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Arbeten utgivna med understod av Vilhelm Ekmans universitetsfond Uppsala
61
HÔTELS,
RESTAURANTS ET CABARETS
DANS L’ANTIQUITÉ
ROMAINE
Études historiques et philologiques
PAR
TONNES KLEBERG
UPPSALA
Almqvist & Wihsells Boktrycheri A B
TONNES KLEBERG
UPPSALA
A lm qvist & Wiksells Boktryckeri A B
61
H um anistiska Fonden
IM P R IM E E N S U E D E PAR
UPPSALA 1957
A Axel Boëthius
et
A vant-propos................... vu
Abréviations.................................................................................................ix
chap. i. Terminologie de l’activité hôtelière r o m a in e ........................ 1
Introduction, p. 1. — caupo, pp. 1 sqq.; caupona, pp. 3 sqq.; autres
dérivés de caupo, pp. 3 sq.; vieux-haut-allemand Jcoufôn, p. 5;
extension de sens, p. 5; nuance péjorative, p. 6. — cenatio, p. 6. —
deuersorium et ses dérivés, pp. 6 sq. — ganea, ganeum, pp. 8 sqq.;
ganeo, p. 10. — gurgustium, pp. 10 sq. — hospes, pp. 11 sqq.; hospi
tium, pp. 12 sq.; autres dérivés d'hospes, pp. 13 sq. — lixa, pp. 14 sqq.
— popina, popa, pp. 16 sq.; popinarius, p. 17; popino, p. 18. — sta
bulum, pp. 18 sq.; stabularius, p. 19. — taberna, pp. 19 sqq.; évolution
du sens, pp. 20 sqq.; tabernarius, pp. 22 sq.; autres dérivés, p. 23. —
thermipolium, pp. 24 sq. — uinarius, p. 25.
N o t e s ........................................................................................................ 124
Principaux passages littéraires t r a i t é s ..................................................146
Index des m o ts .........................................................................................147
Index des m a tiè r e s ................................................................................. 148
Liste des illu s tra tio n s ............................................................................. 150
Illu s tra tio n s ........................................................................................................151
AVANT-PROPOS
Les recherches dont cet ouvrage a pour but d ’exposer les modestes
résultats se sont poursuivies durant un temps relativement long. En
1934 j ’ai soutenu à l’Université de Gothembourg, sous le patronage du
professeur Vilhelm Lundstrôm, une thèse de doctorat publiée en suédois
sous le titre « Vârdshus och vârdshusliv i den romerska antiken ». Le
présent livre se fonde en bien des parties essentielles sur cette première
publication. J ’ai cependant élargi dans une certaine mesure la base de
mon enquête; j ’ai cherché à tenir compte des résultats acquis par les
recherches récentes et à mettre mon matériel à jour. Ma dernière visite
à Pompéi et à Ostie date de septembre 1955.
Il est pourtant un point sur lequel je n ’ai pas voulu suivre la pratique
actuelle. Je n ’ai pu me résoudre à adopter la nouvelle numérotation
proposée pour certaines régions et insulae de Pompéi et j ’ai conservé
l’ancienne qui est toujours la plus employée et que Della Corte utilise,
par exemple, dans Case ed abitanti di Pompei, 2a ed. (1954), l’ouvrage
monumental que j ’ai si souvent l’occasion de citer.
Je tiens à remercier ici les Fondations qui ont rendu possible la
publication de mon travail: Humanistiska fonden, Làngmanska kultur-
fonden et Vilhelm Ekmans universitetsfond.
Ma reconnaissance va aussi aux Instituts et aux particuliers qui, de
tant de manières, m ’ont prêté une aide bienveillante. Les directeurs et le
personnel des champs de fouilles d’Italie où j ’ai dû puiser ma documenta
tion archéologique la plus importante, ont mis à faciliter mon travail une
obligeance que je ne suis pas près d’oublier. A Munich les rédacteurs du
Thesaurus Linguae latinae m’ont fait bénéficier à plusieurs reprises d’une
hospitalité exquise et sans limites.
M. Jacques Gengoux, docteur ès lettres, m ’a rendu l’inappréciable
service d’assurer la présentation française de mon texte. Je le prie de
bien vouloir agréer l’expression de ma chaleureuse gratitude.
Upsal, mars 1957
Tonnes Kleberg
ABRÉVIATIONS1
(les lexiques et ouvrages de consultation courants ne sont pas cités)
1 En règle général nous adopterons, pour les renvois aux auteurs latins, les
abréviations de Thesaurus.
X
T E R M I N O L O G I E DE L’AC TI VI TÉ
H Ô T E L I È R E RO MAI N E
bable que c’est aussi en Espagne qu’a été écrit le « liber glossarum » (6).
Même si cette coïncidence ne prouve pas une origine commune, elle peut
pourtant expliquer le fait d’une traduction identique et, du reste, pra
tiquement unique. Il n ’est pas interdit non plus de supposer une in
fluence du grec dans le texte dont le glossaire s’est inspiré. On sait que
dans les glossaires le mot explicatif est souvent tiré d’un seul passage ou
d’une seule scolie.
Si nous passons maintenant à l’examen des significations des dérivés
de caupo, nous verrons de nouveau confirmé le fait que ce dernier vocable
signifie pratiquement toujours ‘hôtelier’ ou ‘cabaretier’ et que le sens de
‘détaillant’ est par contre très tardif, n’apparaissant probablement que
dans les textes traduits, et transporté, sans doute possible, directement
du grec. Caupona a deux acceptions principales (cf. Priscien; Gramm. lat.,
2, 146, 12) : d’une part c’est le correspondant féminin de caupo, d’autre
part il désigne le local où le caupo a son activité. De ces deux acceptions,
la première est de beaucoup la plus rare (7) ; le Thesaurus cite 1 passage
de Lucilius et 3 d’Apulée; si on leur ajoute l’inscription pompéienne,
CIL IV 8442 on trouve qu’il s’agit partout d’un féminin de caupo dans la
signification ‘cabaretier’. Dans la mesure où ils font partie d’un contexte
littéraire et où il est possible dans ce contexte de préciser leur acception
(8) , tous les emplois de caupona ( = local du caupo) qui me sont connus
prolongent la signification de caupo : ils signifient sans aucun doute
‘auberge’ ou ‘cabaret’. La lexicographie ancienne nous donne les mêmes
indications : les glossaires traduisent καπηλεΐον par meraria, et les
grammatici ainsi que la scolie d’Horace traduisent dans le même sens
(voir Thés.).
En ce qui concerne les autres dérivés directs ou indirects de caupo,
tels que cauponarius, cauponaticius, cauponatus, cauponicula, cauponius
(9) ainsi que cauponium, cauponor, cauponula, caupuncula, copa (cf.
Thés.), il n’y a que cauponor et les mots qui en sont formés cauponatus
et cauponaticius dont la signification s’écarte dans une certaine mesure
du sens fondamental du mot-base. Nous rencontrons cauponor (10)
pour la première fois dans Ennius (ann. 195; Ennianae poesis reliquiae.
Ree. I. Vahlen , Lipsiae 1903) : non cauponantes bellum sed belligerantes.
Nous avons vraisemblablement affaire ici à une traduction directe du
grec καπηλεύειν την μάχην que nous trouvons dans Eschyle, sept. 545 et
qui veut dire ‘gâter, falsifier le combat’. Ce sens de καπηλεύω se rencontre
par ex. dans l’Anth. Pal. 9, 180. E t dans Eschyle lui-même nous trouvons
κάπηλος avec une acception similaire (frg. 322 N atjck) : κάπηλα προσφέ-
4
ρων τεχνήματα (cf. Etymologicum magnum, 490, 11), de même que dans
les Anecdota B ekkeri (11) : κάπηλον φρόνημα : παλίμβολον καίούχ υγιές,
ή μεταφορά από των καπήλων των μή πιπρασκόντων ειλικρινή καί ακέ
ραια τά ώνια. Outre le passage cité qui jette un pont entre le sens propre
et le sens figuré de κάπηλος et de ses dérivés, il en est un autre, de Sui
das (12), où la transition est également expliquée : Καπηλικώς : άντί του
πανουργικώς. έπεί οί κάπηλοι ονθυλεύουσι τον οίνον, συμμιγνύντες αύτω
σαπρόν.
Cauponor, introduit peut-être par Ennius (13) copiant directement un
cliché grec, n ’a pas connu une grande popularité en latin. Il est employé
pour rendre le grec καπηλεύω dans la Vulg. II Cor. 2, 17 : non enim sumus
... cauponantes (<adulterantes al.) uerbum Dei (l’alternance même entre
cauponantes et adulterantes dans les manuscrits semble indiquer la
synonymie) ; cf. Cassiod. hist. 4, 24, ainsi que dans un passage de Pacianus
(paraen. 10; Opuscula ed. P e y ro t, Zwollae 1896, p. 121, 9 : illa, quae
congregamus ad cumulum cauponando, mercando, rapiendo) et dans un
autre d ’Augustin (c. Faust. 11, 1) : qui numquam sine stomacho auditis
aliquid esse in apostolo cauponatum. J ’ai essayé de montrer, dans un
autre contexte (cf. infra pp. 112 sqq.), comment l’emploi de caupo et de
ses dérivés dans les textes ecclésiastiques était dépendant d’un passage de
la Bible qui donnait à ces termes leur couleur propre et comment cette
nuance particulière s’était transmise dans une longue tradition. Dans le
passage d’Augustin, que nous venons de citer, le sens de ‘falsifier’
semble aller de soi; dans Pacianus il peut être accepté, bien qu’ici celui
de ‘trafiquer’ semble préférable. On ne peut nier cette dernière interpré
tation puisque Dosithée dans son ars grammatica (Gramm. lat., 7, 430,
13) traduit le mot par μεταπωλώ. Cauponaticius apparaît dans Novell.
Iust. 30, 5, 1 comme άπαξ είρ. et comme traduction de κεκαπηλευμένην
(quae [sc. aerariae causae] in tam pessimam et undique cauponaticiam
dilapsae sunt mercationem). Cauponatus, selon le Thés., ne se rencontre
que dans Fulg. Busp. ad Tras. (Patrol. lat., 65, 230 D). La signification
semble presque certainement être ‘corruption’ ou ‘tromperie’. Dans
Paulin, contra Felicem Urgellitanum 1, 8 (Patrol. lat., 99, 359; de la
fin du v m e siècle) nous le trouvons avec la même acception. Enfin, si
nous y ajoutons le témoignage de la tradition philologique antique,
telle qu’elle est consignée dans CGL V 564, 1 (cauponati : fraudati, am-
mixti, adulterati), le cercle se ferme et les sens secondaires des dérivés
de caupo apparaissent comme étant d’un caractère assez uniforme,
ainsi que sans doute d’une même origine.
5
cenatio Dans Mart. 2, 59, 1, cenatio est employé pour désigner le restaurant
Mica sur le Champ de Mars (cf. infra p. 59). Ordinairement ce mot signi
fie simplement ‘salle à manger’ et c’est uniquement dans ce contexte
qu’il désigne un local public de consommation. Il est vraisemblable que
Martial lui-même a préféré, dans le cas présent, employer une dénomina
tion plus élégante qu’un terminus technicus dont l’effet eût été ici moins
heureux (19).
ganea; Selon le Thés., les deux mots que nous allons considérer : ganea et
ganeum
ganeum, auraient une origine inconnue. Paul. Fest. p. 96 donne la
définition : ganeum antiqui locum abditum ac uelut sub terra dixerunt, et
la caractéristique de « souterrain » se retrouve pratiquement dans toutes
les interprétations données à ce mot (voir Thés.). Dans les glossaires,
le mot est caractérisé comme grec (gania fornices subterranea, graecum
est ; gangia occulta loca et subterranea : gangagia Graeci uocant; (25) cf.
Thés, gloss, emendat., 1, p. 483), et Donat, dans son commentaire de
Térence (Andr. 359), écrit : ganeum ueteres tabernam meretricum dixerunt
άπο τής γαίας τουτέστι γης, eo quidem quod ipsa sit in terra, non ut cenacula
superius, et Isidore dans Orig. 10, 114 : in occultis locis et subterraneis
quae gania (gangia, gantia, var. lect.) Graeci uocant. S’appuyant sur ces
données de l’antiquité, S tow asser a supposé un *γή-ναιον grec, dor. *γά-
ναιον, « οίκησις κατάγειος Kellerwohnung » (26). Le rapport au grec est
encore rendu plus vraisemblable du fait que Hésychius dans son lexique
suppose γ ανΐτα ι = δάπανοι, άσωτοι; γανΐτα ι est donc le correspondant du
latin ganeones. S’il y a eu un emprunt du grec, il a eu lieu, comme il est
tout naturel, à partir de la forme dorienne (27).
Il faut cependant noter que les passages de l’antiquité qui nous rensei
gnent sur la caractéristique de « souterrain » et qui indiquent le rapport
avec le grec γή ne concernent que la forme ganeum, non ganea. Mais tout
parle en faveur d’une origine commune pour les deux mots. Pour quelle
raison, par conséquent, les sources antiques ne se rapportent-elles qu’à
ganeumi Le passage le plus ancien à ce sujet est Paul. Fest. p. 96. Si
maintenant nous consultons le Thés, à ces deux mots (ou aux deux for
mes du mot), nous constatons que ganeum, sauf dans les glossaires, les
scolies, et autres documents du même genre, n ’apparaît comme un mot
vivant que dans Naevius (com. 117), dans Paul. Fest., Plaute (Asin.
8, 7, Men. 703), Térence (Ad. 359), Varron (Men. 481), Apulée (Apol. 98)
et Sutrius dans Fulg. (serm. ant. 47) (28), c.-à-d. pour l’essentiel chez des
auteurs pré-classiques ou archaïsants. Par contre ganea est tout à fait
courant à l’époque classique et à l’époque postérieure; nous le ren
controns d’abord dans Cicéron, puis dans Tite-Live, Salluste, Columelle,
Pline l’ancien, Tacite, Pline le jeune, Suétone etc. A l’époque de Verrius
Flaccus aussi bien qu’à celle de Festus, ganea n’avait pas besoin d’expli
cation, tandis que ganeum était déjà périmé (ganeum antiqui ... dixe
runt). Donat, Isidore et les rédacteurs de glossaires ont hérité cette notice
soit de Festus, soit directement de Verrius Flaccus.
A ganea, le Thés, donne comme première signification : « i. q. popina,
9
Le mot que nous allons examiner, hospes, ainsi que ses dérivés, recouvre hospes
un champ de significations encore beaucoup plus étendu. Hospes désigne
l’ami aussi bien comme donnant que comme recevant l’hospitalité, ou,
comme Agroecius l’exprime dans son ars de orthographia (Gramm. lat.,
7, p. 119, 13) : hospes [sc. dicitur] et qui recipit et qui recipitur (33). A notre
point de vue, il importe de déterminer comment de cette double accep
tion du mot £hôte-ami’ découlent les sens secondaires, sortes de projec
tion sur un autre plan des sens premiers du terme, sens secondaires qui
gagnèrent de plus en plus du terrain aux dépens du sens primitif et qui,
au moment de la transformation du latin dans les langues romanes,
étaient dominants dans la langue parlée populaire, à savoir l’hôte qui
reçoit et l’hôte qui est reçu dans une auberge ou un cabaret, etc. Pa
rallèlement à cet développement s’effectue celui des mots dérivés hospita,
hospitalis, hospitalitas, hospitalium, hospitiarius, hospitium, hospitor.
Parmi ces differents mots, seul hospitium est suffisamment représenté
pour permettre de retracer clairement les diverses phases de l’évolution
sémantique. A l’origine il désigne le fait même de l’amitié hospitalière
et sa manifestation, à savoir l’accueil de quelqu’un en tant qu’ami-hôte.
Mais de cette signification abstraite en découle une autre, concrète :
‘le lieu où l’on héberge son ami-hôte’, ‘la chambre d’hôte’. C’est sur ce
12
X III 100 18, 7 (cf. p. 124, note 7) et 10018, 95 : futuui ospita(m) (cf.
l’inscription de Pompéi CIL IV 8442 : futui coponam), pour hospitarius,
seulement CGL II 577, 15. Hospitator apparaît dans le latin du moyen
âge avec le sens de « caupo, stabularius, tabernarius » (D u Ca n g e ;
D ie f e n b a c h , Novum glossarium, Frankfurt a. Μ. 1867). Le latin classique
connaît le passif hospitor ‘être reçu comme hôte’ (42) ; le latin du moyen
âge connaît d’une part l’actif hospito <<hospitio excipere » e t « hospitium
accipere », d’autre part le déponent hospitor « hospitio excipere » (Du
Ca n g e ) (43).
L ’étude des passages où se rencontrent hospes, hospitium et les autres
termes examinés précédemment pour les sens qui nous intéressent,
révèle que tous ces termes appartiennent à des textes qui sont fortement
influencés par la langue parlée ou par la langue populaire : Plaute,
satires d’Horace, Pétrone (pourtant, pas dans les parties vulgaires),
métamorphoses d’Apulée, Firmicus Maternus, Itala, Historia Apollonii
et, avant tout, les inscriptions (3 pompéiennes, 1 de Lyon, 1 de Nar
bonne, 1 de Paris). Il n ’y a dans ce fait rien qui puisse étonner puisque des
termes comme auberge, cabaret, hôte (patron ou client) d ’auberge rentrent
tout naturellement dans ces catégories de langage. Il est donc également
parfaitement normal que ces mots aient survécu, dans les langues romanes,
spécialement avec ces significations qui appartenaient avant tout à la
langue populaire (44).
Si donc hospitium a désigné une hôtellerie, une auberge, qui recevait
les voyageurs et les abritait pour la nuit, il est évident que ces établis
sements ont dû aussi servir à manger et à boire aux mêmes voyageurs et,
peut-être également à d’autres. On pourrait, sans plus, déclarer la chose
vraisemblable, mais il existe des preuves directes. Les inscriptions déjà
citées CIL IV 806-807 et 3779 ont servi d’enseignes à des hôtels pom
péiens; 806-807 mentionnent triclinium cum tribus lectis, et les deux
maisons (Reg. VII 1, 45 et IX 7, 22) montrent, aujourd’hui encore, des
signes non douteux qui indiquent leur fonction de restaurant (45). L’in
scription CIL X III 2031 nous parle d’un hospitium cum prandio. J ’ai
essayé de montrer précédemment comment hospitium, dans cette fonc
tion, a remplacé de plus en plus caupona.
praefectus urbi impérial (cf. infra pp. 122 sq.); Ammien Marcellin (28, 4,
3 sq.) déclare à propos d’une interdiction formulée entre 370 et 380 par
le préfet de la ville, Ampelius : namque statuerat, ne taberna uinaria ante
quartam aperiretur neue aquam uulgarium calefaceret quisquam, uel ad
usque praestitutum diei spatium lixae coctam proponerent carnem, uel
honestus quidam mandens uideretur in publico ... Comme on le voit et
comme il est naturel, les ordonnances concernent exclusivement l’alimen
tation de la population civile; lixae ne peut pas ici signifier 'cantinier’
mais désigne très certainement les marchands civils de viande ou plutôt
les restaurateurs ou « venditori di cibi caldi » selon l’expression de
M agaldi (46).
popina Avec popina et les mots de même racine nous avons affaire à un em
prunt fait à l’osco-ombrien (47).
Pour le mot popina les glossaires donnent les explications suivantes
ou bien emploient le terme pour traduire les mots que voici (je fais ab
straction ici des petites différences dans l’orthographe) : όψοπωλεΐον (II,
391, 37; III 254, 40), έψόπωλις (III 306, 60; 517, 73), καπηλειόv ( I I 338,
35), ποτιστήριον, καπηλεΐον (II 153, 42), ποτιστήριον (II, 155, 8; 414, 53),
πολυτελές καπηλεΐον (II, 153, 32), πρόπινα (III 306, 61), έτοιμόπωλις
(III, 306, 59 ; 517,72), παντοπωλεΐον (III 353,51), meraria, crustaria (Seal.
Y 606, 42), nomen meretricis (V 576, 35), meretrix uel coquina (V 510, 48).
Le Cod. Vat. Reg. 215 (CGL Y 585, 12) donne une définition plus dé
taillée : popinae dicuntur a pellendo famem, a qua et originem ducit hoc
nomen, erant enim loca iuxta balneis, ubi post lauationem reficiebantur. Ce
renseignement provient évidemment d’Isid. orig. 15, 2, 42 (les mots
d ’Isidore sont reproduits littéralement par Raban Maur, de uniuerso 14,
16. Cf. infra p. 126, note 20) : propina graecus sermo est quae apud nos
corrupte popina dicitur. (48) est autem locus iuxta balnea publica, ubi post
lauacrum a fame et siti reficiuntur, unde et « propina » et « propinare »
dicitur. Le lien étroit qui relie le Cod. Yat. Reg. 215 et les scolies plus
récentes de Juvénal a été démontré par P. W e ssn e r (CGL I, p. 389), et
on le remarque également sur ce point. En effet les scolies φ et χ ont
dans Juv. 8, 158 : popina dicitur culina iuxta Thermas posita, in qua
egressi a balneis (thermis χ) reficiebantur, uocatur autem popina ab eo
quod est pina idest fames, eo quod ibi pelleretur fames (CGL I, p. 390).
Presque identique est la définition d’une scolie de Prud. ham. 762 (ibid.),
tandis qu’une autre scolie du même passage définit brièvement popinas,
coquinas (49).
17
t a b l e a u s u r l e sen s d u m ot taberna
Ont été choisis des auteurs qui nous offrent une documentation assez
abondante. A représente la signification ‘échoppe’, ‘boutique’, B ‘auberge’,
‘cabaret’. Nous ne rendons pas compte ici des sens traités p p .129 sq.,notes 55
et 56. Le tableau ne signale que les passages où taberna se présente isolé,
c.-à-d. sans qualificatif précisant la nature de la taberna, tels que argentaria,
cretaria, etc. Pour les cas où la signification ne peut être déterminée avec
certitude, le premier des chiffres donnés sous A indique le nombre d’exemples
qui s’y rapportent vraisemblablement et le second, entre parenthèses, le
nombre de cas absolument certains ; de façon inverse, le premier des chiffres
groupés sous B donne les cas absolument sûrs et le chiffre entre parenthèses
les exemples possibles (57).
