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Réf.

: C2360 V2

Béton précontraint -
Date de publication :
10 février 2017
Généralités – Matériaux –
Pertes de précontrainte

Cet article est issu de : Construction et travaux publics | Les superstructures du bâtiment

par Emmanuel BOUCHON

Mots-clés Résumé L’invention du béton précontraint par Eugène Freyssinet a révolutionné l’art de
Béton | génie civil | matériaux construire au XX e siècle en ouvrant aux structures en béton des domaines jusqu’alors
de construction
inaccessibles. La précontrainte est réalisée par des armatures d’acier à haute résistance
tendues, soit avant bétonnage, c’est la "pré-tension", soit sur le béton durci, on
parle alors de "post-tension". Cet article expose les principes du béton
précontraint et les bases des règles de calcul des structures en béton selon les normes
les plus récentes (Eurocodes). Il s’attache ensuite aux propriétés des matériaux utilisés,
puis présente les matériels et techniques de mise en œuvre. Il détaille enfin les différents
phénomènes provoquant des pertes de tension dans les armatures de précontrainte et
donne un exemple de calcul.

Keywords Abstract The invention of prestressed concrete by Eugène Freyssinet has


Concrete | civil engineering | revolutionized the art of construction in the XX th century by opening previously
building materials
inaccessible areas to concrete structures. The prestressing is carried out by high-strength
tendons which are tensioned, either before concreting, it is called pre-tension, or on the
hardened concrete, it is called post-tension. This paper outlines the principles of
prestressed concrete and the bases of design of concrete structures according to the
latest standards (Eurocodes). Then, it considers the properties of the used materials,
before presenting components and installation techniques. Finally, it details the various
phenomena causing tension losses in the tendons and gives an example of calculation

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Béton précontraint
Généralités – Matériaux – Pertes
de précontrainte
par Emmanuel BOUCHON
Ingénieur général des Ponts, des eaux et des forêts
Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer
Professeur de béton précontraint à l’École nationale des ponts et chaussées et au Centre
des hautes études de la construction

1. Présentation générale .................................................................... C 2 360v2 – 2


1.1 Définitions et conventions ................................................................. — 2
1.2 Modes de réalisation de la précontrainte.......................................... — 3
1.3 Action des câbles de précontrainte sur le béton .............................. — 3
1.4 Conditions de sécurité. Règlements .................................................. — 5
2. Matériaux utilisés ........................................................................... — 12
2.1 Contexte ............................................................................................. — 12
2.2 Béton .................................................................................................. — 12
2.3 Armatures de précontrainte ............................................................... — 16
2.4 Matériel de précontrainte par post-tension ....................................... — 19
3. Calcul de la tension d’un câble en post-tension....................... — 24
3.1 Tension à l’origine .............................................................................. — 25
3.2 Pertes instantanées ............................................................................ — 25
3.3 Tension initiale ................................................................................... — 28
3.4 Pertes de tension différées ................................................................ — 28
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3.5 Tension à un instant t quelconque .................................................... — 29


3.6 Exemple .............................................................................................. — 30
4. Conclusion........................................................................................ — 34
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 2 360v2

A lors que les origines de nombreuses techniques sont souvent incertaines


et controversées, l’invention du béton précontraint est connue sans ambi-
guı̈té puisqu’un seul homme, Eugène Freyssinet, peut légitimement la revendi-
quer. C’est lui qui conçut et réalisa, dès 1908, le tirant de l’arche d’essai du
Veurdre, ancêtre incontestable de tous les ouvrages en béton précontraint,
perdu pendant la Première Guerre mondiale puis retrouvé par hasard en 1991
dans un jardin particulier des environs de Moulins. C’est lui qui, en 1928,
déposa les premiers brevets sur l’ancrage par adhérence, à l’origine de la pré-
contrainte par prétension puis qui, au sein de la société forclum, développa
toutes les techniques permettant sa mise en œuvre effective (structure des
moules, pré-étirage des fils, essorage et étuvage des bétons…) pour la réalisa-
tion de poteaux électriques. C’est lui encore qui inventa le premier système
opérationnel d’ancrage par post-tension et le vérin associé (brevets de 1939)…
Si Eugène Freyssinet fut un constructeur remarquable, un pionnier à l’imagina-
tion débordante, un expérimentateur et un observateur remarquable, un travail-
leur acharné et exigeant, il ne consacra jamais beaucoup de temps à publier sur
ses idées ni, surtout, à les vulgariser en les structurant et en les détaillant de façon
à en faciliter l’appropriation par le plus grand nombre. C’est à quelques-uns de ses
proches collaborateurs, parmi lesquels on peut citer Yves Guyon et Pierre Lebelle,
que revient le mérite d’avoir rendu accessible à la communauté des ingénieurs-
constructeurs l’ensemble de ces concepts nouveaux, d’en avoir fondé une théorie
cohérente et d’en avoir dégagé des règles simples de prédimensionnement.

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BÉTON PRÉCONTRAINT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Le présent article et l’article [C 2 377] s’inscrivent modestement dans cette


lignée. Leur objet se limite à la précontrainte par câbles de structures en
béton essentiellement constituées de poutres. Il se concentre sur le dimension-
nement et les dispositions constructives de ces ouvrages. Des informations sur
les méthodes et techniques de mise en œuvre sont données dans la mesure où
elles sont utiles au calcul et à la conception de détail.
Depuis les travaux de Guyon et Lebelle, les principes et les méthodes de
dimensionnement n’ont pas changé. Par contre, les matériaux, aussi bien
acier que béton, ont largement progressé, comme en attestent les normes fran-
çaises et européennes qui les concernent. Les règles de calcul et de justification
ont aussi connu des modifications notables, les règles françaises laissant la
place aux Eurocodes. Le présent article intègre les dernières évolutions de ces
normes, et en particulier de l’Eurocode 2, consacré aux règles de calcul et dis-
positions constructives des constructions en béton.
Le présent article, après avoir montré comment réaliser la précontrainte d’une
structure puis comment évaluer ses effets (§ 1), développe un certain nombre
de notions incontournables sur les matériaux et les matériels utilisés (§ 2) ainsi
que sur l’estimation de la tension dans les armatures actives (§ 3). À ce sujet, le
lecteur pourra se reporter à l’article [C 2 372] qui traite des techniques de mise
en œuvre du béton précontraint.

artificiellement pour engendrer des contraintes permanentes qui,


1. Présentation générale composées avec les contraintes dues aux charges extérieures, don-
nent des contraintes résultantes comprises entre des limites que le
béton peut supporter indéfiniment et en toute sécurité.
1.1 Définitions et conventions La philosophie ainsi exposée est celle de la précontrainte totale.
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Bien entendu, la précontrainte totale d’un ouvrage ne peut être réa-


Le béton est un matériau de construction particulièrement écono- lisée que pour des charges appartenant à un domaine limité, sup-
mique. Sa résistance à la compression est élevée mais il présente posé parfaitement connu à l’avance.
un point faible, sa résistance à la traction, médiocre et aléatoire.
De plus, la rupture en traction est fragile : les pièces tendues ou flé- Si ce domaine inclut des charges rarement atteintes dans la réa-
chies peuvent se rompre brutalement dès l’apparition de la pre- lité, les principes précédents peuvent entraı̂ner un surdimensionne-
mière fissure. ment de la précontrainte, conduisant à faire travailler la matière
dans des conditions peu rationnelles sous l’effet des charges effec-
Le béton armé corrige ce défaut : les tractions sont reprises par
tivement appliquées pendant la majeure partie de la vie de
des armatures en acier adhérentes au béton. Cependant, la résis-
tance des armatures ne peut être mobilisée que si le béton se fis- l’ouvrage.
sure. La fissuration réduit considérablement la rigidité et peut affec- C’est pourquoi s’est développée progressivement la notion de
ter la durabilité. De plus, le béton tendu ne sert qu’à enrober les précontrainte partielle : la décompression du béton n’y est interdite
armatures et à les maintenir en place dans la section, sans contri- que sous l’effet des charges permanentes ou quasi permanentes.
buer à la résistance et à la rigidité de la structure. Il constitue un
poids mort qui limite les portées des éléments fléchis. Pour cons- Sous l’effet de charges plus importantes, on admet que des fissu-
truire de manière efficace en béton en échappant à ces inconvé- res puissent se former (comme en béton armé) à condition que leur
nients, il faut donc éviter que ce matériau soit trop tendu risquant ouverture demeure suffisamment limitée pour :
alors de se fissurer. – qu’elles soient réversibles et se referment donc sous charges
Pour cela, on peut le comprimer de façon artificielle et perma- permanentes ou quasi permanentes ;
nente, dans les zones où les charges extérieures développent des – que les risques de corrosion et de fatigue des armatures soient
tractions, de façon qu’au total le béton reste comprimé (ou assez négligeables.
peu tendu pour ne pas risquer de se fissurer) et donc résistant,
pour tous les cas de charge. Dans tous les cas, la valeur minimale de la précontrainte résulte
de la valeur plancher imposée à la contrainte normale du béton
L’effort de compression volontairement développé à cet effet est (comptée algébriquement positive lorsqu’elle est de compression)
appelé « effort de précontrainte » (ou, en abrégé, « précontrainte »). sous les effets :
Le remède ne doit toutefois pas pécher par excès : la compres- – des cas de charge les plus agressifs lorsqu’on est en précon-
sion totale du béton doit rester inférieure à une valeur raisonnable, trainte totale ;
de façon à éviter tout risque de fissuration longitudinale des élé-
– des seules charges permanentes ou quasi permanentes lors-
ments précontraints (alors que les tractions y développent généra-
lement des fissures transversales). qu’on est en précontrainte partielle.

De manière générale, un ouvrage en béton est dit en « béton pré- La section minimale de béton découle, pour sa part, du plafonne-
contraint » quand il est soumis à un système d’efforts créés ment de la contrainte normale de compression du béton.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTON PRÉCONTRAINT

1.2 Modes de réalisation La précontrainte peut-être :


de la précontrainte – intérieure au béton : les câbles sont entièrement logés dans le
béton de la structure ;
– extérieure au béton : les câbles ne passent dans le béton
1.2.1 Précontrainte par armatures adhérentes
qu’aux extrémités et dans les zones de déviation.
Ce mode de précontrainte (aussi appelé « précontrainte par pré-
tension ») consiste à tendre tout d’abord les armatures entre deux 1.2.3 Déplacements extérieurs imposés
massifs d’ancrage fixes.
D’autres méthodes que la précontrainte par armatures tendues
On coule ensuite le béton de la pièce, tout autour et au contact peuvent être envisagées.
direct, de ces armatures. Quand ce béton a suffisamment durci, on
relâche la tension dans les armatures et leur raccourcissement :  On peut, par exemple, réaliser la précontrainte d’une structure
– s’effectue librement en dehors de la pièce ; par déplacements imposés. Pour ce faire, on interpose, entre les
– se trouve entravé à l’intérieur de la pièce par la mobilisation de culées et la pièce de béton coulée entre elles, des vérins dont le gon-
l’adhérence, ce qui limite très fortement la perte de tension dans flement raccourcit et, par conséquent, comprime la pièce. Des cales
les aciers (en partie courante tout au moins) et assure du même introduites ensuite, entre les culées et la pièce, maintiennent celle-ci
coup la mise en compression du béton. dans son état comprimé.
Ce procédé n’est économique que lorsque les culées le sont ;
En raison du coût élevé des massifs d’ancrage, ce procédé n’est
c’est le cas notamment lorsque du rocher en place peut en tenir
utilisé que pour préfabriquer, en usine, des séries de pièces identi- lieu et sous réserve qu’il présente une résistance suffisante. Sinon,
ques, à armatures généralement rectilignes (poutres de ponts, pou- on peut relier les deux culées par un tirant qui les empêche de s’écar-
trelles et planchers de bâtiments, poteaux de lignes électriques, tra- ter sous l’action des vérins. Le tirant le moins coûteux est le câble en
verses de voies ferrées, etc.). acier, d’où le procédé précédent (cf. § 1.2.2) qui est le plus courant,
en pratique.
1.2.2 Mise en tension de câbles en acier par vérins
en appui sur le béton de la pièce  Les déplacements imposés peuvent aussi être des « dénivella-
à précontraindre tions d’appui » de poutres continues.

Sous l’action du vérin auquel il est attaché, le câble, logé dans un Dans les Eurocodes, le terme générique de précontrainte recou-
conduit, s’allonge et se tend (figure 1). Le vérin, s’appuyant sur le vre toutes les notions précédentes (précontrainte par câbles ou par
béton, exerce sur lui un effort de compression, égal à la tension P déplacements imposés). Toutefois, dans l’Eurocode 2, qui traite des
du câble en vertu de la loi d’action et réaction : P est donc l’effort de constructions en béton, non armé, armé ou précontraint, des règles
précontrainte. précises ne sont données que pour la précontrainte par câbles.
Le câble, une fois tendu, est ancré à ses extrémités sur le béton, Pour comparer les méthodes précédentes, voici un exemple chiffré.
ce qui assure la permanence de la compression.
La mise en tension du câble n’est effectuée qu’après que le béton Exemple
Considérons un tirant en béton de section Ac = 1 m2, de module
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ait été coulé et suffisamment durci pour pouvoir résister à l’effort P.


C’est pourquoi ce procédé est appelé « précontrainte par post- d’élasticité Ecm = 30 000 MPa, de longueur l = 10 m, précontraint par
tension ». un effort normal P de 3 MN, qui conduit à une compression uniforme
s c = P/Ac égale à 3 MPa. Le raccourcissement élastique Dlc du béton
sous cette force vaut l.s c/Ecm, soit 1 mm.
La post-tension permet de mettre en œuvre des forces de pré-  Si la précontrainte est réalisée au moyen de vérins prenant
contrainte beaucoup plus importantes que la pré-tension, appui sur des culées fixes, le travail accompli est égal à P.Dlc/2 soit
puisque la résistance du banc de préfabrication n’est plus un 1,5 kN.m.
facteur limitant.
 Si la force de précontrainte est obtenue par des câbles ten-
dus à 1 200 MPa, l’allongement des câbles Dlp à la mise en tension
Les armatures utilisées en post-tension peuvent être : vaut 60 mm, en considérant un module d’élasticité de 200 000 MPa.
Le travail accompli est alors la somme du travail de raccourcissement
– des câbles formés de torons ;
du béton et du travail d’allongement du câble. Il vaut P.Dlc/2 + P.Dlp/2
– des câbles formés de fils parallèles ; soit 91,5 kN.m.
– des barres.
La précontrainte par câbles (ou autres types d’armatures tendues)
permet ainsi d’emmagasiner dans la structure une quantité d’éner-
P P gie beaucoup plus importante que la précontrainte par déplace-
ments extérieurs imposés. Elle est de ce fait beaucoup moins sen-
sible aux pertes d’énergie qui peuvent survenir au cours de la vie
de la structure (retrait, fluage, relaxation, déplacements d’appuis).
La suite de cet article ne traite que de la précontrainte par arma-
tures tendues.
A B C D

A Vérin (après gonflement, il est représenté en pointillé) 1.3 Action des câbles de précontrainte
B Câble sur le béton
C Conduit
D Béton 1.3.1 Équilibre d’une structure précontrainte
P Effort de précontrainte
Nous considérons une structure soumise à la seule action de sa
précontrainte, en faisant abstraction de toutes les charges extérieu-
Figure 1 – Mise en tension d’un câble (post-tension) res, notamment du poids propre.

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BÉTON PRÉCONTRAINT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Les câbles sont en équilibre. Or ils ne sont en contact qu’avec le – des forces de contact que le béton exerce sur lui entre M et N
béton de la structure (par l’intermédiaire de leurs gaines en partie (par l’intermédiaire du conduit). Ces forces réparties ont une com-
courante et de leurs organes d’ancrage
 aux extrémités). Ils ne sont posante normale p ds et une composante tangente q ds (comptées
donc soumis qu’aux forces Φi que le béton exerce sur eux. Leur algébriquement dans les sens indiqués par les flèches p+ et q+ de la
équilibre implique que : figure 2).

( )
  Écrivons cet équilibre en projection sur la normale n en N. Si l’on
Sys Φi ≡ 0 néglige les termes du 2e ordre, nous obtenons :
dθ P
Le béton est également en équilibre. Il est en contact avec : Pdθ + pds = 0 d'où p = − P =− (1)
 ds r
– les câbles qui exercent sur lui des forces F i directement oppo-

( )
   avec r rayon de courbure du tracé.
sées aux forces Φi F i = − Φi ;
– les dispositifs d’appui de la structure qui lui transmettent des De même, en projection sur la tangente en N, il vient :
réactions d’appui ᑬ i.
dP
dP + qds = 0 d'où q = − (2)
L’équilibre du béton exige que : ds

() ( )
 
  avec q force tangente de frottement que le conduit exerce
Sys F i + Sys ᑬ i ≡ 0
sur le câble au moment de la mise en tension.

Comme Sys (F ) = Sys ( − Φ ) ≡ 0, cela entraı̂ne que :


  
Le signe – de l’expression (1) montre que la composante p est
i i
centrifuge, le signe – de l’expression (2) que q est orienté dans le

Sys (ᑬ ) ≡ 0

  sens où P va en décroissant.
i
 1.3.2.2 Équilibre d’ensemble du câble
avec ᑬi réactions d’appui dues à la seule précontrainte.
Le câble AB (figure 3), dans son ensemble, est en équilibre sous
l’effet des forces qu’exerce sur lui le béton :
Si la structure est isostatique,la nullité du système des réactions
– forces concentrées sous ancrages PA et PB ;
d’appui implique que chaque ᑬi est nulle. Par contre, il n’en est
– forces réparties radiales centrifuges (- P/r) et tangentielles
généralement pas ainsi lorsque la structure est hyperstatique.
(- dP/ds).

1.3.2 Équilibre du câble de précontrainte Ces forces ne sont autres que les forces Φi introduites au § 1.3.1.

La rigidité à la flexion d’un câble est faible et peut donc être Les forces F i que le câble exerce sur le béton sont directement

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négligée, ce qui revient à assimiler le câble à un fil parfait. Dans


ces conditions, le seul effort qu’il puisse transmettre est un effort opposées à ces forces Φi .
de traction simple tangent à son tracé.
1.3.3 Équilibre du béton
1.3.2.1 Étude d’un tronçon élémentaire de câble
Il existe deux grandes méthodes générales d’étude des effets de
Considérons un tronçon MN de câble courbe, de longueur ds la précontrainte sur le béton d’une structure :
compris entre les abscisses curvilignes s et s + ds (figure 2).
– la méthode directe, applicable dans tous les cas ;
– la méthode interne, qui ne vaut que pour les poutres ou les sys-
Remarquons qu’un tracé courbe arbitraire n’est possible que
tèmes de poutres.
dans la mesure où le câble est incorporé à un milieu matériel
(le béton) qui exerce sur lui une action de contact.
1.3.3.1 Méthode directe

Le tronçon de câble MN est en équilibre sous l’effet : Elle consiste à remplacer les câbles par les forces F i, précédemment
– de la force de tension P en M, tangente en M au tracé ; analysées, qu’ils exercent physiquement sur le béton de la structure.
– de la force de tension P + dP en N, tangente en N au tracé ; On est ainsi ramené à l’étude d’un cas de charge particulier : le
cas de charge précontrainte. Les procédés habituels d’analyse
structurale permettent de calculer les effets de ce cas de charge
P
n (sollicitations, contraintes, réactions d’appui ᑬi, etc.).

