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■
I
y
<36621479080016
<36621479080016
Bayer. Staatsbibliothek
■
HISTOIRE
RELIGIEUX ET MILITAIRES,
CONTENANT
LEUR ORIGINE, LEUR FONDATION,
leurs progrès , les évenemens les plus considérables qui y font arrivés j
LA DECADENCE DES UNS ET LEUR. SUPPRESSION >
l'agrandiffemenc des autres , par le moïen des différentes Reformes qui y
ont été introduites :
LES. VIES DE LEURS FONDATEURS
8c de leurs Réformateurs :
AVEC D F. S FIGURES QUI REPRESENTENT
tous les differens habillemens de ces Ordres & de ces Congrégations.
TOME SIXIEME-
Suite de la quatrième Partie , qui comprend toutes les différentes Congréga
tions , les Ordres Militaires , & les Chanoinesses Séculières qui ont été
soumises à la Règle de saint Benoît.
A PARIS,
Chez Nicolas Gosse lin, Libraire , Grand'Salle du Palais,
à l'Envie.
M D C C X V 1 I I.
AVEC A? F ROB ATJON ET P R1V1 LECE D 13 ROT.
Staatsolbliothek
Mûnchen j
TABLE
DES CHAPITRES
APPROBATION.
P R 1 F,I;ìL E G: B D V ROI.
LO U I S;, par la Grâce de Dieu , Roi de France & de Navarre : A nos amez 8c
seaux Conseillers , les gens tenans nos Cours de Parlement , Maîtres des Re
quêtes ordinaires de nôtre Hôtel, Grand- Conseil , Prévôt de Paris , Baillifs , Sé
néchaux , leurs Lieutenans Civils ,& autres nos Justiciers qu'il appartiendra :
Salut : Nôtre bien amé * * * nous a fait remontrer que depuis plusieurs années il
a travaillé à un Ouvrage qui a pour Titre : Histoire des Ordres Monastiques , Reli
gieux fr Militaires , fr de toutes les Congrégations de l'un fr de l'autre sexe , qui ont
été jusqu'à prestnt ; enrichie de plus de quatre cens Planches en tfile- douce ; laquelle
Histoire il desireroit donner au Public.s'il nous plaisoit lui en donner nôtre Permis
sion , & lui accorder nos Lettres de Privilège fur ce nécessaires : mais comme il
ne peut faire imprimer cette Histoire , & faire graver les Planches nécessaires.fans
engager des Imprimeurs & des Graveurs dans une très grande dépense , & qu'il est
à craindre que quelques autres ne voulussent profiter de leur travail , par des im
pressions & des gravures contrefaites : A ces causes , voulant traiter favorable
ment ledit Exposant : Nousiui avons permis & permettons par ces présentes , de
faire imprimer ladite Histoire , & faire graver lcfdites Planches nécessaires, en un
•u plusieurs relûmes , conjointement ou séparément , en telle forme , marge , cara
ctère , & autant de fois que bon lui semblera , 8c de les faire vendre & débiter par
tels Imprimeurs ou Libraires qu'il voudra choisir partout nôtre Roïaume pendant
le tems-de Vikot Akni'is consécutives , à compter du jour de la date desdites
Présentés. Faisons défenses à toutes personnes de quelque qualité & condition
qu'elles puissent être d'en introduire d'impression étrangère dans aucun lieu de
nôtre obéissance ; 8c à tous Imprimeurs-Libraires , Graveurs , Imprimeurs , Mar
chands en Taille- douce , & autres .d'imprimer , faire imprimer ,8c entrefaire la
dite Histoire , ni d'en faire auçuns extraits .même de graver aucune desdites Plan
ches , soit en grand ou en petit , én tout ni en partie , fans la permission expresse Se
par écrit dudit Exposant , ou de ceux à qui il aura transporté son droit , à peine de
fix mille livres d';imende contre chacun des contrcvenans.dont un tiers à Nous , un
tiers à l'Hôtel-Dieu de Paris , l'autre tiers auditExposant ; de confiscation tant des
Planches & t stampes.que des Exemplaires contrefaits, & des ustanciles qui auront
servi «ladite contrefaçon , que nous entendons être saisis en quelque lieu qa'i s
soient trouvés ; & de tous dépens , dommages 4c intérêts ; à la charge que ces Pré
sentes seront enregistrées tout au longsurlé Registre de la Communauté des Im
primeurs & Libraires de Patis , & ce dans trois mois de la date d'icelles : que l'im-
pression de ladite Histoire , 8c gravure desdites Planches fera faite dans nôtre
Roïaume & non ailleurs , en bon papier 8c en beaux caractères , conformément aux
Reglemcns de la Librairie : & qu'avant que de l 'exposer en vente , il en sera mis
deux Exemplaires dans nôtre Bibliothèque publique, un dans celle de nôtre Château
du Louvre , & un dans celle de nôtre très cher & féal Chevalier , Chancelier de
France, le Sieur Phelypeaux ,■ Comte de Pontchartrain ; Commandeur de nos
Ordres , le tout à peine de nullité des Présentes ; du contenu desquelles vous man-
dons & enjoignons de faire jouir l' Exposant ou ses aians baufe , pleinement & pai
siblement , fans souffrir qu'il lcnr soit fait aucun trouble ou empêchement : Vou
lons que la Copie desdites Présentes, qui fera imprimée au commencement ou à la
fin de ladite Histoire, soit tenoe' pour duement signifiée, & qu'aux copies colla-
tionnées par l'un de nos amex 8c féaux Conseillers & Secrétaires , foi toit ajoutée
comme à 1 original : Commandons au premier nôtre Huissier ou Sergent de faire
pour l'execution d'icelles tous Actes requis 8c nécessaires , fans autre permission , 8c
nonobstant Clameur de Haro , Charte Normande , & Lettres à ce contraites: Car
tel est nôtre plaisir. Donné à Versailles le dix-neuviéme jour du mais dé Juin ,1'an
de grâce mil sept cens douze , 8c de nôtre règne le soiïante 8c dixième : Par le Roi
cn son Conseil , Signé ,
D i SaintHilairb.
Ledit * * * a cédé le présent Privilège à }t t n-B APtUTi Coignar» ,
Imprimeur & Libraire ordinaire du Roi , 8c à Ni colas G o s s b l i n ,
Libraire , pour en jouir toújours en son heu 8c placé, suivant les conventions faites
rutr'eux le xi. Juin 1711. ■ ••' '
Registre'sur le Registre n". \ 15'. de la Communauté des Imprimeurs & Libraires dt
Paris ,fag. 4- 1. n. f89. conformément aux Reglemw, dr notamment k l'Arfit du t j.
Aoxt 1 ; 05. a Paris ce séjour du moi: de Juillet 17 lu
HISTOIRE
HISTOIRE
DES
ORDRES RELIGIEUX-
€ 0 N TS N A N T
Chapitre P n m í ! t
Chapitre II.
Chapitre III.
Chapitre IV.
Chapitre V.
Chapitre V I.
Chapitre VII.
1 . Chapitre VIII.
Chapitre IX.
*
Quatrième Partie, Chap. ÏX. 77-
tinrent du Pape Jules II. la permission de reprendre la croix hospita-
de Calatrava, aïant faussement exposé à ce Pontife que le «•« »1
Roi A Ifonse les avoit tirés deì'Ordrede Calatrava pour leur Bj*GOS'
donner le soin de cet Hôpital j ■& les Rois Catholiques Fer
dinand &í IsabeHe , comme Administrateurs de cet Ordre,
leur permirent aussi de porter cette croix avec une tour dor
au milieu , afin que par cette tour ils fussent distingués des
Chevaliers de Calatrava- Mais lan 1516. ils eurent un scru
pule d'avoir obtenu cette permission íur un faux exposé , ils
avouèrent leur faute à Léon X. qui les releva des censures
qu'ils avoientencouruës, 8c confirma la Bulle de Jules 1 1.
Cependant l'Evêque d'Oxima aïant fait la viíitedu Mo
nastère de las Huelgas vers l'an 1587. avec deux Abbés de
l'Ordre de Cîteaux de l'Observance d'Espagne , 6c en même
tems visité l'Hôpital de Burgos comme une dépendance de
ce Monastere:il ne put souffrir que ces Hospitaliers qui dans
leur origine étoient des Frères Convers de l'Ordre de Cî-
teaux , eussent quitté l'habitdecet Ordre pour en prendre
de soïe à la manière desSeculiers,6c qu'ils se fussent qualifiés
Chevaliers : c'est pourquoi il les fit sortir de l'Hôpital 6c les
dispersa en differens Monastères de l'Ordre de Cîteaux ,.
leur aïant assigné des revenus suffisans pour vivre , 5c mie
en leur place des personnes plus régulières. Mais certe Ré
forme ne dura pas long- tems , les Frères Hospitaliers qui •
avoient été chassés decet Hôpital y retournèrent , 5c ils ont
toujours retenu jusqu'à préíent la croix de Calatrava avec
une tour d'or au milieu. Chacun de ces Hospitaliers reçoic
tous les ans de l'Hôpital cinq cens écus pour son entretien, le
Précepteur mille écus , 6c les autres Officiers à proportion.
Ce Précepteur & les Officiers, sont nommés par l' Abbesse
de las Huelgas. Après qu'ils eurent obtenu du Pape Léon
X. la Bulle dont nous avons parlé.ils voulurent se soustraire
de l'obéïssance de cette Abbesse sous le gouvernement d' E-
leonor de Mendoza , & élurent leur Précepteur 6c les autres
Officiers.-Maisl'Abbesse s'étant opppsée à cette nouveauté,
il fut ordonné que la nomination du Précepteur 6c des autres
Officiers appartiendroit à l' Abbesse. U y a dans le me me Hô
pital un lieu destiné pour recevoir les femmes, qui sont ser
vies pardes 'personnes de leur sexe-
Ang. Manriq. Annal. Qrà. Cijtert. Tom. III.
K iij
•
■
Quatrième Partie , Chapitr i. XI. tf
saint Maurice. 11 est vrai que le Pape Grégoire XIII. par OrdridiS
une Bulle du 13. Novembre 1572. unit l'Ordre de saint La- 5*'nN l *
zare à celui de saint Maurice j mais il n'y avoic pas plus de etLaza**,
deux mois que l'Ordre de saint Maurice avoit été institué
par le Duc Emanuel Philben,auquelle 1 ape en avoit accor
dé la permission par une autre Bulle du 16. Septembre de la
même année où il n'est fait aucune mention qu'il y eût déja
eu en Savoye un Ordre deíàint Maurice.
Le Pape y déclare que ce qui porta ce Prince à instituer
cet Ordre , c'étoit pour s'opposer à l'herésie qui s'introdui-
íoit en ce tems-là dans plusieurs Provinces, Ôcdont les fron
tières de Savoye étoient menacées à cause du voisinage de
Genève, qui étoit le centre de l'herésie de Calvin ,o"où elle
s'étoit répandue aux environs , & par la Bulle d'union que
ce Pape ht de l'Ordre de saint Lazare à celui de saint Mau«
rice 1e 1 3.Novembre de la même année ,il y repete l'institu tion
qui avoit été faite depuis peu de celui de saint Maurice sous
la Règle de Cîteaux par le Duc Emanuel Philbert , 8c die
qu'il ne fait cette Union qu'après avoir considéré que ce seroit
un grand avantage d'unir l'ancien Ordre de saint Lazare qui
n'avoit plus de Grand Maître , & qui étoit beaucoup déchu
de son ancienne splendeur, à celui de saint Maurice qui ne
venoit que de naître : Si hancveterem ( Miiitiam) illinov*
& nunc najcenti aeljungerentus.
On ne peut guere lire cette Bulle qu'on ne jette en même
tems les yeux fur celle de l'institution de l'Ordre de faine
aurice j puisqu'elles se trouvent de suitetoutes deux,dans
1e Bullaire Romain , & par conséquent Barbosa , Tamburin
& plusieurs autres Ecrivains ont raison dédire que l'Ordre
de saint Maurice en Savoye ne fut institué que lan 1571.
parle Duc Emanuel Philbert. L'union de celui de saint La
zare à cet Ordre ne fut faite qu'après la mort de Jannoede
Castillon qui en étoit Grand-Maître, & qui mourut à Ver-
ceil la même année 1572- comme nous avons dit ailleurs.
Cet Ordre a pris depuis ce tems-là le nom des saints Mau
rice & Lazare.
Ces Chevaliers font vœu de pauvreté , d'obéiíTance & de
chasteté conjugale. 11s suivent la Règle de Cîteaux, doivent
combattre pour la défense de la Foi Catholique , peuvent se
marier une fois seulement à une vierge, &. le Pape Clément
Tome VI. L
■
St HîSTOIÏlE DES OudXes Religieux»
Orbrtdes VIII. leur accorda en 155)6. depouvoir posséder des Bene-^
AUolucí fices ou des pensions fur des Bénéfices jusqu'à la somme de
tjLAZAAï. 400. écus. L'Ordre a beaucoup de Commanderies,&adeux
principales maisons , l'une à Turin & l'autre à Nice , où les
Chevaliers vivent en commun. L'an 1619- le Duc Charles
Emanuel ordonna que la croix de l'Ordre seroit blanche & ■
pommetée par les bouts avec des bandes vertes aux quatre
angles pour marquer l'Ordre de saint Lazare. Mais les Che
valiers ne s'étant pas mis en peine d'exécuter les Ordres de
ce Princeda Duchesse Christine de France veuve de Victor
Amedée , & tutrice de son fils le Duc Charles Emanuel I L
fit exécuter l'Ordonnance du Duc Charles Emanuel L &
marqua la grandeur des croix, défendant aux Clercs & aux
Religieux Chapelains de l'Ordre d'en porter d'or émaillée
de blanc , comme les Chevaliers , devant la poitrine 5 mais-
leur ordonna d'en porter une de laine blanche cousue sur le.
manteau , excepté les Prélats de l'Ordre quiseroient Che
valiers de Justice , & auroient fait preuves de noblesse.
Lorsqu'on reçoit ces Chevaliers a la profession ils promet
tent d'être fidèles au Duc de Savoye ÒC à ses successeurs , de
porter l'habit & la croix de l'Ordre , de venir au Chapitre
lorsqu'il se célébrera , de dire chaque jour le Pseautierab-
bregé en l'honneur de Jesus-Christ , de la sainte Vierge &
des saints Maurice & Lazare , de jeûner les Vendredis ou
Samedis,de garder la chasteté conjugale , la charité Scl'hos-
pitalité envers les lépreux, d'observer les Statuts de l'Ordre,
de ne point aliéner les biens dépendants des Commanderies,
& de nedes point donner à ferme pour un long-tems , ni à
bail amphiteotique fans le consentement du Duc de Savoye.
Bernard , Giustiniani , Hifi. Chronolog. de gl. Ord. MïL
Silvest- Maurol. Mar. Océan, dt rttt. gl. Relig. Mennenius,
Herman & Schoonebeck , dans leurs Hijl. des Ord. Milité
Bull. Rom.
1
CJzeyvcdu
ter de IJord/^e des
tfS? Maurice et Ltvzjzre 3. O
'S
Quatrième Partie, Chap. XII. íj
___________________________________________^ Ordrï p_
F O N t ».
Chapitre XII. v_aub.
i
Quatrième Partie , Chap. XII. 53
«le leur vie : c'est pourquoi craignant que le revenu qui en o
dépendoit ne fût pas suffisant pour l'entretien des Reli- "
gieuses , elle ajouta à ce don ce que le Roi lui avoit affigné
dans la Touraine pour partie de son douaire > ce qu'elle fie
agréer par ce Prince , qui y donna son consentement.
Robert aprés avoir fait tous ces établisscmens , prévoïant
qu'il n'avoit pas encore beaucoup de teras à vivre > voulut
achever le dessein que Dieu lui avoit inspiré pour son Insti
tut. Il fit établir pour Chef 6c Supérieure de son Ordre Pe-
tronille de Craon Chemillé , qui est reconnue pour la pre
mière Abbesse de Fontevraud , & dressa les Statuts de cet
Ordre -qu'il mit fous la Règle de saint Benoît. II ordonna
l'abstinence continuelle de la viande n'en permettant pas mê
me l'usage aux malades. Les Religieuses entr autres choies
idevoient garder le silence en tout tems , aller toutes ensem
ble à VEgïise & en revenir de même. Leurs voiles dévoient
toujours être abaissés & cacher entièrement leur visage.
Elles ne dévoient être vêtues que de tuniques faites des
plus viles étoffes du païs , de la couleur naturelle de la laine,
fans être tondues. Les surplis blancs leur étoient défendus
auffi-bien que les gands- Une Religieuse ne pouvok sortir
hors du Cloître pour quelque ouvrage que ce fût fans la
permission de l'Aobesse. Quand les Prieures alloient dehors,
elles ne dévoient mener avec elles aucune Religieuse, & elles
dévoient être accompagnées pour le moins d'unReligieux &
d'un Séculier : nulle autre que l'Abbesse ou la Prieure ne
pouvoit parler dans le chemin,jusqu'à ce que l'on fût arrivé
uans l'Hôtellerie. Le Dortoir étoit toujours gardé le jour
par une Converse & la nuit par deux ou quatre : les mala
des ne pouvoient recevoir le Viatique ni PExtrême- Onction
que dans l'Eglise , & quand on les portoit en terre » elles dé
voient être couvertes d'un cilice.
Quant aux Religieux ils dévoient dire en commun l'Offico
Canonial , vivre en commun fans avoir rien en propre, llsnc
portoient ni manteaux,ni chemisettes noires : ils avoient une
ceinture de cuir , à laquelle étoit attaché un couteau de U
valeur de deux deniers & une gaine de la valeur d'un de
nier. Ce que l'on desservoit de leur table devoit être rendu
aux Religieuses pour être ensuite distribué aux pauvres,
Tous les Dimanches & Fèces ils dévoient aller à l'habit(c'est
M iij
54 Histoire des Ordres Religieux,
Ordre ce ainsi qu'on nomme le Monastère des Religieux ) poury en-
L^ÎÎJ1" tendre la Messe & assister au Chapitre , d'où ils ne sortoient
qu'avec la permission du Prieur. 11s ne dévoient point rece
voir d'Egliles Paroissiales ni leurs dixmes , ni donner leurs
biens à ferme à des Séculiers 5 il ne leur étoit pas permis de
xccevoir des femmes dans leur Monaítere pour y travailler:
il leur étoit défendu de faire des sermens»de subir l'examen
du feu , de servir de cautions , & d'être fermiers. Les pro*
visions de vin , le poisson , l'argent & les autres choses né
cessaires à la vie étoient entre les mains de la Celleriere Sc
distribuées par lavis & Tordre de l' Abbesse ou de la Prieure.
Les Religieux nepouvoient aussi recevoir personne à la Reli
gion, ce droit appartenant à l'Abbesse.
Le Bienheureux Fondateur fut le premier à se soumettre
à l' Abbesse , & pour donner l'exemple à ses Religieux , il
vêcut sous son obéissance jusqu'à fa mort qui arriva le 25.
Février de lan 1117. II étoit pour lors dans son Monastère
d'Orsan , d'où son corps fut porté à Fontevraud avec une
pompe extraordinaire par Leger Archevêque de Bourges,
qui fit ion Oraison Funèbre , & qui fut accompagné dans le
Convoi par l'Archevêque de Tours » l'Evcqued'A ngers, le
Comte d'Anjou & plusieurs Seigneurs de considération son
cœur fut seulement laissé à ses filles d'Orsan.
Chapitre X I T I.
1
Quatrième Partie ,Chap. XI1T.
Jî grand succès , qu'elle introduisit la Réforme dans vingt- ordxï bi
huit Maisons. Elle commença par le Monastère de Fonte- **
vraud qui étoit le Chef de l'Ordre: mais elle y trouva de
si grands obstacles de la part des Religieux & des Religieu
ses qui ne vouloient point de re'forme , qu'elle fut obligée
de recourir à l'autorité de Louis XII. qui la favorisa dans
son pieux dessein : & l'an 1504. elle y fit venir par ordre
de ce Prince quarante deux Religieuses Reformées qu'elle
tira des Monastères de la Madelaine d'Orléans , de la
Chaize-Dieu, de Fontaine , de Foicy , de l'Encloistre en
Gironde , de Varville & des Filles- Dieu de Paris , tous
Cou vens réformés par Marie de Bretagne & Anne d'Or
léans , & elle envola les Religieuses qui avoient été les plus
opposées à la Réforme en d'autres Monastères.
Comme selon les nouveaux Statuts il falloit faire voeu de
Clôture , elle fut la première à en donner l'exemple : ce
qu'elle fit l'an 1505. entre les mains de Louis de Bourbon
Evêque d'Avranche , son frère naturel , en présence de la
Reine de France Anne , Duchesse de Bretagne , de Jean
ne d'Orléans Duchesse de Valois , de Charlotte de Bour-
bon Comtesse de Nevers fa sœur,8c de plusieurs autres Prin
ces ôc Princesses. Deux jours aprés les Religieuses ancien
nes qui étoient restées à Fontevraud firent le même vœu de
Clôture , 8c le décret de la réforme fut universellement reçu
dans ce Monastère l'an 1 507. par toutes les Religieuses au
nombre de quatre-vingt-deux Professes Se dedixNovices,ô£
par plusieurs Religieux.
Mais ce ne fut pas fans peine qu'elle réussit dans rétablisse-'
sèment de cetteRéforme générale:car elle eut àsurmonter des
traverses que lui susciterem les Religieux , qui avoient déja
reçu la Réforme, qui pour leur intérêt particulier ne soû-
haitoient point cette Réforme générale : car il écoit dit par
les Statuts de la Réforme d restés par les Commissaires de
Sixte I V. que l'Abbesse de Fontevraud ne joùiroit point de
fa jurisdiction en tout l'Ordre , que lorsque la Réforme au-
roit été introduite dans le Monastère de Fontevraud : c'est
pourquoi les Religieux réformés voïant que quand la Ré
forme seroit reçuë à Fontevraud, le pouvoir qui leuravoit
été accordé par provision de visiter les Couvens réformés
«esseroit , ils traversèrent l'Abbesse dans lè dessein de la Ré-
N ij
j
\
ïoo Histoire de$Or.dres Religieux,
<S*drede forme générale , & n'y consentirent qu'à condition qu'elle
vraud.E" ^eur continuerait la meme autorité , la menaçant de la faire
déclarer triennale , si elle ne leur accordoit leur demande.
Ce fut pour le bien de la paix & pour réussir plus aisément
dans son entreprise , que cette Princesse fit un concordat
avec eux l'an 1504. par lequel elle leur accorda o^ue les Re
ligieuses & les Religieux des Couvens Réformes vivroient '
selon leur manière accoûtumée, sans qu'elleeût aucune puis
sance sur eux', à raison de la Réforme qu'elle venoit d'éta
blir à Fontevraud , nonobstant ce qui etoit contenu dans
ses Statuts au sujet de la jurisdictiion, dont elle se démettoit
en leur faveur, & que quant à la personne de l' Abbesse pour
sçavoir par qui, en quel tems , & de quelle manière elle
seroit visitée , quelle serait son autorité & celle des Visi
teurs , & si celles qui lui succéderaient , seraient perpé
tuelles , ou pour un tems j on s'en rapporterait à des arbi
tres qui seraient nommés de part & d'autre.
Cette Princesse étant tombée malade en 1506. on exigea
d'elle dans l'extrêmité de fa maladie une procuration pour
terminer ces differens : & par un Concordat qui fut passé en
vertu de cette procuration , elle devint soumise à ses Infé
rieurs, en ce qu'elle devoit être visitée par ses Religieux qui
avoient même le pouvoir de la suspendre & de la déposer.
Mais étant revenue en santé . elle révoqua cette procura
tion , & poursuivit avec zele la Réforme. Elle obtint une
Bulle de Léon X. qui l'approuvoit , & la confirmoit dans
son pouvoir , & des Lettres Patentes du Roi qui l'autorisoit
dans sôn pieux dessein.
Les Religieux réformés voulant se prévaloir du Concor
dat qui avoit été signé en vertu de cette procuration qu'elle
avoit révoquée , voulurent le faire omologuer au Parlement
<le Paris. Mais les anciens Religieux s'y opposèrent , com
me étant contraire aux Coutumes & à l'esprit de l'Ordre.
L' Abbesse & le Procureur Général se joignirent à eux , le
procès fut pendant à la Cour depuis l'an 1 508. jusqu'en l'aa
15 18. que le Roi évoqua l'affaire au Grand Conseil , qui
rendit le 18. Mars 1510. un Arrêt qui cassa le Concor
dat , & ordonna que l'Abbesse seroit perpétuelle , & ne se
roit visitée que d'autorité Apostolique , par un Religieux
d'un autre Ordre réformé : ce qui fut confirmé par le
»
Qtf at&ieme Partïe ,Chap. XIIL ior
Pape Clément VII. l'an 1513. Ordred*
Eleonor de Bourbon q^ii avoit été nommée Abbesse de rjuto».
Fontevraud en 1575. âpres avoir gouverné cet Ordre avec
beaucoup de conduite & de prudence pendant prés detrente
ans, se voïant dans un âge fort avancé, demanda une Coad-
Í'utrice au Roi Henri IV. son neveu,pour soutenir avec elle
5 fardeau du gouvernement de l'Ordre,ôc l'aider à en déra
ciner quelques abus qui s'y étoient glissés par le malheur des
guerres civiles. Elle jetta pour cela les yeux fur la Mere An
toinette d'Orléans ía nièce , qui s'étoit retirée au Couvent
des Feuillantines de Toulouse , où elle avoit pris l'habit ,
comme nous avons dit ailleurs. Cette Princesse lui fut ac
cordée pour Coadjutrice , & les Bulles en furent expédiées
à Rome fan 1604X3 MereAntoinette d'Orléans ne consen
tit à aller à Fontevraud qu'à condition qu'elle n'y demeure-
roit qu'un an , & qu'elle ne quitteroit point l'habit de Feuil
lantine , en forte qu'il fallut obtenir un second Bref du Pape
Paul V. pour robìiger à prendre l'habit de Fontevraud, &
la Charge de Coadjutrice. Elle obéit , sans perdre pourtant
l'efperance de revoir son Convent de Toulouse. Elle com
mença l'exercice de sa Charge par bannir de Fontevraud la
propriété de tout ce que poûedoient les Religieuses , &les
obligea par son exemple & par le pouvoir qui lui avoit été
donné par l'Abbesse, a vivre dans une observance exacte de
leur Règle. EUe procura la même chose dans les autres Mai
sons : mais aprés la mopt de l'Abbesse fa tante , elle se démit
de sa Coadjutorerie,6c obtint du Roi la permission pour pro
céder à l'élection d'une autre Abbesse.
II y eut encore de grandes contestations dans POrdre ,
fous le gouvernement de Jeanne Baptiste de Bourbon, au
sujet de quelques maisons que les Religieux prétendirent
avoir pour y demeurer seuls & y recevoir les Novices. Dès
l'an 1611. ils sollicitèrent l'Abbesse Loiiise de Bourbon La-
vedan de faire revoir la Règle. Cette Princesse demanda
pour ce sujet des Commissaires au Pape Grégoire XV. qui
nomma pour cette revision quelques Prélats par fa Bulle
de l'an i6u. mais on insera dans ia Règle qui fut dressée de
nouveau , tant de choses qui tendoient à la ruine & à la des
truction de l'Ordre , qu'elle ne fut reçue ni parles Religieu-
iès , ni par les Religieux. Ce qui fit que la chose resta inde
N iij
lot Histoire des Ordres Religieux,
Fo n*t£DI c*se jusqu'après la more de ce Pontife, que ceux-ci persistant"
via u d. toujours dans leur même demande , l'Abbesse Louise de
Bourbon Lavedan, & Jeanne Baptiste de Bourbon sa Coad
jutrice , lasse'es de leur importuniré supplièrent le Pape Ur
bain VIII. qui avoit succédé à Grégoire XV. en 16x3. de*
vouloir permettre que les Religieux de l'Ordre s'établiílene
dans les trois Monastères de l'Encloître en Gironde , de la
Puye, & d'Orsan , Scque les Religieuses de ces trois Mo
nastères fussent transférées en d'autres Prieurés de l'Ordre.
Le motif qu'elles supposèrent pour obtenir plus facilement
leur demande , fut que les Religieux étant obligés par leur
profession de servir les Religieulespour la direction de leurs-
consciences , dans la naissance de l'Ordre les Monastère»
écoient doubles , l'un pour les filles , l'autre pour les Reli
gieux i mais que le revenu des maisons étant diminué, elle9
n'étoient plus en état d'entretenir un fi grand nombre de Re
ligieux, quelques-unes même n'en pouvant entretenir qu'uni
ou deux au plus j qu'il n'y avoit qu'un seul Couvent de Re
ligieux qui etoit à Fontevraud où ils vécussent en commun,
& que ce Monastère ne pouvoit pas non plus entretenir le
nombre deReligieux qu'il faudroit, pour plus de cinquante
Monastères de filles dont l'Ordre étoit composé : ce qui fai-
soit qu'on étoit obligé d'avoir recours à des Religieux de
differens Ordres pour suppléer au défaut de ceux de Fonte
vraud í qu'ainsi pour remédier à cet inconvénient & pour
soulager leurs Monastères > elles supplioient sa Sainteté de
vouloir bien permettre qu'elles abandonnassent aux Reli
gieux trois maisons , de celles quiétoient occupées par de»
filles , pour en faire des Séminaires d'où Ion tireroit des per
sonnes capables pour être envoïées dans les Couvens de
l'Ordre: & afin de rendre la demande plus aisée à obtenir,on?
supposa que l'Abbesse ne perdroit rien de sa jurisdiction,.6C
que ce seroit toujours à elle d'admettre auNoviciatlesPostu-
Iâns& de recevoir lesNovicesàlaProfeíEon,duconsentement
néanmoins du Chapitre du Couvent , où ils seroient admis»
Le Pape accorda l'an 1 636. ce qu'on lui avoit demandé. Mais
comme ce dessein n 'avoit qu'une fausse apparence d'utilité
pour l'Ordre, & que dans le fonds ii lui étoit préjudicia
ble , soit que l'Abbesse ne crût pas que le Pape accordât
cette demande, soit qu'elle se repentît aprés de l'avoir fait, ce
R^lzntezLfe. de Fbrit -Eirrcuu
. crv haJnL ordinaire' dans Leu m au an
j 1
Quatrième Partie , Chap. XIII. 103
projet ne fut pas exécuté , ôc on n'eut aucun égard à la Bulle jRDRI ^
d'Urbain VI II. fontb-
Loùiíe de Bourbon Lavedan étant morte , ôc Jeanne-Ba-
-ptiste de Bourbon aïant pris le gouvernement de POrdre ,
les Religieux renouvellerent leurs prétentions l'an 1635?.
Après bien des poursuites le Roi Louis X i II. voulut pren
dre connoissance de cette affaire- Sa Majesté nomma des
Commissaires - On écrivit de part 6cd'autre,ÔC les Religieux
firent imprimer un FacKum injurieux contre l'Ordre , fous
le titre de Faftum pour les Religieux de Fontevraud touchant
tes differens dudit Ordre , qui est encore conservé dans quel
ques Bibliothèques de Paris>ôc enfin fur le rapport des Com
missaires , le Roi par un Arrêt du 8. Octobre 1641. ordon
na que la Règle de l'Ordre de Fontevraud confirmée par le
Pape Sixte IV. ensemble l'Arrêst du Grand-Conseil de
I510. 6c la Bulle de Clément Vll.consirmative de cet Arrêt
seroient gardés ôc observés dans tout l'Ordre par les Reli
gieuses 5c Religieux selon leur forme ôc teneur , sans que
Tous prétexte des Bulles des années itfn. & 1636. il pût être
apporté aucun changement à l'Observance de cette Règle
& aux pratiques ôc usages de l'Ordre , ni que les Couvens
de PEncloîcre en Gironde , Orsan , & la Puye , ou autres
pussent être changés en d'autres usages que ceux de leur
fondation. Sa Majesté maintint l'Abbcsse,les Prieures ôcles
Religieuses dans tous leurs privilèges, 6c l' Abbesse en parti
culier dans toute fa jurisdiction 6c autorité sur tout l'Ordre
tant au spirituel qu'au temporel , sans que les Confesseurs ÔC
Religieux se pussent ingérer dans Padministration du tem
porel , qu'en tant qu'ils y seroient emploies par la Dame
Abbesse dans son Aobaïe , ôc dans tout l'Ordre, ou par les
Prieures dans leurs Monastères : ôc fa Majesté ordonna de
plus , que le libelle imprimé fous le titre de Faftum , feroit la
céré par le Greffier de la commiífion j que les paroles inju
rieuses ôc scandaleuses contenues dans les mémoires qui
avoientété donnés , seroient biffées en présence des Procu
reurs des Religieux , qui seroient tenus d'en demander par
don à l'Abbesse , ôc en fa présence à toutes les Prieures ôc
Religieuses de POrdre , en présence des Commissaires , ou
trois d'entre eux , ôc ce à la grande grille du Couvent des
Filles-Dieu de Paris , oùl'Abbesse étoit pour lors:ce qui suc
io4 Histoi re des Ordres Religieu*,
Crphe di exécuté. Ainsi la paix & la tranquilité furent rétablies dan»
1°v ^'^r^re ' & l' Abbesse fit imprimer les Statuts qui avoientété
dressés par les Commissaires députés par ie Pape Sixte I V-
pour la Réforme de cet Ordre, lesquels Statuts y font encore-
en pratique. Ceux qui concernent les Religieuses contien
nent soixante & quatorze Chapitres , Se ceux des Religieux
seize.
Ceux des Religieuses concernant TOffiee Divin , ren
voient pour le nombre des P seaumes qu'elles doivent dire à
Matines & aux Heures Canoniales , selon l'occurence des
Fêtes , & pour la manière de le célébrer, au bref de l'Ordre:
mais ils ordonnent , que pendant Y Avent & le Carême elles
diront devant Matines quinze Pseaumes , & après Matines
les sept Pseaumes- Penitentiaux avec les Litanies des Saints,
& de plus en Carême , après chaque Heure Canoniale , un
Pseaume,étant prosternées contre terre.Dans les autres tems}
excepté le tems Pafchal v tous les Vendredis & les jours de
jeûnes ordonnes par l'Eglise , elles diront quinze Pseaumes,
a moins qu'il n'arrive ces jours- là une Fête de neuf Leçons
©u quelque Octave. Tous les jours rOffice des Morts &
celui de la Vierge , excepté les Fêtes doubles majeures , &
quelques autres jours qui leu* sont marqués, & une fois la
semaine Vêpres & Laudes de l' Office de tous les Saints.
Elles se lèveront à minuit pour dire Matines , feront l'O-
raifon mentale , garderont le silence aux heures & dans le»
lieux marqué*. Tous les Vendredis en tout tems après Mati
nes, s'il n'est pas Fête double , & toutes, les Vigiles des grands
doubles , si ce n'est un Dimanche , ou une Fctedouble,com-
me aussi les Lundis &. Mercredis pendant l'Avent & le Ca
rême , & tous les jours depuis- le Dimanche des Rameaux
jusqu'à Pâques.efìes recevront la Discipline de la main de la
Prieure, qui la recevra-aussi des mains d'une autre Sœur.
Tous les Lundis 6c Mercredis , elles s'abstiendront de
manger de Ea viande r si ce n'est dans les maladies ou par
jraifon d'une grande vieillesse ou jeunesse. Elles s'en abstien
dront aussi depuis la Septuagesime jusqu'à la Quinquagesi-*
me , 8t depuis l'Ascension jusqu'à la Pentecôte , aussi-bien
que pendant l'Avent. Mais depuis la Qhiinquagesime jusqu'à
Pâques elles s'abstiendront de toutes choses provenant de la
«haïr. Tant aux jours déjeunes qu'à ceux qui ne le font pas,
Quatrième Partíe , Châp. XIII. íaf
on leur donnera deux sortes de viandes cuites, & quelques Ordrídï
fruits & légumes pour troisième portion. Une livre de pain ^J'*"'
leur suffira pour chaque jour , donc elles en réserveront le
tiers pour leur souper s'il n'est pas jeûne , & une chopine
de vin , écant à la liberté de la Prieure d'augmenter ou dimi
nuer selon qu'elle le jugera à propos. Outre les jeûnes pres
crits parl'Eglise, elles jeûneront encore tous les Vendredis»
depuis Pâques jusqu'à la Narivité de la Sts Vierge3& depuis-
cette Fête jusqu'au premier Novembre tous les Mercredis 6c
Vendredis , depuis le premier Novembre jusqu'à Pâques ,
íes Lundis & Mercredis , & tous les jours pendant l'Avent;
Quant à leur habillement , on leur permet deux robes
blanches avec une coule noire , un surplis fur leur habic
blanc avec une ceinture de laine noire ou de fil. Selon le tem»
& les lieux elles peuvent quitter la coule. On, leur permec
aussi des chemises de chanvre ou de lin,dont elles ne doivent
fe servir qu'avec la permission de la Prieure , mais ordinai-
rementilles serontde blanchet ou d'étamine: elles coucheronc
vêcuè's avec leurs robes blanches & leurs surplis dans des»
draps de serge.
Tous les Lundis , Mercredis & Vendredis elles sassem-í
bleront au Chapitre,tant pour y dire leurs coulpes.que pour
les nécessités du Monastère. Le Chapitre du Vendredi est
principalement établi pour les coulpes en particulier, les Re
ligieuses diíànt leurs coulpes en général les Lundis & Mer
credis. Le premier Lundi de Carême on tient un Chapitre
pareil à ceux des Vendredis , 8c chaque Officière en disanc
la coulpe ^renonce à son Office entre les mains de la Prieure*
qui peut l'en décharger & le donner à une autre.
Quant à la manière de raire les visites dans cet Ordre ,
FArrêt du Grand- Conseil de l'an 1510. dont nous avons*
parlé , & le Bref de Clément VII . de l'an 1 515. ordonnèrent
que Je Monastère de Fontevraud, les Abbesses ( qui seroienc
perpétuelles & non pas triennales ) les Religieuses & les Re
ligieux qui demeurent seulement dans l'enclos de ce Mona«-
ftere, seront visités d'autorité Apostolique une fois l'an par
vta Religieux d'un autre Ordre , qui fera élu pour trois ans
feulementjlaquellë élection se fera le Mardi de la Pentecôte,
par chaque Monastère , qui après l'élection députera un Re
ligieux pour la porter à Fontevraud,où TAbbesse le Samedis
Tome VL- O
îoô Histoire des Okdr.es Religieux;
ord*£ vi de TOctave du saint Sacrement, sera obligée de la publierà
txaÎd! * k grande grille du Couvent, en présence de tous ies Dépu
tés de ces mêmes Monastères , en choisissant pour Visiteur
celui qui aura plus de voix : qu'en cas d'égalité de voix > il
lui fera permis de nommer celui des deux qu'elle voudra :
que pour la visite des autres Couvens de l' Ordre , elle fera
obligée de commettre un ou deux Visiteurs du même Ordre,
qui seront auísi triennaux,& qu'elle constituera ses Grands-
Vicaires aux choses spirituelles. Telles font les principales
Observances de ces Religieuses , qui après Tannée de pro-
bation , prononcent leurs vœux selon certe Formule : jc N,
promets stabilitéfous clôture* conversion de mes moeurs, chastetés
pauvreté & obeijfance , selon les Statuts de la Réformation de
i 'Ordre de Fontevraud,ordonnés en ce lieu par le décret du Pape
Sixte IV. suivant la Règle desaint Benoit en V honneur du Sau
veur,, defa Mere ,&de saintJean l 'Evangéliste en vôtre pré
sence Mere Prieure de ce Monaslere. Les Religieuses du
Chœur prononcent Leurs vœux en Latin & les Sœurs Con-,
verses en François.
Quant au x Religieux de cet Ordre , ils ne peuvent rece
voir personne & lui donner l'habit , ce droit appartenant à
T Abbesse seule,6c à son refus à la Prieure & auxSœursjmais
à la profession les Religieux y donnent leur consentement.
Le Confesseur leur donne l'habit dans la grande Eglise en
préíence des Religieuses , & après Tannée de probation ils
prononcent ieurs vœux en ces termes :Je N. de telle condition,
&c. du Diocèse de &c. proposantservir auxservantes deJefus-
Christ , jusqu'à la mort, avec la révérence de soumission duè%
promets stabilité , conversion de mes moeurs , chastetépure,pau-
vreté nue & obéissance jelon les Statuts de la Résormation de
V Ordre de Fontevraud ordonnés au présent Monaslere par le
Décret du Pape Sixte JF.en l'honneur de Nôtre- Sauveur, desa
tres digne Mere & de saint Jean í' Evangéliste, en vôtre pré-
sence,Mere Prieure de ce Monastère. Le vœu des Frères Con-,
vers est femblable,sinon que ceux-ci le prononcent en Fran
çois &l les Clercs en Latin. Leur pauvreté consiste en c«
qu'ils ne peuvent accepter en leur propre nom ni en com
mun, aucun legs , ou donation, ou autre chose quelconque,
tout ce qui leur pourroit être donné , ou qu'ils pourroient
jjagner par leur industrie & travail appartenant aux Relir
l^elv^wAio^ de Forit -EvraiuL
■
lu Histoire des Ordres Religieux*
Congre: glois , de se donner à saint Bernard avec toute sa Congrega-
SAvVcmjji tion ,pour être de la filiation de Clairvaux. 11 vint pour ce
bt"iw c2î^uÌet au ^onci'e ^e Reims qui se tint l'an 1148. auquel le
uouiN. Pape Eugène III. qui écoitpour lors en France, présida. S.
Bernard présenta à ce Pontife les Abbés Serlon & Osmond,
& ils furent admis au Chapitre Général de Cîteaux par l'en-
tremise de ce Saint. La Congrégation de Savigni étoit alors
composée de trente-trois Abbaïes , fans les Maisons de Fil
les. Le Pape Eugène confirma cette union par une Bulle
donnée à Reims le onzième Avril 1-1481 II y eut des Abbés
d'Angleterre qui s'y opposèrent i mais après bien des con
testations , tous se soumirent à Clàirvauxj & cette union suc
faite à condition que l'Abbé de Savigni seroit toûjours Pere
immédiat de ces trente- trois Monastères. 11 y a quelques.
Auteurs qui n'en mettent que trente.
Asturus du Mou(kier,NeuJlria pia. Chran. Savig- Baluze,.
Mifcell. Pavillon ,Fie de Robert d'' Arbriftel. Angel. Manriq..
Annal. Cister. Sainte-Marthe , Gallia Chrijliana. & Fleury,
Mifi. Ecoles Tom. XIV. p ag. 170. &
La Congrégation que fonda; le Bienheureux Raoul dela
Futaye avoit plus de rapport avec celle de Fontevraud : car
les hommes y étoient aussi soumis aux Filles. II alla en Bre
tagne, & bâtit dans la forêt de Nid-de-Merle l'Abbaïe de
saint Sulpice, vers l'an 11 17. On ne sçait point qui en fut
d'abord Abbesse. La première dont on ait connoissance , est
la Princesse Marie,fille d'Etienne de Blois Roi d'Angleterre,
laquelle mourut l'an 1156» Les Religieux qui administroient
les Sacremens à ces Filles , avoient leur habitation près du
Monastère , & recevoient d'elles toutes les nécessités de la.
vie. Ils étoient en assez grand nombre , 8c on les appellok
Condonats.
