Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
http://books.google.com
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L’expression
“appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l’ouvrage depuis la maison d’édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d’utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s’agit toutefois d’un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N’envoyez aucune requête automatisée quelle qu’elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d’importantes quantités de texte, n’hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l’attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d’accéder à davantage de documents par l’intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l’utilisation que vous comptez faire des fichiers, n’oubliez pas qu’il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n’en déduisez pas pour autant qu’il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d’auteur d’un livre varie d’un pays à l’autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l’utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l’est pas. Ne croyez pas que le simple fait d’afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d’auteur peut être sévère.
En favorisant la recherche et l’accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le frano̧ais, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l’adresse http://books.google.com
-
-- -----
*·
--
r“,
G
{ gº |+ H.vnew 2 ( 9 -- A
*
4/| |
Bayer. Staatsbibliothek
--
| * /*
|
-
H I S T O IR E
| DES ORDRES MONASTIQUES,
RELIGIEUX ET MILITAIRES,
E T D E S C O N G R E G A T I ON S S E CU LI E R E S
de l'un & de l'autre ſexe, qui ont eſté eſtablies juſqu'à preſent;
. C O N T E N A N T
L E U R O R IG I N E , LE U R F O N D A T I O N,
leurs progrés, les évenemens les plus confiderables qui y ſont arrivés ;
LA DE CA D E N C E DES UNS ET LEUR SUPPRESSION;
l'agrandiſſement des autres, par le moyen des differentes Reformes qui y
ont eſté introduites : ' -
L E S V I E S D E L E U R S F O N D A T E U R S,
. & de leurs Reformateurs :
A y E c d E s F 1 G ZO R E s Q_Z) I R E P R E s E N T E NT
--
tous les diferens habillemens de ces ordres & de ces Congregations.
*,
T O M E P R E M I E R,
Qui comprend les Ordres de faint Antoine, de faint Bafile, & des autres
Fondateurs de la Vie Monaſtique en Orient , avec les Ordres Militaires
qui ont ſuivi leur Regle. |
»
-4 4
-
|--
|-|-|--
-:
|-- --
*
-
-
\
----
-|
V
-
*
-
-
-
-
- -
-
-
:::
Mu e MC H :*
$
$$$$$$$$$$$$$$$$
X-
P R E F A C E.
Origine.
Comme ces Auteurs n'ont traité que dela Fondation
de ces Ordres & de leurs progrès, ils n'ont parlé qu'en
affant des Vies de quelques-uns de leurs Fondateurs,
Mais Annibal Canale de la Compagnie de Jeſus en
treprit une Hiſtoire affez ample des Patriarches & des
Fondateurs de Religions, dont il ne donna en 1623.
que la premiere Decade qui commence à Jeſus-Christ,
P R E F A C E. V
á iij
|
|
vj P R E F A C E.
nouriture, dans les heures du fommeil, dans leurs lo
gemens,& meſme dans les choſes indifferentes;crofant
qu'ils ont voulu par ces diſtinćtions s'attirer du reſpect
Ibid.p.314
& desbienfaits. C'eſt ce que pluſieurs difent & ce que
pluſieurs penſent, parce qu'ils jugent temerairement
faute de connoiſtre l'antiquité, dit le meſme Auteur,
qui, après avoir montré que ce font ſeulement des ref
tes des moeurs antiques que les Religieux ont con
fervés fidellement, tandis que le reſte du mondea pro
digieuſement changé, conclut que c'eſt dans les Cloiſ
tres que la pureté de l'Evangile s'eſt conſervée , lorſ
qu'elle aeſté ſe corrompant de plus en plus dans le ſiécle.
La pluſpart des Heretiques qui ont écrit fur le meſ
me ſujet, ont eu une autre intention que les Eſcrivains
Catholiques, & encheriflant ſur ce que penſent & di
fentles mondains fenfuels, ils n'ont écrit que pour ren
dre les Religieux odieux & mepriſables, & ont cru
pouvoir y reuflir par les impoſtures dont leurs Ouvra
ges font remplis. Hoſpinianus entr'autres s'eſt mon
tré fort éloquent en invećtives, lorſqu'il a parlé des
Religieux dans fon Hiſtoire de l'origine des Moines &
des Ordres Monaſtiques, imprimée à Zurich pour la
remiere fois l'an 1588. en quoi il a eſté imité par Gil
Pomeroſe, Miniſtre de Bordeaux , dans le Traité
qu'il a fait du voeu de Jacob, oppoſé aux voeux des
Moines, qui fut imprimé à Bergeracl'an 1611. où il eſt
auſli parlé de l'origine & de la fondation des Ordres
Religieux. Hoſpinianus a fait neanmoins paroiſtreun
peu plus de moderation, lorſqu'il eſt entré dans le de
tail de la fondation de quelques Ordres. Mais comme
s'il fe repentoit de n'avoir pas affez temoigné d'animo
fité contre les Religieux dans fon Ouvrage, & de n'y
P R E F A C E. vij
avoir pas affez avancé de faufletés, il a attaqué les Je
fuites en particulier, en compoſant l'Hiſtoire de leur
Societé ; & l'on peut juger par le titre injurieux de ce
Livre auffi imprimé à Zurich en 1 619. quel eſtoit l'eſ
prit de l'Auteur, & ce quelon doit penſer de ſabonne foi
& de fa ſincerité.
Il s'est neanmoins trouvé des Proteſtans qui ont fa
vorablement parlé des Ordres Religieux. L'on ne peut
ajoûteraux loüanges que le Chevalier Marsham a don
nées à l'Ordre Monaſtique, dans la Preface qui eſtà la
teſte de l'Hiſtoire des Monaſteres d'Angleterre, com
poſée par Dodwold & Dugdalle, où il traite d'extra
vagans & de gens fans jugement, ceux qui difent que
les Ordres Religieux font fortis du Puits de l'abiſme,
qui eſt le langage ordinaire de pluſieurs Herctiques.
Il n'attribuë cette invećtive qu'à la paffion dont ces
fortes de perſonnes font preoccupées ; & quoiqu'il y
ait des Ordres qui s'attribuent une origine chimerique,
cependant illes excuſe,& leur pardonne, dit-il, volon
tiers cette faute, en conſiderant qu'ily a eu des peuples
illuſtres qui cherchant l'origine de certaines choſes obſ.
cures, l'ont fait deſcendre de leurs Dieux.
A l'imitation de Dodwold & de Dugdalle, à qui
nous ſommes redevables de l'Hiſtoire Monaſtique
d'Angleterre,à laquelle neanmoins le Chevalier Mars
ham avoit eu beaucoup de part , d'autres ſçavans Pro
teſtans nous ont donné depuis quelques anneés des An
nales & des Chroniques fideles de pluſieurs Monaſte
res d'Allemagne, que l'herefie a enlevés aux Religieux
qui les poſledoient; & nous avons obligation en parti
culier au fçavant Monſieur de Leibnitz de nous avoir
donné pluſieurs Recuëils de differents titres, & de dif
viij P R E F A C E.
ferens Hiſtoriens où l'on trouve beaucoup de choſes
favorables à l'Eſtat Monaſtique. Nous lui ſommes meſ
me redevables par ce moïen de la connoiſſance de quel
ques Ordres Eccleſiaſtiques & Militaires qui eſtoient
111COI1I1U1S.
C A T A L O G U E
D Es LivRES QU I TRAITENT DES ORDRES
Monaſtiques, Religieux, Militaires; & des Congregations
Seculieres, que l'Auteur a conſultés.
- c 1)
xxxvj CA TA L O GU E D E S LIV R ES
Annales præcipuorum Monaſteriorum Germaniæ, authore Gaſpare“
Bruchio in fol. Ingolstad. 1551.
Les mcfmcs, in 4. Sulzbaci 1682. -
*
QUI TRAITENT DES ORDRES RELIGIEUX. xxxix
MoINES DE L'ORDRE DE SAINT BASILE.
Antiquedad de la Religion y Regla de S. Bafilio, por le P. Alfonſo
Clavel , in 4. Madriti 1645.
Vita del Proto-Patriarcha fan Baſilio per il P. D. Apolinare Agreſ.
ta Abb. Generale della Religione del fanto, in 4. AMeffina
I 68 I. -
O R D R E D E S C A R M E S.
Speculum Ordinis Carmelitani feu Libri X-de Inſtitutione & parti
cularibus gestis Religioſorum Carmelitarum , per Philippum Ribo
tum ejufd. Ord. in fol. Venetiis 15ο7. . -
Novus Iſmaël cujus manus contra omnes, & manus omnium contra
eum,five P. Daniel Papebrochius orbi expoſitus per D. Juſtum Camum
in 8. Auguste Vindelicorum 1683.
Les noms de l'Auteur G du lieu de l'impreſſion font ſuppofës.
Reponſe du fieur Wion d'Herouval à la Lettre que l'on a veu courir
à Liege, fous le titre de N. Conſeiller du Roi, contre l'origine & la
fucceifion des Carmes , in 8. Paris 1683.
Cette R ponfe de Monsteur d'Herouval à la Lettre de Monsteur du
Cange defigné par cette N. est ſuppofëe auffi-bien que le lieu de l'impreſſion
dont le veritable est Liege & non pas Paris. Mansteur d'Herouval
en donna meſme un defaveu pardevant deux Notaires à Paris la meſme an
née. La Lettre que Monsteur du Cange avoit veritablement écrite à Mon
feur d'Herouval, fe trouve au commencement de cette Réponſe ; mais l'on y
a ajoûté des chofes qui ne font point dans l'Original.
Exhibitio errorum quos P. Daniel Papebrochius Soc. Jeſu ſuis in
notis ad Aćta Sanctorum commiſit, &c. oblata ſanctiffimo D. N. Inno
certio XII. per P. Scb ſtianum à ſancto Paulo Ord. Carmel. in 4
Colonie 1693.
Reſponfio Danielis Papebrochii Soc. Jeſu ad Exhibitionem errorum
per P. Sebaſtianum à fanċto Paulo evulgatam, in 4. Antuerpie, Pars
f. 1694. Pars II. 1697.
Elucidatio, fupcr origine & antiquitate Ordinis de Monte Carmelo,
quæ eſt Pars III.Reſporifionis P.DanielisPapebrochii ad Exhibitionem
errorum, &c. in 4. Antuerpie 1699.
L'on trouve auſſi dans cette troistéme Partie les pieces fuivantese
QUI TRAITENT DES oRDRES RELIGIEUx. xliij.
( Non vera origo OrdiniCarmelitani 1698.
{ Vera origo Ordinis Carmelitani 1698.
Nicolai Rayæi Soc. Jeſu. Examen præambulorum P. Sebaſtiani à
& S.Paulo, Antuerpie 1698.
Ejuſdem Reſponſio ad Memoriale P. Danielis à Virgine Maria,
Antuerpie 1699. -
fol.Joſephi
VenetiisMozzagruni
1622. Narratio rerum Canonicorum Regularium, in
- m
Tome I. ª:
1 C A T A L O GU E DES LIV RES
Diſcours où l'on fait voir que faint Auguſtin a eſté Moine,par Loüis
Ferrand , in 12. Paris 1689.
Primas Augustinanus five prærogativa præcellentiæ Ord. Eremita
rum ſancti Angustini Authore Ægidio à Preſentatione , in 12. Coloni«
1627.
g 1]
lij CATAL OGU E D ES LIV R ES
Vie de faint Augustin & des autres hommes illustres de fon Ordre,
par S. de faint Martin , in fol. Toulouſe 1641.
Tempio Eremitano de fanti & beati dell' Ordine Agostiniano, di
Ambrogio Staibano, in fol. Napoli 1628.
Encomaſticon Auguſtinianum, authore Philippo Elffio, in fol. Bru
xelle 1654. -
-*
QUrTRAITENT DES ORDRES RELIGIEUX. Ifij
Quodlibeta Regularia, five rerum Regularium & ad Patres Excal
ceatos Ordinis Eremitarum S: Auguſtini præcipue fpećtantium Dubia
varia , authore Eustachio à ſanćto Ubaldo, 2. in fol. AMediolani
1691.
Vida de la Madre Mariana de fan Joſeph , fundadora de la Re
collection delas Monias Augustinas, por Luiz Muños, in fol. Madrid
1643.
Constituciones que fe hezieron en el Capitulo General de la Congre
gacion de Deſcalços Agoſtinos, que fe celebro en Madrid en 159o. in
8. Madrid 159o.
Constitutiones fratrum Eremitarum Diſcalceatorum, Ord. S. Au
guſtini Congregationis Italiæ , in 12. Rome 1632.
Conſtitutiones Fratrum Eremitarum Diſcalceatorum, Ord. S. Au
guſtini Congregationis Gallicanæ, in 12. Lugduni 1653.
es meſmes en François, in 12. Lyon 1653.
O R D R E D E SA I N T D O M I N I Q U E.
Hiſtoria General y vida de fan-Domingho , y de fu Orden de
Predicatores , por Hernando de Castillo, y Joan Lopez Opisbo de
Monopoli, 5. vol. in fol. en Madrid, & Valladolid, 1512. & ſequent.
de los fantos canonizados y beatificados de la miſma Or
den de fan Domingho que es la 6. parte de la Hiſtoria general , in
fol. Valladolid 1622. -
, -
RELIGIEUX
QUI TRAITENT DES ORDRES RELIGIEUX. Ivij
RELIGIEUx DECHAUSSE’S DE L'ORDRE DE LA MERCY.
Annales de los Deſcalços de la Orden de N. S. de la Merced , por
Dom Pedro de fan-Cecilia, in fol. Madrid 1669.
Conſtitutiones fratrum Diſcalceatorum Ord. B. M. de Mercede,
in 8.
O R D R E D E SA IN T P A U L PREMIER ERMITE
- E N H o N G R 1 E.
Fagmen Panis corvi Proto-Eremitici, five Reliquiæ Annalium
9rdinis Fratrum Eremitarum fanėti pauli primi Eremitæ,authore An
dræa Eggererecjuſd. Ord, in fol. Vienne Austriace 1663.
Staniſlai à Kobierzycko Historia obſidionis Monasterii Clari-Mon
tis Czeſtochovienſis iń Polonia, Deiparæ imagine à ſancto Luca picta
celebris, anno 1655. in 4. Dantifci 1639.
ORDRE DE S. PAUL PREMIER ERMITE EN FRANCE.
Regle & Constitutions des de la de faint
Paul premier Ermite en France, vu gairementappel és les Freres de la
mort, lat. franc. in 16, Paris 1622.
Les meſmes en latin, in 16. Paris I623.
ORDRE DE LA PENITENCE D E LA M A G D E LA I N E
*T AUTRES ORDRE s Est AB 1 1s pour R Ecevo1R DES FILLEs
E T - F E M M E S PE C H E R E S S E S QUI S E CONVERTI S SENT. -
in 12.
VidaDoua y 1635.
Mara villoſa de la Vener, virgen Dona Marina de Eſcobar, na-
R E LI G I E U SE S AN G E L I QU E S S O USM I S E S
------
A vx B A R N A B I T E s.
RELIGIEUSES
QUI TRAITENT DES ORDRES RELIGIEUX. lxv
RELIGIEUSES DE L’ORDRE DU VERBE INCARNE’.
vie de la Venerable Mere Jeanne Chezard de Matel, Fondatrice des
Religieuſes de l'Ordre duVerbe Incarné, par le Pere Antoine Boffieu de
la Compagnie de Jeſus, in 8. Lyon 1692.
RELIGIEUSES DE L’ORDRE DE NOTRE DAME
DE MIS E RIcoRDE.
O RD R E DE C I S T E A U X.
O R D R E D E F O N T E V R A U D.
O RD R E D ES S I L V E S T R I N S.
Chronica della Congregatione de Monachi Silveſtrini di Scbaſtiano
Fabrini , in 8. Camerino 1818.
Chronica della Congregatione de Monachi Silveſtrini Scritta dal P.
Sebaſtiano Fabrini è alla luce per opera del P. Amadeo Morofi &
del P. Angelo Lucantovi, in 4. Roma 17ο6.
Conſtitutioni dclla Congregatione di S. Benedetto di Montefano,
hora detta di Monachi Silveſtrini, in 4. Camerino 161o.
k ij
ixxvj , C A T A L O GU E D E S L I V R E S -
Conſtitutioni della Congregatione Silveſtrina , in 8. Roma 1698: Y
O R D R E D E S C E L E S T I N. S.
O R D R E D E S A IN T F R A N C O I S.
CeLivre est tres rare,il n'y a à Paris qu’à la Bibliotheque du Roi C’à celle
des PP. Recollets où l'on en trouve quelques volumes,les tomes 1. 3. & 4. feu
lement font à la Bibliotheque du Roy, & les 1. 1.4.& 5. font à celle des Recol
lets. L’Auteur est exati & l’un des meilleurs Historiens de l'Ordre de faint
François. Il y a encore du mefine Auteur un premier volume,imprimé à Rome
en 1689. de Miſſionibus antiquis Ord. Min. Le fecond volume des meſmes
Miſſions s'imprime actuellement à Turin. * - -
5 k iij
lxxviij C AT A L O G U E D E S L I V R E S
Crónicas de los Menores, in fol. Compluti 1562.
Cronicas de los Menores por F. Juanetin Niño, 2. vol. en Salamanca
I626.
TIER S O RD RE DES M IN I M E S.
Hiſtoria Societatis Jeſu, Pars III. five Borgia per Franc. Sachinum,
in fol. Rome 1649. - - . . .
Historia Societatis Jeſu , Pars IV. five Everardus per eundem Sachi
hum, in fol. Roma 1652.
Historia Societatis Jeſu Pars V. five Claudius per Petrum Poffinum,
in fol. Rome 1661. - -
Apologie pour les Peres Jeſuites, par Jean du Peron, in 12. Paris
1614. ' , .
- , * Apologie
QUI TRAITENT DES ORDRES RELIGIEUX. lxxxix
Apologie pour l'Univerſité de Paris, contre le diſcours d'un Jeſuite.
în 12. 1643- -
Della vita & dell' Inſtituto di fan Ignazio Lib. V. in fol. Rom«
I6 ço. -
* h del fan Ignazio, Laynes, & Franc. de Borgia por Pet. de Riba
deneyra,in fol. Madrid 1594. -
C O N G R E G A TI O N S S E CU L I E R E S.
m 1j
cij C A T A L O GU E D E S L IV R ES
Vie du Cardinal de Berulle Fondateur de l'Oratoire de Jeſus en Fran
ce, par Habert de Cerify : in 4: Paris 1646.
Vie du P. de Gondren de la Congregation de l'Oratoire, in 4. Paris
I643. -
rn iij
“kiv · CATAL O GU E D E S L I v R E S
" O R D R E S M I LI TA I R E S ET DE CHE V A L E R I E.
Tome I. - Il
/
xcviij C A T A L O GU E D ES LIV R E S -
T A B L E
D E S C H A P I T R E S,
CONTENUS DANS CE PREMIER VOLUME.
I s s E R T A T 1 o N P R E L I M I N A I R E fur l'Ori
gine & fur l'Antiquité de la vie Monaſtique.
1 a RAG RAT. I. „Qge les Therapeutes ont esté les Instituteurs de
la vie Monastique , Page 1
PARAG. II. .Qu'il y a toujours eu une ſucceff'on de Moines
có de Solitaires depuis les Therapeutes ju/:
qu'à /aint Antoine , IO
PA RAG. III. -Que les per/ecutions n'ont point empe/Ché qu'il
n'y ait toujours eu des Moines & des Mona/C
teres , depuis /aint Marc juſqu'à /aint An
A 04/26 , 22
PA RAG. IV: Preuves de l'antiquité de la vie Monastique ,
contre le fentiment du Pere Thomaffin , 25
PARAG. V. Differentes eſpeces de Moines : ce que c'est que
Aes Caenobites, ó les avantages qu'ils ont par
de/us les autres, 3Ɔ
PARAG. VI. Age./aint Antoine est le Pere des Cænsbites ; có
qu'il a établi les premiers Monasteres par
faits , 36
PA RAG. VII. - -Que /aint Amon a fondé ſes Monasteres avant
ceux de faint Pachome , 39
PARAG. VIII. „Que /ainte Syncletique afondé les premiers Mo
nasteres de Filles , 48
PARAG. IX. Du grand progrès de l'Estat Monastique , tant en
Orient qu'en Occident , 52
PARAG. X. „Que les Religieux n'ontrien changé des maurs
cé des coustumes des Anciens , 58
PARAG. XI. Du Gouvernement des Monasteres,tant en Orient
qu'en Occident , 6I
T. A B L E
P R E M I E R E P A R T 1 E,
P A R A G R A P H E I.
.Que les Therapeutes ont esté les Instituteurs de la vie
Monastique.
Bellarm.
de monar
Le Cardinal Bellarmin dit que dans la loi de nature avant
shis cap. 5. le deluge, il y en avoit quelque ébauche: que dans la loy de
Moïſe , il y en avoit eu une plus grande expreſſion ; mais
u’elle a receu fa perfection au tems des À En effet il
qu'on devroit rapporter fon origine à ce tems-là, après
que quelques Peres , pluſieurs fouverains Pontifes, les Con
ciles de Meaux & de Thionville & un grand nombre d'Eſ
crivains, ont reconnu les Apoſtres pour Fondateurs de ce
faint Inſtitut, & leur exemple aïant eſté ſuivi par les Chreſ
tiens de l'Egliſe de Jeruſalem , qui n'aïant qu'un coeur &
qu'une ame , vendoient tous leurs biens , & en apportoient
le prix à leurs pieds, pour n'avoir rien qui les attachaft en
cette vie. Neanmoins les Therapeutes dont parle Philon, em
Phi|- de brafferent une profeſſion encore plus haute que celle des pre
vit, centem.
miers Chreſtiens de Jeruſalem; & Euſebe, Caffien, Sozomene
& quelques autres , les regardent comme ceux qui ont tracé
le plan des premiers Monaſteres. Ce fut après que faint Marc
eut fondé l'Egliſe d'Alexandrie , où ſes predications aïant
attiré à la foi de Jeſus-Chriſt un tres grand nombre de per
fonnes, il y en eut beaucoup qui embrafierent les regles les
plus élevées & les plus eſtroites la perfection Chreſtienne ;
en quittant leurs parens & leurs amis , & fe retirant dans la
folitude pour s’ entierement à la vie contemplative ;
ce qui leur fit le nom de Therapeutes , c'eſt-à-dire
ou ſerviteurs, parce qu'ils avoient foin de leursames
& qu'ils fervoient Dieu. Ils eſtablirent d'abord leurs demeu
res auprès du Lac Meris. Ils abandonnoient volontairement
leurs & ils quittoient fans aucun retour, pere, mere,
femme & enfans, freres & foeurs, parens & amis. Ils avoient
chacun leur cellule ſeparée, qu'ils appelloient Semnée ou Mo
naſtere. Ils y vaquoient aux exercices de la priere & de
la contemplation. Ils y eſtoient continuellement en la pre
fence de Dieu. Ils faifoient la priere deux fois le jour, le ma
tin & le foir. Le matin ils demandoient à Dieu de leur donner
une journée heureuſe, & de remplir leureſprit d'une lumiere
eeleſtes & le foir, ils le fupplioient de les delivrer de l'affec
tion des choſes terreſtres & fenſibles. Ils emploioient le reſte
du jour à la lecture de l'Eſcriture fainte & à la meditation.Le
plus fouvent ils chantoient des Cantiques & des Hymnes.
Leurs jeuſnes eſtoient feveres. Ils ne mangeoient & ne beu
—–
P R E L I M I N A I R. E. y
voient qu'après le foleil couché. Quelques-uns demeuroient
juſqu'à trois jours fans manger ; il s'en trouvoit meſme qui
paſioient juſques à fix jours fans aucune nourriture.
Contens d'un peu de pain qu'ils affaifonnoient de fel, ils
croioient que le comble de la delicateſſe eſtoit d'y ajouſter de
l'hyſope, & le ſeptieſme jourils s'aſſembloient dans une grande
Semnée pour y affifter aux conferences & participeraux faints
myſteres. Ces obſervances, ces auſterités , & le reſte de la
vie des Therapeutes, conformes à ce que les Moines onten
fuite pratiqué, ont fait que non ſeulement Eufebe , Sozomene
& Caffien , comme nous avons dit ; mais auffi un tres-grand
nombre de celebres hiſtoriens, ont rapporté l'inſtitution de
la vie Monaſtique à ces Therapeutes.
Comme faint Epiphane a donné à ces Therapeutes le nom
d'Eſſéens ou Jefféens, prenant cette ſignification du nom de
Jeſus, qui veut
eſt la meſme direque
chofe Sauveur, & qui; ilena eſté
Therapeutes langue
ſuiviHebraïque
par quel- ,«ref.
Epirhan:
29.
tion, où il fit voir que les Therapeutes dont parle cet historien
Juif, eſtoient Chreſtiens.Maisen meſme tems, il donne à con
noiſtre qu'il du fentiment de ceux qui croïent que
les Therapeutes fuſſent des Moines , n'y aïazit point, dit-il,
d'apparence qu'on en connuſt alors le nom, nila profeſſion.
Une des raiſons qui l'obligent à croire qu'ils n'eſtôient point
Paz. 111. Moines ; c'eſt qu'il fe trouvoit dans leurs affemblées des fem
mes , avec leſquelles ils mangeoient en meſme table ; au lieu
qu'on a toûjours regardé comme un devoir effentiel aux Moi
nes, de ne point vivre avec des femmes, & d'eviter ſur toutes
choſes leur converſation. Il ne laifle pas neanmoins de dire
dans la fuite que les Moines d'Egypte, dont parle Callien, ef
toient les ſucceſſeurs de ces anciens folitaires Therapeutes ,
**t "4 qu'ils avoient habité dans les meſmes lieux, & qu'ils avoient
meſme gardé pluſieurs de leurs maximes. Il eſtoit déja con
venu que dans l'antiquité l'on appelloit indifferemment les
folitairés Chreſtiens , Aſcetes , ou Therapeutes ; & il avoit
».e. sı, s: naſtere
Mo2.
avoüé que,comme Philon
& de Semnée à ladonne également
demeure les noms de
des Therapeutes Mo
, cette
conformité de noms eſt une preuve bien forte, que les Mo
naſteres des folitaires Therapeutes eſtoient les meſmes que
ceux des Chreſtiens, qui felon faint Athanafe ſe trouvoient
en Egypte l'an 171. -
P R E L I M I N A Í R. E
qu'il lui avoit meſme apporté l'exemple de faint Pierre & des
Apoſtres quimenoient des femmes avec eux fans qu'on en fuſt
fcandaliſé: qu’il en pouvoit eſtre de meſme des Moines de ce
tems là , ſuppoſé, dit-il, qu'il y en euſt, & que cette circonſ
ftance feule ne l'empeſcheroit pas de croire que les Thera
peutes ne fustent de veritables Moines ; comment pouvoir
accorder cela, & ce qu'il dit en pluſieurs endroits, que fi les
Therapeutes ont eſté Chretiens, ils ont eſté de vrais Moines;
avec ce que l'on lit à la pag.274. de fa replique , que le com
merce deces Therapeutes avec les femmes, les danſes dont ils
entrelastoient leurs prieres, leur Jeufne le jour du Dimanche,
font des choſes fi contraires à la diſcipline Monaſtique, & meſ
me Chreſtienne de tous les tems, qu'il admire comment cette
pretenduë reſſemblance a pu tromperperſonne ?
Si M. B*** avoit prouvé que les obſervations Judaïques
avoient toûjours eſté incompatibles avec le Chriſtianiſme,
& qu'elles n'avoient jamais eſté tolerées dans l'Egliſe d'Ale
xandrie, je pourrois me rendre à fes raiſons, & en regardant
comme Juifs les Therapeutes,je ne rapporterois pas à ces So
litaires, l'origine & l’Inſtitution de la vie Monaſtique 3 mais
lorſqu'Eufebe , faint Jerôme , un grand nombre d'autres
Peres de l'Egliſe, & d'illuſtres Eſcrivains, tant anciens que
modernes, ont regardé les Therapeutes comme Chreſtiens,
quoique perſuadez qu'ils avoient des obſervances Judaïques ,
& que la pluſpart les ont reconnus pour les Inſtituteurs de la
vie Monaſtique ; je n'ai garde de m'éloigner de leur fentiment.
M. B*** ne peut pas nier que l'Egliſe d'Alexandrie n'ait
retenu beaucoup d'obſervances Judaïquesqui pouvoient s'ac
corderavec le Chriſtianiſme. Celles que pratiquoient les The
rapeutes , & dont Philon a fait la deſcription , n'ont pas em
peſché faint Jerôme de les reconnoiſtre pour Chreſtiens,& de
dire que cet Hiſtorien Juif, n'avoit fait l'éloge des premiers
Chretiens de l'Egliſe d'Alexandrie qui Judaïſoit encore, que
pour relever la gloire de fa Nation. Philo difertiffimus fudeo Hier. de
rum , videns Alexandrie primam Ecclestam adhuc fudai/antem, /. rip. Ec
quast in laudem gentis fue , librum /aper eorum conver/atione “/
/eristi. M. de Tillemont avouë que cette Egliſeestant com Mem,
poſée principalement de Juifs, retenoit encore beaucoup d'ob- | 6
fervations Judaïques, & qu'on peut aſſurer que Philon n’at- †
tribuë rien aux Therapeutes, qui ne s'accordât avecleJudaïſ- Pat, iss.
8 D I S S E R T A T I O N
me , & par conſequent avec le Chriſtianiſme ; ces deux Re
ligions eſtant alors preſque les meſmes en ce qui regardoit
l'exterieur. -
S'il eſt vray que Philon ait eſcrit fon Livre de la Vie Con
templative ,
P R E L I M I N A I R E 9
templative,aprés que faint Marc eut eſtabli l'Egliſe d'leAxan
drie , & qu'il y avoit auparavant une Secte de Juifs fous
le nom de Therapeutes, quiembraſſa le Chriſtianiſme, & fut
du nombre de ceux qui compoferent l’Egliſe d'Alexandrie,
Philon auroit pu faire l'eloge de ces Therapeutes, quoique
Chreſtiens, les croiant toûjours Juifs ; puiſqu'ils n'abandón
nerent point les obſervances Judaïques, & que celles qu'ils
pratiquoient n'avoient rien d'incompatible avec le Chriſtianiſ
me : & ainſi il n'y auroit plus lieu de s'eſtonner comment les
Therapeutes pouvoient eſtre répandus en tant d'endroits,
parmi les Grecs & les Barbares du tems de faint Marc ; puiſ
qu'il y en pouvoit avoir en pluſieurs endroits avant que ce
Saint euft formé l'Egliſe d'Alexandrie : & que ceux qui de
meuroientaux environs de cette Ville euffentembrafféle Chri
ftianiſme.
Mais c'eſt de quoi M. B*** ne demeurera pas non plus
d'accord, puiſqu'il ne peut croire qu'ils fuffent Chreſtiens
& qu'ils pratiquaffent des obſervations Judaïques. En neles
reconnoillant point Chreſtiens, il prétend avoir de ſon coſté le
plus grand nombre de Sçavans du premier ordrequi ont eſtéde
meſme fentiment. Ces Sçavans font, Joſeph Scaliger, Blondel,
Saumaife, Grotius, Henry de Valois, Eftienne le Moine, Co
telier, le P. Pagi, & M. Bafnage, parmi leſquels il ne ſe trouve
que trois Catholiques ; les autres eſtant Proteſtans, qui appa
remment n'ont pas voulu reconnoiſtre les Therapeutes pour
Chreſtiens, afin de ne pas accorder à l'Etat Monaſtique une
auſſi grande antiquité que celle qui lui eſt deuë, Mais à ce nom
bre de Sçavans, on peut en oppoſer d'autres auſſi du premier
ordre qui ont eſté đe fentimént contraire ; & je ne crois
que M B *** refuſe la qualité de Sçavans du premier ordre
aux Cardinaux Bellarmin & Baronius, à M. Godeau Eveſque
de Vence, au P. Papebroch, à M. de Tillemont dont l'autho
rité ſeule , comme il dit à la pag. 195. de fa replique, en vaut
pluſieurs, & enfin au P. de Montfaucon. On peut leur oppoſer
auſſi un Sçavant du premier ordre parmi les Proteſtans ,
c'eſt Iſaac Voffius ; auquel on peut joindre d'autres Sçavans
du moïen ordre qui ont eſté auffi Proteſtans , comme Tho
mas Bruno, quia fait un Traité particulier pour prouver que
les Therapeutes eſtoient Chreſtiens; Bevereggius, & M. Mac
xenfie, qui dansſa deffenfe de l'ancienne Monarchie d'Ecolle,
Tome. I. B
TO D I S S E R T A T I O N
regarde les Therapeutes non ſeulement comme Chreſtiens,
mais encore comme les premiers Anachoretes. Nous ne parle
rons point de tous les autres Eſcrivains Catholiques , auffi du
moïen ordre, qui ont eſté de meſme fentiment, parce qu'ils
font en trop grand nombre. Mais l'authorité d'Euſebe, de
faint Jerôme, de Sozomene, de Caffien, de pluſieurs PP. de
l'Egliſe , & de Sçavans Eſcrivains des premiers fiécles, doit
l'emporter fur tous ces témoignages ; &ainfi nous ne croïons
pas pouvoir nous tromper, fi , en ſuivant le fentiment de ceux
qui ont reconnu ſeulement pour Chreſtiens les Therapeutes,
& de ceux qui, en les reconnoillant pour Chreſtiens, les ont
auffi regardés comme les Inſtituteurs de la vie Monaſtique,
nous faiſons remonter juſques à eux fon origine & fon In
ftitution.
P A R A G R A P H E I I.
p R E L I M I N A I R E.
que ſeulement que l'Auteur de l'Epiſtre à Diognette a pre
tendu dire que les Chreſtiens en general n'affectoient rien de
particulier qui fuſt -
qui arriva l'an 3o3. Mais il fait affez connoiſtre qu'il en recon- "***"
noiſſoit avant cette perſecution,lorſqu'il dit qu'il faut avoüer
qu'on ne trouve aucun veſtige des Coenobites dans les Au
teurs des trois premiers fiécles ; durant leſquels on ne voit
pas qu'il y euft des Chreſtiens qui fiffent , d'un Eſtat
different & plus retiré que les autres, excepté les Aſcetes
& les , qui vivoient en leur particulier; ou au
moins, qui ne faifoient pas de Communautés confiderables; & Isid.
Tome I. C
"*
–7
I8 D I S S E R T A T I O N
ce n'eſt qu'après avoir dit qu'il eſt difficile de croire qu'il y
ait eu une ſucceffion deMonaſteres & de Moines dans l'Egliſe,
depuis faint Marc juſques à faint Antoine
Pour moi je croy qu'il eſt bien plus difficile de ſe perſuader
que pendant les trois premiers fiécles de l'Egliſe que tous les
Chreſtiens eſtoient parfaitement unis : que ces tems heu
reux , où ils n'avoient tous qu'un coeur & qu'une ame, où
leursjoïes & leurs afflictions eſtoient communes; en forte que
fi quelqu'un avoit receu de Dieu quelque grace particuliere ,
tous y prenoient part ; & ſiquelqu'un eſtoiten penitence, tous
demandoient mifericordejoù tous les Chreſtiens vivoient com
me parens, s'appellant peres, enfans,freres & foeurs,felon l'âge
& le ſexe ; il eſt très difficile, dis-je, de croire que les Aſcetes,
qui embraſſoient la vie Aſcetique par un deſir de plus grande
perfection, ſe retiraffent enſemble cinq, ou fix, ou dix au plus,
pour vivre fans aucune ſubordination, & ne fe maintenir qu’–
avec beaucoup de peine dans la pieté, en vivant ainſi en
COII1ľIlllIl.
qui, à ce qu'il dit, n'a fondé les premiers que l'an 325. quoi
que par ce qu'il avance lui meſme, cela ne peut eſtre arrivé
Page 1e7. l'an 34o. comme nous ferons voir. Et dans un autre en
oit au ſujet de la foeur de faint Antoine, il dit qu'elle fe re
tira l'an 17o, dans un Monaſtere de Filles, qui (à ce qu’il
pretend) le plus ancien dont il foit fait mention dans
Ainſi,felon le meſme Auteur, il y auroit eu de veritables Mo
nafteres ſoixante-dix ans avant faint Pachome, quoiqu'il lenie
en Iluſieurs endroits, comme nousleprouveronsdans la ſuite
o
P R E L I M I N A I R. E. 19
Saint Athanafe dans la vie de faint Antoine, aïant dit que
Mes Monaſteres n'eſtoient pas fi frequens lorſquece Saint fere
tira vers l'an 27o. M. de Tillemont pretend que le mot de
Monaſtere en cet endroit, marquoit fouvent en ce tems-là
la demeure d'un feul Solitaire ; d'où l’on doit conclurre qu'il
s'entendoit auſſi quelquefois d'un Monaſtere où pluſieurs Page 1o1 .
perſonnes demeuroient enſemble. En effet dans fes notes fur
faint Pachome, prevoïant bien qu'on pourroit tirer cette con
fequence, il s'explique au ſujet de ces meſmes Monaſteres, en
difant que par terme de Monaſtere on ne doit pas en
tendre une Congregation de Religieux qui vivoient enfem- Page 679.
ble ; mais ſeulement une demeure d'un petit nombre de
Solitaires, fouvent meſme d'un feul ; & un peu plus bas
au ſujet de ceux de Chenoboſque & de Moncofe, ou Mo – s
chans, qui fe foûmirent à la Regle de faint Pachome, il dit
que c'eſtoit fans doute de cesMonaſteres de huit ou de dixRc
ligieux, qui fe voïơient avant faint Pachome , & qui eſtoient
moins des Coenobites que des Ermites.