PA
M (s) p ds
PB
p+
A B

+
q
dθ P + dP q ds

t
N (s + ds)
Figure 3 – Équilibre d’ensemble du câble. Forces exercées
Figure 2 – Équilibre du tronçon MN du câble par le béton sur le câble

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTON PRÉCONTRAINT

1.3.3.2 Méthode interne « une structure doit être conçue et réalisée de sorte que, pendant
Elle ne s’applique qu’aux poutres. sa durée de vie escomptée, avec des niveaux de fiabilité appro-
priés et de façon économique :
Commençons par examiner le cas d’une poutre isostatique et
– elle résiste à toutes les actions et influences susceptibles
proposons-nous d’évaluer le système S des sollicitations dévelop-
d’intervenir pendant son exécution et son utilisation ;
pées par le câble de précontrainte, au droit d’une section S sur le
– elle reste adaptée à l’usage pour lequel elle a été conçue. »
béton de la poutre.
La section S partage la poutre en deux tronçons (figure 4) : le & Calculs aux états-limites
tronçon de gauche (g) et celui de droite (d). Les données de base (valeurs des actions à prendre en compte,
 performances mécaniques des matériaux mis en œuvre, etc.) de la
Le béton n’étant soumis qu’aux
 forces F i que le câble exerce sur lui
justification d’une structure étant des grandeurs aléatoires, une fia-
et qu’aux réactions d’appui ᑬi générées par la précontrainte (ici nulles bilité absolue (soit un risque de ruine nul) ne peut être assurée.
puisque la poutre est supposée isostatique), on a tout simplement :
Partant de cette remarque, le calcul aux états-limites propose la

( )
 démarche suivante :
S = Sys F ig
– recherche des phénomènes à éviter (par exemple : fissurations,
déformations excessives, vibrations, plastifications locales des
Examinons alors l’équilibre du tronçon de câble AM dans la matériaux, ruine) ;
figure 4. Cet équilibre est assuré par : – analyse des conséquences de chacun de ces phénomènes (par
 exemple : inconfort, diminution de la durée de vie escomptée des
– les forces Φig que le béton exerce sur le câble à gauche de la
ouvrages, risques pour les usagers) ;
section droite ;  – définition de critères de sécurité réduisant d’autant plus la pro-

– la force de tension Pt du câble au point M ( t représentant le babilité d’occurrence de ces phénomènes que les conséquences de
vecteur tangent unité au tracé orienté de la gauche vers la droite). leur apparition sont plus graves.
Nous obtenons : En pratique, à chaque phénomène à éviter, correspond un état-
limite. Selon la gravité des risques qui leurs sont associés, ces
( )
  
Sys Φig + Pt ≡ 0 états-limites se rangent en deux grandes catégories :
– les états-limites de service (ELS) ;
– les états-limites ultimes (ELU).
Soit :

( ) ( )
   Les notions d’états-limites sont largement développées dans
Sys − Φig = Sys F ig ≡ Pt l’article [C 60].

Et ainsi :
PA
 PB
S ≡ Pt (d)
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A
Le système des sollicitations dans la section droite se réduit donc (g)
M
à la force de tension du câble au point M (figure 5).

Np = P cos α ≈ P
Vp = P sin α ≈ P α Σ
Mp = P e0 cos α ≈ P e0
Φig
Supposons maintenant que la poutre soit hyperstatique. Alors,
les réactions ᑬi sont généralement différentes de 0 et :
Figure 4 – Sollicitations développées par le câble dans la section

( ) ( )
  droite S
S = Sys F ig + Sys ᑬig = Si + Sh

Pour ce qui est de S = Sys (F ), le raisonnement tenu précédem-



i ig

ment demeure valable, c’est à dire :

( )
 
Si = Sys F ig ≡ Pt G

Si est le système des sollicitations isostatiques de précontrainte


dans la section. Mais à ces sollicitations isostatiques viennent
s’ajouter les sollicitations hyperstatiques de précontrainte Sh déve- e0 (< 0)

loppées par les réactions hyperstatiques de précontrainte ᑬi.


α (< 0) M
1.4 Conditions de sécurité. Règlements
P
Les règles modernes de calcul des constructions en béton
(code modèle fib, Eurocode 2, règles françaises BAEL et BPEL)
sont des codes semi-probabilistes basés sur la notion d’états-
limites. Les principes du calcul aux états-limites sont formalisés
par l’Eurocode 0 (EN 1990) qui pose l’exigence de base suivante : Figure 5 – Effets de la précontrainte (méthode interne)

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BÉTON PRÉCONTRAINT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Vis-à-vis des ELS (États limites de service), on admet que les En pratique interviennent, dans les constructions précontraintes,
matériaux se comportent élastiquement. les états-limites suivants :
Vis-à-vis des ELU (États limites ultimes), au contraire, on accepte ELS :
généralement qu’ils entrent dans leur domaine de fonctionnement
plastique.  déformation,
 décompression,
 formation de fissures (par excès de traction, mais aussi de
Par ailleurs, les actions aussi bien que les caractères mécani-
compression),
ques des matériaux, sont définis par différentes valeurs repré-
sentatives, en particulier par des valeurs dites  ouverture de fissures ;
« caractéristiques ».
ELU :
Les valeurs caractéristiques sont généralement définies par
référence à des distributions statistiques.  équilibre statique,
 résistance,
Il est théoriquement possible de justifier le dimensionnement par  stabilité de forme (flambement, déversement, etc.),
des méthodes probabilistes, mais la méthode la plus couramment  fatigue, ou autres effets dépendant du temps.
employée est celle des coefficients partiels, encore appelée
« méthode semi-probabiliste ».
1.4.2 Actions et valeurs représentatives
& Méthode semi-probabiliste
À partir des valeurs représentatives des actions, on forme des Selon leur nature, les actions sont classées en :
combinaisons d’actions (ensemble d’actions à considérer simulta- – actions permanentes (poids propre, poids des équipements
nément pour le dimensionnement) dans lesquelles les valeurs fixes, précontrainte, etc.) (voir § 1.4.2.1) ;
caractéristiques Fi sont affectées de coefficients de prise en – actions variables (qui peuvent être cycliques comme la tempé-
( )
compte γ F,i γ F,i ≥ 1 d’autant plus importants qu’on souhaite rature climatique, ou intermittentes comme les charges d’exploita-
réduire la probabilité d’atteinte des effets des combinaisons en tion ou les charges d’origine naturelle telles que la neige et le vent)
cause. Ces coefficients g F,i sont donc plus grands dans les combi- voir § 1.4.2.2) ;
naisons aux ELU que dans les combinaisons aux ELS. Les effets – actions accidentelles.
des actions peuvent être :
Hormis les actions accidentelles, qui ne peuvent être définies que
– des efforts internes (sollicitations) ; par une valeur nominale, ces actions sont toutes affectées, en prin-
– des déformations ; cipe, de deux valeurs caractéristiques – l’une maximale, l’autre
– des contraintes ; minimale – selon le côté de la distribution que l’on considère.
– des déplacements…
Chaque valeur caractéristique d’une action est celle qui présente
Les effets de calcul ainsi obtenus doivent être comparés aux capa- une probabilité faible (mais non nulle, acceptée a priori) d’être
cités de résistance de la structure, elles-mêmes estimées à partir,
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atteinte ou dépassée dans le sens défavorable au cours d’une cer-


non pas des valeurs caractéristiques des propriétés mécaniques taine durée, dite « durée d’utilisation de projet », dont l’ordre de
des matériaux Xk,j, mais à partir de leurs valeurs de calcul, obtenues grandeur est celui de la durée de vie escomptée pour l’ouvrage.
en divisant les premières par des coefficients partiels γ M, j γ M, j ≥ 1 ( ) Les valeurs caractéristiques des actions sont fixées par les différen-
d’autant plus importants qu’on vise une fiabilité plus grande. tes parties de l’Eurocode 1 (EN 1991) et, pour la précontrainte, par
l’Eurocode 2 (EN 1992).
Les règles de vérification prennent la forme pour :
– pour les justifications vis-à-vis des états-limites ultimes par
Ed ≤ Rd ; 1.4.2.1 Actions permanentes
– pour les justifications vis-à-vis des états-limites de service & Poids propres
Ed ≤ C d .
La charge probable de poids propre g est évaluée à partir des
avec Ed valeur de calcul de l’effet des actions, dessins de coffrage et d’un poids volumique habituellement estimé
Rd valeur de calcul de la résistance correspondante, à 25 kN/m3 pour le matériau béton armé ou précontraint (24 kN/m3
pour le béton non armé), tout au moins lorsque l’on fait usage de
Cd valeur de calcul du critère d’aptitude au service
granulats traditionnels.
considéré.
Il y aurait lieu, en principe, de considérer, pour la charge de poids
Bien entendu, Ed est, à chaque fois, déterminé sur la base de la propre, deux valeurs caractéristiques gk,sup et gk,inf encadrant la
combinaison appropriée. valeur moyenne g mais, sauf circonstances spéciales (notamment
les pièces minces pour lesquelles les imprécisions d’exécution pos-
1.4.1 États-limites sibles sont élevées en valeur relative), on adopte pour valeur carac-
téristique de g sa valeur moyenne.
Un état-limite est celui dans lequel une condition requise d’une
construction est strictement satisfaite. & Poids des équipements fixes
Comme déjà vu, on distingue, selon la gravité des conséquences De la même façon, les charges permanentes additionnelles
de leur atteinte, deux grandes catégories d’états-limites : les ELS et (poids des équipements fixes, etc.) sont définies, soit par leur
les ELU. valeur moyenne g’ soit, si les incertitudes sont importantes ou si
des modifications ultérieures sont envisageables, par des valeurs
 Les justifications aux ELS ont pour objet de s’assurer de la caractéristiques g’ksup et g’kinf.
durabilité des structures et de leur aptitude à remplir la fonc-
tion pour laquelle elles ont été conçues.
Exemple
 Les justifications aux ELU permettent de vérifier leur résis- C’est le cas notamment des charges de ballast sur un pont-rail ou
tance et leur stabilité. de revêtement de chaussée sur un pont-route.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTON PRÉCONTRAINT

& Précontrainte 1.4.3.1 Vis-à-vis des ELU


La précontrainte enfin est représentée, pour les justifications aux On distingue les combinaisons fondamentales, qui font interve-
ELS, par deux valeurs caractéristiques Pk,inf et Pk,sup encadrant la nir les actions normalement subies par la structure et les combinai-
valeur moyenne Pm avec : sons accidentelles qui, soit incluent une action accidentelle, soit se
rapportent à une situation faisant suite à un événement accidentel.
Pk ,inf = rinf Pm
Pk ,sup = rsup Pm & Elles s’écrivent :
Les valeurs de rsup et rinf sont, selon l’Annexe Nationale à l’Euro- Combinaisons fondamentales
code 2, prises égales respectivement à 1,10 et 0,90 en situation
d’exploitation. Elles peuvent être ramenées à 1,05 et 0,95 en situa- ∑ (1,35 Gkj,sup " + "Gkj,inf )" + " γ PPm " + " γ Q,1Qk,1" + " ∑ γ Q,iψ 0,iQk,i
tion transitoire de construction, ou à d’autres valeurs sur justifica- j ≥1 i >1
tions. Bien entendu, dans tous les cas, on doit avoir :
avec Gkj,sup ensemble des actions permanentes défavorables,
rsup ≥ 1,0 et rinf ≤ 1,0 Gkj,inf ensemble des actions permanentes favorables.
Pour les justifications vis-à-vis des ELU, au contraire, seule la
valeur moyenne Pm de la précontrainte est à considérer ; d’éven-  g P prend la valeur g P,fav lorsque les effets de la précontrainte
tuels écarts par rapport à cette valeur n’ayant pratiquement aucune sont favorables, ce qui est en général le cas, et g P,unfav lorsqu’ils
incidence sur la sécurité à rupture. sont défavorables. Cela peut se produire lorsque l’on vérifie la sta-
bilité de forme sous l’effet d’une précontrainte extérieure.
C’est également le cas pour la vérification des effets locaux :
1.4.2.2 Actions variables
– g P,fav = 1,0 ;
Pour tenir compte de différentes probabilités d’occurrence, ainsi – g P,unfav = 1,3 pour les vérifications de stabilité de forme et 1,2
que de l’application simultanée de plusieurs actions variables, on pour les effets locaux.
introduit pour elles, outre des valeurs caractéristiques Qk, diverses
valeurs représentatives dites :  g Q dépend de l’action variable considérée :
– valeurs de combinaison, notées y 0 Qk ; – g Q = 1,5 pour la plupart des actions variables ;
– valeurs fréquentes, notées y 1 Qk ; – g Q = 1,35 pour les actions du trafic routier et piéton ;
– valeurs quasi permanentes, notées y 2 Qk. – g Q = 1,20 ou 1,45 pour l’action du trafic ferroviaire.

Chacune de ces valeurs représentatives se dédouble, en fait, en & Combinaisons accidentelles


une valeur maximale et une valeur minimale. Cette dernière est
prise nulle pour les actions intermittentes, ce qui justifie, dans ce
cas, que seule soit explicitée leur valeur maximale.
∑ (Gkj,sup " + "Gkj,inf )" + "Pm " + " Ad" + " (ψ1,1ou ψ 2,1)Qk,1" + " ∑ ψ 2,iQk,i
j ≥1 i >1
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1.4.3 Valeurs de calcul des effets des actions avec Ad valeur de calcul d’une action accidentelle.
Les valeurs de calcul des effets des actions – notées Ed – s’expri-
ment, de la manière la plus générale, sous la forme suivante :
1.4.3.2 Vis-à-vis des ELS
{
Ed = γ SdE γ f ,iFrep,i ; ad } i ≥1 Dans ce qui suit, la notation Pk représente le couple Pk,sup et Pk,inf
des valeurs caractéristiques.
avec g f,i tient compte de la possibilité d’écarts défavorables
par rapport à la valeur représentative, & Combinaisons caractéristiques

∑ (Gkj,sup " + "Gkj,inf )" + "Pk " + "Qk,1" + " ∑ ψ 0,iQk,i


g Sd tient compte d’incertitudes dans la modélisation
des effets des actions,
j ≥1 i >1
ad la valeur de calcul des données géométriques,
& Combinaisons fréquentes
Frep,i valeur représentative de l’action n i.

C’est soit la valeur : ∑ (Gkj,sup " + "Gkj,inf )" + "Pk " + "ψ1,1Qk,1" + " ∑ ψ 2,iQk,i
j ≥1 i >1
– caractéristique Fk ;
– de combinaison y 0 Fk ; & Combinaisons quasi permanentes
– fréquente y 1 Fk ;
– quasi permanente y 2 Fk. ∑ (Gkj,sup " + "Gkj,inf )" + "Pk " + " ∑ ψ 2,iQk,i
j ≥1 i ≥1
Dans la mesure où le calcul des effets des actions est basé sur une
analyse linéaire (ce qui est toujours le cas aux ELS, et presque tou- Ainsi rangées par ordre d’agressivité décroissante, toutes ces
jours le cas aux ELU, bien qu’alors ce soit contestable), on peut, dans combinaisons sont à considérer dans la mesure où leur sont asso-
la plupart des cas, simplifier l’expression précédente sous la forme : ciés des critères de vérification différents, ce qui est le cas pour la
flexion.
{
Ed = E γ F,iFrep,i ; ad } i ≥ 1, avec γ F,i = γ Sdγ f ,i

Dans ces expressions, on considère les actions qui peuvent inter- 1.4.4 Situations
venir simultanément, avec les valeurs représentatives appropriées. Une structure connaı̂t toujours plusieurs situations, caractérisées
Dans ces conditions, les sollicitations de calcul sont celles défi- chacune par l’intervalle de temps pendant lequel peuvent être
nies aux paragraphes 1.4.3.1 et 1.4.3.2, respectivement pour les considérés comme constants les distributions ou les processus
ELU et les ELS. aléatoires de toutes les données de la fiabilité.

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BÉTON PRÉCONTRAINT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Le plus souvent, on a à considérer : 1.4.5.1 Justifications à la flexion


– une ou plusieurs situations transitoires : la (ou les) situation(s) Comme indiqué précédemment, les justifications à la flexion
d’exécution ; consistent à respecter des critères sur les contraintes et sur les
– une situation durable : la situation d’exploitation (dans certains ouvertures de fissures. Ces critères visent à garantir :
cas, on peut en envisager plusieurs si l’on prévoit des changements – le bon fonctionnement de la structure (réversibilité du compor-
dans les conditions d’exploitation) ; tement sous les actions variables, limitation des déformations) ;
– éventuellement, une ou plusieurs situations accidentelles. – la durabilité (notamment par la maı̂trise de la fissuration) ;
– un aspect satisfaisant (déformations et fissuration acceptables).
En principe, les actions et leurs valeurs représentatives changent
quand on passe d’une situation à une autre et, dans chaque situa- La corrosion des armatures est le principal désordre pouvant
tion, il convient d’apporter les justifications nécessaires vis-à-vis affecter la durabilité des ouvrages en béton. Les armatures de pré-
des sollicitations de calcul précédemment définies, étant bien contrainte sont plus sensibles à la corrosion que les armatures pas-
entendu qu’à chaque combinaison correspondent deux états extrê- sives (risques de corrosion sous tension), leur défaillance éven-
mes de sollicitations associés à des cas de charge différents. tuelle est plus lourde de conséquence et leur corrosion est plus
difficilement et plus tardivement détectable.
La notion de situation est particulièrement importante en béton
précontraint, où la période d’exécution doit faire l’objet de vérifica- Pour ces raisons, les zones les plus sensibles vis-à-vis des trac-
tions spécifiques. tions dans le béton et de la fissuration sont celles qui entourent
les câbles. Des règles particulières plus sévères que sur le reste de
En effet, les conditions auxquelles est alors soumise la structure la section sont adoptées dans le voisinage immédiat des câbles
sont souvent très différentes de celles que l’on rencontre en situa- lorsque ceux-ci sont adhérents. Si les câbles sont non adhérents
tion d’exploitation : (câbles extérieurs ou câbles intérieurs dont les conduits sont injec-
– la précontrainte, immédiatement après mise en tension des tés avec un produit souple) on considère que la fissuration n’a
câbles, est nettement plus élevée qu’en période d’exploitation, puis- aucune influence sur les risques de corrosion de ces câbles et on
qu’une partie des pertes différées (par retrait et fluage du béton et adopte les mêmes règles que pour le béton armé. Parallèlement
par relaxation des armatures) s’effectue entre-temps (voir § 3.4) ; aux limitations de contraintes et aux règles de maı̂trise de la fissu-
ration, des conditions sont à respecter sur l’enrobage des armatu-
– le béton, encore jeune, n’a pas atteint sa pleine résistance ;
res et sur la compacité du béton, en fonction de la classe d’exposi-
– les charges extérieures, enfin, appliquées à la structure ne sont
tion (Eurocode 2 – chapitre 4 et annexe E).
pas les mêmes (du fait notamment que certaines charges réputées
permanentes n’interviennent qu’à partir du moment où on les a & Contraintes limites de compression du béton
mises en place).
Il est recommandé de limiter la contrainte de compression dans
Compte tenu du caractère passager de ces conditions singuliè- le béton à 0,45 fck sous combinaison quasi-permanente pour éviter
res, les exigences à satisfaire (sur les contraintes limites en particu- les déformations excessives et difficiles à prévoir sous l’effet du
lier) sont alors réduites (voir § 1.4.5). fluage. Au-delà de cette limite, en effet, la déformation de fluage
croı̂t plus vite que la contrainte et doit être évaluée au moyen de
modèles non linéaires qui comportent de larges incertitudes.
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1.4.5 Justifications vis-à-vis des états-limites


de service (Eurocode 2, chapitre 7) À noter que le fluage doit être évalué par des modèles non
linéaires si la contrainte dépasse 0,45 fck(t) pendant toute la
Ces justifications sont très simples dans leur principe. Les critè- construction, même si la limite en service est respectée.
res de justification s’expriment comme limites à respecter sur les
contraintes ou les ouvertures de fissures, lesquelles dépendent
des contraintes. Les matériaux étant censés se comporter élasti- La compression sous combinaisons caractéristiques ne doit pas
quement, il suffit de calculer les contraintes qu’engendrent, dans dépasser 0,6 fck dans les parties exposées à des environnements
les sections, les sollicitations de calcul et de s’assurer qu’elles res- de classe XD, XF et XS. Des niveaux élevés de compression peu-
pectent bien les contraintes limites correspondant aux critères de vent provoquer des fissures longitudinales susceptibles d’affecter
justification. la durabilité. Cette limite peut aussi être adoptée indépendamment
de la classe d’exposition pour des questions d’aspect.
On admet que les sections sont non fissurées, pour le calcul des
Pendant la construction, la compression dans le béton doit rester
contraintes, si la contrainte de traction du béton ne dépasse pas
inférieure à 0,6 fck(t) pour éviter les fissures longitudinales. Dans les
une valeur notée fct,eff qui est généralement prise égale à la valeur
éléments préfabriqués précontraints par pré-tension, cette limite
moyenne de la résistance à la traction du béton : fctm. Un calcul en
peut être portée à 0,7 fck(t) sous réserve de justification par des
section fissurée sera donc nécessaire, sauf si les contraintes de
essais.
traction dans le béton, évaluées en section non fissurée, restent
inférieures à fct,eff sous combinaisons caractéristiques. & Contraintes limites de traction des armatures
Les exigences minimales fixées par l’Eurocode 2 relativement Les contraintes de traction dans les armatures doivent rester
aux états-limites de service visent avant tout la durabilité et le bon limitées sous combinaisons caractéristiques pour éviter les défor-
fonctionnement de la structure et, dans une moindre mesure, la mations inélastiques des armatures et maintenir un niveau accep-
maı̂trise des déformations et l’aspect. Des conditions supplémen- table de déformation et de fissuration de l’élément.
taires relatives à l’aptitude au service et au confort d’utilisation de Les valeurs adoptées sont les suivantes :
la structure peuvent être définies pour chaque projet particulier.
– armatures passives : 80 % de la limite d’élasticité, sauf si la
Les limites concernant la durabilité dépendent des conditions contrainte provient d’une déformation imposée, auquel cas la
d’exposition de la structure à l’environnement. Ces conditions limite est portée à 100 % de la limite d’élasticité ;
d’environnement sont définies par la norme sur les bétons – armatures de précontrainte : 80 % de la limite d’élasticité
NF EN 206 et sont reprises par l’Eurocode 2. La norme distingue conventionnelle (valeur fixée par l’Annexe nationale française,
différentes classes d’exposition. Elles sont organisées par type l’Eurocode 2 recommande 75 %). Cette limite s’applique à la valeur
d’agression susceptible de provoquer la corrosion des armatures probable de la contrainte. Elle est donc calculée en représentant
(par les chlorures, la carbonatation, le gel-dégel…) et par un degré l’action de la précontrainte par sa valeur moyenne Pm, par excep-
de sévérité (tableau 1). tion à la règle générale.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTON PRÉCONTRAINT