Le Pere Lobineau , dans son Histoire de Bretagne , aï'ant
dit que cet établissement subsistoit encore au quatorzième
lìécle,ori pourroit croire qu'il ne subsistoit plus dans le quin
zième : cependant il paroît par la profession d'un Religieux
de cet Institut , faite en 1585. qu'il subsistoit encore lur la
fin du seizième. Elle est rapportée en ces termes par Pavil*
Ion, dans la Vie du Bienheureux Robert d'Arbrissel : Ego
Pttrus Bertrand xPreJbyter Parochi tàe C'hancio , Ahedon>Diar-
cefis , à longo tempore. manens at^tte permanens , in hoc Mo
Quatrième Par.tie,Chae. XIV. nj
nafterioS.SulpciiìRhed.Díœcesis Ordims S. Benedicii promitto Cokgrh-
atque juro , omnipotenti Deo , B. M. & S. BenedUío ; nec non j^iaín"*
Venerandx. D. Gabriel* de Mores^humili Abbatiff* P. Mona- S^Sulpici,
jlerii & fuccejfôribus fuis ibedientiam , rcverentiam , dffti- DOuaí»,
tatcm & paupertatem , ujque ad mortsm , tejíe meo Chiro-
grapho hie appofito die \y.menfis Fibruarìi anni Domini
1585.
Le Monastère de Loc- Maria, fondé par Alain Cagnart,
Comte de Cornoùaille , comme nous lavons dit ci - dessus
dans le Chapitre XII. fut donné à laint Sulpice par Conart
II. Duc de Bretagne 1 & Maltide son épouse. Du vivant de
Raoul de la Futaye , la Fontaine laint Martin lui fut aussi
donné par Foulques Comte d'Anjou , & fa femme Erem-
berg , &. le Prieuré de la Fougercuse en Poitou, par Guil
laume Evêque de Poitiers. A i'exemple de saint Sulpice, on
étítblk aussi des Religieux aux Coëts pour diriger lès Reli
gieuses. Ce Monastère, qui fut aussi donné à l'Abbaïe de
laint Sulpice, fut fondé par Hoèl I II. Comte de Nantes ,
Pan 1 149. en faveur de fa fille qui s'y consacra a Dieu en
présence de Brice, Evêque de Nantes, de Salomony Evêque
de Léon , & de plufieurs Seigneurs qui reconnoiílbientpour
Duc de Bretagne ce Prince, qui avoit été désavoué Tannée
précédente par Conan 1 1 I.pour son fils à l'article de la mort,
quoiqu'il eût passé pour tel jusques-là : ce qui causa une
guerre civile en "Bretagne. Les Papes Calixte II. Eugène
III. & Innocent IV. mirent l'Abbaïe de saint Sulpice sous
la protection du íaint Siège. Tous les Monastères qui en dé-
pendoient font énoncés dans la Bulle d'Eugène de l'an 1 1 48.
qui défend aussi aux Religieux de ce Monastère d'en sortir
après y avoir fait profession , fans la permission de l' Abbesse
8c du thapitre. Depuis quele Pape Eugène I II.. eut accor
dé cette Bulle , le nombre des Monastères augmcnra,comme
on a vû par la fondation de celui des Coëts. Cette Abbaïe
avoit de grandes dépendances dans les Diocèses de Nantes,
de Rennes , de Vannes , de Qiiimper & de saint Malo. Pa
villon dit avoir vû une Bulle du Pape Alexandre ! 1 1. qui
marque que cette Congrégation s'étendoit jusqu'en Angle
terre , & que dans cette Bulle le Pape fait aussi défense aux
Religi'eux de sortir sans la permission de l' Abbesse : mais
cette Congrégation ne subsiste plus,
TtmcFL R
«4 Histoire d es Ordr.es Relï g iEtrxí
Congre- La Congrégation de Cadoúin eut pour Fondateur lc
cations de Bienheureux Giraud de Sales j & le Bienheureux Robert
IYulpice! d'Arbrissel voulut bien y contribuer , puisqu'il lui céda le
« de Ca- liea de Cadoùin , avec le consentement de l' Abbesse & des
EOUAN.
Religieuses de Fontevraud l'an 1 1 1 5. On y avoit déja com
mencé un Monastère de cet Ordre > mais le Bienheureux
Giraud de Sales y mit des Religieux de son Institut, auf-
quels il donna les Coutumes de Cîteaux. C'est ce quiparoît
par le titre de la fondation de l'Abbaïe de l'Absie en Gas-
tine , quiétoit un Monastère de cette Congrégation, où il est
marqué qu'elle fut fondée l'an 1120. sous la Règle de saint
Benoît & J'Institut des Pères de Cîteaux ,par le Vénérable
Giraud , qui y mit pour Abbé un de ses Disciples : Anno ab
ìncarnattone Domini 1 1 10 fundatum ejt Cœnobium S.
Mari a Abstx in primant Abbatiam fagi Piclavienjis , se eu n-
dum Régulant S. Beneditli , & Injlitutum patrunt probatijfì-
morum Cijlertiensium Monachorum à Magifiro Venerabili
Ciraudeo. Et cet Acte fut paffé en présence des Abbés de
Cadoiiin & de Bournet.Ce dernier Monastère avoit été aussi
fondé par le même Giraud de Sales l'an 1 1 13. Pavillon dit
qu'il y avoit seize célèbres Maisons de cet Ordre. II nomme
entre les autres Grand- Selve , au Diocèse de Toulouse ,
Gondon, dans celui d'Agen, Dallone, au Diocèse de Li
moges , Bournet , dans le Diocèse d'Angoulême , Font-
Douce & Chartres , au Diocèse de Xaintes, l'Absie, C hâte-
lieres & Bonnevaux , au Diocèse de Poitiers , & le Prieuré
de Bragerac , qui , comme nous avons dit,passa à l'Ordre de
Fontevraud. Mais il faut retrancher de ce nombre Grand-
Selvc & Chartres : car Pavillon dit que le Bienheureux
Giraud de Sales fonda l'Abbaïe de Grand-Selve : cepen
dant elle ne fut fondée que l'an 1 1 44. selon MM. de Sainte-
Marthe j & Giraud mourut Tan 11x7. selon le Martyrologe
de Fontevraud : Pavillon pourroit bien avoir pris Sauve-
Majour , en Latin Silva-Major, qui fut fondé par un autre
Geraud ou Girard l'an 1077. pour Grand-Selve, en Latin
Grandts-Silva. L'Abbaïe de Chartres fut aussi fondée en
1 1 44. non pas fous la Règle de saint Benoît , mais fous celle
de saint Augustin. II y avoit dans cette Congrégation des
Monastères de Filles ; mais les Religieux n'y demeuroient
pas comme dans ceux de Fontevraud , & elle étoit plutôt
Quatrième Partie , Chap. XV. ïif
semblable à celle de Savigni. L'on ne sçait rien de particu- Congrï-
lier de la Vie de ce fondateur : on a seulement la date de sa^.-í'oj*
mort, qui eít marquée au 5. d'Aoutdel'an 1117. dans le
Martyrologe de Fontevraud. Quelques Monastères font
passés à l'Ordre de Cîteaux , quelques-uns fous la filiation
de Clairvaux , d'autres fous celle de Pontigni , & il y en a
qui ont conservé feulement la Règle de saint Bcnoît,& quel
ques Ecrivains disent que Dallone étok Chef de Congréga
tion.
Chrome. Malleacenf+aâ annum iixo. Pavillon , Vie dit
Bienheureux Robert ; Sainte Marthe, Gail. Chrifi. Fleury*
Hifi. Eccles. Tom. XIV. liv. 6&. & Lobineau yHist. dcBreta*
gne , liv. 4.
Chapitre XV.
Tome VI. Q.
»
■
n6 HiSTOïlÊ B es Orbs.es Religieux ,
euusu pour saint Guillaume, qu'il fit bâtir plusieurs Monastères
Viix*i ^e ^on ^r<^rc » non feulement dans le Roïaume de Naples,
mais encore dans celui de Sicile. Lepremier qu'il fonda fut
à Palerme {omlcnomáesaintfean des Ermites, vis-à-vis (on
Palais. 11 en fonda aussi un autre dans la même ville pour
des Vierges , fous le nom de saint Sauveur : &la première
eui y prit l'habit fut la Princesse Constance fa fille, laquelle
fut tirée dans la fuite de ce Monastère , dont elle e'toit Su
périeure j & relevée de ses vœux par le Pape Celj^lin III.
pour épouser Henri V I. fils de PËmpereur Fridenc Barbe-
rousse. Ce P rince fit encore bâtir un autre Monastère de Re
ligieuses à Messines , appellé le Monafiere du Mont-Vierge ,
& entre ceux qu'il fonda dans le Ro'ïaume de Naples , il y
eut celui de Venosa pour des Religieuses. Le nombre des
Monastères de filles de l'Institut de saint Guillaume fut si
grand qu'il y en a qui prétendent qu'il y en eut jusqu'à cin
quante > mais à peine à présent en trouve-t'on deux ou trois,
dont les Religieuses ont même quitté l'habit & l'institut du
Mont- Vierge,quoique celui de Messines en retienne encore
le nom.
Saint Guillaume aprés avoir demeuré quelque tems dans
son Monastère de Palerme,où il avoit fait venir des Religieux
de son prop reMonastere du Mont- Vierge , que le Bienheu-
teux Albert lui avoit envoies ,quitta la Sicile pour retourner
dans le Roïaume de Naples. 11 alla visiter les Religieux du
Mont- Vierge, qui avoient été long-tems privés de fa pré
sence : il y fit quelque séjour , & sentant par l'épui sèment
de ses forces & l'accroiflement de ses infirmités qu'il ne
pouvoit vivre long-tems , il se retira au Monastère de Gu-
glietooùil mourutlez5. Juin 1141. laissant une nombreuse
postérité , dont il donna la conduite au Bienheureux Albert,
qui ne voulut pas néanmoins accepter cet emploi : mais on
ne voulut pdint en élire un autre qu'aprés fa mort qui arriva
Pan 1145». ainsi il est reconnu pour second Général de cet
Ordre.
II eut pour successeur le Bienheureux Robert qui re
trancha quelque chose des grandes austérités ausquelles
saint Guillaume avoit obligé ses Religieux : & comme ce
Saint ne leur avoit rien laisse par écrit , il mit son Ordre sous
.la Règle desauwBenoîtpar autorité du Pape Alexandre 111.
r. -vi. r. j & 6
Quatrième Pa rtie,Chaïit*b. X VI. r 27
cc Pontife l'approuva derechef , 5c prie sous la protection Ordrï do
du saine Siège se Monastère du Mont- Vierge. Jean succès- viergJ"
seur de Robert fit rebâtir PEglise de ce Chef d'Ordre avec
beaucoup de magnificence , 8c elle fut consacrée par le Pape
Lucius 1 1 1. en présence de quinze Evcques & de cinq Ab
bés , & lui accorda beaucoup de privilèges > dont le Pere
Dom Gabriel quatrième Abbé obtint la confirmation du
Pape Celestin III. Jean deuxième du nom & huitième Abbé
amplifia l'Ordre par la fondation de plusieurs Monastères,
& il alla toujours en augmentant , tant que les Religieux
vécurent en paix & en union , & qu'ils observèrent inviola
blement leur règle. Mais étant tombés dans le relâchement,
lesprit de discorde se glissa parmi eux , & aprés la mort du
Général Philippes dix- huitième Abbé du Mont- Vierge , ne
pouvant convenir pour l 'élection d'un successeur , chaque
Monastère fut gouverné par des Doïens & des Prévôts, qui
étoient absolus & indépendans , l'Ordre n'aïant point de
Chef. Mais Dom Pierre Religieux du Mont- Vierge alla
trouver le Pape Clément VI. a Avignon , & obtint de ce
Pontife l'an 1345. l'Abbaïe du Mont- Vierge , & le gou
vernement de l'Ordre , qu'il tint pendant quarante ans :
ainsi les Religieux perdirent le droit qu'ils avoient d'élire
leurs Généraux. Aprés la mort du Général Dom Pierre ar
rivée en 1 38 1. Barthelemi fut Général jusqu'en l'an 1390.
& eut pour successeur Palamides , qui permuta TAbbaïc
du Mont- Vierge pour celle de saint Pierre ad Ara avec le
Cardinal HuguesaeChypre,qui fut le premier Abbé Com-
mendataire du Mont- Vierge,Sc mourut l'an 1433. Le second
futleCardinal Guillaume de Chypre : le troisième le Cardi
nalJean d'Aragon,fils duRoi Ferdinand: le quatrième leCar-
dinal Olivier Caraffa, Archevêque de Naples, qui osta à ce
Monastère le riche trésor qu'il conservoit du Corps de saint
Janvier , dont ce Cardinal enrichit son Eglise. Enfin le cin
quième & dernier Abbé Commendataire fut le Cardinal
Loiiis d'Aragon , neveu du Roi de Naples , -qui remit cette
Abbaïe entre les mains du Pape Léon X. à condition qu'elle
seroit unie pour toujours à l'Hôpital de l'Annonciade de
Naples , ce qui fut exécuté l'an 1 5 1 5. & les Gouverneurs de
cet Hôpital en prirent possession le 1 8. Décembre de la même
année.Ces Gouverneurs, <nii font ordinairement cinq Gen-
ii? Histoìhe des OrDresRelïgieux,
Ordre »ú tilshommes & quatre Bourgeois,mircnt au Monc- Vierge un
ViiVseV Sacristain,qui y cenoit lieu d'Abbé , & un de ces Gentils
hommes dispoloit de toutes choses , & nommoit même le
Supérieur , qui n'avoit que le titre de Vicaire , & peu d'au
torité íut'ks Religieux , n'aïant pas même le'pouvoir de les
envoïer aux Ordres. Ce Gentilhomme donnoit les Prieurés
. de l'O rdre à ceux qui lui enoffroient davantage, & tout se
faisoit au nom du Sacristain, que les Gouverneurs chan-
geoient quaud bon leur sembloit : de sorte que le plus fou-
vente etoit un Prêtre SécuHer,sam science ôc lans expérience,
& quelquefois l! Evêque de Lesina,quiest une ancienne ville
ruinée qui appartient présentement à l'Hôpital de l'Annon-
ciade.
L'Ordre du Mont Vierge se vit par ce moïen à deux
doits de fa perte j il ne fut pas seulement dépouillé de ses
revenus qui étoient considérables,puisque le seul Monastère
du Mont Vierge poíTédoic les Baronies de Mercugliano,
Spedaletto,Mugnagno & Quatrelle , avec le Fief de Monte-
Fuícoli , d'où dépendoient Li- Felici , San Jacomo , Fertu-
lario , Terra nova , San Martino , & Pietra Delli Fusij mais
étant fans Chef , & pour ainsi dire fans Supérieur , les Re
ligieux tombèrent dans un grand relâchement , & les études
en furent entièrement bannies.
Les Gouverneurs de l'Hôpital de 1' Annonciade,pour faire
consentir plus volontiers le Pape Léon X.àl'union qu'ils de-
mandoient du Monastère du Mont Vierge & defes dépen
dances , à cet Hôpital,representerent à fa Sainteté que tous
fes revenus ne montoient au plus qu'à trois cens ducats , &
qu'ainsi le nombre des Religieux ni l'Obfervance Régulière
ne diminueroient pas dans ce Monastère > c'est ce qui fit
que ce Pontife consentit à cette union par son Bref de lan
1515. Mais les Religieux du Monc Vierge appel lerent au
Pape même de ce Bref qu'ils supposèrent íubreptice & obre-
ptice i puisque les revenus du Mont- Vierge se montoient à
des sommes bien plus considérables qu'ils n'avoient exposé
au Pape. Ce qui leur fut d'autant plus facile à prouver que
fans les revenus des terres de Mercugliano > Spedaletto,Mu-
gnano & les autres , on vendoit tous les ans pour trois cens
ducats de châtaignes qui se recuëilloient fur la montagne »
& pour plus de quatre cens ducats de bois qu'on coupoit au
même
QuAfMEME PARTIE ,ChAP. XVÏ.
ïnême endroit , & que les Religieux avoienc toute jurisdi- Ord»*»*
ction spirituelle & temporelle dans les terres cjui avoient été {^"J"
unies à l'Hôpital de l' Annonciade , & dont néanmoins il n'é-
toit fait aucune mention dans le Bref. On n'eut aucun égard
à leurs remontrances , & ils se virent dans la dépendance des
Laïques , ce qui dura jusques fous le Pontificat de Pie V.
Mais avant qu'ils fussent délivrés de cette servitude, Alfonse
Piscicello , l'un des Gouverneurs de l'Annonciade s 'étant
trouvé à un Chapitre des Religieux de cet Ordre» &. voïant
l'ignorance où il étoit plongé , la plupart des Religieux ne
sçachant méme ni lire ni écrire , il leur donna pour Supe-
rieur , en qualité de Vicaire General , le Pere Dom Bar-
bato Ferrato délia Candida , qui étoit le moins ignorant d*
ces Religieux & le plus zélé pour les Observances Réguliè
res. Çe Vicaire Général avec l'aflistance de ce Gouverneur
établit un Séminaire & des études au Mont Vierge , d'où il
est. sorti dans la fuite de très habiles gens , qui se sont rendus
recommandables dans I'Ordre par leur science & leur pieté»
Jean Louis Piscicello étant Gouverneur de l'Annonciade
en 1565. les exhorta à reprendre les Observances Régulières
& la Règle de saint Benoît qu'ils avoient abandonnée. Ils-
suivirent son avis >. mais ne pouvant exécuter ee dessein, tanr
qu'ils feroient gouvernés par des Séculiers^ls eurent recours
au Pape Pie IV. pour être affranchis de eette servitude , ôc
députèrent vers ce Pontife le Vicaire Général Dom Bar-
bato , qu'ils élurent dans leur Chapitre comme Procureur
pour aller à Rome avec quelques autres Religieux , & ifcs
prirent pour leur protecteur le Cardinal Sforze. Le Pape Pie?
IV. étant mort comme ils sollicitoient la restitution du Mont
iVierge & de leurs revenus , ils n'obtinrent ce qu'ils deman-
doient que fous le Pontificat de son successeur Pie V. qui
nonobstant les oppositions du Procureur de l'Annonciade,
délivra I'Ordre du Mont Vierge du gouvernement des Sécit-
liers , défendant aux Gouverneurs de l'Annonciade de s'en?
mêler à l'avenir , & cassa l'union qui avoit été faite de cc
Monastère avec l'Hôpi:alde rAnnonciadesil le soumit néaa-
jnoins au Sacristain de cet Hôpital , pourvu qu'il fut Régu
lier & Evêque, comme il paroit par le Bref de ce Pontife du
7. Mars 1567. mais il ne rendit pas les revenus du Mont
Vierge aux Religieux, il ordoona feulement que les Gou>r
-T3© Histoire des Or dtl es Rextgt eux, .
■o rdrî du verneurs de l' Annonciadc donneroient tons les ans à chaque
Viuige^ R^fig^x Pour f011 entretien vingt écus Romains , & que de
cinquante trois Prieurés qu'il y avoh alors dans l'Ordre on
les réduirait au nombre de dix- huit aux frais de l'Hôpital, ,
qui feroit toutes les dépenses pour faire accommoder les
lieux Réguliers j afin que les Religieux y pussent vivre en
commun & y garder les Observances Régulières. Mais les
Gouverneurs appréhendant que la dépense des réparations
deces Monastères ne se montattrop haut, firent un Concor
dat la même année avec les Religieux , par lequel ceux-ci
abandonnèrent à l'Hôpitai de l'Annonciade environ trois
mille ducats de rente & l'Hôpital leur céda tout le reste des
revenus qui dépendoient du Monastère dti Ment Vierge.le-
quel accord fut confirmé par une Bulle de Pie V. Cepen
dant , commeon n'y avoitpas compris les Vassaux des terres
de MercugHano , Spedaletro , Mugrano , délie QuadrelleSc
4es autres , finon qu'on les obligeoit à servir en personne le
Monc Vierge, demeurant au surplus fous la jurifdiction tem
porelle de l'Hôpital qui devoit nommer les Officiers de Ju
stice. Ces Vassaux appréhendant de perdre leurs privilèges,
s'addresserent à ce même Pontife pour le prier de leur per
mettre de rester toâjours Vassaux du Mont Vierge ,ce que
le Pape leur accorda . ordonnant qu'ils ne pourraient jamais
sêtre vendusnî échangés, & qu'ils feraient toûjours Vassaux
du Mont Vierge qui en auroitle domaine direct.
Le pouvoir que ce Pape avoit accordé au Sacristain de
l'Annonciade fur les Religieux du Mont Vierge,écoit d'aíîì-
ster à leur Chapitre Général pour l'élection d'un Vicaire
^Général , & les Religieux qui le trouvoient grevés par leur
Supérieur , pou voient appeller de leurs Ordonnances à ce
Sacristain , qui en jugeoken dernier ressort. Mais Sixte V.
c[ui avoit succédé à Pie V. croïant qu'il ne convenoitpas que
le Sacristain de l'Annonciade, quoique Régulier & Evêque
conformément à la Bulle de son prédécesseur, se mêlât des
affaires des Religieux du Mont Vierge , &. voïant même
que le Sacristain qui étoit pour lors , n'étoit ni Régulier ni
Evêque , exemta tous les Religieux de cet Ordre de fa
jurisdiction , lui faisant défense íous peine d'excommunica
tion par fa Bulle de l'an 1588. de se trouver à l'avenir à leurs
Chapitresjni de fc mêler des affaires de l'Ordre.
R^el^teiwc, cliv rrwnt Vœrqc
Chapitre XVII.
Chapitre XVIII.
'Chapitre XIX.
Chapitre XX.
Tome FI, Y
i7<s Histoire des Ordr.es Religieux ,
Ordmdij
xkuis. Chapitre XXI.
Chapitre XXII.
Chapitre XXIII. ■
-
Quatrième Partie , Chap. XXIII. 183
auxprieres qu'on lui faisoit de modérer de si grandes austeri- Ordredk
tés , au moins pendant la maladie. Cuestini
Cependant une vie si austère & si capable de rebuter les
gens du monde ne laissa pas de lui procurer de nouveaux
imitateurs qui animés par son exemple , & touchés d'un se-
• cret mouvement de la grâce quittèrent toutes les délicatesses
du siécle pour le suivre dans le chemin étroit de la perfe
ction. Le nombre de ses Disciples se multiplia si fort, que le
Monastère qu'il avoit été obligé de bâtir sur la montagne
de Majella avec un Oratoire n'étant pas capable de les loger
tous, ils furent contraints de bâtir de nouveaux Monastères
aux environs. Dom Lelio Marini, qui a été Général de cet
Ordre , dit dans la vie de ce Saint que son Ordre fut pre-.
mierement approuvé l'an 1 164.. par le Pape Urbain I V.qui
l'incorpora à ì'Ordre de saint Benoît par une Bulle adressée
à l'Evêque deTheate pour la mettre en exécution en cas que
les choies fussent comme on les lui avoit exposées , ce que le
Prélat exécuta, comme il paroît par un Acte du z8. Octobre
de la même année qui est conservé avec la Bulle de ce Pontife
dans les Archives du Monastère du saint Esprit de Sulmone,
& ce même Général ajoûte que cet Ordre rut confirmé par
le Pape Grégoire X. l'an 1x74- dans le Concile de Lyon.
Le Cardinal Pierre Dailly dit que ce Saint aïant appris que
toutes les Congrégations Religieuses qui n'étoient pas ap
prouvées par le saint Siège seroient cassées dans le Concile
Général qui devoit bien-tôt se tenir à Lion , alla avec deux
de ses Disciples trouver le Pape Grégoire X. & qu'il en ob
tint plus qu'il n'avoit même osé espérer , car il n'approuva
pas seulement fa nouvelle Congrégation 3 mais il lui donna
encore la Règle de saint Benoît. Ce qui détruiroit le senti
ment de Lelio Marini j mais nonobstant ce que dit le Cardi
nal, je crois qu'on doit plùtôc s'en rapporter à cet Ecrivain ,
qui,selon quelques Sçavans,est un Auteur exact qui n'avance
rien qu'il ne prouve par des Actes authentiques. En effet il
n'y a pas d'apparence que saint Pierre eût attendu si tard à
demander l'approbation de son Ordre puisqu'il y en avoit
déja seize Monastères en 1174. 6c il paroît même par la
Bulle de Grégoire X. adressée au Prieur du saint Esprit de
Majella qui étoit pour lors Chef de I'Ordre , que la Règle
de saint Benoît y étoit déja observée : In prìmis fi qutdetn
184 Histoire des Ordres Religieux,
Ordredfs ( dit ce Pape ) ut ordo Monajlicus , qui jecundum Deum & B.
CïiisTiNs Benedifti Regulam in eodem Monajierio injìitutus ejfe dignof-
citur , perprtuis ibidem temporibus inviolabilités observetur.
Ce Pape lui accorda encore beaucoup de privilèges. II l'e-
xemta de la jurisdiction des Ordinaires & de païer la dixme
des terres & des troupeaux- Quant à la suppression des Or
dres Religieux ordonnée par le Concile , elle ne regardoit
que ceux qui n'avoient pas reçu leur approbation du saint
Siège, & ceux qui par leur Règle & leurs Constitutions ne
pouvoient rien posséder , excepté les quatre Ordres Man-
dians 5 sçavoir, ceux de saint Dominique, de saint François,
des Carmes , & des Augustins , encore le Concile ne per
mit- il ces deux derniers , qu'en attendant qu'on en eût au
trement ordonné.
Aprés que saint Pierre de Muron eut obtenu cette se
conde approbation du saint Siège , son Ordre fit de nou
veaux progrés , & l'on prétend qu'en passant à Mantouë à
son retour en Italie,il y fonda encore un Monastère. II gou
verna cet Ordre jusqu'en l'an 12S6. que préférant la Soli
tude à ce Gouvernement , il s'en démit auífi-bien que de
son Prieuré du Monastère du saint Esprit de Majella. Ce
Monastère fut d'abord dédié en l'honneur de la sainte Vier
ge, & il est appellé dans la Bulle de Grégoire X. le Mona
stère de sainte Marie de Majella j mais un pigeon blanc
étant venu dans ce lieu, & s'étant rendu si familier qu'il
se trouvoit dans tous les lieux où les Religieux étoient as
semblés , ce qui dura pendant trois ans , cela donna lieu au
saint Fondateur de donner le nom du saint Esprit à ce Mo
nastère , & d'en fonder plusieurs autres fous le même titre.
Aprés s'être demis du gouvernement de l'Ordre , il établit
en fa place un nommé Robert , tant en qualité de Prieur du
saint Esprit de Majella que de Général de l'Ordre- Ce Mo
nastère futainsi gouverné par un Prieur jusqu'en l'an 1287.
que4es Religieux s'étant assemblés dans un Chapitre Géné
ral,élurent pour premier Abbé Général , François d'Adria ,
qui mourut peu de tems aprés, &eut pour successeurRainau d
Riga-Nigroj&aprés lui Onuphre deCôme qui fut élu dans
leChapitreGénéral de l'an 1193.011 il fut ordonné qu'àl'ave-
nir le Monastère du saint Esprit de Majella qui avoit pour
lors le titre d'Abbaïe , ne seroit plus regardé comme Je Chef
r
Quatrième Partie , Chap. XXIII. 185
de l'Ordre , à cause de sa situation dans un lieu désert de ORojirt>rs
difficile abord, &. quin'étoitpas commode pour la teuuë des Cnu-rm»
Chapitres Généraux , &. qu'on s'assembleroit dans la fuite
dans celui du saint Esprit de Muron,appellé communément
de Sulmone à cause de la proximité de cette ville, &t qu'on
le feroit ériger en Abbaïe.
Ce fut íous le gouvernementde.ee troisième Général que
saint Pierre de Mouron , qui depuis fa démission avoitécé
de Solitude en Solitude , pour se dérober à la foule du peu
ple qui le venoit chercher de tous côtés, fut élu le premier
Juillet 125)4- souverain Pontife. Le Pape Nicolas. IV. écoit
mort dès le 4. Avril 115)2. & depuis quatorze mois , tous les
Cardinaux assemblés à Peroule pour lui donner un succes
seur n'avòient pù s'accorder pour l'élection. Las des brigues
& des contestations, ils convinrent enfin de ne plus s'arrêter
à dés intérêts humains , & de chercher le meilleur sujet qui
se pourroit trouver pour remplir la place de saint Pierre,& à
la persuasion du Cardinal d'Ostie , ils nommèrent d'une
commune voix saint Pierre de Mouron , qui passoit pour le
plus saint homme de son tems.
Chacun se réjouit de cette élection j mais saint Pierre de
Mouron qui ne soûhaitoit qu'une vie privée & que de de
meurer dans une solitude, caché aux yeux des hommes, bien ,
loin de s'en réjouir , en fut fort chagrin , & s'estimant indi
gne d'une si grande dignité, il s'excusa de l'accepter> & parce
qu'on ne vouloit pas recevoir les raisons qu'il alleguoit pour
ne pas se charger d'un fardeau si pesant , il prit Te parti de
s'enfuir : mais aïant été rencontré par ûne foule de monde
qui le cherchoit , il se vit contraint de céder malgré sa résis
tance. Les Rois de Sicile & de Hongrie se rendirent prés
de lui,& voulurent l'accompagner avec plusieurs Seigneurs
jusqu'à Aquila , où se devoit faire la cérémoniede son Cou
ronnement. II ne voulut jamais monter qu'un âne , quelques
instances que lui fissent d'en user autrement les Princes &
les Cardinaux qui l'accompagnoient. II fut sacré & couron
né dans un Monastère de son Ordre , nommé Notre-Dame
de Collemadio proche la ville d' Aquila le 19. Août , & prie
le nom de Celestin V. nom que l'on donna depuis aux Reli
gieux de son Ordre qui avoient été appellés jusqu'alors les
Ermites de saint Damten , comme nous layons dit ci- dessus.
Tome FJ. A a
1S5 HistouedesOrdres Religieux,
Ordre ws II demeura à Aquila pendant tout le mois de Septembre:
Cslestins ce fut pen£jant; ce tems-là que le Roi de Naples,pour mon
trer l'estime qu'il faisoic de ce Pontife, donna le vingtième
de ce mcmemois , au Monastère du saint Esprit de Sulmone
le Bourg de Pautolle , ôc à celui de Collemadio d'autres ter
res avec beaucoup de privilèges que ce Pape amplifia par
des" juridictions fpiricueles qu'il accorda aussi à ces deux
Monastères fur plusieurs bourgs ôc villages indépendamment
des Ordinaires. Apres avoir créé divers Officiers pour rem
plir les Charges du temporel de laCour de Rome 6c de l'Etat
Ecclésiastique, ôc fait dans une promotion douze Cardinaux
parmi lesquels il y avoit sept François ôc cinq Italiens, dont
deux étoient Religieux de ion Ordre , il songea aux moïens
d'affermir cet Ordre dont il étoit le Fondateur , ôc par une
Bulle donnée à Aquila au mois d'Octobre ÔC qu'il adressa à
Onuphre Abbé du Monastère du saint Esprit de Sulmone,
il en approuva les Constitutions qu'il avoit dressées , ôc con
firma tous les Monastères qui étoient au nombre de vingt.
11 ordonna que l'on tiendroit le Chapitre Général tous les
ans > mais que tous les trois ans l'Abbé Général seroit obli
gé de donner sa démission- II lui accorda l'usage des orne-
mens Pontificaux , lui permit de donner la bénédiction au
Peuple, ôc de conférer les quatre Ordres mineurs à ses Re
ligieux ÔC aux Clercs des Terres qui dépendoient de l'Or-
dre pour la jurifdiction spirituelle : il alla au Mont-Cassin,
obligea les Religieux de ce Monastère d'embrasser son Or
dre, y envoïant pour cet effet cinquante de ses Religieux,
comme nous lavons dit en parlant de cette Congrégation.
II consacra PEglife du saint Esprit de Sulmone > mais il suc
trop peu de tems fur la Chaire de saint Pierre pour faire de
grands biens à son Ordre : car aprés avoir gouverné l'E-
glise pendant cinq mois ôc quelques jours , reconnoissant
que le fardeau dont il étoit chargé , n'étoit point propor
tionné à ses forces, ÔC voïant d'ailleurs qu'un grand nombre
de personnes n'étoient point contens de son administra
tion , il renonça solemnellement au Pontificat dans un Con
sistoire qu'il avoit assemblé à Naples le 13. Novembre dela
même année , ôc en quitta dès le lendemain toutes les mar
ques.
Le Cardinal Benoît Gaétan que des Auteurs accusent
Quatrième Partie , Chap. XXIII. 187
d'avoir use d'artifices & de fourberies pour porrer Celestin o*DREDn
V. à cette ceífiolì , lui succéda aïant été élu a Naples le 14. Chestim
Décembre, & prit le nom de Bonisace. Celestin pria ce nou
veau Pape les genoux en terre de lui permettre de retourner
dans fa solitude. Boniface loin de lui accorder fa demande^lui
commanda au contraire de le suivre à Rome j mais le Saint
s'enfuit secrètement , & alla dans son Monastère du S. Esprit
de Sulmone. Le Pape y envoïa un de ses Cameriers , avec
l' Abbé du Mont Caflin pour lui commander de revenir, ils
le trouvèrent dans fà Cellule & lui signifièrent les ordres de
Bonifacejle Saint pria les Députés de vouloir porter ce Pon
tife à le laisser en paix dans la solitude : mais comme ils s'en
retournèrent , ils reçurent de nouveaux ordres d'emmener
Celestin fans aucun délai & d'y emploïer la force s'il refis-
toit. Le Saint l'aïant sçu , s'enfuit aussi- tôt & alla se cacher
avec un de ses Religieux dans une forêt de la Poiiille , où il
y avoit quelques Ermites avec lesquels il passa tout le Carê
me de lan 1 195. & fur le bruit qui le répandit de l'arrivée de
ceux que Boniface avoit envoies pour le prendre , il prit le
parti de s'embarquer pour passer la mer Adriatique : mais à
peine écoit- il éloigné de terre de cinqou fix milles,que le vent
contraire l'obligea de relâcher au Port de Vieste dans la Ca-
pitanate.
Comme il attendoit le vent favorable pour fe rembarquer,
le Gouverneur aïant été averti de son arrivée &í du dessein
qu'il avoit de s'enfuir , l'arrêta & en donna avis au Pape
qui engagea le Roi de Sicile de donner les ordres néces
saires pour le lui faire amener sûrement. Les Officiers de ce
-Prince le livrèrent entre les mains d'un Camerier du Pape
?iui le conduisit secrètement & de nuit à Agnagni où Boni-
ace étoit pour lors. II l'envoïa dans la Citadelle de Fumon-
ne pour y être renfermé fous la garde de trente six soldats,
qui ne permettoient à personne d'en approcher, excepté deux
Religieux qu'on lui donna pour dire l'Office avec lui. Le
Saint supporta cette humiliation avec autant de joïe qu'il
avoit témoigné de chagrin & de répugnance à consentir à
son élévation au souverain Pontificat. 11 ne diminua rien de
ses austérités ordinaires dans cette prison , où aprés avoir
souffert pendant dix mois tous les mauvais traitemens dont
les soldats commis à fa garde furent capables , il y mouruç
18Í Histoire des Ordres Religieux ;
Ordre dis le 15). de Mai de Tan 1156. e'tant âgé de 81. ans. Boniface fit
Cílïstins célébrer ses funérailles avec grande solemnité dans l'Eglise
de saint Pierre de Rome & s'y trouva avec tous les Cardi
naux. II envoïa le Cardinal Thomas d'Ocre qui étoit de la
création du Saint & son Religieux, avec un Camerier d'hon
neur pour faire transporter son Corps. Ils le conduisirent en
grande cérémonie, accompagné de tous les Evêques & d'un
grand nombre de Religieux de fa Province , & le portèrent
dans l'Eglise du Monastère de saint Antoine près de Feren-
tino , que Boniface venoit de faire bâtir. On l'y enterra près
du grand Autel,dans une fosse c]ue Boniface avoit fait creu--
fer de dix brasses de profondeur , afin que le corps du Saint
s'y perdît de telle forte , qu'on ne le pût trouver 5 mais Dieu
, confondit la malignité de ce Pontife , par les miracles dont il
voulut honorer le tombeau du Saint.
I Aprés son décès son Ordre fit de grands progrès , non seu
lement en Italie , mais encore en France où le Général qui
étoit pour lors Pierre deTivoli,envoïa 11. Religieux en 1300.
à la prière du Roi Philippe le Bel, qui leur donna deux Mo
nastères , l'un dans la forêt d'Orleans,au lieu appellé Ambert,
& l'autre dans la forêt de Compiegne,au Mont de Chartres.
Un nommé Pépin leur en fit aussi bâtir deux dans le même
tems en Italie j le même Général obtint de Boniface VIII.
une nouvelle confirmation de son Ordre,qu'il gouverna jus
qu'en l'an 1301. aïant été continué dans cet Office pendant
un íecond triennal. Benoîc XI. aïant succédé à Boniface l'an
1303- accorda de nouveaux privilèges à cet Ordre,& ordon
na qu'à la fin de chaque triennal , le Général seroit obligé
de donner sa démission , que celui qui seroit de nouveau élu
n'auroit pas besoin d'être confirmé parle saint Siége,& qu'il
ne pourroit être visité que par trois Religieux de cet Ordre
en qualité de Visiteurs.
Ce Pape étant mort , & Clément V. aïant été mis en fa
place , les miracles qui se continuoient au tombeau de íaint
Pierre Celestin , obligèrent le nouveau Pontife de faire tra
vailler au procès de (a canonisation. lien fut sollicité par le
Roi Philippe le Bel. Les informations furent commencées en
130.5. mais aïant été suspendues par la convocation du Con
cile Général de Vienne assemblé l'an 13M. elles ne furent
terminées que l'an 13 13. à Avignon , avec beaucoup de so-«
QuaímemePautib ,Chap. XXIII.
lemnité , & Je Corps de ce Saint .qui avoit été levé de terre 0rdrb dîs
dès Tan 1306. fut porté Tan 13x7. dans l'Eglise de son Ordre Czhstins
à Colmadio. Lorsqu'on fit la cérémonie de la canonisation ,
Benoît de Colle étoit pour lors Général de cet Ordre. II eut
pour successeur Mathieu de Comene, l'an 13 14. qui gou
verna l'Ordre pendant six ans. Mathieu de Solis fut élu en fa
place Tan 1310. & dans le Chapitre de l'an 1323. où Jean de
Sulmone fut élu , on ordonna qu'à l'avenir les Généraux ne
seroient plus continués,& qu'après avoir exercé leur Office,
ils ne pourroient être élus que neuf ans après.
Cet Ordre a passé encore en plusieurs Provinces d'Aile- *.
magne j mais les hérésies qui se sont glissées dans les lieux
où ses Monastères étotent situés en ont fait périr la plupart.
II y en a environ quatre-vingt seize en Italie , & vingt-un
dans la Province de France, qui ont tous titres de Prieurés,
n'y aïant dans cet Ordre que la feule Abbaïe du saint Es
prit de Sulmone à cause que ce Monastère est Chef de l'Or
dre. Dans la Province de France font compris les Monastè
res d'Avignon ,de Nôtre- Dame de Heuvre proche Louvain,
& de sainte Catherine de Villarsalet en Savoye : elle est
gouvernée par un Provincial qui a le même pouvoir fur les
Monastères de France que le Général dans ceux de l'Ordre.
Le Monastère de Paris est comme le Chef de cet Ordre en
ce Roïaume. II fut fondé l'an i3iS.par Pierre Martel Bour
geois de cette ville. Les Religieux y jouissent des mêmes
droits & privilèges que les Secrétaires du Roi , & ils ont une
bourse semblable à celle de chacun de ces Messieurs. L'o-
rigine de ce droit vient de ce que Robert de Jussi,aprés avoir
été reçu Novice dans le Monastère des Celestins au Mont
de Chartres , & aïant quitté l'habit avant que de faire pro
fession , s'attacha au service du Roi Philippe de Valois , &
fut du nombre des Secrétaires de ce Prince- L 'affection qu'il
avoit conservée pour cet Ordre le porta à proposer dans une
Assemblée des Secrétaires du Roi d'ériger une Confrairie
dans l'Eglise des Celestins de Paris. La proposition fut ac
ceptée , & pour donner moïen aux Religieux de subsister ,
parce qu'ils n etoient pas fort riches en ce tems-là , ils leur
donnèrent chacun tous les mois quatre fols parisis fur l'é-
molument de leur bourse. Depuis ce tems-là en 13^8. Char
les Dauphin de France , qui étoit Regent du Roïaume
A a iij
Histoire des Ordres Religieux,
Okdrï ers pendant la détention du Roi Jean son pere en Angleterre,
CmsTuis Jeuj. tjonna une Dourfe semblable à celle de chaque Secré
taire du Roi : ce que le Roi ratifia après son retour en 1361^
ce qui fut encore confirmé par le même Dauphin en 1168.
loríqu'il fut parvenu à la .Couronne. Du Breiiil s'est trom
pé dans ses Antiquités de Paris , lorsqu'il dit que Robert de
Jusli avoit pris l'habit dans le Monastère de Marcoufli qui se
nommoit , a ce qu'il prétend, Cajìrense , à cause qu'il n'étoic
pas éloigné de Châtres fous Mont-l'heri. C'étoitau Mont de
Châtres dans la forêt de Compiegne:ce qui est facile à prou
ver , puisque selon ce même Auteur dans un autre endroit
de son Livre , le Monastère de Marcoufli ne fut fondé que
lan 1404. & le Monastère de Paris jouissoit déja de ce
droit avant Tannée 1358. d'où il est évident que ce ne peut
Í>as être au Monastère de Marcoufli que ce Robert avoit pris
'habit.
Les Celestins de la Province de France peu vent, quand
bon leur semble, faire de nouveaux Statuts pour le maintien
de l'Observance Régulière ,ce qui leur" a été accordé par
leurs Pères d'Italie ÔC confirmé par les Papes Martin V. &
Clément VIL En vertu de ce pouvoir & conformément à ce
qui fut ordonné dans leurs Chapitres Provinciaux des an
nées 1661. & 1664. Ils dressèrent de nouvelles Constitu
tions qui furent reçues dans le Chapitre Provincial de l'anr
1667. & imprimées à Paris l'an 1670. Elles font diviíees ère
trois parties. La première traite des Chapitres Provinciaux
& des élections des Supérieurs : la seconde des Observances
Régulières , & la troisième de la visite & correction des Re
ligieux. Tous les trois ans le quatrième Dimanche d'après
Pâques , le Chapitre Provincial se tient au Monastère de
Paris , tous les Prieurs &c un Discret de chaque Maison doi
vent s'y trouver & élisent le Provincial qui doit avoir les
deux tiers des voix. Après son élection on procède à celle de
cinq Diffiniteurs qui avec le Provincial & celui qui fort de
Charge , composent le Diffinitoire qui élit les Prieurs des
Monasteres,& ceux-ci élisent les Soû- Prieurs & autres Offi
ciers de leurs Maisons. Tous les Religieux íe levent à deux-
heures aprés minuit pour dire Matines. Ils ne doivent poinc
manger de viande en aucun tems , à moins qu'ils ne íoienc
malades. Ils jeûnent tous les Mercredis ôc Vendredis depuis
Quatrième Partie , Chap. XXIII. 151
Pâques jusqu'à la Fête de l'Exaltation de la sainte Croix.& Ordre bu
depuis cette Fête jusqu'à Pâques tous les jours. Ils ne man- CEltîT,NS
gent ni œufs ni laitage pendant l'Avent ôc le Carême , prin
cipalement dans le Monastère , ce qui leur est permis hors
ces tems-là. Tous les Vendredis de Carême on ne leur don
ne que la moitie' de la pitance , &. le Vendredi Saint ils jeû
nent au pain & à Peau. Quant à leur habillement il coníiste .
en une robe blanche , un capuce & un scapulaire noir. Au
Choeur, & quand ils sortent hors le Monastere,ils portenc
une coule noire avec le capuce , ou autrement dit, le cha-
Î>eron pardessus : la ceinture tant de jour que de nuit est de
aine ou de cuir blanc , & ils n'ont que des chemises de serge.