Il eſt en cela bien eſloigné du fentiment de M. Bulteau,qui Bult. t.
appellecesMonaſteresdeChenoboſque&Moncofe desAbbaïès, ’
& qui,bien loin de les mettre au nombre de ceux où M. de Til- e.g. gj.
lemont dit qu'on vivoit fans aucune fubordination,& où on ne
fe maintenoit qu'avec beaucoup de peine dans la pieté, pré
tend au contraire que ce n'eſtoit pas pour eſtre reformés qu'ils
fe foùmirent à faint Pachome ; car parlant de celui de Cheno
boſque, il dit que le venerable Eponyche qui en eſtoit Abbé, C
ff. Cof.
à faint Pachome, & qu'il n'avoit pas beſoin de reforme, cap. f.
puiſqu'il eſtoit habité par des Religieux très anciens & très
avancés dans la perfection.
Mais l'on pourroit demander à M. de Tillemont qu'il euſt
à fournir lui-meſme des preuves, comme il n'y a pas lieu de
douterqu’il n'y ait pas et plus de huit ou dix deŘeligieux dans
ces Monaſteres de & Moncofe , & qu'ils y ef
toient moins des Coenobites que des Ermites; puiſque Caſſien
aiant pretendu que les Coenobites font plus anciens que les
Anachoretes , qu’ils ont commencé avant faint Paul Ermite & pe Titl.w.
faint Antoine ; & meſme qu'ils ont toûjours eſté dans l'Egliſe p r.
depuis les Apoſtres, M. de Tillemont veut qu'il juſtifie cette ***
pretention.
Il feroit plus aifé à Caffien de la juſtifier, qu'à M. de Tille
Cij
zo D I S S E R T A T I O N
mont de prouver ce qu'il a avancé ; car Calfien lui pourroit
reſpondre que lorſqu'il fut en Egypte, l'an 394, il n'y avoit que
trente-huit ans que faint Antoine eſtoit mort, & qu'il n'y en
avoit pas plus de quarante-ſix que faintPachome l'eſtoit aufli:
qu’ainfi il n'y avoit un filong-tems pour qu'il ne fetrouvaft
pas de leurs Diſciples encore vivans, de qui il auroit appris
que leurs Maiſtres n'avoient pas eſté les Auteurs de la vie Mo
naſtique & Coenobitique qui eſtoit plus ancienne qu'eux ; &
que la traditionparmices anciens Solitaires eſtoit, qu'il y avoit
toujours eu des Moines & des Solitaires depuis les Thera
peutes juſques à eux ; c'eſt apparemment ce qui a donné lieu
à Cadien de dire que les Coenobites eſtoient plus anciens que
les Anachoretes, qu’ils avoient commencé avant faint Paul &
faint Antoine, & qu'ils ont toûjours eſté dans l'Eglife depuis
les Apoſtres, -
Cilj
12 D I S S E R T A T I O N
P A R A G R A P H E III.
Que les perſecutions n'ont point empefché qu'il n'y ait toậ
jours eu des Moines co des Monasteres depuisfaint
Marcjuſques à faint Antoine.
U NE des plus fortes raiſons qu'on allegue pour ne point
reconnoiſtre une ſucceſſion de Moines & de
depuis faint Marc juſques à faint Antoine, c'eſt que les perfe
cutions ne l'auroient pas permis. Mais je trouve cette raiſon
frivole: pourquoi ne veut-on pas que ce que nous voïons tous
lesjours arriver en Irlande, ne ſoit pas arrivé dans les folitu
des de l'Egypte & de la Thebaïde à l'égard des Aſcetes, des
Moines,ou Solitaires, qui font noms Synonimes, & qui n'y ont
jamais eſté fi perſecutés dans ce tems-là, que les Religieux le
font preſentement dans ce Roïaume ? les Preſtres feculiers y
font tolerés, & les Religieux fi fort haïs, que par un acte du
Parlement de l'an 1697. il eſt defendu à qui que ce foit, foit
Catholique ou Proteſtant, d'en recevoir aucun , ni de leur
donner aucun fecours , meſme hors du Roiaume, fous peine
de cent livres ſterlin d'amende pour la premiere fois, de
deux cens livres ſterlin pour la feconde, & de punition corpo
relle pour la troifiéme fois, avec confiſcation de leurs biens;
& aux Religieux d'y demeurer, fous peine d'un an de prifon
& de i hors du Roiaume s excepté ceux qui y ef
tant lors de la publication de cet acte, en feroient fortis, & y
feroient revenus ; car pour ceux-ci, ils font declarés criminels
de Leze-Maïeſté & coupables de mort ; ce qui s'execute avec
tant de rigeur qu'il n'y a point d'années qu'un grand nombre
de Religieux ne finiſfè fa vie par un glorieux martyre, ou ne
foit comdamné à un banniſſement. Cependant cela n'empeſche
pas qu’il n'y en ait toûjours en Irlande un grand nombre de
differens Ordres, qui,malgré ces violentes perſecutions; ne
laistent pas d'y tenir des & meſme confiderables ;
puiſque ces Religieux y tiennent toûjours des Chapitres Pro
vinciaux,compoſés de près de centperſonnes,quoi
qu'il n'y ait que les ſeuls Superieurs qui aïent droit de s'y trou
ver. Dira-t-on qu'il n'y a point eu de ſucceſion de Moines &
P R E L I M I N A I R. E. 23
de Monaſteres depuis que l'ordre Monaſtique a eſté eſtabli
dans ce Roïaume juſques à ce jourd'hui, quoique les Reli
gieux ne portent pas publiquement l'habit de leur Ordre ?
Þeut-on dire que les maiſons où demeurent ces Religieux,
quelquefois au nombre de dix ou de douze, ne foient pas de
veritables Monaſteres ; quoiqu'elles n'aient pas cette appa
rence exterieure qui les diſtinguoit autrefois des maiſonslaï
ques & feculieres, avant le malheureux fchiſme qui a cauſé
la ruine & la deſtruction de tant de fameux édifices,dont il ne
reſte plus que des veſtiges, & qui ont eſté changés en maiſon
profanes ?
Il en eſt de meſme en Angleterre, où nous trouvons en
core des exemples de cette continuation fans interruption,
non ſeulement dans les Religieux qui y font auffi en grand
nombre, quoique deguiſés ; mais en particulier dans la Con
gregation des Benedictins Anglois , qui comprenoit autrefois
pluſieurs celebres Abbaïes & Prieurés, remplis d'un grand
nombre de Religieux, dont plus de vingt Abbés & Prieurs
avoient voix & féance dans les Parlemens en qualité de Pairs
du Roiaume, & qui, aïant la pluſpart fini leur vie par unglo
rieux martyre, & les autres par une mort naturelle, la Con
regation fe trouva reduite en un tel point en 18. qu’après , ,
# mort de Dom Jean Fekenan,dernier Abbé de Weſtmunf
ter, qui mourut dans les fers fous le regne de la Reine Eliza- :
beth , il ne fe trouva qu’un feul Religieux de cette florif- Angl. trait
fante Congregation, & cela pendant l'eſpace de vingt-deux “*****
ans, juſqu'en l'an 1607. que ce Religieux aſſocia à fa Čongre
gation preſque eſteinte quelques autres Religieux des Con
u Mont-Caffin & de Valladolid ; & ainſi remit
ur pied cette ancienne Congregation, qui s'eſt augmentée en
l'eſtat où nous la voïonspreſentement. Cependanton ne peut
pas nier que les Benedictins n'aient toûjours ſubſiſté en An
depuis l’an 596. qu’ils y entrerent & qu'ils yjetterent
es femences du chriſtianiſme; & l’on trouvera une ſucceſſion
fans interruption de cette Congregation de Benedicti s An
glois depuis certe année 596. juſques à ce jourd'hui, quoique
pendant vingt-deux ans elle ait eſté reduite à un feủl Reli
1CllX.
P A R A G R A P H E I V.
P A R A G R A P H E V.
païs, fans s'arreſter en aucun lieu , ſous pretexte que cher-se cap.
chant un eſtat de vie plus parfait , ils n'en trouvoient nul Regul
part. Ainfi abuſant de l'hoſpitalité des vrais Moines, ils fefai
foient bien traiter , ils entroient en tous lieux, & ſe mefloient
avec toutes fortes de perſonnes , dans le deſiein, en appa
rence, de les convertir , ou de leur faire mener une vie plus
parfaite. Une conduite fi dereglée ne leur pouvoit attirer que
du mépris, & on ne regardoit pour veritables Moines queles
Coenobites & les Anachoretes. - -
taire : qu'elle ne fe propoſe qu'un ſeul but, qui eſt la com- . <
Sage: malheur à celui qui est/eul, parce que s'il tombe , il n’a « 4 • Ferief:
TB,
per/anne pour le relever : qu'un grand peril qui eſt à craindre «
dans la vie Solitaire, eſt celui de la , dont il eſt «
très difficile de fe garentir dans cet eſtat ; car un Solitaire . -
31 " D I SS E R T A T I O N
» n'aïant perſonne qui puiſſe juger de ſes actions, s'imaginera
» eſtre arrivé au comble de la perfection ; mais qu'au con
» traire la vie Coenobitique a cet avantage ; que la correction
» y eſtant faite , meſme par un ennemi, eſt fouvent une oc
» caſion à ceux qui jugent fainement des chofes, de defirer
» le remede de leurs maux ; qu'elle eſt une carriere, où l’on
» s'applique aux combats ſpirituels, un chemin facile pour
» s'avancer dans la pieté, un continuel exercice, une pérpe
» tuelle meditation des commandemens de Dieu ; & enfin
*2 ce genre de vie eſt conforme à celui des premiers
» Chreſtiens, qui eſtoient tous unis enſemble,& qui n'avoient
º rien qui ne fuſt commun entr'eux.
Il eſt rare de voir preſentement des Anachoretes , c’eſt-à
dire des perſonnes, qui, après avoir vêcu dans la Commu
nauté, fe retirent dans la folitude. Charlemagne les renvoïa
dans leurs Monaſteres, difant qu'il valloit mieux qu'ils de
meuraſſent dans une Congregation , que de les abandonner
au mouvement de leur qui leur pouvoit fuggerer de
courir le païs. On en trouve encore que en Orient;
mais il n’y a que le deſert de Vallombreuſe qui puiſſe
produire un de ces exemples en Occident ; l'endroit où faint .
Jean Gualbert fe retira auparavant que de fonder fon Ordre,
eſtant toûjours occupé par un Religieux qui garde un filence
Perpetuel, ne fortant jamais de ce lieu, & ne communiquant
avec aucun Religieux ; fi ce n'eſt avec un feul frere convers,
qui lui beſoins de l'Abbaïe, chef de cet Ordre, qui
en eſt eſloignée d'un demi mille.
Il y avoit autrefois des Reclus qui eſtoient enfermés très
anne. 697.
étroitement. LeConcile in Trullo leur deffendit d'embraffer ce
Beswe 4 I.’ genre de vie , qu'après avoir commencé dans le Monaſtere à
vivre ſeparés comme des Anachoretes, & après avoir perfe
veré dans cet eſtat pendant trois ans, outre une année d'é
preuve qu'ils devoient faire encore hors du Monaſtere, après
quoi ils pouvoient eſtre enfermés; mais il ne leur eftoit pas
ermis de fortir du lieu de leur Recluſion, à moins que ce ne
pour quelque cauſe qui regardaſt le bien public , ou
qu'il n'y euft pèril de mort pour eux : pour lors ils en pou
voient fortir avec la benediction de l'Eveſque ; & fi quelques
uns de ces Reclus en fortoient autrement, le meſme Concile
ordonna qu'ils feroient enfermés malgré eux, dans le
1CUI 3
P R E L I M I N A I R. E. 33
lieu, & qu’on leur impoferoit des jeufnes & des mortifications.
Le Congile de Francfort n'en voulut point fouffrir, à moins que
* / * . 73-7.
les Eveſques & les Abbés ne les renfermaſient eux meſmes, . ”
La Couſtumeeſtoit autrefois à Vienne en Dauphiné de choi- Mabil!
fir un Religieux que l'on croïoit eſtre le plus avancé dans la A is
perfection, & le plus digne d'eſtre exaucé de Dieu ; & on le n ' ';
renfermoit dans une Cellule, afin qu'il y paſlaſt le reſte de’ ,
fes jours dans la contemplation , & qu'il y priaſt fans celle H /
pour le peuple. C'eſtoit auſſi la pratique de la pluſpart des
Monaſteres, non ſeulement d'hommes, mais encore de filles. . .
Il y en avoit, entr'autres , dans le Monaſtere de Sainte-croix
de Poitiers ; & Gregoire de Tours a deſcrit les ceremonies ceg ro,
qu'on obſervoit dans la recluſion de ces faintes filles. .
Vers la fin du neuviéme ſiécle, Grimlaic Preſtre, que l'on Bu!
croit avoir efté le meſme que celui que le PapeFormofejugeoit .
digne de l'Epifcopat,& qu'il recommanda cet effet à Foul- d /* te 1.
ques Archeveſque de Reims, afin qu'à la premiere occaſion ****
il emploïaſt fon credit pour lui procurer cette dignité ; com
poſa une Regle pour ces fortes de Reclus. Leurs Cellules de
voient eſtre proche de l'Egliſe de quelque Monaſtere, & elles
pouvoient eſtre d'un petit jardin. Ces Reclus
demeuroient feuls, ou pluſieurs enſemble ; dans un meſme
lieu, mais chacun dans une Cellule feparée, communiquant
feulement entr'eux par une feneſtre. Ils vivoient du travail
de leurs mains, ou des oblations des fidelles ; foit des aumoſ.
nes du Monaſtere voiſin, foit de celles que le peuple leur fai
foit. Parmi ces Solitaires, il y en avoit qui eſtoient Clercs , &
meſme Preſtres, & que les feculiers alloient voir, pour les con
fulter fur ce qui regardoit leur conſcience & leur falut. Les
Preſtres celebroient la Mefie dans une petite Chapelle qui
eſtoit dans l'enceinte de leur Recluſion ; & ils avoient encore
une feneſtre qui s’ouvroit fur l'Egliſe , & par laquelle ils pou
voient aſliſter à l'Office, parler à ceux qui les venoient voir ,
& entendre les confellions des feculiers , meſme celles des
femmes, qui vouloient recevoir leurs avis ſur la conduite de
leur vie.
Ceuk d'entre les Reclus qui eſtoient Moines de profeſion,
portoient le froc ; & ceux qui ne l'eſtoient pas , fe couvroient
d'une chappe, qui eſtoit un habit communaux Eccleſiaſtiques
& aux Religieux.
Tomc I.
Quelques-uns avoient des DiſciplesEquide
-
34. D I S S E R T A T I O N
meuroient hors l'enceinte de leur Recluſion ; nul ne devoit
eſtre admis à l'eſtat de Reclus, qu'avec la permillion de l'E
veſque du Dioceſe,oude l'Abbé du Monaſtere qu'il choifiſſoit
pour le lieu de ſa Recluſion, & s'il n'avoit auparavant
par l'épreuve du Noviciat. On imprimoit la porte de la
Cellulele ſceau de l'Eveſque; & Reclustomboit malade,
on oftoit ce ſceau pourl'aller fecourir ; maisil ne lui eſtoit pas
permis de quitter ſa Recluſion. Ainſi ils eſtoient obligés par
cette Regle, à quelque choſe de plus qu'à ce que le quaran
te-uniéme canon du Concile in Trullo ne les avoit obligés.
Il ſemble que faint Romuald Fondateur de l'Ordre des
Camaldules, ait renouvellé dans l'onziéme fiéçle les ancien
nes Laures des Moines de la Paleſtine, en faiſant vivre fes
Ermites dans des cellules ſeparées les unes des autres, avec
une Egliſe au milieu, où ils s'affemblent tous pour les divins
Bulteau, Offices. Le premier qui fonda ces fortes de Laures, fut faint
Hist. Me Chariton qui mourut vers l'an 34o.La premiere eſtoit prés de
nast. d'o
rient, page
la Mer-morte, à fix mille pas de j , & fut depuis ap
282. pellée la Laure de Pharan. Il en bâtit une feconde vers Jericho,
Vit. S. Etu
& une troifiéme dans le deſert de Thecua, qui fut enfuite
rh. apud connuë fous le nom de Laure de Seuca. La Laure que bâtit
Bolland.
Ačt. Ss. 1o.
faint Euthyme le Grand dans le cinquiéme fiécle, fut fort re
fanuar. nommée ; elle eſtoit eſloignée de quatre ou cinq lieuës de la
ville de Jeruſalem ; mais le faint Abbé n'y vouloit point rece
voir de jeunes gens qui n'avoient point encore de barbe ;
c'eſt pourquoi faint s & faint Quiriace s'eſtant preſen
rés pour eſtre au nombre de fes Diſciples, il envoïa faint Sa
bas au Monaſtere de faint Theoctifte, & faint Quiriace à ce
lui de faint Gerafime, parce qu'ils n'avoient point encore de
barbe ; & à ſon imitation faint Sabas aïant bâti la celebre
Laure qui a porté ſon nom , il n'y recevoit pas non plus de
jeunes gens, & lesenvoïoit d'abord dans d'autres Monaſteres.
Ce Saint eut pluſieurs Diſciples qui bâtirent auſſi des Laures
aux environs du Jourdain. Toutes ces Laures eſtoient cele
bres par l'exacte diſcipline, & par la grande auſterité qu'on
y pratiquolt. - -.
Theodoret Cette vie auſtere ne contenta pas d'autres Solitaires qui
Hist. Retir vivoient dans le meſme tems; & l’on regarda comme un pro
c. 16.
Vit. F. Si dige le Grand Simeon Stylite qui fe conſacra le premier , &
mion apud fans en avoir d'exemple, à une penitence extraordinaire » ef
Þ R E L I M I N A Í R. E. 35
cant resté ſur une colomne pendant quarante-huit ans, ex- solland.
poſé aux ardeurs du ſoleil,& aux autres incommodités des fai-f .
ions. La premiere colomne fur laquelle il monta, n'avoit que'
quatre coudées de haut, à ce que ditAntoine l'un de fes Dif
ciples, qui a eſcrit ſa vie ; & Theodoret marque qu'elle en "° ° “
en avoit fix ; maiseſtant monté ſucceſſivement fur des colom
nes de diverſes hauteurs; la derniere fur laquelle il eſtoit lorf
qu'il mourut, vers l'an 46o. & felon d'autres, vers l'an 463.
avoit quarante coudées. On crut que ce genre de vie ne pou
voiteſtre pratiqué par d'autres ; il y eut cependant deux autres Joaan.
Simeons, un Daniel, un Julien & quelques autres,qui termi- Moſch.
nerent une fainte vie dans une penitence pareille à celle du ";
grand Simeon qu'ils imiterent, eſtant reſtés pluſieurs années ;s.
fur des colomnes, & aïant eu des Diſciples.
Quant aux Ermites de ce tems,on en voit un très grand nom
bre qui ne font foûmis à aucun Superieur, & qui ne fuivent
d'autre Regle que celle que leur dicte le plus fouvent le li
bertinage. Il eſt vrai qu'il y en a quelques-uns qui imitent les
veritables Solitaires des premiers fiécles, & qui marchent fur
leurs traces ; mais ces exemples font rares, & on peut com
parer les autres aux Rhemobotes , aux Sarabaïtes, & aux
Girovagues. Il vaut mieux ne les pas comprendre dans l'Ordre
Monaſtique ; puiſqu'ils en portent indignement l'habit: fi l'on
excepte neanmoins ceux qui font gouvernés par des Supe
rieurs, & qui vivent en Communauté,aufquels l'on peut don
ner le nom de Coenobites , comme à ces anciens Solitaires
conventuels ; qui n'avoient point d'autre Regle que la fage
conduite de leurs Abbés.
Il eſt vrai que ce fentiment n'eſt pas univerfellement receu.
Ceux qui le combattent,pretendent que pour eſtre Coenobite,
il ne ſuffit pas de vivre en commun mais qu'il faut austi que
ce foit ſous l'authorité d'une Regle. C'eſt l'interpretation qu’ils
ont donnée à cet endroit de la Regle de faint Benoiſt, où il eft
parlé des Coenobites: Monachorum primum genus Caeaoluarum, est. t.
hoc est mongst riale milita»s ſub Rega/a , vel Abbate ; preten
dant qu'il faut prendre la particule disjonctive pour conjonc
tive. Les autres qui ont interpreté la Regle du meſme aint,
OInt plus naturellement cet endroit ; & prenant la
partiçule en queſtion pour disjonctive,ou alternative, ont dit:
que les Coenobites font ceux qui vivent ſous une Regle, ou
E ij
36 D I S S E R T A T I O N
fous un Abbé. C'eſt austi le fentiment de Calfien qui estoit
c , parfaitement inſtruit de la vie Coenobitique, & qui nous ap
17. prend que ce font ceux qui vivent en Communauté, & qui
font gouvernés par le jugement d'un Superieur. Il ne parle
point de Regle , comme remarque le P. le Mege dans fon
explication de la Regle de faint Bonoiſt i parce qu'il croïoit
que pour eſtre un Solitaire Coenobite, il fustifoit de vivre en
commun fous l'authorité d'un Abbé. Ainſi ceux qui font de
fentiment contraire, ont ofté à faint Antoine la qualité qui
*
lui eſt deuë de Pere & de reſtaurateur des Coenobites, pour
la donner à faint Pachome, qui, à ce qu'ils difent , eſt le pre
mier qui ait eſtabli de veritables Monaſteres. C’eſt ce que nous
allons examiner dans le paragraphe ſuivant.
P A R A G R A P H E V I.
P A R A G R A P H E V I I.
ɔɔ
où l'on dit qu'Omar, Chef des Sarafins , ordonna à un petit
»*
nombre de Monaſteres , qui eſtoient les reſtes de fept mille,
ɔɔ
de porter des habits barrés ? Que l'on prenne, ajoûte-t-il, le
„ mot de cænobium pour un Monaſterė, & le mot de Monaſ
», TC TC une Cellule ; on ne peut entendre par-là, finon,
» que les Religieux qui changerent d'habit , eſtoient ce qui
„ reſtoit du nombre de ſept mille dont Omar avoit detruit
les Monaſteres, & qu'il en avoit fait mourirpluſieurs.
Mais bien loin que cet eſclairciſſement puiſſe fatisfaire, on
en tirera au contraire cette confequence, que le P. Papebroch
difant que pour parler d'un Monaſtere, il s’est fervi de ces
mots, Monasterium, Cella, & Cænobium, felon les differens tems
P R E L I M I N A I R. E. 47
aufquels on les appelloit ainfi ; & aïant donné, dans fa refi
ponſe au Pere Sebaſtien, le nom de Cænobia aux Monaſteres
qui eſtoient du tems de l'Empereur Maximin , c'eſt-à-dire
vers l'an 3Io. il a pretendu en cet endroit que la vie Coeno
bitique eltoit déja eſtablie dès ce tems-là ; puiſque par les
Coenobites, l'on ne peut entendre que les Religieux qui vi
voient en commun, & que le mot de Coenobite vient de ce
lui de Cænobium, qui ne peut fignifier autre chofe qu'une
Communauté de pluſieurs perſonnes qui vivent enſemble, fui
vant l'explication qu'en a Caffien, comme nous avons
déja dit , auquel on doit ajoûter d'autant plus de foi, qu'il
avoit eſté viſiter les Monaſteres d'Egypte & de la Thebaïde
l'an 394. qu’il fçavoit bien la difference qu'il y avoit entre les
Monatteres où l'on vivoit en commun, & ceux où il n'y avoit
qu'un feul Solitaire, & le nom qu'on leur donnoit ; qu'il aflure
meſme, comme nous avons auffi remarqué dans un autre en
droit, que les Coenobites avoient commencé avant faint Paul
Ermite & avant faint Antoine , par confequent avant faint
Pachome, ce qu'il pouvoit avoir appris de leurs Diſciples qui
eſtoient encore vivants. On a donc fujet de s'eſtonner de ce
que le P. Papebroch, aïant prétendu avoir eu raiſon de faire
cette demande : Carnobialis vite , /eu perfećfioris Mon affice
inutium & exemplum , an à /ančío Pochomio acceptum ? & d'a
voir reſpondu affirmativement que faint Pachome a eſté l'au
teur de la vie Coenobitique, & le fondateur despremiers Mo
naſteres, & qu'il n'y en a point eu avant lui, foit en Egypte,
foit en aucun autre lieu , | ait donné enfuite le nom de Cæ
nebia aux Monatteres qui eſtoient déja fondés dès l'an 3Io.
c'eſt-à-dire près de vingt ou trente ans avant que faint Pa
chome euſt fondé ſon premier Monaſtere ; & il fera toùjours
vrai de dire, que s'eſtant fervidu mot de Canobia,il reconnoiſ
foit des Monaſteres parfaits dès l'an 31o, quoi qu'il tâche de
prouver lecontraire en pluſieurs endroits.
A Dieu ne plaiſe queje yeüille accuſer le P. Papebroch d'a
voir avancé des faits qui fe contrediſent, auffi-bien que le P.
Thomaſſin & M. de Tillemont. Si je combat leur fentiment
touchant l'origine de la vie Monaſtique & des Monaſteres ,
je ne le fais point par un eſprit de critique : j'ai trop de reſpect
pour leurs perſonnes, & trop d'eſtimé & de veneration pour
ces excellents ouvrages qu'ils nous ont donnés, qui font d'u
48 D I S S E R T A T I O N
ne fi grande utilité au public, & des monuments éternelsa la
poſterité de leur profonde érudition. S'il s'y rencontre quel
ques matieres qui n'aient pas eſté traitées avec toue l'exacti
tude poſſible ; ce font des fautes legeres, qu'on doit pardon
ner à ces grands Hommes, dont les ouvrages font d'une trop
vaſte eſtenduë pour ne s'y eſtre pas gliffé quelques fautes.
P A R A G R A P H E VI I I.
P R E L I M I N A I R. E. şI
que des hommes? & s'il avoüe qu'il y a un Manuſcrit qui por
te le nom de faint Athanaſe ; Nicephore n'a-t-il pas pû avec
raiſon lui attribuer cette vie ? & doit-on conclurre qu'elle n'eſt
pas de lui ; parce que perſonne n'en a point parlé avant Ni
cephore, comme prétend encore M. Du Pin ?
M. de Tillemont n'a pas voulu, felon les apparences, ap
puïer les preuves de M. Du Pin ; puiſqu'il ne le cite pas, fe
contentant de marquer Oudin, les continuateurs de Bollan
dus, & les Benedićtins, qui ont douté ou nié abſolument que
cette vie fuſt de faint Athanafe ; & comme il y a beaucoup
plus d'Auteurs pour l'affirmative, je croi qu'on peut d'autant
plus embraſſer leur ſentiment, que felon M. Herman &
M. de Tillemont, comme nous avons dit, ce font des perſon
nes les plus habiles & les plus judicieuſes de noſtre ſiécle ; &
je ne croi pas que M. Baillet ait voulu leur refuſer la qualité
de fçavans; quoique dans fes vies des Saints il ait dit que les
Sçavans ne croíoient pas que celle de fainte Syncletique euſt
eſté eſcrite par S. Athanaſe. Il a mieux aimé cependant opiner
pour ceux qui font ce Saint Auteur de cette vie , en difant: Baillet. Vie
qu'elle eſtoit née dans le ſiécle où Dieu fitparoiſtre S. Antoine, d ss. ja.
afin les deux ſexes euffent chacun leur modelle à ſuivre "*""·
dans le renoncement que l'on doit faire au monde. Car quoi
qu'il diſe que c'eſt fans aucune certitude qu'il a avancé que
fainte Syncletique eſtoit née dans ce tems-là, & que cette
nion n'eſt appuiée que fur le fentiment de ceux qui ont fait
faint Athanafe Auteur de fa vie ; il eſt certain qu'il a pré
feré cette opinion à celle desfçavans dontilavoulu &
il devoit nous dire ce qu'ils penſoient du tems où elle a vef
cu. Mais que ce foit faint Athanafe, ou Polycarpe , ou Ar
fene, ou quelques autres qui aient eſcrit fa vie; M. Herman
mettant fa mort à la fin du troifiéme fiécle, le Cardinal Baro
nius l'an 31o, M. Bulteau l'an 358. M. deTillemont difant qu'on
ne doit pas la mettre beaucoup plus tard que l'an 365. & tous
les Auteurs demeurans d'accord qu'elle a veſcu quatrevingt
quatre ans ou environ, & qu'elle s'eſt retirée fort jeune dans
la ſolitude ; il fera toûjours vrai de dire qu’elle vivoit au tems
de faint Antoine, & qu'elle a pu fonder les premiers Monaſ
teres de filles, comme faint Antoine a fondé premiers Mo
nafteres de Solitaires.
Hultcau.
M. Bulteau prétend que c'eſt fainte Bafiliſſe qui ởformé la Hist. Afø
1J
51 D I S S E R T A T I O N
do- premiere Communauté de filles ; mais les circonſtances de la
9- *** vie de cette Sainte paroiſſent bien apocryphes, & on a de la
* \ - - *
P A R A G R A P HE I X.
P A R A G R A P H E X.
Que les Religieux n'ont rien changé des maurs & des
coutumes des Anciens.
A 3., N ONS I EUR l'Abbé Fleury fait une excellente Apolo
Chref7:ens /1 gie de la vie Monastique , lorſqu'il dit: qu'elle eſt une
*** *º preuve fenſible de la providence de Dieu ; & du foin
à eu de conſerver dans fon Egliſe juſques à la fin des ſiécles ,
non ſeulement la pureté de la Doctrine , mais encore la pra
tique des vertus ; & que fi l'on confidere la vie des Premiers
Chrestiens ; & qu'on la compare, avec les uſages
des Monasteres bien reglés, on verra qu'il y a peu de diffe
ITCI)CC.
P A R A G R A P H E X I
- - diij
éz D I S S E R T A T I O N
Premierement elle avoit fon Abbé ou Superieur General,
fon Oeconome ou Procureur pour l'adminiltration du tempo
rel. On y entretenoit l'obſervance par la viſite qu'on faifoit
tous les ans dans les Monatteres; on y faiſoit des aſſemblée
generales, où on éliſoit des Superieurs & Officiers, felon qu'il
en eſtoit beſoin ; & l'on fe pardonnoit mutuellement les
tes qu'on pouvoitavoir commifesles uns contre les autres.Cha
que Monaſtere avoit fon Superieur à qui l'on donnoit le titre
de Pere & de Chef. Il avoit lui un Vicaireou fecond pour
fuppléer à fon deffaut. Et comme le Monaſtere de Pabau ou
de Baum eſtoit le plus conſiderable, il fut regardé comme
le Chef de l'Ordre ; quoique la Congregation retînt toûjours
le nom de Tabenne , à cauſe que ce fut dans ce lieu-là que
faint Pachome fonda fon premier Monaſtere. Mais c'eſtoit
dans celui de Baum que tous les Religieux fe raſſembloient à
Pâques, pour celebrer la felte avec ce faint Fondateur, & où
l'on tenoit les aſſemblées au mois d'Aouſt. -
49. num. 9. une chofe qui eſtoit commune à tous ces fameux & illuſtres
"*" Peres des Deſerts. Et confiderant le grand nombre de Reli
gieux qui eſtoient fous la conduite de tant de faints Abbés, il
dit auffi : tous ces exemples ne permettent pas de douter
qu'un feul Abbé ne fuſt comme le Superieur General char
gé d'un grand nombre de Monaſteres , qui faiſoient com
111C U1I1 ( corps , & une Congregation dont il eſtoit le
Chef. Mais nous n'avons point de preuvcs que les Diſciples
de faint Antoine , de faint Macaire, & des autres Peres dont
nous avons les Regles, aïent formé des Congregations. Cet
te pratique de faire des aſſemblées generales a eſté particu
liere à l'Ordre de faint Pachome qui en a eſté l'Inſtituteur.
cette pratique ait pris fon origine en Orient , elle
n'y ſubſiſte plus depuis un très long-tems; mais les Religieux
d'Occident l'ont toûjours conſervée comme celle qui pou
voit contribuer au maintien de la diſcipline & de la Regu
larité, & afin de l'affermir davantage, comme les differentes
Congregations qui fe font eſtablies, fe font agrandies, & fe
font estenduësen differens païs; elles ſe font diviſées en plu
fieurs Provinces, où l'on tient de pareilles aſſemblées Provin
P R E L I M I N A I R. E. 63
ciales fous les ordres du General de toute la Congregation. Itu chap.
Le P. Thomaffin prétend que c'eſt à l'inexecution des Loix ; i.
& des Canons, que l'on doit attribuer le relâchement qui eſt
arrivé parmi les Grecs & les autres Moines d'Orient s en effet
BalſamonPatriarche d'Antioche qui vivoit au douziéme ſiécle,
s'en plaignoit
toit plus de fon
obſervée tems,
parmi lesenReligieux
difant quela vied'Orient,
Grecs communequoi-
n'eſ- i syni.
: C.
leur pere, & non pas comme un uſurpateur qui viole le droit
des gens. - -
*| *- -
,·|-|
|-|-|
|--
**
|
:-|- -
-|
**
|-|
: |
-
|
|
-
|
|
-
|
*
*
|
|
-|
-
|||
O R D R E S R E L I G I E U X.
PR EM IE R E P A R T I E,
C O N T E N A N Zº
CUX
- - -
- - - ---- ----
rome I. K
v., s.s. 74 - Hršrorre des ORDREs Relisreux,
*A.Nro 1ns.
C H a r i T R E I I.
Vie de Saint Antoine Allé, Pere des Religieux Ca
nobites. *
--
* * * * **
PREMIERE PARTIE, CHAP. III. 8r
ait introduit aucune diverſité. Mais comme parmi les Reli STE. VI z o E
C H A P I T R E I I I.
*s
s
v
!
.
|
źZ:ź
%'4':Ż~~
~|-4
|2
| ||Z
||
|
|
-
% E
|
N
į
§Wį |
§
ASN
||
§§
p c./7,..-a .A.
-
PREMIER E PARTIE , CHAP. III. 83
l'ornement des vertus, commeles femmesattachées au monde, VI E DE
STE SY N -
fe parent de riches habits pour s'attirer l'amour ou les loüanges CLET : Q F.
des hommes. Il ſe trouve un grand nombre de pareilles inf
tructions dans la vie de cette Sainte, dont quelques-unes font
dans les recuëils qu'on a faits autrefois des les plus re
marquables des Peres des Deferts. -
-
|
PREMI ER E PARTI E, CHAP. II.] 8;
VI E pE
gnifie également un manteau de femme, une longue robe , STs. SY n
un cimare, & une jupe. CLET I QuE .
Saint Jean č e parlant des Religieuſes de fontems, Chriſoſt.
dit: qu’elles avoient une tunique noire ferrée d'une ceinture, Etift. 1. ad
Homil 8. tn
un voile blanc fur le front, & un manteau noir qui couvroit la Timoth.
teſte & tout le corps : il dit auſſi qu'elles avoient des fouliers
pointus; & il ſemble qu'ils eſtoient blancs,puiſqu'ilajoûte qu'ils
paroiſſoient plus beaux fous une robe noire : c'eſt de la ma
niere que nous avons fait graver la feconde figure qui repre
fente auffi une de ces anciennes Religieuſes d'Orient. *
L iij
86 HrsroIR E D Es ORD R ES RELIGIEUx ,
Mo 1Nrs
MARoNI
7 8 s.
C H A P I T R E I V.
/Moine /Maro
PREMIERE PARTIE, CHAP. IV. 87
demeurent pas d'accord; & ils foutiennent qu'ils ont pris le Mº
nom de Maronites, à cauſe de faint Maron Abbé. Fauſte Nai- oºr
roniqui a fait une Differtation ſur leur origine, dit : qu'avant raun Ne
que l'herefie euft infecté la Syrie; il n'y a point de doute que on .
ceux qui y demeuroient ne s'appellaffent Syriens; mais que la s:
pluſpart des Syriens aïant ſuivi les erreurs de pluſieurs Here- “
fiarques, ils ont pris les noms des Sectes que ces Herefiarques
ont formées ; qu’ainfi ceux qui ont fuivi les erreurs de Mace
donius, ont eſté appellés Macedoniens ; ceux qui ont ſuivi
Apollinaire , Apollinariſtes ; que de Neſtorius, font venus les
Neſtoriens, d'Eutychés les Eutyichiens,& de Jacobles Jacobi
tes. Cependant lorſqu'il fembloit que toute la Syrie alloit eſtre
pervertie, qu'elle entierement embraster l'erreur & ſe
diviſer de l'Egliſe Romaine, Dieu, dit-il, apporta le remede à
un fi grand mal, par le moïen de faint Maron Abbé; qui non
feulement fortifia pluſieurs Syriens dans la foi qu'ils avoient
reçuë des Apoſtres ; mais il perſuada à un grand nombre
d’embraſſer la vie Monaſtique. Ce Saint, ajoûte-t-il,vivoit vers
l'an 4oe. &fes Diſciples aïant baſti pluſieurs Monaſteres dans
la Syrie, dont le principal, auquel ils donnerent le nom de faint
Maron, eſtoit entre Appamée & Emeſle fur l'Oronte ; ils fui
virent les traces de leur Maiſtre, c’eſt-à-dire qu'ils fortifierent
de plus en plus quelques Syriens dans la foi Catholique ; c'eſt
pourquoi ceux d'entre les Syriens qui n'eſtoient pas infectés
du venin de l'herefie, & qui fuivoient avec ces Moines les
Dogmes de l'Egliſe Catholique; furent appellés Maronites , .
comme aïant perfeveré dans la foi par leur moien & par celui
de faint Maron. - *
*
/’ e/%ợtcase /Maronzfe.
PREMIER E PARTIE, CHAP. IV. 9r
eu le Superieur du Monaſtere.Ons'aſſemble à l'Egliſe, où l'on
recite un grand nombre de prieres: on demande au Novice ""
s'il veut faire Profeſſion & s'engager dans la Religion ; & s'il
reſpond qu'il y conſent,il eſt dès ce moment veritablementRe
ligieux, les Maronites eſtant perſuadés que le conſentement
du Novice renferme les trois Voeux de pauvreté, de chafteté
& d'obeiflance. On lui donne le petit capuce qui le diſtingue
des feculiers, & la ceremonie ſe termine par quelques prieres.