Tableau 1 – Classes d’exposition en fonction des conditions d’environnement, conformément


à la norme NF EN 206-1 (Eurocode 2-1-1 Tableau 4.1)

Désignation de la
Description de l’environnement Exemples informatifs illustrant le choix des classes d’exposition
classe

1 Aucun risque de corrosion ni d’attaque

• Béton non armé et sans pièces


métalliques noyées : toutes expositions
X0
sauf en cas de gel/dégel, d’abrasion et
d’attaque chimique

• Béton armé ou avec des pièces Béton à l’intérieur de bâtiments où le taux d’humidité de l’air ambiant est
métalliques noyées : très sec très faible

2 Corrosion induite par carbonatation

• Béton à l’intérieur de bâtiments où le taux d’humidité de l’air ambiant


XC1 Sec ou humide en permanence est faible
• Béton submergé en permanence dans de l’eau

• Surfaces de béton soumises au contact à long terme de l’eau


XC2 Humide, rarement sec
• Un grand nombre de fondations

• Béton à l’intérieur de bâtiments où le taux d’humidité de l’air ambiant


XC3 Humidité modérée est moyen ou élevé
• Béton extérieur abrité de la pluie

Surfaces de béton soumises au contact de l’eau, mais n’entrant pas dans


XC4 Alternativement humide et sec
la classe d’exposition XC2

3 Corrosion induite par les chlorures

Surfaces de béton exposées à des chlorures transportés par voie


XD1 Humidité modérée
aérienne
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• Piscines
XD2 Humide, rarement sec • Éléments en béton exposés à des eaux industrielles contenant des
chlorures

• Éléments de ponts exposés à des projections contenant des chlorures


XD3 Alternativement humide et sec • Chaussées
• Dalles de parcs de stationnement de véhicules

4 Corrosion induite par les chlorures présents dans l’eau de mer

Exposé à l’air véhiculant du sel marin mais


XS1 Structures sur ou à proximité d’une côte
pas en contact direct avec l’eau de mer

XS2 Immergé en permanence Éléments de structures marines

• Zones de marnage
XS3 • Zones soumises à des projections ou à Éléments de structures marines
des embruns

5. Attaque gel/dégel

Saturation modérée en eau, sans agent de


XF1 Surfaces verticales de béton exposées à la pluie et au gel
déverglaçage

Saturation modérée en eau, avec agents de Surfaces verticales de béton des ouvrages routiers exposés au gel et à
XF2
déverglaçage l’air véhiculant des agents de déverglaçage

Forte saturation en eau, sans agents de


XF3 Surfaces horizontales de béton exposées à la pluie et au gel
déverglaçage

• Routes et tabliers de pont exposés aux agents de déverglaçage.


• Surfaces de béton verticales directement exposées aux projections
Forte saturation en eau, avec agents de
XF4 d’agents de déverglaçage et au gel.
déverglaçage ou eau de mer
• Zones des structures marines soumises aux projections et exposées au
gel

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BÉTON PRÉCONTRAINT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tableau 1 – Classes d’exposition en fonction des conditions d’environnement, conformément


à la norme NF EN 206-1 (Eurocode 2-1-1 Tableau 4.1) (suite)

Désignation de la
Description de l’environnement Exemples informatifs illustrant le choix des classes d’exposition
classe

6. Attaques chimiques

Environnement à faible agressivité


XA1 Sols naturels et eau dans le sol
chimique selon l’EN 206-1, Tableau 2

Environnement d’agressivité chimique


XA2 Sols naturels et eau dans le sol
modérée selon l’EN 206-1, Tableau 2

Environnement à forte agressivité chimique


XA3 Sols naturels et eau dans le sol
selon l’EN 206-1, Tableau 2

& Armatures passives longitudinales


Tableau 2 – Limites d’ouvertures de fissures
Les sections d’armatures passives longitudinales à mettre en place
sont déterminées par deux exigences : la maı̂trise de la fissuration
Éléments en béton armé
Éléments en béton (si celle-ci est requise) et l’équilibre mécanique de la section fissurée,
Classes d’ex- et éléments en béton
précontraint à armatures en respectant les contraintes limites mentionnées ci-dessus.
position précontraint sans
adhérentes Pour la maı̂trise de la fissuration, on peut procéder en calculant
armatures adhérentes
l’ouverture des fissures (Eurocode 2, article 7.3.4) ou par une
wmax = 0,3 mm sous méthode simplifiée, sans calcul direct (Eurocode 2, article 7.3.3).
combinaisons fréquentes wmax = 0,2 mm sous De plus, la section d’armature doit être au moins égale à une valeur
X0, XC1 minimale. Par contre, l’Eurocode 2 n’impose pas systématiquement
pas de limite si pas combinaisons fréquentes
d’exigence d’aspect un ferraillage de peau.
 Ferraillage minimal
wmax = 0,2 mm sous
combinaisons fréquentes Une section minimale d’armatures longitudinales doit être placée
wmax = 0,3 mm sous dans les parties de la section où l’on prévoit des tractions, lorsque
XC2 à XC4 σc ≥ 0 sous combinaison
combinaisons fréquentes la maı̂trise de la fissuration est requise, (art. 7.3.2 de l’Eurocode 2).
quasi permanente en
zone d’enrobage Ces armatures sont destinées à reprendre, en cas de fissuration, les
efforts qui passaient dans le béton tendu juste avant fissuration.
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Pour des sections rectangulaires, la section As,min est donnée par


σc ≥ 0 sous combinaisons
la formule :
fréquentes en zone
XD1 à XD3 wmax = 0,2 mm sous d’enrobage As,minσ s = k ckfct,eff Act
XS1 à XS3 combinaisons fréquentes wmax = 0,2 mm sous
combinaisons fréquentes avec Act aire de la section du béton en traction juste avant
ailleurs formation de la première fissure,
fct,eff valeur moyenne de la résistance du béton au
moment où les premières fissures sont supposées
& Maı̂trise de la fissuration apparaı̂tre (généralement fctm),
Contrairement aux règles françaises antérieures (BPEL), l’Euro- ss contrainte de traction dans les armatures immédia-
code 2 ne requiert pas systématiquement le respect de limites de tement après formation de la première fissure. Cette
traction dans le béton. Les critères portent, soit sur la décompres- valeur est généralement prise égale à fyk, limite
sion du béton, soit sur les ouvertures de fissures. Les différentes d’élasticité des armatures. On adopte des valeurs
conditions à respecter sont récapitulées dans le tableau 2. plus faibles uniquement lorsque l’on utilise la
L’Eurocode 2 n’emploie pas l’expression « zone d’enrobage » ou méthode de vérification sans calcul direct des
« section d’enrobage ». Pour l’application des règles ci-dessus, ouvertures de fissures proposée par l’Eurocode 2
celle-ci doit s’entendre comme la partie de la section située à (article 7.3.3),
moins de 25 mm (Eurocode 2 Partie 1-1 – relatif aux bâtiments) ou kc coefficient qui tient compte de la distribution des
de 100 mm (Eurocode 2 Partie 2 – relatif aux ponts) des câbles. contraintes dans la section avant fissuration et de
la modification du bras de levier après fissuration,
Nota : la différence entre les règles générales et les règles pour k ce coefficient est généralement pris égal à 1,0, sauf
les ponts, plus sévères, vient de ce que les éléments précon- pour les pièces larges ou hautes soumises essen-
traints sont généralement de plus grandes dimensions dans tiellement à des déformations imposées.
les ponts que dans les structures de bâtiment.
Pour des sections de forme plus complexe, on peut décomposer
la section en éléments sensiblement rectangulaires et calculer
Pour les ponts, en situation de construction, l’Eurocode 2 auto- séparément la section minimale d’armature pour chaque élément.
rise des contraintes de traction pouvant atteindre fctm sous combi- Le principe de détermination de cette section d’armature l’appa-
naison quasi permanente, même lorsque l’état-limite de décom- rente à un ferraillage de non-fragilité. Cependant, en béton précon-
pression doit être vérifié sous combinaison fréquente ou sous traint, il n’y a généralement pas de risque de rupture fragile à
combinaison quasi permanente en situation d’exploitation. l’apparition de la première fissure, car l’absence de participation

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTON PRÉCONTRAINT

du béton fissuré est facilement compensée par la surtension des générales et règles applicables aux bâtiments courants) ne contient
armatures de précontrainte ; ce ferraillage n’a alors pour objet que aucune règle sur l’effort tranchant aux états-limites de service, à
la maı̂trise de la fissuration (pas de fissure unique largement l’image de nombreuses règles étrangères ou des anciennes règles
ouverte). françaises BAEL.
Par ailleurs, dans les éléments en béton précontraint, ce ferrail- La partie 2 (ponts) de l’Eurocode 2 définit toutefois, dans son
lage minimal n’est pas nécessaire dans les sections où il n’y a pas annexe QQ, un critère à respecter pour assurer la maı̂trise de la fis-
de traction supérieure à s ct,p (contrainte limite prise en général suration due à l’effort tranchant. Cette annexe a un caractère infor-
égale à fct,eff) sous combinaisons caractéristiques. matif dans le texte européen, elle est rendue normative par
 Maı̂trise de la fissuration sans calcul direct d’ouverture des l’Annexe nationale française.
fissures
La méthode proposée par l’Eurocode 2 dans son article 7.3.3 1.4.6 Justifications vis-à-vis des états-limites
consiste à déterminer, par lecture dans des tableaux, un diamètre ultimes
maximal ou un espacement maximal d’armatures en fonction de
la contrainte de traction dans ces armatures et de l’ouverture de fis- 1.4.6.1 Justifications à la flexion
sure admissible sous la combinaison considérée. Les matériaux pouvant sortir de leur domaine de comportement
C’est la contrainte de traction calculée qui doit alors être intro- élastique, il convient de montrer que les sollicitations de calcul (défi-
duite dans la formule de ferraillage minimal. Cette méthode simpli- nies au § 1.4.3.1) n’entraı̂nent pas dans la section l’apparition d’un
fiée donne généralement des résultats plus défavorables que la état-limite ultime caractérisé par l’atteinte d’une déformation limite
méthode directe. (et non plus d’une contrainte limite) de l’un quelconque de ses maté-
riaux constitutifs (béton, aciers passifs ou aciers de précontrainte).
 Calcul de l’ouverture des fissures
Ces justifications ne sont jamais déterminantes pour les aciers de
L’ouverture des fissures peut être calculée par la formule :
précontrainte ; elles le sont rarement pour les aciers passifs. Par
w k = sr ,max ( εsm − εcm ) contre, elles peuvent conduire à un renforcement sérieux de mem-
brures en béton qui auraient été dimensionnées de façon trop étri-
quée sur la seule considération des ELS.
avec sr,max espacement maximal des fissures,
L’Eurocode 2 demande, en outre, de se prémunir contre le risque
esm déformation moyenne des armatures, compte tenu
de rupture fragile en cas de corrosion des armatures de précon-
de la participation du béton tendu,
trainte. Le principe est le suivant : la rupture par corrosion de plu-
ecm déformation moyenne du béton entre les fissures. sieurs armatures de précontrainte au voisinage d’une même sec-
tion peut se produire sans signes extérieurs visibles et,
L’Eurocode 2 propose des expressions permettant de calculer notamment, sans apparition de fissures de flexion tant que la résis-
(esm - ecm) et sr,max : tance à la traction du béton n’est pas dépassée sous les actions
– (esm - ecm) est fonction des contraintes dans les armatures et du effectivement subies ; une fissure qui se produirait alors, quelle
ratio géométrique d’armature rp,eff ; qu’en soit la cause, pourrait entraı̂ner la rupture en flexion dans
– sr,max dépend de l’enrobage c et du rapport f/rp,eff où f est le cette section. C’est une configuration qui peut se rencontrer dans
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diamètre des armatures. des sections peu sollicitées par les actions extérieures et dans les-
Les paramètres intervenant dans ces expressions sont bien défi- quelles la précontrainte est largement surabondante.
nis pour une section rectangulaire en flexion non déviée, ce qui cor-
respond d’ailleurs aux essais à partir desquels sont calibrées les 1.4.6.2 Justifications à l’effort tranchant
expressions. Il n’en est pas de même avec des sections de formes On admet que, sous l’effet des sollicitations de calcul aux ELU,
complexes ou sollicitées en flexion déviée qui sortent du champ les âmes se fissurent et résistent selon le schéma classique du treil-
d’application de la méthode. lis de Ritter-Mörsh.
L’Annexe nationale française à l’Eurocode 2-2 (ponts en béton) Ce schéma permet à la fois de dimensionner les armatures trans-
propose, comme l’autorise le texte européen, une autre méthode versales et de contrôler l’état de compression des bielles de
simplifiée, très simple d’application et sans limitation d’emploi : béton [C 2 331].
– les espacements entre aciers sont limités à 5(c + f/2), c étant
l’enrobage ; 1.4.6.3 Justifications vis-à-vis de la fatigue
– la contrainte de traction des armatures passives, exprimées en
MPa, sont limitées à 1 000 wk dans le cas de sections fléchies (axe Les variations répétées de sollicitations peuvent entraı̂ner
neutre dans la section) et 600 wk dans le cas de sections entière- l’endommagement des matériaux et la rupture par fatigue. La véri-
ment tendues, wk étant exprimée en mm. fication de la résistance à la fatigue concerne en premier lieu les
structures soumises à des charges cycliques. C’est le cas des
Cette méthode donne des résultats acceptables pour les ponts,
ponts. L’Eurocode 1-2 – actions sur les ponts dues au trafic – définit
mais n’est pas transposable à tous les types de structures de
différents modèles de charges de trafic pour les justifications à la
génie civil, bâtiments notamment.
fatigue. L’Eurocode 2 définit les combinaisons d’actions et les
Quelle que soit la méthode utilisée, l’ouverture de fissure à méthodes de justification propres aux ouvrages en béton.
laquelle on se réfère est une valeur de calcul qui peut être très dif-
férente des ouvertures de fissures réellement observées. Le respect La partie 2 de l’Eurocode 2 complète ces règles pour les ponts
des règles concernant les valeurs de calcul donne dans la plupart routiers et les ponts ferroviaires. Elle énumère un certain nombre
des cas des résultats satisfaisants en termes de performances. de cas dans lesquels les vérifications à la fatigue ne sont pas
nécessaires.
1.4.5.2 Justifications vis-à-vis de l’effort tranchant
1.4.7 Zones d’introduction des efforts concentrés –
Les règles françaises antérieures (BPEL) demandaient de vérifier diffusion de la précontrainte
en tout point de la section la convenance de l’état des contraintes –
en général assimilé à un état de contraintes planes dans une âme Le paragraphe 1.3 expose et justifie les méthodes utilisées pour
ou dans une membrure – aux états-limites de service. Cela condui- déterminer les sollicitations dans une structure : méthode directe,
sait à imposer des limites aux contraintes de cisaillement dues à d’application générale et méthode interne, seulement utilisable
l’effort tranchant et à la torsion. La partie 1.1 de l’Eurocode 2 (règles pour les poutres.

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BÉTON PRÉCONTRAINT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Dans certaines zones – voisinage des ancrages, déviateurs de généralement comprise entre 15 et 30 j après coulage. De plus, on
précontrainte extérieure – les armatures exercent sur le béton des dispose souvent les ancrages dans une pièce d’about préfabriquée
efforts concentrés importants (et de plus en plus importants, étant en béton fretté et suffisamment âgé pour pouvoir résister aux
donné la puissance des unités de précontrainte utilisées efforts localisés sous ancrages.
aujourd’hui).
De toute façon, la mise en précontrainte constitue pour le béton
Dans ces zones, la distribution des contraintes s’écarte sensible- une épreuve préalable déterminante (car en vraie grandeur) qui ne
ment de celle prévue par la résistance des matériaux. La régularisa- lui pardonnerait pas une éventuelle médiocrité.
tion des contraintes fait apparaı̂tre des efforts secondaires impor-
tants qui peuvent entraı̂ner la fissuration béton ou des désordres
plus graves. Une analyse spécifique est nécessaire dans ces zones 2.2 Béton
singulières et des justifications particulières sont à apporter concer-
nant l’intégrité du béton et les armatures passives. 2.2.1 Caractéristiques
1.4.8 Dispositions constructives 2.2.1.1 Résistance à la compression
Les paragraphes qui précèdent concernent la justification des Le béton est caractérisé par sa résistance à la compression à
états de contrainte ou de déformation dans les matériaux sous les 28 jours.
actions appliquées. Les justifications du comportement mécanique
de la structure ne sont pas suffisantes pour atteindre les objectifs La mesure de cette résistance se fait selon la norme NF EN 12390.
de sécurité, d’aptitude au service et de durabilité. Elles doivent Elle peut se faire sur cylindre ou sur cube. En France, elle se fait
être complétées par des dispositions constructives concernant habituellement par écrasement d’éprouvettes cylindriques de
notamment les armatures de précontrainte, leurs conduits et leurs 200 cm2 de section (diamètre F = 160 mm) et de 320 mm de hau-
ancrages, les armatures passives, etc. Ces dispositions constructi- teur (éprouvette dite « 16/32 »).
ves constituent une partie essentielle des codes de conception et On note :
de calcul (Eurocodes comme règles BPEL). – fcm la résistance moyenne à 28 jours ;
– fck la résistance caractéristique à 28 jours (fractile 5 %) mesurée
sur cylindre ;
– fck,cube la résistance caractéristique à 28 jours (fractile 5 %)
2. Matériaux utilisés mesurée sur cube.
La norme NF EN 206 indique comment, à partir des résultats
d’essais sur un nombre fini d’éprouvettes, on détermine fcm et fck
2.1 Contexte par une analyse statistique.
Le béton précontraint exige l’emploi de matériaux de haute qua- Pour les pays qui utilisent des mesures sur cubes (Allemagne et
lité, mis en œuvre avec soin. Il permet de les utiliser sous des Royaume-Uni par exemple), l’Eurocode 2 donne les relations entre
contraintes élevées, notamment à la construction (c’est-à-dire au fck et fck,cube. Toutes les formules de l’Eurocode 2 sont ensuite expri-
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moment de la mise en tension des câbles). mées en fonction de fck.