La différence qu'il y a entre l'habilîement des François & des
Italiens, c'est que ceux-ci portent des capuces plus amples 6c
<\ue leur capuce est attaché au scapulaire qui est aussi beau
coup plus large. LesConvers ou Oblats font habillés de cou
leur tannée j à peu près comme les Frères de Cîteaux, ôc ils
portent fur leur scapulaire une croix blanche avec une S.
entrelassée dans le pied de la croix. Cet Ordre a aussi pour
armes une croix de fable avec une S. d'argent. Les Fran
çois la portent d'or en champ d'azur accompagnée de deux
fleurs de lis de même. II y a eu de cet Ordre plusieurs
Prélats & autres personnes qui se sont rendus recommanda-
bles par la sainteté de leur vie. Le Pere Celestin Telera de
Manfredonia en a donné une Histoire particulière.
Bollandus , Ton*. 3. Maii. Dionis , Fab. Vita S. Pétri Cee-
lejlini. Dom Lelio Marino Lodeggiano , Vita e miracoli di
£. Pietro de//. Murone. D. Celestino Telera di Manfredonia.
Hijlor. sac. de gli. Huomini. tlluflripersantita , délia Congreg.
eLeCœleflini. Bened. Gonon,P/f. PP. Occident. Silvest. Mau-
rol. Mar. Océan, di tutt. gl. Relig. lib. l. cap. 36. Afcag.
Tambur. de Jure Abb. Tom. II. dtj'p. 24. qu£(l. 5. Chopin,
Traité des droits des Religieux & Monafieres. Du Breiiil,yí#-
tiquit. de Paris. Louis Beurier , Hist. des Celejlins de Paris.
Baillet , Vies des SS. 19. Mai. Constitutions. PP. Cœlestino~
rum Prov.Franc9-Ga/Iicand, & Privileg. ejufd* Orâinis.
ïpi Histoire des Ob.dr.Es Religieux»
O» du bu . . —
Mont-
Olivit. Chapitre XXIV.
4
Quatrième Partie , Chap. XXI V. zoi
ïís n'ont que voix passive dans ks Chapitres Généraux tant Ordre d» *
qu'ils font Titulaires. %Z*ïl*
' Le Général a toujours avec lui un Chancelier & un Se
crétaire qui lui font donnés par le Diffinitoire , qui lui pro
pose deux sujets pour chacun de ces Offices , aussi-bien que
pour le ProcureurGénéral en Cour de Rome qui se fait aulíi
dans le Diffinitoire en gardant aussi l'alternative pour les
Provinces. Le Général a dans le Diffinitoire deux suffrages,
11 doit avoir pour être élu au moins vingt ans de Religion',
le Vicaire Général & les Visiteurs dix-huit, & les Abbés
quinze. Le Général doit faire fa visite dans tout l'Ordre une
fois pendant son triennal, & tous les ans par deux Commis
saires du nombre des V isiteurs ou des Abbés, A la fin de cha
que Triennal le troisième Dimanche d'aprés Pâques , le
Chapitre Général se tient au Monastère du Mont Olivet»
Chef d'Ordre , oìi tous les Abbés ont droic d'aífister ,
aussi bien qu'un Discret de chaque Maison, qui est élu sans
avoir besoin du consentement du Supérieur , & pendant
tout le tems du Chapitre U n'est pas permis de manger «le la-
viande.
Cet Ordre á produit píûsieurs personnes recommandables
par la sainteté de leur vie > comme les Bienheureux Bernard
Tolomei Fondateur, & ses deux Compagnons , Patrice Pa-
trici , & Ambroise Picolomini i le Bienheureux Bernard de
Verceil , qui fut en Hongrie pour y faire les deux établiíTe-
snens que cet Ordre y a eus j le Bienheureux Jérôme do
Corsica, qui après avoir porté long- tems les armes , se fit
Oblat de cet Ordre, & mourut l'an 1479. le Bienheureux
Jérôme de Mantouë , qui vivoit auffi dans le quinzième sié
cle , & dont le corps fut trouvé fans aucune corruption cent
ans après fa mort > le Bienheureux Jérôme Mirabelli de
Naples , que ses grandes vertus firent élire pour Général ,
quoiqu'il n'eût pas trente ans j le Pere Jacques del Carpo*
dont Bucelin fait mention dans son Menologede l'Ordre de
saint Benoît j les Pères Antoine de Bargue , Grégoire Ama-
tisci , l' Abbé Maure de Perouse,ôc deux Frères Oblats,donc
l'un est: le Frère François de Vérone , & l'autre le Frère
Daniel de Foligni.
Ceux qui ont été élevés aux Dignités de l'Eglise font ère
grand nombre : il y en a eu qui ont rempli les Sièges Epis-
Tome FI* Ce
ìox Histoire des Ordres Religieux,
, Orore du copaux de Todi , d'Imola , de Tortose , de Cluse , de Mar-
Oi°i N T" ^cano ' ^e P°uzzo^es j d'Aqui & de quelques autres. Nous
nous contenterons d'en rapporter les plus recens j comme
Dom Romuald Tancredi de Sienne, qui fut fait Evêque de
Montalcino en 1694. Dom Jean François Rigamonti de
Rome fait Evêque de Cervia en 1707. par Clément XI.
qui a encore donné les Evêchés de Colle & de Cluse,le pre
mier à Dom Dominique Ballati de Sienne , & le second à
Dom Caïetan Marie Bargali aussi de Sienne. Ils ont eu aussi,
autrefois deux Précepteurs du saint Esprit de Rome: lc pre
mier fut Dom Benoît de Sienne nomme par Alexandre VI.
Tan 1503. & l'autre fut Dom Evangéliste Tornioli de Pe-
rouse Evêque de Citta diCastello , nommé par le Pape Paul
V. l'an 1610. Cet Ordre prérend avoir aussi eu deux Cardi
naux, sçavoir Georges Martinutius Archevêque de Strigo-
nie,& Pierre Tartaro: mais les Bénédictins du Mont-Caisin
leur disputent celui-ci j & l'autre appartient à l'Ordre de
saint Paul Ermite , comme nous avons fait voir en parlant
de c« Ordre. Les Religieux du Mont- Olivet conviennent
à la vérité que le Cardinal Tartaro a été Abbé du Mont-
Cassin ,mais ils prétendent que l'Abbé André demanda l'an
1370. à Rainier Général du Mont Olivet des Religieux de
cet Ordre pour rétablir la Discipline Régulière au Mont-
Cassin , & qu'entre les Religieux qui y furent envoïés An
dré Faventini en fut Abbé aussi- bien que Je Cardinal Tar
taro qui avoit été auparavant Prieur du Monastère de Nôtre
Dame la neuve à Rome de l'Ordre du Mont- Olivet- lis pré
tendent aussi que le Cardinal Ardicin de Porte de Novarre
quitta la pourpre pour prendre l'habit de leur Ordre l'an
1495. Nous ne rapporterons pas non plus tous les Ecrivains
de cet Ordre qui font en trop grand nombre. Dom Second
Lancelot de Peròuse a donne l'Histoire de cet Ordre qu'il a
continuée jusqu'en 1618. on a encore de lui quelques Ou
vrages. II étoit venu à Paris pour y en faire imprimer quel
ques-uns , & il y mourut le 13. Janvier 1643. II n'est pas
vrai qu'il ait été Général de son Ordre , comme quelques-
unsont avancé , il n'a été qu'Abbé. Dom Augustin Lance-
lot ion frère aussi Religieux du Mont Olivet a fait imprimer
pareillement quelques Ouvrages à Rome l'an 1639. Cet
Ordre a pour armes trois montagnes d'argent , surmontées
Quatr i eme Partie , Chap. XXIV. 103
d'une croix de gueules enchamp d'or,accompagnée de deux Ordridu
rameaux d'Oliviers sortant des montagnes. Ouvir"
II y a aussi un Monastère de filles de cet Ordre à Bitonto
au Roïaume de Naples. Le Pere Bonanni dans son Catalo-
gucdes Ordres Religieux avoue bien qu'il y a des Religieu
ses de cet Ordre i mais il dit qu'il n'a trouvé dans aucun
A uteur le tems de leur Institution. II ajoute seulement que
Lancelot dans l'Histoirede cet Ordre rapporte que le Bien
heureux Jourdain qui en étoit General fonda l'an I355?.
deux Monastères à Padouë, l'un pour des hommes, l'au
tre pour des filles. On ne trouve point cependant le nom
de ce General dans le Catalogue des Généraux de cet
Ordre , qui en 1559. avoit pour Général Silvius de Flo
rence qui le gouverna pour la première fois pendant douze
ans jusqu'en l'an 1365?. &c qui eut pour successeur Rainier
de Sienne qui fut élu pour la troisième fois. La première
Religieuse de cet Ordre fut la Mere Françoise Lephante
de Palerme qui avoit d'abord été Religieuse de l'Ordre de
sainte Claire 5 mais qu'i aïant fait bâtir un Monastère em
brassa avec quelques compagnes , l'Ordre du Mont-Olivet
Tan 151 5. avec la permission du Pape Léon X. qui la nom
ma Abbesse perpétuelle de ce Monastère où elle mourut en
odeur de sainteté. L'habillement de ces Religieuses consiste
en une robe blanche , un scapulaire de même couleur, & un
voile noir. Au Chœur elles ont unecoule blanche.
Second Lancelot , Hifi. olivetana. Paul. Carpentarius* -
Fit. B. Bernardi. Ptolom£Ì,La même en Italien parle P. Lom-
bardellide l'Ord. de S. Dominique. Conjtitutiones Montis Oli-
veti. Silvest. Maurol. Mar. Océan di tutt. glt. Relig. lib. 4.
Paolo Morigia , Hifi- di tutt. Relig. Herman, Hifi. des Ordres
Religieux. Philip Bonanni, Catalog. Ord. Rèlig. Part.i.dr
Mémoires communiqués par les Religieux de cet Ordre du Mo-
nafierc de sainte Marie la neuve à Rome.
Cc ij
io4 Histoire des Ordres Religieux;
DU
Chapitre XXV.
dé Christ
Quatrième Paríie , Chap. XXV. ióf
fonder un Monastère : elles se soumirent à la jurisdiction ordre
de T Abbé & des Religieux du Monastère de sainte Marie/'» £°RptS Dfi
Camps , qui leur donnèrent une Maison , qui n etoit pas
éloignée de ce Monastère où elles demeurèrent environ uni
an dans les Observances de la Reglëde saint Benoît L'Evê-
que de Foligni leur accorda Tannée suivante une maison
dans la ville où elles bâtirent un petit Monastère , qui fut
nommé le Mpnajlere des pauvres Dames de Morbida de la pé
nitence , à cause de la Supérieure qui se nommoit Morbida;
mais aïant fait bâtir ensuite une Eglise sous le nom de
Nôtre- Dame de Bethléem , ce nom resta aussi à ce Mona
stère. Dans le commencement elles ne prirent point d'habil
lement diffèrent des Séculières, se contentant d'étofFes viles
& grossières: elles reconnurent pour leur Supérieur le Prieur
■de sainte Marie in campis, &í lui promirent obéïííance. Borii-
face IX. leur accorda beaucoup d'Indulgences par deux
Brefs des années 139S..& 1399. & confirma l'an 1400. tou
te s les donations qu'on leuravoit faites , les retira de Tobéïf-
fance du Prieur de sainte Marie in campis , & les mit fous la
direction d'un Prêtre séculier qui devoit être à lanomina- '
tion de l'Evêque de Foligni. La Mere Morbida étant morte
en 1404. les Religieuses de ce Monastère , voulant vivre
fous une Règle particulière 6c porter l'habit Religieux,réso-
lurent d'embrasser les Observances de l'Ordre du Corps de
Christ &. voulurent se soumettre derechef à l'Abbé de sainte
Marie in campis qui avoit été déclaré Général par le même
Boniface. Frédéric Frezzi de TOrdre de saint Dominique
■qui étoit pour lors Evêque de Foligni y consentit , & le Pere
Dom Barthelemi de Foligni General de TOrdre du Corps
de Christ les admit dans fa Congrégation , leur donna un
habit blanc pareil à celui des Religieuses du Mont- Olivet,
& les obligea aux mêmesObservances que TOrdre du Corps
•de Christ. Elles prononcèrent leurs vœux solemnels entre
ses mains, & il leur donna pour Supérieure Luce Petruccio:
ce qui fut confirmé par le Pape Boniface IX. & elles élu
rent dans la fuite leur Supérieure. L'an 1436. Jacques Elmi
Evêque de Foligni , en confirmant TAbbesse qui avoit été
élue , confirma en même tems la permission que son prédé
cesseur leuravoit accordée de vivre sous les Observances de
TOrdre du Corps de Christ fous la jurifdiction de TAbbé
2o8 Histoire des Ordres Religieux,
Obiates General de cet Ordre. Mais l'an 146 1. Jérôme Gaspara cfe
F* an-" Foligni qui étoit pour lors General aïant renoncé à la juris-
soiïïr diction qu'il avoit fur ce Monastère , le Pape Pie II. le sou
mit à celle de PEvêque de Foligni.-
Ludovic. Jacobilli , Chrome, délia Chiesa e Aíonaster. dï
S. Maria in camps.
Chapitre XXVI*.
1
Quatrième Parti e,Chap. XXVII, uj
qui n'est pas impossible puisque ce Sacremenc n'est pas un congrc-
obstacleau troisième Ordre séculier dont on peut embrasser ^Yu*. ut
les Observances fans être obligé au célibat puisqu'il y a eu
des Empereurs , des Rois , des Reines , des Princes , & des
Princesses , qui nonobstant les engagemens du mariage se
sont fait un honneur de professer cet Règle & de porter l'ha
bit del'Ordre. Ce qui est certain , c'est que si les Religieux
de saint François manquent de preuves solides pour s attri
buer cette Saintej ceux qui suivent Bollandus aussi-bien que
M. Baillet en manquent aussi pour la disputer à cet Ordre^
Bollandus , Tom. z. Mart. ad diem X. Giulio Orsini ,Vita
délia. B. Francefca. Baillet, Vies des Saints. }. Mars. Philippe
BomnniyCatalog. Ord. Relig.part. 2.Joan. Maria Vennonerv
Annal. 3. Ord. S. Fransifciydr Mémoires envoies de Rome.
Chapitre XXVII.
Chapitre XXVIII.
C H A P t T R E XXIX.
Chapitre XXX.
C H A P 1 f R E X X X í ï.
Chapitre XXXIII.
»
Quatrième Partie , Chaí.XXXÏIÏ.
de Philippe II. Roi d'Espagne, qui pour récompenser son Dfï Bínb.
mérite le déclara conseiller d'Etat avec tous les honneurs & j^r/s
prérogatives appartenant à cette Charge , òc quelque tems
après il lui donna l'Archevêché de Cambrai vacant par le
décès de M. de Burlemont qui mourut le 15. Février 1596.
& dont il obtint les Bulles &. prit possession le i4.Septembre
de la même année:
Lorsqu'il se vit revêtu de cette nouvelle dignité ,il crut
qu'il étoit de son devoir de travailler à ramener au bercail de
Jesus-Christ les amesqui s'en étoient écartées. C'est pour
quoi il s'appliqua à l'extirpation de l'Heréfie & à l'augmen-
tation de la Religion Catholique. Sa vigilance & son zele ne
lui permettoicnt pas de prendte aucun repos, reconciliant lui-
même à l'EgUselesHeretiques,reparant lesEglisesruinées par
les guerres, ôís'appliquant continuellementau soulagement du
public > ce qu'il continua jusqu'à la mort : car sentant dimi
nuer ses forces & prévoïantque fa fin approchoit.il ne laissa
pas pour le bien du prochain, d'entreprendre contre l'avis des
Médecins le voïage de Bruxelles,oìi étant arrivé il mourut le
5. jour de Mars de Tannée 155)8. après avoir reçu tous les
Sacremens de PEglife.
Le bon ordre &. la tranquilité que ce grand homme avoit
établi dans son Monastère ne dura que pendant la vie de son?
successeur qui fut Dom Philippe de Caverel , qui pendant
36. ans qu'il fut Abbé de saint Waast fut presque toûjour*
Président delaCongregation & y maintint l'Observance Ré
gulière : mais depuis la mort qui arriva le premier Décem
bre 1636. elle éprouva toutes sortes de disgrâces par la guerre
qui commença en 1635. entre la France & l'Espagne. L'Ab-
baie de saint Waast fut celle qui en souffrit le plus , puis
qu'elle resta jusqu'en 1641. sans gouvernement ni spirituel
ni temporel. Car les François s'étant emparés d'Arras, tout
l' Artois fe trouva tellement divisé entre la France 6c PEspa
gne & si ruiné par les deux armées, que les Religieux de ce
Monastère ne pouvoient recevoir le revenu de leurs biens,
& furent reduits à n'avoir pas même de pain pour fe nour
rir. ifs
Louis XIII. voulant se servir de son droit , donna cette
Abbaïe en i64i.à Dom Maximilien de Bourgogne qui nom
ma Dom Jean deNizarpour gouverner ce Monastère quant
Ki ij
ï6o Histoire des Ordres Religieux ì
Dfs Bïne- au spirituel : mais ce fut une autre source de désordres : car
Êxemts- Claude Haccart aïant été élu pour Supérieur de la Congré
gation par les autres Monastères qui étoient encore fous la
domination d'Espagne, & aïant été nommé ensuite à cette
Abbaïepar Philippe IV. Roi d'Espagne l'an 1651. aucun de
ces deux Abbés n'aïant pû obtenir ses Bulles du Pape, cela
causa un Schisme si grand,quele Monastère de saint Waast
étant divisé , les revenus partagés , & les Moines désunis &
dispersés , tout fut renversé tant pour le spirituel que pour
le temporel jusqu'en l'année 1660. que la paix futconcluë
entre les deux Couronnes , par laquelle paix la nomination
appartenant au Roi, Sc Dom Maximilien de Bourgogne étant
mort,ce Prince la donna au Cardinal Jules Mazarin qui étant
mort avant que d'en recevoir les Bulles eut pour successeur
le Cardinal René d'Est, qui ne se fit jamais connoîere à cette
Abbaïe que par le foin qu'il eut d'en retenir les revenus. 1 1 eut
{>our successeur le Cardinal Emmanuel- Theodose deBoùil-
on de la Tour d' Auvergne, qui en obtint lesBulles de Clé
ment X. au mois de Février 1673. ce Cardinal étant mort à
Rome le z. Mars 171 5. le Cardinal de Rohan fut pourvu de
cette Abbaïe.
Il y a dans ce Monastère quatre Supérieurs pour le spiri
tuel, qui sont le Grand- Prieur , le Soû-Prieur, le Tiers-
Prieur , & le Quart- Prieur. Le Grand Prieur,qui passe pour
le premier Officier de la Maison, n'est point sujet à la clô
ture du Dortoir , aïant un quartier à part, d'où il peut veil
ler à la conduite des Officiers , &c en même tems au bon or
dre du Monastere.il se fait par scrutin, & il est perpetuel-.il
est aussi Official de l'Abbé dans la Paroisse de la Madelaine ,
& d'autres qui en dépendent' & il a un ChapelainReligieux.
Le premier Officier pour le temporel est le Grand- Prévôt,
qui est Chef de la Justice, & préside au Siège de la Cour
Abbatiale pour le Civil , ôcest Gardien des titres & autres
papiers de F Abbaïe. Cet Emploi est aussi ancien que l'Ab-
Daïe. Le Grand- Bailli, avec les Barons & hommes de Fief,
servent pour le Criminel.
Le Grenetier reçoit les grains, & a foin du bois & du char
bon > il est aussi Chapelain de l'Abbé.
Le Celerier a foin de la cuisine Conventuelle & (du Ré
fectoire.
Quaí R.IEME Partis, Chap. XXXIII. iSt
Le Receveur General tient la caisse & reçoit la finance de D« Behb-
l'Abbaïe des mains des Fermiers , & des autres Receveurs e«mT*.S
particuliers j ion Bureau s'appelle commune'ment le Buffet.
Le TreTorier a foin de la cire , du linge, des ornemens de
l'Eglise, & de la sonnerie.
Le Rentier est Juge du Ton- Lieu , & reçoit les rentes
foncières de la ville & de la banlieue.
L'Hôcelier avoit autrefois la direction de l'Hôpital j mais
depuis l'érection de l'Hôpital Général d'Arras, & même
peut- être avant ce tems-là, ce n'est plus qu'un Office faus
exercice.
Le Théologal fait fa Leçon certains jours de la semaine.
Le Vinier a soin de la cave au vin Sc de celle de labierre-
Le Refectorier a l'inspection sur la Boulangerie , & fait
cuire le pain.
Le Commis aux ouvrages est chargé de la fabrique,tan£
au dedans qu'au dehors du Monastère.
Le Bibliothécaire a la clef de la Bibliothèque , qui est très
raste & très nombreuse.
L'Aumônier distribue aux pauvres les aumônes accoutu
mées . & entr'autres tout ce qui vient du Réfectoire com
mun.
Le Sacristain a foin des Reliques & de l'argenterie de
l'Eglise.
Le Maître de l'Ordre est Directeur des Novices , 8f il f
Cn a un autre pour les jeunes Profés.
Pour le Chœur il y a Chantre & Soû-Chantre.
Le Soû- Prieur préside à l'Infirmerie , & a fous lui de*
Infirmiers.
II y a deux ou trois Receveurs Forains, qui reçoivent les
rentes à la campagne.
II y a dans le Monastère des Professeurs de la Théologie
Morale , & des Langues Orientales , Grecque , Hébraïque,
Siriaque, &c.
Outre le Sacristain il y a deux Prêtres Séculiers , qu'on
appelle Sénéchaux ou Gardes d'Eglifeyqm éveillent les Reli
gieux pour aller à Matines , préparent les autels & les orne
mens , & servent de Massiers les jours solemnels , ausquels
jours les Prêtres habitués des Paroisses de la Madelaine, de
íàinte Croix, de la Chapelle-au- Jardin, & de la Basecle, &
K K iij
l6i HlSTOIR-ï DES Os.DIL?.S RytÏGlEUJt,
CesBemì- tous les Officiers de Justice font oblige's d'assister à POffice-
Exïmtj* H y a quatre principales Prévôtés toraines , qui dépen
dent de cette Abbaïe 5 la plus considérable est celle de Haf-
pres,entre Cambrai & Valenciennes , où il y a ordinairement
dix ou douze Religieux , dont il y en a un qui est Prieur, 6c
un autre Trésorier. Le Prévôt est Membre des Etats de Hai
naut. La seconde est celle de Berclau près la Baisée , où il y x
ordinairement trois Religieux fous le Prévôt. La troisième,,
de Gorres près de Bethune , qui est semblable à la seconde.
La quatriéme,de Bœurieres , de l'autre côté de Bethune,qui
est aussi de même. Il y en a encore d autres moins considé
rables que ces quâtre premières. Là première est celle de
saint Michel près d'Arrâs , on il n'y a ordinairement qu'un
Religieux. Cet endroit sert pour les Religieux convalelcens.
La Prévôté d' Angicourt dans le Diocèse de Beauvais , près
de Chantilli j celle de Sailli fur la Lis , dans le païs de Lal-
loëne , qui est entièrement du Domaine de l'Abbaïe , avec
quatre gros bourgs ou villages , &: enfin celle du Maifnié-les-
Artoifes , entre Bapaume 8c Peronne. Les Prévôts de ces>
deux dernieres font ordinairement seuls , & ne font là que
pour veiller aux intérêts de L'Abbaïe dans les terres qu'elle
y possède.
Le grand Collège de saint Waast à Douai, fondé par D.
Philippe de Caverel , dont nous avons parlé ci dessus , con
fient trois grands quartiers j fçavoir celui des Bénédictins
Anglois , qui font gouvernés par un Prieur, &: qui font P Os*
fice dans l'EgUfe, comme on fait à Arras dans le Monastère.
Celui de la parti« Conventuelle des Religieux de S. Waast*
où il y a un Président & un Vice- Président , pour veiller fur
les Religieux , tant enfeignans qu'étudians , & enfin le quar
tier des Pensionnaires Séculiers qui font fous la conduite
'd'un Principal ou Regent , d'un Soû-Regent,& d'un Préfet:
dans le même quartier font la grande salle des Disputes , &
les Classes de Théologie, de Philosophie & de Rhétorique.
L'Abbaïe a aussi un Collège à Paris nommé le Collège d'Ar-,
ras , proche saint Victor.
Ces Emplois, Offices , Prévôtés , & PrincipalÌtés,font des
administrations régulières , pures & simples , comptables 8c
révocables , à la volonté des Supérieurs Réguliers,& cela de
«ont tems , n'aïant jamais passé pour des vrais titres de Be
66 cLarcis en habit de cJioeur et Ae maison.
Quatrième Partie , Chap. XXXIU. *6j
ïiefices, comme il paroîtpar plusieurs Arrêts du Parlement- Des b*ne,
Cette Abbaïea toujours été comme les autres de Flandres, E«uît.*
Re'guliere & Elective , comme il paroît par les titres de fa
fondation, & par une infinité de Bulles des Papes>auílì-bien
que par la Lettre de nomination de Louis XI II. en 1641.
L'Abbé est: Comte de Lalloëve , porte mitre & crosse,& ou
tre la Seigneurie qu'il a dans la ville &. banlieue d -An-as, il
est Haut- Justicier dans toutes les Terres dépendantes de
son Abbaïc, qui sont de fondation & amortissement rvoïal.
Les principaux exercices de cette Abbaïe consistent à se
lever à onze heures du soir pour aller à Matines. On leur
porte pour cet effet de la lumière dans leurs chambres , d'oíi
jls ne forte* r qu'après en avoir reçu ordre du Supérieur qui
leur ouvre la porte du Dortoir , dont il garde la clef : ils di
sent tous les jours l'Officede la Vierge avant que de dire le
grand Office , & souvent ils disent aussi l 'Office des morts >
ce qui étant fini ils retournent à leurs chambres en diíànt le
PseaumeDf^o/«»^ij:ils se levent à six heures &. demie pour
chanter une Messe de la Vierge aux jours qu'on doit
selon les Rubriques en chanter deux, ou bien du saint Sacre
ment ou des Morts. ïls chantent Prime à sept heures >puis
l'Office de la Vierge , enfuitte le Martyrologe , lequel
«tant fini , ils vont au Chapitre reconnoître leurs faute. , &c
rétournent au Chœur pour dire Tierce , Sexte & None , 6C
l'Office de la Vierge. Quand on ne doit pas dire deux gran
dies Meííes , ils disent Prime à huit heures & demie. Apres
Prime ils vont à leurs chambres, où ils demeurent jusqu'à
dix heures , que l'on dit Tierce , après quoi on chante la
•grande Messe , qui est suivie de Sexte & de None , excepté
depuis PExaltation de la sainte Croix jusqu'à Pâques, & tous
les jours de jeûne d'Eglise j mais aux autres tems None ne
se dit qu'après les grâces , que l'on dit après le dîné, qui fuit
immédiatement POffice:après le dîné ils prennent une heure
de récréation , & ils; se retirent ensuite à leurs chambres jus
qu'à trois heures que l'on chante Vêpres. Avant le foupéon
fait une demi heure d'oraison mentale , & après le soupé ,
qui se fait à sept heures & demie, ou après la collation pour
les jours de jeune , qui se fait à six heures , on chante les
Compiles , qui sont suivies d'une action de grâce qui se fak
devant le grand Autel , pour tous les bienfaits qu'on a reçus
i<>4 Histoire des Ordres Religïeu*/
Bis Bine ^e Dieu,& pour lors chacun se retire à sa chambre en silence.
dictins Personne ne peuc se dispenser des Offices Divins , ceux
x s" même qui ont des Offices , ou des Bénéfices Claustraux ,
font obligés de se trouver à Y êpres,à Matines,& aux Messes
que l'on chante. Il ne leur est pas permis de manger en par
ticulier , ôc ils doivent servir à table les uns après les autres,
fans aucune distinction. Ils observent l' A vent de l'Eglise ,
pendant lequel on "ne mange point de viande, non plus que
tous les Mercredis de l'année . non pas même à la table de
YAbbé. Ils jeûnent en toustems le Veniredi ( excepté pen
dant le tems Paschal ) aussi- bien que le Mercredi , depuis la
Fête de l'Exaltation de la sainte Croix jusqu'au Carême.
Ils font obligés de rendre compte une fois l'an de tous les
meubles qu'ils possèdent, & toutes 8í quantes fois que le Su
périeur le requiert. II leur est défendu d'avoir rien hors du
Couvent. Ils doivent se servir de chemises de serge, -& ils
ne doivent rien avoir d'affecté nr d'immodeste dans leurs
habits , qui consistent dans la Maison & au Choeur , en une
grande coule noire , 6c en un fort grand capuce ou froc qui
leur tombe presque jusqu'aux talons,uneaumusse noire qu'ils
porte en forme d'étole , & un bonnet quarré à trois cornes ,
avec un petit rabat ou collet large de trois doits , ôc qui est
fendu par derrière, comme on le voit dans la seconde figure.
Afin qu'on puisse voir la forme de l'habit ,■ nous donnons-
deux estampes du même habillement > l'une le représente
Î>ar devant , & l'aiitre par derrière. Hors du Monastère ils
ont habillés comme les Prêtres Séculiers , à l'exception d'un
scapulaire large'd'un bon demi-pied,qu'ils portent par dessus
leur habit. Les habillemens des autres Monastères de cette
Congrégation , aussi- bien que les prátiques , font peu diffé
rentes. Les Religieux des Monastères de saint Bertin , de
saint Pierre-les-Gands,& d'Enameontdesaumussesde drap,
& ont des bonnets à quatre cornes , & ceux de Lobbes & de
saint Amand , n'ont point d'aumusses. Cette Congrégation a
été confirmée par Grégoire XIII en 1575. & Innocent XI.
accorda à l'Abbaïe de saint Waast par une Bulle de 1676.
la jouissance de tous les Privilèges dont jouir, le Mont-Caíïïn.
Cette Abbaïe porte pour Armes un Château d'or à fondde
gueules, avec ces paroles, Caftrttm nobiUatam ; ce qui lui
fut donné par son Fondateur.
Quatrième Partie ,Chap. XXXI1T. 165
11 se forma aussi en France Tan 1580. une Congrégation Drs BrN
de Bénédictins fous le nom d* Exemts, & cela en conséquence dichns
des Décrets du Concile de Trente 6c de l'Ordonnance de ExEUIS-.
Blois fous Henri III. les principaux Monastères qui formè
rent d'abord cette Congrégation , furent les Abbaïes de
Marmoutier, de Vendôme, de Rhedon, saint Benoît- fur-
Loire, le Bourg- Dieu , & quelques autres. Ces Monastères
dressèrent des Statuts le 4. Septembre 1581. qui furent con
firmés au mois de Février 1588. par le Pape Sixte V. 8c au
mois de Décembre 1550. par le Pape Grégoire XIV. plu
sieurs autres Abbaïes firent union dans la fuite avec ces pre
mières , 8c observèrent les mêmes Statuts , entr'autres celle
de saint Maur sur- Loire, y fut unie dans le Chapitre Géné
ral qui se tint à Marmoutier l'an 1613. 8c Claude de Saine
ÓfFange qui en étoit Abbé , y fut élu Général de la Congré
gation.
L'Abbaïe de saint Denis n'avoit pas encore obéi" fur ce
point au Concile ni à l'Ordonnance de Blois 5 les Religieux
qui y demeuroiént ne pouvant se résoudre à entrer dans une
des Congrégations déja établies , & à se soumettre à leur
Chef;se déterminèrent enfin après beaucoup de délibérations,
à donner commencement à une nouvelle Congrégation , afin
de pouvoir s exemter de la visite des Evêques , d'une ma
nière qui fût honorable à cette fameuse Abbaïe , ils formè
rent celle de saint Denis.dont nous avons parlé dans le Cha
pitre X. 8c l'Abbaïe dont elle prit le nom rut reconnue pour
Chef de toute la Congrégation : le Pape Paul V. l'approuva,
8c permit aux Monastères immédiatement soumis au saint
Siège de s'unir à elle j mais la Réforme de la Congrégation
de saint Maur aì'ant été introduite dans cette célèbre Abbaïe
en 1633. les Maisons qui formoient la Congrégation de saint
Denis aïant perdu leur Chef , en choisirent un autre , qui
fut l'Abbaïe de saint Oiien de Rouen , 8c prirent le nom des
Exemts , qu'ils étoient bien aise de faire revivre , 8c qu'ils
choisirent préférablement à celui de saint Denis 8c à celui de
l'Abbaïe de saint O uen , quoiqu'elle fût leur Chef : ils y
firent leurs Diettes 8c Chapitres Généraux , 8c dans celui
qui se célébra en 1643. où se trouvèrent les Prieurs & Dé
putés de chaque Monastère , & où présida Dom Claude de .
, Baudri de Piencourt , Abbé de la Croix de saint Leufroi ,
Tome VI, L 1
166 Histoire des Ordres Religieux f
D« beni- Général de cette Congrégation , on revit les Statuts, qui y
DICTINS furent augmentés de nouveau , ôc imprimés ensuite à Rouen
ElEMTS.
en 1645.
La Réforme de la Congrégation de saint Maur faisant de
jour en jour de nouveaux progrès , & aïant été introduite
dans les Abbaïes de saint O iien de Rouen , de Corbie & en
quelques autres qui dépendoient de la Congrégation des
Exemts , celle-ci diminua de jour en jour au lieu d'augmen
ter & devint peu de chose , principalement après la mort du
Général Dom Baudri. La plupart des Monastères reconnu
rent les Evêques pour Supérieurs , & se soumirent à leur
visite. D'autres qui étoient immédiatement soumis au faine
Siège tâchèrent à secoiier le joug de toute Superiorité,& un
petit nombre resta toujours uni Stélutun Cherou Supérieur
Général , des Deffinireurs , des Visiteurs , qui tinrent des
A slemblées triennales & conservèrent le titre de Congréga
tion des Exemts en France fous l'obéiffance d'un Général,
qui en 1707. étoit le Révérend Pere Dom Jean- Baptiste du
.Verdier Religieux du Sauveur de Blaye.
L'Abbaïede Cerisi dans le Diocèse de Bayeux , quiavoic
toujours été soumise au saint Siège , ne voulant point recon-
noître pour Supérieur l'Evêque qui y vouloir faire la visite ,
s'unit à la Congrégation des Bénédictins Exemts , mais elle
n'en est que plus indépendante : car elle n'a jamais vu de
puis ce tems-là de Supérieur Général , qui íe contente d'y
envoïer tous les trois ans une commission en blanc pour y
faire la visite , & les Religieux la remplissent du nom de tel
Visiteur que bon leur íemble. Le Prieur de cette Abbaì'e
reçoit aussi les Lettres d' Indiction pour assister aux Chapi
tres Généraux : mais il s'en excuse toû jours 5 & l'on fe con
tente de mettre la Lettre d'Indiction dans les Archives. II y
a de l'apparence que la même chose se pratique dans d'au
tres Maisons de cette Congrégation , où le Général n'a pas
grande autorité fur ses Religieux, qui ne font pour la plupart
que des Religieux sortis desOrdres Réformés qui ont secoué
le joug de l'obéïssance pour vivre avec plus de liberté , si on
excepte néanmoins le Prieuré de Perreci en Bourgogne qui
est membre de cette Congrégation, & où on a introduit une
étroite Observance , dont nous parlerons dans la fuite.
Le Pelletier , Hifoire & Description des Ordres Religieux*
QuatriemePartie, Chap. XXXIV. t6y
Zettre écrite de Cerifi en 1707. par le Révérend Pere de Metz Conors-
ancien Trieur de cette Abbaie. Dom Michel Felibien, Hist. de ?t"°N D"
ï Avbaie de saint Dents , & Mémoires communiqués far le
Grand- Prévôt de í' Abbàie de saintWaafi.
Chapitre XXXIV.
Chapitre XXXVI.
Chapitre XXXVII.
C H. A P 1 T R Jt XXXVII I .
P p iij
jox Histoire des Ordres Religieux*
CoNGRî- ■
GATION DE
CHtz't- Chapitre XXXIX.
BtNoir.
/<* Congrégation de Chenal-Benoît, O* de la Société Je
Bretagne , présentement unis a la Congrégation de saint
Maur.
L 'Abbaïe de Chezal- Benoît Chef de la Congrégation
de ce nom , fut fondée lan 1058. dans le Diocèse de
Bourges du rems de Y Archevêque Leger, & eut pour pre
mier Abbé André Religieux de l'Ordrede Vallombreuse,
qui fut tiré pour cet effet du Monastère de Corneliac fondé
pour des Moines de Vallombreuse, comme nous l'avons dit
au Chap. XX V I I.du Tom. V. L'Obfervance Régulière en
aïant été bannie dans la fuite,PierreDumas qui en etoit Abbé
la réforma l'an I488.cn vertu d'une Bulle du Pape Innocent
VIII. GuillaumeAlabat Abbé de saint Sulpice deBourges,-
fit la même chose dans son Abbaïe, y aïant fait venir exprès
de Chezal- Benoît dix huit Religieux qui y rétablirent les
Observances Régulières. Jacques d'Amboise Evêque de
Clermont 8í Abbé de saint Alire de la même ville,vouluc
auífi réformer cette Abbaïe,& pour cet effet il la résigna l'an
1500. à Dom Jean de la Roist,quiavoit été auparavant Abbé
Régulier de Chezal- Benoît. L'Abbé de saint Vincent , Phi-
lipe de Luxembourg , Cardinal & Evêque du Mans, fit em
brasser la même Réforme aux Religieux de ion Abbaïe l'an
1501. & Tannée suivante , il résigna cette Abbaïe à Yves
Morisson Religieux de la même Réforme. Ces quatre Ab
bés s'assemblèrent Tan 1505. dans TAbbaïe de saint Sulpice
avec quatre Religieux Députés de chacun de ces Monastè
res pour travailler à la Réforme de TOrdrej aïantconsideré
avec quel succès la Congrégation de sainte Justine de Pa
doue avoit réformé TOrdre de saint Benoît en Italie , ils la;
prirent pourmodele ÔC résolurent de s'unir ensemble pourner
taire qu'un même Corps. Le Cardinal de Luxembourg qui
étoitaussi Abbé de saint Martin de Seéz , abrégea cette Ab-
baie aux quatre autres , & s'en démit pareillement en faveur
de la Réforme entre les mains de Dom Jean de Bans & env
15 10. la célèbre Abbaïe de saint Germain des Prez y fut
encore unie par le zele & la pieté de Guillaume Briçonet
Quatrième Partie , Chap. XXXIX. 305
Evêque de Meaux , qui en étoit Abbé. Mais comme cette Covgrî-
Réforme n'auroit pû subsister sans l'approbation de la Cour qTz?l-*
de Rome , les Supérieurs des cinq premiers Monastères, Bi.Môir.
s 'étant assemblés Pan 1511. résolurent de faire confirmer
leur union par le saint Siège , ce qu'ils n'obtinrent du Pape
Léon X. que l'an 1516. à la prière du Roi François I.
Léon X. en érigeant cette Congrégation, supprima les ti
tres des cinq premieresAbbaïes,& ordonna qu'a l'avenir les
Abbés ne seroient que triennaux & élus dans le Chapitre
Général de la Congrégation. La Bulle d'érection fut auto
risée par Lettres Patentes du Roi du 15). Mai 15 17. qui fu
rent enregistrées au Grand Conseil au mois de Janvier de
Tannée suivante 1 51 S. mais ce Prince aïant nommé l'an 1535.
le Cardinal du Bellai à PAbbaïe de saint Vincent du Mans,
& ce Prélat en aïant obtenu les Bulles la même année, Dom
Jean de Bans qui en étoit pour lors Abbé Triennal, s'opposa
à la prise de possession. L 'opposition fut portée au Grand.
Conseil, où les Religieux interjetterent appel comme d'abus
des Bulles obtenues par le Cardinal du Bellay,& le Procu
reur Général de cette Cour par ordre du Roi , appella auíîl
comme d'abus , de la Bulle de Léon X. de l'an 16 16. qui
en érigeant la Congrégation de Chezal- Benoît avoit ordon
né que les Abbés seroient à l'avenir Triennaux & élus
dans le Chapitre Général de la Congrégation i &le Roi dé
clara en 1541. par ses Lettres Patentes vérifiées au Grand
Conseil y qu'il n'avoit point intercédé pour la suppression des
titres des cinq Abbaïes , & cassa l'Arrêt d'enregistrement
de la Bullede Léon X. comme nul & donné à son insçu. II
y eut enfin un Arrêt rendu le quatorze Décembre de la
même année qui déclara abusive l'élection triennale, & main
tint le Cardinal du Bellay dans la possession de l' Abbaïe de
saint Vincent du Mans.
Les Religieux de la Congrégation de Chezal- Benoît alar
més de cet A rrêt,appréhendant qu'il ne préjudiciât dans la
fuite à leur union , eurent recours à la clémence du Roi, qui
nomma un Commissaire pour passer un Traité en son nom
avec les Religieux : par ce Traité ils acquiescèrent à l'exe-
cution de l'Arrêt du Grand Conseil, fie reconnurent que le
droit de nomination des cinq Abbaïes appartenoit au Roi ,
qui de son côté consentit que la Bulle de Léon X. fut exe- .
304 Histoire des Ordres Religieux;
congre- cutée au surplus , en ce qui regardoit la Réformation de
c™01 l'Ordre & 1 érection de la Congrégation, & par ses Lettres,
Bikoît. Patentes qui ratifioient le Traité j il déclara qu'il ne nomme-
roit pour Abbé de ces Monastères que des Religieux de
l'Ordre de saint Benoît qui auroient fait vœu de stabilité
dans la Congrégation de Chezal- Benoîc>& que les Brevets
de nomination nepouroient être expédiés en faveur de ceux
que fa Majesté nommeroit, qu'après que les Chapitres &
V ifueurs de la Congrégation , auroient certifié que ceux
qui auroient été nommes étoient dignes de ces emplois , &.
qu'ils pouroient être privés de leurs Abbaïes en cas de mal
versations. Ce Traite fut omologué en Cour de Rome par
une Bulle de Paul III. v
Les choses demeurèrent en cet état fous le rejgne de Fran
çois I. mais son fils Henri 1 1. lui aïant succède en 1 547. ré
voqua tout ce que ion pere avoit fait en 1 541. & cassa l'Ar-
rêt du Grand Conseil de la même année. Ce Prince se réser
va seulement le droit de donner des Lettres d'attache & d'ap -
probation aux Abbés Triennaux qui seroient élus par les
Chapitres Généraux de la Congrégation , & les Religieux
obtinrent l'an 1 55 1. une Bulle de Jules III. conformeaux
Lettres Patentes du Roi > qui accorda en 1551. de nouvelles
Lettres pour l'execution de cette Bulle qui fut enregistrée
au Parlement & au Grand Conseil sans opposition.
