnellement, que les dalles, leurs nervures
et les poutres qui font corps avec elles ne sont pas coulées ; cela revient pour ces éléments
une représentation en trait continu moyen des arêtes intérieures de leurs coffrages (arêtes
intérieures vues);
- pour les mêmes raisons de lisibilité, on admet que les éléments porteurs verticaux
(poteaux, murs) sont coulés jusqu'au niveau inférieur des poutres faisant corps avec la
dalle ; ce qui revient à admettre ces arêtes de béton ou de maçonnerie à des sections avec
une représentation du contour en trait continu fort ;
- les dessins doivent comporter toutes les cotes et repérages nécessaires à l'exécution de
l'ouvrage ;
- pour les poutres et les dalles, on cotera toujours les portées qui sont données par les
distances de nu à nu brut des appuis en partie courante ;
- l'équarrissage d'une poutre ou d'un poteau est indiqué sur les dessins sous la forme de deux
nombres représentant les dimensions de la section droite en centimètres (cm), séparés par
le signe de la multiplication "x" : le premier nombre indique la petite dimension (largeur
pour la poutre) et le second nombre indique la grande dimension (hauteur pour la poutre).
Les équarrissages sont disposés près des indications de repérage des poutres ou poteaux,
en général après ou en dessous (voir fig. 6.1 et 6.2) ;
- les épaisseurs des dalles pleines sont indiquées sur les plans par un nombre représentant
l'épaisseur de la dalle en centimètres (cm), entouré de deux cercles ; pour les planchers à
corps creux, l'indication de l'épaisseur se fait par deux nombres séparés par le signe de
l'addition "+", entourés de deux cercles : le premier nombre représente l'épaisseur du corps
creux, en centimètres, et le second nombre représente celle de la dalle en centimètres aussi
(voir fig. 6.1.) ;
- sur les coupes, on indiquera les niveaux (arases inférieure et/ou supérieure) ;
- les éléments de l'ouvrage (poutres, poteaux, semelles, etc...), par catégories, doivent être
repérés à l'aide des indications de repérage au choix du projeteur, par exemple (à titre
indicatif), on peut désigner :
+ les poteaux par P (P1; P2; P3; etc...);
+ les poutres principales par PP (PP1; PP2; etc...);
+ les poutres secondaires par PS; les nervures par N;
+ les dalles par D; dalles pleines – DP ; dalles creuses DC ;

65
Cours de « Béton armé », par H.A.DICKO, Ph.D – ENI ABT - 2009
Technologie et propriétés du béton armé

+ les chaînages horizontaux par CH ; chaînages verticaux par CV


+ les voiles par V;
+ les semelles isolées par S; les semelles filantes par SF;
+ les longrines par LG;
+ les linteaux par LT;
+ les radiers généraux par RG;
+ les poutres de redressement par PR; etc...;
- les dessins de coffrage doivent, en plus, donner des indications sur les ouvertures d'attente
pour passage de canalisation, les surfaces de reprise et toutes autres informations
nécessaires pour la bonne exécution de l'ouvrage.

Les dessins de coffrage peuvent être accompagnés de légendes explicatives des différents éléments et
des tableaux donnant certaines caractéristiques de ces éléments (voir tableau 6.1 à titre indicatif).

Fig. 6.1.

66
Cours de « Béton armé », par H.A.DICKO, Ph.D – ENI ABT - 2009
Technologie et propriétés du béton armé

Fig. 6.2. Coupes des différents éléments.


a - poteaux ou poutres de section rectangulaire ; b - poutres de section en Te ;
c - semelles isolées sous poteaux

Tableau 6.1. Caractéristiques des éléments du plan de coffrage représenté sur la fig. 6.1.
Désigna Dimensions Positions Observa-

en
Elément

Quantité
U
tion Section transversale Autre Arase Arase Repérage tions
inférieur supérieur
dimension par axes
e e
1 2 3 4 5 6 7 8 9
S1 Faire l'esquisse - - 1.20 - 0.70 A1; B1 2 -
Semelles S2 Faire l'esquisse - - 1.20 - 0.70 A2; B2 2 -
S3 Faire l'esquisse - - 1.20 - 0.70 A3; B3 2 -
P1 Faire l'esquisse 3.00 - 0.70 + 3.50 A1; B1 2 -
Poteaux P2 Faire l'esquisse 3.00 - 0.70 + 3.50 A2; B2 2 -
P3 Faire l'esquisse 3.00 - 0.70 + 3.50 A3; B3 2 -
PP1 Faire l'esquisse 6.40 + 3.10 + 3.50 1 1 -
PP2 Faire l'esquisse 6.40 + 3.00 + 3.50 2 1 -
Poutres PP3 Faire l'esquisse 6.40 + 3.10 + 3.50 3 1 -
1 Faire l'esquisse 2.50 + 3.20 + 3.50 A; B 2 -
2 Faire l'esquisse 4.20 + 3.15 + 3.50 A; B 2 -
a Faire l'esquisse 2.50x6.90 + 3.40 + 3.50 - 1 --
Dalles b Faire l'esquisse 4.20x6.90 + 3.30 + 3.50 - 1 -

2. DESSINS D'ARMATURES
Il s'agit de la représentation des barres d'armatures en plan, profil et coupes. Ces dessins doivent
donner tous les renseignements nécessaires à la bonne exécution de l'ouvrage, à savoir les formes
(façonnages), les nombres, les diamètres, les longueurs et les positions des barres à l'intérieur des
coffrages. Ainsi, les dessins d'armatures doivent être exécutés en respectant un certain nombre de
règles:
- les échelles usuelles de dessins d'armatures sont de 1/100 à 1/5 ;
- le contour extérieur des éléments bruts est représenté en trait moyen;
- toutes les barres d'armatures doivent être représentées dans leurs positions exactes avec
toutes les cotes nécessaires à la définition des armatures et à leur mise en place, en
particulier les diamètres, les nombres, les longueurs, les distances d'axe en axe des barres
et d'axe des barres aux parements de l'élément;
- en profils et en coupes, les barres seront représentées sensiblement à l'échelle.

Aussi, les dessins d'armatures doivent également comporter certaines indications comme les nuances
d'aciers des différentes barres, les références aux dessins de coffrage et toutes autres informations
nécessaires à la bonne exécution de l'ouvrage. La notation 4∅12x6.40 signifie 4 barres de diamètres

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Cours de « Béton armé », par H.A.DICKO, Ph.D – ENI ABT - 2009
Technologie et propriétés du béton armé

12 mm et de longueur 6,40 m; de même, la notation 2HA20x8.20 signifie 2 barres à haute


adhérence, de diamètre 20 mm et de longueur 8,20 m.

Sur les fig. 6.3, 6.4 et 6.5 sont représentés quelques dessins d'armatures.

Fig. 6.3. Schémas de ferraillage d'une poutre.

Fig. 6.4. Ferraillage d'une dalle.

68
Cours de « Béton armé », par H.A.DICKO, Ph.D – ENI ABT - 2009
Technologie et propriétés du béton armé

Fig. 6.5. Ferraillage d'une semelle et d'un poteau.

Le tableau 6.3 permet de déterminer les quantités de matériaux (bétons et armatures) pour un élément
constructif ou par élément constructif. Ce tableau permet de déterminer aussi le ratio Armature/Béton.

Le tableau 6.4. peut être établit (en cas de nécessité) pour déterminer les quantités de matériaux par
éléments et pour tout l'ouvrage.

Tableau 6.2. Spécification des armatures pour un élément (ou par élément) constructif.
Longueur Quantité Longueur
Elément Position Façonnage ∅ , en Nuance développée, dans totale, en m
mm en m l'élément, en
U
1 2 3 4 5 6 7 8

PP1

Tableau 6.3. Quantité de matériaux pour un élément (ou par élément) constructif.
Béton Armatures Ration :
fc28, en Volume Nuance Diamètre Longueur, Poids A, R =A/B,
∅, en mm
3
Elément Désignation B, en m3 en m en kg kg/m
MPa
1 2 3 4 5 6 7 8 9

PP1

3. SPECIFICATION ET QUANTIFICATION
Les dessins d'exécution sont toujours accompagnés de tableau pour la spécification (nomenclature) des
armatures et la détermination des quantités des armatures (poids) et du béton (volume). Le tableau 6.2
permet de faire la spécification des armatures pour un élément constructif (par exemple une poutre,

69
Cours de « Béton armé », par H.A.DICKO, Ph.D – ENI ABT - 2009
Technologie et propriétés du béton armé

une dalle, un poteau, une semelle). Ce tableau peut concerner une série d'éléments, dans ce cas, il
donnera la spécification des armatures par élément.

Tableau. 6.4. Quantité de matériaux par élément et pour tout l'ouvrage.


Quantité pour un élément Quantité pour tout l'ouvrage
Béton Armatures Béton Armatures

Nombre dans
l'ouvrage
Eléments f , ∅, Long. Poids f , ∅, Long. Poids
Volume, en

Volume, en
c28 c28
en en m en kg en en m en kg

Nuance

Nuance
en en
mm mm
m3

m3
MPa MPa

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Dalles

Poutres

Poteaux

Semelles

TOTAL POUR TOUT L'OUVRAGE

Les quantités d'armature par diamètre et par nuance et de béton pour tout l'ouvrage sont récapitulées
dans un tableau final (tableau 6.5) et servira de document pour la commande de matériaux.

Tableau 6.5. Tableau récapitulatif des quantités de matériaux pour tout l'ouvrage.
Bétons Armatures
fc28, Volume, Nuance Diamètre, Longueur, Nombre de Poids,
3
en m en mm en m barres de 12 en kg
en MPa
m
1 2 3 4 5 6 7

TOTAL

Dans le cas où des profilés métalliques sont utilisés comme armatures (ou en cas de structure mixte), il
est nécessaire de faire la spécification de ces profilés (voir tableau 6.6) pour un élément et pour tout
l'ouvrage.

Tableau 6.6. Spécification et quantité des profilés métalliques normalisés.


Profilés Pour un élément Pour tout l'ouvrage
Nombre dans

Elément N° Longueur, Poids, en Longueur, Poids, en kg


Position

l'ouvrage
(section)

en m kg en m
Nature

1 2 3 4 5 6 7 8 9

70
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Principes de calcul du béton armé

Deuxième partie : Principes de calcul du béton armé

Chapitre 7.
LES FONDEMENTS DE LA THEORIE
Le béton armé (B.A.) est un matériau très complexe pouvant présenter des microfissures et des
fissures même en l'absence de forces extérieures. La présence des microfissures et fissures d'origines
différentes, le caractère non élastique et non linéaire de déformation du matériau, le facteur temps
influençant sur le comportement du matériau, voici tant de considérations qui font que jusqu'à présent
on n'est pas arrivé à trouver un modèle mathématique classique (dans le sens d'acceptable et simple)
pour simuler le comportement réel du béton armé soumis à des actions extérieures. Les méthodes de la
Résistance des Matériaux et de la théorie de l'élasticité classique ne permettent pas de déterminer l'état
de contraintes et de déformations réel des éléments en B.A.; toutefois, pour déterminer les valeurs des
sollicitations, on utilise lesdites méthodes. Cela permet une simplification du calcul et agit en général
(mais pas toujours) dans le sens de la sécurité de l'ouvrage.

Dans le calcul des éléments en B.A., on résout en général l'un des deux problèmes suivants:
- la détermination de la section de l'élément d'une capacité portante souhaitée, ce qui, en
général, se ramène à la détermination des sections de béton et d'armatures ;
- la vérification de la capacité portance d'un élément ayant des caractéristiques
géométriques (sections de béton et d'armatures) données.

1. LE CALCUL DU BETON ARME, UNE THEORIE FONDEE SUR


DES BASES EXPERIMENTALES

1.1. Rôle des essais


Le béton armé est un matériau composé de deux matériaux différents:
- l'acier, qui est un matériau élastique auquel la loi de Hooke est applicable ;
- et le béton, qui est un matériau viscoélastoplastique auquel la loi de Hooke n'est pas
applicable.

Les méthodes de la Résistance des Matériaux ne permettent pas de déterminer la capacité portance des
éléments en B.A.; la pratique a montré qu'il n'y a pas de concordance entre les résultats issus des
expériences et ceux obtenus par les formules de la Résistance des Matériaux. La fissuration des zones
tendues complique d'avantage la situation. Toutes ces raisons font que l'élaboration d'une théorie de
calcul du B.A. ne peut se fonder que sur les résultats issus des essais. Ainsi, la théorie de calcul du
B.A. est fondée sur des bases expérimentales, autrement dit, ce sont les résultats des essais qui sont la
base, le point de départ pour la recherche d'un modèle mathématique de comportement du béton
armé.

1.2. Etude expérimentale des éléments fléchis

Fig. 7.1.

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Une poutre en béton a une très faible capacité portante à cause de la faible résistance du béton à la
traction. Elle va s'effondre sous l'action de son propre poids ou sous l'action d'une charge de très faible
valeur (fig. 7.1, a). Pour augmenter sa capacité portante, on y noie des barres d’aciers appelées
armatures qui ont une grande résistance à la traction (fig. 7.1, b); on obtient ainsi une poutre en béton
armé.

Expérimentalement, il a été constaté que les éléments fléchis se rompent toujours au moment où la
contrainte dans les aciers tendus a atteint la limite d'élasticité fe et la rupture a un caractère plastique.
En augmentant la section d'aciers dans la zone tendue, la rupture devient fragile avec écrasement du
béton comprimé. En renforçant la zone comprimée avec des aciers, la rupture redevient plastique, mais
à des charges plus élevées. Considérons une poutre de section rectangulaire (voir fig. 7.2, a) soumise à
des charges verticales normales à son axe longitudinal. La charge est appliquée statiquement et de
façon progressive. Dans la section s-s agit le moment maximal de valeur M. Durant le processus de
chargement, du début du chargement jusqu'à la rupture de l'élément, on peut remarquer trois (3) phases
distinctes de comportement de la section:
PHASE I (fig. 7.2, b). Au début, le béton se déforme comme un corps élastique et l'armature travaille
ensemble avec le béton ; mais de plus en plus, en zone tendue, le diagramme des contraintes se
modifient : le diagramme triangulaire se transforme pour donner un diagramme de forme parabole-
rectangle. Les contraintes dans le béton tendu atteignent ainsi leurs valeurs limites ftj, ce qui
correspond à la fin de cette phase.
PHASE II (fig. 7.2, c). A cette phase, on assiste à la fissuration du béton tendu qui se trouve ainsi
exclu du travail de prise des efforts. Tous les efforts de traction sont ainsi pris par l'acier et le béton
tendu situé en haut de la fissure. Dans les zones entre fissures, les efforts sont pris par le béton et
l'acier (voir fig. 7.3). Dès cette phase, des déformations plastiques remarquables apparaissent dans le
béton comprimé. La fin de cette phase coïncide avec l'apparition des déformations plastiques dans
l'acier tendu.
PHASE III (voir fig. 7.2 d, e). Cette phase reflète le caractère de la rupture de la section. Le
diagramme des contraintes dans le béton comprimé se transforme sous l'influence des déformations
plastiques et se rapproche de la forme rectangulaire. Si la zone comprimée est armée, l'acier va
travailler ensemble avec le béton et atteint un raccourcissement unitaire égal au raccourcissement
unitaire du béton. Selon la quantité (section) d'aciers tendus, on distingue deux cas de rupture :
er
• 1 cas. Dans les sections normalement armées (c'est-à-dire sans aciers surabondants), la
rupture commence par l'armature tendue pour finir par l'écrasement du béton comprimé (fig.
7.2, d). Dans ce cas, la contrainte dans les aciers tendus va atteindre la limite d'élasticité fe,
ce qui va provoquer une ouverture excessive des fissures et une réduction de la zone
comprimée. La contrainte dans le béton comprimé atteint rapidement la limite de rupture et
le béton s'écrase. Une telle rupture a un caractère ductile (plastique). Ainsi, dans ce premier
cas de rupture (voir fig. 7.4), les contraintes dans les deux matériaux constituants, c'est-à-
dire le béton et l'acier, atteignent toutes deux leurs limites de résistance.
ème
• 2 cas (voir fig. 7.2.e). Ce cas se passe dans les sections surarmées, quand la contrainte
de traction dans les aciers tendus, en raison de leur forte section, n'atteint pas la limite
d'élasticité, alors que la contrainte dans le béton comprimé va atteindre la valeur limite fcj, ce
qui va provoquer son écrasement. La rupture dans ce deuxième cas de rupture (voir fig. 7.4)
a un caractère fragile ; elle se fait de façon soudaine. La résistance du béton comprimé dans
ce cas peut être augmentée en plaçant des aciers comprimés.

1.3. Evolution de la théorie de calcul du béton armé


Le processus d'évolution et de modernisation de la théorie de calcul du béton armé a connu trois étapes
principales:
ère
- 1 étape: étape de calcul du béton armé aux contraintes admissibles ;
ème
- 2 étape: étape de calcul du béton armé aux charges de rupture ;

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ème
- 3 étape: étape de calcul du béton armé aux états limites.

1.3.1. Le calcul aux contraintes admissibles


Cette méthode était utilisée avant les années 1940 et elle est fondée sur la théorie de l'élasticité
linéaire. On suppose que l'état de contraintes et de déformations est en phase II (voir fig. 7.2, c). Les
hypothèses fondamentales sont les suivantes:

Fig. 7.2. Phases de déformation en flexion

Fig. 7.3. Diagrammes des contraintes de traction dans les sections fissurées et entre fissures.
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Fig. 7.4. Diagrammes des déformations et des contraintes dans les deux cas de rupture d'un élément
fléchi. a) 1er cas : le point A est fixe ; b) 2e cas : le point B est fixe.

- le béton tendu est négligé et toutes les contraintes de traction sont prises par l'armature ;
- le diagramme des contraintes dans le béton comprimé est supposé triangulaire (fig. 7.5) ;
- la conservation des sections planes ;
- l'application de la loi de Hooke ; le module d'élasticité est supposé constant ;
- la section est homogénéisée à l'aide du coefficient d'équivalence n = Es/Eb = 15 ; Es et Eb
- étant les modules d'élasticité de l'acier et du béton.

Le but du calcul est de ne pas admettre que les contraintes développées dans le béton et l'armature
dépassent leurs valeurs admissibles déterminées à partir des charges dangereuses (de rupture). La
sécurité de l'ouvrage est, dans ce cas, assurée à l'aide d'un seul coefficient de sécurité sur la résistance
du matériau, ce qui présente l'inconvénient principal de cette méthode. De plus, supposer que le
béton armé est élastique équivaut à surestimer les valeurs des contraintes dans les aciers tendus, ce qui
a pour conséquence la surabondance des aciers calculés.

Fig. 7.5. Calcul du béton armé aux contraintes Fig. 7.6. Calcul du béton armé aux charges
admissibles. [M] - moment admissibles; [σb], [σs] - de rupture. Mrup - moment de rupture.
contraintes admissibles dans le béton et l’acier

1.3.2. Le calcul aux charges de rupture


Cette méthode a été élaborée au début du XXe siècle et fut adoptée en 1937 par le Brésil et en 1939
par l'URSS. Elle est fondée sur la théorie de la plasticité. Elle prend la phase III (voir fig. 7.2, d, e)
comme base de calcul. Elle présente un net progrès par rapport à la méthode des contraintes
admissibles, car elle permet de mieux prendre en compte les propriétés réelles des matériaux. Les
hypothèses fondamentales sont les suivantes:
- le diagramme des contraintes dans le béton comprimé est supposé rectangulaire (fig. 7.6) ;
- On utilise les limites d'élasticité de l'acier et de résistance à la compression du béton ;
- l'hypothèse des sections planes, la loi de Hooke et le coefficient d'équivalence n = Es /Eb
ne sont plus utilisés ;
- les sollicitations dans la section (moment M, effort normal N) ne doivent pas dépasser une
certaine valeur limite définie à partir des charges de rupture (Mrup, Nrup) divisées par un
coefficient unique de sécurité k : M ≤ Mrup/k ; N ≤ Nrup.

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Le côté négatif de la méthode de calcul aux charges de rupture est le fait, qu'avec un seul coefficient
de sécurité sur la résistance des matériaux, on ne peut pas assurer la sécurité globale de la
construction.

1.3.3. Le calcul aux états limites


La méthode de calcul aux états limites a été élaborée durant les années 1930-1950 et fut adoptée en
URSS en 1955. Elle est fondée sur la théorie des probabilités. On définit un état limite comme étant
un état particulier pour lequel une condition requise d'une construction ou d'un de ses éléments est
strictement satisfaite et cesserait de l'être en cas de chargement défavorable d'une action agissante.
Cette notion d'état limite permet ainsi de prendre en compte le comportement local ou d'ensemble
d'une structure à tous les stades. De plus, cette méthode est théoriquement une méthode probabiliste
dans laquelle les paramètres de base (les actions et les résistances des matériaux) sont considérés
comme aléatoires (elles ont des valeurs caractéristiques définies par une probabilité, acceptée à priori,
d'être obtenue à 95%). Les autres facteurs d'incertitude sont couverts par multiplication ou division par
des coefficients de sécurité. C'est pourquoi, la méthode des états limites est souvent désignée comme
une méthode semi-probabiliste. Le but du calcul consiste ainsi à s'assurer qu'à tout moment, les valeurs
maximales probables des sollicitations Smax ne doivent pas dépasser celles que peut supporter la
structure pour tous les états limites, c'est-à-dire les valeurs limites. Ces valeurs limites sont en fait les
valeurs minimales probables des sollicitations résistantes Rmin pour un état limite donné : on doit ainsi
avoir à tout moment : Smax ≤ Rmin.

Ainsi, avec la méthode des états limites, la notion de sécurité prend en compte plusieurs facteurs
d'insécurité, à savoir:
- la résistance intrinsèque des matériaux ;
- la valeur la plus probable des charges permanentes ;
- la valeur des actions variables appliquées avec une certaine probabilité de dépassement ;
- l'action défavorable ou favorable de ces actions et charges ;
- l'approximation du calcul des sollicitations ;
- les défauts géométriques dans les dimensions de la structure ;
- la fissuration plus ou moins défavorable ;
- les conditions d'exploitation ; etc...

On tient compte de tous ces facteurs d'insécurité en leur appliquant individuellement un coefficient de
sécurité diviseur γ (γγ > 1 ) qui est d'autant plus élevé que le facteur en question présente une moins
bonne fiabilité.

2. LA METHODE DES ETATS LIMITES

2.1. Définitions. Objet des justifications


2.1.1. Définitions
Un état limite est un état particulier au delà duquel une structure ou un de ses éléments ne
répond plus aux fonctions pour lesquelles elle a été conçue. Donc, à l'état limite la condition
requise est strictement satisfaite, mais au delà du seuil de l'état limite, en cas de modification dans le
sens défavorable d'une des actions agissantes sur la structure, cette dernière cesse de remplir les
fonctions pour lesquelles elle a été conçue. On distingue deux catégories d'états limites:
- les états limites ultimes (E.LU.) ;
- les états limites de service (E.L.S.).

Les états limites ultimes (E.L.U.) sont les états dont le dépassement équivaut à la ruine de
l'ouvrage. Ils comprennent :

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- les états limites ultimes de résistance - E.L.U.-R. - dont le dépassement conduisent à la


perte de résistance (rupture, écrasement, glissement) ;
- les états limites ultimes de stabilité de forme - E.L.U.-S.F. - dont le dépassement
conduisent à la perte de la stabilité de forme (flambement) ;
- les états limites ultimes de stabilité de position - E.L.U.-S.P. - dont le dépassement
conduisent à la perte de l'équilibre statique ou perte de la stabilité de position
(basculement, renversement).

Les états limites de service (E.L.S.) sont les états dont le non respect compromet la durabilité de
l’ouvrage ou bien contrarie les conditions d’exploitation normale. Ils comprennent :
- les états limites de fissuration dont le non respect entraîne la formation ou l’ouverture
excessive des fissures dans le béton ;
- les états limites de déformation dont le non respect entraîne des flèches et rotations
importantes, des inclinaisons inadmissibles, des tassements importants, des amplitudes de
vibration inconfortables des ouvrages ou de ses éléments.

2.1.2. Objet des justifications


L’état limite le plus important est l’état limite ultime, car il définit l’existence même de l’ouvrage. La
justification à l’état limite ultime est obligatoire pour tous les ouvrages et à tous les stades
(fabrication, montage, essais, exploitation). Quant aux états limites de service, ils peuvent être
prédominants pour certains ouvrages particuliers. La justification aux états limites de service est à
faire pour certaines catégories d’ouvrages seulement.

La méthode de calcul aux états limites étant une méthode semi-probabiliste tenant compte de la
variabilité aléatoire des propriétés mécaniques des matériaux et des actions, l’objet du calcul est donc
de maintenir la probabilité de n’atteindre tel ou tel état limite qu’au-delà d’une valeur préétablie pour
le type de structures. Le calcul permet ainsi de justifier, dans la mesure où il n’existe pas de faute de
conception, qu’une sécurité appropriée est assurée:
- vis à vis de la ruine de l’ouvrage et des ses éléments constitutifs (E.L.U.) ;
- vis à vis d’un comportement non satisfaisant en service (E.L.S.).

2.2. Etude de la résistance d’un matériau


L’étude de la résistance d’un matériau se fait sur des éprouvettes avec des dimensions définies par les
textes réglementaires. En désignant par ni le nombre d’éprouvettes ayant une résistance égale à fi et
en traçant la courbe de distribution des résistances sur un repère n-f (n étant la fréquence des
résistances f), cette courbe aura une allure assimilable à une courbe de distribution normale définie par
la loi de Laplace - Gauss (voir fig. 7.7, a). Dans ce cas, les quantités suivantes auront pour
expressions :
- la valeur moyenne de la résistance ou l’espérance mathématique (voir fig. 7.7, b) :

fm =
∑ f i ni (7.1)
∑ ni
- la dispersion ou la variance : D =
∑ ( f i − f m )ni (7.2)
∑ ni − 1
- l’écart type : S = D (7.3)

On remarquera que les courbes sont asymptotiques, c’est-à-dire ne coupent pas l’axe des abscisses f;
car en principe, il n’y a pas une valeur minimale et une valeur maximale pour la résistance d’un
matériau. De plus, la courbe est symétrique par rapport à fm, car ce sont les mêmes facteurs qui sont à
la base de la variation de la résistance.

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Fig. 7.7. Courbe de distribution des résistances.


1 - courbe des essais; 2 - courbe théorique.

La distribution normale définie par la loi de Laplace - Gauss à laquelle on assimile la distribution des
résistances des matériaux a pour expression, selon les notations précédentes:
( f − fm )2
1 −
n = e 2S 2 (7.4)
S 2π
On constate ainsi sur les courbes de distribution des résistances que la valeur moyenne de la résistance
fm est acceptée avec un risque de trouver 50% des valeurs inférieures à la valeur fm. Les études
probabilistes permettent de minorer ce risque en choisissant une valeur caractéristique (ou valeur
nominale) minimale garantie, notée fmin, inférieure à la valeur fm (voir fig. 7.7, b) telle que :
fmin = fm - kS (7.5)
ou encore fmin = fm (1 - kv) (7.6)
S
avec, v = (7.7)
fm
ici: v - le coefficient de variation; k - le coefficient normatif qui dépend du risque r accepté (voir sa
valeur dans le tableau 7.1).

Tableau 7.1. Valeurs du coefficient normatif k en fonction du risque r.


Risque r → 0,1% 1% 2,5% 5% 10% 16% 20% 50%
Coefficient k → 3,09 2,33 1,96 1,64 1,28 1,00 0,80 0,00
N.B. le risque r est défini comme la quantité (1 – a) où, a est l’assurance (probabilité).

La valeur caractéristique de la résistance étant avec une assurance (probabilité) au moins égale à 0,95
(c’est-à-dire qu’au moins dans 95 cas sur 100, la résistance réelle du matériau sera supérieure à celle
fixée par les normes), donc le coefficient normatif k est égale à 1,64 (voir tableau 7.1). Une telle
fiabilité est très élevée et nous permet d’être assurés de la sécurité de la structure. Ainsi, la valeur
caractéristique (ou nominale) de la résistance d’un matériau fn, fixée par la méthode des états limites, a
pour expression:
fn = fm ( 1 - kv ) (7.8)

Les valeurs de calcul des résistances aux états limites ultimes seront obtenues en divisant les
valeurs caractéristiques par une série de coefficients dont les coefficients de sécurité sur la résistance
et les coefficients tenant compte des conditions de travail et d’exploitation de l’ouvrage. Les valeurs
des coefficients de sécurité dépendent du degré de variation de la grandeur caractéristique et du type
de sollicitation. Les conditions d’exploitation de la structure sont prises en compte à l’aide d’une série
de coefficients dont chacun tient compte d’une condition particulière indépendamment d’une autre.

Aux états limites de service, les valeurs de calcul des résistances sont en général prises égales à leurs
valeurs nominales.
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2.3. Les actions


Les actions sont l’ensemble des charges appliquées à la structure, ainsi que les conséquences des
modifications statiques ou d’états qui entraînent des déformations de la structure. Elles sont classées
en trois catégories en fonction de leur fréquence d’apparition et leurs valeurs ont un caractère
nominal ; ce sont :
- les actions permanentes;
- les actions variables;
- les actions accidentelles

2.3.1. Actions permanentes


Les actions permanentes sont les charges qui sont appliquées avec la même intensité pendant
toute la durée de vie de l’ouvrage ; ce sont :
- le poids propre de la structure (pour le béton armé la masse volumique est prise égale à 2,5
tonnes/m3) ;
- les charges des superstructures et des équipements fixes ;
- les poussées des terres et des liquides dont les niveaux varient très peu ;
- les déformations permanentes imposées à la construction.

Les charges permanentes sont notées G ou g et sont affectées d’un coefficient de sécurité
multiplicateur γG > 1 quand elles sont défavorables et, γG ≤ 1 quand elles sont favorables. Le B.A.E.L.
– 91, révisé 99 (normes Françaises) admet de prendre γG = 1,35 dans les cas courants des charges
défavorables. Plus l’incertitude est grande sur la valeur nominale de la charge, plus le coefficient de
sécurité γG est élevé et inversement, plus on a une grande certitude sur la valeur d’une charge, plus on
peut voir à la baisse la valeur du coefficient de sécurité sur la charge.

2.3.2. Actions variables


Les actions variables sont les charges dont l’intensité varie dans le temps. Elles sont notées en
général Qi ou qi (i = 1, 2, 3 ...) et leurs valeurs sont définies par les textes réglementaires et
normatifs en vigueur. On distingue :
- les charges d’exploitation ;
- les charges climatiques ;
- les actions dues à la température ;
- les actions appliquées en cours d’exécution.

Les charges d’exploitation sont celles appliquées à la structure pendant son exploitation. Il s’agit des
surcharges sur les planchers des bâtiments (poids des personnes et des équipements), les charges sur
les ponts (poids des véhicules), les pressions hydrostatiques (poids de l’eau dans les réservoirs), etc...

Les charges climatiques sont l’action du vent et de la neige. En régions tropicales, cela se réduit à la
seule action du vent.

Les actions dues à la température se manifestent avec les variations de température qui ont pour
conséquences la dilatation et le raccourcissement des éléments de la structure.

Il y a aussi les actions appliquées à la structure en cours d’exécution de l’ouvrage ou pendant des
essais. En effet, pendant l’exécution d’un ouvrage, une structure peut être soumise à l’action des
charges supplémentaires (poids des ouvriers, d’un équipement, etc...) ou bien peut changer de schémas
de calcul lors du montage.

Les actions variables sont affectées de coefficients de sécurité multiplicateurs γQi (avec i = 1, 2, 3, ... )
qui prennent les valeurs suivantes (Règles B.A.E.L. - 91) :

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- pour la première charge variable considérée appelée charge variable de base : γQ1 = 1,5
pour les cas courants et γQ1 = 1,35 pour le cas des bâtiments à faible occupation humaine,
des charges variables strictement bornées et de l’action de la température ;
- pour les autres charges variables appelées charges variables d’accompagnement: γQi
=1,3 en général (i = 1, 2, 3, ...).

2.3.3. Actions accidentelles


Les actions accidentelles sont les charges dues à des phénomènes très rares comme les séismes, les
incendies, les explosions, les chocs sur les ouvrages, etc... Elles sont notées FA ou fA et ne sont à
considérer que si les documents techniques le prévoient.

2.4. Les sollicitations de calcul


Les sollicitations sont les efforts internes développés dans les sections de la structure provoquées par
les actions qui s’exercent sur elle. Il s’agit des efforts (normaux et transversaux) et des moments
(moments de flexion et de torsion). Elles sont déterminées en général par les méthodes de la
Résistance des Matériaux en supposant un modèle élastique linéaire du béton. Les valeurs des
sollicitations à considérer résultent des combinaisons d’actions suivantes dont on retient les plus
défavorables :
- les combinaisons fondamentales ;
- les combinaisons accidentelles ;
- les combinaisons rares.

2.4.1. Combinaisons fondamentales


La combinaison fondamentale est à considérer lors des situations durables (exploitation) ou
transitoires (exécution, essais, etc...) et sert à déterminer les sollicitations de calcul vis à vis des états
limites ultimes (E.L.U.). Elle se présente comme suit:
Acf = γG Gmax + Gmin + γQi1 Q1 + ∑γQi ψoi Qi ; i = 2, 3, ... (7.9)
avec,
γG - coefficient de sécurité sur les charges permanentes défavorables ; γG = 1,35 pour les cas
courants; Gmax - ensemble des actions permanentes défavorables; Gmin - ensemble des actions
permanentes favorables; il faut également noter que les charges Gmax et Gmin doivent être d’origine
et de nature différentes ; Q1 - action variable de base ; γQ1 - coefficient de sécurité sur Q1 ; γQ1 =
1,5 ou 1,35; Qi (i = 2, 3, ...) - actions variables d’accompagnement; γQi - coefficient de sécurité
sur Qi ; γQi = 1,3 ; ψoiQi - la valeur de combinaison des charges Qi ; ψoi = 0,77 pour les cas
courants des charges d’exploitation, climatiques et d’essais ; ψoi = 0,6 pour les variations de
température ; ψoi = 1,0 pour les cas spécifiques des charges quasi permanentes élevées (bâtiments
de stockage, archives, salles de spectacles et certaines constructions industrielles).

La sollicitation de calcul à l’E.L.U. est ainsi déterminée à partir (c’est-à-dire est fonction) de cette
combinaison d’actions :
SELU = fonction(Acf) (7.10)

2.4.2. Combinaisons accidentelles


La combinaison accidentelle est définie par les textes spécifiques et sert à déterminer les sollicitations
de calcul vis à vis des états limites ultimes (E.L.U.). La combinaison d’actions à considérer est la
suivante :
Aca = Gmax + Gmin + FA + ψ1 1Q1 + ∑ψ2i Qi ; i = 2, 3, ... (7.11)
avec,
FA - la valeur nominale de l’action accidentelle ; ψ11Q1 - la valeur fréquente d’une action variable (
ψ11 = 0,2 ... 0,8 selon la nature de l’action Q1 ) ; ψ2i Qi - les valeurs quasi permanentes des actions
variables Qi (ψ ψ2i = 0,1 ... 0,6).

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La sollicitation de calcul à l’E.L.U. est ainsi déterminée à partir (c’est-à-dire est fonction) de cette
combinaison d’actions :
SELU = fonction(Aca) (7.12)

2.4.3. Combinaisons rares


La combinaison rare est à considérer lors des situations durables (en général) et sert à déterminer les
sollicitations de calcul vis à vis des états limites de service (E.L.S.). La combinaison à considérer est la
suivante :
Acr = Gmax + Gmin + Q1 + ∑ψoi Qi ; i = 2, 3, ... (7.13)

La sollicitation de calcul à l’E.L.S. est ainsi déterminée à partir (c’est-à-dire est fonction) de cette
combinaison d’actions :
SELS = fonction(Acr) (7.14)

2.5. Notations essentielles


Nous exposons ici quelques notations essentielles qui seront fréquemment utilisées dans ce qui va
suivre :
As - la section (aire) des aciers tendus (ou moins comprimés); As’ - la section (aire) des aciers
comprimés (ou moins tendus); At ou ΣAt - section (aire) droite d’un cours d’armatures transversales; st
- espacement des armatures transversales;
B - aire de la section de béton ; Bc - aire de la partie comprimée de la section de béton;
Eb - module de déformation longitudinale du béton; Eb,i - module de déformation sous charges
instantanées; Eb,λ - module de déformation sous charges différées; Es - module d’élasticité de l’acier;
G - charges permanentes; g - intensité des charges permanentes; Q - charges variables; q - intensité des
charges variables;
I - moment d’inertie; e - excentricité;
M - moment de flexion; Mu - moment de flexion dû aux charges ultimes (moment fléchissant ultime);
Mser - moment de flexion dû aux charges de service (moment fléchissant de service);
N - effort normal; Nu - effort normal ultime; Nser - effort normal de service;
b - largeur de la section droite; bo - largeur de l’âme de la section en Te;
d - hauteur utile (distance du centre de gravité des armatures tendues As à la fibre la plus comprimée);
d’ - distance du centre de gravité des armatures comprimées As’ à la fibre la plus comprimée;
fcj - résistance caractéristique du béton à l’âge j; fc28 - résistance caractéristique du béton à l’âge de 28
jours; fbc - résistance de calcul du béton;
fe - limite d’élasticité garantie de l’acier; fs - résistance de calcul de l’acier;
h - hauteur totale de la section; ρ - pourcentage d’armatures;
lf - longueur de flambement ; λ - élancement;
ls - longueur de scellement ; η - coefficient de fissuration; ψs - coefficient de scellement;
n - coefficient d’équivalence acier/béton: n = Es/Eb ;
y - profondeur de l’axe neutre (comptée à partir de la fibre la plus comprimée); yu - profondeur de
l’axe neutre sous charges ultimes; yser - profondeur de l’axe neutre sous charges de service; α -
profondeur relative de l’axe neutre: α = y/d ; z - bras de levier (du moment résistant);
γb et γs - coefficient de sécurité sur la résistance du béton et de l’acier;
εbc - raccourcissement unitaire du béton comprimé; εb,u - raccourcissement unitaire ultime du béton
comprimé en flexion (εεb,u = ,0035); εbc,u - raccourcissement unitaire ultime du béton comprimé en
compression simple (εbc,u = 0,002); εb,t - allongement unitaire du béton tendu; εbt,u - allongement
unitaire ultime du béton; εs - allongement unitaire des aciers tendus; εs’ - raccourcissement unitaire
des aciers comprimés (ou allongement unitaire des aciers les moins tendus);
σbc - contrainte de compression dans le béton comprimé; σs - contrainte de traction dans les aciers
tendus; σs’ - contrainte de compression dans les aciers comprimés;
τs - contrainte d’adhérence; τs,e - contrainte d’adhérence d’entraînement.

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Principes de calcul du béton armé

2.6. L’état limite ultime de résistance (E.L.U.- R)


2.6.1. Résistance des éléments en béton armé
La résistance d’un élément en béton armé est assurée si la condition suivante est vérifiée:
Fu ≤ FR (7.15)
avec, Fu - la sollicitation maximale ultime développée dans la section due aux charges extérieures ;
FR - la sollicitation résistante de la section, c’est-à-dire la sollicitation maximale que peut prendre la
section (sa capacité portante).

Dans une section d’un élément en béton armé, les efforts sont pris par le béton et l’armature avant
toute fissuration. Ainsi, dans les zones comprimées et dans les zones tendues non fissurées, les
sollicitations sont prises par le béton et l’acier. Par contre, dans les zones tendues fissurées, les
sollicitations sont prises par l’armature uniquement. Dans leur déformation avec l’augmentation de la
charge, chaque matériau (béton et acier) suit son diagramme de déformation. La rupture de l’élément
intervient quand le diagramme de déformation d’un des matériaux arrive au point de rupture.
Pour l’élément fléchi par exemple, la rupture se produit au moment où, soit le béton comprimé, soit
l’acier tendu arrive le premier à son point de rupture.

2.6.2. Hypothèses de calcul


Les hypothèses fondamentales pour le calcul sont les suivantes:
• H1. La conservation des sections planes: selon cette hypothèse, les diagrammes des déformations
(allongement, raccourcissement) sont linéaires sur la hauteur de la section; donc, en chaque point k la
déformation εk est proportionnelle à la distance ak de ce point à l’axe neutre (voir fig. 7.9).

Fig. 7.9. Conservation des sections planes.


1, 2 - positions de la section respectivement avant et après déformation.

• H2. La résistance du béton à la traction est négligée : le béton tendu n’est pas pris en compte.
• H3. Il n’y a pas de glissement relatif entre les armatures et le béton; cela veut dire que l’armature
subit la même déformation linéaire (allongement ou raccourcissement) que la gaine de béton qui
l’entoure (εεs = εb).
• H4. La section totale d’un groupe de barres disposées en plusieurs lits peut être supposée
concentrer au centre de gravité du groupe, à condition que l’erreur ainsi commise sur les déformations
unitaires ne dépasse pas 15% pour les lits extrêmes.
• H5. Les positions que peut prendre la droite représentant les diagrammes des déformations de la
section doivent passer par au moins l’un des trois pivots (voir règle des trois pivots ci - après) qui sont
tels que:
- le raccourcissement unitaire ultime du béton est limité :
+ à εbc,u = 0,002 pour la compression simple ;
+ à εb,u (εεb,u = 0,0035 si fc28 ≤ 40 MPa) pour la flexion.
- l’allongement unitaire ultime de l’acier est limité à εs,u (εεs,u = 0,010).
• H6. Les diagrammes de déformation « σ - ε » des matériaux (béton et acier) adoptés pour le
calcul sont ceux définis ci - après.

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Principes de calcul du béton armé

2.6.3. Diagrammes de déformation des matériaux


a) Diagramme de déformation du béton
Le diagramme de calcul « contrainte - déformation » « σ-εε » du béton est celui représenté sur la fig.
7.10. Ce diagramme comprend deux parties: une partie parabolique PP et une partie rectangulaire PR.

Fig. 7.10. Diagramme de déformation du béton

Le diagramme de déformation est définit comme suit:


- pour la partie parabolique, c’est-à-dire quand 0 ≤ εbc ≤ 0,0035, on a:
σbc = 0,25 fbc 103 εbc (4 - 103 εbc) ; (7.16)
- pour la partie rectangulaire, c’est-à-dire quand 0,002 ≤ εbc ≤ 0,0035, on a:
σbc = fbc (7.17)
0,85 f cj
avec, fbc = (7.18)
γ bθ
Dans ces expressions :
εbc - le raccourcissement du béton comprimé ; σbc - la contrainte de compression dans le béton ; fbc -
la résistance de calcul à la compression du béton ; fcj - la résistance caractéristique du béton à la
compression à l’âge j ; γb - le coefficient de sécurité sur la résistance du béton: γb = 1,5 pour les cas
courants, γb = 1,15 pour les combinaisons accidentelles; pour des situations transitoires, dans la
mesure où cela peut être justifié, on peut prendre une valeur intermédiaire entre 1,15 et 1,5 pour γb ;
θ - coefficient tenant compte de la durée de la combinaison d’actions considérée: θ = 1 si la durée
probable d’application de la combinaison d’actions considérée est supérieure à 24 heures, θ = 0,9 si
cette durée est comprise entre 1 heure et 24 heures et θ = 0,85 si cette durée est inférieure à 1 heure.
Le coefficient 0,85 tient compte de l’influence négative de la durée d’application des charges sur la
résistance du béton (évolution des microfissures). Le coefficient 0,85 est remplacé par 0,80 dans le
cas où la largeur de la zone comprimée du béton est décroissante vers les fibres les plus comprimées.
On constate ainsi que les coefficients θ et 0,85 tiennent compte de l’influence négative de la durée
d’application des charges sur la résistance du béton.

b) Diagrammes de déformation des aciers


Les diagrammes de calcul « contrainte - déformation » « σs-εεs » sont ceux représentés sur la fig. 7.11.
Ils comprennent deux parties définies comme suit:
- si 0 ≤ εs ≤εs,e , on a : σ s = εs E s (7.19)
- si εs,e ≤ εs ≤ 0,010 , on a :
+ pour les aciers naturels ou fortement écrouis: σs = fs (7.20)
ε s − ε s ,e
+ pour les aciers écrouis : σs = f s (1 + 0,1 ) (7.21)
ε s ,u − ε s , e
fe fe
avec, fs = et εs,e = (7.22) et (7.23)
γs γ s Es
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Principes de calcul du béton armé

Fig. 7.11. Diagrammes de déformation des aciers.


a - aciers naturels ou fortement écrouis (rond - lisses, barres à H.A. type 1, 3, 4);
b - aciers écrouis (type 2). 1 - diagrammes réels; 2 - diagrammes adoptés pour le calcul.

Dans ces expressions:


εs - déformation (allongement ou raccourcissement) unitaire des aciers ; εs,e - déformation unitaire
correspondant à une contrainte égale à la limite d’élasticité garantie ; Es - module d’élasticité de
l’acier (Es = 2.105 MPa) ; σs - contrainte (de traction ou compression) dans les aciers ; fe - limite
d’élasticité garantie des aciers ; γs - coefficient de sécurité sur la résistance des aciers : γs = 1,15 pour
les cas courants et γs = 1,00 pour les combinaisons accidentelles.

2.6.4. Diagrammes des contraintes dans le béton

Fig. 7.12. Diagrammes des contraintes dans le béton.


a - section sollicitée; b - diagramme des déformations; 1, 2 - positions de la section respectivement
avant et après déformation; c - diagramme réel des contraintes; d - diagramme parabole rectangle
PR; e - diagramme rectangle simplifié RS.

Pour le béton comprimé on admet, par convention, deux types de diagrammes des contraintes (voir fig.
7.12):
- le diagramme parabole rectangle - PR (fig. 7.12, d);
- le diagramme rectangle simplifié - RS (fig. 7.12, e).
Le diagramme parabole rectangle (diagramme PR) est utilisé en général quand la section est
entièrement comprimée (compression centrée ou excentrée). Le diagramme rectangle simplifié
(diagramme RS) est utilisé quand la section n’est pas entièrement comprimée, c’est-à-dire
partiellement comprimée (flexion simple ou composée). L’utilisation du diagramme RS simplifie le
calcul et donne des résultats acceptables sans erreurs considérables pour des calculs pratiques. Son
adoption équivaut à une certaine réduction de la hauteur de la zone comprimée, mais cette réduction
n’est pas considérable et n’entraîne pas de variation du bras de levier z du moment résistant.
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Principes de calcul du béton armé

La résultante des forces de compression dans le béton Fb est:


- pour le diagramme PR: Fb = ψ y b σbc ; (7.24)
- pour le diagramme RS: Fb = 0,8 y b σbc, (7.25)
avec, y - profondeur de l’axe neutre ; b - largeur de la section ; σbc - contrainte de compression dans
le béton ; ψ - coefficient de remplissage, égal au rapport de l’aire de la parabole rectangle et celle du
rectangle circonscrit (voir fig. 7.13, a):
A2
ψ = (7.26)
A1
Dans les deux cas, le moment résistant ultime équivaut à: Mrup = Fb z (7.27)
avec:
- pour le cas du diagramme rectangulaire simplifié : z = d - 0,4 y ; (7.28)
- pour le cas du diagramme parabole rectangle : z = d - δG y (7.29)
δG - étant le coefficient de position du centre de gravité du diagramme des contraintes (voir
fig. 7.13, b). Dans le cas particulier, quand εbc = 0,0035, on a σbc = fbc , ψ = 0,81 et δG
=0,416.

Fig. 7.13. Détermination des coefficients ψ et δG en fonction de εbc .

2.6.5. Règle des trois pivots


La règle des trois pivots s’énonce comme suit: les diverses positions que peut prendre la droite
représentant le diagramme des déformations linéaires de la section sollicitée à l’état limite
ultime passent par au moins un des trois pivots (pivots A, B et C) qui définissent trois domaines
(domaines 1, 2 et 3) (voir fig. 7.14). Ces trois pivots sont définis par des déformations linéaires
unitaires caractéristiques permettant de déterminer les sollicitations résistantes de la section.

Fig. 7.14. Règle des trois pivots. A, B, C - pivots; 1, 2, 3 - domaines.

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a) Pivot A

Fig. 7.15. Le pivot A.


Domaines définis par le pivot A: AA1 - traction simple; 1a, 1b - traction excentrée; 1c, 1d -
flexion.

Le pivot A définit le domaine 1 (voir fig. 7.15) dans lequel l’acier tendu As a atteint son
allongement maximal ultime εs,u = 0,010 ; cela conduit au premier cas de rupture des éléments
fléchis. Dans ce domaine, le béton tendu en bas est fissuré; quant au béton d’en haut, il peut être
comprimé ou tendu, fissuré ou non (voir tableau 7.2). Le pivot A peut avoir lieu en traction centrée
ou excentrée ou en flexion (simple ou composée). La droite AA1 correspond à la traction simple. Si
on donne une excentricité à la force résultante de traction, la droite des déformations va pivoter
autour du point A jusqu’à la position AO où les fibres les moins tendus vont commencer à être
comprimées. La position limite de la droite des déformations est la droite AB qui correspond au
raccourcissement ultime du béton comprimé εb,u.

b) Pivot B

Fig. 7.16. Le pivot B.


Domaines définis par le pivot B: 2a - flexion; 2b - flexion; 2c - flexion composée avec
compression.

Le pivot B définit le domaine 2 (voir fig. 7.16) dans lequel le béton comprimé a atteint son
raccourcissement maximal ultime εb,u = 0,0035 ; cela conduit au deuxième cas de rupture des
éléments fléchis. Les aciers tendus As peuvent être en régime élastique (εεs < εs,e dans les domaines 2b
et 2c) ou plastique (εεs,e ≤ εs ≤ εs,u dans les domaines 2a) de déformation et le béton tendu est
généralement fissuré (voir tableau 7.2). Le pivot B a lieu en flexion. Quand le béton comprimé atteint
son raccourcissement ultime εb,u , une augmentation de la zone comprimée entraîne une diminution de
la contrainte dans les aciers tendus (diminution de la déformation des aciers), dans ce cas la droite
des déformations linéaires va pivoter autour du point B jusqu’à la position limite BO1 où toute la
section est comprimée.

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Principes de calcul du béton armé

c) Pivot C
Le pivot C définit le domaine 3 (voir fig. 7.17) où toute la section est comprimée; cela conduit à
une rupture par écrasement du béton. C’est donc le cas de la compression centrée ou excentrée. En
compression simple, le raccourcissement ultime est de 0,002, cela est représenté par la droite
C1C2. Cette dernière coupe la droite BO1 (position limite du pivot B où toute la section est
comprimée) en un point invariant C. De la position BO1 à la position C1C2, la droite des déformations
va pivoter autour du point C avec une section entièrement comprimée (voir tableau 7.2).

Fig. 7.17. Le pivot C.


Domaines définis par le pivot C : C1C2 - compression simple; 3 - compression excentrée.

Tableau 7.2. Tableau récapitulatif de la règle des trois pivots. BTF - béton tendu fissuré; BTNF -
béton tendu non fissuré; BC - béton comprimé; AT - acier tendu; AC - acier comprimé.
CONSTATATIONS
domaine
Doma
Pivot

Sous
ine

Sollicitation Béton en zone Aciers en zone


supérieure Inférieure supérieure inférieure
traction BTF BTF AT AT
AA1 centrée εbt = εs,u εbt = εs,u εs = εs,u εs = εs,u
1a traction BTF BTF AT AT
excentrée 0 ≤ εbt < εs,u εbt = εs,u εbt,u ≤ εs ≤ εs,u εs = εs,u
1b traction BTNF BTF AT AT
1 excentrée 0 ≤ εbt ≤ εbt,u εbt = εs,u εs = εs,u
A BC BTF AT
1c Flexion 0 ≤ εbt ≤ εbc,u ; εbt = εs,u AT ou AC εs = εs,u
εbc,u = 0,002
1d Flexion BC BTF AC AT
0,002 ≤ εbc ≤εb,u εbt = εs,u εs’ = εbc εs = εs,u
εb,u= 0,0035
2a Flexion BC BTF AC AT
εbc = εb,u εbt = εs εs’ = εbc εs,e ≤ εs ≤ εs,u
B 2 2b Flexion BC BTF AC AT
εbc = εb,u εbt = εs εs’ = εbc εs < εs,e
2c compression BC BTF ou BTNF AC AC
excentrée εbc = εb,u εs’ = εbc εs = εbc
C1C2 compression BC BC AC AC
C centrée εbc = 0,002 εbc = 0,002 εs’ = 0,002 εs’ = 0,002
3 3 compression BC BC AC AC
excentrée 0,002 ≤ εbt 0 ≤ εbc ≤ 0,002 0,002 ≤ εs’ 0 < εs’ ≤ 0,002
≤0,0035 ≤ 0,0035

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Principes de calcul du béton armé

d) Récapitulation
Il y a donc trois pivots qui sont définis comme suit:
- Pivot A : traction centrée ou excentrée avec E.L.U. atteint dans les aciers tendus ; rupture
par écoulement des aciers tendus.
- Pivot B : flexion simple ou composée avec E.L.U. atteint dans le béton comprimé ;
rupture par écrasement du béton comprimé.
- Pivot C : compression centrée ou excentrée avec E.L.U. atteint dans le béton comprimé ;
rupture par écrasement du béton comprimé.

2.6.6. Positions particulières de la section. Détermination des pivots

Fig. 7.18. Positions particulières de la section déformée.

Considérons les trois pivots et essayons de représenter les positions particulières de la section
déformée (voir fig. 7.18). Dans ce qui suit, désignons par:
y - la profondeur de l’axe neutre par rapport à la fibre la plus comprimée (ou la moins tendue);
α = y/d - la profondeur relative de l’axe neutre par rapport à la fibre la plus comprimée; d - la
hauteur utile de la section; h - la hauteur totale de la section.
On retiendra ici quelques positions particulières de la section :
OO1 - la position de la section avant déformation;
AA1 - la position de la section sollicitée à l’E.L.U. en traction simple;
C1C2 - la position de la section sollicitée à l’E.L.U. en compression simple;
AB - la position de la section sollicitée à l’E.L.U. en flexion, position limite entre les pivots A et B;
C1A - la position de la section sollicitée à l’E.L.U. en flexion, position correspondant à un
raccourcissement du béton égal à 0,002 ( σbc = fbc ) et un allongement des aciers égal à 0,010;
BA2 - la position de la section sollicitée à l’E.L.U. en flexion, position correspondant à un
raccourcissement du béton égal à 0,0035 et une contrainte de traction dans les aciers égale à la
résistance ultime fs,u = fe /γγs (εεs,e = fe / (γγsEs));
BO1 - la position de la section sollicitée à l’E.L.U. en compression excentrée, position correspondant
au raccourcissement ultime du béton (εεbc =0,0035) et une contrainte nulle à la fibre la plus
tendue; la section est donc entièrement comprimée.
Déterminons maintenant quelques grandeurs géométriques (déformations linéaires, profondeurs
absolue et relative de l’axe neutre) pour chacune des positions particulières de la section
• Pour la position AA1, on a : εs = εs,u = 0,010 ; εbt = εs,u = 0,010 ; y = - ∞ ; α = 0.
• Pour la position AC1, on a : εs = εs,u = 0,010 ; εbc = 0,002 ; y = y1 ; α = α1 = y1 /d
.
De la règle des triangles semblables (diagramme des déformations linéaires), on obtient:
y1 d ε bc , u 0 , 002
= ⇒ y1 = d = d = 0 ,167 d
ε bc , u ε s , u + ε bc , u ε s , u + ε bc , u 0 , 010 + 0 , 002
donc α1 = y1 /d = 0,167.
Ainsi, on a : y1 = 0,167 d et α1 = 0,167 (7.30)
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• Pour la position AB, on a :


εs = εs,u = 0,010 ; εbc = εb,u = 0,0035 ; y = yAB ; α = αAB = yAB/d .
De la règle des triangles semblables (diagramme des déformations linéaires), on obtient:
y AB d ε b ,u 0 , 0035
= ⇒ y AB = d = d = 0 , 259 d
ε b ,u ε s ,u + ε b ,u ε s ,u + ε b ,u 0 , 010 + 0 , 0035
donc αAB = yAB /d = 0,259.
Ainsi, on a: yAB = 0,259 d et αAB = 0,259 (7.32)

En conclusion, on peut dire que pour le pivot A, la profondeur relative de l’axe neutre varie de 0 (pour
la traction simple) à 0,259 (pour la flexion): α ≤ 0,259
• Pour la position BA2, on a :
εs = εs,e ; εbc = εb,u = 0,0035 ; y = ylim ; α = αlim = ylim/d.
Du diagramme des déformations linéaires, on obtient:
y lim d − y lim ε b ,u 0 , 0035
= ⇒ y lim = d = d
ε b ,u ε s ,e ε s , e + ε b ,u ε s , e + 0 , 0035
donc αlim = ylim /d = 0 , 0035 .
0 , 0035 + ε s ,e

Ainsi, on a: ylim = 0 ,0 0 3 5 d et αAB = 0 , 0035 (7.34)


0 ,0 0 3 5 + ε s , e 0 , 0035 + ε s ,e

• Pour la position BO1, on a : εs’ ≅ 0 (εεs’<


< 0 - raccourcissement); εbc = εb,u = 0,0035 ;
y = h = 1,1d ; α = y/d = 1,1d/d = 1,1.
Ainsi, on a: y = 1,1d et α = 1,1.
En conclusion, on peut dire que pour le pivot B, la profondeur relative de l’axe neutre varie de 0,259
(pour la flexion) à 1,1 (pour la compression excentrée avec une section entièrement comprimée):
0,259 ≤ α ≤ 1,1. Dans le cas particulier où α = αAB = 0,259, on est simultanément en pivot A et en
pivot B.
• Pour la position C1C2, on a : εs’ = εbc,u = 0,002 ; εbc = εbc,u = 0,002 ; y = ∞ ; α =∞∞.
Ainsi, en pivot C, on a: α ≥ 1,1. Dans le cas particulier où α =1,1, on est simultanément en pivot B et
en pivot C.