2.1.1 Acier pour câbles de précontrainte On obtient couramment fck = 30 MPa (par exemple, pour des ouvra-
ges coulés en place) et, avec un peu plus de soin, 35 ou 40 MPa.
L’acier pour câbles de précontrainte doit être de haute résistance, À l’heure actuelle, l’utilisation de fluidifiants permet d’atteindre
pour pouvoir être tendu à un taux initial très élevé (couramment fck = 60 MPa et même, moyennant l’adjonction de fumées de silice,
compris entre 1 200 et 1 500 MPa, sauf pour les barres). Cette ten- 80 à 100 MPa.
sion initiale, voisine de 80 % de la contrainte de rupture et de 90 % La gamme de résistances caractéristiques couverte par l’Euro-
de la limite d’élasticité, n’est pas dangereuse car elle diminue pro- code 2 va de 12 à 90 MPa. Pour le béton précontraint, on ne descend
gressivement par suite des pertes de précontrainte (voir § 3). généralement pas au-dessous de 30 MPa.
Par ailleurs, la tension utile finale est d’autant plus élevée que le
sont davantage la tension initiale et donc la résistance de l’acier. La dénomination des bétons est de la forme « C35/45 » où C
désigne le béton (pour Concrete), le premier nombre est la résis-
2.1.2 Béton – Qualités et précautions tance caractéristique à 28 jours sur éprouvette cylindrique, le
second est la résistance à 28 jours sur éprouvette cubique (avec le
Le béton doit, lui aussi, être de qualité exceptionnelle car, tant même béton).
qu’il n’est pas précontraint, il risque de se fissurer sous l’effet de
la gêne qu’apportent les coffrages à son retrait. Pour éviter cela, il Pour les bétons traditionnels, l’allure de la croissance de la résis-
faut mettre ce béton en précontrainte très tôt alors que, jeune tance du béton en fonction de son âge (t = nombre de jours) peut
encore, il présente une résistance limitée. être estimée par la formule de l’Eurocode 2 :

Le béton doit donc être de haute résistance et acquérir celle-ci très fcm (t ) = βcc (t )fcm
vite. Il est en effet très sollicité, au moment des mises en tension :
– en section courante, car la précontrainte (les pertes n’étant pas ⎛ ⎛ 28 ⎞ ⎞
avec βcc (t ) = exp ⎜ s ⎜ 1 − ⎟
t ⎟⎠ ⎠
encore effectuées) a sa valeur maximale ; de plus, les charges exté-
rieures (dont l’effet est opposé à celui de la précontrainte) sont sou- ⎝ ⎝
vent incomplètes (par exemple, si des superstructures ne sont pas avec s coefficient qui dépend du type de ciment :
encore mises en place) ;
– localement, sous ancrages, zones où s’exerce un effort très = 0,20 pour les ciments de classe de résistance
concentré. CEM 42,5 R, CEM 52,5 N et CEM 52,5 R (Classe R),
= 0,25 pour les ciments de classe de résistance
Pour limiter la sollicitation du béton jeune, on tend fréquemment
CEM 32,5 R, CEM 42,5 N (Classe N),
les câbles en plusieurs phases successives : du tiers à la moitié des
câbles à 7 j environ après coulage du béton (pour pouvoir décintrer = 0,38 pour les ciments de classe de résistance
la poutre, qui peut alors porter son poids), et le reste à une date CEM 32,5 N (Classe S),

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTON PRÉCONTRAINT

La résistance caractéristique s’en déduit par la relation chlorure de calcium ou d’adjuvants contenant des chlorures. Les
limites sont plus sévères si les armatures de précontrainte sont en
fck (t ) = fcm (t ) − 8 MPa contact direct avec le béton (pré-tension).
Enfin, la norme NF P 15-318 définit deux classes de teneur maxi-
Les valeurs résultant de cette formule, considérées comme nor- male en sulfures des ciments CP1 (0,7 %) et CP2 (0,2 %). Elle
malement respectées par tous les bétons sans prescription particu- recommande d’utiliser des ciments de classe CP1 pour la post-ten-
lière, sont généralement pessimistes. sion et CP2 pour la pré-tension.
Par ailleurs, on admet, pour les calculs, qu’au-delà de 28 jours, la
résistance plafonne à sa valeur fck, bien qu’en pratique elle conti- 2.2.3 Déformations du béton
nue à augmenter.
2.2.3.1 Déformation sous chargement instantané
2.2.1.2 Résistance à la traction
Soumettons une éprouvette de béton à une charge axiale de
La résistance moyenne en traction fctm se déduit de fck par : compression en contrôlant la vitesse de déformation de l’échantil-
2 lon (sa variation de longueur relative) et traçons le diagramme
– fctm = 0,30fck 3 pour des bétons de classe inférieure ou égale à représentant le raccourcissement relatif e = dl / l en fonction de la
C50/60 ; contrainte de compression s (figure 6).
⎛ ⎛f ⎞⎞ Le diagramme obtenu est sensible à la vitesse d’application du
– fctm = 2,12ln ⎜ 1 + ⎜ cm ⎟ ⎟ pour des bétons de classe supérieure chargement. C’est pourquoi il est indispensable d’opérer à vitesse
⎝ ⎝ 10 ⎠ ⎠
normalisée (voir NF EN 12390-13). Le fonctionnement est tout
(fcm en MPa).
d’abord élastique (OI) :
La loi de variation de la résistance à la traction du béton en fonc-
tion du temps est : σ ≈ Ecm ε

fctm (t ) = ( βcc (t )) fctm


α On peut définir un module d’élasticité moyen Ecm qui est égal au
module d’élasticité sécant pour s = 0,4 fcm. Selon l’Eurocode 2, ce
avec a = 1 pour t < 28 j et a = 2/3 pour t > 28 j. module peut être évalué par l’expression : Ecm = 22(fcm/10)0,3 (Ecm
est en GPa, fcm en MPa). Comme la résistance, le module d’élasti-
cité dépend de l’âge du béton.
2.2.2 Composition
Puis la déformation e croı̂t beaucoup plus vite que s : le béton se
Le béton doit être rapidement résistant. On emploie donc, de plastifie. La courbe s(e) passe par un maximum, dit « pic de
préférence des ciments de type CEM I ou CEM II de classe 42,5 ou contrainte », pour une déformation ec1 de l’ordre de 2.10-3, la rup-
52,5, et éventuellement de sous-classe rapide lorsqu’une haute ture du béton ne survenant que pour un raccourcissement estimé,
résistance initiale est nécessaire (voir article [C 920] [C 2 210]. en général, à ecu = 3,5.10-3. L’hypothèse classique du comportement
Le béton doit, par ailleurs, être dépourvu de tout produit risquant élastique n’est valable que pour σ ≤ 0,3fck, mais reste pourtant
de corroder l’acier des câbles et, particulièrement, de chlorures. Les acceptable jusqu’à 0,6 fck. Au-delà, il faut recourir à d’autres modè-
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ciments doivent être conformes à la norme NF EN 197-1 qui limite les représentant correctement le comportement du béton jusqu’à
leur teneur en chlorures à 0,10 %. La norme NF EN 206/CN définit rupture. En traction, le béton est fragile et ne présente pratique-
les limites de teneur en chlorures des bétons et interdit l’usage de ment pas d’allongement plastique.

A σc

B
fc fcm

0,4 fcm

tan α = Ecm

0 ≈ 2,10–3 εu ≈ 3,5, 10–3 ε α

A Chargement rapide
B Chargement à vitesse normalisée
εc1 εcu1 εc
C Chargement lent

Figure 6 – Déformation du béton sous chargement instantané

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BÉTON PRÉCONTRAINT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

2.2.3.2 Retrait du béton Si le béton est empêché d’effectuer son retrait, il se met en trac-
tion. Il faut donc éviter d’entraver ce retrait (notamment en libérant
C’est le raccourcissement spontané du béton au cours de son
dès que possible le béton de ses coffrages, et donc en le mettant
durcissement en l’absence de toute contrainte. Le retrait a plusieurs
rapidement en précontrainte) ; il faut aussi empêcher que les diver-
origines, mais les deux effets principaux sont le retrait d’origine
ses parties d’une même pièce aient des vitesses de retrait trop dif-
chimique, dit « retrait endogène » et le retrait de dessiccation ou
férentes (ce qui se produit si leurs épaisseurs sont très différentes,
« retrait de séchage » (pour plus de détails, voir les articles [C 2 235]
ou si elles sont bétonnées à des époques différentes) ; il faut alors
et [C 2 240]).
soigner la cure du béton en l’humidifiant en permanence durant
 Le retrait endogène eca est dû à une diminution du volume de une à deux semaines.
béton du fait de la réaction chimique de prise du ciment. Les pro- Enfin, le raccourcissement de retrait provoque une diminution
duits de la réaction d’hydratation du ciment occupent en effet un progressive de la tension dans les armatures de précontrainte.
volume moindre que les réactifs. Il dépend essentiellement de la
nature et de la quantité de ciment.
2.2.3.3 Fluage du béton
 Le retrait de dessiccation ecd provient de l’évaporation progres-
sive de l’eau non fixée dans la réaction d’hydratation du ciment. On
conçoit donc facilement que la déformation due au retrait de des- On appelle « fluage » le raccourcissement progressif du béton
siccation dépend : sous contrainte constante, retrait déduit. Ce phénomène est, lui
aussi, lié à la migration de l’eau à l’intérieur du béton.
– de la composition du béton (fonction croissante du rapport E/C :
eau/ciment en poids) ;
– de l’hygrométrie RH du milieu ambiant (fonction décroissante de Pour mener à bien une expérience de fluage, il faut disposer de
RH ; un béton conservé dans l’eau présente même un retrait négatif) ; deux éprouvettes identiques, confectionnées simultanément à par-
– des dimensions transversales de la pièce, représentées par son tir du même béton (figure 7) :
rayon moyen : – l’éprouvette A sert de témoin de retrait ;
– l’éprouvette B est chargée à partir du temps t0 (qui représente,
h0 = 2Ac /u en fait, l’âge commun des deux éprouvettes, l’origine des temps
étant la date de confection des deux éprouvettes) par une
avec Ac aire de la section droite de la pièce, contrainte s 0 maintenue constante par la suite.
u périmètre en contact avec le milieu ambiant (fonc- On peut ainsi observer, à chaque instant t, la déformation méca-
tion décroissante de h0). nique e(t), différence entre les déformations de l’éprouvette B et de
l’éprouvette A.
 Le raccourcissement total ecs peut se mettre sous la forme :
σ0
À la déformation instantanée : εi =
, Ec(t0) étant le module
εcs (t ) = εcd (t ) + εca (t ) Ec (t 0 )
d’élasticité du béton âgé de t0, vient se superposer une déforma-
Selon l’Eurocode 2, le retrait de dessiccation est donné par : tion de fluage :
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εcd (t ) = βds (t , t s ) khεcd,0 εcc (t , t 0 ) = ϕ (t , t 0 )


σ0
Ec
avec ecd,0 valeur nominale du retrait de dessiccation non
gêné ; pour des bétons courants, et avec les taux avec Ec module d’élasticité du béton à 28 jours.
d’humidité rencontrés en France métropolitaine, sa
valeur est le plus souvent comprise en 2.10-4 et La déformation de fluage tend vers :
5.10-4,
σ0
kh coefficient qui dépend du rayon moyen de la pièce εcc (∞, t 0 ) = ϕ (∞, t 0 ) lorsque t tend vers l'infini
Ec
(il vaut 1 quand h0 vaut moins de 100 mm et 0,7
quand h0 est plus grand que 500 mm),
Au temps infini, la déformation totale ev vaut donc :
khecd,0 valeur finale du retrait de dessiccation,
⎛ 1 ϕ ( ∞, t 0 ) ⎞ ⎛ Ec (t 0 ) ⎞
bds fonction d’évolution du retrait de dessiccation ; elle εv = σ 0 ⎜ + ⎟ = εi ⎜ 1 + ϕ (∞, t 0 ) E 28 ⎟ = εi (1 + φ )
vaut 0 quand l’âge du béton, t est égal à ts (ts étant ⎝ Ec (t 0 ) Ec (28) ⎠ ⎝ c( )⎠
l’âge du béton lorsque le retrait de dessiccation
débute, ce qui correspond à la fin de la cure) et L’Eurocode 2 donne une méthode simple, basée sur l’utilisation
tend vers 1 quand le béton est très âgé. d’abaques, pour déterminer le coefficient de fluage à l’infini j(•,t0)
en fonction de l’âge t0 du béton au moment du chargement, du
L’expression proposée par l’Eurocode 2 est : type de béton et de h0. Dans de très nombreux cas, la valeur obte-
nue est voisine de 2, de même que la valeur de f.
t − ts
βds (t , t s ) = Dans l’annexe B de l’Eurocode 2, on trouve des méthodes plus
t − t s + 0,04 h03 élaborées permettant de déterminer la déformation de fluage à
tout instant.
 Le retrait endogène est donné par :
& Formulation simplifiée
εca (t ) = βas (t ) εca (∞ ) Elle consiste à considérer le fluage comme un phénomène
-6
d’élasticité différée. On introduit alors deux pseudo-modules
avec eca(•) = 2,5.10 (fck - 10) d’élasticité Efl(t0) et Ev(t0) en posant :
et βas (t ) = 1 − exp − 0,2 t ( ) εcc =
σ0
et εv =
σ0
Il est beaucoup plus faible que le retrait de dessiccation et E fl (t 0 ) E v (t 0 )
s’effectue beaucoup plus rapidement.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTON PRÉCONTRAINT

Soit, en admettant que f = 2 :

σ0 Ec (t 0 )
E v (t 0 ) =
3
Ec (t 0 )
A B E fl (t 0 ) =
2

σ0
Cette formulation rustique suscite deux catégories de critiques :
σ – elle ne tient pas compte des facteurs, autres que le temps, qui
influent sur le phénomène :
 composition du béton,
 hygrométrie du milieu ambiant,
 dimensions transversales des pièces ;
– elle ne permet pas, même en supposant constants ces autres
facteurs, de trouver la réponse en déformation du béton à une his-
toire de chargement complexe. Pour ce faire, il faut recourir à des
σ0 modèles plus élaborés. Le plus communément utilisé est celui de la
viscoélasticité linéaire exposé ci-après.
& Modèle de la viscoélasticité linéaire
Il est basé sur les deux hypothèses fondamentales suivantes.
 Hypothèse de proportionnalité
Dans une expérience de fluage pur (contrainte s 0 maintenue
0 t0 t constante depuis t0), la réponse ec(t) est proportionnelle à s 0 :

εc (t ) = σ0F (t 0 , t )

avec F(t0,t) fonction de fluage.


ε
1
Bien entendu, F (t 0 , t 0 ) =
Ec (t 0 )
Cette hypothèse n’est valide que si la contrainte ne dépasse pas
45 à 50 % de la résistance en compression du béton.
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 Hypothèse de superposition
Ou principe de Boltzmann, qui peut s’énoncer ainsi : l’effet d’une
εcc (∞, t0) somme est égal à la somme des effets.
Si donc, après avoir chargé l’éprouvette B (figure 7) par s 0 à par-
tir de t0 on lui applique une variation de contrainte Ds 1 à partir de t1
εcc (t, t0)
(figure 8), on a, pour t ≥ t1 :
εi
ε (t ) = σ0F (t 0 , t ) + Δσ1F (t1, t )

Dès lors, la réponse à une histoire de chargement :


t

0 t0 t σ (t ) = σ (t 0 ) + ∫ σ ′ (τ ) dτ
t0

Figure 7 – Expérience de fluage peut s’écrire :


t
On peut alors écrire :
ε (t ) = σ (t 0 )F (t 0 , t ) + ∫ σ ′ (τ )F (τ , t ) dτ
t0
σ0 σ0 σ0 σ0
= + = (1 + φ )
E v (t 0 ) Ec (t 0 ) E fl (t 0 ) Ec (t 0 ) Cette modélisation présente l’avantage considérable d’être com-
patible avec l’hypothèse classique, dans la théorie des poutres, de
la linéarité des distributions, sur les sections droites, tant des
D’où contraintes que des déformations. Elle se prête donc bien au calcul
Ec (t 0 ) des effets structuraux du fluage, bien qu’elle soit en contradiction
E v (t 0 ) = sensible avec l’expérience lorsque le chargement est tel que la défor-
1+ φ mation ec(t) subisse des diminutions importantes avec le temps.
& Conséquences du fluage
Et
Comme le retrait, le fluage du béton entraı̂ne une diminution
Ec (t 0 ) progressive de la tension dans les armatures de précontrainte.
E fl (t 0 ) =
φ Il provoque, en outre, des déformations différées dans les struc-
tures. Ainsi, une poutre indépendante est davantage comprimée en

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BÉTON PRÉCONTRAINT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Considérons, par exemple, une poutre réalisée en deux phases


(figure 10) :
σ – deux consoles encastrées sur culées ;
– elles sont ensuite rendues continues à la clé.
Si les deux consoles étaient restées libres, leurs extrémités se
Δσ1 seraient peu à peu abaissées sous l’action du fluage de leur béton.
σ0 La réalisation de la continuité empêche cette déformation de
s’effectuer librement.
Un moment fléchissant positif se crée donc progressivement à la
clé, de façon à s’opposer à la différence des rotations des sections
extrêmes en regard des deux consoles.
0 t0 t1 t

2.3 Armatures de précontrainte


ε 2.3.1 Formes
On trouve les armatures de précontrainte sous trois formes :
– les fils ;
σ 0 F (t 0, t)
– les barres ;
– les torons.

2.3.1.1 Fils
σ0 F(t0, t0) Δσ 1 F (t 1, t)
Par convention, les fils ont un diamètre inférieur ou égal à
12,2 mm, ce qui permet de les livrer en couronnes.
Ils peuvent être, soit ronds et lisses (pour la post-tension), soit au
contraire à empreintes afin d’améliorer leur adhérence au béton
0 t0 t1 t (pré-tension). Dans le passé, on a également utilisé des fils nervu-
rés et des fils plats, de section ovale. Les fils les plus couramment
Figure 8 – Principe de superposition utilisés ont des diamètres de 5, 7 ou 8 mm.

2.3.1.2 Barres
II I III De diamètre supérieur ou égal à 12,5 mm, elles ne sont livrées
que rectilignes et sous longueur maximale de l’ordre de 12 à 18 m
selon les producteurs.
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I Au bétonnage
II Juste après la mise en Elles peuvent être soit lisses, soit nervurées, les nervures faisant
précontrainte alors office de filetage grossier. Les barres lisses doivent être cou-
III Après fluage pées à longueur avant usinage d’un filetage à leurs extrémités.
Les diamètres les plus courants sont 26, 32, 36 et 40 mm. Mais il
existe des barres plus grosses (de 50 à 75 mm).
Figure 9 – Déformation d’une poutre dans le temps Les barres de précontrainte ne sont employées qu’en post-tension.

