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/ Charles Andler,...
« De tels hommes sont hop nues pour qu'on les laisse échapper.
Il ne faut pas avoir de cesse qu'on n'ait fait revivre leur effigie;
qu'on ne l'ait cent fois crayonnée sur la muraille (•). *v
(*) Pierre .IAXET, Kes névroses, 1909, chap. L'état mental psychasthéniquo.
I X T U 0 l) U G T 10 13
»v
Errer dans la nature, avec astuce et joie; y dépister et prendre sur
le fait la beauté des choses, comme nous essayons, tantôt par temps de
soleil, tantôt sous un ciel orageux, tantôt dans le plus pale crépuscule,
de contempler tel morceau de côte, avec ses rochers, ses baies, ses
oliviers, dans l'éclairage oit il atteint sa perfection et, pour ainsi dire,
sa maiIrise...
De même, circuler parmi les hommes, pour les découvrir, les
explorer, eu leur faisant du bien ou du mal, ajîn que se révèle leur
beauté propre, ensoleillée cbc{ l'un, orageuse cbc{ l'autre, et, cbe{ un
troisième, épanouie seulement à la nuit tombée et sou<; un ciel
pluvieux ('}. »
III. — Quelle est donc cette pensée, par laquelle celui qui la
porte en lui est enfermé dans une « septuple solitude »? Le
vieux tourment platonicien y est reconnaissable; et il faudra à
Nietzsche vingt-cinq ans de philosophie pour le traduire :
I X T U 0 I) U C T I 0 X 17
NOTE ItlHLIOiiRAlMIIOFE
Rappelons quo nous citons Nietzsche d'après l'édition in-S" des Gesam-
mette Wcrkc parue chez Naumann, il Leipzig, en dix-neuf volumes (1899-
1913). Les t. XVII-X1X contiennent les Philologica. La pagination do celle
édition coïncitlo avec celte de. l'édition in-12, paruo do 1899 à 1901 chez lo
même éditeur, mais d'où les Philologica sont absents, .l'ai tenu compte des
indications nouvolîos quo nous apportent les préfaces et l'appareil critique
do la Taxchenausgabe in-10 (1910-1913). .le n'ai pu encore citer la nouvelle
édition qui a commencé à paraître pendant la guerre, et qui reproduira,
dans l'ordre chronologique, toutes les oeuvres, philologiques ou non, com-
plètes, fragmentaires on posthumes.
Il a paru t\ liorlin et Leipzig, à Vfnschcrtag, sous lo litre do FRIEDRICH
NIEUSCIIB'S Gesammelle tlrief', six volumes do correspondances. Nous les
citons par la siglo Corr. en adoptant la tomaison d'abord projotée par
l'édifcur :
I. Ilriefe an Pinder, h'ruf/, Deussen, etc., i' '2.
M. Urieftcechsel mit Fruin llohdc, 1903.
III. Ih'iefweehscl mit Fr. tiitschl, J. Purckhardt, If. Tainc, G. h'tdler,
von Slein, G. llrandes, 1903.
IV. tiriefean Peler Gasl, 1908.
Y. 1 etIlriefe an Mutter und Schitester, 1909.
2.
VI. liricficechset mit Franz Overbeek, 1910.
Il a paru dans los Mitleilungen ans dem Niclzsche-Archiv, Woimar, chez
R. Wagner, 1908, dix-neuf lettres nouvelles, relatives a des points litigioux
do la vie sonlimontalo do Nietzsche.
Cumnd jo pnrlo dos ouvrages quo Nietzsche possédait dans sa biblio-
thèque, jo m'appuie sur lo catalogue publié par M"" E. Foerstcr-Niolzsche
dans lo recueil II'ARTHUR HIRTIIOLD, liùcher und Wef/e zu liuchcrn, 1900. Le
relevé des livres empruntés par Nietzsche Ma bibliothèque do Baie (1809-
187s) a été fait par AIE-BUT LBVV, Stirner und Miettsche, 1901, appendice.
EIVUE PREMIER
La formation de Nietzsche.
NIETZSCUIÎ a cru de bonne heure que les qualités
éinincntcs de l'esprit et du caractère trouvent
une explication d tus leurs origines et dans une
lente croissance. Personne n'a vénéré autant que lui le
ni\stère de l'individualité irréductible. Mais il a pensé
«pie toute grandeur est, pour une part, un héritage. Coin-
mont se manifeste au dehors ce qui n grandi longtemps
obscurément? La philosophie de Nietzsche le recherchera
d'un ellbrt continu jusqu'au dernier jour. Attachée à défi-
nir le rôle de l'humanité supérieure dans le monde, elle
inventera des hypothèses successives sur les causes qui la
font naître. Un juste orgueil, qui ne fut pas toujours mor-
bide, ramenait parfois à rechercher ainsi le secret de sa
propre formation.
Ma fierté, éerira-t-il, entre 1881 cl 1883,c'est «ravoir une ascen-
dance ; c'est pourquoi je n'ui pas besoin de la gloire... Kn moi surgissent
h la lumière el dans leur maturité maintes choses qui ont eu besoin de
vivre embryonnuirenient, pendant quelques milliers d'années (').
LE MILIEU NATAL
(') Voir dans Kuno Fischer, au volumo sur Pichto, les raisons finement
déveioppées pour lesquelles Fichte est qualifié par lui do prédicateur.
(*) Dans le De Oeconomia Christiana, 1527.
28 L A F 0 lî M AT ION 1) E X l E T Z S C II E
(») KHMJSB, Der Erdrechtsbund (1809), Ed. G. Mollat, 1893, p. 121 sq.
(») Menschliches, I, § 219 (W., II, 199).
(a) Menschliches, II, S 180 (!*'., III, 274).
32 LA F 0 H M A T ION D E X l E T Z S C H I']
II.
(*) Mmc Foerster n'a pas indiqué la source où elle puise liiogr., I, p. 7.
d Der Junge Nietzsche, p. 4. Je donna ses renseignements, un peu com-
plétés, d'après une chronique'de la ville d'Eilenburg pour l'année 1829
publiée dans la Frankfurter Zeitung, 19 septembre 1912.
(*) E. FOERSTBH, Kiniges von unserw Vorfahren (Pan, 1899, p. 2lti).
,'U» LA F 0 H M A T I 0 N D E N 1 K T 7. S C II E
III
KAUMDURG (1830-18Î38)
(',) Zarathustra, Yom Gcsicht und HaUel. (Ur., VI, 232, 233.)
40 LA F 0 R M A T l 0 X D E N l E T Z S C H E
IV
l'FÛRTA (18:>OM8G1)
(') Voir son Tagcbuch do Pforln, thuts V.. FORUSTKII, liiogr., I. pp. 100-120;
Dcrjungc Nietzsche, p. 8JJ.
(») Ibid., p. l>2.
(») Lettre a Mousson, mal 1808 (Corr,, I, p. 102).
48 L A F 0 R MAT l 0 N D E N 1 E T Z S C II E
(') Voir., V, 7.
LA SOUCHE ET L'ADOLESCENCE 49
-
l>.
VIII, 100).
— (») Corr., V, 28, 'M. (s) Corn, V, 27, 2l>, 31.
4
ANOI.KK. — II.