Le relâchement s'étant introduit dans la fuite dans cettev
Congregation,le Roi Louis XIII. nomma des Commissai
res pour faire la visite des Monastères qui en dépendoient>
& fur leur rapport, fa Majesté par un Arrêt du Conseil d'E
tat du 18. Août 163 4, déclara les Religieux de Chezal Be
noît déchûs de tous leurs privilèges , & donna les cinq Ab
baïes de cette Congrégation au Cardinal de Richelieu Mi
nistre d'Etat,& le nomma Général Administrateur au spiri
tuel & au temporel de cette Congrégation pour la réformer.
Les projets de Réforme n'aïant point réussi, cette Congré
gation fut unie à celle de saint Maur par un Arrêt du Con
seil d'Etat de l'an 1 636. ce qui ne se fit pas fans opposition de
la part des Religieux de Chezal- Benoit qui mirent au jour
plusieurs écrits pour leur défense. Les Religieux de saint
Maur obtinrent l'an 16 5o.des Lettres Patentes du Roi Louis
# XIV. qui confirmoient l'unionde ces deux Congrégations
&
Quatrième Partie, Chap. XXXIX. 505
& l'élection triennale desAbbés des cinq premières Abbaïes cong»*-
qui en dépendoient , & ces Lettres Patentes furent suivies gation p»
d'une Bulle del'an 1655. accordée par le Pape Alexandre bekoìt.
VII. qui approuvoit cette union. Outre les Abbaïes dont
nous avons parlé , il y en a voit encore d'autres qui étoient
membres de cette Congrégation , comme celle de sainte Co
lombe proche Sens,qui servit de retraite pendant quatre ans
à saint Thomas de Cantorbery , après qu'Henri II. Roi
d'Angleterre eut obligé par ses menaces le Chapitre Général
de Cîteaux de faire sortir ce saint Pontife de l'Abbaïe de
Pontigni qui lui avoit servi d'azile à son arrivée en F rance,où
il étoit venu pour éviter la colère de ce Prince avec lequel il
avoit eu quelque diffèrent pour le soutien de l'immunité
Ecclésiastique.
Outre les Abbaïes d'hommes qui compofoient cette Corr-
greeation.il y en avoit aussi cinq de fUles,lçavoir saint Pierre
de Lyon , saint Laurent de Bourges , Nôtre-Dame de Ne-
vers , Iseure à Moulins en Bourbonnois & Charenton erj
Berri, qui font présentement sous la jurisdiction des Ordinai
res. La plus considérable de ces Abbaïes est celle de faim
Pierre de Lyon où l'on ne reçoit que des filles nobles , & elle
fait un des plus beaux ornemens de cette ville par la magni
ficence de ses bâtimens.
Claude Blondeau , Bibliothèque Canonique Tom. z. fag*
680. & procédures four l 'union des Abbaïes de saint Vincent
du Mans & de saint Germai» des Prez, de la Cong. de Che~
zal-Benott à celle de J. Maur.
Au commencement du dernier siécle quelques Religieux Congxt-
de l'Abbaïe de Marmoutier , qui étoit pour lors de la Con^ b£"tj*m&,
gregation des Exemts en France , désirant vivre dans 1 Ob
servance de la Règle de saint Benoît , demandèrent permis
sion au Pere Isaïe Jaunay , Supérieur Généras de cetre Con
grégation , de se retirer en une Communauté particulière &
le séparer des autres Religieux de leur Maison , pour avoir
plus de liberté de vivre conformément à la Règle. Non feu
lement ce Général leur accorda cette permission , mais iF
voulut imiter leur zele. Ilsrenouvellerenc tous leur profes
sion entre ses mains, & ilrenouvella ensuite la sienne entre?
les mains de Dom François Stample Prieur de Marmoutier,.
Après s'être exercés pendant six. ìnob» dans la pratique exa*
Tomc Fî<
306 Histoiri des Ordres Religieux,
Cokgre- cte de la Règle de saint Benoît , ils députèrent quelques-uns
chVzaI" d'entre eux pour demander au Roi Henri IV. l'approbation
btuoìx. de leur dessein , 6c le vingtième Février 1604. ils obtin
rent du Grand-Prieur & des Religieux de Marmouder , la
permission de se retirer au Prieuré de Lehon sur Rance ,
près de Dinan en Bretagne. Le Général dressa des Statuts
pour cette nouvelle Réforme , mais les anciens Religieux
de Lehon s'y étant opposés , & ceux de Marmoutier s'é-
tant joints à eux,ils portèrent leurs differens au Grand Con
seil où les Réformés présentèrent Requête par laquelle ils
demandoient que les Statuts du Pere Général Mussent orao-
logués , ce qu'ils obtinrent par un Arrêt du 19- Décembre
1606. qui fit défense aux anciens de les troubler dans leur
pieux dessein.
Les Réformés appréhendant que les Religieux de Mar
moutier ne les inquiétassent encore, présentèrent Requête
au Chapitre Général des Exemts qui se tint quelque tems
après à Bourdeaux , pour qu'on leur permît de recevoir des
Religieux dans leur Communauté avec le consentement de
leur Chapitre & l'approbation du Général , ce qui leur fut
accordé » & le Pere Dom Noël Mars , qui est: regardé com
me l' Auteur de cette Réforme , fut élu dans le même Cha
pitre Visiteur Général dans la Bretagne. Pour lors cette
Société commença à faire quelque progrès. L'Evêque de
Dol , Antoine de Revol , demanda de ces Religieux pour
mettre la Réforme dans PAbbaïe de Tronchet íituée dans
son Diocèse. Ils y furent introduits l'an 1607. & v établi
rent la Réforme, lis furent ensuite appellés pour réformer
l'Abbaïe de Lantenac , 8c eurent encore huit ou dix Mona
stères qui formèrent tous ensemble la Société de Bretagne.
Ces Religieux firent plusieurs tentatives pour s'unir à la
Congrégation de saint Maur,mais ne l'aïant pû obtenir , ils
députèrent à Rome pour que leur Société pût être érigée
cn Congrégation, ce que le Pape Urbain VIII. quiregnoic
pour lors leurrefusa , voulant qu'elle fût unie à la Congré
gation de saint Maur, & écrivit pour ce sujet un Brer" au
Cardinal de Berulle & à son Nonce en France. L'unionfut
signée au Collège de Cluni le 17. Juillet i6z8. & fut ratifiée
dans le Chapitre Général de la Congrégation de saint Maur,
le z8. Septembre 1618. c'est ce que j'ai appris du Reveren4
Pere Dom Thierri Ruinart.
Quatrième Partie , Chap. X L. 307
M. Jacqueline de Blemure , année Beneduïme. Sainte- Rfi rGIEF-
Marthe , Qa.ll. Chriji. Tom. 4-pag. 885. SES BENE
dictines
Nobles
de Boun-
Chapitre. ,XL. BOUR.G.
Chapitre XLI.
le silence.
Celles qui souhaitoient la Réforme ne mangeoient que du
pain fort bis, cuit avec du chaume faute de bois, & les jours
d'abstinence on leur servoit du potage sans beure avec des
œufs cruds qu'elles aprêtoient au Réfectoire. Enfin la mi
sère é toit si grande que M. du Fresne en aïant été averti,
leur donna quatre mille cinq cens livres pour acheter du
bois pour les chauffer & pour d'autres provisions. II leur
envoïa aussi beaucoup de choses dont elles avoient besoin, &
il obtint encore du Roi pour elles quelques sommes d'ar
gent , qui étant assez considérables , leur facilitèrent les
moïens de reparer un peu le mauvais ordre dans lequel étoit
l'état du Monastere,& l'on se servit de l'argent que la dépo
sitaire gardoit aux particulières , pour empêcher la vente du
bled qui étoit saisi. Les Religieuíes en murmurèrent beau
coup, il y en eut même quelques-unes qui attentèrent à la vie
de l' Abbesse, à laquelle elles donnèrent deux fois du poison, '
qui par un miracle de la puissance de Dieu n'aïant pas eu son
effet,ne servit qu'à les aveugler davantage.en sorte qu'elles
résolurent d'y emploïer le fer en la faisant poignarderai y eut
pour cela des assassins apostés : ce qui étoit sort facile.puis-
que c'étoit l'ordinaire de voir les amis des Religieuses passer
une partie de la nuit avec elles. Mais un des complices dont
Dieu toucha le cœur , en aïant averti une des confidentes
de l' Abbesse , elle évita encore ce coup j ce qui fit que ceux
qui avoient l'administration de l'Abbaïe l'obligerent de sor
tir du Dortoir commun 6c de se loger dans unechambre ,où
il y avoit double porte,commandant à deux Sœurs Conver
ses de probité d'apprêter ce qui seroit nécessaire pour sa nour
riture ,avec défense aux autres d'entrer dans la cuisine.
Et la dépositaire qui étoit une de ces anciennes Religieuses
qui souhaitoient la Réforme, prit soin aussi qu'on ne lui pré
sentât rien qu'elle n'y eût goûté la première.
Au milieu de tant de fâcheux accidens, Dieu consola nôtre
Abbeííè par la visite du Cardinal de Sourdis Archevêque
de Bourdeaux son cousin germain,qui s'intéressa beaucoup
■
Quatrième Partie , Chap. XLI. 315
pour elle 8c lui servit à mettre la Reforme dans cette Abbaïe: Religieu-
mais parce qu'il ne pouvoit pas être si souvent auprès d'elle "ctine«~
qu'il eut été nécessaire pour ce íujet,il lui donna pour Dire- RcoRut'u
cteur le Pere Benoît de Canfeld Capucin, qui étoit un Reli- martre.*'
gieux d'une grande vertu. Le Cardinal de Sourdis informa
cependant l'Ëvêque de Paris des désordres de cette Maison ,
& ce fut à sa sollicitation que ce Prélat vint à Montmartre,&
commanda à l'Abbesse & à toutes les Religieuses de ne plus
souffrir que la clôture fut si mal observée chez elles,comme
étant le moïen le plus court pour retrancher les scandales ÔC
commencer une vie conforme à leur état. Ce discours fut
très mal reçu des Religieuses : elles se levèrent toutes ensem
ble, & parlèrent confusément , sans avoir aucun respect ni
pour le lieu où elles étoient,ni pour la dignité Episcopale , &
elles s'emportèrent en des injures qui firent horreur à PAs-
semblée. La conclusion fut que l'Evêque donneroit ordre à
son Grand- Vicaire de prêter main forte à l' Abbesse, ce qu'il
n'exécuta pas néanmoins , Dieu le permettant ainsi pour
éprouver de plus en plus la fidélité & la constance de l'Ab
besse.
Le Pere Benoît Canfeld fut d'avis qu'elle déposât U
Prieure &c les autres Officières qui ne vouloient point de Ré
forme. Elle tint le Chapitre pour cet effet,elle établit Prieure
l'une des deux Religieuses qui avoient désiré la Réforme,
& fit l'autre Celleriere & Maîtresse des Novices. Elle donna
la clef de la porte à la plus raisonnable des autres , mais elle
s'en réserva une afin qu'elle ne pût être ouverte sans sa per
mission. Toutes les anciennes se levèrent avec grand bruit ,
elles chargèrent l'Abbesse d'injures , protestant qu'elles ne
lui obéïroient jamais , & peu s'en fallut qu'elles ne la fra-
passent.
Les choses étoient en cet état lorsque le Pere Benoît s'en
retournant en Angleterre où le désir du martyre l'appelloiti
après avoir procuré le retour du P. Ange de Joïeule dans
son Ordre.il l'obligeade servir de Protecteur à l'Abbesse de
Montmartre , ce qu'il exécuta avec beaucoup de zele. Il
gagna la jeunesse par sa douceur , de sorte qu'il ne demeura
que huit des plus anciennes qui vécurent en leur particulier
lans vouloir se soûmettre aux Observances Réguliercs,écanc
toujours opposées aux desseins de l'Abbesse. La clôture &. le
3io Histoire des Ordres Religieux,-
Reugteu- réfectoire commun furent les deux premiers articles de la
ses bene- Réforme , peu à peu quelques-unes des anciennes se joigni-
R!ros.Mi?Es reríc à celles qui s'y étoient soumises les premières , & l'on
de Mont- commença à voir beaucoup de changement dans ce Mona-
MARrRE. n * L O
itère.
Au mois de Juillet 1595). le Roi accorda encore à M. du
Fresne l'Abbaïe de saint Pierre de Lyon pour une de ses
soeurs. 11 l'ofFrit à l' Abbesse de Montmartre , croïant lui ren
dre service , en la tirant d'une maison ruinée pour rétablir
dans une autre riche &. magnifique > mais après avoir con
sulté le Seigneur , elle connut que sa volonté écoit qu'elle
réformât le Monastère de Montmartre: ainsi elle préfera l'e-
xecution de la volonté de Dieu à sa propre satisfaction.
L'année suivante qui étoit celle du Grand Jubilé , elle de
manda au Pape Clément VI II. la permission d'élire un Vi
siteur pour sa Communauté, en rompant l'association contra
ctée avec six Maisons toutes ennemies de la Réforme,sans le
consentement desquelles onnepouvoit rien faire. M. de Sil-
leri étoit pour lors Ambassadeur à Rome,où il auroit pu tra
verser cette affaire aïant une tante & deux cousines germai
nes à Montmartre ; mais elle fut conduite avec tant de secret
qu'il n'en eut aucune connoissance : l'Abbesse obtint du Pape
un Bref qui lui donnoit pouvoir de réformer sa Maison &
d'élire son Visiteur en particulier , indépendemment des au
tres Monastères desquels il lui permettoit de se séparer. Elle
n'envoïa exprès perlonne à 1 élection du nouveau Visiteur
des six Maisons associées,asin de perdre son privilège , ce qui
fut un nouveau sujet de murmure parmi ses fillesj mais elles
furent bien surprises lorsqu'on leur sit la lecture du Bref da
Pape : elles eurent pour lors un peu plus de respect pourl'au-
torité de leur Supérieure , & l'on vit plus de disposition à la.
Réforme qu'il n'y en avoit eu jusqu'alors.
I/AbbeíTe n'avoit pas voulu se faire bénir pendant tous
les troubles & les inquiétudes causées par la résistance &
l'obstination de ses Religieuses 5 mais prévoïant qu'ils s'ap-
Ï>aiíeroient dans peu , elle s'y prépara par la retraite , l'Orai-
bn & la Confession Générale de tous les pêchés de fa vie.
La cérémonie se fit le Dimanche dans l'Octave des Rois:
elle fut bénite par le Cardinal de Sourdis, & le Pere Angede
Joïeuíe y prêcha. Depuis ce jour-là elle redoubla son zele ,
croïant
Quatrième Parti e ,Chap.XLI. yit
croïant qu'elle e'toit obligée plus que jamais , de travailler à reliohv,
la Réforme de son Abbaïe. Peu après elle reçut trois filles à SE1 BtNk-
ui elle donna l'habit , dont l'une étoit pour le Chœur & les eciform*'»
eux autres Converses. martmÍ*"
Les Religieuses de Montmartre portoient pour lors des
habits blancs comme les Chanoinesses > mais l* Abbesse prit
le noir & le donna à celles qui consentirent à ce change
ment , ce qui fut contesté à l'ordinaire par les anciennes
qui en firent leurs plaintes au Cardinal de Retz : ce qui obli
gea cette Eminence d'envoïer son Grand Vicaire pour ap-
paiser ces troubles , en ordonnant à l' Abbesse denerien faire
de nouveau contre l 'usage de la Communauté , ne voulant
pas que l'habit fût diffèrent entr'elles.Elle répondit avec
assez de fermeté qu'elle étoit résolue d'obéir a ses ordres,
pourveu qu'ils ne fussent pas opposés aux vœux essentiels.
En effet elle reprit l'habit blanc,non pas de la manière que ses
Religieuses prétendoient : car elle se revêtit d'une grosse
serge de laine blanche naturelle sans avoir été blanchie au
foulon , avec un surplis de toile pareillement grossière j de
forte que les autres qui cherchoient la vanité dans leurs
étoffes bien blanches tk dans leurs surplis de toile fine ôc em
pesée) furent remplies de confusion, & se virent contraintes-
de rester à l'Infirmerie, où elles se paroient avec de long»
manteaux de futaine blanche attachés avec des rubans de
couleur , n'osant pas paroître en cet équipage en présence de
leur Abbesse & des autres Religieuses dont la simplicité fai-
soit honte à leur ambition &. à leur vanité.
Deux des anciennes qui étoient les plus opposées à l'Ab-
besse s etant dans la fuite reconciliées parfaitement avec elle,
les autres suivirent bien- tôt leur exemple, de sorte qu'en
deux années de tems la Réforme fut presque établie dans
Montmartre. 11 se présenta un si grand nombre de filles pour
y être reçues , que pendant près de soixante ans que Marie
de Beauviliers en a été Abbesse on prétend qu'elle a donné
l'habit à deux cens vingt- sept filles : par ce moïen & par la
bonne conduite des Abbesses qui lui ont succédé , dont il
y a eu des Princesses de la Maison de Lorraine, cette Abbaïe
est devenuë une des plus puissantes & des plus riches du
Roïaume. Enfin cette pieuse Abbesse eut la consolation de
voir toutes les anciennes qui l'avoient tant fait souffrir , £&
Terne FI. " Ss
3iz Histoire des Ordr.es Religieux,
relioteu- prosterner à ses pieds pour lui demander d'être traitées com-
sts Bine- me ies autres , en renonçant à toute propriété , & voulant
r "r o r- suivre la Règle de saint Benoît exactement : ainsi elle n'eut
M o n " P^US °-e Pe"ie à poursuivre la Réforme.
martk.1. L' Abbesse de Beaumont sa tanteavoit puissamment travaillé
pour la faire nommer sa Coadjutrice , elle en obtint enfin 1c
Brevet du Roi & la confirmation en Cour de Rome. Il étoic
f»orté dans les Bulles qu'elle ne seroit point obligée de quitter
' Abbaïe de Montmartre que six mois après la mort de l' Ab •
bessede Beaumont > de forte qu'elle porta cinq ans la qua
lité de Coadjutrice avec celle d'Abbesse, & pendant ce tems-
là elle fit travailler aux bâtimens de Montmartre j en quoi
elle fut aidée par M. de Frefne son beau- frère qui donna en
core deux mille écus pour fermer un clos de vignes qui étoit
entre le Monastère & la Chapelle des Martyrs > mais il n'eut
f>as la satisfaction de voir cet ouvrage achevé étant mort en
'année 1610. 11 ordonna par son Testament que son corps
seroit porté à Montmartre,où il laissa encore trois cens trente
quatre Uvres de rente , & 1000. livres en argent comptant ,
pour faire prier Dieu pour le repos de son ame. On trouva
dans son cabinet le dessein d'un bâtiment qu'il vouloit faire
à la Chapelle des Martyrs , & qu'il auroit executé,si la mort
ne lui en eût pas ôté le pouvoir j mais Madame de Frefne fa
veuve suivit ses intentions quelques années après,& contri
bua à la fondation d'un nouveau Monastère attenant cette
Eglise des Martyrs , auquel elle donna deux mille sept cens
livres de rente pour la nourriture de dix Religieuses , à con
dition que l' Abbesse fa soeur fourniroit le même nombre .
& que cette Eglise seroit toujours desservie par vingt Reli
gieuses.
Jusqu'à ce tems là , on avoit porté Phabit blanc dans la
Maison avec un surplis comme nous avons dit j mais l' Ab
besse écrivit à Rome & obtint du Pape un Bref pour pren
dre l'habit noir, ce qui se fit sans aucune contradiction , non
feulement parce que toutes les anciennes étoient décédées ,
mais encore par la profonde soumission que la Communauté
avoit pour ses ordres. Elle s'acquit une si grande estime au
dehors que plusieurs Monastères de France qui désiroient
embrasser la Réforme lui demandoient ses avis & s'esti-
moient heureux d'avoir des filles élevées de fa main,pour le*
Quatrième Partie , Chap. XLI. . 315
conduire , ôc il est sorti de Montmartre dutems de cette Ab- Rtueitr-
besse plus de cinquante Religieuses pour aller reformer, Sfs fcfNi-
établir , ou gouverner des Maisons de l'Ordre. Le Prieuré Ri°r o'r
de la Ville- TEvcque à Paris fous le titre de Notre-Dame de ^^SN D*
Grâces ,fut un de ceux à la fondation desquels elle contri- martre.
bua , elle y envoïa lan 1613. huit Religieuses du Chœur &c
deux Converses íous la conduite d'une Supérieure , & ce
Prieuré a été pendant plusieurs années dépendant de l'Ab
baïe de Montmartre j mais a présent il n'y est plus soumis,
aïant obtenu de Rome des Bulles de séparation.
Après la mort de l'Abbeííè de Beaumont>Marie de Beau-
viliers qui étoit fa Coadjutrice fut obligée d'y aller : elle
partit de Paris le 1. Avril 1614. & y arriva le tS. du même
moisjmaiselle n'y demeura que six mois,& retourna à Mont
martre qu'elle ne put se résoudre d'abandonner , se démet
tant de PAbbaïe de Beaumonten faveur d'Anne Babou de la
Bourdaisiere sa nièce qu'elle emmena avec elle pour former
son esprit sur les exemples de ses filles , en attendant que ses
Bulles fussent expédiées. .
Aïant réglé toutes choses dans son Monastere,elle fit im
primer ses Constitutions pour affermir la Réforme , & afin
que les filles qui se presentoient tous les jours pour être re
çues , fussent informées d'abord de leurs obligations. Elle
íépara ensuite sa Communauté en deux , afin que l'Ofíìce
Divin fût célébré dans l'Eglise des Martyrs , comme il
l'étoit au Monastère d'enhaut,& elle fit faire une belle gal-
lerie pour la communication des deux Monastères; mais pré
sentement les Religieuses demeurent toutes au Monastère
d'en bas &> ne vont chanter l'Office à l'Eglise d'enhaut qu'à
certains jours. Enfin Marie de Beauviliers saint Aignan
après avoir gouverné l'Abbaïe de Montmartre pendant près
de soixante ans & y avoir rétabli les Observances Réguliè
res , mourut le xi. Avril 1657. étant âgée de quatre- vingt-
trois ans. La Princesse Françoise de Lorraine de Guise lui
succéda & conserva dans cette Maison la Régularité , ce
qu'ont fait aussi les autres Abbesses jusqu'à préíent.
Le village de Montmartre où est située l'Abbaïe à laquelle
il a donné son nom , se nommeen Latin , Mons Martyruw , à
cause que saint Denis & ses Compagnons y souffrirent le
martyre. On l'appelloit anciennement le Mont de Mercure
S s ij
314 Histoire des Ordres Religieux,
Ritieuo- à cause qu'il y avoit en ce lieu un Temple dédié à cette fausse
"crnm divinité. On y a bâti depuis une Chapelle fur le penchant
r i f o r- de la montagne du côté de Paris en mémoire du martyre de
s. Paul d' f*iïït Denis. Elle fut donnée avec ses dépendances par Guil-
BiAuy*j$. laume I. Evêque de Paris l'an 1058. aux Religieux du Mo
nastère de saint Martin des Champs à Paris : mais l'an 1133.
ou 1 134. Louis VI. dit le Gros & fa femme Alix leur don
nèrent en échange de cette Eglise , & des revenus qui y
ctoient affectés , lë Prieuré de íaint Denis de la Chartre , &
non seulement fondèrent l'Abbaïe dont nous venons de
parler , mais fìrenc aussi rétablir la Chapelle des Martyrs. Le
Pape Eugène 1 1 1. dédia l'Eglise des Religieuses le *r. Avril
& celle des Martyrs le premier Juin de Tannée n 46. aïant
pour l'un de íes Assistans dans cette cérémonie saint Bernard
Abbé de Clairvaux. L'habillement de ces Religieuses est
semblable à celui des autres Bénédictines Réformées dont
nous avons donné le dessein au Chapitre III. du cinquième
Tome.
Jacqueline Boiiette de Blemur , Eloges des personnes illu
stres en pieté de L' Ordre de saint Benoit. Thomas Corneille y
Dictionnaire Géographique , & Moreri , DiU. Hijiorique. au
^MONTMARTRE.
Chapitre X L I I.
Chapitre XLIII.
Chapitre XLI V.
C H A F 1 T R. E X L V I.
Chapitre X L V I I.
B eriedzx^tzne de Z, ad^rratujn
Perpétuelle, du, J\l Sacrement en habit ordinaire
oo datu- Ut maison
QuàtriemePártie , Chap. XLV1T. $yt
La Providence Divine aïant fait tomber entre les mains REirciFtu
la Formule des vœux du premier Ordre de saint François , "sCTf™f"
elle en fut si charmée , qu'elle ne manquoit point de les réï- i'ado-
I o A I r ?•_»•■ 'RATION
terer tous les jours, & meme plusieurs rois, n aiant rien con- PiRP£TUEt.
nu jusqu'alors de plus dignede Dieu ni qui exprimât mieux |-£ , D u s«
ses sentimens , & elle avoit un si grand attrait pour l'orailon, ment,
que rien ne l'en pouvoit détourner.
Le récit des effroïables sacrilèges commis par les Héréti
ques contre le saint Sacrement de 1* Autel , dans les guerres
commencées en Allemagne en i6z*>. la toucha si sensible
ment, qu'animée d'un zele ardent pour venger les intérêts
de cet auguste Mystère , elle s'oíFrit à Dieu pour en être la
victime:ce qui écoit un présage des desseins que fa divine Ma
jesté avoit déja formés fur elle > mais qui ne furent exécutés
que plusieurs années après. Elle ne songeoit qu'à la retraite
& à se renfermer dans un Cloître > mais elle y trouva de
grandes oppositions de la part de ses parens , qui la voïanc
jeune , 8c recherchée en mariage par des personnes de di
stinction, ne songeoient qu'à l'établi^dans le monde,la priant
de ne pas s'opposer à leur volonté , & de ne leur pas donner
le chagrin de les quitter : ce qu'ils faisoient avec une ten
dresse capable d'ébranler un cœur moins pénétré de l'amour
de Dieu que le sien. Mais elle voioit couler leurs larmes
fans en être émue , & fans altérer la tranquillité de son ame>
& autant que le monde avoit de chagrin de la quittermutant
elle témoignoit de joie de s'en voir séparée.
Sa constance & fa fermeté lui aïant fait obtenir à la fin le
consentement de ses parens , elle alla en diligence au Mona
stère le plus proche , qui étoit celui des Annonciades des dix
Vertus , au bourg de Bruyères. C'étoit au mois de Novem
bre 1631. elle étoit pour lors dans la dix- septième année de
son â^e. Avant que de prendre l'habit, elle s'y disposa quel
ques mois par la pratique de toutes les vertus. Elle le reçue
en 1631. avec le nom de Sœur de saint Jean l'Evangeliste.
Pour lors elle secrut dans une nouvelle obligation d'être plus
parfaitement unie à Dieu , & on vit en elle une augmenta
tion de ferveur 5c de fidélité à son service.
Le tems de la profession approchant , elle s'y prépara par
une retraite de quarante jours > & après avoir prononcé ses
yœux,elle en fit une autre de dix jours ( que 1 on appelle le *
Aa a ij
37* Histoire des Ordres Religiexís:;
RfitiGTEu- silence nuptial , & que toutes les nouvelles Professes sont
imctinis obligées de faire en cet Ordre ) pendant laquelle U n'est pas
b* l'ado- même permis de parler à fa Supérieure : la nuit qui suivit
pAVetÍtl- immédiatement rengagement qu'elle avoit contracté avec
ie du s. Dieu par la profession K.eligieufe,pendant son íommeiU'an-
ment." neau qu'elle avoit au doit , & qui lui avoit été donné le jour
précedent( selon la pratique du même Ordre )s etant rompu
de lui même fans aucun effort , elle en fut íl sensiblement
touchée , appréhendant que le divin Epoux au nom duquel
elle l'avoit reçu, n'eût pointagréé fes vœux,qu'e.le fut trou
ver en silence la Supérieure, lui présentant cet anneau rompu
en lui faisant signe qu'il n'y avoit point de sa faute. La Su-
perieure,qui étoit une Religieuse d'une grande pieté,Ia con
sola , & lui prédit en soupirant qu'elle ne fìniroit point ses
jours dans l'Ordre , que cet anneau ouvert en étoit un pro
nostique: ce qui étoit d'autant plus évident,qu'il se referma
en ses mains , quand elle le lui eut présenté.
Comme cette Supérieure étoit Professed'une autre Mona
stère, & qu'elle n'avoit été envoïée dans celui de Bruyères
que pour le gouverner: les années de ía Supériorité étant fi
nies, elle pria les Supérieurs de lui permettre de retourner
dans son Monastère : ce qui lui aïant été accordé , une autre
Religieuse fut mise en sa place j mais elle ne succéda ni à sa
conduite ni à son expérience : ce qui fut cause qu'elle exerça
beaucoup la patience de la Merede saint Jean. Cette Supé
rieure mourut de la peste peu de tems après , & fut assistée
dans cette fâcheuse maladie par celle qu'elle avoit tant fait
souffrir , qui fut établie Supérieure par Commission , quoi-
qu'e le ne fût âgée que de zo. à zi. an.
Au moss de Mai de lan 1635. la Lorraine étant affligée du
fléau de la guerre , elle fut obligée de sortir de son Monastè
re avec ses Filles pour éviter ia fureur des Soldats, qui après
fa sortie le oillerent , aussi-bien que le bourg de Bruyères, où
il étoit situe. Elle resta au milieu des personnes Séculières
pendant l'espace de trois ans , ne trouvant aucun Monastère
qui lui voulût donner retraite , tant étoit grande la misère
dans la Lorraine , qui se trouvoit en même tems affligée de
guerre,de peste & de famine. Comme ellen'étoit Supérieure
que par Commission , le tems des élections étant arrivé i le
sort tomba fur elle ; & pendant le tems de fa Supériorité i U
Quatrième Pautie , Chap. XLVIÏ. 373'
-plupart de ses Religieuses moururent du mal contagieux. RELtctïtr-
Au milieu de toutes ces peines,elleaugmentoit ses austérités, "ictuie*"
& y en ajoutoit même de nouvelles , afin d'attirer la prote- » » l'ado-
ction de Dieu fur elle & fur son troupeau. perp'tom.-
Dans le mcme temson lui conseilla de quitter son Ordre '""| Si
pour se mettre dans une Maison réformée. Elle ne rejetta mìnt,"
point ce conseil , mais elle y trouvoit beaucoup d'obstacles
& de difficultés > ce qui fit qu'elle redoubla ses prières , afin
qu'il plût à Dieu de lui manifester ses volontés en lui faisant
connoître le lieu où elle devoit sê retirer. La misère & la
Îtauvreté où elle étoit reduite à Commerci , qui étoit pour
ors le lieu de son séjour , obligèrent fes Supérieurs de lui
envoïer uneo1 édience Tan 1637. pour aller chez son pere à
saint Dié où elle conduisit aussi ses Religieuses. Ce fut pen
dant le séjour qu'elle y fit qu'elle entenditparler avantageu
sement des Re'igieuses Bénédictines de Rambervilliers La
Prieure de ce Monastère aïant eu connoissance du mérite de
la Merede saint Jean , lui fit offre de sa maison , tant pour
elle quepourses Religieuses, ce qu'elle accepta d'autant plus
volontiers , qu'elle soupiroit depuis long te ms après la soli
tude. Elle y fit pratiquer à toutes ses Religieuses leurs Ob
servances avec la même régularité que si elles avoient été
dans leur propre maison. Un an se passa de la sorte pen
dant lequel la Mere de saint Jean redoubla ses instances au
près de Dieu pour lui faire connoître ses volontés. Depuis
son séjour en ce Monastère , où l'on obfervoit la Règle de
saint Benoît sans aucune mitigation , elle conçut tant d'e
stime pour cet Ordre qu'elle résolut de l'embrasser j nuis
elle ne voulut rien faire fans avoir auparavant consulté des
personnes pieuses & éclairées à qui elle exposa les raisons
qu'elle avoit de faire ce changement , & après avoir reçu
leurs avis & obtenu les permissions nécessaires , ellepritl'ha-
bit de l'Ordre de saint Benoît dans le Monastère de Ram
bervilliers , le 1. Juillet 1639. son nom fut changé en celui
de Mecthilde du saint Sacrement , 6c elle fit profession le 1 1.
Juillet de Tannée suivante.
Elle avoit cru en se retirant dans ce Monastère qu'elle y
seroit comme dans un port assuré où elle pourroit goûter les
plaisirs de la solitude qu'elle cherissoit si fort j mais les guer
res qui désoloient encore la Lorraine & qui avoient déja
Aaa iij
374 Histoire des Ord.his Religieux;
RnioiEu obligé plufíeurs Religieuses d'abandonner leurs cloîtres
•"» tant pour éviter les insultes des soldats que pour chercher ail-
»e l'ado- leurs leur subsistance , manquant dans leur propre Maison
ïìrpÉt.Nil de tout ce qui étoit nécessaire à la vie , obligèrent aussi les
i e d u s Religieuses de Rambervilliers , qui se trouvèrent envelop-
ment. pées dans le même malheur , à chercher ailleurs leur propre
conservation. Les Supérieurs les obligèrent par un comman
dement exprès d'en raire sortir une partie , qui se réfugiè
rent à saint Mihel au mois de Septembre 1640.
Les Pères de la Mission qui , comme nous le dirons e»
parlant de leur Congrégation , portèrent en ce tems-là ,de
France en Lorraine plus de vingt-mille livres d'aumônes,en
distribuèrent une partie à ces bonnes Religieuses j mais
non pas en assez grande quantité pour les tirer de la misère
& de la pauvreté > car il y avoic beaucoup de pauvres dans
le païs , & beaucoup de familles ruinées qu'il falloit auíïï
soulager. M. Guerin Supérieur de ces Missionnaires , qui
étoient allez en Lorraine pour distribuer ces aumônes , tou
ché de compassion de voir l'image de la mort peinte fur le
visage de ces saintes filles , la pauvreté de leurs habits & en
core plus la tranquillité & le contentement où elles étoient
dans une si grande misère , chercha les moïens de les soula
ger par d'autres voies. Etant de retour à Paris il proposa à
FAbbesse de Montmartre Marie de Beauviliers , dont nous
avons parlé en son lieu , d'en recevoir quelques-unes dans
fa Maison. Ellerejetta d'abord cette proposition, ne voulant
point se charger de Religieuses étrançreres,mais Dieu chan
gea tout d'un coup le cœur de cette Abbesse & lui donna des
íentimens de tendresse & de miséricorde , car dans le tems
que la Mere Mecthilde avec deux autres Religieuses étoient
prosternées dans la Chapelle de Nôtre-Dame de Benoiste-
Vaux , ]où elles étoient allé pour recommander cette affaire
à la sainte Vierge , l' Abbesse de Montmartre eut un songe ,
dans lequel il lui sembla que la sainte Vierge tenant son fils
entre ses bras lui reprochoit la dureté de son cœur & son peu
de compassion envers les Religieuses de Lorraine , la mena
çant même de lui faire rendre compte de ce qui leurarrive-
roit de fâcheux depuis le jour qu'elle avoit été avertie de
leur misère. Elle se réveilla toute effraïée , & aïant fait as
sembler sa Communauté > elle lui proposa de recevoir deecs
Quatrième Partie,Chap. XLVII. 375
Religieuses. La pieté qui regnoit dans cette Abbaïe ne pou- REiicrroi
voit inspirer que des íentimens favorables pour ces pauvres *ES B£NE"
/TI- f i ni' r D1CTI NES
affligées , les Religieuses de Montmartre consentirent tout «> * i'ado-
d'une voix d'en recevoir quelques-unes. L' Abbesse voulut "el
sçavoir les noms de ces Religieuses pour en choisir deux , & £ae d u s-
la Providence Divine voulut qu'elle choisît la Mere Mec- mìn*.1"
thilde , quoique la derniere dans la liste , & laissa le choix
de l'autre aux Religieuses de Lorraine : qui , quand elles vi
rent le choix que l'Abbesse de Montmartre avoit fait de la
Mere Mecthilde ne pouvoient se réíoudre à laisser partir
cette sainte fille , qu'elles regardoient comme le plus digne
sujet qu'elles eussent, il fallut enfin y consentir: eles lui don
nèrent une compagne pour se rendre à Paris , où elles arri
vèrent le 19. Août 164.1. & le Supérieur de la Miíîion de
Lorraine les conduisit à Montmartre.
Les Religieuses de Lorraine qui avoient eu tant de peine
de quitter la Mere Mecthilde du saint Sacrement , ne pré
voioient pas l'avantage qu'elles dévoient tirer de cette sépa
ration i car elle ne fut pas plutôt arrivée à Montmartre que
se voïantdans l'abondance , ellevefsoit continuellement des
larmes d'être si à son aise pendant que ses soeurs qui étoient
restées à saint Mihel étoient dans une grande indigence.
Deux mois se passèrent de la sorte , sans que l'Abbesse eût
connoissance de fa peine. Mais aïant été avertie qu'on la
voioit souvent en larmes , l'estime & l'amitié qu'elle avoit
pour cette sainte Religieuse , fit qu'elles 'informa si elle n'a-
voit point reçu quelque déplaisir dans fa Maison. Elle ap
prit d'elle même le sujet de la douleur. Cette charitable Ab
besse lui dit aussi tôt d'écrire aux Religieuses de saint Mihel
qu'elles pouvoient aussi venir afin que Dieu ne lui repro
chât point un jour de les avoir abandonnées dans leur milere.
Elles arrivèrent à Montmartre & furent dispersées dans d'au
tres A bbaïes à la réserve de la Mere Mecthilde & de deux
autres qui restèrent dans ce Monastère. Mais quelque tems
après une Dame leur aïant offert une maison qu'elle avoit à
S. Maur à deux lieues de Paris pour leur servir d'Hospice ,
«Iles l'accepterent,ô: toutes les Religieuses de Lorraine furent
réunies dans une même maison l'an 1643. sous la conduite
de la Mere Bernardine de la Conception , qui avoit été leur
Supérieure lorsqu'elles étoient àRamberviiliers & àS.Mihel.
37^ Histoire des Okdr.es Religieux ;
riligieu- Ce fut pendant le séjour que la Mere Mecthilde du saint?
sìs b* ne Sacrement fit à saint Maur , qu'elle se mit sous la direction
be"Ìw du Révérend Pere Chrifostome de saint Lo Exprovincial
BATEru'n- ^es Reugîeux Penicens du Tiers Ordre de saint François de
le du s. la Province de Normandie. Elle ne pouvoit être en meilleure
muTÀT ma'n > puisque c etoit un grand contemplatif , un homme
très éclairé pour la conduite des ames, qui n'enseignoit rien,
qu'il n'eut pratiqué lui-même , & qui tout consommé de l'a-
mour de Dieu , du zele de sa gloire & de ses grandes péni
tences mourut le ié. Mars 1646. & a mérité d'avoir pour
écrivain de fa vie M. Boudon Grand- Archidiacre d'Evreux,
qui mourut au mois d'Août 1702. comblé de mérites & orné
de toutes les vertus qui font le caractère ordinaire de la sain
teté- . .
Quelque tems aprés que ces Religieuses furent arrivées a
saint Maur , la Mere Bernardine de la Conception fut obli
gée de retourner à Rambervilliers pour des affaires pressan
tes. Elle établit la Mere Mecthilde pour présider à sa place
dans cet Hospice. Elle gouverna cette petite Maison avec
tant de prudence &. de charité qu'on jetta les yeux fur elle
four remplir la place de Supérieure dans un Monastère de
Ordre de saint Benoît que Madame la Marquise de Moùy
avoit fondé à Caën ,ce qu'elle n'accepta qu'avec une extrê
me répugnance & après dix- huit mois de sollicitation de la
part de la Marquise de Moiiy & de plusieurs>personnes de la
première considération qui le jugèrent nécessaire pour la
gloire de Dieu & l'avantage de cette Maison. Quoique les
Religieuses de ce Monastère qui ne connoissoient point alors
son mérite & fa vertu , ne la reçussent que malgré elles , elle
se comporta néanmoins de telle force a leur égard , qu'en
moins de six semaines elles furent contraintes de se rendre, &
eurent pour elle autant d'affection & de tendresie , qu'elles
avoient ait paroître d'abord d'éloignement : ce qui fit que la
Communauté de Rambervilliers , où la plûpart des Reli
gieuses étoient retournées , appréhendant qu'à la fin de soa
triennal les Religieuses de Caën ne fissent tomber fur elle
l'électlon qu'elles dévoient faire d'une Supérieure , f élurent
- elles-mêmes pour gouverner leur Monastère, & les Supe-
rieurs de Lorraine l'obligerent par vertu de sainte Obédien
ce de s'y rendre en diligence. Elle laissa les Religieuses de
Caen
Quatrième Partie , Chap. XLVII. 377
Caën dans une si sensible douleur , qu'il fallut pour sortir , R-ttici
qu'elle prît elle-même les clefs de la porte 3 toutes ses Filles "ctinis*"
s'y étant allées prosterner , ne pouvant pas croire qu'elle eût 11 ' i'*»*
la dureté de marcher fur leurs corps pour s'en approcher, pinpi-rurt
Elle h'étoit pas insensible à leur douleur j mais l'obéïssance Lï DU s'
l'emporta fur la tendresse qu'elle a voit pour elles. Après fa iunt,
sortie elle souffrit avec une patience admirable d'étranges
persécutions , par des calomnies que plusieurs personnes
avoient inventées contre elle , afin que ces Religieuses de
Caën, qui depuis son départ étoient restées inconsolables *
perdissent rattachement qu'elles avoient pour elle , à mesure
qu'elles perdroient Pestime qu'elles en avoient conçue.
A peine fut elle arrivée en Lorraine , que la guerre sc
ralluma plus que jamais : la ville de Rambervilliers aïant été
prise par l'armée du Duc de Lorraine, qui étoit composée de
nations étrangères & fans aucune discipline, ce Monastère
se trouva exposé à leur fureur : il y en eut qui vinrent pour
enfoncer les portes , afin d'y entrer , fous prétexte de voir s'il
n'y avoit point de Bourgeois qui y fussent réfugiés. Tous
leurs efforts aïant été inutiles , cette (ainte Supérieure , qui
n'avoit cessé de prier Dieu pour la conservation de Ion Mo
nastère , fit ouvrir les portes à ces furieux , qui par une pro
tection visible de la divine Providence, furent saisis d'une
terreur panique en entrant dans ce Monastere,& en lortirent
au plùrôt, après en avoir fait le tour , fans oíer entrer dans
les offices , avoiiant qu'il leur avoit été impossible de faire'
aucun tort dans cette Maison , quoiqu'ils en eussent eu le des
sein. Cette ville aïant été repriie par les François, pendant le'
peu de tems qu elle y demeura , elle n'y put trouver un mo
ment de repos. Les desordres de la guerre continuant tou
jours en ce païs là , les Supérieurs Vobligerent d'en sortir'
une seconde fois , & elle vint en France avec quatre des plus
jeunes Religieuses de son Monastère.