2.3.1.3 Torons
II I III Ce sont des ensembles de fils enroulés hélicoı̈dalement les uns
sur les autres (cas des torsades à trois fils) ou autour d’un fil central
I État initial en une (ou plusieurs) couche(s) en alternant le sens de rotation
II État final pour chaque couche par rapport à la précédente.
III État final en l’absence
Les torons les plus courants sont à 7 fils et sont désignés par leur
de continuité à la clé diamètre nominal (diamètre du cercle circonscrit aux fils dans une
section droite).
Les diamètres les plus utilisés sont les suivants :
– 12,5 mm (fréquemment désigné par T13) ;
Figure 10 – Déformation par fluage d’une poutre réalisée en plusieurs – 12,9 mm (T13S) ;
phases – 15,2 mm (T15) ;
– 15,7 mm (T15S).
service, à vide (c’est-à-dire la majorité du temps), sur sa fibre infé- Ces armatures sont employées, aussi bien en pré-tension (dans les
rieure que sur sa fibre supérieure. La poutre se cambre donc peu à pièces importantes), qu’en post-tension. Les torons peuvent être
peu vers le haut (figure 9). Il faut en tenir compte en donnant au constitués de fils à empreintes (excepté le fil central des torons à
fond du coffrage de la poutre une contreflèche négative (dirigée 7 fils) lorsqu’ils sont utilisés en pré-tension, mais ce n’est pas indis-
vers le bas). pensable car les torons ont naturellement une adhérence de forme.
Enfin, une poutre réalisée en plusieurs phases, selon des sché- Ces armatures peuvent aussi se présenter sous forme de torons
mas statiques évolutifs de plus en plus hyperstatiques, voit graduel- protégés gainés, également appelés « monotorons ». La protection,
lement se modifier les efforts qui la sollicitent, les déformations par appliquée en usine, est assurée par de la graisse ou de la cire et par
fluage se trouvant entravées de plus en plus fortement par la créa- une gaine individuelle en polyéthylène à haute densité (PEHD)
tion de nouvelles liaisons. C’est la redistribution par fluage. extrudée. Le toron est libre de coulisser dans sa gaine.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTON PRÉCONTRAINT

Enfin, par le passé, certains procédés de précontrainte (PCB


notamment) ont utilisé des torons à plusieurs couches de fils péri- σ
phériques (torons à 37 ou 61 fils).

2.3.2 Diagramme contrainte/déformation


fpk
Il est d’abord linéaire (phase élastique OI, la pente de la droite
OI étant le module d’élasticité Ep de l’armature), puis il s’incurve, fp0,1k
pour aboutir à un quasi-palier plastique (figure 11). Du fait des
nuances d’acier utilisées, à haute limite d’élasticité, on remarque
l’absence d’un palier plastique et le nécessaire recours à une
limite d’élasticité conventionnelle pour caractériser la fin de la
phase élastique.
Enfin, la rupture survient pour une contrainte fpk et un allonge-
ment relatif euk.
Concernant la rupture, on attache une importance fondamentale
à ce qu’elle ne se produise que moyennant une striction importante
(caractérisée par le coefficient de striction Z, réduction relative de
l’aire de la section droite au niveau de la rupture).
ε
Généralement, on exige :
0,1 %
Z ≥ 20 % εuk
εuk ≥ 3,5 %

Le diagramme contrainte/déformation permet de définir une Figure 11 – Diagramme contrainte/déformation d’une armature
autre caractéristique importante de l’armature de précontrainte : de précontrainte
sa limite conventionnelle d’élasticité fp0,1k.
C’est l’ordonnée du point d’intersection du diagramme avec la
droite de pente Ep (environ 195 000 MPa) passant par le point lg p
d’ordonnée nulle et d’abscisse 10-3.
Pour les fils et les torons, fp0,1k est compris entre 0,85 et 0,90 fpk.
En pratique, ce que l’on obtient directement dans un essai de
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traction simple, c’est la relation force/allongement d’une armature


et non pas la relation contraintes/déformations. On passe de la pre-
mière à la seconde en divisant les forces par la section nominale
initiale de l’armature et les allongements par la longueur entre
repères, mais c’est purement conventionnel compte tenu des tolé-
rances entre section réelle et section nominale. En fait, ce sont bien
les forces qui intéressent directement le projeteur et le construc-
teur. C’est pourquoi les valeurs spécifiées pour une armature sont,
non pas fp et fp0,1, mais les forces correspondantes :
– Fm valeur caractéristique de la force maximale ;
– Fp0,1 valeur caractéristique de la force à la limite convention- lg t
nelle d’élasticité.

La valeur réelle de la force maximale déterminée lors d’un essai Figure 12 – Diagrammes expérimentaux de relaxation
est notée Fma. Les valeurs caractéristiques correspondent au fractile
d’ordre 5 %. 2.3.3.1 Loi des temps
Nota : lorsque la rupture de l’éprouvette a lieu entre les repères de mesure d’allonge- En exploitant les résultats d’essais, on trouve qu’en coordonnées
ment, la courbe force/allongement présente une partie descendante au-delà de l’allonge-
ment sous charge maximale.
bilogarithmiques les points expérimentaux s’alignent sur des droi-
tes (figure 12), autrement dit que :

2.3.3 Relaxation de l’acier lg ρ = β + γ lgt

L’acier fortement tendu sous longueur constante voit sa tension Ou


décroı̂tre progressivement. Ce phénomène, appelé « relaxation »,
est corrélatif du fluage (variation de longueur sous contrainte ρ = Kt γ
constante).
Son importance dépend très sensiblement de la température. Cela est vérifié, même sur les essais les plus longs dont on dis-
pose (plusieurs dizaines d’années). Il est bien évident, toutefois,
Δσ (t ) qu’à partir d’un certain moment les diagrammes doivent s’infléchir
La perte relative de tension : ρ =
d’une armature tendue
σi et présenter une asymptote horizontale, faute de quoi une armature
initialement à s i est, à température constante, fonction et du initialement tendue et maintenue à longueur constante, non seule-
temps t et de s i. ment perdrait toute sa tension, mais se retrouverait en compression.

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Certains experts estiment que cette inflexion ne se manifeste une injection de coulis de ciment fortement basique), à un autre
qu’après quelques dizaines de milliers d’années, ce qui est d’un phénomène : la corrosion sous tension, qui provoque une rupture
ordre de grandeur bien supérieur à celui de la durée de vie fragile, brutale (sans que rien ne l’ait laissé prévoir).
escomptée pour les ouvrages. Cette corrosion semble être due à la destruction des liaisons
C’est pourquoi, dans la pratique, afin d’évaluer la perte finale par intercristallines par certains agents dilatants (l’hydrogène naissant,
relaxation, il est nécessaire de se fixer un temps infini par exemple) ou corrosifs.
conventionnel. L’essentiel à retenir pour le constructeur est qu’un câble de pré-
C’est la valeur 500 000 h (soit environ 57 ans) qui a été retenue contrainte, fortement tendu et non protégé, rompt inéluctablement.
par l’Eurocode 2 et, avant lui, par le BPEL. En revanche, on ne connaı̂t pas de cas de rupture de câbles bien
protégés (par une bonne injection).
2.3.3.2 Loi des tensions initiales
Là encore, on trouve expérimentalement que r varie exponentiel- 2.3.5 Résistance à la fatigue
lement avec la tension initiale. Toutefois, dans le domaine utile des Une armature tendue en moyenne à s m résiste à un nombre de
tensions comprises entre 0,6 fpk et 0,8 fpk, on peut utiliser une δσ
approximation linéaire de l’exponentielle. cycles de variations de tension ± d’autant plus faible que s m et
2
ss sont plus élevés.
2.3.3.3 Influence de la température
Pour assurer la pérennité des constructions en béton précon-
La plupart des experts estiment, à l’heure actuelle, que la tempé- traint, on doit donc limiter les variations de tension ds dans les
rature accélère la relaxation sans modifier sa valeur finale réelle. armatures. Celles-ci ne peuvent devenir importantes qu’en cas de
Quoi qu’il en soit, compte tenu de l’importance de ce facteur, il fissuration du béton.
convient, pour caractériser un acier, d’opérer dans des conditions C’est donc en précontrainte partielle qu’il faut se montrer vigilant
bien définies de température. En pratique, on mesure la relaxation et procéder, pour les structures exposées à des actions répétitives,
isotherme à 20  C d’une éprouvette tendue initialement à 0,7 Fma à des vérifications spécifiques. L’Eurocode 2 impose ainsi, pour les
(rappel : Fma désigne la valeur réelle de la résistance de l’armature). ponts, un calcul à la fatigue dans les sections partiellement décom-
La perte relative de tension observée dans ces conditions à 1 000 h primées sous combinaisons fréquentes.
et notée r1000 sert de base aux calculs de relaxation.
L’Eurocode 2 définit trois classes de relaxation : 2.3.6 Élaboration
– classe 1, fil ou toron, relaxation normale. r1000 = 8 % ;
On part du fil machine, produit sidérurgique obtenu par laminage
– classe 2, fil ou toron, basse relaxation. r1000 = 2,5 % ;
à chaud de lingots, dont les caractéristiques mécaniques, insuffi-
– classe 3, barres laminées à chaud ayant subi un traitement
santes pour un emploi en précontrainte, sont améliorées par une
complémentaire. r1000 = 4 %.
succession de traitements thermiques et mécaniques.
2.3.3.4 Formule pratique d’évaluation de la tension finale Les traitements mécaniques utilisés sont :
– le laminage généralement suivi d’une trempe, soit au plomb,
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Compte tenu des indications précédentes, la perte de tension à


l’instant t d’une armature soumise à une température proche de la soit à l’huile. Dans ce dernier cas, un revenu (réchauffage à 400  C
température climatique est donnée par : ) est indispensable pour redonner à l’acier une ductilité suffisante ;
– le tréfilage, étirage à froid à travers une succession de filières
0 , 75(1− μ ) de diamètres décroissants. Ce traitement modifie la texture de
Δσpr ⎛ t ⎞
Classe 1 : = 5,39 ρ1000 e 6 , 7 μ ⎜ 10−5
⎝ 1000 ⎟⎠
l’acier en orientant ses grains dans le sens longitudinal. Il conduit
σpi à un état de surface très lisse, favorable à la résistance à la corro-
0 , 75(1− μ ) sion sous tension. Autrefois, le tréfilage était précédé d’un paten-
Δσpr ⎛ t ⎞
Classe 2 : = 0,66 ρ1000 e 9,1 μ ⎜ 10−5 tage (réchauffage à 850  C, suivi d’une trempe isotherme aux alen-
σpi ⎝ 1000 ⎠⎟ tours de 450  C). Cette opération, qui donnait à l’acier une structure
0 , 75(1− μ ) très fine, est malheureusement abandonnée de nos jours, pour des
Δσpr ⎛ t ⎞
Classe 3 : = 1,98 ρ1000 e 8 μ ⎜ 10−5 raisons d’économie, au détriment de la ductilité.
σpi ⎝ 1000 ⎟⎠
Après tréfilage, différents traitements thermomécaniques per-
Dans ces expressions : mettent d’améliorer les performances des armatures :
σpi – vieillissement artificiel pour augmenter fp0,1 ;
μ= – stress-relieving ou bleuissage pour accroı̂tre fp0,1 et fp ;
fpk – stabilisation, étirage à chaud qui permet de diminuer la relaxation.

avec s pi contrainte dans l’armature après les pertes instan-


2.3.7 Certification
tanées.
Les armatures de précontrainte relèvent de la norme européenne
Dans le cas où la température de l’armature serait sensiblement EN 10138. Cette norme est à l’état de projet. Dans l’attente de sa
supérieure à la température climatique, il conviendrait de majorer publication, ce sont les normes françaises expérimentales
l’estimation précédente, compte tenu de l’effet accélérateur de la XP A35-045-1 à XP A35-045-4 qui s’appliquent, ou les normes
température et du caractère conventionnel du temps infini retenu XP A35-037-1 et XP A35-037-2 pour les torons gainés protégés. Les
par les règles de calcul. armatures doivent être certifiées par l’Association pour la qualifica-
tion de la précontrainte et des équipements des ouvrages de bâti-
2.3.4 Corrosion sous tension ment et de génie civil (ASQPE).

En plus du phénomène habituel de corrosion par oxydation (la La certification est subordonnée à la vérification préalable et au
formation continue de rouille réduisant progressivement la section suivi dans le temps d’un certain nombre de caractères :
résistante, ce qui accroı̂t la contrainte de traction jusqu’à ce que se – géométriques : sections nominales (A) ou diamètres nomi-
produise la rupture), l’acier des câbles de précontrainte, très forte- naux (d) ;
ment tendu, est exposé, s’il n’est pas bien protégé (notamment par – mécaniques : Fm, Fp0,1, Agt, Z, r1000 ;

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTON PRÉCONTRAINT

– technologiques : 2.4.2 Mise en place des armatures


 absence de défauts,
Aujourd’hui, les câbles les plus courants en post-tension sont for-
 résistances à la fatigue, à la corrosion sous tension, aux més de torons à 7 fils. Quelques procédés de précontrainte proposent
contraintes multiaxiales. des câbles à fils parallèles mais ils ne sont pas distribués en France.
Les armatures certifiées sont rangées en classes de résistance et Les barres de précontrainte ont un domaine d’emploi spécifique :
en deux catégories, A et B, vis-à-vis de la résistance à la fatigue et à compte tenu de leur rigidité qui leur interdit toute courbure trop
la traction déviée. prononcée, elles ne sont guère utilisées, de nos jours, que sous
Les classes de résistance (exprimées en MPa) et les types forme droite pour réaliser des unités de faible longueur (clouage,
d’armatures qui s’y rattachent sont résumés dans le tableau 3 : étriers actifs, etc.).
Le tableau 4 récapitule les principales caractéristiques des arma- Autrefois, on utilisait souvent des unités prêtes à l’emploi, enfi-
tures les plus couramment utilisées en post-tension. Les valeurs lées en usine dans des gaines souples et éventuellement munies
0,8 Fm et 0,9 Fp0,1 sont les valeurs maximales de la force exercée de leurs ancrages. Elles étaient livrées sur chantier enroulées sur
sur l’armature lors de la mise en tension. La colonne 0,6 Fm, donne tourets. Cette méthode est pratiquement abandonnée aujourd’hui.
une évaluation de la force utile de l’armature, toutes pertes faites. La principale exception est celle des torons gainés protégés (mono-
torons, cf. § 2.3.1.3). Les armatures sortent d’usine munies de leur
gaine remplie du produit de protection. Elles sont coupées à lon-
2.4 Matériel de précontrainte gueur sur chantier et placées directement dans les coffrages. Ce
par post-tension type d’armature est particulièrement adapté à la réalisation de la
précontrainte des dalles de bâtiment, de certains réservoirs ou des
2.4.1 Ce qu’il faut retenir hourdis de ponts.
Dans la plupart des cas, les armatures sont enfilées sur chantier
En post-tension, les câbles sont, le plus souvent, logés dans des
évidements tubulaires ménagés à l’intérieur du béton par le moyen dans des conduits préalablement mis en place dans les coffrages et
de conduits. Même quand elles sont placées à l’extérieur du béton, solidement arrimés aux cages de ferraillage. On peut, soit enfiler le
comme cela se pratique pour certaines structures, les armatures de câble complet, préfaçonné en atelier, par traction au treuil, soit
précontrainte sont, quasi systématiquement, isolées du milieu pousser les torons un à un au moyen d’un pousseur à galets.
ambiant par un conduit. Lorsque le durcissement est suffisant, les Cette dernière méthode est la plus largement utilisée, du fait de sa
câbles sont mis en tension à l’aide de vérins prenant appui sur le grande souplesse d’emploi.
béton qu’ils compriment.
Grâce à des organes d’ancrage, on effectue alors un transfert 2.4.3 Conduits
d’appui et l’on bloque les déformations relatives entre aciers et & Pour la précontrainte intérieure au béton.
béton, ce qui permet de récupérer les vérins.
Les conduits sont le plus souvent des gaines rigides cintrables à
Dans le vide qui subsiste entre le câble et son conduit, on injecte
la main, formées par l’enroulement hélicoı̈dal ou cylindrique d’un
un produit destiné à protéger le câble contre la corrosion. Cette
feuillard d’acier nervuré, de 0,4 à 0,6 mm d’épaisseur. La nervura-
protection est indispensable pour éviter la corrosion sous tension
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tion procure rigidité et adhérence au béton. On utilise aussi parfois


(voir § 2.3.4). Pour les câbles intérieurs au béton, ce produit est
des tubes d’acier, d’une épaisseur de l’ordre de 2 mm, cintrables sur
généralement un coulis de ciment, qui a également pour effet de
machine, qui admettent des rayons de courbure plus faibles que les
rendre le câble adhérent au béton. On peut aussi utiliser des pro-
gaines en feuillard. Des valeurs minimales de rayons de courbure
duits souples : cire ou graisse. La protection est complétée par un
sont fixées par l’agrément technique de chaque procédé pour :
cachetage ou un capotage des organes d’ancrage.
– éviter les difficultés d’enfilage des armatures ;
– limiter les pertes par frottement et les efforts transmis locale-
Tableau 3 – Classes de résistance et types d’armatures ment au béton. Elles dépendent du type et du diamètre de gaine.
rattachés
Il existe des gaines nervurées en plastique, qui permettent, en
association avec des organes d’ancrage et des raccordements
Classes adaptés, de répondre à des exigences particulières en matière
2160-1960 1860-1670 1570 1230-1030
(MPa) d’étanchéité ou d’isolation électrique, tout en assurant une bonne
adhérence au béton.
Torons
Armatures Les gaines sont généralement cylindriques mais, pour certaines
Fils Barres applications, telle la précontrainte des dalles, et pour de petites uni-
tés (jusqu’à 5 torons T15), on dispose de gaines plates nervurées,

Tableau 4 – Caractéristiques des armatures utilisées en post-tension


Nature Classe Ø A Fm Fp0,1 0,8 Fm 0,9 Fp0,1 0,6 Fm
(2.3.1.3.) en (MPa) en (mm) en (mm2) en (kN) en (kN) en (kN) en (kN) en (kN)

T13 1 860 12,5 93 173 154 138,4 138,6 103,8

T13S 1 860 12,9 100 186 166 148,8 149,4 111,6

T15 1 860 15,2 139 259 228 207,2 205,2 155,4

T15S 1 860 15,7 150 279 246 223,2 221,4 167,4

fil Ø 7 mm 1 670 7 38,5 64,3 56,6 51,4 50,9 38,6

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A Jonc d’assemblage
B Taraudage (pas : 1 mm)
C Les 3 clavettes et le jonc
forment un mors

Figure 13 – Coupe longitudinale d’un vérin


C

Figure 14 – Mors d’ancrage : principe

Tableau 5 – Diamètre intérieur minimal des conduits

Nombre de torons Øint


(T15 ou T15s) (en mm)

4 45
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7 60

12 80

19 95

27 115
Figure 15 – Ancrage à plaque et trompette
37 130
de section sensiblement rectangulaire. Elles sont en feuillard
d’acier ou en plastique. En précontrainte intérieure comme en précontrainte extérieure,
on utilise parfois des câbles constitués de torons gainés protégés
& En précontrainte extérieure. placés dans une gaine générale injectée au coulis de ciment.
Les conduits doivent être étanches pour assurer le confinement L’injection, effectuée avant mise en tension, a pour but de figer les
du produit de protection. Ils doivent, de plus, résister à la pression positions des torons et d’éviter ainsi d’endommager les gaines
d’injection. On emploie alors des tubes en polyéthylène à haute individuelles lors de la mise en tension.
densité (PEHD) dont les tronçons sont assemblés par thermofusion
(soudure au miroir ou colliers électrosoudables). L’utilisation de
tubes métalliques est possible, mais beaucoup plus rare. 2.4.4 Vérins
Si l’on veut se réserver la possibilité de remplacer ultérieurement
un câble extérieur tout en l’injectant au coulis de ciment, le conduit, Le vérin est un mécanisme constitué d’un cylindre et d’un piston,
prolongé à ses extrémités par des cônes d’épanouissement, est délimitant une chambre à l’intérieur de laquelle on peut injecter de
isolé de la structure par des tubes de réservation au niveau des l’huile, ce qui fait coulisser les deux pièces l’une par rapport à l’autre.
déviateurs et par des trompettes ou tromplaques coffrantes dans Le cylindre prend appui sur le béton, alors que le câble est fixé au pis-
les massifs d’ancrage (voir figures 15 et 16). ton dont le mouvement assure la mise en tension de l’unité.

& Dans tous les cas Le piston peut tirer soit :

Le diamètre intérieur des conduits doit être suffisant pour permettre – directement sur les armatures qui sont fixées sur lui, à titre pro-
l’enfilage des câbles sans difficulté et assurer un bon remplissage du visoire, par coincement (figure 13) ou par vissage ;
produit de protection. Pour des câbles enfilés sur chantier, on admet – sur une tête mobile, elle-même solidaire du câble et faisant
couramment les diamètres intérieurs figurant dans le tableau 5. office, ultérieurement, de tête d’ancrage (cas du procédé BBR).