50 L A F 0 R M A T I 0 N D E N I E T Z S C II E
(M IIla comiul d'abord par An.\D, Gesch. der franz. Imolulion, l^'il. —
t') L'orr,, V, 3». -
(») Ibid., V, 33; p. II, 13, 42.
mut Musikcr, Fd. Ucclam, U, p. 203. -
(h) Ibid,, 111, p. 17».
-
(') SIMCMASN, Musik
~ ('i MM., I.
p. II. - (') II, $ 171 (IF., III, 90). — ( 8) Scui-MASN,
I, p. 41.
52 LA F0R MA T l 0 N D E N I E T Z S C II E
lité? Oui, ce sont ceux que nous appelons les génies. C'est
pourquoi les génies suivent dos règles autres et plus hautes
que l'homme ordinaire. Ces règles semblent contredire, à
première vue, nos principes do droit et de morale, mais
elles no sont, sans doute, que les mêmes principos plus
largement interprétés.
Le mystère qui entoure le génie et le pressentiment
qu'on ado ses desseins sont ce qui fascine la foule-. Mais
que lo grand homme so montre dans son aspect vrai; que
les conséquences audaciouscs do ses principos apparais-
sent, les hommes so détournent avec scandale; et le
grand homme demeure abandonné dans sa lutte contre la
vulgarité, où il s'envase. Nietzsche s'explique ainsi la
catastrophe de Wallenstcin et de Napoléon. Dès 1803, il
conçoit l'homme supériour comme un «c immoraliste »,
mais comme un immoraliste qui paie do sa vie l'audace
(l'échapper aux lois.
58 L \ F 0 R M A T l 0 N D E N I E T Z S C II E
BONN (186MS0îij
(•) Lettre de Ilohde à ses parents, 12 juiu 1805, dans CRISIDS, Encin
Itohde, p. 9. —•
NIETZSCHE, Corr., V, 114-117.
(*) Lettre h Mushacke, août 1865, dans E. FOERSTER, Derjunge Nietzsche,
p. 163.
( 3) Ibid. ci Corr., V, 71, 72.
L ' i N T L U E N C E D E R l T S C H L 07
LEIPZIG (1863-18G9)
(»)Voir dans Arnold Hugo, Aus fridierer Zeit., III, p. 338, d'amusantes
anecdotes. Hugo un |our avait découvert chez Httschl un tiroir entier plein
do gants de soirée.
,
L ' 1 N F L U E N C E D E R l T S C H L 73
(') Ibid., t. V, p. 3h
70 LA E 0 11 M AT 1 0 N D E N I E T Z S (MI E
(»)
(') Corr, I, 81.
Ibid., I, 82, 121.
- (•) Ibid., I, 2». — (») Ibid., t, 67. - (») Ibid., î, 89.
DÉCOUVERTE DE S Ç II 0 P E N II A U E R 87
III
C) Corr., I, 07.
(•) Corr., II, 30, 46, GO.
C R l S E D 0 C T R 1 N A L E 103
IV
(') Corr., II, 71. — (») Corr., II, 85 (0 novembre 1868); et aussi,
1,133. Nietzscho reprochait à Brockhaus de n'avoir pas le sens do la philo-
sophie indoue, et d'être un pur philologue. Voir sa lettre a Deusscn.
Corr., I, 303. Il y a la une sévérité excessive. Hermann Brockhaus
(1806-1877) a été sans doute un grammairien rigoureux. Mais ni en matière
d'indianisme ni en matière de zeud, il n'oubliait les" problèmes généraux
do la civilisation; et, sans lui, peut-être Nietzsche n'aurait-il jamais songé
à Zoroastre ni aux lois de Manou. V. Allg. Deutsche Biographie, t. 47.
R E N C 0 N T R E D E W A C N E li 107
LE MILIEU HELVlfllOli:
I/AIUUVKK A It.'.LK
AMJIER. — II. S
114 T R A V A U X D E P IV E P A R A T I 0 N
') V. Die Selbslbiographio ion Johannes Hernoutli I édité par C.-A. Uaii-
M. lliUe, 1007, p. ».
110 T R A V A U X D E P R E P A R A T I 0 X
(l) U prend ses repas fi, la gare centrale chez Hcchcr, avec se? collègues
•lionlicrg et Hartmann. Corr., V. pp. 111, 116.
\'20 T R A V A U X D E P R L P A R A T l 0 X
(') Cela faisait encore six heures déclasse. — Corr,, III, 06.
(*) Ibid., 1, p. 160.
(') Ibid., III, p. 70.
(') Il l'écrira fi Deusscn le 2 juillet 187». — Corr., 1, 183.
124 T IV A Y A U X D E P R E P A R A T I O X
)/ll)YI.LB DE TIUBSCHKN
('; Deitriige zur Quelienkunde und lûitik des Laerlius Diogencs, 1870.
(PItilologica, 1,171-214.)
(*) Corr., III, 89.
L ' l D Y L L E l) Il T R l R S C H E X 137
(*) Philologica, I, p. 215 sq. Les deux premiers chapitres seuls sont do
1870.
(*) Corr., II, 180.
RI8 T R A Y A l" X I) E P II E P A R A T 1 0 X
III
LA GUERRE DE 1870
(«) Corr., III, 121; Y, 101. - (') Ibid., V, 100. - (•) Ibid., V. 11)8.
-
(•l Ibid., I, 170. — (*) Menschliclut, fragments poslb., $ 308 (II., XI, p. I1U).
— («) Vort\, I,
179; 11,208.
LA U U E R R E I) E I 8 7 0 14ÏI
ARDt.BR. — H.
m T' R A Y A U X 1) E P R E P A R A T l 0 N
PAUL DEUSSEN
IIK1NIUCII HOMUNDT
III
(') Corr.,
229, 312.
1, 138, 112. — (*) ibid., I, 301. - (*) Ibid., I, 161, 209, 220, 227.
L E S AMI T I E S lb'îî
MIWIN KOIIDK
() Corr., I, 209.
(') Ibid., I, 312.
lîifi T R A Y A U X I) E P R E P A R A T l 0 N
(») Corr., II, 201. - ( 4) Ibid., II, 185 (1870). — ( 3) Ibid., II, 351.
ICO T R A V A U X I) K P R E P A R A T l 0 N
p) Corr., II, 429, «33. — (f) Ibid., Il, «62. — (») Ibid., II, 265.
L E S A M I T I E S 1GI
( 4)
(•) Corr., II, 221, 165.
Ibid., U, 188, 351. — (")
- (*)
ibid.,
Ibid., II, 241.
II, 218.
- ('; Ibid., Il, 221. ~-
ABDLïn. — II. H
102 T R A V A V X I) E P R H P A R A T I 0 N
(l) Les Cogilata sont des nphorismes quo Rohde notait au jour le jour
sur des carnets intimes. Ils posent constamment la question des emprunts
mutuel £ que sefonlllohde et Nietzsche.On les trouvera u la fin do la mono-
graphie do Rohde par Crtusrus.
t») ROIIDK, Cogitala, g ii, IV), 63.
L E S A M I T I E S 1GÎI
(') llouDE, Cogilala, $ Jiti. — (*) Ibid., $ 77. — (») ibid., S .'i7.
L E S A M I T l E S IGli
(•) RonDE, Cogitala, $ 30, 33, 38, 40.— (*) Corr., II, p. 167. — ( 3) 1er août
1871, Corr., H, 253.
