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Musique minimaliste

La musique minimaliste est un courant de musique contemporaine apparu dans les années 1960 aux États-Unis, qui représente une
part importante de la musique classique de ce pays. En France, le courant est fréquemment appelé musique répétitive, et désigne
plus spécifiquement l'ensemble des œuvres utilisant la répétition comme technique de composition. Les principaux compositeurs de
musique minimaliste sont La Monte Young, Terry Riley, Steve Reich, Philip Glass, et John Adams. L'œuvre considérée comme
fondatrice du minimalisme est In C de Terry Riley, composée en 1964. La musique minimaliste est parfois désignée sous l'étiquette
plus large de musique postmoderne.

Plus qu'un retour à la tonalité, le courant est surtout caractérisé par l'utilisation d'une pulsation régulière et la répétition de courts
motifs évoluant lentement. Au-delà d'un mouvement de réaction au sérialisme, alors dominant en Europe, la musique minimaliste
marque l'émergence d'une musique américaine novatrice, déliée de ses attaches européennes. Les compositeurs minimalistes ont aussi
opéré un retour vers plus d'émotion musicale, au lieu de l'approche essentiellement intellectuelle de la musique sérielle, ou l'approche
conceptuelle de la musique expérimentale telle que la pratique John Cage. Après des débuts difficiles hors des circuits traditionnels
de la musique classique, la musique minimaliste a acquis l'adhésion d'un certain public, venant parfois d'univers différents comme le
jazz, le rock, les musiques improvisées, ou la musique électronique. La télévision et le cinéma ont utilisé abondamment cette
musique, en particulier les œuvres de Philip Glass, contribuant à sa diffusion jusque dans le grand public. De violentes critiques se
sont aussi exprimées de la part du monde musical envers le courant minimaliste, l'accusant de produire une musique de
consommation, superficielle, et sans âme.

Quelques compositeurs du courant minimaliste (de gauche à


droite) : Steve Reich, Philip Glass, John Adams, Terry Riley, Michael
Nyman, et Arvo Pärt.
Sommaire
Généralités
Présentation
Contexte musical
Sur le terme minimaliste
Origines
Un précurseur et une influence : Erik Satie
Le sérialisme
L'avant-garde américaine
Les musiques extra-occidentales
Le jazz
Le mouvement minimaliste
Les précurseurs : La Monte Young et Terry Riley
Les répétitifs : Steve Reich et Philip Glass
Post-minimalisme et postmodernisme
Les « minimalistes mystiques »
Description musicale
Entre théorie et intuition
Processus de composition audibles
Caractéristiques musicales
Liens avec les arts visuels
Danse
Arts plastiques
Audiovisuel
Autres musiques
Reconnaissance et popularité
Débuts difficiles
Reconnaissance et succès
Critique et analyse
Œuvres essentielles
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
Notes et références

Généralités

Présentation
On désigne généralement par le terme de musique minimaliste un courant de musique contemporaine apparu dans les années 1960
aux États-Unis avec les compositeurs La Monte Young, Terry Riley, Steve Reich, et Philip Glass. Le mouvement se développe
principalement dans les deux régions des États-Unis traditionnellement les plus ouvertes aux innovations artistiques et aux influences
des cultures non européennes : New York et la côte Ouest. Le minimalisme a également des adeptes en Grande-Bretagne (Michael
Nyman, Gavin Bryars), en Hollande (Louis Andriessen), en France (Renaud Gagneux, Bruno Letort), mais il demeure avant tout un
1
phénomène américain .
Le terme s'utilise parfois de manière plus générale en englobant certains compositeurs de musique expérimentale, ou de musique
postmoderne. En particulier, Arvo Pärt et Henryk Górecki sont parfois qualifiés de compositeurs minimalistes, bien que possédant
des préoccupations très différentes de celles des répétitifs américains.

La musique minimaliste marque une rupture avec l'avant-garde et un retour à la musique tonale, ou parfois modale. Elle est aussi en
général caractérisée par un certain dépouillement et une économie de moyens. En fonction des compositeurs, diverses caractéristiques
sont utilisées : le recours à des processus systématiques de composition, des structures répétitives et une pulsation régulière pour les
répétitifs américains, une influence de lamusique religieuse et du Moyen Âge pour Arvo Pärt et Henryk Górecki, le retour à certaines
1
formes classiques (quatuor, symphonie...) pour John Adams .
2
L'année 1976 marque un sommet du mouvement minimaliste dans son grand ensemble avec les créations concomitantes de Music
for 18 Musicians de Reich, de l'opéra Einstein on the Beach de Glass, de De Staat de Louis Andriessen, de Für Alina la pièce
fondatrice du style tintinnabuli d'Arvo Pärt et de la Troisième Symphonie d'Henryk Górecki. Toutes ces œuvres ont en commun, outre
la date de leurs premières, de représenter un pivot dans la carrière de leurs compositeurs, soit en étant l'aboutissement d'un travail
théorique soit en constituant le début d'un nouveau style d'écriture qui apportera un « souf
fle d'air frais » dans le monde de la musique
2
classique du XXe siècle .