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Orifice d’injection (grout inlet) guide conduit (duct)

torons
(strands)

mors
(jaws)

Tromplaque
bloc ou tête
d'ancrage
(anchorage
block)

capot d’injection (optionnel) (grout cap (optional))


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∅1
∅2
D
A

B H C

Figure 16 – Ancrage actif Freyssinet gamme C

2.4.5 Ancrages & Les ancrages par coincement appartiennent à cette famille. On
les retrouve dans la plupart des grands procédés modernes utili-
Selon leur fonction, on distingue plusieurs catégories d’ancrages : sant des câbles constitués de n torons parallèles. Après mise en
– les ancrages actifs (§ 2.4.5.1) ; tension, les torons sont bloqués dans une tête d’ancrage percée
– les ancrages fixes (§ 2.4.5.2) ; de n trous tronconiques au moyen de mors métalliques (figure 14)
– les coupleurs (§ 2.4.5.3). constitués de deux ou trois éléments appelés « clavettes » (procé-
dés Freyssinet ; VSL ; CCL ; Dywidag ; Spie Batignolles ; Tensa ;
On trouve, dans les catalogues des entreprises de précontrainte, CONA – Voir le Pour en savoir plus).
d’autres types d’ancrages, utilisables dans certains cas particuliers.
Ils ne seront pas abordés ici. & La tête d’ancrage s’appuie sur une plaque d’ancrage, solidaire
du béton de la structure et raccordée au conduit par une trompette
2.4.5.1 Ancrages actifs d’épanouissement (figure 15).
Ils permettent de bloquer le câble à l’extrémité par laquelle on & La plaque d’ancrage et la trompette peuvent être regroupées en
effectue la mise en tension ; une fois ce blocage réalisé, toute une seule pièce appelée « tromplaque » (figure 16).
unité de précontrainte comporte au moins un ancrage actif.
& Les ancrages par vissage des procédés à barres (figure 17) se
Les ancrages les plus communément utilisés aujourd’hui sont les rattachent également à cette famille.
ancrages le long du fil ou du toron. Ils sont indépendants du câble
et ne sont solidarisés aux armatures qu’après mise en tension de & Les ancrages préfabriqués sont beaucoup moins répandus que
ces dernières. les ancrages le long du fil. Ils sont fixés à l’extrémité du câble (soit

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BÉTON PRÉCONTRAINT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Figure 17 – Ancrage par écrou du procédé Dywidag barre

Capot de protection Coque d’appui Spirale


Tête d’ancrage Plaque d’ancrage Trompette

ΔL = C
ourse
d’allon
gemen
t env. 5
,7 mm
/m
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C
Longu
eur de c
omma
nde « L
»

Figure 18 – Ancrage actif BBRV-Type A

en usine, soit plus rarement sur chantier) avant sa mise en tension, & Pour des ancrages fixes incorporés au béton, l’ancrage par cla-
et l’on vient les bloquer par des cales sur le béton. vettes n’est pas possible car la laitance infiltrée entre les clavettes
leur interdit tout mouvement.
Les ancrages les plus typiques de cette catégorie sont ceux du
système de précontrainte à fils parallèles BBRV (figure 18). Différentes solutions sont alors utilisées.
 La butée sur une tête d’ancrage ou sur une plaque métallique
2.4.5.2 Ancrages fixes par l’intermédiaire de boutons pour les fils ou de manchons filés
Les ancrages fixes interdisent tout mouvement significatif, par pour les torons (figure 19) est une solution.
rapport au béton, de l’extrémité du câble opposée à celle par  On peut également boucler les armatures, autour d’une plaque
laquelle se fait la mise en tension. On distingue : galbée (figure 20).
– les ancrages extérieurs, qui demeurent accessibles après béton- Celles-ci sont alors en contact direct avec le béton sur une cer-
nage et jusqu’à la fin de la mise en tension ; taine longueur.
– les ancrages incorporés au béton de la structure, qui se subdi-  Solution essentiellement à l’adhérence, dans le cas des torons.
visent eux-mêmes en ancrages fonctionnant par butée et en ancra- Les torons sont alors épanouis hors de leur conduit sur une lon-
ges par adhérence. gueur suffisante, et détoronnés à leur extrémité pour former un
& Le plus souvent, les ancrages extérieurs fixes sont constitués bulbe (figure 21).
des mêmes éléments que les ancrages actifs.
En ce qui concerne les ancrages à clavettes, il suffit de bloquer 2.4.5.3 Coupleurs
ces dernières dans leur logement conique, au contact du toron, à Ce type de dispositif, parfois utilisé dans les ouvrages construits
l’aide d’un tube pousse-clavettes et d’un marteau. à l’avancement (figure 22), permet d’accrocher un nouveau câble,

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTON PRÉCONTRAINT

MANCHON T15 DC
≈ 60
BLOC NB nC15
TROMPLAQUE A nC15

MANCHON GAINE (acier

430
ou plastique)
∅D

G
≈ 60 1 300

BANDES ADHESIVES

230
Figure 19 – Ancrage fixe noyé dans le béton Freyssinet gamme C

900 Les cotes sont en millimètres.


A
Figure 21 – Ancrage VSL par adhérence

C
400

Figure 22 – Exemple d’utilisation de coupleurs dans une construction


à l’avancement
240

Autriche) sur la base d’un document d’évaluation européen (DEE).


C’est le guide d’agrément technique européen (ETAG 013) élaboré
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dans le cadre de la procédure antérieure, qui fait office de DEE.


L’évaluation est délivrée après un certain nombre de tests pour véri-
A Évent d’injection fier l’aptitude à l’usage du produit.
Les cotes sont en millimètres.
Ces kits font ensuite l’objet d’une attestation de conformité pour
vérifier la cohérence du produit mis sur le marché avec celui testé
Figure 20 – Ancrage VSL à boucle dans le cadre de la délivrance de l’évaluation technique euro-
péenne. Cette deuxième étape aboutit au marquage CE délivré par
dit secondaire, mis en tension au cours d’une phase de travaux un organisme de certification (ex : ASQPE en France). Doté du mar-
(n + 1), à l’extrémité d’un câble, dit primaire, déjà tendu au cours quage CE, le produit est réputé conforme aux exigences essentiel-
de la phase de travaux n. les et peut être mis sur le marché, commercialisé et utilisé sans
Le coupleur doit donc remplir une double fonction : avoir à subir de vérification de conformité à une réglementation
nationale.
– assurer l’ancrage actif du câble primaire ;
– transmettre jusqu’à l’extrémité en cause du câble primaire D’un point de vue pratique, l’ETE définit les usages possibles du
l’effort de tension appliqué ultérieurement au câble secondaire. système (précontrainte extérieure, câble remplaçable, usage cryo-
génique, etc.), donne la description des dispositifs, et précise les
Pour que cette seconde fonction soit assurée, il convient d’éviter données numériques utiles au projeteur, notamment :
toute possibilité de butée directe du coupleur sur le béton secon-
– dimensions des ancrages et autres composants ;
daire, coulé au cours de la phase n + 1, donc de l’en isoler par un
– recul d’ancrage ;
capot (figure 23).
– entre-axes à respecter entre ancrages et distance minimale à la
Les coupleurs sont soit : paroi ;
– des coupleurs multi-armatures qui assurent globalement le – caractéristiques des vérins.
couplage des n fils ou torons (figure 24 a),
– des coupleurs mono-armatures qui raccordent les torons un à 2.4.6 Injection et cachetage
un par de petits manchons individuels (figure 24 b).
Le plus souvent, la protection définitive des câbles est assurée
par injection d’un coulis de ciment, mélange de ciment, d’eau et
2.4.5.4 Évaluation technique européenne des procédés éventuellement de certains adjuvants. Cette injection doit être réa-
de précontrainte
lisée dès que possible après la mise en tension des armatures. Il est
Les évaluations techniques européennes (ETE, ou ETA en souhaitable que le délai entre ces deux opérations ne dépasse pas
anglais) remplacent depuis 2013 les agréments techniques euro- un mois, ce qui correspond au temps pendant lequel la protection
péens. Les ETE relatives aux procédés (« kits ») de précontrainte provisoire par huile soluble, appliquée en usine, puis renouvelée
sont délivrés par des organismes d’évaluation européens « OET » périodiquement sur chantier, demeure efficace. L’injection a aussi
(exemples : Cerema ITM en France, DIBT en Allemagne, OIB en pour effet de rendre le câble adhérent au béton de la structure.

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BÉTON PRÉCONTRAINT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

≈ P’ ≈ P’
≈0

P P’ P P’

Capot
a b

a absence de capot : l’effort P est repris par butée sur le béton b présence d’un capot : l’effort P’ se transmet jusqu‘au câble
secondaire. Le joint n’est pas précontraint. primaire et le joint est précontraint.

Figure 23 – Nécessité d’isoler le coupleur du béton secondaire

X3
X2

Câble secondaire (Secondary tendon) X1

Gaine
(sheeth) ∅ PCI
Câble primaire ∅int. D
(Primary tendon)

Coupleurs Joint d’étanchéité Ancrage actif


E (leak proof joint)
(couplers) (active anchorage)
N

M
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∅G

∅P

M×N

38 max. b mono
L
nC15 (anchorage)
ancrage

a multi

Figure 24 – Coupleurs multi et mono Freyssinet gamme C

Les spécifications sur les coulis visent à leur conférer un main- utiliser un capot métallique étanche définitif, injecté en même
tien de la fluidité et de l’homogénéité pendant plusieurs heures, et temps que le conduit.
une reproductibilité des caractéristiques pendant toute la durée du La protection des câbles de précontrainte peut aussi être assurée
chantier. Pour assurer convenablement la satisfaction des exigen- par une injection de cire pétrolière ou de graisse à base d’huile
ces, le coulis doit être injecté de telle manière que la gaine soit minérale. Ces produits, principalement la cire, sont surtout
entièrement remplie. Il ne doit pas présenter de phénomène de employés pour la précontrainte extérieure. Lorsque les câbles sont
ségrégation pendant l’injection et jusqu’à la prise. La méthode tra- constitués de monotorons sous gaine générale remplie de coulis
ditionnelle consiste à réaliser l’injection par pompage à une extré- de ciment (cf. § 2.4.3), le coulis n’a pas de rôle de protection contre
mité avec mise à l’air de l’évent à l’extrémité opposée et ouverture, la corrosion, celle-ci étant assurée par la gaine individuelle et son
au passage du coulis, des évents intermédiaires situés aux points remplissage.
hauts du conduit.
Après l’injection de la totalité de la gaine et mise en pression du
conduit à 0,5 MPa, on procède à la purge des capots d’ancrage et
des évents, puis au cachetage des têtes d’ancrages afin d’éviter
3. Calcul de la tension d’un
toute infiltration d’eau jusqu’aux ancrages. câble en post-tension
Le cachetage est au moins aussi important que l’injection : on a
constaté, sur des ouvrages anciens, que des câbles même mal
injectés pouvaient se comporter parfaitement si l’on interdisait la La force de précontrainte varie à la fois :
pénétration de l’eau par leurs extrémités. En revanche, toute circu- – dans l’espace, avec l’abscisse le long du câble, du fait des
lation d’eau à l’intérieur des conduits est catastrophique pour la frottements ;
conservation des armatures de précontrainte. On peut, soit réaliser – dans le temps, à cause du retrait et du fluage du béton d’une
un cachetage en béton, armé par des aciers laissés en attente, soit part, de la relaxation des aciers d’autre part.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTON PRÉCONTRAINT

Ainsi, les pertes de tension se trouvent ventilées en deux 3.2 Pertes instantanées
catégories :
– les pertes instantanées ; 3.2.1 Pertes par frottement
– les pertes différées.
3.2.1.1 Courbure du tracé
L’étude de l’équilibre d’un tronçon élémentaire de câble courbe
3.1 Tension à l’origine (§ 1.3.2.1) nous a permis d’établir les deux équations suivantes :
C’est celle qu’on impose aux armatures devant un ancrage actif Pdθ + pds = 0 (3)
et le dispositif d’épanouissement associé (trompette ou trom-
plaque), côté béton, au moment de la mise en tension, avant le et
transfert de l’effort à l’ancrage (figure 25).
Il s’agit donc de la tension en O, s p0, inférieure à la tension en A, dP + qds = 0 (4)
s pA (à l’entrée de la tête d’ancrage) du fait des frottements entre les
armatures et : Si l’on admet qu’entre q et p existe la relation fondamentale du
frottement solide :
– la tête d’ancrage, de A à B, d’une part ;
– la trompette d’épanouissement, de B à O, d’autre part. q =μp

La perte de tension entre A et O, parfois définie dans la notice avec m coefficient de frottement du câble sur son conduit,
technique du procédé considéré, est couramment de l’ordre de
2 %, de sorte que : l’équation (4) s’écrit :
σp0 ≈ 0,98 σpA dP = ± μPdθ (5)

soit :
ou, si l’on raisonne en forces (P = Aps p, Ap représentant la sec-
tion nominale du câble) : dP
= ± μdθ (6)
P
P0 ≈ 0,98PA
Convenons ici que dq représente la déviation angulaire arithmé-
tique (essentiellement positive) entre les deux extrémités du tron-
Notons que la force PA, elle-même, est inférieure au produit de la çon MN (figure 2) et supposons que le câble complet, orienté de
section du piston par la pression dans la chambre à cause des frot- la gauche vers la droite, soit mis en tension par son extrémité gau-
tements internes du vérin. Une courbe de correspondance entre che O (que l’on confond géométriquement, dans la pratique, avec
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pression et force appliquée PA par le vérin permet de tenir compte le point A, figure 26).
de ce phénomène.
Il n’en demeure pas moins que, sur le chantier, pour obtenir A B
P0 = Aps p0 en O, il faut appliquer en A une force PA supérieure
d’environ 2 %.
T
Pour le projeteur, P0 constitue la valeur de référence puisque
c’est elle qui fait l’objet de limitations.
La contrainte à l’origine correspondante, notée s p,max dans
l’Eurocode 2, est plafonnée à la plus faible des valeurs suivantes
(valeurs recommandées, reprises par l’annexe nationale française) : O

– 0,80 fpk ;
– 0,90 fp0,1k. T Trompette d’épanouissement
Tension à l’origine – tension en O avant relâchement de la pression dans
Les règles françaises antérieures (BPEL) étaient plus sévères la chambre du vérin
pour les barres de précontrainte et limitaient leur tension à
0,70 fpk. Les limites de l’Eurocode 2 sont les mêmes pour tous les Figure 25 – Définition de l’origine des tensions
types d’armatures : fils, torons et barres.
Il est admis d’appliquer une tension supérieure aux limites indi-
quées ci-dessus, à condition que la force au vérin soit mesurée A
avec une précision de 5 % de la force finale. La contrainte peut α2
O
alors atteindre 0,95 fp0,1k (valeur recommandée, adoptée par C
l’Annexe Nationale française). En pratique, cette possibilité n’est
utilisée que par les systèmes de précontrainte par barres, car les I
barres sont généralement courtes et subissent de ce fait de fortes
pertes par recul d’ancrage (voir § 3.2.1).
α1
Les notations de l’Eurocode 2, s p,max et Pmax = Aps p,max, désignent
indifféremment la tension appliquée à l’extrémité active de l’arma-
ture et la valeur maximale autorisée de cette tension. x
Sauf cas très particulier, les câbles sont toujours tendus au maxi-
mum autorisé, pour des raisons évidentes d’économie. Figure 26 – Frottements le long du câble lors de la mise en tension

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BÉTON PRÉCONTRAINT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Lors de la mise en tension, le déplacement du câble par rapport soit, si l’exposant est faible :
au béton s’effectue de la droite vers la gauche. L’action tangentielle
de contact du conduit sur les armatures, s’opposant à ce mouve- ΔPμ ( x ) ≈ Pmax ⎡⎣ μ (θ + kx )⎤⎦ (11)
ment, s’exerce de la gauche vers la droite ; la tension diminue
donc entre le point O et le point courant C d’abscisse x du tracé et 3.2.1.3 Valeurs des coefficients de frottement
le signe à retenir dans l’équation (6) est le signe -. Les valeurs des coefficients de frottement m sont données par la
D’où, par intégration de (6) : notice technique du procédé de précontrainte, qui accompagne son
agrément technique européen ou son évaluation technique euro-
P ( x ) = Pmax exp ( − μθ ) (7) péenne. À défaut, on peut utiliser pour m les valeurs données dans
le tableau 6 (tableau 5.1 de l’Eurocode 2).
avec q fonction de x Les valeurs de m données dans le tableau 6 pour les armatures
somme des déviations angulaires arithmétiques entre le point O et intérieures formées de fils ou de torons sont valables avec des gai-
le point C d’abscisse x. nes en feuillard d’acier. Lorsqu’on utilise des gaines annelées en
plastique, le coefficient de frottement est généralement compris
Remarquons qu’en général q n’est pas l’angle entre les tangentes entre 0,10 et 0,12.
en O et en C du tracé. Ce n’est cet angle que lorsque la courbure
conserve un signe constant entre O et C. Le coefficient de frottement m des monotorons (torons gainés
graissés ou gainés cirés) est de l’ordre de 0,05.
Ainsi sur la figure 26 :
Le coefficient de déviation angulaire parasite k des armatures inté-
θ = α1 + α2 rieures prend des valeurs comprises entre 0,005 et 0,01 par mètre.
En précontrainte extérieure, on peut négliger les pertes causées
3.2.1.2 Déviations parasites par les déviations parasites, sauf lorsque l’on utilise des monoto-
Un conduit ne suit jamais parfaitement son tracé théorique ; il rons regroupés dans une gaine générale injectée au coulis de
festonne entre ses points de fixation sous l’effet : ciment. En effet, le coulis est injecté avant mise en tension et il
fige le tracé de chaque toron dans une position qui peut s’écarter
– de son poids ; du tracé théorique.
– de la poussée du béton ;
– des incertitudes de positionnement des attaches.
3.2.2 Pertes à la mise en charge de l’ancrage
À la déviation angulaire théorique q entre O et C, vient donc se (rentrée d’ancrage)
superposer une déviation parasite sensiblement proportionnelle à
Lors du report de l’effort du vérin à l’ancrage, le câble subit tou-
la distance entre O et C, donc de la forme kx.
jours un léger raccourcissement g :
avec k déviation angulaire parasite par unité de longueur, – faible dans le cas des ancrages par calage ou vissage ; g, de
ou coefficient de festonnage. l’ordre de 2 mm, est alors la conséquence de la déformation du
corps d’ancrage et du tassement des cales ou des filets ;
Compte tenu de ce phénomène, la formule (7) se généralise donc – plus important dans le cas des ancrages par coincement : les
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ainsi : torons et les clavettes subissent un déplacement vers l’intérieur de


la pièce. Généralement, les vérins de mise en tension sont munis
P ( x ) = Pmax exp ⎡⎣ − μ (θ + kx )⎤⎦ (8)
d’un système de clavetage hydraulique, permettant d’enfoncer de
force les mors dans leur logement conique avant relâchement de
ou, si l’on raisonne sur les contraintes : la pression dans la chambre du vérin. Cela permet de limiter la ren-
trée des mors. La perte d’allongement totale g est alors de l’ordre
σp ( x ) = σp,max exp ⎡⎣ − μ (θ + kx )⎤⎦ (9)
de 6 mm. En l’absence de blocage hydraulique, g peut atteindre 8 à
10 mm. Les notices techniques des procédés de précontrainte défi-
Dans la section d’abscisse x, la perte de tension par frottement nissent, pour chaque type d’ancrage, la valeur probable de g.
vaut, par conséquent :
Le mouvement de rentrée vers l’intérieur du béton est contrarié
ΔPμ ( x ) = Pmax ⎡⎣1 − exp ⎡⎣ − μ (θ + kx )⎤⎦ ⎤⎦ (10) par le frottement du câble sur sa gaine, comme à la mise en ten-
sion, mais en sens inverse. Son influence diminue donc à partir de

Tableau 6 – Coefficients de frottement m pour les armatures de précontrainte par post-tension


Armatures extérieures (non adhérentes)
Armatures intérieu-
res (1) Gaine en acier / non Gaine en acier / Gaine en PEHD :
Gaine en PEHD / non graissé
graissé graissé graissé