A B Total de A + B
C icéron ......................................... 11 2 13
H o r a c e ..................................... .... 2 2 4
Tite-Live . .............................. . 19 — 19
Sénèque . . . ............................. 3 - 3
Martial . . . ............................. 5 (3) - (2) 5
T a c i t e .......................................... 3(1) 1(3) 4
T ertu llien ..................................... 1 (2) 2 (1) 3
Ammien......................................... — 3 3
Cod. c a n o n ................................. - 2 2
21
La tendance est nette, aussi nette à tout le moins qu’elle peut l’être
si l’on tient compte des limitations de nos matériaux. Alors que Cicéron
ne présente que 2 B contre 11 A et que Tite-Live n’a pas un seul B
contre 19 A, nous constatons qu’Ammien a 3 B et aucun A. Chez ce der
nier, les cas où le substantif est déterminé par un qualificatif se trouvent
tous dans la catégorie B (cf. p. 130, note 57). Après Ammien, il semble
que les exemples de taberna employé absolument dans le sens; de A
soient extrêmement rares (58).
Nous pouvons même fixer avec assez de précision le moment où le
rétrécissement de sens dont nous avons parlé s’est accompli. En effet
Nonius nous déclare explicitement qu’à son époque, par conséquent au
début du ive siècle, tous les sens de taberna autres que taberna uinaria,
donc autres que notre catégorie B, étaient démodés. Il écrit (p. 532) :
tabernas non uinarias solum, ut nunc dicimus, sed omnes quae sunt popularis
usus, auctoritas Romana patefecit. D ’une époque très postérieure on peut
citer Schol. Prud. ham. 761 : propolae, loca uenditionum ubi uel pigmenta
uel aliae res uenales exercebantur quae et tabernae dictae sunt, non quo ibi
u in u m uenderetur sed quia de tabulis in itinere positis construebantur.
Pour le scoliaste la dénomination de taberna était si intimement liée au
concept de débit de vin qu’il a voulu souligner l’existence antérieure d’un
autre sens, celui de boutique, justifié par d’autres raisons et s’appliquant
à d’autres réalités.
Il semble donc bien que de plus en plus le sens d’‘auberge’ et de ‘caba
ret’, fasse disparaître les autres nuances de taberna et s’impose de façon
exclusive au IVe siècle. Cela étant, il faut nous attendre à ce que le terme
de cette évolution ait laissé des traces dans les langues romanes, dans la
mesure où le mot a été conservé.
M ey er-L ü b k e3 traduit simplement taberna par « Schenke » et l’on
pourrait croire que ce sens recouvre tous les mots qui dérivent de ce
terme et qu’il cite par la suite. Et, de fait, ni l’espagnol et le portugais
taberna, ni le français taverne, ni le catalan et le rhétoroman taverna (59)
n ’ont d’autre signification. Selon L evy (60) le cas est à peu près le
même en provençal, à tout le moins n ’y a-t-il aucun sens de ‘boutique’
pour le prov. taverna. Si nous passons à l’italien, il semble que la situation
soit différente. Dans cette langue, en effet, taverna ne signifie pas seule
ment ‘osteria’ mais aussi ‘bottega’ (Tom m aseo-B ellini, vol. 4 : 2, p.
1374) (61). Il faut toutefois remarquer que ce dernier sens peut très bien
s’être introduit par la voie « savante »; il est peu croyable, en effet,
qu’un sens qui, autant que nous puissions en juger, n’avait pas cours
22
L E S T Y P E S P R I N C I P A U X ET L E U R
RÉPARTITION
Pour arriver à se faire une opinion sur le rôle joué dans la vie sociale
romaine par les différentes catégories d’établissements hôteliers, il faut
rechercher dans quelles conditions ceux-ci se présentent, c.-à-d. d’une part
faire, à l’aide des témoignages directs de l’archéologie et de ceux moins
directs des sources littéraires, un tableau aussi complet que possible de
leur situation et du rapport de leur densité avec leur emplacement,
d’autre part et en même temps essayer de découvrir les raisons qui ont
déterminé cette répartition. Il est bien évident que les matériaux dont
nous disposons ne sont pas suffisants pour obtenir un tableau exact
jusque dans le détail. Les sources littéraires sont assez maigres. Les princi
pales données archéologiques sont fournies par Pompéi, Herculanum et
Ostie (1) mais, si bien conservées que soient certaines parties de ces
champs de ruine, les différents établissement et locaux commerciaux ont
vu, dans une large mesure, leurs caractéristiques propres disparaître :
presque tout ce qui était en bois a été réduit en cendre ou en poussière,
yk\xïs ôv pierre et de mortier ont ètè rases, des oiqets métalliques
enlevés. Dans certains cas, seule, une inscription révèle la nature d’un
établissement du genre qui nous occupe — tout autre témoignage a dis
paru. Nous devons donc nous attendre à ce qu’une quantité appréciable
de locaux ayant servi dans l’antiquité aux différentes branches de l’acti
vité hôtelière ne puissent désormais être identifiés (2). Nos statistiques
seront incomplètes et à certains égards trompeuses; elles nous permet
tront cependant, malgré leurs imperfections, de dégager avec assez de
certitude les grandes lignes et les tendances générales de cette activité.
Avant d’aborder le fond du problème, il importe cependant de donner
quelques définitions et de tracer quelques lignes de démarcation. Il va
de soi que tous les locaux destinés à l’industrie hôtelière n ’ont pas été
du même type. Il va donc également de soi que les tendances qui ont
27
vu plus haut (p. 20) que taberna, sans qualificatif, peut quelquefois être
employé dans le sens de hospitium, mais cette signification est rendue
d’habitude par taberna deuersoria et taberna meritoria. Il est cependant
probable que taberna, surtout dans la langue parlée, a conservé assez
longtemps la signification d’‘auberge’. On doit se rappeller avant tout
les témoignages constitués par les noms de lieux (5). Viennent main
tenant les expressions du glossaire καπηλείαν, co[m]ponula, caupo-
nium et ubi uinum emitur. Pour définir καπηλεΐον nous trouvons (II
338, 25) non seulement taberna mais aussi popa, popina, cauponium.
Cela prouve donc avec une suffisante clarté que taberna signifie ici
‘cabaret’. J ’ai essayé de montrer plus haut le lien existant entre caupona
et ses dérivés d’une part et taberna d’autre part (pp. 5 sq.). Enfin, ubi
uinum emitur affermit encore la place de taberna dans notre deuxième
groupe principal.
Comme nous l’avons vu, caupo et caupona ont désigné avec une
nuance péjorative de plus en plus marquée, le tenancier du débit de vin
et son local (pp. 5 sq.). Les définitions co[m]ponula et cauponium
ainsi que ubi uinum emitur tendent donc à montrer que taberna, dans la
terminologie hôtelière, désigne le débit de vin, à la différence de popina
qui remplit toutes les fonctions du restaurant. Voyons maintenant ce
que les textes littéraires ont à nous apprendre à ce sujet. Pleins d’en
seignement sont les vers de Hor. epist. 1, 14, 21 sqq. :
Les lieux de plaisir qui attirent le uilicus d’Horace à la ville sont entre
autres d ’une part la popina avec ses rôtis gras {uncta), d ’autre part la
taberna où il pourra boire du vin. Pour la taberna, sa destination au service
du vin ressort clairement aussi de Paul. (Fest.) p. 296 : Sobrium uicum
Romae dictum putant, uel quod in eo nulla taberna fuerit, uel quod in eo
Mercurio lacte, non uino subplicabatur. On pourrait encore citer Suet.
Claud. 40, Capit. Ver. 4, 6, Non. 532, 13 (supra p. 21), Schol. Prud.
ham. 761 (ibid.), etc. Même s’il est indéniable que les sources littéraires
mentionnent aussi quelques rares fois le service de nourriture à propos
de la taberna (Cod. Canon. 2, 26 (Patrol. lat., 56, 426); Sid. Apoll.
31
fameuse : (CIL IV 807) hospitium hic locatur, triclinium cum tribus lectis
et comm[odis omnibus ?]. Nous avons donc là deux locaux qui, sans
doute possible, rentrent dans la catégorie hospitium. Un autre exemple,
presque aussi concluant, de local identifié par un texte, nous est donné
grâce à rinscription-réclame CIL IV 1314 : uenies in Gabinianu(m) pro
ma(n)su (Reg. VI 9, 1) (7). En groupant leurs caractéristiques, nous
devons pouvoir nous faire une image assez exacte des traits marquants
d’un hospitium, à tout le moins d’un hospitium pompéien, tant pour ce
qui se rapporte aux logements proprement dits qu’aux services de nour
riture et de boisson qui leur étaient adjoints.
k
® î® ruiiiuttmuutttm
9 8 6
destinée à la remise des chars, on peut dire que cette section occupait
environ la moitié du rez-de-chaussée.
Nous avons ici, évidemment, un stabulum typique. Toutes les parties
du plan sont celles auxquelles on s’attend : une grande écurie, des cham
bres à coucher, des salles de consommation. La différence avec Yhospitium
n ’est pas grande; elle est exclusivement constituée par l’importance
donnée, comme il va de soi, aux écuries. Naturellement il nous faut tenir
compte des cas-limites que l’on pourrait ranger aussi légitimement dans
l’une ou l’autre des deux catégories (voir par ex. Reg. IX 2, 24 sous
hospitia supra). Mais dans la mesure même où la distinction est difficile
à maintenir, dans cette mesure aussi son importance diminue : des locaux
offrant de telles ressemblances peuvent être, pour l’essentiel, considérés
comme formant une unité plus vaste. Cependant il faut considérer
comme appartenant sans doute possible au groupe stabulum, les restes des
bâtiments suivants de Pompéi.
R ec. I.
1,1: F i o r e l l i , p . 32; B u ll , d e l l ’in s t ., 1875, p . 25; D e l l a C o r te ,
C a s e 2, p . 221.
1, 2 : F io r elli , p. 33; B u ll, d ell’in st., 1875, pp . 25 sq .; D ella Corte ,
Case2, pp. 221 sq.
2, 1 : F i o r e l l i , p. 36.
2, 7/8 (?) : F i o r e l l i , p. 41.
2, 18/19 : F io r elli , p. 44 (Fiorelli ne m entionne pas le fourneau qui se
40
trou vait au b ou t du com ptoir); D ella Co rte , Case2, pp.
227 sq.
2 , 20/21 : cf. supra p . 37 ; popina.
2 , 22 : F io r el li , p. 46; pop in a.
2, 29 : F io r elli , p . 48; D ella Corte , Case2, p. 230.
3, 2 : M a z o it, Les ruines de Pompéi, 2, p. 43 sq.; F io r e lli, p. 50.
3, 22 : F io r e lli, p. 55.
3, 28 : F i o r e l l i , p. 59; popina ?
4, 3: F io r elli , p. 61.
4, 11 : F io r el li , p. 66; D ella Corte , C ase2, p . 220.
4, 27 : F io r e l l i, p . 68.
6, 8 : N o t. scav., 1929, pp. 391 sqq. ; plan, p. 401.
7, 8 : N o t . scav., 1912, p. 185; plan, p. 184; 1927, p. 32; D e l l a
C o r t e , Case2, p. 262.
7, 13/14 : D e lla C o r te , Case2, pp. 265 sq.
8, 7/8 : D e lla C o r te , Case2, p. 270.
8 , 10 : D ella Co rte , C ase2, p . 272.
8, 15/16 : D ella Co rte , Case2, p. 274.
10, 2 : D e l l a C o r t e , Case2, pp. 243 sq.; Not.scav., 1933, p . 279 (inscrip
tions: CIL IV 8230 sqq.).
10, 13 : D e l l a C o r t e , Case2, p. 252; N o t. scav., 1934, p p . 340 sq. (29).
Π, 1/2 : D e l l a C o r t e , Case2, p . 254.
R e g . II.
1, 1 : Not. scav., 1913, pp. 249 sq.; D e l l a C o r t e , Case2, p. 305; Pom
pei, p. 42; l’extérieur V . S p i n a z z o l i , Pompei alla luce degli
scavi nuovi, Roma 1953. Album. Tav. III.
2, 3 : D e l l a C o r t e , Case2, p. 290; Pompei, p. 46; l’extérieur dans
S p i n a z z o l i . Tav. V .
2, 5 : D e l l a C o r t e , Case2, p. 291; Pompei, p. 47.
4, 1: D e l l a C o r t e , I nuovi scavi, p. 34; Case2, p. 305; Pompei, p.
59; Not. scav., 1915, p. 342; 1916, p. 152; 1917, p. 249
sqq.; 1927, p. 92 (inscriptions: CIL IV 7489).
4, 6 (?) : Not. scav., 1917, p. 254.
5, 1 : D e l l a C o r t e , Case2, p. 308; Pompei, p. 60.
5, 3 : D e l l a C o r t e , Case2, pp. 315 sq.; Pompei, p. 81; Not. scav.,
1927, pp. 100 sq.
6, 7 : D e l l a C o r t e , Case2, p. 322.
7, 5 : D ella Corte , C ase2, p. 324.
7, 7 : D ella Co rte , Case2, p. 324.
R e g . III.
insula située en face de Reg. IV 3, coin nord-est : Not. scav., 1905, pp. 273 sqq.
6, 1 (« Caupona Pherusae ») : D e l l a C o r t e , Case2, p. 318.
6, 5 (« Caupona Statii ») : D e l l a C o r t e , Case2, p. 320; Rendiconti della R.
Accad. di archeol., lettere ed arti, Napoli, N.S. 16 (1936),
p. 33.
41
R e g .y.
1, 1/32 : p. 419; M a u , Führer6, p. 50; D e l l a C o r t e , Case2,
F io r e lli,
p. 102.
1, 13 : Bull, dell’inst., 1877, pp. 135 sqq.; P r e s u h n , Pompeji, Abth.
2, p. 6; D e l l a C o r t e , Case2, pp. 78 sq.
2, entrée 3/4 à partir de la Strada di Nola : Not. scav., 1883, p. 425; 1884, p.
52; 195 sq.; 432; Bull, dell’inst., 1885, pp. 250 sqq.
2, 13 : Not. scav., 1896, p. 438; Rom. Mitt., 1894, p. 49 (30).
2, 17/20 : Not. scav., 1896, p. 440; cf. 1894, pp. 175 sqq.; 382; Rom.
Mitt., 1894, pp. 57 sqq.; cf. 1890, p. 275; D e l l a C o r t e ,
Case2, p. 105.
4, 6/8 : cf. supra pp. 38 sq.
R eg . VI.
1 , 2 : M azoit , Les ruines de Pompéi, 2, pp. 43 sq. ; F io r el li , p. 76;
D ella Corte , Case2, p p . 22 sq. Cf. supra p . 33.
1, 5: F io r e lli, p. 77; popina ?
1, 17 : F io r el li , p. 81; D ella Co rte , Case2, p. 29.
1, 18 : F io r e l l i , p.82; D ella Corte , Case2, p. 29.
2, 1/31 : F io r el li , p. 83; cf. M a u , P o m p eji2, p. 295.
3, 18/20 : F io r el li , p. 94; D ella Co rte , Case2, p. 32.
3, 24 : F io r e l l i , p. 94.
4, 1: F io r e l l i , p. 95; D ella Corte , Case2, p. 32.
4, 8/9 : F io r e l l i , p. 96.
5, 12 : F io r el li , p. 99.
8, 8 : cf. supra p. 37; popina.
8, 9 : F io r el li , p. 121.
10, 1 : F io r el li , pp. 139 sq. ; M a u dans P a u l y -W isso w a , 3, 1807 sq. ;
M a u , Pompeji2, p. 421; M ag aldi , Le iscrizioni parietali,
pp. 93 sqq.; D ella Corte , Case2, pp. 44, 378.
10, 3/4 : F io r el li , p. 141; D ella Co rte , Case2, p. 44; popina ?
13, 17 : P r e s u h n , Pompeji, Abth. 6, p. 5; cf. Not. scav., 1876, p. 93.
14, 1/44 : P r e s u h n , Pompeji, Abth. 5, p. 7 (« Schenke »); F io r el li , p. 426.
14, 28 :
Not. scav., 1876, p. 45; 195; Bull. delPinst., 1876, p. 23; 44; 242;
P r e s u h n , Pompeji, Abth. 4, p. 5; D ella Co rte , Case2,
pp. 72 sqq. (« taberna lusoria »).
14, 35/36 : Not. scav., 1876, pp. 193 sqq.; cf. 1877, p. 95; 117; P r e s u h n ,
Pompeji, Abth. 5, p. 3; D ella Corte , Case2, pp. 64 sq.
15, 15 : Not. scav., 1897, pp. 460 sq. ; Rom. Mitt., 16, pp. 284 sq.
15, 16 : Not. scav., 1897, pp. 461 sq.; cf. 1899, p. 105; Rom. Mitt., 16,
pp. 286 sq.
16, 1/2 : Not. scav., 1906, pp. 345 sqq.
16, 12 : Not. scav., 1908, pp. 60 sq.; plan, p. 53.
16, 21/24 : D e l l a C o r t e , Case2, pp. 70 sq.
16, 33 : N o t. scav., 1908, pp. 287 sq q .; plan, p . 272; D ella Co rte ,
Case2, pp. 57 sq.
16, 40 : Not. scav., 1908, pp. 368 sqq.; plan, p. 360.
42
R eo. VII.
2 , 15 : F i o r e l l i , p p . 185 s q .; D e l l a C o r t e , C a s e 2, p . 128.
2, 32/33 : F io r e lli, p. 195; D e lla C o rte, Case2, p. 147.
2, 41 : F io r elli , p . 196.
2, 44/45 : F io r e lli, p. 197; D e lla C o rte, Case2, p. 149 (31).
3, 1/40 : F io r el li , p. 200; popina.
3, 4 (?) : Bull, dell’inst., 1868, p. 44.
3, 9 (?) : F io r elli , pp. 201 sq.
3, 26/28 : F io r el li , p. 206; D ella Co rte , Case2, pp . 122 sq.
4, 4 : F i o r e l l i , p. 213; cf. Not. scav., 1886, p. 132; popina.
4, 15/16 : F io r elli , p. 214 (« taberna vinaria »).
5, 17 : F i o r e l l i , p. 237; D e l l a C o r t e , Case2, p. 144; popina ?
6, 1/2 : Not. scav., 1910, p. 439; popina ?
6, 13/15 : F i o r e l l i , p. 436; Not. scav., 1910, p. 463.
6, 20 : F i o r e l l i , p. 436; Not. scav., 1910, p. 463; D e l l a C o r te , Case2,
p. 143.
6, 23/25 : F i o r e l l i , p. 436; Not. scav., 1910, p. 463; D e l l a C o rte, Case2,
p. 143.
7, 9 (?) : F i o r e l l i , p. 246.
7, 18 : F i o r e l l i , p. 248; D e l l a C o r t e , Case2, p. 142.
9, 30/31 : F i o r e l l i , p. 267; popina ? (32).
9, 33 (?) : F io r el li , pp. 267 sq.; popina?
9, 54/55 : F i o r e l l i , p . 271 (33).
11, 14 : v o ir s u p r a p . 34.
13, 20/21 : F i o r e l l i , p. 299 (34).
13, 24 : F io r el li , p. 299.
15, 4/5 : F i o r e l l i , p p . 209 sq. ; D e l l a C o r t e , Case2, p p . 165 sq.
15, 6 : F i o r e l l i , p p . 310 sq .; D e l l a C o r t e , C a s e 2, p p . 165 s q .
15, 9/10 : F i o r e l l i , pp. 311 s q . ; popina.
isola occidentale, 7 : F io r e lli, p. 440; E n g e lm a n n , p. 196.
R eg. VIII.
2, 24 : Not. sc a v ., 1889, p . 115; R om . Mitt., 3, p . 205; cf. F io r elli ,
p. 445.
3, 15 (?) : F io r el li , pp. 326 sq .; popina.
4, 12/13 : F io r el li , pp. 339 sq.; D ella Corte , Case2, p. 198; popina.
4, 25 : F i o r e l l i , p. 343.
4, 45 : F i o r e l l i , p . 346.
R eg. IX .
1, 6 : F io r e lli, p. 368.
1, 8 : F io r e lli, p. 369;popina.
1, 15/16 : F io r e lli, p. 370; D e lla C o r te , Case2, p. 175.
43
Herculanum
Ostie
A un certain point de vue, l’image que nous donne Ostie est plus pré
cieuse que celle de la petite cité campanienne : elle reflète sans doute bien
plus clairement la vie de la capitale de l’empire. Mais à d’autres points
de vue, cette même image est plus incomplète et plus vague. Le terrain
n ’y est pas encore entièrement déblayé, ce qui nous oblige pour l’établis
sement des statistiques, à plus de précautions que dans le cas de Pompéi.
Tandis que Pompéi fut coupé, d’un seul coup, du monde extérieur,
enseveli sous la cendre protectrice, Ostie, après la hausse de niveau réa
lisée au IIe siècle après J.-C. par les architectes impériaux et à la suite des
profondes modifications de la ville que cette action impliquait, a connu
une évolution et une décadence paisibles (48) : on a procédé à des recon
structions et à des regroupements, des parties de bâtiments ont été
modifiées etc., ce qui rend l’interprétation archéologique très délicate.
On peut s’attendre à ce qu’Ostie, centre commercial d’un empire
mondial, nous fournisse une documentation abondante. La littérature
nous fait connaître la popina mentionnée par Juvénal (8, 171 sqq.). Les
fouilles d’Isola sacra ont révélé deux reliefs de tombes représentant des
scènes d’auberges (49). Le résultat auquel conduit l’examen des monu
ments est d ’autant plus étonnant. Deux bâtiments peuvent être
regardés comme des hôtels, Casa dei triclini (Reg. 1 12) (50) et une maison
sur la Via degli Aurighi (Reg. III) (51). En ce qui concerne notre se
cond groupe principal, on en trouve également de très rares exemples
(52). Voici la liste des cas qui, à mon avis, sont sûrs (53).