Contexte musical
La musique contemporaine des années 1950-60 est dominée par le sérialisme intégral et l'avant-garde européenne autour de Pierre
Boulez, Luigi Nono, Bruno Maderna, Luciano Berio, Karlheinz Stockhausen... Les compositeurs expérimentent les nouvelles
technologies de l'électronique et fondent ainsi les bases de la musique électronique et de la musique concrète, sous l'impulsion
notamment de Pierre Schaeffer, Karlheinz Stockhausen, et Pierre Henry.

Aux États-Unis, c'est la figure de John Cage qui domine, dans une approche essentiellement conceptuelle, proche du happening, avec
comme fil rouge l'indétermination. C'est aussi l'époque de la création du mouvement artistique Fluxus, visant à repousser les
frontières de la notion même d'œuvre d'art, qui influence aussi les minimalistes. Les années 1950-60 voient également naître et se
développer sous l'influence de John Coltrane et d'Ornette Coleman le free jazz qui marque particulièrement les compositeurs
américains de l'époque.

La musique populaire ne peut pas non plus être ignorée dans le contexte musical. L'émergence de la domination du rock, la
découverte en Occident de la musique extra-occidentale, et en particulier la musique indienne, exercent elles aussi une influence sur
les minimalistes.

Sur le terme minimaliste


L'origine du terme « minimaliste » pour qualifier le courant minimaliste reste peu claire. On en accorde généralement la paternité au
3, 4
compositeur britannique Michael Nyman dans son livre de 1974 Experimental Music: Cage and beyond . Toutefois, Nyman avait
dès 1968 utilisé le terme « minimal », dans un article intitulé Minimal Music, sur les travaux des compositeurs Cornelius Cardew et
5
Henning Christiansen . Le terme de « minimaliste » sera plus tard utilisé par Nyman pour décrire non seulement le courant
américain, mais aussi la production de la musique expérimentale anglaise (comprenant les compositeurs Gavin Bryars, Christopher
5
Hobbs, Michael Parsons...) .
6
Le critique musical Tom Johnson a aussi utilisé le terme en mars 1972 à propos d'un concert d'Alvin Lucier . Johnson utilisera le
terme de minimaliste pour qualifier les compositions de Steve Reich, mais le vocabulaire est changeant, et il lui arrive d'utiliser
5 note 1
« musique hypnotique » . En 1977, le journaliste écrit un article intitulé What is Minimalism really about? dans lequel le terme
5
de « musique minimaliste » est désormais bien établi.

On trouve aussi les termes de pulse music, systems music, process music, trance music, hypnotic music, ou en français musique
4
répétitive, qui est très utilisé en France, et est le terme que Steve Reich trouve le « moins mauvais».
L'adjectif minimaliste, et plus encore l'adjectif minimal, introduit une confusion sur
la nature de la musique minimaliste. Bien que cette dernière utilise un matériel
1
musical parcimonieux et une certaine économie de structures musicales , le terme
décrit mal la nature de la musique. Les pièces peuvent en effet être très longues,
4
nécessiter de très nombreux musiciens, et l'orchestration peut être assez complexe .
Il peut de plus être perçu comme étant péjoratif, dans le sens où une musique
5
minimale serait inférieure à une « musique normale » et aurait demandé peu
d'efforts de travail de composition. Une autre confusion vient du fait que le
minimalisme est un terme emprunté aux historiens de l'art, et que la musique
minimaliste ne partage pas toujours de points communs avec le minimalisme des
arts plastiques.
5, 4
Les compositeurs ne sont en général pas satisfaits du tout de l'appellation . Seul
La Monte Young trouve le terme convenable, et seulement pour ses premiers
5
travaux . Philip Glass préfère le terme de « musique sans intention », ou « musique
7
à structure répétitive » .

Michael Nyman, compositeur et


Origines musicologue, inventeur du terme
« minimalisme ».