L E S A M 1 T 1 E S 107
(») Corr., II, 221, 232. — (*) Corr.,l, 192; II, 208. — (») ibid., 1,270 (1871).
108 T R A V A U X I) E P R E P A R A T l 0 X
FRANZ OVERBECK
({) Corr., 1, p. 190; V.p. 221. — Julitis I'ICCAKD, dans G.-A. BEIIXOI-LU,
Franz Overbeck, I, p. 100. — Sur lo sens do cotte symphonie, V. plus bas.
(*) V. OVBIIBECK, Christlichkeit der heutigen Théologie, 2* édit., p. 13.
(J) C.-A. tkitxotiLi, Franz Overbeck, 11, p. m. — (*) Ibid., I, p. 72.
172 T R A Y A U X D K P R Ê P A R A T I 0 N
(l) Overbeck ilber Xiet:sches Freundsrhaft :u Rohde und ihm setbst, dans
HEUKOOLU, t. U, p. 157.
L E S A M I T 1 E S 173
VI
{*)
(') Corr., V, 108,
Ibid., V, Ittf.
219. — r1) Corr., V, 270.
- 21 septembre 1878. -
L E S A M I T 1 E S 181
LA Wagner,
nuance du sentiment qui liait Nietzsche et Richard
dans allection pleine de
une dangers, ne
peut s'apercevoir que par la plus difficile analyse.
De certains problèmes généraux touchant les destinées de
la civilisation ne se sont très probablement posés pour
Nietzsche que par son commerce avec le grand musicien.
Nietzsche reçoit de Wagner la direction de sa pensée :
mais il la précise par la réflexion sur les oeuvres wagné-
riennes. lui cela Nietzsche, s'il est redevable à Richard
Wagner, lui a élé utile aussi. Impossible de croire que
Wagner ait compté trouver en Nietzsche seulement un
messager de sa gloire. Il était heureux d'avoir rencontré
un disciple enthousiaste; et flatté qu'un savant, un spé-
cialiste des choses de la Grèce, comparât sa tentative
(*) I/hIsloIre de l'amitié entre Nii («ehocl Wagner est racontée Jour par
tour dans le nouveau livre do M"10 l'ocrster : Wagner und iXictzscho zur
'/Al itircr Freundschaft, lOltî. Toutes les lettres conservées do Nietzsche I'I
Richard et a Cosima Wagner s'y trouvent reproduites. 11 ne semble pas
certain nue toutes les lettres manquantes do Nietzsche soient détruites,
comme on t'affirme A Rayrcuth. Les lettres do Cosima, 1res belles, son:
souvent très mutilées. J.a plupart îles lettres de Htchnrd Wagner nous
étaient déjà connues par la hlogmphlo antérieure de Nietzsche.
L E VOISIN A G E D U G E N I E 183
(') R. WAGXBR, Die fiumt und die Révolution. (Schrifien, 111, p. 15.)]
LE VOISINAGE DU G É N I E 189
(') V. plus lias, p. 210 s?q. h's sources du /,»>/•• sur la Tragédie.
190 L E L I V R E I) E L A T RAG E D I E
(') Mma H. FoBiisTEH, Der junge Nietzsche, p. 292, et dans Wagner mut
Nietzsche zur /cil ihrer Freundschafl, 1915, p. 108, nous apprend nue Hans
de Bfdow, passant a Halo en décembre 1871, avait fait un jour do vaut
Nielzsche cette allusion ainèro. Notre interprétation suppose que Nietzsche
a retrouvé spontanémentl'affabulation ou que le langage do Hans de Hiilow
lui était connu des 1870. Dans les cénacles wagnériens, tous les racontars
se transmettaient très vite.
IE M I» K I) t) C L E l<M>
jusqu'ici, n'a eu la solution de ces émûmes, .le doute que personne ail
soupçonné ici des énigmes... [l).
reviendra parfois, dans ses carnets, jusqu'à ce
Il y
jour tragique de 1888 où, vaincu par la vie, mais touchant
philosophiquement à la victoire, il no pourra plus le
contenir. Alo's, il écrira à Cosima le billet délirant :
( Ariadne, ici. licbe dichl (-) » La conquête de la plus noble
des femmes, voilà le symbole nouveau que s'est forgé son
vouloir dominaient", et l'une des fictions dirigeantes prin-
cipales par lesquelles il fixait sa mobilité sensitive.
L'Fmpi'docle resta une ébauche. Comme le Zaralhus-
trn, il eût été trop étroit pouv contenir toute la pensée de
Nietzsche. Comment expliquer par une affabulation
unique non seulement l'essence, mais aussi la décadence
de la tragédie? 11 fallait, là encore, reprendre et corriger
les idées de Wagner. Oui, certes, Wagner avait dit avec
justesse que la tragédie grecque mourut avec la cité athé-
nienne (J) et avec l'épuisement du Volksgeist qui l'avait
produite (4). Mais n'y avait-il pas contradiction chez
Wagner à prétendre ressusciter la tragédie, (pie le pro-
grès de la pensée abstraite avait ruinée? Sommes-nous
libres de prendre à rebours une évolution naturelle?
Comment penserions-nous par mythes, quand l'habitude
(') Publié d'abord dans le tirage a part dos Gedichte und Spriiche, 189S,
p. 21, EcceIIomo(W., XV.lOO). — C. A.I5EH?OI'LU, Franz Overbeck, t. II, p. 79.
{) M""1 Cosima Wagner a reçu ce billot en janvier 1889. Pour toute
l'interprétation do cet apologue philosophique, nous suivons la solide
hypothèse préalable de G.-A. HEKSOUM-I, Franz Overbeck, t. II, p. 79 sq.,qui.
le premier, a identifié l'Ariane, qui hantera désormais les rêves do Nietzsche,
avec Cosima Wagner. MM Foorsler n'a rien opposé jusqu'ici a cette argu-
mentation que des dénégations sans preuves, dans Wagner und Nietzsche
zur Zeit ihrer Freumlschaft, p. 2iii. On trouvera des rapprochements
nouveaux et probantsdans Hans BÊLANT, Friedrich tXielzsches Leben. pp. 8ti-90.
( 3) H. WAG5EK, Kunst und Révolution : « tïenau mit der Auflosung des
alhenischen Slaals liiingt der Ver fa 11 der Tragoedio zusaramon. » (Schrifien,
III, p. 12.)
(*) H. WAGHER, Das Kunsticerk der Xukunft. (Schrifien, III, p. 10'i.)
L I T l C K S A V L C W A (1 i\ E U :>o:i
(') V.. I'OEHSTBK, Hiogr., II, GO; Wagner und Xielzsche, p. 8S.
L I T l (i E S A V E C W A <i N E II 207
(l) V. plus bas: Les Sources du Livre sur la Tragédie, % VII: Franz Liszt.
(*) H. Wagner, Ibid., IX, 77. — C'est nous qui soulignons.
L I T 1 t! E S A V L C W A (i N E 11 211
(') Musik unit Tragiidie, 1S7I, posthume $ 2,'it. (II'., IX, i>*il.)
ls) II. WAOSEH, Ileethoven. (Schrifien. IX, 21> sq.)
214 L E L I V B E D E L A T B A G E I) i E
(') WAH.MII, Ueber .dio llestimmum) d>'r Oper. (Schrifien, IX, l.'l/.j
(*) Corr.. H, ii{).