Récapitulation:
Les pivots peuvent être déterminés à partir de la profondeur relative de l’axe neutre α. Ainsi:
- pour le pivot A, on a : α ≤ 0,259 ou encore y ≤ 0,259d (7.36)
- pour le pivot B, on a : 0,259 ≤ α ≤ 1, 1 ou encore 0,259y ≤ y ≤ h (7.38)
- pour le pivot C, on a : α ≥ 1,1 ou encore y≥h (7.41)

2.7. Etat limite ultime de stabilité de forme (ELU- SF)


Les pièces élancées soumises à des efforts normaux de compression subissent des déformations
amplifiées dues à l’effort normal et deviennent ainsi instables transversalement (voir fig. 7.19). Ce
phénomène porte le nom de flambement; il entraîne:
- une majoration des contraintes (due à l’amplification des déformations) compromettant
ainsi la résistance de la pièce ;
- une instabilité de forme de la pièce sans qu’aucune de ses sections n’ait atteint l’état limite
ultime de résistance (l’E.L.U. -R).

Il s’agit donc de démontrer qu’il existe un état de contrainte, généralement éloigné de l’état limite
ultime de résistance et pouvant équilibrer les sollicitations agissantes, y compris celles dues à la
déformation de la structure. Pour que la stabilité de forme soit assurée, il faut que la condition suivante
soit vérifiée:

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Nu ≤ Ncr (7.42)
avec, Nu - l’effort normal de compression sollicitant; Ncr - la valeur critique de la sollicitation pour
l’E.L.U.- S.F., elle dépend des caractéristiques géométriques de la section et de la déformabilité de
l’élément.

La justification vis à vis de l’E.L.U.- S.F. des sections soumises à des efforts normaux de compression
se fait en adoptant une excentricité totale de calcul égale à :
e = e1 + ea + e2 (7.43)
avec, e1 - excentricité (dite du premier ordre) d’application des charges extérieures (excentricité
théorique) :
Mu
e1 = (7.44)
Nu
Mu et Nu - étant le moment et l’effort normal sollicitant ultimes dus aux forces extérieures ; ea -
excentricité additionnelle, traduisant les imperfections géométriques initiales :
- pour les éléments isolés:
ea = Max. 2 cm; l/250 l - longueur de la pièce; (7.45)
- pour les ossatures, on prend :
• une inclinaison de 0,01 radian s’il s’agit d’un seul étage avec une majorité des charges
appliquées au niveau inférieur, et
• une inclinaison de 0,005 radian pour les autres ossatures ;
e2 - l’excentricité due aux effets du second ordre, liés à la déformation de la structure.
N.B. Il est à noter que l’ingénieur doit porter une attention particulière à l’excentricité additionnelle qui tient
compte des imperfections géométriques accusées pendant l’exécution de l’ouvrage.

Fig. 7.19. Instabilité des barres Fig. 7.20. Diagramme de déformation du béton
comprimées. comprimé à l’E.L.U.-S.F. pour évaluer les
déformations.
1,2 - diagrammes de base et adopté: k = 1 + αϕ.

Ainsi, les sollicitations sont calculées à partir des combinaisons d’actions définies pour les E.L.U. et
les E.L.S. , en tenant compte :
- des imperfections géométriques initiales et éventuellement des défauts de section ou de
lignes;
- des sollicitations du deuxième ordre liées à la déformation de la structure.
Les déformations de la structure sont évaluées à partir des hypothèses suivantes:
- H1: la conservation des sections planes ;
- H2: la résistance du béton à la traction est négligée ;
- H3: les effets du retrait du béton sont négligés ;
- H4: le diagramme de déformation σ - ε de l’acier est identique à celui pour l’E.L.U.-R. ;

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Principes de calcul du béton armé

- H5: le diagramme de déformation σ - ε du béton comprimé est déduit de celui de base


(diagramme parabole rectangle) par une affinité parallèle à l’axe des déformations et de
rapport k ≤ 3 définit comme suit (voir fig. 7.20) :
k = 1 + αϕ avec, α = M 1 (7.46)
M tot
ϕ - coefficient de fluage du béton (ϕϕ = 1,5 ... 2,5); dans les calculs pratiques, on prend ϕ = 2,0; ce
coefficient tient ainsi compte du facteur temps dans l’amplification des déformations à l’E.L.U.-S.F. :
ε tot
ϕ = (7.48)
ε bi
avec, εtot - déformation totale due au fluage; εb,i - déformation instantanée sous la charge considérée ;
M1 - le moment dû aux charges de longue durée d’application (charges permanentes et quasi
permanentes) ; Mtot - le moment dû aux charges totales (charges permanentes et variables).
Les moments M1 et Mtot sont déterminés compte tenu de l’excentricité additionnelle ea . On peut de
façon forfaitaire tenir compte des effets du second ordre si la condition suivante est remplie :
lf
< Max  15 ; 20 e 1  (7.49)
h h
avec, lf - la longueur de flambement de l’élément; h - la hauteur de section de l’élément; e1 -
l’excentricité du premier ordre.
Dans ce cas, l’excentricité e2 due aux effets du second ordre est égale à :
3 l 2f
e2 = ( 2 + αϕ ) (7.50)
10 4

2.8. Etat limite ultime de stabilité de position - E.L.U.-S.P. (Equilibre


statique)
En plus de la résistance et de la stabilité de forme, une structure ne doit pas perdre son équilibre
statique (renversement, basculement) sous l’action des charges extérieures qui lui sont appliquées. En
d’autres termes, les actions extérieures ne doivent pas nuire à la position stable de la construction. Cela
concerne surtout les ouvrages soumis à des forces horizontales importantes; c’est le cas par exemple
des murs de soutènement et des ouvrages tours (voir fig. 7.21).

Fig. 7.21. Equilibre statique des ouvrages.

L’équilibre statique de l’ouvrage est assurée si la condition suivante est satisfaite:


Mstab > Mbasc (7.51)
avec, Mstab - moment des forces stabilisatrices, c’est-à-dire des charges qui tendent à maintenir
l’ouvrage dans sa position stable ; Mbasc - moment des forces basculantes, c’est-à-dire des charges qui
tendent à basculer ou à renverser l’ouvrage; c’est le cas par exemple de l’action de la poussée des
terres sur les murs de soutènement et l’action du vent sur les ouvrages tours (voir fig. 7.21).
Les moments Mstab et Mbasc sont pris par rapport au point A autour duquel l’ouvrage tend à pivoter:
Mbasc = H z et Mstab = G a (7.52)

90
Cours de « Béton armé », par H.A.DICKO, Ph.D – ENI ABT - 2009
Principes de calcul du béton armé

Dans les cas courants, la combinaison d’actions pour déterminer les sollicitations de calcul vis à vis de
l’E.L.U.-S.P. est la combinaison fondamentale :
γGGmax + Gmin + γQ1 Q1 + ∑ 1,3 ψoiQi . (7.54)
Dans cette combinaison: Gmin est l’ensemble des charges permanentes favorables (stabilisatrices)
prises avec un coefficient de sécurité ≤ 1,0 ( de 0,7 à 1,0 ); Q1 - est la charge variable la plus
défavorable (basculante) prise avec un coefficient de sécurité maximal, au moins égal à 1,5 ( ≥
1,5); Qi - les autres charges variables défavorables (basculantes). Il faut bien noter qu’ici les charges
variables favorables (stabilisatrices) ne sont pas prises en compte. La formule de calcul à l’état limite
ultime de stabilité de position, traduisant l’équilibre statique de l’ouvrage, dans les cas courants se
présentent comme suit :
M stab
k = ≥ 1,50 (7.55)
M basc
k - étant le coefficient de stabilité ; Mstab - moment dû aux actions stabilisatrices affectées d’un
coefficient minorateur ; Mbasc - moment dû aux actions basculantes affectées d’un coefficient
majorateur.

2.9. Etat limite de service vis à vis de la durabilité (Etat limite de


fissuration)
2.9.1. Généralités
La durabilité d’un ouvrage est déterminée en partie par le béton et en partie par les armatures. Pour
cela, une part importante revient à la qualité du béton, à sa compacité, à l’enrobage des armatures, aux
niveaux des contraintes dans le béton et dans les armatures. Le béton est un matériau qui peut être
fissuré sous l’action des phénomènes comme le retrait, les variations de température, le fluage et sous
l’action des contraintes de traction de faible niveau. Les fissures de largeur excessive peuvent
compromettre l’aspect des parements, l’étanchéité des parois, la tenue des armatures vis à vis de la
corrosion. On doit ainsi empêcher la formation de ces fissures qui peuvent être, soit nuisibles pour
l’ouvrage (étanchéité, corrosion des armatures), soit très désagréables à l’œil.

2.9.2. Hypothèses
Les hypothèses fondamentales de calcul à l’état limite de fissuration sont les suivantes:
• H1: la conservation des sections planes ;
• H2: le béton tendu est négligé ;
• H3: le béton et l’acier sont considérés comme des matériaux linéairement élastiques et il est
fait abstraction du retrait et du fluage du béton ;
• H4: il n’y a pas de glissement relatif entre les armatures et le béton ;
• H5: par convention, on admet que le rapport des modules d’élasticité de l’acier Es et du béton
Eb est égal à n (n = Es /Eb ), n est appelé coefficient d’équivalence ;
• H6: la section totale d’un groupe de barres tendues ou comprimées et disposées en plusieurs
lits est remplacée par la section équivalente d’une barre unique située au centre de gravité du
groupe, à condition que l’erreur ainsi commise sur les déformations linéaires unitaires soit au
plus égale à 15% pour les lits extrêmes ;
• H7: la section du béton comprimé est déterminée sans déduction des sections des aciers
comprimés.
Selon ces hypothèses, la section du béton armé peut être homogénéisée en remplaçant une section
d’aciers As par une section de béton nAs (n étant le coefficient d’équivalence) ayant même centre de
gravité que la section d’aciers; l’aire du béton comprimé conserve sa valeur géométrique. Ainsi, l’aire
de la section homogénéisée Bh est égale à:
- pour le cas d’une section partiellement comprimée: Bh = Bc + n(As’ + As ) (7.56)

91
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Principes de calcul du béton armé

- pour le cas d’une section entièrement comprimée: Bh = Bc + nAs’ (7.57)


avec, As - la section des aciers tendus ; As’ - la section des aciers comprimés ; Bc - aire de la section
du béton comprimé; n - coefficient d’équivalence.
La loi de Hooke étant vérifiée selon les mêmes hypothèses, on peut appliquer à la section
homogénéisée les formules classiques de la Résistance des Matériaux. A l’état limite de fissuration, les
matériaux étant considérés élastiques (donc ils restent dans le domaine élastique), les diagrammes des
déformations et des contraintes, pour le cas par exemple de la flexion, sont représentés sur la fig. 7.22.

Fig. 7.22. Diagramme des déformations et des contraintes pour l’état limite de fissuration.

2.9.3. Calculs de vérification


Les vérifications à l’état limite de fissuration supposent que les contraintes développées dans la section
des matériaux ne dépassent pas leurs valeurs limites ultimes et que ces valeurs restent pratiquement
dans le domaine élastique. Les vérifications à effectuer portent sur:
- un état limite de compression du béton ;
- un état limite d’ouverture des fissures du béton tendu.

2.9.4. Etat limite de compression du béton


Quand le niveau des contraintes de compression dans le béton comprimé est très élevé, il peut
se former des fissures parallèles à la direction des contraintes. Pour empêcher la formation de ces
fissures, on est amené à limiter la contrainte de compression dans le béton à une valeur σ bc définie
comme suit:
σ bc = 0,6 fc28 (7.58)
Cette vérification est à effectuer surtout pour des sections rectangulaires fléchies avec un pourcentage
d’armatures élevé. Les normes Françaises admettent que pour les sections rectangulaires fléchies avec
des aciers FeE400, on peut ne pas vérifier la compression du béton si l’on a :
αu = y u ≤ γ − 1 + 0 , 01 f cj (7.59)
d 2
avec, αu - profondeur relative de l’axe neutre sous les charges ultimes ; yu - profondeur de l’axe
neutre sous les charges ultimes ; d - hauteur utile de la section ; fcj - résistance caractéristique du
béton à la compression, exprimée en MPa;
γ =
Mu (7.60)
M ser
Mu - moment fléchissant ultime ; Mser - moment fléchissant de servis.

2.9.5. Etat limite d’ouverture des fissures


a) Armatures de peau
Dans les parois et les âmes des poutres de grande hauteur, il peut se former des fissures dues à certains
phénomènes comme le retrait, les variations de température, le fluage. Pour empêcher la formation de
ces fissures, on place des armatures qu’on appelle armatures de peau. Ces armatures sont disposées
92
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Principes de calcul du béton armé

parallèlement à la fibre moyenne de la poutre et leur section est mesurée par mètre de longueur de
parement perpendiculairement à leur direction (voir fig. 7.23). Le diamètre ∅ de ces armatures de
peau est tel que :

Ap= 3cm²/ml en FP et Ap= 5cm²/ml et ∅ ≤ Max h ; b  (7.61)


35 10
h, b - les dimensions de la section de la poutre.

Fig. 7.23. Armatures de peau

b) Catégories de fissuration
Le béton, ayant une très faible résistance à la traction, se fissure très généralement en zone tendue. Les
ouvertures des fissures dans le béton tendu sont limitées grâce à une limitation de la contrainte dans
les aciers tendus. Selon qu’on veut exclure totalement ou admettre temporairement une certaine
ouverture des fissures, on fixe des valeurs limites (kf σ s ) à la contrainte dans les aciers tendus. En
effet, pour certains ouvrages (réservoirs par exemple), on doit exclure une quelconque ouverture des
fissures sous l’action de la totalité des charges ; pour ces ouvrages là, la fissuration est très
préjudiciable. Par contre, pour d’autres ouvrages, on peut admettre une certaine ouverture (ouverture
très limitée) des fissures pendant une très courte durée sous l’action de la totalité des charges (charges
de longue durée d’application et de courte durée d’application). Pour ces ouvrages, dès que
disparaissent les charges dites de courte durée d’application, les fissures se referment; c’est le cas des
ouvrages pour lesquels la fissuration est jugée préjudiciable, car une ouverture prolongée des fissures
serait très nuisible. Il existe aussi une catégorie d’ouvrages, en dehors de tout milieu agressif, pour
lesquels l’ouverture prolongée des fissures (avec une ouverture limitée) est jugée peu nuisible. Ainsi,
selon le degré de nocivité des ouvertures des fissures, on distingue trois cas:
- le cas où la fissuration est peu préjudiciable;
- le cas où la fissuration est considérée comme préjudiciable;
- le cas où la fissuration est considérée comme très préjudiciable.

c) Cas où la fissuration est peu préjudiciable


La fissuration est considérée comme peu préjudiciable pour les ouvrages suivants:
- les éléments dans les locaux couverts et clos ;
- les éléments non soumis à des condensations ;
- les parements invisibles et ne faisant pas l’objet de conditions spécifiques concernant
l’ouverture des fissures.
Pour ces éléments, aucune vérification particulière n’est requise en dehors des prescriptions
générales.

d) Cas où la fissuration est considérée comme préjudiciable


La fissuration est jugée préjudiciable pour les éléments suivants :
- les éléments exposés aux intempéries;
- les éléments soumis à des condensations;

93
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Principes de calcul du béton armé

- les éléments exploités dans l’eau douce.


Pour ces éléments, on doit respecter les règles suivantes :
- la contrainte dans les aciers tendus, en MPa, est limitée à :
2
σs = Min  fe ; Max (0,5fe ; 110 ηf tj ) (7.62)
3
avec, fe - la limite d’élasticité garantie des aciers, en MPa ; ftj - la résistance caractéristique
du béton à la traction, en MPa ; η - coefficient de fissuration: η = 1 pour les barres rond-
lisses et les treillis soudés formés de fils tréfilés lisses; η = 1,6 pour les barres à haute
adhérence; η = 1,3 pour les armatures de diamètre < à 6 mm ;
- le diamètre des armatures les plus proches des parois est ≥ à 6 mm ;
- dans les dalles et voiles d’épaisseur inférieure ou égale à 40 cm, l’écartement des
armatures d’une même nappe s est tel que :
s ≤ Min  25 cm; 2h  (7.63)
avec h - épaisseur totale de l’élément.

e) Cas où la fissuration est considérée comme très préjudiciable


La fissuration est jugée très préjudiciable pour les éléments suivants :
- les éléments exposés en milieux agressifs ;
- les éléments devant assurés une étanchéité.

Pour ces éléments, on doit respecter les règles suivantes :


- la contrainte dans les aciers tendus, en MPA, est limitée à 0,8 σ s où, σ s est
déterminé par la formule (7.62)
- le diamètre des armatures les plus proches des parois est au moins égal à 8 mm ;
- il faut disposer des armatures de peau, à raison de 5 cm2 par mètre de longueur de
parement, mesurée perpendiculairement à leur direction ;
- si les armatures tendues ont un diamètre ∅ supérieur à 20 mm, la distance entre axes
de deux barres consécutives a doit être inférieure ou égale à 3 fois le diamètre (a ≤
∅) ;
3∅
- dans les dalles et voiles d’épaisseur inférieure ou égale à 40 cm, l’écartement des
armatures d’une même nappe s est tel que :
s ≤ Min  15 cm; 1,5h  (7.64)

2.10. Etat limite de service vis à vis des déformations


Les justifications relatives à l’état limite de déformation sont à présenter lorsque les déformations sont
susceptibles :
- de gêner l’utilisation de l’ouvrage (fonctionnement de l’équipement) ;
- d’engendrer des désordres dans la construction ou dans les éléments qu’elle supporte ;
- de provoquer des inquiétudes psychologiques chez les usagers.
Le calcul des déformations globales (flèche, rotation, amplitude de vibration) doit tenir compte des
phases successives de la construction et des sollicitations agissantes ; mais les déformations obtenues à
des phases successives ne sont pas cumulables en raison de la fissuration. Le calcul des déformations
se fait :
- soit pour limiter les valeurs des déformations de l’ouvrage,
- soit pour évaluer les contre flèches à donner lors de la construction de l’ouvrage.

Les valeurs limites admissibles des flèches pour quelques éléments porteurs courants sont données
dans le tableau 7.3. Pour évaluer les déformations, deux cas distincts sont à considérer :
- état non fissuré du béton;
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Principes de calcul du béton armé

- état fissuré du béton.


Dans le cas du béton non fissuré, on rend la section homogène en utilisant le coefficient d’équivalence
n = Es/Eb. Dans le cas du béton fissuré, on tient compte des fissures dans les zones tendues en
introduisant dans les calculs un moment d’inertie fictif calculé à partir des formules empiriques.

Tableau 7.3. Valeurs admissibles des flèches pour quelques éléments.


N° Désignation Flèche admissible
1 Poutres sur deux appuis de portée l sous ponts roulants:
- régime léger l/500
- régime intense l/600
2 Poutres, dalles de portée l :
- pour planchers et couvertures sans cloisons et revêtements fragiles:
l ≤ 3,0 m l/150
3,0 < l ≤ 6,0 m l/200
6,0 < l ≤ 10,0 m l/300
l > 10,0 m l/400
- pour planchers avec cloisons, plafonds ou revêtements fragiles:
l ≤ 5,0 m l/500
l > 5,0 m 0,5 cm + l/1000
3 Poutre, dalles de portée l, soumises à l’action de charges mobiles l/500
4 Pour les consoles de longueur c, on prendra
l = 2c si c ≤ 2,0 m et l = 2,5c si 2,0 < c ≤ 3,0 m. -

2.11. La condition de non fragilité


Pour qu’une section tendue ou fléchie soit considérée comme « non fragile », il faut que la force de
traction provoquant la fissuration du béton entraîne dans les aciers tendus de section As une contrainte
σs au plus égale à leur limite d’élasticité garantie fe ( σs≤ fe). Dans le cas contraire, où la contrainte σs
dépasserait la limite d’élasticité fe, les aciers ne seront plus en mesure de s’opposer à la rupture fragile
de la pièce. De telles pièces sont fragiles, elles ne sont pas considérées comme des éléments en béton
armé et sont classées dans le groupe des constructions en béton. Ainsi, la condition de non fragilité
impose une section minimale d’armatures dans les éléments fléchis et tendus. Pour déterminer ce
pourcentage minimal d’armatures, les calculs sont conduits dans l’hypothèse d’un diagramme linéaire
des contraintes sur toute la hauteur de la section supposée non armée et non fissurée et en prenant sur
la fibre extrême tendue une contrainte du béton égale à ftj.

2.11.1. Cas de la traction

Fig. 7.24. Cas de la traction Fig. 7.25. Cas de la flexion

Notations (voir fig. 7.24): B - section de béton ; As - section des aciers ; Nfis - effort normal de
traction correspondant à la formation des fissures.
N fis
On doit avoir: σ =s = Bf tj ≤ f e (7.65)
As As

95
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Principes de calcul du béton armé

f tj As f tj
d’où As ≥ B ou encore ρ= ≥ (7.66)
fe B fe
ρ étant le pourcentage d’armatures dans la section.
L’expression (7.66) (ou bien (7.67)) traduit la condition de non fragilité pour la traction ; elle doit
être satisfaite dans tous les cas. Par exemple pour un béton courant avec ftj = 2 MPa avec des
armatures FeE400 (fe = 400 MPa), on a : ρ ≥ ftj/fe = 2/400 = 0,5.10-2 = 0,5%. Ainsi, pour une
section tendue en béton armé, le pourcentage minimal d’armatures équivaut à :
f tj
ρmin = (7.68)
fe

2.11.2. Cas de la flexion


Notations (voir fig. 7.25): As - section des aciers; Wb - module de résistance de la section; h, b -
hauteur totale et largeur de la section; d - hauteur utile de la section; Mfis - moment fléchissant
correspondant à la formation des fissures; z - le bras de levier du moment résistant.
On doit avoir pour la fibre extrême tendue :
2
σt,max = ftj = M fis
=
6M fis d’où Mfis = bh f (7.69)
tj
Wb bh 2 6
M fis
D’autre part, on a: Mfis = Fs z = σs As z d’où σs = (7.71)
As z
M
La contrainte σs doit être telle que (condition de non fragilité) : σs = fis
≤ fe (7.73)
As z
En remplaçant dans cette expression Mfis par sa valeur de l’expression précédente, on obtient :
2 f tj ≤ f f tj
σs = bh e ou encore 6 As z
≥ (7.74)
2
6 As z bh f e
En général le bras de levier z ≈ 0,9d ≈ 0,9(0,9)h = 0,81h, dans ce cas l’expression (7.75) devient:
4 , 86 A s f tj ou encore As f tj (7.76)
≥ ≥ 0 , 206
bh fe bh fe
Sachant que h ≈ 0,9d, on aura : As
≥ 0 , 23
f tj (7.78)
bd fe
Le produit « bd » représente l’aire B de la section de béton (l’enrobage n’est pas tenu en compte) et
le quotient As /bd est en fait le pourcentage d’armatures dans la section, donc, on doit avoir:
A f tj
ρ = s ≥ 0 , 23 (7.79)
bd fe
L’expression (7.79) traduit la condition de non fragilité pour la flexion ; elle doit être vérifiée pour
tous les éléments fléchis. Pour un béton courant avec ftj = 2 MPa avec des armatures FeE400 (fe =
400 MPa), on obtient: ρ ≥ 0,23 (ftj/fe) = 0,23 (2/400) = 0,115.10-2 = 0,115%.

Ainsi, pour une section fléchie en béton armé, le pourcentage minimal d’armatures équivaut à :
f
ρmin = 0,23 tj (7.80)
fe
En général, les pourcentages d’armatures obtenus par le calcul sont supérieurs à ρmin ; toutefois, la
condition de non fragilité doit être toujours vérifiée.

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

Chapitre 8.
JUSTIFICATION DES SECTIONS SOUMISES
A DES SOLLICITATIONS NORMALES
Les sollicitations normales sont celles qui peuvent être équilibrées par des contraintes
normales développées sur des sections droites des pièces. Les éléments de réduction de ces
sollicitations sont en général le moment fléchissant M et l’effort normal N.

Dans le calcul, les sections à prendre en compte sont les sections nettes obtenues après
déduction de tous les vides, qu’ils soient réservés au bétonnage ou créés par refouillement, à
condition que des précautions spéciales ne soient prises pour le rebouchage. En cas de
variation de section, on prend les dimensions effectives sous réserve que la pente des parois
sur l’abscisse soit au plus égale à 1/3 ; dans le cas contraire, on prend des sections fictives
raccordées aux minimales par des parois de pente 1/3. En flexion, pour évaluer l’effort
agissant sur une membrure tendue, on considère le moment fléchissant agissant à une distance
0,8h (h - hauteur totale de la section transversale) de la section considérée dans la direction
où le moment augmente en valeur absolue. Cette disposition tient compte de l’action de
l’effort tranchant. Dans le calcul, les armatures longitudinales comprimés ne sont prises en
compte que lorsqu’elles sont entourées au maximum tous les 15 diamètres par des armatures
transversales.

Dans ce chapitre, on étudiera les pièces soumises à des sollicitations pouvant engendrer des
contraintes normales sur leurs sections droites, à savoir:
- la flexion simple;
- la traction simple;
- la compression simple;
- la flexion composée.

1. LA FLEXION SIMPLE
En flexion simple, le calcul aux sollicitations normales se réduit au calcul sous l’action du
seul moment de flexion; l’action de l’effort tranchant sera étudiée dans le chapitre suivant. En
principe, les deux types de calcul sont à étudier, à savoir :
- le calcul de dimensionnement d’une pièce fléchie;
- le calcul de vérification du comportement d’une pièce fléchie avec des dimensions
préalablement définies.

Le dimensionnement des sections vis à vis du moment fléchissant M s’effectue en considérant


d’abord (cas général) l’état limite ultime de résistance, puis il faut vérifier que le
dimensionnement ainsi obtenu satisfait aux conditions :
- d’état limite de service vis à vis de la durabilité (fissuration);
- d’état limite de service vis à vis des déformations;
- de non fragilité de l’élément en béton armé.

La vérification du comportement d’une pièce avec un dimensionnement défini suppose, dans


le cas général :

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-2008-
Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

- la vérification de sa résistance;
- la vérification de l’ouverture des fissures;
- la vérification de la rigidité de l’élément (déformation);
- la vérification de la non fragilité de l’élément en béton armé.

Les pièces fléchies sont les dalles, les poutres, les murs de soutènement et autres ouvrages
souterrains. Elles sont généralement calculés soit comme des plaques, soit comme des poutres
à travées indépendantes ou continues sur des appuis articulés ou encastrés. Elles sont armées,
soit par des barres d’aciers isolées ou assemblées en ossatures de ferraillages (poutres), soit
par des treillis soudés ou ligaturés (dalles, réservoirs, murs de soutènement, etc...).

1.1. L’état limite ultime de résistance


1.1.1. Généralités
a) Rupture des éléments fléchis

Fig. 8.1. Rupture des éléments fléchis Fig. 8.2. Etat de contraintes et ferraillage d’une poutre
sous l’action: fléchie. 1 - fissures verticales dues au moment
a) du moment fléchissant M; fléchissant M ; 2 - fissures inclinées dues au moment
b) de l’effort tranchant V; fléchissant M et à l’effort tranchant V ; 3 - trajectoires
c) du moment M et de l’effort V. des contraintes principales de traction;
4, 5, 6 - armatures longitudinales, transversales
verticales et transversales inclinées.
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-2008-
Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

Les éléments fléchis sont généralement soumis à l’action du moment fléchissant M et de


l’effort tranchant V. La rupture peut donc intervenir :
- soit sous l’action du seul moment de flexion M (fig. 8.1, a);
- soit sous l’action de l’effort tranchant V (fig. 8.1, b);
- soit sous l’action simultanée du moment M et de l’effort tranchant V (fig. 8.1, c).

Supposons une poutre sollicitée par deux forces ponctuelles de valeurs égales et équidistantes
des appuis de droite et de gauche (fig. 8.2, a). Dans la zone de flexion pure, c’est-à-dire dans
la zone CD (voir épures des sollicitations sur les fig. 8.2, b), il n’apparaît que des contraintes
normales et les fissures sont verticales (voir fig. 8.2, c). Dans les zones entre les appuis et les
forces, les sections sont soumises à l’action du moment M et de l’effort tranchant V, donc
soumises à des contraintes normales σ et tangentielles τ. Ces deux catégories de contraintes
forment des contraintes principales de traction σ1 et de compression σ3 parmi lesquelles les
plus dangereuses sont les contraintes principales de traction σ1. Selon le rapport entre σ et τ,
les contraintes σ1 vont avoir une direction variable le long de la pièce (voir fig. 8.2, c). Là où
la contrainte σ1 dépasse ftj, il se forme des fissures normales à la direction de σ1, donc
inclinées. Pour prendre ces contraintes σ1, on place des barres d’armatures longitudinales et
transversales (verticales ou inclinées, voir fig. 8.2, d). Ainsi, pour les pièces fléchies, deux
calculs s’imposent:
- un calcul aux sollicitations normales (moment M) qui consiste à assurer la
résistance des sections sous l’action des contraintes normales;
- un calcul aux sollicitations tangentes (effort tranchant V) qui consiste à assurer la
résistance des sections sous l’action des contraintes tangentielles.

Comme il a été déjà dit, dans ce chapitre, on se limitera au calcul sous l’action des
sollicitations normales seulement.

b) Positions particulières de l’axe neutre

Pour les éléments fléchis, l’état limite ultime (E.L.U.) peut être atteint de deux façons :
- par écoulement des armatures tendues (pivot A);
- par écrasement du béton comprimé (pivot B).

Pivot A: Cet état limite ultime est caractérisé par :


εs = εs,u = 0,010 ; 0 < εbc ≤ εb,u = 0,0035 ; y = αd et 0 < α ≤ 0,259.

Pivot B: Cet état limite ultime est caractérisé par :


εbc = εb,u = 0,0035 ; 0 < εs ≤ εs,u = 0,010 ; y = αd et 0,259 ≤ α < 1,1.

Pour déterminer le pivot, on compare la valeur de la profondeur relative de l’axe neutre α à la


valeur 0,259. Dans le cas particulier où α = 0,259, l’état limite ultime est atteint
simultanément dans les aciers tendus (pivot A) et dans le béton comprimé (pivot B).

Analysons maintenant le comportement des aciers tendus et du béton comprimé quand la


droite représentant les déformations de la section (autrement dit la profondeur y de l’axe
neutre) prend certaines positions particulières (voir fig. 8.3).

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

• Dans la position AB, on a :


- pour les aciers tendus : εs = εs,u = 0,010, donc aciers bien utilisés, c’est-à-dire que
toute la résistance de l’acier a été utilisée: σs = fs ;
- pour le béton comprimé : εbc = εb,u = 0,0035, donc béton bien utilisé, c’est-à-dire
que toute la résistance du béton a été utilisée: σbc = fbc.
Ainsi, dans la position AB, c’est-à-dire quand α = 0,259 (y = 0,259d), aussi bien les aciers
σs = fs et σbc = fbc).
que le béton comprimé sont bien utilisés (σ

• Dans la position AC1, on a:


- pour les aciers tendus: εs = εs,u = 0,010, donc aciers bien utilisés (on a : σs = fs );
- pour le béton comprimé: εbc = εbc,u = 0,002, donc béton bien utilisé (on a : σbc =
fbc ).
Ainsi, dans la position AC1, c’est-à-dire quand α = 0,167 (y = 0,167d), aussi bien les aciers
σs = fs et σbc = fbc).
que le béton comprimé sont bien utilisés (σ

• Dans la position A2B1, on a:


- pour les aciers tendus: εs = εs,e = 0,010, donc aciers bien utilisés (σ
σs = fs );
- pour le béton comprimé: εbc = εb,u = 0,0035, donc béton bien utilisé ( σbc = fbc ).

Ainsi, dans la position A2B1 , c’est-à-dire quand α = αlim (y = αlimd), aussi bien les aciers que
le béton comprimé sont bien utilisés (σσs = fs et σbc = fbc).

Fig. 8.3. Domaine économique en flexion

• En pivot A, quand εbc < εbc,u = 0,002 (domaine défini par le triangle OAC1O) , on a :
- pour les aciers tendus: εs = εs,u = 0,010, donc aciers bien utilisés (σσs = fs );
- pour le béton comprimé: εbc < εbc,u = 0,002, donc béton mal utilisé, c’est-à-dire
σbc< fbc); cela veut dire que la
que toute la résistance du béton n’a pas été utilisée (σ
section de béton est grande (la section de béton est grande pour équilibrer l’effort
agissant).
Ainsi, en pivot A, c’est-à-dire quand εbc < 0,002, le béton est mal utilisé; c’est le cas où la
profondeur relative de l’axe neutre α < 0,167 (y < 0,167d).

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

• En pivot B, quand εs< εs,e=0,002 (domaine défini par le triangle BA2O1B), on a :


- pour les aciers tendus: εs < εs,e, donc aciers mal utilisés , c’est-à-dire que toute la
σs< fs) ; cela veut dire que la section des
résistance des aciers n’a pas été utilisée (σ
aciers est grande (il y a beaucoup d’aciers pour équilibrer l’effort agissant).
- pour le béton comprimé : εbc = εb,u = 0,0035, donc béton bien utilisé (σ σbc = fbc).
Ainsi, en pivot B, c’est-à-dire quand εs < εs,e, les aciers sont mal utilisés; c’est le cas où la
profondeur relative de l’axe neutre α > αlim (y > αlim d). On remarque ainsi que le domaine
où les aciers tendus et le béton comprimé sont bien utilisés est celui défini par la figure
AC1BA2A : c’est le domaine économique (voir fig. 8.3.). Ce domaine est défini pour une
valeur de la profondeur relative de l’axe neutre α variant de 0,167 à αlim:
0,167 ≤ α ≤ αlim (8.1)

Pour des aciers de nuance FeE400 par exemple, on a : εs,e = fe/(Es γs) = 400/(2.105.1,15) =
0,00174 et αlim = 0,0035/(0,0035 + εs,e) = 0,0035/(0,0035 + 0,00174) = 0,668; donc, on
doit avoir pour ces aciers 0,167 ≤ α ≤ 0,668. Le calcul dans ces conditions est conduit de
façon générale suivant l’organigramme représenté sur le schéma 8.1.

1 1 Données: Sollicitations. Caractéristiques des matériaux béton et acier

2 Les dimensions de l’élément sont-elles connues ?


oui non
3
4
Détermination de la profondeur relative de l’axe neutre α Fixer α (α→ αlim )
connues ?
5
oui α ≤ 0,259 ? non

6 Pivot A
7
Pivot B
8
α ≥ 0167 ? 9
non oui oui α ≤ αlim ?

10 non
Solution économique

11 12 Solution non économique: section


Solution peu économique:
section de béton surabondante. de béton insuffisante (σx < fe / γs ).
Redimensionner la section. Introduire des aciers comprimés ou
redimensionner la section.

Schéma 8.1. Organigramme général pour le calcul à l’état limite ultime de résistance en flexion
simple.
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

c) Equations d’équilibre de la section


Notations: (voir fig. 8.4).
Mu - moment sollicitant ultime;
Fb - effort de compression dans le béton;
Fs’ - effort de compression dans les aciers As’
Fs - effort de traction dans les aciers As

Fig. 8.4. Diagramme des déformations et des contraintes.


On supposera que la section est au moins symétrique par rapport à l’axe vertical y et que les
aciers sont placés symétriquement par rapport à cet axe. On a :
Fb =
∫ σ bc ( y)b( y)dy (8.2)
l
b - étant la largeur de la section ;
Fs’ = σs’As’ ; Fs = σsAs (8.3) et (8.4)
Les équations d’équilibre s’obtiennent en faisant la projection de toutes les forces sur l’axe
∑X = 0) et en prenant la somme des moments de toutes les forces par rapport
horizontale x (∑
∑MAs = 0); on obtient donc :
au centre de gravité des aciers tendus As (∑
∑X = 0 ⇔ -Fb - Fs’ + Fs = 0;
∑MAs = 0 ⇔ Mu - Fb z - Fs’(d - d’ ) = 0
ou encore Fs = Fb + Fs’ ; Mu = Fb z + Fs’ (d - d’ ) (8.5) et (8.6)
On remarque que ces deux équations contiennent trois inconnues qui sont Fs, Fb et Fs’. En
effet les sections d’aciers tendus As et comprimés As’ et du béton (b et y) ne sont pas
connues. Pour résoudre le problème, on va envisager deux cas de ferraillage :
- la section ne comporte que des aciers tendus As; dans ce cas As’ = 0 et on obtient
deux inconnues seulement: la section des aciers tendus et la section du béton à
déterminer;
- la section comporte des aciers tendus As et des aciers comprimés As’; dans ce cas,
on se fixe, soit la section des aciers comprimés As’, soit la section du béton en
donnant une valeur concrète à α ; on se ramène ainsi à deux inconnues pour les
deux cas.

1.1.2. La section ne comporte que des aciers tendus


a) Etablissement des formules de calcul
Soit une pièce fléchie ne comportant que des aciers tendus (voir fig. 8.5). Les résultantes des
forces de compression dans le béton (Fb) et de traction dans les aciers (Fs) ont
respectivement pour valeurs :
Fb = Bcσbc ; Fs = As σ s (8.7) et (8.8)

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Fig. 8.5. Pièce fléchie ne comportant que des aciers tendus As.

La résistance de la section soumise à l’action du moment sollicitant Msol sera assurée si et


seulement si la condition suivante est vérifiée:
Msol ≤ Mu (8.9)
avec, Mu - le moment de flexion ultime dont la valeur est déterminée en supposant l’une des
conditions suivantes (voir fig. 8.6) :
- les contraintes de compression dans le béton ont atteint leurs valeurs à l’état limite
ultime de résistance (σσbc = fbc);
- les contraintes de traction dans les aciers ont atteint leurs valeurs à l’état limite
ultime de résistance (σσs = fs).
Cette valeur du moment ultime Mu est déterminée en prenant le moment des forces par
rapport à l’axe normal au plan d’action du moment fléchissant et passant par le centre de
gravité des aciers tendus (fig. 8.6.):
Mu = F b z (8.10)

En flexion simple (section partiellement comprimée), on adopte un diagramme rectangulaire


simplifié pour les contraintes de compression du béton, d’où
z = d - 0,4y (8.11)

Fig. 8.6. Eléments fléchis avec aciers tendus seulement.

Le système étant en équilibre, donc la somme des projections de toutes les forces sur l’axe
∑X = 0), ce qui nous
longitudinal de l’élément fléchi (axe horizontal) est égale à zéro (∑
permet d’obtenir l’équation des forces :
Fb = Fs ou encore Bc fbc = As fs (8.12) et (8.12a)
En considérant les triangles semblables (voir diagramme des déformations linéaires sur la fig.
8.5), on obtient l’équation des déformations :
ε bc εs
= (8.13)
y d−y
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Ainsi, la résistance d’une section ne comportant que des aciers tendus sollicitée par un
moment fléchissant Msol est assurée lorsque la condition suivante est remplie :
Msol ≤ Mu = Fb z = Bc fbc (d - 0,4y) ou Msol ≤ Mu = Fs z = As fs (d - 0,4y) (8.14) et (8.15)
Pour déterminer les sections d’aciers nécessaires, on suppose que le moment de flexion
sollicitant Msol a atteint la valeur ultime Mu (condition d’utilisation économique des
matériaux):
Msol = Mu (8.16)
On détermine alors la section des aciers As :
Bc f bc
- soit à partir de l’expression (8.12): As = (8.17)
fs
Mu
- soit à partir de l’expression (8.15): As = (8.18)
fs z
b) Cas d’une section rectangulaire

Fig. 8.7. Cas d’une section rectangulaire.

Pour une section rectangulaire (voir fig. 8.7), on a : Bc = 0,8yb (8.19)


L’expression (8.14) devient donc : Mu = 0,8ybfbc (d - 0,4y) (8.20)
En remplaçant y par sa valeur ( y = αd), on obtient: Mu = 0,8αd 2 bfbc (1 - 0,4α) (8.21)
Mu
ou encore = 0,8 α (1 - 0,4α) (8.22)
bd 2 f bc
Mu
En posant µ = , (8.23)
bd 2 f bc
l’expression (8.22) devient: µ = 0,8 α (1 - 0,4α
α) (8.24)
La racine positive de cette équation du second degré par rapport à α (α
α étant la seule
inconnue du problème) a pour valeur :
α = 1,25 (1 - 1 − 2µ ) (8.25)

Le coefficient µ est appelé moment réduit; il est sans dimensions et caractérise la fraction du
moment fléchissant équilibrée par le béton seul. Sa valeur est connue, car il dépend des seules
données du problème (dimensions de la section de béton, résistance du béton à la
compression). En connaissant µ, on peut calculer la valeur du coefficient α (profondeur
relative de l’axe neutre) par la formule (8.25) et déterminer le pivot (pivot A ou pivot B). Si le
coefficient α ≤ 0,259, on est en pivot A (domaine 1); si 0,259 ≤ α ≤ 1,0, on est en pivot B
(domaine 2). Il peut arriver qu’on trouve α > 1,0, c’est-à-dire que toute la section est
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comprimée (y > d), dans ce cas, il convient d’augmenter les dimensions de la section du
béton. Quelques valeurs particulières des coefficients α et µ sont données dans le tableau 8.1.

Tableau 8.1. Coefficients α et µ . EAT - écoulement des aciers tendus; EBC - écrasement du béton
comprimé. N.B. Pour les aciers de nuance FeE400, on a: αlim = 0,668 et µlim = 0,392.
Coefficient α Coefficient µ Pivot Obtention de Observations
l’E.L.U.
0 < α < 0,167 0 < µ < 0,104 A EAT Diminuer la section
de béton
0,167 0,104 A EAT Section acceptable
0,167 < α < 0,259 0,104 < µ < 0,186 A EAT Section économique
0,259 0,186 A et B EAT et EBC Section très
économique
0,259 < α < αlim 0,186 < µ < µlim B EBC Section économique
αlim < α < 1,0 µlim < µ < 0,480 B EBC Section de béton
insuffisante
1,0 0,480 B EBC Augmenter la
section de béton
α > 1,0 µ > 0,480 B EBC Augmenter la
section de béton

∗ Calcul en pivot A (voir fig. 8.8.)


En pivot A, l’E.L.U. est obtenu par écoulement plastique des aciers tendus; dans ce cas, on a :
- pour les aciers tendus: εs = εs,u = 0,010 ; σs = fs ;
- pour le béton comprimé: εbc = εb,u = 0,0035 ; σbc ≤ fbc.
De l’équation des déformations (8.13), on tire la valeur exacte du raccourcissement du béton :
y
εbc = ε s ,u (8.26)
d−y
α
ou encore, en tenant compte que y = αd : εbc = ε s,u (8.27)
1−α
La valeur trouvée de εbc permet d’apprécier l’utilisation du béton ; en effet, on doit toujours
chercher à bien utiliser le béton :
- Si εbc < 0,002 , cela veut dire que σbc< fbc et le béton est mal utilisé; la valeur de
σbc est déterminée sur le diagramme de déformation σbc-εεbc ;
- Si 0,002 ≤ εbc ≤ 0,0035, on a σbc = fbc et le béton est bien utilisé.
La section des aciers est déterminée :
0,8 ybσ bc
- soit à partir de l’équation des forces: As = (8.28)
fs
Mu
- soit à partir de l’équation des moments: As = , z = d - 0,4y (8.29) et (8.30)
zf s
∗ Calcul en pivot B (voir fig. 8.9)
En pivot B, l’E.L.U. est atteint par écrasement du béton comprimé; dans ce cas, on a :
- pour le béton comprimé : εbc = εb,u = 0,0035 et σbc = fbc.
- pour les aciers tendus : εs ≤ εs,u = 0,010 et σs ≤ fs ;

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

Fig. 8.8. Calcul en pivot A Fig. 8.9. Calcul en pivot B

De l’équation des déformations, on détermine la valeur exacte de l’allongement des aciers :


d−y
εs = ε b,u (8.31)
y
1−α
ou encore, en tenant compte que y = αd: εs = ε b,u (8.32)
α
La valeur trouvée de εs permet d’apprécier l’utilisation des aciers ; en effet, on doit toujours
chercher à bien utiliser les aciers :
- Si εs < εs,e , cela veut dire que σs < fs et les aciers sont mal utilisés; dans ce σs est
déterminée sur le diagramme de déformation σs - εs de l’acier : σs = εsEs ;
- Si εs,e ≤ εs ≤ εs,u, on a : σs = fs et les aciers sont bien utilisés.
La section des aciers est déterminée:
0,8 ybf bc
- soit à partir de l’équation des forces: As = ; (8.33)
σs
Mu
- soit à partir de l’équation des moments: As = (8.34)
zσs
z étant déterminé par la formule (8.30).
Dans le cas où α = 0,259 (cela correspond à la droite AB), on peut faire le calcul, soit en
pivot A, soit en pivot B. Les deux calculs conduisent au même résultat. C’est le cas optimal
où les capacités portantes des deux matériaux (aciers tendus et béton comprimé) sont
entièrement utilisées.

c) Cas d’une section en T


Les sections en T sont très répandues dans les constructions et ouvrages. Elles se rencontrent
aussi bien dans les constructions préfabriquées que dans les constructions monolithes coulées
sur place. Ces sections sont obtenues en associant une dalle appelée table de compression à
des nervures constituées par des poutrelles ou des poutres (voir fig. 8.10). Dans le cas des
éléments coulés sur place, la largeur b1 de la dalle à prendre en compte de chaque côté de la
nervure de son parement (largeur du porte - à - faux) est limitée aux valeurs suivantes (voit
fig. 8.11):
- en travée (zone centrale) : b1 ≤ 0,5c (fig. 8.11, a); b1 ≤ 0,1l (fig. 8.11, b);
- à proximité des appuis : b1 ≤ (l1 + l2)/ 40 (fig. 8.11, c); b1 ≤ 2a/3 (fig. 8.11, d); b1
= a pour les dalles pleines prenant appuis sur les 4 côtés (fig. 8.11, e).

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

De plus, on ne doit pas attribuer la même zone


de dalle à deux nervures différentes. Pour les
grandes ailes, les parties en porte–à-faux les
plus éloignées de la nervure sont moins
sollicitées que celles à proximité, raison pour
laquelle, on a intérêt à limiter la largeur des
ailes de chaque côté de la nervure. Pour les
poutres individuelles en Te (préfabriquées ou
coulées sur place), les largeurs des porte-à-faux
sont, généralement, ainsi limitées (voir fig. Fig. 8.10. Section en T.
8.12) : b1 ≤ 6ho si ho > 0,1h ; b1 ≤ 3ho si 1 - aile ou table de compression;
0,05 h ≤ ho ≤ 0,1h ; b1 = 0 si ho < 0,05h (le 2 - nervure ou âme.
porte-à-faux n’est pas tenu en compte dans le
calcul).

Fig. 8.11. Détermination de la largeur b1 des ailes pour es sections en Te.

Fig. 8.12. Poutre Fig. 8.13. Section en T


individuelle en T

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

Considérons maintenant une section en T comme représentée sur la fig. 8.13. Supposons que
la compression n’intéresse que la table de compression (aile de hauteur ho) et qu’elle est
entièrement comprimée. En effet, nous allons considérer que les contraintes de compression
sont constantes et égales à fbc sur toute sa hauteur ho (diagramme rectangle simplifié - RS),
donc ho = 0,8 y, ce qui sous entend que l’axe neutre est en réalité légèrement plus bas, mais
que nous allons faire travailler au maximum la table de compression; (N.B. : en prenant dans
le calcul ho = y, on obtient pour le moment pris par la table de compression Mbt une valeur
inférieure, ce qui n’est pas économique). Dans ce cas, l’effort de compression pris par le
béton Fb a pour valeur:
Fb = fbc ho b (8.35)

Le moment résistant correspondant sera égal à:


MR = Mbt = Fb z = fbc ho b (d - 0,5ho) (8.36)
Le moment Mbt est le moment pris par la table de compression seulement. On peut distinguer
deux cas selon le rapport entre le moment sollicitant ultime Mu et le moment Mbt :
- 1er cas : Mu ≤ Mbt, dans ce cas l’axe neutre traverse la table de compression (fig.
8.14, a);
- 2ème cas: Mu > Mbt, dans ce cas l’axe neutre traverse la nervure (fig. 8.14, b).

∗ Cas où Mu ≤ Mbt : Dans ce cas, seule une partie de la table est comprimée (fig. 8.14, a).
Le calcul se fait comme une section rectangulaire de hauteur h et de largeur b égale à celle
de la table.

Fig. 8.14. Deux cas de position de l’axe neutre pour les sections en T.

∗ Cas où Mu > Mbt : Dans ce cas, toute la table, de même qu’une partie de la nervure sont
comprimées (fig. 8.14, b). Pour ce cas, le calcul se fait comme suit. Faisons d’abord les
notations suivantes (voir fig. 8.15) :
Fb1 - la résultante des contraintes de compression dans les porte-à-faux (ailes en pointillés);
Fbn - la résultante des contraintes de compression dans la nervure (nervure hachurée);
Fs - la résultante des contraintes de traction dans les aciers As.
On obtient donc pour ces forces les valeurs suivantes:
Fb1 = fbc (b - bo) ; Fbn = fbc b(0,8y); Fs = σ s As (8.37) … (8.39)

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Fig. 8.15. Calcul des sections en T quand l’axe neutre traverse la nervure.

Les équations d’équilibre donnent:


∑X = Fs - Fb1 - Fbn = 0 (8.40)
∑MAs = Mu - Fb1 (d - 0,5ho) - Fbn z = 0 avec, z = d - 0,4y (8.41)
ou encore σsAs = fbc ho (b - bo ) + 0,8ybfbc (8.42)
Mu = fbc ho (b - bo )(d - 0,5ho) + 0,8ybfbc (d - 0,4y) (8.43)
Désignons par Mn la différence entre le moment sollicitant ultime Mu et le moment sollicitant
les porte-à-faux Fb1 :
Mn = Mu - Fb1 (d - 0,5ho) = Mu - fbc ho (b - bo )(d - 0,5ho ) (8.44) et (8.45)
Mn - est le moment sollicitant la nervure qui est une section rectangulaire de hauteur h et de
largeur bo. On déduit alors le moment réduit:
Mn
µ = (8.46)
bo d 2 f bc
et on calcule le coefficient α : α = 1,25(1 - 1 − 2 µ ) (8.47)
A partir de la valeur du coefficient α, on détermine le pivot (pivot A ou pivot B) et le calcul
se poursuit comme précédemment pour les sections rectangulaires.

d) Autres formes de section


Les sections en forme de caissons, en I ou H, trapézoïdales, triangulaires, etc... sont aussi
utilisées comme éléments fléchis dans la pratique de la construction. Pour calculer de tels
éléments, on utilise les formules générales des sections symétriques (par rapport à l’axe
principal de la section droite). Quelque soit la forme de la section, les éléments sont calculés
sans tenir compte du béton tendu. Les section en I ou H sont calculées comme des sections
en T en négligeant le béton de la zone tendue, mais les armatures calculées doivent être
reparties dans toute cette zone tendue (fig. 8.16, a). Les sections en caissons sont considérées
comme des sections en I ou H dont la largeur de la nervure est égale à la somme des largeurs
de toutes les nervures et la hauteur est égale à celle du caisson ; la section est ainsi réduite à
une section en I ou H (fig 8.16, b). Cette règle est aussi valable pour les dalles nervurées (fig.
8.16, c). Les sections trapézoïdales ont une section de béton comprimé en forme de trapèze
(fig. 8.16, d) et l’aire du béton comprimé Bc doit être déterminée en conséquence.

1.1.3. La section comporte des aciers tendus et des aciers comprimés


a) Etablissement des formules de calcul
Il arrive qu’en plus des aciers tendus As on place des aciers comprimés As’ (voir fig. 8.17);
cela pour ces différentes raisons :

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Fig. 8.16. Calcul des sections de diverses formes.

- le béton seul ne peut équilibrer les contraintes de compression;


- il est impossible pour différentes raisons d’augmenter la hauteur de l’élément
fléchi;
- il peut avoir dans la section des moments de signe contraire.
Les éléments fléchis avec des aciers tendus et comprimés ne sont généralement pas
économiques. Les armatures dans les zones comprimées sont placées dans les limites de la
déformabilité du béton en compression. Les formules de calcul sont obtenues en égalisant le
moment sollicitant Mu au moment résistant MR,u de la section (voir fig. 8.18). Le moment
résistant MR,u est déterminé à partir des conditions d’équilibre de la section et en supposant
un diagramme rectangulaire des contraintes de compression du béton. La projection des forces
sur l’axe horizontal donne :

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Fig. 8.17. Pièce fléchie comportant des aciers tendus As et comprimés As’.

Fig. 8.18. Résistance des éléments fléchis avec des aciers tendus et comprimés.

Fs = Fb + Fs’ ou encore As σs = Bc σbc + As’ σs’ (8.48) et (8.49)


L’expression du moment résistant MR,u est obtenue en prenant la somme des moments de
toutes les forces par rapport au centre de gravité des aciers tendus :
MR,u = Fs’ (d - d’ ) + Fb (d - 0,4y) ou encore MR,u = MA’ + Mb (8.50) et (8.51)
avec, MA’ = Fs’ (d - d’ ) = As’σs’ (d - d’ ) et Mb = Fb (d - 0,4y) = Bc σbc (d - 0,4y) (8.52) et
(8.53)
MA’ est le moment pris par l’armature symétrique As’ et As2 (avec As2 = As’) sans tenir
compte du béton ; Mb est le moment pris par la section de béton armé avec les aciers tendus
As1 = As - As’ .
Ainsi, pour une section résistante, on doit avoir:
Mu ≤ MR,u = As’ σs’ (d - d’ ) + Bc σbc (d - 0,4y) (8.54)
En analysant les expressions précédentes, on remarquera qu’on dispose de deux équations
(équation des forces et celle des moments) et de trois inconnues qui sont :
- la section de béton (exprimée à travers le paramètre y);
- la section des aciers tendus As;
- la section des aciers comprimés As’.
Par conséquent, on peut avoir deux types de problème :
- pour des dimensions connues de la section du béton, il faut déterminer les sections
des aciers tendus As et comprimés As’;
- pour une section d’aciers comprimés As’ connue, il faut choisir la section de béton
et déterminer la section des aciers tendus As.
Pour le premier cas, c’est-à-dire quand sont données les dimensions de la section de béton et
qu’il faut déterminer les sections d’aciers tendus As et comprimés As’, on doit partir des
expressions (8.54) et (8.49) :
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

M u − Bc σ bc (d − 0,4 y ) σs' σ bc
As’ = et As = As ' + Bc (8.55) et (8.56)
σ s ' (d − d ' ) σs σs
Les quantités y et Bc dans ces expressions sont connues.
Pour le deuxième cas, c’est-à-dire quand la section des aciers comprimés As’ est donnée et
qu’il faut déterminer la section de béton et celle des aciers tendus As, on doit d’abord
déterminer la quantité Bc à partir de la profondeur de l’axe neutre y pour une section de béton
choisie et après calculer la section des aciers tendus As à partir de l’expression (8.49):
σs' σ bc
As = As ' + Bc (8.57)
σs σs
Dans tous les cas, la part du moment de flexion équilibrée par les aciers comprimés As’ ne
doit pas dépasser 40% (cela pour des raisons surtout économiques) du moment total, c’est-à-
dire :
MA’ = σs’ As’ (d - d’) ≤ 0,4Mu (8.58)

b) Cas d’une section rectangulaire

Fig.8.19. Section rectangulaire avec des aciers tendus As et comprimés As’.

Dans le cas d’une section rectangulaire (voir fig. 8.49), on a:


Bc = 0,8yb ; z = d - 0,4y (8.59) et (8.60)
Ainsi, l’équation des forces devient : σs As = 0,8ybfbc + σs’ As’ (8.61)
et celle des moments donne : Mu = σs’ As’ (d - d’ ) + 0,8ybfbc (d - 0,4y) (8.62)

ou encore, sachant que y = αd : Mu = σs’ As’ (d - d’ ) + 0,8ybd 2 fbc (1 - 0,4α) (8.63)

On remarque bien qu’avec ces deux équations, on a trois inconnues qui sont As, As’ et α.
Deux cas sont ainsi possibles :
- 1er ces: on fixe α et on calcule As et As’ ;
- 2ème cas: on fixe As’ et on calcule α et As.
Pour le premier cas, on prend α = αlim ou bien α = 0,69 (cette dernière valeur de α
correspond à la plus petite valeur de la somme (As +As’) et on calcule les sections d’aciers à
partir des expressions (8.62) et (8.61):

M u − 0,8 ybf bc (d − 0,4 y ) f s ' As '+0,8 ybf bc


As’ = ; As = (8.64) et (8.65)
f s ' (d − d ' ) fs

112
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-2008-
Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

avec, y = αd ; fs’ = fe’/γs ; fs = fe /γs; fe’ et fe étant les limites d’élasticité garantie
respectivement des aciers comprimés As’ et des aciers tendus As.
Pour le deuxième cas, la section des aciers comprimés As’ est fixée au préalable (soit
constructivement, soit forfaitairement à partir du degré de sollicitation de l’élément, soit
encore à partir de la valeur du moment de signe contraire) et on calcule la section des sections
tendus As en tenant compte qu’une partie des efforts de compression est prise par les aciers
comprimés As’.

c) Cas d’une section en T


Pour les sections en T (fig. 8.20 et 8.21), on vérifie d’abord la position de l’axe neutre en
calculant pour cela le moment Mbt pris par la table de compression :
Mbt = fbc bho (d - 0,5ho ) (8.66)
On compare ensuite la valeur de Mbt à celle du moment sollicitant ultime Mu. Dans le cas où
Mbt ≥ Mu, l’axe neutre traverse la table et le calcul se fait comme pour une section
rectangulaire de largeur b (voir fig. 8.20). Dans le cas où Mbt < Mu, l’axe neutre traverse la
nervure (voir fig. 8.21) et dans le calcul, il faut tenir compte de la partie comprimée de
l’âme. Dans ce cas, on obtient pour les équations de forces et de moments les expressions
suivantes :
Fs = Fs’ + Fbn + Fba ; Mu = Mn + Ma + Ms’ (8.67) et (8.68)
Fs = As fs ; Fs’ = As’ fs’ ; Fbn = 0,8 y bo fbc ; Fba = fbc ho (b - bo ) (8.69) ... (8.72)
Mn = Fbn (d - 0,4y) ; Ma = Fba (d - 0,5ho) ; MA’ = Fs’ (d - d’) (8.73) … (8.75)

Fig. 8.20. Section en T quand l’axe neutre la table.