46
1. Beg. I 2 : Casa del termopolio : Not. scav., 1915, pp. 28 sqq.; 1916,
pp. 415 sqq.; C a l z a , Ostia, pp. 126 sqq.; plan, Not. scav.,
1916, après la p. 428.
2. Beg. I 3 : Via della casa di Diana : C a l z a , Ostia, p. 130; ce que
C a l z a appelle « banco di vendita » comporte à un bout un
petit foyer.
3. Beg. II 2 : dans la rue bordant à gauche les Magazzini repubblicani :
non signalé dans les publications. Taberna 9 x 5 m avec
murs de briques et à appareil réticulé, reste de mosaïque
sur le sol. Le long du mur nord, des restes de briques très
endommagées; parallèlement à celles-ci, un comptoir en
briques creusé sur toute sa longueur, le dessus du ren
forcement a la forme d’une voûte. Le long du mur sud un
fourneau en briques d’une hauteur de 1,25 m et d’une
largeur de 1,65 m, avec un creux disposé comme le précé
dent, s’ouvrant au nord et à l’ouest; à l’intérieur contre le
mur, une tuyauterie pour la conduite d’eau,
4. Beg. II 2 : à Decumanus, taberna n° 3 depuis la rue située entre les
Magazzini repubblicani et Horrea : non signalé. Le banc
est en briques avec des restes de revêtement en stuck; le
bras intérieur où se trouve un creux, dont le sommet est
cintré et qui est limité à l’intérieur par un disque de marbre
posé de côté, se termine par un plan abaissé d’environ
0.25 m. Bestes de mosaïque sur le sol. Une « dietrobot-
tega ».
5-6. Beg. II 5 en face de l’entrée de Caserma dei Vigili : Not scav., 1912,
p. 128; C a l z a , Ostia, p. 98; n. 5 à gauche, n. 6 à droite de
l’entrée.
7. Beg. II 6 : « Taberna Fortunati »: Not. scav. 1909, p. 92; Bull, comun.,
1910, p. 82 (image p. 83); P a s c h e t t o , Ostia, pp. 353 sq.;
C a l z a , Ostia, pp. 102 sq.
8. Beg. II 6 : Via delle corporazioni : Not. scav., 1913, p. 124 (désigné là
comme « taberna 11 »), plan, p. 122.
9. Beg. III 5 : l’angle sud-ouest de l’Insula delle volte dipinte : C a l z a -
B e c a t t i 3, p. 36; des peintures murales très endommagées,
représentant, entre autres choses, un voyageur enca
puchonné.
10. Beg. III 8 à 50 m environ de la Porta marina, à droite dans la série
de magasins qui borde le chemin : non signalé. Ouverture
de l’entrée 3,30 m; traces du dispositif de fermeture ordi
naire. A gauche un comptoir en briques attaché au mur de
gauche, avec le creux habituel pour un bassin en partie
conservé avec bords arrondis vers l’arrière. Le comptoir
est muni de trois « marches » couvertes de plaques de
marbres; ces marches ont une hauteur qui va de 0,1 à 0,18
47
(Calza, Ostia, p. 98), mais ils ont sur le sol une mosaïque qui peut ser
vir à les identifier (au n° 5 avec les inscriptions CIL XIV 4755 a-b et
une coupe; au n° 6, seulement avec une coupe).
Ainsi donc, à Ostie, on peut avec une grande vraisemblance identifier
14 locaux comme débits de vin. Il n’est pas moins probable qu’il ait
existé un grand nombre d’autres tabernae ayant servi à la même fin,
bien qu’il ne soit pas possible de les identifier aujourd’hui. Je reviendrai
plus tard sur cette question.
T im g a d
Pour atteindre notre but immédiat qui est de nous faire une idée de la
situation et des caractères de la répartition des divers locaux destinés au
logement et au service de la nourriture et de la boisson, il est sans doute
pratique de procéder de la façon suivante :
1° examiner d’abord les villes dont les sources archéologiques et litté
raires permettent de se représenter le rôle de ces locaux dans la vie to-
49
tale de la ville, c.-à-d. pour l’essentiel les endroits dont nous venons de
parler et qu’ont découverts les fouilles, ainsi que Rome dont les sources
littéraires nous parlent assez abondamment;
2° étudier le reste de la documentation concernant les autres villes
d’Italie et des provinces ou bien la campagne d’Italie et des provinces.
Pour le premier groupe, le plus indiqué est de commencer par Pompéi.
Certes ici les sources purement littéraires font complètement défaut.
Mais l’originalité de Pompéi, c’est que, plus que toute autre ville, elle
permet, grâce à la richesse de ses données archéologiques et épigraphiques,
de déterminer le nombre des locaux en question, leur caractère et leur
groupement, nous donnant ainsi une image concrète de ce que nous
cherchons.
P om péi
Sur la carte ci-jointe j’ai noté les locaux cités plus haut pp. 33 sqq. et
39 sqq. Notre premier groupe principal, comprenant hospitia et
stabula, a été indiqué en rouge; notre second groupe, comprenant popinae
et tabernae, en bleu. Un coup d’œil sur la carte nous montre un fait qui
n ’a rien d’étonnant : hospitia et stabula ont tendance à se concentrer aux
portes principales de la ville. A proximité immédiate de Porta Stabiana
nous avons par ex. dans reg. 1 : 1 , 3 avec les tabernae adjointes 4 et 5; 1, 8
avec les tabernae adjointes 6 et 9; 2, 24; et dans reg. V ili se trouve 7, 1.
Une tendance encore plus nette se manifeste à la Porta di Ercolano; dans
la région immédiatement environnante et pour l’essentiel le long de la
Strada Stabiana, la grand-rue qui mène à l’intérieur de la ville, elles se
trouvent toutes dans reg. VI : 1, 1; 1, 4; 2, 4/5; 2, 18/19; 2, 20 (?); 4, 3/4;
isola occidentale, 1; dans reg. VII, à l’endroit précis où la Strada conso
lare rencontre la Strada della Fortuna, 6, 11/16 (?). Entre la Porta di
Ercolano et la Porta del Vesuvio VI 9, 1 se trouve très certainement un
hôtel. Des 20 hôtels signalés ci-dessus il y en a donc 13 qui sont situés à
proximité des grandes portes d’entrée, les autres se groupant pour l’es
sentiel à proximité du centre de la ville, donc du Forum. Les premiers
reçoivent les voyageurs à leur arrivée dans la ville, les seconds leur
offrent un logement voisin du quartier où la vie commerciale est la plus
intense. On voit immédiatement le parallélisme avec la répartition des
hôtels dans les villes modernes.
Mais si dans la répartition des représentants de notre premier groupe
principal, une ou deux tendances claires se manifestent il est beaucoup
4 - 5 6 8 0 9 5 Kleberg
50
la juxtaposition de balnea, ulna, uenus (CLE 1499; 1923) n’est pas seule
ment un effet poétique. La présence des locaux hôteliers près des bains,
attestée par plusieurs auteurs, s’est manifestée sous deux formes : soit
dans les maisons de bain elles-mêmes, soit dans les bâtiments tout
proches. Un exemple de la première forme nous est donnée à Hercula
num (supra p. 45) et peut-être à Pompéi (p. 135, note 60); d’après la
tradition littéraire il a dû s’en trouver dans les thermes de Néron à Rome
(infra p. 59). A côté de ces cas concrets, nous disposons d’indications de
caractère plus général (Quint. 1, 6, 44; Mart. 12, 19; 12, 70; à notre sujet
se rapportent aussi vraisemblablement Sen. epist. 122, 6; Iuu. 8, 167
sqq.). Quant à la seconde forme, les exemples viennent de nous en être
donnés au cours de cette étude sur la tendance à la concentration. La
littérature contient aussi une série d’indications claires (Mart. 5, 70; Isid.
orig. 15, 2, 42 et les passages des glossaires et des scolies s’y rapportant;
cf. supra pp. 16 sq.).
Nous rencontrons enfin une concentration assez marquée dans les en
virons du Forum. Derrière le Temple d’Apollon se trouvent dans Reg.
V III 15, tout proches l’un de l’autre, 3 locaux du type restaurant et au
Vico di Eumachia 5 (ainsi qu’un hôtel proprement dit). Au nord du
Forum ce sont probablement les thermes qui pour une grande part ont
provoqué ce fort rassemblement.
Les rues que nous avons parcourues traversaient presque toutes les
quartiers de la ville qui formaient le centre de la vie commerciale et des
affaires. De ce fait il est normal qu’on y constate un grand nombre de
magasins de toutes sortes ainsi que de locaux pour le service de nourri
ture et de boisson. C’est ainsi que la Via dell’Abbondanza à Pompéi, la
rue la mieux fournie en tabernae, sur une étendue d’environ 600 m, n’en
contient pas moins de 20. Mais elles se trouvent réparties de façon assez
égale sur toute l’étendue; aucune concentration ne se manifeste, et rien,
du reste, ne justifiait son apparition.
Ce sont là sans doute les observations les plus importantes que nous
puissons faire concernant les tendances à la concentration des établisse
ments pour le service de nourriture et de boisson. Mais il est encore un
aspect que nous devons souligner. Un regard jeté sur la carte nous ap
prend que certaines parties de la ville manquent en fait totalement de
restaurants et de débits de vin. Ces parties sont, pour l’essentiel, de deux
types. Il s’agit d’une part des environs de temples et de certains bâti
ments officiels, d’autre part de la partie nord-ouest de la ville (si nous
faisons abstraction de la Porta di E rcolano, de la Strada consolare et de
53
leurs environs immédiats). Nous nous trouvons, pour ce dernier cas, dans
les quartiers aristocratiques aux rues récemment construites, droites et
bordées d’élégantes maisons particulières (61). Cette absence est aussi
naturelle que les concentrations signalées précédemment mais elle pré
sente un certain intérêt pour la compréhension de la position et de l’im
portance de l’activité hôtelière — restaurants et locaux destinés au
service de la nourriture et de la boisson — dans la vie sociale romaine.
Je reviendrai sur ce point dans un prochain chapitre. Bornons-nous ici à
constater que c’est d’abord et presque exclusivement pour la population
simple et pauvre que des locaux de ce genre avaient de l’importance, et
certainement une grande importance. En ce qui concerne Pompéi, il
est fort vraisemblable que les conditions misérables d’habitation de cette
couche de la population (leurs petites chambres louées ne leur donnaient
guère la possibilité d’avoir un fourneau pour chauffer l’eau et préparer la
nourriture) l’ont obligée à recourir dans une large mesure à ces établisse
ments publics. Sur toutes les implications de ce fait nous essaierons
d ’apporter quelques précisions en examinant le documentation que nous
livrera Ostie.
Herculanum
Ostie
que l’on peut déjà voir de la rue (63). On y a représenté une assiette en
verre avec une coupe, un entassement de grappes de raisin, un couteau,
une rave et un bol en verre avec cinq pêches baignant dans l’eau et
deux autres fruits charnus, suspendus à un clou et ornés de branches
vertes. On est porté à conclure que l’opposition dans les sujets des
deux natures mortes correspond à une opposition de faits et de prati
ques dans la vie courante. Je suis convaincu que cette dernière opposi
tion peut être démontrée, ou à tout le moins rendue vraisemblable.
Elle est à mon avis traduite de façon extraordinairement claire pré
cisément dans le nombre — très modeste et sans proportion avec l’im
portance de la cité — de locaux ayant évidemment servi à la consom
mation de nourriture ou de boisson à Ostie. Nous devons ici nous rap
peler que si les monuments pompéiens remontent pour la plupart aux
environs de la moitié du premier siècle après J.-C., ceux d’Ostie datent
presque exclusivement du début du second siècle après J.-C. ou d’encore
plus tard, c.-à-d. de l’époque qui a suivi la hausse de niveau dont nous
avons parlé (voir p. 45 supra). Si nous pensons que les restrictions im
posées par les empereurs ont eu quelque effet — et à Ostie on peut
certainement s’attendre à ce qu’elles aient été, au moins pour un temps,
appliquées —, on n ’en peut guère trouver de confirmation plus claire
que la rareté des établissements hôteliers qu’on a pu identifier comme
tels dans cette ville. Si les cuisines où l’on préparait la nourriture et si
les petits fourneaux où l’on chauffait les plats et l’eau ont disparu à la
suite des décrets, les critères les plus certains de l’activité hôtelière ont
été eux aussi éliminés par le fait-même. Le seul service de vin et de lé
gumes légers n’a pas nécessité de pièces d ’équipement laissant des traces
notables dans un champ de fouilles. Dans les nos 5-7 par ex. de la liste
ci-dessus (pp. 46 sq.) nous avons vu que seule la présence d’inscrip
tions et de mosaïques nous avait permis d’identifier les locaux. Mais
combien de débits de vin avaient un parquet de mosaïque et des in
scriptions? Naturellement Ostie a eu une foule de cabarets — nous en
connaissons un par les textes littéraires, Iuu. 8, 171 sqq. — mais c’est
seulement dans certains cas que nous sommes en mesure de déterminer
leur caractère.
Il est probable aussi qu’un autre facteur a à tout le moins contribué,
avec les édits impériaux répétés, à la rareté des établissements hôteliers
d ’Ostie. Comme je l’ai signalé plus haut (p. 53), il semble bien que la
population pauvre de Pompéi ait été dans une large mesure privée de la
possibilité de faire elle-même ses repas, dans les logements misérables
56
R om e
Comme Calza l’a indiqué, ce passage peut très bien se comprendre par
une particularité de certaines ruines d’Ostie. Le long du portique des
thermes près de Decumanus s’est trouvée une série de tabernae con
struites pour l’essentiel en bois (on a trouvé des traces de fondements en
pierre) qui ont été prolongées devant le portique et qui ont empiété sur
la largeur de la rue (70).
Une foule d’auteurs nous donnent de-ci, de-là des notices sur la pré
sence de locaux, dans la capitale, servant à la consommation de nourri
ture et de boisson : Suet. Nero 26; Iuu. 8, 158 sqq. (71); Treb. Gali. 21,
6; Lampr. Alex. 49, 6; Lampr. Comm. 3, 7; Capit. Ver. 4, 6; Aur. Vict.
Caes. 33, 6; Amm. 14, 1, 9; 14, 6, 25; 28, 4, 3; Plut. Mar. 44, 1 sqq.; So
crates scholast. hist. eccl. 5, 18; CIL VI 9825 (voir infra) et 9826.
Nous disposons pourtant de peu de renseignements sur l’emplace
ment des locaux et ils ne suffisent pas, en l’absence de monuments, à
donner une idée des tendances éventuelles de leur répartition. Ci-dessous
j ’ai cherché à rassembler les données disponibles dans les différentes
régions.
A la seconde région nous pouvons avec grande vraisemblance rattacher
le Malcus popina[rius\ mentionné dans l’inscription funéraire CIL VI
9825.
Dans la cinquième région — probablement — et en tout cas sur le
mont Esquilin où Properce habitait, s’est trouvée la taverne où les deux
hétaïres Phyllis et Teia se retirèrent lorsque Cynthie les eut chassées de
la maison du poète (Prop. 4, 8, 61 sq.).
La sixième région a eu A Tabernae (RK, E ngstrom, p. 35) (72). Il est
évidemment difficile de dire dans quelle mesure le sens de X Tabernae
est à rapprocher de celui que nous attribuons à taberna. Quant aux dé
nominations malum punicum et gallinae albae de la même région, E ng -
strom suppose (pp. 35 sq.) qu’elles tirent leur origine d’une enseigne
d’auberge (ou d’une autre enseigne).
Les I I I I scari de la huitième région sont interprétés par A rmini
(après Visconti) comme pouvant provenir de l’enseigne d’une popina
ou d ’un commerce de poisson (73). La même région, la huitième, contient
également la salax taberna chantée par Catulle (37), la neuvième ta-
59
U I ta lie en général
ce que les sources ont à nous apprendre sur les autres parties de Γem
pire. Nous nous limiterons à Γ Italie et aux provinces directement coloni
sées par ritalie ou directement influencées par elle. Nous ne tiendrons
pas compte de la Grèce et de l’Orient qui dans l’empire représentent des
mondes de culture souvent très différents, avec d’autres traditions et dé
pendant d’autres influences; dans certains cas cependant lorsque ces
pays ont à nous offrir des données qui, d’une manière ou d’une autre,
permettent une comparaison significative, nous les citerons au cours de
notre étude. Il peut être assez risqué de tirer une telle ligne de démarca
tion, d’autant plus qu’on ne peut toujours en fixer exactement les
méandres. Mais, comme on le verra par l’exposé suivant, le matériel qui
concerne les provinces, provient presque exclusivement de la Gaule et de
l’Afrique romaine, domaines qui sans conteste possible doivent rentrer
dans notre étude et lui apporter une contribution importante. Si la limite
dans certains cas venait à être dépassée, le danger qui en résulterait ne
serait pas, en fait, très considérable : dans ces contrées limitrophes, les
fils des diverses influences culturelles se sont si étroitement mêlés qu’une
distinction absolument stricte n’est plus possible.
Comme nous allons commencer par examiner les données fournies par
la campagne italienne et par ses petites villes, il convient de rappeler
d ’abord la nature de ces données. Au cours de notre enquête précédente
sur Pompéi, Herculanum, Ostie et Rome, nous avons trouvé divers
types de locaux destinés au logement et au service de nourriture et de
boisson. Il va de soi que les villes importantes comme Ostie ou Rome pré
sentent de ces divers types une différentiation beaucoup plus poussée
que les petites villes, pour ne pas parler de la campagne. Ce que nous
constatons ici, dans la mesure où nos sources assez pauvres nous permet
tent des conclusions certaines, ce sont principalement des représentants
de notre premier groupe principal que nous avons dénommé plus haut
(pp. 27 sqq.) types hospitium et stabulum. Cela n ’empêche évidemment
pas la présence de locaux appartenant à notre second groupe principal,
c.-à-d. celui des locaux destinés exclusivement au service de nourriture
ou de boisson, ou des deux réunis.
L’examen du matériel fourni par nos sources littéraires et épigraphiques
au sujet de l’Italie, nous met en présence d’un fait qui, en soi, n’a rien de
surprenant ou d ’inconnu. C’est surtout le long des grandes voies de com
munication que nos sources situent les auberges et les cabarets ainsi que
leurs tenanciers (84). En effet il est évident que le long de ces grandes
artères la circulation militaire et civile a été intense et variée, et que des
62
voyageurs de toute espèce ont parcouru les routes qui unissaient Rome
aux autres agglomérations plus ou moins importantes jalonnant les voies
de communication (85). La durée, en général relativement assez longue,
des voyages a fait naître naturellement le besoin de possibilités de loge
ment pour la nuit. Certes il y avait des voyageurs qui circulaient même
la nuit, et mainte notice nous signale de ces voyages nocturnes (86), mais,
indépendamment de la fatigue qu’ils provoquaient, de tels voyages n ’étai
ent pas très avantageux du point de vue sécurité (87). Pour la grande
majorité il était certainement souhaitable et nécessaire d’interrompre
le voyage pour la nuit et de prendre du repos. En plus, on devait égale
ment souhaiter trouver des endroits où se récréer et refaire ses forces
avec de la nourriture et des boissons.
A ces divers besoins on pouvait satisfaire de plusieurs manières. Les
gens de condition aisée avaient parfois, le long des routes, des maisons
privées où ils pouvaient descendre ou qu’ils pouvaient, à l ’occasion,
prêter à des amis. C’est ce que nous constatons par ex. dans les lettres
de Cicéron. Les lois de l’hospitalité permettaient surtout aux voyageurs
des classes supérieures de la société de profiter souvent de maisons amies
soit dans les villes, soit dans ces propriétés situées le long des routes.
Parfois aussi les voyageurs emmenaient non seulement de la nourriture
et de la vaisselle (cf. Plin. nat. 16, 50; Scaev. Dig. 34, 2, 40; Iuu. 10, 19;
Mart. 6, 94; Plut. Anton. 9, 8) mais même leurs propres tentes (88). Par
contre le voyageur plus modeste ne jouissait généralement pas de ces
avantages, et, même pour les plus riches, ils ont dû souvent faire défaut.
Le besoin d ’auberges et de locaux de consommation a été certainement
très considérable. Divers passages littéraires et des inscriptions nous
fournissent la preuve qu’il était répondu pleinement à ce besoin.
Déjà Polybe (2, 15, 5), parlant de la Gaule Cisalpine, raconte comment
les voyageurs avaient coutume de descendre dans les auberges le long
des routes (ποιούνται γάρ τάς καταλύσεις οί διοδεύοντες την χώραν εν τοΐς
παν δοκέ ίοις), et il ajoute à ce propos des renseignements fort intéressants
concernant les prix (cf. infra p. 118). D’une époque postérieure nous sont
parvenues une série de notices éparses sur la présence de ces endroits où
les voyageurs pouvaient trouver un logement ou des rafraîchissements,
ou les deux. Il n’y a qu’à se rappeler la situation offerte par le poème de
la Copa. Suétone raconte dans sa biographie de Vitellius (13) comment
l’empereur, même en voyage, ne se relâchait pas de sa goinfrerie coutu
mière et dans les popinae le long de la route prenait les plats de viandes
fumantes, même s’ils étaient réchauffés du jour précédent ou à moitié
63
mangés {manderet circa ... uiarum popinas fumantia obsonia nel pridiana
atque semesa). Varron recommande (r. r. 1, 2, 23) à celui qui possède
un terrain voisin d’une route, d’y installer une auberge pour y recevoir
les voyageurs, et il fait remarquer que cette entreprise peut procurer de
bons revenus : ut etiam, si ager secundum uiam et opportunus uiatoribus
locus, aedificandae tabernae deuersoriae, quae tamen, quamuis sint fruc
tuosae, nihilo magis sunt agri culturae partes. A notre sujet se rapporte
aussi le renseignement de Suétone cité ci-dessous (pp. 101 sq.) au sujet de
l’ex-préteur qui durant son édilité punit inquilinos praediorum suorum
contra uetitum cocta uendentes, ainsi que les passages de Mart. 3, 58, 12
(cf. le commentaire de F r ie d la n d e r (89)) et peut-être aussi d’Hor. sat.