218 L E L I V B E DE LA T B A G E I) 1 E
(*) Qu'on veuille se reporter à la lislo des livres empruntés par Nietzsche
h la Mbliothèquo do Balo, publiée par Albert Lévv, Stimer cl Nietzsche,
t'.tOl, Appendice, pp. 93-113.
220 L E L I V B E I) E L A T B A G E D l E
I. — FRIEDRICH SCHl.KGEL
(l) Fr. SniHEGEi, Ueber das Studium der griechischen Poésie. (Jugend-
schriften, 1, 231.)
( 9) Ibid., pp. 237, 213.
LES SOU II G E S : F
.
S (MI L E G E L 223
(Milieu n'est inoins exact. On sait au conlrairo que les Dorions sont les
anciens Héraelides, venus du Nord, race blonde qui diffère notablement
dos Hellènes do la Méditerranée, et qui doit être Identique aux Albanais
d'aujourd'hui.
(M lbid.,\, 271.
Vô
A.NDLBH. — II,
220 L F L I V U F D F L A T 11 A G K I) l F
(M Ibid.,
I, 112. — (")
1,
Ibid.,
-
279. (•)
I, 140.
Ibid., I, 139. — (») Ibid., I, 288, 289. — (M Ibid.,
L F S S 0 U U C F S :
F
.
S G II L F G F L 227
II
111
KR1EDIUCH CREUZKR
«
faculté de symboliser », de » transfigurer par la religion
les choses quotidiennes », où excellait l'esprit hellé-
nique ('). Il ne voit pas que Creuzer a su assez de
mythologie iiidoue pour reconstruire, imparfaitement, un
système assez analogue à la métaphysique schopenhaué-
rienne. Il i\e s'aperçoit pas (pie la ressemblance do ces
mythes indous et égyptiens avec les mythes de Dionysos
ne s'accuse que le jour où sont admises dans la légende
primitive des spéculations orphiques très tardives, élabo-
rées en terre alexaudrinc par une gnose déjà très péné-
trée d'esprit égyptien. Cette grande faute, le mélange de
documents très distants dans le temps, Nietzsche la
refera donc à son tour. Creuzer semble annoncer Scho-
penhauer, parce que, le premier, il a eu cette culture
indianiste où Schopenhauer a nourri son pessimisme ; et
il est le précurseur de Nietzsche, parce qu'il a commis,
le premier, une erreur de méthode où Nietzsche l'a
suivi.
Mais celte erreur n'a pas empoché Creuzer de poser
un grand problème. lia trouvé cette façon nouvelle de
lire les Grecs qui n'est pas dupe de leur sérénité. 11 a su
décrire comment l'imagination homérique couvre de sa
pure lumière et de sa précision plastique un monde de
divinités difformes et une pensée sacerdotale toute vouée à
la contemplationdes secrets cruels de la vie. L'imagination
grecque extériorise toute pensée, la transforme en actes
clairs. Chez les Grecs l'épouvantable Artémis d'Ephèse
court, chasseresse légère, les montagnes d'Arcadic. Il y a là
une déformation naturelle chez un peuple qui veut passer
de la contemplation à l'action (*). Mais les paroles de
IV
OTtaiF.l) MUKLLKR
(') Ibid,, I, 327. S'il advient, comme aux Thargélies d'Athènes, -pi'
Ton précipite doux hommes d'un rocher a litre do lustration, Otfricd Militer
croit qu'on les recueillait dans leur chuto et qu'on tes conduisait a la fion
ttôro. Do môme a Milet, a Puros/a Marseille.
(*) Ibid., I, 311.
L ES S 0 U R CES: 0 .
M U E L L E R 247
(•) Ibid., II, 339 «Ohno Zweifol dosseu Lcidcn. » C'est puro conjecture,
:
et conjecture tmpossiblo, si la mythologie grecque primitive a ignoré les
souffrances do Dionysos.
(*) O. Mikiim, Geschichte der qriechischen l.ilteratur, l" éiltt. |Kd. IleiU.i,
t. I, 311.
(») Ibid., I, 820 8q.
L ES S 0 U il C E S : 0 .
MU E L L E R m
tragédie? La déclaration fameuse d'Aristote (Poétique,
chap. 1Y) ne laisse pas de doute à Otfricd Millier. La tra-
gédie est issue du dithyrambe dionysiaque. U ne songe
pas à y voir une hypothèse que nous avons le droit de
contrôler. Et à propos du texte non moins connu de Pin-
ilarc (') qui nous dit l'origine du dithyrambe, Millier
oublie de se demander si ce texte suffit à nous dire l'ori-
gine do la tragédie.
Pour Otfricd Millier, il y a eu adaptation du dithyrambe
dionysiaque à la tradition de la poésie chorique apolli-
nienne. Le grand conciliateur fut Arion. La poésie dorienne
fournit son choeur régulier, de tenue sévère. Cette disci-
pline rigide met un frein à la fougue du dithyrambe.
Mais le dithyrambe seul pouvait enfanter le drame, saly-
rique ou tragique, parce que son inspiration variait do la
joie orgiaque à la lamentation funèbre ; et parce que, de
tous les dieux, Dionysos est celui dont les hommes se sen-
tent le plus proches. Toutes les représentations mimiques,
dont le culte de Dionysos était l'occasion, servent de pré-
texte à Otfricd Millier pour étayer cette thèse. Non pas
seulement parce qu'on voyait le dieu en personne passer
triomphalement à travers les villes ; ou parce qu'aux
Anthestéries à Athènes il prenait pour épouse, en public,
la femme du deuxième archonte ; ou encore parce
qu'aux Agrionies de Rôotic, on le voyait fuir, et que le
prêtre poursuivait, la hache à la main, une nymphe de sou
cortège; mais surtout,parce que les génies humbles de sa
suite le rapprochaientde l'homme. Les nymphes gracieu-
ses, ses nourrices, les audacieux satyres qui dansaient
avec elles, et qu'on croyait avoir surpris du regard plus
d'une fois dans la solitude des bois et des rochers, il fal-
MUKDltlCU-GOTTLIKIIWtiLCKKll
est aussi un dieu maître dos Ames. Faire vivre, c'est pou-
voir amener du séjour où ils sont, c'est-à-dire du séjour
des morts, les principes vivants qui animeront les plan-
tes et les hôtes. L'aspect sous lequel Dionysos a le plus
de grandeur, est donc celui où il s'appelle Dionysos
Chthonios ou Hadès. Weleker n'ignorait pas cet aspect.
Il ignorait seulement qu'il n'eût pas le droit de le négli-
ger.' dette omission voulue a vicié tout son système (l).