Ils ne peuvent quitter l'habit de Religion fans eſtre declarés
Apoſtats, & unis très feverement par la prifon, ou
par d'autres peines s'ils quittent l'habit. Ils obſervent encore
quelques Reglemens qui leur ont eſté donnés par le Patriar
che Eſtienne Aldoën, natif d'Eden, dont les Religieux Ma
ronites pourſuivoient la confirmation en Cour de Rome: lorf
quele P. Bonanni donna fon Catalogue des Ordres Religieux
en 1706. Il ditqu'ily avoit pour lors à Romele P. Gabriel Hoeva
Maronite qui y eſtoit venu pour obtenir cette confirmation du
Pape Clement XI.
Il y a auffi des Religieuſes Maronites au Mont-Liban, où
elles ont deux Convents, & gardent la Cloſture; & il y en a
d'autres qui vivent feules dans des folitudes & en Anacho
retes. Il s'en trouve pareillement à Alep, maiselles negardent
pas la Cloſture à cauſe qu'elles font parmi les Turcs ; néan
moins elles demeurent deux ou trois en ſemble chez leurs pa
rents,ne permettant à aucun homme d'entrer dans leurscham
bres, d'où elles ne fortent que pour aller à l'Egliſe les Feſtes
& les Dimanches. Elles obſervent très-rigoureuſement & à la
Lettre la Regle de faint François, fous la Juridiction des RR.
P.P. Capucins, dont elles portent l'habit. Mais les Religieuſes
du Mont-Liban font de l'Ordre de faint Antoine, diſent leur
Office en langue Syriaque, auſfi-bien que les Religieux, &
font habillées comme eux,portant unetunique de ferge brune,
avec une ceinture de cuir noir, & une robe pardeſſus, quieſt
de gros camelot de poil de chevre de couleur de fumée, &
aïant les jambes nuës. Toute la difference qu'il y a entre ces
Religieux & ces Religieuſes de faint Antoine, c'eſt que lesRe
ligieux ont un capuce de drap noir & ne portent point de che
mifes ; & que les Religieuſes en ont, & mettent ſur leur teſte
un voile noir qui les couvre depuis la teſte juſqu'aux pieds.
Ellesfont preſque toutes filies des plus qualifiées & despltis no
- Mi ij
-- - - -*- * -
------ - - -, ,
- ---- * * *
,,.
o ryta „r."At
-
- *- - M iij
94 Hisror R E DES ORDRES RELre reUx ,
Moºn" ſentement à cette élection. Comme il eſt néanmoins diffi-
M A Ro
NI TES. cile que toutes les voix concourent enfemble dans le ſcrutin,
il y a une feconde maniere de proceder , qui eſt une ef
de Compromis ; c'eſt-à-dire que de ces douze Preſtres, l'on en
choiſit trois au fort : & ces trois font le Patriarche, qui eſt
meſme élu à deux voix : enfuite le Peuple confirme cette
élection par fon conſentement, & le Patriarche reçoit du Pape
les Bulles de Confirmation.
Dans ce Monaſtere de Canobin, auſſi-bien que dans celui
defaint Antoine, & dans un autre, qui eſt au Deſert de faint
Eliſée, où demeure ordinairement un Eveſque, il y a des clo
ches ; mais dans les autres Convents, & meſme dans les Pa
roiſſes, ils n'ont pour appeller le peuple qu'une planche de
bois fuſpenduë avec des cordes à quelques arbres, contre la
quelle ils frappent avec des maffuës de bois.
Ce fut fur le Mont-Liban que M. Galaup de Chaſteüil,
Gentilhomme de Provence , retira vers l'an 1631. pour y
mener une vie folitaire & penitente. Les Turcs troublerent
fouventle repos defa folitude durant les guerres contre l'Emir |
Fecke-Edin; mais ſon merite faiſoit impreſſion ſur l'eſprit
meſme des Barbares. Il eſtoit fi connu des Maronites, & ils en
faiſoient une fi grande eſtime, qu'après la mort de leur Pa
triarche Georges Amira, ils le prierent d'accepter cette di
gnité: il refuſa cet honneur, & ſe retira enfuire à Mar-Elicha,
dans un Monaſtere de Carmes Déchauſſés, où il redoubla
ſes auſterités, qui lui cauſerent une maladie dont il mourut le
15. Mai de l'an 1644. Il avoit compoſé dans fa folitude quel
ques Ouvrages ſur la Bible qui reſterent avec ſes autres Livres
aux Carmes Déchauflés. Sa vie a eſté donnée au public en
I666.
Franciſc. Quareſm. Elucidat. Terr. Sanč7. Davity, Deſcript.
de l'Aste ó de l'Afrique. Le Fevre, Theatre de la Turquie. La
Croix, Turquie chrestienne. Eugene Roger, Voiage de Terre
fainte. Maimbourg,Schiſme des Grecs. Jerom. Dandini, Voige
au Mont-Liban, avec les remarques de M. Richard Simon. & Phi
lipp. Bonanni, Catalog. Ord. Religio/ part. I.
|
·
%
A
*
*
- Y
E= - ====
The ne arren_f. -
- -
. Motrze Armze/zzerz
í -
PaEMIERE PARTIE, CHAP, V.
-
.
MO I NEs
v = - - - - T AR M E -
C H A P I T R E V. N1s Ns,
%
;Z|2|
|
|
|".Z|
|2
*
|
%
%
%
%
%
7%ør-za-kreez
|
*
PREMIERE PARTIE, CHAP. V. 99
G I N 5s
terres qui dependent du Sophi de Perſe ; outre quinze Con- , ! ME•
vents de filles de la meſine Nation, les uns & les autres estant EN » a
De tous les Orientaux, ils font les plus zelés pour la Reli
gion Chreſtienne; car de cette Nation,il y ena peu qui fefaſſe
riterra, Turc. M. Baillet les veut faire paſler pour les grands jeû
ac, s, rem. neurs de la Chreſtienté ; à cauſe, dit-il, de a multitude de
4. Edit. in le
urs careſmes , qu'il ne reduit néanmoins qu'à huit, quoi
fol. Hist. de
4 % qu'ils en aïent onze, comme nous allons montrer. Les Grecs
wri. 7., ont cependant plus de jeûnes que les Armeniens, quoiqu'ils
naïent pas tant de differents ; & il y a des années où
ils ont quelquefois quinzejours de jeûne plusqu'eux,felonque
la Feſte de Pâques eſt plus ou moins avancée, ou reculée ;
puiſque le careſme des Apoſtres chez les Grecs, commence
huit jours après la Pentecoſte.
Comme de pluſieurs Auteurs que j’ai leus, & qui traitent
de la Religion des Armeniens je n'en ai trouvé aucun qui
s'accorde touchant leurs jeûnes ; je m’en fuis informé à des
Armeniens meſmes, & voici ce que m'ont dit encore ces Pre
ftres d'Andrinople, dont j'ai parlé, & qui ſe trouve auilì con
forme à ce que j'en ai appris M. l'Eveſque d’Hiſpaham. Les
Armeniens ont onze careſmes. Le premier s'appelle Sur
pe-SarKist bas, le jeûne de faint Sergius, eſt de cinq jours. Ils
le nomment auffi des Ninivites ou de Jonas: mais le nom d'Art
Xibere, que quelques-uns lui donnent, eſt une pure calomnie
que les Grecs, qui font les ennemis irreconciliables des Arme
niens, ont inventée. Ces Preſtres d'Andrinople m’ont aſſuré
qu’il n’y avoit que les Eveſques, les Preſtres, & les Religieux,
qui fçuflent la ſignification de ce mot d'Artzibure, & que le
Peuple ne fçauroit ce qu’on lui voudroit dire, fi on lui parloit
du careſme d'Artxibare » ne connoillant ce premier careſme »
* * -
PREMIER É PARTIE , CHAP. V. 'º' Mo,
que ſous le nom de surpe-sarKif-bas, careſme de S. Sergius. „ “
Ce mot d'Artzibure, ſignifie Precurfeur ou Avant-cou- niiss.
reur, qui annonce une choſe prête à arriver. Les Grecs pre- Baron re.
tendent que c'eſtoit le nom du chien de l'Herefiarque Sergius,
dont les Ärmeniens ont eſté les Diſciples, & que ce chien fut n.
ainſi nommé, parce qu'il ayoit accoutumé de courir devant o
cet Herefiarque, & avertistoit par ce moïen que fon Maiſtre .
eſtoit proche, afin qu'on le vînt recevoir. Ce chien ſe perdit reſ :
un jour dans un bois, & Sergius s'eſtantmisen chemin le len- tret.
demain à fon ordinaire, pour aller au lieu où il l'avoit envoïé, áillet vies
il fut ſurpris de ce que perſonne ne venoit au devant de lui ; :
mais fçachant qu'Artzibure n'eſtoit point venu , il fe douta f . .
que quelque loup l'avoit mangé dans le bois ; ce qui fe trouva laſti ºsſ:
vrai.L'affliction qu'il en eut fut fi grande (à ce que prétendent "*"*
les Grecs) qu'il ordonna un jeûne general, qui fe devoit re
nouveller tous les ans durant toute une femaine.
Les Armeniens ne regardent cette fable, que comme une
impoſture inventée par les Grecs ; à cauſe qu'ils obſervent ce
jeune en memoire de faint Sergius Martyr, qui eſtoit Grec ,
& que les Grecs ne veulent point reconnoiſtre pour tel ; di
fant qu'un Grec qui s'eſtoit mis au fervice des Armeniens,
ne pouvoit pas eſtre Saint, ni avoir remporté la Couronne
du martyre ; & qu'ainfi ils n'ont inventé la fable du chien de
l'herefiarque Sergius, que ce jeûne odieux à tou
tes les Nations. Ce faint Sergius Martyr felon lesArmeniens,
eſtoit, comme nous avons Grec de naiſſance, & Officier
dans les troupes d'un Roi d'Armenie qui eſtoit Idolâtre. Il
acquit,à cequ'ils prétendent,beaucoup de gloire dans pluſieurs
aćtions, où il eut le commandement de quelques troupes, ce
qui lui attira l'eſtime & l'amitié du Prinee, & donna en meſ
me tems de la jaloufie aux Armeniens qui le denoncerent à ce
Prince comme un Grec, que ceux de fa nation avoient envoïé
en Armenie pour fervir d'eſpion. Le Roi,pour s'aſſurer de la
fidelité de Sergius,
X-',
voulut l'obliger de ſacrifier aux Idoles ; ce
- - - *
ZAczsaszra /”.
Re4yzetese Ar e en Perse
12 .
PREMIERE PARFIE, CHAP. V. fö3
· Le neuviéme Careſme a eſté institué en l'honneur de faint Moisis
Gregoire Thaumaturge, l'appellant pour ce ſujet, surpe. :
Grigori le favorichi-bas, qui dure cinq jours, auffi-bien que ce
lui de furpe-Agepa-bas, inſtitué en l'honneur de faint Jacques
de Niſibe; & ſelon quelques Auteurs, en l'honneur de l'hère
fiarque Jacob ou Jacques, qui a donné fon nom aux Jacobites;
ce que les Armeniens ( au moins les Catholiques ) rejettent
comme une calomnie. Enfin l'onziéme Careſme, eſt celui de
la Nativité de Noſtre Seigneur, qui fe nomme Zenonti-bas,
qui dure huit jours. Mais les Religieux renferment ces onze
Čareſmes dans quatre grands & deux petits, leſquels com
yrennent près de cinquante jours de jeûnes de plus, que dans
onze đes ſeculiers ; & en ce cas M. Baillet auroit eu raiſon
de dire que les Armeniens eſtoient les plus grands jeûneurs de
la Chreſtienté, ce qui eſt veritable à l'eſgard des Religieux
Armeniens ; mais non pas des feculiers , puiſque les Grecs ont
encore plus de jeûnes qu'eux. -
-
|
:|---*
A
|
|
;# -|
%
ź;
Zž.
Z%- Ž
- ~
-
-
-
wirns. C H A P I T R E VI.
7. Z , P. zo 9 |
?>.
Ż
A -
****
* 's,
-
W
\\W
RM
A \\
M
N
A
Ř\\
-
R Ĥ N
N
-
N ---- |- |- -
N N 4.
N ~
4. A' T
N
N
N
§
H P NNNNN
NNN
NN
§ W
Ar
W -
* -
- N
-
NNNN
§
| - Ñ
§
1
,
# N
|
WI
M
W
",
IYY
UMUM)
R
N
WAN
AV
N
ANN
-
*
|
WWW NM
WR RN
- W MM N
\ ,
AMAMAMI NNN
- -- - -
šš sess SS
§T §=E ~~~-----
---------
----
-
- -- - -
- - ~- - -
- ---- -"
----~~~~ - ~~~~~ ~ ~
|
./(oine /a cobite, oli .Wiwr/cy? .
** .
P R E M 1 E R E P A R r 1 E , C H A p. V II. f1c9
rier, & meſme quoiqu'ils foient Preſtres : ce que leurs Eve!- Moisis
ques tolerent eux ; car s'il y en a quelques-uns qui s'op- ***
poſent à cet abus, les Religieux qui veulent fe marier en de
mandent permiſſion au Bacha;&pour lors l'Eveſque eſt obligé
d'y conſentir, de crainte que celui qui la demande ne fe faile
Turc. Voilà ce que cauſe l'herefie , le fchifine , & le peu de
diſcipline qu'il y a parmi la pluſpart des Religieux d'Orient
qui ſe font touſtraits de l'Egliſe Romaine , & qui font pluftoft
Religieux de nom que d'effet. Le peu qu'il y a de Religieux
Neſtoriens dans les Monaſteres qui font la pluſpart abandon
nés, fait qu'on ne leur fait point faire de noviciat. Après qu'ils
ont reſté quelques jours en habit feculier, on leur
bitMonaſtique,& ils declarent en le prenant qu'ils pretendent
eſtre de l'Ordre de faint Antoine, ou de ce faint Ermite dont
nous avons parlé. C'eſt en quoi confiſte toute leur profeſſion,
gelui qui leur donne l'habit , mettant le nom d'un de ces Saints
dans les Oraiſons qui ſe difent en ces fortes de Ceremonies,le
tout en langue Syriaque , ou Caldéene , qui eſt la langue
dans laquelle les Neſtoriens officient. C’eſt ce que j'ai appris
de M. Ábdelahad qui eſtoit lui-meſme Neſtorien,ou pluftoft
Caldéen, nom que les Neſtoriens convertis à la Foi pren
nent, en quittant celui de Neſtorien comme un nom «' "
C H A P I T R E V I I.
Des Moines facobites. -
C A P I T R E V I II.
. Moine Cophte
-
\ \
|
|
|
*
PREMIER E PARTIE , CHAP. VIII. 115
vent dans cetteVille,aprés avoir embradě les reſveries deMa
homet, avoient appellé Coptes les Chreſtiens de ce païs-là. ***
Cependant le P. Morin fe declare en faveur du fentiment de
Scaliger.
Le P. Vanſleb, appuié apparemment ſur la tradition des :
Coptes meſmes ; qui comme les autres Orientaux donnent :
beaucoup dans la fable, dit : Que les Coptes ont eſté ainfiz Al
appellés Copt, fils de Miſraïm & petit-fils de Noé ; lequel **""·
Miſraïm ( fi on en veut croire les Hiſtoriens Arabes ) aïant
choiſi l'Egypte pour fa demeure,y laiflà quatre fils,qui ne pou
vant convenir entr'eux de celui qui auroit la fouverainé au
torité , refolurent de terminer leur differend par un combat,
ui devoit decider en faveur de celui qui reſteroit vainqueur
trois autres : que la victoire fe declara pour Copt , qui
eſtoit le cadet ; qu’ainſi les trois autres le reconnurent ; &
que c'eſt de lui que les Egyptiens ont voulu eſtre appellés Co
, pour fe diſtinguer des autres Nations qui habitent aufli
'Egypte. Le P. Du Soliera un fentiment plus raiſonnable. Il
dit : Que comme le nom de Copte n'eſt en uſage que depuis le
X. ou XI. fiécle, avant lequel nul Eſcrivain (à ce qu’il pré
tend ) ne s'eſt fervi de ce mot ; & que ce nom ne déſigne que
les Chreſtiens Egyptiens Heretiques & Schifmatiques, appel
lés auſſi Jacobites ; les Mahometans ont apparemment re
tranché la premiere fillabe du mot jacobite , & en ont formé
Cobite, Cobte , Copte , ou Cophthe. Il nous apprend aufſì le
fentiment du P. Du Barat, ſon confrere , Millionnaire en
Egypte, qui croit que ce mot Copte , vient du mot Grec Kop
tein , couper; incifer ; & que les anciens Melchites d'Egypte
n'ont donné ce furnom aux Jacobites que par dérifion , à
cauſe qu'ils ont emprunté des Sarafins la pratique de la Cir
concifion. Mais M, l'Abbé Renaudot fait voir que ceux qui :
voudroient tirer l'étymologie de coptes du mot Koptin, qui ..
fignifie couper, parce que Circonciſion eſt en uſage parmi ».
ces Chreſtiens d'Egypte,qui ont ſuivi les erreurs de Dioſcore,
ne font pas reflexion que cet abus ne s'eſtoit pas encore intro
duit lorſque le nom de Copte leur fut donné. Selon ce fçavant
Eſcrivain , ce mot eſt corrompu de celui d'Ægyptos, & a eſté
affecté aux Jacobites Egyptiens; parce que depuis le Concile
de Calcedoine, les Egyptiens naturels demeurerent tellement
attachés à Dioſcore & à ſes Sectateurs, que les Loix des Em
Pij
II6 HISTοIR E DES ORD R ES RELIGIEUx,
M O IN Es
Col rEs. pereurs furent inutiles , pour les réduire à la communion de
l'Eglife.
Ibid. th. Io. Quoiqu'il en foit, les Coptes, fi on excepte l'herefie des
Monophyſites , c'eſt à dire de ceux qui croient qu'il n'y a
qu'une nature en Jefus-Chriſt, à l'occaſion de laquelle la pluſ
part des Auteurs modernes les ont accuſés fauflement d'Euty
chianiſme , n'ont aucune erreur particuliere ; mais ils con
viennent avec les Catholiques , & avec les Grecs Orthodoxes
& Schifmatiques, de tous les autres points qui concernent la
Religion. Ils ont feulement introduit quelques abus parmi
leur Rit, dont le principal eſt la Circonciſion à l'égard des
garçons & des filles , non pas qu'ils l'obſervent par un com
mandement Judaïque, ni par un precepte de Religion ; mais
par une coûtume qu'ils ont prife , à ce qu'ils prétendent , des
Iſmaëlites, & les Iſmaëlites d'Agar , lorſqu'elle arriva avec
fon fils Iſmaël à fetreb , dans la terre de Heggias , qu'on nom
me preſentement la Mecque, ſuivant ce que dit un de leurs Au
H /?. e l'E teurs, au rapport de Vanfleb. Mais cette hiſtoire eſt encore
z t'e d'Ale
xead ie. regardée comme une fable.Il y en a qui difent que les Coptes
part. 1 ch.
2. Q.
n'ont adopté ce Rit , qu'après avoir fubi le joug des Maho
metans; & cela pour fe les rendre plus favorables par cette
conformité exterieure. Il eſt neanmoins plus vrai-ſemblable
que ces Chreſtiens d'Egypte, qui compoſent l'Egliſe d'Ale
xandrie,ont retenu quelques-unes des obſervances Judaïques,
qui eſtoient en uſage dès le commencement de cette Egliſe ;
leſquelles obſervances n'avoient rien d'incompatible avec le
Hieron, Chriſtianiſme , comme faint Jeroſme ſemble le tefmoigner,
d. Scr ft.
E-c aſ.
lorſque parlant de Philon; qui avoit fait un Livre à la loüange
des premiers Chrestiens de cette Egliſe, qui judaïſoit encore,
o
uant à leurs jeûnes, ils leur font communs avec les autres
Chreſtiens Coptes. Outre le Careſme de l'Egliſe Univerſelle
qui dure parmi eux cinquante cinq jours,pendant lequel ils ne
boivent point de vin,ni eau de vie,& ne mangent aucune cho
fe vivante qu'ait du , fe contentant meſme de pain & de
fel pendant la femaine fainte ; ne prenant leur repas pendant
ce tems-là qu'après que les étoiles paroiſſent; ils jeûnent encore
tous les Mercredis & les Vendredis ; excepté ceux qui feren
contrent entre Pâques & la Pentecoſte, & ceux dans leſquels
les Feſtes de Noel & de l'Epiphanie arrivent. Le Careſme des
Apoſtres, qu'ils obſervent, à ce qu’ils difent, à leur imitation à
cauſe qu'ils ont jeûné quarante jours après la defcente du S.
Eſprit fur eux , n'eſt, felon le P. du Barat, que de treize jours
pour les Laïques; & s'eſtend pour les Eccleſiaſtiques depuis le
premier Dimanche d'après la Pentecoſte juſques à la Feſte
des Apoſtres faint Pierre & faint Paul , mais felon le P. Vanf
leb, il eſt plus ou moins long, felon que l'intervale entre Noel
& le Careſme eſt plus grand ou plus petit. Ils appellent ce
tems la Refía ou Refećžion ; & c'eſt pour eux une eſpece de
Carnaval ; car cet intervale & ce jeûne doivent faire enfem
ble quatre-vingt-un jours: c'eſt pourquoi fi le tems de Carna
vala eſté court le jeûne des Apoſtres eſt long, parce qu’il doit
durer autant de jours qu'il en manque du carnaval pour faire
le nombre de quatre-vingt-un jours; mais fi le tems de carna
val a eſté long, le jeûne des Apoſtres eſt court , parce qu'il
y a déja une grande partie de ces quatre-vingt un jours paſſée:
pendant tout ce tems ils jeûnent juſques à None, & mangent
du poiſſon.
Celui de l'Aſſomption de la fainte Vierge dure quinze jours,
depuis le premier jour d'Aouſt juſqu'à cette Feſte, pendant
lequel ils jeûnent austi juſqu'à None & mangent du poiſſon.
Celui de Noel eſt de vingt-trois jours pour les Laïques, & de
quarante trois pour les Eccleſiaſtiques, à l'imitation, à ce qu'ils
pretendent, de la Sainte Vierge, qui jeûna depuis le ſeptié
me mois de fa groflefſe juſqu'à ſon accouchement, à cauſe
de la crainte qu'elle avoit de faint Joſeph. Ils avoient autre
fois celui de Ninive ou de Jonas, qui duroit trois jours,en me
moire des trois jours que ce Prephete demeura dans le ventre
I2O HIsto 1RE DES ORDRES RELIGIEUx,
Mo:Nes
Cor res. de la baleine, & ils ne mangeoient point qu'après None; mais,
felon le P. du Barat un Patriarche l'a incorporé dans le grand
Careſme. Ils avoientausti celui d'Heraclius,qui avoit eſté inf
titué à cauſe que cet Empereur, felon ce que difent auſſi les
Coptes, paflant parla Galilée pour aller à Jeruſalem, fut prié
par le Patriarche & par les Chreſtiens de faire paſſer les Juifs
au fil de l’epée, à cauſe des cruautés qu'ils avoient exercées
contr'eux, en fejoignant avec les Perfans, & faccageant avec
ces Infidelesla Sainte: mais cet Empereur aïant ſcrupule
de retracter fa parole qu'il avoit confirmée par fes Lettres Pa
tentes, les Chreſtiens s'obligerent pour eux & leur poſterité
de jeûner une femaine entiere pour juſqu'à la fin du mon
de.Cette femaine eſtoit celle qui precedoit le grand Careſme,
pendant laquelle ils ne mangeoient ni oeufs , ni fromage, ni
oiflon, comme c'eſtoit alors la coûtume d'en manger, afin
que Dieu pardonnaſt à cet Empereur l'infraction de arole;
ce que ce Prince accepta, & fit maſſacrer tous les Juifs dela
Paleſtine; mais ce jeûne a eſté encore incorporé dans le grand
Careſme, dont ils deſtinent la premiere à cette fa
tisfaction, -
C H A P I T R E l X.
-
* -
-------------
TAørre a r.reas reze/.
E;
C H A P I T R E X.
dans la promeffe que vous avez faite de fervir Dieu avec crainte
c- tremblement, en li/ant les P/Gaumes & les P/almodies, veil
lant les nnits, recitant les Prieres de l'Eglife , & accompliffant
tous les autres devoirs aufquels vous estes obligé, outre ces obli
gations il est encore neceffaire que vous obſerviez les jeánes avec
devotion ó pureté pour caufer de la joie aux Anges, ó que
vous /øiez humble ở obeiffant. Aiez /oin d'écouter juſqu'à la
mort celui qui vous conduit dans le chemin de Diea ó qui
vous en/eigne /es/aints Commandemens ; afn que vous puiffiez
recevoir la courenne des enfans de Dieu, 6 devenir heritier du
Roiaume des Cieux, avec les bienheureux qui lui ont pla de toute
éternité.
.Que le bon Dieu vous affiste dant toutes vos bonnes æuvres,
qu'il vous preſerve de toutes les tentations ja/qu'au dernier
mement de votre vie ; & qu'il vous faffe la grace d'entendre
an jour cette veix pleine de joie : Venez les élus de mon Pere ,
c3-c. ainst /oit-il , par l'interceffion de tous les Saints , Amen.
Il y a auffi des Religieuſes Coptes, qui ont des ceremonies
particulieres. Lorſqu'on doit donner l'habit à quelqu'une, le
Superieur dit l'oraiſon d'action de graces ; enſuite il encenſe
l'autel ; on recite le Pfeaume 118. tout entier ; on fait la lec
ture du 7 chap. de la premiere Epiſtre de faint Paul aux Co
rinthiens depuis le verf. 15. jufques au 34. On fait auffi la lec
ture du Pſeaume 44. & du 25. chap. de l'Evangile de S. Mat
thieu , depuis le 1. verf. juſqu'au 13. Après cette lećture, le
meſme Superieur recite les trois oraifons qui fe difent ordinai
rement après l'Evangile. On dit enſuitele credo, après lequel
on ajoûte quelques oraiſons particulieres pour cette cere
1M1O111C.
*
|
|
}
|-T
PREMIER E PARTIE, CHAP. XI. -
I33
MoINTS
A BI S 51 NS»
, C H A P I T R E X I.
Des Moines Ethiopiens ou Ahyffins.
rīN OMM E l'Ethiopie eſt diviſée en haute & baſſe, nous en
tendons parler de la haute qui nous eſt connuë ſous le
nom d'Empire des Abyſſins,& gouvernée par un Prince que la
pluſpart des Hiſtoriens nomment communément Prere-Jean,
ui fe qualifie quelquefois de Colonne de la foi , de la lignée
e Juda, fils de David, fils de Salomon, fils de la Colonne de
Sion, fils de la Colonne de Jacob, fils de Marie, fils de Nahod
felon la chair, fils de faint Pierre & de faint Paul felon la grace,
Empereur de la haute & baste Ethiopie, &c. qui font les titres
que prit David eſcrivant au Pape Clement VII.
en 133. Mais la foi & la creance des Peuples de ce vaſte Empi
re, ne correſpondent gueres à ces beaux titresipuiſqu'elles font
corrompuës pluſieurs erreurs; & fi les ont quelque
fois ecouté les Mistionnaires qui leur ont eſté envoïés pour les
faire rentrer dans le fein de l'Eglife Catholique , & qu'ils
en aient reconnu le Souverain Chef & Paſteur, ce n'a eſté
que pour un tems, car ils n'ont pas perſeveré dans la foi Or
thodoxe.
Quelques-uns ont pretendu que le Chriſtianiſme avoit esté
introduit en Ethiopie par l’Eunuque de la Reine de Candace ;
ce que d'autres revoquent en doute , parce que cette Reine
ne regnoit pas dans l'Abyſſinie, mais ſeulement dans l'Iſle de
Meroé. D'autres auſſi rapportent la converſion de l'Ethiopie à
faint Barthelemi ou à faint Matthieu ; mais les Ethiopiens le
nient, & reconnoiffent qu'ils ont eſté convertis à la foi Chref.
tienne du tems de faint Athanafe Eveſque d'Alexandrie, en- sserae
viron l'an 32o. En effet nous apprenons de l’hiſtoire Eccleſiaſti- trh # .i.
que, que Frumentius aïant eſté emmené aux Indes par un mar- f: sa
chand de Tir, fut conduit à la Cour du Roi d'Ethiopie, qu'il i. **
Quoiqu'il ne foit pas vrai qu'il n’y ait point d'autres Pref
tres en Ethiopie que les Religieux ; cela n'empeche pas qu'il
n'y ait un fi grand nombre de ces derniers dans cet Empire,
qu'Alvarez ailure encore que touten eſtrempli; qu'on ne voit
que Moines dans les Monaſteres, dans les E lites , dans les
ruës, dans les marchés : qu'il n'a veu aucune Egliſe deſſervie
par des Preſtres feculiers où il n'y euft austi des Religieux ;
& qu'il n'a trouvé aucun Monastere où il y euft des Preſtres
feculiers.
M. Ludolf confirme cette multitude de Moines en Ethiopie;
mais il ne fembe pas eſtre d'accord avec les Relations de quel
Tome I. S
138 HISTO I RE DES ORD R ES RELIG I EUx,
MO I N F s ques voïageurs touchant les Monaſteres de ces : C4 r.
A BYSS. N S,
il pretend qu'ils demeurent ordinairement auprès des Egliſes
dans de pauvres cabanes diſperſées ça & là dans un enclos :
qu'ils ne point l'habit Manachal : qu’on ne les diſtin
gue des feculiers que par une croix qu'ils portent toûjours à
la main : que leurs demeures ne peuvent pas eſtre appellées
des Cloiſtres: qu'ils nemeritent pasle noin de Moines; & qu'on
ne les doit regarder que comme des Colonies de gens qui ne
font point mariés.
Cependant Alvarez doit eſtre cru, puiſqu'il a demeuré fix
ansen Ethiopie, qu'il alloit preſque tous les jours au Monaſ.
tere de la Viſion de Jeſus, dont il ne demeuroit pas loin,& qu'il
afistoit avec les Moines à toutes leurs principales Festes & Ce
remonies aufquelles il eſtoit fouvent invité. Cet Auteur fai
fant la deſcription de ce Monaſtere fitué dans la Province de
Tigré fur une haute montagne au milieu d'une foreſt, & dans
une affreufe folitude, dit: qu'ordinairement il y a cent Reli
gieux qui y demeurent,& qui mangent enſemble dans un mef
111C , excepté les vieillards qui en font diſpenſés, à
qui l'on porte à manger en particulier : que les revenus de ce
Monaſtere font très conſiderables : que la montagne où il eft
fitué lui appartient entierement, & qu'elle a plus đe dix lieuës
d'eſtenduë:qu'au bas de cette montagne il y a pluſieurs fermes
qui dépendent du Monaſtere, outre pluſieurs autres que l'on
trouve juſqu'à trois journées au delà, qui s'appellent Gultas,
c'eſt-à-dire les franchiſes de la Viſion: qu’il y a encore plus de
cent villages qui lui paient tous les trois ans chacun un cheval,
mais que le Procureur du Monaſtere prend des vaches à rai
fon de cinquante pour chaque cheval; de forte qu'il reçoit bien
par an dix ſept cens vaches, dont les Religieux tirent du beure
pour regaler les Etrangers qui les viennent voir , & pour en
mettre dans leurs lampes au lieu d'huile.
Commeil y a des Auteurs qui ont eſcrit, que dans ce Mona
ftere il y avoit ordinairement trois mille Religieux, & que l'on
avoit dit la meſme choſe à Alvarez, il y alla le jour de l'Af
fomption de la SteVierge, auquel jour les Religieux font une
procefion generale ; il n'y vit neanmoins que trois cens Reli
gieux ou environ; & en ajant demandéla raifon,on lui dit que
les autres eſtoient diſperſés dans d'autresMonaſteres ou Egliſes
particuliercs, & aux foires & marchés, pour gagner leur vie
PREMIER E PARTIE, CHAP. XI. I39
pendant qu'ils eſtoientjeunes, à cauſe que le Monastere dela :
Vifion n'eitoit pas en eſtat d'en nourrirún fi grand nombre, & *******
que quand ils eſtoient hors d'eſtat de gagner leur vie, ils ve
noient paster le reſte de leurs jours au Conyent. En effet le
meſme Äuteur aſſure encore, que dans toutes les foires & dans
tous les marchés, l'on ne voit que Religieux & Religieuſes
qui y trafiquent.
M. Poncet confirme ce que dit Alvarez de l'auſterité de ces
Religieux & de la beauté de quelques Monaſteres en ce païs,
& dit auſſi qu'il y a pluſieurs autres Monaſteres qui dependent
de celui de la Viſion , nommant entr'autres celui d'Heleni,
qui eſt très beau; & où il y a une magnifique Egliſe. Il ajoûte
que les cellules de ces Religieux font ſi eſtroites, qu'un hom
me a de la peine à s'y étendre, qu'ils ne mangent point de
viande non plus que les autres Religieux d'Ethiopie, qu'ils
font toûjours appliqués à Dieu & à la meditation des chofes
Saintes, & que c'eſt là toute leur occupation.
L'Abbé du Monaſtere de la Viſion le reçut avec beaucoup de
charité, auffi-bien que ceux de fa fuite. Il leur lava les pieds &
les baifa pendant que les Religieux recitoient desprieres.Après
cette ceremonie , ils furent conduits procestionnellement à
l'Eglife, les Religieux chantant toûjours. Ils allerent enfuite
dans une chambre où on leur apporta à manger. Tout le re
al confiſta en du pain trempé dans du beure ; & pour leur
on leur donna de la biere, car l'on ne boit ni vin ni
hydromel dans ce Monaſtere ; & l'Abbé leur tint toùjours
compagnie, mais il ne mangea point avec eux.
Le meſme voïageur a cru apparemment embellir la Relation
de fon voïage par le recit d'un prodige qu'il a veu , à ce qu'il
dit,dans l'Egliſe de ce Monaſtere de la Viſion. On l'avoit
que dans FÈgliſe du coſté de l'Epiftre, on voïoit en l'air ſans
aucun appui ni foutien, une baguette d'or, ronde, longue de
quatre pieds, & auſſi groſſe qu'un baſton : croiant qu'il y
avoit quelqu’artifice ; il pria l'Abbé de vouloir bien lui per
mettre d'examiner s'il n'y avoit point quelqu'appui qu'on ne
vît point. Pour s'en aſſurer d'une maniere à n'en pouvoir pas
douter, il paſſà un baſton par deſſus, par deſſous & de tous les
coſtez ; & il trouva que la baguette eſtoit veritablement fuf
penduë en l'air. Les Religieux lui dirent qu'il y avoit environ
336. ans, qu'un Solitaire nommé Abba Philippos, fe retira dans
S ij
I4O Hisro1RE DES ORD Rrs RELIG feux, .
Morst s ce Defert,où il ne ſe nourrifloit que d'herbes & ne buvoit que
****** de l’eau; & qu'un jour Jeſus-Chriſt fe fit voir à lui, & lui
ordonna de baſtir un Monaſtere dans l'endroit du bois où il
trouveroit une baguette d'or ſuſpenduë en l'air ; & que l'aïant
trouvée & veu ce prodige , il obeït, & baſtit ce Monaſtere qui
fe nomme Bihem feſus, Viſion de Jeſus. Cependant Alvarez,
qui a demeuré fix ans en Ethiopie & qui alloit preſque tous
les jours à ce Monaſtere, comme il le dit lui-meſme, ne parle
point de ce pretendu prodige, quoiqu'il ait eu foinde mar
quer tout ce qu'il y avoit de plus particulier dans ce Monaſ
tere. Il n'ignoroit pas que cet Abbé Philippes eſtoit non feule
ment reveré comme Saint par les Religieux de ce Monaſtere ;
mais encore par les habitans des environs qui celebrent tous
les ans une feſte en fon honneur ; & il rapporte meſme le fu
jet pour lequel ils l'ont toûjours comme Saint. Ce
fut , dit cet Auteur, à l'occaſion de ce qu’un Roi d'Ethiopie
aïant deffendu qu'on obſervaſtle jour du Sabbat dans tous les
lieux de fon obeïflance, l'Abbé Philippes & fes Religieux vin
rent trouver ce Prince , & lui firent voir que Dieu avoit ordon
né l'on garderoit le jour du Sabbat, & que ceux qui ne le
garderoient pas feroient lapidés. Il ajoûte que les Religieux
de ce Monaſtere & les peuples des environs les plus atta
chés à cette ſuperſtition Judaïque ; que lui-meſme a veu plu
fieurs fois que les Religieux cuiſoient le pain & preparoient
leur manger le Vendredi pour le Samedi ; qu'ils n'allumoient
du feu le Samedi ; & qu'ils n'eſtoient pas fifçrupu
eux le Dimanche, puiſqu'ils preparoient à mangerce Jour-là.
Surquoi il y a lieu de s'eſtonner ce que quelques perſonnes,
principalement M. Ludolf, aïent regardé comme une chofe
innocente l'obſervation du Sabbat parmi les Ethiopiens, après
que le Concile de Laodicée a prononçé anathéme contre ceux
qui s'abſtiennent par ſuperſtition des viandes que Dieu a
creées, & contre ceux qui obſervent le Sabbat à la maniere des
Juifs
Ce que difent pluſieurs Eſcrivains queles Religieux d'Ethios
pie font habillés de peaux jaunes, fe confirme par la relation
d'Alvarez qui dit la meſme chofe : il ajoûte qu'il y a quelques
Monaſteres où ils font austi habillés de toile de coton jaune,
& que ces Religieux habillés de jaune,ont tous des chapes de la
meſme couleur,faites comme celles des Dominicains.Ainſi cela.