1, 5, 79 (cf. infra p. 67). Peut-être les Caediciae tabernae mentionnées par
Paul. (Fest.) p. 45 nous fournissent-elles un autre exemple du même fait :
Caediciae tabernae in uia Appia a domini nomine sunt uocatae (90).
Il semble nécessaire de signaler ici brièvement une circonstance in
dispensable pour comprendre exactement la nature et la fréquence des
établissement hôteliers et des cabarets de la campagne. Autour des au
berges situées le long des routes, en particulier dans les régions moins
peuplées, il est souvent arrivé qu’on ait construit une, puis plusieurs
maisons d’habitation. On sait en outre que les empereurs firent installer
divers genres de maisons d’hébergement, tabernae et praetoria, sur les
voies militaires d’une certaine importance (91). Il ne fait pas de doute non
plus qu’il ait existé généralement des tabernae offrant aux voyageurs le
logement et la nourriture et voisines des stationes et mutationes officielles.
Plus d’une fois les agglomérations qui se sont constituées autour des au
berges de grands-routes ou des quartiers de logement officiels ont reçu
des noms dont l’origine est évidemment à rechercher dans la présence de
ces tabernae (92).
A la toute première étape de ce développement nous trouvons des
noms comme Tabernae près de la Moselle (Auson. Mos. 8) ou Tabernis,
survivant dans le nom actuel Zabern dans l’Alsace inférieure (Itin.
Anton. Aug. 240 : 1) (93). Tabernis est également à la base du Rheinza-
bern actuel (mais cf. F rie d lâ n d e r, I 9, p. 346 note 11) ainsi que du nom
du village suisse Tafers (94). En Afrique nous connaissons encore un
Tabernis (Itin. Anton. Aug. 8, 1) et, en Épire, une mutatio in Tabernas
(Itin. Burdig. 607, 7).
Le mot taberna entre dans une composition à peine plus complexe
dans le lieu bien connu Tres Tabernae sur la Via Appia. Nous retrouvons
exactement la même forme pour une mutatio située entre Interamna et
64
Spolète et pour une mutatio située entre Plancentia et Laus (Itin. Burdig.
613, 6; 617, 2). En Illyrie se rencontre aussi Tres Tabernas (Itin. Anton.
Aug. 318, 3; 329, 9). Le Tabernis cité plus haut (le Zabern alsacien)
s’appelle dans Amm. Marc. 16, 11, 11; 17, 1, 1 Tres Tabernae. Entre
Moguntiacum et Argentoratum se trouvait l’endroit appelé par Tab.
Peut. 3, 3, Tabernis X I (95).
Il est vraisemblable que la dénomination de Primae Tabernae (Prob.
Verg. georg. 3, 146 sqq.) en Lucanie (sur la Via Popilia) doit être du
même type que les précédentes.
Il arrive parfois que l’endroit porte le nom d’une taberna affectée du
nom d’une personne déterminée. Par exemple dans Tab. Peut. Bu fini
taberna (7, 1), Flacci taberna (7, 3) et Priscii taberna (8, 3), toutes en
Afrique. On peut rapprocher de ces exemples les Caediciae tabernae de la
Voie appienne citées plus haut (p. 63).
Un autre stade de développement nous est offert par Ad Taberna
frigida (Tab. Peut. 4, 1; Rauenn. 4, 32), actuellement Frigido, en Étrurie
(cf. K. Schneider dans P auly -W issowa , Reihe 2 : 4, 1871). Ce type
se présente pourtant plus fréquemment sous une forme elliptique. C’est
ainsi que les itinéraires contiennent des séries de noms qu’il faut expli
quer de cette manière. C’est le cas de Mutatio Nouas (Itin. Burdig. 610,
13) à l’est de Capoue, de Ad Nouas au nord de Clusium (Tab. Peut. 4, 4;
Rauenn. 4, 36), dans le sud de l’Étrurie sur la Via Cassia (Tab. Peut.
5, 3) (96), sur la Via Salaria entre Eretum et Reate (ibid. 5, 5), entre
Ariminum et Ravenne (ibid. 5, 1), en Rhétie (ibid. 4, 1), en Illyrie (Itin.
Anton. Aug. 329, 6), en Espagne (ibid. 452, 3), en Germanie (ibid. 243,
6), en Mésie inférieure (Tab. Peut. 7, 3; Itin. Anton. Aug. 218, 1) où nous
avons aussi Nouas leg. I Ital. (ibid. 4, 1), en Afrique (ibid. 24, 3). Du
même type sont Veteribus (ibid. 370, 3) en Gaule, et Veteris (ibid. 255, 5)
en Germanie. L’ellipse se retrouve encore avec d’autres adjectifs : M u
tatio Ad Medias (Itin. Burdig. 611, 11) au nord de Tarracina, Ad Medias
ou Mutatio Ad Medias (ibid. 557, 4; 560, 11; 616, 7) près de Mediolanum,
Ad Medias (Itin. Anton. Aug. 82, 3) en Sardaigne, Ad Medias (Tab.
Peut. 4, 4) en Afrique et Ad Mediam (Tab. Petit. 7, 4) en Mésie infé
rieure.
Dans le Latium nous trouvons Ad Pictas (Itin. Anton. Aug. 304, 8;
305, 10), appelé par Strabon Πικτάς πανδοχεία (cf. infra p. 67). A ce
nom peut se comparer la forme Ad Rubras qui à l’époque impériale se
substitue au nom précédent Saxa rubra (cf. infra p. 68). Le même
nom reparaît dans Ad Bubras (Itin. Anton. Aug. 431, 11) en Espagne et
65
Pour suivre dans quelques cas déterminés la manière dont ces auberges
se sont distribuées le long des routes, nous allons parcourir quelques-unes
des grandes voies de communication partant de Rome et noter au pas
sage l’emplacement des auberges de différents types qui nous sont con
nues. Commençons par la Voie appienne.
Sans détermination plus précise que celle de in Via Appia nous trou
vons les Caediciae tabernae nommées plus haut (Paul. (Fest.) p. 45); on
n’a guère le droit, comme Marquardt2 (p. 472 note 1) de s’appuyer sur
CIL 1 1199 pour les situer dans la région de Sinuessa. C’est vraisemblable-
67
ment près de la capitale et, de toute façon, à l ’extérieur des murs que
s’est trouvée la taberna où Cynthie s’est rendue au cours de son voyage à
Lanuvium (Prop. 4, 8, 19), car la loi municipale de César défendait même
aux matrones de circuler dans la ville en voiture (effusis ... rotis, v. 18).
— Près de Bovillae, situé à environ 15 km de la ville et presque considéré
comme un faubourg de Rome (102), nous connaissons la cauponula (Schol.
Cic. orat. Bobiensia) ou taberna (Ascon. Mil., pp. 31, 37, 40 et 55, ree.
S tangl), où fut emmené Clodius blessé et que Milo assiégea pour y tuer
son adversaire. A 6 km de là environ se trouvait Aricia qui reçut Horace
et sa compagnie hospitio modico (Hor. sat. 1, 5, 1 sq.). Trois auberges ont
certainement donné son nom au lieu dit Tres Tabernae, situé à environ
23 km plus au sud et connu, entre autre, par les Acta apost. (103). A environ
15 km plus loin vers le sud se trouvait le Forum Appii, point important
pour la circulation à travers les marais pontins et caractérisé par Horace
(sat. 1, 5, 4) comme differtum nautis cauponibus atque malignis. Entre le
Forum Appii et Tarracina était située une mutatio appelée Ad Medias
(p. 64). Dans la région de Capoue, là où la route oblique vers Cume et
Baïes, il faut sans doute placer les deuersoria nota mentionnés par Horace
dans son épitre 1, 15, 10 (104). Une inscription de Capoue, CIL X 3954
( = 3655), signale un M. Alfius stabularius. A une vingtaine de kilomètres
à l’est de Capoue il y avait une mutatio Nouas (p. 64) et plus loin dans la
même direction la ville de Caudium (105), d’une grande importance du
point de vue des communications et qui avait plusieurs cauponae (Hor.
sat. 1, 5, 51). A Bénévent se trouvait le sedulus hospes qui fut près de
mettre sa cuisine en feu (ibid., v. 71). Quelque part sur la route entre Béné
vent et Brundisium enfin, nous avons à chercher l’endroit — selon toute
vraisemblance une auberge rattachée à une uilla à l’intérieur ou à proxi
mité de Trivicum (106) — où le poète fut victime de la supercherie d’une
fille (vv. 79 sqq.).
Passons maintenant à la Via Latina. Ici, Cicéron (Cluent. 163) connaît
Ambiuium quendam cauponem de uia Latina, probablement très près de
la ville. Sur la même route Strabon signale encore (5, 237) Πικτάς
πανδοχεία nommé par Itin. Anton. Aug. 304, 8; 305, 10 Ad Pictas,
endroit très important pour les communications, situé au point même de
rencontre entre la Via Latina et la Via Labicana.
Dans la Via Praenestina se trouvait Gabies. De cette ville en pleine
décadence Dion. Hai. 4, 53 écrit : νυν μεν ούκέτι συνοικουμένη πάσα πλήν
όσα μέρη πανδοκεύεται, κατά την δίοδον .. . Les tabernarii occupaient
aussi une position importante dans l’administration de la ville, à en
68
juger par CIL XIV 2793, où leur corporation a reçu en don de l’argent
à l’occasion de l’inauguration d’un temple de Vénus, en même temps
que les décurions et les seuiri Augustales (107). De Tibur provient l’inscrip
tion funéraire sur Amemone, la belle aubergiste (CIL XIV 3709 = CLE
603)
fama ultra fines p]atriae popinaria nota,
quam propter mul]ti Tibur celebrare solebant.
Ambiuius (Cic. Cluent. 163) qui se sont ainsi trouvés à proximité des por
tes mêmes de la ville. Une illustration assez éclairante de la situation
nous est donnée par l’inscription pompéienne CIL IV 5092 ( = CLE 44)
où le voyageur invite le cocher a fouetter son âne et se dépêcher d’arri
ver à Pompéi puisqu’il a déjà profité d’un petit rafraîchissement, pré
cisément dans l’une des hôtelleries du bord de la route non loin de la
ville.
Le reste de la documentation concernant l’Italie se répartit de la
même manière pour l’essentiel le long des voies principales de circulation,
ce qui naturellement peut dépendre du fait que cette documentation
concerne surtout les agglomérations assez importantes. Le passage de
Polybe, cité supra p. 62, montre l’existence d’auberges le long des
routes de la Gaule Cisalpine. Dans la Via Popilia, entre Ariminum et
Ravenne, nous rencontrons une Ad Nouas (p. 64). Ravenne est repré
sentée par le copo dont parle Martial 3, 57. Au nord de Sena Gallica, sur
la côte, s’est probablement trouvé le lieu dit Ad Ensem (p. 66).
C’est dans une taberna d’Aquilée (près de la Via Postumia) que le tribun
Marinus, emprisonné, se donna la mort en 355 après J.-C. (Amm. 15,7,10).
Du point de jonction important, Mediolanum, provient l’inscription CIL
V 5931 sur C. Pomponius C. I. Pal. Sacco copo. Dans le prolongement de
la Via Aemilia vers Mediolanum il y avait, entre Placentia et Laus
Pompeia, une mutatio appelée Ad Rota (p. 66) et une autre dite Très
Tabernae (p. 64). Entre Rigomagus et Cuttiae sur la route qui part à
l’est d’Augusta Taurinorum se trouvait la mutatio Ad Medias (p. 64).
Dans la Via Cassia entre Florentia et Arretium nous rencontrons Ad
Aquilam (cf. pourtant p. 137, note 100; « Wirtshaus zum Adler », N issen ,
2: Halite 1, p. 314); sur la même route entre Arretium et Clusium, Ad
Nouas (supra p. 64).
CIL V 7907 est une inscription honorifique trouvée à Cimella, l’an
tique Cemenelum, près d’une branche de la Via Iulia Augusta, la der
nière partie de la Via Aemilia, qui va de Placentia au fleuve Varus. Elle
a été écrite pour Flauius Sabinus Iluiro [Sa]lin(iensium) duitatis suae ...
optimo patrono par les tabernari Saliniense[s] en 181 après J.-C. Nous
n ’osons affirmer que tabernarii a ici la signification de ‘tenanciers d ’au
berges’; s’il l’avait, on devrait conclure de l’inscription à l ’existence d’une
corporation d’aubergistes dans l’agglomération de Salinae.
L’importante ville fortifiée d’Aesernia dominait les deux voies de
communication principales de Campanie et de Bénévent (112). C’est de là
que provient la fameuse inscription funéraire CIL IX 2689 avec son re-
70
L es P rovinces
intus ueni; tabula est aena quae te cuncta perdocet, ce qui est sans doute
une invitation au voyageur à jeter les yeux sur le « menu » ou sur la
« carte des vins », gravés sur une plaque de cuivre mise à l’entrée de la
taverne. De l’antique Nemausus (Nîmes) provient CIL X II 3345, in
scription tombale concernant un copo nommé L. Trebonius Nicephorus
Patillus (lecture de Mommsen; l’éditeur H irschfeld interprète patillus
comme « qui patinam i. e. cibum in patina coctum ... venalem propo
nit »). Narbo (Narbonne) nous livre deux inscriptions dues à des copones
(CIL X II 4469, incertain; 5968). Lugdunum (Lyon) a contenu l’en
seigne connue et discutée CIL X III 2031 ( = CLE 1924) où Septumanus
recommande son hospitium cum prandio (119). Sidoine Apollinaire a en
voyé à son ami Lampridius qui se trouvait à Burdigala une lettre poé
tique où il décrit les madidae tabernae de la ville (epist. 8, 11, 3, v. 42
sqq.). Il est également possible que les fumosae popinae d’Ausone (157,
21) se soient trouvées dans la Gaule, sa patrie. Dans divers coins du pays
nous rencontrons les noms de lieu Veteribus (supra p. 64), Ad Stabulum
(p. 65), Ad Centuriones et Ad Publicanos (p. 66). Un certain nombre
d’images, plus ou moins intéressantes à notre point de vue, en particulier
des reliefs funéraires, proviennent de la Gaule. C’est ainsi que le Musée de
Bordeaux a le « buste d’un homme barbu...» qui, selon E spérandieu (120),
représente un « cabaretier (?) ». Un relief de tombe du Musée municipal
de Bourges est interprété par le môme auteur (121) comme pouvant être «la
pierre tombale d’un cabaretier »; enfin d ’Autun provient une figure (122)
où R einach (323) reconnaît les caractéristiques d’un « cabaretier (?) ». De
la capitale sénonaise, Agedincum, nous vient CIL X III 2956, l’inscrip
tion tombale sur Primius Fronto, copo de son métier et originaire de
Trêves. Sur quelques-uns des nombreux uasa potoria on lit des inscrip
tions (CIL X III 10018) qui contiennent parfois le mot copo (cf. pp. 125
sq., note 14), lequel, bien que faisant partie de la marque de fabrication,
indique l’emploi du vase dans un établissement hôtelier de l’endroit où
il a été trouvé. Or de tels vases se rencontrent dans le nord de la France,
en Belgique et dans la région du Rhin. C’est à la Gaule Belgique que fait
allusion Vopisc. Car. 14, 2 dans ce texte : cum ... Diocletianus apud
Tungros in Gallia in quadam caupona moraretur in minoribus adhuc locis
militans ... Ce sont des faits touchant la Gaule, enfin, qui sont signalés
dans Spart. Pese. 3, 9 sq. : extat epistula Seueri, qua scribit ad Ragonium
Celsum Gallias regentem : ’... milites tui uagantur, tribuni medio die
lauant, pro tricliniis popinas habent, pro cubiculis meritoria ...’ (124).
En Germanie on connaît les noms de lieu Tabernae (Tres Tabernae),
72
R o m e e t e n v ir o n s im m é d ia t s (*) :
A m b iu iu s ; cau po de V ia L a tin a (Cic. Cluent. 163).
C rito n ia Q. I. P h ile m a p o p a de in s u la (CIL VI 9824)*
I s id o r u s (ibid., 9826).
L ic in iu s ; p o p a n escio q u i de C irco m a x im o (Cic. Mil. 65).
M a lc u s p o p in a [ r iu s ] (CIL VI 9825).
P o tita p r o p in a (ria) (D e R o s s i , La Roma sotterranea cristiana, 2, p. 254; tav.
43, no 4).
(CIL VI 9919).
U rb a n u s . . . u h ta b ern a riu s
Les trois derniers cités, Malcus, Potita et Urbanus, sont chrétiens. En ce
qui concerne Isidorus, son h olograph u s à tout le moins est chrétien (cf.
infra p. 88) (2).
O s t ie :
A le x a n d e r H e lix (cf. supra p. 47).
F o rtu n a tu s (cf. supra pp. 46 sq.).
75
P om péi :
L ’I t a l i e en général:
Cette liste assez peu fournie ne nous permet guère de tirer des conclu
sions importantes. Nous constatons — ce qui n ’a évidemment rien
d ’étonnant — que les affranchis y sont représentés et il importe de
souligner — même si la pauvreté de notre documentation nous interdit
de généraliser — que sur les 4 noms complets de tenanciers contenus
dans la liste ci-dessus, 3 sont ceux de liberti (ou libertae) tandis qu’un
seul est celui d’un homme de naissance libre. Selon l’inscription de
Narbonne, Lucius Afranius a été seuir Augustalis, charge pour laquelle
on recrutait en général des affranchis (8). Des noms tels que Malcus,
Urbanus, Epagathus, Hermes, Pardalus, Paris, Phoebus, etc., renvoient
sans doute possible aux classes inférieures.
En fait, nous pouvons constater qu’un certain nombre de ces tenan
ciers ont été d’origine grecque ou orientale. Dans bien des cas, les
cognomina ne sont que leurs anciens noms d’esclaves. La liste ci-dessus
recouvre sans aucun doute plusieurs éléments grecs. D ella Corte
(Case2, p. 170) estime pouvoir prouver que, à Pompéi, le tenancier de
l’hôtel et des locaux de consommation adjoints Reg. VII 11, 11/14 a
été d’origine juive. Nous avons déjà cité le cabaretier syro-phénicien de
Rome dont Juvénal (8, 122) fait état. Lucilius (128, ed. Marx ) mentionne
une caupona Syra de Palinure. Dans le poème de la Copa le premier
vers contient le mot Syrisca, interprété entre autres par L eo comme nom
de l’hôtesse (9). On ne peut cependant écarter l ’hypothèse qu’il s’agisse
ici d’un nom de nationalité, et cette hypothèse se mue presque en certi
tude si l’on compare Lu cil. 128 : caupona ... Syra et l ’inscription syra-
cusaine IG XIV 24 : Δεκομία Συρίσκα πανδόκια χρηστά χαΐρε (10).
Le tenancier d’auberge Urbanus est caractérisé dans l’inscription de
Rome CIL VI 9919 comme u(ir) honestus), titre d’ordinaire réservé aux
classes supérieures de la société. Mais l’inscription est d ’une époque si
tardive que ce titre a pu subir une « dévaluation » catastrophique et
être employé sans gêne par toutes sortes de petites gens (u ).
Rien d’étonnant non plus à ce que nous rencontrions, dans cette
catégorie, des chrétiens. J ’aurai l’occasion de revenir plus loin (pp. 95
sq.) sur la participation, directe ou indirecte, des prêtres à l’activité
hôtelière et sur ce qu’a été l’attitude de l’Église à ce sujet.
que nous allons entreprendre sur les renseignements donnés par les textes
sur la condition sociale des aubergistes et des cabaretiers, il ne sera
donc question que du second groupe. Nous commencerons par citer
certaines dispositions légales concernant les tenanciers et leurs familles.
Le Cod. Theod. 4, 6, 3, dans le décret suivant pris par Constantin en
336, limite en ces termes le droit des sénateurs et d’autres catégories de
personnes en ce qui touche à la reconnaissance légale de leurs fils :
senatores seu perfectissimos uel quos in duitatibus duumuiralitas uel quin-
quennalitas ... uel sacerdotii prouinciae ornamenta condecorant, placet
maculam subire infamiae et peregrinos a Romanis legibus fieri, si ex
ancilla uel ancillae filia uel liberta uel libertae filia ... uel scaenica uel scaeni
cae filia uel ex tabernaria (13) uel ex tabernari filia uel humili uel abiecta uel
lenonis uel harenarii filia uel quae mercimoniis publicis praefuit, susceptos
filios in numero legitimorum habere uoluerint... Le décret se retrouve avec
des variantes insignifiantes dans le Cod. Iust. 5, 27, 1. E t le Cod. Iust. 5,
5, 7, 1 sq., dans une lettre impériale de Valentinien et de Marcien en
454, nous donne une définition : humilem uel abiectam feminam minime
eam indicamus intellegi, quae, licet pauper, ab ingenuis tamen parentibus
nata sit. unde licere statuimus senatoribus et quibuscumque amplissimis
dignitatibus praeditis, ex ingenuis natas quamuis pauperes in matrimonium
sibi adsciscere ... humiles uero abiectasque personas eas tantummodo
mulieres esse censemus : ancillam ancillae filiam, libertam libertae filiam,
scaenicam uel scaenicae filiam, tabernariam uel tabernarii uel lenonis aut
harenarii filiam, aut eam quae mercimoniis publice praefuit; ideoque
huiusmodi inhibuisse nuptias senatoribus harum feminarum quas nunc
enumerauimus. (Cf. Nou. Martiani 4, 1, 3.)
Cette ordonnance paraît contenir une certaine contradiction du fait
qu’au début il est constaté qu’aucune femme née de parents libres
n ’est humilis uel abiecta, tandis qu’à la fin il est dit qu’à cette catégorie
appartiennent une série de femmes parmi lesquelles tabernaria uel taber
narii filia à côté de liberta uel libertae filia. Cette contradiction disparaît
cependant dans l’ordonnance prise par Justinien en 539 Nou. 89, 15 et
117, 6 qui supprime celle de Constantin, laquelle avait déjà évidemment
été abandonnée dans la pratique.