Au contraire, le soubassement social du culte de Dio-
nysos a été mis à nu par Weleker avec netteté. On ne
saurait assez marquer ce trait de l'interprétation welcké-
rienne qui fait pressentir la doctrine d'un Dionysos éman-
cipateur et juge, par lequel sera renversée la hiérarchie
des valeurs anciennes. Avant tout, pour Weleker, Dio-
nysos est le dieu libérateur. U efface les distinctions
sociales. Aux Dionysies rustiques et aux Anthestôries, les
esclaves buvaient avec les maîtres. Les légendes qui disent
les châtiments terribles infligés par le dieu aux races
royales rebelles à son ivresse sont autant de souvenirs
d'une époque où les rois et les familles nobles repous-
saient ce culte révolutionnaire et se le sont vu imposer
par le peuple. L'acceptation du culte do Dionysos est
toujours une victoire do la plèbe rurale. Pisistrate, selon
Hérodote, descendait de Nôléc, comme Godrus et Mélan-
thos, le roi mythique des -patres : c'est pour cela qu'il a
dû encourager le culte dionysiaque, auquel il était, de
naissance, adonné. Son entrée triomphale à Athènes sur
un char ressemblait au triomphe printanicr de Dionysos :
la démocratie athénienne fut prévenue par ce transparent
symbole que les temps du peuple étaient venus. Mais par
(«) Ibid., pp. 216-251.— (') /bid., p. 101. -- (a) Ibid,, p. 217. — Xachtrag
:nr Trilogie, p. 120.
2îi(i I, F L l Y II F 1) F L A T U A (i F D 1 F
VI
J.-.l. BACHOFBN
(«) BACHOFEW, Das Mutterrecht, 4", 49b. — (*) Ibid., 215". — (â) Ibid., Sâ\
133'.
LKS SOUUCFS : J.-J. B A (Ml 0 F F N 201
(') DACHOFEM, Das Mullerrecht, 2101 : « Die vollige Lichlrcinhcit wlrd von
Uionysos nicht erstiegon. »
(') Ibid., 230'.
( 3) Ibid., 229b : « Dcm phallischen Gott der werdenden Welt ist das jniige
frische Leben ain liebsten. »
m L F L 1 Y U I! 1) F L A T U A fi F I) l F
VU
F II AN/. LISZT
(») Corr., V, 214 - (*) Ibid., II, 28.'i. - (») Ibid., Il, 289.
L A V IN 1) F T 11 I B S C II K N 287
(•) Corr.y I, -
200; V, 210. (») Ibid., I, 200.
(>) Corr., l, 203; II, 218, 278, 372. Lo nom do Payreuther llldtter paraît
«lnns une lettre à Holuio du 20 décembro 1871.
288 A K 1 A N F - C 0 S I M A
Il
t'J 0 avril 1872 (t'orr., III, 140). — i«) K. Fournit, tiiogr., II, 1871. —
) V. 1103 Précurseurs de Nietzsche, p. 310 sq.
— (*) t'orr., II, 381.
(V Znkunftfphilologie, Eino lïrwidcrung auf Friedrich Mélodies
Ueburt dor Tragôdie. » Herlln, tlorntrfigcr, 1872,
m A 11 l A N E - C 0 S 1 M A
III
(M Corr.. V, 248.
(*) GLASESAPP, Das Leben Bichard Wagners, t. IV, 423.
(») Lettre à Ûolide, 29 octobre 1872, cité par GLASBSAI>P, V, 32.
(*) R. WAOSBR, Schauspieler und Sdngtr. (Schriftea, IX, 197.)
29S A B t A N F - C (I S I M A
(*) Corr., -Y, 255. — (•) Corr., III, 374 sq. — (») Corr., I, 221.
(«) W., IX, 441.
F 0 N D A T I v> N D F B A Y B F V T II 303
(•) Ce sont les morceaux qu'on Irouvo aujourd'hui au t. IX, pp. 137-1 43,
141-176, 273-284, 42ti-i:iO, 439 il».
(*) Corr., I, 236 — lî. FOERSTEII, Wagner und Nietzsche, 138, 149.
( 3) Corr., I, 231; II, 39U. — GUSBNAI*P, l.eben U. Wagners, V, 8?>.
(*) V. l'article dans K. FOERSTER, Biogr., II, 209.
F 0 N D A T 1 0 N D F B A Y 11 K U T II 305
(') Strauss prétend aussi être un charron (Wagner), qui sait constraire
j">ur les routes nouvelles. « Dass der Wagen, dem sich meino werlen Léser
mit mir haben auvertrauon mûsseu, allen Anforderungen entsprâche, will
ich gleichfalls nicht behaupten. Dcnnoch ziehen unsere wahrhcitsgetreuen
Hfcriclite immer mehrero Nachfolger auf die neue Strasse. » Ibid., p. 375.
— Nietzsche a très bien saisi l'allusion et plaisantera Strauss de son « cha-
riot attelé d'une autruche • (Straussenicagcn). Voir : W., I, 242.
() Six éditions de 1872 à 1873.
(') Projet de préface aux Unzeitgemaessen, W., X, 512 : « Slraussen hielt
ich eigentlich fur niich zu gering : bekacmpfen mochte icli ihn nicht. Ein
paar Worto Wagners in Strassburg. »
(') H/., X, 242.
308 A B 1 A N F
- C 0 S I M A
Mais à cet endroit précisément, Ariane n'y tint plus. Cette histoire,
i'U effet, se passa lors de mon premier séjour à IS'axos... « Tout cela,
s'écria-t-elle épouvantée, c'est du positivisme I de la philosophie à
coup de groin! un informe mélange, uu fumier d'idées, pris dans cent
philosophies I Où comptez-vous en venir ?» — et ce disant, elle jouait
impatiemment de ce fil fameux qui jadis avait guidé son Thésée à
iravers son labyrinthe. — 11 parut ainsi qu'Ariane, eu fait de culture
philosophique, relardait de deux mille années C).
ZOELLNER
Le livre de Zoellner, Ueber die Natur der Komelen,
(1871), avait, aux yeux des hommes de science, des qualités
paradoxales qui devaient séduire Nietzsche : Il faisait aux
physiciens des reproches analogues à ceux que Nietzsche
adressera aux historiens. Succombant sous le fardeau des
connaissances de détail, les physiciens laissaient s'atro-
phier en eux la faculté de réfléchir aux premiers prin-
cipes de la connaissance. Les plus grands, un William
Thompson, un Tyndall n'échappaient pas à ce reproche.
Dans la recherche des conditions préjudicielles qui
rendent la connaissance possible, Zoellner, l'un des
premiers, faisait une part aux raisonnements incon-
scients ; et par là son livre prolongeait Schopcnhaucr. À
des indices extérieurs, ces raisonnements obscurs se
reconnaissaient. On pouvait alors les reconstruire dans la
clarté de la pensée rationnelle. Il apparaissait que la
connaissance, pour se constituer, supposait des inférenecs
latentes sur la constitution intime de la matière. On
pouvait espérer tirer au clair tous les raisonnements
cachés, depuis les plus élémentaires qui nous aident à
nous représenter la matière, jusqu'aux plus complexes,
qui gouvernent nos rapports avec nos semblables. Pour
Zoellner ces raisonnements ne déferaient que par le
degré. Mais leur objet était analogue : une grande soli-
darité joignait los êtres, depuis le règne inorganique
jusqu'au règne humain. Conclusion faite pour réjouir le
schopenhauérisme de Nietzsche.
II
RÉSIDUS DARWINIENS DANS NIETZSCHE
(M Corr., I, 97. • •
(') E. FOIBSTBK, Biogr., II, 322.
(i) DARWIK, Descendance de l'Homme, trad. franc., p. 136.
D A II W I N 329
nos actions passées et par les motifs irri nous ont poussés
à agir? Qu'un de nos instincts soit un jour resté insatisfait,
ce souvenir monte à la conscience. Nous sentons qu'une
tendance obscurément persistante a été refoulée par une
autre. Il n'en faut pas plus pour expliquer le regret, senti-
ment vif d'avoir perdu des satisfactions que nous nous
rappelons inhérentes à cet instinct évincé (l).