Fil tréfilé à froid 0,17 0,25 0,14 0,18 0,12

Toron 0,19 0,24 0,12 0,16 0,1

Barre non lisse 0,65 – – – –

Barre lisse 0,33 – – – –

Note PEHD Polyéthylène haute densité


(1) Dans le cas d’armatures remplissant environ la moitié de la gaine

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTON PRÉCONTRAINT

l’ancrage jusqu’à s’annuler à une distance d de celui-ci (figure 27) à


partir duquel la tension demeure inchangée.
σp(x)
& Avant rentrée d’ancrage, la tension à l’abscisse x était donnée
par la formule (9) : σp, max

σp ( x ) = σp,max exp ⎡⎣ − μ (θ + kx )⎤⎦ σp(x)

qui s’écrit encore :

σp ( x ) = σp,max exp ⎡⎣ − K ( x )⎤⎦ (12)

avec K(x) fonction croissante de x :

μ (θ + kx )
σ'p(x)
L’allongement relatif de l’armature, à l’abscisse x, valait :
d Distance à l’ancrage x
σp ( x )
εp ( x ) = (13)
Ep Figure 27 – Tension le long du câble avant et après relâchement
de la pression dans le vérin
& Après la rentrée d’ancrage, la tension à l’abscisse x (< d) n’est
plus que : Le câble considéré, s’il est adhérent au béton, subit la même
variation de déformation, d’où une perte (ou un gain si Ds c (t) < 0)
σp′ ( x ) = σp (d ) exp ⎡⎣ − K (d ) + K ( x )⎤⎦ (14) de tension :

ou Δσc (t )
Δσp (t ) = Ep (20)
σp′ ( x ) = σp,max exp ⎡⎣ − 2K (d ) + K ( x )⎤⎦ (15) Ecm (t )

et l’allongement : Les actions permanentes précédemment évoquées peuvent


résulter de :
σp′ ( x )
εp′ ( x ) = (16) – la mise en tension d’un nouveau câble ;
Ep – l’application d’un supplément de poids propre dans le cas
d’une construction par phases ;
On peut écrire que g est la somme des pertes d’allongement – la mise en place de superstructures.
⎡⎣ εp ( x ) − εp′ ( x )⎤⎦ dx des tronçons dx entre O et D, soit :
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Sauf dans les cas rares où plusieurs câbles seraient tendus de
d
façon rigoureusement simultanée, il faudrait donc faire, en principe,
g = ∫ ⎡⎣ εp ( x ) − εp′ ( x )⎤⎦ dx (17) le calcul de ces pertes câble par câble, ce qui serait très laborieux.
0
On se contente, en pratique, d’une évaluation plus sommaire qui
ou se justifie par la faible importance relative des pertes en question.
1 d
⎡σp ( x ) − σp′ ( x )⎤⎦ dx
Ep ∫0 ⎣
g= (18) Pour ce faire, on regroupe les câbles en familles homogènes. Sont
considérés comme appartenant à une même famille tous les câbles
de tracé comparable tendus au cours d’une même phase de construc-
L’intégrale figurant dans l’expression (18) représente l’aire tramée tion. Les câbles d’une famille [F] donnée sont tous affectés d’une
sur la figure 27. même perte moyenne par déformation élastique du béton résultant :
Compte tenu de (12) et (15), l’équation (18) permet de calculer d, et – de l’application de charges permanentes additionnelles ou de la
donc s′p (x) ou, ce qui revient au même, la perte par rentrée d’ancrage : mise en tension d’autres familles [F′] postérieurement à la réalisa-
tion de l’ancrage des câbles de [F] ; les pertes partielles correspon-
Δσp, st ( x ) = σp ( x ) − σp′ ( x ) (19)
dantes se calculent par la formule (20) ;
– de l’échelonnement des mises en tension des différents câbles
Dans le cas d’un câble court ou peu dévié, le recul d’ancrage peut
appartenant à [F].
influencer la tension sur toute la longueur du câble. Les expres-
sions (17) et (18) restent valables, en remplaçant d par la longueur
du câble, mais on ne peut plus utiliser les expressions (14) et (15). 3.2.3.2 Pertes par échelonnement des mises en tension
des câbles d’une même famille [F]
3.2.3 Pertes par déformation instantanée du béton Supposons que la famille en question comporte n câbles de
même puissance passant sensiblement au même niveau dans une
3.2.3.1 Principe général section donnée. La mise en tension de ces n câbles provoque, dans
le béton adjacent, une variation de contrainte normale Ds c (t).
Toute action permanente appliquée à une date t postérieure à la
réalisation de l’ancrage d’un câble de précontrainte provoque dans Chaque câble apporte à cette variation de contrainte une contri-
le béton adjacent une variation de contrainte Ds c (t), donc de Δσc (t )
bution , la variation correspondante de déformation du
raccourcissement : n
béton étant :
Δσc (t )
Δεc (t ) = Δσc (t )
Ecm (t )
n Ecm (t )
avec Ecm module instantané du béton.

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BÉTON PRÉCONTRAINT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Du fait que les n câbles ne sont pas tendus en même temps (il Si l’on se contente d’une évaluation sommaire de Ds p,el (très sou-
faudrait pour cela disposer d’au moins n vérins sur le chantier), vent suffisante compte tenu de la petitesse de ce terme), on
le ième câble mis en tension subit le raccourcissement dû aux confond s c,i avec s c, contrainte finale (après stabilisation des per-
(n - i) câbles tendus après lui : tes) du béton au niveau des câbles dans l’ouvrage soumis à ses
seules charges permanentes.
(n − i ) Δσc (t )
Comme Ep /Ecm est, en pratique, voisin de 6, l’ordre de grandeur
n Ecm (t ) de la perte par déformation instantanée du béton est donné par :
Sa perte de tension vaut donc : 1 Ep
Δσp,el ≈ σc ≈ 3σc (25)
Ep
(n − i ) Δσc (t ) 2 Ecm
n Ecm (t ) Cette estimation est assez grossière, mais, comme la perte par
déformation instantanée du béton est généralement très faible,
et sa perte de force : l’erreur ainsi commise est le plus souvent négligeable.

Ap E p
(n − i ) Δσc (t )
n Ecm (t ) 3.3 Tension initiale
avec Ap section du câble en question. C’est la tension qui subsiste dans le câble une fois effectuées tou-
tes les pertes instantanées analysées :
La perte globale de force pour les n câbles est ainsi :
σpm0 ( x ) = σp,max − Δσp,i ( x ) (26)
i =n
(n − i ) Δσ (t ) (n − 1) Δσ (t )
∑ Ap Ep n E c (t ) = Ap Ep 2 E c (t ) avec Ds p,i (x) = Ds p,m (x) + Ds p,sl (x) + Ds p,el (x)
i =1 cm cm
pertes instantanées totales.
D’où, pour la famille considérée, une perte moyenne de tension
(que l’on obtient en divisant la perte de force par la section nAp des
n câbles) :
3.4 Pertes de tension différées
1 Ep (n − 1)
Δσc (t ) (21)
2 Ecm (t ) n 3.4.1 Pertes par retrait
Les câbles, liés au béton à leurs extrémités par les ancrages et
Cette expression tend vers : tout au long de leur tracé par le coulis d’injection, sont astreints à
1 Ep subir les mêmes variations de déformations que le béton adjacent.
Δσc (t ) (22)
2 Ecm (t ) Si t0 est l’âge du béton au moment de la mise en tension d’un
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câble, la déformation subie par le câble à la date t, postérieure à t0


lorsque n augmente indéfiniment. vaut :
En pratique, on applique souvent la formule (22), majorante de la εcs (t ) − εcs (t 0 )
formule (21).
avec ecs (t) retrait total du béton (retrait endogène et retrait de
3.2.3.3 Récapitulation et simplification des formules dessiccation) à l’âge t.
de calcul
Les formules (20) et (22) peuvent se résumer sous la forme La perte finale de tension par retrait est donc, pour le câble
suivante : considéré :
⎡ j ⋅ Δσ c (t ) ⎤ Δσp, s = Ep ⎡⎣ εcs (∞ ) − εcs (t 0 )⎤⎦ (27)
Δσp,el = Ep ⋅ ∑ ⎢ ⎥ (23)
⎣ Ecm (t ) ⎦
3.4.2 Pertes par fluage
avec Ds c (t) variation de contrainte dans le béton adjacent à la
La contrainte dans le béton au niveau des armatures de précon-
famille [F] de câbles étudiée, dans la section considérée, sous
l’effet des actions permanentes appliquées à la date t, trainte n’est pas constante dans le temps, même si l’on fait abstrac-
tion des charges variables appliquées à la structure pendant des
j coefficient multiplicateur égal à : durées trop brèves pour avoir une influence significative sur le fluage.
– (n - 1)/2n pour Ds c (t) due à la mise en tension des câbles Cette contrainte s c (t) varie à cause (figure 28) :
mêmes de la famille [F] et aux charges permanentes mobilisées
simultanément. On peut prendre j = 1/2 comme valeur approchée, – des différentes phases de construction qui se traduisent par
– 1 pour les variations Ds c (t) produites par les actions permanen- l’application de nouvelles charges permanentes ;
tes appliquées postérieurement à la mise en tension de [F]. – des pertes différées de toute nature qui entraı̂nent une évolu-
tion progressive de la tension dans les câbles.
Assez fréquemment, on peut considérer que l’on n’a qu’une
famille de câbles et que la seule variation de contrainte dans le Pour déterminer les déformations de fluage au cours du temps,
béton pendant la construction est celle qui résulte de la mise en ten- on peut effectuer un calcul temporel, tenant compte de l’effet de
sion des câbles en question et de la mobilisation simultanée du poids toutes les phases de construction et de l’interaction entre les diffé-
propre de la structure. Alors Ds c (t) se confond avec s c,i, contrainte ini- rents phénomènes différés. Un tel calcul donne alors l’évolution, au
tiale dans le béton adjacent et la formule (23) se réduit à : cours du temps, des contraintes dans le béton et dans les armatu-
res de précontrainte, sans que l’on puisse isoler la contribution de
1 Ep la déformation de fluage à la perte totale de précontrainte. Pour
Δσp,el = σ c ,i (24)
2 Ecm une évaluation rapide de la perte due au fluage, on peut se conten-
ter de l’approche simplifiée décrite ci-après.

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Ep
σc(t) et comme ≈6 :
Ec (t 0 )

Δσp,c ≈ 15σc (30)


σmax
Cette évaluation très sommaire permet d’avoir une idée rapide
de l’ordre de grandeur des pertes dues au fluage.

3.4.3 Pertes par relaxation


σc
σmin La perte de tension due à la relaxation peut être estimée par les
formules données au § 2.3.3.4.
t
Par exemple, pour les armatures de classe 2 (fils ou torons, basse
Exécution Exploitation relaxation) :
0,75(1− μ)
Figure 28 – Variation de la contrainte dans le béton s c (t) au niveau Δσpr ⎛ t ⎞
= 0,66 ρ1000 e 9,1μ ⎜ 10−5 (31)
d’un câble σpi ⎝ 1000⎟⎠

On désigne par s max et s min les valeurs extrêmes atteintes par la σpi
contrainte dans le béton au cours de la vie de l’ouvrage, construc- avec μ =
tion incluse. Il est facile de montrer, dans le cadre des hypothèses fpk
de la viscoélasticité linéaire présentées au paragraphe 2.2.3.3 que Par convention, la perte finale est obtenue pour
la déformation totale du béton satisfait, à tout instant à : t = 500 000 heures.

σmin σ
(
Ec (t 0 )
) (
1 + φ (t , t 0 ) ≤ ε (t ) ≤ max 1 + φ (t , t 0 )
Ec (t 0 )
) 3.4.4 Pertes différées totales
Pour tenir compte de l’interaction entre la relaxation et les phé-
nomènes de retrait et du fluage, l’Eurocode 2 propose d’évaluer la
avec t0 âge du béton au moment de la mise en tension des
perte différée totale Ds p,c+s+r par la formule suivante :
armatures considérées.
Ep
Si l’on se contente de la formulation simplifiée exposée au para- εcsEp + 0,8 Δσpr + ϕ (t , t 0 ) ⋅ σc,QP
Ecm
graphe 2.2.3.3 pour t infini, la déformation finale de fluage respecte Δσp,c + s +r = (32)
Ep Ap ⎛ Ac 2 ⎞
donc la double inégalité : 1+ 1+ z ⎡1 + 0,8ϕ (t , t 0 )⎤⎦
Ecm Ac ⎜⎝ l c cp ⎠⎟ ⎣
σmin σ
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≤ εcc ≤ max
E fl (t 0 ) E fl (t 0 ) avec ecs retrait effectué entre les dates t0 et t,
Ds pr perte par relaxation à la date t pour une contrainte
soit : initiale égale à la contrainte dans les armatures
sous combinaison quasi permanente,
σmin σ
φ ≤ εcc ≤ φ max j(t,t0) coefficient de fluage à l’instant t pour une charge
Ec (t 0 ) Ec (t 0 ) appliquée au temps t0,
s c,QP contrainte dans le béton adjacent aux armatures
Cet encadrement conduit, de façon logique, à l’estimation : sous combinaison quasi permanente, avec la valeur
φ σmax + σmin initiale de la précontrainte,
εcc ≈
Ec (t 0 ) 2 zcp distance entre le centre de gravité de la section de
béton et les armatures.
ou, si l’on admet f ª 2 :
Il s’agit d’une formule établie à partir d’hypothèses simplificatri-
σ + σmin ces, supposant notamment que tous les câbles sont mis en tension
εcc ≈ max
Ec (t 0 )
à la même date. La contribution du fluage à la perte différée totale
est évaluée en considérant la contrainte initiale s c,QP (définie ci-des-
sus) et non la contrainte finale dans le béton ou la contrainte maxi-
En pratique, s min se confond très souvent avec la contrainte male, comme dans les formules (28) à (30) du paragraphe 3.4.2.
finale s c dans le béton adjacent aux armatures dans l’ouvrage sou- L’expression figurant au dénominateur permet de tenir compte de
mis à ses seules charges permanentes (état à vide) de sorte que la la diminution de s c au cours du temps.
perte finale par fluage peut être estimée grossièrement par :

Δσp,c = Ep εcc ≈
Ep
(σmax + σc ) (28) 3.5 Tension à un instant t quelconque
Ec (t 0 )
En valeur probable, elle s’établit ainsi :
Lorsque σmax ≤ 1,5σc , on peut, en poursuivant la simplification, σpm ( x , t ) = σp,max − Δσpi ( x ) − Δσp,c + s +r ( x , t ) = σpm0 ( x ) − Δσp,c + s +r ( x , t )
se contenter de l’estimation (par excès) :
ou, en considérant la force de précontrainte :
Ep
Δσp,c ≈ 2,5σc (29)
Ec (t 0 ) Pm, t ( x ) = Pmax − ΔPi ( x ) − ΔPc + s +r ( x , t ) = Pm0 ( x ) − ΔPc + s +r ( x , t )

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Les valeurs caractéristiques de la précontrainte (§ 1.4.2.1) sont Pour les frottements (tableau 6) :
données par :
μ = 0,19 ; k = 0,01m−1
Pk ,sup = rsupPm, t ( x ) et Pk ,inf = rinfPm, t ( x ) (33)
3.6.1 Tension à l’origine
3.6 Exemple D’après le § 3.1, nous avons :

Le câble considéré est un câble 7 T15 parabolique filant assurant, ⎧0,8 × 1860 = 1488 MPa⎫
avec 5 autres câbles du même type, la précontrainte d’une poutre σp,max = inf ⎨ ⎬ = 1476 MPa
⎩0,9 × 1640 = 1476 MPa⎭
de 28 m de portée.
Il passe sensiblement à 0,18 m de la fibre inférieure en milieu de 3.6.2 Pertes instantanées
travée et à 1,50 m de cette même fibre à la verticale de l’appui
(figure 29). & Frottements
La poutre, en simple té, coulée sur cintre, est constituée d’un La déviation angulaire à l’abscisse x (figure 29) vaut :
béton de résistance fck = 30 MPa. Les câbles sont mis en tension
lorsque le béton a atteint un âge t0 tel que fck (t0) = 24 MPa (on θ ( x ) = α ( x ) − α0 ≈ tan α ( x ) − tan α0
peut admettre t0 ª 14 jours).
Le câble étant parabolique, tana (x) = de0 /dx est une fonction
Les superstructures sont posées à 28 j. Un calcul sommaire, au linéaire de x et :
stade du prédimensionnement, et basé sur une estimation de la
force moyenne transmise par un toron T15 égale à : θ ( x ) = ax
– 0,17 MN, toutes pertes faites (à t = •) ;
a est facile à déterminer en se plaçant à x = l/2 :
– 0,17 ¥ 1,15 = 0,196 MN à 14 j.
⎛l⎞ 4 Δe0
fait apparaı̂tre en section médiane, au niveau du barycentre des θ ⎜ ⎟ = − α0 ≈
⎝ 2⎠ l
câbles (à 0,14 m de la fibre inférieure), les contraintes dans le béton
indiquées dans le tableau 6.
et :
Nous nous proposons, à partir de ces éléments, d’évaluer la ten-
2 ⎛ l ⎞ 8 Δe0 8 × 1,32
sion du câble considéré dans la section médiane, compte tenu des a= θ⎜ ⎟ = 2 = = 0,0135 m−1
caractéristiques des armatures de précontrainte figurant dans le l ⎝ 2⎠ l 282
tableau 3.
d’où :
Pour les armatures T15 de classe 1860 :
K ( x ) = μ ⎡⎣θ ( x ) + kx ⎤⎦ = μ (a + k ) x = 0,19 × (0,0135 + 0,01) x = 0,0045x
A = 139 mm2
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fpk = 1 860 MPa soit :

228.10−3 K ( x ) = λx avec λ = 0,0045 m−1


fp0,1k = = 1640 MPa
139.10−6
ρ1000 = 2,5
5% Pour x = l/2 = 14 m :
Ep = 195 000 MPa σp (l / 2) = σp,max exp ( − λ l / 2) = 1476 exp ( − 0,0045 × 14 ) = 1386 MPa

Pour le procédé : ou :

g = 6 mm Δσp,μ (l / 2) = 1476 − 1386 = 90 MPa

B
AA BB
A
1,80

1,50
+ +
α0
Δe0 = 1,32

θ(x)

+ + α(x)
Les cotes sont en mètres
0,65
0,18

l/4
x
l/2 = 14,00

Figure 29 – Schéma du câble étudié

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTON PRÉCONTRAINT

Accessoirement, pour x = l : On retrouve le même ordre de grandeur que dans le calcul pré-
cédent avec, cependant, une différence significative montrant qu’il
σp (l ) = σp,max exp ( − λl ) = 1476 exp ( − 0,0045 × 28) = 1301MPa est illusoire de rechercher une trop grande précision dans ce type
d’estimation.
& Rentrée d’ancrage Pour la suite, nous retenons la valeur d = 13,69 m, issue du calcul
Calculons la longueur d sur laquelle se fait sentir la rentrée rigoureux.
d’ancrage. On remarque ici que l’effet de la rentrée d’ancrage se fait sentir
Nous avons : presque jusqu’au milieu de la poutre.
En O, après rentrée d’ancrage, la tension vaut :
σp ( x ) = σp,max exp ( − λx )
σp′ 0 = σp,max exp ( − 2 λd ) = 1476 ( − 2 × 0,0045 × 13,69)
et, d’après (15) : = 1305 MPa
σp′ ( x ) = σp,max exp ⎡⎣ − λ (2d − x )⎤⎦ Ainsi (figure 30), après relâchement de la pression dans la cham-
bre du vérin, la tension est sensiblement symétrique par rapport à
La formule (18) devient donc : la section médiane, ce qui prouve qu’il est inutile de tendre le câble
par ses deux extrémités. On montre facilement que prévoir deux
d
Epg = σp,max ∫ ⎡⎣exp ( − λx ) − exp λ ( x − 2d )⎤⎦ dx ancrages actifs serait même défavorable si l’on avait d > l/2.
0
Dans le cas présent, au niveau de la section médiane :
Cette équation en d peut se résoudre rigoureusement. Elle s’écrit
en effet : Δσp, sl (l / 2) = 0