Le profond mépris dans lequel étaient tenus les membres féminins
de la famille du tabernarius ressort encore d’une série d’autres mesures
impériales touchant leur position en cas d ’adultère.
On lit à ce sujet dans Paul. Sent. 2, 26, 11 parmi d’autres ordonnances
touchant l’adultère : cum his, quae publice mercibus uel tabernis exercendis
6 —568095 Kleberg
82
ex. en italien (18). Le passage de Varron que nous venons de citer est
peut-être le reste d ’un proverbe. Lorsque Pétrone 62 fait raconter à
Nicéros sa terrible aventure avec le soldat changé en loup, il emploie
pour caractériser la rapidité de sa fuite l’image fugi tamquam copo
compilatus. Otto (19) y voit une expression voisine d’un proverbe : « wie
ein bestohlener Budicker, der dem Diebe nachsetzt. » On peut comparer
cette situation à celle décrite dans Pétrone 95. F riedlander , dans son
commentaire du premier passage (20), cite également une autre explication,
fournie par Georges « wie ein durchgeblâuter (Gastwirt) » et ajoute :
« Vielleicht eine bekannte Mimen- oder Atellanenfigur. » L ’hypothèse est
très séduisante, et en fait il n’y a pas grande différence entre le rattache
ment de l’expression à un proverbe et sa dépendance de la comédie
populaire. Il peut cependant être de quelque intérêt de faire remarquer
que le cabaretier a dû certainement être un type de la comédie romaine.
Nonius (155, 30) signale qu’Epnius a écrit une pièce intitulée Cupiuncula.
R ibbeck (21) a certainement raison de lire Caupuncula. Le titre de la comédie
d’Ennius ainsi que la pièce elle-même ont probablement été empruntés
au grec et nous pouvons à ce propos nous rappeler le titre, transmis
par Hérodien, d’une comédie de Théopompe Καπηλίδες (22). Par Festus
(p. 177) nous connaissons une pièce de l’auteur d’atellanes Novius,
intitulée Maccus copo (le ms. F a in Macchoco pone; la leçon Macco
copone est certainement correcte ; elle est encore confirmée par sa simi
litude avec nombre d’autres titres de comédies du même type : Maccus
exui, Maccus miles, etc.) (23).
Pour mieux comprendre encore le jugement porté sur les auberges et
sur leurs propriétaires, on peut encore se rappeler que certaines des histoi
res criminelles les plus effrayantes de la littérature antique se déroulent
dans des cabarets et dans des hôtelleries. Comme on le sait, Cicéron en
relate deux. Dans la première de ces histoires il raconte comment de
deux hommes qui se rendaient à un marché un fut tué dans une auberge
(inu. 2, 14 sq.). La seconde histoire, aussi sanglante, était souvent citée,
selon Valére Maxime, par les philosophes stoïciens pour montrer le pouvoir
des songes de donner des avertissements surnaturels. Deux voyageurs
descendent dans une auberge où l’un d’eux est assassiné. Malgré une
révélation faite dans un songe, le second ne se préoccupe pas de porter
secours à son compagnon, mais un nouveau songe lui apprend que le
meurtre a été commis et par quels moyens il le fera connaître (diu. 1,
57; Val. Max. 1, 7, ext. 10).
Galenos nous a conservé une histoire macabre. Il assure avoir appris
85
de narrateurs dignes de foi qu’on leur servit un jour dans une auberge
une soupe délicieuse, dont ils surent après coup qu’elle avait été faite
avec de la chair humaine (6, 663; 12, 254). On avait surpris par la suite
les hôtes en flagrant délit, alors qu’ils s’apprêtaient à tuer quelqu’un.
Dans une description vivante de l’époque de l’empereur Théodose,
Thistorien ecclésiastique Socrates Scholasticus mentionne une forme
d’enlèvement de personnes que l’on attirait dans les cabarets (hist.
eccles. 5, 18; supra p. 80, infra p. 90).
Les deux récits de Cicéron sont certes d’origine grecque mais on peut
les considérer comme significatifs de la condition hôtelière romaine, ou
du moins de ce que les gens pensaient des auberges et des aubergistes de
tout genre.
Dans l ’imagination populaire les femmes des auberges apparaissaient
souvent comme des magiciennes et des sorcières. Dans Apulée (met. 1, 8)
il est dit d’une caupona : saga . . . e t diuina, potens caelum deponere,
terram suspendere, fontes durare, montes diluere, manes sublimare, deos
infirmare, sidera extinguere, Tartarum ipsum illuminare. E t Apulée pour
suit sa description en donnant quelques exemples concrets du dange
reux pouvoir de la caupona. Augustin raconte dans de ciu. dei 18, 18 :
nam et nos cum essemus in Italia audiebamus talia de quadam regione
illarum partium, ubi stabularias mulieres inbutas his malis artibus in
caseo dare solere dicebant quibus uellent seu possent uiatoribus, unde in
iumenta ilico uerterentur et necessaria quaeque portarent.
Même s’il convient de prendre non seulement quelques-unes des
histoires que nous venons de rappeler mais encore beaucoup d ’autres
cum grano salis, et même si l ’on peut certainement supposer que l’imagi
nation populaire s’est donné libre cours dans l’Italie ancienne comme
ailleurs à l ’époque contemporaine, il n ’en reste pas moins établi que les
caupones composaient une classe méprisée et suspecte de la société.
Une question particulièrement débattue et difficile à résoudre est
celle de savoir si les cabaretiers ont formé une corporation. Cette question
est trop intimement rattachée à celle de leur position dans la société
romaine pour pouvoir ici être laissée de côté. Zell affirme (p. 23) :
« die Schenkwirthe ... bildeten auch nicht wie andere Handwerker und
Gewerbsleute eine Zunft (collegium, corpus) » et ajoute en note (p. 47)
qu’il n ’a pas de preuve positive mais qu’il conclut à l’inexistence e silen
tio. Pourtant on ne peut décider si vite : plusieurs textes invitent à
tirer une conclusion très différente. Lamprid. Alex. Seu. 49, 6 écrit ce
qui suit : cum Christiani quendam locum, qui publicus fuerat, occupassent,
86
contra popinarii dicerent sibi eum deberi, rescripsit melius esse, ut quemad-
modumcumque illic deus colatur quam popinariis dedatur. L’anecdote
semble indiquer que les popinarii ont agi ici comme une unité, en tan t que
corporation (24). Le langage est encore plus clair dans le texte de Symm.
rei. 14, où Symmaque, praefectus urbis en 384 ou peut-être en 385,
prie à ce moment Valentinien de ne pas imposer avec trop de sévérité
la equorum collatio qu’il a ordonnée aux corporati negotiatores. Il rappelle
que le père de l’empereur avait cédé dans une situation semblable.
nouerat, poursuit Symmaque, horum corporum ministerio tantae urbis
onera sustineri. Il énumère ensuite une série de corporations et y inclut
les caupones. Ainsi il paraît bien établi que les caupones de Rome, à tout
le moins à la fin du IV e siècle, étaient organisés en collegium. On ne
peut pourtant décider si le corpus tabernariorum dont il est question dans
CIL VI 9920 (début du Ve siècle; cf. infra pp. 130 sq., note 64) doit
s’interpréter comme un collegium de cabaretiers ou de propriétaires de
boutiques (25).
Pour d ’autres endroits encore que pour la capitale de l’empire il
semble que nous ayons des preuves de l’existence de corporations
d’aubergistes. Pour l ’Égypte nous possédons un témoignage certain (26).
A la tête de l’association se trouvait ό έπάνω των καπήλων (Leontius,
Vita Iohann. Eleemon. 16).
En ce qui concerne les parties occidentales de l’empire, nous disposons
d’abord des sources que constituent les manifestes électoraux de Pompéi.
On y mentionne, comme on sait, une foule de groupes d’artisans et de
commerçants soutenant divers candidats. Il est vraisemblable — mais non
absolument sûr — que l’on a le droit de voir ici, avec Liebenam et D e ll a
C o rte (27), la preuve que ces groupes formaient des associations déter
minées. Dans ces manifestes on trouve aussi des cabaretiers. CIL IV 336
invite les caupones à voter pour Sallustius Capito, et 1838 leur adresse
une salutation (28).
Déjà précédemment (p. 68) en étudiant l ’extension prise par l’in
dustrie hôtelière nous avons signalé l’inscription de Gabies (CIL XIV
2793) dans laquelle Aulus Plutius Epaphroditus, lors de l’inauguration
de son temple de Vénus en 169 après J.-C., accorde non seulement aux
dé curions et aux seuiri Augustales mais également aux tabernarii intra
murum negotiantes, un don en argent. L ’éditeur (Dessatj) ajoute :
« colligi potest corpus tabernariorum locum non ultimum in re publica
Gabinorum obtinuisse. » Nous avons aussi invoqué (p. 69) l’inscription
honorifique trouvée à Cimella (CIL V 7907) qui a été offerte par tabernarii
87
Spatalus seruus Corneli Zosimi (Not. scav., 1887, p. 380; D ella Corte
Case2, p. 114) a peut-être été institor dans la taberna de son maître.
Nous avons cité plus haut (p. 79) le nom d’un procurator, Eros, qui
tenait peut-être la taberna de la « domus Poppaeorum ». Nous trouvons,
dans une inscription due à une rivalité amoureuse et qui donne une
admirable impression de vie, la mention d’une Iris, coponiaes ancilla,
aimée par le tisserand Successus et par son rival (CIL IV 8258 et la suite
8259) (36). Dans la même taberna servaient probablement les dénommées
Capella Bacchis et Prima (37). Dans CIL IV 1819 nous trouvons une
uinaria appelée Suauis; il est question dans 1679 ( = CLE 931) d’une
Hedone qui était soit serveuse, soit hôtesse (38). Au cabaret dit des Asellinae
(Reg. IX 11, 2) il y avait, outre Asellina, une Zmyrina ou Ismurna, une
Aegle et une Maria (39), toutes certainement des serveuses du cabaret.
L ’estaminet d’Hermès, Reg. II 4, 1, a probablement compté dans son
personnel une Palmyra, appelée sitifera, et la beauté dont la postérité
n ’a conservé que la finale du nom ... trena mais qui est peut-être caracté
risée de manière assez suggestive par son épithète culibonia (40).
On remarque immédiatement avec quelle richesse l’Orient et la Grèce
sont représentés dans la pauvre collection de noms de personnes qui
nous est parvenue. Dans une ville commerciale animée comme Pompéi,
le nombre de Grecs et d’Orientaux a dû être relativement élevé et il
est tout naturel qu’une catégorie de personnes telles que celle des filles
d’auberges se soit dans une large mesure recrutée dans leurs milieux.
Aegle, Hedone et Iris sont des noms grecs, et Maria, Palmyra et Zmyrina
indiquent l’Orient comme patrie de celles qui portent ces noms (41).
Une question qu’il serait bon de considérer à ce propos est la position
du personnel féminin plus spécialement affecté à la prostitution. Plusieurs
textes témoignent du fait que la fonction de serveuse et celle de prostituée
étaient souvent cumulées par la même personne. Ulp. Dig. 23, 2, 43, 9
explique que rentre dans la catégorie lena : si qua cauponam exercens in
ea corpora quaestuaria habeat (ut multae adsolent sub praetextu instrumenti
cauponii prostitutas mulieres habere). E t 23, 2, 43 pr. il est dit : palam
quaestum facere dicemus non tantum eam, quae in lupanario se prostituit,
uerum etiam si qua (ut adsolet) in taberna cauponia uel qua alia pudori
suo non parcit. Cf. Ulp. Dig. 3, 2, 4, 2; Cod. Iust. 4, 56, 3. Il est bon de
replacer dans ce contexte pour le comprendre le mot d’Apulée sur tam
absurdis tamque tabernariis blanditiis (cf. supra p. 22). Plusieurs exemples
concrets nous sont offerts par la littérature et les inscriptions, telle la
salax taberna de Catulle (37, 1) (42). Nous avons déjà vu (supra p. 30)
90
ce par quoi l’intendant d ’Horace était attiré vers la ville, fornix et uncta
popina (epist. 1, 14, 21); et il est probable que la meretrix tibicina dont
parle le poète (v. 25) se trouvait dans le débit de vin. Un nouvel exemple
nous est vraisemblablement fourni par le rendez-vous manqué d’Horace
avec la fille trompeuse durant son voyage à Bénévent (cf. supra p. 67).
La gracieuse description, donnée par le poème de la Copa, des plaisirs de
la taverne ne manque pas non plus d’allusions au même fait (v. 30;
33). Nous avons rapporté précédemment (supra p. 80) le récit de
Socrates Scholasticus sur la pratique d’intendants de boulangerie com
binant l ’exploitation d’un cabaret et celle d’une maison de débauche (43).
La fameuse inscription d’Aesernia CIL IX 2689 avec son dialogue entre
l’hôtesse et le voyageur quittant l’auberge ne laisse pas subsister le moindre
doute : en plus du vin, du pain, du logis, du fourrage pour l’âne, la note
mentionne aussi puella (44). Deux autres inscriptions se rattachent à
notre sujet. L’une est un graffito griffonné dans une des lettres d ’un
manifeste électoral immédiatement voisin d’un cabaret pompéien (Reg.
II, 2, 3) : futui coponam (CIL IV 8442; D e ll a C o rte , Case2, p. 290).
L’autre, d’un parallélisme curieux, est offerte par un uas potorium de
Bonn, CIL X III 10018, 95 : futuui ospita (cf. ibid. 92-94). Enfin, il
faut peut-être mentionner l’inscription CIL IV 4884, trouvée sur le
mur de la pièce intérieure d’un estaminet pompéien Reg. V III 2, 24 : ...
s bellissimu(m) futuerunt. Ces exemples nous rapprochent des données
archéologiques dont nous allons maintenant examiner les témoignages.
Nous les trouvons exclusivement à Pompéi où elles sont, de plus,
extrêmement peu nombreuses. Nos conclusions reposeront donc sur quel
ques cas assez rares mais caractéristiques.
Il s’agit seulement de la décoration de quelques pièces. Reg. IX 5, 16
(voir supra pp. 36 sq.) a, dans une des pièces donnant sur l’atrium, un cer
tain nombre de peintures obscènes (45). Reg. V I 10, 1 qui nous fournit des
renseignements si précieux par ses peintures murales, comporte aussi une
pièce {d) où les peintures, de caractère fortement érotique, nous donnent
à penser qu’elle servait au même commerce (46). Enfin on trouve au cabaret
Reg. VI 14, 28, sur une plaque en terre cuite apposée au mur un ithy-
phallos (47).
On peut certes faire remarquer que ces exemples ne sont pas directe
ment probants, mais si on les regarde à la lumière des renseignements
fournis par la littérature et par les inscriptions, ils constituent tout de
même des indices dont la signification est assez évidente.
Nous avons vu précédemment (pp. 81 sq.) qu’on ne pouvait considérer
91
comme adultères les relations avec une fille d’auberge et que c’est le
Codex Theodosianus qui, le premier, exceptait de cette même ordon
nance l’hôtesse elle-même, à la condition qu’elle ne remplît pas person
nellement les fonctions de serveuse. Ainsi donc, à cet égard, les serveuses
étaient mises sur le même pied que les meretrices (48).
Pour atteindre notre but qui est de nous faire une idée de la position
dans la vie sociale romaine de l’industrie hôtelière et de ceux qui s’y
livraient, nous pouvons encore suivre une autre piste. Une question dont
la solution peut éclairer fortement notre recherche est la suivante : par
qui était formée la clientèle des cabarets romains, pour quelle classe de la
société ceux-ci jouaient-ils un rôle de quelque importance ? On ne peut
répondre à cette question qu’après avoir fait la critique des données
assez peu abondantes qui sont à notre disposition. En effet, à côté de
purs renseignements de faits, comme par exemple la visite de tel ou tel
cabaret par telle ou telle personne, on trouve des jugements plus géné
raux, qui sont dans bien des cas fortement teintes par l’indignation et le
mépris. Il est très délicat et probablement impossible de déceler exacte
ment la réalité que recouvre chacune de ces déclarations.
Il faut tout d’abord distinguer nettement les auberges de campagne
et les cabarets des villes, en particulier de Rome. Il est évident qu’un
voyageur, éloigné de sa demeure et de ses amis, avait autrement besoin
des auberges et des restaurants que le Romain habitant Rome.
Nous avons déjà indiqué (p. 62) que la plupart des voyageurs,
même assez riches, devaient, au cours de longs voyages, descendre dans
des auberges. C’est ainsi par ex. qu’Horace et ses distingués compagnons
de voyage étaient amenés, au cours de leur voyage à Brundisium, de
loger de temps à autre dans les auberges qui jalonnaient leur route (sat.
1, 5 passim). Nous savons aussi que l’empereur Vitellius pendant ses
tournées se rendait dans les auberges de divers genre situées le long de la
route et qu’il s’y comportait mulionibus ac uiatoribus praeter modum
comis (Suet. Vitell. 7; cf. 13). Nous n’ignorons pas non plus que
Dolabella fut assassiné dans une taberna lorsque, sur l’ordre de Vitellius,
il faisait le voyage de Rome à Lyon (Tac. hist. 2, 64; cf. supra p. 68).
Mais en général ces hospitia, stabula et autres établissements similaires
recevaient des hôtes beaucoup moins distingués, des voyageurs de
commerce (Ulp. Dig. 17, 2, 52, 15 (49); Apul. met. 1, 4), des muletiers
(Suet. Vitell. 7 ; cf. Plut, de sanitate praecepta, 16), des marins (Plut.,
op. cit.), etc. Malgré ce fait, il n ’était pas considéré comme indécent,
92
aussi dans Juvénal 9, 108 et Ausone 398, 45 que les cabarets étaient, de
plus, des centres pour le colportage de nouvelles vraies ou fausses. Les
disputes et les batailles n ’y étaient certainement pas rares (51).
Aussi pour le Romain distingué était-ce une offense au décorum que
de se montrer dans des locaux publics où l’on servait à manger et à boire.
A ce propos, nous pouvons nous en référer soit aux affirmations générales
explicites, soit au ton que l’on mettait à relater certains faits précis.
Nous trouvons de nombreux cas parallèles dans le domaine grec (δ2).
Selon le témoignage, qu’il ne faut peut-être pas prendre à la lettre, de
Pétrone (140), Socrate avait coutume de se flatter quod numquam ... in
taberna conspexerat. Dans le duel poétique célèbre entre l’empereur
Hadrien et l’historien Florus, l’empereur reproche plaisamment à ce
dernier son genre de vie (Spart. Hadr. 16, 4) :
Ego nolo Florus esse,
ambulare per tabernas,
latitare per popinas,
culices pati rotundos (53).
fiant, ibi risus et plausus et uerba turpia, ibi rixae et contentiones resultent...
La réaction du concile fut nette : itaque interdicit per omnia synodus ne
hoc imposterum nullatenus fiat, quod si factum fuerit, presbyter deponatur ;
laici communione priuati ab ecclesia, quam dehonestauerunt, expellantur
(Regino, de eccles. disciplinis 58). Au sixième concile général de Constan
tinople en 680, on prit une décision semblable (63).
Beaucoup moins bien attestée est la leçon fumosa. Aussi famosa a-t-il
été adopté par certains éditeurs récents ainsi que par le Thés. (vol. 6 :
p. 1, 257, 36 sqq.) qui cite Cod. Theod. 7, 13, 8 : famosarum ministeriis
tabernarum. Pourtant cette lecture introduit une rupture de style si
marquée qu’il faut y regarder à deux fois avant de l’accepter (64). Pour
ma part j ’incline à lire fumosa (65). Quoi qu’il en soit, la leçon famosa est,
de notre point de vue, aussi intéressante, soit qu’elle remonte à l’auteur
lui-même, soit qu’elle provienne de l ’un des copistes, dans la mesure
où nous n ’avons pas à faire à une confusion tout à fait inconsciente
entre u et a. Dans les deux cas, le jugement impliqué rejoint ceux que
nous avons rassemblés.
Horace appelle les popinae immundae (sat. 2, 4, 62), de même que
Aulu-Gelle leur accole l’épithète de sordentes (9, 2, 6). E t dans Sen. ad
Lucil. 51, 4, il est dit : non tantum corpori sed etiam moribus salubrem locum
eligere debemus, quemadmodum inter tortores habitare nolim, sic ne inter
97
popinas quidem ... Sen. dial. 7 ,7 ,3 peut aussi témoigner du mépris dans
lequel le philosophe tenait les cabarets.
Si ces déclarations peuvent être suspectées de subjectivisme par suite
de certaines dispositions affectives des auteurs, il n’en est plus de même
lorsqu’il s’agit du témoignage absolument objectif du droit romain.
Au cas où un arbiter était choisi pour régler un différend entre deux
personnes et si cet arbitre déterminait un endroit où les deux parties
devaient se rencontrer, celles-ci avaient l’obligation absolue de s’y
rendre. Mais Ulpien (Dig. 4, 8, 21, 11) ajoute : sed si in aliquem locum
inhonestum adesse iusserit, puta in popinam uel in lupanarium ..., sine
dubio impune ei non parebitur (66).
Le langage de Paulus (Dig. 47, 10, 26) n’est pas moins clair : si quis
seruum meum uel filium ludibrio habeat licet consentientem, tamen ego
iniuriam uideor accipere : ueluti si in popinam duxerit illum, si alea luserit.
7-568095 Kleberg
C H A P I T R E IV
LE S E R V I C E D A N S
LES É T A B L I S S E M E N T S H Ô T E L I E R S
N o u rritu re , boisson , vaisselle , décoration , d ivertissem en ts , pri#
repas pour Ascyltos et pour lui-même (1), et qu’à une autre occasion il
est signalé que les amis venaient de terminer un repas préparé par Giton,
une fois encore à l’hôtel (2). Nous trouvons aussi, à plusieurs endroits,
des renseignements sur les provisions et la vaisselle emmenées par des
voyageurs (cf. supra p. 62). Naturellement plus d’une fois la nourriture
ainsi apportée était remise à l’hôtelier qui se chargeait de la préparer.