Les vivants intelligents et groupés par l'instinct social
en sont-ils à posséder déjà un langage, aussitôt une nou-
velle comparaison se fait. L'homme aura présents à l'esprit,
non seulement ses actes, mais l'opinion de ses sembla-
bles sur ses actes. Le plaisir qu'il a de vivre en société le
rend influençable à cette opinion sociale. Il s'aperçoit que
de certaines qualités sont estimées seules. Et l'analyste
peut se convaincre que ce sont toujours les vertus indis-
pensables à des hommes encore grossiers pour s'associer
en tribus. Instinctivement, aujourd'hui encore, nous ho-
norons l'homme brave plus que l'homme bon, même si
ce dernier est plus utile ; et nous mésestimons la pru-
dence, parce qu'il est bon qu'un homme soit prêt à se sa-
crifier pour la collectivité (*).
Rien n'a frappé Nietzsche autant que la théorie de la
lutte intérieure des instincts pour la vie, d'où sort, par sé-
lection, la moralité supérieure. Selon Darwin, peut-être,
à l'occasion, ne résisterons-nous pas à apaiser notre faim
avec le bien étranger, à satisfaire une vengeance, à évi-
ter un danger aux dépens d'autrui. Mais le temps passe.
Les instincts de sympathie reprennent le dessus. L'image
pourtant de ces satisfactions égoïstes d'autrefois n'est pas
effacée. Cet instinct robuste de bienveillance qui se com-
pare aux actes accomplis comprend qu'il a été sacrifié.
lll
LE NÊO-LAMARCKlSME DE RUBTIMEYBR
(•) Ueber Form und Geschichte des Wirbeltierskeletts. (I\l. Sehr,, t., 05.)
(•) Ibid., I, 60.
344 E T U 1) F S SCI H N T 1 F l Q U F S
Côte d'Azur : «
Je suis comme un ange à qui l'on a coupé
les ailes (l). »
Nietzsche, encore tout wagnérien lui-même, ne se
froissait pas de ces confidences. Le mariage de Gabriel
Monod et de M" 0 Olga Herzen lui fut le prétexte d'une
terrible musique, intitulée d'un calembour : Il envoya
froidement, comme cadeau de noces pour les jeunes
époux, sa Monodie à deux, pour quatre mains.
Les compliments durèrent ainsi des années, hyperbo-
liques et sentimentaux. Les Allemands n'ont pas l'hyper-
bole gasconno; leur fanfaronnade est biblique. Nietzsche
était-il au Splïigen, Malwida le bénissait de se recueillir
«
dans le désert où les prophètes se préparent à leur
mission » (s). Nietzsche lui envoyait ses manuscrits,
Y Avenir de nos Institutions d'éducation, la Philosophie
grecque dans l'âge tragique : Inestimable présent, auquel
Malwida répondait par la « vérité sans poésie » de ses
Mémoires. Puis on jugeait de haut les hommes et les
nations. On s'attristait de leur médiocrité. Un orgueil
profond comme celui de ces sectes mystiques, humbles
d'apparence, indomptables d'ambition au fond, les
schwenckfeldiens, les Moraves, les piétistes, vivait dans
ces wagnériens de la première heure.
Nietzsche a pu recueillir de curieuses observations de
psychologie religieuse dans le commerce de la vieille
fille fanatisée. A force de soupçonner en autrui le fond
«
humain, trop humain » de toutes les 'préoccupations,
comment ces dévots du schopenhauérisme n'eussent-ils
pas. éveillé l'attention du plus clairvoyant d'entre eux sur
leur propre habileté ?
Dénuée de tout talent littéraire vrai, Malwida jugeait
(') On trouvera lo pamphlet dans los Deutsche Schriften de Paul d«) La-
garde, 4' édit., 1903, pp. 37-77.
P A U L DE L A C. A R D F 357
(') «
Ein judaïnfroles Judcntum nls Wellroligion. »
Deutsche Schriften,
p. 58.
(•*) LwHflo*, Deutsche /Sc/friften, p. 08.
(3) Ibid., p. 61.
P A U L D E L A C A R D E 363
() Ibid., p. 74.
{') Ibid., p. 72.
364 LA P REM I E R F «
I N TEM PESTIVE »
0) Ibid., p. 67.
PAUL D F L A G A R D E 36?
(«) Staat und Genius, $ 11 (IX, 156) et notre t. III, Nietzsche et le Pessi-
misme esthétique, chapitre des Origines et de ta lienaissance de ta civilisation.
r*) Vom Nut:en und Nachteil der Historié, posth.. S 23 (X, 276).
368 LA PRE Aï I E RE «IN T E M P E S T I V F »
III
IV
(') UEIHB, Iteise von Miïncheii nath Ganta, ohap. Y. (Werke, lui. KUler,
III, 22»).
(*) Htm», Harzreise. {Werke, III, 43.)
(8) HRIHB, Kinleitung zum Don Quichotte. ( Werke, VII, 317.)
(») MiituciiK, David Strauss, $ ». (t, 209).
<B) Ibid., 8 4. (I, 203.)
388 LA PREMIERE «INTEMPESTIVE»
Hoeldcrlin, un discours délicat et profond. Hégélien
orthodoxe autrefois, il avait depuis longtemps abandonné
les formules du maître qui avait su, par la philosophie,
renouveler la critique ; et ses Kritische Gdnge} ses essais
sur Altes und Neucs ne retenaient qu'un hégélianisme
vivant et modernisé. Rarement, depuis cinquante ans
d'oubli, on avait parlé d'Hoelderlin avec autant de péné-
tration que Vischcr; et personne n'avait mieux senti que
lui le déchirement intérieur qui.avait fait de ce jeune
Souabe le Werther éperdu d'une amante chimérique,
rilclladc ancienne.
Sans doute, il était difficile de rencontrer exactement
les nuances d'émotion dont le poète iVIIypêrion et des
Hymnes avait, depuis tant d'années, imprégné la sensibi-
lité de Nietzsche (•). Mais Nietzsche n'a rien écrit sur Hoel-
dcrlin qui atteigne aux pages de Vischcr sur la destinée
de cette ame tendre et héroïque. Vischer n'avait pas
oublié de dire que cette ame aurait répugné « k toute
la corruption que nous voyons foisonner après la guerre ».
Or, Nietzsche eut le courage de donner comme une
adhésion personnelle de Vischcr au réalisme présent la
plainte chargée d'accusations :
Ce n'est pas toujours par force do volonté, c'est maintes fois par
faiblesse que nous passons outre à ce besoin du heau que ressentent
si profondément les Ames tragiques (').
Je vous juro, devant Dieu, écrivait Wagner, que vous êtes le seul
qui sache ce quo je veux (M.
Lt pour l'instant celte réponse donnait yain de cause à
Nietzsche (). Le satisfaisait-elle, au fond ? On a peine à
le croire, puisque Nietzsche, aussitôt, se sent refoulé dans
sa solitude et qu'il reprend avec plus d'insistance son
vieux projet de « cloître pour les Muscs » ? Si Bayreuth
avait suffi, comment ce cloître aurait-ilété nécessaire? Dans
l'assurance religieuse que Wagner lui envoyait, n'y avait-
il pas déjà une incertitude? La pensée platonicienne de
l'année 1870 remontait donc à son souvenir. Le Montsal-
vat philosophique, qui surveillerait et dirigerait invisible-
inent l'humanité, ne pouvait être gouverné par Wagner
seul. Il y fallait le complément d'une pensée plus sévè-
rement contrôlée.