Elle arriva à Paris le 14. Mars i6si- elle trouva au faux-
bourg saint Germain les autres Religieules de Lorraine, qui'
avoient quitté l'Hofpice de saint Maur , à cause de*- guerres-
civiles qui les avoient obligées, aussi bien que plu sieurs au--
tres Monastères de la campagne à se retirer dans cette Capi
tale du Roïaume. Cette ville n 'étoit plus en érat deles secou
rir, depuis les barricades de 1648. qui avoient donné lieu à
Tome FI. Bbb
378 Histoire des Ordres Religieux,
ntìicnv- ces guerres civiles- A peine pouvoir e le nourrir ses propres
bict^nes" Citoïens , qui quelquefois manquoierr de pain , lorlque les
Dt lad o convois quidevoienr y entrer étoient arrêtés. Ainsi lesReli-
^RpixtEi- gieules de Lorraine se virent reduites à manger des pois cuits
* * D u s- à l'eau , fans sel ni beurre, & à n'avoir pas quelquefois un
mint. morceau de pain.
Après que Nôtre- Seigneur eut éprouvé la fidélité de ses
Epouses , il lui plut de les consoler , en inspirant à plusieurs
personnes de qualité de leur faire la charité,du nombre des
quelles fut la Comtesse de Châteauvieux , qui visitant un
jour les pauvres , entra dans la maison des petites Religieu
ses de Lorraine ( c'est ainsi qu'on les appelloit pour lors. )
Elle donna l'aumône à la Mere Mecthilde , fans autre refle
xion que d'exercer la charité. II lui resta néanmoins un
mouvement secret qui la porta à y retourner une seconde
fois avec Mademoiselle de Vervlns,confidente de ses bonnes
oeuvres , & ce fut dans une conversation qu'elle eut avec
cette sainte Religieuse , qu'elle lia avec elle une si étroite
union , qu'elle n'a pu finir que par la mort. La Comtesse de
Châteauvieux lui fit plusieurs propositions avantageuses ,
entr 'autres , elle lui offrit une pension considérable en tel
Monastère où elle voudroit se retirer dans Paris : ce qu'elle
refusa. La Comtesse ne íe rebuta point de ce refus , & cher
cha de nouveaux moïens de l'arrêter dans cette grande ville,
fous préeexte de l'avantagedu Monastère de Rambervilliers:
elle lui fit entendre qu'un Hospice dans Paris lui seroit très
utile, à cause des guerres qui continuoient toujours en Lor
raine- La Mere Mecthilde lui dit seulement qu'il falloit y
penser , & recommander cette affaire à Dieu.
Sur ces entrefaites la Marquise de Beauves qui se sentoîc
depuis long tems portée à faire honorer le saint Sacrement,
vint trouver la Mere Mecthilde , qu'elle connoissoit depuis
qu'elle avoit demeuré à saint Maur , & pour laquelle elle
avoit une estime singulière : elle lui offrit un écu parmoissi
elle vouloir entreprendre quelque chose de considérable pour
la gloire de cet adorable Mystère. Cette proposition qui au-
roit paru à toute autre ridicule , à regarder les choses humai
nement, vû que cette Dame étoit fort riche, St n'avoie point
d'enfans , fut reçuë favorablement par la Mere Mecthilde
du saint Sacrement > parce qu'elle n'y voioit rien qui la tirâc
Quatrième Pa rt i e, Ch ap. XLVII. 3751
de cet état de pauvreté , d'abandon & d'anéantissement ou ^*sll2lt0~
elle étoit reduite , & qui faisoit toute sa félicités & comme dictin«"
elie n'avoit pas moins de dcíìr de faire honorer ce divin My- "^q*00"
stère fi elle en avoit eu le moïen j elle proposa à cette Dame *n*tTvrt
l'adoration perpétuelle > mais elle lui réprésenta en même s a cri^'
tems que le nombre de Religieuses qu'elle avoit pour lors MiNr*
avec elle , n etoit pas suffisant pour remplir cette fonction.
Cette Dame pressée intérieurement par un secret mouve
ment de la grâce de Dieu ( qui vouloit accomplir ce à quoi
il avoit destiné Mccthilde dès fa plus tendre jeunesse ) re
vint quelques jours après la trouver , pour lui dire que fi
cette affaire pouvoit réussir , elle lui promettoit dix mille li
vres , & tous les ornemens d'Eglise. La Comtesse de Châ-
teauvieux aïant sçu ces propositions ,refolut d'y joindre les
sommes qu'elle avoit destinées pour l'Hospice qu'elle pré-
tendoit faire pour retenir en France la Mere Mecthilde. La
Marquise de Sessac & Madame Mangot promirent auíîï une
somme considérable en faveur de cet établissement. Comme
Ja Comtesse de Châteauvieux y étoit la plus intéressée, elle
se chargea de toutes les poursuites > mais la difficulté fut d'y
faire consentir la Mere Mecthilde , qui ne pouvoit se résou
dre à sortir de cet état de pauvreté,qui faisoi: toute sa gloire.
Son humilité d'ailleurs y trouvoit de grandes oppositions , se
trouvant indigne & incapable d'une si grande entreprise }
mais l'autorité d'un Evêque, qui en la confessant lui com
manda de n'y point résister, fit qu'elle acquiesça à ce qu'on
demandoit d'elles en sorte que le Contrat de fondation fut
passé le 14. Août 1651.
Si on eut de la peine à obtenir son consentement, on en eut
encore plus à obtenir celui des Puissances , fans lequei on ne
pouvoit faire cet établissement. La Reine Anne d'Autriche ,
qui étoit alors Regente pendant la minorité du Roi , ne vou
loit point l'accorder , fur le peu d'apparence qu'il y avoir,
d'établir de nouvelles Maisons dans un tems où les anciennes-
périssoient. Le Duc ^e Verneuil Henri de Bourbon, Evêque
de Mets, qui avoit toute Jurisdiction spirituelle dans le faux-
bourg saint Germain , comme Abbé de saint Germain de*
Prez , avoit été prié par sa Majesté de ne point permettre de
pareils établi ssemens tant que la guerre dureroitrainsiil fallut
attendre un tems plus favorable.
Bbbij
380 Histoire des Ordres Religieux ,
Le feu de la euerre s'allumoit de plus en plus dans le
b, ne R oïaume , plusieurs villes reru soient de íe soumettre a lo-
»tCL,!ADo be'issance de Loiiis X I V. 6c la Reine fa mere , pour détour-
kat on ner les maux dont la France étoit affligée, eut recours à Dieu
ï'RouU& par des prières & des vœux réitérés- 11 y avoit dans la Pa-
s*cu- roisse de saint Sulpice à Paris un vertueux Ecclésiastique ,
nomme M. Picotte , quon regardoit comme un grand Servi
teur de Dieu. La Reine voulut l'engager à faire tel vœu
qu'il jugeroit à propos pour appaifer la colère de Dieu , &
promit de l'accomplir. La Cour étoit pou r lors à Poitiers. La
Comtesse de Brienne fut chargée par ordre de la Reine de
venir trouver pour cet effet ce Serviteur de Dieu , qui s'é-
tant mis en oraison , supplia le Seigneur avec beaucoup de
ferveur de lui faire connoître ce qui lui seroit le plus agréa-»
ble> 8c dans le fort de son oraison, il se sentit inspiré de
voiierpourla Reine,qu'eHeétabliroitune Maison Religieuse,
consacrée au culte perpétuel du saint Sacrement, en répara
tion des outrages qu'il avoit reçus pendant la guer/e ; & ce
qui est digne de remarque , c'est que cet Ecclésiastique n'a-
voit aucune connoissance du dessein qui avoit été projette
d'un pareil établissement. II y a de Fapparence que ce vœu
fut agréable à Dieu : car la ville de Paris s'étant soumise au
Roi au mois d'O&obre de la même année , les autres suivi
rent son exemple.
M. Picotté aïant eu avis de rétablissement projetté , per
suada à la Reine , lorsqu'elle fut de retour à Paris , d'appli
quer son vœu à ce même établissement. Cette Princesse en,
écrivit au mois de Décembre à l'Evêquede Mets,pour avoir
son consentement. II témoigna vouloir obéir à ses ordres :
mais aïant renvoie cette affaire à examiner au Prieur de saint
Germain des Prez son Grand- Vicaire . il ne trouva pas la
fondation assez forte: ce qui retarda ce consentement d'un
an & quelques mois.
La Comtesse de Châteauvieux voïant tant de difficultés
dans l'execution de son dessein , en conçut tant de chagrin ,
quelle tomba dangereusement malade, Sedans le fort de soa
mal , elle s'oublioit elle-même , pour ne songer qu'à cet éta
blissement. Un jour qu'on la crut plus en danger , 8c qu'on
désefperoit entièrement de sa guérison , elle profita de cette
pecasion pour prier son mari de lui permettre d'augmenter
Quatrième Partie, Chap. XLVII. 381
les sommes qu'elle y avoic déja données, en disant qu'elle REllG1IBr-
vouloit encore raire ce bien pour le repos de loname. Comme dictinf»
le Comce de Châteauvieux ne cessoit de demander à Dieu la "t'qJ?*"
guérison de son épouse, il y consentit volontiers,dans l'espe- mn-nn*
rance que l'aumône,jointe aux prieres,lui feroient plus facile- sIckxI
ment accorder cette grâce. Lorsque la Comtesse eut obtenu *»ïnt.
ce consentement , elle n'eut pas un moment de repos que le
Contrat ne fût passé: ce qui fit un si grand changement dans
fa santé , que dès ce moment elle commença à se mieux
porter.
L'Evêque de Metz répondit enfin favorablement à la Re
quête qui luiavoit été présentée , & cela de son propre mou
vement , lans en être sollicité : car cette affaire avoit été né
gligée depuis la maladie de la Comtesse de Châteauvieux»
11 consentit à cet établissement le 5). Mars 1653. & peu de
jours après la Mere Mecthilde obtint du Prieur de saint
Germain- des- Prez non seulement la permiífion de conserver
dans son Monastère le saint Sacrement , mais de l'exposerle
15. Mars jour de l'Annonciation de la sainte Vierge , ce qui
étoit comme une espece de prise de possession. Ces Religieu
ses disposèrent leur Chapelle le mieux qu'il leur fut possible,
la Messe fut chantée solemnellement , le soir on fit le salut, &
on mit ensuite le saint Sacrement dans le Tabernacle. On
commença dès ce jour- là à faire la réparation , mais pour
l'adoration perpétuelle jour & nuit , elle ne commença que
Tannée suivante.
L 'éclat que fit cet établissement par le titre de Fondation
Roïale insérée dans les Lettres Patentes qui furent accordées
par la Reint,où elle étoit nommée comme première Fonda
trice , fut cause que les aumônes cessèrent toutes en même
tems,& ces belles apparences qui faisoient envier le bonheur
de la Mere Mecthilde & de ses Religieuses , ne servirent au
contraire qu'à leur faire souffrir une véritable pauvreté , ne
jouissant pas encore des avantages qui leur avoient été pro
mis par le Contrat de fondation. La Mere Mecthilde étoit
contente d'avoir recouvré la vertu qu'elle cherissoit si fort.
Elle mit tout en usage pour en ôcer la connoissance aux
Dames Fondatrices qui s'étoient engagées à tous ces avanta-
Î;es stipulés par le Contract : mais s'en étant apperçuës, elles
uien firent reproche 8c y mirent ordre dans la fuite.
Bbb iij
382 Histoire des Ordres Religieux ,
Reugiíu- *-a Croix ne fut posée sur la porte du Monastère , que le
sts Bine- h. Mars 1654. La Reine voulut honorer cette cérémonie de
dkT'adu- fa présence en qualité de principale Fondatrice , & lorsque
ration cette Princesse euc fait poser la croix , elle se rendit dans la
l £ du s Chapelle où elle donna un rare exemple de fa vertu & de fa
ibMT* *" dévotion envers le saint Sacrement prenant le flambeau à la
main pour faire réparation des outrages commis contre cet
Auguste Mystère. Ainsi cette Princesse mit ces Religieuses
en état d'exécuter son vœu par son autorité & par son exem
ple j cardes lors elles commencèrent d'avoir l'exposition du
îaint Sacrement tous les Jeudis , comme un privilège atta
ché à cet Institut. La Mere Mecthilde commença aussi dès
ce jour là avec cinq Religieuses qui formoient fa Commu
nauté à chanter les louanges de Dieu & à faire l'adoration
perpétuelle jour & nuit , remplissant avec une ferveur admi
rable ,une fonction à laquelle une Communauté nombreuse
auroit à peine suffi. Cette digne Supérieure prenoit pour
elle les heures les plus incommodes , c'étoit ordinairement
depuis minuit jusqu'à quatre heures du matin , y compre
nant les Matines que l'on disoit pour lors à deux heures,
fans compter les autres heures du jour qu'elle emploïoit à cet
exercice , ne sortant du Sanctuaire qu'autant que la nécessité
ou les devoirs de fa Charge l'y obligeoient. Voici les prati
ques qu'elle établit dès le commencement de cet Institut &
qui s'observent encore à présent dans tous les Monastères de
cette Congrégation.
La première & principale pratique , est une obligation de
• vœu indispensable , de rendre une adoration perpétuelle au
saint Sacrement de l'Autel par une présence assidue devant
cet Auguste Mystère en réparation de toutes les irrévéren
ces commises contre ce gage adorable de nôtre redemtion:
chaque Religieuse y fait son adoration tous les jours selon
l 'heure qui lui est échue: & comme cette adoration doit être
perpétuelle & fans interruption , elle est réglée de telle forte,
que le saint Sacrement n'est jamais fans hommage ni le jour
ni la nuit. Les Religieuses se succèdent les unes aux autres»
Tous les mois on tire les heures par billets , & selon que la
Communauté est nombreuse, les adorations font multipliées
à chaque heure.
Outre cette adoration perpétuelle , la réparation est ea
Quatrième Partie , Chap. XLVII. 383
core une des principales obligations de cet Institut elle se 'Rílioiew-
fait en la manière íuivante. Tous les jours une Religieuse "ctinm'"
vientàla fin de l'Officeí qui précède la Messe Conventuelle) DE L'A0°-
1 1 Ration
se mettre au milieu du Chœur où il y a une torche allumée pìkpetufl
posée sur un gros chandelier de bois que l'on nomme le po- c°" s
teau.EUe met à son col une grosse corde, & prenant la torche ment.
en main , elle demeure dans cette humble posture durant la
sainte Messe.faisant amende honorable à la Majesté de Dieu
outragée par les crimes de tant d'impies & humiliée dans le
saint Sacrement. Au tems de la Communion , elle quitte la
torche & la corde , & va communier , la Communion do
ce jour étant d'une obligation indispensable. La réparatrice
va de même au Réfectoire la corde au col & la torche à la
main comme une criminelle , marchant la derniere de toutes
les Sœurs, & s'étantmise à genoux au milieu du Réfectoire
dans une humiliation profonde , elle dit tout haut à la pre
mière pause de la lecture : Loué & adorésoit à jamais lesaint
Sacrement de í Autel. Mes très cheresSceurs-,fouvenez. vous que
noussommes vouées kDieu en qualité de victimes pour réparer
les outrages & profanations qui se font incessamment du très
saintsacrement de ï Autelse demande humblement lesecours de
vos prières pour -m en acquitter commeje dois. Elle retourne en
suite auChœur & ne prend sa réfection qu'à la seconde table:
elle demeure ce jour- là en retraite jusqu'à Vêpres pour ho
norer la solitude & la pénitence du íìls de Dieu.
Tous les jours après la Messe Conventuelle , celle qui est
en semaine pour faire l'Offíce Divin , se met à genoux au
poteau , où aïant la torche en main & la corde au col , elle
prononce tout haut un acte d'adoration composé par la Mere
Mecthilde , pendant lequel toutes les Sœurs font prosternés
contre terre. A toutes les heures tant du jour que de la nuit,
on sonne cinq coups de la plus grosse cloche pour avertir
celles qui doivent venir au Chœur & pour faire souvenir
toutes les autres du bienfait inestimable renfermé dans la
divine Eucharistie : & tant celle qui les sonne que celles qui
les entendent,disent en esprit d'adoration : Louésoit le très
saint Sacrement de r Autel k jamais. Elles ont à tous momens
ces paroles à la bouche , c'est pour ainsi dire leur mot du
guet , soit en sabordant lorsqu'elles ont quelque chose à se
demander les unes aux autres , ou quand elles frappent à h
3?4 Histoire des Ordres Religieux,
RïLtoin'. porte des cellules ou des Offices. C'est leur première faluta-
*es Bi Nr- tjon ^ans les Lettres , aux grilles , aux tours, ou quand elles
de l'ado- parlent aux personnes du dehors. Ce font les premières
krpÉtuil Quelles prononcent en s'éveillant 8c les dernieres avant que
n du s. de s'endormir- Toutes les heures de l' Office Divin commen-
utNr.E" cent aussi 8c se terminent par ces paroles qu'on prononce en
Latin, & l'on observe la même chose à la fin des grâces 8c au
commencement des Conférences communes après le repas.
Chaque Religieuse porte devant soi sur le scapulaire ou sur
le grand habit d'Eglise une figure du saint Sacrement de
cuivre doré , faite cn forme de soleil sur le pied de laquelle
sont gravées aussi ces paroles: Lo'ùé soit le s.imt Sacrement de
V Autel a jamais , aulli bien que fur une bague qu'on leur
donne à la profession.
Tous les Jeudis de Tannée par une obligation indispensa
ble de Tlnstitut , le saint Sacrement est exposé pendant tout
le jour dansl'Eglise du Monastère Ce memejourla Com
munion est générale, 5c les Sœurs s'abstiennent du travail ma
nuel depuis Texposition jusqu'après le salut. Il n'y a point
non plus de Conférences communes après le dîner ni aux au
tres jours d'exposition afin que les Sœurs se rendentplus as
sidues en fa présence , d'où elles ne sortent que pour pren Ire
leur réfection 8c lorsque la nécessité les en retire. L'on célè
bre la Fête du saint Sacrement 8c son Octave avec plus de
solemnité qu'on peut , &tous les premiers Jeudis de chaque
mois , hors le tems Paschal , elles en font TOffice double fous
le titre de réparation des outrages 8c des profanations com
mises contre le très saint Sacrement.
Tous les ans le jour de PAnnonciationde la sainte Vierge
8c pendant son Octave , la Communauté fait amende hono
rable pendant la "Messe pour réparer toutes lesneg igences 8c
les fautes qu'elles ont commises contre le saint Sacrement
pendant toute Tannée , ficelles communient en mémoire 8c en
action degraces de Tétablissement de TInstitut qui prit nais
sance à pareil jour Tan 16^3. Lorsqu'il arrive ou qu'on ap
prend quelque profanation extraordinaire , outre les péni
tences que chacune s'impose en particulier avec permission ,
la Prieure ordonne des réparations 8c amendes publiques 8c
générales , des processions la corde au col 8c le cierge en
main , avec d'autres actions de pénitence. Au tems de l'ago-
nie
Quatrieme Partii, Chap. XLVII. 385
nie d'une Religieuse,laPrieure fait assembler laCommunauté ntLU
IGIIU-
à l' Infirmerie, & toutes les Sœurs étant à genoux, font y» Bene-
amende honorable en la manière accoutumée, pour réparer de l'ado-
les fautes de l'agonisante > & s'il íe peut on lui met ausli une
corde au col , & à la main un cierge beni. Outre la dévotion l s d u s.
au saint Sacrement , qui est Pessentiel de cet Institut , ìl en a
aussi une très particulière envers la sainte Vierge, que les
Religieuses regardent comme leur Mere & leur Protectrice,
& qu'elles honorent en cette qualité par différentes pratiques
de dévotion.
Après rétablissement de cet Institut , contre lequel on s'é
leva , plusieurs personnes de pieté se déclarèrent aussi contre
la Fondatrice 3 & lezele indiscret de quelques-unes alla fi
loin , que de faire des informations de fa vie. On traitoit son
Institut de ridicule, n'étant pas possible que des filles qui
étoienten fi petit nombre, pussent être nuit & jour devant le
saint Sacrement , principalement dans les faisons les plus ri-
foureufes de l'année. D'autres , fans avoir aucun droit , ni
tre envoies par les personnes qui avoient autorité fur cette
vertueuse Supérieure, venoient l'interroger sur les raisons
qui l'avoient portée à entreprendre ce grand ouvrage, & les
interrogations ne se terminoient ordinairement que par des
réprimandes humiliantes, la traitant de témeraire,de superbe
& d'ambitieuse. Elle souffrit tous ces reproches avec une
douceur & une patience admirable. Elle auroit pu se dispen
ser d'aller subir ces rigoureux examens , étant autorisée du
Roi & de ses Supérieurs: mais elle s'estimoit si heureuse de
participer aux humiliations & aux souffrances de Jefus-
Christ , & de pouvoir lui témoigner par ces petites mortifi
cations fa fidélité à son service, qu'elle fit vœu de ne se plain
dre jamais , & de ne se point justifier de tout ce qu'on pour-
roit lui imposer , & dont on pourroit Paccuser.
Quoiqu'elle fût sujette à beaucoup d'infirmités qui la ré-
duifoient quelquefois dans de grandes foiblesses, elle ne laif-
soit pas de suivre les Observances communes , comme si elle
eût été en parfaite santé. II falloit que la maladie fût bien
▼iolente pour la retenir au lit. Elleenaeu très souvent dont
elle n'a été guérie que par miracle,comme il arriva l'an 1 6 55;.
que cette sainte Fondatrice aïant depuis quelques jours une
fièvre continue avec des redoublemens , son mal cessa en u»
Tome FI. Ccc
386 Histoire des Ordres Religieux,
R.ïu«ii¥- instant , &elle se vit en état de pratiquer avec les autres les
L*^,?-?.1" Observances. L'an 1661. les veilles , les jeûnes , les mortifi-
de i'ado- cations , & autres austérités , 1 avoient réduite dans une telle
pfw-'iTuit extrémité , qu'elle en pensa mourir. On chercha tous les
le d u s moïens pour la guérir , & par une obéissance aveugle elle se
ment. soumit à ce que les Médecins ordonnèrent pour le recouvre
ment de fa santé. Elle fut quatre mois dans les remedesjmais
inutilement. Comme on fongeoit à lui en faire prendre d'au
tres , elle pria instamment qu'avant que de les éprouver on
lui permît de faire une retraite , en disant qu'il ne lui pouvoic
arriver que d'être mieux , ou plus mal , ou de rester dans le
même état. Que fi elle étoit mieux , elle la feroit plus longue
qu'à l'ordinaire > que si elle étoit au même état , elle ne la fe
roit que de dix jours i & qiie si elle étoit plus mal,elle la quit-
teroit pour rentrer dans les remèdes. La Communauté aïant
consenti à ce qu'elle vouloit , elle entra en retraite le 21. No
vembre, & la ht plus longue qu'à ion ordinaire,c' est- à-dire,
qu'elle y trouva du soulagement à ses maux ■> & quand elle
fut finie, les Religieuses furent agréablement surprises de la
voir dans un embonpoint merveilleux : un teint frais ôc ver
meil avoit pris la place de la pâleur de la mort qu'elle avoit
v fur son visagej& cependant pendant le tems de cette retraite,
elle avoit pris fort peu de nourriture. Enfin elle fut telle
ment changée , qu'elle se vit en état de soutenir les fatigues
de plusieurs nouveaux écablissemens , qu'elle eut la consola
tion de faire avec tout le succès possible , étant secondée en
cela par la pieté de plusieurs Evêques , qui souhaitant d'a
voir de ces Religieuses dans leurs Diocèses, en parlèrent à la
Fondatrice > mais elle ne put d'abord satisfaire le zele de tous
ceux qui lui en demandoient,faute de sujets : car quoique fa
Communauté fût beaucoup augmentée, il auroit fallu un
grand nombre de Religieuses pour soutenir l'adoration per
pétuelle dans tous les lieux où. on les demandoit. Elle aima
mieux n'avoir pas tant de maisons , &c les établir solidement
dans les pratiques de son Institut. Entre plusieurs villes qui
furent proposées , celle de Toul fut préférée. La Mere Me-
ctilde partit de Paris le 14. Septembre 1664. avec quelques
Religieuses j la Comtesse de Châteauvieux voulut les ac
compagner dans ce voïage. Quoiqu'on les eût souhaité avec
empressement , elles eurent néanmoins de grandes contradi
Quatrième Partie , Chap. XLVII. 387
ctions à eìïuïer. C'étoit à qui les insukeroit , la populace ne Religteu
parloit d'elles qu'avec mépris jmais dans la suice ces mépris Sc "^f^
ces rebucs se changèrent en des louanges 8c des éloges qu'on n* «."ado
donna à leur vertu. La Croix fut plantée fur la porte de leur perpItiLl
nouveau Monastère le jour de la Fête de l' Immaculée Con- £E D u s
ception de la sainte Vierge , & la Mere Mecthilde aiant mis min t.
ordre à ce qui étoit nécessaire pour le soutien de cette fonda
tion , s'en retourna à Paris,où à peine fut-elle arrivée qu'elle
fut sollicité par les Religieuses de RamberviUiers d'aller éta
blir son Institut dans leur Monastère , afin qu'il n'y eût plus
de différence entre le Monastère de Paris & le leur,qui etoit
celui où elle avoit fait profession.
Comme quelques anciennes avoient fait paroître d'abord
de la répugnance pour recevoir l 'adoration perpétuelle , elle
voulut éprouver leur persévérance pendant plusieurs mois :
c'est pourquoi elle y resta jusqu'au mois d'Avril 1666.
L'Evêque de Toul ne lui donna pas seulement la permis-!-
sion d'agréger cette Maison à son Institut, mais il consen
tit encore qu'elle reçût les autres Maisons Religieuses de
l'Ordre de saint Benoît de son Diocêlequi voudroient auíïi
l'embrasser : ce qui l'obligea à rester encore deux ans dans
ce païs.
Elle revint à Paris au mois de Mai de Tannée i66S- Scelle
fut obligée presque aussi- tôt de s'en retourner en Lorraine,
pour mettre l'Adoration perpétuelle dans l'Abbaïe de Nô
tre- Dame de la Consolation de Nancy. C'est un point es
sentiel de l'Institut , de n'admettre jamais d'Abbesse ni de
Supérieure perpétuelle dans aucune Maison 5 n'étant pas „ .
même permis à aucune Religieuse de cet Ordre d'accepter
ni Abbaïes ni Prieurés perpétuels. C'est pourquoi avant que
d'agréger l'Abbaïe de Nanci à l'Institut , la Mere Mecthil
de obtint du Papeôc du Duc de Lorraine Charles IV. l'ex-
tinction du titre Abbatial de cette Maison.
Madame la Duchesse d'Orleans,Marguerite de Lorraine,
comme Exécutrice du Testament de la Princesse Catherine
de Lorraine fa tante , qui avoit fondé cette Abbaïe , se trou-
voit chargée de pourvoir à la subsistance des Religieuses
qui y demeuroient , &de les secourir dans leurs besoins. II
y avoit plusieurs années que cette Princesse avoit formé le
dessein de fonder un Monastère de l'Institut de J'Adoration
Ccc ij
388 Histoire des Ordres Religieux,-
Rïlimiv- perpétuelle dans Nancy , ville de fa naissance ; mais parce
bktxni**" clue ^tat de ^es affaires ne lui permetcok pas d'exécuter ce
se l ado- dessein pendant fa vie, elle avoir fait une donation à la Mere
pirpïÎoïi. Mecthilde de la íomme de dix mille écus païable après fa
ii ou s. mort Cette Princesse voïant l'union qui avoic été proposée
uxht.*~ de cette Abbaïe à l' institut, consentit que cette somme y fùt
appliquée : ce qui fut accepté par nôtre Fondatrice , qui par
cet accord fe trouva chargée des dettes & de l'entretien des
Religieuses de Nancy •• ce qui ne servit qu'à augmenter fes
peines & ses croix : car,comme nous lavons déja dit,ces dix
mille écus n'étoient païables qu'après la mort de la Duchesse
d'Orléans. Elle partit de Paris au mois de Décembre 1668.
& arriva à Nancy au mois de Février de Tannée suivante.
Le Duc de Lorraine secondant les pieuses intentions de la
Duchesse d'Orléans fa sœur , donna tous fes foins, & se ser
vit de son autorité pour faire réussir cette union. L'Adora-
tion perpétuelle fut établie dans cette Abbaïe , qui quitta en
même tems ce titre pour laisser la liberté d'élire une Prieure
tous les trois ans.
Cet Institut se multiplia encore dix ans après cette union,
par rétablissement d'un nouveau Monastère dans la ville de
Rouen: il s'en fit un seconda Paris en 1680. Celui de Caën,
dont nous avons parlé, & où la Mere Mecthilde avoit été Su-
perieure,embrassa l'étroite Observance de la Règle de saint
Benoît,& renonça à la mitigation pour recevoir aussi l'Insti-
tiit qui y fut établi l'an 1685. La Reine de Pologne Marie
Casimire épouse de Jean III. fit venir de ces Religieuses
l'an 1687. pour établir cet Institut dans son Roïaume,& les
plaça dans la ville de Varsovie. L'an 1688. la Princesse de
Mekelbourg Dame de Châtillonau Diocêsede Sens, y fon
da un autre Monastère de cet Institut, & vers l'an 1655. ^on
proposa de faire un nouvel établissement dans la ville de
Dreux au Diocèse de Chartres 5 mais plusieurs difficultés
le firent différer jusqu'en Tannée 1700. ainsi la Mere Mec
thilde n'eut pas la consolation de voir ce dernier achevé :
mais c'est beaucoup que de son vivant elle ait fait elle mê
me neuf établissemens. II ne lui restoit après tant de travaux
Î>our lagloire de Dieu , tant de soumissions à ses ordres,dans
es croix , dans les peines , & dans les persécutions qui lui
avoient été sufcitées,après la patience extraordinaire avec la-
Quatrième Partie, Chap. XLVIÏ. 389
quelle el e avoit enduré les maladies dont elle avoit été affli- Riugieu-
gée pendant presque toute sa vie , & enfin après la pratique ÒÍctinm*"
de toutes sortes de vertus , que d'en aller recevoir la récom- l'abo-
pense dans le Ciel j c'est ce qui arriva le 6. Avril 1658 étant "uVnun
morte dans son premier Monastère de Paris , à 1 âge de 83. £ f D " *•
ans & six jours- Son corps futmis dans un cercueil de plomb, Minx,
& fut enterré dans la Chapelle de sai t Joseph qu'elle avoit
choisi , pour l'un des protecteurs de son Ordre.
Les Religieuses de ce Monastère ont pris foin de recueil
lir les Mémoires de fa vie qu'elles prétendenc donnerau pu
blic : l'on y verra des choses merveilleuses touchant ses com
munications avec Dieu & les grâces particulières qu'elle en
a reçues. Je ne les ai pas rapportées pour ne pas nVéloigner
des bornes que je me fuis prescrites , ce qui fait que j'ai aussi
passé fous silence toutes les mortifications & les austérités
quelle a exercées fur ion corps , auflì bien que quelques
miracles qui ont été faits après fa mort & que l'on veira am
plement décrits dans fa vie.
Cet Institut a fait du progrès après la mort de la Fonda
trice. Les Religieuses Bénédictines de Baycux ont pris aussi
la Réforme & T'adoracion perpétuelle , dont elles firent pro
fession le 10. Septembre 170 1. la Reine de Pologne qui avoit
déja établi ces Religieuses à Varsovie, s'étant retirée à Rome
après la mort du Roi son époux , y fit venir quelques-unes
de ces Religieuses l'an 170Z. dans le dessein de les y établir,
le Pape Clément XI. avoit promis de contribuer à leur éta
blissement dans cette Capitale de l'Univers, mais les tremble-
mens déterre qui arrivèrent dans l'Etat Ecclésiastique pres
que dans le même tems,& qui renversèrent plusieurs villes
& villages & réduisirent un infinité de peuples de la campa
gne dans une grande misère qui fut augmentée par les trou
pes Allemandes qui entrèrent fur les terres de l'Eglife où
elles commirent beaucoup de désordres , obligèrent ce Pon
tife à de grandes dépenses tant pour le soulagement des pau
vres que pour l'entretien des troupes qu'il fut obligé de lever
pour fa propre défense , ce qui le mit hors d'état de contri
buer à la fondation d'un Monastère que la Reine de Pologne
nepouvoit faire feule ,ne recevant pas ses revenus de Polo
gne à cause des guerres civiles qui regnoient dans ce Roïau-
me. Ainsi ces Religieuses revinrent en France l'an 1708.
Ccc iij
3$o Histoire des Ordres Religieux,
RHiiom-- Les Constitutions de cet Ordre qui avoient été dressées
bictimm*" Par ^a MereMecthilde furent premièrement approuvées auslì
pu Val- bien que l'Institut l'an 1668. par le Cardinal de Vendôme
dosne. Legat en France. Le Pape Innocent XI. les confirma l'an
1676. & Clément XI. les a de nouveau approuvées par un
Bref du 1. Avril 1705. à la sollicitation de la Reine de Polo
gne. Ces Religieuses observent la Règle de saint Benoît dans
toute fa rigueur , & font vœu de l'adoration perpétuelle du
saint Sacrement. Leur habillement consiste en un voile noir,
une robe &. un scapulaire de la même couleur,sur lequel sca
pulaire il y a un petit soleil de cuivre doré qui y est attaché
avec un ruban noindans les cérémonies Ecclésiastiques elles
ont une coule noir fur laquelle est pareillement attachée la
représentation du saint Sacrement qu'elles ont auslì pour
Armes.
Mémoires communiqués far la Mere de Jésus & Mademoi
selle de Bienville nièces de la Fondatrice.
| Chapitre XLVIII.
tion suivante.
Rcligione Ludovici XIV. Franc. Régis & liberalitate no-
hilis & pr& humilitate incognito, soemin&^cujus nome» in catlis
scriptum ejl '> super deslrufta Calvimstarum Synagoga , Tem-
plum hoc Chrijto sacrum sub invocatione B. Marne , & S Ro-
berti /tdificatum ejl. ihi Chrijtus dominatur in medio inimico~
rum juorum , & à sanctis Monialibus Prioratus Fallifonis ,
Ord. S. Benedifti in Campania nuper hue tranjlatis ysub Pric-
rijfa D. Henriea de Chauvirey , perpetuo adoratur. Lud. Ant.
Card. de Noaillesytitul. S. Mari* super Minervam , Arch.
FarifienfisyDux S. Clodoaldi, Par FrancidyRegis Ordinis S.
Spiritus Commendator, hanc in sundamento primam petram
bentdixit & posuit diesexta menjis Augujìi ijoi. On trouva
en fouillant les fondemens une autre pierre fur laquelle
étoient gravés ces mots : Par la grâce de Dieu , & la bonne
volonté du Roi Louis XI71. ce Temple a été bâti pour la seconde
fois le zyjuin 1613. loùe^l' Eternel. Après que l'Eglifeeut
été achevée , elle fut bénite par le même Prélat, qui y dit la
première Messe la seconde Fête de la Pentecôte le x$. Mal
1703. & on admira comme une Providence de Dieu parti
culière , que sans y avoir pensé , cette cérémonie se rencon-
troit le jour auquel on lit à la Messe l'Evangile tiré du 10*
Chapitre de saint Jean , où Jesus-Christ proposant la para
bole du bon Pasteur , avertit ses Disciples de se précaution
ner contre les faux Pasteurs, dont il leur découvre la malice
& les impostures. Les Religieuses ne commencèrent pas dès
lors l'adoration perpétuelle du très saint Sacrement. Elle fut
différée jusqu'au Jeudi Saint de l'année suivante 1704. &
elle a été continuée jusqu'à présent avec beaucoup de fer
veur & de dévotion : en sorte qu'à toutes les heures tant du
jour que de la nuit , il y a toujours une Religieuse devant
le saint Sacrement.
Ces Religieuses , comme nous avons dit , sont de l' Ordre
de saint Benoît > mais elles ne suivent la Règle de ce Saint
qu'avec des mitigations. Elles mangent.de la viande trois
fois la semaine > portent des chemises de toile, ne se relèvent
point
QuatriemePartie, Chap. XLIX. 35)3
point la nuit pour dire Matines , fic.par la translation qui a Rwoi»»»
été faite du Prieuré de Valdosne ( dont elles ont retenu le "Yns' re-
nom ) à Charenton , elles font dans l'obligation indifpenfa- fokmi's i>*
ble de l'adoration perpétuelle du très saint Sacrement. Leur £RRtcI'
habillement est semblable à celui des autres Bénédictines, Sc
elles ont fur la poitrine, comme celles dont nous avons parlé
dans le Chapitre précédent, la figure du saint Sacrement en
forme de Soleil de cuivre doré.
Mémoires communiqués parla Rcvercnâe Mcrc Chauvircy
de saint Benoit.
Chapitre XLIX.
Fendant le Carême.
Chapitre L.
1
408 Histoire des Ordres Religieux,
Chanoi Visiteurs marquenc auísi que ce fut vers lan 1515. que Te
RfMSiKEDE Dames de Remiremont quittèrent le nom de Religieuses
mont. pour prendre celui de Chanoinesses : il paroîc néanmoins par
plusieurs titres qu'on leur a encore donné ce nom plusieurs
années après, entr autres par un Acte Capkulaire du douze
Septembre 1566. qui décharge Pierre Peltrement de Besan
çon de ce qu'il a géré & administré pour ks Dames Reli- •
gieuses de Remiremont , Sc ratifie ce qu'il a fait auprès de fa
Majesté Impériale , Etats & Princes de l'Empire, au nom de
ces Dames pour procurer le bien de leur Eglise contre les
entreprises du Duc de Lorraine- Enfin quoique ces Visi
teurs Apostoliques disent que dans les trois differens Etats,
la Règle de saint Benoît a toujours été observée dans cette
Abbaïe : celle de saint Colomban y sut néanmoins pratiquée,
au rapport de Jonas, qui a écrit la Vie de saint Eustase ,
Abbe de Luxeu. Elle fut jointe dans la fuite à celle de faine
Benoît 3 & enfin peu de tems après , la Règle de ce saint Pa
triarche des Moines d'Occident prévalut fur celle de faine
Colomban , & y fut observée seule , comme nous avons déja
dit.
Utd.» 17. Les Dames de Remiremont ne peuvent pas disconvenir
qu'elles n'aïent eu autrefois une Regle,puisque par un Acte
signé de l' Abbesse, qui gouvernoit ce Monastère l'an 1131-
de la Doïenne , de la Trésoriere , & de tout le Couvent d«
Remiremont, elles déclarent qp> attendu la désolation , les in
jures , & les oppressions qu'on leur fait de toutes parts , elles
s'obligent en tant que leur permet leur Règle ,que fi aucun Duc,
■ou Avoué leur porte à l' avenir aucun dommage , injure ,ou
grief , il n obtiendra jamais pardon de leur Eglise , qu'il n'ait
rejlitué toutes les p.rij'es qu'il aura faites fur elles ou fur leurs
gens »ou ne leur ait aligné un fonds en dédommagement >■ ce
qu elles promettent par ferment d' observer^
Cette Règle étoit celle de saint Benoît, puisque les Sou
verains Pontites & les Empereurs dans les Privilèges qu'ils
©nt accordés à cette Maison,l'ont toujours reconnue comme
étant de l'Ordre de saint Benoît. Les Dames mêmes de Re
miremont n'ont point rougi autrefois d'être Filles dece Sainr.
C'est ainsi qu'elles se qualifient dans un. Acte de l'an 1186'»
©à la Doïenne , 6c les autres Dames voulant établir un tré-
Jor commun , parknt en cette nianiere : Nos Alaydis,dic~îa de
Maroj»
>
Quatrième Partie , Chat. LT. 409
Maroyo De caria , totusque Conventus Monafierii Romaricen- Chanot-
sts Ordinis S. Benedtcti. Dans un Acte passé l'année suivante, ££7»*?*
elles se servent des mêmes termes , aussi bien que dans plu- mont.
íìeurs autres où ces Dames promettent fous la foi de leur
Religion , c'est à- dire de leurs vœux , de garder inviolable
ment ie Traité qu'elles fai soient par ces Actes.
Mais ce qui prouve encore qu'elles ont été Religieuses de
l'Ordre de saint Benoît ; c'est un Acte passé le 25. Novem
bre 1403. devant le grand portail du château de Dinevire ,
par lequel Nobles Demoiselles Waubrune de Bl am ont , âgée de '*»i.ir;jia
quinze ans au plus , & Jeanne fa Joeur,âgée de quatorze ans
au plus , hors de toute tutelle <& mainbournie , par plusieurs
bonnes ejr raisonnables causes ypar bonne ér pure dcvotion,ont
résolu de se retirer & entrer en Religion, & y vivre selon les
Règle <jr Discipline de saint Benoît au Monastère des Dames
Religieuses , Abbesse & Chapitre de Remiremont , & en leur
Congregation & Compagnie, du consentement du Seigneur de
Blamont leur pere présent , renonçant au profit de leurs autres
frères & soeurs à tous les biens & héritages quelconques qui
pourraient leur ccheoir,à la réserve de quinze livrées de terre,
de vingt gros par livrée , pour chacune d'elles pendant leur
vie ì ce qu elles déclarent en présence du Seigneur de Blamont
leur pere , de 7hierri d ' Augevillers , Abbé de Marmounfier ,
Ceoffroi Abbé de (aint Sauveur de Vosges autres. Et le Roi
de France Charles VII. en prenant sous fa protection cette
Abbaïe par ses Lettres Patentes du mois d'Octobre de l'an
1444. déclare que cefi k cause que l' Eglise de Remiremont
ejltres belle & notable de grande auciennetè & fondation ,
bien & loúablement desservie de grande quantité de Religieux
ses , toutes extraites de noble lignage de Chevalerie qui yfont
instituées de toute ancienneté.
11 est certain que la propriété qui s'étoit introduite parmi
ces Religieuses , a beaucoup contribué au relâchementj mais
les guerres ont entièrement banni la Régularité de leur Mo
nastère. C'est ce qui se voit par les Lettres de Jean , fils du)
Roi de Jérusalem , Duc de Lorraine & de Bar , du 19. Juin
1448. adressées au Maréchal de Lorraine, & aux Baillis de
Nancy , de Vosge & de Bassigni , ausquels il fait sçavoir que
les Dames Religieuses , Abbesse, Doïenne , & tout le Cha
pitre de Remiremont lui ont représenté qu'elles avoient été
4-îo Histoire des OudhesRelioieux,
Chamon fondées au nombre de quatre-vingt , toutes de noble extra-
Rimir\-DE ction, faisant le service continuel , & quelles avoient été re-
jmont. duites à soixante par les oppressions & les grandes guerres :
Íiu 'elles avoient coutume a avoir leurs Prébendes pour leur
ubsistance >& qu'elles se sont maintenues ainsi , en faisane
leur devoir assez long-tems , étant paisibles, tant fous la pro
tection du Duc Charles son aïeul , que de ses prédécesseurs.
Mais que depuis environ seize ans , à l'occasion des guerres
survenues aux païs voisins , elles étoient réduites à une si
grande pauvreté,qu'elles n 'étoient plus que dix- sept Dames,
qui avoient même peine à vivre, & queparneceffité & indi
gence, l' Abbesse & la plus grande partie de ses Religieuses
étoient obligées de se retirer & d'abandonner leur Eglise, &
que celles qui restoient scroient aussi obligées de quitter dans
peu , s'il n'y étoit pourvu. C'est pourquoi ce Prince ordonna
à ses Officiers de faire signifier & publier à toutes personnes
& par tous les lieux où il seroit besoin , qu'il prenoit les
Dames de Remiremont en fa Sauvegarde, & qu'il défendoit
?u'on leur fît aucun dommage , ou qu'on usât de voie de
ait à l'encontre d'elles , de leurs gens, de leurs sujets,de leurs
Terres & de leurs Seigneuries. Ainsi il y a bien de l'appa-
rence que ces Dames qui s'étant retirées chez leurs parens,
y vivoient en Seculieres,se font accoutumées à cette manière
de vie , qu'elles ont trouvée plus douce que celle qu'elles
pratiquoient auparavant , & qui étoit conforme à la Règle
de saint Benoît.
lbii En effet ce doit être à peu près dans ce tems- là ou peu d'an»
layette , nées après qu'elles donnèrent le titre de Collégiale à leur
d'Épi»*i , Eglife)puisque l'on voit par un Actepassé le u. Juillet 1 466.