Ici: Fs - la force de traction dans les aciers tendus As ; Fs’ - la force de compression dans les
aciers comprimés As’ ; Fbn - la force de compression dans le béton de la nervure ; Fba - la
force de compression dans le béton des ailes.
On remarque ici aussi qu’on est en présence de trois inconnues (y, As et As’) avec seulement
deux équations. La procédure de résolution est identique à celle des sections rectangulaires,
c’est-à-dire, soit en fixant α, soit en fixant au préalable la section des aciers comprimés As’.

d) Autres formes de section


Les autres formes de section (section en caisson, en I ou H) sont ramenées à des sections en T
équivalentes.

113
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-2008-
Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

Fig. 8.21. Calcul des sections en T quand l’axe neutre traverse la nervure.
As = Asn + Asa + AsA ; Fs = Fsn + Fsa + FsA.

1.1.4. Algorithmes de calcul des éléments fléchis


Comme il a été déjà signalé, on peut avoir affaire à deux types de problèmes concernant les
éléments en béton armé :
- le problème de conception qui consiste à dimensionner la section (béton et
aciers) de l’élément;
- le problème de vérification de la résistance d’un élément fléchi qui consiste à
déterminer la capacité portante de l’élément avec des caractéristiques géométriques
et mécaniques définies et à comparer cette capacité aux efforts sollicitant.
Pour le premier problème, les algorithmes de calcul en flexion simple à l’état limite ultime
pour les sections rectangulaires et en T sont représentés sur les schémas 8.8 et 8.9. Ces
algorithmes sont en fait une synthèse des algorithmes précédents. Quant au deuxième cas où
les dimensions, de même que les caractéristiques des matériaux sont données (c’est-à-dire
connues) et le problème consiste à déterminer le moment résistant ultime MR,u (ou capacité
portante), c’est-à-dire la valeur maximale du moment fléchissant que peut prendre la section
droite. En comparant cette valeur MR,u à celle du moment sollicitant ultime Mu, on peut
juger de la solidité de l’élément : si MR,u ≥ Mu , alors la solidité de la section est garantie ;
dans le cas où MR,u < Mu , la section ne pouvant prendre le moment Mu, il y aura donc
rupture. Pour les éléments fléchis avec des armatures tendues seulement, les calculs de
détermination et de vérification de leur résistance pour une section de béton donnée, un
ferraillage donné et des caractéristiques mécaniques des matériaux données se font
conformément aux algorithmes représentés sur le schéma 8.10 pour les sections
rectangulaires et sur le schéma 8.11 pour les sections en T. Pour les éléments fléchis avec
des armatures tendues et comprimées connues, les calculs de détermination et de
vérification de la résistance (capacité portante) se font conformément aux algorithmes
représentés sur les schémas 8.12 et 8.13 respectivement pour les sections rectangulaires et en
T. Il s’agit en premier lieu de déterminer la profondeur de l’axe neutre y à partir de
l’équation des forces en tenant compte des aciers comprimés. Dans le cas où y ≤ 0, la
capacité portante de la section doit être déterminée sans tenir compte des aciers comprimés.
La valeur du moment résistant MR,u est déterminée à partir de l’équation des moments.

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

0
Données: Mu ; b; d; d’ ; fcj; ftj ; fe ; fe’; γs ; γb ; Es; θ.

1
0,85 f cj fe ε b ,u f tj
fbc = ; ε s,e = ; α lim = ; ρmin = 0,23 ; fs = fe /γs ; fs’ = fe’/γs
γ bθ γ s Es ε b ,u + ε s,e fe

2
Mu
µ=
bd 2 f bc 3
µ < 0,480 ?
4
oui non
α = 1,25 ( 1 - 1 − 2 µ )
4’
Introduire des aciers
5 comprimés
α ≤ 0,259 ? non 11
oui α = αlim ou
6 6’ α = 0,69 ;
y=αd;
Pivot A : εs = 0,010 ; σs = fs; Pivot B: εbc = 0,0035 ; σbc = z = d - 0,4y
α fbc;
ε bc = 10 ; σbc = σbc (εbc 1−α
1−α ε s = 35
. ; σs = σs (εs);
); α
7
8 oui εs ≥ εs,e ? non
y = αd ; z = d - 0,4y
12 Mb = 0,8 y b fbc z
9
Mu 0,8 ybσbc 14 13
As1 = = M u − Mb Mb ≥ 0,6 Mu ?
zσs σs As’ =
f s ' (d − d ' ) Oui non
14’
Augmenter la
10 15
Prendre As’ constructifs
As ' f s '+0,8 ybf bc section de béton
As1 = ou la classe fcj
fs
16
ρ = As1 / (bd)
ρ ≥ ρmin ? 17
oui non
18 As = As1 18’
As = ρminbd
19 Choix des armatures As’ et As

20 FIN

Schéma 8.8. Algorithme de calcul pour déterminer les sections des aciers en flexion simple à l’état
limite ultime pour les sections rectangulaires.

115
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

0
Données: Mu; b; bo ; d; ho; d’ ; fcj; ftj ; fe ; fe’; γs ; γb ; Es ; θ.

1 0,85 f cj fe ε b ,u f tj
fbc = ; ε s,e = ; α lim = ; ρmin = 0,23 ; fs = fe /γs ; fs’ = fe’/γs
γ bθ γ s Es ε b ,u + ε s,e fe

2 3 4’
Mbt = fbc ho b (d - 0,5ho) Mbt ≤ Mu ? non Le calcul se ramène à
celui d’une section
oui rectangulaire de largeur b
4
Ma = fbc ho (b - bo)(d - 0,5ho) 5 7’ Introduire des aciers
Mn = Mu - Ma ; Mn
Ma µn = comprimés As’
bo d 2 f bc
As,a =
f s ( d − 0,5ho ) 14
6 α = αlim ou
7 oui µn < 0,480 ? non α = 0,69 ;
αn = 1,25 ( 1 - 1 − 2µ n ) y=αd;
z = d - 0,4y
8 9’ Pivot B: εbc = 0,0035; σbc = fbc; 15
αn ≤ 0,259 ?
1−αn
non ε s = 3.5 ; σs = σs (εs); Mb = 0,8 y b fbc z
9 oui αn
Mb ≥ 0,6 Mu ? 16
Pivot A : εs = 0,010 ; σs = fs; 10
αn εs ≥ εs,e ?
non oui non
ε bc = 10 ; σbc = σbc (εbc)
1−αn oui 17’ Augmenter la
M u − Mb section de béton
17 ou la classe fcj
As’ =
11 y = αd ; z = d - 0,4y f s ' (d − d ' )

12 M n 0,8 ybo + (b − bo )ho 18


As1 = = σ bc As ' f s '+0,8 ybf bc
zσ s σs As1 = +As,a
fs
13 19 20
Prendre As’ constructifs ρ ≈ As1 / (bd) ρ ≥ ρmin ?

21 21’
As = As1 As = ρminbd

22 Choix des armatures As’ et As 23


FIN

Schéma 8.9. Algorithme de calcul pour déterminer les sections des aciers en flexion simple à l’état
limite ultime pour les sections en T.

116
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

0 Données: Mu ; b; d; fcj; fe ; γs ; γb ; Es; θ; As εb,u ; εs,u

1 0,85 f cj fe ε b ,u
σbc = fbc = ; ε s,e = ; α lim = ; σs = fs = fe /γs
γ bθ γ s Es ε b ,u + ε s,e

2 σs As 3 α = y/d 4 α ≤ αlim
y = non
0,8bσbc
oui
5 5’ α = αlim ; y = αd
MR,u = σs As (d - 0,4y) 6
MR,u = 0,8 ybσbc (d - 0,4y)

7
8 MR,u ≥ Mu
La résistance de la section oui non
est assurée 8’
La résistance de la section
n’est pas assurée : rupture
9
FIN

Schéma 8.10. Algorithme de calcul pour la détermination et la vérification de la résistance des


éléments fléchis de section rectangulaire avec aciers tendus seulement.

1.1.5. Calcul de la résistance des éléments avec des armatures rigides


a) Généralités
Il arrive parfois d’utiliser à la place des armatures flexibles (barres d’aciers de diamètre d ≤ 40
mm) des armatures rigides sous forme de profilés métalliques normalisés ou non (IPN, IPE,
UPN,, etc...). L’utilisation de ce type d’armatures s’avère surtout rationnelle quand des
problèmes d’étaiement se posent au moment de la mise en œuvre (grande hauteur, difficultés
d’étayage) ; en effet, l’utilisation des profilés métalliques peuvent exclure celle des étais.
Avant le durcissement du béton, les profilés métalliques travaillent comme une structure
métallique et ils sont ainsi calculés sous l’action de son propre poids et des charges de
montage constituées par le poids du béton frais, du coffrage, des ouvriers, du matériel de
transport éventuel, des équipements, de la pression du vent, etc...
Après le durcissement du béton, les profilés métalliques travaillent ensemble avec ce dernier
et on obtient un élément complexe dont les deux composants (béton + profilé métallique)
travaillent ensemble jusqu’à la rupture totale de l’élément complexe. Les essais et les
observations ont permis de constater ce qui suit :
- les résistances du béton et de l’armature rigide sont entièrement utilisées;
- la capacité portante de l’élément complexe ne dépend pas des contraintes initiales
dans l’armature rigide due aux charges de montage.
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

0
Données: Mu; b; bo ; d; ho ; fcj; fe ; γs ; γb ; Es; θ; As εb,u ; εs,u .

1 0,85 f cj fe ε b ,u
σbc = fbc = ; ε s,e = ; α lim = ; σs = fs = fe /γγs
γ bθ γ s Es ε b ,u + ε s,e

2 3’
σs As ≥ bhoσbc ? non Continuer le calcul comme pour une section
rectangulaire de largeur b
3 oui
σs As − (b − bo )hoσbc 4 5 6’
y = α = y/d α ≤ αlim ? non α = αlim
0,8bσbc
oui
6 µ = 0,8 α ( 1 - 0,4α)

7 8
MR,u = µ σbc bo d2 + σbc (b - bo) ho (d - 0,5ho) MR,u ≥ Mu ?
oui non
9 9’
La résistance de la section est assurée La résistance de la section n’est pas assurée :
rupture
10
FIN

Schéma 8.11. Algorithme de calcul pour la détermination et la vérification de la résistance des


éléments fléchis de section en T avec des aciers tendus seulement.

Le choix de l’armature rigide est généralement fait à partir du calcul sous l’action des charges
de montage. Dans le cas où la section du profilé choisi est insuffisante pour l’élément
complexe sous l’action des charges d’exploitation, on y ajoute des armatures flexibles.

b) Calcul des sections rectangulaires


La capacité portante des éléments avec des armatures rigides dépend de la position de l’axe
neutre. Ainsi deux cas peuvent se présenter :
- 1er cas: l’axe neutre ne traverse pas le profilé métallique ;
- 2e cas: l’axe neutre traverse le profilé métallique.

Dans le premier cas (fig. 8.22, a), l’équation des forces (∑X = 0) donnent :

Fs’ + Fb = Fs,r + Fs ou σs’ As’ + 0,8ybfbc = σs,r As,r + σs As (8.76) et (8.77)


où, Fs,r - la résultante des contraintes de traction σs,r dans l’armature rigide de section As,r ;
Fs - la résultante des contraintes de traction σs dans l’armature flexible de section As ; Fs’ -
la résultante des contraintes de compression σs’ dans les aciers comprimés As’; Fb - la
résultante des contraintes de compression fbc dans le béton.

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

0
Données: Mu ; b; d; d’; fcj; fe ; fe’; γs ; γb ; Es; θ; As ; As’ εb,u ; εs,u

1 0,85 f cj fe ε b ,u
σbc = fbc = ; ε s,e = ; α lim = ; σs = fs = fe /γs ; σs’ = fs’ = fe’ /γs
γ bθ γ s Es ε b ,u + ε s,e

2
σs As − σs' As' 3 4 5
y = y≥0? α = y/d α ≤ αlim ?
0,8bσbc Oui non
non oui
8 7 6 y = αlim d
σs As − 0,5σs' As' MR,u = σbc As’(d - d’) + 0,8 ybσbc (d - 0,4y)
y1 =
0,8bσbc
12’ La résistance de la
9 10 11 section n’est pas
y1 ≤ d’ ? non MR,u = σs As (d - d’) MR,u ≥ Mu ?
assurée : rupture
oui
10’ Poursuivre le calcul 12 13
en supposant que La résistance de la section est assurée FIN
As’ = 0

Schéma 8.12. Algorithme de calcul pour la détermination et la vérification de la résistance des


éléments fléchis de section rectangulaire avec des aciers tendus et comprimés.

σ s ,r As ,r + σ s As − σ s' As'
De l’équation des forces, on obtient: y = (8.78)
0,8bf bc
On doit avoir y ≤ ao, où ao est la distance de la fibre la plus comprimée à la fibre supérieure
du profilé métallique. Dans le cas où cette condition n’est pas vérifiée, cela signifie que l’axe
neutre traverse le profilé métallique. La profondeur relative de l’axe neutre α = y/d , où d est
la hauteur utile déterminée à partir du centre de gravité de l’ensemble des armatures tendues,
c’est-à-dire des armatures rigides et flexibles.
Dans le deuxième cas où l’axe neutre traverse le profilé métallique (fig. 8.22, b), cet axe peut
couper, soit l’âme du profilé, soit l’aile. Dans le cas où l’axe neutre coupe l’âme du profilé, on
a une partie du profilé (aile + une partie de l’âme) qui est comprimée. Dans ce cas, en
établissant l’équation des forces, on remarquera que la résultante Fs,r’ des contraintes de
compression de la partie comprimée du profilé sera équilibrée par la résultante Fs,r’’ des
contraintes de traction dans la partie symétrique inférieure du profilé (Fs,r’ = Fs,r’’ ); donc
l’équation des forces se présentera comme suit :
Fb + Fs’ = Fst, r + Fs ou encore 0,8 y b fbc + σs’ As’ = δa at σs,r + As σs (8.79) et (8.80)
où, δa - l’épaisseur de l’âme du profilé; at est égal à : at = 2 (r - y) (8.81)
avec, r - distance de la fibre la plus comprimée au centre de gravité du profilé métallique.

Dans ce cas, l’équation devient: 0,8 y b fbc + σs’ As’ = 2 δa (r- y) σs,r (8.82)

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

0
Données: Mu; b; bo; d; ho ; fcj; fe ; fe’; γs; γb; Es; θ; As ; As’; εb,u ; εs,u .

1 0,85 f cj fe ε b ,u
σbc = fbc = ; ε s,e = ; α lim = ; σs = fs = fe /γs ; σs’ = fs’ = fe’ /γs
γ bθ γ s Es ε b ,u + ε s,e

3 4’
2 σs As − σbc ho (b − bo ) − σ A '
s
'
s 0,8y ≥ ho ? non Continuer le calcul
y = comme pour une
0,8boσbc section
oui rectangulaire de
4 largeur b
Ma = σbc ho (b - bo)(d - 0,5ho) ;
Ma σs'
As,a = ; MA’ = σs’ As’ (d - d’) ; As,A = As’
σs ( d − 0,5ho ) σs

5 6
Asnσs
Asn = As - As,a - As,A ; αn = αn ≤ αlim ?
0,8bo dσbc non
oui
8 7 αn = αlim
µn = 0,8 αn ( 1 - 0,4αn) ; Mn = µn bod2σbc

9
MR,u = Mn + Ma + MA’

10 Mbt ≤ Mu ?
oui non
11 11’
La résistance de la section n’est pas
La résistance de la section est assurée assurée : rupture

12 FIN

Schéma 8.13. Algorithme de calcul pour la détermination et la vérification de la résistance des


éléments fléchis de section en T avec des armatures tendues et des armatures comprimées.

2δ a rσ s ,r + As σ s − σ s' As'
d’où y = (8.83)
0,8bf bc + 2δ a σ s ,r
On doit bien sûr avoir y > ao. Dans le cas où on obtient y < ao, cela veut dire que l’axe neutre
traverse l’aile supérieure du profilé. Dans ce cas, on suppose que cette aile ne participe pas à
la prise des efforts et les équations d’équilibre sont établies pour y = ao.

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0
Données : b; d; As; As’; fe; σe; γs; fcj; Es; γb; θ; As,r; fe’; ao; δa; Wpl; ha; Aaile.

1 0,85 f cj max( f e ,σe ) εb ,u


fbc = ; σs = fe /γs ; σs,r = σe /γs ; εs,e = ; αlim = ; σs’ = fe’/γs
θγ b γ s Es ε b ,u + ε s,e
.
3 4
2 σs ,r As , r + σs As − σ As '
'
s y ≤ ao ? oui α = y / d
y =
0,8bf bc
non
7 5
2δ a rσs , r + σs As + σs' As' α ≤ αlim ?
y =
6 non
0,8bf bc + 2δ aσs , r y = αlim d oui

8 6’ MR = 0,8 y b fbc (d - 0,4y) + σs’As’ (d - d’)


y > ao ? non

oui 10 y = ao

9
MR = σs’As’ (y - d’) + σsAs (ds - y) +0,4bfbcy2 + σs,r As,r [ Wpl + (r - y)2 δa ]

11
MR = 0,5bao2fbc + σs’As’ (ao - d’) + σsAs (ds - ao) + σs,r (Aaile + 0,5δa ha )ha

FIN DU CALCUL DE DETERMINATION DU MOMENT RESISTANT MR


Schéma 8.14. Algorithme de calcul pour déterminer la capacité portante MR des sections
rectangulaires avec armatures rigides.

Fig. 8.22. Calcul avec des armatures rigides.


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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

Fig. 8.23. Calcul des sections en T avec armatures rigides.

Le calcul de détermination de la capacité portante (résistance) des sections rectangulaires avec


armatures rigides se fait conformément à l’algorithme du schéma 8.14.

b) Calcul des sections en T


Dans le cas où l’axe neutre traverse l’aile de la section (0,8y ≤ ho), le calcul se fait comme
pour une section rectangulaire de largeur b. Dans le cas où l’axe neutre traverse la nervure de
la section, deux cas possibles peuvent se présenter:
- l’axe neutre ne traverse pas le profilé métallique;
- l’axe neutre traverse le profilé métallique.
Dans le cas où l’axe neutre ne traverse pas le profilé (fig. 8.23, a), l’équation des forces se
présente comme suit:
Fb1 + Fs’ + Fbn = Fs,r + Fs (8.84)
ou encore ho (b -bo) fbc + σs’As’ + 0,8 y b fbc = σs,rAs,r + σsAs (8.84b)
σ A s , r + σ s A s − h o ( b − b o ) f bc − σ s ' A s '
≤ ao
d’où y = s ,r (8.85)
0 ,8 b o f bc
Dans le cas où l’axe neutre traverse l’âme du profilé (fig. 8.23, b), l’équation des forces
s’écrit:
Fb1 + Fs’ + Fbn + Fs,r’ = Fs,r + Fs (8.86)
ou encore ho (b -bo) fbc + σs’As’ + 0,8 y bo fbc = 2σs,r (r -y) δa + σsAs (8.86b)
ho (b − bo ) f bc + σ s ' As '+2σ s ,r rδ a + σ s As
d’où y = > ao (8.87)
0,8bo f bc + 2σ s ,r δ a
Si y < ao, cela signifie que l’axe neutre traverse l’aile du profilé; dans ce cas, on considère que
l’aile du profilé ne participe pas à la prise des efforts et les équations d’équilibre sont établies
pour une profondeur de l’axe neutre y = ao. Le calcul de détermination de la capacité portante
(résistance) des sections en T avec des armatures rigides se fait conformément à l’algorithme
du schéma 8.15.

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

0
Données: b; bo; h; ho; d; As; As’; fe; σe; γs; fcj; Es; γb; θ; As,r; fe’; ao; δa; Wpl; r; ha; Aaile.

1 0,85 f cj max( f e ,σe ) εb ,u


fbc = ; σs = fe /γs ; σs,r = σe /γs ; εs,e = ; αlim = ; σs’ = fe’/γs
θγ b γ s Es ε b ,u + ε s,e

2 σs , r As , r + σs As − σs' As '−ho (b − bo ) f bc 3 y ≤ ao ? non


y = ; α= y/d
0,8bf bc
oui 5
7’ 6 4 Le calcul se
oui 0,8 y ≤ ho ? ramène à
y = αlim d non αn ≤ αlim ? non
celui d’une
section
7 rectangulaire
MR = 0,8 y b fbc (d - 0,4y) + σs’As’ (d - d’) +fbc (b - bo) ho (d -0,5ho) de largeur b

8
9 2δ a rσs , r + σs As + σs' As' + ho (b − bo ) f bc
y =
y > ao ? 0,8bf bc + 2δ aσs , r

non oui
10
MR = σs’As’ (y - d’) + σsAs (ds - y) + fbc [ 0,4by2 + (b - bo) ho (0,8y - 0,5ho)] +
+σs,r As,r [ Wpl + (r - y)2 δa ]

11
MR = [ 0,5bao2 + (b - bo) ho (ao - 0,5ho) ] fbc+ σs’As’ (ao - d’) + σsAs (ds - ao) +
+ σs,r (Aaile + 0,5δa ha )ha

FIN DU CALCUL DE DETERMINATION DU MOMENT RESISTANT MR

Schéma 8.15. Algorithme de calcul pour déterminer la capacité portante MR des sections en Té avec
armatures rigides.

1.2. Les états limites de service


Ici, les justifications se rapportant aux états limites de service concernent:
- l’ouverture des fissures dues aux sollicitations normales (dans ce chapitre);
- les déformations, c’est-à-dire les déplacements (surtout les flèches) des éléments
des ouvrages.

1.2.1. L’état limite de service vis à vis de la durabilité


a) Généralités

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

Nous avons déjà signalé que la fissuration, c’est-à-dire la formation des fissures sur les
éléments en béton armé, a une conséquence néfaste sur la durée de vie des ouvrages pour
lesquelles cette fissuration est jugée nuisible pour leur exploitation normale (corrosion des
armatures, infiltration). Une fois que toutes les dispositions constructives sont respectées
(enrobages, armatures de peau, suivi), on doit empêcher pour ces ouvrages la formation des
fissures dues aux contraintes provoquées par les forces extérieures appliquées sur l’ouvrage
en cours d’exploitation. Ce problème se résout de la manière suivante :
- au niveau des zones comprimées, on doit limiter les contraintes de compression
dans le béton pour empêcher la formation des fissures parallèles à la direction des
contraintes normales de compression;
- au niveau des zones tendues, il faut empêcher la formation des fissures normales à
la direction des contraintes de traction ou limiter leur ouverture.
En effet, dans le cas où la fissuration est jugée très préjudiciable, on doit exclure, à tout
moment, toute formation de fissures et cela même dans les cas les plus défavorables possibles.
Dans le cas où la fissuration est jugée préjudiciable, on admet une ouverture, mais très limitée
des fissures et cela pendant une très courte durée. A noter que même dans le cas où la
fissuration est jugée peu préjudiciable, l’ouverture des fissures est qu’en même limitée.

a) Principes de calcul des contraintes


Il s’agit du calcul:
- des contraintes de compression dans le béton;
- des contraintes de traction dans les aciers.
Ces contraintes sont calculées sur la base des hypothèses exposées dans le chapitre précédent.
Donc, à la section homogénéisée comprenant la section du béton comprimé Bc et les sections
d’aciers comptés n fois (n = Es/Eb - coefficient d’équivalence), tout en gardant le même
centre de gravité, on applique les formules de la Résistance des Matériaux. On obtient ainsi
(voir fig. 8.25) :
M ser
- pour la contrainte maximale dans le béton : σbc = y (8.97)
I
M ser
- pour la contrainte dans les aciers tendus: σs = n (d - y) (8.98)
I
où, Mser - le moment fléchissant de service ; y - la profondeur de l’axe neutre sous les
charges de service, le centre de gravité de la section homogène est donc le point Gh par lequel
passe l’axe neutre ; I - le moment d’inertie de la section homogène réduite :
y

∫ b( x)x dx + nAs’ (y - d’)2 + nAs (d - y)2


2
I = (8.99)
0
Ici, on néglige le moment d’inertie des armatures par rapport à leur propre axe. Pour calculer
la profondeur de l’axe neutre y, il faut tout d’abord déterminer l’expression du moment
statique de la section réduite homogénéisée en tenant compte du coefficient d’équivalence n
à appliquer aux armatures (As et As’ ) et de la fissuration (c’est-à-dire que le béton tendu est
fissuré, donc inexistant) et annuler cette expression, car le moment statique d’une section par
rapport à l’axe passant par son centre de gravité est égal à zéro. Le moment statique aura pour
expression :

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

Fig. 8.25.
y
Sa.n. = ∫ b( x)x dx + nAs’ (y - d’) + nAs (d - y) = 0 (8.100)
0
A partir de l’équation (8.100), on détermine y et on place cette valeur dans la formule (8.99)
pour déterminer le moment d’inertie I de la section réduite homogénéisée. Une fois ces
valeurs connues, on calcule à partir des formules (8.97) et (8.98) les contraintes dans le béton
comprimé et dans les aciers tendus respectivement. Ces valeurs des contraintes doivent être
comparées aux valeurs limites σ bc et kf σ s définies précédemment. Ainsi, on doit avoir :
σbc ≤ σ bc et σ s ≤ kf σ s (8.101) et (8.102)
où, kf = 1,0 quand la fissuration est jugée préjudiciable et kf = 0,8 en cas de fissuration très
préjudiciable ; σ s est déterminé par la formule (7.62).

Dans le cas où il y a eu un dépassement d’une contrainte quelconque, on doit redimensionner


la section : soit augmenter la section de béton; soit augmenter les sections d’armatures.

∗ Cas d’une section rectangulaire


Pour les sections rectangulaires (fig. 8.26, a), l’équation du moment statique et l’expression
du moment d’inertie se présentent comme suit:
by2 + 30 (As +As’)y - 30 (As d + As’ d’) = 0 (8.103)
1 3
et I = by + 15 [As (d - y)2 + As’ (y - d’)2 ] (8.104)
3

Fig. 8.26

∗ Cas d’une section en T


Pour les sections en T, deux cas peuvent se présenter :
- l’axe neutre traverse la table;
- l’axe neutre traverse la nervure.

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

L’axe neutre tombe dans la table si la condition suivante est vérifiée :


bho2 + 30 As’ (ho - d’) - 30 As (d - ho) ≥ 0; (8.105)
dans ce cas, le calcul se fait comme pour une section rectangulaire de largeur b.
L’axe neutre traverse la nervure si : bho2 + 30 As’ (ho - d’) - 30 As (d - ho) < 0; (8.106)
dans ce cas, l’équation du moment statique et l’expression du moment d’inertie se présentent
comme suit (voir fig. 8.26, b):
boy2 + [ 2 (b -bo)ho + 30 (As + As’ )] y - [ (b -bo)ho2 + 30 (As d + As’d’) ] = 0 (8.107)
1 1
et I = by3 - (b -bo)(y - ho)3 + 15 [As (d - y)2 + As’ (y - d’)2 ] (8.108)
3 3

b) Calcul de dimensionnement
Lorsque les conditions (8.101) et (8.102) ne sont pas vérifiées, cela veut dire que l’état limite
de service est le plus défavorable ; dans ce cas, on doit redimensionner la section à l’état
limite de service. Deux approches sont possibles :
- soit redimensionner la section en égalisant une des contraintes développées dans la
section, c’est-à-dire σbc ou σs (celle qui ne vérifie pas la condition) à la contrainte
limite ( σ bc et kf σ s ) et établir les équations d’équilibre;
- soit dimensionner les sections (sections d’armatures) à partir des charges de
service et les comparer aux résultats du calcul à l’état limite ultime; on choisira la
solution la plus défavorable.

∗ Cas des sections rectangulaires


Redimensionnement de la section:
C’est la première approche. Le calcul à l’état limite ultime est fait, donc on a h, d, b, As, et
As’. Les vérifications à l’état limite de service donnent:
• σbc ≤ σ bc , mais σs > kf σ s (rappelons que kf = 1 en cas de fissuration préjudiciable
et kf = 0,8 en cas de fissuration très préjudiciable). Dans ce cas, on doit augmenter la section
d’aciers tendus As en supposant que σs = kf σ s (voir fig. 8.27, a). L’équation des forces
1
donne : b y σbc = (kf σ s ) As (8.109)
2
1
L’équation des moments donne: Mser = b y σbc (d - y/3) (8.110)
2
α kfσs
Du diagramme des contraintes, on obtient: σbc = (8.111)
1−α n
Ces trois équations contiennent trois inconnues qui sont σbc, y et As. Leur combinaison nous
donne une équation du troisième degré en α ( α = y/d):
6nM ser 6nM ser
(kf σ s )α3 - 3 (kf σ s ) α2 - α+ = 0 (8.112)
bd 2 bd 2
La solution de cette équation qui nous intéresse doit être comprise entre 0 et 1 (0 ≤ α ≤ 1), elle
est égale à :
α = 1 + 2 1 − u .cos(240° + ϕ/3) (8.113)

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

Fig.8.27.

30M ser
avec, u = et ϕ = arccos (1/ (1 + u ) 3 ) (8.114) et (8.115)
bd (k f σ s )
2

En connaissant α, on détermine la section des aciers tendus nécessaires:


bdα 2
As = (8.116)
30(1 − α )
On détermine la contrainte σbc par la formule (8.111).
• σbc > σ bc . Dans ce cas, on peut procéder de deux façons:
- soit on augmente la section de béton;
- soit on introduit des aciers comprimés.

Pour le redimensionnement de la section de béton, on pose que σbc = σ bc et σs = (kf σ s ) .


Du diagramme des contraintes (voir fig. 8.27, b), on obtient:
σ bc α
= (8.117)
( k f σ s / n) 1 − α
Sachant que σ bc = 0,6fcj et n = 15, on trouve pour α l’expression suivante:
9 f cj
α = (8.118)
9 f cj + (k f σ s )
L’équation d’équilibre des moments donne:
1
Mser = by σ bc (d - y/3) ou encore Mser = 0,1 bd2 fcj α (3 - α) (8.119) et (8.120)
2
10M ser
d’où bd 2 = (8.121)
α (3 − α ) f cj
A partir de cette expression, on fixe un des paramètres (b ou d, en général on fixe la largeur b)
et on détermine l’autre. En fixant b, on obtient pour la hauteur utile d :
10 M ser
d = (8.122)
bα ( 3 − α ) f cj
10M ser
En fixant d, on obtient pour la largeur b: b = (8.123)
αd (3 − α ) f cj
2

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

0,3αbdf cj
La section d’armatures nécessaire As dans cacas vaut: As = (8.124)
(k f σ s )
Pour le cas où l’on a préféré l’introduction des armatures comprimés As’, il faut toujours
dégager la part du moment repris par le béton comprimé seul avec une contrainte maximale
égale à σ bc . Ce moment égal à :
1
Mbc = by σ bc (d - y/3) ou encore Mbc = 0,1fcj α (3 - α) bd 2 (8.125) et (8.126)
2
où α est déterminé par la formule (8.113).
La part de moment revenant aux armatures comprimées As’ sera : Ms’ = Mser - Mbc (8.127)
La section des armatures vaut dans ce cas :
Ms' M ser − M bc
As’ = ou encore As’ = (8.128) et (8.129)
σ s ' (d − d ' ) σ s ' (d − d ' )
Dans cette expression, la valeur de la contrainte de compression σs’ est aisément déterminée à
partir du diagramme des contraintes :
(σ s ' / n) y − d' d'
= d’où σs’ = 9fcj (1 - ) (8.131) et (8.131)
σ bc y αd
La section d’armatures tendues As nécessaire vaut dans ce cas :
As 'σ s '+0,3αbdf cj
As = (8.132)
(k f σ s )
Le calcul de redimensionnement des sections rectangulaires à l’état limite de service vis à vis
de l’ouverture des fissures se fait suivant l’algorithme représenté sur le schéma 8.16.

Dimensionnement à l’état limite de service:


C’est la deuxième approche du problème. On fait un calcul de dimensionnement à l’état limite
de service et on compare les résultats de ce calcul à ceux de l’état limite ultime; on choisira
les résultats les plus défavorables.

Le calcul se fait en posant σbc = σ bc et σs = kf σ s . Deux cas sont à distinguer:


- section sans armatures comprimées;
- section avec armatures comprimées.

Fig. 8.28.

128
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

0
Données: Mser; b; d; As; As’; d’; fcj; σ bc ; k f σ s

1
q = 30(As + As’); r = 30(As d + As’d’); ∆ = q2 + 4br ; y = ( - q + ∆ )/(2b);
1
I = by3 + 15 [ As (d - y)2 + As’(y - d’)2]
3

2 M ser M ser 3 σbc ≤ σbc ? non


σbc = y; σs = 15 (d − y )
I I
oui 5
4 Toutes les
conditions
6 non σs ≤ kfσs ? oui
Redimensionner As sont
30 M ser vérifiées
u = FIN
bd 2σbc
(
ϕ = arccos 1 / (1 + u ) 3 ) 7
ϕ CHOIX A FAIRE
α = 1 + 2 1 + u cos(240° + )
3
bdα 2 8’
As = Augmenter la section de béton
30(1 − α )
FIN
9 f cj
α =
9 f cj + k f σ s
La section de béton est telle que :
8 Introduire des aciers comprimés As’ 10 M ser
9 f cj bd 2 =
α = α ( 3 − α ) f cj
9 f cj + k f σ s Fixer b et calculer d
ou
Mbc = 0.1fcj α(3 - α)bd 2
fixer d et calculer b
σs’ = 9fcj [1 − d ' /(αd )]
0,3αbdf cj
M ser − M bc As =
As’ = k fσs
σs ' (d − d ' )
FIN
σ s ' As '+0,3αbdf cj
As =
(k f σ s )
FIN

Schéma 8.16. Algorithme de calcul pour le redimensionnement des sections rectangulaires à l’état
limite de service vis à vis de l’ouverture des fissures.

Pour qu’il n’y ait pas besoin d’armatures comprimées, il faut que σbc ≤ σbc . Dans ce cas, les
équations d’équilibre de la section se présentent comme suit (voir fig. 8.28, a):
Fb = Fs ; Mser = Fb (d - y/3) (8.133) et (8.134)

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

1 1
ou encore byσ bc = k f σ s As ; Mser = byσ bc (d - y/3) (8.135) et (8.136)
2 2
De ces expressions, on trouve:

(
y = 1,5 1 − 1 − 8µ / 3 ) avec, µ=
M ser
(8.137) et (8.138)
bd 2σ bc
M ser
d’où As = avec, z = d - y/3 (8.139) et (8.140)
zk f σ s
y
La contrainte dans le béton sera égale à : σb = k fσs (8.141)
15(d − y )
Dans le cas où σb > σbc , des armatures comprimées seront nécessaires. Dans ce cas (voir fig.
8.28, b), on a successivement:
- pour la profondeur de l’axe neutre: y = 15 σ bc
d ; (8.142)
15 σ bc + k f σ s
1
- pour la force résultante dans le béton: Fb = σ bc y ; (8.143)
2
15( y − d ' )
- pour la contrainte dans les aciers comprimés: σ s '=
σ bc ; (8.144)
y
M ser − Fb (d − y / 3)
- pour la section des armatures comprimées: As’ = ; (8.145)
σ s ' (d − d ' )
Fb + σ s ' As '
- pour la section des aciers tendus: As = . (8.146)
kfσs

∗ Cas des sections en T


Redimensionnement de la section à l’ELS.
On détermine d’abord la position de l’axe neutre à partir des expressions (8.105) et 8.106).
Dans le cas où l’axe neutre tombe dans la table et que σs > kfσ s , le redimensionnement se fait
comme pour une section rectangulaire de largeur b. Dans ce cas, on a toujours σbc ≤ σbc .

Dans le cas où l’axe neutre traverse la nervure et que σbc >σbc , les solutions à adopter sont
les mêmes que celles pour les sections rectangulaires, à savoir augmenter la section de béton
ou introduire des armatures comprimées. Si les contraintes σs>kfσ s , on doit redimensionner la
section d’armatures tendus As. Cela peut être faite approximativement par l’expression
suivante:
As ≥ M ser (8.147)
k f σ s ( d − 0 ,5 h o )
Dimensionnement à l’ELS
On calcule tout d’abord le moment Mbt,ser équilibré par la table de compression (fig. 8.29)
pour voir si l’axe neutre tombe dans la table ou non. On a :

130
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

k f σ s d − ho / 3 2
Mbt,ser = bho (8.148)
30 d − ho

Fig. 8.29

Si le moment sollicitant Mser ≤ Mbt,ser , alors l’axe neutre tombe dans la table et le calcul se fait
comme pour une section rectangulaire de largeur b. Si Mser > Mbt,ser, alors l’axe neutre
traverse la nervure et deux cas peuvent se présenter:
- section sans armatures comprimées;
- sections avec armatures comprimées.
On supposera d’abord qu’on n’a pas besoin d’armatures comprimées; dans ce cas, on obtient:
M ser
As = , avec, z ≅ d - 0,5 ho. (8.149)
zk f σ s
Une fois les aciers déterminés, on peut passer à la vérification de la contrainte dans le béton
comprimé. Pour qu’il n’y ait pas besoin d’armatures comprimées, il faut que σbc ≤ kfσbc , ce
qui est le plus souvent le cas à cause de la table de compression. Dans ce cas, comme on ne
connaît pas la position de l’axe neutre, on peut procéder d’une manière très simple en
calculant σbc par excès, c’est-à-dire en négligeant le béton comprimé situé entre l’axe neutre
et la table de compression; on obtient ainsi :
k f σ s  2 As ho 
σbc =  +  (8.150)
2d − ho  bho 15 
Dans le cas où σbc>σbc , on introduit des aciers comprimés; pour cela, on détermine
successivement:
15σ bc
- la profondeur de l’axe neutre: y = d ; (8.151)
15σ bc + k f σ s
15( y − d ' )
- la contrainte dans les aciers comprimés: σ s '= σ bc ; (8.152)
y
- l’effort de compression total dans le béton:
1 ho 
b y + (b − b )( 2 − ) h
2  ;
Fb = o o o (8.153)
y 
z = d - 0,5ho + bh o − b o ( y − h o ) ( 2 y − h o ) ; (8.154)
3 2
- le bras de levier:
6 ( by 2 − ( b − b o )( y − h o ) 2

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- la section d’armatures comprimées:


M ser − Fb z ;
As’ = (8.155)
( d − d ' )σ s '
- la section des armatures tendues: As = Fb + σ s A s ' ' . (8.156)
k fσ s

1.2.2. L’état limite de service vis à vis des déformations


a) Généralités
Pour les éléments fléchis, il est toujours important d’avoir une idée sur les valeurs des
déformations, c’est-à-dire des flèches surtout. Ces déformations ne doivent pas être de grande
valeur afin de ne pas provoquer :
- des désordres dans les éléments supportés (cloisons, revêtements, etc...);
- un effet psychologique d’insécurité pour les personnes (ne pas sentir la structure
bouger sous les charges).
Aussi, on doit connaître la valeur de ces déformations afin de donner des contre-flèches
nécessaires aux structures dès leur conception et mise en œuvre. Les valeurs des déformations
dépendent de plusieurs facteurs :
- les dimensions de l’élément (en effet, on est amené à donner une limite inférieure
à la hauteur de la section des éléments fléchis);
- le niveau de fissuration de l’élément (les fissures diminuent considérablement la
rigidité en flexion de l’élément);
- l’historique des chargements de l’élément, c’est-à-dire l’influence des différentes
phases successives de construction et des sollicitations exercées sur l’élément;
- le caractère de déformation du béton (non linéarité de la déformation, fluage du
béton).

b) Principes de calcul des flèches


La flèche des éléments en béton armé est déterminée à partir des formules classiques de la
Résistance des Matériaux:
l
1
f = ∫Mx rtot
xdx (8.157)
0
où, M x - le moment fléchissant dans la section x sous l’action de la force unitaire appliquée
dans le sens du déplacement cherché ; 1/rtot - la courbure totale dans la section x.

c) Evaluation forfaitaire des flèches


Au lieu de calculer les flèches à partir des courbures, on admet d’évaluer les flèches à l’aide
de formules classiques de la Résistance des Matériaux en utilisant pour cela:
- une inertie fictive de la section droite pour tenir compte de la fissuration;
- un module d’élasticité instantanée Eb,i ou différé Eb,ν selon les cas (charges
instantanées ou de longue durée d’application) pour tenir compte du fluage du
béton.
Ainsi, on obtient:

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

- pour un élément sur deux appuis (poutres, dalles calculées dans le sens de la
petite portée), en milieu de travée :
2
+ la flèche due aux charges instantanées est: fi = M ser l ; (8.169)
10 E b , i I fi
M ser l 2
+ la flèche due aux charges de longue durée est: fν = ; (8.170)
10 E b ,ν I fν
- pour les consoles, la flèche à l’extrémité libre est:
+ pour les charges instantanées: fi = M ser l 2 ; (8.171)
4 E b , i I fi

+ pour les charges de longue durée: fν = M ser l 2 . (8.172)


4 E b ,ν I f ν
N.B. Pour les consoles, dans le cas où il y a possibilité de rotation de la section d’encastrement, à ces
valeurs, on doit ajouter celles résultant de cette rotation.
Dans ces expressions: Mser - le moment fléchissant de service ; l - la portée de la travée ou la
longueur de la console ; Ebi - le module d’élasticité du béton sous charges instantanées
(module instantanée):
Ebi = 11 000 3 f cj (8.173)
Ifi - le moment d’inertie fictif de la section droite sous charge instantanée:
1 Io 0 , 05 f tj
I =
fi avec, λ = i (8.174) et (8.175)
0 ,9 1 + λ i µ  3b o 
ρ2 + 
 b 
f tj
et µ = 1 - 1,75 ≥ 0 (8.176)
4 ρσ s + f tj
Io - moment d’inertie de la section totale rendue homogène avec n =Es/Eb = 15 ; ftj -
résistance caractéristique du béton à la traction ; σs - contrainte de traction dans les armatures
tendues As ; ρ = As/(bd) - pourcentage de ferraillage ; b - largeur de la table de compression
de la section droite ; bo- largeur de la nervure de la section droite ; Ebν - module d’élasticité
différé du béton sous charges de longue durée :
1
Ebν = Ebi (8.177)
3
Ifνν - moment d’inertie fictif de la section sous charges de longue durée:
Io
Ifν = avec, λν = 0,4 λi (8.178) et (8.179)
1 − µλν
Il est aussi possible d’évaluer les courbures des éléments fléchis en utilisant les moments
d’inertie fictifs (Ifi et Ifν) et les modules d’élasticité concernés (Ebi et Ebν) ; ainsi:
1 M ser
- sous charges instantanées: = ; (8.180)
ri E bi I fi
1 M ser
- sous charges de longue durée: = . (8.181)
rν E b ν I fν

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

Comme il a été déjà souligné, il est difficile d’évaluer la grandeur exacte des flèches à cause
de la particularité de déformation du béton armé. Ainsi, les expressions ci-dessus nous
permettent seulement d’évaluer forfaitairement la grandeur des flèches (grandeur
généralement différente de la valeur constatée) pour qu’on s’assure que l’élément ainsi conçu
présente une raideur acceptable eu égard aux fonctions qu’il doit remplir.

2. LA TRACTION SIMPLE
2.1. Généralités
Il y a traction simple quand l’effort normal N agit le l ong de l’axe longitudinal de l’élément.
Les éléments soumis à la traction sont les tirants des arcs, les membrures inférieures et
certaines diagonales des fermes en béton armé, les parois des réservoirs circulaires dans le
plan, soumis à la pression hydrostatique et certains éléments (constructifs) de différents
ouvrages. Les éléments tendus peuvent avoir de sections transversales différentes : circulaire,
carrée, rectangulaire. Pour augmenter la résistance des éléments tendus à la fissuration, ces
éléments sont le plus souvent conçus en béton précontraint, mais ici, on se limitera aux
éléments en béton armé ordinaire, c’est-à-dire avec du béton non précontraint.
Le calcul des éléments tendus se ramène à :
- un calcul à l’état limite ultime de résistance pour éviter la rupture de l’élément;
- un calcul à l’état limite de service vis à vis de la durabilité en cas de fissuration
préjudiciable ou très préjudiciable.
Le béton étant entièrement tendu, il est négligé dans le calcul et tout l’effort de traction N est
supposé pris par les armatures tendues. La section des armatures doit, dans tous les cas,
satisfaire à la condition de non fragilité:
f tj
As ≥ B (8.182)
fe
Quant au béton, il est supposé exclu du travail, mais dans tous les cas, il doit pouvoir
satisfaire aux conditions suivantes:
- assurer l’enrobage et permettre d’effectuer la jonction des armatures;
f
- satisfaire la condition de non fragilité (B ≤ As e ).
f ft

2.2. Calcul à l’état limite ultime de résistance

Fig. 8.31.

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

Soit Nu l’effort normal ultime calculé à partir de la combinaison fondamentale (fig. 8.31), on
doit avoir pour la section des armatures longitudinales:
Nu
As = (8.183)
fs
avec, fs = fe/γs, fe étant la limite d’élasticité garantie des aciers; γs - coefficient de sécurité:
γs = 1,15.
La section d’armatures ainsi trouvée doit être repartie symétriquement dans la section; en
général cette répartition se fait uniformément suivant le pourtour de la section. Les armatures
longitudinales sont réunies par des cadres en ∅6 espacés de 25 ... 50 cm.

2.3. Calcul à l’état limite de service vis à vis de la durabilité


Ce calcul a lieu en cas de fissuration préjudiciable ou très préjudiciable. On doit avoir pour les
armatures longitudinales:
N ser
As = (8.184)
(k f σ s )
où, Nser - l’effort normal de service calculé à partir de la combinaison rare ; σs - la contrainte
limite dans les aciers tendus, déterminée par la formule (7.62) ; kf – coefficient, fonction des
cas de fissuration.
Entre les deux valeurs de section calculées par les formules (8.183) et (8.184), on choisira la
plus grande. Les diamètres et l’espacement des barres doivent respecter les exigences pour les
différents cas de fissuration.

2.4. Calcul de vérification


La capacité portante d’un élément tendu en béton armé est égale à : NR,u = fs As (8.185)
La résistance est vérifiée si NR,u ≥ Nu (8.186)
A l’état limite de service, on doit avoir: (kfσs As) ≥ Nser . (8.187)

3. LA COMPRESSION SIMPLE
3.1. Généralités
Les éléments soumis à la compression simple sont les poteaux, les membrures supérieures et
certaines diagonales des fermes, les murs en béton armé et quelques éléments d’ouvrages. Ils
ont une section transversale de formes carrées, circulaires, rectangulaires ou autres. Le béton
résiste très bien à la compression, cependant, dans les éléments en béton armé, on est amené à
introduire des armatures longitudinales pour les raisons suivantes:
- renforcer le béton comprimé quand il ne peut, à lui seul, prendre tout l’effort de
compression;
- pour pouvoir résister aux éventuels moments créées par suite de l’excentrement de
la force de compression, excentrement dû aux imperfections d’exécution, de la
dissymétrie de chargement et de la solidarité des éléments comprimés (poteaux)
avec les éléments fléchis (poutres).

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

Ces barres d’armatures comprimées ont à elles seules une très faible résistance au
flambement, d’où la nécessité de les relier par des armatures transversales constituées de
cadres et d’épingles. Ces armatures transversales doivent former une ceinture qui doit
empêcher tout mouvement des armatures longitudinales vers les parois.
Les armatures longitudinales et transversales des éléments comprimés doivent respecter un
certain nombre de dispositions constructives qui ssuivent.
• D1: Il n’est pas rationnel d’utiliser des aciers comprimés avec une limite d’élasticité
garantie fe > 400 MPa; en effet, le raccourcissement ultime du béton en compression est εbc,u
= 0,002; pour cette valeur de la déformation, la contrainte dans les aciers est σs’ = εs’ Es =
εbc,u Es = 0,002.2.105 MPa = 400 MPa; donc en utilisant des aciers avec fe > 400 MPa, toute
leur résistance ne sera pas utilisée (à l’écrasement du béton la contrainte dans les aciers
comprimés σs’ = 400 MPa sera inférieure à fe);
• D2: La section minimale d’armatures longitudinales, en cm2 est ainsi déterminée :
A’s,min = Max  4 cm2/ml de parement; 0,002B (8.188)
ou encore A’s,min = Max  0,04p ; 0,002B (8.189)
avec, B - section du béton en cm2; p - le périmètre, en cm du parement perpendiculairement
aux armatures. Ainsi, on obtient une section minimale, en cm2, de valeur égale à :
- pour une section rectangulaire bxh, :
A’s,min = Max  0,08 (b+h); 0,002bh avec, b et h en cm. (8.190)
- pour une section circulaire de rayon r :
A’s,min = Max  0,252r ; 0,0063r2 (8.191)
• D3: Pour des raisons économiques, on limite la section des armatures longitudinales
à 5 % de la section totale du béton : As’ ≤ 0,05 B (8.192)
• D4: Les armatures longitudinales doivent être reparties le long des parois avec au
moins une barre dans chaque angle en cas de section polygonale et 6 (six) barres en cas de
section circulaire.
• D5: La distance c entre deux barres voisines doit être telle que:
c ≤ Min  a + 10 cm ; 40 cm (8.193)
avec, a - la plus petite dimension de la section, en cm.
• D6: Pour les éléments modérément sollicités, il est recommandé d’utiliser des barres
de diamètre ∅l ≥ 12 mm; pour les éléments fortement sollicités, il faut des barres de diamètre
∅l ≥ 20 mm; les diamètres inférieurs à 12 mm ne sont pas conseillés.
• D7: Le diamètre ∅t des armatures transversales doit être tel que:
∅t ≥ ∅l,max /3 (8.194)
avec, ∅l,max - le diamètre maximal des armatures longitudinales.
• D8: L’espacement st des armatures transversales est tel que:
st ≤ Min  15 ∅l,min ; a + 10 cm ; 40 cm (8.195)
avec, ∅l,min - le diamètre minimal des armatures longitudinales.
• D9: Dans le cas où la dimension de la section droite dépasse 40 cm, les barres
longitudinales intermédiaires doivent être maintenues avec celles du côté opposé par des
épingles ; l’espacement des épingles ne doit pas dépasser 40 cm.
• D10: Dans les zones de recouvrement des armatures longitudinales, on doit prévoir
au moins trois plans d’armatures transversales sur le long du recouvrement (un plan à chaque
extrémité du recouvrement et un plan au milieu).

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3.2. Calcul des éléments comprimés


En compression simple, le diagramme des déformations passe par le pivot C, donc, on a :
- pour le béton : εbc = 0,002 ; σbc = fbc ;
- pour les armatures: εs’ = 0,002 ; σs’ = fs’ (dans le cas général avec des
armatures ayant fe ≤ 400 MPa).
Pour les éléments comprimés, il y a presque toujours un risque de flambement, surtout pour
les éléments avec un élancement maximal λmax supérieur à 35. Supposons un élément
comprimé très rigide de section B (λ λmax < 35) dont on peut, dans une certaine mesure,
négliger le phénomène de flambement et As’ la section d’armatures comprimées (fig. 8.32).
L’effort normal résistant NR,u (capacité portante) est:
NR,u = Bfbc + As’ fs’ (8.196)
Il est évident qu’on devrait avoir: Nu ≤ NR,u (8.197)
avec, Nu - l’effort normal ultime sollicitant.

Fig. 8.32.

La section de béton B est généralement définie par un prédimensionnement fait à partir d’une
valeur fixée de l’élancement maximal λmax. Pour un élément sollicité par l’effort de
compression Nu, la section nécessaire d’armatures longitudinales sera égale à :
N u − Bf bc
As’ = (8.198)
fs '
Si la section As’ calculée est négative (As’ < 0), cela veut dire que, théoriquement, le béton
seul suffit pour prendre l’effort Nu; dans ce cas les armatures As’ seront placés
constructivement. En pratique, à la formule théorique (8.196), on apporte certaines corrections
pour tenir compte de certains phénomènes qui sont:
- les défauts d’exécution (bétonnage);
- l’évolution de la résistance du béton dans le temps dans le cas où les charges sont
tardivement appliquées;
- l’influence des effets du second ordre (flambement) et de l’excentricité
additionnelle qu’il est nécessaire de prendre en compte.
Ainsi, en plus des dispositions antérieures, il convient de respecter les règles suivantes:
- à la place de la section de béton B, on introduit une section réduite Br , obtenue en
déduisant des dimensions réelles 1 cm (un centimètre) sur toute la périphérie de la
section de l’élément:
+ pour les sections rectangulaires bxh par exemple, on a :
Br =(b - 2 cm)(h - 2 cm);
+ pour une section circulaire de rayon r, on a : Br = 3,14(r - 1)2 ;
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

- dans le cas où la majorité des charges est appliquée après 90 jours, la résistance
du béton est majorée et est prise égale à :
f c 28
σbc = avec, θ1 = 0,9; (8.199)
θ1γ b
si les charges sont appliquées avant 90 jours, on prend θ1 = 1,0 ;
- la valeur de l’effort normal résistant NR,u est minorée à l’aide d’un coefficient de
réduction α pour tenir compte des effets du second ordre et des excentricités
éventuelles ; le coefficient α est fonction de l’élancement maximal λ de
l’élément:
0,85
+ pour λ ≤ 50 : α =
( 35)
(8.200)
1 + 0,2 λ
2

+ pour 50 < λ ≤ 70 : α = 0,6 50 ( λ) 2


(8.201)
+ pour 70 < λ < 100, on peut toujours se servir de l’expression (8.201)
pour déterminer le coefficient de réduction α ; cette valeur de
l’élancement peut être envisagée seulement pour des éléments très
faiblement sollicités.
- la valeur du coefficient α ainsi calculée est divisée par le coefficient θ2 pour tenir
compte de l’âge du béton au moment de l’application des charges; le coefficient θ2
prend les valeurs suivantes :
+ θ2 = 1,0 si plus de la moitié des charges est appliquée après 90 jours;
+ θ2 = 1,1 si plus de la moitié des charges est appliquée entre 28 et 90
jours;
+ θ2 = 1,2 si plus de la moitié des charges est appliquée avant 28 jours;
dans ce cas, fc28 est remplacé par fcj.
Compte tenu de toutes ces corrections, l’effort normal résistant NR,u aura pour expression :
α  σ bc 
NR,u =  Br + f s ' As '  ≥ Nu (8.202)
θ2  θ 
De l’expression (8.202), on détermine la section d’armatures comprimées As’ :
α σ
Nu − Br bc
θ2 θ N u − N br
As’ = ou encore As’ = (8.203) et (8.204)
α  αf s ' 
fs '  θ 2 
θ2 
αBr f c 28
avec, Nbr = (8.205)
0,9θ 2θγ b

Le calcul des éléments comprimés se fait suivant l’algorithme représenté sur le schéma 8.

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

0 Données: B ; fc28 ; θ ; θ1 ; θ2 ; γb ; fs ; Nu ; p.

1 Calcul de la section réduite Br et de l’élancement maximal λ

2 non 3’ non 4’
λ ≤ 50 ? λ ≤ 70 (100) ? Elément très
élancé, il faut
oui oui diminuer
3 4 l’élancement λ
( )
2
0,85
α = α = 0,6 50 λ en augmentant
( )
1 + 0,2 λ 35
2
la section de
béton B.

5 αBr f c 28 N u − N br 6
Nbr = ; As1’ = As2’ = Max 0,04p x 1 cm ; 0,002 B
θ1θ 2θγ b αf s ' 
 θ2 
7 9’
8 As1’ ≤ As2’ ? Beaucoup d’aciers.
As’ = As2’ oui Augmenter la
non section de béton B
9 8’
As’ = As1’ As1’ ≤ 0,05 B ?
oui non
10
Choix des armatures As’ 11 FIN

Schéma 8.17. Algorithme de calcul des éléments soumis à la compression centrée.

3.3. Calcul des éléments comprimés avec armatures rigides


3.3.1. Généralités

Fig. 8.33. Poteaux avec armatures rigides.


1 - profilés métalliques; 2 - armatures flexibles longitudinales; 3 - traverses de liaisons; 4 – cadres.