Pliais offrait un petit château, ouvert sur une pelouse
étendue. Nietzsche se proposait de l'acheter à bas prix.
Un vaste A^s à lambris de style Renaissance permet?
Irait les ^unions de l'Académie platonicienne nouvelle.
Le long des murs de clôture on élèverait des préaux cou-
verts; et la méditation pourrait, en tout temps, se passer
en promenades communes. Parfois, on se retremperait au
contact de l'art : l'Italie voisine constituait un champ
d'exploration infini. Une élite d'hommes viendrait
prendre à Flims un viatique moral qui les accompagne-
rait leur vie durant. Nietzsche reprenait aussi le projet
d'une revue, organe de ce wagnérisme philosophique, et
qui serait élaborée sur les cimes alpestres de FËnga-
dine (s). En attendant, les Unzcitgemasse lietrachtungen
(') C'est le Ponson du Terrait allemand. V. Corr., I, 249, 262; II, 418, 42.3.
A N C 0 I S SES S U R W A ti N E il MO
(') Richard Wagner in Bayreuth, § 7 (W., I, 839) : « Jcder, der sich genau
prûlt, wciss, dassselbst zum'Uelrachtcn einogeheimnissvolleGcgnorschaft,
die des Kntgegenschaucns, gchôrt. So vermôgon wir nun nuch aus soîcher
Entfromdung und Entlegenheil, ihn solbst zu sehen. »
D o u T E s s i: R W A C N E R 401
* («) Gedanken iïber Richard .Wagnor, 1871, £ 30V, 311, 312, 320.(11'., X,
431,433,441.)
(*) Ibid., 5 330, 332. (H'„ X, 112. 113.)
ANDLER. — U. 20
402 LA PREM lÈ R K «
I N TEMPEST 1 VE »
(•) Schopenhauer als Erzieher, posth., g 90. (M'., X, 324.) Tiré d'un frag-
ment de 1874 qui ne devait pas faire partie de Y Intempestive sur Scho-
penhauer.
408 L A D E U X l EM E «
l N T E M P E S T' l V E »
«
souffriince au sujet de Rayreuth » (l), qui no le quittait,
plus, apporta pourtant à Nietzsche le bonheur des pre-
mières réponses favorables. Jacob Burckhardt lui fit un
accueil tout de charme et de scepticisme, et reconnut,
avec un sourire, la supériorité spéculative de son jeune
coUègue. Pour son compte, il revendiquait le seul mérite
d'avoir formé des esprits capables d'un goût personnel eu
matière historique. Peut-être exagérait-il son détache-
ment (*). Sûrement, la différence était profonde entre
l'homme qui, au soir de la vie, jetait un regard satisfait
et un peu mélancolique sur l'oeuvre accomplie, et le jeune
rêveur fougueux qui voyait son «uivre future se lever
dans une aurore. Erwin Rohde, critique minutieux du
style, froissé de la composition abrupte et discontinue,
disait son adhésion chaleureuse aux idées (»).
Vers la fin du mois, Richard et Cosima Wagner aussi
répondirent. Lui, cordial et un peu gros, comme toujours :
J'éprouve un bel orgueil à n'avoir maintenant plus rien a dire; et
à pouvoir vous abandonner tout ce qui reste.
II
LA m* « HVTBMPKSTIVE » : «
Schopenhauer Educateur. »
public... Mais ce sera plus turd, quand nous aurons quelques noms de
plus, que nous ne serons plus le nombre dérisoire d'aujourd'hui.
L'AFFllAiNGIlISSKMEINT
AMITIÉS ET DOULEURS
II
un contrat avec lui ; se lier à lui pnr des voeux, mais aussi
en échange s'emparer d'un gage, d'un symbole maniable
que l'on cache et protège, et auquel est attaché la pro-
tection du dieu; tf° on peut user de luslrations; brûler dans
la tlamine les mauvais démons cachés dans les plantes;
dominer par la musique les bruits maléfiques; 4" il y a
des gestes humains, des formules et des sons qui fascinent
le dieu. Il est hypnotisable comme l'homme; et il n'y a
« LtNTKMI'KSTIVK » SUK « •
ItlCIlAIHl WAliNKIl A HAYllUUTH »
(l) K. FOKRSTKII, Hi»gr., I. Il, p. 2iI. — Wagner und Niet:sche, p. 238 sq. —
Corr., V, 341.
(*) Dans uno ballade de Jnstinus Kerncr, un cavalier, la nuit, franchit,
sans s'en douter, lo lao de Constance pris de glace, et meurt d'effroi sur
l'autre rive, en s'apercovant du danger qu'il a couru à son insu.
446 LA QUATRIEME «INTEMPESTIVE»
dans Richard Wagner in Rayreuth. Nietzsche prévoit que
son amitié avec Wagner sera « remise en question ». Dans
un autre brouillon, il se risquait à dire :
Lisez cet écrit comme s'il n'y était pas question de vous et
comme s'il n'était pas do moi. A vrai dire, il ne fait pas bon parler
de mon écrit parmi les vivants : Il est fait pour lo pays des morts.
Jetant un regard en arrière sur celte nnnéo si tourmentée, il me
semble que toutes les heures heureuses en ont été consacrées à la mé-
ditation et au travail de cet écrit : C'est aujourd'hui mon orgueil
d'avoir pu arracher ce fruit môme à cette époquo ingrate. Peut-être,
malgré la meilleure volonté, ne Paurats-je pas pu, si jo n'avais porté
en moi dès la quatorzième année les choses dont celte fois j'ai osé
parler.
Ainsi Nietzsche ne devait rien à Wagner. Les visions
évoquées par lui le hantaient depuis l'adolescence. L'oeuvre
d'art décrite n'était encore qu'une ombre, entrevue aux
pays où résident les archétypes éternels. Nulle magie ne
pouvait encore la produire au jour. Aucun Rayreuth réel
n'avait chance de ressembler à l'idée platonicienne con-
templée par Nietzsche. Des paroles troubles, qu'il nous
faudra éciaircir, donnaient auî vro une conclusion mena-
çante et ne semblaient plus compter le wagnérisme parmi
les forces vivantes du présent et de l'avenir (').
A peine le fascicule on route, Nietzsche trembla pour
l'accueil qui lui serait fait; et il eut tort. Cosima, si fine
d'habitude, répondait par un télégramme :
Je vous dois aujourd'hui, cher ami, le seul réconfort et la seule
édification quo je goûte, après lc3 fortes Impressions d'art d'ici.
Puisse cela vous suffiro comme remerciement.
Cosima.
Wagner donna dans le piège avec lourdeur; et sa
vanité éclata en cris de joie naïfs :
Ami I votre livre est prodigieux 1 D'où vous vient cette expérience
de moi? Venez donc bientôt I
(«) Menschliches, posth., $S 291, 295 ( W., XI, 98) et en particulier la note
de l'appareil critique où est incriminée M"" Materna ( W., XI, 418).