14 * que les Dames Chanoinesses d'Epinal avoient aussi donné le
même titre à leur Eglise , & renoncé à la qualité de Filles de
S. Benoît : ce qu'elles n'ont fait selon toutes les apparences,
qu'à l'imitation de celles de Remiremont , qui, quoiqu'elles
eussent donné le titre de Collégiale à leur Eglise , ne renon
cèrent pas d'abord à la qualité de Religieuses j puisque dans
le serment que le même Duc de Lorraine prêta à l'Eglise de
Remiremont le 17. Mai 1465. pour la garde de cette Eglise
& de la ville , elles y font qualifiées de Nobles & Religieuses
Dames } & qu'en 1 508. Mathie de Grancey se qualifiant de
Religieuse de Remiremont , présenta Requête a René Roi
I
Quatrième Partie , Chap. LI. 411
de Sicile & Duc de Lorraine,pour être maintenue en la pos- Chanoi-
seísion de l'Offiede Souriere: elles envoïerent une Lettre £*",s D'
missive en forme de Requête , au nom de rAbbesse,des Reli- mont. *
gieuses & du Chapitre de Remiremont à Messieurs du Con
seil du Parlement de Dol , étant pour lors à Nancy , pour le
prier d'empêcher le Capitaine de Fauconier de molester les
gens du Valdajo : il y a des Lettres passées fous le ícel de
l'Eglise de Remiremont le 16- Décembre 1 51 1. par lesquelles
les Dames Alix de Choifeul & Religieuses de Remiremont
présentèrent au Duc de Lorraine Renaut Droiiin pour être
confirmé dans l'Office de Forestier de leurs bois : enfin il
paroît par plusieurs autres titres , qu'elles prenoient dans ce
tems-là la qualité de Religieuses.
II est resté quelques anciennes peintures dans l'Eglise de
Remiremont qui font connoître qu'elles étoient ancienne
ment Religieules , & cela par la forme de leur habit , qui
consistoit en une robe ou tunique & manteau de couleur gris
blanc: elles avoient aussi une guimpe &: un voile blanc , à
l'exception de l' Abbesse qui avoit un voile noir,avec un bord
blanc de la largeur d'un doigt , & leur manteau étoit doublé
de fourures blanches. C'elt ainsi que quelques-unes font
représentées dans une vitre de la Chapelle de saint Michel
dans cette Eglise , & dans un tableau qui esta une des Cha
pelles de la nef, à côté de la porte du Choeur. Elles ont
conservé un reste de cet habit jusqu'à présent , en ce que la
barbette ( c'est ainsi que les Dames de Remiremont appel
lent un petit morceau de quintin qu'elles mettent devant elles
le jour de leur apprébandement)leur est donnée à leur réce
ption , comme une marque apparemment qu'elles ont été au
trefois Religieuses ; puisque ce morceau de linge est une
espece de guimpe. Et tous les Dimanches il y a une de ces
Dames qui communiant pour les besoins spirituels & tempo
rels de leur Abbaïe , est obligée de porter cette barbette. On
appelle cette cérémonie le beau Sire Dieu } & toutes les au
tres Dames vont faire à celle qui a cette barbette , une civi
lité à fa place , pendant la lecture du Martyrologe.
Les Vicaires Apostoliques qui furent commis par le Pape L,ttn *"
ÍT A Ut. " C II V .S P Mabil-
>our visiter cette Abbaie.rurent tellement convaincus qu el- ion i H„ jt
es avoient été Religieuses de l'Ordre de saint Benoît , qu'ils
veulurent que la mémoire de ce Saint fût conservée dans les ^wJ?*"
Fff ij
4it Histoire des Ordres Religieux,
Chamoi divins Offices > aussi-bien que de saint Romane & de saine
ÌlÊmVÌi- * Amé. Ce fut pour lors qu'ils accordèrent aux Chanoinesses
mont. de quitter le Bréviaire Monastique qui avoit été en usage
dans cette Maison jusqu'alors , & leur permirent de se servir
du Bréviaire Romain>& persuadés que de toute antiquité la
Règle de saint Benoît avoit été gardée en cette Abbaïe , ils
ordonnèrent que l'Abbesse continuëroit à faire profession
suivant la forme qui lui seroit prescrite par le Pape , & que
les cinq premières Officières feroient des vœux simples.
L' Abbesse est élue par tout le Chapitre. Elle a la qualité
de Princesse de l'Empire , honneur qui fut accordé aux Ab
besses de cette Maison > à la prière de Thibaut Duc de Lor
raine lan 1307. par l'Empereur Albert I. qui en revêtit
Clémence de Wiseler, pour lors Abbesse,à laquelle il envoïa
des Lettres d'Investiture de ses Droits Régaliens. Dans ce
tems là les Abbesses de Remiremont étoient obligées après
leur éleclion de prêter serment de fidélité aux Empereurs, &C
de recevoir d'eux l'Investiturepour l'administration de leur
temporel ou Droits Régaliens , pour raison de quoi elles
étoient obligées de leur donner soixante & cinq marcs d'ar
gent , comme il paroîc par les Lettres de l'Empereur Rodol-
phedel'an 1250. Henri Roi des Romains lan i3io.donnaà
Thibaut Duc de Lorraine & à ses successeurs, en augmen
tation de Fiefs , le pouvoir de conférer ces Droits Régaliens
aux Abbesses de Remiremont : ce qui fut confirmé par Jean
Roi de Bohême, Comte de Luxembourg l'an 1344. Cepen
dant Henriette Damoncourt les reçut en 1415- de l'Empe
reur Sigismond > & Isabelle de Mangeville l'an 1441. des
mains de Jacques Archevêque de Trêves , qui en avoit reçu
Commission de l'Empereur Frideric III.
La seconde Dignité du Chapitre de Remiremont est la
Doïenne,qui se fait aussi par éleclion. Elle juge en seconde
instance tous les différends des habitans de la ville de Remi
remont , lorsqu'ils appellent pardevant elle des jugemens
rendus par la Justice ordinaire de la ville j & s'il y a aussi ap
pel de ses Sentences , la connoissance en appartient à l'Ab
besse. La Doïenne a droit d'assembler le Chapitre,lorsqu'elle
en a reçu Tordre de l'Abbesse. Elle reçoit les Lettres 6c les
Requêtes qui font adressées au Chapitre , prononce les Dé
libérations qui y ont été prises , & les fait IçaYoir à l'Ecolâ-,
Quatrième Partie, Chap. LT. 415
ire de l'Egliîe , qui est Secrétaire ordinaire du Chapitre. Chanoi-
La troisième dignité' est celle de la Secrette ainsi nomme'e N*ss£' D *
«ar corruption , au lieu de Sacristine qui est son véritable mont.
nom. Elle se fait auífi par élection. Son emploi est de pour
voir à la décoration des Autels &. à Pornement de l'Eglise.
Son pouvoir s'étend sur tout ce qui regarde l'Eglise & sur les
Sacristains mêmes , qui dépendent d'elle. Elle possédé en
cette qualité plusieurs Juridictions temporelles, & a la colla
tion de quelques Bénéfices. L' Abbesse & les deux Chanoi
nesses , qui font revêtues de ces dignités de Doïenne & de
Secrette, font distinguées des autres en ce qu'elks seules
ont droit de porter une elpece de linge qu'elles appellent
vre chef , quoiqu'elles ne le mettent pas fur leurs têtes j U
s'attache seulement derrière la tête & les deux bouts viennent
joindre la petite barbette , qui leur couvre le sein en manière
de guimpe , puis elles mettent fur leurs têtes deux grandes
coëffes , l'une de tafetas , dont les deux bouts se nouent fur
la barbette & la cachent en partie, & l'autre de gaze ou cres-
pe. qui pend par derrière : le couvre chef n'est que de la
hauteur de la personne, tombant par derrière jusqu'à terre,
& est couvert d'une gaze noire.
Après la Secrette, fuit la Souriereou Celeriere, qui joùit
de plusieurs droits & jurifdictions temporelles qu'elle possè
de , auísi-bien que quelques Seigneuries par indivis avec
l' Abbesse. Elle est pour cet effet tenue par forme de recon-
noissanceau Chapitre,de distribuer à toutes les Dames Cha
noinesses à certains jours de Tannée , de Thuile , du vin ôc
autres choses semblables.
L'aumôniere tient le cinquième rang. Elle jouit de plu
sieurs revenus qui font affectés à fa dignité , mais qui lui
imposent aussi de grandes charges : car elle est obligée de
faire plusieurs distributions considérables à tous les pau
vres qui se présentent indifféremment pendant le tems du
Carême & en plusieurs jours de Tannée. Elle est chargée
de la visite de l'Hôpital. Elle a droit de présenter au Cha
pitre, un Prédicateur pour le tems de TA vent seulement , &
s'il est agréé , elle le doit loger pendant ce tems- là.
Outre ces cinq dignités qui se font par élection , il y en
a d'autres qui font à la disposition & nomination de TAb-
besse ou en son absence de la Doïenne , telles que font les
F ft iij
414 Histoire des Ordr.es Religieux,
Chanoi deux petites Aumônières , deux Boursières , une Censiere»
rÎm^re-01 Trésoriere,Maûresse de la Fabrique, quatre grandes Chan-
mont. tres & la Lettrierequi est encore un terme corrompu , 8C
dont i'office est de lire les lettres & requestes qui sont pré
sentées au Chapitre par la Doyenne ou fa Lieutenante.
11 y a encore des Demi- Prebendieres qui ont certaines
Messes d'obligation à faire acquitter , & font chargées aux
Fêtes doubles & autres jours de Tannée de chanter le
Kyrie eleison , les Répons & Proses des Méfies hautes.
Huit Prêtres Séculiers qui prennent la qualité de Cha
noines , & desservent cette Eglise . sont Conseillers de la
Doyenne lorsqu'il y a quelque procès pendant par devers
elles. Les Chanoines qu'on nomme de saint Romaric , de la
Croix , & de íaint Jean , sont distingués de ces premiers , &
ont leur service & fondations à part.
11 y a outre cela d'autres Officiers qui sont nommés par
P Abbesse & le Chapitre , dont il y en a quatre plus consi
dérables que les autres , qui sont le grand Prévôt , le grandi
Chancelier, le petit Chancelier , & le Sourier, qui doivent
être des Seigneurs qualifiés & avoir fait preuves de leur
Noblesse , de même que les Dames Chanoinesses. Leur of
fice est de représenter le corps du Chapitre en Padministra-
tion des hautes justices dépendantes de cette Eglise. Ils sont
tenus à certaines redevances &. distributions aux Dames ,
par forme de reconnoissance , de trois en trois ans , & il»
doivent fournir le dénombrement de leurs Officiers subal
ternes.
II y a de plus un Chancelier d'Etat qui a pareillement
quelque jurifdiction » dont il jouit sous ('autorité du Cha
pitre qui a droit de le nommer. Enfin il y a deux grands 8c
petits Ministraux qui sont des offices ausquels la Souriere
ou Celleriere nomme. Leur office les oblige de faire des di
stributions aux Dames & autres personnes de l'Eglise de
certaines redevances que leur rendent des Officiers qui en
font chargés.
Çes redevances étoient autrefois considérables : car l'aa*
J403. Jean de BlamontChanoinede Toul,aïant été pourvu;
de POffice de Prévôt de l'Abbaïe de Remiremont par T Ab
besse & les Religieuses , & n'étant pas en état de soutenir les
frais & dépenses à quoi cet office l'obligeoit, Henri de Bkh
QiTATîiTiMË Partie , Chap. LT. 4^
mont son pere s'obligea le z?. Juillet de la même année par Cninou
Acte passé par devant deuxNotaires Apostoliques de la Cour r"
de Toul , de païer & satisfaire à tous les droits dûs à ce Mo- «ont.
nastere par ledit Jean de Blamont son fils , tant qu'il exer-
ceroit l'office de Prévôt , sçavoiraux Dames tous les jours ,
depuis la Purification de la Vierge jusqu'à la saint Martin
suivant , un bon muid de vin blanc mesure ordinaire , ou
vingt sols pour chaque muid s'il excédoit cette somme , si
mieux n'aimoit païer en deux païemens , quatre cens bons
florins d'or moins quatre ou dix (ois toulois pour florin > dé
plus au jour de Noël , un bœuf gras & vingt sols toulois
pour les offrandes de l' Abbesse > à la Doïenne le même jour,
un cochon & cinq sols ; au jour de la Circoncision vingt
quartes de vin & neuf distributions de grands pains j au
jour de la Purification un grand muid de vin 5 le Dimanche
des Bures trente quartes de vin avec du pain j le Jeudi Saint
demi muid de vin avec des dragées , & cinquante sols six
deniers pour les pâtés , & le jour de Noël un muid de vin
pour la Sauvagire, outre plusieurs distributions de vin , de
pains& d'argent à plusieurs Officiers de l'Eglise qui sont spé
cifiés dans cet Acte. Ce qui fait voir que ces offices dé
voient avoir des revenus considérables , puisqu'ils étoient
chargés de si groííes redevances , & que les revenus des
Dames étoient encore plus considérables.
En effet dès les premiers siécles de la fondation de Remi-
remont , outre plusieurs beaux droits dont cette Abbaïe
joiiissoit , elle possedoit jusqu'à trente deux Prevostés , tant
enLorraine qu'en Bourgogne & en d'autresProvinces. Il est
parlé de ces trente deuxPrevôtés dans les Lettres de l'Empe-
reur Henri I V. del'an 1070. fur lesquelles Prévôtés se dé
voient prendre les redevances deuës à l'Empereur , lorsqu'il
se trouvoit dans les Villes de Metz & de Toul , & que l'Ab-
besse de Remiremont alloit demander justice à ce Prince.
Lesquelles redevances consistoient en quatre vingts muids
de froment , quatre cens muids d'avoine , dont il y enavoit
cent muids pour les chevaux de l' Abbesse , soixante cochons
gras , vingt vaches , quatre bubons gras , quatre verras ,
quatre cens poulies , sept muids de la boisson des sœurs , du
poisson &. du fromage à proportion , douze livres de poi
vre , douze tables de cire , sept chartées de vin & d'autres
4*6 Histoire des Ordres Religieux;
Ckanoi choies > mais il y a de l'apparence que le muid de grains
r"ms,£r£.de n étoit pas si considérable en ce tems- là qu'il Test à pré-
mont. sent. II est aussi fait mention dans ces Lettres d'un che
val blanc csue cette Abbaïe devoit toutes les années bissexti
les au saint Siège, mais l'an 1489. ce cheval fut changé
& commué en vingt florins d'or païables tous les quatre
ans , après que Gratian de Villeneuve Nonce Apostolique
eut reconnu que l'Abbaïe de Remiremont depuis fa fonda-
tion avoit beaucoup souffert , & que ces revenus écoient di
minués des deux tiers. Les guerres & les usurpations des
Ducs de Lorraine y avoient beaucoup contribué , & si ces
Princes ont fait quelques restitutions de tems en tems * les
dommages qu'ils avoient causés étoient plus considérables.
En izio. Ferry ou Frédéric I. fit un accord avec les Dames'
de cette Abbaïe , par lequel il demeura quitte de tous les
dommages qu'il avoit causés à cette Abbaïe. En my Ma
thieu II. quitta à la même Abbaïe pour les torts qu'il lui
avoit faits , l'Epervier qu'il avoit accoûtumé de prendre en
la vallée d'air- Ferri II. s'obligea de païer en 1155. une som
me de six cens livres toulois pour les usurpations qui avoient
été faites par la Duchesse Catherine la mere. Ce même
Prince par ses Lettres de l'an 1 194.. déclare que , nonobstant
les promesses faites à cette Abbaïe, il n'avoit pas laissé de
lui prendre des biens jusqu'à la valeur de deux mille livres,
pour raison dequoi il avoit été excommunié, & ses terres
mises en interdit par l' Evêque de Toul, à la jurisdiction
duquel s etant soumis , & voulant satisfaire à tous les dom
mages qu'il avoit causés à cette Abbaïe , il cède aux Dames
certains droits qu'il avoit aux bans de Champs,d'Irches Sc
autres lieux.
Ces Princes n'avoient aucun droit en ce tems-Ià d'éxiger
aucuns deniers des terres & des personnes dépendantes de
l' Abbaïe de Remiremont > mais ils étoient tenus de conser
ver leurs franchises , leurs droits & libertés , fous peine d'ex
communication & d'encourir les censures de l'Eglife ( aus-
quelles ils se soûmettoient ) s'ils ne reparoient les dommages
qu'ils pou voient avoir faits,comme le reconnoissent les Ducs
Thibaut I. & Ferri II. par leurs Lettres des années 1119. &
1155. De plus, par les sermens qu'ils prétoientà cette Abbaïe,
ils reconnoissoient qu'ils étoient Tcables de ce Monastère , 6c
qu'ils
■
Quatrième Partie , Chap. LT. 417
qu'ils étoient tenus d'aller tous les ans à Remiremont pour y Chamoi-
porter en la procession solemnelle qui se faisoit le jour de la remiIuT*
fête de la division des Apôtres , les Corps saints de l'Eglise M0MT* '
de Remiremont.
JL'on trouve encore plusieurs Actes de ces Sermens que
les Ducs de Lorraine prétoient à l'Abbaïe de Remiremont,
entre autres celui du Duc Charles Premier , passé l'an 1351.
pardevant deux* Notaires Impériaux de la Cour de Toul,
portant que le 5. Novembre environ heure de Tierce en la «
ville de Remiremont , arriva M. Charles Duc de Lorraine -
avec tres noble Chevalerie & compagnie de Chevaliers & «
Ecuïers , & qu'au lieu dit la Franche fterre , trouva Nobles «
& Religieuses Dames , Madame Jeanne d'Aigremont Ab- »
besse, Cunegonde d'Oricourt Doyenne,Jeanne de Choiseul «
Sourriere, Isabelle de Rouci aumônière , Blanche de Mos- «
tant petite aumônière, Agnèsde Mont-Censiere, Catherine"
de Blamont, Jeanne de Conférai , Isabelle de Chauvirey, & "
Béatrix de Vallefaut , toutes quatre Chantres , avec autres "
personnes de ladite Eglise , poifr recevoir le serment que Je- "
voit faire le Duc pour la garde de l'Eglise & de la ville de "
Remiremont j lequel Duc voulant faire son devoir , écant à "
genoux , fit son ferment en présence de tout son baronage, "
iur les saints Evangiles, qu'il scroit feable au Monastère & à "
l'Eglise de Remiremont , & à toutes les personnes dédiées à "
iceìle : qu'il garderoit ôc défendrait tous ses sujets , & gar- "
deroit leurs franchises & libertés , & les bourgeois & habi- "
tans de la ville. Reconnut encore qu'il étoit tenu tous les ans "
de porter en la procession solemnelle le jour de la division des " \
Apôtres les corps saints de l'Eglise- de Remiremont , ainsi "
qu'il est contenu aux anciennes Chartes de ses prédécesseurs "
qu'il confirma & ratifia : puis le Duc étant à l'entrée de la "
grande porte de l'Eglise, fit le second serment de la même"
manière , & ensuice devant le grand Autel il fit !e troisième "
serment, le tout en présence de M. Ferride Lorraine son"
frère , Nobles Jacques d'Amance Maréchal de Lorraine, *
Jean de Parroye Sénéchal , Liebaut du Chatelet, Bailly de "
Nancy , Jean Seigneur de Ville, Ancel de Darnieules , Guy "
de Haroiié , Warry de Savigny , Henri d'Ogivillers & au>- "
tres personnes. « •
Mais les choses ont bien changé dans la fuite des tems.-
Tome FI. G gg
418 Histoire desOkdres Religieux ,
Chanoi- Les Ducs de Lorraine ont prétendu avoir droit de fouve-
Kímike- raineté dans la ville de Remiremont , à quoi les Dames se
mont. £OQt opposées detems en tems. Charles II. Duc de Lor
raine aïant voulu contraindre l'Abbesse & ses Chanoinesses
de contribuer aux subventions & aides du Clergé de Lor
raine , elles refusèrent de païer , & obtinrent des sauve
gardes des Empereurs Ferdinand I. & Maximilien II. &
hrent mettre les armes de l'Empire fur la porte de leur Egli
se. Le Duc de Lorraine les fit ôter , envoïa chez elles des
gens de guerre , & fit saisir tous leurs revenus. Ce qui les
obligea à reconnoître ce Prince pour leur Souverain le 1 3.
Juillet 1566. & il leur accorda des Lettres de pardon des
poursuites qu'elles avoient faites vers fa Majesté Impériale
& les Etats de l'Empire , pour se soustraire de la souverai
neté des Ducs de Lorraine.
Ces Chanoinesses font au nombre de soixante-douze.
La pratique qu'elles ont pour se perpétuer les prébendes ,
est qu'elles ont droit de présenter des Demoiselles nobles
qu'elles adoptent pour nièces , afin deservir & faire l'Office
avec elles dans cette Eglise & maintenir entre elles une suc
cession légitime. La Dame Chanoinesse qui veut présenter
une Demoiselle , la propose au Chapitre , elle y expose la
Noblesse de ses parens > & si les preuves étant faites , on
juge à propos de la recevoir , & qu'elle soit en effet re
çue par le Chapitre , quinze jours aprés la Dame Chanoi
nesse la peut nommer & adopter pour nièce } & cette nièce
est censée du Corps de l'Eglise, & succède à la prébende de
celle qui Pa nommée , âpres fa mort , ou lorsqu'elle quitte
cette Eglise poúr se marier.- II y a quelques cérémonies par
ticulières à la réception de ces sortes de nièces , comme de
leur donner à manger un morceau de biscuit trempé dans du
vin , &c.
Le plus ancien mémoire où il est parlé de ces nièces dans
les anciens Actes & Registres de Remiremont , c'est à l'oc-
casion de l'élection de Catherine de Neuf Chastel pour
Abbesse , l'an 1474. car dans la supplique addressée au
Pape Sixce IV. pour ce sujet, les Dames & les nièces di
sent qu'elles représentent la plus faine , & la plus grande
partie de la Communauté d« Monastère de saint Pierre
île Remiremont , Ordre de saint Benoît.
Quatrième Partie , Chap. LI. 415
Nous finirons ce qui regarde la fondation des Dames de Chanol
Remiremont , en rapportant les paroles que M. Adam Pertz ^^g.1"
Evêque de Tripoli, l'un des Visiteurs Apostoliques, a in- «ont.
serés dans les Actes de cette visite, qui font , qu'elles ne doi
vent nullement rougir, ni avoir honte de reconnoître qu'elles
ont été de toute antiquité Religieuses de l'Ordrede saint Be
noît : de même que , selon le Pere Mabillon , pas une d'entr'el- Lttrre du
les ne rougiroit f oint fi l'on difoit qu'elle fut extraite d'une £jn ^nn^dt
plus grande , & plus illujlre lignée quelle n'est > d'autant que ftmmittm*
Us accidens humains font tels , qu'il n'y a rien de perdurable d>M^'mim
fous le ciel.
Ces Dames font habillées au Chœur comme les Séculie-
res,elles ont seulement un grand manteau noir doublé d'her
mine , à queue traînante de deux ou trois aunes. Elles ne
peuvent pas porter des étoffes de couleur éclatante i mais
bien modeste , comme le noir , le brun , le blanc , & des ru
bans de même > & elles fonttoûjours habillées de noir à
l'Eglife. Entre les redevances qui fontduës à ces Dames, il
y en a une qui est assez particulière » c'est que tous les ans le
Lundi de la Pentecôte , le village de saint Maurice situé au
f>ied de la montagne du Balon,Pune des montagnes de Vofge,
eur donne de la neige : on met cette neige dans deux mor
ceaux d'écorce d'arbre au Chœur , l'un devant le siège de
l' Abbesse, l'autre devant celui de la Doïenne si le village
de saint Maurice manque à donner cette neige , il est obligé
de donner deux bœufs blancs.
Joann. Mabillon S&cul. Beneditf. i. Annal. Ord. S. Bened.
Tom. 1. & Lettre à un défes amis , touchant l'Abbaïe de Re
miremont. Antoine Yepes , Chroniq. générales de ÏOrdre
de saint Benoît Tome II. Bulteau , Histoire de l' Ordre de saint
Benoît Tome I. Inventaires des Titres de Lorraine au iicjor
des Chartres du Roi^ér Mémoires manuscrits»
4»0 HXST-OIHE DESOn.DR.ES RELIGIEUX »
Chakoi- .
NISJI1 D'E.
,tmAi' Ç.HAFITB.1 L I I.
Chapitre LILI'.
♦
rA\i6 Histoire des Oadres Religieux,
Chanoi- chevêque de Cologne leur permit de porter à Vilike pour
rVlVJJì* lui donner la sépulture. Ce Monastère a été brûlé deux foisj
*r Vilike. la première dans la guerre que Gebhard Tructzess ( qui
quitta l' Archevêché de Cologne pour épouser une Reli
gieuse de la Maison de Mansfeld ) déclara fur la fin du sei
zième siécle à Ernest de Bavière , & à l'Electorat de Colo -
gne i & la seconde fois par les Suédois , lorsqu'ils vinrent en
Allemagne avec leur Roi Gustave- Adolphe Pan 1630. II
fut réparé par l' Abbesse Amène- Marguerite de Burscheidt,
qui obtint des Chanoines Réguliers de Budingen , des Reli
ques de sainte Adelde , parce que le pillage & le feu n'a-
voient pas épargné celles qui y étoient avant fa destru
ction, quoique l' Eglise de la Paroisse, à laquelle le Mo
nastère étoit joint,soit toujours restée dans son entier. II n'y
a dans cette Abbaïe que douze Chanoinesses, outre l'Ab-
besse , qui,à l'exemple de pluíìeurs autres , ont renoncé aux
voeux solemnels, & peuvent se marier. II y a encore cinq
Chanoines , dont l'un fait l'Oínce de Curé , &. sept Chape
lains. Aux environs de Vilike Ton trouve aussi un Chapitre
de Chanoinesses, & un autre proche la ville de Bonne,íepa-
rée seulement de Vilike par le Rhein. Quand ces Chanoi
nesses vont au Chœur, elles ont par dessus leurs robes des
aubes qui leur vont jusqu'à mi-jambe , & par dessus ces au.
bes de longs manteaux noirs,elles ont fur leur tête une efpece
de coëffe de nuit, sous laquelle leurs cheveux flottent fur de
longues fraises- Elles ne peuvent sortir du Monastère sans la
fiermission de l' Abbesse } mais dans laMaifon,elles vivent &
ont vêtues en Séculières. Le Chapitre des Chanoinesses de
Nôtre- Dame du Capitole, est plus considérable que les au
tres dont nous venons de parler. Il y a deux nefs dans leur
Eglise, dans l'une desquelles ces Chanoinesses font l'Ofrìce,
& dans l'autre des Chanoines qui dépendent d'elles : à cer
tains jours de l'année les Chanoinesses vont au Chœur des
Chanoines,où étant les uns d'un côté,& les autres de l'autre,
ils psalmodient ensemble. L' Eglise de sainte Ursule dans
la même ville , est aussi une Collégiale de Chanoinesses , qui
ont aussi des Chanoines. L'Eglife n'est pas grande , mais elle
est considérable par legrand nombre de Reliques qui y font.
Joan. Mabill. Annal. Ord, S. Bened. Tom. J. & IV. Bolland.
jící. SS. Tom. I. Febmarii ad ditm 5. in Vit. S. Adhdatd »
i
QUATMEMB PàRÏIEjChAP.LÎIÏ. 417
Herman Stangefol , Annal. Circttl. Wejlphal ■> ÔC Audifret, Chanon
Geografh. Tom. JJI. f l.ndIvt?
L'opinion la plus commune touchant l'origine du Mona
stère de Lindaw, situé dans la ville qui porte ce nom,en une
ifle du lac de Constance , est que le Comte Albert, Maire du
Palais de Charlemagne,en a écé le Fondateur , avec ses frè
res Mangold 5c Udalric : & on croit que la réputation que
les Religieuses Bénédictines qui y furent établies s'attirèrent,
fut si grande , que l'on bâtit autour du Monastère la ville
que l'on voit présentement , qui est devenuë si considérable,
qu'elle a été mise au rang des villes Impériales. Ceux qui
íont de ce sentiment, Pappuïent sur d'anciennes peintures ,
8c fur une ancienne Charte de Louis le Débonnaire , que
quelques-uns prétendent être de son fils, Louis Roi de Ger
manie. Les ; Religieuses de Lindaw, qui dans la fuite des
tems se sont sécularisées , 8c ont pris le nom de Chanoinesses,
ont prétendu fur la fin du dernier siécle , en vertu de cette
Charte de l'Empereur Loiiis le Débonnaire , rentrer dans la
Souveraineté de cette ville , 8c soumettre les habitans à leur
obéissance , dont ils s'étoient soustraits : mais ils s'y font op
posés , & il n'y a pas lieu de s'en étonner , puifqu'aïant re
noncé à la foi de leurs Pères pour embrasser les erreurs de
Luther , & s'étant soustraits de 1 obéissance qu'ils dévoient à
l'Eglife Romaine , ils ne veulent point se soumettre à la do
mination de ces Chanoinesses , qui font Catholiques. Le P.
Mabillon , dans le deuxième Tome de fes Annales Bénédi
ctines , parle des écrits qui ont été donnés de part & d'autre,,
pour combattre ou défendre cette Charte de l'Empereur
Loiiis le Débonnaire : il apporte aussi son sentiment ; le pro
cès entre les Chanoinesses 8c les habitans de Lindaw n'etoit
pas encore terminé en 1705.
II est certain que la ville de Lindaw a été sujette à PAb-
besse pendant quelque tems. Elle appartint ensuite aux Ducs
de Suabe , & fut enfin reçue au rang des Villes Impériales,
Elle obtint plusieurs Privilèges , principalement celui débat
tre monnoïe. Les Chanoinesses ont été autrefois très puis
santes , l' Abbesse devint non seulement Princesse de l'Em-
pire i mais elle avoit encore son Maire du Palais , qui demeu-
roit à Vasserbourg , & il marchoit ordinairement en si grand
équipage , qu'elle fut contrainte d'ordonner qu'il ne vien-
Hhh ij
'4*8 Histoire des Ordres Religieux.
Chano:- droit à Lindaw qu'avec douze chevaux. Lorsque l'Abbessc
Und"v?"E íortoit du Monastère pour quelque cérémonie , l'on portoic
toûjours devant elle une épée nue. Elle a retenu jusqu'à
présent le droit d'envoïer des Députés aux Etats de l'Empire,
étant comprise dans le Cercle de Suabe j & dans íe tems de
guerre elle doit fournir pour son contingent cinq fantassins.
Cette Abbaïe par un privilège spécial des Empereurs , serc
d'azile aux Criminels- L'an 1685). l'Empereur Leopold I.
nomma quatre Seigneurs Allemans pour conservateurs de
cette Abbaïe , & pour en défendre les droits , dont l'un des
principaux est que l' Abbesse nouvellement élue peutdélivrer
un Criminel condamné à mort. Ce Chapitre n'est composé
que de l' Abbesse & de quatre Chanoinesses , qui font obli
gées de faire preuve de noblesse de trois races. Elles font
vêtues aussi en Séculières 5 & lorsqu'elles font à l'Eglife elles
ont un grand manteau noir doublé d'hermine.
Joan. Mabill. Annal. OrcL. S. Bened.Tom.II. Gafpar Brufch.
Chronolog. Aíonafier. German. Thomas Corneille , Diclion.
Géographique. & Francise. Petr. Suevia Ecclesiajlica.
Chanoi- Les Chanoinesses de Buchaw font plus considérables que
Buchayv. celles de Lindaw , par rapport à la Noblesse j leur Abbesse
est aussi Princesse de l'Empire , & envoie austì des Députés
aux Etats de l'Empire , étant pareillement comprise dans le
Cercle de Suabe. L' Abbaïe de Buchaw fut fondée fur la fin
du neuvième siécle par Adelinde , siile d'Hildebrand Duc
de Suabe, & sœur de la Reine Hildegarde. Elle fit cette
fondation pour le salut de lame d'Othon Comte de Kessel-
bourg son époux , & de trois de ses fils qui furent tués dans
une bataille contre les Hongrois. L'on portoit aussi autrefois
l'épée nuë devant l' Abbesse dans les cérémonies, &: elle
fournit pour son contingent pendant la guerre deux Cava
liers & six Fantassins. Ces Chanoinesses ne reçoivent parmi
elles que des Filles de Comtes ou Barons , & les simples De-
moiseLes ne peuvent pas prétendre aces Prébendes. II y a
de l'apparence que ces Chanoinesses ont eu autrefois la Sou
veraineté de la ville de Buchaw, & que leshabitans,comme
ceux de Lindaw , se font soustraits de leur domination. Cette
ville est Impériale , & située dans la Suabe,sur le lac Feder-
fcée, à deux heures de Biberach.
Joan. Mabill. Annal. Bened. Tom. III. Gafpar Brufch ,
Quatrième Partie , Chap. LUI. 419
Cloronolog. Monafl. German- & Audifrct, Geog. Tom. lis. Chanoi-
Les Chanoinesses de Nidermunster & d'Obermunster à "^ÎÏS:
Ratilbonne , étoient aussi autrefois Religieuses de l'Ordre de r m et m
saint Benoît. Celles d'Obermunster ou du Monastère d en- ÏÍmsti*
haut, font plus anciennes. Leur Abbaïe fut fondée par la A KArIS-
ReineHemme, femme de Louis Roi de Germanie, fils de
l'Empereur Loiiis le Débonnaire. Ce Prince à la prière de fa
femme , fit un échange de ce Monastère avec celui de Man-
fée , qu'il donna à Baturic Evêque de Ratiíbonne , comme il
paroitpar ses Lettres expédiées à Regenspurg lan 831. & U
donna ensuite celui du Haut- Munster à la femme,qui l'am-
Ïdifia, & lui assigna de gros revenus,aïant choisi ce lieu pour
a sépulture. Son fils l'Empereur Charles le Gros prit ce Mo
nastère fous fa protection l 'an 886. & entr'autres Privilèges
qu'il accorda aux Religieuses, il leur permit délire leurs
Abbesses. Les guerres lurvenuës en Allemagne aïant causé
le relâchement dans la plupart des Monastères , celui d'O
bermunster n'en fut pas exemt , les Religieuses avoient
abandonné les Observances Monastiques , & commençoient
déja à vivre en Chanoinesses , lorsque Wolfang Evêque de
Ratiíbonne, y rétablit la Discipline Régulière Pan 574. Ce
Monastère aïant été ruiné quelques années après , l'Empe
reur Henri 1 1. le fît rebâtir de fond en comble, & fit dédier
l'Eglife en fa présence l'an 1010. 11 donna aussi des terres à
ce Monastère pour l'entretien des Religieuses : ce qui fut
confirmé dans la fuite par l'Empereur Henri 1 V. Ct s Reli
gieuses se sontenfin sécularisées fous le nom de Chanoinesses.
Antoine Yepez met cette Abbaïe au nombre des Abbaïes
Princières , c'est-à-dire où l'on ne recevoit que des filles de
Princes.
L'Abbaïe de Nidermunster ou du Monastère d'en bas ,
eut pour fondatrice Judith , fille d'Arnoul le mauvais Duc
de Bavière , laquelle épousa Henri , aussi Duc de Bavière ,
frère de l'Empereur Othdh le Grand , & ce Monastère fut
dédié en l'honneur de saint Herard. L'Empereur Othon
II. à la prière de sa femme Adélaïde & de la PrinceíTe Ju- ,
dith,en augmenta les revenus. L'Evêque Wolfang y réta
blit aussi la discipline régulière , & l'Empereur Henri 1 1.
confirma l'an iooz. tous les privilèges dont joiiissoitce Mo
nastère fondé par son aïeule,& le prit fous ía protection,asin
Hhh iij
'43« Histoire dis Ordres Religieux;
^Chanoi que les Religieuses qui y étoient pussent mieux observer lâ
£'Lu"S Règle de saint Benoit. Les Abbesses de ces deux Monastè
res , sont Princesses de l'Empire & du cercle de Bavière.
Elles envoient leurs Députés aux Etats de l'Empire, & elles
fournissent chacune pour leur contingent en tems de guerre
deux cavaliers & six fantassins.
Joann. Mabillon , Annal. Ord. S. Bened. Tom. III. ejr IV.
Yepés , Chroniq. gênerai, de sord.de saint Benoit , Tom. IF.
11 y a de l'apparence que les Chanoinesses d'Essen sonc
plus considérables que celles dont nous venons de parler y
puisque leur Abbesse qui est aussi Princessede l'Empire, &
comprise dans le Cercle de Westphalie , fournit pour soo
contingent en tems de guerre deux Cavaliers & 15. fantas
sins. Elle députe aussi aux Etats de l'Empire,& son Chapitre
est composé de cinquante deux Chanoinesses ,& vingt Cha
noines. Je n'ai pu trouver l'origine de cesChanoinesses.Leur
Abbaïe est située dans la ville du même nom, que quelques-
uns mettent dans le Comté de la Marck , & d'autres dans le
Duché de Berg. Elle est fur une petite rivière qu'on nomme
aussi Ejsen , à trois milles du Rhin & de Duiíbourg , & à un
peu plus de Dorsten vers le midi. Cette ville est Impériale &
fous la protection des Ducs de Cleves.
Thom. Corneille, Diéfion. Geograph. Tom. II.
Cranoi- L'origine des Chanoinesses d'Andlaw en Alsace est plus
* a'n1 * connu£- Elles ont eu pour fondatrice, vers l'an 8 80. Richar-
DLAVT. de femme de l'Empereur Charles le Gros. Ce Prince qui
avoit l'efprit foible , conçut de la jalousie contre fa femme ,
& la soupçonna même d'adultère avec Liutward Evêque
de Verceil , qui tenoit la première place dans la faveur de
rEmpereur.il la répudia dans une Assemblée des Etats qu'il
tine en Allemagne , & jura qu'il ne l'avoit jamais touchées
quoiqu'il y eût dix ans qu'ils fussent ensemble. L'Impera-
trice voulut se purger de ce crime par un combat particulier,
ou par l'attouchement du fer chaud > mais quoiqu'elle fut
reconnu ë pour innocente , le divorce se fit > & elle entra dans
le Monastère drAndlaw qu'elle avoit fait bâtir en Alsace
vers la montagne de Vosge, où elle vêcut si saintement qu'elle
a mérité que l'Eglise lui ait déféré un culte public , Dieu
l'aïant favorisée du don des miracles pendant fa vie, & après
fa mort. Ces Chanoinesses qui font au nombre de douze,
CJiwiomesse de /zcrtizboiu^ q et
1 J r t ^
, ^ de- J \E tienne de Sfrcujbcntrçî
Quatri eme Partie, Chap. LTII. 4jr
ont été Religieuses del'Ordre de saint Benoît dans leur ori- Des Cha-
gine, II y en a encore d'autres en Allemagne que nous paf- d°i Nhom-
lons fous silence > comme peu considérables , & nous par- boum.
lerons dans la fuite decellesqui font Protestantes.
Joann. Mabill. Annal. Ord. S. Bened. Tom. III. pag. i6o.
& Gafpar Brufch » Chronolog. Monafter. Cerm.
Les Chanoinesses de Hombourg n'ont pas moins professé
la Règle de saint Benoît que les autres dont nous venons de
parler.CeMonasterefutfondé vers le milieu du septième sié
cle par Attic Duc de Germanie^ui le donna à fa fille sainte
Odille. Cc Monastère étant situe sur une montagne fort es
carpée qui en rendoit l'accès très difficile , cette Sainte en fit
bâtir un autre au £ied de la montagne , auquel on donna le
nom de Nidermunjler ou Monastère d'en bas , & elle y joi
gnit un Hôpital pour recevoir les pellerins : elle étoit auíïì
Supérieure de ce Monastère ; mais elle demeuroit ordinai
rement à celui qui étoit fur la montagne j on célèbre la
Fête de cette Sainte le 13. Décembre : ce qui a fait conjec
turer à quelques-uns qu'elle étoit morte ce jour- là , vers l'an
760. selon l'opinion de ces mêmes Ecrivains , fondés en cela
fur quelques anciens titres , où il paroît qu'elle vécut jus
qu'à I âge de 1 03. ans , & qu'elle vivoit encore l'an troisième
du règne de Pépin le Bref Roi de France:c'estceque rappor
te Jean Ruys , dans fes Antiquités de la Vofge , qui prétend
aussi que ces Religieuses vivoient fous la Règle de saint Au
gustin. Mais le Pere Dom Mabillon en réfutant un Auteur
Anonime, qui disoit que sainte Odille avoit préféré la vie
canonique à la Monastique , dit positivement qu'elle & fes
filles professaient anciennement la Règle de saint Benoît, &C
3ue cet Auteur parloit apparemment selon l'étatoù étoit
e son tems le Monastère de Hombourg, dont les Religieu
ses avoient déja quitté l' Institut de ce íaint Fondateur pour
se faire Chanoinesses Séculières. L'habillement de ces Re
ligieuses consistoit en une robbe , un manteau & un voile
noir : elles portoient anciennement leurs cheveux cordonnez
en deux tresses, qui paroissoient pardevant : dans la fuite elles
ajoutèrent Phermine à leurs manteau x,Comme on le peut voir
dans la figure suivante , qui représente une ancienne Reli
gieuse de Strasbourg , dont l'habillement est le même que
celui des Religieuses de Hombourg. .
43* Histoire des Ordres Religieux,
ïoiNEssEs ^n ne ^a*c Pas P°fil'vement k tecas auquel les Religietî-
» s in r ses de saint Etienne de Strasbourg quittèrent laliegle de laine
diTStrNaN.E Benoîtpour se faire Chanoineíles Séculières. Ce Monastère
iouko. suc fondé par Adelbert fils aîné du Duc Attic, environ dans
le même tems que celui de Hombourg. Auala fille du même
Adelbert en fut première AbbeíTe , scion quelques Auteurs:
elle y vécut saintement avec ses filles, qui dans la íuuedes
tems aïant abandonné leur premier état de Religieuses pour
se faire Chanoinesses Séculières, se laissèrent enfin séduire
par Martin Bucer , lorsqu'il commença à prêcher les er
reurs de Zuingle , vers le milieu du seizième siécle , 8t em
brassèrent l'hérefie dans laquelle elles ont perse veréjusqu'e»
l'an 1681. que cette ville s étant soumise à Loiiis XI V.
Roi de France , ce Prince dont le zele pour la Foi Catholi
que rendra la mémoire chere & respectable jusqu'à la fin
des siécles , défendit à ces.Chanoinesses de recevoir des No
vices à l'avenir , & donna leur Maiíon aux Religieuses de la
Visitation de Notre-Dame. U y en a encore quelques-unes
qui prennent toujours le titre de Chanoineíles de S. Etien
ne de Straíboug : mais elles n'ont plus d'Eglise : ce qui est
à remarquer , c'est que leur AbbcíIe,quoique héretique,étoit
instalée par l'Evêque de. Strasbourg , & qu'elle ne pouvoiô
se marier. Voilà leilr habillement qui leur étok commun avec
les Religieuses de Hombourg , commenous l'avons déja dit
ci-dessus : celles qui restent présentement , sont habillées
comme les Séculières > ainsi nous n'en donnons point de des
sein.