Dans certains éléments comprimés, on peut utiliser des armatures rigides sous forme de
profilés métalliques normalisés ou reconstitués par soudure (IPN, IPE, UPN, cornières, etc ...)
(voir fig. 8. 33). L’utilisation des armatures rigides s’avère surtout nécessaire et rationnelle
dans la construction des ouvrages tours et de grande hauteur pour lesquels on arrive, avec
l’utilisation des armatures rigides, à résoudre les problèmes d’étaiement. L’armature rigide
sert ainsi de structure porteuse pour prendre les charges dues au coffrage, au béton frais et aux

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équipements de montage. Après durcissement du béton, les efforts se repartissent entre le


béton et l’armature. Dans tous les cas, on doit prévoir des armatures flexibles (barres de
diamètre 12 à 40 mm) unies par des cadres en ∅8 au moins, espacés d’au plus 20 cm.
L’enrobage des armatures rigides ne doit pas être inférieur à 5 cm.

3.3.2. Calcul
Les éléments comprimés avec armatures rigides sont calculés en deux étapes :
- au moment de la construction sous l’action des charges de montage;
- au moment de l’exploitation sous l’action des charges totales (permanentes et
variables).
Le calcul au moment du montage sous l’action des charges de montage (poids du coffrage, du
béton frais, des équipements, des ouvriers, etc ...) se fait conformément aux règles de calcul
des constructions métalliques (calcul de résistance, de stabilité et de rigidité). Le calcul au
moment de l’exploitation se fait comme pour un élément en béton armé; on ne tient pas
compte de l’état de contrainte initial (sous l’action des charges de montage) de l’armature
rigide. La capacité portante d’un élément comprimé avec armatures rigides est:
BA CM
NR,u = N R ,u + N R ,u (8.206)
BA
où, N R ,u - la capacité portante de l’élément de béton armé sans tenir compte de l’armature
CM
rigide, déterminée par l’expression (8.202) ; N R ,u - la capacité portante de la structure
métallique (armature rigide) déterminée en tenant compte du flambement.

4. LA FLEXION COMPOSEE
4.1. Généralités
4.1.1. Définitions
Il y a flexion composée en cas d’action simultanée d’un effort normal N appliqué au centre de
gravité G de la section et d’un moment de flexion MG par rapport au point G (voir fig. 8.34,
a). L’action de ce système de forces (N et MG) équivaut à celle d’une force normale N
appliquée avec une excentricité e1 par rapport au point G; le point d’application C de cette
force est appelé centre de pression (fig. 8.34, b).

Fig. 8.34.

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

Pour simplifier le calcul, on effectue généralement la réduction des forces au centre de gravité
des armatures tendues As (voir fig. 8.34, c); les forces de réduction seront dans ce cas l’effort
normal N et le moment MA tel que:
MA = N (d - 0,5h + e1) (8.207)
Ainsi, en flexion composée, il faut tout d’abord:
- préciser la nature de l’effort normal N (traction ou compression);
- déterminer la position du centre de pression C (point d’application de N);
- déterminer la position de l’axe neutre (axe où les contraintes normales sont nulles).
En cas d’un effort normal de traction, le centre de pression C est du même côté que les
armatures As par rapport au point G. Couramment, la section est soit:
- entièrement tendue (cas des petites excentricités);
- partiellement tendue (cas des grandes excentricités).
En cas d’un effort normal de compression, le centre de pression C est à l’opposé des
armatures As par rapport au point G. Deux cas sont couramment possibles:
- la section est entièrement comprimée (cas des petites excentricités);
- la section est partiellement comprimée (cas des grandes excentricités).
En définitive, il y a trois cas possibles selon la position de l’axe neutre:
- section entièrement tendue;
- section partiellement comprimée;
- section entièrement comprimée.
La position de l’axe neutre, c’est-à-dire la valeur et le signe de la profondeur y de l’axe neutre,
est déterminée sans tenir compte des armatures en traçant le diagramme des contraintes
normales par application des formules de la Résistance des Matériaux:
N MG
σ = + yp (8.208)
B I
où, B est la section de béton; I - le moment d’inertie de la section; yp - l’ordonnée du point
considéré.
Avec l’épure des contraintes normales, on déterminera le cas où l’on se trouve. En réalité, la
position de l’axe neutre dépend des sections d’armatures (As et As’), des hauteurs totale h et
utile d et de l’excentricité e1 = M/N ; mais, comme à priori, les armatures (As et As’) sont
inconnues et que dans tous les cas, un pourcentage minimal est exigé, l’erreur commise en
négligeant les armatures n’a que peu d’influence sur les résultats du calcul. Ainsi, les trois cas
possibles en flexion composée sont (voir fig. 8.35) :
- la section est entièrement tendue (fig. 8.35, a); dans ce cas, l’axe neutre est en
dehors de la section (y ≤ 0); les armatures As sont les plus tendues et les armatures
As’ sont les moins tendues;
- la section est partiellement comprimée (fig. 8.35, b, c, d)); dans ce cas, l’axe neutre
traverse la section droite (0 <y < h, où h est la hauteur totale de la section) et il y a
trois possibilités:
+ si 0 < y < d’ (fig. 8.35, b), seules les fibres supérieures du béton
(enrobage) sont comprimées et les armatures As et As’ sont toutes
tendues : As sont les plus tendues et As’ sont les moins tendues;

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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

+ si d’ ≤ y ≤ d (fig. 8.35, c), une partie du béton et les armatures As’ sont
comprimées comme en flexion simple et les armatures As sont tendues;
+ si d < y < h (fig. 8.35, d), seule une toute petite partie des fibres inférieures
(enrobage) est tendue; les armatures As’ et As sont toutes comprimées:
les armatures As’ sont les plus comprimées et les armatures As sont les
moins comprimées.
- la section est entièrement comprimée (fig. 8.35, e); dans ce cas, l’axe neutre est en
dehors de la section (y ≥ h); le béton, de même que les armatures As et As’ sont
comprimés : les armatures As’ sont les plus comprimées et les armatures As sont les
moins comprimées.

Fig. 8.35. Les cas possibles en flexion composée.


s.e.t. - section entièrement tendue; s.p.c. - section partiellement comprimée;
s.e.c. - section entièrement comprimée.

4.1.2. Sollicitations
a) Sollicitations à l’état limite ultime

∗ Cas de la flexion avec traction


Dans ce cas, les valeurs de calcul des sollicitations (Nu et Mu) sont celles obtenues à partir de
la combinaison fondamentale relative au cas étudié.

∗ Cas de la flexion avec compression


Dans ce cas, il y a un risque de flambement, ce qui ramène, par mesure de sécurité, à majorer
la valeur de l’excentricité réelle e1 à la valeur etot, déterminée par la formule (7.37).
L’excentricité du premier ordre e1 est déterminée par rapport au centre de gravité G de la
section (e1 = MG,u /Nu ) et les valeurs de calcul des sollicitations sont Nu et Mu,G tel que:
Mu,G = Nu etot (8.209)

b) Sollicitations à l’état limite de service

Dans les deux cas (flexion avec traction ou flexion avec compression), les valeurs de calcul
des sollicitations sont celles obtenues à partir de la combinaison d’actions rare correspondant
à l’état limite de service et relative au cas étudié.

4.2. Section entièrement tendue


Ce cas a lieu en présence d’un effort normal de traction Nu appliqué en général entre les deux
nappes d’armatures As et As’; l’excentricité e1 = MG,u /Nu n’est pas majorée.

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4.2.1. Calcul à l’état limite ultime


Le béton étant entièrement tendu, par conséquent:
- le béton n’intervient pas dans la résistance de la section;
- les équations d’équilibre de la section sont valables quelque soit la forme de la
section droite;
- on est dans le domaine 1 définit par le pivot A.
Le calcul consiste à déterminer les sections d’armatures As et As’. Ce dimensionnement est
déterminant en cas de fissuration peu préjudiciable ou quelques rares fois, en cas de
fissuration préjudiciable.

Les équations d’équilibre se présentent comme suit (voir fig. 8.36):

Nu = σs’ As’ + σs As (8.210)

MA = σs’ As’ (d - d’) (8.211)

On a deux équations avec deux inconnues


As et As’. Comme ces deux nappes
Fig. 8.36. Section entièrement tendue. d’armatures As et As’ sont toutes tendues,
la solution rationnelle serait de considérer
que ces deux armatures ont atteint leur allongement ultime εs = εs’ = 0,010, donc σs = fs et
σs’ = fs’ . Dans ce cas, le centre de pression C coïncide avec le centre de gravité de
l’ensemble des armatures As et As’. Les sections d’armatures As sont obtenues en prenant la
somme des moments par rapport au centre de gravité de As’ et celle de As’ en prenant le
moment par rapport à As :
∑MA’ = σs As (d - d’ ) + Nu es’ = 0 (8.212)
∑MA = σs’ As’ (d - d’ ) + Nu es = 0 (8.213)

N u es ' N u es
De ces expressions, on obtient: As = et As’ = (8.214) et (8.215)
f s (d − d ' ) f s ' (d − d ' )
Ces sections d’armatures doivent satisfaire la condition de non fragilité, c’est-à-dire dépasser
f tj
Amin égal à : Amin = B où, B est la section de béton. (8.216)
fe
En définitive, on doit avoir:
 N u es '   N u es 
As = Max  ; Amin  et As’ = Max  ; Amin  (8.217) et (8.218)
 f s (d − d ' )   f s ' (d − d ' ) 
On peut aussi prévoir une section symétrique d’armatures, c’est-à-dire prendre As = As’. Dans
ce cas, si les contraintes dans les deux nappes ont atteint leur valeur ultime fs, le centre de
pression va coïncider avec le centre de gravité de la section et on est limité par l’allongement
ultime dans les armatures les plus tendues (As). Pour chacune des nappes, on obtient :
 Nu 
As’ = As = Max  ; Amin  (8.219)
2 f s 
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4.2.2. Calcul à l’état limite de service


Ce calcul a lieu en cas de fissuration préjudiciable ou très préjudiciable. Il s’agit de vérifier
que les contraintes dans les aciers tendus (As et As’) ne dépassent pas les valeurs (kfσs ) selon
le cas. En désignant par Nser l’effort normal de service (l’effort à l’E.L.S.), on peut déterminer
les valeurs des contraintes σs et σs’ dans les armatures As et As’ à partir des expressions
(8.212) et (8.213) :
σs = N ser e s ' ≤ (kf σs ) et σs’ = N ser e s ' ≤ (kf σ s ) (8.220) et (8.221)
(d − d ' ) As ( d − d ' ) As '
Dans le cas où σs > kf σs ou σs’ > kfσs , on doit redimensionner les sections d’armatures en
prenant pour contrainte dans les aciers la valeur maximale (kf σs ). Dans ce cas, on trouve pour
les deux nappes As’ et As:
   
As’ = Max  N ser e s
; A min  ; As = Max 
N ser e s '
; A min  (8.222)
 ( d − d ' )( k f σ s )   ( d − d ' )( k f σ s ) 
et (8.223)
 N ser 
Pour des armatures symétriques, on a : As = As’ = Max  ; Amin  (8.224)
 2(k f σ s ) 

4.3. Section partiellement comprimée


Ce cas arrive avec un effort normal de traction ou de compression appliqué avec une grande
excentricité. On suppose qu’on dispose de deux nappes d’armatures et que la profondeur de
l’axe neutre est telle que d’ ≤ y ≤ d.

4.3.1. Calcul à l’état limite ultime


Les équations d’équilibre se présentent comme suit (voir fig. 8.37):
- pour le cas de la flexion avec compression (fig. 8.37, a), on a:
+ Nu = Fb + Fs’ - Fs (8.225)
MA = Nu eA = Fs’ zs + Fb zb (8.226)
- pour le cas de la flexion avec traction (fig. 8.37, b), on a:
- Nu = + Fb + Fs’ - Fs (8.227)
MA = Nu eA = Fs’ zs + Fb zb (8.228)
avec, eA = d - 0,5 h + e1 (8.229)
On remarque que les expressions (8.226) et (8.228) sont identiques et qu’entre les expressions
(8.225) et (8.227) il n’y a que le signe devant Nu qui les diffère. L’expression (8.225) peut
être écrite sous la forme:
 Nu 
Fb + σs’ As’ - σs  As +  = 0 ou Fb + σs’ Af,s’ - σs Af,s = 0 (8.230) et (8.231)
 σ s 
Nu
avec, Af,s’ = As’ et Af,s = As + (8.232) et (8.233)
σs
Nu
Pour l’expression (8.227) (cas de la traction), on obtient: Af,s = As - (8.234)
σs
144
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

Fig. 8.37. Section partiellement comprimée.


a - flexion avec compression; b - flexion avec traction.

En définitive, on obtient les expressions suivantes:


Fb + σs’ As’ - σs Af,s = 0 (8.235)
MA = Nu eA = Fb zb + Fs’ zs (8.236)
En comparant les expressions (8.235) et (8.236) aux expressions (8.49) et (8.50), on voit
qu’on peut ramener le problème de flexion composé à un problème de flexion simple avec un
moment fictif MA tel que : MA = Nu eA = Mu,G + Nu (d- 0,5 h) (8.237)
où, Mu,G - le moment ultime par rapport au centre de gravité de la section.
Le calcul avec le moment fictif MA se fait entièrement comment en flexion simple. Avec ce
moment fictif, on aboutit à des sections fictives d’armatures tendues Af,s et comprimées Af,s’.
De ces sections fictives Af,s et Af,s’ , on déduit les sections réelles d’armatures tendues As et
comprimées As’ à l’aide des expressions (8.232), (8.233) et (8.234). En définitive, on obtient
pour les sections d’armatures As’ et As les valeurs suivantes selon le cas :
- Si Nu est une force de compression (cas de la fig. 8.37,a):
+ pour les armatures comprimées As’: As’ = Af,s’ (8.238)
Nu
+ pour les armatures tendues As: As = Af,s - (8.239)
σs
- Si Nu est une force de traction (cas de la fig. 8.37, b):
+ pour les armatures comprimées As’: As’ = Af,s’ (8.240)
Nu
+ pour les armatures tendues As: As = Af,s + (8.241)
σs
Dans ces expressions, l’effort normal Nu est pris en valeur absolue.
Dans le cas où l’on obtient une grande section d’armatures comprimées As’ (As’ > As), il
convient d’augmenter la section de béton. La section des armatures tendues As doit vérifier la
condition de non fragilité (As > Amin) en flexion. Si l’on obtient As < 0, cela veut dire que y >
d et que les aciers As sont comprimés, donc l’assimilation à la flexion simple n’est pas
possible. Dans ce cas, la section doit être, soit entièrement comprimée, soit seules les fibres
inférieures de l’enrobage sont tendues. Pour ce dernier cas, il suffit de prévoir une section
minimale d’armatures As = Amin.

4.3.2. Calcul à l’état limite de service


Les calculs à l’état limite de service consistent:
- à vérifier la compression du béton;
- à vérifier la traction des aciers (ouverture des fissures)
145
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

Pour cela, on peut procéder de deux manières:


- soit on passe directement à la vérification des contraintes avec les sections d’aciers
et de béton obtenues à partir du calcul à l’état limite ultime;
- soit on procède à un nouveau calcul de dimensionnement à l’état limite de service
et on choisi les résultats les plus défavorables entre ceux du calcul de l’état limite
ultime et de l’état limite de service.

a) Vérification des contraintes

On calcule les contraintes σbc et σs et on les compare aux valeurs limites σ bc et kf σ s avec
(voir fig. 8.38):

σbc = K yser (8.242)


σs = n K (d - yser) (8.243)
yc
K = Nser (8.244)
I
yser = yc + d - eA (8.245)
et
Fig. 8.38 M ser
eA = + d - 0,5 h (8.246)
N ser
où, n = Es /Eb = 15 - coefficient d’équivalence; I - le moment d’inertie de la section
homogène réduite, déterminé pour les sections rectangulaires et en T respectivement par les
formules (8.104) et (8.108).

La distance yc du centre de pression C à l’axe neutre est déterminée à partir des conditions
d’équivalence des forces et des moments; elle est la solution d’une équation du troisième
degré type yc3 - pyc + q = 0 obtenue à partir des équations d’équilibre de la statique ;
on a :
- pour les sections rectangulaires:
As ' A
p = 3a2 + 6n (a - d’) - 6n s (d - a) (8.247)
b b
A ' A
q = - 2a3 - 6n s (a - d’)2 - 6n s (d - a)2 (8.248)
b b
avec, a = d - eA (8.249)
et l’excentricité eA > 0 (positive) en compression et eA < 0 (négative) en traction;
- pour les sections en T:
b 2 b  A ' A
p = 3  − 1 (a - ho)2 + 6n s (a - d’) - 6n s (d - a)
a -3 (8.250)
bo  bo  bo bo
b 3 b  A ' A
q = -2 a + 2  − 1 (a - ho)3 - 6n s (a - d’) - 6n s (d - a)2 (8.251)
bo  bo  bo bo

La solution yc de cette équation du troisième degré est obtenue comme suit. On calcule
d’abord la quantité
146
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

4 p3
∆ = q - 2
(8.252)
27
- Si ∆ > 0, on pose :
p
u1 = 0,5 ∆ - q et yc = 3 u1 + (8.253) et (8.254)
33 u1
- Si ∆ < 0, la solution est choisie parmi les trois solutions qui sont:
y1 = u2 cos (ϕ /3) ; y2 = u2 cos (ϕ /3 + 120 °) ; y3 = u2 cos (ϕ /3 + 240°). (8.255)
p  3q 3
avec, u2 = 2 et ϕ = arccos   (8.256) et (8.257)
3  2p p 
Dans le cas où σbc > σ bc , il convient de renforcer la section de béton (augmenter la section
ou la classe de béton) ou d’augmenter la section des aciers comprimés. Si σs > kf σ s , on
redimensionne la section des armatures tendues.

b) Dimensionnement à l’état limite de service


Comme à l’état limite ultime, ici aussi, on ramène le problème à un calcul en flexion simple
avec un moment fictif.

∗ Cas d’une section rectangulaire


On calcule les quantités suivantes:
9 f cj
α = ; MAs = Mser + Nser (d - 0,5h) (8.258) et (8.259)
9 f cj + k f σ s
puis, on détermine : Ms’ = MAs - 0,1 b d 2 fcj α (3 - α) (8.260)
Deux cas sont possibles selon le signe du moment Ms’ :
• 1er cas: le moment Ms’ > 0 : Dans ce cas, deux solutions sont possibles :
+ Redimensionner la section de béton ou augmenter sa classe;
+ Introduire des aciers comprimés pour aider le béton comprimé.
Le redimensionnement de la section de béton se fait sur la base de l’expression (8.121); la
section fictive d’armatures Af,s est déterminée par la formule (8.124). De cette section, on en
déduit la section réelle As :
N
As = Af,s - ser (8.261)
σs
Dans le cas où l’on désire introduire des armatures comprimées, la section de ces dernières est
déterminée par les expressions (8.128) ou (8.129) en remplaçant Mser par MAs et celle
(section fictive) des aciers tendus est calculée par la formule (8.132); la section réelle est
trouvée par l’expression (8.261).
• 2ème cas: le moment Ms’ < 0 : Dans ce cas, il n’y a pas nécessité d’armatures
comprimées; il s’agit seulement de déterminer la section fictive des aciers tendus Af,s par
l’expression (8.139) en remplaçant Mser par MAs et en déduire la section réelle As.

∗ Cas d’une section en T


On évalue d’abord le moment pris par la table de compression qui, à l’ELS, vaut:
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

1
Mbt = bho σbc (d - ho /3) ou encore Mbt = 0,1bho fcj (3d - ho) (8.262) et (8.263)
2
On détermine ensuite le moment MAs et le problème se ramène à un calcul en flexion simple
d’une section en T sous l’action d’un moment fictif MAs.

4.4. Section entièrement comprimée


Ce cas est possible en présence d’un effort de compression appliqué avec une petite
excentricité (compression excentrée). Ici, on doit toujours revérifier si effectivement on est
dans le cas d’une section entièrement comprimée.

4.4.1. Calcul à l’état limite ultime


a) Section rectangulaire
Considérons une section rectangulaire entièrement comprimée (voir fig. 8.39). Notons :
Fb1 et Fb2 - les résultantes des forces de compression respectivement dans le béton des
parties supérieure avec diagramme rectangulaire des contraintes et inférieure avec
diagramme parabolique des contraintes;
δG - le coefficient du centre de gravité du diagramme des contraintes;
y - la profondeur de l’axe neutre.
Les équations d’équilibre de la statique se présentent comme suit:
Nu = Fb + σs’ As’ + σs As (8.264)
MA = Mb + σs’ As’ (d - d’) (8.265)
où, Fb - la résultante des forces de compression dans le béton sur toute la hauteur h de la
section ; Mb - le moment résistant du béton par rapport aux armatures inférieures As.

Fig. 8.39. Calcul d’une section rectangulaire entièrement comprimée.


1 - section avant déformation; 2 - section après déformation.

La résultante des forces de compression dans le béton Fb est:


Fb = Fb1 + Fb2 ou encore Fb = Ψbhfbc (8.266) et (8.267)
avec, Ψ - coefficient de remplissage du diagramme des contraintes :
B B + B2
Ψ = = 1 (8.268)
hf bc hf bc
avec, B - aire de l’épure des contraintes de compression dans le béton.
Les aires B1 et B2 revenant aux forces Fb1 et Fb2 sont telles que :
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

 
3  
B1 = hfbc ; B2 = h fbc  4 − 3, 05  (8.269) et (8.270)
7 7  7 y 2 

  − 3  
  h  
donc Fb1 = B1 b et Fb2 = B2 b (8.271) et (8.272)
Si y est la profondeur de l’axe neutre, on trouve que :
3,05
Ψ = 1 - 2 ou Ψ = 1 - χ avec, χ = 3,05 (8.273) …(8.275)
 7y  2
 − 3 7y 
 h   − 3
 h 
Remarque: quand y = h , alors χ = 0,19 et Ψ = 0,81;
quand y = ∞ , alors χ = 0 et Ψ = 1,0,
donc, on a : 0 ≤ χ ≤ 0,19 et 0,81 ≤ Ψ ≤ 1,0 ; ce sont les conditions nécessaires pour que
la section soit entièrement comprimée.

Le moment résistant du béton est: Mb = Fb (d - δG h) (8.276)


Pour déterminer le coefficient δG, évaluons d’abord les distances d1 et d2 :
3 3 4h 2 f bc
d1 = h; d2 = h− (8.277) et (8.278)
14 7 49 B2
 3 
L’égalité (8.266) nous permet d’écrire: Fb δG h = Fb1 d1 + Fb2  d 2 + h  (8.279)
 7 
En remplaçant Fb , Fb1 , Fb2 , d1 et d2 par leurs valeurs, on trouve:
δG = 6 − 35 = 0 ,857 − 0 ,357 (8.280)
7 98ψ ψ
Le moment résistant sera alors égal à: Mb =  0 ,357 +  d − 0 ,857 ψ  bh 2 f bc (8.281)
 
 h  
Les équations d’équilibre (8.264) et (8.265) se présenteront donc comme suit:
Nu = ψ bhfbc + σs’ As’ + σs As (8.282)
 d  
MA = 0,357 +  − 0,857 ψ bh 2 f bc + σs’ As’ (d - d’) (8.283)
 h  
L’expression (8.282) peut être écrite sous la forme :
Nu - ψ bhfbc = σs’ As’ + σs As (8.284)
Dans le cas où l’on a des aciers de type 1 (aciers avec palier de plasticité) et que l’on ait σs =
σs’ = fs, on peut écrire :
Nu - ψbhfbc = fs (As + As’) (8.285)
De cette expression, on remarque que pour avoir la valeur minimale de la quantité fs(As + As’)
(donc de (As + As’)), il faut que le coefficient ψ soit maximale, c’est-à-dire que ψ = 1, ce qui
donne y = ∞. Dans ce cas, toutes les fibres ont un même raccourcissement égal à 0,002; la
contrainte dans les armatures sera égale à σs,2 qui est celle correspondant à une déformation
unitaire de 0,002 (voir fig. 8.40). Les équations d’équilibre s’écrieront dans ce cas:
Nu = bhfbc + σs,2 (As + As’ ) (8.286)
MA = bhfbc (d - 0,5h) + σs,2 As’ (8.287)
De ces équations, on obtient:
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

M A − bhf bc ( d − 0,5h )
As’ = (8.288)
σ s,2 (d − d ' )

As = N u − bhf bc - As’ (8.289)


σ s,2
Comme As’ ≥ As, on doit avoir As≥ 0,

Fig. 8.40.

N u − bhf bc M A − bhf bc ( d − 0,5h )


donc - ≥0 (8.290)
σs ,2 σs , 2 ( d − d ' )
ou encore Nu (d - d’ ) - Mu ≥ bhfbc (0,5h - d’ ) (8.291)
Dans le cas où la condition (8.291) n’est pas vérifiée, cela veut dire que As < 0 , ce qui
signifie qu’on peut prendre pour le calcul As = 0 (des armatures de montage seront placées
constructivement). Dans ces conditions, les équations d’équilibre deviennent:
Nu = ψbhfbc + σs’As’ (8.292)
 d  
MA = 0,357 +  − 0,857 ψ  bh2fbc + σs’ As’(d - d’) (8.293)
 h  
N u (d − d ' ) − M u
0 ,357 +
De ces deux équations, on obtient : ψ = bh 2 f bc (8.294)
d'
0 ,857 −
h
La condition 0,81 ≤ ψ ≤ 1,0 (condition pour que la section soit entièrement comprimée) peut
être donc écrite sous la forme :
(0,337h - 0,81d’)bhfbc ≤ Nu (d - d’) - Mu ≤ (0,5h - d’)bhfbc (8.295)
ou encore (la 2ème condition étant remplie par hypothèse):
(0,337h - 0,81d’)bhfbc ≤ Nu (d - d’) - Mu (8.296)
L’expression (8.296) exprime ainsi la condition nécessaire pour qu’une section
rectangulaire soit entièrement comprimée, il faut toujours la vérifier avant d’entreprendre le
calcul. De l’expression (8.273), on trouve:
 
y = h  3 + 1, 746  (8.297)
7  1 − ψ 
En plaçant cette valeur de y dans l’équation des déformations (voir fig. 8.39), on obtient:
εs' y − d' (8.298)
=
ε bc , u y− h
3
7
On trouve pour le raccourcissement unitaire des armatures supérieures :
εs’ = εbc,u 1 +  1,714 − 4 ,01 d '  1 − ψ  (8.299)
  h 
ou encore εs’ = εbc,u 1 +  3 − 7 d '  χ  (8.300)
  h  1, 75 
avec, εbc,u = 0,002.
150
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

0 Données: b, h, d, d’, fcj, Nu, Mu, e, fe, fe’, γs, γb, θ

1 0,85 f cj Nu
fs = fe /γs; fs’ = fe’ /γs; fbc = ; eA = d - 0,5h + e ; ψ1 = ;
θγ b bhf bc
MA = Nu eA = Mu + Nu (d - 0,5h)

2
ψ1 ≤ 0,81 ? non 3’
N u (d − d ' ) − M A
0,357 +
3 oui bh 2 f bc
ψ =
Déterminer eNc d'
0,857 −
(Voir tableau 8.20) h

5 4
e ≤ eNc ? ψ ≤ 0,81 ?
non
oui 6’ oui non
6 Section Section partiellement comprimée. 7
Section entièrement
entièrement E.L.U. peut être atteint ou non. comprimée.
comprimée. Ramener le problème à un calcul Pivot C
E.L.U. non de flexion simple avec un moment
atteint. fictif MA à partir duquel on
Armatures détermine des armatures fictives 8
minimales. Af,s desquelles on déduit les ψ < 1,0 ?
oui
armatures réelles 9
As = 0 non
10 11

  d'  εs = εs’ = εbc,u= 0,002


εs’ = εbc,u 1 + 1,714 − 4 ,01  1 − ψ  ; σs’ = σs’(εs’) σs = σs’ = σs,2
  h 
M A − bhf bc ( d − 0,5h )
As’ =
12 σs , 2 ( d − d ' )
N u − ψbhf bc
As’ = N u − bhf bc
σs ' As = − As '
σs , 2

13 Choix des armatures As’ et As

14 FIN

Schéma 8.18. Organigramme de calcul à l’état limite ultime des sections entièrement comprimées en
flexion composée.

151
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

En connaissant la valeur de εs’, on détermine la valeur de σs’ d’après le diagramme de


déformation des aciers utilisés. On trouve donc pour la section des aciers supérieurs As’ :
N u − ψbhf bc
As’ = (8.301)
σs'
L’organigramme de calcul des sections entièrement comprimées à l’état limite ultime de
résistance est représenté sur le schéma 8.18 ; l’explication est donnée par le tableau 8.19. Les
valeurs du coefficient de remplissage ψ1 = Nu /(bhfbc) en fonction de la quantité (eNc/h)
sont données dans le tableau 8.20.

Tableau 8.20. Valeurs du coefficient ψ1 en fonction de eNc /h.


Valeur de 0,085 0,090 0,100 0,110 0,120 0,130 0,135 0,140 0,150 0,160 0,165
eNc/h
Coefficient 0,810 0,792 0,752 0,730 0,691 0,635 0,600 0,550 0,415 0,205 0,050
ψ1

b) Section en T

Fig. 8.41. Calcul des sections en Té entièrement comprimée en flexion composée

3
Pour les sections en T, on a presque toujours ho < h, donc les ailes sont soumises à l’action
7
d’une contrainte uniforme fbc. Dans ces conditions, la section en T peut être considérée
comme la somme de deux sections qui sont représentées sur la fig. 8.41. La section
représentée sur la fig. 8.41, b équilibre donc:
- une partie de l’effort normal de valeur Nb,a = (b - bo)ho fbc (8.302)
- une partie du moment de valeur Mb,a = fbc (b - bo)ho(d- 0,5ho) (8.303)
La section représentée sur la fig. 8.41, c va équilibrer par conséquent:
- un effort normal de valeur : Nr,n = Nu - Nb,a (8.304)
- un moment de flexion de valeur : Mr,n = MA - Mb,a (8.305)
Le calcul de cette section rectangulaire (fig. 8.41, c), c’est-à-dire la détermination des sections
d’armatures As et As’ se fait comme précédemment sous l’action de l’effort normal Nr,n et du
moment fléchissant Mr,n. Dans le cas où le problème se ramène à un calcul de flexion simple,
le terme soustractif dans le calcul de la section réelle des armatures As (à partir de la section
fictive) est Nr,n /σs.

152
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Chapitre 8. Justifications des sections soumises à des sollicitations normales

4.4.2. Calcul à l’état limite de service

Fig. 8.42.

Il s’agit ici de vérifier que la contrainte dans le béton comprimé σbc à l’état limite de service
ne dépasse pas la valeur σ bc = 0,6fcj. La vérification des contraintes dans le béton
s ’effectue comme suit:
- on calcule l’aire réduite de la section (voir fig. 8.42, a, b):
Ar = B + n (As + As’ ) (8.306)
avec, B - la section de béton;
- on détermine les valeurs maximale et minimale des contraintes dans le béton
N ser M ser N ser M ser
σbc,max = + v s ; σbc,min = − vi (8.307) et (8.308)
Ar I Ar I
avec, I - moment d’inertie de la section totale homogène.

On doit avoir: σbc,max ≤ σ bc = 0,6fcj et σbc,min ≥ 0.


On peut aussi chercher à dimensionner les sections d’armatures As’ et As de façon que les
contraintes ne dépassent pas σ bc . Dans ce cas, on fait travailler le béton au maximum (voir
fig. 8.42, c) et les équations d’équilibre deviennent pour une section rectangulaire:
Nser = bh σ bc + n (As + As’) σbc (8.309)
Mser + Nser (d - 0,5h) = bh σ bc (d - 0,5h) + n σ bc As’ (d - d’) (8.310)

De ces équations, on obtient pour les sections d’armatures:

M ser + ( N ser − bhσ bc )(d − 0,5h) N − bhσ bc


As’ = ; As = ser − As ' (8.311) et (8.312)
nσ bc (d − d ' ) nσ bc
Pour une section en T, les sections d’armatures sont déterminées par les expressions
suivantes :

M As − Bσ bc z GA N ser − Bσ bc
As’ = ; As = − As ' (8.313) et (8.314)
nσ bc (d − d ' ) nσ bc
avec, MAs - le moment rapporté aux aciers inférieurs As ; zGA - distance du centre de gravité
des aciers inférieurs As au centre de gravité G de la section de béton.

153
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Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

Chapitre 9.

JUSTIFICATION DES SECTIONS SOUMISES A DES


SOLLICITATIONS TAGENTES
Les sollicitations tangentes sont celles qui engendrent des contraintes tangentes à la section
droite d’une pièce; elles sont ainsi équilibrées par des contraintes tangentielles. Les éléments
de réduction de ces sollicitations sont:
- l’effort tranchant;
- le moment de torsion;
- l’adhérence.
Sous l’action des sollicitations tangentes, tous les calculs sont relatifs à l’état limite ultime; les
vérifications à l’état limite de service se traduisent par des dispositions constructives.

1. ACTION DE L’EFFORT TRANCHANT


1.1. Rupture des éléments fléchis sous l’action des sollicitations
tangentes
Pour les éléments fléchis, les contraintes tangentes sont dues à l’action de l’effort tranchant V.
Ces contraintes tangentielles, en action combinée avec les contraintes normales engendrées
par le moment fléchissant, peuvent provoquer des fissures inclinées par rapport à l’axe
longitudinal de la poutre et entraîner ainsi sa rupture (voir fig. 9.1.). L’endroit de formation
des fissures inclinées, leur inclinaison, leurs ouvertures et profondeurs dépendent de plusieurs
facteurs tels que la nature de la charge, le rapport moment fléchissant M et effort tranchant V,
la forme de la section droite, le ferraillage, etc... Les fissures se forment quand les contraintes
principales de traction ont atteint la résistance caractéristique du béton à la traction ftj. Les
fissures divisent l’élément en deux parties unies, dans le cas général, par le béton comprimé
au dessus de la fissure et les armatures transversales et longitudinales traversant la fissure.
Une augmentation de la charge peut entraîner la rupture de l’élément par section inclinée.

Fig. 9.1. Différents cas de rupture des éléments fléchis par sections inclinées.
a - sous l’action du moment fléchissant; b - sous l’action de l’effort tranchant; c - par écrasement du
béton comprimé de l’âme de la section. 1 - fissures inclinées; 2 - zone de rupture du béton par
écrasement.

1.2. Objectif des justifications


1.2.1. Généralités
L’étude de l’effort tranchant permet:
- de vérifier l’épaisseur de l’âme d’une poutre en béton (contrainte tangente du
béton);

154
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

- de déterminer les armatures transversales d’une poutre (armatures transversales


d’âme);
- de déterminer l’épure d’arrêt des armatures longitudinales (arrêt d’une partie des
armatures longitudinales en travée);
- de vérifier les zones d’appuis à la rupture (écrasement et glissement).

1.2.2. Contraintes tangentes


La contrainte tangente qui s’exerce sur la face latérale d’aire B d’une fibre d’une section
droite, dans l’hypothèse d’une répartition uniforme des contraintes, est :
VS B
τ = (9.1)
I zu
où, V - l’effort tranchant agissant; SB - le moment statique de l’aire de la fibre par rapport
à l’axe neutre de la section; Iz - le moment d’inertie de la section droite par rapport à l’axe
neutre; u - la longueur du contour de la fibre.
De cette expression, on obtient:
- pour la contrainte tangente à la périphérie d’un paquet de barres
d’armatures longitudinales tendues de section Asi (contrainte d’entraînement)
(voir fig. 9.2):
V 1 Asi
τ = (9.2)
z u i As
où, z - le bras de levier du moment résistant; As - section totale d’armatures
tendues; ui - périmètre équivalent du paquet de barres (pour 1 barre: ui = π ∅ ;
pour 2 barres: ui = ( π +2)∅
∅; pour 3 barres: ui = ( π + 3)∅∅);
- pour la contrainte tangente sur une section verticale de l’aile d’une poutre en
T (voir fig. 9.3):
V b1
τ = (9.3)
ho z b
- pour une section rectangulaire et en T, la contrainte tangente se répartit
comme l’indique la fig. 9.4 avec,
V
τmax = (9.4)
bo z
- pour la contrainte tangente dans le plan vertical de jonction entre nervure et
saillie de talon (voir fig. 9.5):
V 1 As1
τ = (9.5)
ht z As
- Dans un but de simplification, on introduit dans les calculs, non pas la valeur réelle
de la contrainte tangente, mais une valeur approchée dite contrainte tangente
conventionnelle notée τu et déterminée en remplaçant le bras de levier z par la
hauteur utile d de la section (voir fig. 9.6):
Vu
τu = (9.6)
bo d

155
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

où, Vu - valeur ultime de l’effort tranchant; bo - largeur de la section au niveau des


armatures tendues As.
Cette contrainte tangente conventionnelle représente à peu près 80 à 90 % de la
valeur réelle de la contrainte tangente.

Fig. 9.2. Fig. 9.3.

Fig. 9.4.

Fig. 9.5. Fig. 9.6.

1.2.3. Contraintes tangentes limites


La contrainte tangente conventionnelle τu ne doit pas, dans tous les cas, dépasser une certaine
valeur limite (ou valeur ultime) τ u :
τu ≤ τ u (9.7)

156
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

La valeur de τ u est fixée en fonction de l’inclinaison des armatures transversales (angle α) et


du degré de nocivité de la fissuration :
- pour des armatures transversales droites (α α = 90° ; voir fig. 9.7):
+ en cas de fissuration peu préjudiciable :
1
τu = 0,64 f cj2 / 3 (9.8)
γb
avec, fcj - la résistance caractéristique du béton à la compression à l’âge j;
γb - le coefficient de sécurité sur la résistance du béton à la compression:
γb = 1,5.
+ en cas de fissuration préjudiciable ou très préjudiciable :
1
τu = 0,51 f cj2 / 3 (9.9)
γb
- α = 45°; voir fig. 9.8) :
pour des armatures transversales inclinées à 45° (α
1
τu = 0,90 f cj2 / 3 (9.10)
γb
- pour des armatures transversales inclinées d’un angle α compris entre 45° et
90° (c’est-à-dire 45 < α < 90° ; voir fig. 9.9), la valeur de τ u est déterminée par
interpolation linéaire entre les valeurs pour α = 45° et α = 90°.

Fig. 9.7. Fig. 9.8. Fig. 9.9

- pour les pièces dont toutes les sections sont comprimées :


1
τu = 0,19 f cj2 / 3 (9.11)
γb
Le dimensionnement des armatures transversales de ces pièces relève des règles de
construction des éléments soumis à la compression centrée (poteaux).

1.3. Résistance des âmes


1.3.1. Généralités
Comme on l’a vu, les schémas de rupture des pièces par effort tranchant conduisent à trois
états limites ultimes essentiels qui sont:
- l’écoulement des armatures longitudinales tendues (rupture par effort tranchant
- moment de flexion);
- l’écrasement des bielles de béton comprimé situées entre fissures inclinées
(rupture par effort tranchant - compression);
- l’écoulement des armatures transversales (rupture par effort tranchant -
traction).

157
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

En plus de ces trois cas de rupture, il peut avoir aussi la ruine des organes de transmission
des efforts au voisinage des zones d’application des forces (défaillance des assemblages).
Sous l’action de l’effort tranchant, il se forme des fissures inclinées et il apparaît un risque
pour la partie centrale de tomber (voir fig. 9. 10). Les armatures transversales sont ainsi
placées pour que la partie centrale ne tombe pas. Les deux parties de la poutre sont ainsi
cousues par ces armatures transversales (armatures de couture). Il est évident que la résistance
de cette section inclinée (section fissurée) va dépendre de la section des armatures
transversales et de leur nombre dans ladite section inclinée, donc de leur espacement.

Fig. 9.10. a - armatures transversales droites ; b - armatures transversales inclinées. 1 - couture.

1.3.2. Théorie du treillis de Ritter - Mörsch


Pour déterminer les efforts internes dans une poutre armée d’armatures longitudinales et
transversales inclinées d’un angle α par rapport à l’axe longitudinal de la poutre, on peut
utiliser l’analogie du treillis de Ritter - Mörsch qui consiste à assimiler la poutre ainsi
ferraillée à un treillis composé comme suit (voir fig. 9. 11) :
- une membrure tendue constituée par l’armature longitudinale tendue As ;
- une membrure supérieure constituée parle béton comprimé et les armatures
comprimées ;
- des diagonales comprimées inclinées d’un angle de 45°, constituées par les bielles
de béton;
- des diagonales tendues constituées par les armatures transversales inclinées d’un
angle α.

Fig. 9. 11.
1 - membrure supérieure comprimée = béton + barres comprimées;
2 - membrure inférieure tendue = armatures longitudinales tendues; 3 - diagonales comprimées =
bielles de béton comprimées; 4 - diagonales tendues = armatures d’âme tendues.

Notations : Désignons par:


Fc - la résultante des forces de compression dans la membrure supérieure;
Fs - la résultante des forces de traction dans la membrure inférieure;
Fst - la résultante des forces dans les diagonales tendues;
Mu - le moment fléchissant agissant;
Vu - l’effort tranchant agissant;

158
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

st - l’espacement des cours d’armatures transversales, mesuré suivant l’axe longitudinal de la


poutre;
At - la section d’un cours d’armatures transversales;
a = z (1 + cotg α) - la distance séparant deux bielles.
On obtient, en utilisant la méthode de Ritter applicable au treillis articulé, les expressions
suivantes pour les différents efforts:
Mu Vu
Fa = Fc = ; Fst = (9.12) et (9.13)
z sin α
Le nombre d’armatures transversales sur la longueur a sera (voir fig. 9. 12):
a z (1 + cot gα )
na = = (9.14)
st st
L’effort repris par chaque cours d’armatures Ft sera dans ce cas:
Fst Vu s t
Ft = = (9.15)
na z (sin α + cos α )
La contrainte de traction dans les armatures sera égale à:
Ft Vu s t
σt = = (9.16)
At At z (sin α + cos α )

La contrainte de traction dans les armatures


transversales est donc une fonction linéaire de
l’effort tranchant agissant. En fait, la
contrainte réelle dans les armatures
transversales est toujours inférieure à la
valeur déterminée par l’expression (9.16), car
une partie non négligeable de l’effort
tranchant Vu est repris par le béton non
fissuré.
Fig. 9. 12.

1.3.3. Justification des armatures d’âme


Il existe plusieurs approches pour la détermination des armatures transversales d’âme des
poutres; toutefois, on se limitera ici à l’utilisation des résultats obtenus à partir du modèle du
treillis de Ritter - Mörsch. En utilisant au maximum les armatures transversales, c’est-à-dire
en prenant σt = fs,t = fe,t/γγs (avec fe,t - la limite d’élasticité garantie des armatures
transversales, γs - le coefficient de sécurité), l’expression (9.16) devient :
V us t
fs,t = (9.17)
At z (sin α + cos α )
On dispose d’une équation avec deux inconnues qui sont st et At. En fixant au préalable la
section d’un cours (nappe) d’armatures transversales At (par exemple constructivement à
partir des résultats du calcul des armatures longitudinales) et sachant que l’effort tranchant est
la résultante des contraintes tangentes, c’est-à-dire que Vu = τb bo z (bo étant la largeur de la
poutre), on obtient pour l’espacement des armatures transversales :

159
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

f s ,t At (sin α + cos α )
st = (9.18)
boτ b
La contrainte tangente conventionnelle τu n’étant qu’une fraction de la contrainte tangente
réelle τb et en considérant τu = 0,9ττb, l’expression (9.18) devient :

0,9 f s ,t At (sin α + cos α )


st = (9.19)
boτ b
Comme on l’avait souligné plus haut, le béton reprend une partie des contraintes tangentes
qu’on notera τo. Cette valeur est prise égale à :
τo = 0,14 k f cj1 2 (9.20)
avec, k - coefficient, fonction du type de sollicitation et des conditions de mise en oeuvre
(reprise); on a : k = 1,0 en flexion simple ou dans le cas des reprises de bétonnage avec
indentation d’au moins 5 mm de la surface de reprise ; k = 0,0 en cas de reprise de bétonnage
sans indentation de la surface de reprise ou quand la fissuration est jugée très préjudiciable ;
k = 1 + 3σcm /fcj en flexion composée avec compression et k = 1 – 0,7σtm/ftj en flexion
composée avec traction, où, σcm , σtm - sont les contraintes moyennes de compression et de
traction de la section totale de béton B sous l’effort normal de calcul N en supposant le béton
non fissuré et non armé :
σcm = Nc /B ; σtm = Nt / B. (9.21)
Ainsi, pour les calculs, il faut donc utiliser la valeur (ττu-ττo) au lieu de τu. L’expression de
l’espacement des armatures transversales sera :
0,9 f s ,t At (sin α + cos α )
st = (9.22)
bo (τ u − τ o )
0,9 f s ,t At (sin α + cosα )
ou encore st = (9.23)
bo (τ u − 0,14kf cj1 2 )
Le pourcentage d’armatures transversales peut être exprimé comme suit :
At
ρt = (9.24)
bo st
L’espacement des cours successifs d’armatures transversales st ne doit pas dépasser les
valeurs suivantes :
st ≤ Min  0,9d ; 40 cm  (9.25)
où, d - la hauteur utile de la section.
Dans le cas où des armatures comprimées doivent être prises en compte, l’espacement st, en
plus ne doit pas dépasser les 15 diamètres de ces armatures :
st ≤ Min  0,9d ; 40 cm ; 15∅l  (9.25a)
où, ∅l - le diamètre (minimal) des armatures longitudinales.
De plus le diamètre des armatures transversales ∅t doit vérifier les conditions suivantes :
∅t ≥ ∅l /3 (9.26)
et ∅t ≤ Min  h/35 ; bo /10 ; ∅l  (9.27)
où, h et bo - hauteur totale et largeur de la poutre.

160
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

La condition de non fragilité à l’effort tranchant (section minimale d’armatures d’âme) se


présente comme suit:
At f e,t
≥ 0,13ftj (9.28)
bo s t
La répartition des armatures transversales se fait suivant la courbe enveloppe des efforts
tranchants : l’effort tranchant étant, en général, variable d’une section à l’autre, les
espacements des cadres doivent aussi varier le long de la poutre. Pour faciliter la tâche, on
procède par plusieurs méthodes plus ou moins simplistes permettant de répartir les armatures
transversales avec une certaine marge de sécurité. Par exemple, la méthode de répartition de
Caquot concerne les poutres de hauteur constante, soumises à des charges
uniformément réparties. Par cette méthode, on calcule d’abord l’espacement st,a à l’appui
avec la valeur de l’effort tranchant Vu,a dans cette section (c’est-à-dire au voisinage de
l’appui). Le premier cours d’armatures transversales est placé à 0,5st,a du nu de l’appui ; le
deuxième cours est placé à st,a du premier, et pour l’écartement des cadres suivants, on
adopte, en centimètres, la suite des nombres 7, 8, 9, 10, 11, 13, 16, 20, 25, 35; chaque
espacement étant répété autant de fois qu’il y a de mètres dans la demi portée de la poutre
(la demi portée est arrondie à l’entier immédiatement supérieur); le premier nombre à retenir
correspond à l’écartement st,a à l’appui.
Le calcul des armatures transversales d’âme se fait suivant l’organigramme représenté sur le
schéma 9.1.

1.3.4. Arrêt des armatures longitudinales

Fig. 9.13.

Fig. 9.14. Arrêt des armatures longitudinales tendues.


1 - courbe théorique des moments fléchissant; 2 - courbe des moments décalées de a1 = 0,8 h; 3 -
courbe des moments résistants ; ls1 , ls2 - longueurs d’ancrage des premières et deuxièmes barres
arrêtées.

161
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

0 Données: bo ; d; ftj ; fcj ; fe,t ; Vu ; γs ; γb ; ∅l

1 Degré de nocivité de la fissuration.


Inclinaison α des armatures transversales.
Section At d’un cours d’armatures transversales.
Détermination de τ u
2
Vu f e,t
τu = ; f s,t = ;
bo d γs
3
τu ≤ τ u ? non 4’
oui Augmenter la section de béton
4 ou sa classe.
Détermination du coefficient k

5 0,9 At f s ,t (sin α + cosα )


st1 =
b(τ u − 0,14kf cj1 2 )

6 st2 = min.  0,9d ; 40 cm; 15∅l 


7
st1 ≤ st2 ?
oui non
8 8’
st = st1 st = st2 11’
Augmenter la section At du cours des
armatures transversales ou bien diminuer
9 leur espacement st
At
ρt =
bo st
10
ρt fe,t ≥ 0,13ftj ?
11
12
Répartition des armatures
transversales
FIN

Schéma 9.1. Algorithme de calcul des âmes des poutres sous l’action de l’effort tranchant.

La transmission de la force de compression de la membrure comprimée aux armatures tendues


se fait, en principe, par bielles inclinées à 45°; cela conduit à considérer que l’évaluation de
l’effort de traction dans les aciers tendues d’une section quelconque, doit prendre en compte
le moment agissant à une certaine distance a1 de la section considérée dans le sens où le
moment fléchissant augmente en valeur absolue. En effet, l’effort Fs dans les aciers devant
équilibrer le moment Mu à l’abscisse x sera appliqué à l’abscisse x - 0,5z (voir fig. 9.13).
Il est ainsi admis de prendre cette longueur égale à 0,8h (a1 = 0,8h), où h est la hauteur
totale de la poutre (voir fig. 9.14). L’effort de traction dans les barres qui doivent être arrêtées

162
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

va diminuer progressivement le long de la longueur d’ancrage ls pour s’annuler au point


d’arrêt; ainsi, on tient compte de la résistance des barres partiellement ancrées.

1.4. Conditions aux appuis


1.4.1. Généralités
Dans une poutre soumise à l’effort tranchant, on distingue (voir fig. 9.15):
- les zones courantes (zones centrales) - ZC;
- les appuis d’about - AA;
- les appuis intermédiaires - AI.

Fig. 9.15. Fig. 9.16.


1 – poutre ; 2 - appui.

Il s’agit ici de :
- vérifier la compression du béton en zones d’appuis qui sont, en fait, des zones de
transmission des efforts;
- de prévoir une section minimale d’armatures mises en traction par les bielles de
transmission des forces.

1.4.2. Appuis simples d’about


La contrainte de traction dans la bielle inclinée à 45° est (voir fig. 9.16):
σ b = Fc / Sb (9.40)
où, Sb - la section droite de la bielle :
1
Sb = ab 2 avec, a = Min.  a’ ; 0,9d  (9.41) et (9.42)
2
b - largeur de la poutre.

2Vu
En remplaçant Fc et Sb par leurs valeurs, on obtient : σb = (9.43)
ab
Vu - effort tranchant agissant.

2Vu 0,8 f cj
Cette contrainte σb ne doit pas dépasser la valeur 0,8fcj /γγb : ≤ (9.44)
ab γb
Le coefficient 0,8 tient compte du fait que l’inclinaison des bielles peut différer légèrement
de 45°. Ainsi, pour la compression du béton, on doit avoir:
Vu f cj
≤ 0,4 (9.45)
ab γb

163
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

Même dans le cas où le moment en appui est nul, la présence de l’effort tranchant impose une
section minimale d’armatures As,a telle que :
Vu
As,a fs ≥ Vu ou encore As,a ≥ (9.46) et (9.47)
fs
En cas de présence d’une force horizontale H transmise par l’appui (composante horizontale
de la réaction, par exemple), on doit avoir :
As,a ≥ (V u + H ) (9.48)
fs
Les règles de bonne construction exigent que ces armatures As,a doivent être, dans tous les
cas, ancrées avec la longueur de scellement nécessaire.

1.4.3. Appuis intermédiaires


Sur un appui intermédiaire agit, en général, un moment fléchissant négatif de valeur Mu
(moment de continuité). L’équilibre des forces horizontales donne (fig. 9.17):
Vu - Fc = 0 (9.49)
où, Vu - valeur absolue de l’effort tranchant; Fc - la résultante des forces de compression.
Sachant que Fc = - Mu /z , Mu est avec son signe et que le bras de levier z ≅ 0,9d, on
trouve : Vu + M u = 0 (9.50)
0 ,9 d

Dans le cas où Vu + Mu /(0,9d) < 0, c’est-à-dire que


Mu > 0,9Vu d, les armatures longitudinales inférieures
ne sont pas soumises à une force de traction. Par
contre, si Vu + Mu /(0,9d) >0, c’est-à-dire que Mu <
0,9Vud , les armatures longitudinales seront soumises
à un effort de traction de valeur Fa = Vu - Fc telle
que:
Mu
Fa = Vu + (9.51)
0 ,9 d
Fig. 9.17.
Mu
Vu +
As ≥ F a =
Dans ce cas, la section des armatures As doit être: (9.52) 0 ,9 d
fs fs
Ces armatures doivent être ancrées au delà du nu de l’appui (coté travée) pour pouvoir
équilibrer l’effort Fa.
Pour la contrainte de compression du béton, on fait la même vérification que pour un appui de
rive, à savoir :
Vu f cj
≤ 0, 4 (9.53)
ab γb
De plus, la contrainte moyenne de compression sur l’aire (Sa = ab) de l’appui, calculée sous
la réaction d’appui ultime Ru doit vérifier la condition suivante :
Ru f cj
σ b ,a = ≤ 1, 3 (9.54)
ab γb

164
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

1.5. Coutures d’attaches


1.5.1. Règle des coutures
Cette règle concerne certains plans intérieurs particuliers du béton (surfaces de reprise, plans
d’attache de deux pièces) sur lesquels s’exercent des efforts tangents et pour lesquels il n’est
pas prévu de justifications spécifiques. Pour cela, on place des armatures transversales
appelées armatures de coutures ou armatures d’attache, qui doivent traverser les plans
considérés et être ancrés dans les parties de béton dont la fissuration ne compromet pas
l’efficacité de l’ancrage. Ces armatures d’attache font avec le plan sollicité un angle α =
45°... 60° (voir fig. 9.18). La règle des coutures généralisée se présente comme suit:
At f s ,t
α + cosα
(sinα α) ≥ τu - σu (9.55)
bst
avec, At - section d’un cours
d’armatures de coutures (dans un
même plan) ; b - largeur du béton
prise en compte pour évaluer les
contraintes s’exerçant sur le plan
étudié ; τu - contrainte de
Fig. 9.18. 1 - plan sollicité; 2 - fissures. cisaillement réelle (et non
conventionnelle) ; σu - contrainte
normale éventuelle (σσu > 0 en
compression et σu < 0 en traction ; α - angle d’inclinaison des armatures transversales.
Pour certaines surfaces de reprises des pièces peu sollicitées, il est admis de ne pas prévoir des
armatures de couture si les conditions suivantes sont vérifiées:
12 12
- la contrainte tangente ultime est inférieure à 0,055 f cj (ττu< 0,055 f cj ) ;
- la contrainte normale éventuelle est une compression ;
- les charges sont réparties et ne provoquent pas d’effet dynamique ;
- la surface de reprise est traitée pour lui donner une rugosité importante (une
indentation de liaison ≥ 5 mm).

1.5.2. Liaison des membrures d’une poutre avec l’âme


Dans le plan vertical de jonction entre la nervure et la table d’une poutre en T (fig. 9.19)
agissent des contraintes devant équilibrer les efforts normaux et fléchissant, ce qui provoque
l’apparition des contraintes tangentielles parallèlement et perpendiculairement aux faces
verticales de l’âme. Ces contraintes ont pour valeur (voir formule (9.3)):
Vu b1 1
τu = ≤τu (9.56)
0,9d b ho
Dans le cas d’une poutre avec talon (voir fig. 9.20), la contrainte tangente ultime a pour valeur
(voir formule (9.5)):
Vu As1 1
τu = ≤τu (9.57)
0,9d As ht

165
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

Fig. 9.19. Fig. 9. 20.

Les armatures d’attache (armatures droites) doivent vérifier la condition suivante:


At
f s ,t ≥ τ u h1 (9.58)
st
avec, h1 = ho pour le cas de la fig. 9.19 et h1 = ht pour le cas de la fig. 9.20.

1.6. Cas des dalles


Pour les dalles (dalles portant dans les deux sens ou dans un seul sens couramment appelées
poutres-dalles), aucune armature d’effort tranchant n’est requise si les conditions suivantes
sont remplies :
- la dalle est bétonnée sans reprise sur toute son épaisseur h;
12 12
- la contrainte tangente τu ne dépasse pas 0,44 f cj /γγb (ττu ≤ 0,44 f cj /γγb);
- la dalle est bétonnée avec reprise et les conditions de la non-application de la règle
des coutures énoncées précédemment sont respectées.
Dans tous les autres cas, il convient de disposer des armatures d’effort tranchant calculées
comme précédemment. Dans le cas où l’épaisseur h de la dalle est comprise entre 15 cm et
30 cm (0,15 m ≤ h ≤ 0,30 m), la valeur de la contrainte tangente limite τ u définie
précédemment doit être multipliée par un coefficient minorateur ko tel que 0,5 ≤ ko = 10h/3
≤ 1,0 , où h est l’épaisseur de la dalle, exprimée en mètres (m).
Sous l’action d’une force localisée de
valeur Pu, il faut vérifier la résistance
de la dalle au poinçonnement par
effort tranchant. Pour cela, il faut
que la condition suivante soit vérifiée
(voir fig. 9.21) :
1
Pu ≤
12
0,28uc h f cj (9.59)
γb
avec, Pu - la charge ponctuelle à
l’E.L.U. ; uc - le périmètre du
contour au niveau du feuillet moyen (
Fig. 9.21. voir fig. 9.21); h - l’épaisseur totale
1 - poteau; 2 - dalle; 3 - feuillet moyen de la dalle.