PREMI E R E PARTI È, CHAP. XI. I4ľ
ne s'accorde pas encore avec ce que dit M. Ludolf, que tous Mo i NF s
ABYss i Ns:
les Religieux d'Ethiopie font habillés comme les feculiers ,
& ne font diſtingués que par une croix qu'ils portent toû
joursà la main. A la verité M. Poncet,qui demeure auffi d'ac
cord avec Alvarez que les Religieux des Monaſteres de la Vi
fion & d'Heleni font habillés de peaux jaunes, parlant auſſi de
quelques autres Religieux qui font en grand nombre dans la
Gondar (fejour ordinaire des Empereurs) puiſqu’ou
tre quatre Chapelles Hmperiales qui font dans l'enceinte du
Palais de l'Empereur,& qui font deſſervies par cent Religieux
qui ont auffi foin du College, où l'on enſeigne à lire l’Ecri
ture Sainte aux Officiers de ce Prince, il y a environ cent Egli
fes dans cette ville ; il dit que ces Religieux font habillés de
meſme que les feculiers, & n'en font diſtingués que par une
calotte jaune ou violette, & que ces diverſes couleurs diſtin
guent leur Ordre. Mais il y a bien de l'apparence que ceux qui
ont une calotte jaune,& qui pour habillement portent comme
les feculiers une veſte ou foutane noire, font de l'inſtitut de
l'Abbé Euſtafe, & les autres qui ont une calotte violette.
pourroient bien eſtre ceux qu’Alvarez , Marmol, M. Ludolf
& quelqu’autres appellent des Chanoines. Ceux-ci peuvent
eſtre mariés ; leurs enfans leur ſuccedent dans leurs Preben
des ; & quoique la plûpart vivent en leur particlier, Alvarez
dit neanmoins qu'il a veu quelques Communautés de cesfor
tes de Chanoines. Ces Moines,qui,ſelon M. Ludolf, font dif.
perfés çà & là dans de pauvres cabanes , & dont il dit que
la demeure ne peut pas eſtre appellée Monaſtere , font fans
doute ceux que les Convents où ils ont pris l'habit, envoient
pour gagner leur vie : & ainfi M. Ludolf ne s'est peut-estre
pas trompé , lorſqu'il a dit: que chacun de ces Moines cultive
fon heritage, qu'il vit de ce qu'il produit en pouvant diſpoſer
à ſa volonté, aïant pouvoir d'aller où bon lui ſemble & de re
venir quand ille juge à propos. Il pouvoit meſme ajoûter que
ces Moines trafiquoient,& que les marchés en eſtoient remplis,
comme nous avons dit. Cependant quand ils font retournés.
dans leurs Convents, ils y vivent en commun & très auftere
iment,fous la conduite d'un Superieur dont ils dependententic
FC1)NC1lt.
=
-
||
PREMIERE partif , CHAP. XI. 743
Morres
eelui d'Heleni, & celui d'Aleluia. Ce dernier fut ainſi nommé, . BY S 31 N 3,
à ce difent ces Moines, par celui qui en fut le premier Ab
bé, ſur le rapport d'un Ermite qui eſtant en oraifon vit en
extafe & entendit des Anges qui chantoient Alleluia dans ce
lieu.
Il y a auſfi un grand nombre de Religieuſesen Ethiopie, qui
font pareillement habillées de toile de coton ou de peaux jau
nes, & ne portent ni manteau ni capuce. Elles ont la teſté ra
fée, autour de laquelle elles ont un bandeau de cuir large de
deux doigts, qui paflant pardestous le menton , felie fur le
front, & dont les deux bouts pendent fur les épaules. Il y en a
qui croient que ce n'eſt que l'habillement des Novices, & que
les Profeſles peuvent inettre un voile & un manteau. D'autres
difent que cela n'eſt permisqu'aux vieilles: elles ne font point
renfermées dans des Monaſteres; mais elles demeurent dans les
fermes & les villages qui dependent & obeïſſentau Monaſtere
où elles ont pris l'habit. Alvarez dit avoir veu quelques Com
munautés de Religieuſes,qui ont neanmoins la liberté de for
tir de leurs maiſons pour aller où bon leur femble. Il y a de ces
Religieuſes qui menent une vie aflez reglée ; mais il y en a
beaucoup qui ne croient pas que ce foit un deshonneur pour
elles d'avoir des enfans. Schoonebek met leur inſtitution vers
l'an 1325. par la venerable Mere Imata ; mais c'eſt apparem
ment ſur la relation du P. Louis d'Ureta de l'Ordre de faint
Dominique, qui dans l'Hiſtoire qu'il a donnée d'une Provin
ee ſuppoſée de fon Ordre en Ethiopie, a pretendu que pref
que tous les Religieux de ce païs eſtoient de l'Ordre de faint
Dominique,& que la Mere Imata fonda unMonaſteredu meſ.
me Ordre pour des Religieuſesà Bedenagli,où il n'y eneut d'a
bord que cinquantes mais dont le nombre augmenta juſqu'à
cinq mille après la mort de cette pretenduë Fondatrice: ce
qui n'eſt pas moins fabuleux que ce qu'il rapporte des Con
vents de Plurimanos & de l'Alleluia, où il met neuf mille Re
ligieux de fon Ordre dans le premier, & ſept mille dans l'au
tre, fans compter les domeſtiques qui font au nombre de plus
de trois mille dans celui de Plurimanos,comme nous dirons plus
au long , en parlant de l'Ordre de faint Dominique dans la
troifiéme partie de certe Hiſtoire.
Voiez Job Ludolf, Hist. Ethiop. & /on Commentaire/ar te
mg/me Histoire. Franc. Alvarez , /on voiage en Ethiopie. Mar
Mo rN E S I4 4- Hisro I R E D Es OR D R ES RELIG I EUx.
aaxsstas mol, Deſcription de l'Afrique. Louis d'Ureta, Hist de la /2
grada orden, de Predic en Ethiopia. & le P. le Gobien, 4. ke
cuëil des Lettres édistantes des Mifflons Etrangeres.
C H A P I T R E X I I.
e. perte.» . É
F x e Mr E R E F x R r r r , É H a r. XIII. 149
Élé d'unebelle fourure ; & la marque de l'Ordre eſt un co- „Oarse
lierenrichi de pierreries, auquel pend une Croix bleuë fleur- :
deliſée par les bouts , & garnie au tour d'un fil d'or. C'eſt as ons
ainſi què l'Abbé Giustiniani & Schoonebeck en font la def- “º“
oription, quoique d'autres difent que la Croix eſt ſeulement
en forme de T. avec un fil d'or.
La Cour de ce Grand-Maiſtre eſt pompeuſe & magnifique,
fon Confeil eſt compoſé de douze Chevaliers & de douze
Religieux. Si l'on en veut croire ces auteurs, tous les mois il
change d'Officiers, & cent Commandeurs de l'Ordre & au
tant Freres fervans ou de ſimples Chevaliers , font toû
jours au tour de fa perſonne pour lui fervir de Gardes. Il n'y
a point de villes dans ce grand Empire, où on ne voïe une
Commanderie ou un Convent de Religieux, dont le Supe
rieur portele nom d'Abbé. Ceux qui vont à la guerre
pourveus d'armes 3 de chevaux & de valets, qui les fuivent
aux dépens de l'Abbaïe ; & quand ils ne peuvent plus fèrvir
la Religion à caufe de leurs bleſſures ou leur vieillefſe , ils.
vont demeurer dans un Convent avec les Religieux, dont ils
prennent l'habit, fans néanmoins s'aſſujetir à leur maniere de
vivre. - , -
Cet habit n'a meſme rien de commun avec celui qui eſt ""
marqué dans l'Hiſtoire de cet Ordre prétendu , compoſée par ɔ
ce faux Chevalier Abyſſin; car il dit que lorſque l'on reçoit Fondatin
un Chevalier, un Frere fervant, oụ un Oblat cet Ordre , : :
on leur donne un petit Scapulaire noir, avec un Tau bleu
qu'ils portent fur qu'à la Profeſion d'un Cheva- " ";
lier, on lui donne une Soutane noire traiſnante à terre, # .
avec une Croix bleuë fur la poitrine
tane , on lui met une noire ,
: que par deſſus
plifiée par lale cou
Sou-, cr
çhas1o. f *
aïantles manches longues qu'il s'entortille au tour des bras :
qu'il y a auffi une Croix bleuë furcet habit, & qu'on lui don
ne encore unepetite Croix d'or de la meſme façon qu'il por
te au cou. Il ajoûte que tous les Chevaliers Commandeurs,
tant les Religieux Preſtres, que les Militaires, afliftent à l'Of
fice Divin reveſtus de cette Cuculle noire, avec cette diffe
rence, que les manches des Cuculles des Preſtres font fer- *
mées ; maisque les uns & les autres ont la teſte couverte d'un
Capuce femblable à celui des Moines Benedictins: que l'ha
- bit des Freres fervans & des Oblats Preſtres eſt noir auffi ;
mais ſemblable , quant à la forme, à celui des Chartreux, à
la difference que les Oblats n'ont point à coſté de leur habit,
ces bandes que les Chartreux portent , afin qu'ils foient dif
tingués par ce moïen des Freres fervans : que les uns & les
autres portent cet habit dans l'Abbaïe 5 mais qu'ils ont une
Chape noire de la meſme façon que celle des Chartreux lorf
qu'ils fortent. Enfin dansle Chapitre X. il dit que l'habit des
Tome I. V
154 Histo1 RE DES ORDRES RELIGIEUx,
ornar Freres fervans qui ne font pas Preſtres, confiſte en une Sou
DE S A
tane noire qui deſcend juſqu'à la moitié de la jambe , un
C H O ME »
C H A P I T R E X I V.
f.
. /(oin e Oe .0 %?ichome
r. cy. - - -/
| ||
**
-
PREMIERE PARTIE , CHAP. XIV. 155
& fa mere; estoient
perſtition mais dèsdesſonPaïens qui ill'éleverent tant
enfance dans leur fi- „º *:
tion à l'idolatrie, qu'aïant goûté du vin offert aux Idoles, il
le rejetta à l'heure meſme ; & un jour que fes parens l'avoient
mené à certains Sacrifices qu'on faiſoit aux faux Dieux pour
conſulter leurs oracles , il donna tant de fraïeur aux De
mons, qu'ils ne voulurent jamais parler devant lui : de quoi
les Sacrificateurs étonnés & irrités, s'écrierent qu'il falloit
chaffer cet ennerni de leurs Dieux.
A l'âge de vingtans il fut pris pour eſtre enrollé dans l'ar
mée de l'Empereur Maximin , qui fe préparoit à faire la
guerre à Conſtantin & à Licinius. On l'embarqua fur un
Vaiſſeau avec pluſieurs autres, & le foir ils arriverent dans
une ville, dont les habitans touchés de compaſſion de la
pluſpart de ces Soldats qui eſtoient de jeunes gens qu’on me
noit à la guerre contre leur gré, leur donnerent tous les fe
cours dont ils avoient beſoin. Pachome demanda qui eſtoient
ces gens fi charitables. On lui répondit que c'eſtoit des Chref
tiens, Ildemanda ce que vouloit dire ce nom, & quel Dieu
ils adoroient. On lui dit qu’ils n'en reconnoiſſoient point d'au
tres, que celui qui a fait le Ciel & la Terre, & fon Fils uni
que Jeſus-Chriſt en qui ils croioient, & qu'ils eſperoient une
récompenfe en l'autre Vie pour les biens qu'ils leur faifoient.
Pachome touché de ce diſcours fe retira à l'écart, & élevant
les yeux & les mains au Ciel, il promit à Dieu de le fervir
parfaitement, & de s'attacher à lui tout le reſte de fa vie,
s'il lui donnoit une connoistance de fa Divinité. Il continua
fon voïage , & auſſi- toſt qu'il reffentoit quelque mouve
ment déreglé de la nature corrompuë , il avoit recours à la
priere.
La guerre eſtant finie & les Soldats aianteſté congediés, il
retourna en Thebaïde. Il alla à l'Egliſe d'un Bourg nommé
Chenoboſque où il fut fait Cathecumene , & peu de tems
après il reçut le Bapteſme. Aiant enfuite appris qu'un vieil
lard , nommé Palemon, fervoit Dieu dans le Deſert, il alla le
trouver à l'heure meſme, & frapa à la porte de fa Cellule ; le
Vieillard l'entrouvrit, & aïant ſceu qu’il vouloit eſtre Soli
taire, il lui dit d'un ton fevere que la vie Monaſtique n'eſ
toit pas une chofe facile : que pluſieurs l'avoient ɔ
|J
156 HIsto 1RE DES ORD R ES RELIGIEUX,
ORDRE
» E S PA. çu dans fon Monaſtere, à moins qu'il n'eût fait quelque pe
CH O M E » nitence dans un autre ; mais qu'il confideraſt qu'il ne man
geoit que du pain & du fel, & qu'il n'uſoit jamais d'huile :
qu'il ne buvoit point de vin: qu'il veilloit la moitié de la nuit:
qu'il l'emploïoit à méditer l'Eſcriture-ſainte, à pſalmodier, &
qu'il la pafloit meſme quelquefois fans dormir. Ces paroles fi
rent trembler Pachome ; toutefois il s'engagea à tout avec
tant de foi , que Palemon lui ouvrit la porte, & lui donna
l'habit Monaſtique, ce qui arriva au plus tard l'an 314.
. Il demeura quelque tems avec ce faint Vieillard , travail
lant à filer du poil & à enfaire des Cilices pour avoir de quoi
nourrir les pauvres ; mais s'eſtant avancé aſſez loin dans un
canton nommé Tabenne ; comme il eſtoit en prieres, il en
tendit une voix qui lui dit: demeureici, Pachome , & fais-y
un Monaſtere ; car pluſieurs te viendront trouver , & tu les
conduiras felon la Regle que je te donnerai. Aufli-toft un
Ange lui apparut & lui donna une Table où eſtoit eſcrite
cette Regle qui y fut obſervée depuis.
Il communiqua cette Viſion à faint Palemon qui le fortifia
dans ce deffein, & lui conſeilla d'executer l'oeuvre que Dieu:
lui ordonnoit d'entreprendre. Il fut meſme avec lui juſqu'à
Tabenne, & ils y demeurerent quelque tems dans unepe
tite maiſon qu'ils y baſtirent enſemble. Palemon retourna en
fuite dans fon Ermitage, où il mourut dans une heureuſe.
vieilleſle. Saint Pachome l'aïant eſté viſiter, il l'affiſta juſqu'à
la mort & lui donna la ſepulture. - -
C H A P I T R E XV.
P. G.72.- *
Sain/ Sabar.
|NR
#
}§
Al
2-į|
**§-§§|
·
62
-}\
»
šs§
\',ss
-~Š
=s|-
»
–-
(}//} C
="
–|
-
3 1.
||||
- *s
--| -*
-
-
-- -
|- -
--
|
-
-
-
-|| |
P R E M I E R E P A R T 1 E , C H A p. XVI. 167
fe retira dans differentes folitudes; mais le Patriarche de Je- I
ruſalemaiantobligé les Religieux ſeditieux de la Laure de
l'y recevoir, ils aimerent mieux fe retirer eux-meſmes. Ils
eſtoient au nombre de quarante qui allerent à la Laure de
Suca dans l'eſperance qu'on les y recevroit ; mais Aquilin qui
en eſtoit Superieur , ne voulut pas ſeulement qu'ils s'y repo
faffent en qualité d'Hoftes. Quelques Cellules abandonnées
qui eſtoient près du Torrent de Thécoé leur fervirent de re
traite. Ils en firent encore d'autres au meſme lieu, & com
mencerent ainfi ce qu'on appella depuis la nouvelle Laure.
Le zele que le faint Abbé avoit pour ces Moines revoltés,
letenoit dans une fainte inquietude. Sçachant qu'ils eſtoient
dans la neceſſité, illeur fittenir une ſomme d'argent, obtint
pour eux la proprieté des Cellules qu'ils occupoient , entre
prit un voïage exprès leur porter lui-meſme diverſes
choſes dont ils avoient beſoin, & leur baſtit une Egliſe. Par
ce moïen il ſceut les vaincre & ils fe foûmirent à fonòbéiſlan
ce. Il leur donna pour Abbé Jean le premier de tous fes Diſci
ples. Il baſtit encore d'autres Monaſteres, où il mit des Supe
rieurs d'une grande fainteté ; & comme il n'avoit pas moins
de zele pour la pureté de la foi que pour l'exacte obſervance
de la diſcipline reguliere, il veilloit fans ceste pour empeſcher
que le venin de l'herefie neſe gliflast dans toùs fes Monaſte
res. Il convertit meſme quelques Solitaires Neſtoriens, & tra
vailla depuis avec le meſme ſuccés à faire revenir ceux qui
fuivoient les erreurs d'Eutychés & de Dioſcore. Enfin ce faint
Abbé eſtant âgé de plus de quatre-vingt-douze ans, mourut
dans fa principale Laure le 5. Decembre de l'an 531.
L'on prétend que la Liturgie qui eſt aujourd'hui en uſa- , .
ge parmi les Grecs, eſt celle que l'on obſervoit dans les Mo- a
nafteres de faint Sabas , qui l'avoit reçuë de fes Maiſtres
faint Euthyme & faint Theoĉtifte. A fon exemple il y eut és:
lufieurs defes Diſciples qui fonderent auſſi des Laures, dont pag»
CHAP ITR E
**
r.
** , ,
?
, / (6azo i/e /e (Fra/za/.
Archevéyue ale (è rarée, Docteiir afe / Eø/dre, et /?z -
.3 2 . zriazrc/, e aſer Moine.r c/Orierz z . ”- ”:v:-----/.
*- 4
P R E M I E R E P A R T 1 E , C H A p. XV I I. 169 Viz eE S
BAs I LE.
C H A P I T R E XV I I.
-- --
|
33 .
-
/(oine (Prec,
/ - R- |-
P. G.;:? ---- - Ar
PREMIER E PARTIE, CHAP. XVIII. 175
Alphons. Clavel. Antiqued. della Relig. di S. Raßlio. Et les ornst B,
Critiques pourront conſulter fa vie par M. Hermant, Chanoi-s, Basils.
ne de Beauvais, ó les Memoires de M. de Tillemont, pour /er
vir à l’Histoire Ecclestastique Tom. 9.
C H A P I T R E X V I I I.
43
P R E M 1 E R E PA R T 1 E, CH a p. XVIII. 177
Macrine avant lui avoit déja fondé un Monaſtere pour despa º
S. BASIL 5.
Vierges. Et leur frere Naucrace ne peut pas avoir eſté un des
Diſciples de ce Saint ; puiſqu'il eſtoit mort en 357. dans une
Solitude de la meſme Province, où noſtre Saint ne fe retira
que l'an 358. qui eſt le tems auquel on doit fixer l'etabliſſement
de fon Ordre. . Il aura de cette maniere quelques années
d'antiquité de plus que les Hiſtoriens du meſme Ordre ne lui
donnent ; & ce que nous allons rapporter de ſon origine, fera
plus conformeaux eſcrits de ce Saint, & à ceux de faint Gre
goire de Nazianze, comme M. Herman , M. de Tillemont,
& d'autres Sçavans ont remarqué dans la Vie de faint Baſile
u'ils nous ont donnée.
Saint Bafile aïant pris la reſolution d'embraſſer la vie Mo
naſtique, reſolut de fe retirer dans un Defert de la Province
de Pont, pour éviter le trouble & le tumulte des Villes. Il y
fut attiré par la confideration de fa foeur fainte Macrine
qui y demeuroit déja avec leur mere fainte Eumelie; & qui
y avoit formé un Monaſtere dont elle prenoit la conduite, ne
recevant pas peu d'affiſtance de faint Pierre leur frere , qui
fut depuis Eveſque de Sebaſte, dont la vertu rendoit déjace
lebres les Solitudes de Pont.
Notre faint Fondateur fut bien-toſt ſuivi par faint Gregoire
de Nazianze, & les Deferts les plus reculés devinrent une
Ville par la preſence de faint Baſile , à cauſe d'un grand
nombre de perſonnes quicherchoient à profiter de fes inſtruc
tions & de fes exemples ; de forte que ces Deferts fetrouvant
trop reflerés pour recevoir ceux qui accouroient à lui de di
vers endroits, il forma un Monaſtere, vis-à-vis celui de fa
focur. -
C H A P I T R E X I X.
Ils ont quatre Careſmes qui leur font communs avec le reſte
du peuple de leur meſme Rit. Le plus grand & le premier, eft
celui de la Reſurrećtion de Notre Seigneur qu’ils appellent la
Grande Quarantaine , & qui dure huit femaines. Pendant la
premiere ils peuvent manger dụ pọiffon, des oeufs, du lait,
du fromage ; c'eſt pourquoi ils nomment cette femaine la Ti
rini,qui fignifie fromage. Pendant les ſept femaines qui River: S
PR z M1 ER E PARTI E , CHAP. XIX. 185
ils ne peuvent point manger de tous ces alimens. Il y a nean- “
moins quelques poiſſons qui leur font permis comme ceux qui *****
n'ont point de fang, tels que font les Huitres, les Polypes, les
Petalydes, les Seches, les Moules, les Eſcargots de mer, & les
oiffons à coquilles : il leur eſt aufli permis de manger de la
qui eſt faite d'oeufs fechés d'un poiſſon appellé Té-
tard ; & du Caviard compoſé auſſi d'oeufs d’un autre poiſſon
appelléMaroni qui vient de la Mer-noire.Mais le jour de l'An
nonciation de Notre-Dame, pourveu que cette Feſte n'arrive
oint dans la femaine Sainte, ni le Dimanche des Rameaux,
ils peuvent manger du poiſſon de toute forte d'eſpece. Ainſi
leur nourriture pendant ce tems-là eſt de chofes malfaines &
de dure digeſtion, avec des legumes, du ris, du miel, des oli
ves, & des herbages. A Zante la pluſpart des Grecs ne veulent
pas meſme ufer d'huile, parce qu'elle eſt graffe , quoiqu'ils
ne faffent pas de difficulté de manger des mais en Gre
ce il n'y a que les Religieux, les Religieuſes; & quelques de
vots qui s'en abſtiennent. Pendant ce Careſme les Religieux
ne boivent point de vin , ou du moins n'en doivent point boi
re, excepté le Samedi & le Dimanche ; & leur abſtinence eſt
fi grande,que fi durant le Careſme ils font obligés, en parlant,
de nommer feulement du lait, du beure ou du fromage, ils
ajoûtent toûjours la parenthefe de Timitis agias /aracostis,
le reſpect du faint Careſme, & le Peuple à leur exemple
en fait autant.
Le ſecond Careſmeest celui des Ss. Apoſtres,quicommence
huit jours après la Pentecoſte fans eſtre borné par des jours
fixes; car en certaines années il dure trois femaines, & quel
quefois plus long-tems. Ils boivent du vin pendant ce jeûne,
& mangent du poiſſon, mais ils s'abſtiennent de laitages; &
des autres choſes qui ont rapport à la viande. Le troifiéme
Careſme eſt celui de l'Aſſomption de Notre-Dame : il dure
quatorze jours, pendant leſquels il ne leur eſt pas permis de
manger du poiſſon , excepté le Dimanche & le jour de la
Transfiguration de Notre-Seigneur. Le quatriéme Carefme
eſt celui que nous appellons de l'Advent, qu'ils commencent
quarante jours avant Noel, & qu'ils obſervent de la meſme
maniere que celui des Apoſtres. Outre ces Careſmes, qui com
me nous avons dit font communs avec les Seculiers, ils en ont
encore trois autres, dont le premier commence avant la Feſte
Tome I. Aa
186 HrsroIR E d Es ORDREs RELIGIEUx,
Moist, de faint Dimitri,& dure vingt-fixjours. Le fecond eſt de quin
GRECS.
ze jours avant la Feſte de l'Exaltation de la fainte Croix; & le
troifiéme de huit jours avant la Feſte de faint Michel. Tous les
Grecs jeûnent encore les Vendredis & les Mercredis,& quel
ques-uns les Lundis ; mais ils ont en horreur le jeûne des Ni
nivites ou de Jonas, que quelques Orientaux obſervent, com
me nous avons dit dans les Chapitres précedens. Ils le regar
dent comme ſuperſtitieux ; c'eſt pourquoi pendant la femaine
que les autres jeûnent, ils mangent de la viande.
L'orfqu'il fe preſente quelqu’un pour embraſſer la vie Mo
naſtique, on le fait quelque tems, & eſtant admis on
le fait venir à l'Eglife,où le Superieur lui demande, fi c'eſt de
fon propre mouvement qu’il vient à Jeſus-Chriſt : s'il n'y eſt
point contraint par la neceſſité : s'il renonce au monde & à
tout ce qui lui appartient : s'il perſeverera dans le Monaſtere
& dans les exercices de la vie Monaſtique : s’il fera foumis à
fes Superieurs : s'il gardera la chafteté juſqu'à la mort. Il l'ex
horte de bien prendre garde aux engagemens qu'il va con
tracter avec Jeſus-Chriſt ; il l'avertit queles Anges font prêts
pour recevoir fon Voeu, dont on lui demandera compte au
jour du Jugement.
Le poſtulantaiant reſpondu qu’il fe foumet à tout ce qu’on
lui propoſe, le Superieur dit : Notre Frere N. prend le commen
cement du/aint ó Monastique Habit; diſons pour lui que le Seigneur
lui faffe mifericorde : les Religieux repetent toûjours par trois
fois, que le Seigneur lui faffe mifericorde. Il lui coupe lesche
veux en forme de croix en commençant par le fommet de la
teſte ; il coupe enfuite le devant, le derriere, & les coſtés en
difant: Notre Frere N.a les cheveux coupés,au nom du Pere,du Fils,
có du faint E/prit ; difens pour lui que le Seigneur lui faffe miſe
ricorde. En lui donnant la Tunique : Notre Frere N. est revête
de la Tunique de justice pourgage du faint c-Angelique Habit;di
fons &c. En lui donnant le Bonnet : Notre Frere N. reçoit le
ca/que fur fa teste, au nom du Pere, du Fils, có dufaint Eſprit ;
difons pour lui &c. Voila en quoi conſiſte l’Habit des Religieux
de la premiere claſſe; & lorſqu'ils l'ont porté pendant trois ans,
on leur donnel’Habit desProfez,que l’on nomme le petitHabit,
& qui fe donne avec les ceremonies qui ſuivent.
Les Religieux aïant commencé leur Office, le Sacriſtain
conduit hors del'Egliſe celui qui doit prendre l'Habit; & com
z r. p. 26.
|-/ /Y’C,
3f Avec le petit ha Azz-. 2. cu:::--: . --
PREMIERE PARTřE, CHAP. X I X. 187
me il n'est pas encore reçu au nombre des Anges : & qu'il eſt :
dansle rang des penitens, il demeure à la porte de l'Egliſe. En -
|
į§|į
}
R
-
N }
|
--I------
-
- ---------r--r--r--r----- ----- ----=r
-
-
/ I
2
/%7 // 4. (? /x/ C
• r
C // C,
ɔ
/72.
37
e_
~^
*-- «
194 HIsto 1A E DES ORDRES RELIGIEUx,
MoN A s
TE RES DES fainteté des Religieux qui y ont demeuré, comme faint Átha:
Mo i NE s naſe de Sinaï, & faint Jean Climaque qui y a compoſé fon
GREcs. Eſchellefainte. Il eſt au bas de la Montagne où l'on montoit
autrefois depuis le pied juſqu'au fommet par quatorze cens
degrés qu'on prétend avoir eſté faits par ordre de l'Impera
trice fainte Helene , & dont on voit encore les veſtiges. Ce
Convent eſt un grand baſtiment de figure quarrée, entouré
de murailles de cinquante pieds de hauteur. Elles n'ont qu'u
ne porte qui eſt meſme bouchée pour en defendre l'entrée
aux Arabes ; & du coſté de l'Orient, il y a une feneſtre par
où ceux de dedans tirent les Pelerins avec une Corbeille qu'ils
deſcendent au bout d'une corde paſſée dans une poulie ; &
par cette feneſtre & cette meſme corde, ils envoient à man
ger aux Arabes. Il y a pluſieurs Granges ou Metairies dans
pluſieurs endroits d. la Chreſtienté qui appartiennent à ce
Monaſtere. Il y en a une entre les autres à Melline , nommée
fainte Catherine des Grecs, qui a titre de Prieuré & où reſide
un Prieur avec quelques Religieux qui y font envoïés par
l'Abbé du Mont-Sinaï. Ils y officient felon le Rit Grec d’O
rient ; mais quand ils arrivent, il faut qu'ils renoncent à leurs
erreurs, & faffent profeſſion de la Foi Catholique. -
terre. L'Eglife eſt petite, mais bien baſtie, & elle n'eſt deſſer
vie que par dix Moines qui font fortignorans. . .
A Paros autre Iſle de la Mer-Egée l'une des Cyclades, les
Moines Grecs y ont fix ou ſept Monaſteres qui font fortbeaux,
où ils vivent fort commodement. Celui qui eſt dans la ville -
de Kefulo eſt dedié à faint Antoine. Il y aordinairement dou-
PREMIER E PARTIE, CHAP. XX. 197
ze Religieux qui font gouvernés par un Abbé. Mo NAs --
*
- -
-,
T. r. P. 2 o z .
C H A P I T R E X X I.
C H A P I T R E XXl I.
F -
$AF`R`
(Y)
'i.
$ |-
&
W
{ -
1 M
\t
|- *
N \,
t
R
" ", M A
W , ! N
y" i ys H "{
1 %
Er e &s \,
Çy % ł H.
-csºp" RN -
|"
"TH , : rt.
i. r.
-
* ----
- v . . . -
*. -
|-
. . »NN*** - -
S ~~~- ----- -
. *
- *- -
* .
. . --~T~
– ,s
---.---*.
s ~~~~ ~
--
* ~- ~ ~~~~ -
- -
- cy zce . 4(oscovite.
| P --iza-t.r:
PREMIER E PARTIE, CHAP. XXI. 207
M O INES
qui ont eu le malheur de tomber fousladomination desTurcs. MoscOv 1
Mais nonobſtant
fouffrir les maux
le plus fouvent de laque Infideles,d'Orient
desReligieux
partles ont à TE
& nonobſtant
les erreurs dont la pluſpart font infectés, il y en a neanmoins
beaucoup qui font reunis à l'Egliſe Romaine & qui lui obcif
fent. Il n’en eſt pas de meſme en Moſcovie , où les Religieux
auffi-bien quele peuple , n'ont jamais voulu entendre parler
d'Union avec l'Egliſe Romaine , & font toûjours, non ſeule
ment reſtés avec opiniaſtreté dans leurs erreurs qu'ils ont re
çuës des Grecs; mais en ont encore ajouté d'autres , ce qui a
auffi cauſé entr'eux & les Grecs le ſchiſme & la divifion.
Il y en a qui ont pretendu que l'Apoſtre faint André leur
avoit annoncé l'Evangile; mais felon l'opinion la plus com
mune, ils n’ont reçu le Chriſtianiſme par le moïen des Grecs
que versl'an 987. ou 989, fous le Grand Duc Wolodimer,
ce qui eſt plus conforme à la verité. Les Moſcovites ne fça
vent paseux-meſmes le tems que leurs Anceſtres ont renoncé
au culte des Idoles, car le Czar Jean-Baſile , dans la reponſe
; qu'il fit à la Profeifion de Foi d'un certain Jean Rhoita He Theolog,
retique Huffite , lui dit que les Moſcovites eſtoient baptiſés Mofovit,
au nom du Pere, & du Fils , & du faint Eſprit, depuis que
le Grand Czard Wolodimer, inſpiré de Dieu , avoit efté
regeneré par les eaux falutaires du Bapteſme, & qu'il avoit
pris le nom de Bafile, & que depuis ce tems-là,leur Foi ne s'ap
pelloit plus la Foi Ruffienne, mais la Foi Chreſtienne. Cepen
dant dans une conference que le meſme Prince eut avec le
Pere Poſſevin Jefuite au ſujet de la Religion en 1581. il lui dit
que dès le commencement de l'Eglife, ils avoient reçu la Foy
Chreſtienne , lorſque faint Ändré frere de l'Apoſtre faint
Pierre eſtoit venu en leur païs, d'où il eſtoit allé à Rome , &
qu'enfuite après la converſion de Wolodimer la Religion
s'eſtoit beaucoup étenduë
L'opinion la plus commune estant donc quele Chriſtianiſ
me n'a commencé que fous le Regne du Czar Wolodimer
par le moïen des Grecs ; ce fut auſſi dans ce tems-là que la
Vie Monaſtique y fut introduite. Il y a quelques Auteurs
qui difent, que les Moines de ce païs-là ne fçavent de quel
Ordre ils font. Il eſt certain qu'ils ont toûjours fui
vi la Regle de faint Bafile. Mais comme le Patriarche & les au
tres Prelats Moſcovites ont changé beaucoup de chofes dans
108 HIsto 1R E DES ORDRES RELrc r EUx ,
Mo
O SCO VI
la Liturgie des Grecs, fuivent leur Religion , les
TE 5. Moines Moſcovites ont auffi changé beaucoup de choſes de la
Regle de faint Bafile , quoiqu'ils fe diſent Religieux de fon
Ordre. * *
qui fait que les devotions & les pelerinages font frequensence
lieu,& qu'ils ont fourni de quoi baſtir un tres-beau Convent.
Tome I. Dd
2IO HIsto 1R E DES ORDRES RELIGIEUx , . . . .
Mo i NEs
Moscov I -
Le Patriarche, les Archeveſques & les Eveſques de Mof
TES, covie font tous tirés des Cloiſtres,ſelon l'ancienne pratique des
Grecs. Ils font habillés de noir de la meſme maniere que les
Moines. Leur habit confiſte en une veſte ou foutane,ils ont par
deffus,un manteau long, & portent ſur la teſte un chaperon
ou voile noir, qu'ils laiffent pendre fur le cou & fur le dos.
Ce qui diſtingue l'habit des Eveſques de ceux des Moines ;
c'eſt que ces Prelats portent quelquefois des habits de foïe, &
que fur leurs manteaux ils ont trois bandes blanches ſur
les coſtés, pour marquer, à ce qu'ils difent, que de leur coeur,
il fort comme des torrents de bonne doćtrine & de bons exem
ples. Il y a auſſi d'autres Eveſques Grecs qui portent de pareils
manteaux. Les uns & les autres ne mangent jamais de viande.
& obſervent les meſmes Careſmes des Grecs ; les Moines jeû
nent neanmoins plus auſterement que le peuple, y en aïant
qui fe contentent d'un petit morceau de pain & d'un peu de
petite bierre. Il y en a pluſieurs qui vivent dans des Solitudes,
feuls dans de pauvres cabanes, ou avec quelques compa
gnons, & qui ne mangent que des herbes & des racines. .
Ils font les trois Voeux de pauvreté, de chafteté & d'obeïf.
fance ; quiconque les tranſgreſle ou fort du Monaſtere com
me Apoſtat,& qu'il foit repris , eſt renfermé dans une prifon.
perpetuelle ; & quoique l'autorité des Archeveſques & des
Eveſques foit fortgrande en Moſcovie , ils ne peuvent nean--
moins diſpenſer perſonne d'aucun Voeu. Fabriditque la Pro
festion Monaſtique demande une fi grande chafteté, que
quoiqu'une perſonne qui a eſpouſé une Vierge puiſſe eſtre
ordonné Preſtre, il ne peut neanmoins eſtre admis à la Pro
feſſion Monaſtique. Cela ne s'accorde pas cependant avec ce
ue dit Guaguini, qu'un Preſtre aïant perdu fa femme, eſt:
des fonctions de fon Ordre, à moins qu'il n'entre
dans un Monaſtere pour y vivre felon les meſmes obſervan
ces des Moines & affifter aux Offices: que s'il garde la chaf
tetépendant fon Veuvage ; il peut affifter au Choeur avec
les autres Miniſtres de l'Egliſe 3 mais que s'il fe remarie, ce
ui lui eſt permis , il eſt abſolument privé pour toûjours de la
du Sacerdoce. C’eſt ce que P. Poſſevin confirme,
en diſant: que les Preſtres Moſcovites peuvent époufer une
Vierge avant leur Ordination , de meſme que les Preſtres
Grecs : que fi après la mort de leurs femmes, ils veulent em--
/ *v
otrz y
)e /()/ (),’ * ) • t “/”, aj / (
cr: PoMe -
- PREMIERE PARTIE, CHAP. XXIII. 2 II
C H A P I T R E X X I I I.
Mo INEs
DE LA Rus
autres Moines des Monaſteres qui y font en grand nombre.
s IF BLAN Ils deputerent quelques-uns d'entr'eux vers le Pape Cle
CHE. ment VIII. pour le reconnoiſtre comme le Souverain Chef
& le Paſteur de l'Eglife Univerſelle. L'Archeveſque de Kio
vie fut Chef de cette Ambaſſade avec dix Eveſques & quel
ques Archimandrites des Monaſteres. Ils furent favorable
ment reçus par le Pape, qui leur donna Audiance dans un
Confiſtoire public le 22. Decembre 1595, où l'on reçut avec
beaucoup de joie leur Profeſſion de Foi. Mais à peine furent
ils retournés en Pologne, que ceux qui eſtoient reſtés dans le
Schiſme , apprehendant que l'Union qu'on venoit de faire
avec l'Egliſe Romaine, ne fift un grand progrés & ne s'intro
duifift dans la Moſcovie , perfecũterent cruellement les Ca
tholiques, en firent mourir pluſieurs , & ruinerent un grand
nombre de Monaſteres. -
C H A P I T R E X X I V.
*,~...--> -- - ----
** * *
s=s>>:* -->
-
/ -
. ' () / / / ( -
»
Oe /O/'Or c)e. W 43a.ſi/e
»
*
t' /, /
*/ ' tl ,yn C', ,'t
*
er?