Joann. Mabill. Annal Bened. Tom. I. f. 490. Jean Ruysy
ant. de VoÇge. liv. 4. chap.. 8.
Chapitre L I V.
Chapitre LV.
Joan. Mabill. Annal. Bened. Tom. III. & IV. & Gaspar.
Bruschius , Chronolog. Monajler. Germ. ~
L'Abbaïe d'Herford,située dans la ville de ce nom,íur la
Quatrième Pautie , Chap. LV. 44^
rivière de Vehra dans le Comté de Ravenfbourg, á eu le Chak«t-
même fort que celle de Gandersheim. Elle fut fondée par "•hYr.Ì *
Loiiis Roi de Germanie lan 8iz. ce Prince aïant fait bâtir f,Ji">-
pour des hommes PAbbaïe de Corbie la neuve fur le mo-
delle de celle de Corbie en France , voulut aussi avoir un
Monastère de filles en Allemagne semblable à celui de Nô
tre- Dame de SoiíTons , d'où il fît venir Tette qu'il fit pre
mière Abbesse de l'Abbaïe d'Herford dont l'Eglise fut dé
diée à sainte P usine , aprés que l'on eut apporté de France en
Allemagne le Corps de cette Sainte. Ces deux Monastères en
produisirent beaucoup d'autres non seulement en Allema
gne, mais encore en d'autres Provinces. Celui d'Herford fut
premièrement ruiné par les Huns ou Hongrois lan 933. ôc
après qu'il eut été établi, il fut pillé par l'avarice de Thied-
mart , frère de Bernard Duc de Saxe 6c de Godeste qui en
étoit Abbesse : il en emporta les trésors ; mais MainVerc
Evêque de Paderborn l'aïant fait comparoîere dans un Sy
node , le condamna à restituer à ce Monastère trente talens ,
& Thiedmart ne pouvant païer une si grosse somme , céda á
ce Monastère des terres qui lui appartenoient. Cette Ab-
baïe fut rétablie dans fa première splendeur, & l'Abbesse
Godeste y renouvella les Observances Régulières que les
Religieuíes abandonnèrent au commencement du douzième
siéclcôc elles ont eu enfin le malheur de tomber dans l'Heré-
sie qu'elles embraílerent l'an 1613. n'aïant pas imité l'Abbaïe
de Corbie la neuve qui a toujours conservé la pureté de la
Foi avec les Observances Régulières fous la Règle de saint
Benoît. L'Abbesse d'Herford est Princesse de l'Empire & a
rang parmi les Prélats du cercle de Westphalie , envoïant
des Députés aux Diètes de l'Empire. Elle fournit pour son
contingent en tems de guerre six fantassins. Elle étoit autre
fois Dame d'Herford , maisl'Electeur de Brandebourg s'en
empara en 1647. comme étant de la dépendance du Comté
de Ravenfbourg.
Joan. Mabill. Annal. Orâ. S. Beneâici. Tom III. & IF. An
nal. & Monument. Padcrbon. & Annal- Wefibhal.
L'Abbaïe de Quedlimbourg située dans la ville du même Chamoi-
nomqui confine les Principautés d'Anhalt & d'Halberstad ^,"imî
avec le Comté de Blakembourg , a imité celles d'Herford BJUKG'
& de Gandersheim. Elle fut fondée l'an 5)30. par Henri
K k k iij
7
446 Hist. des Ord.Relig.Quatr.Part.Ch.LV.
Chanoi- l'Oiseleur Roi de Germanie > & Femme Maltide cn l'hon-
c^"dum- neur ^e ^nt Servais. Ils y donnèrent de grands biens & y
».oi;*<î. choiílrent leur sépulture. Cette Abbaïe dont l'Abbesse est
Princesse immédiate de l'Empire & du Cercle de la haute
Saxe , envoie des Députés aux Diètes & fournit pour son
contingent en tems de guerre un cavalier & dix fantassins.
La ville de Quedlimbourg a été long- tems libre & Impé
riale j mais l'Abbesse avec qui le Magistrat se brouilla aïanc
appellé à son secours Ernest Electeur de Saxe son frère , ce
Prince s'en rendit maître en 1477. & prit l'Abbaïe fous fa
protection. Les Electeurs de Saxe en ont été les Protecteurs
depuis ce tems-là & jouissent de la Supériorité territoriale
dans la ville & dans son territoire où l'Abbesse n'a que la
basse Justice. II y a eu plusieurs Princesses de la Mai|on,de
Saxe qui ont été Abbesses de Quedlimbourg , comme Hed-
\rige nlle de Frédéric II. dit le Pacifique Electeur de Saxe,
morte cn 15 n. Marie fille de Jean Guillaume Duc de Saxe
Weimar > morte en 16 10. Dorothée fille de Christian I.auslì
Electeur de Saxe, morte en 1617. Dorothée Sophie fillede
Frédéric Guillaume Duc de Saxe Altembourg , morte en
1645. & Anne Dorothée fille de Jean Ernest de Saxe Wei
mar qui est présentement Abbesse. La Princesse Anne- Mar
guerite de Brunswich en a été auílì Abbesse,8t cefut la Com
tesse Anne de Stolberg qui en 1 535). y fit recevoir la Confes
sion d'Auíbourg.
Chanoi- L'Abbaïe de Gerenrode dans la Principauté d' Anhalt à
g F R i n. trois lieuës de Quedlimbourg fut fondée aussi pour des Reli-
gieuses de l'Ordre de saint Benoît par le Duc Geron mort
Pan 5)65. l'Abbesse est Princesse immédiate de l'Empire & du
Cercle de la haute Saxe, fournissant pour son contingent en
tems de guerre un cavalier & six fantaffins.Elisabeth Com
tesse de "wied qui en étoit Abbesse y fit recevoir la Confes
sion d'Auíbourg en 1511. Les Princes d'Anhalt ont depuis
long-tems PAdvoiierie de cette Abbaïe dont ils païent les-
charges qu'elle doit à l'Empire.
Joan. Mabil l AnnaL Bened. Tom. III. & Audifret, Geo-
graph.Tom. IIh
1
S-IH D V SIXIEME VOLUME..
TABLE
1
DES P RI N Cl P Al ES MATIERES.
•Ckment PHI. donne permission aux Actes qui fout voir qu'elles ont í.&
Supérieurs de la Congrégation de Val- Religieuses , 408. ^> sttiv.
ladolid d'établir une Mission en An Constance fille du Roi Roger , se fait Re
gleterre , 180 ligieuse de Mont- Vierge , ni
On donne deux maisons aux Bénédi Elle est relevée de ses vœux & épouse
ctins Anglois qui commencèrent cette Henri VL lamesme.
Mission , lamesme. Contestations de l'Ordrc de Fontevraul
Les Fondateurs de ces deux Maisons , fous le gouvernement de Jeanne-Ba
la mesme. ptiste de Bourbon , toi. frsuiv.
Combat entre les Chevaliers de Calatra- Elles font terminées par ordre du Roi,
va , Sí ce qui en fut cause , 48 6c l'Abbesse est maintenue dans ses
Came (y D amien ( Saints ) Monastère de privilèges , 103
filles nobles à Venise , 314 Corps de Christ ( Congrégation du ) fa
Corne de Medicis premier Grand Duc de Fondation & son Fondateur, 104
Toscane , Fondateur de l'Ordrc Mili Pratiques des Religieux de cec Ordre ,
taire de S. Etienne, 148. fr suiv. principalement au sujet du saint Sacre
Cornez de Cacerez. , Grand-Maître de ment , da mesme.
l'Ordrc d'Alcantara , 61 Nombre 8c noms des Monastères de
Divisions de l'Ordrc de son tems ; & cette Congrégation , 104. fr suiv.
pourquoi , la mesme. Union de cet Ordre à celui du Mont-
II est tué , la mesme. Olivet , 10Í
Comtes de Hainault ,les titres qu'ils pre- Cour ( Dom Didier de la ) Restaurateur
noient autrefois , 43; de la discipline Monastique en France
11$ étoient tnis en possession du Comté & en Lorraine , 2.71
de Hainaut parl'Abbcffc des Chanoi Sa naissance 8c ses parens , la mesme.
nesses de Mons , la mesme. 11 se fait Religieux dans l'Abbaïe de
Concile de Vienne , & ce qu'il fit au su S. Vanne , vj j
jet des Templiers , 31 II reçoit la Prêtrise , la mesme.
Concile de la Province de France tenu à II va à Rome,& pourquoi, 174
Paris , 8c Sentence qu'il rendit contre II se retire dans un Ermitage , se fa.t
les Templiers , 30. fr suiv. Minime, & enfin retourne a S. Vanne,
Concile de la Province de Ravcne , &cc 174- fr suiv.
qu'il ordonna au sujet des Templiers, II est faic Prieur de saint Vanne , 8cy
3' introduit la Reforme , 175. fr suiv.
Ce qui se passa dans differens pais à II envoie de ses Religieux à Moïen-
leursu:et, U mesme. Moutier pour la réformer , 17S
Résistance de quelques-uns & leur Ces deux Monastères font érigés ea
soumission , 31. fr suiv. Congrégation , la mesme.
Condonats , ce quec'étoit , 111 Son premier Chapitre Général-, 177
Congrégation des Ecofsois différente de La Discipline Régulière est rétablie
celle des Anglois , & en quoi , i8£ dans plusieurs autres Monastères , par
Congrégations de Cardinaux établies à les foins dû Cardinal Charles de Lor
Rome au sujet de l'Abbaïe de Remi- raine , la mesme.
remont , 401 Mort de Dom Didier , 178
Leurs décisions & ordonnances , /« CraonMca de la retraite de Robert d'Ar-
mesme. b risse1 , Fondateur de Fontcvraud , 86
Cette affaire est enfin terminée , fie Croxe ( Marie de ) Abbesse du Monastère
comment, 40; de la Celle , y introduit la Réforme ,
Règle qu'elles ont observée ; 8i celles 333
qu'elles observent présentement , 405. Crucifixion , Monastère de l'Ordrc du
fr suiv. Calvaire à Paris, 367
Différents états de ce Monastère selon
le rapport des Commissaires de Paul D
V. ou on vojt la décadence de l'état
régulier, 40 S D Avis ( le Comte ) Abbé de Buon-
Tcms auquel la mense conventuelle Solafso , if
ftu divisée en Picbcadcs , 47» Dtnin , Abbaïe de Chanoinesses , soa
LU iij
TABLE
fondateur , 430 Elle est nommée à l'Abbaïe deNítre*
IDtnis ( Saint ) Abbaïe dans le Hainaut , Dame de saint Paul , la méfiât.
Division des Religieuses de cette Ab
Sa fondation & fa fondatrice , la baïe à ce sujet , la mefine.
mefine. Elle en prend possession , U mefine.
Bidace Vtlasquex. ( Dom ) & fa naissan Elle y rétablit les Observances , 317
te , Jf Elle change l'habit de ses Religieuses,
Il sollicite son Abbé à demander la ville 3»7. & fiùv.
de Calatrava , la mefine. Sa mort, 318
II est donné à l'Ordre de Cîteaux , & Estonce ( Saint Pierre d' ) Abbaïe de la
comment, 35 Congrégation de Valladolid , 141
Acte de cette donation , la mefine. Sa fondation & son Fondateur , /*
"Division de l'Ordre de Calatrava au su mefine.
jet de l'élection d'un Gránd-Maîcre , Association ou filiation de cette Ab.
48. fr suiv. baïe , avec la Cathédrale de Léon, /*
Droits de l'Abbé d'Alcobazar sor l'Ordre mefine.
de l'Aîle de saint Michel , 71 Remarque singulière à ce sujet , x4*
ér suiv.
E Esprit de Majella ( le Saint ) premier
Monastère de l'Ordre des Celcstms ,
ECcard & sa femme R ichilde , don 184.
nent le village de Perreci aux Reli Son premier nom , Sc ce qui l'a fait,
gieux du Prieuré de cc nom , Sc pour changer , /* mefine.
quoi, 393 Premier Abbé Général de ce Mona
Ancien nom de ce lieu , l* mefine. stère , & quelques-uns de ses succes
Eleuthere,Dac du Palais des François , seurs', la mefine.
Fondateur de l'Abbaïe de saint Pierre Ejfen , Abbaïe de Chanoinesses , 43e
à Metz , 413 Sa situation , le titre , & les privilèges
Premier nom de ce Monastère , l» de son Abbesse, la mejme.
mefine. Estruin , Abbaïe & Monastère Noble de
Haut-Moutier ouAÍ*rro»«fiíf,premier l'Ordre de S. Benoît , 310
nom de l'Abbaïe de saint Pierre à Tems de fa fondation , la mefine.
Metz , 413 Sa première Abbesse , la mefine.
Les Religieuses de ce Monastère tom Réforme de cette Abbaïe, la mefine.
bent dans le relâchement , & font en Leurs Constitutions & pratiques, 310
suite réformées , la mejme. & fitiv.
Elisabeth détruit la Religion Catholique Election de son Abbesse , Sc fa nomi
& l'Etat Régulier en Angleterre, 179 nation , 313
Elle se fait déclarer Souveraine Gou Etable de Rhodes , autrement deMala-
vernante de l'Eglise dans son Roïau- val , retraite de saint Guillaume .Fon
me , la.rr.ifme. dateur des GuiHelmites , 313
Emmanuel Philbert Duc de Savoye , In Etienne ( Saint ) Ordre Militaire,fa fon
stitue l'Ordre des saints Maurice 3c dation , ce qui y donna sujet & son
Lazare , 80 Fondateur, 148 &fuiv.
Ephal , Abbaïe de Chanoinesses Sécu Pie IV. confirme cetOtdre , auquel il
lières, 410 accorde des Privilèges , 149
Sa fondation Si son Fondateur , la Résidence ordinaire des Chevaliers de-
mefine. cet Ordre , la mefine..
Erasme ( Saint ) Monastère de Religieu Expéditions militaires de ces Cheva
ses Humiliées , isf liers , *4>- frfitiv-
Eri'U ( Guillaume ) premier Grand- Les principales Dignités de cet Ordre,
Miître de l'Ordre de Montefa , 79. at**
Ejcoiiblrau ( Madelaine d' ) Abbesse & Etablissement des Religieuses de cet
Réformatrice de l'Abbaïe de Nôtre- Ordre, iî*
Dame de saint Paul , 316 Etienne ( Saint ) de Strasbourg, Abbaïe
Sa naissance »iiaculcuse,& ses parens, de Chanoinesses , 43*-
Ut mefine. Sen Fondateur., & fa première Afc
DES PRÎNCIPA LES MATIERES.
b esse , íi masme. Explication de ce que c'est que ces
Ces Religieuses embrassent l'hérésie , Ermites & Séminaristes , & de leur*
la mesmt. pratiques & obligations, 143. (y suiv.
Leu r Maison est donnée aux Religieu Ttésor de cette Abbaïe, & explication
ses de la Visitation , la mesme. de ce qu'il y a de plus précieux , 144
Remarque au sujet de leurs Abbesses , ér suiv.
la mesme. Feseamp Abbaïe ile la Congrégation de
Eugène III. dédie l'Eglise de l'Abbaïc S. Maur , 194
de Montmartre, & celle des Martyrs, Son Fondateur & le lieu où elle suc
3*4 fondée , la mesme.
Exemts ( Congrégation d' ) en France , Ses privilèges & fa jurifdiction , 194.
195 & Juivantes.
Monastères qui la composoient , l* Filles-Dieu , Maison de Fontevraud ì
mesme. Paris , 96
Autre Congrégation sous le même Son Fondateur , la mesme.
nom , la mesme. Elle est donnée à l'Ordre de Fontc-
F vraud , & pourquoi , la mesme.
Pratiques des Religieuses de cet Or
Farina ( Donat ) attente à la rie de dre , la mesme.
saint Charles Borromée, te pour Anciennes pratiques des Religieux
quoi , itfi de Fontevraud , 93 ér suiv.
ll est mis à mort , itfi Habit , terme usité dans l'Ordre do
Fikenan ( Dom Jean ) Abbé de West- fontevraud , ce que c'est, 93. &
munster , 179 suiv.
Il résiste à la Reine Elisabeth dans le Nombre des Religieuses de Fonte
changement de Religion qu'elle fit en vraud dans le commencement de
Angleterre , la mesme. l'Ordre , 9+- & J*iv{
Félix ( Saint ) premier Monastère des Subside imposé par le Pape Innocent
Religieuses de Calatrava , 41 IV. ì l' Abbaïe de Fontevraud, 94
Ferdinand ( le Roi ) est fait Administra Nouveaux établiffemens donnés à
teur de l'Ordre d'Alcantara , & com l'Ordre de Fontevraud , 95- &suiv.
ment, 64 Fentevraudcft soumis à la Reforme , 99
Ferdinand ( lc Roi ) reçoit du Pape l'ad- Pratiques des Religieuses de Fonte
ministration de l'Ordre de Calatrava , vraud , tant au sujet de ('Office que
51 des autres Observances , 104. & su v-
Terdinand Perel Ponce de Léon ( Dom ) Minière de faite la visite dans cet
Grand-Maître d'Alcantara , prend les Ordre, toS-&suiv.
intérêts de Leonore de Gusman , 60 Formule du Serment que faisoient lec
Ferdinand Rodrigue de Seguira, dernier Templiers , 13
Grand-Maître de l'Ordre d'Avis , «9 Formule de la Profession des Religieux
Ferdinand{ le Prince ) premier Admini & Religieuses de Fontevraud , 10s
strateur de l'Ordre d'Avis , la mesme. Pratiques des Religieux de Fonte
La Grande Maîtrise de cet Ordre est vraud , \06.&sui-V.
unie à la Couronne de Portugal , la Françoise (Sainte) Fondatrice des Obla-
mesme. tes de ce nom , 108
Nombre des Commanderies de cet Sa naissance & ses parens , ' la mesme.
Ordre, la mesme. Ses pratiques de pieté pendant son
Tirrat ( Mont ) Monastère de la Con enfance , /* mesme;
grégation de Valladolid , 141 Elle se marie par obéissance , la
Sa fondation , la mesme. mesme.
Elle est érigée en Abbaïe,& enfin unie Elle embrasse U troisième Règle de
1 a Congrégation de Valladolid , /* S. François , 109
mesme. Disgrâces & afflictions que Dieu lui
Situation de cette Abbaïe , & lc sujet envoyé , la mesme.
du nom de Mont Ferrât , 14t. érsu'v- Elle le rend Oblate du Mont-Olivet ,
Nombre de ses Religieux , Oblats , Er & cc que c'étoit que ces Oblatcs ,
mites 8c S cminaiistcs , 145
T A B L E
Elle en fait une Congrégation parti Gardas ( Dom ) premier Grand-Mafue .
culière , la tnesmt. de l'Ordre de Calât rava , 31 «
Elle en obtient la confirmation du GardasLopez de Movenfa.est éluGrand-
Pape , & la permission de s'établir Maître de l'Ordre de Calatrava par
dans Rome , *« les Chevaliers d'Aragon , 4L
Leur première demeure & Terreur de Gardas de Vadilla ( Dom) Grand- Maî
M. Baillet à ce sujet , /* tnefme & tre de Calatrava, promet fidélité au
suivantes. Comte de Tristemart , reconnu pour
Elle demande í être reçue' dans la Roi , 4f
Congrégation, ni Pierre le Cruel l'attire dans son parti
Son humilité , 113 par adresse ; mais dans le dessein de
Elle est faite Supérieure de fa Con s'en venger, /* mesmt.
grégation, la me/me. Sa mort , 4*
Sì mort. l* rnefme. Gardas Lofex. de Padilla ( Dom ) der
Son Ordre est séparé de la jurisdiction nier Grand-Maître de Calatrava , f 1
du Mont - Olivet , comment , & Gardas( Dom ) Roi de Navarre.Fonda-
pourquoi , 113. dfsu'r-v. teur de l'Abbaïe de Najara , 1 141
Nombre des Oblates & quel est leur Gentil-Donne , Religieuses de l'Ordre de
engagement , XI4 saint Benoît , 313
Leurs Observances & pratiques , 11 f. Leui s Monastères & leurs Fondateurs-,
& suiv. la mesme.
Canonization de leur Fondatrice Gtofroi , Abbé de Savigni , successeur du
ni Bienheureux Vital , m
Françoise de Lorraine de Guise , Abbesse Sa naissance & sa retraite , /* mesme.
de Montmartre , 313 Gffroi ou GodesroiyComte d'Anjou,Fon
"Françoise Ltphantt ( la Mere ) première dateur de TAbbaie de la Trinité de
Religieuse & Abbesse perpétuelle des Vendôme, »9Í
Religieuses du Mont-Olivet , 103 George ( Saint) d'Alfama, Ordre Mi
Frédéric II. Instituteur de l 'Ordre Mili litaire , est confirmé & uni à celui de
taire de l'Ours. 171 Montefa, 80
Fremiot ( Dom ) premier Prieur du Val Gtrmroit , Abbaïe Luthérienne , 44Í
de . Choux , 179 Sa fondation & sou Fondateur , la
mtsmt.
Germain des Trtx. ( Saint ) Abbaïc de
Bencdictim à Paris , 193
GAlrìel de sainte-Marie ( le Pere ) Son E mdatcur & ,son premier nom ,
est élu premier Piéíìdent de laCon la mesmt.
gregation d'Angleterre , 181 Ancienne Jurisdiction de son Abbé ,
II est sacré Evêque d'Archidal,& fait i?4
ensuite Archevêque de Reims, & Pair Sa Jurisdiction actuelle , ses Seigneur
de France, 184 ries , & les revenus de cette Abbaïe ,
Cal ( Sa nt ) Abbaïc de la Congrégation la mesmt.
de Suisse, ií8 Geron (le Doc ) Fondateur de l'Abbaïe
Titre & force de son Abbé , la mtsme-. de Gerenrode , 44*
Situation , fondation , & Fondateur de Titre & droits de l'Abbesse de ce Mo
ce Monastère*, l* mesmt. nastère ,
LesFrançois s'en étant rcndusMaîtrcs, Elisabeth de *4"ied y fait recevoir la
la donnent à S. O hmar , U mesmt. Confession d'Augfbourg ,
Gttlctrtndr Borga( Loirs) dernierGrand- Giraud dt Salts , Fondateur de la Con
Maîtrc de l'Ordre de Montefa , 79 grégation de Cadouin , n4
Qandersbe'tm , Abbaïe de Chanoinesses Sa morr , nf
Luthériennes en Allemagne , 441 Giron ( Dom Pcdre ) fait proclamer Roi
Sa iìtuation , fa fondation & ses Fon de Castille Mfinse, 50
dateurs , la mesme. Godcfroi Duc de Lorraine , donne per
Ses pre nieres Abbesses , la mesmt. mission de bâtir l'Abbaïe de Bighard-
Troubles de cette Abbaïe , & à quel la Grande , 313
fcijet,. U mesme. II la dote richement , 8t la soamer sb
l'Abbaïe
DES PRÎNCIPA LES MATIERES.
VAbbaïe d'Affligham, l*mismt. leurs Privilèges, 14
Codefroi Sire de ]omville , Fondateur du Ils s'étabiiiient à Mont- Rouge , rjo
Prieuré de Valdoíne , 390 On leur donne le Couvent des Blancs-
Disgrâces de ce Monastère . I* mesme. Manteaux à Paris, 1* mejme.
11 est rétabli,tant pour le spirituel que L s Religieux de la Réforme de saint
pour le temporel , par Henriette de Maur sont introduits dans ce Mona
Chauvi rai , l» m<-sme. stère , l* mesme:
CogUtto, Monastère de Filles de l'Ordre Procès 1 ce sujet , l* mesme.
du Mont- Vierge , 13s Etat présent de cet Ordre Sc du Mona
Qualité Sc privilège de la Supérieure stère de Malaval, \%l.&suiv.
de ce Monastère , /* mejme. Guillaume ( Saint ) Fondateur de l'Or
Revenus qui choient possédé? par ce dre du Mont- Vierge , ut
Monastère , /* mesme. Sa naissance & sesparens , l» mesme.
Son état présent & son nom , l* mesme. 11 entreprend le voïage de S. Jacques)
Comez. .premier Grand-Maître de l'Or en Galice, l* mesme.
dre d'A] cantara , M4 Ses austérités pendant ce voïage , /*
Confirmations Sc approbations de cet mesme.
Ordre, données de son tems , 54. Sa retraite fur le mont Laceno & fur
suiv. le mont Virgilien , 113-
Gonsalves Ytnes , Fondateur des Reli II commence fa Congrégation , /*
gieuses de l'Ordre de Calatrava , 4* mesme.
Goielin , Fondateur du Monastère de Pratiques de ses premiers Disciples ,i<*
Bouxieres, 413 mesme.
Grottasuciile , Monastère des Sil vestrins , Il fait bâtir une Eglise , & pourquoi ,
_ 171 U mesme.
Gui, Fondateur des Humiliés , Sc les Son Ordre est approuvé par le Pape.
senrimens des Auteurs à ce sujet, 1*4. la mesme.
Le tems de leur établissement , & ce Ses grandes aumônes, Sc les murmures
que disent les Ecrivains à ce sujet, de les Disciples , tant à cette occasion
i«5 que pour d'autres choses , 114
Gui 'e Pietru m*U , dônne la Règle de II rassemble plusieurs Vierges dans un
saint Benoît aux Disciples de Bernard Monastère, l* mesme.
Ptolomé , 193. <!y J»iv. Fiatiqucs de ses Religieuses , l*
Vision qui le détermina à cela , & a n-esme.
leur donner des habits blancs , l* GuiOelmites ( Religieux ) differens senti-
mesme. mens fur leur Fondateur, 143. ér
GuilUwr.e de M*l*v*l ( Saint ) Fonda suiv.
teur des Guillelmites 14s H
Le tems & le lieu de fa première re
traite , 14* HAute-Sruyeres , Monastère de
Sa situation , /* mesm'- l'Ordre de Fontevraud , ft,
Sa première nourriture dans cette re Sa Fondatrice & fa conversion , /*
traite, mesme. mesme.
11 reçut un Disciple , 147 "Hamme , Fondatrice de l'Abbaïe d'O-
Ses austérités surprenantes, l* mesme. bermunster, 4J-J»
11 reçoit un autre Disciple, & sa mort, Henriette de Chauvirai est nommée
la me me. Prieure de Valdosne , Sc rétablit ce
C ommenceroent de son Ordre , Sc sa Monastère, 39»
propagation, 148 Les Religieuses de ce Monastère font
Première manière de vivre des Reli transférées à Charenton , 391
gieux de cet Ordre. I* mesme. Henri de Castille fait la guerre aux.
Grégoire IX. leur donne la Règle de Maures , 4?
faine Benoît, l* mesme. On veut lui ôter la Couronne, te
Plusieurs Monastères se séparent de pourquoi , l* mesme.
cette Congrégation , Sc lui sont ren- Il donne le château de Moron an
ius , 148. £ yw». Grand- Maître de Calatrava, & pour
Us obtiennent la confusaataon 4c quoi 1 *
Jomt ?I, Mmm
T A BLE
11 lui donne encore plusieurs autres L'Ordre des Humiliés se multiplie
lieux qu'il avoir conquis fur les Na- après fa mort , & comment , 158. fr
varrois , & pourquoi , /* mesme. suiv.
fíerferd ( l'Abbaïe d" ) la situation , 44* Cet Ordre est approuvé , 15S
Son Fondateur Sc fa première Abbesse, Bertrand deBrcfcia en est élu premier
la mesme. Général , 15J
Cette Abbaïe est ruinée par les Huns, Le relâchement s'y introduit, Sc com
la mesme. ment , la me me.
Elle est rétablie Sc pillée par Theid- Avarice de ses Prévôts , & les fuitei
mart , la mesme. qu'elle eut , la mejme.
Ses Religieuses tombent dans le relâ Saint Charles forme le dessein de ré
chement , & enfin dans l'hérésie , /* former cer Ordre , 159.
mesme. il est délégué Commissaire Apostoli
Titre Sc privilèges de l'Abbefle de que pour ce sujet , 1 J 9- frsuiv.
cette Abbaïe , la mesme. 11 fait quelques Ordonnances pour ce
tìerlande de Champagne , première Su sujet , 160
périeure générale de Fontevraud , 89 Les Piévôts font quelques tentatives
Sa Coadjutrice , la mesme. pour en empêcher l'cxecution , lm
Herman , Fondateur da Monastère de mesme.
Pouffai , 41; Ils conviennent de le faire tuer , l*
fíôël III. Comte de Nantes , Fondateur mesme.
du Monastère des Coets , n) Donat Farina fe charge de cet atten
Guerre ciïile en Bretagne à son sujet , tat , la mesme. fr suiv.
& pourquoi , la mesme. II l'execute,& comment , iíi
Hvmboutg , Monastère de Chanoinesses, Châtiment de cet assassin & de ses
4îi complices, 1(1
Son Fondateur & fa situation , la Fondation des Religieuses Humiliées,
mesme. & leurs Fondatrices , 1S5. fr suiv.
Hubert ( Saint ) Abbaïe de l'Ordre de Leur premier Monastère , 166
saint Benoît , 19 6 Elles changent de nom Sc pourquoi ,
Son Fondateur , le tems & lc lieu de la mesme»
fa fondation , la mesme. Plusieurs de leurs Monastères font rui
Premier nom de cette Abbaïe , & ce nés , & pourquoi , 167. su.v.
qui le fit changer , la mesme. Leurs pratiques Sc observances , St le
Ses premiers Abbés, ' 1*7 Bréviaire dont elles fc fervent , 161
Solitude de fes premiers Religieux ,
la n,esme. J
Ce Monastère est le premier des Païs-
Bas qui embrassa la Réforme de saint J Acquêt de MoUai , Grand-Maître de
Vanne , la mesme. l'Ordre des Templiers , Sc fa nais
Dom Nicolas de Fanfonen est Abbé , sance , 3*,
& y introduit la Reforme , 197. fr Jean XXII. institue' l'Ordre de Christ
fit'tv. en Italie , 7;
On attente à fa vie j mais Dieu le pré Jean I. Roi de Castille , Fondateur da
serve de la mort , 198 Monastère de Valladolid , 137
Privilèges Sc Jurifdictions de l'Abbé Son premier Prieur , la mejme.
de saint Hubert , 199 La réputation des Religieux de ce
fíugues de Chypre ( le Cardinal) premier Monastère , & lc nom qu'on leur
Abbé Commendataire du Mont-Vier donnoit , /* mesme.
ge , U7 Nom de quelques Abbaïes qui fc fou
Humiliit ( les Religieux ) leur corrmen- rnirent au Monaltere de Valladolid ,
ciment, & les differens fentimens des la mesme.
Auteurs fur ce sujet , i^.frsuiv. 11 est érigé en Abbaïe par lc Pape
Des trois Ordres des Humiliés , & de Alexandre VI. la mesme.
Jeur origine, ' í 5 • suiv. Jean ( Saint ) de Burgos , Abbaïe unie
Jean de Meda leur persuade de pren à la Congrégation de Yalladolid ,
dre la Règle de saint Benoît , ij*
DES PRINCIP A LES MATIERES.
Sa fondation & son Fondateur , la leans de prendre l'habit deFontevrâud ,
mesme. & d'accepter la Coadjutorerie de cette
Jean de Mater* ( Saint ) Fondateur de Abbaïe, 3«i
l'Otdre de Pulsano , 138 Expédient dont il se servit'pour y réus
Sa naissance & sa retraite ,138. ér sir , /* mesme.
suiv. II procure la Réforme à quelques Ab-
Il arrive en Calabre & de- la en Sicile, baïes , la mesme.
139 II passe par plusieurs Dignités de son
Sa vie austère & ses prédications > '* Ordre, 353
mesme. II fait quitter les Observances des
II est persécuté , & pourquoi , 140. & Feuillantines aux Religieuses de Poi-
suiv. tiers,8c donne commencement à l'Or
II jette les fondemens de l'Abbaïe de dre du Calvaire , $66
Pulsano , 141 Il leur procure une autre Maison dans
Sa mort & sa sépulture , 141. la ville d'Angers , /* mesme.
Etat présent de cet Ordre , I* mesme. La Reine Mere prend le titre de Fon
Jean de Meda , Propagateur de l'Ordre datrice de ce nouveau Monastère , /*
des Humiliés , ijí mes ».
Sa naissance 8c fa retraite , la mesme. II leur fait donner uneMaison à Paris,
II persuade aux Humiliés de prendre la mesme.
la Règle de saint Benoît , la mesme. II lenr dresse par écrit de nouvelles
II reçoit la Prêtrise , & est fait Supe- Constitutions, /* mesme.
rieur de sa Congrégation , lamejme. II obtient la confirmation de cet Or
11 augmente beaucoup sa Congréga dre par une Bulle de Grégoire XV.
tion , if7 ì67
II achete Rondenario , lieu de sa pre II obtient une seconde Bulle, & pour
mière retraite, & y fait bâtir une Egli quoi , la mesme.
se , la mesme. 11 lui procure encore un autre Mona
Sa mort & sa canonisation , la mesme. stère à Paris, & son nom , la mesme.
"Jean de Soto-Major,est éluGrand-Maître Pratique particulière des Religieuses
d'Alcantara , 6% de ce Monastère , /* mesme.
II sert son Prince,& l'aide à chasser de II met la derniere main à ses Consti
Castille les Rois d'Aragon & de Na tutions , 36.8
varre , la me/me. II est nommé pour être Cardinal, 569
On lui donne pour fa récompense le Sa mort & ses funérailles, la mesme.
château d' Alchoncel , la mesme. José h de la Serra di S. íluiric» , est éla
II prend le parti des Rois d'Aragon Sc Général des Silvcstrins , 174
de Navarre , /* mesme. Sa mort& son successeur, la mesme.
II est déposé , la mesme. Progrés de cet Ordre, la mesme.
Jean de Zuniga , Grand-Maître d'Al Pratiques & Observances de ces Re
cantara, fait bâtir un Couvent de cet ligieux , 175. èrsuiv.
Ordre , *4 Dignités principales de c:t Ordre , Sc
11 est pourvû de l'Archevêché de Se- conditions nécessaires pour y arriver ,
ville , & est fait Cardinal , fi{
lisesh ( le Pere ) Capucin.Fondateur des Ce qu'ils font pour Lire observer leurs
Religieuses du Calvaire , 3f9 Constitutions , 177
Sa naissance & ses parens , la mesme. Itte ou ldubfge, Fondatrice des Clia-
Son nom de Famille , la mesme. noiness s de Nivelle, «31,
II se fait Capucin , 360. drsuiv. Elle sc consacre à Dieu, & reço't le
II reçoit la Prêtrise , 4c enseigne la voile des mains de saint Amand , 43}
Philosophie , 3«i Noms de ses enfans , ta mesme.
11 fait connoissanec avec la Mcre An Elle coupe les cheveux à fa fille Gcr-
toinette d'Orléans , la mesme. trude , & pourquoi , /* mesme.
11 rétablit la Régularité dans le Mo Elle fait bâtir le Monistere de Nivelle,
nastère de Haute-Bruycre , la la mesme .
mesme. Elle s'y retire avec Gertrude fa fille ,
11 persuade à la MereAntoinettc d'Or. qui en est première Abbesse, /* mesm**
Mm m ij
T A BLE
Sa mort Sc celle de Oertrude , U & pourquoi , U mefmn
mefine. Leonore de Gusman , Maîtresse d'AIfonse
Coútume de ce tems-là, selon la re VII. Roi de Castille & de Léon , pré.
marque du P. Mabillon, la mefine. tend que ses enfam ont droit à la Cou
Autre Remarque du P. Mabillon à ce ronne , 6a
sujet , /* mesmt. Dom Fernand Percz Ponce de Léon ,
Nombre des Chanoinesses qui compo Grand-Maître d'Alcantara , prend ses
sent ce Chapitre , /* tnefme. intérêts , la mefine*
Noblesse requise pour être reçuëCha- Leonore de Pimentel , fait nommer ion
noiaesse , U mefine. fils Dom Jean de Zuniga à la Grand'
Elles font faites Chevalieres le jour de Maîtrise d'Alcantara,& comment, 63
leur réception , 433 Elle s'empare par force d'Alcantara ,
Cérémonies qui se font pour cela, 4)4 & de quelques autres forteresses , ta
Droits de leur Abbesse, la mefme. mefme ,
Isabelle , femme de Ferdinand Roi de Lesme( Saint ) Fondateur de l'Abbaïe de
Sicile, est reconnue Reine de Castille, saint Jean de Burgos , 13 S
Listonxc ( Jeanne de.) Fondatrice de
Jeanne, fille du Roi Henri,est aussi re i'Ordre de Nôtre-Dame , 340
connue par d'autres , /* mefine. Sa naiHance & ses parens , l» mefme.
Le Grand-Maître de Calatrava prend Elle est donnée en mariage à Gaston
son parti , & division de l'Ordrc à ce de Montferrant , 341
sujet , /* mefme. Sa vertu dans le mariage , U mesmt.
La paix y est rétablie , la mefine. Elle se fait Feuillantine , 344
Infime ( Sainte ) de Padoue , Abbaïe de Elle son des Feuillantines , & pour
. saint Benoît , Chef de Congrégation, quoi, 34 í
130 Elle marie fa fille avec le Baron d'Ar-
Elle est donnée enCommcndc au Car paillant, la mesmt.
dinal de Bologne , /* mefine. Elle établit son Ordre.qui est approu
II y met des Religieux du Mont- Oli- vé du saint Siège , 349
vet ,& pourquoi, Umejme. Premier Monastère de cet Ordre , la
11 s'en démet & pourquoi , la mefine. mefine.
Elle reçoit l'habit de la Religion , te
sait sa profession , la mesmt (y suiv.
Elle obtient des Lettres Patentes da
LAceno ( le Mont de ) lieu de la re Roi Henri IV. Umefine.
traite de S. Guillaume , >xj Elle reçoit dans son Ordre deux de ses
L'Aile de saint Michel, Ordre Militaire, filles, 3u
tems de son institution , (> S Elle change de Maison, & introduit
Sujet de cette institution , 70 son Ordre dans quelques autres , /•
Son Instituteur, 69 mefine ér suiv.
J^/wrent ( Saint ) Monastère de Filles Elle fait plusieurs autres établissemens,
nobles de saint Benoît , 414 la mefine.
Son Fondateur , & fa première Ab Sa mort, 353
besse , la mefme. Fête qui se sait dans cet Ordre en mé
Usages 5c pratiques des Religieuses de moire de son institution , la mefine.
ce Monastère, la mefine. Lmdaw , Ville Impériale, son origine Oc
Lt*ndre( Sainte ) Fondatrice du Mona ses anciens Maîtres , 417
stère de Munster Belife , 438 Lindaw , Abbaïe de Chanoinefles , /*
Son extraction & fa rctraite.I* mefine. 1 /, esme.
Nom de cette retraite , & le sujet qui Sa situation & ses Fondateurs , la
lui avoit fait donner ce nom,l* mefine. nef t.
Elle y fait bâtir une Eg\ifc,& elle don Prétentions de ces Chanoinesses fur la
ne commencement au Monastère de ville de Lindave , '* mtfn.t.
Belife , 439 Tit e & Privilèges de l'Abbesse de ce
Grande Licorne qui fc voit dans ce Monastère, lares.e <J» suiv.
Monastère, la mefme. Nombre des Chanoinesses de ce Cha
Qn luia donné le nom àcSaint-Amtur, pitre , V*
DESPIUNCIPA LES MATIERES.
fte Maria , Monastère , & son Fonda On assigne à chaque Religieux une
teur , 113 pension pour son entretien , 117. &
Lofex. ( Dom ) est défait parles Maures, suiv.
44 Réforme de cet Ordre , 131
II est déposé & pourquoi , la mesmt. Le Pere Jean Leonardi est commis de
Il est remis dans fa Charge , & il y la part du Pape pour cela , la mesme.
renonce ensuite , l* es e. Le Pape fixe le nombre de ses Mona
II reprend lc titre de Grand-Maître,& stères , & celui de ses Religieux , l*
pourquoi , mesme. melme & suiv.
Sa mort , l* mesmt. Reglemens de ce même Pape pour lc
Lopez ( Dom Martin de ) Grand- Maître gouvernement de l'Ordre , 131
de Calatrava/uspcct à Pierre lc Cruel, Qualités & privilèges du Général de
4« cetOrdre, 133
11 est arrêté pat Dom Pierre Giron.í» Loúi s Roi de Germanie , fonde l'Abbaïe
mesme. d'Herford , 44Í
II est mis en liberté par les menaces Lupoetvio ( l'iflc de ) première retra.te
du Roi de Grenade, l» mesme. de saint Guillaume de Malaval , 145
II a la cête tranchée . & pourquoi, 47 II l'abandonne,& se retiie sut lc mont
ï-orratne ( Catherine de ) Abbesse de Rc- Pruno , lame'me.
miremont, 404 II fait des Disciples , Sc il eh est mal
Elle fait profession solemnelle de la traité , la mesme.
Règle de saint Benoît , la ti,tsmt &
suiv. M
Elle est assignée en Cour de Rome par
ses Religieuses , fie pourquoi , 404 MAStfLtde , première Abbesse de
Elle vient à Paris , oiì elle meurt , 405 Remiremont, 401.
Nom dequelquesPrincelses qui ont été Majella ( lc*mont de ) retraite de faine
Abbesses de Rcmiremont . /* mesmt. Pierre Cck-stin , où il forme le premier
Louis le Gros Roi de France, donne le Monastère de son Ordre , 181. cr
territoire de Courtrai au Bienheureux suiv.
Bei nard , 110 Malaval ou Maleval, troisième retraite
Plusieurs Princes & autres Seigneurs, de saint Guillaume , Fondateur des
lui font plusieurs presens , & font bâtir Ouillclmiccs , M 1 46
des Monastères pour les Disciples , la Son ancien nom , la mesme.
mesme. Marie de Br-tagne , Abbesse de Fonte-
Sa mort , iu vraud , téforme cet Ordre , 97. ^»
Louis VI & Alix fa femme , fondent suiv.
l'Abbaïe de Montmartre pour des Re Elle fait de nouveaux Statuts , & fait
ligieuses , 314 réparer le Monastère de la Madclatne,
Elle est consacrée par le Pape , la 9Ï
me/me. Sa mort , la mesme.
Loiiis ( le Roi saint ) Fondateut du Mo Marttl ( Piètre ) Fondateur du Mona
nastère des Filles- Dieu à Paris , 96 stère des Celestins de Paris , 18?
Loiiis d'Aragon ( le Cardinal ) remet Martin , Archevêque de Tolède, va pour
l'Abbaïe du Mont-Vierge entre les combattre les Maures qui le défont ,
mains du Pape, 117 40
L' Hôpital de l'Annonciade en prend Martinez. ( Dom Gilles)premier Grand-
possession , "-7■& suiv. Maitre de l'Ordre de Chiist , 71.
Desordres de cette Abbaïe pendant Première résidence des Chevaliers de
Qu'elle est possédée par l' Hôpital, 118 cet Ordre, l* mesme.
& suiv. Maur( Saint ) Réforme de Bénédictins
Ses possessions & ses revenus , la établie en France , x88
mesme. Cette Réforme est introduite dans le
On lui donne un Vicaire Général.qui Monastère des Llaucs- Manteaux à
établit un Séminaire & des études 119 Paris , /* mesme.