Si la condition (9.59) n’est pas satisfaite, on doit:


- soit augmenter l’épaisseur h de la dalle ou la classe de béton;
166
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

- soit utiliser des armatures transversales dans un certain périmètre u à l’intérieur


duquel la condition est respectée ; on obtient donc :
τu Pu
u = uc avec, τu = (9.60) et (9.61)
0,05 f cj 0,9hu c

2. ADHERENCE
2.1. Généralités
L’adhérence assure la liaison béton - acier. Les justifications visent:
- les extrémités des barres qui doivent être ancrées avec une certaine sécurité
(ancrage);
- les armatures en zone courante, soumises à des contraintes d’entraînement,
qui doivent être limitées pour ne pas endommager le béton entourant les armatures.
On supposera dans ce qui suit que toutes les dispositions constructives sont respectées.

2.2. Contrainte d’adhérence


La contrainte d’adhérence est celle qui caractérise la liaison entre une armature et le
béton. Elle est définie par l’expression suivante (voir fig. 9.22):
1 dF
τs = (9.62)
u dx
où, dF/dx est la variation par unité de longueur de l’effort axial exercé sur l’armature; u - le
périmètre utile de l’armature ; pour les paquets de barres de même diamètre ∅ (voir fig. 9.23),
on a :
- pour une barre isolée: u = π ∅;
- pour un paquet de deux (2) barres: u = ( π + 2)∅ ∅;
- pour un paquet de trois (3) barres: u = ( π + 3)∅ ∅.

Fig. 9.22. Fig. 9.23. a - barre isolée ; b, c - paquets de 2 et


de 3 barres ; b, h - largeur et hauteur du paquet ;
sb - sens de bétonnage; on doit avoir: h ≤ 2b.

Cette contrainte est évaluée et contrôlée :


- pour les extrémités des barres, c’est-à-dire les ancrages destinées à transmettre au
béton la totalité de l’effort axial exercé sur l’armature;
- pour les armatures en zone courante, soumises à des efforts d’entraînement dus à la
variation de l’effort axial appliqué.

167
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

La contrainte d’adhérence limite ou contrainte d’adhérence ultime τs,u est égale à :


τs,u = 0,6ψ ψs2ftj (9.63)
où, ftj est la résistance caractéristique du béton à la traction, en MPa; ψs - coefficient
d’adhérence ou coefficient de scellement; ψs = 1,0 pour les barres rond-lisses, ψs = 1,5 pour
les barres à haute adhérence.

2.3. Contrainte d’entraînement


L’adhérence du béton à l’acier permet au béton d’entraîner les barres dans sa déformation : les
contraintes d’adhérence du béton sur l’armature obligent la barre à prendre le même
allongement que les fibres de béton qui l’entourent. C’est ainsi que s’effectue la
transmission des efforts du béton à l’armature. Selon le principe de l’action et de la
réaction, les armatures exercent sur le béton des contraintes de cisaillement égales et opposées
à celles qu’exerce le béton sur les armatures (en réalité, il y a un léger glissement entre le
béton et l’armature qu’on néglige dans le calcul). Ainsi, dans une poutre fléchie de section
constante, la contrainte d’adhérence d’entraînement τs,e sur un paquet de barres de section Asi
et de périmètre utile ui est égale à :
Vu Asi 1
τs,e = (9.64)
0,9d As u i
où, Vu - valeur de l’effort tranchant ultime ; d - hauteur utile de la section ; As - section
totale des aciers tendus.

Vu 1
Si toutes les barres sont de même diamètre, on a: τs,e = (9.65)
0,9d ∑ u
où, ∑u - est la somme des périmètres utiles des barres ou paquets.
La valeur limite (ultime) de la contrainte d’entraînement τs,e,u est définie par l ’expression
suivante :
τs,e,u = ψs ftj (9.66)
où, ftj, ψs sont les mêmes grandeurs que dans la formule (9.63).
Donc, pour éviter le glissement des armatures par rapport au béton qui les entoure, il faut que
la contrainte d’adhérence d’entraînement τs,e qui résulte de cette tendance ne dépasse pas la
valeur ultime τs,e,u :
τs,e ≤ τs,e,u (9.67)
Pour les calculs pratiques, on admet de prendre forfaitairement les valeurs suivantes pour
τs,e,u :
• τs,e,u = 2 MPa pour les barres rond-lisses;
• τs,e,u = 3 MPa pour les barres à haute adhérence.
La condition (9.67) est surtout à vérifier :
- pour les barres en chapeau des poutres continues soumises à des forces très
concentrées;
- en cas d’utilisation des paquets de plus de deux (2) barres.

168
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

Pour les armatures des dalles (quadrillages) séparées de la paroi la plus proche par une nappe
d’armatures orthogonales, on prendra :
τs,e,u = 2ψψs ftj (9.68)

2.4. Ancrage
2.4.1. Longueur de scellement
La longueur de scellement ls ou longueur d’ancrage est la longueur nécessaire pour
équilibrer l’effort axial exercé sur l’armature (fig. 9.24). Pour calculer cette longueur, on
suppose que la contrainte d’adhérence τs est constante sur toute la longueur et égale à la
valeur limite τs,u (c’est-à-dire τs = τs,u ). Dans ce cas, si fe est la limite d’élasticité garantie de
l’armature, on obtient pour la longueur de scellement (longueur de scellement droit) ls :
∅f e
ls = (9.69)
4τ s ,u
On admet de prendre forfaitairement pour une barre de diamètre ∅:
• ls = 50 ∅ pour les barres rond-lisses;
• ls = 40 ∅ pour les barres à haute adhérence.

Fig. 9.24. Ancrage total. Fig. 9.25. Ancrages courbes.

2.4.2. Ancrage par courbure


A côté des ancrages droits avec une longueur ls, il y a aussi les ancrages courbes comportant
des retours rectilignes (voir fig. 9.25). La valeur minimale du rayon de courbure r est fixée,
en général, à partir de la condition de non écrasement du béton à l’intérieur de la concavité de
∅, où les petites
la partie courbe de la barre et de la nature des aciers. En général r = (3 ... 6)∅
valeurs sont prises pour les barres rond-lisses et les grandes valeurs pour les barres à haute
adhérence.

2.4.3. Recouvrement
Le recouvrement sert à rétablir la continuité entre les armatures (voir fig. 9.26). Pour cela, les
barres se recouvrent sur une longueur lr dite longueur de recouvrement.

169
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

∗ Pour les aciers tendues, on a :


• lr = ls si c ≤ 5∅ ∅;
• lr = ls + c si c > 5∅ ∅;
où, ∅ - le diamètre des armatures; c - la distance entre axes des deux barres;
soit, forfaitairement :
- pour les barres rond-lisses : lr = 50 ∅ si c ≤ 5∅∅ et
lr = 50 ∅ + c si c > 5∅ ∅;
- pour les barres à haute adhérence : lr = 40 ∅ si c ≤ 5∅
∅ et
lr = 40 ∅ + c si c > 5∅ ∅.
Lorsque les barres sont munies de crochets, cette longueur est réduite à :
• lr = 0,6ls si c ≤ 5∅∅;
• lr = 0,6ls + c si c > 5∅∅;
soit, forfaitairement:
- pour les barres rond-lisses : lr = 30 ∅ si c ≤ 5∅∅ et
lr = 30 ∅ + c si c > 5∅ ∅;
- pour les barres à haute adhérence : lr = 24 ∅ si c ≤ 5∅∅ et
lr = 24 ∅ + c si c > 5∅ ∅.
∗ Pour les aciers comprimés, on a : lr = 0,6ls.
Les crochets ne sont pas conseillés pour les barres comprimées, car ils risquent de faire éclater
le béton qui les entoure.

Fig. 9.26. Recouvrement des armatures.

∗ Pour les treillis, les recouvrements doivent comporter :


- trois (3) soudures (ou trois barres de direction orthogonales) s’il s’agit des fils
porteurs;
- deux (2) soudures (ou deux barres de direction orthogonale) s’il s’agit des fils de
répartition.
La distance minimale entre deux barres de même direction appartenant à des treillis différents
ne doit pas être inférieure à 4 cm.

2.4.4. Couture des ancrages


Pour équilibrer les efforts tendant à faire éclater le béton, la zone d’ancrage (recouvrement)
des barres doit être armée transversalement par des aciers de couture. Ainsi, au recouvrement
170
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

des armatures (tendues ou comprimées), on doit prévoir des armatures de couture de section
totale ∑At , disposées au moins sur trois plans (un plan à chaque extrémité et un plan au
milieu) sur la longueur de recouvrement, telles que (voir fig. 9.27) :
fe
∑ At ≥ As (9.70)
f e ,t
avec, fe , fe,t - limites d’élasticité garantie
respectivement des armatures longitudinales de
section As et des armatures transversales de couture
de section ∑At .
Fig. 9.27. Couture des recouvrements.

3. ACTION DU MOMENT DE TORSION


3.1. Généralités
Une poutre est soumise à un moment de torsion, noté Tu (valeur à l’E.L.U.) lorsque les forces
appliquées sont excentrées par rapport à son plan de symétrie longitudinal. Les essais
effectués ont permis de constater ce qui suit:
- les fissures apparaissent d’abord au milieu des faces de la poutre pour s’étendre
ensuite vers les arêtes;
- seule une couche de béton proche des faces extérieures et relativement peu épaisse
contribue à la résistance à la torsion;
- deux sections de même dimensions et de même ferraillage, l’une creuse et l’autre
pleine, ont, à peu près, le même comportement après fissuration.
Ce risque de fissuration des poutres et leur comportement sous l’action du moment de torsion
nécessite ainsi la mise en place d’un réseau supplémentaire (en plus des armatures de flexion)
d’armatures transversales sous forme de cadres et d’armatures longitudinales sous
forme de barres droites, qui doivent être toutes disposées à la périphérie de la section,
car en effet, c’est essentiellement cette zone périphérique qui est la plus sollicitée par les
contraintes tangentes de torsion.

3.2. Evaluation des contraintes tangentes de torsion


Pour évaluer les contraintes tangentes dues au moment de torsion Tu, on est amené à
distinguer deux types de sections : les sections creuses et les sections pleines.

3.2.1. Section creuse


Pour les sections creuses, la contrainte tangente de torsion est déterminée par la formule
suivante (voir fig. 9.28) :
Tu
τu = (9.71)
2Ωb
avec, Tu - moment de torsion ultime; bo - épaisseur de la paroi; Ω - aire du contour tracé à
mi-épaisseur des parois (aire hachurée).
Si bo > b/6, alors on prend bo = b/6, avec b - la petite dimension de la section ou encore le
diamètre du cercle inscrit dans le contour extérieur.
171
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

Fig. 9.28. Fig. 9.29.

3.2.2. Section pleine


Quant aux sections pleines, elles sont remplacées par des sections creuses équivalentes
d’épaisseur fictive bt. La contrainte tangente de torsion est alors déterminée par l’expression
suivante:
Tu
τu = (9.72)
2Ωbt
où, Tu et Ω - ont même désignation que pour la formule (9.71) ; bt - épaisseur de paroi
fictive de la section pleine, prise égale à 1/6 du diamètre du plus grand cercle qu’il est
possible d’inscrire dans le contour extérieur de la section (voir fig. 9.29).

3.3. Justification
3.3.1. Torsion pure
a) Justification du béton
On doit avoir : τu ≤ τ u (9.73)

b) Justification des armatures


On prévoit deux systèmes d’armatures: armatures longitudinales de section AlT et
armatures transversales de section courante AtT (section d’un cours). Ces armatures sont
déterminées par la règle des coutures comme pour l’effort tranchant, ce qui conduit aux
expressions suivantes:
- pour les armatures longitudinales :
AlT T Tu u
fs = u ou encore AlT = (9.74) et (9.75)
u 2Ω 2Ω f s
- pour les armatures transversales :
AtT T Tu s t
f s ,t = u ou encore AtT = (9.76) et (9.77)
st 2Ω 2Ω f s ,t
En fixant AtT , on trouve pour l’espacement des cadres:
AtT f s ,t 2Ω
st = (9.78)
Tu

172
Chapitre 9. Justifications des sections soumises à des sollicitations tangentes

Dans ces expressions:


fs = fe /γs ; fs,t = fe,t /γs avec fe , fe,t - les limites d’élasticité garantie des armatures
longitudinales et transversales; γs - coefficient de sécurité ; AtT - section d’un cours
d’armatures transversales (cadres) disposées à l’intérieur de la paroi considérée (d’épaisseur
bo ou bt ); AlT - section des armatures longitudinales réparties à la périphérie (à l’intérieur de
bo ou bt ); u - périmètre du contour de l’aire Ω (fig. 9.28).

3.3.2. Torsion avec flexion


En cas d’action simultanée de la torsion et de la flexion, les contraintes tangentes τu,T dues
au moment de torsion Tu et les contraintes tangentes τu,V dues à l’effort tranchant Vu
doivent être cumulées. La contrainte résultante ne doit pas dépasser la valeur maximale
limite (valeur limite ultime τ u ) ; ainsi :
- pour les sections creuses, on doit avoir :
τu,T + τu,V ≤ τu (9.79)

- pour les sections pleines:


τu,T2 + τu,V2 ≤ τu2 (9.80)

Les armatures longitudinales AlT et transversales AtT doivent s’ajouter respectivement aux
armatures longitudinales de moment fléchissant (As et As’) et aux armatures transversales
d’effort tranchant (At).

173
Chapitre 10. Actions des charges dynamiques et des hautes températures

Chapitre 10.

ACTION DES CHARGES DYNAMIQUES


ET DES HAUTES TEMPERATURES

1. ACTION DES CHARGES DYNAMIQUES

1.1. Les charges dynamiques

Plusieurs ouvrages en béton armé se trouvent soumis à l’action des charges


dynamiques. Les charges dynamiques sont celles qui, en un intervalle de temps
très court, changent de valeurs, de sens ou de positions. Ce sont en particulier
les vibrations, les chocs, les impulsions et autres effets analogues. On peut les
classer selon les critères suivants :
- type de l’action : forces ou couples ;
- loi de variation dans le temps : charges périodiques, impulsions, chocs;
- direction de l’action : verticales, horizontales;
- position de l’action : fixes, mobiles;
- durée d’action : forces répétitives ou épisodiques.

Ainsi, on peut distinguer:


- les charges périodiques fixes dues aux différents moteurs, machines
et équipements posés sur les différents éléments de structures,
transmettant à ces derniers des vibrations et impulsions au moment de
leur fonctionnement;
- les chocs dus à la chute des éléments (corps) de certains équipements
sur les structures ou les chocs des engins de transport sur les
éléments de structures (chocs des bateaux par exemple sur les
ouvrages portuaires);
- les charges mobiles dues au mouvement des ponts roulants et des
engins et véhicules de transport;
- les charges impulsives dues à l’action du vent;
- les charges de courte durée dues aux explosions, éboulement et
effondrements de terres;
- les charges sismiques dues aux tremblements de terre.

293
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-2008-
Chapitre 10. Actions des charges dynamiques et des hautes températures

1.2. Oscillations des éléments en béton armé

1.2.1. Oscillations libres des éléments en béton armé

Le mouvement d’oscillation libre de la plupart des éléments de structure peut


être décrit par une fonction sinusoïdale:
y = Asin(ωωt + ϕo ) (10.1)
où,
A est l’amplitude d’oscillation ; t - le temps ; ϕo - la phase initiale
(déplacement initial au temps t = 0) ; ω - la pulsation (nombre d’oscillations en
2 π secondes):

ω = = 2π N (10.2)
T
avec, T - la période, en secondes; N = 1/T - la fréquence (nombre d’oscillations
par seconde).

En réalité, les structures opposent une certaine résistance au mouvement


d’oscillations libres, résistance due :
- à la rigidité (fonctionnement) spatiale de la structure;
- aux différents frottements aux droits des appuis;
- aux déformations plastiques résiduelles du matériau, etc...

Une partie de l’énergie du système est ainsi dépensée, de façon irréversible,


pour vaincre ces résistances. Au résultat, l’amplitude d’oscillations va diminuer au
fur et à mesure pour s’annuler à la fin. Les oscillations amorties sont décrites
par l’expression suivante:
λt

y = Ae π sin ( ωt + ϕo) (10.3)
Ai
avec, λ = ln (10.4)
Ai +1
Ai et Ai+1 sont les amplitudes des oscillations i et i+1 ; λ - le décrément
logarithmique d’amortissement, il caractérise la rapidité d’amortissement des
oscillations.

La vitesse d’amortissement peut être aussi caractérisée par le coefficient


d’absorption ψ de l’énergie par frottement pour un cycle d’oscillations, il
représente le rapport de la perte d’énergie élastique pour un cycle par l’énergie
élastique au début du cycle :

294
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-2008-
Chapitre 10. Actions des charges dynamiques et des hautes températures

Wi − Wi +1
ψ = (10.5)
Wi
Entre les coefficients λ et ψ, il existe la relation suivante:
ψ = 2λ λ (10.6)

Le coefficient de résistance non élastique du béton armé aux oscillations libres


est ainsi défini :
ψ λ
r = = (10.7)
2π π
On a : 0,05 ≤ r ≤ 1,0.

Les valeurs moyennes du coefficient d’absorption pour certains éléments sont


données dans le tableau 10.1.

Eléments de structures Valeur du coefficient


ψ
Planchers nervurés coulés su place 0,39 ... 0,78
Planchers en grands panneaux préfabriqués 0,20 ... 0,60
Poutres de ponts roulants 0,24 ... 0,56
Tableau 10.1. Valeurs du coefficient d’absorption pour certains éléments.

1.2.2. Oscillations forcées des éléments en béton armé

Lorsque le système (la structure) sera soumis à l’action d’une charge dynamique
P(t) qui va lui communiquer une énergie provoquant son mouvement, en ce
moment, on assiste à un mouvement forcé du système. Dans le cas d’une force
périodique :
θt
P(t) = Po sinθ (10.8)
avec, θ - la pulsation de la force vibrante.

L’amplitude des oscillations forcées sera:


Po
A = (10.9)
m(ω 2 − θ 2 )
où, m est la masse vibrante.

L’amplitude A peut être aussi exprimée comme suit:


A = δd yst (10.10)
où,
295
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-2008-
Chapitre 10. Actions des charges dynamiques et des hautes températures

yst est le déplacement statique sous l’action de la force Po ; δd - le


coefficient d’amplification dynamique ou coefficient dynamique:
1
δd = (10.11)
θ2
1− 2
ω

En tenant compte de l’amortissement du mouvement dû aux résistances non


élastiques du béton armé, le coefficient dynamique aura pour expression:
1
δd = (10.12)
2
 θ 2

1 − 2  + r2
 ω 
 
La phase initiale ϕo est telle que :
r
ϕo =
tanϕ (10.13)
θ2
1− 2
ω
En connaissant la valeur du coefficient dynamique, le calcul dynamique peut se
ramener à un calcul statique ; en ce moment, toutes les grandeurs Sst sous
l’action des charges statiques (efforts internes et déformations) sont alors
multipliées par le coefficient dynamique :
Sdyn = δd Sst (10.14)

Il y a résonance quand θ = ω, c’est-à-dire quand la pulsation θ de la force


vibrante est égale à la pulsation propre du système ω. Dans ce cas, pour un
système élastique idéal, le coefficient dynamique déterminé par l’expression
(10.11) est infini (θθ = ω ⇒ δ → ∞). Pour les structures en béton armé pour
lesquelles les forces de résistance ne peuvent être négligées, on obtient pour le
coefficient dynamique :
1
δ = (10.15)
r
Sur la fig. 10.1 sont illustrées les courbes de variation du coefficient dynamique
δd en fonction du rapport θ/ω ω pour différentes valeurs du coefficient r.

1.3. Caractéristiques dynamiques des éléments en béton


armé

Sous l’action des charges dynamiques les caractéristiques de déformabilité et de


résistance du béton armé changent. Ces caractéristiques sont:
296
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Chapitre 10. Actions des charges dynamiques et des hautes températures

Fig. 10.1. Valeurs du coefficient δ en fonction de θ/ω pour différentes valeurs du


coefficient r.

- la rigidité dynamique;
- l’absorption de l’énergie par frottement intérieur;
- la tenue du matériau sous l’action des charges cycliques (oscillations).

1.3.1. Rigidité dynamique

La rigidité dynamique d’une structure est la rigidité sous des charges


dynamiques; elle est, en général, supérieure à la rigidité statique (sous charges
statiques), car sous l’action des charges dynamiques, les déformations de fluage
ne réussissent pas à se réaliser. Le module de déformation longitudinal Eb sous
charges dynamiques est pris égal, en général, au module d’élasticité initial (Eb =
Eb,o), c’est-à-dire la tangente de l’angle d’inclinaison de la droite tangente à
l’origine de la courbe de déformation σb-εεb par rapport à l’axe des déformations
Eb,o ≅ (1,20 ... 2,00) Eb,i .

1.3.2. Absorption de l’énergie par frottement intérieur

Le frottement intérieur est dû à la structure non homogène (hétérogène) du


béton armé. Il joue un rôle très important car :
- il entraîne l’amortissement rapide des oscillations libres;
- il limite l’amplitude de résonance en cas de charges cycliques.

Pendant les oscillations, une partie de l’énergie est absorbée et dissipée sous
forme de chaleur dans le milieu extérieur à la suite :
- du frottement intérieur dans le matériau;

297
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Chapitre 10. Actions des charges dynamiques et des hautes températures

- du frottement de glissement dans les joints;


- du frottement intérieur dans les assises (sols) déformables;
- des résistances extérieures (frottement extérieur, résistance
aérodynamique).

Le coefficient d’absorption de l’énergie peut être aussi exprimé comme suit:


ψ = 2π η (10.16)
où, η est le coefficient de perte.

1.3.3. La tenue du béton armé

La tenue du béton armé est sa capacité de supporter (d’endurer) sans ruine, un


niveau déterminé de contraintes variables dans le temps pour un nombre donné
de cycles de chargements. L’accumulation des endommagements conduisant à la
ruine définitive de la structure sous l’action des charges cycliques est appelée
fatigue du matériau.

La limite d’endurance σend est la plus grande somme de la contrainte statique σst
et de l’amplitude de la contrainte dynamique σo sous laquelle le matériau serait
capable de supporter, sans rupture, un nombre infiniment grand de cycles de
chargements (voir fig. 10.2):
σend = σst + σo (10.17)

Fig. 10.2.

Les résistances de calcul du matériau sont déterminées, de façon générale, par


l’expression suivante:
fd = kd fst (10.18)
où,
fd - la résistance sous charges dynamiques ; fst - la résistance sous charges
statiques ; kd - coefficient minorateur, fonction du rapport ρd=σσmin /σ
σmax.

Les facteurs influant sur la limite d’endurance sont:

298
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Chapitre 10. Actions des charges dynamiques et des hautes températures

- le niveau des contraintes statiques (plus σst est élevé, plus la tenue est
faible);
- l’état de contraintes (un état de contraintes défavorable diminue la
tenue);
- les dimensions et la forme de l’élément (σ σend diminue avec
l’augmentation des dimensions de la section);
- la concentration des contraintes (facteur négatif sur la tenue).

1.4. Justifications

Le problème du calcul dynamique des ouvrages en béton armé consiste :


- à la vérification de la capacité portante (résistance, fatigue) de la
structure et de ses éléments (calcul à l’état limite ultime);
- à la vérification de l’admissibilité de l’action des vibrations sur les
personnes, les processus technologiques et l’exploitation normale de
l’ouvrage (calcul à l’état limite de service).

1.4.1. Calcul à l’état limite ultime

Pour l’équilibre de la section, il faut que la somme des efforts dus aux actions
statiques Sst et dynamiques Sd ne dépassent pas l’effort maximal ultime que peut
prendre la section, c’est-à-dire l’effort résistant SR de la section :
Sst + Sd ≤ SR (10.19)

Le calcul des structures en béton armé à la fatigue consiste à vérifier:


- la tenue du béton comprimé (la résistance du béton à la traction étant
négligée);
- la tenue des armatures tendues (les armatures comprimées ne sont
pas à calculer à la fatigue).

Ainsi, pour le béton comprimé, on doit avoir:


σbc,max ≤ kd,b fcj (10.20)
avec,
kd,b - coefficient, fonction de ρd,b = σb,min /σ
σb,max: kd,b = 0,45 ... 1,00; σb,min,
σb,max sont les valeurs minimales et maximales des contraintes dans le béton
comprimé dans un cycle de chargement.

Pour les armatures tendues, on doit avoir:


σs,max ≤ kd,a fe (10.21)
299
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Chapitre 10. Actions des charges dynamiques et des hautes températures

avec,
kd,a- coefficient, fonction de ρd,a = σs,min /σ
σs,max : kd,a = 0,40 ... 1,00; σs,min,
σs,max - les contraintes minimales et maximales dans les armatures tendues dans
un cycle de chargement.

Le calcul des contraintes dans le béton et dans les armatures se fait sur la base
que ces matériaux sont élastiques et la section est homogénéisée. Les
déformations plastiques dans le béton comprimé peuvent être tenues en compte
en minorant le module de déformation longitudinal du béton.

Sous l’action des charges dynamiques, les armatures transversales doivent


satisfaire la condition suivante:
At
f e ,t ≥ σ t (10.22)
st b
où, σt est la contrainte principale de traction due aux charges statiques et
dynamiques au niveau du centre de gravité de la section réduite homogénéisée.

1.4.2. Calcul à l’état limite de service

Dans le cas où la fissuration est jugée préjudiciable ou très préjudiciable, il faut


que :
σs,max ≤ (kf σ s ) (10.23)
avec, σs,max - la contrainte maximale dans les armatures tendues due à l’action
des charges statiques et dynamiques.

La limitation des déformations de la structure sous l’action des charges


dynamiques se fait à partir de la condition suivante:
A ≤ [A]] (10.24)
où,
A est l’amplitude des oscillations forcées, déterminée à partir du calcul
dynamique; [A]] - l’amplitude limite admissible (valeur admissible) pour
l’exploitation normale de la structure, fixée en fonction de la destination de
l’ouvrage (action sur les personnes et les équipements).

1.5. Lutte contre les vibrations

On peut prendre un certain nombre de dispositions pour lutter contre la


vibration des structures, qui consistent à faire :

300
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-2008-
Chapitre 10. Actions des charges dynamiques et des hautes températures

- un choix rationnel du type et de l’emplacement des machines;


- un changement de la pulsation des oscillations propres de la structure
par changement de rigidité, de schéma de calcul ou de portées;
- une isolation des sources de vibration et une utilisation des
équipements et éléments spéciaux n’admettant pas de vibration ou
diminuant l’intensité des vibrations;
- une augmentation ou une diminution du poids de la structure d’appuis.

2. ACTION DES HAUTES TEMPERATURES

Dans l’industrie (industrie métallurgique, chimique, de production de verre,


etc...), certains éléments en béton armé sont soumis à de hautes températures
technologiques pouvant atteindre 1000°C. Le plus souvent, ces éléments
exploités sous hautes températures sont moins durables que les structures
exploitées à température normale de chambre. Jusqu’à 300°C, on peut utiliser un
béton ordinaire avec du ciment Portland. A des températures technologiques
supérieures à 300°C, il est nécessaire d’utiliser un béton réfractaire.

L’échauffement du béton et de l’armature a pour conséquences essentielles:


- une diminution des résistances caractéristiques du béton et de
l’armature;
- une diminution des modules de déformation du béton et de l’armature.

Ainsi, pour le béton, on obtient:


- pour la résistance à la compression:
fcjT = γbc,T fcj (10.25)
- pour la résistance à la traction:
ftjT = γbt,T ftj (10.26)
- pour le module de déformation:
EbT = βbT Eb (10.27)

Les valeurs des coefficients γbc,T, γbt,T et βbT sont données dans les tableaux
10.2, 10.3 et 10.4.

Pour l’acier, on obtient:


- pour la limite d’élasticité garantie:
feT = γsT fe (10.28)
- pour le module d’élasticité:

301
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Chapitre 10. Actions des charges dynamiques et des hautes températures

EsT = βsT Es (10.29)

Les coefficients γsT et βsT dépendent du type d’acier; leurs valeurs moyennes
sont données dans le tableau 10.5.

Valeurs des coefficients γbcT , γbtT , β bT et ωT pour une


Coefficients Action température, en °C, égale à
50 70 100 200 300 400
γbcT AI 1,00 0,95 0,90 0,80 0,65 -
AD 1,00 0,95 0,90 0,80 0,50 -
γbtT AI 1,00 0,70 0,60 0,40 - -
AD 1,00 0,70 0,50 0,20 - -
βbT AI 1,00 0,90 0,80 0,60 0,40 -
AD 1,00 0,90 0,80 0,60 0,40 -
ωT AI 0,85 0,75 0,70 0,70 0,65 -
AD 0,30 0,25 0,25 0,25 0,20 -
Tableau 10.2. Valeurs des coefficients de diminution des caractéristiques mécaniques
des bétons ordinaires à base de ciment Portland sous l’action des hautes températures.
AI et AD - respectivement action instantanée et action durable des hautes
températures.

Valeurs des coefficients γbcT , γbtT , β bT et ωT pour une température,


Coeffici
ents

Action en °C, égale à


70 100 200 300 500 700 900 1000
γbcT AI 0,90 0,80 0,70 0,55 0,45 0,35 0,30 0,25
AD 0,90 0,80 0,70 0,50 0,25 0,20 0,05 0,02
γbtT AI 0,65 0,55 0,50 0,45 0,35 0,25 0,10 -
AD 0,65 0,55 0,50 0,30 0,12 0,02 - -
βbT AI 0,90 0,85 0,70 0,55 0,40 0,33 0,30 0,27
AD 0,90 0,85 0,70 0,55 0,40 0,33 0,30 0,27
ωT AI 0,80 0,75 0,60 0,55 0,45 0,35 0,20 0,15
AD 0,30 0,27 0,25 0,23 0,03 0,02 0,01 -
Tableau 10.3. Valeurs des coefficients de diminution des caractéristiques mécaniques
des bétons réfractaires à base de ciment alumineux sous l’action des hautes
températures.
AI et AD - respectivement action instantanée et action durable des hautes
températures.

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Chapitre 10. Actions des charges dynamiques et des hautes températures

Valeurs des coefficients γbcT , γbtT , β bT et ωT pour une température,


Coeffic Action e n °C, égale à
ients 70 100 200 300 500 700 900 1000
AI 1,0 1,00... 1,10 0,90 ... 1,20 0,90 ... 1,20 0,90 ... 1,00 0,60 ... 0,90 0,30 ... 0,70 0,20 ... 0,50
γbcT AD 0,80 ... 1,00 0,80 ... 1,00 0,60 ... 1,00 0,40 ... 0,70 0,20 ... 0,40 0,05 ... 0,20 0,01 ... 0,06 ≤ 0,01
AI 0,85 ... 1,00 0,80 ... 0,95 0,65 ... 0,80 0,60 ... 0,70 0,50 ... 0,55 0,40 ... 0,45 0,15 ... 0,35 -
γbtT AD 0,70 ... 0,95 0,70 ... 0,80 0,45 ... 0,70 0,25 ... 0,40 0,06 ... 0,20 ≤ 0,06 - -
AI 1,00 ... 1,10 1,00 ... 1,10 1,00 ... 1,10 0,80 ... 1,00 0,60 ... 1,00 0,50 ... 0,70 0,20 ... 0,40 0,10 ... 0,30
βbT AD 1,00 1,00 0,90 ... 1,00 0,80 ... 1,00 0,50 ... 0,80 0,30 ... 0,50 0,10 ... 0,30 ≤ 0,20
AI 0,70 ... 0,80 0,70 ... 0,80 0,65 ... 0,75 0,50 ... 0,65 0,35 ... 0,53 0,30 ... 0,35 ≤ 0,20 ≤ 0,15
ωT AD 0,20 ... 0,24 0,20 ... 0,24 0,20 ... 0,21 0,06 ... 0,20 0,02 ... 0,07 ≤ 0,025 ≤0,01 -
Tableau 10.4. Valeurs des coefficients de diminution des caractéristiques mécaniques
des autres types de bétons réfractaires sous l’action des hautes températures.
AI et AD - respectivement action instantanée et action durable des hautes
températures.

Valeurs des coefficients γsT et β sT pour une


Aciers

Coefficie Action température, en °C, égale à


nts
≤ 100 200 300 400 500 600
AI 1,00 0,95 0,90 0,85 0,60 0,30
γsT 1,00 0,85 0,65 0,35 - -
AD
RL 1,00 0,90 0,85 0,80 0,75 0,73
AI
βsT 1,00 0,90 0,85 0,80 0,75 0,73
AD
AI 1,00 1,00 0,95 0,85 0,60 0,30
γsT 1,00 0,90 0,75 0,40 0,20 -
AD
HAO
AI 1,00 0,90 ... 0,95 0,85 ... 0,90 0,70 ... 0,80 0,55 ... 0,75 0,40 ... 0,75
βsT 1,00 0,90 ... 0,95 0,85 ... 0,90 0,70 ... 0,80 0,55 ... 0,75 0,40 ... 0,75
AD
AI 1,00 0,96 0,86 ... 0,95 0,80 ... 0,92 0,65 ... 0,85 0,40 ... 0,75
γsT
AD 1,00 0,96 0,83 ... 0,93 0,70 ... 0,77 0,15 ... 0,60 ≤ 0,40
ASR 1,00 0,90 0,88 0,83 0,78 0,73
AI
βsT 1,00 0,90 0,88 0,83 0,78 0,73
AD
Tableau 10.5. Valeurs moyennes des coefficients de diminution des caractéristiques
mécaniques des différents types d’aciers sous l’action des hautes températures.
RL - aciers rond-lisses; HAO - aciers à haute adhérence ordinaires; ASR - aciers
spéciaux réfractaires. AI et AD - respectivement action instantanée et action durable
des hautes températures.

Quand un élément est soumis à l’action de hautes températures sur une face, le
flux thermique se déplace à l’intérieur de l’élément pour atteindre la face
opposée. La répartition de la température dans la section non fissurée de
l’élément (d’une face à l’autre) est déterminée à partir des calculs thermiques en

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Chapitre 10. Actions des charges dynamiques et des hautes températures

supposant un régime stationnaire du flux thermique. La température de


l’armature est prise égale à celle du béton l’entourant.

Dans le cas où une face est échauffée à plus de 1000°C, il est admis de ne pas
tenir compte des parties de béton ayant une température supérieure à 1000°C.
Comme la température n’est pas constante sur toute la hauteur de la section, on
est amené souvent à diviser la section en 2, 3 ou 4 parties et supposer qu’à
l’intérieur de chaque partie, la température varie linéairement (voir fig. 10.3).

Ainsi, pour un élément fait d’un même type de béton, quand la température de la
face la plus échauffée ne dépasse pas 400°C, on admet de ne pas diviser la
section; dans ce cas, le moment d’inertie réduit Ired par rapport au centre de
gravité de la section est égal à :

Iβ bT ωT
Ired = (10.30)
ϕ b1
avec,
I - le moment d’inertie de la section totale; β bT - coefficient tenant
compte de la diminution du module de déformation du béton; ωT - coefficient
d’élasticité ; les valeurs des coefficients βbT et ωT sont données dans les
tableaux 10.2, 10.3 et 10.4 ; ϕb1 - coefficient tenant compte du fluage instantané
du béton: ϕb1 = 0,70 ... 0,85 pour tous les types de bétons ordinaires et
réfractaires.

Dans le cas où la température de la face la plus échauffée dépasse 400°C, il


convient de diviser la section en plusieurs parties (voir fig. 10.3); pour cela :
- pour les sections rectangulaires, la ligne de séparation (division) est
celle ayant la température 400°C;
- pour les sections en T, la ligne de séparation est au niveau de la
jonction de l’aile avec l’âme;
- pour les sections faites de différents types de bétons, les lignes de
séparation se situent au niveau des lignes des bétons.

Dans tous les cas, l’armature est considérée comme une partie indépendante de
la section. La section réduite Ared,i de chaque partie i est égale à :
Ai β bT ,i ωT ,i
Ared,i = (10.31)
ϕ b1
où, Ai - section de la partie i ; les autres coefficients ont mêmes significations
que dans la formule (10.30).
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Chapitre 10. Actions des charges dynamiques et des hautes températures

Fig. 10.3. Divisions des sections en plusieurs parties.

Les sections réduites As,red et As,’red des armatures tendues As et comprimées


As’ par rapport au béton le moins échauffé valent :
As E s β sT
As,red = (10.32)
E b ϕ1
As ' E s β sT
As,’red = (10.33)
E b ϕ1
où,
Es - le module d’élasticité des armatures ; βsT - coefficient tenant compte
de la diminution du module d’élasticité sous l’action des hautes températures; sa
valeur est donnée dans le tableau 10.5

Ainsi, l’aire de la section réduite de l’élément est :

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Chapitre 10. Actions des charges dynamiques et des hautes températures

Ared = ∑Ared,i + As,red + As,’red (10.34)

La distance yT du centre de gravité C de la section réduite aux fibres les moins


échauffées est égale à :
S red
yT = (10.35)
Ared
où,
Sred est le moment statique de Ared par rapport aux fibres tendues sous
l’action de la charge et de la température :
Sred = ∑Ared,i yi + As,red (h - d) + As,’red (h - d’) (10.36)
avec,
yi - la distance du centre de gravité de la partie i du béton jusqu’à la fibre
la moins échauffée (voir fig. 10.3):
yi = h - ∑hi + yyi (10.37)
hi étant la hauteur de la partie i ;
hi (2β bT ,i + β bT ,i +1 )
yyi = (10.38)
3( β bT ,i + β bT ,i +1 )
Forfaitairement, on admet de prendre
yyi = 0,5hi (10.39)

Le moment d’inertie de la section réduite Ired par rapport à son centre de


gravité C est déterminé alors par l’expression :
2
Ired = ∑Ired,i + ∑Ared,i ybi2 + As,red ys2 + As,’red y ' s (10.40)
avec,
Ired,i - moment d’inertie de la partie i de la section de béton:
1
Ired,i = Ared,i hi2 (10.41)
12

ybi - distance du centre de gravité de la partie i du béton jusqu’au centre de


gravité de la section réduite :
ybi = yi - yT (10.42)
ys = yT - (h - d) (10.43)
ys’ = h - yT - d’ (10.44)

Les éléments en béton armé exploités sous hautes températures technologiques


doivent être justifiés à l’état limite ultime et à l’état limite de service. Le calcul
doit se faire en tenant compte:
- du changement des propriétés mécaniques du béton et de l’armature
sous l’action des hautes températures;
306
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Chapitre 10. Actions des charges dynamiques et des hautes températures

- des combinaisons d’actions les plus défavorables des charges appliquées


et de l’action des hautes températures.

Pour les structures isostatiques, le calcul à l’état limite ultime et à l’état limite
de service (calcul des déformations) se fait seulement sous l’action durable des
hautes températures; toutefois, pour la fissuration, on peut envisager les
actions durables et de courte durée (instantanées) des hautes températures, de
même que la répartition non linéaire de la température dans la section.

Pour les systèmes hyperstatiques, on doit considérer les actions durables et


instantanées des hautes températures tout en tenant compte du changement
des propriétés mécaniques du béton et des armatures.

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Chapitre 11. Principes de calcul des ouvrages en béton armé

Troisième partie:

CALCUL DES OUVRAGES SIMPLES


EN BETON ARME

308
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Chapitre 11. Principes de calcul des ouvrages en béton armé

Chapitre 11

PRINCIPES DE CALCUL DES OUVRAGES

1. INTRODUCTION

Cette troisième partie du document est consacrée au calcul de quelques ouvrages


simples en béton armé comme les poutres, les dalles, les planchers, les escaliers,
les poteaux et les fondations. Les réservoirs, les soutènements, les ossatures de
bâtiments, les ponts et les autres ouvrages complexes spéciaux ne sont pas
étudiés dans ce document.

2. OBJECTIFS DU CALCUL

Pour qu’un ouvrage simple ou complexe puisse résister longtemps aux actions
agissantes et répondre à toutes les exigences requises durant son exploitation, il
faut résoudre un certain nombre de problèmes, à savoir :
• bien concevoir sa forme et choisir les matériaux les mieux adaptés
du point de vue fonctionnel, économique et esthétique ;
• déterminer les dimensions optimales requises pour assurer sa résistance,
sa stabilité, sa rigidité et sa durabilité sous l’action des forces
agissantes ;
• assurer des liaisons fiables entre les différentes parties et différents
éléments de l’ouvrage.

L’objectif fixé sera donc de trouver des solutions optimales à tous ces
problèmes. Il est évident que pour résoudre ces problèmes, l’ingénieur doit faire
une approche systémique et très complexe du comportement de l’ouvrage sous
l’action des forces agissantes. Il s’agit donc, par le calcul, de déterminer les
dimensions optimales de chaque élément de l’ouvrage compte tenu de sa
particularité fonctionnelle et des actions agissantes.

3. LES DIFFERENTES ETAPES DU CALCUL D’UN


OUVRAGE

Le calcul d’un ouvrage suppose, de façon sommaire, les opérations suivantes :


- l’élaboration des données;
- la détermination des caractéristiques de fiabilité de la structure;
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Chapitre 11. Principes de calcul des ouvrages en béton armé

- la définition des calculs à faire;


- la détermination des sollicitations;
- le dimensionnement des sections des différents éléments;
- l’analyse de la fiabilité de la structure et de ses éléments.

3.1. L’élaboration des données

Il y a deux grandes catégories de données :


- les données de base;
- les données à déterminer.

3.1.1. Les données de base

Les données de base comprennent:


- les données architecturales ou de conception constituées par les
dessins d’ensemble et de détails;
- les données géologiques relatives au sol de fondation, au relief du site
et de l’hydrogéologie du terrain;
- les données climatiques relatives à la température, à la pluviométrie et
au vent;
- les données sur l’environnement relatives aux ouvrages environnants
existants.

3.1.2. Les données à déterminer

Les données à déterminer sont constituées par :


- des données sur les matériaux, c’est-à-dire définir ou déterminer les
caractéristiques physiques et mécaniques des matériaux à utiliser;
- des données sur la structure porteuse, c’est-à-dire définir la nature
des différents éléments porteurs assurant la résistance, la stabilité, la
rigidité et la durabilité de la structure porteuse;
- des données pour un prédimensionnement des différents éléments
porteurs;
- des données sur les actions, c’est-à-dire déterminer les valeurs des
actions agissantes sur la structure porteuse.

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Chapitre 11. Principes de calcul des ouvrages en béton armé

3.2. La détermination des caractéristiques de fiabilité de


la structure

Il s’agit de déterminer les grandeurs qui définissent:


- la résistance de la structure;
- la stabilité de la structure;
- la rigidité de la structure;
- la durabilité de la structure.

3.2.1. Caractéristiques de résistance

Il s’agit de déterminer les caractéristiques de résistance des différents


éléments porteurs avec les coefficients de sécurité correspondants. On doit
donc définir les valeurs à la limite desquelles on évitera la ruine (rupture,
écrasement, glissement, effondrement) de la structure.

3.2.2. Caractéristiques de stabilité

Il s’agit de déterminer les caractéristiques assurant la stabilité de forme ou de


position des différents éléments avec les coefficients de sécurité
correspondants. On définira ainsi les valeurs à la limite desquelles on évitera la
perte de stabilité de forme (flambement, gauchissement) et de position
(basculement, renversement) des différents éléments de la structure.

3.2.3. Caractéristiques de rigidité

On doit déterminer les caractéristiques de rigidité des différents éléments de


la structure pour pouvoir éviter les déformations importantes pouvant
compromettre l’exploitation normale de la structure.

3.2.4. La durabilité

On doit également déterminer les caractéristiques de durabilité des différents


éléments de la structure pour pouvoir éviter les fissures pouvant compromettre
(c’est-à-dire réduire) la durabilité l’ouvrage et nuire à son exploitation normale.

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Chapitre 11. Principes de calcul des ouvrages en béton armé

3.3. Définir les calculs à faire

Les calculs sont, en général, relatifs aux deux états limites :


- l’état limite ultime;
- l’état limite de service.

3.3.1. Les calculs à l’état limite ultime

Ils sont relatifs à :


- l’état limite ultime de résistance (éviter la ruine);
- l’état limite ultime de stabilité de forme (éviter la perte de stabilité de
forme);
- l’état limite ultime de stabilité de position (éviter la perte d’équilibre
statique : renversement ou basculement à éviter).

3.3.2. Les calculs à l’état limite de service

Ils sont relatifs à:


- l’état limite de déformation: limitation des flèches, des rotations, des
amplitudes de vibration, des inclinaisons et des tassements;
- l’état limite d’ouverture des fissures : empêcher ou limiter l’ouverture
des fissures.

3.4. La détermination des sollicitations

La détermination des sollicitations comprend deux opérations essentielles :


- définir les combinaisons d’actions à établir avec les coefficients de
sécurité correspondants pour les différentes charges;
- déterminer les valeurs extrémales des sollicitations pour les cas de
chargements les plus défavorables.

3.5. Le dimensionnement des sections des éléments

A partir des valeurs extrémales des sollicitations, on doit déterminer les


dimensions définitives des sections des différents éléments de la structure.
Cela suppose, entre autre, une confirmation du prédimensionnement, un
redimensionnement, le dimensionnement et la détermination des sections
d’armatures.

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Chapitre 11. Principes de calcul des ouvrages en béton armé

3.6. L’analyse de la fiabilité de la structure et de ses


éléments

Il s’agit de vérifier que les dimensions ainsi déterminées pour les différents
éléments donnent des caractéristiques dont les plus petites valeurs probables
assurent la capacité portante (résistance, stabilité) et une exploitation normale
(rigidité, durabilité) de l’ouvrage et de ses éléments soumis à des sollicitations
extrémales probables.

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-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Chapitre 12

LES POUTRES ET LES DALLES

1. LES POUTRES

1.1. Généralités

1.1.1. Définition

Une poutre est une barre à ligne moyenne droite de section rectangulaire, en T,
en I, H, etc ... (voir fig. 12. 1) travaillant en flexion.

Fig. 12. 1. Différentes sections des poutres.

1.1.2. Portée à prendre en compte

La portée L à prendre en compte est, généralement, mesurée entre nus des


appuis (voir fig. 12. 2, a). Dans le cas où les poutres se reposent sur des massifs
de maçonneries ou sont munies d’appareils d’appuis, la portée à prendre en
compte est prise entre points d’application des résultantes des réactions
d’appuis (voir fig. 12. 2, b, c). Pour les portiques, on fait intervenir la distance
entre axes des appuis (fig. 12. 2, d).

1.1.3. Prédimensionnement de la section droite

La hauteur de la section droite rectangulaire d’une poutre de portée L est


généralement prise égale à :

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Fig. 12. 2. Portée à prendre en compte.


1 - poutre; 2 - poteau; 3 - massif de maçonnerie; 4 - appareil d’appui.

- pour les poutres isostatiques :


 1 1
h =  ⋯ L ; (12.1)
 12 8 
Le plus souvent, on préfère prendre
1
h ≥ L (12.2)
10
- pour les poutres hyperstatiques :
 1 1
h =  ⋯ L (12.3)
 20 12 
Le plus souvent, on préfère prendre
1 1
h =  ⋯ L (12.4)
 16 12 

Les plus grandes valeurs de la hauteur h sont prises pour les poutres les plus
sollicitées et de grandes portées.

La largeur b de l’âme de la section droite est prise égale à :


b = (0,25 ... 0,50) h (12.5)

Pour les poutres solidaires d’une dalle, il convient, pour les largeurs b des tables
de compression, de respecter les dispositions résumées sur la fig. 12.3.

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Fig. 12.3. Détermination de la largeur efficace de la table de compression.

Il est admis de ne pas procéder au calcul des déformations (flèches) si les


conditions suivantes sont respectées:
- pour les poutres isostatiques, on doit avoir :
h 1
≥ (12.6)
L 10
(la condition (12.2));
- pour les poutres hyperstatiques non associées à des dalles, on doit
avoir:
h Mt
≥ (12.7)
L 10M o
avec,
Mt - le moment en travée: Mt = (0,70 ... 0,95)Mo ; Mo étant le moment
de la travée indépendante.
- pour les poutres hyperstatiques associées à des dalles, on doit avoir:
h Mt
≥ (12.8)
L 15M o

Dans le tableau 12.1 sont données les dimensions recommandées de la section


droite bxh des poutres hyperstatiques de section rectangulaire, en fonction
de la portée L et de la charge totale p au mètre linéaire.

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Charge, Dimensions de la section droite bxh, en cm, pour une portée L, en m


p en égale à
daN/m 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0 5,5 6,0 6,5 7,0 7,5 8,0
1000 10x25 10x30 15x30 15x35 15x35 15x40 15x40 20x45 20x45 20x50 20x50
1200 10x30 10x30 15x30 15x35 15x35 15x40 20x40 20x45 20x45 20x50 20x55
1400 10x30 15x30 15x35 15x35 15x40 20x40 20x45 20x45 20x50 25x55 20x55
1600 15x30 15x30 15x35 15x40 15x40 20x45 20x45 20x50 25x50 25x55 20x55
1800 15x30 15x35 15x35 15x40 20x40 20x45 20x45 20x50 25x50 25x55 25x55
2000 15x30 15x35 15x40 15x40 20x45 20x45 20x50 25x50 25x55 25x55 25x60
2400 15x35 15x35 15x40 20x40 20x45 20x45 20x50 25x50 25x55 25x60 25x60
2800 15x35 15x40 20x40 20x40 20x45 20x50 25x50 25x50 25x55 25x60 25x60
3200 15x35 15x40 20x40 20x45 20x50 25x50 25x50 25x55 25x60 25x60 25x65
3600 15x40 20x40 20x40 20x45 20x50 25x50 25x55 25x55 25x60 25x65 30x65
4000 15x40 20x40 20x45 20x50 25x50 25x50 25x55 25x55 25x60 25x65 30x65
Tableau 12.1. Dimensions recommandées de la section droite des poutres.

1.2. Calcul des poutres

1.2.1. Déterminations des sollicitations

a) Chargements défavorables des poutres

Les poutres sont généralement conçues hyperstatiques, donc calculées comme


des poutres continues. Les sollicitations de calcul (moments fléchissant M,
efforts tranchants V) dans les différentes sections de la poutre sont
déterminées à partir des cas de chargements probables les plus défavorables
des charges permanentes et variables pour ces sections. Ces différents cas de
chargements défavorables permettent d’obtenir le tracé des courbes enveloppes
donnant les valeurs extrémales (maximales et minimales) des sollicitations dans
chaque section de la poutre. Les schémas de chargements les plus défavorables
des charges permanentes g et d’exploitation q sont donnés dans le tableau 12.2.
Ces schémas de chargements permettent de déterminer :
- les valeurs absolues maximales des moments fléchissant en travées
Mt,max et sur appuis Ma,max ;
- les valeurs minimales (négatives) des moments en travées Mt,min ;
- les valeurs absolues maximales des efforts tranchants aux voisinages
des appuis Va,max ;
- les valeurs maximales des réactions d’appui Ra,max.
317
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-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Nombre de travées et schémas de Sollicitations extrémales


chargements

Poutre à une travée

M1,max; VA,max ; VB,max ; RA,max ; RB,max

Poutre à deux travées

M1,max; M2,min ; VA,max ; RA,max

M2,max; M1,min ; VC,max ; RC,max

MB,max ; VB,max ; RB,max

Poutre à trois travées

M1,max ; M3,max ; M2,min ; VA,max ;


VD,max ; RA,max ; RD,max

M2,max ; M1,min ; M3,min

MB,max ; VB,max ; RB,max

MC,max ; VC,max ; RC,max

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Poutre à quatre travées

MB,max ; VB,max ; RB,max

MC,max ; VC,max ; RC,max

MD,max ; VD,max ; RD,max

M1,max ; M3,max ; M2,min ; M4,min ;


VA,max ; RA,max
M1,min ; M3,min ; M2,max ; M4,max ;
VE,max ; RE,max

Poutre à cinq travées

M1,max ; M3,max ; M5,max ; M2,min ;


M4,min ; VA,max ; TF,max ; RA,max ; RF,max
M2,max ; M4,max ; M1,min ; M3,min ;
M5,min
MB,max ; VB,max ; RB,max

MC,max ; VC,max ; RC,max

MD,max ; VD,max ; RD,max

ME,max ; VE,max ; RE,max

Tableau 12.2. Schémas de chargements défavorables des charges permanentes et


d’exploitation pour les poutres continues.

Dans le cas où la poutre a plus de cinq (5) travées, on l’assimile à une poutre à
cinq travées; dans ce cas, les sollicitations dans toutes les autres travées
intermédiaires non voisines des travées de rive auront mêmes valeurs que dans la
travée centrale d’une poutre à cinq travées ; les sollicitations sur les appuis
intermédiaires de ces travées auront les mêmes valeurs que pour les appuis
encadrant la travée centrale de la poutre à cinq travées.
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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

b) Méthodes de détermination des sollicitations dans les poutres

Il existe plusieurs méthodes pour déterminer les valeurs des sollicitations


développées dans les sections des poutres. Certaines de ces méthodes se
fondent sur la théorie de l’élasticité linéaire (méthodes classiques de la
Résistance des Matériaux) en supposant le béton armé comme un matériau
élastique parfait. D’autres méthodes, par contre, tiennent compte, dans une
certaine mesure, des déformations plastiques du béton armé et la redistribution
des efforts en considérant l’analyse limite de la structure (méthodes de
l’équilibre limite). Ainsi, parmi les principales méthodes utilisées, on peut citer:
- les méthodes élastiques;
- la méthode simplifiée de Caquot;
- les méthodes forfaitaires.

Chaque méthode présente quelques avantages et des inconvénients.

1.2.2. Les méthodes élastiques

a) La méthode des trois moments

Elle est fondée sur les hypothèses classiques de la Résistance des Matériaux.
Par cette méthode, il s’agit de déterminer d’abord les moments sur appuis qui
sont les inconnues hyperstatiques, en utilisant pour cela l’équation des trois
moments pour chaque appui intermédiaire. Pour l’appui i, cette équation se
présente comme suit (voir fig. 12.4) :

Li L L  L 6ω a 6ω b
M i −1 + 2 i + i +1  M i + i +1 M i+1 = − i i − i +1 i +1 (12.9)
Ii  I i I i +1  I i +1 I i Li I i+1 Li +1

Fig. 12.4.

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Soit Mo(x) et Vo(x) - respectivement, le moment fléchissant et l’effort tranchant


dans la section d’abscisse x dans la travée isostatique (indépendante)
équivalente de portée Li ; dans ce cas, le moment fléchissant M(x) et l’effort
tranchant V(x) dans ladite section sont alors déterminés par les expressions
suivantes :
M i −1 M
M(x) = Mo (x) + ( Li − x) + i x (12.10)
Li Li
dM ( x) M − M i −1
V(x) = = Vo ( x ) + i (12.11)
dx Li
Le calcul se fait pour chaque cas de chargement quelque soit les rapports entre
les portées des travées, entre les moments d’inertie d’une travée à l’autre et
entre les charges permanentes et d’exploitation ; elle est donc universelle ; ce
qui constitue son avantage.

La méthode a les inconvénients suivants :


- elle suppose que la section résistante est homogène, élastique, isotrope
et constante ; ce qui n’est pas vrai pour le béton armé ;
- elle donne (par conséquent) des valeurs trop élevées des moments sur
appuis et des valeurs faibles pour les moments en travées ; ce qui est
contraire à la réalité ;
- elle est laborieuse, car on doit faire le calcul pour chaque cas de
chargement défavorable pour une section.

En cas d’utilisation de la méthode, il faut nécessairement majorer les valeurs des


moments en travées (jusqu’à 30% et plus) et minorer en conséquence celles des
moments sur appuis.

b) Utilisation des formules de tableaux

Il existe des tableaux déjà établis pour déterminer les valeurs maximales des
moments fléchissant et des efforts tranchants dans les poutres, pour
lesquelles :
- les moments d’inertie des sections droites sont les mêmes dans les
différentes travées;
- les portées successives sont dans un rapport compris entre 0,80 et
1,25 (c’est-à-dire que 0,80 ≤ Li /Li+1 ≤ 1,25).

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Cette méthode, comme celle des trois moments, donne des valeurs élevées des
moments sur appuis et de faibles valeurs des moments positifs en travées. On
peut ainsi utiliser les résultats de cette méthode en majorant (jusqu’à 30%) les
valeurs des moments en travées et en minorant en conséquence celles des
moments sur appuis. Par cette méthode, les valeurs maximales des moments
fléchissant Mmax (en travées et sur appuis) et des efforts tranchants Va,max sur
appuis sont déterminées par les expressions suivantes :
- pour les charges réparties:
Mmax = ( αg + β q )L2 (12.12)
Va,max = (ag + bq ) L (12.13)

- pour les charges ponctuelles:


Mmax = (αG + β Q )L (12.14)
Va,max = aG + bQ (12.15)
avec,
g, G - les charges permanents ; q, Q - les charges variables
d’exploitation ; L - portée de la travée considérée ; α, a - coefficients tenant
compte de l’influence des charges permanentes disposées dans toutes les
travées ; β, b - coefficients tenant compte de l’influence des charges variables
d’exploitation disposées dans différentes travées de façon défavorable.

Les moments négatifs pouvant apparaître dans certaines travées par suite d’une
disposition défavorable des charges variables d’exploitation sont calculés par les
expressions suivantes :
- pour les charges réparties :
Mt,min = (αg + γq)L2 (12.16)

- pour les charges ponctuelles :


Mt,min = ( αG + γQ)L (12.17)
avec,
γ - coefficient tenant compte de l’influence des charges variables
d’exploitation disposées dans différentes travées de façon défavorable.