ARDLKR. — n. 29*
41)4 B A Y R E U T H
Je n'ai pas voulu dire que nous n'avons pas eu d'art jusqu'à ce
jour. Mais il a manqué aux Allemands un art national, tel que le pos-
sèdent, malgré des faiblesses et des décadences passagères, les Italiens
et les Français (*).
Hélas ! ce n'était pas l'art allemand, opposé à Part ita-
lien et français, qu'avait voulu Nietzsche. La musique alle-
mande n'avait-elle pas coulé à pleins bords durant tout le
XVIII' siècle? L'urgent,c'était d'élargir le lit du fleuve perdu
en trop de méandres. Nietzsche y voulait accueillir bien
des sources, les plus minces et les plus torrentielles. Il en
voulait régulariser les berges, par tout un travail fait
dans un esprit latin. Le triomphe de 1876 mettait fin à
cette espérance.
Une autre certitude prenait corps et augmentait la
tristesse de Nietzsche. Une oeuvre naissait, dont Wagner
allait commencer la composition. Dès 1873, devant un
groupe d'amis, dont fut Malwida de Meysenbug, Wagner
en avait lu le livret (*). On savait que le poème s'inspirait
du christianisme le plus thaumaturgique. A la première
rumeur, Nietzsche s'était ému. C'était Parsifal; et pour-
tant VIntempestive contre David Strauss, concertée entre
I,
f 1)
38(i.
Corr., I, 382. - (•) Ibid., I, 382. - (*) Ibid., I, 381. - (*) Ibid.,
D É C E P T l 0 N D K N l E T Z S C II E 457
ERRATUM
J'ai écrit, par erreur, p. 174, que Franz Overbeck avait étudié à
Tûbingen. C'est Goettingen qu'il faut lire. Overbeck n'a pas connu
personnellement Ferdinand-Christian Baur, fondateur de l'École de
Tûbingen ; mais il a dit lui-même que Baur avait été, durant sa
jeunesse, « son modèle en matière de méthode historique ». (V. Chris-
tenium und Kullur, 1919, p. 180.) ' '
,
TABLE DES MATIÈRES
l'ages.
INTRODUCTION 7
LIVRE PREMIER
LA FORMATION DE NIETZSCHE
€HAPITRB i. — La souche et l'adolescence 25
I. Le milieu natal 25
La Saxe Thuringienne, région de la Réforme. — Les
Saxons, instituteurs de l'Allemagne. — Schulpforta,
Wittenberg, Leipzig, lôna. — Raffinement de l'esprit
saxon : Leibniz, Novalis, Otto Ludwig. — La patrie des
arts mineurs et de la grande musique.
IL Les aïeux de Nietzsche et la première enfance, Roecken
(1844-1850) 32
Description de cette lignée de pasteurs. — Sélection
morale de cent années. — La vie au presbytère de
Roecken. — Les parents de Nietzsche.
III. Naumburg (1850-1858) 39
Caractèro de l'écolier Nietzsche. — Sa sensibilité reli-
gieuse. — Ses goûts poétiques : Goethe. — Le don
musical.
IV. Pforla (1856-1864) 46
Caractère de cette école. — 1. Les éludes secondaires de
Nietzsche. — Ses maîtres, ses lectures. — Ses études
musicales. — Nietzsche fonde une société littéraire. —
2. Philosophie de Nietzsche adolescent. — Son christia-
nisme. — Influence d'Emerson et de Fichte. — Détermi-
nisme et liberté. — Culte du génie. — Choix de sa
vocation. — Le « dieu inconnu ».
462 LA J E U N K S S E DE N I E T Z S C II E
Pages.
CHAPITRE II.
— L'Université. — L'influence de Ritschl. '61
I. Bonn (1864-1865) 61
Nietzsche et Deussen. — Expérience do la vie corporative
des étudiants. — Éludes de musique : Bach, Schumann,
.
Berlioz. — Ritschl décide de sa vocation d'helléniste. —
Mélancolie de Nietzsche.
H. Leipzig (1865-1869) 70
Nietzsche y retrouve Ritschl. — Méthode de ce t maître
terrible ». - Ce que Nietzsche apprend de lui. — Pre-
miers travaux de Nietzsche sur Thcognis, Suidas, Aris-
tole, Homère et Hésiode, Simonide. — Le mémoire sur
Diogène Laërce. —L'influence de Ritschl contrecarrée par
les goûts musicaux de Nietzsche. — Découverte de Scho-
penhauer. — Illumination et conversion. — Début de
son amitié pour Erwin Rohde.
III. La crise de I86G et le service militaire 91
Admiration de Nietzsche pour Bismarck. — Nietzsche
artilleur. — Son accident et sa convalescence. — Les •
Democritea. — Comment Nietzsche établit sa méthode.—
Ses doule3 sur la méthode philologique. — Travaux de
philosophie. — Nietzsche découvre son problème propre.
— Projet do voyage à Paris.
IV. Première rencontre de Richard Wagner. — Les adieux à
Leipzig (1868-1869) 105
Richard Wagner chez Brockhaus. — Nomination de
Nietzsche à l'Université do Bàle.
LIVRE DEUXIÈME
Pages.
Pages.
TROISIÈME'
LIVRE
Pages.
III. !A néo-lamarckisme de Riitimeyer 332
OEuvre do Rutimcyer. — Sa critique de Darwin.
—
Apprentissage lamarckien do Nietzsche. — Relation
entre la structure des organismes et leur milieu. —
Origines de la vie. — Son ascension. Évolution
—
des espèces vertébrées. — Naissance et rôlo du cerveau.
— Possibilité do dépasser l'humanité uctuclle. —
Lumarcklsmo biologique et social de Nietzsche.
CHAPITRE II. — L' « Intempestive » contre David Strauss.
L L'amitié de Malwida de Meysenbug 346
Lo passé do M" 0 de Meysenbug. Son waguérismo.
— —
Légers ridicules de cette bonne personne. — Tentative
d'affranchir Cosima Wagner.
II. L'influence de Paul de Lagarde 384
L'oeuvro do co savunt. — Sa critique des religions occi-
dentales d'aujourd'hui. — Définilion do la vie religieuse
véritable. — Relation entre la religion, la civilisation et
lu science. — Conséquences pratiques. — Emprunts faits
a cetto doctrine par Franz Overbeck et Nietzsche.
III. L'Essai de Franz Overbeck : * Ueber die Chrisllichkeit der
heutigen Théologie » "(1873) 308
Le christianisme, fragment d'antiquité survivante.
— Le
pessimisme chrétien. — Sécularisation du christianisme
dans la plus récente théologie. — Uidtcules.de l'apolo-
gétique actuelle. — Nécessité do dépasser lo christla-
niamo et l'antiquité. — Tenlativo do convertir Cosima
Wagner à la libre-pensée.
IV. Le pamphlet de Nietzsche contre David Strauss 380
Coqui a motivé le choix do ce sujet. —Points d'attaque:
1. Lo déterminisme scientifique. —2. Lo darwinisme.
—
Incertitudes dans la méthode do Nietzsche. — Héritage
romantique : les plaisanteries sur le philistin cultivé.
—
Injustices du pamphlet.
V. L*angoisse sur te ivagnéiisme 391
Valeurde la science ot do l'art devant la vie. — Réforme "'
nécessaire du wagnérlsmo. — 1. Le projet de cloître phi-
losophique.
— 2.
intrigues contre Bayreuth. — Chimères
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