Ainsi, dans Plut, apophth. Lac. (varia Laconum apophth. 44; Plut,
scripta moralia, 1, Parisiis 1868, p. 289, ligne 50); Plut, de esu carn. 1,
5, 6 (scripta moralia, 2, Parisiis 1877, p. 1217, ligne 36). En d ’autres
cas l ’hôte s’en tenait à la nourriture que l’hôtel où il descendait était en
état de lui donner.
Celle-ci pouvait évidemment varier énormément d’un cas à l’autre,
mais en général il ne semble pas qu’elle ait été très raffinée. Certes,
Epictète (diss. 2, 23, 36 sq.) parle d’auberges bien tenues et agréables où
le voyageur pouvait être tenté de séjourner au delà du temps nécessaire
et l’on peut, de cette remarque, conclure que la nourriture n ’était pas
toujours à mépriser. Certes encore Strabon (17, 801) signale que sur le
canal de Canope, on trouvait des auberges dont le régime s’accordait
bien avec l’abondance qui régnait en ces régions. Mais en règle générale
le menu se limitait sans doute à ce qui, d ’après l’inscription d’Aesernia,
fait l’objet de la note remise par l’hôtelière à son hôte (CIL IX 2689),
à savoir du vin, du pain et un peu de viande (3). Il était le plus souvent
inutile de demander quelques mets plus choisis, comme le constatent
ces vers de Lucilius (132 sq.) :
ostrea nulla fuit, non fureur a, nulla peloris,
asparagi nulli ...
servie dans des salles réservées à cette fin (cf. les hôtels pompéiens
décrits plus haut pp. 32 sqq.) mais il est clair qu’elle l’a pu être aussi
dans la chambre même du client (Petron. 95, 1; probablement Apul.
met. 1, 7).
Passons maintenant aux établissements dont l’activité se limite au
service de nourriture et de boisson, à ceux que précédemment (pp. 28 sq.)
nous avons rangés dans le deuxième groupe principal. Pour ceux-ci, les
renseignements dont nous disposons sont bien plus abondants, et sur
certains points importants nous pourrons grâce à eux aboutir à une
connaissance assez sûre.
Nous examinerons d’abord les documents qui traitent du service de
nourriture (et qui donc nous renvoient au type que nous avons appelé
popina) ainsi que de la préparation de l’eau chaude difficilement séparable
du service de la nourriture; ensuite nous étudierons les renseignements
qui nous sont parvenus concernant le service du vin.
Dans Plaut. Poen. 41 sqq. nous trouvons signalé, comme friandise
délicieuse d’une popina, une sorte de pâtisserie, scribilitae. Parmi les
séductions qui peuvent décider le voyageur fatigué à quitter la poussière
de la grand-route et à descendre dans l’auberge située au bord de cette
route, la Copa cite les fromages, les prunes, les châtaignes, les pommes,
les mûres, les raisins et les concombres. V. 17 sqq. :
sunt et caseoli, quos iuncea fiscina siccat,
sunt autumnali cerea pruna die,
castaneaeque nuces et suaue rubentia mala :
est hic munda Ceres, est Amor, est Bromius,
sunt et mora cruenta et lentis uua racemis
et pendet iunco caeruleus cucumis.
Macrobe a laissé une notice intéressante au sujet des bons plats (scita
menta) que les popinatores avaient à offrir et qu’ils présentaient avec
beaucoup de raffinement (sat. 7, 14, 1) : quaero : cur in aqua simulacra
maiora ueris uidentur ? quod genus apud popinatores pleraque scitamento
rum cernimus proposita ampliore specie quam corpore, quippe uidemus in
doliolis uitreis aquae plenis et oua globis maioribus et iecuscula fibris tumi
dioribus et bulbos spiris ingentibus. Le passage mentionne ainsi les œufs,
le foie et les oignons.
Pour le reste, ce sont surtout les plats de viande que l’on signale comme
les bons plats servis dans les popinae. C’est ainsi qu’Augustin écrit (in
ps. 62, v. 6, c. 14) : u t ... ueniret ad aliquam popinam, ubi inueniret obsonia
101
pinguia. C’est à cause des plats de viande grasse et des fumets gras
qu’Horace (epist. 1, 14, 21) parle de uncta popina. E t Juvénal dépeint
avec force comment, à son époque des plats simples, qui jadis eussent
régalé un sénateur, sont méprisés par l’esclave agricole,
qui meminit calidae sapiat quid uulua popinae (11, 81).
Paul. Dig. 33, 7, 18, 3 nous donne le nom du vase dans lequel l’eau était
chauffée : nec multum refert inter caccabos et aenum, quod supra focum
pendet : hic aqua ad potandum calefit, in illis pulmentarium coquitur.
La popularité évidemment très grande dont l’eau chaude a joui comme
composante du mélange ne se reflète pas seulement dans les textes
littéraires ou les inscriptions. On en trouve de nombreuses traces dans
le matériel dont dispose l’archéologie. Presque tous les cabarets pompéiens
comportent, au bout intérieur du comptoir formant habituellement un
angle, un petit fourneau qui, au moins assez souvent, était destiné à
chauffer l’eau. Qu’il en soit bien ainsi, on en a une preuve remarquable
dans le cabaret des Asellinae (Reg. IX 11, 2; études à ce sujet, infra
p. 132, note 25) ; au moment de la découverte, le chaudron, aenum selon la
définition de Paulus, contenait toujours de l’eau. Ce rôle primordial de
l’eau chaude comme ingrédient des boissons romaines explique aussi
dans une certaine mesure le nombre extrêmement élevé d’établisse-
105
En ce qui concerne les vins servis dans les estaminets romains nous
sommes assez démunis de renseignements. Les sources littéraires ne
livrent que peu de données, et très peu d'inscriptions y font allusion. Ces
dernières ne se rencontrent qu'à Pompéi et nous ne pouvons évidemment
pas, des coutumes propres à la ville commerciale campanienne, tirer
des conclusions valables pour les autres parties de l'empire. Toutefois
si l'on tient compte du caractère spécial de cette ville, le matériel qu’elle
nous livre est d'une réelle valeur, non seulement pour la connaissance
de cette Pompéi mais aussi pour celle des autres agglomérations : il est
sûr que des particularités de Pompéi quelque-unes se sont retrouvées
ailleurs sous une forme assez peu modifiée.
On peut certainement supposer que le vin servi le plus souvent était
le vin du pays. L’auberge, décrite par la Copa sous des couleurs si agréa
bles, ne disposait, en tout et pour tout, que du vin jeune et un peu fade
de la région (v. 11) :
est et nappa cado nuper defusa picato.
D’Apamée en Syrie nous est parvenu un petit poème qui fut peut-être
une inscription dans un débit de vin (CLE 280) :
Nectareos succos, Baccheia munera cernis,
quae bitis genuit aprico sole refecta.
Ici aussi c’est le vin même du pays qui était offert.
Quelques inscriptions mentionnent les sortes de vins servies dans les
cabarets pompéiens. Ainsi dans l’inscription de la taberna d ’Hedone
(Reg. VII 2, 44/45; CIL IV 1679 = CLE 931) :
Edone dicit :
assibus hic bibitur, dipundium si dederis, meliora bibes,
quattus si dederis, uina Falerna bib(es).
Les vins meilleur marché, nommés au v. 1, devaient être les vins du
pays de différentes qualités mais il ressort du v. 2 qu’Hedone pouvait
108
Ce procédé, il va sans dire, n ’a pu être employé que pour le vin que l’on
pouvait transporter « non bouché » dans les outres, c.-à-d. celui qui
provenait des vignobles voisins.
Le cabaretier Stabulio a trouvé pour son délicieux vin une réclame
originale. Dans l’inscription de sa taberna (Reg. I 11, 1/2) il dit à son
hôte imaginaire, Oinocleon (probablement une personnification de l’ama
teur de vin) (20) : (tu) bibis et mamillam quam tibi (...) ubique Venus (21).
Pourtant tout le monde n’était pas enchanté du vin de Pompéi. C.
Sabinius, fervent admirateur de sa petite patrie Nuceria, se déclare
déçu et exprime ses sentiments par ces mots : Viator, Pompeis panem
gustas, Nuceriae bibes! Nuc(eriae)! (22).
Tels sont les renseignements que nous avons pu trouver sur les sortes
de vins servis à Pompéi. En plus du vin de la région, le plus souvent
offert, nous avons trouvé le falerne dont le lieu de provenance était la
partie la plus septentrionale de la Campanie, le vin de Setia, localité
située au pied des monts volsques, et le vin grec importé. Même si l’on
peut supposer que l’abondance des vins grecs (si nombreux à en juger
par le nombre d’inscriptions conservées) est due au fait que Pompéi était
un centre d’échanges commerciaux particulièrement animé entre la Grèce
et l’Italie, il demeure certainement vrai que les meilleurs débits de bois
sons dans toutes les villes importantes, surtout dans les villes commer
ciales, ont dû offrir à leurs hôtes des vins d’importation.
Sur Rome nous n ’avons, à proprement parler, qu’une seule source,
Mart. 1, 26 (23). Le poète dépeint la soif inextinguible de Sextilianus
lorsque l’empereur fait une distribution de vin à une représentation de
théâtre ou d’amphithéâtre. Sextilianus se procure alors autant de jetons
qu’il le peut, quémandant auprès de ses voisins et de ceux qui sont assis
loin de lui; il vide, à la grande indignation du poète, une coupe après
l’autre, des vins les plus fins. E t le poète s’écrie avec amertume :
a copone tibi faex Laletana petatur,
si plus quam decies, Sextiliane, bibis.
X III 10018), prouvent qu’il était servi dans les débits de boissons. Il
est probable que le no 7 doit se lire comme le veut T h én éd a t (cf. infra
p. 124, note 7) : copo, conditum (h)abes ? — est. — repie, da! Le no 131
est conçu en ces termes : mitte m i, cop{o), conditum; et le no 157 : repie
me, copo, conditi. Il est vraisemblable que c’est ce conditum dont on a
trouvé des traces sur plusieurs comptoirs de cabarets à Pompéi, et qui
y a imprimé en séchant la forme même de la base du récipient. De toute
façon le liquide en question a le plus souvent contenu du miel (26).
En Italie, de même qu’en Grèce, la bière n ’est apparue que rarement
et comme remède (27). Par contre, chez les peuples celtiques elle avait
été en honneur depuis les temps les plus reculés et demeurait très popu
laire — Denys d’Halicarnasse en parle déjà à propos de l’incendie de
Rome par les Gaulois en 387 av. J.-C. Le mot latin désignant la bière,
cer(e)uesia, est d’origine celtique et s’est maintenu solidement dans les
langues romanes, parlées dans l’ancien domaine culturel celtique (28).
De notre point de vue, l’inscription CIL X III 10018, 7 que nous venons
de mentionner, est d’un grand intérêt : elle est mise sur une bouteille de
forme curieuse et trouvée à Paris. D ’un côté on lit : (h)ospita, repie
lagona(m) ceruesa. Que cette hospita ait été l’hôtesse d’un cabaret, est
prouvé par le mot copo inscrit sur l’autre côté. Nous pouvons donc
affirmer avec certitude que les établissements hôteliers en Gaule offraient
à leurs clients, entre autres, de la bière et nous avons sans doute le droit
d ’affirmer la même chose des autres pays de culture celtique et romanisés.
Dans toute l’antiquité, on a eu l’habitude de mélanger au vin de l’eau
soit chaude (cal(i)da : cf. supra pp. 104 sq.), soit froide (fri(gi)da). La
proportion d’eau a naturellement varié avec les divers genres de vins
et selon les goûts. Certains vins, en particulier les vins un peu vieux,
étaient imbuvables sans une forte addition d’eau. Le falerne était si
fort qu’il pouvait s’enflammer (29). D’autres vins étaient beaucoup plus
faibles. Il est tout naturel que nous trouvions la coutume du mélange
suivie par les débits de vins et les restaurants. Nous avons déjà signalé le
grand nombre de fourneaux pour l’eau chaude trouvés à Pompéi, et
expliqué leur présence soit par le besoin que l’établissement en avait,
soit par le fait que les gens pauvres étaient forcés d’acheter l ’eau chaude
qu’il leur fallait (en particulier pour mêler à leur vin). Une inscription
murale dans un cabaret pompéien, Reg. VI 10, 1, nous a transmis la
commande d’un client : da fridam pusillum (CIL IV 1291) (30).
C’est du même cabaret que provient aussi CIL IV 1292 a : mixsio.
Avellino , l’éditeur, explique ce mot comme « a micando dictum aut
Ili
Il arrivait souvent, semble-t-il, que les clients aient reçu du vin mêlé
d ’eau même sans l’avoir demandé, et avec une proportion d’eau bien
plus grande qu’ils ne l’eussent souhaité. Les accusations portées contre
les cabaretiers qui falsifiaient et étendaient leurs vins se font jour dans
toute la littérature romaine. C’est ce que nous allons maintenant exami
ner.
Déjà Caton envisage la possibilité que le vin ait été mêlé d ’eau et il
indique la manière de s’en rendre compte (Cato agr. 111) (31). En ce qui
concerne spécialement les cabaretiers, nous rencontrons d’abord le juge
ment écrasant de Pétrone (39) lorsqu’il fait énumérer par Trimalcion,
entre autres aphorismes de sagesse astrologique, les signes du zodiaque
sous lesquels sont nés les divers types d’hommes. C’est ainsi que, sous
le signe du Scorpion, naissent les empoisonneurs et les tueurs à gage,
sous celui du Lion les goinfres et les ambitieux, sous celui du Verseau les
cabaretiers et les cucurbitacées {in Aquario copones et cucurbitae [sc. nas
cuntur]). L’épigramme de Martial 1, 56 est une satire mordante contre
la fourberie du monde hôtelier :
dore : caupo pessimum qui de uino aquam facit. CGL V 350, l i a causo qui
uinum cum aqua miscet. CGL V 274, 34, composé de beaucoup d’éléments
divers, s’est encore davantage éloigné du modèle; la définition y est la
suivante : caupo caupuncula tabernarius in taberna id est qui miscunt.
On peut dire sans crainte d’erreur que ces définitions ont dû correspondre
dans une certaine mesure à la réalité, mais l’on constate que leur formula
tion dépend d’une tradition littéraire qui s’est transmise par une série
d’auteurs ecclésiastiques et que nous avons essayé d’esquisser.
Du sens de ‘falsification du vin’ le chemin n’est pas long qui mène
à ‘falsification’ ou ‘corruption’ tout court. Comme nous l’avons vu,
pp. 4 sq., ce sens se retrouve pour plusieurs dérivés de caupo, très
certainement sous l’influence du grec.
Les installations ménagées par les hôtels romains pour le confort des
hôtes durant la nuit ont certainement été les plus simples que l’on puisse
imaginer. Aujourd’hui encore les gens du Midi n’ont pas à cet égard
de bien grandes exigences. Les hôtels des petites villes d’Italie que
n ’atteint pas le grand tourisme international constituent sans doute une
réplique assez fidèle de leurs antiques prédécesseurs (37).
La chambre d’hôtel (cella) (38) avait une porte (39) qui pouvait se fermer
à l’aide d’une clé (clauis), même de l’extérieur (40), ou se bloquer avec des
traverses (pessuli) (41). Pour cette chambre d’hôtel la littérature latine
ne mentionne en fait que trois meubles : lectus, candelabrum (42) et matella.
L’absence de matella a provoqué les plaintes d’un client dans une auberge
de Pompéi :
Miximus in lecto, fateor, peccauimus, hospes ;
si dices quare : nulla matella fuit (43).
Mart. 2, 59 :
Mica uocor, quid sim cernis: cenatio parua,
ex me Gaesareum prospicis ecce tholum.
Frange toros, pete uina, rosas cape, tinguere nardo :
ipse iubet mortis te meminisse deus (70)
116
que nous l’avons déjà décrit (supra p. 54). Même des parties de murs
extérieurs et donnant sur la rue portent quelquefois des peintures sem
blables. C’est ainsi que Reg. III 6, 1 (« Caupona Pherusae ») présente, du
côté de la rue, un mur couvert de riches couleurs où l’on distingue Vénus,
le pied appuyé sur une tête d’éléphant et, en dessous, « una vera esposi
zione gastronomica », des légumes, des fruits, des oiseaux et des poissons
(75). Sur la façade de Reg. VI 16, 33 les passants pouvaient voir des pein
tures obscènes (76) ; celles-ci n’étaient pas rares à l’intérieur des pièces, ce
qui n ’est pas étonnant si l’on se rappelle que beaucoup de cabarets
étaient en même temps des maisons de prostitution (77). L’une des scènes
représentées dans Reg. IX 12, 7 est un combat entre deux gladiateurs :
il est donc possible que ce local ait été fréquenté par les héros de l’arène (78).
Très fréquentes étaient — dans les auberges comme ailleurs — les
peintures de dieux lares aux motifs variés (lares, serpents, Bacchus,
Fortune et autres dieux) (79).
A Ostie la « Caupona del Pavone » (Reg. IV 2) contient des peintures
bien conservées dont l’une représente un paon. De la peinture dans
l’intérieur de Reg. I 2 nous avons déjà parlé (supra pp. 54 sq.) On peut
ajouter que Reg. I 2 a encore eu d'autres fresques, à l'intérieur et à
l’extérieur, visibles de la rue. D'autres cabarets d'Ostie (par ex. nos 9
et 10) ont eu également des fresques.
Dans les grands bâtiments, maisons d’habitation et tavernes d’Ostie
les mosaïques sur le sol constituaient une partie importante de la décora
tion. On les trouve aussi dans les débits de vin, par ex. à Reg. II 2,
II 6, IV 7 (caupona d’Alexander Helix).
Dans plusieurs estaminets pompéiens, on a trouvé des statuettes de
bronze, de terre-cuite ou d ’une autre matière, représentant des divinités
(Vénus, Diane), des amours, des guerriers, des femmes, etc. (80). Ailleurs
on a découvert des trous dans le sol, ménagés pour l’installation de
statuettes (81).
La Copa mentionne les décorations de fleurs de la taberna (v. 7 :
rosa; v. 16 : lilia) ainsi que des guirlandes de roses et de violettes (vv.
13 sq.).
La musique et la danse faisaient partie des distractions offertes à la
clientèle. La Copa dépeint en vives couleurs l’allure de la danseuse
(vv. 1 sqq.) :
Copa Syrisca caput graeca redimita mitella,
crispum sub crotalo docta mouere latus,
ebria fumosa saltat lasciua taberna,
ad cubitum raucos excutiens calamos.
118
CHAPITRE I
autres, copo (V 5931 (Milan), IX 2689 (Isernia), XII 3345 (Nîmes; « litteris bonis
saeculi secundi » editor), 5968 (Narbonne), XIII 2956 (Sens), 10018, 7, 32, 56, 57,
103, 120, 131, 153, 154, 157, 158 (toutes du Nord de la France, de la Belgique ou
de la Rhénanie)). Il est certain que les inscriptions des vasa potaria (CIL XIII
10018 supra) reproduisent la langue populaire (cf. par ex. G. P a r is dans T h é n é d a t ,
Comptes-rendus de l’Académie des inscriptions, 1899, p. 236). La difficulté réside
dans le fait que les inscriptions en règle générale, ne sont pas datées et même qu’il
n’est peut-être pas possible de leur assigner une date. Les inscriptions des vasa po
taria citées sont, de toute façon, postérieures aux Antonine et sont vraisemblable
ment de l’époque constantinienne où les récipients de ce type sont très fréquents
(cf. K . K o e n e n , Gefàsskunde der vorrômischen, rômischen und frànkischen Zeit in
den Rheinlanden, Bonn 1895, pp. 109 sq.). Il est évident que le mot a dû être
emprunté avant l’époque où les Goths quittèrent leur pays situé sur les bords de la
Vistule, c.-à-d. avant 150 après J.-C. (K a r s t e n , op. cit., p. 203; K l u g e , Deutsche
Sprachgeschichte, p. 132). Par ailleurs, le phénomène n’a pu se produire avant l’é
poque d’Auguste. Cela étant, du point de vue de la phonétique latine, rien ne s’op
pose à l’hypothèse de l’emprunt. L’hypothèse de V a a n a n e n (Le latin vulgaire etc.,
p. 52; titre cité supra p. 125, note 9) selon laquelle « sous le bas Empire » il y aurait
eu une « différenciation » entre copo ‘cabaretier’ et caupo ‘trafiquant’ est intéres
sante mais insoutenable.
(15) Cf. T. K l e b e r g , Mango. A semasiological study (Eranos, 43 (1945), pp. 277-
284).
(16) Nous faisons ici naturellement abstraction des passages cités plus haut :
Vulg. Sirach. 26, 38 et Mutian. Chrysost. in epist. ad Hebr. hom. 28, 4.
(17) Cf. par ex. L u n d s t r ô m , Bidrag till Roms topografi, 3, pp. 82 sq. Le fait
que caupo soit inscrit sur des pierres tombales pour rappeler le métier du défunt :
CIL XII 3354 (« litteris bonis saeculi secundi » editor), 4469 (?), 5968, XIII 2956
(les trois derniers non datés) prouve avec évidence que la nuance péjorative qui
dépend de la mauvaise réputation de la classe des cabaretiers (cf. pp. 81 sqq.)
ne s’était pas encore généralisée aux stades antérieurs du développement et ne
constituait pas un obstacle sérieux à l’emprunt du mot par les langues germaniques
(contrairement à l’opinion de H i l d e b r a n d dans G rim m s Wôrterbuch et de F r a n c k
dans Etymologisch woordenboek).
(18) Je ne considère pas ici « l’emprunt savant » du moyen français : cauponizer ;
cf. W. v. W a r t b u r g , Franzosisch.es etymologisches Wôrterbuch, 2:1, Leipzig &
Berlin 1940, p. 541.
(19) Cf. L u n d s t r ô m , Bidrag till Roms topografi, 3, pp. 82 sq.
(20) Isid. orig. 15, 3, 10, explique l’origine du mot : diuersorium dictum, quod ex
diuersis uiis ibi conueniatur. Cette explication se retrouve chez Raban Maur, de
uniuerso 14, 20. Raban, qui au temps où il était abbé de Fulda, avait accès à une
riche bibliothèque, suit en général de près Isidore. Cf. pp. 16 et 129, note 54.