Les valeurs des coefficients α, β , a, b, γ sont données dans le tableau 12.3 pour
les schémas de charges représentés sur la fig. 12.5.

Pour les poutres continues ayant plus de cinq (5) travées, le calcul se fait comme
des poutres à 5 travées en prenant pour les moments en travées la valeur M3 en

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Fig. 12.5. Différents schémas de chargements de la travée.

Valeurs des coefficients pour les différents schémas de


Efforts Coefficients chargement de la travée
1 2 3a 3b 3c

Poutres à deux travées

M1 + α 0,070 0,047 0,156 0,222 0,265


+ β 0,096 0,064 0,203 0,273 0,383
MB - α 0,125 0,078 0,188 0,333 0,469
- β 0,125 0,078 0,188 0,333 0,469
VA +a 0,375 0,172 0,312 0,667 1,042
+b 0,437 0,211 0,406 0,833 1,266
VB -a 0,625 0,328 0,688 1,334 1,958
-b 0,625 0,328 0,688 1,334 1,958

Poutres à trois travées

M1 + α 0,080 0,054 0,175 0,244 0,313


+ β 0,101 0,068 0,213 0,289 0,406
MB - α 0,100 0,063 0,150 0,267 0,375
- β 0,117 0,073 0,175 0,311 0,437
+ α 0,025 0,021 0,067 0,100 0,125
M2 + β 0,075 0,052 0,0175 0,200 0,313
-γγ 0,050 0,;031 0,075 0,133 0,188
VA +a 0,400 0,188 0,350 0,733 1,125
+b 0,450 0,219 0,425 0,866 1,313
VB,1 -a 0,600 0,313 0,650 1,267 1,875
-b 0,617 0,323 0,675 1,311 1,938
VB,2 +a 0,500 0,250 0,500 1,000 1,500
+b 0,583 0,302 0,625 1,222 1,812

Poutres à quatre travées

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

M1 + α 0,077 0,052 0,168 0,238 0,299


+ β 0,100 0,069 0,210 0,286 0,400
MB - α 0,107 0,067 0,161 0,286 0,402
- β 0,121 0,075 0,181 0,321 0,452
+ α 0,036 0,028 0,116 0,141 0,165
M2 + β 0,081 0,056 0,183 0,222 0,333
-γγ 0,045 0,028 0,067 0,111 0,167
MC - α 0,071 0,045 0,107 0,191 0,268
- β 0,107 0,067 0,161 0,286 0,402
VA +a 0,393 0,183 0,339 0,714 1,098
+b 0,446 0,216 0,420 0,857 1,299
VB,1 -a 0,607 0,317 0,661 1,286 1,902
-b 0,620 0,325 0,681 1,321 1,952
VB,2 +a 0,536 0,272 0,553 1,095 1,634
+b 0,603 0,313 0,654 1,274 1,885
VC,2 -a 0,464 0,228 0,449 0,905 1,366
-b 0,571 0,294 0,607 1,190 1,768

Poutres à cinq travées

M1 + α 0,078 0,053 0,171 0,240 1,302


+ β 0,100 0,068 0,211 0,287 0,401
MB - α 0,105 0,066 0,158 0,281 0,395
- β 0,120 0,075 0,179 0,319 0,449
M2 + α 0,033 0,026 0,112 0,130 0,156
+ β 0,079 0,055 0,181 0,216 0,327
MC - α 0,080 0,050 0,118 0;211 0,296
- β 0,111 0,070 0,167 0,297 0,417
M3 + α 0,046 0,034 0,132 0,152 0,204
+ β 0,086 0,059 0,191 0,228 0,352
VA +a 0,395 0,184 0,342 0,719 1,105
+b 0,448 0,217 0,421 0,860 1,302
VB,1 -a 0,606 0,316 0,653 1,281 1,895
-b 0,620 0,325 0,679 1,319 1,949
VB,2 +a 0,526 0,266 0,540 1,070 1,599
+b 0,598 0,316 0,647 1,262 1,867
VC,2 -a 0,474 0,234 0,460 0,930 1,401
-b 0,576 0,301 0,615 1,204 1,787
VC,3 +a 0,500 0,250 0,500 1,000 1,500
+b 0,591 0,310 0,637 1,243 1,841
Tableau 12.3. Valeurs des coefficients α, β, a, b, γ pour déterminer les sollicitations.

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

troisième travée et pour les moments et les efforts tranchants sur appuis, on
prend respectivement les valeurs MC et VC sur le troisième appui.

Pour les poutres dont les travées sont différentes de plus de 20%, mais ayant la
même raideur dans les différentes travées (Ii/Li = Ii+1/Li+1), les valeurs
extrémales des moments peuvent être déterminées par les expressions du
tableau 12.4 pour les schémas de charges représentés sur la fig. 12.6.

Fig. 12.6.
Schémas

Nombre de travées et expressions pour les moments fléchissant

Poutre à deux travées:

1 M1,max = 0,0938p1L12 - 0,0313g2L22


MB,max = - 0,0625p1L12 - 0,0625p2L22
M2,max = - 0,0313g1L12 - 0,0625p2L22

M1,max = 0,203P1L1 - 0,0467G2L2


2 MB,max = - 0,0938P1L1 - 0,0938P2L2
M2,max = - 0,0467G1L1 + 0,203P2L2

M1,max = 0,2778P1L1 - 0,0556G2L2


3 MB,max = - 0,1667P1L1 -0,1667P2L2
M2,max = - 0,0556G1L1 + 0,2778P2L2

Poutre à trois travées :

M1,max = 0,092p1L12 - 0,0250g2L22 + 0,008p3L32


MB,max = - 0,0670p1L12 - 0,0500p2L22 + 0,017g3L32
M2,max = - 0,0250g1L12 + 0,0750p2L22 - 0,0250g3L32
M2,min = - 0,0250p1L12 + 0,0750g2L22 - 0,0250p3L32
1 MC,max = - 0,0170g1L12 - 0,0500p2L22 - 0,067g3L32
M3,max = 0,008p1L12 - 0,0250g2L22 + 0,092p3L32
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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

M1,max = 0,200P1L1 - 0,038G2L2 + 0,013P3L3


MB,max = - 0,100P1L1 - 0,075P2L2 + 0,025G3L3
M2,max = - 0,038G1L1 + 0,200P2L2 - 0,038G3L3
2 M2,min = - 0,038P1L1 + 0,200G2L2 - 0,038P3L3
MC,max = + 0,025G1L1 - 0,075P2L2 - 0,100P3L3
M3,max = +0,013P1L1 - 0,038G2L2 + 0,200P3L3

M1,max = 0,274P1L1 - 0,044G2L2 + 0,015P3L3


MB,max =- - 0,178P1L1 - 0,133P2L2 + 0,044G3L3
M2,max =- - 0,104G1L1 + 0,200P2L2 - 0,104G3L3
3 M2,min =- - 0,104P1L1 + 0,200G2L2 - 0,104P3L3
MC,max = + 0,044G1L1 - 0,133P2L2 - 0,178P3L3
M3,max = +0,015P1L1 - 0,044G2L2 + 0,274P3L3

Poutre à quatre travées:

M1,max = 0,092p1L12 - 0,025g2L22 + 0,007p3L32 - 0,002g4L42


MB,max = - 0,067p1L12 - 0,049p2L22 + 0,013g3L32 - 0,005p4L42
M2,max = - 0,025g1L12 + 0,074p2L22 - 0,020g3L32 + 0,007p4L42
M2,min = - 0,025p1L12 + 0,074g2L22 - 0,020p3L32 + 0,007g4L42
MC,max = 0,018g1L12 - 0,054p2L22 - 0,054p3L32 + 0,018g4L42
1 M3,max = 0,007p1L12 - 0,020g2L22 + 0,074p3L32 - 0,025g4L42
M3,min = 0,007g1L12 - 0,020p2L22 + 0,074g3L32 - 0,025p4L42
MD,max = - 0,005p1L12 + 0,013g2L22 - 0,049p3L32 - 0,067P4L42
M4,max = - 0,002g1L12 + 0,007p2L22 - 0,025g3L32 + 0,092p4L42

M1,max = 0,200P1L1 - 0,037G2L2 + 0,010P3L3 - 0,003G4L4


MB,max = - 0,100P1L1 - 0,074P2L2 + 0,020G3L3 - 0,007P4L4
M2,max = - 0,037G1L1 - 0,173P2L2 - 0,030G3L3 + 0,010P4L4
M2,min = - 0,037P1L1 - 0,173G2L2 - 0,030P3L3 + 0,010G4L4
2 MC,max = 0,027G1L1 - 0,080P2L2 - 0,080P3L3 + 0,026G4L4
M3,max = 0,010P1L1 - 0,030G2L2 + 0,173P3L3 - 0,037G4L4
M3,min = 0,010G1L1 - 0,030P2L2 + 0,173G3L3 - 0,037P4L4
MD,max = - 0,007P1L1 + 0,020G2L2 - 0,074P3L3 - 0,100P4L4
M4,max = - 0,003G1L1 + 0,010P2L2 - 0,037G3L3 + 0,200P4L4

M1,max = 0,274P1L1 - 0,044G2L2 + 0,012P3L3 - 0,004G4L4


MB,max = - 0,179P1L1 - 0,131P2L2 + 0,036G3L3 - 0,012G4L4
M2,max = - 0,028G1L1 + 0,195P2L2 - 0,084G3L3 + 0,028P4L4

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

3 M2,min = - 0,028P1L1 + 0,195G2L2 - 0,084P3L3 + 0,028G4L4


MC,max = 0,048G1L1 - 0,143P2L2 - 0,143P3L3 + 0,048G4L4
M3,max = 0,028P1L1 - 0,084G2L2 + 0,195P3L3 - 0,028G4L4
M3,min = 0,028G1L1 - 0,084P2L2 + 0,195G3L3 - 0,028P4L4
MD,max = - 0,012P1L1 + 0,036G2L2 - 0,131P3L3 - 0,179P4L4
M4,max = - 0,004P1L1 + 0,012P2L2 - 0,044G3L3 + 0,274P4L4

Tableau 12.4. Expressions des valeurs extrémales des moments pour les poutres
continues avec des portées différentes des travées. g, G - charges permanentes; p, P -
charges totales (p = g + q; P = G + Q où q, Q -sont les charges d’exploitation).

Les efforts tranchants sont déterminés par les méthodes générales applicables
aux poutres continues.

1.2.3. La méthode de Caquot

La méthode de Caquot découle de la méthode des trois moments qu’elle simplifie


et corrige pour tenir compte:
- de la variation du moment d’inertie efficace des sections
transversales le long de la ligne moyenne ; cela a pour conséquence de
réduire les valeurs des moments sur appuis et d’accroître celles des
moments en travées ;
- de l’amortissement des effets de chargement des travées
successives qui est plus importante que celui prévu par la continuité
théorique ; cela a pour conséquence de limiter le nombre de travées
recevant les charges d’exploitation.

La méthode de Caquot s’applique dans les cas suivants:


- pour les constructions industrielles pour lesquelles les charges
d’exploitation Q sont très élevées :
Q >  2G ; 500 daN/m2  (12.18)
2
où, est la charge permanente au m ;
- pour les poutres solidaires ou non des poteaux, de section constante
ou variable d’une travée à l’autre et quelque soit le rapport entre les
portées des différentes travées.

327
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-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

a) Cas des poutres à moments d’inertie égaux dans les différentes travées
et non solidaires des poteaux

Le moment fléchissant Mi sur l’appui i est déterminé par les expressions


suivantes :
- pour les charges réparties p (voir fig. 12.7, a), on a:
3 3
p w L'w + p e L'e
Mi = (12.19)
8,5( L'w + L'e )

- pour les charges ponctuelles P (voir fig. 12.7, b), on a:


2
kPe L'e
Mi (Pe ) = (12.20)
( L'w + L'e )
2
kPw L'w
Mi (Pw ) = (12.21)
( L'w + L'e )
avec,
Lw, Le - longueurs des travées fictives : L’ = L pour une travée de rive et
L’ = 0,8L pour une travée intermédiaire, L étant la portée de la travée libre ; k
- coefficient, déterminé par la formule suivante:
x( x − 1)( x − 2)
k = (12.22)
2,125
avec, x = a/L

Fig. 12.7.

Pour déterminer les valeurs des moments en travées, on procède comme suit
(voir fig. 12.8) :
- on trace les courbes des moments de la travée indépendante de
longueur L sous l’effet des charges permanentes G (MG) et de la
totalité de la charge G + Q (MG+Q ) ;

328
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-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

- on porte sur les appuis les moments d’appuis minimaux (Ma,min ) et


maximaux (Ma,max ) en valeurs absolues, tout en supposant dans chaque
cas que les charges d’exploitation peuvent ou non être appliquées dans
les différentes travées ;
- pour déterminer les moments positifs en travées (Mt,max > 0 ), on prend
pour ligne de fermeture de la courbe MG+Q celle qui joint les moments
minimaux en valeur absolue ;
- pour déterminer les moments négatifs en travées (Mt,min < 0), on prend
pour ligne de fermeture de la courbe MG celle qui joint les moments
maximaux en valeur absolue.

Les efforts tranchants sont déterminés par la méthode générale applicable aux
poutres continues.

Fig. 12.8.

b) Cas des poutres à moments d’inertie variables d’une travée à l’autre non
solidaires des poteaux

Les moments sur l’appui i sont déterminés par les expressions suivantes:
- pour le cas des charges réparties, on a :
2 2
p w L'w + βp e L'e
Mi = (12.23)
8,5(1 + β )
L'e I w
avec, β = (12.24)
L'w I e
- pour le cas des charges ponctuelles, on a :
βkPe L'e
Mi (Pe ) = (12.25)
(1 + β )
kPw L'w
Mi (Pw ) = (12.26)
(1 + β )

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-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Iw et Ie étant les moments d’inertie dans les travées de gauche et de droite.

Les moments en travées sont déterminés par la même procédure que pour les
poutres à moments d’inertie égaux. Les efforts tranchants sont déterminés par
la méthode générale applicable aux poutres continues.

c) Cas des poutres solidaires des poteaux qui les supportent

Notations : Pour les notations, voir la figure 12.9 ; les indices w et e


indiquent gauche (côté Ouest) et droite (côté Est) et les indices n et s
indiquent supérieur (côté Nord) et inférieur (côté Sud) ; H’ - la hauteur fictive :
Hn’ = 0,9 Hn si le noeud considéré appartient à l’avant dernier plancher; Hn’ =
0,8Hn dans les autres cas ; Hs’ = Hs si les poteaux sont articulés sur fondations ;
Hs’ = 0,8Hs dans les autres cas ; L’ - portée fictive de la poutre (L’ = 0,8L, avec
L - portée réelle) ; I - moments d’inertie des différents éléments.

Fig. 12.9.

Travées intermédiaires

Pour les travées intermédiaires, les valeurs absolues des moments dans les
sections dangereuses (nus des appuis) sont déterminées par les expressions
suivantes :
- au nu de l’appui dans la travée gauche :
Kw  K 
Mw = Me ’ + M w ' 1 − w  (12.27)
D  D 
- au nu de l’appui dans la travée droite :

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-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

 Ke  K
Me = Me ’  1 −  + Mw' e (12.28)
 D  D
- au nu inférieur des poutres dans le poteau inférieur :
Ks
Ms = ( M e '− M w ' ) (12.29)
D
- au nu supérieur des poutres dans le poteau supérieur :
K
Mn = n ( M e ' − M w ' ) (12.30)
D
avec,
Kw = Iw / Lw’ (12.31)
Ke = Ie / Le’ (12.32)
Kn = In / Hn’ (12.33)
Ks = Is / Hs’ (12.34)
D = Kw + Ke + Kn + Ks (12.35)
1
Mw ’ = pw L’w2 + Lw’∑∑kwPw (12.36)
8,5
1
Me ’ = pe L’e2 + Le’∑kePe (12.37)
8,5
x( x − 1)( x − 2)
kw(e) = (12.38)
2,125
avec, x = a / L’w(e) .

Les moments Mw et Me étant des moments au niveau des appuis de la poutre,


donc ils sont négatifs. La face tendue du poteau supérieur se trouvera du côté
correspondant à la plus grande des deux valeurs absolues Me’ et Mw’. Pour le
poteau inférieur, la face tendue se trouvera du côté opposé.

Travées de rive

Pour les notations, voir la fig. 12.10.

Fig. 12.10

Considérons d’abord une travée de rive avec une console (voir fig. 12.10).

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Noeud 1: Ce noeud est étudié comme précédemment en posant Kw = 0 et en


substituant Mw1 à Mw’, où Mw1 est le moment isostatique de la console au nu de
l’appui 1 (Mw1 < 0). On obtient donc :
 K  K
Me1 = M e' 11 − e1  + e1 M w1 (12.39)
 D1  D1
K
Ms1 = ( M e' 1 − M w1 ) s1 (12.40)
D1
K
Mn1 = ( M e' 1 − M w1 ) n1 (12.41)
D1
avec,
1
M’e1 = peLe’2 + Le’ ∑kePe (12.42)
8,5
Ke1 = Ie1 / L’e1 (12.43)
Ks1 = Is1 / H’s1 (12.44)
Kn1 = Is1 / H’n1 (12.45)
D1 = Ke1 + Ks1 + Kn1 (12.46)

Noeud 2: Pour ce noeud, il s’agit tout d’abord d’évaluer les longueurs des travées
fictives. Ainsi, la longueur L’w2 est prise égale à :
L’w2 = χ1 Lw2 (12.47)
avec, χ1 - coefficient prenant les valeurs suivantes :
- pour (Ks1 + Kn1 ) ≥ 1,5Ke1 :
χ1 = 0,8 (12.48)
- pour (Ks1 + Kn1 ) < 1,5Ke1 :
K s1 + K n1
χ1 = 1 - (12.49)
7,5 K e1
On a : 0,8 ≤ χ1 ≤ 1,0.

Quant à la longueur L’e2, elle est prise égale à 0,8Le2 (L’e2 = 0,8Le2) si la travée
n’est pas de rive, c’est-à-dire si le noeud 3 n’est pas un noeud de rive. Dans le cas
où le noeud 3 est un noeud de rive, on prend :
L’e2 = χ3 Le2 (12.50)
avec, χ3 - coefficient prenant les valeurs suivantes :
- pour (Ks3 + Kn3) ≥ 1,5Kw3 , on a :
χ3 = 0,8 (12.51)
- pour (Ks3 + Kn3 ) < 1,5Kw3 , on a :
K s 3 − K n3
χ3 = 1 - (12.52)
7,5 K w3

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Les moments sont ensuite déterminés par les expressions précédentes


formulées pour la travée intermédiaire en remplaçant Mw’ par Mw’’ tel que :
1 K e1
Mw’’ = Mw2’ - M w1 (12.53)
2,125 D1
1
avec, Mw2’ = pwL’w22 + L’w2 ∑kwPw (12.54)
8,5

Dans le cas d’une travée de rive sans console, les règles précédentes
s’appliquent en faisant Mw1 = 0.

Les efforts tranchants sont déterminés par la méthode générale applicable aux
poutres continues. Par mesure de simplification, on néglige les efforts normaux
développés dans les poutres.

1.2.4. Les méthodes forfaitaires

Il existe plusieurs méthodes forfaitaires ; certaines d’entre elles tiennent


compte de la redistribution des efforts, c’est-à-dire des propriétés plastiques
du béton armé. Les méthodes forfaitaires consistent à évaluer les valeurs
maximales des moments en travées Mt (Mt,max) et sur appuis Ma (Ma,max) à des
fractions, fixées forfaitairement , de la valeur maximale du moment Mo dans la
travée de comparaison (travée indépendante équivalente). Ces méthodes
s’appliquent, en général, à des poutres continues pour lesquelles les conditions
suivantes sont remplies :
- les moments d’inertie des sections droites sont les mêmes dans les
différentes travées;
- les portées successives sont dans un rapport compris entre 0,8 et 1,25
(0,8 ≤ Li / Li+1 ≤ 1,25).

a) Méthode forfaitaire du BAEL 91

La méthode forfaitaire du B.A.E.L. (Normes Françaises) s’applique aux poutres


pour lesquelles, en plus des conditions précédentes :
- la fissuration ne compromet pas la tenue de la structure et de ses
revêtements;
- la charge d’exploitation Q est dite modérée (constructions courantes),
c’est-à-dire :

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Q ≤ Max  2G ; 500 daN/m2 (12.55)


où, G est la charge permanente.

Ledit règlement précise que, si une des conditions précédentes n’est pas
vérifiée, on peut appliquer la méthode de Caquot en majorant les moments en
travées et atténuant les moments sur appuis d’un coefficient compris entre 1 et
2/3 .

Par cette méthode, les valeurs absolues des moments en travées Mt et sur
appuis Mw et Me (respectivement moments sur appui gauche et sur appui droit
de la travée considérée) doivent vérifiées les conditions suivantes :
• Mt,r ≥ M’ - 0,5(Mw - Me ) (12.56)
avec, M’ = Max  1,05Mo ; (1 + 0,3α)Mo  (12.57)
• Mt,i ≥ 0,5(1 + 0,3α)Mo (12.58)
dans une travée intermédiaire;
• Mt,r ≥ 0,5(1,2 + 0,3α)Mo (12.59)
dans une travée de rive;
• la valeur absolue Ma de chaque moment sur appui intermédiaire doit
être telle que (voir fig. 12.11) :
∗ Ma ≥ 0,6 Mo pour une poutre à deux travées;
∗ Ma ≥ 0,5Mo pour les appuis voisins des appuis de rive d’une
poutre à plus de deux travées;
∗ Ma ≥ 0,4Mo pour les autres appuis intermédiaires d’une
poutre à plus de trois travées.
Dans ces expressions :
Mo - le moment maximal dans la travée de comparaison (pour une charge
uniformément répartie p, on a Mo = pL2/8) ; α - coefficient définit comme suit :
Q
α = (12.60)
G+Q

Fig. 12.11.

334
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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Aux appuis de rive, pour les éléments coulés sur place, il convient dans tous les
cas de prévoir un moment d’encastrement au moins égal à 0,2Mo.

A partir des valeurs maximales des moments en travées et sur appuis, on


détermine les sections d’armatures longitudinales dans ces sections dangereuses.

Les efforts tranchants sont déterminés par les méthodes générales appliquées
aux poutres continues.

b) Deuxième méthode (méthode de ferraillage continu)

Cette seconde méthode tient compte de la redistribution des efforts en


supposant un ferraillage continu de la poutre et en considérant que la fissuration
est jugée peu préjudiciable pour l’exploitation de la structure. Dans ce cas, on
peut forfaitairement prendre les valeurs extrémales des moments en travées et
sur appuis, égales à celles qui sont données dans le tableau 12.5. On remarquera
que la valeur du moment en travée de rive est fonction du moment
d’encastrement à l’appui de rive. En effet, la valeur du moment d’encastrement
en appui de rive dépend du rapport des raideurs de la poutre et de l’appui. Les
petites valeurs du moment d’encastrement sont prises quand la raideur de la
poutre est plus grande que celle de l’appui ; les grandes valeurs sont prises pour
le cas contraire, c’est-à-dire quand la raideur de la structure d’appui dans le plan
de flexion de la poutre est plus grande que celle de cette dernière.

Pour les efforts tranchants sur appuis, leurs valeurs sont données sur la fig.
12.12.

Fig. 12.12. Valeurs des efforts tranchants. Vo - la valeur de l’effort tranchant dans la
poutre isostatique.

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Efforts Valeurs des moments pour un moment d’encastrement MA égal à


0,1Mo 0,2Mo 0,4Mo 0,6Mo
Une travée

M1 0,95Mo 0,90 Mo 0,80 Mo 0,65 Mo


Deux travées

M1 0,93 Mo 0,85 Mo 0,75 Mo 0,65 Mo


MB 0,68 Mo 0,68 Mo 0,68 Mo 0,68 Mo
Trois travées

M1 0,92 Mo 0,85 Mo 0,75 Mo 0,65 Mo


MB 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo
M2 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo
Quatre travées

M1 0,91 Mo 0,85 Mo 0,75 Mo 0,65 Mo


MB 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo
M2 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo
MC 0,50 Mo 0,50 Mo 0,50 Mo 0,50 Mo
Cinq travées

M1 0,90 Mo 0,85 Mo 0,75 Mo 0,65 Mo


MB 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo
M2 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo
MC 0,50 Mo 0,50 Mo 0,50 Mo 0,50 Mo
M3 0,50 Mo 0,50 Mo 0,50 Mo 0,50 Mo
Tableau 12.5. Valeurs des moments maximaux en travées et sur appuis.
Mo - moment dans la travée indépendante.

1.2.5. Courbes enveloppes des moments et épures des moments


résistants

Les courbes enveloppes des moments de flexion sont tracés pour pouvoir arrêter
certaines armatures longitudinales là où elles ne sont plus nécessaires pour
équilibrer les efforts internes. Pour les poutres en béton armé, soumises à des

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-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

charges uniformément réparties, la courbe enveloppe des moments de flexion


peut être construite en utilisant la formule suivante :
M = 10-3βpL2 (12.61)
où,
p - la charge totale uniformément répartie: p = g + q, où g et q sont
respectivement les charges permanentes et d’exploitation ; L - la portée de la
travée considérée; β - coefficient, fonction du rapport q/g, dont les valeurs pour
les différents points (voir fig. 12.13) sont données dans les tableaux 12.6 et 12.7.

Fig. 12.13. Courbe enveloppe des moments de flexion dans une poutre continue.
N.B.: • l’épure des moments dans la travée de rive est tracée pour un moment
d’encastrement égal à 0,2Mo ;
• les valeurs du coefficient α sont données dans le tableau 12.8 en fonction du
rapport q/g.

Points 1 2 3 4 6 7 8 9 11 12 13 14
β 65 104 85 25 20 73 73 20 18 68 68 18
Tableau 12.6 Valeurs du coefficient β pour déterminer les moments positifs en
travées.
N.B.: les valeurs de β pour les sections dangereuses où le moment est maximal sont
données sur la fig. 12.13.

Une fois la courbe enveloppe tracée, on peut déterminer les aciers (sections
d’armatures) nécessaires pour n’importe quelle section de la poutre ; toutefois,
pour des raisons constructives et de mise en oeuvre, on se limite à quelques
sections seulement, à commencer par la section dangereuse où le moment est
maximal. Avec la diminution de la valeur du moment et selon la portée de la
poutre, on peut arrêter une, deux, trois ou quatre fois les armatures qui ne sont

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-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

plus nécessaires ; pour les petites et moyennes portées, on fera un à deux arrêts
d’armatures longitudinales et pour les grandes portées, on peut augmenter le
nombre d’arrêts jusqu’à trois ou quatre. Dans tous les cas, il faut respecter les
règles d’arrêt des armatures longitudinales (chapitre 9). Aussi, en choisissant et
en disposant les armatures principales (longitudinales), on doit chaque fois
vérifier que la hauteur utile réelle dr correspondant au ferraillage réalisé ne
soit pas inférieure à la hauteur utile théorique d prise dans le calcul ; autrement
dit on doit toujours avoir dr ≥ d.

N° Valeurs du coefficient β pour un rapport q/g égal à


points
0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0
0 -25 -25 -25 -25 -25 -25 -25 -25 -25 -25
5 - 81 - 81 - 81 - 81 - 81 - 81 - 81 - 81 - 81 - 81
6 -10 -20 -26 -30 -33 -35 -37 -38 -39 - 40
7 +22 +16 -3 -9 -12 -16 -19 -21 -22 -24
8 +24 +9 0 -6 -9 -14 -17 -18 -20 -21
9 -4 -14 -20 -24 -27 -29 -31 -32 -33 -34
10 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63
11 -3 -13 -19 -23 -25 -28 -29 -30 -32 -33
12 +28 +13 -3 -4 -6 -10 -13 -15 -16 -18
13 +28 +13 +4 -3 -6 -10 -13 -15 -16 -18
14 -3 -13 -19 -23 -25 -28 -29 -30 -32 -33
15 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63
Tableau 12.7. Valeurs du coefficient β pour déterminer les moments négatifs en
travées et sur appuis.
N.B.: les valeurs de β pour le point 0 correspond à un moment d’encastrement égal à
0,2Mo.

q/g 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0
α1 0,167 0,200 0,228 0,250 0,270 0,285 0,304 0,320 0,330 0,339
Tableau 12.8. Valeurs du coefficient α1 (voir fig. 12.13) en fonction de q/g.

Sur la fig. 12.16 par exemple, sont représentées la courbe enveloppe des
moments de flexion (moments sollicitant) et l’épure des moments résistants
tracées après calcul des sections d’armatures pour une poutre continue à trois
travées soumise à l’action de charges uniformément réparties.

Dans le cas des charges d’exploitation réparties de faible valeur Q (Q ≤ G), on


peut se dispenser du tracé des courbes enveloppes, c’est-à-dire qu’on peut ne pas
considérer les différents cas de chargements défavorables ; dans ce cas, on
applique en même temps la totalité de la charge dans toutes les travées et on
338
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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

détermine les valeurs maximales des sollicitations. Pour ce cas, on doit respecter
les dispositions de la fig. 12.15.

Fig. 12.14. Courbes enveloppes (1) et épures des moments résistants (2).

Fig. 12.15.

Dans le cas, où une poutre à une travée est prolongée par un porte-à-faux, il faut
tenir compte de l’effet de console qui consiste à considérer les différents cas
de chargement représentés sur la fig. 12.16.

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Détermination du moment minimal en


travée
Détermination du moment maximal en
travée
Détermination du moment maximal sur
appui du porte-à-faux
Détermination de la longueur des
chapeaux du côté de la travée (équilibre
statique)
Vérification du moment positif en
travée

Fig. 12.16. Vérification de l’effet de la console.

Les armatures transversales sont déterminées à partir des valeurs des efforts
tranchants. En qualité d’armatures transversales, on utilise des cadres, des
étriers et des épingles. La répartition des armatures transversales se fait, dans
tous les cas, suivant la courbe enveloppe des efforts tranchants. Dans le cas des
charges uniformément réparties, on peut utiliser la répartition de Caquot ou
d’autres types de répartition. Souvent, pour des poutres soumises à des charges
uniformément réparties modérées, on peut utiliser deux espacements pour les
armatures transversales (cadres), à savoir un premier espacement st1, pour les
zones d’appui, déterminé à partir de la valeur de l’effort tranchant au niveau de
l’appui et un deuxième espacement st2, pour la zone centrale, déterminé à partir
de la valeur de l’effort tranchant à l’abscisse xc = 0,25L de l’appui où, L est la
portée de la travée (voir fig. 12.17).

Fig. 12.17.

Sur la fig. 12.18 sont montrés quelques cas de ferraillage des sections droites
des poutres.

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Fig. 12.18.
1, 2 - armatures longitudinales inférieures et supérieures; 3 - cadres; 4 - épingle; 5 _
talon pour loger les armatures longitudinales inférieures; 6 - armatures du hourdis.

2. LES DALLES

2.1. Généralités

Les dalles pleines en béton armé sont des pièces minces dont l’épaisseur h est
largement inférieure à ses dimensions dans le plan. Elles sont de formes
différentes dans le plan : carrées; rectangulaire, circulaire, trapézoïdale,
triangulaire, etc. ... Elles reposent, en général, sur plus de deux appuis (2, 3, 4 ou
plus) constitués par des poutres ou murs porteurs et travaillent en flexion dans
un ou deux sens.

La portée L à prendre en compte est prise, en général, entre nus des appuis ou
entre points d’application des résultantes des réactions d’appuis dans le cas où
elles reposent sur un massif de maçonnerie (voir fig. 12.19).

La hauteur h de la dalle est prise égale à :


 1 1 
h =  ⋯ L (12.62)
 45 25 

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Fig. 12.19. Portée à prendre en compte. 1 - appui (poutre); 2 - dalle; 3 - massif de


maçonnerie.

L’épaisseur minimale d’une dalle est de 5 cm dans tous les cas, sauf quand elle
est associée à des entrevous résistants où l’on peut réduire la hauteur à 4 cm.

Il est admis de ne pas procéder au calcul des déformations (flèches) si la


hauteur h de la dalle vérifie la condition suivante :
Mt
h≥ L (12.63)
20M o
où,
Mt - le moment en travée dans le sens du plus petit côté (sens de la petite
portée): en général Mt = (0,75 ... 0,95) Mo, Mo étant le moment dans la travée
indépendante (sens de la petite travée).

Dans les formules (12.62) et (12.63), on doit prendre les petites valeurs de la
hauteur h pour le cas des dalles de petites portées, les moins sollicitées et
ayant des appuis continus le long du contour. On peut aussi se servir des données
du tableau 12.9 pour les constructions courantes.

Charge Valeur de l’épaisseur h de la dalle pour une portée L égale à


répartie, 1,6 1,8 2,0 2,2 2,4 2,6 2,8 3,0 3,2 3,4 3,6
en daN/m2
250 6 6 7 7 8 8 9 9 10 10 11
300 6 6 7 7 8 8 9 9 10 10 11
350 6 6 7 7 8 8 9 9 10 10 11
400 7 7 8 8 8 9 9 10 10 10 11
450 7 7 8 8 8 9 9 10 10 10 11
500 7 7 8 8 8 9 9 10 10 11 11
600 7 8 8 8 9 9 10 10 11 11 12
700 7 8 8 8 9 9 10 10 11 11 12
800 7 8 8 9 9 10 11 11 12 12 13
900 7 8 8 9 9 10 11 12 12 13 14
1000 7 8 8 9 10 11 12 12 13 14 14
Tableau 12.9. Epaisseurs des dalles en fonction de la portée et de la charge.

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Dans ce qui va suivre, on se limitera au calcul des dalles ayant une épaisseur h
constante et soumise à des charges normales au plan médian de la dalle.

2.2. Calcul des dalles

Les dalles sont calculées comme des plaques. Dans le cas des plaques
rectangulaires de côté Lx et Ly (Lx < Ly), la pratique a montré que :
• La dalle porte dans un seul sens (sens de la petite portée Lx) si :
- le rapport Lx /Ly est inférieur à 0,4 (Lx /Ly < 0,4) ;
- la charge est uniformément répartie.
• La dalle porte dans les deux sens si :
- les charges ne sont pas uniformément réparties ;
- la dalle est rectangulaire et que 0,4 ≤ Lx /Ly ≤ 1,0, quelque soit la
charge ;
- la dalle a une autre forme (non rectangulaires) dans le plan, quelque
soit la charge.

Dans le cas où la dalle porte dans un seul sens, elle est calculée comme une
poutre de portée Lx avec une section rectangulaire de hauteur h et de largeur
b = 1,00 m ; on l’appelle poutre-dalle en ce moment.

Dans le cas où la dalle porte dans les deux sens, elle est calculée dans les deux
sens comme une plaque de côtés Lx et Ly ; les sollicitations de calcul sont
ramenées à l’unité de largeur de la plaque dans le sens considéré.

Le calcul des dalles consiste à déterminer les efforts internes développées dans
leurs sections et de déterminer par la suite les sections d’armatures nécessaires
pour équilibrer ces efforts internes. Il existe deux méthodes principales de
calcul des dalles :
- les méthodes élastiques ;
- la méthode de l’équilibre limite.

2.2.1. Le calcul élastique

Le calcul des dalles chargées transversalement est fondé sur la théorie


technique de flexion des plaques minces qui conduit à la résolution de l’équation
différentielle suivante :

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- pour les plaques rectangulaires:


∂ 4ω ∂ 4ω ∂ 4ω q ( x, y )
+2 2 2 + 4 = (12.64)
∂x 4 ∂x ∂y ∂y D

- pour les plaques circulaires:


∂2 1 ∂ 1 ∂ 2  ∂ 2ω 1 ∂ω 1 ∂ 2ω  q (r , θ )
 2 + + 2  2 +
2 
+ 2 =
2 
(12.65)
 ∂r r ∂r r ∂θ  ∂r r ∂r r ∂θ  D
où,
x, y - sont les coordonnées cartésiennes ; r, θ - les coordonnées polaires ; q - la
charge transversale ; ω - la fonction des déplacements décrivant la surface
élastique de la dalle ; D - la rigidité cylindrique de la dalle :
Eh 3
D = (12.66)
12(1 − ν 2 )

h - épaisseur de la dalle; ν - coefficient de Poisson du matériau de la dalle.

Les sollicitations, constituées des moments de flexion M et de torsion T


(efforts internes essentiels) et des efforts tranchants V, sont alors
déterminées par les expressions suivantes :
- pour les dalles rectangulaires:
 ∂ 2ω ∂ 2ω 
Mx = - D  +ν  (12.67)
 ∂x
2
∂y 2 
 ∂ 2ω ∂ 2ω 
 ∂y 2 + ν ∂x 2 
My = - D   (12.68)
 
∂ 2ω
T = - D (1 - ν) (12.69)
∂x∂y
∂ ∂ ω ∂ 2ω 
2
Vx = - D  +ν  (12.70)
∂x  ∂x 2 ∂ 2 
 y 
∂ ∂ ω ∂ 2ω 
2
Vy = - D  2 +ν  (12.71)
∂y  ∂y ∂ 2 
 x 

- pour les dalles circulaires:


 ∂ 2ω  1 ∂ω 1 ∂ 2ω 
Mr = - D  2 + ν  + 2 2  (12.72)
 ∂r  r ∂r r ∂θ 
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 1 ∂ω 1 ∂ 2ω ∂ 2ω 
Mθ = - D + +ν 2  (12.73)
 r ∂r r 2 ∂θ 2 ∂r 
∂  1 ∂ω 
T = - D(1 - ν)   (12.74)
∂r  r ∂θ 
∂  ∂ 2ω  1 ∂ω 1 ∂ 2ω 
Vr = - D  2 + ν  +  (12.75)
∂r  ∂r  r ∂r r 2 ∂θ 2 
1 ∂  1 ∂ω 1 ∂ 2ω ∂ 2ω 
Vθ = -D  + 2 2 +ν  (12.76)
r ∂θ  r ∂r r ∂θ ∂r 2 

La résolution de ces équation différentielles (c’est-à-dire la détermination de la


fonction ω) est généralement très laborieuse, sauf pour quelques cas très
particuliers. Dans la pratique, on utilise les résultats fournis sous forme de
tableaux ou d’abaques. Les données de ces tableaux et abaques peuvent, parfois,
dans une certaine mesure, tenir compte des déformations plastiques du béton
armé. Ainsi, pour les dalles rectangulaires soumises à des charges uniformément
réparties p, la flèche ωi, les moments de flexion Mxi et Myi dans les sections
particulières i de la dalle peuvent être déterminés par les expressions
suivantes (voir fig. 12.20):
10 −5 10 −5
ω = α i pL x =
4
α i pL y 4 (12.77)
D D
Mx = 10 βi pLx = 10 β i pLy2
-4 2 -4
(12.78)
My = 10-4γi pLx2 = 10-4 γ i pLy 2 (12.79)
où,
D est la rigidité cylindrique de la dalle; i est le numéro du point (voir fig.
12.20, a) ; α, β , γ, α , β , γ sont des coefficients dont les valeurs sont
données dans le tableau 12.10 pour les différents schémas de liaison de la dalle
aux contours (voir fig. 12.20, b).

Pour les dalles rectangulaires uniformément chargées et articulées aux quatre


contours, on utilise le plus souvent les expressions suivantes pour déterminer les
moments de flexion développés au centre:
Mx = µx pLx2 (12.80)
My = µy Mx (12.81)
où,
µx , µx - coefficients dont les valeurs sont données dans le tableau 12.11 en
fonction du rapport des côtés Lx /Ly et de la valeur du coefficient de Poisson ν.

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Fig. 12.20. Schémas des dalles.


a - points particuliers de la dalle; b - différents schémas de liaisons de la dalle.

Coefficie Valeurs des coefficients pour un rapport Lx /Ly égal à


Schémas nts 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
α5 1013 865 726 603 498 405
1 β5 1000 868 740 628 528 441
γ5 367 407 445 446 450 441
α5 251 234 208 182 154 128
β5 406 382 344 300 255 211
2 γ5 117 149 209 198 209 211
- β4 818 782 723 652 580 506
- γ3 559 562 561 551 532 506
α5 468 418 360 308 257 210
β5 573 521 460 397 337 281
3 γ5 184 226 259 274 284 281
- β4 1184 1091 996 875 773 674
- γ3 784 776 766 747 711 674
α5 254 242 224 205 183 157
β5 412 393 368 336 297 261
4 γ5 109 136 161 187 204 212
- β4 835 811 771 717 660 597
- γ3 559 562 565 564 554 545
α5 450 384 317 258 204 157
β5 554 482 408 334 269 212
γ5 205 243 270 283 274 262
5 - β4 1126 1018 887 758 644 545
- γ3 780 770 745 704 654 597
α5 262 253 240 227 212 192
β5 416 409 394 370 345 317

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

6 γ5 97 122 151 173 199 216


- β4 847 838 816 782 745 698
α5 844 644 479 355 261 192
7 β5 846 661 509 380 285 216
γ5 393 412 408 382 350 317
- γ3 1213 1107 1018 902 799 698
α5 86 114 138 158 176 193
α2 183 219 248 263 271 276
β5 39 78 103 123 139 139
γ5 121 178 220 252 274 292
8
- β4 2004 1476 1106 865 691 559
- γ1 335 416 493 561 616 664
+ γ2 268 333 384 413 426 435
709 798 837 848 850 851
- γ6
α5 249 241 232 216 209 193
α1 286 284 283 280 278 276
β5 435 405 370 330 309 292
γ5 93 106 120 141 140 139
9
- γ3 139 186 238 380 472 559
- β4 830 808 786 730 696 664
β1 450 449 447 443 438 435
- β6 845 845 846 847 849 851
α5 1440 1570 1710 1970 2330 2820
α1 180 320 520 820 1220 1750
10 α4 1400 1450 1510 1590 1670 1750

β5 396 511 658 839 1044 1266


γ5 1248 1260 1272 1282 1284 1266
β1 651 806 973 1159 1366 1395
γ4 1293 1337 1387 1451 1522 1595
Tableau 12.10. Valeurs des coefficients pour déterminer les flèches et les moments
de flexion dans les dalles rectangulaires soumises à des charges uniformément
réparties. N.B.: Ces valeurs des coefficients sont données pour un coefficient de
Poisson ν = 0,2.

A l’aide des formules (12.77), (12.78) et (12.79), on peut déterminer la flèche et


les moments de flexion pour une dalle rectangulaire articulée aux contours et
soumises à une force concentrée P appliquée au centre ; pour cela, il suffit de
poser pL2 = P . Les forces concentrées réelles ne s’appliquent jamais à un point,
mais si l’on assimile cette surface à un cercle de rayon ro, alors, on obtient :
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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Valeurs des coefficients µx et µy pour un coefficient de Poisson ν


égal à
Lx /Ly
ν = 0,2 (E.L.S.) ν = 0 (E.L.U.)
µx µy µx µy
0,40 0,1121 0,2854 0,1101 0,2500
0,45 0,1063 0,3234 0,1036 0,2500
0,50 0,1000 0,3671 0,0966 0,2500
0,55 0,0936 0,4150 0,0894 0,2500

0,60 0,0870 0,4672 0,0822 0,2948


0,65 0,0805 0,5235 0,0751 0,3613
0,70 0,0743 0,5817 0,0684 0,4320
0,75 0,0684 0,6447 0,0621 0,5105

0,80 0,0628 0,7111 0,0561 0,5959


0,85 0,0576 0,7794 0,0506 0,6864
0,90 0,0528 0,8502 0,0456 0,7834
0,95 0,0483 0,9236 0,0410 0,8875

1,00 0,0441 1,0000 0,0368 1,0000


Tableau 12.11. Valeurs des coefficients pour déterminer les moments de flexion dans
les dalles rectangulaires uniformément chargées et articulées aux contours.

1  2Lx 
β5 = (1 + ν ) ln +ν + δ1  (12.82)
4π  πro 
1  2 Lx 
γ5 = (1 + ν ) ln +1−δ2  (12.83)
4π  πro 
où,
δ1 et δ2 - coefficients, fonctions du rapport des côtés, dont les valeurs, de
même que celles du coefficient α dans la formule (12.77) sont données dans le
tableau 12.12.

Coefficients Valeurs des coefficients pour un rapport Lx /Ly égal à


< 0,5 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
α5 1690 1650 1560 1476 1340 1300 1260
δ1 0 0,023 0,058 0,089 0,120 0,128 0,135
δ2 0 0,042 0,128 0,215 0,360 0,464 0,565
Tableau 12.12. Valeurs des coefficients pour déterminer les moments de flexion dans
les dalles rectangulaires soumises à une charge concentrée appliquée au centre.

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Pour les dalles circulaires uniformément chargées, la flèche ω et les moments


de flexion radial Mr et circonférentiel (tangentiel) Mθ sont déterminés par
les expressions suivantes :
- dans le cas d’une articulation au contour :

ω =
p
(
R2 − r 2  )
 5 +ν 2
R − r2 

(12.84)
64 D  1 +ν 
1
Mr = p (3 + ν )( R 2 − r 2 ) (12.85)
16
Mθ =
1
16
[
p (3 + ν ) R 2 − (1 + 3ν )r 2 ] (12.86)

où,
R - le rayon de la dalle; r - le rayon du point considéré (on a : r = 0
au centre de la dalle) ;

- dans le cas d’un encastrement au contour :

ω =
p
64 D
(
R2 − r 2 )2
(12.87)

Mr =
1
16
[
p (1 + ν ) R 2 − (3 + ν )r 2 ] (12.88)

Mθ =
1
16
[
p (1 + ν ) R 2 − (1 + 3ν )r 2 ] (12.89)

Quand la dalle circulaire est soumise à l’action d’une force concentrée P


appliquée au centre, on obtient les expressions suivantes pour la flèche et les
moments :
- dans le cas d’un contour articulé :
PR 2   r2  r2 r
ω = (3 + ν )1 − 2  + 2(1 + ν ) 2 ln  (12.90)
16πD (1 + ν )   R  R R
P r
Mr = (1 + ν ) ln (12.91)
4π R
P  r
Mθ = ν − (1 + ν ) ln (12.92
4π  R 

- dans le cas d’un contour encastré :


PR 2  r2 r2 r
ω = 1 − 2 + 2 2 ln  (12.93)
16πD  R R R
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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

P  r
Mr =
2π 1 + (1 + ν ) ln R  (12.94)

P  r
Mθ = ν + (1 + ν ) ln (12.95)
4π R 

Cas des dalles rectangulaires continues

Pour les dalles rectangulaires continues, les valeurs maximales des moments en
travées Mt et sur appuis Ma doivent satisfaire les conditions suivantes :

• dans le sens de la petite portée Lx :


- dans les travées de rive :
0,85Mo,x ≤ Mt,x ≤ 0,95Mo,x (12.96)

- dans les travées intermédiaires :


0,75Mo,x ≤ Mt,x ≤ 0,85Mo,x (12.97)

- sur les appuis de rive :


0,40Mo,x ≤ Ma ≤ 0,65Mo,x (12.98)

- sur les appuis intermédiaires :


0,50Mo,x ≤ Ma ≤ 0,65Mo,x (12.99)

- de plus, on doit avoir :


Mt,x +0,5 (Mw,x + Me,x) ≥ 1,25Mo,x (12.100)

• dans le sens de la grande portée Ly :


- dans les travées de rive :
0,85Mo,y ≤ Mt,y ≤ 0,95Mo,y (12.101)

- dans les travées intermédiaires :


0,75Mo,y ≤ Mt,y ≤ 0,85Mo,y (12.102)

- sur les appuis de rive :


0,40Mo,x ≤ Ma ≤ 0,5Mo,x (12.103)

- sur les appuis intermédiaires :


0,50Mo,y ≤ Ma ≤ 0,70Mo,y (12.104)
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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Ma ≥ 0,40Mo,x (12.105
- de plus, on doit avoir :
Mt,y +0,5 (Mw,y + Me,y) ≥ 1,25Mo,y (12.106)

Dans ces expressions:


Mo,x , Mo,y - les moments maximaux calculés avec l’hypothèse d’une
articulation aux contours dans les sens de la petite portée et de la grande
portée; Mw , Me - sont les valeurs absolues des moments sur appuis de gauche et
de droite.

A partir des valeurs des moments, on détermine les sections d’armatures comme
pour les éléments fléchis. La largeur étant de 1 m ( b = 1,00 m = 100 cm), on
répartit uniformément les barres d’armatures sur cette largeur ; les armatures
dans le sens de la petite portée sont toujours placées le plus proche de la
paroi.

Dans le choix et la répartition des armatures, il faut tenir compte que


l’écartement des barres dans un sens ne doit pas, en aucun cas, dépasser les
valeurs données dans le tableau 12.13.

Ecartement maximal des armatures d’une même nappe


Direction pour les cas de charges suivants:
charges réparties charges concentrées
la petite portée (la plus
sollicitée) Min  3h ; 33 cm Min  2h ; 22 cm
la grande portée (la moins
sollicitée) Min  4h ; 45 cm Min  3h ; 33 cm
Tableau 12.13. Ecartement maximal des armatures d’une même nappe. h - épaisseur de
la dalle.

La condition de non fragilité pour les dalles se présente comme suit :


- dans le sens de la petite portée:
ρx ≥ 0,5ρ
ρo (3 - Lx /Ly ) (12.107)

- dans le sens de la grande portée:


ρy ≥ ρo (12.108)
où,

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Chapitre 12. Les poutres et les dalles

ρx , ρy sont les pourcentages (taux) d’armatures dans les sens x et y ; ρo - le


pourcentage de ferraillage rapporté à l’épaisseur de la dalle strictement requise
par la justification à l’état limite ultime de résistance ; dans tous les cas, on doit
avoir ρo ≥ 1,2% pour les armatures rond-lisses et ρo ≥ 0,8% pour les armatures
à haute adhérence.

Comme il a été déjà souligné, dans le cas des poutres - dalles (c’est-à-dire des
dalles rectangulaires avec Lx /Ly < 0,40) ; elles sont calculées seulement dans le
sens de la petite portée Lx comme des poutres de largeur b = 1,00 m. A partir
des moments, on détermine les sections d’armatures As,x dans ce sens. Dans le
sens de la grande portée (sens y), on dispose des armatures de répartition de
section As,y telles que :
- pour le cas des charges réparties :
As,y = 0,25 As,x (12.109)

- pour le cas des charges concentrées :


As,y = As,x /3 (12.110)

2.2.2. Méthode de l’équilibre limite

Par cette méthode, il s’agit d’évaluer la capacité portante de la dalle en tenant


compte des déformations plastiques des matériaux. L’analyse limite de la dalle
se fait par la méthode cinématique. Ainsi, on suppose qu’à l’état limite, dans les
sections dangereuses de la dalle, se forment des séries de rotules linéaires
appelées charnières plastiques ; ce sont ainsi les lignes de rupture de la dalle.
Au niveau des appuis, les charnières plastiques se forment en haut (charnières
négatives) le long des appuis, et en travées, elles se forment en bas (charnières
positives) suivant les bissectrices des angles et au milieu de la travée le long du
grand côté (voir fig. 12.21). Le long de ces charnières, les moments ont atteint
leurs valeurs limites respectives et la dalle se transforme en un mécanisme
formé de disques rigides liés entre eux par les charnières plastiques suivant les
lignes de rupture.

Dans le cas général, on est en présence de six (6) moments : deux (2) moments
positifs en travée Mx et My et quatre (4) moments négatifs sur appuis Mn , Me ,
Ms et Mw .

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-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Fig. 12.21. Analyse limite d’une dalle rectangulaire encastrée aux contours et soumise
à une charge uniformément répartie. 1, 2 - charnières plastiques (lignes de rupture),
respectivement sur appuis et en travées.

A l’état limite, la surface plane de la dalle se transforme en un corps de hauteur


f, formé d’éléments triangulaires et trapézoïdaux liés par les charnières
plastiques. L’angle de rotation ϕ est égal à:
f 2f
ϕ ≅ tanϕ = = (12.111)
0,5 L x L x

Le travail virtuel de la charge uniformément répartie p est égal à :

353
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-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Wp = ∫ ypdA = pV (12.112)
A
où,
y est le déplacement ; V - le volume du corps obtenu à l’état limite ou encore le
volume des déplacements :

V =
1
6
[
fL x (3L y − L x ) ] (12.113)

Le travail virtuel des moments de flexion dans les charnières plastiques, dans
le cas d’un ferraillage uniforme de la dalle dans les deux sens, est égal à :

ϕ = Mx 2ϕ
WM = ∑Mϕ ϕ + Mn ϕ + Ms ϕ + My 2ϕ
ϕ + Mw ϕ + Ms ϕ (12.114)
ou encore
2f
WM = (2Mx + 2My + Mn + Ms + Mw + Me) (12.115)
Lx

Le travail virtuel des forces extérieures Wp étant égal à celui des efforts
internes WM, on obtient :
pfL x 2f
(3 L y − L x ) = (2Mx + 2My + Mn + Ms + Mw + Me ) (12.116)
6 Lx
d’où
2
pL x
(3L y − L x ) = 2Mx + 2My + Mn + Ms + Mw + Me (12.117)
6

L’expression (12.117) est l’équation d’équilibre de la dalle. Les moments limites


Mi (i = x, y, n, s, w, e) agissant dans les charnières plastiques sont déterminés par
la formule :
Mi = fs As,i zi (12.118)
avec,
fs = fe /γγs où fe est la limite d’élasticité garantie des armatures, γs - le
coefficient de sécurité ; zi - le bras de levier du couple intérieur pour la section
correspondante : zi = (0,8 ... 0,9)h où, h est l’épaisseur de la dalle ; As,i - sections
d’armatures correspondantes, on a :
As,x - la section totale des armatures tendues coupant les lignes de
rupture positives (sur la longueur de la charnière) et parallèle au
petit côté (Lx) de la dalle ;

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-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

As,y - la même chose pour les armatures parallèles au grand côté (Ly) de la
dalle;
As,w - la section totale des armatures tendues sur appuis sur toute la
longueur de la travée dans la section I-I;
As,e - la même chose dans la section I’-I’;
As,s - la section totale des aciers tendus dans la section II-II;
As,w - la même chose dans la section II’-II’.

L’expression (12.117) est valable même si tous les côtés de la dalle ne sont pas
encastrés. Dans le cas où un côté est sur appui articulé, on pose le moment sur
l’appui correspondant (Mw , Me , Ms , Mn ) égal à zéro.

En se donnant des rapports entre les sections d’armatures As,i dans les
différentes sections de la dalle (dans les différentes directions en travées et
sur appuis), on obtient différents rapports entre les moments limites (moments
résistants) Mi . Dans ces conditions, à la place de six (6) inconnues (Mx , My , Mw ,
Me , Ms , Mn ), on trouve une (1) seule inconnue et on peut passer ainsi à la
résolution du problème.

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-2008-
Chapitre 13. Les planchers

Chapitre 13

LES PLANCHERS

1. GENERALITES

1.1. Définitions et fonctions

Les planchers sont des éléments plans horizontaux divisant horizontalement un


bâtiment en différents niveaux appelés étages. Ils jouent ainsi le rôle :
- de plate-forme porteuse pour l’étage considéré, donc ils doivent être
résistants ;
- de toit pour l’étage sous jacent, donc ils doivent être étanches ;
- d’écran permettant le confort de l’habitat, donc ils doivent avoir une
certaine isolation phonique et thermique ;
- d’élément de stabilité sous l’action des charges horizontales comme
diaphragmes horizontaux de l’ossature du bâtiment.

1.2. Types de planchers

Les planchers en béton armé peuvent être coulés sur place, préfabriqués ou semi
- préfabriqués. Les types les plus utilisés sont :
- les planchers à « hourdis creux »;
- les planchers avec dalles pleines et poutres;
- les planchers à poutrelles parallèles rapprochées;
- les planchers en caissons;
- les planchers - champignons et planchers - dalles.

1.3. Charges sur les planchers

Les charges sur les planchers comprennent les charges permanentes et les
charges d’exploitation. Les charges permanentes sont constituées par le poids de
la structure du plancher et de certains équipements fixes sur lui. La valeur de la
charge d’exploitation sur un plancher dépend de la destination de cette dernière.
Dans le tableau 13.1 sont données les valeurs de certaines charges permanentes
et d’exploitations sur les planchers.