Elle est affranchie du gouvernement Elle est érigée en Congrégation , te
des Séculiers , U mesmt. consumée par 1* Pape , xly
Mmm iij
T A BLE
Progrès de cette Congrégation , & ses servé , ^ U mesmt*
différentes Provinces , Z* mesmt. Elle en sort & vient à Paris, la mesme.
Son premier Général , i?o Mauvais état où elle trouva le Mona
Esprit de cette Congrégation , & uti stère de Paris , Sc pourquoi , 37$
lité de ses pratiques, 190. fr fifiv. Elle lie amitié avec la Comtesse de
Ouvrages des Religieux de cette Con Cbâteauvieux , & quelques autres
grégation, # U» Dames,& les grands avantages qu'elle
Abbaïcs de la Congrégation de saint en retire , 378. fr suiv.
Maur , & les Privilèges de quelques- Mort de la Mere Mccthilde 389
unes , 19 $ Approbation Sc confirmation de ses
Maurice fr Lazare { Saints ) Ordre Mi Constitutions , 390
litaire , 80 Medem( Jean de ) Fondateur de la Con
Son Instituteur, Sf le tcms de son in grégation de Bursfeld , n<
stitution , la mesme & suiv. II est pourvû de 1"Abbaïe de Cluse , Sc
Vœux que font les Chevaliers de cet pourquoi, la mesmt.
Ordre, 81 Mtgengox. , Comte de Gueldres, Fonda
Leur Règle, leurs obligations Sc leurs teur du Monastère de Vilikc , 41s
privilèges, /* mesme fr suiv. Mekhelbourg ( la Princesse de ) sonde «a
Leurs Commanderics , Sc leurs prin Monastère de Religieuses de l'Adora-
cipales Maisons , 81 rarion perpétuelle , 38S
Quelles doivent âtre leurs Croix , la Meliod ouMaubeuge, lieu de la retraite
mesme. de sainte Aldegonde , 43*
Ordonnances faites par la Duchesse Elle fait bâtir un Monastère , Sc y as
Christine à ce sujet , /* mesme. semble un grand nombre de Vierges ,
WítRhilde du saint Sacrejnent ( la Mere ) la mesmt.
Fondatrice des Religieuses Bénédicti Tcms auquel elles se sécularisèrent ,
nes de l' Adoration perpétuelle du saint la mesmt.
Sacrement , 370 Jurisdictions & droits de cei Chanoi
Sa naissance & ses parens , /* mesme. nesses , tant anciens que présens , l»
Elle se fait Religieuse Annonciade,37i mesmt.
Accident qui lui arriva après ía pro Condition nécessaire pour fitre reçue
fession , }7i dans ce Chapitre , la mejme.
Bile en est consolée par sa Supérieure, Habillement ancien des Abbesses de
& comment , la mesme. ces Chanoinesses , Sc le sentiment du
Elle est établie Supérieure , la mesme. P. Mabillon à ce sujet, 437
Elle sort avec ses filles de son Mona Melsme > Abbaïe Sc Monastère noble de
stère , Sc pourquoi , la mesme. l'Ordre de S. Benoît , 31a*
Elle est élue' Supérieure , la mesmt. Sa fondation , sa Fondatrice , & ses
file sc fait Religieuse Bénédictine i Privilèges , la mesme.
Rambervillier r 37; Molck ou Melek, Abbaïe Chef de Con
Elle est reçue à Montmartre > & com grégation , 117
ment, 374 Son Fondateur Sc son premier Abbé r
Elle en sort avec ses Religieuses pour U7, fr suiv.
aller demeurer à S. Maur , 37s Autre Congrégation de ce nom,8c som
Elle se met fous la direction du R. P. Fondateur , ut
Chrysoftomc de S. Lo , 375 Son commencement,& tous les obsta
Elle est faite Supérieure du Monastère cles qui empêchèrent qu'elle ne suc
de Caen , la mesme. formée , no. fr suiv.
Elle est éltiëSuperieureduMonastcre de Monastères qui composent la Province
Rambcrvilliers,& pourquoi, l» mejme. de Mayence , i»4-
Elle quitte les Religieuses de Caen, & Monastères de la Congrégation de Suisse,
est ensuite calomniée , & pourquoi , & leurs Privilèges , ' 167
377 Commencement & origine de cette
Elle arrive en Lorrairrc, & son Mona Congrégation, la mesmt.
stère est exposé à la fureur des Soldats, Abbaïcs qui lui font unies , z6i
la mesme. fonasteu étabii aux Coëts, Sc pour
Manière miraculeuse dont il sut pré- quoi , »3
DES PRINCIPAL ES MATIERES.
Son Fondateur , Im mefine. ces de cet Ordre , ioo.f3> suiv4
Monastères de Filles en Allemagne qui Personnes rccommandablesde cetOr-
ont embrassé I héicsic , 441 dr - , Se Prélats qu'il a donnés à l'E-
Mons ( Chanoinesses dejlcur Fondatrice, gli - 1 10 1 & suiv.
& ion extraction , 434 Mon Cierge , Monastère & Chef de
Mens, Ville du Hainaut.son origine,43 $ C j ìgregation 113
Monte- Fano, Monastère fondé par saint Le Pape le prend fous fa protection ,
Silvestre , 171. 117
Montfaucon{ le Prieur de) & Nojfon Dei, Sa situation , & la manière de vivre de
accusent les Templiers de plusieurs ses Religieux , 135
crimes , if. & suiv. Tempêtes & orages furieux qui s'y
Menus* , Ordre de Chevalerie , son in élèvent quelquefois , & pourquoi , Ix
stitution . 79 mesme.
Son Instituteur , te les biens qu'on lui Meron, Château donné à l'Ordre de Ca-
donna , Ù mesmt. latrava , & pourquoi , 50
Son premier Grand- Maître te son Mortnin , première retraite de Viral.Fon-
dernier , la mefine. dateurde l' Abbaïe de Savigni , 109
Montmartre , Abbaïe de l'Ordre de saint II change fa demeure , & va dans la
Benoît , m forêt de Savigni , la mes>. e.
Sa première Réforme te son Réfor II y bâtit un Monastère , U mesme.
mateur , la mtsmt. II donne une Règle Se des Constitu
Sa seconde Réforme , la mefine* tions à ses Disciples , la mesmt
Montmartre, origine de ce nom, & son II prêche devant le Pape â Reims , U
ancien nom, 311 mesme.
On y bâtit une Chapelle, te pourquoi, Sa mort, »K
, 314 Mourhon { le Mont de ) retraite de faine
Elle est donnée aux Moines de saint Pierre Celestin , 180
Martin des Champs , /• mefine. Meyen-Moutier, Abbaie de la Congré
Elle leur est ôtée & donnée à des Reli gation de S. Vanne , *7<?
gieuses du même Ordre , /* mefine. Mugnix. de Gaudoy ( Dom Pierre ) est
Mmt-Olivet , Congrégation de Bénédi fait Grand-Maître de l'Ordre de Ca-
ctins en Italie , 191 latrava, 47
Son Fondateur , 1» mtsmt. II fait prisonnier Dom Lopez , /*
Pourquoi elle porte ce nom, 194 mefine.
Austerté de ces Religieux dans le Il assemble un Chapitre Général à
commencement de leur Ordre , i94- Calatrava , la mesme.
& suiv. II est élu Grand-Maître de l'Ordre de
Statut particulier au sujet du vin , 19$ saint Jacques de l'Epée , la mesme.
On leur donne de nouveaux établisse- Munster-Belise ( Monastère de ) fa Fon
rrjens , la mesme. datrice 438
fis secourent les pestiférés , 19Í N
Bernard Tolomé en est attaqué te en
meurt , U mefine. NAjara, Abbaïe de la Congrégation
Son successeur au Généralat , le le de Valladolid , 149
tems que dure cet Office , I9<.{£* suiv. Sa fondation & son Fondateur , Se le
Premier nom des Religieux de cet nom qui lui fut donné , 141
Ordre , 197 Evêchés qui lui furent unis , la mesme.
Nombre de leurs Monastères & de Sa dépendance de l'Abbaïe de Cluni ,
leurs Provinces, U mefine. & fa séparation de cette même Ab
Etendue du Chef d'Ordre, te richesses baïe , mefine.
de quelques-uns de ces Monastères , Son union avec celle de Valladolid, U
197. dr suiv. mesme.
Privilèges accordés à cet Ordre ■ 19S Nidermunfier , Abbaïe de Chanoinesses ,
ér suiv. 4»?
Pratiques actuelles des Religieux de SaFondatrice Se fa dédicace,//» mefine.
cet Ordre , l» mesme dy suiv. Titre & Privilèges des Abbesses d'O-
Gouvernement , Supériorités, & Ofli- bcrmunster,3c de NLdci- Munster,43«
T A B L E
Uivelte ( Chanoinesses de ) leur fonda Naissance & extraction de cette Prín.»
tion, 4}i ceffe , 3(ï
Nojfon-Dei , & le Prieur de Montfaucon , Elle époule Charles de Gondi Acena
accusent les Templiers de plusieurs un entant , la mime*
crimes, zî.frsHiv. La mort de son époux , /* mesme.
Notre-Dame , Congrégation de l'Ordre Elle se fait Religieuse Feuillantine ,
de saint Benoît , 340 reçoit l'habit de cet Ordre , Sc change
Progrès & lieux où font situés les son nom , la mesme.
M aisons de cette Congrégation , 5(3 Sa profession , 359
fin & esprit de cet Institut , l* mesme Nôtre- Dame du Capitale à Cologne ,
& fitiv. Monastère de Chaboincsscs , 414
Gouvernement de cet Ordre , ses pra Sa Fondatrice , la mesme,
tiques & Observances , 3 Í4 NM£»e«,rcconnuGrand- Maître de l'Or
Nitre- Dame de L* Consolatim ì Nancy , dre de Calatrava r 45
Abbaïe de Religieuses Benedic.ines , II est déposé, fie on lui tranche la tête,
387 & pourquoi, la mesme.
Le titre Abbatial de ce Monastère est Nugmz. rcltc paisible possesseur de la
supprimé , & pourquoi , la mesme. Grand Maîtrise d'Alcantara , 58,
L'Adoration perpétuelle y est établie , II est disgracié , Sc pourquoi , 5 8 . g.
388
Autres établiffemens de Monastères de II se défend contre le Roi , & soutient
cet Ordre , la mesme. un siège, S 9 & Juiv.
Wìtre-D an,e de la Vaix à Douai, Abbaïc II est trahi , & le R i lui fait trancher
de l 'O rdre de S . Benoît , 333 Iatéte, 60
Son établissement , & fa première Nugno Ft mandez. ( Dom) Grand-Maître
Abbesse , /« mesme. de l'Ordre d'Alcantara ,
Abbaïes & Monastères qui embrassè Nugne Verex de CuignontX ( Dom ) est
rent cette Réforme , la mesme. élu Grand Maître de l'Ordre de Ca
Pratiques & Observances des Reli latrava , ,9
gieuses de cette Abbaïc , 3jy II fait incorporer son Ordre avec celui
lÌQtre-Dame de saint Taul , Abbaïe de de Liteaux,- 39 & suiv.
l'Ordre de saint Benoît, 314 Nouvelle manière de vivre qui est
Sa fondation & son Fondateur, la imposée à *on Ordre par le Chapitre
mesme. Général de Cîteaux , 40
Destruction de cette; Abbaïe par les Les avantages qu'il eut contre les
Normans , 31 f Maures , la mejmt.
Ses biens font incorporés & unis à la
Mcnle bpiscopale de Beauvais , & à
quelles conditions , 315
Ce > onastere est rétabli , Sc on lui OBermunster, Abbaïe de Chanoines^
rend tons ses biens , la mesme. se*, **9
La première Abbesse de ce nouveau Leur fondatrice , /* mesme.
Monastère , la mesme. OdilU ( Sainte ) Abbesse de Hombourg ^
Nerre- Dame du Calvaire, Religieuses de 431
l'Ordre de saint Benoît , 355 Elle fait bitir un autre Monastère â£
Gouvernement de cet Ordre tant pour un Hôpital , Sc pourquoi , la mesme.
le dehors que pour le dedans , y68 Olivier Caraf* ( le Cardinal )ôte à l'Ab
Nombre des Maisons de cette Con baïe du Mont Olivet le Corps de saint
grégation , & lieux oiì elles font si Janvier , 117
tuées , 369 Oreto, prise par les Maures^juï luichan.
Formule de la profession des Religieu gent son nom , 34.
ses de Nôtre- Dame du Calvaire , 3S9 Origine des Religieuses de l'Ordre da
Elles attribuent leur fondation à An Corps de Christ 107-
toinette d'Orléans , 3Î5 Leur premier Monastère, & son nom r
Diffeicns fentimens fur ce sujet, & en la rr.es e.
jirticuliei celui de l'Autcur, 35*. & Leur première Supérieure , /* w.est e.
Elles sont soumises à l'bvêque , ***
Qt'.iam
DES PRINCIPALES MATIERES.
Orléans ( Renée d' ) Abbesse de Fonte- Pépin Roi de France,assignc des revenus.
vraud ,y introduit la Réforme , 99 considérables , à la prière de Cari,
Elle fait vœu de clôture , lames' e. man , à l'Abbaïe de saint Gai , rí>
Elle est traversée dans le dessein Je la Elle est exemptée de la jurisdiction
Réforme Générale , & pourquoi , 9» des Evêques, la mefme.
& fuiv. Elle est augmentée par des bâtiment
Elle fait un Concordat avoc les Reli magnifiques , Sc elle est ruinée par les
gieux , & ce qui l'y oblige , 100 Hongrois , la mefme.
Articles de ce Concordat , l* n.tf/.e. Terres qui lui ont été foúmifes , Sc
N Procès à ce sujet , Sc sa décision , zoo celles qui le font encore actuellement,
& fuiv. 169 &suiv.
Orléans ( Antoinette d' ) sa naissance , & Guerres que ses Abbés ont cuë à soú-
quelques particularités de fa vie, 358 nir , pourquoi , Sc comment ell.s ont
été terminées , lamefme fr fuiv.
Elle accepte la Coadjutorerie de l'Ab- Perez. ( Dom Martin ) est élu Grand-
baïe de Fontevraud , Sc commentât Maître de Calatrava , 38
Elle obtient un Bref du Pape , & re II est déposé, Sc pourquoi , 3*
nonce à fa Coadjutorerie , la mefme. II bâtit un Hôpital , Sc sa mort , la
Elle se retire au Monastère de I" En- mefme.
cloître , la mefme. Perreci , Prieuré de l'Ordre de S. Benoît
Elle reçoit un plein pouvoir de réfor en Bourgogne ,
mer l'Ordre de Fontevraud , 363 Perreci ( le village de ) est donné Ì9S aux
Elle fonde un nouveau Monastère à Religieux du Prieuié , & pourquoi , la
Poitiers , & en prend possession , 364 mefme.
ér fuiv. Petronille de Craon, première Abbesse de
Oppositions de l'Abbcssc de Fonte Fontevraud., 53
vraud, • 36Í Philippe le Bel parle au Pape au sujet des
Mort de la Mere Antoinette d'Or accusations faites contre les Tem ■
léans , la mefme. pliers , xi
Son corps est porté au Couvent -des II fait arrêter tous les Templiers , bc
Feuillantines de Toulouse, la mefme. pourquoi, lamefme.
La Reine se déclare Protectrice de ce 11 va loger au Temple , & fait saisir
nouveau Monastère , 365 tous leurs biens , la mefme.
Ouen ( Saint ) de Rouen , Abbaïe Chef Mécontentement du Pape à ce sujet ,
de Congrégation , iíj & ce qu'il exigea du Roi , la mefme.
Ours , Ordre Militaire , son Instituteur , Le Pape 8c le Roi donnent des Com
.& le sujet de son institution, *7i missions pour informer contre eux, 17
&fuiv.
P lis confessent des crimes dont ils font
accusés, 18
P AMI* ( Dom Ferdinand de ) est élu Ils déclarent qu'ils ont été forcés à les
Grand- Maître de l'Ordre de Cala- avouer , & les nient , 19. & fuiv.
trava , 48 Décisions de plusieurs Conciles à leur
II est tué par un de ses Domestiques , sujet , 30. ó> fuiv.
la mefme. Philippe II. Roi d'Espagne , transfère
Patrice , Patriei , premier Général de dans la ville de Burgos les Religieuses
l'Ordre du Mont- Olivet , 194 de l'Ordre de Calatrava , 4*
Participace ( Ange Sc Justinien ) Fonda Pierre Celeflin ( Saint ) Fondateur de
teurs des Monastères de saint Zacha l'Ordre de ce nom , 180
rie & de saint Laurent à Venise', 314 Sa naissance & ses parens , la mefmt.
& fuiv. Sa première retraite , la mefme.
Pedro Eftav*gnes C*rpemtero(Dom) est II va à Rome ,& pourquoi , 1S1
élu Grand-Maître de l'Ordre deCa- II sc retire sur le mont de Mourbon ,
latrava , 4; la mefme.
II est déposé , Sf est tué de la main de II passe sur le mont Majella.où il forme
.Pierre le Cruel , Sc pourquoi , la la première Communauté de son Or
mefme. dre , 181. í»i*. ■
Tome VI. . Nnn
TABLE
St s pratiques de dévotion & ses austé saint Guillaume , 14s
rités , 18* Ptolomé ( Bernard ) Fondateur de la
II bâtit de nouveaux Monastères , & Congrégation du Mont- Olivet , 19a
pourquoi, l* mesme. Sa retraite , ce qui en fut cause , & ses
11 fait approuver son Ordre , 183. ér premiers Compagnons , la mesme.
suiv. Il envoie deux de (es Compagnons au
11 se retire encore dans la solitude , Pape à Avignon , & pourquoi , 193
184. Ils reçoivent la Règle de saint Benoit,
Il est élevé au souverain Pontificat , & & comment, la mesme:
comment, 18s Fulsano .Monastère , Chef d'Ordre , 138
II est sacré te couronné , la mesme. Son Fondateur , la mesme.
11 accorde plusieurs Privilèges à son
Ordre , - iSí
ll fait une promotion de Cardinaux ,
la mesme. QVedlimiourg, Abbaïe Luthérienne,
II confirme son Ordre , & oblige les 445
Religieux du Mont-Canin de rem- Sa fondation & son Fondateur, la
brasier , U mesme. mesme.
II le démet du souverain Pontificat, la Titre & droit de l'Abbesse de ce Mo
me/me. nastère , 44$
Benoît Gaétan ( Cardinal ) lui suc Etat présent de ce Monastère , la
cède , 1 87 mesme.
II est mis en prison par ce nouveau Princesses de la Maison de Saxe qui
Pape , la mesme. ont été Abbesses de ce Monastère , /*
Sa mort & ses funérailles , 1S8 mesmt.
Progrès de son Ordre après fa mort , R
la mesme.
Sa canonisation & la translation de son RAmbervilliers , Monastère de l'Or
corps , 188. & fitiv. dre de saint Benoît, 373
Pierre ( Saint ) Abbaïe de Chanoinesses, Les Religieuses font obligées de l'a-
son Fondateur, & le tems de fa fonda bandonner , fc pourquoi , 374
tion , 41) Raoul de la Futaye fonde l' Abbaïe de
Leur première Abbesse , ht mesme. saint Sulpice , m
Pierre le Cruel , est proclamé Roi à Sc- Lieu od cette Abbaïe fut fondée , /*
ville, 60 mesme.
Troubles de l'Ordre à ce sujet , (o. fy Reforme de Septfonds , son commence
fitiv. ment , 18
Ses cruautés obligent ses sujets à se Zcle & courage des premiers Reli
révolter contre lui , <i gieux de cette Reforme , 18. fyfitiv.
11 remporte une victoire fur le Comte Leurs pratiques & observances , 19. ér
de Tristemare , la mesme. fitiv.
II est tué dans un second combat , /* R,mireTii 't , Abbaïe de Chanoinesses
mesme. Nobles , 401
Placide ( Saint ) Congrégation de saint Sa fondation & son Fondateur , '*
Benoît dans les Païs-Bas, 19« mesme.
Plectruie , Fondatrice du Monastère de Origine de son nom , la mesme.
Nôtre- Dame du Capitole à Cologne , Son ancienne situation , & son nom ,
4*4 la mesme.
Sa disgrâce & fa retraite , la mesme. Sa situation actuelle , 403
Pologne ( Marie- Casimire Reine de ) y Sainteté & pratiques des Religieuses
fait venir des Religieuses de l'Adora de Remiremont dans leur origine ,1*
tion perpétuelle , 388 mesme.
Poussai , Monastère de Chanoinesses Lettre de Jean , fils du Roi de Jérusa
Secnlieres, 413 lem , au sujet de l'Abbaïe de Remire-
Lieu de son établissement & son Fon mont , dans laquelle on voit quel a
dateur la mesme. été le sujet de leur relâchement , 409
Pruno ( le Mont ) seconde retraite pc tjffitiv.
DES PRINCIPALES MATIERES.
Qualités & titres de 1" Abbesse de Re Tcms auquel les Abbesses de certe
miremont , 411. Abbaïe commencèrent à être perpé
Leurs anciennes obligations à l'égard tuelles , la mesme.
des Empereurs , la mesme. Rol/ert ( le Comte ) dit le Jerose/imitain,.
Droits Régaliens accor'.és aux Ab Fondateur de l'Abbaïe de Bourbourg,,
besses de Rcmiremont , & par qui , 307
la mesme. Robert d'Arbrijsel , Fondateur de Fonte*
Droits & Jurisdictions de la Doïennc vraud , 8f.
du Chapitre de Rcmiremont,7« mtsme. Sa naissance & ses parens-, l* mesme.
Emplois , obligations & jurisdictions II est fait Docteur dans l'Université de
des autres Dignités de. Officières de Paris , /* mesme.
cette Abbaïe, 413. èr s*'v. 11 est fait Grand-Vicaire de l'Evêque
Ge qui distingue l'Abbesse.la Doïcnne de Rennes , la mesme.-
& la Secrette des autres Dames de N rétablit la discipline Ecclésiastique
oette Abbaïe , - 413 dans ce Diocèse , /* mesme.
Bénéficiers & Officiers de cette Ab II enseigne la Théologie à Angers , íe
baïe , & leurs jurisdictions & obliga quitte cette ville pour vivre dans la
tions , 414 solitude , 8á
Redevances anciennes de cette Ab Son austérité dans la solitude , l*
baïe , la mesme & suiv. mesme.
Redevances auxquelles 1* Abbaïe de Le nombre de sesDiscipies,& ce qu'il:
Remiremonc étoit obligée ancienne fait pour les gouverner, la mesme.
ment à.l'Ëmpereur de au Pape , 41s Noms de ses principaux Disciples , 87
& suiv. U bâtit un Monastère dans la forêt de~
Exemptions fc privilèges anciens de Craon , & pourquoi , Z* mtfrr.t.
cette Abbaïe, & de ceux qui en dépen- Nom du lieu où il fut bâti, la mesme.
doient , a*6. & suiv. La Règle qu'il donna à ceux qui y
Sermens qui fc faisoient anciennement' étoient , la mesme.
à cette Abbaïe , la mesme & suiv. H va prêcher la Croisade, la mesme.
Cette Abbaïe est obligée de reconnoî- II s'établit à Fontevraud , & le tcms
tre les Ducs de Lorraine pour Souve de cet établissement , 88^
rains , 418 Pratiques & occupations de ses nou
Pratiques des Dames de cette Abbaïe, veaux Disciples, la mesme.
pour le perpétuer les Prébendes , la Sa charité pour tout le monde , l»
]mefme. mesme órsuiv.
Cérémonie de la réception des nièces», Dessein St esprit de sa Congrégation ,
dans cette Abbaïe , la mesme.
Redevance particulière du village de II nomme Herlande de Champagne
saint Maurice aux Dames de Remire- pour première SuperieureGénérale de
mont , 419- fa Congrégation , la mesme.
'Richard I. Roi d'Angleterre , vend l'isle II porte à Fontevraud la confirmation
de Chypre aux Templiers , 14. de son Ordre, 90
Réponse de ce Prince , qui fait Toir 11 bâtit de nouveaux Couvcns , la
)usqu'où étoit arrivé Torgueil desTem- mesme.
pliers , if Il est attaqué par la calomnie , «i
Richard II. Duc de Normandie, Fonda Il fait exemter l'Abbaïe de Fonte
teur de l' Abbaïe de Fcfcamp , 194* vraud de la Jurifdiition de l'Evêque ,
Sa pieté envers les pauvres , la mesme. S*
Richarde , Fondatrice de l'Abbaïe d'An» II dresse les Statuts de son Ordre , 93
dlav, 430 Sa mort & ses funérailles , 94
Sa répudiation & fa retraite , la Rigcr Roi de Naples & de Sicile, appelle
mesme. Guillaume à fa Cour , & pourquoi ,
Richilde , Comtesse de Flandres , Fonda llf!
trice de l'Abbaïe de (aint Denis en Calomnies & malice des Courtisane
Flandre, iyj- de ce Prince , la mesme.
Rivière ( Jeanne de la ) Abbellè & Ré Ce Prince lui fait bâtir plusieurs Mo-
formatrice de l'Abbaïe de CJjclies,}! 5 ,& leurs noms , 116
N n n ijj
T A BLE
II convertit une Courtisanne, & com Grand Prieur de son Abbaïe , if7-
ment , iiî 11 est chargé du gouvernement spiri
Romane ( Saint ) Fondateur de Remitc- tuel des Catholiques de la ville d'Ar-
mont , est converti & se fait Reli ras , révoltée contre son Souverain-, lay.
gieux, 401 rt.es e.
Rond» est donné avec toutes ses dépen Il est mis en prison par les Hérétiques,
dances à l'Ordrc de Calatrava , 41 & pourquoi , 158
Les Chevaliers le retirent à Cirvelos , lien est délivré sous «naines condi
où ils établissent leur principal Cou tions , la mesit e.
vent , la mesme. II est fait Abbé de saint Waast , & les .
Calatrava leur est rendu par Alfonse talents & vertus qu'il fit paroître dans
Rot d'Aragon , /* mesme. cette Dignité , la mes t
L'Ordrc est transféré à Calatrava la II est fait Conseiller d'Etat & Evêque -
nouvelle, 41 de Cambrai , 159.
On donne aux Chevaliers le nom de Sa mort , la mes e.
saint Julien du "Poirier , la mesme. Sauveur d'Onie ( Saint ) Abbaïe de la
Rostmberg ( le Comte de ) Religieux de Congrégation de Valladolid , 13$*
laTrape, IJ Sa fondation & son Fondateur , /*
Rosinde ( Saint ) Evêque de DuTe.Fon- mesme.
dateurde l' Abbaïe de íaint Sauveur de Ses possessions & dépendances , /*
Celle Neuve, 140 mesme.
Retrou ( le Corme de )établit le Bienheu Son union avec la Congrégation de ■
reux Bernard dans le bois de Tyron , Valladolid , la mesme.
& pourquoi , 117 Dom Pierre de la Rue ,un de ses Ab-
Il abandonne cette solitude , & pour bés.est déposé , & pourquoi, la mesme
quoi , la mesme, S. Sauveur de Pmella , Couvent soumis
' II bâtit un autre Monastère fur la ri à l'Ordre- de Calatrava 4*.
vière de Tyron , 118 SAvigni , Monastère de la Congrégation
II y fait exercer toutes fortes d'Arts.Se du Bienheureux Vital de Mortain y.
pourquoi , . /* mesme. 110
Pauvreté & austérité de se* Disciples, II est uni à la Congrégation de Clair-
119 &suiv. vaux<, 111
On lui demande de. ses Religieux , & Schisme dans l*Eglise , & pourquoi , IÍ7
on fait quelques biens à son Abbaïe, Guerre & desordres que cela cause
110 dans le Milanois , la mesme dr suiv.
Rurire le j<-une ( Saint ) Evêque de Limo Gentilshommes menés prisonniers ea
ges , Fondât ur de l'Abbaïe de saint Allemagne pour ce sujet, 15Í
Augustin de Limoges , . 181s Ce qu'ils firent pour obtenir leor li
bertés la mesme.
S, Sthis e dans l'Ordre de Calatrava, & ce
qui y donna occasion, 45
SAlvatierra est pris fur les Maures par , Décision de ce Schisme , l* mesme.
les Chevaliers de Calatrava , 41 Autres troubles qui suivirent celui- ci, ,
Les Chevaliers de cet Ordre prennent 4j ifsuiv
le nom de Salvatierra , la mesme. Schisme de l'Ordre de Calatrava sous
Le Couvent de l'Ordrc est transféré à le Grand Maître de Villena , *7
Zurita , & pourquoi , la mesme Septsonts , Abbaïe de l'Ordxe de Cîteaux, .
Sarn'tn ( Dom ) Restaurateur de la M
Discipline Régulière dans la nouvelle Sa situation •, la mesmeì
Congrégation de saint Waast-d'Arras, Son Fondateurs ce qui lui a fait don
ner le nom de Sèïtfonts, la mesme.
Sa naissance St fes parens , la mesme. Dom 1 ustache deBcaufort cn est nom
11 reçoit l'habit de laint Benoit , la mé Aibé., 1*-
mesme. Cequi rengagea à se faire Religieux, ,
U r-çoit es Ordres sacrés, & est fait la mesme.
Bachelier , la mesme. Sa vie déréglée , & peu conforme in
U est fait Guni- Prévôt, & ensuite son état., U*>tsmt+.
DES PRINCIPA LËS MATIERE?.
Serlon de Valbon,Abbé de Savigni,fonde Princes & Seigneurs Allemans Va£
l'Abbaïe dela Trape , III faux de ce Monastère, lamefme:.
II unit son Abbaïc íc toute sa Congre - Stollerg{ Anne de ) fait recevoir la Con
gation à celle de Claiivaux, m fession d' A'ug/bourg dans le Monastè
Silvestre de la Guicrche est fait Evêque re de Qùedlimbourg, 44tf
de Rennes , 8f Smart ( Marie ) rétablit la discipline.'
Silvestre GoLitlin ( Samty Fondateur des Régulière en Angleterre , 17^,
Silvestrins , 170 Elle fait Dom Jean Fekenan Abbé de
Sa naiffance.ses parens !t fa conduite Westmunstcr, lamefme.
dans le tems de ses études , la mefme. Mort de cette Princesse , la mefme.
11 encouie la colère de son pere , & la Sulmone ( le Saint-Esprit 1 e ) seule Ab«-
disgrâce de son Evêque , & pourquoi, baïe des Celestins , Sí pourquoi, 189
'7°- & Mv. Nombre des Couvens de cet Ordre
11 quitte le monde , & ce qui achevé tant en France qu'en Italie , la mefmi.
de l'y déterminer , 171 S. Sulp ce ( Abbaïc sondée par Raoul de
Lieu de fa première retraite- , lamefme. la Futaie , ut'.
Son premier Monastère , mefme. On lui soumet plusieurs Monastères ,
Sa matiiere de vivre dans cette retrai 111. Ó<fuiv.
te , ti mefme. Ses dépendances , nj
Il bâtit un autre Monastère proebede Suppression de l'Ordre des Humiliés , &
Fàbriano , & il y jette les fondemens pourquoi , 1 Si. & précédentes.
de son Ordre , 171 Le crédit & les Offices qu'avoient les-'
II fait approuver son Ordre , & ce qui Religieux de cet Ordre , iíj
l'y oblige , la mefme. Quelles étoient leurs armes,& l'crreur '
Erreur de plusieurs Auteurs au sujet du de Silvestre Maurolic à ce sujet , /*
terrre de son établissement , 171. ó* mefme.
fuiv.
Premier Monastère des Religieux de
cetOrdre dans Rome.&celui qu'ils oc TJÍrijJe ( Jean- Grégoire ) premiers
cupent présentement , 17} Général de la Congrégation de.S.-
Noms (les autres Monastères sondés Maur, 190
pat S. Silvestre , 174 Templieri , leur origine , XI '
Mort de ce Saint, l* mefme. Leurs Fondateurs , lamefme.
Société de Bretagne , & lés Monastères Origine de leur nom ; Z* mefme.
qui la compoloient, 301? Leurs voeux & leur première manière
Elle est unie à-la Congrégation de S. de vivre , l* mefme.
Maur , la mefme. On leur accorde une Règle, /* mefme.
Sa/ií ( Dom François de ) se fait élire Formule du serment qu'ils dévoient
Grand- Maître d' Alcantara , 63 faire , aj
Sophie , fille de l'Empercur Othon Is. se Leurs grandes richesses & leur nom
fait Religieuse à Gandersheim , 441 bre r *4 >
Elle cause beaucoup de bruit , & Ic re Leur orgueil & leur perffdiè , . U
lâchement dans cette Abbaïc, & com mefme-.
ment , l* mefme & fuiv. Action généreuse du Soudan de Baby
Elle est faite Abbesse , & inqaiette les lone à ce sujet , lamefme.
Evêques d'Hildesheiro au íujer de la Us achetent l'Isle de Chypre , /* 1
Jurildiction , 44; mefme.
EHereconnoît saíaute avant de mou Mauvaise conduite des Templiers, xf
rir , & promet satisfaction à son Evê Châtiment de Dieu à ce sujet , l» ■
que , /* mefme. mefme.
Réponse de-son Evêque , & prédiction Ils sont arrêtés par ordre de Philippe
qu'il lui fait , lamefme. le Bel , itf
Sa mort ; 444 Us sont interrogés par le Pape , l»
Ces Religieuses tombent dans l'hcre- mefme.
fit , lamefme. Crimes dont ils sent accusés,/a mefme.
Noms , mariage & mort de plusieurs Ils confessent- les crimes dont oa les
Abbcfics de CC Monastère , (/> mefme. accuse , a*
Nnn iiy
T A B L E
lis déclarent qu'ils ont été forcés iles Evêques qui ont consacré l'Eglise de
avouer , 19 l'Abbaïe de la Trape , la vesme.
Le Grand-Maître est arrêté avec trois Elle tombe dans le relâchement, Sc est.
des principaux de l'Ordre , 33 abandonnée de ses Religieux , î.
11s avouent leurs crimes , & font con Son premier Abbé Commcndataire , 1*
damnés à une prison perpétuelle , la mesme,
mtsmt. Observances des Moines de la Trape ,
Us fe retractent , & font condamnés à ii. frsuiv.
être brûlés vifs , l* mefine. Le Grand- Duc de ToscancCômc III.
Usage qui fut fait des biens de l'Ordre en fait venir dans ses Etats , 1$
après fa suppression , 33. & suiv. Trinité' de Vendôme ( la ) Abbaïc de Bé
Thiedmart est cité par l'Evêque de Pa- nédictins , 19s
dciborn à comparoître dans un Sine- Son Fondateur , & le sujet de fa fon
dé, oiì il est condamné , 44? dation , la rr.esrr.t.
Thierri Evêque de Metz , Fondateur de Présent qu'il lui fait, la mesme.
l'Abbaïe d'Epinal, 410.fr suiv. Qualité Sc titre de son Abbé , U
II y fait transporter le corps de saint mesme.
Goeric, -4»t Trijìemare ( Henri de ) tue Pierre le
II y met des Clercs , Sc le donne en Cruel , & se rend Maître des Roïau-
suite â des Religieuses, /* mesmt. mes de Castille & de Léon , a(
Papes qui prirent ce Monastère fous Martin Lopez refuse de le reconnei-
leur protection , /* mesme. tte , la mesme.
Confirmation des Privilèges des Reli 11 fait assiéger ce Grand-Maître dans
gieuses de cette Abbaïc par Charles Carmona , la mesme..
V 1 1 . Roi de F rance , /* mejme. 11 lui fait trancher la tête, 47
Le même les prend sous fa protection,
& leur assigne des Gardiens spéciaux,
la mesme.
Tems auquel leur Eglise eut titre de VAl-de-Graee , Abbaïe de Religieu
Collégiale, 4" ses de S. Benoît,son ancien nom^tS
Thirse ( Sainte J premier Monastère de Sa fondation & fa Fondatrice , & le
la Congrégation de Portugal , 146 lieu où elle fur bâtie , la mesme.
Dom Pierre de Chiaves est fait pre Le Roi Louis XIII nomme à cette
mier Général de cette Congrégation , Abbaïe Marguerite de Yenix d'Ar-
la mesme. bouze , 319
Premier Chapitre Général de cette Val-de-Çraceit Paris, fa fondation Si fa
Congrégation , 247 Fondatrice , J30
Progrès de cette Congrégation , la Val-des-Choux,íoti établissement Sc son
mesme. Fondateur", 178^
Tiron , Congrégation fondée parle Bien Pratiques & Observances de ces Reli
heureux Bernard , nç gieux , 17p.
Tiron , Abbaïe bâtie par le Bienheureux Prieurés dépendans du Val- des-
Bernard , 118 Choux , /* mesme.
Abbaïes", Sc autres Bénéfices dépen- Valdosne , Prieuré de l'Ordre de S. Be
dans de l'Abbaïe de Tiron , in noit , 390
Tems auquel cette Abbaïe tomba en Sa situation , fa fondation Sc son Fon
Commende , Sc son premier Abbé , la dateur , la mesme..
mesme-i Pratiques Sc Observances des Reli
Tems auquel elle futaggregéci la gieuses de ce Monastère , 39*. &
Congrégation de saint Maur , la suiv.
mesme' Valladolid , Monastère Chef de Con
Tomar , principal Couvent de l'Ordre de grégation , 13*
Christ , 71. fr suiv. Son surnom & fa fondation , l»
Trape ( Abbaïe de la ) fa fondation Sc mesme.
ion Fondateur , 1 Son Fondateur , & le sujet pourquoi
Consécration de l'Eglise de l'Abbaïe ce Monastère est appellé R«*í , l+
de la Trape, U mejme. mesme
DES PRINCIPALES MATIERES.
Yanne ( Saint) Chefde Congrégation ,170 File est élue' Supérieure de ce nouveau
Vaudrus Sainte ) Fondatrice des Cha Monastère , 337
noinesses de Mons , 434 Elle prend possession de ce nouveau
Son citraction , /* mesme. Monastère , où elle reçoit l'habit de
Sa retraite & le lieu qu'elle choisie íaint Benoît , 33!
pou r cela , U mesme. Sa profession & celle de ses filles , l*
Sa mort , & la nomination qu'elle fait mesme.
de celle qui lui succède , /* mesme. Sa mort , la mesme.
Nombre des Chanoincfies de Mons , Viarâ , Fondateur du Val des- Choux ,
la mesme. 17»
Autorité & prééminence ancienne de Vtel de la Montagne , Prince des Assy
leur Abbesse , /* mesme. riens , demande à se faire Chrétien ,
Condition nécessaire pour âtre reçue *í
dans ce Chapitre , 4 36 Vilike , Monastère de Filles , 41Í
Venix d'Arbousé ( Marguerite de ) Ab Sa première Abbesse , lamej e.
besse Sc Réformatrice du Val-de- Ville-l' Evêque ( Prieuré de la ) à Paris ,
Grace , 31? fa fondation , 31;
Sa naissance Sc ses parens , la mes» e. Villena ( Dom Henri ) est élu Grand-
Elle prend l'habit Sc fait profession de Maître de rOrdrc de Calatrava , 47
la Règle de saint Benoît ■ la mesme. Virgilien ( le Mont ) lieu de la retraite
Elle passe à l'Abbaïe de Montmartre, de S. Guillaume , 113
y fait une nouvelle profession,& chan Vital de Mortain , Fondateur de l'Ab
ge de nom , la mesme. baïe de Savigni, 109
Elle est faite Prieure du Monastère de Sa naissance Sc ses parens , la mesme.
la Ville l'Evêque , la mes e. II est fait Prêtre , la mesme
Elle est nommée à l'Abbaïe du V ai Son renoncement ì toutes choses , Sc
de- G race , & reçoit la bénédiction fa retraite à Mortain , la mesme.
Abbatiale , 330 Vaast ( Saint ) Fondateur de l' Abbaïe de
Elle fait approuver ses Constitutions , ce nom, tJ4
& se démet de sa Supériorité, Sc pour Vaast d'Arras ( Saint ) Abbaïe de saint
quoi , jji Benoît, 1J4
Elle réforme le Prieurs du mont de Sa fondation & son Fondateur , /*
Pieté à la Charité, 331. mesme.
Elle rend la paix à l'Abbaïe de Cha Ses droits spirituels Sc temporels ,
renton en Bourbonnais , & y établit *ií
la Réforme, 33 r Elle tombe dans le relâchement , Sc
Sa mort , la mesme. pourquoi , tf $
Venosa, Monastère de Religieuses,*: son Les Observances Régulières y font
Fondateur , 116 remises , Sc par qui , la mesme.
Verguigneul ( Florence de ) Institutrice Etat déplorable de cette Abbaïe en
& première Abbefle de l'Abbaïe de >«3Í- M»
Nôtre-Dame de la Paix à Douai , 333 Dom Maximilien de Bourgogne , &
Sa naissance & ses Patens , la es e. Claude Havart, font pourvus de cette
Elle est reçue chez les Chanoinesses de Abbaïe , »í9, &suiv.
Monstier- fur- S ambre , la mesme. Schismes Sc desordres de cette Abbaïe
Elle retourne chez ses parens, & pour à ce sujet , 109
quoi , 334 Supériorités & Offices de ce Monastè
Elle sc dégoûte du monde , gagne sa re , Sc leurs obligations, 160. suiv.
sceur à Jel'us- Christ , & elle le fait Description du grand Collège de cette
Religieuse dans l'Abbaïe de Flines , Abbaïe , lí|
3Î4- &sniv. Titres & Privilèges de son Abbé ,
Ses pratiques de dévotion & de pieté , la me/me.
3ÎÍ Principaux exercices des Religieux de
Elle engage quelques Religieuses à cette Abbaïe , i6y (y suiv.
embrasser la Réforme , 33« ìTivine ( Sainte ) Fondatrice de l'Abbaie
Elle établit le Monastère de la Paix à de Bighard-la Grande , 313
Douai , la mesme & suiv.
TABLE
ré , Hi.&fuiv.
7.irit» ( Jean ) Abbé de Tarouca, établir
en Religion Militaire l'Ordte d'Avis,
ZAch*rìt( Saint)Monastere de Filles 66
Nobles de lOrdre de S. Benoît, 313 Il leur prescrit leur manière de vie te
Sa fondation & ses Fondateurs , l* leurs obligations , U mesme.
mesme. -En quoi consistent ces obligations , /*
Reliques dont ce Monastère est hono mesme & suiv.
ERRATA.
P Age 14. ligne 10. Chevaliers,/»/**. Chrétiens. p*g. 40- % *-7- Checaliers, lisez.
Chevaliers, p. 47. /. 35. le l'ap eaïant,/»/ le Pape aïant.p. 81. /. 17 aurice,/»/»^
Maurice, fttg. 110. lig, 13. le sruines, lise\ìct ruines. p«g. ì77- %. 16 Mazza, lisez.
Mezza. pag. 183. lig. 31. le Cardinal./i/ffc ce Cardinal, pag- m. /. 10. du Bursfeld,
lis. de Bursfeld. p. 130. lig. 16. la rétablit,/»/ les rétablit, pag. ií0. lig. 16. retenir,
/»/«. recevoir. /><«j. 313. lig. 18, CXXXyiII. lise^XXXVUl,
PARIS,
De rimprimerie de ah-Ba?tist» Coignard , Imprimeur ordinaire du Roi
fie de l'Académie Françoise, rue saint Jacques à la Bible d'or.