« /ta /, e, ! ! 'e 'c' la C- C’ll le . .*, , uxor, .^
*,
PR E M 1 E R E PA R T 1 E , C H A p. XXIV. zr5
reste plus preſentement que vingt-deux Abbaïes en Sicile, „Moirº
treize dans le RoiaumedeNaples,š quelquesautres à Rome &
dans fon territoire,qui compoſent en tout trois Provinces dif- Italis.
ferentes, fçavoir , Calabre, Sicile & Rome, qui ont chacune
leurs Superieurs Provinciaux,& font foumiſes à l'Abbé Gene
ralde tout l'Ordre. -
C H A P I T R E XX V.
||
}|
A
4
|
E iij
2.2.2. HIsro IRE DES ORD RES RELIGIEUx,
MO IN E S
D E S. BA
s! LE RE
FoRME's, C H A P I T R E XX V I.
APPE LLE's
DE TAR -
D O N. Des Moines de faint Baſile, Reformés appellés de Tardon.
9
f. i 39
-
« UN *. -
»S
v.
- sss ~~~~
Ss S
--S ~
}|
N§
| |# V
§N
} |
-
- -
P R E M 1 E R E P A R r 1 E, C H A P. XXVII. 229
Moi Nis
EscLA
C H A P I T R E X X V I I. voNs.
C H a r i T R e XX V I II.
Des Religieuſes de l'Ordre de faint Bafile tant en Orient
- - qu'en Occident.
- O U s avons veu dans le Chapitre dix-huit, que le
N Grand faint Baſile à fon retour de la Syrie & de l'E
g | te, ne s'eſtoit déterminé à choiſir la Province de Pont
pour la retraite , qu'à cauſe que fainte Macrine fa focur s'y
eſtoit déja retirée, & y avoit fondé un Monaſtere pour des
filles. Cette Sainte eſtoit l'aifnée de faint Bafile & de fes au
tres freres & foeurs. Outre le nom de Macrine, elle avoit en
core celui de Thecle que Dieu lui avoit donné avant meſme
qu'elle fuſt néc.Elle fut élevée avec un foin tout particulier
par ſa mere Eumelie , & c'eſt à l'éducation qu'elle reçut de
cette fainte mere , que faint Gregoire de Nyffe qui a fait la
Vie defainte Macrine, raporte fa fainteté. . .
- Dès l'âge de douze ans, fa beauté extraordinaire que les
Peintres même les plus habiles ne pouvoient repreſenter, lui
donra ant d'éclat, qu’elle fut recherchée par un grand nom
bre de jeunes gens. Son pere en choifit un dont il connoiſſoit
particulierement la parenté & les bonnes moeurs , & lui pro
mit fa file lorſqu'elle feroit en âge de l'eſpoufer. Mais Dieu
aïant retiré du monde ce jeune homme avant l'accompliſſe
232 HisrorRE DES ORD R ES RELIGIEUx,
Retroinu-
s EsDE S.
ment des Nôces , Macrine fe confidera comme Veuve, pour
BAsilk. avoir la liberté de demeurer Vierge.
Elle s'attacha abſolument auprès de fa mere, & lui fut d'un
grand fecours après la mort de fon pere , pour le gouverne
ment de fa maiſon , aïant à foutenir le poids d'une nombreu
fe famille. Elle lui rendoit toutes fortes de fervices juſqu'à s'af
fujetir à lui faire fon pain & à la nourrir du travail de fes
mains. Ce fut elle qui anima faint Bafile vers l'an 356. à renon
cer abſolument au monde, & fortifiant par fa vertu celle de
fa mere, elle la porta enfin à renoncer à tout le faſte de fa
qualité, pour s'égaler , comme fa fille, à ſes propres fervan
res, & faire un Monaſtere de Vierges de la maiſon qu'elle
avoit près d'Ibore dans le Pont ſur riviere d'Iris, Sainte
Macrine fut la Superieure de cette Maiſon ( au moins depuis
la mort de fa mere qui arriva fur la fin de l'an 373. ) & fes
Religieuſes faifoient profeſſion d'une humilité & d'une pau
vreté fi grande, qu'elles mettoient toute leur gloire à n'eſtre
connuës de perſonne, & toutes leurs richeſſes à ne rien poſſe
der. Macrine, en fe conſacrant à Dieu , avoit partagé avec
fes freres & foeurs la ſucceflion de leur pere, fans rien refer
ver de fa part ; mais elle la diſtribua aux pauvres par les mains
de fon Eveſque. Elle perſevera fi conſtamment dans cette
pauvreté qu'elle avoit voüée ; que lorſqu'elle deceda, ce qui
arriva le 19. Juillet de l'an 379. on ne lui trouva qu'un voile,
un manteau, de vieux fouliers, un cilice eſtendu fur un ais
qui lui fervoit de lit , & un autre qui lui fervoit auſſi de che
vet , avec une petite Croix de fer & un anneau de meſme
matiere dans lequel il y avoit un petit morceau de la vraïe
Croix de Notre-Seigneur.
Saint Bafile qui avoit eu la conduite de cette Communau
té, lui preſcrivit des Regles auſſi-bien qu'aux autres Mo
naſteres de filles qu'il eſtablit. Il y en avoit un entr'autres
dans la ville de Ceſarée qui eut pour Superieures deux de fes
nieces, & toutes ces Religieuſes eſtoient appellées Chanoi
neſſes, comme il paroiſt par le Traité des Penitences Reli
gieuſes, qui eſt à la fin des petites Regles de ce Saint. Il y
eut dans fuite un fi nombre de Monaſteres de ces
Religieuſes , qu'il n'y avoit preſque point de villes en Orient
où il ne s'en trouvaſt quelqu'un. Mais comme l'Empereur
Copronime qui s'eſtoit declaré l'ennemi des faintes Images
environ
PREMI E R E PARTI E , CHAP. XXVIII. 233
environ l'an 741. perſecuta les Moines de faint Bafile qui en ::::::
prenoient la defenſe, qu'il en chaſla une partie hors de l'Em- ”
pire, comme nous avons dit autre part , qu'il en fit mourir
, & qu'il leur ofta leurs Monaſteres ; les Reli
gieuſes ſe trouverent enveloppées dans le meſme malheur :
c'eſt pourquoi le nombre des Monaſteres fut notablement di
minué , & dans la fuite la pluſpart ont embraſſé le Schiſme &
1'Herefie à l'imitation des Moines.
L'on peut juger des Obſervances Regulieres des anciennes
Religieuſes Grecques, par les Conſtitutions qui nous reſtent ·
du Monaſtere que l'Imperatrice Irene Ducas, femme de l'Em
pereur Alexis Comnene, fit bâtir à Conſtantinople l'an II18.
en l'honneur de la fainte Vierge fous le nom de Pleine-de
Grace, auquel elle donna ces Conſtitutions ſuivant l'uſage
des Grecsvingt-quatre
y avoir qui accordoitReligieuſes
ce pouvoir dans
aux Fondateurs. Il devoit
ce Monaſtere, Anal.a.
& ce gar Toms
.*
134 : Histo 1RE D Es ORD R ES RELIGIEUx , .
Ritter
s Es D 8 S- mis, & l'uſage en eſtoit defendu aux autres jours de jeûne.
BA SILE, Elles fortoient du Monaſtere pouraller voir leurs parens ma
lades. Les femmes pouvoient entrer chez elles; mais pour les
hommes, elles recevoient leurs viſites à la porte & devoient
eſtreaccompagnées de quelques anciennes. Tous les mois el
les pouvoient prendre le bain, & les malades toutes les fois
que le Medecin l'ordonnoit. Ce Medecin devoit eſtre Eunu
ueou vieux. Comme le Monaſtere avoit peu d'eſtenduë, leur
eſtoit dans un autre nommé Cellarée, que l'Impe
ratrice avoit obtenu du Patriarche , & dans lequel elle mit
quatre Religieuſes du Monaſtere de la fainteVierge Pleine-de
Grace avec un Preſtre feculier pour y faire l'Office; on y tranſ
ortoit la deffunte, & il y avoit au Convoi le nombre de Re
gieuſes reglé par l'Abbeſſe.
Ces Monaſteres & les autres qui eſtoient dans Conſtanti
nople ont eſté ruinés par les Turcs. Il en eſt neanmoins reſté
quelques-uns dans les autres lieux que poſledent ces Infide
les, mais les Monaſteres de ces Religieuſes ne font pas en fi
grand nombre que ceux des hommes ; il s'en trouve nean
moins quelques-uns qui font affez conſiderables.
L'on en voit un au grand Caire où il y a ordinairement .
cent Religieuſes qui n’y peuvent eſtre reçuës que dans un âge
fort avancé. A Jeruſalem il y a auſſi un Monaſtere de Reli
gieuſes Grecques qui font fous la protection du Patriarche,
& vivent comme les Religieux des aumofnes que leur font
les Pelerins. Ce font toutes vieilles femmes, qui , malgré leur
cloſture,ne laistent pas de fortir de leur Monaſtere toutes les
fois que les Grecs ou les Latins font quelques folemnités par
ticulieres dedans ou dehors Jeruſalem. Il y a pluſieurs Mo
naſteres de ces Religieuſes dans la ville d'Athenes, elles fub
fiſtenten partie des Fondations faites parles Chreſtiens, & em
partie des ſecours de quelques ouvrages qu'elles font à l'ai
guille: à ce defaut les charités de la ville ne leur manque
roient pas, perſonne n'y demandant l'aumoſne, & on a foin
d'y faire ſubſiſter les indigens chacun chez foi ; ce qui fait
qu'il n'y a point d'Hopitaux dans Athenes. Le principal Mo
nastere de ces Religieuſes eſt bien baſti, elles y gardent la
Cloſture, & leur Egliſe eſt undes plus beaux baſtimens de la
ville. L'Archeveſque, dont la maiſon eſt vis-à-vis de ce Mo
naſtere, eſtle Superieur de ces filles quin'ont point de Supe
R|į
"
zezane )e /Ordre )
en Orien / e est’a-t .A
|
PREMIERE PARTIE; CHAP. XXVIII. 235
rieure parmi elles, non plus que les autres qui ſe trouvent Rittet"
dans l'Örient, où elles vivent la pluſpart felon que la nature , *
leur inſpire, n'aïant aucune obſervance & ne recitant aucun
Office. On les entend fouvent marmoter quelques Kyrie elei
fon, & c'est tout ce qu’elles fçavent : on voit peu de filles &
de femmes riches fe faire Religieuſes, & ce font preſque tou
tes miſerables que la y contraint, & à qui l'âge a
fait perdre l'eſperance du mariage. . .}
3}}
|
|
1
| :,|
Pr#
-#
»
G2 Oe/Or), e Oe.J. Ba. ile
ligi(?//«1
n Occident, ran r (ou/e .
%2 P cuớa-t a
-w--^-__-- |
*
;
|
C H A P I T R E XXIX.
*
P
. Gizºare . " - -
PREMIER E PARTIE, CHAP. XXIX. 239
Alexandre s'eſtant fauvé de la ville où on le vouloit faire . Mºtºrs
Eveſque, marcha deux jours dans le Deſert & s'arrêta dans ***
un lieu qui fervoit de retraite à trente voleurs. Il demanda à
Dieu leur converſion,& fa priere fut exaucée : car leur Chef
fut le premier à fe reconnoiſtre, & mourut huit jours après
avoir reçu le Baptême. Les autres aïant ſuivi fon exemple
changerent leur caverne en un Monaſtere, & ſe mirentfous
la conduite d'un Superieur qu'Alexandre leur donna.
Les aïant quittés, il baſtitun Monaſtere ſur le bord de l'Eu
hrate, où il demanda à Dieu pendant troisjours d'y pouvoir
eſtablir une Pfalmodie continuelle. Sa Communauté s'aug
menta de telle forte, qu'il eut juſqu'à quatre cens Moines
differentes Nations, des Syriens naturels du païs, des Grecs,
desLatins, desEgyptiens,& il les diviſa en pluſieurschoeurs qui
fe ſuccedant les uns aux autres celebroient continuellement
l'Office divin. Ils obſervoient une exacte pauvreté ; chacun
n'avoit qu'une tunique, ne fe fourniſſoit de vivres que pour
chaque jour, & s'il en reſtoit on le donnoit aux pauvres fans
rien garder pour lelendemain.
Après avoir demeuré vingtans dans ce Monaſtere fur l'Eu
phrate,il deſtina ſoixante &dix de fes Diſciples pour aller prê
cher la foi aux Gentils. Il en choiſit cinquante pour le ſuivre
dans le Deſert, & laiſſa les autres dans le Monaftere fous la
eonduite de Trophime. Il fut enfuite à Antioche,où vingt ans
auparavant,en 4ò4. il s'eſtoit fortement oppoſé à l'intrufion
de Porphire dans ce fiége qui eſtoit pour lors occupé par l'E
veſque Theodoſe. Ce Prelat prevenu contre lui, le fit chaffer
le prenant apparemment pour estre de la secte des Euchites
:
ou Meſlàliens,à cauſe de la priere continuelle, & du païs d'où
il venoit. Il reçut meſme un ſoufflet de la main d'un Ecclfiaſti
que nommé Malchus, qui ordre de cet Eveſque estoit allé
avec quelques autres pour le chafter de la ville,& il ne reſpon
dit à cet outrage que par ces paroles de l'Evangile: or le nom
de ce Serviteur estoit Malchus. Le Peuple qui le regardoit com
me un Prophete prit ſa defenſe ; mais il fallut ceder à l'au
torité du Gouverneur qui le relegua à Calcis avec ſes Diſci
ples. S'eſtant déguiſé en mandiant, il alla dans un Monaſtere
nommé Chriſten, & fut bien étonné d'y trouver fon Inſti
Pſalmodie perpetuelle, qu'un de fes Diſciples y avoit
C1Ta D11, -
24O HIsto 1R E DES ORDRES RELIG I EUx ,
MO IN B s
A c ='ME Enfin il quitta la Syrie, & avec vingt de ſes Moines, il vint
TES. à Conſtantinople, où il fonda un Monaſtere près de l'Egliſe
de faint Menne. En peu de tems il y eut juſqu'à trois cens
Moines de diverſes Langues, Grecs, Latins & Syriens, tous
Catholiques, & dont pluſieurs avoient demeuré dans d'autres
Monaſteres. Il les divífa en fixChoeurs qui chantoient l'Office
tour à tour ſe ſuccedant les uns aux autres ; deforte que Dieu
eſtoit loüé dans ce Monaſtere à toutes les heures du jour &
de la nuit. De-là leur vint le nom d'Acémetes, qui ſignifie
en grec des veillans , ou gens qui ne dorment point, parce
qu'il y avoit toûjours une partie de la ö qui
veilloit.
Comme ils ne travailloient point, & n'avoient point d'au
tres biens que leurs livres, on admiroit comment ils pouvoient
fubſiſter : c’eſt pourquoi on les ſoupçonna d'eſtre de la Secte
des Meſſaliens. Alexandre fut arrêté par deux fois,on voulut
l'obliger à interrompre ſa Pſalmodie, on renvoïa ſes Diſciples
à leurs premiers Monaſteres : enſuite on le mit en liberté
croiant qu'il demeureroit ſeul ; mais le jour meſme qu'il for
tit de priſon, ſes Moines le rejoignirent, & ils recommence
rent leur Pſalmodie. Il s'en alla avec eux vers l'embouchure
du pont Euxin & il y fonda un Monaſtere où il mourut vers
lan 43o.
La reputation de faint Alexandre avoit attiré à Conſtanti
nople faint Marcel, & il entra dans ſa Communauté, où il fit
un grand progrès dans la perfection, enforte que prévoïant
qu'on l'éliroit Abbé après la mort de ce Saint, il fortit & alla
viſiter les autres Monaſteres, d'où il ne revint qu'après l'élec
tion de l'Abbé Jean,qui transfera ſa Communauté à une demie
lieuë de Conſtantinople dans un lieu appellé Gomon, & y
fonda une Maiſon qui fut depuis appellée le grand Monaſtere
des Acémetes. Ils le nommerent auffi Irenarion ; c'eſt-à-dire
paifible, à cauſe de la tranquilité & de la liberté qu'ils y trou
verent plus grande qu'à Conſtantinople, où la nouveauté de
leur eur avoit attiré beaucoup de contradictions &
de trouble. Mais l'Abbé Jean eſtant mort peu de tems après,
Marcel fut élu en fa place, & il lui vint un fi grand nombre
de Diſciples qu'il fallut augmenter de beaucoup les baſtimens
du Monaſtere. La Providence divine le fecourut dans ce be
foin ; car un homme très riche nommé Pharetrius, ſe vint
~
donner
-
*
|
*
|
-
*
-
- -
-
|
-
| -
* *
* - e |
|
-
-
|-
-
-
-
|- *
|
* * . |
|
-
- -
- -
} |- -
*, |-
* *** - *-
* -
|-
. . . .
-
- -
* -
-
* - * *
* • • *
: |
-
** *
|
*..
, |
!
|
|
* -
e_
7zezade (Z cejn e/e,
cºtt /'tır. ť
-
-
“c” .
P. ergart , -
|
PREMIERE PARTI E , CHAP. XXIX. | 141
donnerà lui avectous
Saint les revêtit fes enfans qui eſtoient
de l'habit encore
Religieux fort jeunes.
& emploïa leurs Le Md isEsi
ri- ACEMET
cheffes à l'uſage de la Communauté. Il baſtit une Maiſon pour
recevoir les malades & les perſonnes du dehors. Sa Commu
nauté devint un Seminaire d'excellens hommes.Ceux qui ba
ftistoient des Monaſteres ou des Egliſes,lui demandoient de fes
Diſciples pour mettre dans ces lieux faints. Il eſtoit Preſtre &
Abbé dès le tems du Concile tenu à Conſtantinople l'an 448.
comme il paroiſt par l'aćtion quatriéme du Concile general de
Chalcedoine, & par deux Lettres deTheodoret qui releve fort
fa pieté & ſon zele pour la foi. Il mourut vers l'an 485. après
avoir eſté plus de foixante ans Religieux. Quelques-uns ont
cru,après Nicephore, qu'il avoit eſté le Fondateurdes Acéme
tes ; mais il n’en a eſté, comme nous avons dit, que le Ref
taurateur & le Propagateur.
Ce fut du tems de faint Marcel, qu’un grand Seigneur nom
mé Studius qui avoit eſté Conful, fonda à Conſtantinople un
Monaſtere l'invocation de faint Jean Baptiſte, & y mit
des Religieux qui furent tirés de Gomon. Ainſi les Acémetes
retournerent dans cette ville Imperiale l'an 463. ce qui fit qu'on
les appella auffiStudites,du nom deceMonaſtere deStudius qui
eſtoit à l'extremité de Conſtantinople vers la porte dorée. Ön
dit qu'il fut habité de mille Moines , & les Lettres & la pieté y
fleurirent beaucoup. Saint Theodore, faint Nicolas,faint Pla
ton & d'autres faints Religieux, ont eſté nommés Studitesà
cauſe qu’ils avoient demeuré dans ce Monaſtere. Cet Inſtitut
fut auffi introduit dans les Monaſteres de faint Die, de faint
Bastien & de pluſieurs autres. L'on fonda meſme dans la ſuite,
un autre Monaſtere à Conſtantinople fous le titre defaint Die,
& il y en eut encore un troifiéme qui eſtoit fort grand & fort
fpatieux.
Ces Religieux Acémetes s'oppoferent avec beaucoup de ge
nerofité à Acace Patriarche de Conſtantinople que fon ambi
tion avoit revolté contre l'Egliſe,en prenant le parti de l'here
fiarque Eutichés vers l'an 484. mais dans le fiécle ſuivant ils ne
furent pas fi fidelles. Ils donnerent dans les queſtions du tems
qui alors tout l'Orient & qui avoient fi fort échauffé
les eſprits : de forte que fous préte te de defendre la foi Ca
tholique, ils s'engagerent dans les fentimens de l'impie Neſto
rius. L’Empereur Juſtinien zelé defenfeur de la foi Catholi
Tome I. - H h
24 z HIstorRE DES ORD R ES RELIGYEvx, -
MoINEs
Ace Miras
que les fit condamner à Conſtantinople. Ils crurent qu'ils ſe
roient mieux traités à Rome, où ils envoierent deux de leurs
Moines vers le Pape Jean II. fçavoir Cirus & Eulogius pour
defendre leuropinion , & en obtenir ř du
faint Siége. Leur erreur confiſtoit à nier qu'une des Perſon
nes de la Trinité euft ſouffert en fa chair, & que la fainte
Vierge fuſt proprement & veritablement la Mere de Dieu.
L'Empereur de fon coſté envoïa à Rome Hypotius Eveſ
ue d'Epheſe , & Démétrius de Philippes, pour conſulter le
Siége furces queſtions, & pour lui expoſerfa Foi & celle
de l'Egliſe d'Orient dont il demandoit l'approbation. La Let
tre de l'Empereur eſt datée de l'an 533. & le Pape, après l'a
voir reçuë & écouté fes Ambaſſadeurs, approuva la Confeſ
fion de l'Empereur contenuë dans fa Lettre , comme auſſi
l’Edit qu’il avoit fait touchant ce qu’on devoit croire fur ces
opinions , & qu’il avoit fait publier avant le départ de fes.
Ambaſſadeurs. Comme ces Moines Acémetes toù
jours dans leurs erreurs, illes excommunia; & dans une autre
Lettre que le meſme Pape eſcrivit l'année ſuivante aux Sena
teurs Avienus, Liberius & quelques-autres,où il leur expoſe les
queſtions qui lui avoient eſté propoſées par l'Empereur,&qu'il
approuvecomme très-Catholiques,il les avertit en meſme tems
qu'ils ne doivent pas communiquer avec cesMoines Acémetes
qui eſtoient de fentiment contraire. Cet Ordre a eſté entiere
mentaboli dans la fuite. Il y avoit auffi desReligieuſes du meſ
meInſtitut,& il en reſtoit encore un Monaſtere à Conſtantino
ple lorſque les Turcs s'emparerent de cette ville. Leur habil
lement auffi-bien que celui des Religieux , eſtoit d'une étsf
fe verte, & ils avoient ſur la poitrine une double croix rou
ge. C'eſt ainſi que les a repreſentés Schoonebeck ; & le P.
Bonannia fait graver ſeulement l'habillement des Religieu
fes aufquelles il ne donne point de croix. Je ne fai fi c'eſt de
ces Acémetes ou Studites, qu'Abraham Bruin , Joffe Amma
nus & Michel Colyn ont voulu parler lorſqu’ils ont don
né, il y a près de cent quarante ans, l'habillement d'un Re--
ligieux de l'Ordre de Conſtantinople, ſemblable à celui des
Religieux Acémetes que a gravé ; car ils n'ont
point dit quel eſtoit cet Ordre de ö Adrien
Damman dans les Commentaires qu'il a faits ſur les figures
d'Abraham Bruin, dit que ces Religieux avoient des man
-
-
T. r. P. 2 4,3 ·
-
- -
'*,
|
|| RR
' "
s
| * { |-
: |
.*
f7. N§ 44
|
-
-
- Véx: NGAN
4
}}
| * 1M
|-
W ', Wflŷ
|
"N
}}
}
-
-
W |
-
}} %
(1 % E7E
| rii
N
N
N
%%%%
f.
- N %
}} ,
}; V, 4
52 . de Genner. P Giaºr-e-.*
PREMI ER E PARTI E , CHAP. XXX. 243 -
teaux rouges, qu'ils portoient ſur ces manteaux une double Bakriis
croix jaune, & que quelques-uns pretendent que cette croix .
eſtoit bleuë & le manteau verd. Ces Religieux de l'Ordre de nas.
Conſtantinople pourroient bien eſtre les Religieux Hoſpita
liers de de faint Samſon de Conſtantinople, qui fu
rent unis aux Chevaliers de l'Ordre de faint Jean de Jeruſa
lem par le Pape Clement V. l'an 13ο8. car la des Or
dres a toùjours eſté de fe diſtinguer les uns des
autres par des croix Ainſi on ne peut pas aſſurer fi
cet habillement eſtoit veritablement celui des Acémetes, ou
celui des Hoſpitaliers de l'Ordre de faint Samſon , qui avoient
les uns & les autres des Maiſons à Conſtantinople.
Baronius, Annal. Eccleſ. Tom. 6. & 7. Natal. Alexand. Hist.
Eccle/. Tom. 5. secul. 6. Fleury, Histoire Eccle/ Tom. 6. Bul
teau, Hist. Monast. d'Orient. Bonanni, Catalog. ord. Relig. Part.
2. Schoonebeck, Hist. des ord. Relig. & les Figures d'Abraham
Bruin, de Joffe Ammanus, & de Michel Colyn.
C H A P I T R E X X X.
CHAP ITR E
|
|
-
-
|
:-|-*--|---|
-
-*|
|
-
|
|
-
|
-|
-*
-
-
|-*
|
|
|
|-|-t.
-
--
-
*-*
|
-
-
|
*
*|
*--
|
-*--*
|
-
|-|-|
|
-
|-|
4.|
-
-,|
-*
-|
-|--
-
-
-|-|
-
-|--
|--
-- |-'s
",
|-*
---
-|
|--|
--*
---
-
-
|
-*
|--|
**--
|
|-|-*.
|-*|
*
-|
<
-
--|
-
-
-*
.
--
---
|
-{|
T4ørrtarren -É
53 .
- --------- -------r--r- - -
R E D E ,
C H ar i r m = XXXI. CoNsT AN:
TlN.
bre, & qui eft en ces termes: Constantinus Maximus Imperator, '
ostquam mundatus à lepra per medium bapti/matis, Milites five
Equites deaurates creat in tutelam Christiani nominis
Si l'on vouloit cependant ajouter foi à ce que dit Bifly B ny, rr:4.
dans fon Hiſtoire desComtes de Poitou,il y auroit eu un Ordre ",
"iit":
Militaire désle neuviéme fiécle; caril prétend que Guillaume
Tome I. I i
25o. Hisro1R e des ORdRes Relicieux,
» le Pieux Duc & Comte d'Auvergne,qui ſucceda
à Guerin fon frerel'an 887. avoit fondé vingt-cinq Chevaliers
-- - »v •
***- dans l'Egliſe
la guerre auxde S. Julien de
Normands, Brioude
leſquels en Auvergne
Chevaliers pour
furent faire
changés
dans la fuite en Chanoines. Il ajoute qu'il a eu en main le titre
de cette fondation;mais il nel'a point produit parmi ce grand
nombre d'autres titres qu'il a rapportés pour fervir de preuves
à fon Hiſtoire; ce qui auroit été néanmoins fort neceſſaire pour
Jena,hin. " l'on pust ajouter foi à ce qu'il a avancé de ces prétendus
Chevaliers. Cela n'a pas empêché Juſtel de citer cet Auteur
fan 'An dans fon Hiſtoire de la Maiſon d'Auvergne, & de dire après
"&"**** lui, que ce Guillaume Duc d'Aquitaine a eſté le premier des
Princes Chreſtiens qui ait inſtitué une Milice ou Societé de
Chevaliers pour la e & l'exaltation de la foi chreſtien
ne ; & que c'eſt peut-eſtre pour cette raiſon; & à cauſe des
grands biens qu'il fit à l'Egliſe, qu'il eſt appellé par S Odillon
en la vie de S. Mayeul : Christianiffimus Aquitanorum Princeps.
ll raporte néanmoins parmi les preuves de fon Hiſtoire , un
1țit. p. 11: aćte qui prouve au contraire que l'an 898. auquel temps quel
“ "***" ques uns pretendent que l'inſtitution de ces pretendus Che
valiers fut faite par ce Prince, il y avoit déja des Chanoines
dans l'Egliſe de S. Julien de Brioude, & qu'il en étoit même
Abbé, fiivant la coutume de ces temps là , que les plus
grands Seigneurs, & même des femmes mariées, jouifloient
des revenus des Abbayes comme de leur patrimoine. Voicy
cet acte: Willelmus Comes, Marchio, atque dux, cedo Eccleste S.
fuliani qui requiestit in rico Brivatenst, vbi ego dono Regio
abbatiali videor fungi officio : ut ipſe locus tutiorfit in omnibus,
Prepostumque, nomine Helfredum, ad custodiendam Canonicam
vitam , cum canonicis ſub nobis constitutis habere videar. Do
mino cum vxore mea Ingelberga, res proprietatis nostre, videlicet,
curtem nostram indominicatam, que dicitur Maceriaca &c. Ainſi
l'on ne peut tirer aucun avantage de ce que Bisly & d'autres
après lui ont avancé, qu'il y a eu dés le neuviéme fiécle des
Chevaliers inſtitués par Guillaume le Pieux Duc d'Aquitaine
dans l'Egliſe de Brioude.
Pour prouver l'antiquité de celui de Conſtantin, l'on ap
porte des Lettres du Pape faint Leon de l'an456. adreſſées,à ce
que l'on pretend, à l'Empereur Marcien, par leſquelles il con
firme cet Ordre fous la regle defaint Baſile,& d'autres Lettres
--
-
|
|
|
Illi
| 4
%4
% /* /
%%
% A
|
, itt
)i,
|
Arestre a66eastence
6eaa affe /órze «anana
* - - •
57.
, PREMIER E PARTIE, CHAP. XXXf. 1$3 ·
""22:22
|- V
"
N - NNN
"
**\* .* * **
A) ere eſervanzaſe/6r/eaźCons/an/in
* Fs A Y - ş JAM
e š
A
|S
T
|
GRAND COLLIER Ć
*R}}
-
/
A Y
Rể §
ONSTANTIN :AS È
|
----
|
|
PREMIER E PARTIE, CHAP. XXXI. ._. 255
magne à Cologne, celui de France à Paris, celui d'Eſpagne „QRºse
à Valence, celui de Flandres à Anvers, celui d'Angleterre à
Londres, &c. Tous les trois mois le Confeil doit s'aſſembler consran
à Conſtantinople, où doivent affifter tous les Grands-Croix, ***
les Provinciaux & les Prieurs de la Ville. Il y a pluſieurs grands
Prieurés, comme celui de Miſitra, celui de la Boſſine , celui
de Capadoce, celui d'Antioche , celui de Natolie, celui de
Conſtantinople , celui de Jeruſalem, & celui de Napoli de
Barbarie, avec ſeize Prieurés & vingt Bailliages, tous fitués
en Orient, & dont les Chevaliers ne retirent pas apparem
ment de grands emoluments. Ils doivent faire preuve de No
bleſſe de quatre races ; & ils s'obligent par leurs Voeux d'eſtre
fidelles à leurs Princes & au Grand-Maiſtre de l'Ordre, d'o
beïr aux Commandemens de l'Eglife, de defendre les veuves
& les orphelins, de ſuivre l'étendart de la Milice Conſtanti
nienne de faint Georges,fous la Regle de faint Baſile, de gar
der les Statuts de cet Ordre, d'affifter aux Confeils Generaux
& Provinciaux , de porter toûjours la Croix de l'Ordre,
d'eſtre humbles autant qu'il leur fera poſſible, de garder la
chafteté conjugale, d'exercer la charité, enfin de laiffer en
mourant quelque choſe à l'Ordre ; & dès lors ils s'obligent,
en cas qu’ils meurent fans faire teſtament, de lui laiſſer cent
écus d'or, pour leſquels ils obligent & hypothequent tous
leurs biens. -
- »xsYS
Z ------ -- -- /
--
4
2
|
|
c.
-
Z
- - -, -
--~~~~^
-
|
----
IO 2 .
Chanoine Seculier
4 fc la Cor:9 regation. de Jalylt George; Jrz Algha ».
-
|-
P. Gig-s-º ./
-
;
Š
N
§
f
Anazen 6a6/eme/z/.4. c4ezzz/tżvir a/e /Ørezre ze / Zzzzare,
-
aanr /e
Quunzzeme .fzec/e .
PREMI ER E PARTI E , C H A p. XXXII. 157
CHE vA
Les Souverains Pontifes avoient accordé à perpetuité la L I E RS DE
Grande-Maiſtrife de cetOrdre à laMaiſon desComnenesjmais L'ORDRE
André Ange Flave Comnene, Prince de Macedoine , le der DZAB.RE«
S. LA
C H A P I T R E X X X I I.
Ils recevoient meſme dans leur Ordre des lepreux, appa- ****
remment pour avoir foin des autres lepreux, qui ſe retiroient
volontairement dans leurs Hoſpitaux, ou que l'on obligeoit
par force d'y entrer ; & ce qui est remarquable : c'eſt qu'ils
ne pouvoient élirepour Grand-Maiſtre qu'un Chevalier le
preux de l'Hoſpital de Jeruſalem, ce qui a duré juſque ſous le
Pontificat d'Innocent IV. c'eſt-à-dire vers l'an 1253, qu'aïant
eſté obligés d'abandonner la Syrie , ils s'adreſſerent à ce
Pontife, & lui remontrerent qu'aïant toûjours élu pour leur
Grand-Maiſtre depuis leur Inſtitution , un Chevalier le
preux, ils ſe trouvoient dans l'impoſſibilité d'en élire un; par
ce que les Infidelles avoient tué tous les Chevaliers lepreux
de leur Hoſpital de Jeruſalem. C'eſt pourquoi ils prierent ce
Pontife deleur permettre d'élire à l'avenir pour Grand-Maif
tre un Chevalier qui ne fuſt pas attaqué du mal de Lepre, &
qui fuften bonne , & le Pape les renvoïa à l'Eveſque de
Freſcati,pour qu'il leur accordaftcette permiſſion après avoir
examiné fi cela ſe pouvoit faire felon Dieu. C'eſt ce qui eſt
rapporté par le Pape Pie IV. dans ſa Bulle de l'an 1565, fi ef
tenduë & fi favorable à l'Ordre de faint Lazare, par laquelle
il renouvelle tous les privileges & toutes les graces que fes
Predecefleurslui ont accordées, & lui en donne de nouvelles.
Voici comme il parle de l'élećtion que les Chevaliers de cet *
*
:
France de l'Ordre de faint Lazare; ainſi l'on peut dire que le Chiva
Pape ne fift cette union que fur un faux expoſé : en effet le ”
Grand-Maiſtre Salviati fit des proteſtations & des oppoſitions s L.;
à la qualité que le Duc de Savoye prenoit de Grand-Maiſtre za**.
de l'Ordre de faintLazare,&aux Bulles du PapeGregoire XIII.
il fit aſſembler le Chapitre General à Boigny l'an 1578. & les
Chevaliers de France fe maintinrent toujours dans la poſſeſſion
des Commanderies qu'ils avoient en ce Roïaume. Après la
mort de ce Grand-Maiſtre le Roi Henri III. donna la Grande
Maiſtriſe à Aimar de Chattes. Jean de Gayan lui ſucceda,& fur
la demiſſion volontaire qu'il donna de cette Charge à Henry
IV. l'an 16o4, ce Prince en pourveut Philbert de Nerestang
uifutauffi premierGrand-Maiſtredel’Ordre de Notre-Dame
Mont-Carmel, auquel l'Ordre de S.Lazare fut auſſi uni en
s France, comme nous dirons dans la fuite de cette Hiſtoire.
Cette ſucceſſion de Grands-Maiſtres de l'Ordre de S.Lazare
enFrance depuis que lePape InnocentVIII.ſupprima cetOrdre
en Italie l'an 149o fait voir que c'eſt à tort que le Pere Bonanni
de la Compagnie de Jeſus dans fon catalogue des Ordres Mi
tairesqu'il donna au public l'an 1712. dit,qu'après la ſuppreſſiorr
de cet Ordre, fa memoire fut obſcurcie peu à peu en France
fic paulatim ejus /odalitii memoria tum apud Gallos, tum apud
Italos est obſcurata ; puiſqu'il a toujours ſubſisté en France, où
il n'a rien diminué fon ancienne ſplendeur,qui bien loin de
s'obſcurcir a même augmenté.
Ces Chevaliersfaifoient autre-fois des voeux ſolemnels.Il y
avoit meſme desReligieuſes de cet Ordre, & il en reſte encore
un Monaſtere en Suiſſe. Le P. Bonanni a donné l'habillement'
d'un deces Chevaliers, tel que nous l'avons fait graver; mais
cet habillement eſt ſuppoſé, & n'a cſté deffiné apparemment
que fur une ſimpleidée. Les Chevaliers de S.Lazaren’ont com-
mencé à porter la croix à huit pointes qu'a la fin du quinziéme
fiécle ou au commencement du feiziéme, & cette croix a tou
jourseſté verte,à la difference de celle desChevaliers de S.Jean
de Jeruſalem qui eſt blanche. Le plus ancien monument qui
puiſſe faire connoiſtre quel eſtoit le veritable habillement de:
ces anciens Chevaliers,fetrouve dans laCommanderie de Gra
temont, où au pied d'une Image de faint Antoine en relief,
poſée ſur une eſpece de colomne, l'on voit cinq Chevaliers de
faint Lazare à genoux,armés de cuiraffè,& un hin du:
L.l iij
---- ---- - - - -- - ----
C H A P I T R E X X X I I I.
C H A P I T R E X X X I V.
§ RN
A
N
§ A
Š
§
#|
: -|
|
|
|
#
|
-
Cheva/l 62/ e //
//P o.reaſe /Ordrede.J. (}).fme
6z et de J: Darnien, c/an.r la Pale/line .
|
P - oz. ) 1-* -
r.
|
PREMIERE PARTIE, CHAP. XXXIV. 27;
de toutes parts pourtaſcher de retirer des mains des Infidelles
les Saintslieux
ques perſonnesdont ils s'eſtoientemparés,
charitables & baſtir
vers l'an Io3o de lieuHoſpital
donnaun er MideE N.s.