(21) Nous citons seulement les dérivés qui intéressent la présente étude. —
Deuersoriarius n’apparaît que dans les glossaires (CGL II 233, 5; 393, 17; 577, 15)
et s’y présente sous des formes un peu différentes. Le suffixe habituel est pourtant
-anus sauf dans II 393, 17, où l’édition Estienne de 1573 qui « prò codice nobis est »
(II, p. XV) a diuorsoriarius. Cette forme doit être considérée comme la forme
normale; le suffixe -arius est caractéristique des termes de métier (cf. la remarque
127
de Diomède sur les mots en -arius qui ... rem aut praestat aut uendit aut emit;
Gramm. lat., 1, p. 326, 10 sqq.) et il a, surtout dans cette signification, été de
plus en plus employé dans le latin vulgaire (G e a n d g e n t , pp. 23 sq. ; cf. aussi E.
S t a a f f , Le suffixe -arius dans les langues romanes, diss. Upsal 1896, pp. 2 sq.).
F o r c e l l in i - D e V it n’acceptent que la forme en -arius : le Thés, mentionne deuerso-
Hanus en l’affectant d’un point d’interrogation et ajoute » fort. leg. deuersoriarius ».
Pourtant on ne peut rejeter la forme en -anus, au moins comme forme secondaire;
outre le témoignage des glossaires, lequel peut naturellement être assez sujet à
caution par suite de la facilité des confusions, on y trouve la forme analogue stabu
larius, attestée elle aussi par un seul glossaire mais d’une façon absolument indubita
ble (voir p. 19).
(22) Hor. epist. 1, 15, 10 ne s’écarte pas de la signification habituelle, malgré les
arguments de Ch r is t ia n H ôger (Z u Horaz epist. 1, 15, v. 10 folg.; Abhandlungen
aus dem Gebiet der klass. Altertums-Wissenschaft Wilhelm von Christ zum 60.
Geburtstag dargebracht, München 1891, pp. 374-379). L’opinion de F o r c e l l in i
selon laquelle deuersorium peut signifier « taberna in qua prostant res diuendendae »,
opinion qui serait appuyée par Suet. Nero 38, se fonde sur une fausse interprétation
du passage de Suétone.
(23) Il ne semble pas que deuersorium soit entré directement dans les langues
romanes par le latin vulgaire mais bien par la voie « savante ». Nous le rencontrons
dans l’italien du moyen âge sous la forme diversorio (Vocabulario degli accademici
della Crusca, impr. 5, voi. 4, Firenze 1882, p. 752) et dans le français de la même
époque, sous les formes diversoire, diversore (F. G o d e f r o y , Dictionnaire de l’ancienne
langue française, t. 2, Paris 1880, p. 731). Il est vraisemblable que ces mots ont
passé dans les textes liturgiques (où on les rencontre principalement) via le texte
de la Bible et les auteurs ecclésiastiques.
(24) A cause de l’homonymie, M ic h e l -F o u r n ie r (p. 68) et leur fidèle copiste
F ir e b a u g h (p. 118) représentent Macula, l’ami de Cicéron, comme un hôtelier de la
campagne (ad. fam. 6, 19, 1) !
(25) Le Thés, donne : gan[g]ia e t gan[g]agia. B u e c h e l e r in terp rète gangagia
comme άνάγαια (Thés, gloss, emendat., 1, p. 483).
(26) J. M. S t o w a s s e r , Dunkle Worter, 1, Wien 1890 (Programm), p. xm .
(27) Cf. pourtant la remarque de H o f m a n n dans W a l d e 3, p. 582.
(28) Sur Sutrius, cf. T. K l e b e r g , Sutrius comediarum scriptor (Eranos, 29 (1931),
pp. 74 sqq.).
(29) Voir L. D ie f e n b a c h , Glossarium latino-germanicum mediæ et infimæ
ætatis, Francofurti a.M. 1857, p. 257; id., Novum glossarium, Frankfurt a.M.
1867, p. 189.
(30) Studi di etimologia italiana e romanza, Firenze 1878, p. 110.
(31) Cf. B l ü m n e r , p. 453, note 7.
(32) Le mot hébreu que Jérôme a traduit par gurgustium est d’une signification
incertaine mais semble devoir être ‘harpun’ (cf. W. G e s e n i u s , Hebràisches und
aramâisches Handwôrterbuch über das Alte Testament. Bearb. von F. B u h l , 17.
Aufl., Leipzig 1921, p. 685).
(33) Cf. Isid. diff. 1, 160.
(34) Dans Vârdshus och vàrdshusliv, p. 19, j’ai par erreur cité Pétrone 92, 3
comme fournissant un exemple de cette signification.
128
(35) Dans Plaut. Poen. 673, le mot est vraisemblablement abstrait. Cf. pourtant
B lüm ner, p. 455, note 2. Cic. de orat. 2, 57, 234 me paraît devoir être interprété,
en considération du sens susdit de hospes dans l’œuvre de Cicéron, comme équiva
lent à ‘maison de l’ami-hôte’.
(36) Lettres. Texte établi et trad. par A n n e -M a r ie G u il l e m in , 2, Paris 1927, p.
122; «Herberge» (Werke. Übersetzt v o n C. F. A. S chott , 1, Stuttgart 1827, p. 253),
« hospice » (Lettere. With a n English transi, b y W. M e l m o t h , rev. b y W. M. L.
H u t c h in s o n , 1, London 1915, p. 489). B l ü m n e r aussi cite le passage comme exemple
de hospititum avec le sens de « Wirtshaus » (p. 455, note 2).
(37) Cf, A r m in i , Vàrdshusskyltar, p p . 224 sqq. ; E. L o f s t e d t , Syntactica, 2,
Lund 1933, p. 384.
(38) « Litteris bonis saeculi primi », CIL.
(39) P. T h ie l m a n n , Ueber Sprache und Kritik des lateinischen Apolloniusromans
(Beigabe zum Jahresberichte 1880/81 der Kgl. Studienanstalt Speier), Speier 1881,
p. 31.
(40) L. D i e f e n b a c h , Glossarium latino-germanicum mediæ e t infimæ ætatis,
Francofurti a.M. 1857, p. 281 : « gasthuyB », etc.
(41) Un seul glossaire attribue une acception semblable à hospitalitas (CGL IV
56, 27); nous avons le même passage du sens abstrait au sens concret, par ex. dans
habitatio ou mansio.
(42) Cf. Thés.
(43) L’explication que donne ici Du Ca n g e est nettement décevante. « Hospitari,
Eadem notione [c.-à-d. hospitio excipere] ... utitur Plinius ». Certes, Pline, en 3
passages, emploie hospitari, mais avec le sens de « hospitio excipi ».
(44) Cf. à ce sujet M e y e r -L ü b k e 3. Le grec moderne σ π ίτ ι, byzantin όσπ ίτι(ο)ν
(cf. P. S k o k , Zum Balkanlatein, 1 (Zeitschrift für romanische Philologie, 48 (1928)),
p. 403) garde également la trace du latin hospitium; σ π ίτ ι signifie soit ‘auberge’,
soit ‘maison’ en général.
(45) Cf. pp. 31 sqq.
(46) M a g a l d i , Il com m ercio am b u la n te, p . 26.
(47) Voir W a l d e 3 et sa bibliographie; O. K e l l e r , Lateinische Volksetymologie,
Leipzig 1891, p. 328. On n’a pas pu prouver l’existence d’un lien étymologique
entre popina et popa, mais il semble assez certain que les deux mots appartiennent
à un même domaine sémantique. Sans doute les sens de ‘prêtre inférieur’ peut con
venir à presque tous les passages littéraires où popa se rencontre (Cic. Mil. 65 ; Prop.
4, 3, 62; Sen. Agam. 898 (prius, codd. ; popa, B e n t l e y , W ila m o w it z ); Pers. 6, 74;
Suet. Cal. 32; Spart. Geta 3, 8; Seru. Aen. 12, 120; Auian. fab. 36, 11, 2; CIL I2
2052; IV 2612; 5424; VI 9824; XI 1990 ( = CIE 3692) ainsi que CGL). Mais si
nous examinons les données des glossaires et des scolies, la situation change. Dans
CGL nous trouvons à côté de définitions telles que θύ τη ς et mactator, également
tabernarius (V 381, 1) et dans V 658, 35 : quidam proprium nomen uolunt quidam
coponem, explication qui découle évidemment de Schol. Gron., pro Mil. 65 (Ciceronis
orationum scholiastae. Ree. T. S t a n g l , 2, Vindobonae, Lipsiae 1912, p. 323, 24). —
(CGL II 338, 35 donne aussi la traduction κ α π η λ εϊον, que K e l l e r paraît reprendre
dans Lateinische Etymologien, Rheinisches Museum, N.F., 34 (1879), p. 337.) Il
n’y a guère lieu de rejeter le témoignage des glossaires et il est plus indiqué d’accepter
129
Horace (carni. 1,4, 13) et Symphosius (440, 140) (Poet. lat. min. ree. Æ . B a e h r e n s ,
4) : pauperibus semper proponor *namque* tabernis ; malgré l’état corrompu du vers,
il semble assez certain que tabernis ait la signification en question. On peut à ce
propos remarquer qu’une des familles de manuscrits, qui, selon B a e h r e n s (vol. 4,
p. 27) remonte à une rédaction faite très librement par un « homo doctus » au cours
du vne siècle, porte : ante tamen mediam cauponis scripta tabernam. A cette époque
la signification originaire du mot tabernis était impossible à comprendre, et cet
auteur du vne siècle n’a pas reculé devant un changement du texte radical pour
obtenir une phrase plus facile à saisir.
(56) Sur ce sens curieux de ‘coffre à habits’, valise’, cf. M. N ie d e r m a n n , Essais
d’étymologie et de critique verbales latines, Neuchâtel 1918, pp. 80 sq. ; K. S c h n e i
d e r dans P a u l y -W is s o w a , Reihe 2: 4, 1872.
(57) Les passages utilisés pour le tableau sont les suivants : Cic. Cluent. 180;
Catii. 4, 17 (ter); Mur. 73; dom. 54, 89, 90; acad. 2, 144; ad Att. 14, 9, 1 ; ad Q.
Fratr. 3, 7, 1 ( = 11 A); de inu. 2, 14; Cluent. 163 ( = 2 B); Hor. sat. 1, 3, 131; 1, 4,
71 ( = 2 A); epist. 1, 14, 24; 2, 3, 229 ( = 2 B); les passages de Tite-Live ne sont pas
spécifiés (= 19 A); Sen. ben. 7, 21, 1; 7, 21, 2; dial. 2, 13, 4 ( = 3 A); Mart. 1, 3, 1; /
117, 10; 117, 14 ( = 3 certains A); 7, 61, 10; 97, 12 (incertains); Tac. ann. 15, 38
( = 1 sûr A); hist. 1, 86; 3, 83 ( = 2 probables A); hist. 2, 64 ( = 1 B); Tert. idol. 15
(1 probable A); apol. 35, 2 ( = 1 B); ieiun. 16 (1 probable B); Amm. 14, 1, 9; 6,
2; 15, 3, 10 ( = 3 B) cod. canon. 2, 26; 60, 24 ( = 2 B). Les cas de taberna déter
miné par un qualificatif dans Ammien sont 14, 6, 25; 28, 4, 3. Dans les deux pas
sages, l’adjectif est uinaria.
(58) Le seul passage certain que je connaisse, est Sulp. Seu. dial. 2, 1, 8; le sens
A y est solidement confirmé par les mots voisins. Assez certain est également Sidoine,
carm. 23, 39; cf. Hilaire in psalm. 14.
(59) Ce dernier mot n’est pas cité par M e y e r -L ü b k e , voir G. G r ô b e r , Vulgâr-
lateinische Substrate romanischer Wôrter, Archiv, 6, p. 117, ainsi que Z. & E.
P a l l io p p i , Dizionari dels idioms romauntschs. Romauntsch-Tudais-ch, Samedan
1895.
(60) E. L e v y , Provenzalisches Supplement-Wôrterbuch, 8, Leipzig 1924, p. 91. M.
R a y n o u a r d (Lexique roman, 5, Paris 1843, p. 309) cite par contre également le
sens ‘boutique’ et donne un exemple à l’appui; cet exemple est refusé par L e v y .
(61) Cf. C. M e r l o , Note di lessicologia italiana centro-meridionale. Ser. 2 (R.
Istituto lombardo di scienze e lettere. Rendiconti. Ser. 2 : voi. 54, 1921), p. 153.
C2) Le mot a été emprunté également par les langues germaniques et celtiques,
ail. Zabern, bas-all. Tavern, cymr. tafarn ; voir J. J ud, Problème der altromanischen
Wortgeographie, 7 (Zeitschrift für romanische Philologie, 38 (1917), p. 67).
(63) Je fais abstraction du terme fabula tabernaria, qui, en tant que terminus
technicus, est demeuré en dehors de l’évolution.
(64) Datée avec raison de 402-408 après J-C. par De R o ssi (Monumenti, annali e
bullettini pubblicati dall’Istituto di corrispondenza archeologica, 1855, p. l i ).
Théodose II devint A u g u stu s en 402 (cf. par ex. J. B. B u r y , H is to r y o î th e l a t e r
Roman empire, vol. 1, London 1923, p. 212, note 1); Arcadius mourut en 408.
Notre inscription doit donc être située entre ces deux dates. (Cf. P a u l y -W is s o w a ,
12, 578 sous Lampadius 8, ainsi que Not. Scav., 1924, p. 45.) W a l t z in g , 2, p. 109,
la situe entre 3 8 5 et 395, à quoi s’opposent deux objections décisives : d’une part
131
l’inscription ne peut pas se rapporter à Théodose le Grand, car alors les noms de
l’empereur auraient évidemment été donnés dans un autre ordre (cf. par ex.
D e s s a u , Indices, p. 314), d’autre part, même si c’était le cas, elle ne pourrait être
antérieure à 393 puisque Honorius devint cette année-là Augustus (P a u l y -W is s o w a ,
8, 2278).
(65) Ce mot peut aussi avoir la signification de « beccajo », ‘boucher’.
(66) F. G o d e f r o y , Dictionnaire de l’ancienne langue française, 7, Paris 1892.
(67) F. M is t r a l , L ou trésor déu felibrige ou dictionnaire provençal-français, 2,
Aix-en-Provence 1886.
(68) L. D ie f e n b a c h , Glossarium latino-germanicum mediæ et infimæ ætatis,
Francofurti a.M. 1857, p. 571.
(69) G o d e f r o y , op. cit.
(70) Le mot a peut-être la signification A, cf. supra.
(71) Il en va fondamentalement de même pour le mot, connu seulement par le latin
du moyen âge, tabernare = « tabernam tenere, vinum singulatim distrahere » (Du
C a n g e ); prov. tavernajar = 1) ‘être un pilier de cabaret’; 2) ‘verser du vin’; l’anc.
fr. taverner pourtant = 1) prov. 1; 2) ‘vendre dans une taverne’; 3) ‘vendre en
général’ ( G o d e f r o y , op. cit.); it. tavernare —prov. 1.
(72) Ces deux passages de glossaires avec leur traduction caractéristique semblent
pourtant prouver que thermipolium s’est trouvé au moins daris quelque autre
texte.
(73) De vocabulis Graecis Plauti aetate in sermonem Latinum vere receptis, Diss.
Monasterii Westfalorum 1918, pp. 29, 31.
(74) Comme le propose par ex. B l ü m n e r (p. 453, note 7 : « ist daher vielleicht nur
dem Griechischen entlehnt »).
(75) Plautinisches im Plautus, Berlin 1922 (Philologische Untersuchungen 28),
p. 157, note 1.
(76) Âr Plautus’ Asinaria oàkta? (L’Asinaria de Plaute est-elle inauthentique ?)
(Eranos, 24 (1926), pp. 44 sq.).
(77) Voir à ce sujet H. R o e n sc h , Semasiologische Beitrâge, 2, Leipzig 1888, p. 60.
(78) Cf. par e x . A. J a r d é d an s D a r e m b e r g -S a g l io , 5, p . 896, a in si q u e B l ü m n e r ,
p. 204.
(79) Le passage parallèle de Treb. Poli. Gali. 21, 6 ne contient rien qui puisse aider
à l’interprétation de uinariorum.
(80) Cf. pourtant O. J a h n dans Jahrbücher des Vereins von Alterthumsfreunden
im Rheinlande, 13, Bonn 1848, p. 106, et dans Berichte über die Verhandlungen
der Kgl. Sâchsichen Gesellschaft der Wissenschaften, Philol.-hist. Classe, 9 (1857),
p. 196, note 32. O v e r b e c k , Pompeji4, p. 488.
C H A PITR E II
(4) Je reviendrai ci-dessous pp. 56 sq. sur ce que peuvent donner à notre point de vue
les monuments de Rome. Je n’ai pas eu l’occasion de faire des recherches dans les
villes romaines d’Afrique; les études qui leur sont consacrées ne m’ont fourni aucun
exemple probant (cf. infra p. 48). Il est possible qu’un débit de vin se soit trouvé
132
ment pas uniquement destiné à l’étalage, ainsi qu’on pourrait le croire par ce que
dit par ex. A. S og liano (Not. scav., 1908, p. 289: « quattro scalini ... per la esposi
zione della merce »; ibid., p. 368 : « tre scalini ... per la esposizione di comme
stibili o altro ») ou par l’expression de G. S pa n o (Not. scav., 1912, p. 113 :« most
re »). Précisément dans l’estaminet décrit par S p a n o , Reg. IX 11, 2, ces degrés
sont tournés vers l’intérieur et adossés au montant de la porte, ce qui ne favorise
pas spécialement l’étalage ! Dans les cabarets d’Ostie nous trouvons un autre type
pour cette installation (cf. p. 47); la manière dont on l’utilisait apparaît en
pleine clarté sur le fameux relief du sarcophage publié par G. Calza dans The
illustrated London news, vol. 179, 1931, pp. 394-5 : on y posait les récipients de
boissons. Voir fig. 4 et 5. C’est également l’utilisation que lui donnent ses équi
valents africains (Ca g n a t -Ch a p o t , t. 2, p. 120). Voir fig. 6. F io r e l l i (p. 310;
Reg. VII 15, 4/5) les appelle « gli scalini per i bicchieri ».
(27) Not. scav., 1899, p. 344; 1902, pp. 375 sqq. ; Ròm. Mitt., 1902, pp. 311 sqq. ;
D e l l a Co r t e , Case2, p. 114.
(28) Reg. I 2, 4 que F io r e l l i (p. 38) considère comme ayant pu servir de local
pour une activité hôtelière, me semble trop peu sûr pour être mentionné ici. —
Selon D e l l a Corte (Not. scav., 1912, p. 216) Reg. I 8, 1 a été un cabaret, mais
plus tard le même auteur, s’appuyant sur la découverte d’une inscription, voit à
juste titre dans ce local une taberna p o m a ria (I nuovi scavi, p. 14; Pompei, p. 36).
— Reg. I li 4, 3, la maison qui a appartenu à la famille Epidius, « Casa del mora
lista », contient dans sa cella vinaria les trois fameux distiques CLE 2054. Ils se
définissent certainement mieux comme « regolamento di simposio » ( D e l l a Co r t e ,
Case2, p. 301) que comme « praecepta cauponis » (L om m atzsch , commentaire de
CLE 2054). De toute façon la maison n’a rien à voir avec un local destiné au service
de nourriture et de boisson. — En général, nous avons affecté les exemples peu
sûrs d’un (?).
(29) Pour I 10, 2 et I 10, 13 v o ir aussi A. M a l o ri , La casa dei Menandro, Pompei
1932, p. 22; p. 198; tav. I.
30 M a u appelle (Rom. Mitt., 1894, p. 48) les nos 13 et 14 « termopolii ». Le n° 14
ne contient pourtant pas le moindre indice permettant de l’identifier comme un
local ayant servi à une activité hôtelière quelconque, et S o g liano l ’appelle plus
prudemment « altra bottega » (Not. scav., 1896, p. 438).
(31) Il semble d’après l’inscription de l’atrium, CIL IV 1679 ( = CLE 931), que la
maison n° 45, qui était en contact direct avec la taberna n° 44 a dû servir dans sa
totalité à un service de boissons; cf. p. 79.
(32) Grand fourneau dans la chambre de derrière.
(33) Sur le comptoir l’étagère en gradins pour poser les verres, non signalé par
F io r e l l i .
(34) Dans quelle mesure le n° 21 a-t-il fait partie de la taberna? Il est singulière
ment difficile de le dire.
(35) Vârdshusskyltar, p. 207.
(36) Cf. M a u , Pompeji2, p. 426.
(37) Cf. M a u , Pompeji2, p. 9; M. B a r a t t a , Il porto di Pompei (Athenaeum, N.S.,
11 (1933), pp. 250 sqq.).
(38) Not. scav., 1901, p. 423; carte, p. 424.
(39) Cf. M a u , Pompeji2, p. 224, fig. 111, avec bibliographie.
134
(52) Encastré dans ce qu’on appelle les Terme dei sette sapienti (Reg. Ili, 10) il
y a une taberna avec des peintures représentant les sept sages qui y font de sur
prenantes déclarations de nature diététique. Il parait fort incertain que nous ayons
ici affaire à « eine Kneipe » (G. Ca l za , Die Taverna der sieben Weisen in Ostia; Die
Antike, 15 (1939), pp. 99 sqq., spéc. p. 106; cf. Ca l z a -B e c a t t i 3, p. 35).
(53) Leur publication n’est encore que partielle ou, lors de leur publication, ils
n’ont été que partiellement identifiés. J’ai eu l’avantage de discuter cette liste
avec le regretté professeur G. C et, en 1952, avec son successeur, le professeur
a l z a
G. B .
e c a t t i
cas à proximité immédiate du Forum. Cf. J o r d a n , supra (p. 135, note 69) op. cit.,
pp. 72 sq. Mais il est impossible de décider si elle a été un débit de vin comme par
ex. G u h l et K o n e r le supposent (E. G u h l & W. K o n e r , Das Leben der Grie-
chen und Rômer, 4. Aufl., Berlin 1876, p. 684) ou une boutique différente.