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-2008-
Chapitre 13. Les planchers

Désignations Charges, en
daN/m2

CHARGES PERMANENTES

Béton, par mètre d’épaisseur 2300


Béton armé, par mètre d’épaisseur 2500
Acier, par mètre d’épaisseur 7850
Maçonnerie en moellons, par mètre d’épaisseur 2200 ... 2500
Maçonnerie en agglos creux de béton, par mètre d’épaisseur 1400 ... 1600
Maçonnerie en briques pleines de béton, par mètre d’épaisseur 2000 ... 2200
Mortier de ciment, par mètre d’épaisseur 2200
Sable, par mètre d’épaisseur 1800
Gravier, par mètre d’épaisseur 1900
Cailloux concassés, par mètre d’épaisseur 1500
Bois, par mètre d’épaisseur 800 ... 1100
Plancher en dalle pleine de béton armé, par mètre d’épaisseur 2500
Plancher à corps creux de béton, type :
15+5 325
20+5 375
Revêtements en béton, par mètre d’épaisseur 2300
Chape en mortier de ciment, par mètre d’épaisseur 2200
Carrelage, par mètre d’épaisseur 2200
Dallage en pierres, par mètre d’épaisseur 2500 ... 3000
Enduit en plâtre, par mètre d’épaisseur 1000
Matériau isolant thermique, par mètre d’épaisseur 400 ... 1000
Etanchéité, par mètre d’épaisseur 1000 ... 2800

CHARGES D’EXPLOITATION

Maisons d’habitations

Logement, terrasses accessibles 150


Balcons 350
Halls, Greniers 250
Terrasses non accessibles 100

Bâtiments scolaires et universitaires

Classes, ateliers, laboratoires, sanitaires collectifs, dortoirs


collectifs, petites salles à manger 350

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-2008-
Chapitre 13. Les planchers

Amphithéâtres, dépôts, lingeries, cantines, circulations,


bibliothèques, salles polyvalentes 400
Chambres individuelles 150
Cuisines collectives 500
Dépôts de cuisine 600

Bureaux

Bureaux, circulations, halls de réception, salles à manger, salles


d’ordinateurs et reprographie 250
Cantines 250 ... 350
Bureaux paysages, zones de dépôts, salles de conférence et de
projection avec une surface ≤ 50 m2 350
Halls, Guichets, salles de conférence avec une surface > 50 m2 400

Bâtiments hospitaliers et dispensaires

Chambres, sanitaires 150


Salles de soins, circulations internes, salles de conférence avec
surface ≤ 50 m2 250
Salles d’opérations, salles d’accouchements, salles de plâtre, salles
de travail, buanderies 350
Halls, circulations générales, salles de conférence avec une
surface > 50 m2 400
Cuisines 500
Réserves et dépôts 350 ... 600

Maisons de culture, parcs de stationnement et autres

Salle de danse, salles de spectacles, terrasses accessibles au


public, grands magasins (sous réserves de marchandises lourdes) 500
Bibliothèques 600
Archives 600 ... 800
Boutiques 400 ... 500
Riz en sac, par mètre de hauteur 950
Blé en sac, par mètre de hauteur 650
Farine en sac, par mètre de hauteur 450
Betterave ou pomme de terre en vrac, par mètre de hauteur 600
Bois en fagots, par mètre de hauteur 150
Bois en brèches, par mètre de hauteur 350 ... 700
Ciment Portland, par mètre de hauteur 1650
Chaux hydraulique, par mètre de hauteur 750

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Chapitre 13. Les planchers

Papiers, par mètre de hauteur 1000


Peaux et cuirs en balles comprimées, par mètre de hauteur 400
Plâtre, par mètre de hauteur 1300
Quincaillerie 1000 ... 1600
Tableau 13.1. Valeurs des charges permanentes et d’exploitation sur les planchers

2. STRUCTURES ET CALCUL DES PLANCHERS

2.1. Planchers à hourdis creux

2.1.1. Domaine d’utilisation et structure

Ce type de plancher est généralement utilisé dans les bâtiments à usage


d’habitation et publics. Ils sont constitués de nervures en béton armé
(préfabriquées ou coulées sur place) entre lesquelles on place des éléments de
remplissage appelés entrevous, hourdis ou corps creux. Le tout (entrevous et
nervures) est surmonté par une dalle en béton armé d’épaisseur 4 ... 10 cm (voir
fig. 13.1).

Les dimensions des corps creux sont variables suivant les pays, les portées à
couvrir et l’usage du bâtiment. En général, pour les corps creux courants, on a :
- la longueur Lc = 20 ... 50 cm;
- la largeur lc = 15 … 25 cm;
- la hauteur hc = 10 … 30 cm.

Fig. 13.1. Plancher à corps creux.


1 - dalle de compression; 2 - nervure en béton armé; 3 - entrevous (corps creux).

Au Mali, on produit, en général, des entrevous de dimensions suivantes : Lc = 50


cm ; lc = 20 cm ; hc = 15 cm et 20 cm.

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Chapitre 13. Les planchers

Les entrevous sont exécutés en céramiques, en terre cuite, en béton. Ils doivent
pouvoir résister aux charges de montage. L’entraxe b des nervures dépend de la
longueur des entrevous et de la largeur de la nervure:
b = Lc + bner (13.1)

Si Lc = 50 cm et bner = 10 cm, on obtient b = 50 + 10 = 60 cm.

Les nervures reposent soit sur des poutres qui prennent appuis sur des poteaux,
soit sur un chaînage qui répartit la charge sur un mur porteur (voir fig. 13.2).

Fig. 13.2. Plancher à « hourdis creux ».


N - nervures; PP - poutres principales; CH - chaînages horizontaux.

2.1.2. Calcul des éléments constitutifs du plancher

a) Dalle de compression

La dalle de compression surmonte les entrevous et assemble les nervures


permettant ainsi un fonctionnement d’ensemble de la structure. Elle est armée
d’un quadrillage de barres, de diamètre 5, 6, 8 ou 10 cm, dont les dimensions des
mailles ne doivent pas dépasser (voir fig. 13.3) :
• 20 cm (5 p.m.) pour les armatures perpendiculaires aux nervures ;
• 33 cm (3 p.m.) pour les armatures parallèles aux nervures.

Les sections d’armatures, exprimées en cm2/ml (centimètre carré par mètre


linéaire) doivent satisfaire les conditions suivantes :
• pour les barres perpendiculaires aux nervures :
- si l’entraxe des nervures b ≤ 50 cm :

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-2008-
Chapitre 13. Les planchers

200
A⊥ ≥ (13.2)
fe

- si l’entraxe des nervures


est tel que : 50 < b ≤ 80
cm :
4b
A⊥ ≥ (13.3)
fe
Fig. 13.3. Quadrillage d’armatures avec, fe - la limite d’élasticité
pour ferrailler la dalle de compression. garantie des barres, en MPa et b
l’entraxe exprimé en cm.

• pour les barres parallèles aux nervures :


A = 0,5 A⊥ (13.4)
où, A⊥ est la section choisie des armatures perpendiculaires aux nervures.

La disposition des armatures sur les entrevous permet une bonne répartition des
charges localisées et limite les risques de fissuration.

b) Les nervures

Les nervures sont calculées comme des poutres (continues ou non) prenant appui
sur d’autres poutres ou sur des chaînages. En travée, elles sont calculées comme
des sections en T (section transversale en T) et sur appui comme des sections
rectangulaires (voir fig. 13.4). La portée L est comptée entre nus des appuis. La
hauteur h doit être telle que :

Mt
h ≥ L (13.5)
15M o
avec, Mt = (0,67 ... 0,95)Mo
ou encore
L
h ≥ (13.6)
22,5

Fig. 13.4. Section droite de la nervure. Si la hauteur h vérifie ces


b - entraxe des nervures; bo = bner - conditions, une justification de la
largeur de la nervure; ho - épaisseur de la rigidité (calcul de la flèche) n’est
dalle de compression ; h - hauteur totale pas indispensable.
de la nervure.

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-2008-
Chapitre 13. Les planchers

Le calcul consiste à déterminer les moments et les efforts tranchants à partir


des charges agissantes. La charge linéaire totale sur la nervure est:
p = po b (13.7)
avec,
po est la charges totale au m2 : po = go + qo , où, go et qo sont
respectivement les charges permanentes et d’exploitation au m2 ; b est
l’entraxe des nervures.

On calcule ainsi les moments et les efforts tranchants. Dans le cas d’une nervure
continue, on doit tenir compte des différents cas de chargement défavorables
pour déterminer les sollicitations dans les différentes sections. A partir des
sollicitations, on détermine les sections des armatures longitudinales et
transversales. Les justifications sont, en général, relatives à l’état limite ultime
seulement; mais dans le cas des nervures exposées aux intempéries, il faut faire
une justification vis à vis de la durabilité.

c) Les poutres

Elles reçoivent les charges des nervures et sont, en général, calculées comme
des poutres continues de section droite rectangulaire. Un calcul plus précis et
économique consiste à prendre une section transversale en T avec des ailes
formées par la dalle de compression.

On admet la transmission des charges des nervures sur les poutres sans tenir
compte de la continuité de ces premières (nervures). La charge linéaire p sur la
poutre sera :

p = gp + (go + qo )Ln (13.8)


où,
gp est la charge linéaire due au poids propre de la poutre: gp = 2500*b*h
avec b, h - les dimensions de la section droite de la poutre; go , qo - les charges
permanentes et d’exploitation au m2; Ln - la largeur de la bande d’influence
revenant à la poutre, comptée à mi-portée des nervures.

On calcule les sollicitations (moments et efforts tranchants), puis on détermine


les sections des armatures longitudinales et transversales. Les justifications
sont en général relatives à l’état limite ultime et à l’état limite de service.

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-2008-
Chapitre 13. Les planchers

2.2. Planchers avec dalles pleine et poutres

2.2.1. Domaine d’utilisation et structure

Ce type de plancher est utilisé, en général, pour les bâtiments industriels. Il est
constitué d’une dalle pleine en béton armé d’épaisseur constante 6 ... 12 cm,
parfois jusqu’à 15 cm ou 20 cm, reposant sur un réseau de poutres (poutres
secondaires et poutres principales) (voir fig. 13.5). Les poutres principales
reposent sur des poteaux ou sur des murs porteurs. L’espacement des poutres
secondaires (petite portée Lx de la dalle) varie, en général, de 1,5 à 3,0 m
(rarement jusqu’à 3,5 m ou 4,0 m) et celui des poutres principales (portée des
poutres secondaires ou grand côté Ly des dalles) est, en général supérieur à 5,0
m. Donc, la petite portée de la dalle est telle que Lx = 1,5 ... 3,0 m (4 m) et la
portée Ly des poutres secondaires est elle que Ly ≥ 5,0 m.

Fig. 13.5. Plancher avec dalle pleine et poutres.

2.2.2. Calcul des éléments constitutifs du plancher

a) Dalle pleine

La dalle pleine est calculée par les méthodes habituelles (voir chapitre
précédent). La charge peut être répartie ou concentrée. La dalle peut porter
363
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-2008-
Chapitre 13. Les planchers

dans un seul sens (si Lx /Ly ≤ 0,4 ) ou dans les deux sens (si 0,4 < Lx /Ly ≤ 1,0). Les
moments d’encastrement des dalles dans les poutres ne doivent pas être pris
inférieurs à 40% du moment en travée.

Les armatures dans les différentes sections et dans les différents sens sont
déterminées à partir des valeurs des moments en travée Mt,x et Mt,y et sur
appuis Ma . Le premier lit est toujours constitué par les armatures dans le
sens de la petite portée Lx.

b) Poutres

Les poutres reçoivent les charges des dalles et sont calculées par les méthodes
exposées précédemment (voir chapitre précédent). Deux cas sont à distinguer
pour la transmission des charges des dalles aux poutres :
- 1er cas : cas où Lx /Ly ≤ 0,4;
- 2ème cas : cas où 0,4 < Lx /Ly ≤ 1,0.

1er cas: Lx /Ly ≤ 0,40:

Dans ce cas, on suppose que les dalles transmettent la totalité de la charge aux
poutres secondaires PS, qui, à leur tour, transmettent la charge aux poutres
principales PP (voir fig. 13.6). La largeur de la bande chargée Bs revenant à la
poutre secondaire PS est :
Bs = Lx + bps (13.9)
où,
bps est la largeur de la poutre secondaire.

La charge répartie au mètre linéaire sur la poutre secondaire PS est :


ps = gps + po Bs (13.10)
où,
gps est la charge linéaire due au poids propre de la poutre secondaire; po -
la charge répartie au m2 (pression sur la dalle).

On détermine ainsi les sollicitations, puis les sections d’armatures. La poutre


secondaire est, généralement calculée, en travées, comme une section en T, l’aile
étant représentée par la dalle pleine. Sur appuis, la section est considérée
rectangulaire. On recommande, en général, l’arrêt des barres longitudinales
surabondantes une seule fois.

Les poutres secondaires transmettent les charges aux poutres principales PP


sous forme de forces concentrées de valeurs :
364
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Chapitre 13. Les planchers

Fig. 13.6. Transmission des charges.

Pc = ps Bp = ps Ly (13.11)

Cette transmission des charges doit tenir compte de la continuité des poutres
secondaires (majoration des réactions aux appuis voisins des appuis de rive). Le
poids propre de la poutre principale qui est uniformément répartie le long de la
poutre peut être ramené sous forme de charges concentrées ajoutées aux
valeurs de Pc.

La détermination des sollicitations se fait par les méthodes précédentes. A


partir des sollicitations, on détermine les sections d’armatures longitudinales et
transversales comme des éléments fléchis. En général, les poutres principales
sont calculées comme des sections rectangulaires. Pour les poutres principales, il
est recommandé, suivant les portées, de faire un, deux ou trois arrêts des
barres longitudinales surabondantes.

2ème cas: 0,40 < Lx /Ly ≤ 1,0 :

Dans ce cas, on suppose que la charge de la dalle est répartie entre les poutres
secondaires PS et les poutres principales PP (voir fig. 13.7 et 13.8). Quand il y a

365
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Chapitre 13. Les planchers

des poteaux à chaque croisement de poutres (fig. 13.7), on peut distinguer deux
types de poutres : les poutres PP1 et les poutres PP2.

• Pour les poutres PP1, on a :


- pour le moment maximal en travée :
1
Mmax = pa Lx2 (13.12)
12
avec, pa = 0,5po Lx (13.13)

po étant la pression totale sur la dalle;

- pour les réactions aux appuis :


1 1
VA = VB = pa Lx = po Lx2 (13.14)
4 8

• Pour les poutres PP2, on a :

- pour le moment maximal en travée :


1
Mmax = pa (3Ly2 - 4a2) (13.15)
24
- pour les réactions d’appuis :
1
VA = VB = pa (Ly - a) (13.16)
2
ou encore les expressions suivantes :
1
Mmax = po Lx (3Ly2 - Lx) (13.17)
48
1
VA = VB = po Lx (2Ly - Lx) (13.18)
8

Quand il n’y a pas de poteaux à tous les croisements de poutres, on est alors en
présence de poutres secondaires PS et de poutres principales PP (voir fig. 13.8).
Dans ce cas, les poutres secondaires sont calculées comme les poutres de type
PP2 (formules (13.15) ... (13.18)) avec une section droite en T. Quant aux poutres
principales PP, elles reçoivent les charges :
- des poutres secondaires PS sous forme de forces concentrées Pc (fig.
13.8, d);
- de la dalle sous forme de charge répartie linéaire avec une intensité
maximale pa;
- de son poids propre sous forme de charge répartie uniformément le
long de sa longueur.

366
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Chapitre 13. Les planchers

Fig. 13.7. Fig. 13.8.

On détermine alors les valeurs des sollicitations par application du principe de


superposition, puis les sections des armatures longitudinales et transversales.

Dans le cas, par exemple, où l’on a une seule force concentrée Pc au milieu de la
portée, on a :
1
Mmax = Pc Lp (13.19)
4
1
VA = VB = Pc Lp (13.20)
2

Par simplification, on peut ramener les charges réparties linéaires en charges


réparties uniformes pl (fig. 13.8, e), telle que pl = (2/3)pa .

Dans le cas où il y a plus de trois forces concentrées, toutes les charges se


ramènent à une charge uniformément répartie pe le long de la portée (voir fig.
13.8, f).

Les poutres principales sont calculées comme des sections rectangulaires. Les
justifications sont relatives à l’état limite ultime et à l’état limite de service.

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Chapitre 13. Les planchers

2.3. Planchers à poutrelles parallèles rapprochées

2.3.1. Domaine d’utilisation et structure

Ce type de plancher est utilisé surtout dans les bâtiments civils et parfois dans
les bâtiments industriels. Il est constitué par une dalle d’épaisseur ho = 4 ... 20
cm et par des poutrelles rapprochées avec une distance c entre axes variant de
50 à 150 cm en général (voir tableau 13.2). On les appelle aussi planchers
nervurés (fig. 13.9, a).

Types de bâtiments Epaisseur de la dalle, en Distance entre axes des


cm poutrelles, en cm
Bâtiments civils 4 ... 10 50 ... 100
Bâtiments industriels 8 ... 20 80 ... 150
Tableau 13.2.

Fig. 13.9. Plancher à poutrelles parallèles rapprochées.


a ) structure ; b) exécution ; 1 – dalle ; 2 – poutrelles ; 3 - coffrage (tôle) en U
renversé ; 4 – lambourdes ; 5 - faux plafond.

Pour l’exécution d’un tel plancher, on utilise des coffrages en tôles métalliques,
généralement, sous forme de U renversés qui servent à coffrer les joues des
poutrelles et la face inférieure de la dalle (fig. 13.9, b). En fond de moules des
poutrelles formées par les tôles, on dispose des lambourdes qui seront bien
scellées dans le béton par des clous à grosse tête. La forme nervurée de la face
inférieure du plancher est souvent cachée par un faux-plafond.

368
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Chapitre 13. Les planchers

2.3.2. Calcul des éléments constitutifs du plancher

On admet un calcul séparé des différents éléments (dalle et poutrelles). Dans ce


cas, la dalle est considérée comme un élément fléchi de portée Ld = c - bp où,
bp est la largeur de la poutrelle. La dalle transmet ainsi la charge aux poutrelles
servant d’appuis (fig. 13.9, c). Ce calcul conduit, généralement, à des armatures
de très faible section. Dans tous les cas, la dalle sera armée d’un quadrillage de
mailles rectangulaires ou carrés en un seul lit pour les petites épaisseurs et en
deux lits pour les grandes épaisseurs. Dans le choix des armatures, on doit tenir
compte du rôle de répartition des charges localisées que doit jouer la dalle.

Les poutrelles sont calculées comme des poutres (fig. 13.9, d) de section en T
1 1
avec une hauteur totale h =  ⋯ Lp et reposant sur des poutres principales
 10 18 
ou sur des murs porteurs.

Dans le cas où le plancher est conçu en dalle articulée aux contours et renforcée
par des nervures très rapprochées parallèles au grand côté (voir fig. 13.10), on
peut déterminer la flèche ω au centre de la dalle et les moments de flexion M
par les expressions suivantes :
- pour la flèche au centre, on a :
 k1 cb 4 c4 

ω =  4 + 0,0284 3  p o (13.21)
 10 EI Eh 
- pour les moments de flexion au centre entre les nervures :
 k2 2 c 2 
Mx =  4 b +  po (13.22)
 10 24 

 k3 2 c2 
My =  4 b − ν  p o (13.23)
 10 24 
- pour les moments de flexion au centre dans les nervures :
 k2 2 c 2 
Mx =  4 b −  p o (13.24)
 10 12 
 k3 2 c2 
My =  4 b + ν  p o (13.25)
 10 12 
- pour le moment de flexion maximal dans la nervure :
k4
Mn = 4
b 2 po (13.26)
10
Dans ces expressions :

369
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Chapitre 13. Les planchers

Fig. 13.10.

Coefficient b/a Valeurs des coefficients pour δ égale à


s
0 0,10 0,25 0,50 0,75 1,00
0 130 130 130 130 130 130
0,25 130 130 130 130 129 128
k1 0,50 130 130 130 121 111 101
0,75 130 130 117 94 78 66
1,00 130 126 96 66 50 41
0 0 37 93 185 278 375
0,25 0 37 102 194 281 384
k2 0,50 0 37 120 252 357 464
0,75 0 72 197 341 434 504
1,00 0 128 262 378 438 479
0 0 125 313 625 940 1250
0,25 0 125 318 623 930 1235
k3 0,50 0 125 322 600 820 1017
0,75 0 138 313 508 626 713
1,00 0 145 283 389 440 479
0 125 125 125 125 125 -
0,25 125 125 125 124 123 -
k4 0,50 125 125 125 115 105 -
0,75 125 125 111 88 73 -
1,00 125 117 92 61 45 -
Tableau 13.3.

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Chapitre 13. Les planchers

po est la pression sur la dalle ; c est la distance entre axes des nervures ;
I - le moment d’inertie de la section de la nervure ; ki , i = 1, 2, 3, 4 - coefficients
dont les valeurs sont données dans le tableau 13.3 et qui sont fonction du
paramètre δ :
cD
δ = (13.27)
I
où, D est la rigidité cylindrique de la dalle.

2.4. Planchers en caissons

2.4.1. Domaines d’utilisation et structure

Les planchers en caisson sont utilisés généralement dans les grandes salles des
bâtiments civils (halls d’entrées, salles de spectacles, grandes salles
commerciales, etc...). Ils peuvent être utilisés parfois dans les bâtiments
industriels.

Les planchers en caisson sont constitués d’une dalle pleine d’épaisseur 5 ... 10 cm
avec des nervures dans les deux sens, distantes de 80 ... 200 cm , en général
(voir fig. 13.11, a). Les nervures sont toujours perpendiculaires, mais peuvent
être parallèles au côté ou formées un angle de 45° avec les côtés. Ce type de
plancher peut être coulé sur place ou être préfabriqué.

2.4.2. Calcul des éléments constitutifs du plancher

La dalle pleine est calculée comme une plaque prenant appui sur les nervures
(donc s’appuyant sur les poutrelles sur les 4 contours). Elle est armée d’un
quadrillage de maille carrée ou rectangulaire. Les nervures (ou poutrelles) ont la
1 1
même hauteur h dans les deux sens avec h =  ⋯  L. Elles sont calculées
 20 10 
comme une section en T. En supposant que le plancher repose librement sur les 4
côtés, les moments de flexion dans les poutrelles disposées au milieu du plancher
peuvent être déterminés par les expressions suivantes (voir fig. 13.11, b) :
- pour les poutrelles dans le sens de L1 :
4
1 L2 2
M1 = c p L
4 1 o 1
(13.28)
8 L1 + L2
4

371
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Chapitre 13. Les planchers

Fig. 13.11.

- pour les poutrelles dans le sens de L2 :


4
1 L1 2
M2 = c p L
4 2 o 2
(13.29)
8 L1 + L2
4

Les poutrelles, proches des côtés, fléchissent moins et les moments de flexion
sont plus faibles. Approximativement, le moment fléchissant dans une nervure
située à une distance x du bord est déterminé comme suit :
M1x = k1 M1 (13.30)
M2x = k2 M2 (13.31)
16  xi xi 
3 4
xi
où, ki = −2 3 + 4 avec, i = 1, 2. (13.32)
5  Li Li Li 

2.5. Planchers - champignons et planchers - dalles

2.5.1. Domaine d’utilisation et structure

Les planchers - champignons et planchers - dalles sont des planchers constitués


de dalles continues, d’épaisseur constante, armées dans les deux sens, sans
nervures et supportées par des poteaux formant dans le plan un réseau à mailles
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Chapitre 13. Les planchers

carrées ou rectangulaires (voir fig. 13.12, a). Quand la tête des poteaux est
élargie en forme de chapiteaux ou « champignons », on a un plancher -
champignon (fig. 13.12, b). Lorsque les chapiteaux n’existent pas, on a un
plancher - dalle (fig. 13.12, c). Les chapiteaux ont pour but :
- de réduire la portée de la dalle;
- d’accroître la rigidité de la dalle;
- d’éviter le poinçonnement de la dalle au droit des poteaux.

Fig. 13.12. a - plan du plancher; b – plancher - champignon; c – plancher - dalle;


1 - poteaux; 2 - dalle pleine; 3 - chapiteaux (champignon).

Les planchers - champignons sont utilisés dans les bâtiments industriels à forte
surcharge. Ils ont l’avantage d’un éclairage facile et de l’absence de coffrage de
poutres avec retombées.

Les planchers - dalles sont utilisés aussi bien dans les bâtiments industriels que
civils. Ils ont l’avantage d’un éclairage facile, d’un toit plan et de la souplesse
dans le cloisonnement.

2.5.2. Calcul

Le calcul exact de ces types de planchers se fait, en général, par des méthodes
numériques (méthodes des éléments finis, méthode des différences finies).On
admet un calcul approché comme des portiques dans les sens de x et y. Ces
portiques sont étudiés indépendamment l’un de l’autre en prenant chaque fois la
totalité des charges permanentes et d’exploitation (voir fig. 13.13). On obtient
ainsi une série de portiques (dans le cas général à plusieurs travées et à plusieurs
niveaux) dont chacun est étudié comme un système à deux dimensions composé
373
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Chapitre 13. Les planchers

de montants verticaux constitués par les poteaux et de traverses horizontales


définies à partir des bandes de charges correspondantes. On aura des portiques
intermédiaires et des portiques de rive dans les deux sens. Les sollicitations sont
alors déterminées par les méthodes de la Résistance des Matériaux ; les
déformations dues aux efforts tranchants et normaux sont négligées.

Fig. 13.13.
PF - porte à faux; PISX et PISY - portique intermédiaire respectivement dans les sens
de x et y ; 1 - axe des panneaux.

Il existe aussi des méthodes très rapprochées fixant forfaitairement les


valeurs des moments dans les différentes parties (sections) du plancher à des
fractions de la valeur maximale du moment en travée. On peut aussi se servir des
données du tableau 12.10 correspondant au schéma 10.

A partir des valeurs des sollicitations, on détermine les sections d’armatures


inférieures et supérieures dans les différentes directions. Les armatures sont
toujours conçues sous forme de quadrillage (treillis soudés ou attachés) de
mailles carrées ou rectangulaires avec des barres de même diamètre ou de
diamètres différents dans les différentes directions.

Le calcul des planchers - champignons et planchers - dalles par la méthode


d’équilibre limite consiste à supposer que les lignes de rupture (charnières
plastiques) sont disposées comme le montre la fig. 13.14. Les conditions
d’équilibre des forces extérieures et des efforts internes (application du
principe des déplacements virtuels) s’écrit :
374
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Chapitre 13. Les planchers

pLx L y  L x + L y
8 

 2
− 2c +
4 c 3  f s


3 Lx L y  2
[( ) ( )
Asx,sup + Asy,sup z s ,sup + Asx,inf + Asy,inf z s ,inf ]
(13.33)
où,
p est la pression sur la dalle ; Asx,sup , Asy,sup - les sections des armatures
supérieures sur les longueurs Lx et Ly ; Asx,inf , Asy,inf - les sections des armatures
inférieures sur les longueurs Lx et Ly ; zs,sup , zs,inf - les bras de levier des
armatures supérieures et inférieures.

Fig. 13.14. 1 - lignes de ruptures.

En connaissant le rapport Lx/Ly , on peut en déduire un rapport entre les sections


des armatures dans les directions x et y et en fixant un rapport entre les
sections d’armatures supérieures et inférieures, on obtient, en finalité, une seule
inconnue dans l’expression (13.33) ; le problème peut être ainsi résolu.

2.6. Les planchers préfabriqués

Les planchers préfabriqués sont très répandus ; ils sont utilisés aussi bien dans
les bâtiments civils qu’industriels. Avec la préfabrication dans les usines et
parfois sur des aires spécialement aménagées sur chantier, on arrive à
industrialiser la construction et réduire considérablement les temps d’exécution
des travaux.

Les planchers préfabriqués se présentent comme une dalle rectangulaire (forme


habituelle) sans ou avec des alvéoles longitudinales de forme circulaire,
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Chapitre 13. Les planchers

elliptique, ovale ou rectangulaire (fig. 13.15). Les alvéoles ont pour rôle de
diminuer le poids propre de la dalle.

Fig. 13.15. Planchers préfabriqués.


a - dalles de planchers; b - dalles de couvertures.

L’épaisseur h des dalles varie de 5 cm pour pré-dalles préfabriquées à 30 cm


pour les dalles de couverture des usines.

Les largeurs l ont, en général, des valeurs normalisées: 1,00 m; 1,50 m; 2,00 m;
3,00 m; 4,50 m; 6,00 m.

La longueur L (portée) des planchers préfabriqués peut atteindre 12,00 m; les


valeurs courantes sont : 1,50 m; 2,00 m; 3,00 m; 4,50 m; 6,00 m; 9,00 m; 12,00 m.

Les planchers préfabriqués en béton armé sont calculés comme des poutres de
section rectangulaire, en T ou I (H), reposant sur deux appuis simples. La bande
chargée revenant à la poutre est égale à la largeur l de la dalle et les armatures
calculées sont réparties sur cette largeur.

376
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Chapitre 14. Les escaliers

Chapitre 14

LES ESCALIERS

1. GENERALITES

1.1. Définition et fonction

Les escaliers sont des éléments conçus pour assurer la communication entre les
différents niveaux d’un bâtiment. Ils peuvent être préfabriqués ou coulés sur
place. Ils sont logés dans un espace appelé cage d’escalier qui souvent, avec
l’escalier joue un rôle de structure de rigidification du bâtiment, surtout, sous
l’action des forces horizontales.

1.2. Terminologie

Fig. 14.1. M – marche ; CM – contremarche ; P – paillasse ; E – emmarchement ; g –


giron ; NM - nez de marche ; C – collet ; V – volée ; D – départ ; A – arrivée ; PR - palier
de repos.

Un escalier est composé d’un certain nombre de marches (voir fig. 14.1). La
marche M est la partie horizontale ; c’est là où l’on marche. La longueur des
marches est appelée emmarchement E. La largeur d’une marche est notée g et
est appelée giron. La contremarche CM est la partie verticale d’une marche;
377
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-2008-
Chapitre 14. Les escaliers

c’est la partie contre la marche; sa hauteur est notée h et est appelée hauteur
de la contremarche ou encore hauteur de la marche.

Le mur qui limite l’escalier est appelé mur d’échiffre ; il sert souvent d’appui
pour la paillasse. La paillasse est le plafond qui monte sous les marches; elle
supporte les marches et contremarches. La cage est le volume circonscrit à
l’escalier. La projection horizontale d’un escalier laisse au milieu un espace appelé
jour, qui peut être nul ou être assez grand pour loger un ascenseur. Le collet est
le bord qui limite l’escalier du côté du jour. La ligne de foulée est la courbe
décrite par une personne gravissant l’escalier; elle est tracée à 0,50 m en
arrière du collet. Le limon est une poutre droite, courbe ou hélicoïdale sur
laquelle prennent appuis les marches.

L’échappée est la hauteur libre verticale au dessus de la marche; c’est donc la


hauteur de passage d’un obstacle; elle doit être toujours supérieure ou égale à
2,0 m (≥ 2,0 m). Une volée est une suite interrompue de marches; elle peut être
droite ou courbe et comporte au maximum vingt (20) marches.

Le palier (palier de repos, palier de départ et palier d’arrivée) est la partie


horizontale d’un escalier entre deux volées. Le palier de repos est situé entre
deux étages (à mi-distance des étages supérieur et inférieur). A chaque étage,
l’escalier aboutit à un palier d’arrivée qui est en même temps le palier de départ
de l’étage supérieur. La longueur d’un palier est de trois (3) marches au moins.

Du côté du vide, les volées et paliers sont munis d’un garde-corps ou rampe.
Deux volées parallèles sont réunies par un (1) ou deux (2) paliers ou par un
quartier tournant.

1.3. Types d’escaliers

En principe, lorsque les dimensions le permettent, on peut adopter le tracé d’un


escalier à n’importe quelle forme de cage. Ainsi, on peut distinguer les types
d’escaliers suivants les plus courants (voir fig. 14.2.) :
- escalier droit (à une ou deux volées);
- escalier à volées parallèles (à volées simples ou doubles);
- escaliers balancés;
- escaliers tournants.

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Chapitre 14. Les escaliers

Fig. 14.2. Différents types d’escaliers.


PD - palier de départ; PA - palier d’arrivée; PR - palier de repos; V - volée; QT - quartier
tournant.

Les escaliers extérieurs permettant l’accès aux immeubles sont appelés perrons;
ils peuvent avoir de formes très variées (voir fig. 14.3.).

Fig. 14.3. Différents types de perrons.

1.4. Dimensions

Les dimensions des escaliers sont fonction de la destination du bâtiment. Pour


déterminer les dimensions des marches (girons g et hauteur h), on utilise
différentes formules empiriques telles que :

2h + g = 59 ... 66 cm (en moyenne h + g = 62 cm)


ou encore
h + g = 43 ... 47 cm (en moyenne h + g = 45 cm).

En pratique, on prend :
h = 14 ... 18 cm (en moyenne h = 15 ... 16 cm);
g = 23 ... 33 cm (en moyenne g = 27 ... 30 cm).
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Chapitre 14. Les escaliers

Un escalier avec g = 29 cm et h = 16 cm de même qu’avec g = 30 cm et


h = 15 cm est très confortable.

L’emmarchement E = 0,60 ... 3,0 m, en général. Pour les bâtiments d’habitation, il


est conseillé d’avoir E ≥ 0,90 m.

Le collet est pris, en général égal à 6 ... 15 cm. Dans tous les cas, l’échappée ne
doit pas être inférieure à 2,0 m.

1.5. Charges sur les escaliers

Sur les escaliers agissent les charges permanentes constituées par le poids
propre de l’escalier (marches + paillasse ou limon) et les charges d’exploitation
constituées par le poids des personnes. Les valeurs des charges d’exploitation
sur les escaliers sont normalisées et sont fonction de la destination du bâtiment
(voir tableau 14.1).

Destination du bâtiment Charge d’exploitation,


en daN/m2
Bâtiments à usage d’habitation et d’hébergement 250
Bâtiments scolaires et universitaires, hôpitaux, maisons de
cultures, bureaux 400
Tableau 14.1. Valeurs des charges d’exploitation sur les escaliers.

2. CALCUL DES ESCALIERS

Le schéma de calcul d’un escalier dépend du type d’escalier, de sa conception et


de la nature des liaisons aux appuis.

2.1. Escaliers à paillasses droites

Les escaliers à paillasse sont généralement calculés comme des corps solides à
ligne moyenne inclinée (voir fig. 14.4). La paillasse, qui est en fait une dalle
inclinée appuyant sur deux contours, est donc assimilée à une poutre inclinée d’un
angle α reposant sur deux appuis. On désigne par p la charge linéaire totale
(charge permanente g due au poids propre de la paillasse et des marches +

380
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-2008-
Chapitre 14. Les escaliers

charge d’exploitation q) sur la poutre, c’est-à-dire la charge par unité de


longueur en projection horizontale.

Dans le cas où les appuis sont tels qu’on n’a que deux réactions verticales (fig.
14.4, a), les valeurs maximales des sollicitations ont pour expression :
L2
Mmax = p (14.1)
8
L
Vmax = p sin α (14.2)
2
L
Nmax = p cos α (14.3)
2

Fig. 14.4.

Dans le cas où l’on a des réactions horizontales et verticales (fig. 14.4, b), on
obtient:
L2
Mmax = p (14.4)
8
L2
Vmax = p (14.5)
2 Lo
L3 pLH
Nmax = p + (14.6)
2 HL0 Lo
L3
Nmin = p (14.7)
2 HLo
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-2008-
Chapitre 14. Les escaliers

En général, les efforts normaux de compression N ne sont pas pris en compte, ils
sont repris par le béton de la paillasse. L’épaisseur de la paillasse varie, en
général entre 6 et 15 cm. Les armatures sont constituées par un quadrillage
avec des fils porteurs inclinés, parallèles à la surface médiane de la paillasse et
des fils de répartition, perpendiculaires à ces premiers (voir fig. 14.5). La
section des armatures porteuses est déterminée à partir des sollicitations
(moments) et celle des fils de répartition est déterminée comme pour des dalles
(As,rep = 0,25As,port ). Il est préférable que l’écartement des fils porteurs n’excède
les 20 cm (en général, 10 ... 15 cm).

Fig. 14.5. Fig. 14.6. Différents schémas de calcul


1 - fils porteurs ; 2 - fils de des escaliers à paillasses droites.
répartition ; 3 - armatures
constructives éventuelles.

Fig. 14.7. Dispositions des armatures principales des paillasses.

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-2008-
Chapitre 14. Les escaliers

Les schémas de calcul des escaliers à paillasse peuvent être aussi comme le
montre la fig. 14.6. Dans ce cas, les charges réparties sur les parties inclinées
(volées) et horizontales (paliers) peuvent être différentes. Dans tous les cas, les
armatures principales doivent être disposées comme le montre la fig. 14.7.

Pour les escaliers coulés sur place, il est prévu, en général un semi encastrement.
On prendra alors les valeurs suivantes pour les moments :
• en travées : Mt = (0,60 ... 0,93)Mo ;
• sur appuis : Ma = (0,20 ... 0,67)Mo
où,
Mo est le moment maximal dans la travée indépendante.

Il sera prévu, dans ce cas des armatures en chapeaux pour reprendre les
contraintes de traction (voir fig. 14.8.).

Fig. 14.8.

Pour les escaliers à paillasses adjacentes (voir fig. 14.9) avec un palier
intermédiaire, les systèmes constructifs peuvent être variés. Les appuis des
paillasses peuvent être des appuis simples ou des encastrements (partiels) et
sont, en général situés au niveau des planchers d’étages; ils sont constitués par
des poutres, voiles ou murs. Il convient de prêter une attention particulière à la
jonction paillasse - palier de repos. Au droit de cette jonction, on prévoit, en
général, une poutre comme le montre la fig. 14.9, c. Un exemple de ferraillage
des escaliers à paillasses adjacentes est donné sur la fig. 14.10.

383
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Chapitre 14. Les escaliers

Fig. 14.9. a.e. - appui éventuel ; p.e. - poutre éventuelle;


PD - palier de départ; PA - palier d’arrivée; PR - palier de repos; V - volée.

Fig. 14.10.

2.2. Escaliers à paillasses hélicoïdales

La paillasse hélicoïdale prend appui sur le contour circulaire constitué par un mur
ou une poutraison (voir fig. 14.11, a). Pour le calcul, on peut procéder de deux
manières. Couramment, on admet des paillasses croisées de portée L telles que
(voir fig. 14.11, b) :
L = (a − b)(3a + b) (14.8)

On calcule alors le moment maximal :

384
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Chapitre 14. Les escaliers

1 2 1
M = pL = p (a − b)(3a + b) (14.9)
8 8

Les armatures principales sont déterminées et disposées comme le montre la fig.


14.11, c. Les armatures de répartition sont placées, soit perpendiculairement aux
armatures principales, soit radialement.

Fig. 14.11. 1 - armatures principales ; 2 - armatures de répartition.

La seconde méthode consiste à calculer le moment tangentiel Mt (moment de


flexion principal) et le moment radial Mr qui est très faible (voir fig. 14.12, a).
On obtient ainsi :
1
Mt = p (a − b)(a + 2b) (14.10)
6
Mr = 0,06 p a r (14.11)

r est le rayon du point considéré.

A partir du moment
tangentiel Mt, on
détermine les armatures
principales circulaires ; le
moment radial Mr conduit
à des armatures radiales
très faibles, elles sont
alors choisies
constructivement et sont
Fig. 14.12. 1 - armatures principales circulaires; placées comme
2 - armatures radiales de répartition. armatures de répartition
perpendiculairement aux

385
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Chapitre 14. Les escaliers

aciers principaux (fig. 14.12, b).

2.3. Escaliers à limons

Comme on l’a défini plus haut, le limon est une poutre inclinée, droite ou courbe,
destinée à supporter les marches. On peut avoir:
- des escaliers à un limon;
- des escaliers à deux limons.

2.3.1. Escaliers à un limon

Le limon peut être:


- central: escalier à limon central; c’est le cas général;
- de rive: escalier à limon unique de rive.

Pour le cas de l’escalier à limon central (voir fig. 14.13, a), les marches sont
calculées comme des consoles encastrées dans le limon (fig. 14.13, b).

Fig. 14.13. a - schéma de ferraillage des escaliers à limon unique; b – schéma de calcul
des marches; c - armatures des marches; d - schéma de calcul du limon. 1 - limon; 2 -
aciers des marches; 3 - marche; 4 - limon central servant d’appui aux marches; 5 -
armatures principales; 6 - armatures de répartition.

La charge sur la marche est constituée par le poids propre de la marche et la


surcharge d’exploitation qu’on prendra par excès : 400 daN/m. Les armatures sont
constituées d’aciers principaux (au moins deux barres) et d’aciers de répartition
(fig. 14.13, c).

Le limon central peut être droit ou courbe (limon hélicoïdal). Le limon droit est
calculé comme une poutre inclinée sous l’action des charges permanentes et
d’exploitation. Le calcul est ainsi identique à celui des paillasses droites.
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-2008-
Chapitre 14. Les escaliers

Le limon hélicoïdal est calcul comme une poutre hélicoïdale. Ce calcul est
identique à celui de la paillasse hélicoïdale. On calcule alors le moment de flexion
maximal par l’expression (14.9) et on en détermine les armatures.

Dans le cas des limons uniques de rive, le calcul en flexion est identique (limon
droit ou limon hélicoïdal) (voir fig. 14.14). A noter qu’ici, il y a lieu parfois,
d’évaluer le moment de torsion et déterminer en conséquence les armatures de
torsion. Quant aux marches, elles sont calculées comme consoles encastrées
dans le limon sous l’action des charges permanentes et d’exploitation. Les
armatures sont disposées comme l’indique la fig. 14.14, a.

Fig. 14.14. a - ferraillage du limon et des marches; b - schéma de calcul des marches;
1 - limon; 2 - aciers principaux (≥ 2 barres) des marches; 3 - aciers de répartition des
marches.

2.3.2. Escaliers à deux limons

Les deux limons sont, en général disposés aux limites de l’emmarchement. Ils
sont constitués par des poutres (cas général) ou par des murs ou voiles en béton
armé. Les marches prennent alors appuis sur ces limons (fig. 14.15). On peut
munir, constructivement, ces marches d’une paillasse mince d’épaisseur 5 cm et
armée d’un léger quadrillage (fig. 14.15, c).

Les marches sont calculées comme des poutres sur deux appuis simples (fig.
14.15, c). Dans le cas où les marches sont munies d’une paillasse, on peut se
limiter à une barre par marche comme armatures principales (fig. 14.15, d). Dans
le cas contraire, il faut au moins deux barres avec des armatures de répartition.

Les limons sont calculés comme des poutres inclinées sous l’action des charges
permanentes et d’exploitation.

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-2008-
Chapitre 14. Les escaliers

Fig. 14.15.

2.4. Escalier tournant à noyau central

Fig. 14.16. a - plan de l »escalier ; b - marches préfabriquées ; c - marches coulées


sur place ; d - schéma de calcul des marches ; e - armatures du noyau central ; M –
marche ; pe - palier de l’étage ; NC - noyau central ; 1 - armatures supérieures en ∅8
ou ∅10 ; 2 - armature inférieures en ∅8 3 - cerces ; en ∅6 ; 4 - vide pour noyau
central ; 5 – épingles ; 6 - armatures des marches ; 7 - barres verticales du noyau
central.

388
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Chapitre 14. Les escaliers

Dans ce type d’escalier, les marches sont construites en porte - à - faux sur un
noyau circulaire. Il faut, en général, 13 marches pour faire un tour complet et
16 marches pour arriver à l’étage supérieur (fig. 14.16, a).

Les marches peuvent être préfabriquées (fig. 14.16, b) ou coulées sur place (fig.
14.16, c). Dans tous les cas, les marches sont calculées comme des consoles
encastrées dans le noyau central (fig. 14.16, d).

Le noyau central est un pilier travaillant en flexion composée. Le moment de


flexion est sinusoïdal le long de la hauteur du noyau central avec une valeur
maximale égale à :
2
Mmax = po d 3 (14.12)
3
où,
po est la charge totale (charge permanente et surcharge d’exploitation)
par mètre carré (m2) de projection horizontale.

Le noyau central est armé par au moins six (6) barres verticales unies par des
cerces (fig. 14.16, e).

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Chapitre 15. Les poteaux et les murs

Chapitre 15

LES POTEAUX ET LES MURS

1. LES POTEAUX

1.1. Généralités

Les poteaux sont des éléments porteurs verticaux qui reçoivent les charges des
planchers pour les transmettre, généralement, aux fondations. Ils sont assimilés
à des barres pour le calcul et travaillent en compression centrée ou excentrée.
Leurs sections transversales peuvent avoir les formes les plus variées (voir fig.
15.1).

Fig. 15.1. Différentes formes de section droite des poteaux.

La forme carrée est très économique, car elle nécessite, à section transversale
donnée, le moindre coffrage. Les formes rectangulaires, en T, en L et en +
permettent d’adapter une section requise à un encombrement donné (possibilité
de loger les poteaux dans les murs sans dépasser l’épaisseur des murs) et aussi
d’augmenter l’inertie dans le sens voulu. Les formes circulaires et autres
semblables (hexagonales, etc...) sont très coûteuses en coffrage. Les sections en
I, H, T, L, + sont coûteuses en armatures transversales et en coffrage.

Les poteaux peuvent être des produits de préfabrication ou être coulés sur
place.

En plus du rôle d’éléments porteurs, les poteaux servent de chaînages verticaux


et participent à la stabilité transversale de l’ouvrage sous l’action des efforts
horizontaux.
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Chapitre 15. Les poteaux et les murs

Selon leurs positions dans un bâtiment, on distingue les poteaux intérieurs, les
poteaux de rive et les poteaux d’angle.

1.2. Elancement. Longueur de flambement

L’élancement λ d’une pièce comprimée est défini comme le rapport de la


longueur de flambement Lf par le rayon de giration i de la section
transversale :
Lf
λ = (15.1)
i
Le rayon de giration i est égal à :
I
i = (15.2)
B
où,
I est le moment d’inertie de la section droite ; B - la section du poteau.
N.B. Dans les calculs de stabilité, on prend toujours le moment d’inertie minimal I
de la section droite.

La longueur de flambement d’un poteau est la longueur du poteau supposé


articulé aux deux extrémités, qui aurait même section et même charge
critique d’Euler que le poteau considéré. La longueur de flambement Lf est
évaluée en fonction de la longueur libre Lo du poteau et des liaisons effectives
aux extrémités.

Pour les bâtiments à plusieurs niveaux, la longueur libre Lo est comptée entre
surfaces de planchers (voir fig. 15.2.). Les valeurs des longueurs de flambement
pour les poteaux isolés sont données sur la fig. 15.3.

Fig. 15.2.

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Chapitre 15. Les poteaux et les murs

Fig. 15.3. Longueurs de flambement des poteaux isolés.

Il convient d’évaluer avec prudence les longueurs de flambement, surtout ne


jamais les sous-évaluer compte tenu des graves dangers que peut entraîner
cette sous-estimation.

Pour les bâtiments à étages multiples, pour lesquels le contreventement est


assuré par des pans verticaux (maçonneries, voiles), c’est-à-dire qu’il y a absence
de déplacements horizontaux et lorsque la continuité des poteaux est assurée,
on admet de prendre :
- pour les poteaux encastrés dans un massif de fondation ou assemblés
à des poutres de planchers ayant au moins la même raideur que lui et le
traversant de part en part:
Lf = 0,7Lo (15.3)

- pour tous les autres poteaux.


Lf = Lo (15.4)

Pour les bâtiments, l’élancement λ ne doit pas dépasser 70 (λ λ ≤ 70) ; ce


dépassement peut être admis jusqu’à 100 (λ λ ≤ 100) seulement pour des cas
exceptionnels de poteaux très faiblement sollicités. Pour les autres ouvrages, on
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Chapitre 15. Les poteaux et les murs

admet de dépasser ces valeurs exceptionnellement. Il est conseillé de prendre,


dans le cas des bâtiments, les valeurs suivantes pour l’élancement (fig. 15.4) :
• λ ≤ 35 pour les poteaux très fortement sollicités;
• 35 < λ ≤ 45 pour les poteaux de assez fortement à très fortement
sollicités ;
• 45 < λ ≤ 60 pour les poteaux de modérément à assez fortement
sollicités ;
• 60 < λ ≤70 pour les poteaux de faiblement à modérément sollicités;
• 70 < λ ≤ 100 pour les poteaux très faiblement sollicités.

Fig. 15.4.

1.3. Evaluation des charges verticales sur les poteaux

Les charges verticales sur les poteaux sont déterminées en tenant compte de la
continuité de la structure (poutres) prenant appui sur eux ; toutefois, on admet
d’évaluer ces charges sans tenir compte de cette continuité, en majorant pour
cela (voir fig. 15.5) :
- de 15% pour les poteaux centraux dans le cas des ouvrages à deux
travées;
- de 10% pour les poteaux intermédiaires voisins des poteaux de rive
dans le cas des ouvrages comportant au moins trois travées.

Les charges sur les poteaux de rive sont évaluées dans l’hypothèse de la
discontinuité de la structure. On majore ainsi la charge verticale pour tenir
compte de l’influence du moment créé par la solidarité du poteau à la poutre qui
n’est pas pris en compte.

Fig. 15.5.

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Chapitre 15. Les poteaux et les murs

1.4. Calcul des poteaux

Les poteaux sont soumis, soit à une compression centrée, soit à une compression
excentrée (flexion composée avec compression) (voir fig. 15.6). Les justifications
sont donc relatives à l’état limite ultime de résistance (ELU-R) et à l’état limite
ultime de stabilité de forme (ELU-SF). Il s’agit, par ces calculs, de déterminer
les sections d’armatures, en totalité comprimées pour le cas de la compression
simple et en totalité ou partiellement comprimées pour le cas de la compression
excentrée. En général, les sections d’armatures sont déterminées par le calcul à
l’état limite ultime de stabilité de forme (ELU-SF) dans les deux cas. Les calculs
se font conformément aux algorithmes exposés dans le chapitre 8.

Fig. 15.6.

1.5. Ferraillage des poteaux et dispositions constructives

Fig. 15.7.

394
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Chapitre 15. Les poteaux et les murs

Les poteaux sont armés de barres longitudinales (armatures principales) et


d’armatures transversales constituées de cadres et d’épingles (voir fig. 15.7).

Le choix, l’espacement et la disposition des cadres, épingles et étriers doivent


satisfaire les dispositions constructives, concernant les éléments comprimés,
énoncées dans le chapitre 8.

Fig. 15.8.

Fig. 15.7.
p.v. - poussée au vide; 1 - armatures longitudinales courbées; 2 - armatures
longitudinales droites; 3 - coude (le béton est chassé); lr - longueur de recouvrement.

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Chapitre 15. Les poteaux et les murs

Le recouvrement des armatures transversales n’est jamais parallèles aux parois


du poteau et doit être sans gondolements (voir fig. 15.8). De plus, il faut éviter
certaines positions des armatures qui créent des poussées au vide (voir fig.
15.9).

2. LES MURS

2.1. Généralités

Il s’agit des murs et parois en béton armé travaillant en compression centrée ou


excentrée, généralement coulés sur place dans des coffrages métalliques ou en
bois. On les désigne souvent sous le nom de murs en béton banché. Ils peuvent
être aussi des produits de préfabrication sous forme de panneaux assemblés aux
noeuds par soudure.

L’épaisseur a des murs varie, en général de 10 cm pour les voiles simples


faiblement chargés jusqu’à 150 cm pour les parois de très grande hauteur
travaillant en compression excentrée.

Les autres dimensions du mur sont telles que :


- la longueur L est au moins égale à cinq (5) fois l’épaisseur du mur (L ≥
5a);
- la hauteur H du mur est telle que l’élancement mécanique λ ne doit
pas dépasser 80 ( λ ≤ 80).

Le ferraillage des murs en béton armé comprend, en général (voir fig. 15.10):
- deux quadrillages, constitués d’armatures verticales et horizontales,
parallèles aux deux parois du mur;
- des armatures transversales, perpendiculaires aux parois, reliant, en
général les armatures verticales.

Les murs peuvent être raidis ou non. Les raidisseurs peuvent être, soit des
poteaux ou contreforts, soit des murs dans la direction perpendiculaire. Pour
qu’un élément puisse être considéré comme raidisseur, il faut que sa dimension
transversale br suivant la direction perpendiculaire au mur soit au moins égale à
trois (3) fois l’épaisseur a du mur (br ≥ 3a) (voir fig. 15.11). Un mur peut être
raidi en plusieurs endroits, avoir des extrémités libres ou raidies.

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Chapitre 15. Les poteaux et les murs

Fig. 15.10. Fig. 15.11. 1 - mur; 2 - raidisseurs


1 - quadrillages; 2 - armatures
transversales.

2.2. Principes de calcul

On notera :

a - l’épaisseur du mur; eo - l’excentricité initiale;


L - la longueur du mur; Lf - la longueur de flambement du mur;
λ - l’élancement mécanique du H - la hauteur libre du mur.
mur;

L’élancement mécanique du mur est déterminé par l’expression :


2L f 3
λ= (15.5)
a
L’excentricité initiale est égale à :
eo = Max  2 cm; Lf /300  (15.6)

La longueur de flambement d’un mur armé est déterminée comme suit:


• Pour les murs non raidis :
- dans le cas d’un mur encastré en tête et en pieds avec un plancher
de part et d’autre :
Lf = 0,8H (15.7)

- dans le cas d’un mur d’un mur encastré en tête et en pied avec un
plancher d’un seul côté :
Lf = 0,85H (15.8)

- dans le cas d’un mur articulé en tête et en pieds :


Lf = H (15.9)
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Chapitre 15. Les poteaux et les murs

• Pour les murs raidis :


- dans le cas des murs non armés horizontalement :
Lf '
Lf = 2
, si Lf’ ≤ b ; (15.10)
 Lf '
1 + 0,5 

 b 
2
et Lf = b, si Lf’> b ; (15.11)
3
- dans le cas des murs armés horizontalement :
Lf '
Lf = 2
, ≤b
si Lf’≤ (15.12)
 Lf '
1 +  

 b 
et Lf = 0,5b, si Lf’> b (15.13)
où,
Lf’ est la valeur de la longueur de flambement obtenue par application des
règles pour les murs non raidis ; H est la hauteur libre du mur (voir fig. 15.12, a);
b est la longueur définie comme suit:
- pour un mur raidi à ses deux extrémités (fig. 15.12, b) :
b = L (15.14)
L étant la distance entre nus intérieurs des raidisseurs;
- pour un mur raidi à une seule extrémité (fig. 15.12, c) :
b = 2L (15.15)
L étant la distance entre nus intérieurs du raidisseur et le bout libre
du mur.

Fig. 15.12.

L’effort normal limite ultime sur le mur (effort normal résistant) est égal à :
B f 
NR,u = α  r c 28 + f s ' As '  (15.16)
 0,9θγ b 

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Chapitre 15. Les poteaux et les murs

Dans cette expression :


γb - le coefficient de sécurité sur la résistance du béton (γγb = 1,5 dans les cas
courants) ; θ - coefficient tenant compte de la durée de la combinaison d’actions
considérée (θ = 1,0; 0,90; 0,85 si cette durée est respectivement supérieure à
24 heures, comprise entre 1 heure et 24 heures et inférieure à 1 heure) ; As’ -
la section des armatures comprimées verticales ; fs’ = fe’/γγs où fe’ est la limite
d’élasticité garantie des armatures ; γs - coefficient de sécurité sur la
résistance des armatures, γs = 1,15 ; Br est la section réduite du mur :
Br = L (a - 2 cm) ; (15.17)

α est un coefficient qui est fonction de l’élancement λ :


- si λ ≤ 50, on a :
0,85
α =
( 35)
(15.18)
1 + 0,2 λ
2

- si λ > 50, on a :
α = 0,6 50 ( λ) 2
(15.19)

Ces valeurs du coefficient α sont données dans le cas où plus de la moitié des
charges est appliquée après 90 jours. Dans le cas où la majorité des charges est
appliquée entre 28 jours et 90 jours, le coefficient α sera divisé par 1,1. Si la
majorité des charges est appliquée avant 28 jours, la valeur de α sera divisée
par 1,2 et dans la formule (15.16), il faut remplacer fc28 par fcj ;

De l’expression (15.16), on peut déduire la section d’armatures verticales As’


sous l’action d’un effort normal ultime Nu :
αBr f c 28
Nu −
0,9θγ b
As’ = (15.20)
αf s '
où, Nu est l’effort normal ultime sollicitant.

Les armatures verticales sont disposées, en général, le plus proche des parois
avec un espacement sv tel que :
sv = Min  3a ; 33 cm  (15.21)

Le pourcentage minimal ρv des armatures verticales dans une bande verticale


donnée (à noter que le pourcentage d’armatures verticales peut varier d’une
bande à l’autre et que ρv concerne les armatures des deux faces du mur)
rapporté à la section horizontale de cette bande est donné par l’expression :
399
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-2008-
Chapitre 15. Les poteaux et les murs

 400  3σ u  1 
ρv = Max 0,0015 θ − 1;  (15.22)
 f e  σ u ,lim  1000 
où,
θ = 1,00 pour un mur intermédiaire et θ = 1,40 pour un mur de rive ;
σu - la contrainte ultime, déterminée à mi-hauteur, en supposant une
distribution plane des contraintes normales ; σu,lim - la contrainte ultime limite :
N R,u
σu,lim = (15.23)
aL

En cas de compression excentrée du mur, on dégage une bande verticale de


largeur donnée (1,00 m par exemple), on calcule les sollicitations
correspondantes et on détermine les sections des armatures verticales.

Les armatures horizontales peuvent être constructives ou déterminées à partir


des efforts de flexion agissant dans le plan horizontal. Dans ce dernier cas, les
armatures horizontales sont déterminée à partir des sollicitations (moments de
flexion) calculées, en général pour une bande horizontale de largeur déterminée
(1,00 m par exemple). Dans tous les cas, l’espacement des armatures
horizontales sur les deux faces, ne doit pas dépasser 33 cm ; elles sont
distribuées de façon uniforme sur la longueur L du mur. Ces armatures doivent
être retournées sur l’épaisseur du mur aux extrémités du mur et aux bords
libres qui limitent les ouvertures. Le pourcentage minimal ρh des armatures
horizontales, rapporté au volume total du mur ou de l’élément considéré, est égal
à:
2
ρh = Max  ρv ; 0,001  (15.24)
3

Les armatures transversales sont disposées pour maintenir les armatures


verticales prises en compte dans le calcul. L’espacement de ces armatures
transversales ne doit pas dépasser 15 fois le diamètre des armatures verticales.