à quel- DA
à Jeruſalem & dans d'autresVilles,fous l'invocation des faints
Martyrs Coſme & Damien, qui durant leurvie avoient exer
cé la Medecine. Tous les malades, , & les Eſcla
ves qu'on rachetoit, y eſtoient indifferemment reçus, & la
charité de ceux qui avoient foin de ces Hopitaux, n'eſtoit pas
ſeulement bornée à fecourirles malades,elle s'eſtendoit encore
fur tous les Neceſſiteux, les Veuves, & les Orphelins,auxquels
on fourniſſoit des alimens, des veſtemens & de l'argent ; &
on prenoit encore le foin de faire enterrer les morts qu'on
trouvoit abandonnés.
Ces Hopitaliers s'emploioient auffi avec d'ardeur
au rachat des Chreſtiens qui avoient eu le malheur de tomber
entre les mains des Infidelles , ce qui fit que peu de temps
après leur inſtitution ; ils furentelevés à la dignité des Cheva
liers comme les autres Hoſpitaliers. Le Pape Jean XX. en
confirmant leur Inſtitut leurordonna de ſuivre la Regle de S.
Bafile, & leur donna pour marque de leur dignité un Manteau
blanc fur lequelil y avoit une Croix rouge au milieu de la
quelle il y avoit un cercle qui renfermoit les images des faints
Martyrs qu'ils avoient pris pour Patrons. Ils s'acquirent beau
coup de reputation dans les combats où ils ſe trouverent; mais
la Paleſtine fut contrainte pour la derniere fois de
fubirle joug des Infidelles, cet Ordre s'eſteignit entierement.
Voilà ce que l'on a eſcrit de cet Ordre,&que nous ne pouvons
pascroire, le regardant comme ſuppofé. Giuſtinianicite pour
garent de ce qu’il avance Mennenius ; mais cet Auteur ne
parle que des Religieux de la penitence desMartyrs, qui font
des Chanoines Reguliers dont nous parlerons en , &
l'ona confondu, fans doute, cesprétendus Chevaliers avec les
Chanoines Reguliers de la penitence des Martyrs, qui portent
une Croix rouge ſur un habit blanc.
Andr.Mendo. De ord. Milit. Joſeph Michieli. Teſor. Milit. di
Caval. Bernard Giuſtiniani, Hist. di tutti gli Ord. Milit.Herman
& Schoonebeck, dans leurs hist, des Ordres Militaires.
Tome I. - Mm
274- Histo1 RE DES ORD R ES RELIGIEUx ,
ORDRE
B E SA 1NT a
CaTHE R1 C H A P I T R E XXXV.
NE D U
Mo nr
Si Nai. Des Chevaliers de l'Ordre de fainte Catherine au
Mont Sinai. -
du At . / nai
- |
P. ởar A
» n /:
-
| ||
- PREMIER E PARTIE, CHAP. XXXV. 275
de fainte Catherine. Preſentement ces Chevaliers ( ſuppoſé ordri
qu’on en faſſe encore) font fortinutiles, & les Pelerins n'en :
retirent aucun fecours, non plus que des Chevaliers du faint N o
Sepulcre.
de Favin fe portoient
fainte Catherine trompe, lorſqu'il
pardeſſusditla que
croixles
de Chevaliers
Jeruſalem, IN A1. -
les marques du martyre de cette Sainte , fçavoir une rouë
ercée, à fix raïes de gueules, cloüés d'argent, comme il l'a
graver dans fon Theatre d'honneur & de Chevalerie, fur
une pareille qui lui avoit eſté donnée par M. Daubray Secre
taire du Roi, Baron de Bruyeres, & Prevoſt des Marchands à
Paris,qui eſtoit Chevalier du S. Sepulcre & de Ste Catherine;
car M. Daubray portoitainſi la croix,à cauſe qu'il eſtoit Che-,
valier de ces deux Ordres ; mais ceux qui eſtoient ſeulement
Chevaliers de l'Ordre de fainte Catherine , portoient la
rouë feule, ou entiere, ou brifée, traverſée d'une épée.
Schoonebeck s'eſt auffi trompé, lorſqu'il dit que les Reli
ieux de faint François ont le pouvoir de faire des Cheva
defainte Catherine, & que c'eſt par cette raiſon que fur
le Mont Sinaï, ils joignent la croix de Jeruſalem, ou du faint
Sepulcre à la rouë Catherine, en quoi cet Auteur a
eut-eſtre ſuivi l'opinion de Favin. Mais s'il eſtoit vrai que
es Religieux de faint François qui ont la garde du faint Se
pulcre, euffent le pouvoir de faire des Chevaliers de fainte
Catherine, le P. Quareſmo qui eſtoit Religieux de faint Fran
çois, qui avoit eſté leur Couvent à Jeruſalem, &
Commiſſaire Apoſtolique en Terre-Sainte, n'auroit pas man
qué d'attribuer ce droit à fon Ordre ; mais bien loin de l'a
voir fait , il dit au contraire qu'on voit peu de ces Cheva
liers ; ſoit que cet Ordre foit peu connu à preſent, ou que l'on
aille rarement en Pelerinage au Mont Sinaï, ou enfin à cauſe
que les Grecs qui demeurent fur cette montagne, & qui ont
pouvoir de cet Ordre, eſtant Schiſmatiques, il n'y
a aucun Catholique qui veüille recevoir de leurs mains le
Sacrement de l'Euchariſtie qu'on eſt obligé de recevoir avant
que d'eſtre fait Chevalier. Que fi ces Schifmatiques le don
nent aux Grecs , c’eſt ce qui n'a pas eſté connu au P. Qua
reſmo; & que j'ignore auffi. Ainſion peut dire que cet Ordre
eſt entierement aboli, & nous ne voïons point qu'il ait eſté
approuvé par aucun Souverain Pontife. -
C H A P I T R E X X X V I.
fenfe des Saints lieux, & qui avoient fait desactions heroïques Si L E Nce,
dontil avoit eſté lui-meſme témoin.
Il donna à ces Chevaliers pour marque de leur Ordre un
collier compoſé de laqs d'amour de foie blanche, entrelaſſés
deslettres R. & S. en or ; & au bout de ce collier pendoit ſur
l'eſtomac une medaille d'or dans laquelle il y avoit une épée
nuë, dont la lame eſtoit d'argent, & la garde d'or, avec cette
deviſe tout au tour: Securitas Regni, pour monſtrer à ces Che
valiers, qu'après Dieu, il aſſuroit la conſervation de fon nou
veau Roïaume ſur leur valeur & leur fidelité, & c'eſt pour ce
fujet, que, felon quelques Auteurs, il donna à cet Ordre le
nom de l'Epée. - - - -
C H A P I T R E XXXVII.
V. """
M1, 1
" ",
*
-
PREMIERE PARTIE, CHAP. XXXVII. 279
à cinq rais , & ily a quelques Eſcrivains qui leur donnent une opprs
croix rouge femblable à celle des Templiers. Schoonebeck j. ººr
qui eſt de ce nombre, fe contredit lorſque parlant de ces der- -
C Ha P I T * e xxx v III.
Des Chevaliers de l'Ordre de faint Blaiſe.
O U s les Auteurs qui ont parlé de cet Ordre, n'ont
point marqué l'année de fon Inſtitution , & difent feu
lement que ce fut à près dans le meſme tems que celuides
Templiers fut eſtabli à Jeruſalem. Les Rois d'Armenie,
qu'on pretend en avoir eſté les Inſtituteurs, lui donnerent le
nom de faint Blaiſe ; qui avoit eſté Eveſque de Sebaſte en
Armenie , y avoit fouffert le martyre & eſtoit Patron du
Roïaume. Il y avoit dans cet Ordre des Chevaliers Eccle
fiaſtiques & des Laïques. L'emploi de ces derniers eſtoit de
s'oppofer par la force des armes aux Heretiques qui publioient
leurs pernicieux Dogmes dans l'Armenie ; & les Eccleſiaſti
eſtoient deſtinés pour faire le Service Divin & preſcher
l'Evangile , afin de maintenir les peuples dans la Foi, & dans
les pratiques de la Religion Catholique. Ces Eccleſiaſtiques
eſtoient de veritables Religieux, qui comme Moïſe, élevoient
leurs mains vers le Ciel, pendant que les autres combattoient
& faiſoient la guerre aux Ennemis de Jeſus-Chriſt. La mar
que decet Ordre estoit une Croix rouge au milieu de laquelle
eſtoit l'Image de faint Blaiſe, qu'ils portoient fur une de
laine blanche toute fimple, & fans aucun ornement ; & dans
le ferment de fidelité qu'ils promettoient à leur Prince, ils
s'obligeoient de travailler à l'augmentation de la Religion
Chreſtienne , & de défendre l'Egliſe Romaine contre les
Heretiques. Ces Chevaliersfuivoient la Regle de faint Bafile.
Mennenius , Delicie equest. Ord. Mendo , de ord. Milit.
Bernard, Giuſtiniani, Hist. di tutti gli Ord. Milit. Herman &
Şchoonebeck , dans leurs Hist, des Ord. Milit. -
-
-
CHAPITRE
~*'s,
s
S
~~
||
A~~
- ;-Ë
-~
-----==
= ---
--
} 7*|||
||
-#
-?
§)|SNB
g
7 ||
(~
4%-r=
Ż-Żzrez==--
4
-
•sÅ#~a|- -
|
%
z/%
%/,
-
4A
/
%«
//
/4
4%--
*
%#
Z
-
AW
--
J;
t
s eo
SN
PREMIERE PARTIE , CHAP. XXXIX. 18r
ORpre pri
S.G5 REοN.
cha*i* * * X X X I X.
Des Chevaliers de l'Ordre de faint Gereon.
U o 1 Q U E nous aïons mis fous la Regle de faint Ba
file les Ordres Militaires dont nous avons parlé dans
les Chapitres precedens, nous n'ofons pas neanmoins aſſurer,
qu'ils aïent veritablement fuivi cette Regle , ou qu'ils y aient
eſté foumis , excepté celui de Conſtantin. Il y a fi long-tems
qu'ils nefubſiſtent & il en est, resté fi peu de memoire,
que nous nous en ſommes rapporté à la bonne foi des Eſcri
vains qui ont parlé de ces Ordres. Nous n'avons pas meſme
voulu les ſuivre en mettant quantité d'autres Ordres fous la
meſme Regle. Si nous avons mis dans cette premiere Partie
ceux dont nousavons déja parlé, c'eſt qu'ils ont eſté inſtitués
en Orient,ou eſtablis pour la défenſe des Saints Lieux de laPa
leſtine;& c'eſt pour la meſme raiſon que nous y joignons austi
les Chevaliers de S. Gereon dont on ne connoiſt point l'ori
gine. Mennenius parle de cet Ordre ſur le témoignage d'un
Voïageur ; Jean de Hoevel, qui ditavoir vû dans Paleſtine
des Chevaliers de faint Gereon qui portoient une Croix Pa
triarchale, de la meſme maniere que celle qui eſt dans les Ar
mes du Roiaume de Hongrie. a des Auteurs qui attri
buent l'Inſtitution de cet Ordre à l'Empereur Frederic Barbe
rouſſe, d'autres à Frederic II. Les uns leur donnent pour
marque de cet Ordre une Croix Patriarchale poſée
fur trois montagnes de ſinople en champ de gueules , d'au
tres pretendent qu'ils avoient ſur un habit blanc une Creix
noireen broderie fur trois montagnes de finople , & d'autres
leur donnent encore une autre Croix differenre. Ainſi on ne
peut rien dire de certain touchant cet Ordre , que Favin,
fans aucunfondement, pretend avoir eſté foumis à la Regle
de faint Auguſtin.
Il y a bien de l'apparence que ces Chevaliers de faint Ge
reon eſtoient les meſmes que ceux de Hongrie, que le Pere
Melchior Inchoffer de la Compagnie de , dans les An
nales Eccleſiaſtiques de ce Roïaume , dit que l'on appelloit
Porte-Croix, à cauſe qu'ils portoient pour marque de leur
Ordre une Croix femblable à celle que l'envoit dans les Ar
Tome I. A N n
28z HIsro1RE DES ORDRES RELIGIEUx,
ORDRE
DES CAR mes du meſme Roiaume, qui eſt une Croix Patriarchale po
MES» fée fur trois montagnes. Cet Auteur leur donne pour Fon
dateur faint Eſtienne premier Roi de Hongrie, qui, à ce
qu'il pretend, inſtitua ces Chevaliers en memoire à Croix
quele Pape lui envoia, avec permiſſion de la faire porter de
vant lui, à cauſe que ce Prince avoit travaillé avec tant de
zele à eſtablir la Religion Chreſtienne dans fes Eſtats, qu'ila
eſté confideré comme l'Apoſtre de Hongrie. Mais comme les
Ordres Militaires n'ont commencé que dans le douziéme fié
cle ; il ſe peut faire que faint Eftienne aïant reçu du Pape Sil
veſtre II. l'an Iooo. la Couronne de Hongrie , avec une
Croix qu'il pouvoit faire porter devant lui, il establit des.
Officiers pour porter cette Croix, aufquels., pour ce fujet,
l'on donna le nom de Porte-Croix, & que dans la fuite
en ait formé un Ordre Militaire qui plus.
Mennenius, Delici e Equest. Ord. Favin , Theatre d'honneur
& de Cheval. Tom. 2. Schoonebeck , Hist. des Ord. Milit. &
Melchior Inchoffer, Annal. Eccle/ Regni Hang. T. I.
C H A P I T R E X L.
-- isssssss----- -
-
sè
-
è èNR
š NS ****NSYN. ~c~
- ***~
Ar * -> -i
AT *
5< *ss R\S*:\\
* -
v\v và avaYNNYF. A., NA-Avvs -
- -------- |
-
-
|-
}
|}
que ces Volumes fuffent debités tels qu'ils eſtoient, & s'excu
fa auprés de fon General qui recut fes excuſes. Mais il s'at
tira en meſme-tems de nouveaux adverſaires, tant à cauſe :
u'il avoit regardé comme apochryphe tout ce que l'on di
de faint Ange ; que par ce qu'au commencement de la
Vie du B. Loüis Rabata , Religieux du meſme Ordre, il
avoit donné une eſpece d'Apologie pour juſtifier fa conduite
à l'égard des Carmes, & ce qu'il avoit avancé contre leur
antiquité, qu'il y lançoit des traits contre les boucliers du fe
cond Arſenal du Pére François de Bonne-Eſperance, qui
n'eſtoient pas à l'épreuve de fes coups ; & qu'au commen
cement du troifiéme Tome, dans l’Hiſtoire des Patriarches
de Jeruſalem , il avoit encore refuté les pretentions des Car
mes. Mais ils crurent avoir aſſez lieu de s'en venger furle
T. z. P. 24 6.
\\\\\\\\
depuis neuf ans, & dont le Pere Daniel de la Vierge Marie, MEs.
mort,comme nous avons dit,dés l'an 1678. eſtoit l’Auteur , &
qu'ils publierent la meſme année168o.Il eſtoit en quatreVolu
mes in fol. & avoit pour titre: Speculum Carmelitanumstve Hi/:
teria Éliani ordinis FF. B. M. V. de Monte Carmelo , in qua à
fančio Propheta Elia origo, per filios Prophetarum propagatio, per
Effenos, Eremitas , & Monachos diffusto ó continuata ſuccelfio,
exponuntur ; sanéřorum aćfa aliaque proponuntur ; contra im
pugnatores Propugnacula ó armamentaria, &c. per admodum R.
Patrem Danielem à Virgine Maria : Le Miroir du Carmel , ou
Histoire de l'ordre d'Elie , des Freres de Nostre Dame du Mont
carmel, dans laquelle l'on montre fon origine par le Prophete
Elie, fa propagation par les enfans des Prophetes, /on étenduë c
/a /ucceffon /ans interruption par les les Ermites G
les Moines, &c. Ceux quiavoient eu foin de l'impreſſion de cet
Ouvrage, depuis la mort du Pere Daniel, n'avoient pas gardé
la meſme moderation que luy, & y avoient ajoûté
de choſes contre le Pere Papebroch & fes Confreres, où il pa
roiſſoit beaucoup d'aigreur. . -
|
%
a. |
/1 CI en h abil
a.„A
|
-
/*
:
a
lD»
'e
Autel de l'Olnc venne C
|-
4/7.«*
73.
||
|
*
|
.
*-
trt
-
-
N
-|
|
--
- PREMIER E PARTIE, CHAP. XL. ' : 289
broch, au fujet de fon differend avec les Carmes. Monſieur ox»se
du Cange luy eſcrivit au mois de Septembre 1682., pour l'en Cas” .
remercier. Illuy marquoit dans fa Lettre qu'il n croïoit pas ***
ue le Pere Papebroch deuſt repondre aux Libelles que l'on
contre lui, & qu'il devoit negliger ces fortes d'invec
tives. Il faiſoit l'Eloge du travail immenfe des Actes des Saints;
& aprés avoir parlé des pretentions des Carmes au ſujet de
leur antiquité ; il diſoit à Monfieur d'Herouval, que ces
Peres devoient pluftoft s'attacher à la verité, que non pas
aller chercher origines fabuleuſes, comme faiſoient les
Grecs & les Romains, lorſqu'ils travailloient à l’Hiſtoire de
leurs Villes & de leurs Provinces. -
feui non fine gravi animi nostri molestia accepimus, ex atribus ****
/uper primeva institutione ordinis Fratrum Beate Marie Virginis
de Monte-Carmelo , illiuſque ſucceffione à Prophetis Elia ó Eli
feo dudum enatis contentionibus magnum Christi fidelium ejuſ:
modi minus neceffarias questiones, utpote de rebus ad fidei veri
tatem , /eu morum diſciplinam minimè pertinentibus , pre/er
tim inter Religioſos Viros, quos vota /u i altiffimes in /anéřitate,
có justitia spaceque fraterna reddere decet : /ummopere improban
tium , standalum obvenerit , illudque, ob quamplures libros ac
libellos acerbiori fylo deſuper hinc inde con/criptos in dies pluri
mùm augeatur. Hinc est quod Nos ex injunéřo Nobis divinitus
pastoralis felicitudinis munere feriò confiderantes , in quantam
malorum fegetem ejuſmodi diffidiorum Ki Kania ſucceffere poſſint,
mist providè ex agro Domini evellantur, ac proinde gravioribus
perturbationibus , que premi/orum occastone in dies oriri poffent,
omnem anſam precidere, & opportunum jam exortis remedium
adhibere cupientes, habita/uper iiſdempremiſis cum venerabili
bus Fratribus nostris S. R. E. Cardinalibus Concilii Tridentini
Interpretibus, qui rem maturè distufferunt , de illorum confilio,
ac etiam motu proprio & ex certa /cientia, ac matura delibera
tione nostris , deque Apostolice potestatis plenitudine , ſuper pre
fata questione de primeva institutione , ac facceffione ordinis /u
pradićři à Prophetis Elia c. Eliſeo perpetuum flentium tenore
preſentium imponimus ; illudque à defen/oribus utriuſque /en
tentie, necnon ab omnibus có quibustumque aliis cujustibet gra
dus , status, conditionis, Ordinis, Congregationis , Societatis á
Instituti , etiam fpecifica, & individua mentione , có expreſio
ne dignis , tam in /criptis differtationibus , & in libris imposte
rum edendis, quam in publicis diſputationibus ac Thestbus, fab
excommunicationis late fententie pæna per contrafacientes ipſo
faćïo incurrenda , perpetuò fervandum effe decernimus ó ordi
namus. Preterea libros, Thefes feu fcripta quecumque contra ea
rumdem preſentium formam inposterum edenda , motu, stien
tia, deliberatione ó potestatis plenitudine ſimilibus , harum /e
rie prohibemus ſub pænis & cenſuris , in regulis Indicis libro
rum prohibitorum contentis,illaque eo ip/6 abſque alia declaratio
ne pro expreßè prohibitis haberi volumus,có mandamus. Non in
tendimus tamenper/lentii hujuſmodi imposttionem uni,/eu alteri
*x dićřis ſibi adver/antibus fententiis, ullum majus pondus ad
- Tome I. - Pp
-
L'on peut juger par les livres & les libelles dont nous avons
ci-devant parlé, qu'il eſtoit à propos que le Pape en arreſtaſt
le cours par ſon autorité, à cauſe du ſcandale qu'ils cauſoient
par les invećtives dont ils eſtoient remplis , qui ne convien
nent point à la charité Chreſtienne dont les Religieux doivent
l'exemple par leur Profeſſion , & il auroit eſté à fouhaiter
que le Pape en euſt eſté informé pluftoft pour y remedier,
comme il fit par fon Bref du 1o. Novembre 1698. Je fuis trop
foumis aux Decifions des Souverains Pontifes pour agir con
tre leurs intentions. Ce Bref d’Innocent XII. m’impofant fi
lence fur la queſtion de la primitive Inſtitution des Carmes
par les Prophetes Elie & , m’empeſche de rapporter
les raiſons que je pourrois avoir pour la combattre. Ainſi, fi les
Carmes ont eu ces Prophetes pour Fondateurs , je ne leur dif
pute pas cet honneur , & je les laiſle dans les pretentions
qu'ils ont depuis long-tems, qu'il y a eu une ſucceſſion fans
interruption de leur Ordre , depuis ces Prophetes juſqu'à
preſent. Je confens meſme qu'ils faffent remonter leur anti
quité juſqu'au tems d'Enoc, qui vivoitavant le Deluge ; puiſ
que quelques-unes des Bulles fur leſquelles ils fe fondent pour
prouver qu'ils font enfans d'Elie & d’Eliſée, principalement
P p ij
3oo HISTO IR E DES ORD RES RELIGIEUx, -
C H A P I T R E XLI.
fçachant qui il eſtoit : Non bene constat que aut qualis perſona
fit ille Albertus, quem colimus. Si nous difons, ajoûtoit-il ,
que cet Albert eſt celui qui nous a donné notre Regle, cela
" * ſouffre de la difficulté ; parce que la Regle nous a eſté don
née l'an II7I. & dans ce tems-là il n’y avoit point de Patriar
che de Jeruſalem qui ſe nommaſt Albert ; puiſque celui qui
porta ce nom ne fut elevé à cette dignité que l'an 12o4. Si
enim dixerimus istum Albertum fuiffe qui nobis Regulam tra
didit, premimur hac difficultate, quod Regula nostra tradita no
bis est anno 1171. quo tempore nullus erat Albertus Hyero/oly
mitanas Patriarcha , quia iste inthronizatus fuit anno Izɔ4. Il
dit
1
Tel qu'i/rtvit reprecente dan. /E7/ice du Convent der Religieur Bariliene de Treina
en ſicile,avant que ler (armer leur crescen/intente precer au rujet de /habillemci-p:/le,
fece -aPropher.
. PREMIERE PARTIE, CHAP. XLI. : 3o7
inquieta quelque tems après la publication du Concile de La-Rºots eză
tran tenu l'an 1215. ſur ce qu'ils avoient une Regle qui eſtoit “*****
inconnuë en Europe, & qu'en cela ils alloient contre les De
crets de ce Concile, qui défendoit l'eſtabliſſement de nou
veaux Ordres Religieux fans le conſentement du faint Sie
ge ; ils demanderentau Honorius III. l'an 1214. l'ap
probatien de la Regle qui leur avoit eſté donnée par le Pa
triarche Albert ; & pour l'obtenir, & en meſme tems s'ex
cufer ſur le retardement qu'ils avoient apporté à obeïr aux
Decrets du Concile, ils n'expoſerent point l'antiquité de leur
Ordre & une infinité de raiſons qu'ils euffent pû
lors , & dont ils fe font fervi dans la fuite : ils ne dirent
oint que leurs Anciensavoient eu pour Regle le Livre de
'Inſtitution des Moines , parce qu’il n'eſtoit pour lors
compoſé : ils ne parlerent point de la Regle de faint Bafi
le : ils n'expoferent ſeulement, que ce qui eſt enoncé dans
la Bulle d'Honnorius III. fçavoir, qu'ils prioient le Pape de
confirmer la Regle qui leur avoit eſté donnée par le Patriar
che Albert. , - , : · ' ,
*-
i
|
-
|
|
-
|-§
|
|
-|
C H A P I T R E - X LI I.
-
–
|
---^r
|---------------T-r-, -EF
-----
|
Relig ieuar e_
Carne yC / % 4ncze/2e CArervance,
-7,9. en habit oratinaire ·
P. o taxare /º:
PR EMI ER E PARTI E , C H A r. XLIII. 317
fang pourSiege
du faint la justice.
ont euCependant
permiſſionlesd'en
Carmes,quipar autorité
celebrer l'Office , ne .
A Re .
C H a r 1 T R e X LI I I.
Du grand progrés de l'Ordre des Carmes depuis leur paffage
en Europe.
A paix que l'Empereur Frideric II. fit avec les Sara
La fins en 1219.fi deſavantageuſe à la Chreſtienté & ſi fa
vorable à ces Infidelles , fut cauſe que les Carmes abandon
nerent la Terre-Sainte. Alain cinquiéme Generalde cet Or
dre & Breton de naiſſance, voïant que les Religieux en
duroient beaucoup de perſecutions, prit reſolution de fon
der des Couvens en Europe & de quitter la Syrie. Il con
voqua un Chapitre General à ce ſujet, où les Religieux fe
trouverent de fentimens contraires ; car les uns aimoient
mieux ſouffrir la perſecution que d'abandonner la Syrie ; les
autres au contraire à l'imitation du Prophete Elie leur Pro
tecteur & Patron, qui ſe voïant perſecuté par Jezabel, quit
ta fa demeure ordinaire pour s’enfuir ſur la montagne d'O
reb , & conformément à ce que dit Jeſus-Chriſt dans l'E
yangile qu'il faut quitter la Ville où l'on fera perſecuté pour
fuir dans une autre , voulurent venir en Europe. Sur ces
differens fentimens le General Alain ne fçachant qu'elle re--
folution prendre, les Hiſtoriens de cet Ordre difent quela
Sainte Vierge s'apparut à lui, & lui ordonna-de fonder des
Monaſteres hors de la Terre-Sainte. Il envoia premierement
des Religieux en Chypre qui y aborderent l'an 1138, & ils y
fonderent un Monastere dans la foreft de Fortanie. Des Siei
liens eſtant auffi fortis en meſme tems du Mont-Carmel, al
lerent dans leurs pays, où ils baſtirent un autre Monaſtere -
av Lorſque cesChappes
Religieux paſſerent d'Orient en Europe, ils.
barrées de blanc & de tanné, d’où on
.
les appella les Barrés ; & de la eſt venu le nom de la ruë des
Barrés à Paris, qui eſt celle de l'Ave-Maria,où eſtoit la Croix . . .
des Barrés , & la porte des Barrés. M. Menage dans fon Dic--
tionnaire Etymologique de la langue Françoiſe , dit , que
32o HIsro1R E D Es ORD R ES RELIG I EUx ,
QR? * leur Couvent eſtoit hors la porte,où ſont à preſent les Celeſ
** tins, qui leur ſuccederent lorſqu'en 1319. ils quitterent ce
lieu pour aller à la Place Maubert où ils font preſentement &
que lorſqu'ils firent peindre leur Cloiſtre dans ce Couvent de
la Place Maubert, | avoient fi fort oublié la premiere figu
re de leur habit , qu'au tableau qui repreſente faint Loüis les
recevant à Paris au Port faint Paul,à la fortie du batteau,leurs
Chappes y font barrées en pal & en fafce: ilajouſte
qu'il doit cette remarque à M. l’Abbé Chatelain, Chanoine de
l'Egliſe de Paris,
Il eſt vrai que la pluſpart des Carmes n'ont jamais bien
fçu quelle eſtoit la veritable forme de leur premier habille
ment, comme on peut voir par les differentes figures que
nous en donnons, qui font ainſi repreſentées dans pluſieurs
de leurs Couvents ; mais je croi que ceux qui ont mis les bar
res en pal & non pas en fafce, ont mieux rencontré, quoique
Monſieur Chaſtelain ait eſté de fentiment contraire ; puiſ
ue l'Abe des Orientaux qui eſt une eſpece de manteau ou
Chappe dont ils fe fervent en campagne, qui eſt de poil
de chameau , eſt barré en pal de blanc & de noir. Si on a
égard au nom de Carpettes que les Carmes donnoient autre
fois à leurs Chappes, comme il paroiſt par une Ordonnance
d'un Chapitre tenu à Londres l'an 1281. Frater profeffüs ha
beat unam Carpitam non de petiis confutam , /ed contextam, có:
habeat ſeptem radios tantùm, ut ſimus uniformes ; il s'enfuivra
que ces carpettes eſtoient barrées en pal ; car carpettes en
Érançois n'eſtautre choſe qu'une étoffe groffiere & raïée pro
pre à emballer. La fignification latine que lui donne le Dic
tionnaire Univerſel, c'eſt pannus groff or 6. virgatus, & la
fignification Françoiſe que le meſme Dictionnaire donneau
mot de virgatus ; c'eſt raié de haut en bas, qui eſt propre
ment barré en pal. -
|-*
:
|
i
-'.
:
;
|
|
«
-
|
-
|
|
r||}
|}
| ,
|
~) *
C H A P I T R E X LIV.
|-|
|N
|-|-|-|-"
NN
Š
į|
N
N
||į
|
|
PREMIERE PARTIE , CHAP. XLIV. . 323
me au tems des Prophetes. Maisle Pere Loüis de fainte The- RELIGIEu:
- - - * - 2 sEs CAR
r* J *
-
Z". Z . P. 3 24. . |
-
Jie z .
a*
O
v
i
:
|
%
|| |
& 2 . e/ 1 France -
r*. Ar
(7; :%, re
PREMIER E PARTIE , CHAP. XLIV. 325
de forte qu'il demeura avec ceux de fa fuite hors du Couvent, R etiaizu- :
ce
en qui l'obligeane
interdit,&il deleva
les excommunier & de
fes cenſures,qu’à mettre le
condition Couvent
qu'ils fouf- · d.
* ,
P R R M 1 E R E P a R T I E, CH a r. XLV.
1 - 1 -1 , : -- ,
.. . .
317
' Carris ,
DE LA
- - ''/ c- ; :! i Congre
X I , , ,) , Gar1oN ,
C Hari r x r
-
X L V. de Man
Des Carmes Reformés de la Congregation de Annus . rouz: -
Mais comme Lezana n'a donné que des fragmens de l'Elo- e M***
ge de Thomas Conecte, de la compoſition, à ce qu'il dit, de ***
ce Jean de Harlem qui nous eſt inconnu, ou de quelqu'autre,
en aïant ſupprimé pluſieurs Vers qui eſtoient injurieux au
faint Siege; Baleus de qui Lezana les a tirés, eſtant d'ailleurs . .
un Apoſtat de l'Ordre des Carmes, un Heretique,grand en
nemi'del'Eglife, qui dans fes Ouvragesa temoigné beaucoup
d'aigreur & d'emportement contre les Papes & la Cour Ro
maine, & qui ſe meſloitauſli de faire des Vers; Baleus pour
roitbien lui-meſme avoir eſté l'Auteur de ceux que Lezana a
rapportés à la louange de Thomas Conecte : & par confe
quentle de cet Heretique Apoſtat, ne feroit pas
recevable, lorſqu'il dit que le Pape Eugene IV. fe repentit
d'avoir fait mourir ce Religieux. Celui de Baptiſte Spagnoli
furnommé le Mantoüan , qui a eſté l'un des Ornemens de
l'Ordre des Carmes par la fainteté de fa vie & par fes eſcrits;
& qui meſme a eſté pluſieurs fois Vicaire General de la Con
regation de Mantouë ; & General de tout l'Ordre , feroit
plus grande autorité. Il dit que ce qui procura la mort
à Conecte, fut l'envie que l'on conçut contre lui , à cauſe
qu'il reprenoit les vices avec trop de liberté & trop de zele. Il
compare meſme les flâmes aufquelles ce Religieux fut con
damné, à celles qui procurerent le martyre à faint Laurent:
Hujus flammas, dit-il, non Scevole rogo , /ed Laurentii po/ ptiſt:
comparari non dubito ; dicant quod velint, obstrepant, clamitent .
c. in/aniant , ille fummo vivit Olympo. Mais nous entrerons Vai ata,
dans le fentiment de Lezana, qui, pour le reſpect que l’on fub fine:
doit avoir pour le faint Siege, & Miniſtres, laiſſe cela
au jugement de Dieu , qui feul peut connoiſtre des choſes
fecretes , & qui font cachées aux hommes.
Jean-Marie Penſa, qui a donné les Vies des Perſonnes Illuſ
tres de cette Congregation , pretend avec quelques autres,
qu'un certain Jean Lapez Florentin en a eſté le Fondateur ,
& quele Couvent de Mantouë eſt le premier où la Reforme
fut introduite, comme il paroiſt, à ce qu'il dit, par une Bulle
d'Eugene IV. Le P. Clement Fellini, dans l'Histoire de la
meſme Congregation , pretend au contraire que cette Re
Tome I. T t
3ĵo Histo 1RE DES ORD R ES RELIGIEUx,
“ forme avoitesté commencée dès l'an 1413. dans le Couvent
čo z de Foreſts en Toſcane , par le moïen d'un Pere Albert de
- Toſcanne. Et le P. Bonanni dans fon Catalogue des Ordres
u *" Religieux : donne pour Compagnon de cette Reforme au P.
Jacques Albert, le B. Ange Auguſtin, communément appel
: lé Angelin.
Mais felon toutes les apparences, c'eſt le P. Thomas Co
s'est necte qui eſt l'Auteur de cette Reforme , & qui laiſla pour la
*** maintenir dans les Couvents où elle fut introduite, des Re
ligieux François qui l'accompagnoient ordinairement, & qui
l'aiderent à jetter les fondemens de cette Reforme , puiſque
les premiers Superieurs de cette Congregation furent pref
que tousFrançois, Car dans le premier Chapitre qui ſe tint
au mois d'Aouſt de l'an 1425, ils élurent pour premier Supe
rieur ſous le titre de Preſident, le P. François Thomas, qui
eut austi pour ſucceſſeur d'autres François,comme le P. Gui
# l'an 1427: le P. Jean de Vienne l’an 1419. le P. Rubin
'an 1433. & le P. Eftienne de Toulouſe fut élu premier Vicai
re General la meſme année. Cela ſuppoſé, il eſt à croire que
cette_Reforme n'a commencé que vers l'an 1424- ou 1415.
que Conecte continua enfuite fes Predications, estant venu
en Flandre l'an 1418, qu'il preſcha à Lion en 1432. & qu'il re
tourna en Italie l'an 1433. où il finit fa vie par une mort
honteufe.
Quoiqu'il en foit,les Couvents de Mantouë, de Girone &
de Foreſts, s'eſtant unis, & aïant esté gouvernés par un Su-
perieur que l'on appelloit Prefident General , il y eut plu
fieurs qui s'oppoferent à leur Reforme, ce qui obli
gea ceux de ces trois Couvents d'avoir recours au Pape Eu
gene IV. pour approuver certe Reforme , & leur procurer
les moïens de la maintenir. C'est pourquoi le Pape informé
de la vie exemplaire qu'ils menoient, & du deflein qu'ils
avoient formé de perſeverer dans cette étroite Obſervance
qu'ils avoient embraſſée, les exemta de l'obeïſſance des Pro
vinciaux, & les foumit ſeulement à celle du General de tout
l'Ordre, leur accordant la permiſſion d'élire un Vicaire Ge
neral pour les gouverner. Il leur donna auffi d'autres Privile
ges qui fonténoncés dans la Bulle de ce Pape de l'an 1433.
Ainſi ces trois Couvents s'estantaſſemblés à Girone, élurent
Pour premier Vicaire General le P.Eſtienne de Toulouſe...
PREMI E R E PART I E , CHAP. XLV. 33ľ
Le General n'aiant point voulu confirmer cette élection, CARMEs
DE LA
ils retournerent encore vers le Pape , qui leur accorda une Con GRE
autre Bulle , par laquelle il confirma le nouveau Vicaire Ge GATI O N
DE MAN
neral, & ordonna que tant que les Religieux de cette Con rous.
gregation vivroient dans une exacte Obſervance, le Vicaire
General qui feroit élu par les deux tiers du Chapitre, feroit
cenſé eſtre confirmé ; ſans qu'il fuſt beſoin de recourir au Ge
neral pour en avoir la confirmation. Avant que d'avoir obte
nu du Pape cette permiſſion d'élire un Vicaire General, ils
avoient déja tenu ſept Chapitres , & le Superieur qui avoit
ouverné la Congregation , n'avoit eu que le titre de Prefi
General , comme nous avons dit.
Cette Congregation eſt celebre en Italie, & comprend en
viron cinquante Couvents. Elle fait comme un Corps ſeparé
de l'Ordre des Carmes, & dans les Ceremonies & les Proceſ
fions publiques, les Religieux de cette Congregation mar
chent fous leur Croix particuliere, & non pas fous celle des
autres Carmes. Sixte IV. aïant fait pourſuivre le baſtiment
de l'Egliſe de Notre-Dame de Laurete, où la Maiſon de la
fainte Vierge a eſté tranſportée miraculeuſement de Naza
reth par les Anges, le Cardinal de la Rouere Neveu de ce Pa
; & premier Protećteur de cette fainte Maiſon, en confia
le foin aux Religieux de cette ation qui y ont demeu
ré quelque tems; & le meſme Cardinal ajant quitté fon titre
Balbine pourprendre celui de faint Chryſogonne,
voulut que cette Egliſe fuſtauffi deſſervie par les meſmesReli
gieux, aufquels il fonda ce ſujet un Couvent dans Ro
me , à coſté de cette Eglife.