σp,max & Déformations instantanées du béton


⎡⎣1 − exp ( − λd )⎤⎦
2
Epg =
λ
 Échelonnement des mises en tension (à 14 j).
d’où On a, en appliquant les formules de l’Eurocode 2 :

Ecm (t ) = 22 ⎡⎣fcm (t ) /10⎤⎦


0, 3
Epg λ
exp ( − λd ) = 1 −
σp,max (Ecm en GPa, fcm en MPa, fcm = fck + 8 MPa)

soit : soit :

Ecm (14 j) = 22 × ⎡⎣(24 + 8) /10⎤⎦


0, 3
1 ⎡ Epg λ ⎤ 1 ⎡ 195 000 × 6.10−3 × 0,0045 ⎤ = 31 GPa = 31000 MPa
d = − ln ⎢1 − ⎥=− ln ⎢1 − ⎥
λ ⎢⎣ σp,max ⎥⎦ 0,0045 ⎢⎣ 1476 ⎥⎦ et :
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Δσc (14 ) = 10,5 MPa ( tableau 6)


d = 13,69 m
D’où, selon (23), avec j = 5/12 (6 câbles du même type) :
Dans la pratique, pour trouver ce résultat, on préfère souvent rai-
5 10,5
sonner de la façon suivante : Ep g est égal à l’aire du triangle curvi- Δσp,el (14 ) = 195 000 × × ≈ 28 MPa
ligne tramé sur la figure 30. 12 31000
En assimilant les branches d’exponentielles à des segments de
 Pose des superstructures (à 28 j).
droite :
Alors :
Epg =
1
2
(σp,max − σp′ 0 × d) Ecm (28 j) = Ecm = 22 × ⎡⎣(30 + 8) /10⎤⎦
0, 3
= 33 GPa = 33 000 MPa

avec : et :
σp′ 0 = σp,max exp ( − 2 λd ) Δσc (28) = − 3,4 MPa ( tableau 6)
d’où :
σp,max
Epg = ⎡⎣1 − exp ( − 2 λd )⎤⎦ × d σp σp, max = 1 476 MPa
2
1 386 MPa
Soit encore, en se limitant au premier terme du développement
1 301 MPa
en série de l’exponentielle :
σp,max
Epg ≈ × 2 λd × d
2
σ'p0 = 1 305 MPa
et finalement :

Epg 195 000 × 6.10−3 0 d l/2 l x


d= = ≈ 13, 27 m
σp,max λ 1476 × 0,0045
Figure 30 – Tensions dans le câble avant et après rentrée d’ancrage

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d’où, puisque j = 1 : En supposant que la cure du béton dure 2 jours, la fonction


d’évolution du retrait vaut, à 14 jours :
3, 4
Δσp,el (28) = − 195 000 × ≈ − 20 MPa
t − ts 14 − 2
33 000 βds (t , t s ) = = = 0,026
t − t s + 0,04 h03 14 − 2 + 0,04 5003
 Les pertes par déformations instantanées du béton s’élèvent
ainsi à : À la mise en tension des câbles, il ne s’est donc effectué que
2,6 % du retrait final.
Δσp,el = Δσp,el (14 ) + Δσp,el (28) = 28 − 20 = 8 MPa
La partie du retrait de dessiccation qui affecte les câbles est donc
Cette perte est très faible. La formule (25) donne : égale à :

Δσp,el = 3σc = 3 × 4 ,6 ≈ 14 MPa (1− 0,026) × 0,25.10−3 ≈ 0,24.10−3


L’erreur relative est de 70 % mais l’erreur absolue est de 6 MPa,  Retrait endogène
soit 0,5 % de la valeur estimée a priori de la tension finale du câble. En appliquant les formules de l’Eurocode 2, on obtient :

εca (∞ ) = 2,5.10−6 (fck − 10) = 2,5.10−6 × 20 = 0,05.10−3


3.6.3 Tension initiale
et :
Les pertes instantanées valent donc, à l’abscisse x = l /2 :

Δσp,i = Δσp, μ + Δσp, sl + Δσp,el = 90 + 0 + 8 = 98 MPa ( ) (


βas (t ) = 1 − exp − 0,2 t = 1 − exp − 0,2 14 = 0,53 )
et la tension initiale : Plus de la moitié du retrait endogène est effectuée au moment de
la mise en tension.
σpm0 = σp,max − Δσp,i = 1476 − 98 = 1378 MPa La partie du retrait endogène qui affecte les câbles est donc égale à :

La force de précontrainte initiale vaut donc : (1− 0,53) × 0,05.10−3 ≈ 0,02.10−3


Pm0 = 6 × 7 × 139.10−6 × 1378 = 8,04 MN  Retrait total
Les câbles subissent une déformation de retrait de ecs = 0,26.10-3.
Elle est plus faible que la force estimée a priori (8,21 MN, voir
tableau 6) et correspond à une force de 0,192 MN par toron. Cette déformation, si elle intervenait seule, entraı̂nerait donc une
perte de tension égale à :
La contrainte dans le béton due à la seule précontrainte avec sa
valeur initiale vaut donc 19,2 MPa. Les contraintes cumulées figu- Ep εcs = 195 × 0,26 = 51MPa
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rant en dernière colonne du tableau 7 doivent donc être réduites


de 0,4 MPa. & Fluage
Le coefficient de fluage j (•, t0) est pris égal à 2.
3.6.4 Pertes différées s c,QP = 6,7 MPa est la contrainte sous charges permanentes calcu-
lée avec la valeur initiale de la précontrainte déterminée au § 3.6.3.
& Retrait (voir § 2.2.3.2)
Si cette contrainte était maintenue constante, la déformation
 Retrait de dessiccation finale de fluage vaudrait :
La valeur nominale du retrait de dessiccation est prise égale à σc,QP 6,7
0,35.10- 3 (béton C30/37, humidité relative égale à 70 %). Le coeffi- εcc (∞ ) = ϕ (∞, t 0 ) = 2× = 0,41.10−3
Ecm 33 000
cient kh est égal à 0,7 (rayon moyen de la pièce h0 ª 500 mm).
La valeur finale du retrait de dessiccation est donc : et la perte de précontrainte correspondante atteindrait :

εcd, ∞ = khεcd,0 = 0,7 × 0,35.10−3 = 0,25.10−3 Ep εcc (∞ ) = 195 × 0,41 = 80 MPa

Tableau 7 – Contraintes dans le béton en section médiane


En exploitation (t = •) En construction (14 j à 28 j)
P = 6 ¥ 7 ¥ 0,17 = 7,14 MN1) Pc = 1,15 P = 8,21 MN

Contraintes partielles Contraintes cumulées Contraintes partielles Contraintes cumulées


(MPa) (MPa) (MPa) (MPa)

Précontrainte (P ou Pc) 17,1 19,6

Poids propre - 9,1 8,0 – 9,1 10,5 (= s max)

Superstructures - 3,4 (= D s c(28 j)) 4,6 - 3,4 7,1 (=s c,QP)

1) P = nombre de câbles ¥ nombre de torons ¥ force transmise par un toron.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTON PRÉCONTRAINT

& Relaxation 3.6.6 Ordres de grandeur


En utilisant la formule (31) : Le câble traité dans l’exemple précédent présente une longueur
0 , 75(1− μ )
assez modeste et un tracé particulièrement simple (sans déviation
Δσpr ⎛ t ⎞ en plan notamment). Les pertes qu’il subit donnent donc une idée,
= 0,66 ρ1000 e 9,1 μ ⎜ 10−5
σpi ⎝ 1000 ⎟⎠ plutôt par défaut, des pertes (en particulier par frottement) que l’on
rencontre dans la pratique courante des ouvrages d’art où l’on a
souvent affaire à des unités dont la longueur est comprise entre
valable pour des armatures de classe 2, pour t = 500 000 h et 40 et 120 m et qui présentent des déviations plus importantes.
σpi 1378
μ= = = 0,741 : & Tension finale
fpk 1860
Dans notre exemple :
Δσpr 0 , 75 × (1− 0 , 741)
= 0,66 × 2,5 × e 9,1× 0, 741 (500) × 10−5 = 0,047 σpm, ∞ 1227 Δσp
σpi = = 0,83 soit : = 0,17
σp,max 1476 σp,max
et : Fréquemment, dans les ponts :
Δσpr = 0,047 × 1378 = 65 MPa σpm, ∞
0,65 ≤ ≤ 0,80
σp,max
& Pertes différées totales
On applique la formule (32) avec : ou :

Ap = 5 838 mm2 Δσp


0,20 ≤ ≤ 0,35 (34)
σp,max
Ac = 2,24 m2
l c = 0,677 m4 & Tension initiale
z cp = 114
, m Ici :
σpm0 1378 Δσpi
= = 0,93 soit : = 0,07
σp,max 1476 σp,max
51 + 0,8 × 65 + 80
Δσp,c + s +r = = 151MPa
195 5 838.10−3 ⎛ 2,24 ⎞
1+ × × ⎜1+ × 1,142 ⎟ × (1 + 0,8 × 2) Le plus souvent, dans le domaine des ouvrages d’art :
33 2,24 ⎝ 0,677 ⎠
σpm0
0,75 ≤ ≤ 0,90
3.6.5 Récapitulation des valeurs de la tension σp,max
en section médiane
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ou
Les tensions les plus intéressantes pour le projeteur sont : Δσpi
0,10 ≤ ≤ 0,25 (35)
– la tension initiale : s pi = 1 378 MPa ; σp,max
– la tension finale :
& Fourchette de précontrainte
σp, ∞ = σpi − Δσp,c + s +r = 1378 − 151 = 1227 MPa Son ouverture relative l se définit par :
σpk ,sup − σpm
Ce sont là des valeurs probables. Les valeurs caractéristiques λ=
associées sont définies par les relations (33), dans lesquelles σpm
rsup = 1,10 et rinf =0,90 (§ 1.4.2.1). Les tensions s p et les forces cor-
respondantes P pour le câble sont données dans le tableau 7.
Tableau 8 – Tensions et forces en section médiane
On a :

P = Apσp Force par câble


Tensions
Valeurs 7T15
(MPa)
(MN)
avec Ap = 7 x 139 = 973 mm2.
Initiales
On peut remarquer que, pour un toron T15, de section 139 mm2,
les forces probables :
• Probable s pm0 = 1 378 Pm0 = 1,34
– initiale :
• Caractéristique maximale s pk,sup0 = 1 516 Pk,inf0 = 1,48
1378 × 139 × 10−6 = 0,191MN
• Caractéristique minimale s pk,inf0 = 1 240 Pk,inf0 = 1,21
– et surtout finale :
Finales
1227 × 139 × 10−6 = 0,171MN
• Probable s pm,• = 1 227 Pm• = 1,19
sont proches des forces estimées au niveau du prédimensionne- s pk,sup,• = 1 350
• Caractéristique maximale Pk,sup,• = 1,31
ment (respectivement 0,196 MN et 0,17 MN). Une deuxième
approximation, pour affiner le calcul des tensions, paraı̂t, dans le • Caractéristique minimale s pk,inf,• = 1 104 Pk,inf,• = 1,07
cas présent, tout à fait inutile.

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BÉTON PRÉCONTRAINT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Avec les règles de l’Eurocode 2 (rsup = 1,10), on a donc : l = 10 % et :


quelle que soit la date à laquelle on se place.
Ap
Les règles BPEL introduisaient une fourchette de ± 2 % sur la ten- ≈ 0 , 3 à 0 ,6 %
sion à l’origine et de ± 20 % sur les pertes, si bien que l’ouverture Ac
relative de la fourchette valait de 4 à 9 % (le plus souvent proche de
6 %) pour la tension initiale et de 7 à 14 % (généralement voisine de Comme 1 % d’acier représente 78,5 kg d’armatures par m3 de
10 %) pour la tension finale. béton, les ratios courants d’armatures de précontrainte sont com-
pris entre 25 kg/m3 et 50 kg/m3.
En appliquant les règles BPEL à l’exemple traité, l serait égal à
4 % pour la précontrainte initiale et à 6 % pour la précontrainte
finale. La règle de l’Eurocode 2 a le mérite de la simplicité et
donne une fourchette comparable à celle des règles BPEL pour la
précontrainte finale. 4. Conclusion
Par contre, surtout dans le cas de faibles pertes par frottement, la
valeur caractéristique supérieure de la précontrainte initiale est
excessive. Dans l’exemple traité, cette valeur (1 516 MPa) est supé-
rieure de près de 3 % à la tension à l’origine (1 476 MPa) ce qui est Le béton précontraint est maintenant largement répandu dans
peu réaliste. tous les secteurs de la construction. Bien que le concept de précon-
& Pourcentages courants d’armatures de précontrainte trainte puisse être mis en œuvre par des moyens très divers, la pré-
contrainte du béton s’effectue exclusivement par des câbles ten-
Les câbles constitués de fils ou de torons présentent une tension dus. Cette technique est en effet très souple d’emploi et peut
utile (finale) de l’ordre de s p = 1 100 MPa. s’adapter à tous les types de structures et à toutes les conditions
La précontrainte moyenne d’une poutre dont la section droite a d’exécution. Après avoir abordé les principes de la précontrainte
une aire Ac est, par ailleurs, de l’ordre de : et les règles de conception et de calcul, on s’est intéressé aux maté-
riaux, aux produits, aux matériels et aux techniques de mise en
P œuvre.
σG = ≈ 3 à 7 MPa
Ac
On a ensuite analysé et quantifié les différents phénomènes qui
influencent la tension des armatures de précontrainte. On dispose
Par conséquent :
ainsi de tous les outils qui permettent de concevoir, dimensionner
A pσp et vérifier une structure en béton précontraint.
≈ 3 à 7 MPa
Ac Ces aspects sont abordés et détaillés dans les articles de cette
rubrique. À consulter dans le Pour en savoir plus
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P
O
U
Béton précontraint R
Généralités – Matériaux – Pertes
de précontrainte E
N
par Emmanuel BOUCHON
Ingénieur général des Ponts, des eaux et des forêts
Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer
Professeur de béton précontraint à l’École nationale des ponts et chaussées et au centre
des hautes études de la construction
S
A
Sources bibliographiques
V
CHAUSSIN (R.), FUENTES (A.), LACROIX (R.)
et PERCHAT (J.). – La Précontrainte. Presses
des Ponts (1992).
tures en béton : aptitude au service et élé-
ments de structures. Traité de génie civil vo-
lume 8. Presses Polytechniques et
GODART (B.). – AFGC. La pérennité du béton
précontraint. Presses des Ponts (2014). O
FAVRE (R.), JACCOUD (J.-P.), BURDET (O.) et
CHARIF (H.). – Dimensionnement des struc-
Universitaires Romandes (1996).
I
À lire également dans nos bases R
ABDO (J.). – Ciments. [C 920], Les supers- JORRENTI (J.M.). – Du béton frais au béton ACQUER (P.). – Prise et durcissement des bé-
tructures du bâtiment (2015). durci – Éléments de comportement, tons – les effets thermomécaniques,

BERNIER (G.). – Formulation des bétons.


[C 2 210] Les superstructures du bâtiment
[C 2 240v2] (2009).
PERCHAT (J.). – Eurocode 2. Béton armé –
[C 2 235], (1998).
JARTOUX (P.), FARGEOT (B.) et TOURNEUR
P
(2015). vérification des états-limites ultimes.
[C 2 331], Les superstructures du bâtiment
(C.). – Béton précontraint, techniques de
mise en œuvre. [C 2 372], Les superstructu- L
Parution : février 2017 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200023220 - universite de lorraine // 193.50.135.4

CALGARO (J.-A.). – Normes du bâtiment et (2006). res du bâtiment (1996).


des travaux publics. Base fiabiliste des Euro-
codes. [C 60], Les superstructures du bâti-
ment (2013).
U
S
Sites Internet
 Plateforme ouvrages d’art « PILES »  Eurocodes : Building the future – The European Commission website on
http://www.piles.setra.developpement-durable.gouv.fr/ the Eurocodes
http://eurocodes.jrc.ec.europa.eu/
 BA-CORTEX – Le calcul des structures en béton selon les Eurocodes
http://www.ba-cortex.com/

Normes et standards
NF EN 1990 AFNOR 2003 AFNOR Eurocodes. Bases de NF EN 1992-1-1/AN AFNOR 2016 AFNOR Eurocode 2. Calcul
calcul des structures. des structures en béton.
NF EN 1990/A1 AFNOR 2006 AFNOR Eurocodes. Bases de Annexe nationale à la
calcul des structures, amen- NF EN 1992-1-1 :2005.
dement A1.
NF EN 1992-2 AFNOR 2006 AFNOR Eurocode 2. Calcul
NF EN 1990/AN AFNOR 2011 AFNOR Eurocodes. Bases de des structures en béton –
calcul des structures. Annexe Partie 2 : ponts en béton, cal-
nationale à la cul et dispositions
NF EN 1990 :2003. constructives.
NF EN 1990/A1/AN AFNOR 2007 AFNOR Eurocodes. Bases de
NF EN 1992-1-1/AN AFNOR 2007 AFNOR Eurocode 2. Calcul
calcul des structures.
des structures en béton.
Annexe nationale à la
Annexe nationale à la
NF EN 1990/A1 :2006.
NF EN 1992-2 :2006.
NF EN 1992-1-1 AFNOR 2005 AFNOR Eurocode 2. Calcul
des structures en béton – NF EN 206 AFNOR 2014 AFNOR Béton – Spécifica-
Partie 1-1 : règles générales tion, performances, produc-
et règles pour les bâtiments. tion et conformité.

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P BÉTON PRÉCONTRAINT –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

O
U NF EN 206/CN AFNOR 2014 AFNOR Béton – Spécification, XPA35-045-2 AFNOR 2011 AFNOR Aciers de précon-
performances, production et trainte – Partie 2 : fils.
R conformit. Complément
national à la NF EN 206.
XPA35-045-3 AFNOR 2011 AFNOR Aciers de précon-
trainte – Partie 3 : torons.
XP A35-037-1 AFNOR 2003 AFNOR Produits en acier –
XPA35-045-4 AFNOR 2011 AFNOR Aciers de précon-
Torons en acier à haute résis-
trainte – Partie 4 : barres.
tance protégés gainés – Par-

E XP A35-037-2 AFNOR 2003


tie 1 : prescriptions générales.
AFNOR Produits en acier –
NF EN 523 AFNOR 2004 AFNOR Gaines en feuillard
d’acier pour câbles de pré-
contrainte – Terminologie,
Torons en acier à haute
N résistance protégés gainés –
Partie 2 : prescriptions spéci-
ETAG 013 juin 2002
prescriptions, contrôle de
qualité.
EOTA Guide d’agrément
fiques aux torons protégés
gainés coulissants (type P). technique européen pour les
procédés de précontrainte
XPA35-045-1 AFNOR 2011 AFNOR Aciers de précon-
par post-tension.
S trainte – Partie 1 : prescrip-
tions générales.

A Annuaires
V Constructeurs – Fournisseurs – Distributeurs (liste non Organismes – Fédérations – Associations (liste non

O exhaustive)
Entreprises spécialisées
exhaustive)
 AFGC – Association française de génie civil

I  BBR
http://www.bbrnetwork.com
http://www.afgc.asso.fr

 AFNOR – Association française de normalisation

R  CCL
http://www.cclint.com/post-tensioning
http://www.afnor.org

 ASQPE – Association pour la qualification de la précontrainte et des


 Dywidag
équipements des ouvrages de bâtiment et de génie civil
http://www.dywidag-systems.fr
http://www.asqpe.fr

P  ETIC
http://www.etic-sas.fr
 Association Eugène Freyssinet
http://efreyssinet-association.com
 Freyssinet
L  EOTA – Organisation européenne pour l’évaluation technique – Euro-
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http://www.freyssinet.com
pean Organisation for Technical Assessment
 Spie Batignolles
U http://www.spie-batignolles.fr
http://www.eota.eu

 FIB – Fédération internationale du béton


 Tensa
S http://www.tensacciai.it http://www.fib-international.org

 VSL  SEDIP – Syndicat des entreprises distributrices de précontrainte


http://www.bouygues-construction.com/filiales/vsl http://sedip.org

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