(76) Bidrag till Roms topografi, pp. 79 sqq.; Undersôkningar i Roms topografi,
pp. 35 et 134.
(77) Cf. pp. 128 sq., note 47.
(78) Cf. ibid.
(79) G. G a t t i , Della Mica aurea nel Trastevere (Bull, comun., 17 (1889), pp.
392 sqq.); L u n d s t r o m , Bidrag till Roms topografi, pp. 79 sq.
(80) Bidrag till Roms topografi, p. 83; Undersokningar i Roms topografi, p. 36,
note 1.
(81) Cf. P l a t n e r & A s h b y , A topographical dictionary of ancient Rome, London
1929, p. 109; I. A . R ic h m o n d , The city wall of imperiai Rome, Oxford 1930,
pp. 16 sq.
(82) Un catalogue d’œuvres d’art conservées à Rome à l’époque impériale ...
transcrit et commenté par J. N ic o l e , Genève 1906, pp. 14 sq.; R. L a n c ia n i , Studii
d’artisti nella Roma antica (Bull, comun., 50 (1922), p. 4).
(83) A r m in i , Eranos, 21 (1923), pp. 49 sqq.
(84) Cf. pour l’exposé suivant A r m in i , Vârdshusskyltar, pp. 205 sqq.; B l ü m n e r ,
p . 450 sqq.; F r ie d l à n d e r , l 9, pp. 343 sqq.; M a r q u a r d 2, p. 473.
(85) Cf. F r ie d l à n d e r , p p . 357 sq q .
(86) Par ex. Cic. ad Att. 11, 5, 2; Hor. sat. 1, 5, 9 sqq.; Ou. fast. 4, 167, met. 1,
493; Suet. Iui. 31, 2; Iuu. 10, 20; Sil. 5, 24 sqq.
(87) Cf. F r ie d l à n d e r , pp. 350 sqq.; G. H. S t e v e n s o n dans The legacy of Rome.
Ed. by C. Bailey, Oxford 1923, pp. 152 sqq.
(88) F r ie d l à n d e r , p. 343.
(89) Par contre Vitr. 6, 5, 2, contrairement à l’opinion de B l ü m n e r (p. 45 4 ),
F r ie d l à n d e r (l9, p. 346) et d’autres, n’a rien à voir avec notre sujet.
(90) Cf. M o m m se n , CIL I 1199.
(91) Cf. F r ie d l à n d e r , l 9, p. 346.
(92) Cf. pour tout ce qui suit, entre autre, Itineraria romana ... dargestellt von
K. M il l e r , Stuttgart 1916, Index A. Je conserve dans la suite de cet exposé la
forme casuelle offerte par les Itinéraires ou la Tabula Peutingeriana; cf. K. M il l e r ,
Die Weltkarte des Castorius genannt die Peutingersche Tafel. Einleitender Text,
Ravensburg 1887, p. 103.
(93) Cf. A. F u c h s , Die Ortsnamen des Kreises Zabern, Zabern 1898, p. 11.
(94) B. S c h m id , Wirtshausnamen und Wirtshausschilder (Schweizerisches Archiv
für Volkskunde, 33 (1934)), p. 8.
(95) Cf. le nom de lieu à Rome X T abernae (supra p. 58).
(96) Cf. E. M a r t in o r i , Le vie maestre d’Italia, [2]. Via Cassia, Roma 1930, p. 7.
(97) M a r q u a r d t 2, pp. 473 sq. A la bibliographie de M arqitardt on peut ajouter
surtout les Problemata d’Aristote 10, 12 (Opera omnia. Graece et latine, voi. 4,
Parisiis 1857, pp. 162, 40 sqq.); Artemidor, Onir. 1, 4.
(98) Über romische Aushàngeschilder (Archaologische Zeitung, 29 (1872), p. 75).
(") Cf. pourtant T u r r is taberna (Tab. Peut. 8, 2) en Afrique près du golfe de la
Grande Syrte.
137
CHAPITRE III
(1) Je n’inclus pas dans cette liste les noms contenus dans l’inscription des
tabernarii (CIL VI 9920) et dans celle qui lui est apparentée CIL VI 31 895 (9103).
Indépendamment du sens incertain de tabernarius dans les inscriptions susdites,
celles-ci ne contiennent que des cognomina, ce qui rend la liste moins intéressante.
(2) La fille d’auberge la plus célèbre du monde antique fut ou devint
chrétienne. C’était Hélène, la mère de l’empereur Constantin. Elle est appelée
stabularia (Ambros. obit. Theod. 42; cf. Anon. Vales. 2, 2; Zosim. 2, 8, 2; 9, 2). Selon
Eusèbe sa conversion au christianisme eut lieu après celle de son fils et fut causée
par cette dernière (Euseb. uit. Const. 3, 47). Cf. H. L e c l e r c q dans Dictionnaire
d’archéologie chrétienne, 6: 2, 2127.
(3) Également connu comme producteur de vin; cf. D e l l a C o r t e , op. cit.
(4) Il semble difficile de déterminer si Papilio a été le compagnon d’Innulus ou
s’il a été employé par lui.
(5) Les peintures qui ornent les murs du local portent à croire que non seulement
Astylus mais également Pardalus a été tenancier de la caupona Reg. II 5, 1 (cf.
D e l l a C o r t e , I nuovi scavi, p. 35). Sur le fond d’un rouge sombre on trouve en
effet représentés des lions et des léopards (cf. E n g e l m a n n , p. 130) — allusion facile
à comprendre au nom de Pardalus.
(â) D e l l a C o r t e considère comme possible que Stabulio ne soit que « gestore »
du cabaret tandis que le propriétaire serait l’ancien gladiateur Actius Anicetus.
(7) D i e h l considère (vol. 3, pp. 364 sq.) l’expression lux aima comme provenant
« de vita caelesti » et renvoie au no 1008, 8 de sa collection ( = CLE 746, 8). Par
contre l’inscription funéraire d’Amemone n’est pas reprise par D i e h l . Les deux
passages, CLE 603, 5 et 748, 8 manquent dans Thés. (vol. 1, 1704).
(8) Cf. N e u m a n n dans P a u l y - W i s s o w a , 2, 2351.
(9) Culex. Carmen Vergilio adscriptum. Ree. F . L e o , Berolini 1891, p. 115; c f.
A r m in i, Vàrdshusskyltar, p. 211.
(10) Cf. C. Lucilii carminum reliquiae. Ree. F. M a r x , vol. 2, Lipsiae 1905, p. 62.
Pour le passage de Gaudentius cité par M a r x , cf. infra p. 143, note 35.
(n ) Cf. O . H i r s c h f e l d , Kleine Schriften, Berlin 1913, p p . 679 s q q ., 681.
(12) Comme M a t u r i l’a prouvé, c’est seulement après le tremblement de terre
de 62 (qui dévasta surtout les quartiers distingués) que les propriétaires de mai
sons riches commencèrent à mettre en location des locaux pour magasins et pour
cabarets. Voir A. M a i u r i , L’ultima fase edilizia di Pompei, Roma 1942 (Cam
pania romana, 2), pp. 61 sqq. et surtout p. 217. Cf. E. L e p o r e , Per la storia
sociale di Pompei (dans Pompeiana. Raccolta di studi per il secondo centenario
degli scavi di Pompei, Napoli 1950), pp. 161 sq.
139
(13) Du fait de ce qui suit : eam quae mercimoniis publice praefuit, il paraît assez
certain que tabernarius et tabernaria ont la signification B (supra pp. 20 sq.). Cf.
K. S c h n e i d e r dans P a u l y - W i s s o w a , Reihe 2: 4, 1877 sq.
(14) Nous trouvons du reste une ordonnance parallèle, déjà dans le droit atti-
que (Démost., in Neaeram 67).
(15) Cf. P a t j l y - W i s s o w a , 3, 2667.
(16) On rapproche même ainsi popina et lupanarium (cf. supra p. 97).
(17) Cf. aussi Artemidor. Onir. 1, 23; 4, 57.
(18) C f. par ex. O . B u l l e & G . R i g u t i n i , N u o v o dizionario italiano-tedesco e
tedesco-italiano, 7 ed., 1, Lipsia, Milano 1922, p. 541, s. v. oste; W. G o t t s c h a l k ,
Die bildhaften Sprichwòrter der Romanen, 2, Heidelberg 1936, pp. 307 sqq.
(19) Die Sprichwòrter und sprichwòrtlichen Redensarten der Ròmer. Gesammelt
und erklàrt von A. Otto, Leipzig 1890, p. 79.
(20) Petronius, Cena Trimalchionis. Mit deutscher Übersetzung und erklarenden
Anmerkungen von L. F r i e d l â n d e r , 2 ., neu bearb. Aufl., Leipzig 1906, p . 318.
(21) Comicorum romanorum fragmenta, tertiis curis ree. O. R i b b e c k , Lipsiae
1898, p. 5; cf. Ennianae poesis reliquiae, iteratis curis ree. I. V a h l e n , Lipsiae
1903, p. 190.
(22) Comicorum atticorum fragmenta ed. T. K o c k , voi. 1, Lipsiae 1880, p . 739.
(23) Cf. R i b b e c k , p. 392; P. F r a s s i n e t t i , Fabula atellana. Genova 1953 (Univ.
di Genova. Fac. di lettere), p. 66.
(24) Cf. A . A l f ô l d i , Der Rechtsstreit zwischen der romischen Kirche und dem
Verein der Popinarii (Klio. Beitrâge zur alten Geschichte, 31, 1938, pp. 249s qq.).
(25) Cf. W a l t z in g , voi. 2, pp. 109 sq. W a l tz ing cite, voi. 2, p. 110 note 2, comme
mention de corporation de cabaretiers le Cod. Theod. 9, 7, 1. Le passage prouve
seulement que tabernarius peut être identique à caupo. Le Cod. Theod. 15, 13
(cf. supra p. 82) ne témoigne pas davantage de l’existence d’un collegium.
(26) Cf. M. S a n N i c o l ò , Àgyptisches Vereinswesen z u r Zeit der Ptolemâer und
Ròmer, 1, München 1913, p. 134.
(27) W. L ie b e n a m , Zur Geschichte und Organisation des romischen Vereinswesens,
Leipzig 1890, pp. 35 sqq.; D e l l a C o r t e , Case2, p. 98.
(28) Cf. W a l t z i n g , vol. 1, p. 169; M a u , Pompeji2, p. 506.
(29) Il est qu’Encolpius habite un hospitium, car (91, 3) il emmène Gitonrap^m in
hospitium meum. Il faut cependant remarquer qu’il y a une lacune entre 90, 7 et
91, 1.
(30) Cf. W. H e r a e u s , Die Sprache des Petronius und die Glossen (dans Kleine
Schriften, Heidelberg 1937, p. 96) : « vermutlich = servus culinarius. »
(31) Cf. supra p. 125, note 9.
(32) Cf. H e r a e u s , op.cit., p. 96 : « Hausmann oder Hausknecht. »
(33) Spatalus (Not. scav., 1887, p. 380; cf. supra p. 89) est nommé tout sim
plement seruus Corneli Zosimi.
(34) Voir S aglio d a n s D a r e m b e r g -S a g l io , 3, 545 e t K l in g m ü l l e r d an s P a u l y -
W is s o w a , 9, 1564.
(35) Gai. Dig. 14, 3, 8; Gai. inst. 4, 71; un exemple nous en est peut-être donné
dans l’inscription thessalienne CIL III 1420621; à Pompéi où le local du cabaret
proprement dit est en communication directe avec la maison (cf. supra pp. 78 sqq.),
nous avons sans doute des cas de cabarets gérés par des esclaves.
140
(36) Successus textor amat coponiaes ancilla(m) nomine Hiridem, quae quidem illum
non curat; sed ille rogat, illa commiseretur. Scribit riualis. Vale.
Inuidiose, quia rumperis. Se(ct)ari noli formonsiorem, et qui est homo prauissimus
et bellus. Cf. D e l l a C o r t e , Case2, p. 243.
(37) D e l l a C o r t e , Case2, p. 244.
(38) Cf. supra p. 75; D e l l a C o r t e , Case2, p. 149.
(39) D e l l a C o r t e , Case2, pp. 256 sq.
(40) D e l l a C o r t e , C a se 2, p . 305 ; P o m p e i, p . 59.
(41) Voir le fait pour le s meretrices; cf. B l ü m n e r , p. 368.
(42) Cf. M a r q u a r d t 2, p. 470, note 15.
(43) Hist. eccl. 5, 18: κατά το πλευρον έκάστου οικήματος καπηλεία κατασκευά-
σαντες, πόρνας τε έν αύτοΐς προστησάμενοι.
(44) Texte cité supra p. 119.
(45) M a u déclare ( P a u l y - W i s s o w a , 3, 1807) qu’elles « keinen Zweifel lassen, dass
sie [die Kammer] der Prostitution diente ».
(46) Mau, ibid. ; H e l b i g 1505.
(47) Caractérisé par E n g e l m a n n , p. 50, comme « Hinweis auf die Zwecke des
Hauses ». D e l l a C o r t e , Case2, pp. 72 sqq-
(48) Cf. B l ü m n e r , p. 368. — Un autre témoignage, significatif à sa manière, sur
la position et le rôle des cabarets à ce point de vue est donné également par Iulian.
epit. nouell. 108, 14 (Iustinian. nouell. 117, 15) où il est déclaré que l’époux après
trois testationes avait le droit de tuer l’amant de son épouse, si ... inuenerit eum ...
cum uxore sua uel in sua domo uel in domo mulieris uel in domo illius adulteri, uel
in popina, uel in proastio . . . La popina pouvait donc servir d’endroit pour donner
des rendez-vous de ce genre.
(49) Le voyageur d’une maison de commerce avait le droit de se faire payer
par ses employeurs non seulement les frais de voyage mais aussi les frais occa
sionnés par ses séjours dans les auberges (Ulp. Dig. 17, 2, 52, 15).
(50) Cf. CIL IV 3584; D e l l a C o r t e , Case2, pp. 165 sq. — Lesbie, l’amante de
Catulle, après une rupture avec le poète, s’est liée à l’un de ses rivaux et s’est rendue
au cabaret que Catulle appelle salax taberna (37, 1; puella . . . consedit istic, vv. 11
sqq.).
(51) Prop. 4, 8, 19; S. B e i n a c h , Répertoire de peintures grecques et romaines,
Paris 1922, p. 254, 7-8; cf. supra pp. 96, 118.
(52) Par ex. dans Isocr. (Aeropagit. 49; parlant des temps anciens) : έν
καπηλείω δέ φαγεϊν ή πιεΐν ούδείς ούδ’ αν οίκέτης έπιεικής έτόλμησεν et Hyperid.
(Athenaeus 13, 21) : 'Υπερείδης δέ . . . τούς Άρεοπαγίτας φησίν άριστήσαντά τινα
έν καπηλείω κωλύσαι άνιέναι εις ’Άρειον πάγον.
(53) Cf. Plin. nat. 9, 154.
(54) Le contexte de cette défense indique clairement qu’il était considéré comme
inconvenant pour tout honestus d’être vu en train de manger dans un endroit public.
Cf. supra p. 120. Voir O. H i r s c h f e l d , Kleine Schriften, Berlin 1913, pp. 679 sqq.
(55) Les inscriptions CIL IV 2144-2165 qui ont été trouvées dans Reg. VII 12,
34/35 nous donnent également des informations intéressantes en ce qui concerne
les clients d’un hôtel pompéien. On y trouve, entre autres, un prétorien, quelques
acteurs, un citoyen d’Abellinum et un de Puteoli. Cf. supra p. 33.
(56) D e l l a C o r t e , C a se 2, p p . 23 s q .
141
C H A P I T R E IV
(44) CLE 932; Aug. in eu. Ioh. 40, 10; Petr. 95, 2; Apul. met. 1, 11.
(45) Apul. met. 1, 11.
(46) Plin. nat. hist. 16, 158 : pro pluma strata cauponarum replet [sc. harundo].
(47) Plin. nat. hist. 9, 154.
(48) Ps. Dioscorid. De uenenis praef. p. 5 Sprengel.
(49) Epictet. Diss. 2, 23, 36 sq. Cf. supra p. 99.
(50) Strabon 17, 801. Cf. F r i e d l â n d e r , l 9, p. 344, qui cite d’autres exemples.
(51) 22, 16, 14.
(52) Petr. 124, 2.
(53) Voir nos fig. 1-4.
(54) Cf. L. F u l v i o , Delle fornaci e dei forni pompeiani (dans Pompei e la regione
sotterrata dal Vesuvio nell’anno 79, Napoli 1879), p. 277; Not. scav., 1900, p. 238.
(55) Pompéi, Reg. I 1, 2; Reg. IX 7, 23. Voir aussi nos fig. 13 et 16. Cf. Aug.
in eu. Ioh. 40, 10.
(56) Iuu. 8, 173 sqq.; Copa, v. 6; CIL IV 807; Tert. apoi. 35, 2.
(57) Mart. 5, 70, 3. Cathedra (Pompéi, Reg. I 10, 2; CIL IV 8230) semble avoir
été une poste d’honneur; celui qui l’occupait était obligé d’offrir du vin. D e l l a
C o r t e , Case2, p. 244.
(58) Reg. VI 10, 1; voir nos fig. 13 et 16.
(59) Voir par ex. Ostie no 1 (supra p. 47).
(6°) Figures par ex. dans A. M a t u r i, Pompei, Roma 1929 (Visioni italiche), p. 100.
(61) Voir par ex. Copa, v. 7 sqq.; Petr. 95, 5 sqq.; Paul. Dig. 33, 7, 13; Paul. Sent.
3, 6, 61; Aug. in eu. Ioh. 40, 10.
(62) Bibliographie supra p. 34 et p. 42.
(63) Pompéi, Reg. VI 16, 40; Not. scav., 1908, p. 368.
(64) Les scolies expliquent : hoc est, pictis uelis popinae succedit, aut linteis cap-
sariciis tergitur.
(65) Cf. G. R a s k i n , Handelsreklame en soortgelijke praktijken bij Grieken en
Romeinen, Leuven 1936 (Philologische studiën. Teksten en verhandelingen, 13/15),
p. 95.
(66) Sur les enseignes romaines en général voir l’étude de J o r d a n citée supra p .
136, note 98. Sur les enseignes d’auberges, A r m in i, Vàrdshusskyltar; id., Nâgra
anmàrkningar till Copa (dans Apophoreta Gotoburgensia Vileimo Lundstròm oblata,
Goteborg 1936, pp. 271 sqq.).
(67) Voir l’important exposé de H. A r m in i, Vàrdshusskyltar dont j’adopte pour
l’essentiel les conclusions (en particulier pp. 208 sqq.).
(68) Cf. outre A r m in i, op. cit., E. L ô f s t e d t , Syntactica, 2, Lund 1933, p. 384.
(69) A r m in i, op. c it ., pp. 209 s q .
(70) Sur ce poème, voir en particulier V. L u n d s t r ô m dans Eranos, 12 (1912), pp.
79 sqq.; du même, Undersokningar i Roms topografi, Goteborg 1929, p. 35, p. 134.
(71) Voir notre fig. 21. — Il est possible qu’on ait aussi suspendu des bouteilles
de vin au montant de la porte {pila) en guise d’enseigne; cf. Mart. 7, 61, 5 : nulla
catenatis pila est praecincta lagonis.
(72) Il est possible — mais nullement certain — que Phèdre, en racontant les
combats entre les rats et les belettes (4, 5, 2), fasse allusion à des peintures de
débits de vin.
(73) Maintenant au Museo Nazionale de Naples. Voir nos fig. 17-20. — A.
145
Ambr. in psalm. 118 serm. 11,20 . 112 Paul. (Fest.) p. 296 .......................60
Apul. apol. 87 .......................... 22; 89 Petron. 62 . . . . ...................... 84
Catull. 4 9 , 7 .......................... 12 Septante Is. 1,22 . ............................112
Cic. Phil. 2,28,69 . . . 137, note 124 Spart. Pese. 3,9 sq. ........................... 71
Copa 3 .............................................. 96 Symm. rei. 14 . . ............................ 86
Gaudent, serm. 19 . . . 143, note 35 Symphos. 440,140. . . 129 sq., note 55
Hier, in Is. 1,22 . ............................ 112 Vulg. Is. 1,22. . . ............................112
Hist. Apoll. 1 7 ................................... 13 Sirach 26,28 .................... 1
Hor. epist. 1,15,10 . . . 127, note 22 II Cor. 2,17. . . 4 ; 143, note 33
Isid. orig. 10,58................................. 112 CIL IV 1292 a . . .................... 110 sq.
Lampr. Comm. 3,7 . . . 143, note 1 VI 9483 . . . .......................60
Mart. 3 ,5 7 .........................................111 9920 . . . 86; 130 sq., note 64
Mutian. Chrysost. hom. 28,4 . . . 2 IX 2689 . . 137, note 113; passim
Non. p. 1 6 1 .......................................22 XII 4377 ............................... 72
p. 532 .................................. 21 XIII 10018,7. . . . . 124, note 7
I N D E X D E S MOTS
1 0 * —568095 Kleberg
I N D E X DES MATIÈRES
T e n a n c ie r s ................................. 74
sqq. Orientaux . 77; cf. 143, note 35
Affranchis ................................. 77 Position juridique . . . 81 sqq.
Chrétiens 74; 76; 138, note 2, Type de com édie.................... 84
note 7 T om bes et auberges . . . . 43 ; 68
Classe méprisée................. 82 sq. T y p e de com édie, voir T e n a n c ie rs.
Corporation........................ 85 sqq. T y p e s p r in c ip a u x d’auberges 27 sqq.
Falsificateurs de vins . 111 sqq. V oies p r in c ip a le s 61 sqq.; 66 sqq.
M agiciens..................................... 85 V oyages n o c tu rn e s .............................62
Noms transmis..................... 74 sqq.
LISTE DES ILLUSTRATIONS