Entre les Perſonnes Illuſtres de cette Congregation , dont
Jean-Marie Penſa a donné les Vies; Jean-Baptiſte Spagnoli,
furnommé le Mantoüan , dont nous avons parlé ci-devant,
tient le premier rang. Il fut fix fois Vicaire General de cette
Congregation, & General de tout l'Ordre des Carmes. Il té
moigna beaucoup de zele à maintenir cette Reforme & les
anciennes pratiques de l'Ordre. Il s'oppoſa fortement au Pere
Marc de Monte-Catino Procureur de l'Ordre, qui
voulut obliger les Religieux de la Congregation de Man
touë de quitter la couleur tannée pour prendre le noir. Il
avoit meſme obtenu pour cet effet une Bulle de Sixte IV. fous
pretexte de mettre dans l'Ordre ; mais le Tere
«. T t ij
332 – HISTοIRE DES ORD R ES RELIGI EUx,
CARMEs
DE LA Baptifte s'oppoſa à l'execution de ce Bref, & le Pape donna
Co N GRE des pour écouter les Parties & examiner leurs
GATI ON
DE MAN
raiſons. Ce furent les Cardinaux Caraffa & Cibo , qui, après
TOUE. lesavoir entenduës , jugerent en faveur de la Congregation
de Mantouë, permettant aux Religieux de cette Congrega
tion de fe fervir de leur couleur tannée, ce qui fut confirmé
par un Bref du Pape au mois de Juin 1484.
Aïant eſté élu General de tout l'Ordre en 1513. dans le
Chapitre General qui fe tint à Rome, on le ſupplia, pour gar
der l'uniformité dans l'Ordre, de quitter avec ſa Congrega
tionla couleur tannée pour prendre le noir , qui eſtoit la cou
Ieur pour lors en uſage dans l'Ordre des Carmes , ce qui
eſtoit un abus. Mais bien loin que ce General y conſentift , il
tâcha de maintenir & d'augmenter la Reforme qui eſtoit en
fa Congregation , & en quelques autres Couvents : il tra
vailla par paroles & par exemple à la mettre dans tous les Cou
vents de l’Ordre ; mais comme il vit que fon deffein ne pou
voit pas reuſſir , il reſolut de quitter fa Charge, & de renoncer
au Generalat, afin de vivre en repos & fe diſpoſer à la mort :
ce qu'il fit l'an 1515. & dans le tems qu'il compoſoit les Vies
des principaux Saints de chaque mois , il fortit de ce monde
pour aller en leur compagnie le 2. Mars 1516. eſtant âgé de
foixante & huit ans. Son corps s'eſt conſervé juſqu'à preſent
fans aucune corruption , & on le voit dans le Couvent de
Mantouë , où on lui a érigé un Tombeau magnifique. Il
eſtoit bon Theologien , bon Philoſophe , & paſſoit pour le
plus excellent Poëte de fontems ; ce qui fit que Frederic pre
mier Duc de Mantouë en 153o. aïant fait ériger un Arc de
Triomphe dans la plus belle Place de la ville , y fit porter les
Statuës de Virgile & du P. Baptiſte Mantoüan.
Les Religieux de cette Congregation font habillés à peu
près comme les autres Carmes. Ce qui les diſtingue ; c’eſt
qu'ils un chapeau blancavec une coëffe de treillis noir
en dedans , qui couvre auſſi les bords en deflous, c’eſt pour
quoi Crescenze dit que cette Congregation a eſté appellée
del Capel bianco. Ils portent pour Armes chapé dargent & de
ranné, & fur le tout une Palme & un Lis tigé de finople paſ
fés en fautoir, l'eſcu timbré d'une Couronne Ducale , & fur
monté de cinq étoiles. Ils ont quelques Couvents qui font en
core plus Reformés que les autres, comme ceux de Caſtellino
*
:
*
*
T. I. P. 333,
3' * : , ,, . .
c/i/icta Carme,
e/e /, troite obrervance de la Province de Mon /e-ſant”.
P. G.:: - , /. :
PREMIERE PARTIE, CHAP. XLVI. 333 .
proche de Florence, de Piſtoye , & de Forêts. Les Religieux gas isos
de cette Congregation mangent de la viande trois ou quatre 5 **
fois la femaine, par privilege de Pie II. mais hors le Couvent vance, , '
ils ne peuvent manger que des herbes, ou autres chofes cui- ' ’
tes avec la viande. Ils jeunent quatre fois la femaine, depuis
la Feſte de l'Exaltation de Sainte Croix juſqu'à Paſques, pen
dant tout l'Avent, & encore les veilles des Feſtes de la fain
te Vierge , des Apoſtres, le jour de faint Marc & les trois
jours des Rogations ; comme auſſi tous les Vendredis de
l'année. Le filence eſt obſervé au Choeur, au Refećtoire,
au Dortoir, au Cloiſtre & dans les Cellules. Les Clercs ne
peuvent avoir des habits neufs juſqu'à ce qu'ils foient Pref
tres, ou du moins qu'ils n'aient quatre ans de Religion, auſſi
bien que les Freres Laics, ils tiennent leur Chapitre Gene
ral tous les deux ans, conformément à un Bref de Clement
VIII. Il y a auſſi quelques Convents de Religieuſes de cette
Congregation. - - - - - - . ,
Leur Regle & Conſtitutions furent imprimées à Boulogne
en 16oz. Le Pere Clement, Marie Fellini a fait l'Hiſtoire de
cette Congregation , imprimée auſſi à Boulogne en 1691. fous
le Titre de Sacrum Muſeum Congregationis Mantuane, qu'on
peut conſulter auffi-bien que Lezana, dans /es Annales. Marc.
Ant. Aleg. Cafanate. Parad. Carmelitici decoris. Loüis de
fainte Thereſe. Succeffion du Prophete Flie, & Gio-Maria.
Penſa , Theatro degli huomini illustri della famiglia. di Man
?944. - -
C H A P I T R E X L V I. -
C H A P I T R E XLV I I.
7 Zezz.fe J'&C, *,
CHA!'ssE s.
de la Reforme de fainte Thereſe , dont nous allons voir le
progrès dans le Chapitre ſuivant.
C H A P I T R E X L V I I I.
||
"Z"
4%%2
Z%
2 -
4
é
|
| Ž
jifhilliurii
} -
|
-
.-||
|
PREMIERE PARTIE , CHAP. XLVIII. 351
dera leurs grandes auſterités & leur donna les Conſtitutions carussir
u’elle avoit dreffées pour ſon premiere Monaſtere de faint | R -
Joſeph d'Avila 3 mais elle ne put pas obtenir d'elles de fe fou- .
mettre à l'obéiſſance de l'Ordre.Il y a eu depuis dans la meſme
Ville un Couvent de fa Reforme, qu'on appelle les Carme
lites du faint Sacrement ou de Corpus Christi , pour les diſtin
guer des autres Carmelites de la Mere Marie de Jeſus qu'on
appelle de l'Image. Après avoir fatisfait aux deſirs de la fon
datrice de ce Couvent, elle fut à Malagon pour y faire un
nouvel établiſſement de Filles, où parut la premiere diſpenſe
de fes Conſtitutions fur le point de la pauvreté & de la deſa
; car par l'avis plus fçavans hommes, elle ſouf
rit que cette Maiſon euſt des rentes. Aprés avoir achevé cette
fondation, elle partit pour en aller commencer une autre à
Valladolid ; mais en paſſant par Avila, elle fut vifiter ſon pre
mier Monaſtere , & fut fort ſurpriſe, lorſqu'un Gentilhom
me de cette Ville nommé Dom Raphaël Megia Velaſquez la
vint trouver; pour lui dire qu'aïant appris fon arrivée & quel
le fouhaitoit un Couvent de Carmes Dechauffés, il
lui offroit pour ce fujet une maiſon de campagne qu'il avoit à
Durvelle. La Sainte benit les ordres ſecrets de la Providen
ce, qui ſecondoit ainſi ſes defirs & faiſoit reüſſir fi favorable
ment fon entrepriſe. Aiant donc accepté les offres de će Gen
tilhomme, elle lui promit qu'allant à Medina del Campo,pour
fe rendre à Valladolid,elle paſſeroit par cette maiſon de Durvel
le , qui n'eſtoit pas éloignée de fon chemin. Elle partit à la fin
du mois de Juin de l'an 1568. accompagnée d'Antoinette du
Saint-Eſprit & du Pere Julien d'Avila; & aprés s'eſtre écartée
de la route, & fait pluſieurs detours, ne rencontrant perſon
ne qui lui puſtindiquer le chemin de Durvelle , ce lieu eſtant
peu connu , elle y arriva enfin avec beaucoup de peine. La
veuë de cette chetive maiſon que la Sainte deſtinoit pour un
chef-d'oeuvre, estoit capable de refroidir & d'abbatre tout
autre courage que le fien ; car ce logis eſtoit ſeul en pleine
campagne , de toutes parts à rigueur des vents &
aux ardeurs du Soleil , proche d'un petit ruiſſeau nommé
Rioalmar. Il ne confiſtoit qu'en un portique raiſonnable ; à
coſté duquel il y avoit une chambre fort petite & fi baſſe,
qu'on touchoit preſque le plancher avec la teſte ; le deſſus ef
toit un galletas fi renfermé,que la lumiere n'y pouvoit entrer.
352 HIsto 1R E DES ORD R ES RELIG I EUx,
CARMES ET
C ARM 8 LI
que par l'ouverture d'une tuile qui fervoit de feneſtre. Tout
TES DE ce bâtiment n'eſtoit accompagné que d'une petite cuifine, &
eHausse's. l'enceinte eſtoit ſemblable à celle d'une maiſon depaïfan. Ce
pendant la Sainte y trouva tout ce qu'elle fouhaitoit, cette
place lui fembla très propre pour l'établiſlement d'un Mo
naſtere , & fans fe former aucune difficulté elle y traça le
dellein du Couvent. Elle mit l'Egliſe dans le portique, le
Dortoir dans le bas de la chambre , & le Choeur dans le gal
letas; pour la cuiſine elle fe contenta d'une moitié de celle qui
y eſtoit, laiſſant l'autre moitié pour le Refectoire. Voila com
me la Sainte choiſit ce lieu pour y jetter les fondemens de
l'Ordre des Carmes È
Pendant fon fejour à Medina del Campo , elle avertit le
pere Antoine d'Heredie, qu'elle avoit enfin trouvé un lieu
pour fonder une Maiſon de Carmes Dechauffés. Elle lui de
manda s'il auroit bien le courage de demeurer quelque tems
dans ce pauvre lieu : elle fut ravie d'apprendre que la pau
vreté du lieu ne le decourageoit point, & qu'il eſtoit toûjours
dans les meſmes diſpoſitions d'embraſſer la Reforme. Sajoïe
fut accomplie, trouvale Pere Jean de faint Ma
thias dans une femblable reſolution. Elle eſpera qu'elle vien
droit aiſément à bout d'une autre difficulté,qui eſtoit d'obre
nir la permiſſion des deux Provinciaux de l'Ordre, comme il
eſtoit marqué par les patentes du General. Dans cette con
fiance elle à Medina del Campo le Pere Antoine d'He
redie, & mena avec elle à Valladolid le Pere Jean de faint
Mathias , pour l'informer plus à loifir de la façon de vie ,
des exercices & de l'Obſervance qu'elle faiſoit pratiquer à ſes
Religieuſes. Eſtant arrivée à Valladolid , elle y travailla à
l'établiſſement d'un Monaſtere deFilles: & y aïantlreglé toutes
choſes & reçu les permiſſions du Provincial de la Province
de Caſtille, & de celui qui eſtoit le dernier forti de cette char
ge; elle envoïa le Pere Jean de faint Mathias à Durvelle pour
jetter les fondemens de la Reforme. Elle lui donna un
de drap fort groſſier, & un pauvre Miffel pour dire la
Meſle. Un des Ouvriers qui travailloit au Monaſtere de Val
ladolid l'aïant accompagnée, accommoda cette maiſon en
forme de Monaſtere dans une fimplicité & une pauvreté ad
mirable, le Pere Jean de faint Mathiasſe revêtit de l'habit que
fainte Thereſe lui avoit donné , & demeura feul dans cette
- folitude
–---- - -
|
PREMI E R E PART 1 E , CHAP. XLVIII. 357
fe, dans leſquelles il y a plus de trois mille Religieux. Carusser
Celle d'Eſpagne qui a fix Provinces, & qui s'eſt étenduë
juſques dans les Indes , n'eſt moins nombreufe, & les deux chauss's '
Congregations ont des Maiſons Profeſſes, Noviciats & Col
leges. Quelques-uns de ces Couvents ont des rentes, d'au
tres nepoſledent rien. Dans chaque Provinces il doity avoir
un Ermitage ou Deſert, dont nous parlerons dans le Cha
pitre ſuivant , en rapportant auſſi les obſervances qu'on y
pratique. Quantà celles des autres Maiſons,les R*. fe levent à
minuit pour dire Matines, excepté dans les Maifons d'études
ou Colleges. Ils ont deux heures d'Oraiſon par jour, l'une
le matin, l'autre après Veſpres. Ilsprennent la touts
les Lundis, Mercredis & Vendredis après Complies. Ils ne
mangent jamais de viande, à moins qu'ils ne foient fur mer;
dans les voïages ils peuvent manger des legumes ou her
bages cuits avec la viande. Ils jeûnent depuis la Feſte de
l'Exaltation de fainte Croix juſqu'à Pafques, tous les Ven
dredis de l'année, les veilles des Feſtes de la Vierge, du Pro
phete Elie, dufaint Sacrement, la veille de faint Marc fi elle
n'arrive pas un Dimanche ; & les trois jours des Rogations.
Aux jeûnes d'Eglife on ne leur donne à la collation que quel
ques fruits fans pain, ou un peu de pain fans fruits , & le
Vendredi-Saint ils le jeûnent au pain & à l'eau. Leurs fre
res donnés ou Convers font deux ans de Noviciat, après lef
quels ils ne font que des vceux ſimples. Lorſqu’ils ont demeu
ré cinq ans dans l'Ordre, ils font admis à un fecond Noviciat
d'un an; après lequel ils font profeſſion folemnelle ; mais s'ils
ont reſté fix ans l'Ordre , fans demanderà faire la pro
feffion folemnelle, ils n'y font plus reçus dans la fuite,& doi
vent demeurer dans leur vocation fous l'obligation des veeux
fimples.
Les Religieuſes font foumiſes aux Superieurs de l'Ordre
en quelques endroits, & en d'autres aux Ordinaires des lieux.
Elles doivent vivre d’aumoſne & fans aucuns revenus aux
Villes riches ; autant que cela fe peut faire commodément,
& aux lieux où elles ne peuvent pas vivre des aumofnes feu--
les , il leur eſt permis d'avoir du revenu en commun. Aux
Monaſteres qui font rentés l'on n'y peut recevoir plus dequa
torze filles, juſqu'à ce qu'il y ait du revenu ſuffiſant pour en
avoir davantage,fi ce n'eſt que quelqu'une aportât à la vêture
- Y y iij
358 Histo 1R E DES ORDRES RELIGIEUx,
CARM F° Fr
CARM FLI du bien fufiſamment pour en nourrir plus que les quatorze.
TES DE Aux Monaſteres qui font pour eſtre pauvres & non rentés,
«HaussE's.
le nombre des Religieuſes du Choeur ne doit eſtre que de
treize , & dans les Couvents rentés il ne peut pas y en avoir
plus de vingt, y compris les Soeurs Converſes. En eſté elles ſe
levent à cinq heures & font Oraiſon juſqu'à fix. En hyver el
les fe levent à fix heures & font Oraiſon juſqu'à ſept, & avant
le fouper elles ont encore une heure d'Oraiſon. Elles jeûnent
depuis l'Exaltation de la fainte Croix juſqu'à Paſques , ne
mangent jamais de viande, fi ce n'eſt dans les maladies; & aux
jeûnes d'Egliſe & tous les Vendredis de l'année , excepté
ceux qui font entre Pafques & la Pentecoſte, elles ne mangent
ni ni laitages. Le filence leur eſt recommandé depuis
Complies qu'elles difent après fouper, juſqu'à Prime du len
demain. Outre les diſciplines de vergeau jour qu'on fait de la
Ferie en Careſme ou en Advent, & en tout tems, les Lun
dis, Mercredis , & Vendredis , elles la prennent encore
tous les Vendredis de l'année pour l'augmentation de la Foi,
la conſervation de la vie , & des Eſtats des Princes Souverains,
pour les Bienfaicteurs, pour lesames du Purgatoire , les Cap
tifs, & ceux qui font en peché mortel , & ce durant l'eſpace
d'un Miſerere & quelques Oraiſons.
Ces Religieuſes auſſi-bien que les Religieux ont une Tu
nique & un Scapulaire de couleur minime, & un Manteau
blanc étroit. Les Religieux mettent par deſſus le Manteau un
Capuce, auſſi blanc, & les Religieuſes leur Scapulaire par
deflus la Guimpe, Les uns & les autres couchent despail
laſſes poſées fur trois ais. Les Religieux vont nuds pieds avec
des fandales de cuir , & les Religieuſes ont pour chauſſure
des fouliers ou fandales de cordes que les Eſpagnols appellent
Alpergates,& des bas d'une étoffe groffiere comme la robe.
Outre les deux Congregations de Carmes Dechauffés dont
nous avons parlé, il y en eut une troifiéme qui prit auſſi naif
fance en Italie , mais qui fut ſupprimée dans fon berceau.
Dès le commencement de la ſeparation des deux Congrega
tions d'Eſpagne & d'Italie, il y eut de la conteſtation entr’
elles au ſujet des Religieux de cette Reforme, que les Papes
Clement VIII. & Paul V. envoierent en Perſe en 16o4. &
16o5, en qualité deMiſſionnaires.Apoſtoliques. Ceux d'Eſpagne
pretendoient que d'envoier des Religieux dans les païs étran
PREMIERE PARTIE , CHAP. XLVIII. 359
ġers , c'eſtoit aller contre l'eſprit de leur Reforme. Ceux d'i ETCARMEs
CARME
)
talie foutenoient au contraire que çes fortes de Mistions L. 1TES DB -
* - -
36o HIstor R E DES ORD R ES RELIGI EUx,
Canuts jet du gouvernement de ce Seminaire. Le P. Dominique de
: :* la fainte Trinité, François, pour obvier aux inconveniens qui
si auss pouvoient arriver de ces differents, qui ne pouvoient entre
que prejudiciables aux Millions, chercha les moiens de pou
voir transferer ce Seminaire en un autre lieu , & le rendre
immediatement foumis aux Generaux & à ſes Definiteurs. Il
y reuffit, & obtint pour cet effet du Cardinal Maildachini
l'an 1662. l'Egliſe & le Monaſtere de faint Pancrace hors des
murs de Rome , qui avoient appartenus aux Religieux de faint
Ambroife, dont l'Ordre avoit eſté ſupprimé, & duquel Mo
naftere le Cardinal Maildachinieſtoit Abbé Commendataire.
Ce General fit rebaſtir l'Egliſe & retablir les lieux Reguliers,
& les baſtimens aïant eſté achevés en 1665. il y transfera le
Seminaire des Carmes Dechauflés, qui depuis ce tems-là a
toûjours eſté foumis immediatementau General de cet Ordre
& à ſes Definiteurs, qui y envoient les Sujets qu'ils jugent les
plus propres pour les Miſſions. Ils y apprennent pendant trois
ans les Langues Orientales , & huit jours après leur arrivée
dans ce Couvent, ils doivent faire voeu d'aller en quelque
Miſſion que ce foit pour la Converſion des Heretiques & des
Infidelles à la volonté de leurs Superieurs. Ces Miffionnaires
ont déja des Maiſons à Hiſpaham Capitale de Perfe,Sindi, &
Tatah dans les Eſtats du Mogol, dans le Malabar, à Baſſara,
au Mont-Liban, à Alep, à Goa & en pluſieurs autres lieux,tant
de la Syrie que des Indes Orientales.
Cet Ordre a pour Armes chapé d'argent & de couleur tan
inée, cedernier terminé en Croix saccompagnée de trois étoi
les de l'un en l'autre , deux en chef & une en pointe , l'Eſcu
timbré d'une Couronne Ducale, d'où fort un bras veſtu
d'une eſtoffe de couleur rannée, aïant en main une épée à la
quelle eſt attaché un rouleau avec cette deviſe : zelo zelatus
/um pro Domino Deo exercituum 5 la Couronne furmontée de
huit étoiles d'or diſpoſées de maniere , qu'elles ferment la
Couronne. . , - -
C H A P I T R E X L I X.
C H A P I T R E L.
*
**
*
---- ---T-
***
= -
C H A r i T R E L I.
-
.9Re/19 ZCZ/C16’ .9%n Z/e/? /e. a/Ory lele,
en. /talie. e cyx,-e / r -
PREMIER E PARTIE , CHAP. LI. 375
par Innocent IV. & mitigée par Eugene IV, avec des Conſti- ! 3
tutions particulieres, qui furent approuvées par l'Eveſque rsres
d'Orviete. - ~ . vis
Ces Religieuſes ne fontpoint de Noviciat. Elles reſtentfeule; "
ment quelques mois dans leMonaſtere en habit feculier,&lorf
qu'on leurdonne l'habit de Religion,elles renoncent publique
ment à l'Année de Probation , & prononcent en meſme tems .
leurs Væux ſolemnels, ce qui ſe fait en cette maniere. Celle ;
qui doit faire Profeſion,après avoir eſté reveſtuë de l'habit de
Religion, eſtant à genoux deyant la Superieure, dit tout haut
cesparoles: selon l'ordre establi dans cette Religion, cá továr
mé par les souverains Pontifes , je renonte à l'Année de Probar
tion, ó prononce dès à preſent, ó faả ma Profeſion comme ont
fait les autres qui /ont entrées en cette Religion. Et mettant en
fuite les mains ſur les faints Evangiles, elle prononee ſa Pro
festion ences termes : fe, nommée dans le/ecle N. có à preſent
Sæur N. de mapropre volonté , me denne moi-meſme à ce Mang/Ê
tere de fainte Marie-Magdelaine , de fainte Marie Egyptienne,
cé de /ainte There/e , appelé des Converties , & promets à Dien,
d tous les Saints, & à vous , Venerande Mere Gaur N. pre/evte
ment Prieure du mefine Monastere , & à celles qui vous ſuccede
ront ce feront éluës canoniquement en uoffre place , stabilité,
changement de maurs, obeiffauce, continence ó pauvreté, fr
lon la Regle du Sacré Ordre de Yotre-Dame du Mant-Carmel,
gue l'on doit obſerver dans ce Monastere. Ain/. Dien me ſoit en
aide, & les faints Evangiles de Notre-Seigneur. -
i, a leurs Tierçaires eſt un cordon , & que celle que les Carmes
zº. n. 16. donnent aufli à leurs Tierçaires eſt un petit Scapulaire en
forme de Billettes. C'eſt ainſi, dit-il, que les François nom
ment de petits morceaux de drap longs & quarrés ; & c'eſt
auſſi pourquoi l'on a donné à Paris le nom de Billettes, aux
Carmes qui ne font pas Dechauflés.
Premierementil n'eſt pas vrai que les Carmes de l'Obſer
vance de Rennes, qui font ceux qu'on nomme Billettes à
Paris ,aient eſté ainfi appellés, à cauſe du Scapulaire en for
me de Billettes qu'ils donnent aux perſonnes qui ont devotion
de le recevoir ; car il y avoit déja plus de trois cens ans que
ce non eſtoit donné aux Religieux Hoſpitaliers de la Charité
de Notre-Dame, qui cederent l'an 1632. à ces Religieux Car
mes, le Couvent des Billettes, qui fut baſti l'an 1294. en la
ruë des Jardins, appellée dans la fuite des Billettes, à la place
de la maiſon d'un Juif, qui avoit fait pluſieurs outrages à la
fainte įHoftie qui depuis ce tems-là a eſté conſervée avec
beaucoup de veneration dans l'Egliſe de faint Jean en Gre
* ve : & quoique les François donnaſſent autrefois le nom de
Billettes à des pieces d'étoffe d'or ; d'argent, ou de couleur,
plus longués que larges,qui fe couſoient par intervalle ſur les
habits pour leur fervir d'ornement, & qu'on a depuis tranſ
portées ſur les eſcus, comme on peut voir dans les Armoiries
des Maiſons de Choiſeul, de Beaumanoir , & de pluſieurs au
.. . tres ; neanmoins ce mot a eu pluſieurs ſignifications , & fe
prend encore pour une Enſeigne en forme de Barillet, qu'on
fel de re- met aux lieux où l'on doit peage. Ainſi il y a bien de l'apparen
, ce, quele nom de Billette quia eſté donné d'abordau Monaſ
i e -
“ leur
tere fut
queles
cedéCarmes occupent
, & quia à preſent
eſté baſti, comme depuis l'an 1632.
nous avons dit , qui
dès
l'an 1294. vient de ce qu'à la maiſon du Juif qui fut demolie,
il y avoit pour Enſeigne trois ou quatre Billettes , comme re
marque
-||
-
-
mº «; ****--
-?
•
-,'
tv |-
7
P.ATYACM
|--
\
1||».§ŠN
}
--|
}|||
\--%
||
|NN|af
*
* N-*R
S
N/27
W
7.
-A|
v|,
||*
*-| -}
|-*
-,
*
E2
x
||
-|
*
*
-
-
PR EMI ER E PARTI E , CHAP. LII. 377
marque le Pere du Breüil dans les Antiquités de Paris, fi ce °
n'eſt, dit ce Pere, que l'on ne vouluſt deriver ce nom du mot c ,
Latin Bilis atra de la colere & fureur de ce Juif.
Il n'eſt pas vrai non plus que les de faint Fran- 2: :
çois donnent à leurs Tierçaires un Cordon , & les Carmes #"g: '.
un petit Scapulaire compoſé de deux morceaux de drap liv. 4. taz.
uarrés. Le Pere Papebroch a fans doute confondu les Con-*77
du Cordon de faint François, & du Scapulaire des Car
mes, avec les Tierçaires de ces Ordres. Il y a cependant une
grande difference entre les uns & les autres ; car quoique le
mot de Confrairie foit fort honorable, & qu'on entende par
là pluſieurs perſonnes unies enſemble par les liens de la chari
té, pour s'emploier à de bonnes oeuvres ; & que ces fortes de
Confrairies aïent eſté approuvées par le faint Siege ou par les
Eveſques des lieux où elles font 5 neanmoins les Re
glemens & ce qui fert à y maintenir une obſervance unifor
me ne font que fous le nom de Statuts : & il ſuffit pour y en
trer de fe faire enregiſtrer dans la Liſte des 3 all
*** *
||
|
|}|
|
|| |
| }
||
|
-
}
}F
||
|
|
};
||# }3|-4Í
}
--
2'4 .
PREMIERE PARTIE, CHAP. LII. 379
du tems des Prophetes , on doit preſumer qu'il y en avoit Tiras os: D RE DES
deux autres Cependant il dit , que lorſque les CARMts.
Carmes eurent reçu le Bapteſme des mains des Apoſtres meſ
mes, ils fe diviferent pour lors en trois claſſes avec des ma
nieres de vie differentes : que la premiere fut celle des Re
ligieux qui vecurent en Congregation : que la deuxiéme fut
celledes Religieuſes qui vecurent auſſien Congregation avec
voeu de clôture : & qu'enfin la troifiéme fut celle des Tier
çaires, qui vecurent avec leurs femmes & leurs parens dans
leurs maiſons, les uns & les autres ſous la Regle & les pre
ceptes du ſacré Ordre du Mont-Carmel. Ainſi , s’ils n’ont
commencé à ſe ſeparer & à former trois differentes claſſes
qu'après avoir eſtébaptiſés par les Apoſtressil s'enſuivroit que
le Prophete Abdias & la Biſaïeule de Jeſus-Chriſt, n’auroient
pas eſté pluſtoſt du Tiers-Ordre des Carmes,que du premier
ou ſecond Ordre,ſuppoſé qu'il y en euſtun,puiſqu'il n'y avoit
point encore de ſeparation. – -
Ce n'eſt donc que l'an 1477. que le Tiers Ordre des Carmes
a commencé en vertu de la Bulle de Sixte IV. qui eſt le Mare
magnum de l'Ordre des Carmes. Les Freres & Soeurs de ce
"oifiéme Ordre n'avoient point autrefois d'autre Regle que
PREMIER E PARTIE , CHAP. LII. 38r
celle que le Patriarche Albert avoit donnée au premier Or-Tiers oas
drePere
le ; mais ils en Stratius,
Theore eurent uneGeneral
dans lades
fuite, qui fut
Carmes versdreflée par ARMãs:
l'an 1635. „ “
& elle a eſté reformée l'an 1678. par le Pere Emile Jacomelli,
Vicaire General de cet Ordre, & contient preſentement dix
neuf Chapitres. Conformément à cette Regle on peut rece
voir dans ce Tiers Ordre toutes fortes de perſonnes de l'un
& de l'autre ſexe, Eccleſiaſtiques & Laïques, filles, veuves ou
femmes mariées ; pourveu qu'ils foient tous d'une vie exem
plaire: qu'ils aïent une grande devotion enversla fainte Vier
ge : qu’ils ne foient point déja reçus & Profés dans un au
tre Tiers Ordre : qu’ils ne point fufpects d'herefie ou
de deſobéiſſance à la fainte Egliſe Romaine : qu'ils n'aient
point quelque notable difformité de corps, ni de maladie ou
incommodité qui puiſſe donner aux autres une averſion patu
relle pour eux : qu'ils aïent honneſtement dequoi vivre,ou au
moins qu'ils puiſſent gagner leur vie dans une vacation hon
neſte. Aiant eſté reçus, ils font un an de Noviciat , après le
quel ils font profeſſion en la maniere ſuivante. Moi frere N.
ou /æur N. fais ma Profesſion, ó promets obedience ó chaffeté
à Dieu tout Puiffant, & à la B. Vierge Marie du Mont Carmel,
cé au Reverendisſime Pere N. General dudit ordre , & à ſes -
Succeſſeurs , felon la Regle du Tiers-ordre, juſqu'à la mort.
Ceux qui font Clercs doivent dire l’Office divin, felon l'uſa
ge de l'Egliſe de Rome ou de leur Diocéſe ; les Laï
ques Letrés le doivent reciter, felon l'uſage de l'Ordre des
Carmes, ou bien le petit Office de la Vierge, & ceux & cel
les qui ne fçavent pas lire, doivent dire pour Matines vingt
fois Pater nester, & autant de fois Ave Maria, excepté qu'aux,
Dimanches & Feſtes folemnelles, ce nombre doit eſtre dou
blé. Ils en difent ſept pour Prime, Tierce, Sexte, None &
Complies , & pour quinze. Outre les jeûnesqui font
inſtitués & commandés par l'Eglife, ils doivent s'abſtenir de
viande & jeûner durant l’Aveut & tous les Vendredis de
l'année, excepté celui de l'Oétave de Paſques. Ils font enco
re obligés à jeûner les Feſtes de l'Aſcenſion, de la Pentecoſte,
du faint Sacrement, de la Nativité, Preſentation, Viſitation,
Purification , Aſſomption & Commemoration de la fainte
Vierge ; & de plus tous les Mercredis, Vendredis & Samedis,
depuis la Feſte de la fainte Croix incluſivement l'A
B b b iij
382 HIsro1R E DES ORD R E s RELIGIEUx ,
Tirnº os- vent, & depuis la Nativité de Notre Seigneur juſqu'au Ca
DRE DES
CARMEs.
reſme. En tout tems & en tout lieu, ilsgardent l'abstinence
de viandeles Mercredis & Samedis, excepté le jour de la Na
• • r - A 2 -
Tome I, Ccc
\ 386 HIsto IRE DES ORDRES RELIGIEUx,
CH E v A
LI ER S DE
”O
C H A P I T R E L I V,
DAM E
" Des Chevaliers de l'Ordre Royal, Militaires er Hoſpita
****“ lier de Notre-Dame du Mont-Carmeler de S. Lazare
de feruſalem.
|
- PREMIER E PARTIE, CHAP. LIV. 39I
partenu à leur Ordre,& qu'ils pouvoient avoir 3 gui,
confirmoit l'union de ces deux Ordres , & leur onnoit l'ad
miniſtration perpetuelle des Maladeries, Hoſpitaux, Maiſons- No a
Dieu & autres lieux dans le Roïaume, ou l'hoſpitalité n'eſtoit P: Pº
pas obſervée , & qui unifloit à l'Ordre de Notre-Dame du ,.
Mont – Carmel les biens de quelques Ordres Militaires &
Hoſpitaliers , qui par cet Edit eſtoient reputés éteints & ſup
rimés en France,ſpecialement les Ordres du Saint-Eſprit de
Montpellier, de faint Jacques de l'Epée, du faint Sepulcre,
de fainte Chriſtine de Somport, de Notre-Dame dite Teuto
nique, de faint Jacques du Haut-Pas ou de Lucques, & de
faint Loüis de Boucheraumont ; pour des biens & revenus de
ces Ordres, Maladeries, Hoſpitaux, Maiſons-Dieu & autres
lieux, ainſi reünis à l’Ordre de Notre-Dame du Mont-Car
mel & de faint Lazare, en eſtre formé par le Roi des Com
manderies, deſquelles fa Majeſté & les Rois fes ſucceſſeurs.
auroient,en qualité de Chefs fouverains de cet Ordre,l'entie
re & pleine diſpoſition en faveur des Officiers de leurs trou
pes, quife feroient admettre dans cet Ordre, & fur ces Com
manderies y affecter telles penſions qu’elles pouroient & de
vroient porter. Sa Majeſté voulutaulli que ces Comman
deries l'on prift par forme de reſponſion & de contribution,
les deniers pour aider & ſubvenir à l'entretien des
Hopitaux defes Armées & Places frontieres où feroient reçus,
les Officiers & Soldats bleſſés & malades, aïant jugé cette ap
plication plus conforme aux intentions des des
lieux pieux,à preſent qu'il n'y a preſque plus de Lepreux dans
le Roïaume ; voulant neanmoins ceux qui feroient atta
qués de ce mal, fustent tous logés dans un meſme lieu aux de
ens de l'Ordre, conformément à ſon inſtitution. Et pour
de cet Edit & connoiſtre de tous les procès & dif
ferens qui naiſtroient pour raiſon des choſes y contenuës,
le Roi reſolut d'établir une Chambre compoſée d’Officiers
des plus conſiderables de fon Confeil, en laquelle Chambre
les procès & differens feroient jugés en dernier reffort, lui
donnant pouvoir d'enregiſtrer toutes Declarations & Arreſts,
faire des Reglemens tels qu'elle jugeroit à , & ſubde--
ieguer, en eas de beſoin, tant en matiere Civile que Crimi
nelle ; laquelle Chambre dureroit tout le tems que ſa Majeſté
jugeroit neceſſaire & à propos pour le bien des affaires de
392 HIsro I RE DES ORD R ES RELIG I EUx,
cheva- l'Ordre, fe refervant dela revoquer & ſupprimer lorſque bon
YL I E R S DE
L'ORDRE
lui fembleroit.
D E No T R E Le Grand-Maistre de Nereſtang , pour parvenir à l'exe
D AM E DU
Mo N T cution de cet Edit , convoqua un Chapitre General à Boigny,
CARME L u'il indiqua au dix-neuf Fevrier 1673. Mais avant qu'il
tînt, il fe demit volontairement de fa Charge de Grand
Maiſtre entre les mains du Roi. Les Chevaliers en aïant eu
avis aſſemblerent leur Chapitre General le 27. Janvier 1673. &
preſenterent une Requeſte au Roi, par laquelle ils ſupplioient
fa Majeſté d'unir la Charge de Grand-Maiſtre de leur Ordre
à fa Couronne & d'agréer la poſtulation qu'ils avoient faite de
M. le Marquis de Louvois, pour gouverner l'Ordre en qua
lité de Vicaire General.
Le Roi declara qu'il ne pouvoit alors unir à fa Couronne
la Grand-Maiſtrife; mais qu'il agréoit l'élection qui avoit eſté
faite par poſtulation dans le Chapitre, du Marquis de Louvois
pour regir les affaires de l'Ordre fous fon autorité. Sa Ma
jeſté fit expedier des proviſions de Grand-Vicaire en faveur
du Marquis de Louvois le 4. Fevrier 1673. Il fut reçu dans
le Chapitre de l'Ordre en cette qualité , & confirmé dans
le, Chapitre General qui fetint le 19. du meſme mois à Boi
gny. On pourſuivit en Cour de Rome les Bulles de confir
mation. Monfieur Coquelin Docteur de Sorbonne y fut en
voïé pour les folliciter, mais ce fut inutilement ; car le Pape
Clement X. ne les voulut point accorder, ce qui n'empefcha
pas le Marquis de Louvois de gouverner toûjours l'Ordre &
de recevoir les Chevaliers.
L’Edit de 1672. nonobſtant les oppoſitions de Loüis Nicolas
Parnajon, General des Cheanoines de l'Ordre du
Saint-Eſprit de Montpellier, & celles des pretendus Cheva
liers du meſme Ordre , fut enregiſtré au Grand Confeil le
| 2o. Fevrier 1673. Le Roi, conformémentà cet Edit,aïant établi
une Chambre Roïale à l'Arſenal de Paris le 8. Janvier de la
meſme année, ordonna par fes Lettres Patentes du 22. Fev.
qu'il y feroitauffi enregiſtré,ce qui fut fait lez5.du meſme mois.
CetteChambre eſtoit compoſée d'unConfeiller d'Etat ordinai
re,de huit Confeillersau grand Confeil,& d’un ProcureurGe
neral. Sa Majeſté par fes Lettres du 24. Mars1674 declara que
dans l'adminiſtration des Hopitaux & lieux pieux accordée à
l'Ordre deNotre-Dame duMont-Carmel & de S. Lazare, par
CCL
///r/e.ſe/za/z/aſe /órare de /litre oame zſe Mozzz-(arme/
e/e/e /* Lazare a/e . /ertara/cm |
«T
/ (7 . «'. n.:Aav .A.