Dans le cas où il y a un effort tranchant agissant, la justification aux


contraintes tangentes et le calcul des armatures transversales éventuelles sont
obligatoires conformément aux règles énoncées dans le chapitre 9 et en
respectant toutes les dispositions constructives. Dans le cas où la contrainte
tangente τu reste inférieure à 0,05fc28 /γγb et que l’effort normal est une
compression, il est admis de ne pas procéder à une justification du mur sous
sollicitations tangentes ultimes.

400
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-2008-
Chapitre 16. Les fondations

Chapitre 16

LES FONDATIONS

1. GENERALITES

1.1. Définition et fonctions

La fondation est la partie de l’ouvrage qui est en contact avec le sol auquel elle
transmet les charges de la superstructure. C’est donc un élément très important
et très particulier de l’ouvrage. En effet, la fondation :
- reçoit toutes les charges de la superstructure ;
- doit pouvoir résister, être rigide (ne pas subir de déformations
importantes) et stable sous l’action de ces charges ;
- doit transmettre les charges de façon optimale au sol (c’est-à-dire de
manière à ne pas causer des désordres et des déformations
importantes et différentielles du sol ;
- subit à son tour les déformations d’origines différentes du sol ;
- doit pouvoir résister, être rigide et stable sous l’action de ces
déformations du sol ;
- doit, sous l’action de ces différentes actions (forces et déformations),
se comporter de façon à ne pas causer de dégâts importants à la
superstructure.

Compte tenu de toutes ces fonctions et particularités, sa conception, son


étude technique et sa réalisation nécessitent une attention particulière.

Dans ce qui va suivre, on se limitera au seul calcul mécanique des fondations en


béton armé. L’interaction sol - fondation, les déformations du sol et de l’ouvrage,
la stabilité du système « sol - ouvrage », les causes des tassements
différentiels, la pathologie des fondations et autres questions analogues, ne sont
traités dans le présent document.

1.2. Types de fondations

Les différents types de fondations en béton armé sont :


- les semelles isolées sous poteaux;

401
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-2008-
Chapitre 16. Les fondations

- les semelles continues (filantes) sous murs et sous un réseau de


poteaux;
- les radiers généraux;
- les caissons et les voiles;
- les pieux.

Les fondations en béton armé peuvent être des produits de préfabrication ou


coulées sur place. Comme éléments préfabriqués pour fondations, on peut citer
les semelles isolées sous poteaux, des semelles sous murs, des pieux et des
éléments en voiles, en panneaux ou en blocs montés sur place pour constituer un
élément de fondation ou la fondation entière.

1.3. Descente des charges et principes de calcul des


fondations

Pour calculer une fondation, il faut, tout d’abord, connaître la valeur et la nature
des forces qui agissent sur elle. Cela dépend, d’une part, de la superstructure et
des charges qui agissent sur elle et d’autre part, de la nature du sol. Pour
connaître les charges dues à la superstructure, il faut faire la descente des
charges sur la fondation, c’est-à-dire :
- déterminer comment les charges s’acheminent du plus haut niveau de
l’ouvrage jusqu’à la fondation ;
- déterminer les valeurs des charges transmises à tous les niveaux
(charges permanents et variables) ;
- faire la somme de toutes ces charges jusqu’au niveau de la fondation et
trouver ainsi les valeurs des forces agissantes sur elle.

Dans le tableau 16.1 est donné un exemple de descente des charges pour un
bâtiment à dix (10) niveaux : R+9 (voir fig. 16.1, a).

Pour les bâtiments d’habitation et d’hébergement de plus de cinq (5) niveaux, il


est admis d’appliquer la loi de dégression des surcharges d’exploitation, qui
consiste à réduire les surcharges à chaque étage de 10% par étage jusqu’à la
moitié de la surcharge sauf pour le dernier et l’avant dernier niveau en partant
du bas (voir tableau 16.2 et fig. 16.1, b).

Cette réduction des surcharges peut être aussi effectuée par le coefficient ψn
déterminé par l’expression suivante :

402
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Chapitre 16. Les fondations

Fig. 16.1.

Poids Charge totale


permanen

d’exploit
Charge
Niveau

charge

ation

propre de Charge totale venant du cumulée


te

la structure niveau (descente des


porteuse charges)
9 G9 Q9 g9 P9 = G9 + Q9 + g9 N9 = P9
8 G8 Q8 g8 P8 = G8 + Q8 + g8 N8 = P8 + N9
7 G7 Q7 g7 P7 = G7 + Q7 + g7 N7 = P7 + N8
6 G6 Q6 g6 P6 = G6 + Q6 + g6 N6 = P6 + N7
5 G5 Q5 g5 P5 = G5 + Q5 + g5 N5 = P5 + N6
4 G4 Q4 g4 P4 = G4 + Q4 + g4 N4 = P4 + N5
3 G3 Q3 g3 P3 = G3 + Q3 + g3 N3 = P3 + N4
2 G2 Q2 g2 P2 = G2 + Q2 + g2 N2 = P2 + N3
1 G1 Q1 g1 P1 = G1 + Q1 + g1 N1 = P1 + N2
0 - - g0 P0 = g0 N = P0 + N1
Tableau 16.1. Descente des charges totales (voir fig. 16.1, a).

403
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-2008-
Chapitre 16. Les fondations

Descente

surcharge
du niveau
des Descente des
Niveau

surcharges surcharges avec Observations


sans réduction
réduction
9 Q9 Q9 Q9 -
8 Q8 Q9 + Q8 Q9 + Q8 -
9 8
7 Q7 0,95 = (1 + 0,90)/2
∑ Qi Q9 + 0,95 ∑ Qi
i =7 i =7
9 8
6 Q6 0,90 = (1 + 0,90 + 0,80)/3
∑ Qi Q9 + 0,90 ∑ Qi
i=6 i=6
9 8
5 Q5 0,85 = (1 + 0,90 + 0,80 + 0,70)/4
∑ Qi Q9 + 0,85 ∑ Qi
i =5 i =5
9 8
4 Q4 0,80 = (1 + 0,90 + 0,80 + 0,70 + 0,60)/5
∑ Qi Q9 + 0,80 ∑ Qi
i=4 i=4
9 8
3 Q3 0,75 = (1 + 0,90 + 0,80 + 0,70 + 0,60 +
∑ Qi Q9 + 0,75 ∑ Qi
i=3 i=3 0,50)/6
9 8
2 Q2 0,7143 = (1 + 0,90 + 0,80 + 0,70 + 0,60 +
∑ Qi Q9 + 0,7143 ∑ Qi
i=2 i=2 0,50 + 0,50)/7
9 8
1 Q1 0,6875 = (1 + 0,90 + 0,80 + 0,70 + 0,60 +
∑ Qi Q9 + 0,6875 ∑ Qi
i =1 i =1 0,50 + 0,50 + 0,50)/8
Tableau 16.2. Descente des surcharges (voir fig. 16.1, b).

2,4
ψn = 0,45 + (16.1)
nS
où,
n est le nombre d’étages ; S - la surface chargée du plancher, en m2.

La loi de dégression des surcharges n’est pas


applicable simultanément avec la loi de
réduction de surface. Cette dernière loi
consiste à adopter un coefficient minorateur
as (as< 1) pour les grandes surfaces (surfaces
d’application des surcharges) et un coefficient
Fig. 16.2. Coefficient de majorateur as (as>1) pour les petites surfaces
2
surface as. S - surface, en m . (voir fig. 16.2). Par cette loi, on se dit que les
chances sont très faibles de voir une grande
surface recevoir la totalité de la surcharge qui
lui est appliquée et que pour les petites surfaces, les chances sont grandes de
voir un dépassement de la surcharge. La loi ne s’applique pas aux planchers
portant dans un seul sens (planchers avec des nervures, par exemple).

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-2008-
Chapitre 16. Les fondations

Le dimensionnement des fondations, c’est-à-dire la détermination des dimensions


des fondations dans le plan se fait à partir des résultats d’essai sur le sol fournit
par un laboratoire. Il est à noter, qu’aujourd’hui, les laboratoires peuvent donner
deux grandeurs différentes caractérisant la valeur maximale des pressions à
faire subir au sol de fondation :
- La contrainte admissible sur le sol, déterminée à partir des
déformations admissibles du sol non compromettantes pour
l’exploitation normale des ouvrages, évaluée en supposant une non
plastification du sol ;
- La contrainte de calcul du sol, déterminée à partir de la contrainte
ultime qui suppose une plastification du sol de fondation.

Notons que ces deux grandeurs sont, fondamentalement, différentes l’une de


l’autre et qu’en principe, la contrainte de calcul est supérieure à celle de la
contrainte admissible.

Couramment, le dimensionnement des fondations se fait à l’état limite de service,


donc avec considération des charges de service (combinaison rare des actions).
Par contre, le calcul de résistance mécanique des fondations (section
d’armatures, résistance du béton) se fait à l’état limite ultime, c’est-à-dire avec
les charges ultimes (combinaisons fondamentales des actions).

Cependant, pour les sols très faibles et très compressibles et les sols instables
(talus, par exemple), le dimensionnement des fondations doit se faire à l’état
limite ultime, c’est-à-dire avec les charges ultimes.

Dans le cas, où l’on dispose de la valeur de la contrainte de calcul du sol, il


convient, en ce moment, de dimensionner la fondation avec les charges ultimes
tout en s’assurant que les déformations causées sont admissibles.

Pour s’assurer de la sécurité de la fondation vis-à-vis des déformations et de la


résistance du sol, il convient de faire les deux calculs, c’est-à-dire dimensionner
la fondation à l’ELS et à l’ELU et considérer le cas le plus défavorable.

Ainsi, si σ sol et σu sont respectivement les valeurs des contraintes


admissibles et de calcul du sol, et Pser et Pu sont les valeurs des charges sur
fondation à l’ELS et à l’ELU, alors on obtient pour la dimension Sf de la fondation
au sol :
Sf = Max Sser ; Su (16.2)

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Chapitre 16. Les fondations

Pser
avec, Sser = (16.3)
σ sol
Pu
et Su = (16.4)
σu

2. SEMELLES ISOLEES SOUS POTEAUX

2.1. Généralités sur les semelles isolées

Fig. 16.3. Semelles isolées soue poteaux.


a - différentes formes de semelles coulées sur place; b - semelles préfabriquées.

Les semelles isolées sont des fondations fonctionnelles conçues sous poteaux.
Elles peuvent avoir une forme carrée, rectangulaire, circulaire, trapézoïdale ou
autre figure dans le plan (fig. 16.3).

Les semelles isolées sont exécutées sur une couche de propreté d’épaisseur 5 ...
10 cm (voir fig. 16.4). Dans le cas des semelles coulées sur place, la couche de
propreté est exécutée sous forme de béton de propreté, dosé en ciment à 150
... 200 kg/m3 coulé sur place. Pour les semelles préfabriquées (fig. 16.3, b), la
couche de propreté est exécutée en graviers ou cailloux.

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Chapitre 16. Les fondations

La hauteur h de la semelle est déterminée de façon que le béton seul soit


suffisant pour prendre les efforts tranchants dus à la réaction du sol; mais dans
tous les cas, on doit avoir h ≥ 15 cm. Selon la valeur de h, on distingue :
- les semelles rigides pour lesquelles
B−b
h≥ + 5 cm (16.5)
4
- les semelles flexibles pour lesquelles
B−b
h< + 5 cm (16.6)
4

L’épaisseur e, c’est-à-dire la hauteur de la semelle à son extrémité doit être telle


que :
e = Max 15 cm ; 6∅ + 6 cm ou 12∅ + 6 cm  (16.7)
où,
la valeur 6∅ + 6 cm est prise quand les barres d’armatures de la semelle sont
sans crochets et la valeur 12∅ + 6 cm est à prendre quand les barres sont
munies de crochets.

Les réactions du sol sous la


semelle se répartissent suivant
des lois très complexes; mais,
pour les calculs pratiques, on
adopte des hypothèses très
simplistes. Ainsi, dans le tableau
16.3 sont montrées les
répartitions des contraintes sur
le sol (réactions du sol) sous
l’action d’une force centrée P
Fig. 16.4. Semelle isolée sous poteau en fonction du degré de rigidité
1 - semelle; 2 - poteau; 3 - couche de de la semelle et de la nature du
propreté. sol.

Dans le cas où la semelle est soumise à l’action d’un moment M, les épures des
contraintes sur le sol vont avoir une forme trapézoïdale (voir fig. 16.5). Les
valeurs maximale et minimale des contraintes sur le sol σmax et σmin sont
déterminées par les formules habituelles de la Résistance des Matériaux :
P M
σmax, min = ± (16.8)
S f Wf
où,

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Chapitre 16. Les fondations

Nature du Nature des semelles


sol semelles rigides Semelles flexibles

Sol
pulvérulent

Sol cohérent

Sol rocheux

Tableau 16.3. Epures de la réaction du sol r. P - la force résultante; B - la largeur de la


semelle.

Fig. 16.5. Différentes formes de répartition des contraintes sur le sol sous l’action
simultanée de P et M.

Sf est la surface de la semelle sur le sol ; Wf - le module de résistance de cette


surface par rapport à son axe perpendiculaire au plan d’action du moment M.

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Chapitre 16. Les fondations

Les premier et deuxième cas (fig. 16.5, a et b) sont admissibles à condition que
σmax ≤ σ sol ( σ sol étant la contrainte admissible sur le sol). Le troisième cas (fig.
16.5, c) est couramment inadmissible (décollement de la fondation du sol) sauf
dans quelques cas rares et cela à condition que :
- la contrainte σmax ≤ 1,33 σ sol ;
- pour l’équilibre des efforts, on ne tiendra pas compte de la partie
« traction » de l’épure des réactions du sol ;
- ce cas résulte d’une combinaison d’actions de très courte durée
d’action, comme par exemple, celle incluant le vent extrême.

2.2. Les semelles rigides

2.2.1. Semelles rigides rectangulaires

Les dimensions A et B (voir fig. 16.6) de la semelle sont déterminées par la


formule suivante :

 Pser Pu 
Sf = AxB = Max  ;  (16.9)
σ sol σu 
avec,
Sf - la surface de la semelle au sol; Pser Pu - les charges totales de service
et ultime sur la semelle ; σ sol , σ u - les valeurs de la contrainte admissible et de
calcul du sol.

En général, quand le poteau est rectangulaire de dimensions transversales axb,


on préfère que le poteau et la semelle aient des sections homothétiques, c’est-à-
a A
dire que = (même rapport des dimensions des côtés) ; mais, cela n’est pas
b B
toujours obligatoire.

Si la semelle est soumise à un moment M, la surface déterminée par la formule


(16.9) doit être majorée en fonction de l’influence du moment, puis, on fait la
vérification des valeurs des contraintes extrêmes sur le sol.

Pour le calcul de résistance mécanique de la semelle, on utilise, en général l’une


des deux méthodes suivantes :
- la méthode des bielles ;
- la méthode des consoles.
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Chapitre 16. Les fondations

Fig. 16.6. Calcul et ferraillage des semelles.

Pour les semelles soumises à l’action d’une force centrée, la préférence est
donnée à la méthode des bielles. Ainsi, par cette méthode, parallèlement aux
côtés A et B, on obtient pour les sections d’armatures (voir fig. 16.6) les
expressions suivantes :
Pu ( A − a )
As,A = (16.10)
8d A f s
P ( B − b)
As,B = u (16.11)
8d B f s
avec,
Pu - la charge totale ultime sur la semelle ; dA , dB - les hauteurs utiles de
la semelle dans les différentes directions (parallèles aux côtés A et B); fs = fe /γγs.

Quand la semelle est soumise à une force excentrée (force de compression P


avec un moment M, voir fig. 16.7), on peut utiliser l’une des deux méthodes. Dans
le cas où le moment M peut changer de sens, il est rationnel d’utiliser la méthode
des bielles en prenant une contrainte réduite sur le sol (réaction du sol) σr de
valeur égale à (voir fig. 16.7, a) :

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Chapitre 16. Les fondations

3σ max + σ min
σr = (16.12)
4

La charge réduite correspondante sera :


Pu,r = σr Sf = σr A B (16.13)

On remarquera que Pu,r est supérieur à Pu ; avec cette valeur de Pu,r, on


détermine les sections d’armatures conformément aux expressions (16.10) et
(16.11).

Fig. 16.7. Epures des contraintes sur le sol.

Dans le cas où le moment ne change pas de sens, il est plus pratique d’utiliser la
méthode des consoles (voir fig. 16.7, b) qui consiste à déterminer les moments
dans les différentes sections de la semelle sous l’action de la réaction du sol. Par
exemple, on calcule les moments M1 et M2 dans les sections s1 -s1 et s2 -s2 où
les moments sont maximaux et on détermine les sections d’armatures à partir
des moments de flexion comme pour les pièces fléchies. Dans les sections
proches des extrémités, les moments sont moindres et on peut diminuer les
sections d’armatures.

2.2.2. Semelles rigides circulaires

Les semelles circulaires sont, en général, conçues sous des poteaux circulaires
(fig. 16.8). Le diamètre D de la semelle est déterminé à partir de la formule
suivante :
411
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Chapitre 16. Les fondations

Pser
D = 2 (16.14)
πσ sol

La méthode de calcul est celle des bielles.


Il y a deux possibilités de ferraillages des
semelles circulaires :
- armatures constituées par deux
nappes de barres orthogonales ;
- armatures constituées par des
cerces.

a) Armatures constituées par des barres


orthogonales : Dans ce cas, on a un
quadrillage de barres orthogonales munies
de crochets avec un lit inférieur de
section As,i et un lit supérieur de section
Fig. 16.8. Semelle circulaire. As,s (voir fig. 16.9). Ces sections
d’armatures sont déterminées par les
expressions suivantes :
Pu ( D − D p )
As,i = (16.15)
3πd i f s

Pu ( D − D p )
As,s = (16.16)
3πd s f s
avec,
Dp - le diamètre du poteau ; di , ds -
les hauteurs utiles.

Selon la valeur du diamètre D de la


semelle, le quadrillage est constitué
Fig. 16.9. Ferraillage par barres différemment ; ainsi :
orthogonales.
• Si D ≤ 1,00 m (diamètre D petit),
on dispose uniformément les barres
avec un écartement constant dans chaque direction (voir fig. 16.10, a). Les deux
barres d’extrémité de chaque direction ne sont pas tenues en compte dans le
calcul pour leur longueur courte.

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Chapitre 16. Les fondations

• Si 1,00 < D ≤ 3,00 m (diamètre D moyen), on divise deux diamètres


orthogonales en trois parties égales et on dispose (voir fig. 16.10, b) :
- dans la partie centrale 50% de la section d’armatures calculée, soit
0,5As,i et 0,5As,s ;
- dans chaque zone latérale 25% de la section d’armatures calculée,
soit 0,25As,i et 0,25As,s.
• Si D > 3,00 m (diamètre D grand), on divise deux diamètres
orthogonales en cinq parties égales et on dispose (voir fig. 16.10, c) :
- dans la partie centrale 30% de la section d’armatures calculée, soit
0,3As,i et 0,3As,s ;
- dans chaque zone intermédiaire 25% de la section d’armatures
calculée, soit 0,25As,i et 0,25As,s ;
- dans chaque zone latérale 10% de la section d’armatures calculée,
soit 0,10As,i et 0,10As,s.

Fig. 16.10. Répartition des armatures dans la semelle. 1 - barres non tenues en compte
dans le calcul ; 0,50, 0,30, 0,25, 0,10 - zones de répartition de 50% , 30% , 25% et 10%
des armatures As calculées.

b) Armatures constituées par des cerces: Les cerces sont des armatures
circulaires retenues par des barres verticales, disposées en qualité d’armatures
de montage (voir fig. 16.11). La section des cerces est ainsi déterminée :
Pu ( D − D p )
As,c = (16.17)
6πdf s
où,
Dp le diamètre du poteau ; d – la hauteur utile (voir fig. 16.11).
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Chapitre 16. Les fondations

L’épaisseur e à l’extrémité de la
semelle, en cm, doit satisfaire la
condition suivante :
e ≥ m ∅ + 3(m + 1) (16.18)
où,
m est le nombre de cerces;
∅ - le diamètre des cerces.

Fig. 16.11. Ferraillage des semelles


circulaires par des cerces. 1 - cerces
de section As,c ; 2 - armatures de
montage pour maintenir les cerces.

2.3. Les semelles flexibles

Les semelles flexibles sont plus économiques sur les sols faibles. Le
dimensionnement de la semelle se fait comme pour les semelles rigides. Le calcul
de résistance mécanique s’effectue par la méthode des consoles comme pour un
élément fléchi (fig. 16.12). Les valeurs maximales des sollicitations sont
développées au point O pour les moments et au point C (C’) pour les efforts
tranchants (fig. 16.13).

Fig. 16.12. Calcul des semelles Fig. 16.13. Epures des sollicitations
flexibles par la méthode des consoles. (moments M et efforts tranchants V)
b, c - épures des réactions du sol. dans la semelle.

Dans le cas d’un diagramme rectangulaire de la réaction du sol (sol rocheux ou


cohérent), les valeurs maximales des sollicitations sont déterminées par les
expressions suivantes :
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Chapitre 16. Les fondations

Pu
Mmax = ( B − b) (16.19)
8
Pu  b
Vmax = 1 −  (16.20)
2  B

Pour le cas des épures triangulaires (sol pulvérulent), les valeurs maximales des
sollicitations ont pour expressions :
Pu  3b 
Mmax = 1 − B (16.21)
12  2 B 
Pu  b
Vmax = 1 −  (16.22)
2  B

A partir moments de flexion, on détermine les sections d’armatures


longitudinales et à partir des efforts tranchants, on calcule les armatures
transversales (voir fig. 16.14).

Le béton peut, à lui


seul, prendre l’effort
tranchant V si et
seulement si la
hauteur utile d de la
semelle vérifie la
condition suivante :
B−b
d ≥ r (16.23
0,1 f cj
Fig. 16.14. Ferraillage des semelles flexibles. où,
1 - armatures longitudinales; 2 - armatures de montage; r est la réaction du
3 - armatures transversales. sol; B, b - les
dimensions de la
semelle et du poteau.
Cette hauteur d doit également satisfaire à la condition de poinçonnement :
Pu
d ≥ γb (16.24)
0,28u m f cj1 2
avec,
Pu - la force de poinçonnement (force ultime); um - valeur moyenne entre
les périmètres des bases supérieure et inférieure de la pyramide formée par les
bielles de compression.

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Chapitre 16. Les fondations

Dans les sections proches des extrémités, les sollicitations sont plus faibles, par
conséquent les sections d’armatures diminuent. Pour les armatures transversales,
on peut augmenter leur espacement et, pour les armatures longitudinales, on peut
arrêter certaines barres. En pratique, on procède par l’une des dispositions
représentées sur la fig. 16.15.

Fig. 16.15. Différentes dispositions des armatures longitudinales.

En cas de moment de valeur Mu = Pu e, on obtient les expressions suivantes


pour les sections d’armatures parallèles aux côtés A et B :
 3e 
Pu 1 + ( A − a )
As,A =
 B
(16.25)
8d A f s

 3e 
Pu 1 + ( B − b)
As,B =
 B
(16.26)
8d B f s

3. SEMELLES FILANTES SOUS MURS

3.1. Généralités

Les semelles filantes ou encore semelles continues sous murs sont conçues sous
des murs porteurs et transmettant ainsi les charges au sol. Elles peuvent être
des produits de préfabrication ou coulées sur place.

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Chapitre 16. Les fondations

Dans le premier cas, la semelle est constituée d’éléments préfabriqués de


dimensions variant, en général, entre les limites suivantes : longueur L = 0,8 ...
2,5 m; hauteur (épaisseur) de rive e = 10 ... 25 cm; hauteur h = 30 ... 50 cm;
largeur B ≤ 3,5 m. Ils sont posés les uns après les autres sur une couche de
propreté (gravier, pierres concassées, gros sable) d’épaisseur 5 ... 10 cm et
distants de 2 à 5 cm les uns des autres (voir fig. 16.16, a).

Dans le deuxième cas, la semelle est coulée sur un béton de propreté avec un
dosage en ciment variant de 150 à 200 kg/m3 et d’épaisseur 5 ... 10 cm. Elle est
coulée sur toute la longueur du mur et ses dimensions transversales sont
identiques à celles des éléments préfabriqués.

Les semelles filantes peuvent être rigides ou flexibles, pleines ou évidées (voir
fig. 16.16, b, c, d). La répartition des contraintes normales sous la semelle
dépend de la rigidité de la semelle et de la nature du sol ; on adopte les mêmes
épures des contraintes que pour les semelles isolées (voir tableau 16.3.).

Fig. 16.16. Semelles filantes sous murs. a - élément préfabriqué pour semelle filante;
b, c, d - semelles flexible, rigide et évidée.

3.2. Calcul

La descente des charges sur semelles continues sous murs se fait, en général,
sur 1,00 m (un mètre) de longueur de mur porteur. Dans ces conditions, les calculs
des semelles filantes sous murs se ramènent à ceux des semelles isolées avec le
côté A connu et égal à 1,00 m (A = 1,00 m). Le calcul de dimensionnement de la
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Chapitre 16. Les fondations

fondation se réduit ainsi à la détermination de la seule largeur B de la semelle.


On détermine, par la suite, la section des armatures As,B parallèles à la largeur
B pour un mètre (1,00 m) de longueur de la semelle filante. Les armatures
perpendiculaires, c’est-à-dire les aciers parallèles à la ligne moyenne de la
semelle continue, sont à définir comme des armatures de répartition (As,A =
0,25As,B ).

4. SEMELLES FILANTES SOUS UN RESEAU DE


POTEAUX

4.1. Généralités

Fig. 16.17. Semelles filantes sous un réseau de poteaux.


1 - poteau; 2 - poutre sur semelle; 3 - semelle; 4 - gousset au droit des appuis; 5 - patin
de la semelle ; 6 - glacis de la semelle.

Les semelles filantes sous poteaux sont utilisées quand les poteaux sont très
proches les uns des autres. Ces semelles sont, en général, conçues dans les deux
directions perpendiculaires et se croisent au niveau des poteaux. On les appelle
aussi des semelles croisées (voir fig. 16.17). Elles sont généralement surmontées
par une poutre de rigidité qui répartit sur elles les efforts concentrés transmis
par les poteaux. Les semelles continues permettent un travail d’ensemble des

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Chapitre 16. Les fondations

fondations, ce qui peut favoriser l’aplanissement des tassements différentiels


des poteaux. Les charges sur les poteaux peuvent être identiques (de mêmes
valeurs numériques) ou différentes ; la charge peut être centrée ou excentrée.
L’espacement des poteaux dans les différentes directions peut être identique ou
différent; parfois dans la même direction, cet écartement peut varier. Quant
aux semelles, elles peuvent être rigides ou flexibles. Aux droits des poteaux, les
sections des semelles et des poutres de rigidité peuvent être renforcées par des
goussets.

4.2. Calcul

Le calcul des semelles continues sous des réseaux de poteaux est plus complexe
et comprend les étapes suivantes:
- la détermination des pressions (lois de répartition des contraintes)
sous la semelle continue longitudinalement et transversalement;
- la détermination des sollicitations développées dans la semelle;
- la détermination des sections d’armatures longitudinales et
transversales.

La détermination des pressions sous la semelle est très complexe et dépend de


plusieurs facteurs : raideur de la semelle ; nature du sol ; nature des forces;
etc... En considérant la semelle filante sur le sol comme une poutre sur assise
élastique, on peut étudier deux cas séparément :
- le cas des poutres longues;
- le cas des poutres courtes.

La poutre est considérée comme longue lorsque la condition suivante est


vérifiée :
L
≥3 (16.27)
m
où,
L est la longueur de la semelle ; m - la caractéristique linéaire de la
semelle, définie comme suit:
4 Eb I b
m = 4 (16.28)
Bk
avec,
Eb - le module de déformation longitudinale du béton ; Ib - le moment
d’inertie de la section droite de la semelle ; B - la largeur de la semelle ; k -
coefficient de raideur du sol de fondation (module de fondation) dont la valeur
419
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Chapitre 16. Les fondations

réelle dépend des caractéristiques de déformation du sol et des dimensions de la


semelle :
Es B
k ≈ (16.29)
0,8(1 − ν s ) S f
2

où,
Es est le module de déformation du sol ; νs - le coefficient de Poisson du
sol ; B - la largeur de la semelle ; Sf - l’aire de transmission de la pression sur le
sol.

Ainsi, pour une poutre longue soumise à l’action d’une seule force ponctuelle de
valeur P (voir fig. 16.18), la résolution de l’équation différentielle de la ligne
élastique permet de trouver les expressions suivantes pour les différentes
grandeurs :
• les tassements :
- pour le schéma 1 :
1 m3
y(x) = Pη1 (16.30)
Eb I b 2
- pour le schéma 2 :
1 m3
y(x) = Pη 3 (16.31)
Eb I b 4
• les moments de flexion :
- pour le schéma 1 :
M(x) = - mPη2 (16.32)
- pour le schéma 2 :
M(x) = 0,25 mPη4 (16.33)
• les efforts tranchants :
- pour le schéma 1 :
V(x) = - Pη4 (16.34)
- pour le schéma 2 :
V(x) = - 0,5Pη1 (16.35)

Fig. 16.18. Différents schémas de chargement des poutres longues sur assise
élastique.

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-2008-
Chapitre 16. Les fondations

avec,
x
− x
η1 = e m cos (16.36)
m
x
− x
η2 = e m sin (16.37)
m
η3 = η1 + η2 (16.38)
η4 = η1 - η2 (16.39)

Ces valeurs des différentes quantités correspondent à la seule force P. Sous


l’action d’un système de forces (en particulier sous l’action de la charge du
poteau suivant), on applique le principe de superposition des effets.

Avec les valeurs des sollicitations ainsi calculées, on détermine les armatures
dans le sens longitudinal (calcul longitudinal), c’est-à-dire les armatures
supérieures et inférieures, parallèles à la ligne moyenne de la semelle et les
armatures verticales transversales sous forme de cadres et étriers.

Les poutres courtes satisfont à la condition suivante :


L
0,75 < ≤3 (16.40)
m

N.B. Si L/m ≤ 0,75, la poutre est très rigide et les déformations de flexion sont
négligées ; on applique en ce moment la formule classique de la Résistance des
Matériaux pour déterminer la pression sur le sol.

Pour les poutres courtes (voir fig. 16.19), les déplacements verticaux
(tassements) sont déterminés par l’expression suivante :

y(x) = a1 +a2 (x4 -1,5L2x2) (16.41)


avec,
2P  9 A 4
a1 = 1 + L  (16.42)
kL  80 C 
2P A
a2 = (16.43)
kL C
A = α4 - 1,5α2 - 0,112 (16.44)
Eb I b
C = 4,8 + 0,0091L4 (16.45)
kB

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Chapitre 16. Les fondations

Dans l’hypothèse d’un seul module de réaction du sol (modèle très simple du sol),
la pression sur le sol est déterminée à partir de l’expression suivante :
p(x) = Bky(x) (16.46)
où,
B est la largeur de la poutre (semelle).

Une fois les pressions


déterminées, on peut
calculer les valeurs
des sollicitations,
c’est-à-dire des
moments de flexion
M(x) et des efforts
tranchants V(x). A
partir des valeurs de
Fig. 16.19. ces sollicitations, on
détermine les
sections des
armatures longitudinales et verticales transversales.

Dans le cas où les caractéristiques de déformation du sol ne sont pas connues, on


admet, dans la pratique, les schémas de répartition des pressions sur le sol qui
suivent en fonction de la rigidité de la semelle et du rapport des charges
transmises par les poteaux :

a) Semelles rigides sous deux poteaux également chargés (voir fig. 16.20)

Fig. 16.20.

Les sollicitations (moment de flexion M et effort tranchant V) maximales aux


points O et O1 ont pour valeurs :
Mo = - 0,5pu c2 (16.47)

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Chapitre 16. Les fondations

Mo1 = 0,5pu (0,25L2 - c2 ) (16.48)


Voext = pu c (16.49)
Voint = 0,5pu L (16.50)
2 Pu
avec, pu = (16.51)
L + 2c

b) Semelles flexibles sous deux poteaux également chargés (voir fig. 16.21)

Fig. 16.21.

Les sollicitations (moment de flexion M et effort tranchant V) maximales aux


points O et O1 ont pour valeurs :
1
Mo = - pu c2 (16.52)
6
1
Mo1 = pu (0,25L2 - c2 ) (16.53)
6
Voext = 0,5pu c (16.54)
Voint = 0,25pu L (16.55)
4 Pu
avec, pu = (16.56)
L + 2c

c) Semelles rigides sous deux poteaux inégalement chargés (voir fig. 16.22).

Dans ce cas, il est plus rationnel de prévoir une semelle de largeur variable telle
que la pression soit la même en tout point sous la semelle (pression uniforme sur
le sol pour éviter les tassements différentiels importants). Pour cela, les
largeurs B1 et B2 doivent être telles que:
( P1 + P2 )( L + 2c) + 3( P1 − P2 ) L
B1 = (16.57)
p ( L + 2c)
( P + P2 )( L + 2c) − 3( P1 − P2 ) L
B2 = 1 (16.58)
p ( L + 2c )

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Chapitre 16. Les fondations

Fig. 16.22.

P1 + P2
avec, p = (16.59)
L + 2c

Les sollicitations sont déterminées comme précédemment. Avec les valeurs des
moments de flexion M et des efforts tranchants V, on détermine les sections
des armatures longitudinales et verticales transversales.

Le calcul transversal des semelles est identique à celui des semelles filantes
sous murs. Il faut seulement noter ici que l’effort vertical revenant à une
tranche (de 1,00 m, par exemple) varie, en général, d’une tranche à l’autre.

5. LONGRINES - POUTRES DE REDRESSEMENT - CHAINAGES


BAS

5.1. Les longrines

Les longrines sont des poutres qui supportent des charges (généralement des
murs) et les transmettent à des semelles (ou à des poteaux) (voir fig. 16.23).
Elles sont, généralement, en contact avec le sol, par conséquent, lui transmettant
une partie de la charge. La charge extérieure est ainsi en équilibre par les
réactions du sol ps et des poteaux Rp :

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Chapitre 16. Les fondations

qL = 2Rp + ps L (16.60)

Dans la pratique, on néglige le


plus souvent la réaction du sol
ps, ce qui est parfaitement
admissible dans le cas des
remblais et d’une couche
compressible.

Le calcul consiste à
Fig. 16.23. Longrines. déterminer les sollicitations
1 – longrine ; 2 - mur; 3 – poteau ; 4 - semelle. (moments de flexion et
efforts tranchants), ce qui se
fait comme pour les poutres.
A partir des sollicitations, on détermine les sections des armatures
longitudinales et transversales.

5.2. Les poutres de redressement

Quand on ne peut pas exécuter une semelle centrée sous un poteau pour une
raison quelconque (par exemple quand on construit au voisinage immédiat d’un
bâtiment existant), on est amené à réaliser des semelles excentrées. Les
poutres de redressement sont conçues pour redresser la semelle excentrée et
limiter les valeurs maximales des pressions pmax sur le sol (voir fig. 16.24, a) en
permettant une répartition uniforme des pressions sous ladite semelle. Ainsi,
elles doivent assurer le redressement de la semelle excentrée et permettre
une répartition uniforme des contraintes sous cette semelle.

La poutre de redressement relie la semelle excentrée à la semelle centrée la plus


proche. Elle permet de compenser le moment d’excentrement M1 = P1 e1 (voir
fig. 16.24, b). Le même effet est obtenu en reposant la poutre de redressement
sur une semelle par l’intermédiaire d’une articulation centrée (fig. 16.24, c).

Pour le calcul de résistance mécanique, on prend la somme des moments par


rapport au point G2 (fig. 16.25), ce qui permettra de déterminer la largeur B1. En
effet, on a, en utilisant les équations d’équilibre (∑Y = 0 et ∑MG2 = 0):
P1 + P2 = R1 + R2 (16.61)
P1 (L + e1 ) = R1 L (16.62)
avec,

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Fig. 16.24. Les poutres de redressement


PR - poutre de redressement; 1 - semelle excentrée; 2 - semelle centrée;
3 - fondation existante; 4 - articulation.

Fig. 16.25. Calcul des poutres de redressement.

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Chapitre 16. Les fondations

R1 = B1 Ap1 ; R2 = B2 Ap2; A - étant l’autre dimension (perpendiculaire) de


la semelle.

On trouve ainsi pour la semelle excentrée :


P1 ( L + e1 )
AxB1 = (16.63)
p1 L
ou encore, si la dimension A est donnée :
P1 ( L + e1 )
B1 = (16.64)
p1 AL

On prendra pour la pression p1 la valeur de la contrainte maximale admissible


sur le sol σ sol ou la contrainte de calcul σ u .

On passe ainsi au calcul des sollicitations (moments de flexion et efforts


tranchants) par la méthode habituelle des sections. A partir des valeurs des
sollicitations, on détermine les sections des armatures longitudinales et
transversales.

5.3. Les chaînages bas

Les chaînages bas sont des poutres reliant les poteaux ou les semelles sous
poteaux. Ils ont pour but de réaliser un ensemble (système de structure) capable
de mieux résister :
- aux efforts horizontaux ;
- aux tassements différentiels.

Les chaînages bas s’opposent aux déplacements horizontaux provoqués par les
efforts horizontaux. Ces efforts horizontaux sont dus aux charges verticales
(charges permanentes et d’exploitation) et horizontales (poussées des terres,
vent, etc ...) (voir fig. 16.26, a).

Les chaînages bas permettent d’aplanir les tassements sous les fondations en
faisant intervenir un ensemble de structures pour prendre les charges locales
(voir fig. 16.26, b). Cela permet de diminuer les tassements maximaux et
d’augmenter les tassements minimaux si les fondations n’étaient pas reliées par
le chaînage (c’est-à-dire si elles étaient isolées).

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Fig. 16.26. Les chaînages bas (cb).


a - reprise des efforts horizontaux par le chaînage bas ; b - grâce au chaînage bas, les
tassements ∆1 et ∆2 des fondations s1 et s2 seront très voisins.

Pour le calcul exact des chaînages bas, il faut connaître les valeurs réelles des
déplacements (déplacements horizontaux et verticaux), ce qui est le plus souvent
très difficile à connaître. Il existe cependant quelques approches simplistes pour
les calculs pratiques d’ingénieurs qui consistent :
- soit à déterminer approximativement les déplacements pour en déduire
l’effort correspondant,
- soit à évaluer l’effort forfaitairement,
- soit à limiter certains paramètres (grandeurs) pour se fixer certaines
hypothèses de calcul.

Le calcul consiste à évaluer les sollicitations (moments et efforts tranchants)


pour après déterminer les sections des armatures longitudinales et
transversales. Les chaînages bas peuvent être fléchis, tendus ou comprimés.
Les armatures, par conséquent, doivent être bien disposées et bien ancrées dans
les poteaux.

6. LES RADIERS GENERAUX

6.1. Généralités

Un radier général est une semelle (dalle) générale couvrant toute la surface au
sol du bâtiment, parfois, débordant en console (voir fig. 16.27).

Les radiers généraux sont utilisés pour plusieurs raisons :


- le sol est de faible résistance;
- les charges sont très élevées;
- les poteaux transmettant les charges sont très rapprochés;
- les charges sont excentrées en rive du bâtiment.

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Chapitre 16. Les fondations

Leurs utilisations supposent:


- qu’il n’y a pas une grande
dissymétrie des charges;
- qu’il n’y a pas possibilité de
tassements différentiels
et une répartition uniforme
des contraintes sur le sol
est possible;
Fig. 16.27. Radiers généraux. a - radier - qu’en présence d’une sous
couvrant l’emprise du bâtiment pression hydrostatique, la
seulement; b - radier débordant en poussée d’Archimède qui en
console. 1 - bâtiment; 2 - radier général. découle ne provoque pas le
soulèvement (flottation) du
bâtiment.

Les radiers généraux se présentent sous diverses formes. Ainsi, on distingue


(voir fig. 16.28) :
- les radiers plans épais;
- les radiers plans nervurés;
- les radiers voûtés;
- les radiers sous forme de planchers - champignons renversés;
- les cuvelages étanches;
- les caissons;
- les voiles ou coques.

6.2. Calcul

Les radiers généraux sont calculés comme des dalles reposant sur assise
élastique et soumises un ensemble de charges transmises par les poteaux ou
murs porteurs. Ce calcul doit tenir compte, d’un côté, des propriétés de
redistribution et des particularités de déformation du sol et, d’autre côté, des
particularités de déformation de la structure en béton armé, c’est-à-dire des
propriétés de plastification et d’adaptation du béton armé. De nos jours, le calcul
des radiers généraux se fait sur ordinateurs. Il existe déjà, sur le marché de
calcul des structures, plusieurs logiciels de calcul des radiers généraux. Certains
sont d’ailleurs très performant et permettent une optimisation de la structure
en prenant, comme critère, le coût minimal de réalisation, c’est-à-dire en premier
lieu un volume minimal de béton et des sections minimales d’armatures.

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Chapitre 16. Les fondations

Fig. 16.28. Différents types de radiers.


a - radier plan épais; b - radier plan renversé; c - radier voûté; d - radier en plancher -
champignon renversé; e - cuvelage étanche; f - caisson; g - radier en coque pour ouvrage
tour; nnp - niveau de la nappe phréatique; t.r. -terrain résistant; v - vide; 1 - cône
d’ancrage; 2 - sous pression; 3 - plate-forme supérieure; 4 - radier; 5 - voile (coque); 6 -
tirant d’ancrage.

Pour le calcul, on utilise généralement les méthodes des éléments finis et des
différences finies. On peut également utiliser un modèle discontinu sous forme
de poutres croisées. On doit aussi préciser qu’il existe plusieurs tableaux et
abaques spécialement élaborés pour le calcul des radiers sous certains cas de
chargement. Ces tableaux donnent les valeurs des sollicitations, des réactions du
sol et d’autres grandeurs (déformations) dans les différentes sections du radier
en fonction du facteur de rigidité du radier et de la nature de la charge. Le
facteur de rigidité du radier est défini, d’une part par les caractéristiques
géométriques et mécaniques du radier et d’autre part par les caractéristiques
mécaniques du sol. Pour un chargement complexe donné, on peut appliquer le
principe de superposition des effets.

Le calcul précis des radiers généraux dépasse ainsi largement le cadre de ce


document. On se limitera seulement à donner quelques conseils pour des calculs
d’ingénieurs très approximatifs, mais acceptables dans la pratique.

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Chapitre 16. Les fondations

Ainsi, un calcul très approximatif des radiers (plans) consiste à les considérer
comme des planchers renversés, même si entre ces deux éléments (plancher et
radier en fondation) il y a des différences fondamentales. A noter que ce calcul
n’est pas économique et quelques rares fois, n’assure pas la résistance du radier
en certaines sections.

La première étape de ce calcul des radiers consiste à faire la descente des


charges sur la fondation. La surface du radier est déterminée par la formule
suivante :
 Ftot ,ser Ftot ,u 
Sr = Max  ;  (16.65)
 σ sol σ u 
où,
Ftot,ser, Ftot,u représente les totalités des charges permanentes et
d’exploitation transmises au sol par l’intermédiaire du radier à l’ELS et à l’ELU ;
σ sol , σ u - les contraintes admissible et de calcul du sol.

En général, le choix du radier est justifié si Sr ≥ 0,70Sb où, Sb est la surface


d’emprise du bâtiment. Si Sr > Sb, le radier va déborder en console (voir fig.
16.27, b).

En présence d’une sous pression, la condition suivante doit être vérifiée pour
éviter le soulèvement du bâtiment:
γGmin ≥ ks Sr pw (16.66)
où,
γGmin - le coefficient de minoration du poids propre théorique de l’ouvrage
(γγGmin = 0,8 ... 1,0) ; ks - le coefficient de sécurité vis à vis du risque de
soulèvement du bâtiment ; pw - la pression hydrostatique sous le radier.

Le calcul de résistance mécanique du radier se fait avec la pression ultime pu,


déterminée après déduction des charges dites flottantes:
Ftot ,u − G flot
pu = (16.67)
Sr
où;
Ftot,u - la totalité de la charge transmise à l’état limite ultime; Gflot - les
charges dites flottantes constituées par le poids du radier et le remblais sur le
radier ; en effet, le radier, par sa masse, s’oppose à la réaction du sol (pression
de calcul), donc il (le radier) est porté gratuitement.

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Chapitre 16. Les fondations

On peut aussi déterminer la pression correspondant à chaque poteau selon la


surface d’impact revenant à ce poteau et faire le calcul avec des pressions pu
de valeurs différentes. Cette méthode est beaucoup plus laborieuse.

Une fois la pression ultime de calcul pu déterminée, le calcul se fait comme pour
les planchers. Dans le cas des radiers plans sans nervures, les schémas de calcul
sont identiques à ceux des planchers - dalles. En cas de goussets au niveau des
appuis des poteaux sur le radier, on rejoint le calcul des planchers - champignons.
Pour le cas surtout des radiers plans sans nervures et sans goussets, il y a lieu de
vérifier le poinçonnement du radier par les formules habituelles.

Pour les radiers plans avec nervures, les principes de calcul sont les mêmes que
pour les planchers en dalles pleines avec poutres secondaires et principales. La
dalle peut se trouver, soit en partie inférieure (cas général et plus rationnel, car
la dalle se trouve dans la zone comprimée de la structure), soit en partie
supérieure.
N.B.: Dans l’élaboration des dessins d’exécution, on ne doit pas oublier
que les schémas de ferraillage sont renversés, c’est-à-dire qu’en travée les
armatures tendues sont en haut et sur appuis, elles sont en bas.

7. LES FONDATIONS PAR PIEUX

7.1. Généralités

Les pieux sont des piliers en béton armé, préfabriqués ou coulés sur place dans
le sol, destinés à transmettre les charges à de grande profondeur (de 5 m à 40
m et même plus). Ils sont de section circulaire ou carrée et rarement
rectangulaire.

Les pieux peuvent être isolés, mais en général, ils sont regroupés par 2, 3, 4, 5 et
même plus; leurs têtes sont reliées entre elles par une semelle épaisse qui
répartit la charge sur chacun des pieux. Cette semelle est isolée sous poteaux et
filante sous murs porteurs (voir fig. 16.29).

Les pieux transmettent les charges :


- soit par effet de pointe (fig. 16.30, a);
- soit par frottement latéral (fig. 16.30, b);
- soit par frottement latéral et effet de pointe (fig. 16.30, c).

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Chapitre 16. Les fondations

Fig. 16.29. Fondations par pieux.


1 - pieux; 2 - semelle isolée sous poteau reliant les têtes des pieux; 3 - poteaux; 4 -
semelle filante sous mur reliant les têtes des pieux; 5 - mur porteur.

Les pieux transmettant les charges par


effet de pointe sur une couche de sol
très résistante sont appelés pieux -
colonnes (fig. 16.30, a).

Les pieux transmettant les charges au


sol entourant non très résistant par
frottement latéral sont appelés pieux
Fig. 16.30. Transmission des charges - flottants (fig. 16.30, b).
au sol. 1 - patte d’éléphant.
A l’effet de frottement latéral on peut
ajouter un effet de pointe en réalisant
des pattes d’éléphant par élargissement des dimensions transversales du pieu en
pointe (fig. 16.30, c).

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Chapitre 16. Les fondations

7.2. Calcul

Le calcul concerne les deux éléments constructifs de la fondation qui sont les
pieux et les semelles.

7.2.1. Calcul des pieux

Nous ne rentrerons pas en détail dans le calcul, on se limitera à quelques


formules très simples permettant d’avoir une idée simple et pratique de la chose.

La longueur des pieux est déterminée en tenant compte des facteurs suivants :
- la profondeur où se situe la couche résistante (pour les pieux -
colonnes)
- la longueur nécessaire pour équilibrer les charges par frottement
latéral (pour les pieux flottants).

Les dimensions de la section du pieu sont déterminées pour que le matériau


puisse résister aux actions qui lui sont appliquées. Pour les pieux flottants, il
faut, en plus, que le frottement aux parois (périmètre des pieux) soit suffisant
pour équilibrer les forces extérieures.

Les pieux sont calculés comme des éléments comprimés ; leur flexion
longitudinale (flambement) n’est tenue en compte qu’au niveau des couches de sol
de très faible résistance. Ils sont armés d’aciers longitudinaux (armatures
principales) et transversaux sous forme de cerces, de cadres et d’épingles.

La capacité portante d’un pieu en béton armé est égale à :


NR,u = Bc fbc + As’ + fs’ As’ (16.68)
où,
Bc est l’aire de la section droite du pieu ; fbc - la contrainte de calcul du
béton ; As’ - la section des armatures longitudinales ; fs’ - la contrainte de calcul
des armatures.

Ainsi, sur chaque pieu, l’effort ultime Nu transmis doit être tel que:
Nu ≤ NR,u (16.69)

Pour les pieux - colonnes transmettant les charges par effet de pointe, la
condition suivante doit être respectée au niveau de la pointe du pieu:
Nu ≤ Bc,p σR,u (16.70)
où,
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Chapitre 16. Les fondations

Bc,p est la section de la pointe du pieu ; σR,u - la contrainte de calcul du sol


sous la pointe, déterminée comme suit:
 pour les pieux battus ancrés dans un sol rocheux ou cohérent
très compact de consistance solide, on a, en général σR,u =
15 ... 20 MPa;
 pour les pieux coulés sur place, ancrés dans un sol rocheux à
plus de 50 cm, on a :
σ R ,c  hp 
σR,u =  + 1,5  (16.71)
γ R ,c d 
 p 
où,
σR,c est la limite de résistance du sol rocheux ; γR,c - le coefficient de
sécurité sur σR,c : γR,c = 1,4 ... 1,5; hp , dp - respectivement profondeur de
scellement (d’encastrement) et diamètre extérieur de la pointe du pieu, en
mètre (m).

Pour les pieux flottants transmettant les charges par frottement latéral et par
effet de pointe, la condition suivante doit être respectée :
n
Nu ≤ γk (σ
σR,u Bc + up ∑ f i hi ) (16.72)
i =1

où,
γk est le coefficient tenant compte de l’homogénéité du sol et des
conditions d’exploitation : γk = 0,7 ... 1,0 ; σR,u - la contrainte de calcul du sol
sous l’extrémité inférieure du pieu ; Bc - la section du pieu à l’extrémité
inférieure (patte d’éléphant) ; up - le périmètre extérieur de la section droite du
pieu ; fi - la contrainte de calcul de la couche i du sol aux parois du pieu ( i = 1, 2,
... , n), sa valeur dépend de la nature et de l’état du sol ; hi - la hauteur
(épaisseur) de la couche i.

Les pieux battus doivent, en plus, résister à l’action des charges de montage.

7.2.2. Calcul des semelles

Les semelles reliant les têtes des pieux sont, en général, calculés comme les
semelles isolées sous poteaux. Néanmoins, on doit préciser qu’il existe plusieurs
approches (hypothèses) et les formules obtenues pour évaluer la résistance de la
semelle sont différentes selon les théories. Ici, on se limitera à fournir quelques
formules pratiques pour déterminer les sections d’armatures selon le nombre de
pieux regroupés et le type de ferraillage adopté.

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Chapitre 16. Les fondations

La hauteur h de la semelle est prise pour qu’elle soit assez rigide pour répartir
également la charge sur les pieux ; elle est, en général, prise égale à :
h = (0,5 ... 1,5)(Lp - 0,5b) (16.73)
où,
Lp est la distance entre axes des pieux ; b - la dimension du poteau dans le
sens de Lp.

a) Semelle sur deux pieux

Il y a deux bielles de compression. En cas


d’une force centrée Pu (fig. 16.31), chaque
pieu recevra une force de compression Nu
égale à :
1
Nu = Pu (16.74)
2

La hauteur h de la semelle est généralement


prise égale à :
h = (0,6 ... 0,7)(Lp - 0,5b) (16.75)

Pour une semelle sur deux appuis, la section


des armatures inférieures As,i est déterminée
par la formule suivante :
Fig. 16.31. Semelle sur 1,15Pu L p  
deux pieux. As,i = 1 − b  (16.76)
1- armatures principales As,i ; 4hf s  2 L p 

2 - armatures de
construction ; Les armatures supérieures sont disposées
3 - armatures transversales. constructivement, leur section As,s est
généralement prise égale à 15 … 25% de la
section de As,i (As,s = (0,15 ...0,25)As,i).

Les armatures transversales sont constituées par des cadres et épingles,


espacés de 8 ... 12 cm, en général. Ce système de ferraillage doit permettre à la
semelle de pouvoir résister à d’éventuels efforts que peuvent provoquer des
erreurs d’exécution (excentrement du poteau ou des pieux).

En cas de moment extérieur M, il se passe une surcompression d’un pieu et une


décompression de l’autre pieu. Les pieux recevront successivement une force de
compression :

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Chapitre 16. Les fondations

Pu M
Nu,s = + (16.77)
2 Lp
Pu M
Nu,d = − (16.78)
2 Lp

Pour le calcul, on peut utiliser la méthode des bielles en prenant une force
réduite Pu,r égale à :
Pu,r = 2Nu,s (16.79)

La section d’armatures équivaut, dans ce cas, à :


Pu ,r L p  
As = 1 − b  (16.80)
4hf s  2 L p 

b) Semelle sur trois pieux

Fig. 16.32. Semelle sur trois pieux. Fig. 16.33. Deux types de ferraillage
1 - pieux; 2 - semelle; 3 - poteau. de la semelle :
a - ferraillage avec des cerces et des
médianes ; b - ferraillage avec des
cerces et un quadrillage

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-2008-
Chapitre 16. Les fondations

Il y a trois bielles de compression. En cas de force centrée Pu (fig. 16.32),


chaque pieu recevra une force de compression Nu égale à :
Pu
Nu = (16.81)
3
La hauteur h de la semelle est, en général, prise égale à :
h = (0,7 ... 0,9)(Lp - 0,5b) (16.82)

Couramment, on utilise deux types de ferraillage (voir fig. 16.33):


- ferraillage en cerces avec des armatures médianes (fig. 16.33, a);
- ferraillage en cerces avec des armatures en quadrillage (fig. 16.33, b).

Dans le premier cas de ferraillage, la section des cerces est déterminée par la
formule suivante :
Pu L p  
As,c = 1 − b  (16.83)
12hf s  2 L p 

et la section des armatures médianes est égale à :
Pu L p 3  
As,m = 1 − b  (16.84)
36hf s  2 L p 

Dans le deuxième cas de ferraillage, la section des cerces est déterminée par
la formule :
Pu L p  
As,c = 1 − b  (16.85)
9hf s  2 L p 

et pour le quadrillage, la section totale des armatures dans chaque sens est prise
égale à :
As,q = (0,2 ... 0,3)As,c (16.86)

c) Semelle sur quatre pieux

Il y a quatre bielles de transmission des charges. En cas de force centrée Pu (fig.


16.34), chaque pieu recevra une force de compression Nu égale à:
Pu
Nu = (16.87)
4

La hauteur h de la semelle est, en général prise égale à :


h = (0,8 ... 1,0)(Lp - 0,5b) (16.88)

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Chapitre 16. Les fondations

Couramment, on utilise quatre (4) types de


ferraillages (voir fig. 16.35):
- ferraillage suivant les côtés et les
diagonales (fig. 16.35, a);
- ferraillage suivant les diagonales
avec cerces (fig. 16.35, b);
- ferraillage suivant les côtés avec
quadrillage (fig. 16.35, c);
- ferraillage en cerces avec
quadrillage (fig. 16.35, d).

Dans le premier cas de ferraillage, la


section des armatures suivant les côtés est
déterminée par la formule suivante :
Fig. 16.34. Semelle sur Pu L p  
quatre pieux. As,c = 1 − b  (16.89)
8hf s  2 L p 

Fig. 16.35. Différents types de ferraillage de la semelle.


a - ferraillage suivant les côtés et les diagonales ; b - ferraillage suivant les diagonales
avec cerces ; c - ferraillage suivant les côtés avec quadrillage ; d - ferraillage en cerces
avec quadrillage ; 1 - armatures suivant les côtés ; 2 - armatures en diagonales ;
3 - armatures en cerces ; 4 - armatures en quadrillage.

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Chapitre 16. Les fondations

La section des armatures suivant les diagonales est déterminées par l’expression
suivante :
Pu L p 2  
As,d = 1 − b  (16.90)
8hf s  2 L p 

Dans le deuxième cas de ferraillage, on obtient:


- pour les armatures en diagonales :
Pu L p 2  
As,d = 1 − b  (16.91)
16hf s  2 L p 

- pour les armatures en cerces :
Pu L p  
As,c = 1 − b  (16.92)
12hf s  2 L p 

Dans le troisième cas de ferraillage, on obtient:


- pour les armatures suivant les côtés:
Pu L p  
As,c = 1 − b  (16.93)
10hf s  2 L p 

- pour les armatures en quadrillage (dans chaque sens):
3Pu L p  
As,q = 1 − b  (16.94)
40hf s  2 L p 

Dans le quatrième cas de ferraillage, on obtient:


- pour les armatures en cerces:
Pu L p  
As,c = 1 − b  (16.95)
12hf s  2 L p 

- pour les armatures en quadrillage (dans chaque sens):
3Pu L p  
As,q = 1 − b  (16.96)
40hf s  2 L p 

Il est à noter que le ferraillage par cerces est toujours préférable aux
armatures indépendantes suivant les côtés.

On conçoit aussi des semelles qui regroupent 5, 6, 7, 8, 9, 10, 12 pieux. Elles sont
généralement armées avec des cerces et de quadrillages.

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