- PREMIER E PARTI E, CHAP. LIV. 393
cet Edit de 1672. elle avoit entendu comprendre les Hoſpi- , Cerva
taux fondés pour la reception des Pelerins & des pauvres "
paſlans, & par un autre Edit du mois d'Avril 1675. elle de- og Norra
clara que conformément à celui de 1672. & fa Declaration de ""
1674. l'Ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel & de faint cA ex.
Lazare de Jeruſalem feroit mis en poſleffion & faifine de l'ad
miniſtration de tous les Hoſpitaux , Maladeries, Commande
ries & autres lieux pieux qui lui avoient eſté accordés,meſme
de ceux qui avoient eſté ci-devant concedés & accordés par
faMajeſté ou autres à quelques Communautés Eccleſiaſtiques
ou Laïques , Regulieres ou Seculieres lors de leur fondation,
premier eſtabliſſement ou dotation, de quelque qualité & Or
dre qu'elles fuffent. Voulant neanmoins que les Hoſpitaux,
Maladeries, Commanderies & autres lieux pieux qui eſtoient
aćtuellement poffedés par des Communautés tant Seculieres
queRegulieres,&quileur avoient eſté abandonnés & unis lors
de leur Fondation, dotation , & pour fervir à leur premier
eſtabliſſement, continuaflent de joüir comme par le paſſé de
leurs bâtimens,Egliſes, Chapelles, lieux Reguliers,autres loge
mens,jardins & clôtures y joignant;foit que leſdits bâtimens &
clôtures fiflent partie des bâtimens anciens de ces Hoſpitaux,
Maladeries & lieux pieux ; enſemble de tous les autres fonds
& revenus que ces Communautés pouvoient avoir acquis de
puis leur établiſlement,& que fur tous les biens,droits & reve
nus dependans deſdits Hoſpitaux, Maladeries, Commanderies
& autres lieux pieux, diſtraction feroit faite au profit deſdites
Communautés de la moitié de ces fonds & revenus , (les
charges ordinaires préalablement deduites, ) pourveu toute
fois que lefdits revenus n'excedaflent pas la valeur de deux
mille livres par an ; & qu'au cas que leſdits revenus excedaf
fent cette fomine, il feroit fait feulement diſtraction du tiers
au profit de ces Communautés pour leur entretien & ſubfiſ
tance; & à l'égard de l'hoſpitalité pour laquelle ces lieux pieux
avoient eſté ſpecialement fondés,SaMajeſté voulut qu’elle fuſt
dorenavant exercée par l'Ordre de Notre-Dame du Mont
Carmel & de faint Lazare. s*
§ § §S
|» . -
- - B \RBR: B'i %%
.ns- s |$ r"
S-, ø, Èss 4
Az ? {
2S22*ë
|B}}}{{
R
... des Freres Servans n'eſt que de drap, & ils n'ont fur le coſté
- auche que leur Medaille en broderie. Les Novices ont feu
un petit Manteau de fatin verd, auquel eſt attaché une
eſpece de Capuce , & le Herault a une Dalmatique de Velours
amarante, aïant par devant un Eſcuflon en broderie d'argent
où font les Armes de l'Ordre, qui font d'argent à la Croix
écartelée de couleur tannée & de finople, l'Eſcu furmonté
d'une Couronne Ducale. Les uns & les autres, à l'exception
des Chevaliers Eccleſiaſtiques qui ont un bonnet quarré, por
tent une Toque de Velours noiravec des plumes noires & une
aigrette. Ils s'aſſemblent ordinairementaux Carmes des Billet
tes ; mais ils folemnifent la Feſte de Notre-Dame du Mont
Carmel & celle de faint Lazare dans l'Egliſe de faint Ger
main des Prez , où ils fe trouvent tous en habit de cere
monie.
Pour eſtre reçu dans cet Ordre, il faut faire preuve de No
bleſſe de trois quartiers, tant du coſté paternel que maternel,
Le Grand-Maiſtre peut neanmoins diſpenſer de la rigueur
des preuves de Noblefle, ceux qui ont rendu des fervices con
fiderables au Roi ou à l'Ordre, & les recevoir Chevaliers de
grace. Les Eccleſiaſtiques quiveulent faire preuve de Nobleſſe,
tiennent rang parmi les Chevaliers de Juſtice, & il y a encore
des Chapelains & des Freres Servans qui ne font pas Nobles.
Les Chevaliers , tant Eccleſiaſtiques que Laïques , païent
pour leur paſſage dans l’Ordre mille livres, & les Chapelains
& les Freres Servans cinq cens livres.
Voici ce qui ſe pratique à leur reception & à leur Profeſ
fion , conformément au nouveau Ceremonial imprimé en
17o3. La Meſſe eſtant finie,&le Grand-Maiſtre ou fon Repre
fentant eſtant affis dans un Fauteüil, l'Officiant reveſtu d'une
Chappe fait lesbenedictions de la Croix & de l'Epée, après
quoi le Novice qui a toûjours eſté à genoux pendant ces Be
nedićtions, fe leve & va fe preſenter devant le Grand-Maif
tre qui lui dit: Que demandez-vous. Le Novice reſpond : fe
quous/upplie tres humblement, Mon/eigneur, de me donner l'or
dre de Chevalerie de Noire-Dame de Mont-Carmel ó de faint
/7e/zzz// /. /Ørefre de //ó/re Zoame a/e /7Zonz-Carme/,
A C7A .
- e/ a/e /* Za zare ale „Verzaraz/em . * - . -
*** -
PREMI ER E PARTI E , CHAP. LIV. 397
Bazare de feru/alem. Le Grand-Maiſtre lui dit : Vous me de- Cheva.
mandeX une grace qui ne doit estre accordée qu'à ceux que le me- : „
rite en rend dignes autant que la Nobleffe de leur nai/ance , & de No
qui font diſpoſés à la pratique des æuvres de mi/ericorde envers ºs
Îes Pauvres de fe/us-Christ, & à verferleur/ang pour la defenſe .
de la Religion Chrestienne ó pour le fervice du Roi. Nous avons
appris par des preuves certaines , que les conditions & diſpost
tions neceffaires à la grace que vous nous demandeX/e trouvent
en vous, ce qui nous a meus à vous l'accorder. Estes-vous di/pe/ế
à vous fervir de votre épée pour la defen/e de l'Egliſe , le fervice
du Roi, l'honneur de l'ordre có la protection des mi/erables ? Le
Novice reſpond: Oui, Mon/eigneur , avec l'aide de Dieu. Enſui
te le Grand-Maiſtre lui dit : fe vaủ vous recevoir dans l'ordre
Roial , Militaire & Hoſpitalier de Notre-Dame du Mont-Car
mel & de faint Lazare de Heruſalem, au nom du Pere, có du
Fils , & du /aint Eſprit. Il fait, en prononçant ces paroles, le
figne de la Croix furle Novice. Il fe leve de ſon Fauteüil, ti
refon épée du fourreau & en donne deux coups, l'un fur l'é
paule droite, l'autre fur l'épaule gauche du Novice en lui di
fant : Par Notre-Dame du Mont-carmel có parfaint Lazare, je
vous fais Chevalier. \
A Dans le neuviéme fiécle , des Eſt choiſi par le Pape Clement III. &
Grands Seigneurs & même des fem l'Empereur Frederic 1. pour Arbitre
mes mariées, poſſedoient des Abbayes de leurs d fferens. , la meſme.
& jouiſſoient de leurs revenus comme Eſt nommé Patriarche de Jeruſalem.
de leur Patrimoine. page 159
315
Abd Elmest h , Heretique Jacobite, fe Innocent III. le fait venir à Rome &
met à force d'argent en poſleffion du luy donne e Pallium. la meſme.
Patriarchat de cette Secte , & perſe Le fait fon Legat dans la Paleſtinc.
cute les Catholiques. II1
la meſme
Eſt depoſé , & un Catholique mis à fa Eſtablit ſa reſidence à Acre. la meſme.
Place. la mefne. L'Eveſthé d'Acre uni au Patriarchat
Al dias ( le Prophete. ) Les Carmes de Jeruſalem. 316
pretendent qu'il eſtoit de leur Tiers
Ordre. 378 Donne une Regle aux Carmes. la mef:
Eſt aſfaffiné par un Italien. la meſme.
Abe. Eſpece de manteau ou de chape Aleffio. Voyez Nice'as d'Aleſſio.
dont les Orientaux fe fervent en cam
Pagne. 31 o
Alexan dre (Saint ) Fondateur de l'Ordre
Aby jins. Voyez Ethiopiens. des Acémetes, fa naiſſance. 138
Acari ( Mademoiſelle ) procure l'eſta Se fait Moine en Syrie la meſm:.
bliſſement des Religieuſes Carmelites Convertit pluſieurs Païens qui veulent
Dechauffées en France. 366 l'avoir pour Eveſque. la meſme.
Prend l'habit de Soeur Converſe de cet Convertit des Voleurs qui changent
leur Caverne en un Monaſtere 239
Ordre , fous le nom de Soeur Marie de Bâtit un Monaste e ſur l'Euphrate, où
l'Incarnation. 374
la me ‘me.
il establit la Pialmodie continuelle.
Sa mort
l r meſme.
Acémete ( Moines ) Pourquey ainſi ap Va à Antioche d'où il eſt chaffé par
Pellés. 2.4O
l'Eveſque qui le croit de la Secte des
Sont ſoupçonnés d'eſtre de la Seéte des Meſſaliens à cauſe de la priere conti
Meſſaliens a meſme.
à Acace Patriarche d'An nuelle qu'il avoit instituée. la meſme.
tioch: qui s'eſtoit revolté contre l'E Progrès de ſon Inſtitut, la meſme é:
glif: 14.I
fuivan es.
Fonde un Monaſtere à Conſtantinople,
S'engagent dans les erreurs de Neſto
rius. la meſme. oti on veut l'obliger d'interrompre fa
Pſalmodie continuelle. 2. 4o
Sont condamnés à Conſtantinople & Sa mort. la meſme.
enſuite à Rome. la meſme «4. 2.42.
Alex andrie. Le Patriarche d'Alexandrie
Avoient quatre Monaſteres à Conſtan. eſt Chefde l'Egliſe d'Ethiopie. 8
tinople 24 I
Alain, General de l'Ordre des Carmes, Alfonſe I X , Roy de Caſtille , donne
aux . hevaliers de Mont-joye le Châ
envoye des Religieux en Chypre qui teau de Mont-frac dont ils prennent le
y fondent un Monaſtere. 317
IlOIT1, 279
Alvert ( Saint ) Patriarche de Jeruſa Donne auſſi à d'autres Chevaliers le
lem , ſa naiſſance & fes parens. 313
Prend l'habit chez les Chanoines Re Château de Truxillo dont ils prennent
pareillement le nom. la me/me«
guliers de Mortare. 3I4
Alfonſe d'Arragon , premier Archiman
Eſt élu Evei que de Bobio, & ne veut drite Commendataire du Monaſtere de
Poin accepter cet Evetché. ta meſme. faint Sauveur à Meffine. 2. 17
Elů Eveſque de Vercell, & conſent à Am ... ( Saint ) fonde des Monaſteres
fon Ordination. la meſmes avant faint Pachome. 39
Tome I.
Ecc
T A B L E
M. de Tillemont eſt de fentiment con Ont deux Patriarches , dont l'un re
traire. la meſme. fide à Ekiniafin, l'autre à Cis. la mef:
Son fentiment combatu, la meſme er Superiorité de celuy qui refide à Ek
fuivantes. miafin. la meſme.
Anachorettes. Sorte de Moincs, qui après Armentens ( Moines ) font de deux for
avoir veſcu dans un Monaſtere ſe re tes, les uns de l'Ordre de faint Antoi
tirent dans la folitude. 3o ne, & les autres de celuy de faint Ba
Charlemagne les renvoye dans leurs file. 96 -
Monasteres , & pourquoy. 32. Moines Arrheniens de l'Ordre de faint
André , Archeveſque d'Alep, Jacobite, Antoine , font appellés Solitaires,
envoye ſa Profeffion de Foy à Rome leurs auſteritez & leurs obſervances.
après avoir abjuré ſes erreurs. III 97
Eſt élevé au Patriarchat d'Antioche. Quelques-uns renoncent à l'erreur &
la me me. fe foumettent à l'Egliſe Romaine. 1ο5
Perſecuté par les Heretiques & fa Leurs obſervances & leur habillement.
InO II. la mefine. la m fmr.
Antoine (Saint) Pere des Moines Coeno Moines Armeniens de l'Ordre de ſaint
bites, fa naiſſance. 74. Baſile, leur principal Monaſtere cità
Sa retraite dans le Deſert. 75 Ekmiaſin. 98
Ses combats contre les Demons. 76 Sont fort zelés pour la Religion Ch é
Reçoit des Diſciples 77 tienne. I GO !
des Carmes & des Jeſuites. la meſme. Peu d'accord entr'eux touchant
Innocent XII. impøſe filence ſur la barres , pour favoir fi elles eſtoient
queſtion de la primitive Inſtitution de en pal ou en faſce. la meſme & 32 I
l'Ordre des Carmes par les Prophetes Appelloient autrefois leurs Chapes,
Elic & Eliſée, qui avoit donné lieu à Carpettes. 31o
ce differend. 2 95 Plaifante penſée de quelques Carmes
Bref de ce Pape à ce ſujet. la meſme. fur l'origine de ces barres. la me me.
Carmes. Peu d'accord entr'eux au ſujet de & P ef pag. xxviij.
la premiere Regle qu'ils ont ſuivie. 3er Quittent ces barres & prennent des
- é futvantes. Chapes blanches. 31 I
N'ont point eu pour Regle ni celle de N'ont porté le Scaptilaire que pluſieurs
faint Baſile , ni le Livre de l'Inſtitu années aprés leur paſſage en Europe.
tion des Moines fauffement attribué à la mr/me.
Jean II. Patriarche de Jeruſalem. ;o; Carmes, appellés de l'Obſervance, fui
Saint Albert Patriarche de Jeruſalen, vent la Regle mitigée par Innocent IV.
leur donne la Regle qu'ils ſuivent pre 31 o
fentement. 3O4 Carmes Reformés de la Congregation du
Pretendent que cette Regle eſt tirée AMont-Olivet. Cette Congregation ne
des eſcrits de faint Bafile & de Jean II. conſiſte que dans un Couvent qui dé
Patriarche de Jeruſalem. 3o6 pend du General. 334
shuí és l'obſervent austi , & clic est 1.aure des Pyrges ou des Tours fondée
D E S P R I N C I P A L E S M A T I E R E S.
par l'Abbé Jaques. 167 Quel eſtoit leur habillement. la mefine
Laure de Maliſche fondée par le Bienheu c3, faivantes.
reux Firmin. la meſme.
Lion IV. Pâpe, fait baſtir à Rome la
Laure de Mariche , fondée par Severien. Ville neuve , appellée de fon nom Leo
la meſme. nine , & à preſent le Bourg de faint
Laure d'Elcerabe , fondée par Julien, la Pierre. 3 I2.
meſme. Ceremonies qui furent pratiquées dans
Zaure de faint Gerafime. I 68 la benedićtion de cette nouvelle Ville.
Obſervances des Moines de cette Lau - la meſme.
1C. la meſme. Leon X. Pape , eſtablit l'Hoſpital de Ca
Laure des Eliottes, bastie par le Solitaire pouë pour Chef de l'Ordre en Italie.
Antoine. la meſme. 168
Lazare [Saint ] Ordre Militaire, ſenti Leopol, ville de Pologne, a trois Arche
ment de Maimbourg ſur l'Origine de veſques ; un Latin , un Grec, & un
cet Ordre. 258. c4 /uiv. Armenien. 2. II
Les Lepreux y eſtoient reçus Cheva Leopold , Empereur, eſcrit au Pape & au
liers. 2 63 Roy d'Eſpagne en faveur des Actes des
Ne pouvoient élire qu'un Lepreux Saints des Bollandiſtes. a 94
pour Grand-Maiſtre. la meſme. Les Carmes dénoncent à l'Inquiſition
Pluſieurs Princes prennent cet Ordre fa Lettre au Roy d'Eſpagne, comme
fous leur protećtion. 264 Heretique & Schiſmatique la meſme.
Alexandre IV. donne aux Chevaliers la Levi | Jean de ] Grand-Maiſtre de l'Or
Regle de faint Augustin. la meſme. dre de faint Lazare. 2.66
Eſtenduë de la Juriſdiction du Grand Licandre [ le P. Alphius ] Carme, entre
Maiſtre. la meſme. e6, fuiv. prend une Reforme de fon Ordre en
- Nomination des Grands-Maistres ap Sicile. 33 6
partient au Roy de France. la meſme. Louis VII, dit le Jeune , Roy de France,
Innocent VIII. ſupprime cet Ordre & dorne la Terre de Boigny à l'Ordre
l'unit à celuy de faint Jean de Jeruſa de faint Lazare. 2 64
lem. 2.6 5 Louis [ Saint J Roy de France , fait de
La Bulle de ce Pape n'a point lieu en grands biens à l'Ordre de faint Lazare.
France où cet Ordre ſubſiſte toûjours. 2 66
la meſme. Fait venir des Carnes à Paris , &
Leon X. le rétablit en Italie , & re leur fonde un Couvent. 318
connoiſt l'Hoſpital de Capouë pour . Les Carmes, par reconnoiſſance, le
Chef de l'Ordre. 2 67 mettent au nembre des Tierçaires de
Titre de Grand-Maistre uſurpé en Ita leur Ordre & des Confreres du Scapu
}ie. la meſme. laire , quoyque ce Prince foit mort
- Ce Titre est accordé au Duc de Savoye avant l'establiſlement de leur Tiers
par le Pape Gregoire XIII. qui unit Ordre & de la Confrairie du Scapulai
l'Ordre de faint Lazare à celuy de S. Tc. ' - 383
Maurice, 168
rezignan ( Guy de) Roy de Jeruſalem,
Protestations faites par le Grand-Maiſ: perd le Royaume de Jeruſalem dont
tre legitime en France contre cette les Infidelles s'en parent. 276
union. 2 69 Vend ſes pretentions ſur ce Royaume
Les Chevaliers de cet Ordre en Fran à Richard Roy d'Angleterre , qui luy
ce, font maintenus dans la pcffe ffion - donne en échange l'Iſle de Chypre. la
des Commanderies. la meſme. 77 e 1 777 e.
Henry IV. Roy de France ſupprime Se fait Roy de Chypre, 8 fonde l'Or
cet Ordre , & l'unit avec toutes les dre de Chypre cu du Silence. la mf:
Commanderies qui en défendoient à
l'Ordre de Notre - Dame de Mont M
Carmel. 38 3
- Les Chevaliers de faint Lazare fai Aeaire. Deux Saints de ce nom Dif
feient autrefois des vaux ſolemnels. ciples de faint Antoine. I 69
Eſtablit des Religieuſes de ſon Ordre. Est appellé premier Ermite, quoyqu'il
la meſme. y ait eu des Solitaires avant luy , &
Sa mort. I f9 pourqucy. 3o
apebroch ( le Pere ) Jeſuite , n'admet Sa Tunique faite de feiiilles de pal
point de Monastere avant faint Pacho mes, conſervée dans l'abbaye de faint
me, ſon fentiment combattu. 44. c3. Antoine en Dauphiné. 71
fuivantes. Paul de faint sebastien ( le Frere ) Reli
Ce qu'il dit de l'origine de l'Ordre des gieux Hoſpitalier de l'Ordre de faint
a II neS. 2 84 Jean de Dieu , dorne le plan d'une
Leur diſpute d'anciens Couvens qu'ils Hiſtoire Patriarchale, pour oppoſer à
retendent leur avoir appartenus avant l'Hiſtoire Prophetique des Carmes. xxj.
} douziéme fiécle. 28; de la Pref.
Attaqué par le Pere Daniel de la Vier Pretend que le Patriarche Abraham a
ge Marie , qui écrit contre luy, la fondé ſon Ordre. xxij
meſme. Que les maiſons de ce Patriarche, de
Et par le Pere Valentin de faint Amand. Lot , de Laban , & meſme la Piſcine
- - 187° Probatique, eſtoient des Couvens de
Libelles que les Carmes font courir cet Ordre. la meſme.
contre luy. la meſme. En met meſme juſque dans les Limbes.
Repreſenté comme un Hercule Com Pazzi ( Sainte Marie Magdelaine de )
modien dans un autre libelle. 291 Religieuſe Carmelite a canoniſée par
Dénoncé par les Carmes au Pape In le Pape Ciement IX. 32 6
nocent XII. & à l'Inquiſition d'Eſpa Penitence des Martyrs Ordre Militaire.
gne. 2 92. Voyez Ordre de faint Coſme é de faint
Damiem.
Accuſé par le Pere Sebastien de faint -
dre aux Cenſures qui avoient esté por Philar tretos. Celebre Monastere de Re
tées contre ſes Ouvrages. 2.9 4 ligieufes Baſiliennes à Moffine, où :
Ne font point condaninés à Reme. la « Îles ſuivent le Rit Grec. , 2 37°
meſme. F} iliftiz i ( Jean-Antoine ) General de
Sa Repcnſe au Pere Sebastien de faint l'Ordre des Carmes, fait recevoir l'é
Paul. - la mefwe: troite Obſervance en'Allemagne. 338°
Tøme I, Ggg .
T A B L E
Phocas ( Jean ) fon Voyage en Terre le Pape Clement VIII. pour le recon
Sainte. 284 noiſtre comme Chef de l'Egliſe. 2 Iz
Ce qu'il dit de l'origine de l'Ordre des Reclus. Conditions que le Concile in
Carmes. ' la me/me. Trullo leur impoſe pour embraſſer ce
Pie II. Pape, mitige la Regle des Car genre de vie. 3*
mes, & y fait des changemens autres Il y en avoit à Vienne en Dauphiné. 33
que ceux qui furent faits par les Papes Il y avoit auffi des Recluſes en Fran
- Innocent IV. & Eugene IV. 3 Io CC. la meſme
Ceix qui fuivent cette Regle ainfi mi Grimlaic leur preſcrit une Regle. la
tigée, font appellés Carmes Conven meſme.
tuels. la meſme Religieux, n'ont rien changé des mæurs
Pie IV. Pape , accorde de grands Privile & des couſtumes des Anciens. 58 é.
ges à l'Ordre de faint Lazare. 163. 6. fuivantes.
fuivantes. Rhemobotes , Eſpece de Moines qui en
Pie V. revoque cn partie les Privileges portoient indignement l'habit. 39
ue fon Predeceſſeur avoit accordés à Roger Comte de Calabre & de la Poüille,
l'Ordre de faint Lazare. 2 68 onde le celebre Monaſtere de faint
Pinzoches. Voyez Mantelées. Sauveur à Meſſine. 2. I6
. Plurim anos. Couvent fabuleux que le Pe Ruaux ( Pierre) Grand-Maiſtre de l'Or
re d'Ureta Jacobin attribuë à fon Or dre de faint Lazare. 265
dre en Ethiopie. xxvij. de la Pref. Rucski ( Joſeph Velaminus ) Archeveſ
Fables qu'il debite à ce fujet. xxvij que Grec de Polocko , convertit Plus
Porte-Croix ( Religieux ) font remon de deux millions de Schiſmatiques &
ter l'origine de leur Ordre juſqu'au Infidelles. 2 I2
Pape faint Clet, qu'ils reconnoiffent Rupstmée ( Sainte) Vierge Romaine,mar
pour leur Fondateur. xxiij, de la Pref. tyriſée en Armenie. I O2.
Porte-Croix ( Chevaliers ) il y avoit en Ruffiens catholiques. Les Grecs Catholi
Hongrie des Chevaliers appellés Por ques Ruffiens font perſecutés par les
te-Croix, & pourquoy. 181
Schiſmatiques. 2. I 1.
malgré elle, ſous pretexte de ſterilité, Cette Maiſon érigée en Monaſtere fous
quoyqu'elle accouchaſtun mois aprés. closture , pour y renfermer les Peche
236 restes publiques qui veulent faire pe
Refiſtance qu'elle apporta lorſqu'on nitence. la meſme.
voulut luy l'habit Monachal.smotriski [ Melzius] Archeveſque Grec
- - la meſme. de Hieropolis, de perſecuteur des Ca
Salviati ( François ) Grand-Maiſtre de tholiques devient un grand Défenſeur
l'Ordre de faint Lazare. 2. 66 de la Foy , & meurt en odeur de fain
teté. 2. 12,
S'oppoſe à la qualité de Grand-Maiſ:
tre de cet Ordre, accordée par le Pape Søreth [le Bienheureux Jean ] General de
Gregoire XIII. au Duc de Savoye. 2s9 l'Ordre des Carmes, ſa naiſſance. ; 13
Sarahatte: , eſpece de Moines qui en por Entre dans l'Ordre des Carmes. la
toient indignement l'habit. 3o meſme.
Sauveur ( Saint ) celebre Monaſtere Ar Prend le bonnet de Doćteur dans l'U
chimandrital de Moines Bafiliens à niverſité de Paris. la meſme.
Meffinc. 2. i 6 Eſt élu Provincial de la Province de
Plus de quarante Abbayes en dépen France. la mefine.
doient. 2 17’ Et General de l'Ordre. 33 4
· Terres que ce Monaſtere poffede. la Entreprend la Reforme de fon Ordre.
meſme. |- la mefine.
Sebastien de faint Paul ( le Pere ) Carme, Inſtituë les Religieuſes Carmelites.
accuſe le Pere Papebroch d'avoir coin 32 5
• mis denx mille erreurs dans les Aćtes Eſt empeifonné dans un Couvent dé
des Saints. 2 9 2. fon Ordre. 3 z6
Principales erreurs dont il accuſe ce Spagnoli ( Baptiſte ] furnommé le Man
fçavant Jeſuite. ~ la meſme. & 193 toiian , fon zele pour le maintien de la
Seminaire. Le Pape Paul V. eſtablit dans Reforme des Carmes de la Congrega
Rome un Seminaire pour des Carmes tion de Mantouë. 33
Dechauffés qui veulent aller en Miſ Six fois Vicaire-General de cette Con
fion. 3 { gregation , & une fois General de tout
Le Couvent de Notre-Dame de la Vic l'Ordre des Carmes. la meſme.
toire deſtiné dabord pour ce Seminai Renence au Generalat pour ne ſonger
rc. la meſme. qu'à la mord. 3 32.
Ce Seminaire transferé au Couvent de Sa mort. la meſme.
faint Pancrace. 36o Pastoit pour excellent Poste la meſme.
Les Carmes, huit jours aprés leur ar Le Duc de Mantouë fait poſer ſa Sta
rivée dans ce Couvent , doivent faire tuë avec celle de Virgile dans la plus
voru d'aller en quelque Miſſion que ce belle place de Mantouë. la meſme.
foit où ils feront envoyés. la meſme. stock ( le Bienheureux Simon ) Carme,
Progrés quo cesMiſſionnaires ont faits. reçoit des mains de la ſainte Vierge un
la meſme. Scapulaire , qu'elle luy ordonne de
Serapio" ( Saint ) eſcrit une Regle. 16o faire porter aux Religieux de fon Or
Seurre ( Michel de ) Grand - Maistre de dies 321. é 378
G g g ij
T A B L E
stratius(Theodore ) General de l'Ordre martyre. 341
des C. cines, ne fçait qui eſt le faint Ayant eſté ramenée chez fes parens,
Albert qui leur a donné une Regle. elle prend la reſolution dc vivre en ſo
3O4 litude. la meſme.
La lecture des Romans & les converſa
Eſt en peine de ce que l'on doit infe
rer dans les Leçons de fon Office. la tions trop libres avec quelques-unes de
meſine. fes parentes , luy font perdre ſes fen
Conſulte à ce ſujet Aubert le Mire, timens de pieté- la meſme.
Doyen de l'Egliſe d'Anvers. la meſme. Eſt miſe en penſion chez des Religieu
é 3oj fes Auguſtines à Avila. 344
Ce General donne une Regle aux Entre dans le Couvent des Carmelites
Tierçaires de fon Ordre. 381 de la meſme Ville & y prend l'habit.
Studius, Conful, fonde à Conſtantino la meſme.
ple un celebre Monaſtere de l'Inſtitut Ses frequentes maladies. la meſme ó.
des Acémetes, qui fait donner auſſi 343
à cet Ordre le nom de Studites. 141 Entreprend la Reforme de fon Ordre.
Grand nombre de Moines qu'il y avoit 344
dans ce Monaſtere. la me/me, Eſtablit le premier Monastere de Car
Studites. Voycz Acémetes. melites Dechauffées à Avila. . 345
Suriens. Nom que les Jacobites Catholi Et le premier Couvent des Carmes De
ques prennent aprés avoir abjuré leurs chauſſés à Durvelle 351. é ſuivantes.
Crrcurs. II2. Prend l'habit de ſa Reforme. 347
Obtiennent une Egliſe à Rome pour y Dreſſe des Conſtitutions qui font ap
celebrer ſelon leur Rit. 113. Voyez prouvées par le Pape Pie IV.la meſme.
Sa mort. 3 f5
facobites. Nombre des Couvens tant d'hommes
syneletique (Sainte) fonde les Premiers
Monasteres de filles. 48 de filles de ſa Reforme qui eſtoient
Diffcrens ſentimens de pluſieurs Eſcri éja eſtablis lorſqu'elle mourut. l.«
vains ſur l'Auteur de fa Vie. la meſme. meſme.
Pluſieurs veuves & filles ſe mettent Thibaut ( le Pere Mathieu ) Carme, veut
fous fa conduite. 81. quitter fon Ordre à cauſe du relâche
Sa patience dans fa maladic. 83 ment qui s'y eſtoit introduit. 334
Sa mort. fI Ne peut eſtre reçu dans celuy des
T Chartreux ni chez les Carmes De
chauffés. la meſme.
T Ester ( le Pere Philippes ) Carme, Aide le Pere Bouhourt à eſtablır fa -
Reforme. 335
ſouſtient dans des Theſes publiques
qu'il eſtoit probable que Pythagore & Thomaffin ( le Pere ) fon ſentiment ſur
fes Diſciples eſtoient Religieux Profez l'origine de la Vie Monaſtique com
de l'Ordre du Mont-Carmel. xxiv. de battu. - 2 f. ó fuivantes,
la Pref. Tierrains de l'Ordre des carmes. Voyez
Thecla-haymanot l'un des Reſtaurateurs Tiers-Ordre des Carmes.
de la Vie Monaſtique en Ethiopie. 135 Tiridate Roy d'Armenie, Fable que les
. Therapeutes Auteurs de la Vie Monaſti Armeniens debitent à fon ſujet. 31
que. 2.
Tiers-Ordre des Carmes , inſtitué par le
Äppellés Jefféens par pluſieurs Eſcri Prophete Elie , ſelon le Pere Coria Re
vains. . 3 ligieux Carme. 378
Diſpute entre le Pere Bernard de Mon , Fauffes Bulles qu'il cite pour prouver
faucon & M. le Preſident B *** tou l'Antiquité de cet Ordre. la meſme.
chant leur Chriſtianiſme & leur Mo Contradićtions de cet Auteur 379
nachiſme. 4. e6, ſuivantes. Sentiment plus raifoanable des aurres
Therefe (Sainte ) ſa naiſſance & ſes pa Eſcrivains Carmes ſur l'origine de ce
TcI1S. 34O Tiers-Ordre. la meſme & 38 o
Quitte la maiſon de fon pere avec l'un Regle de ce Tiers-Ordre & ce qu'elle
de ſes freres pour aller chez lcs Infi contient. 381
delles , dans le deileia de fouffrir le Truxille , Ordre Militaire , tiroit foņ
D E S P R I N C I P A L E S M A T I E R E S.
«origine de celuy de Mont-joye. 179 ques Monaſteres de Treves. I 62.
Pourquoy appellé de Truxillo. la mef. TUrbain IV. Pape , unit l'Eveſché d'Acre
Eſt incorporé dans celuy d'Alcantara. au Patriarchat de Jeruſalem. 3 i6
la meſme. VVarı abied, nom que les Armeniens don
V nent à leurs Docteurs. 96
Alens [ l'Empereur ] veut introduire Ont une autorité preſque égale à la
V l'Arianiſme dans Ceſarée. 173 Patriarchale. la meſme.
Condamne faint Bafile au banniſfa VVastel [ Pierre] Carme Reformé d'A
ment & n'en peut figner l'ordre, les loſt & Prieur d'Anvers, attribuë à Jean
plumes dont il ſe ſervit s'eſtant rom II. Patriarche de Jeruſalem pluſieurs
puës par trois fois. 174 Ouvrages faux & ſuppoſés. 3o I
Valentin de faint Amand Hiſtoriographe yVion d'Herouval [ M. ] mêlé malgré
de l'Ordre des Carmes,l'un des grands luy dans la querelle des Carmes & des
Adverſaires du Pere Papebroch Je Jeſuites de Flandre. 1 88
fuite. 2,88 Reponſe que les Carmes font courir
Les Libelles qu'il eſcrit contre ce Pe- fous ſon nom à la Lettre de Monſieur
IC. la mefine. du Cange. 189
Vierges, il y en avoit dès les premiers En donne un defaveu public. la meſme.
fiécles de l'Egliſe, qui eſtoient confa
crées à Dieu. 2.8 Z
A D D I TI O AVS E T C O R R E C T I O N S.
Ag. xix. lig. 11: 1684. liſez 1484: pag. xxxv, lig. 17. hæsteni liſez hæfſteni. pag
li xliv. lig 11, effacez de Acoſta. ibid. S. Peſtri lifez S. Petri. pag liv. lig. 12. Du
meſme iſtoria ò Vero Elogi, &c. cet article doit ſuivre celuy de Seraphino Razzi qui
est p us haut. lig. 3. pag lix lign. 11. Generalis. lfez Generali. psz. lxxv. lig. : r miere.
Apoſtolique liſez Apologetique pag. 3. lig. antepenult. apré, Bernard de Mont-fau
con, ajoutez Religieux Benedićtin de la Congregation de faint Maur. pag. 9. lig.
prem le Alexandrie , li/ez Alexandrie. pag. 41. lig. 5. apparemmant lifiz apparem
ment p ºg 45. lig. 3o appellare , liſez appellari. pag. 47. lig. 36. ſi je combat, lifez fi
je combats. pag. 119. lig. dern. Prephete, lifez Prophete pag. 157. lig. 15. melottes,
lifez melotte. pag. 177. lig. 3. reunis, li/ez reuni. pag. 197. lig. 8. aufqels, lifez auf
quels. paz. z 12. lig. 16. prefestion : lifez profeſſion. pag. 254, lig. dern. Signeurs, li
fez seigneurs. pas: 237. lig. 6. qui fui, lifez qui fut. ibid. aprés faint Baſile, ajoutez,
par rapport aux obſervances de la Regle de ce Saint pag. 44. lig. 15. aprís 1;o8.
Ajoutez ce qui leur fit donner le nom de Barthelemites de Gennes. pag. 312. lig. 22.
apré, Indulgences, ajoutez pour augmenter la ſolemnité de ces fortes de Ceremonies,
& ils en accorderent auffi. pag. 314. lig. 5. fi peu de tems , effacez fi. pag. 318. lig. 9.
Congregatlon, liſez pag. 331. lig. 19. y fit porter , l /ez y fit poſer
pag. 338. lg. 9. fui , liſez fut. ibi 1. lig 34: Confirmée, liſez confirmé, pag 34o. lig.
11 manche, lifez manches page 344. à la marge aprés Reforme, effacez des Reli
gieux, pag. 357. lig. 6. Provinces, lifez Province. pag. 361. lig. 11. que l'an, lifez que
vers l'an. pag. 369. lig. 28 celles, lifez celle. "ag. 381. lg. 3. Theore, lifez Theodo
re. pag. 386. lgn. prem. du titre du Chapitre Militaires, lifiz Militaire. pag. 399, lig
23. aprés Carmel, aroutez & de faint Lazare de Jeruſalem. pag. 391. lig. 19. Chea
noines, lifez Chanoines. pag. 396. lig. If a rés Aigrette , ajoutez Il y a encore
l'Huistier de l'Ordre, qui a ſeulement un juste-au-corps violet , & porte une Maſſe de
vermeil doré. -
------ ------------ -
A P P R O B A T I O N.
lů, par ordre de Monſeigneur le Chancelier, l'Ouvrage qui a pour Titre:
Jrens'Ay, steir, des ordres Monastiques, Religieux, Militaires, é de teute: les Cengrega
de l'un ce de l'antre ſexe qui ont été juſques à preſert , cºntenant leur Origine 6
Fondation, leur progrés, les évenemens les plus co fiderables qui y ſout arrivé, ce leurs
og ervanes , la Deca 'ence des uns , &c. On ne peut aſſez loüer fon Auteur d'avoir
conçu un destein fi vaſte, & de l'avoir, par un travail immenſe , fi heureuſement
executé. Je ne doute point que le public ne lny rende juſticc , en reconnoillant que
juſqu'à preſent il n'a rien paru en ce genre de fi parfait & de fi travaillé. Fait à Paris”
le 1s. May 1711
- A N Q U E T I L.
P R I P I L E G E. D O R O 7..
**
-
O U I S, par la Grace de Dieu, Roy de France & de Navarre : A nos amez &
feaux Confeillers , les gens tenans nos Cours de Parlement , Maiſtres des Re--
questes ordinaires de noſtre Hottel, Grand Confeil, Prévost de Paris, Bai lifs , sé
néchaux, leurs Lieutenans Civils , & autres nes Jaſticiers qu'il appartiendra ,
S A L u T : Noſtre bien amé * * * nous a fait remontrer que depuis pluſieurs
années il a travaillé a un Ouvrage qui a pour Titre : Histoire des Ordre, Monasti
ques Religieux de Mi itaires, é de toates les congregatters de l'un é de l'autre Sexe
qui ent ofte ju/ju'à tre eat ; e rehie de plus de quatre eers Planches en Tatl/e-doure »"
Biß'.tv's ***
Meist, *ts;
* - - 4 as... .
|
*
----
-
v-
| - - -