Un précurseur et une influence : Erik Satie


Les prémices de la musique minimaliste se trouvent dans certaines œuvres d'Erik
Satie, notamment par son emploi de la forme répétitive en ostinato vu comme un
« dépassement extatique du temps dans la répétition, dans l'obsession contemplative
8
du même » et qui sert de base à plusieurs compositions. La Première Gnossienne
(1890) est la première pièce qu'il écrit selon un schéma répétitif, qu'il expérimentera
plus en avant avec sa pièce mystique Vexations (1892-1893). Cette dernière consiste
à répéter 840 fois de suite un même motif, la durée de la pièce pouvant atteindre une
vingtaine d'heures. Vexations sera exécutée pour la première fois à l'initiative de
9
John Cage en 1963 à New York , c'est-à-dire dans les années de naissance du
minimalisme. Meredith Monk, souvent associée au courant minimaliste, participera
10
à une exécution des Vexations lors d'un festival Satie en 1966 , et Gavin Bryars et
11
Christopher Hobbs feront de même à Leicester en 1971 .

Satie est cité par les minimalistes comme une référence, notamment par Steve
12
Reich . Un hommage en forme de clin d'œil lui est aussi rendu avec la composition
Erik Satie, une figure importante pour
de Philip Glass, Piece in the Shape of a Square, référence à Trois Morceaux en forme les minimalistes.
13
de poire , de même ses œuvres Music with Changing Parts et Einstein on the
Beach reprennent une forme de progression des mouvements en arche de type
14 11
ABCBCA utilisée auparavant par Satie . Pour Michael Nyman, Satie est « indispensable pour quantité de raisons » , et il le tient
11
pour le seul compositeur pré-expérimental dont le travail est indispensable .

Le sérialisme
De façon plus surprenante, Anton Webern, élève d'Arnold Schoenberg et membre de la Seconde école de Vienne, exerce aussi une
influence sur le mouvement minimaliste. En particulier sur La Monte Young, qui cite les sections statiques des Six Bagatelles pour
quatuor à cordes (1913) et la Symphonie, op. 21 (1928) comme des œuvres l'ayant fortement aidé à faire la transition entre le
15
sérialisme et le minimalisme . Le fait que Webern soit aussi une influence majeure du post-sérialisme qui se développe à la même
époque en Europe, mais aux conceptions musicales radicalement différentes, est parfois relevé comme « paradoxal » par les
16
musicologues .
Figure du sérialisme et de l'école de Darmstadt, Karlheinz Stockhausen possède toutefois des liens avec le courant minimaliste. Des
17
œuvres comme Stimmung, Mantra et Inori utilisent un matériau minimaliste et un temps étalé . La Monte Young ira d'ailleurs
15
étudier avec Stockhausen àDarmstadt, et le considérait à l'époque comme le plus grand compositeur vivant . Terry Riley porte aussi
18
un fort intérêt aux œuvres de Stockhausen, en particulier les complexités rythmiques de Zeitmasze, ainsi qu'à Arnold Schönberg.

Plus généralement, les minimalistes ont tous été exposés au sérialisme, Steve Reich en tant qu'étudiant au Mills College, et qui a tout
4
de suite senti qu'il devait s'en éloigner au plus vite , ou Philip Glass qui compose des œuvres atonales jusqu'à 18 ans avant de
19
changer de style .

L'avant-garde américaine
John Cage exerce une grande influence dans les années de naissance du minimalisme. Compositeur le plus important de l'avant-garde
et de la musique expérimentale aux États-Unis, ses idées ont des répercussions, directement ou indirectement, sur les travaux des
5
minimalistes. Quelques pièces de Cage peuvent paraître liées au minimalisme, notamment ses premières compositions , ou le célèbre
4′33″ datant de 1952, la composition la plus minimale qui soit, puisque composée uniquement de silence. Cage est cependant très
critique face au minimalisme, et sa technique de prédilection, l'indétermination (ou la non-intention), c'est-à-dire l'utilisation de
5
l'aléatoire, dans les œuvres, ou dans le processus de composition lui-même, sera fortement rejetée par les minimalistes
.

Dans son livre Experimental Music: Cage and beyond, Michael Nyman pose clairement le minimalisme dans un contexte post-Cage,
20
en tant que réaction à l'indétermination chère à ce dernier . Toutefois, les musicologues ont relevé des similitudes avec les travaux
de Cage, notamment dans l'intérêt porté à la structure plus qu'au matériau, le fait que la musique soit créée par des processus de
composition, et une expression musicale évitant une mise en avant de la personnalité du compositeur, misant sur l'expérimentation
5
pour aller plus loin que l'imagination du compositeur.

Un autre compositeur américain de la génération de Cage en lien avec les minimalistes est Morton Feldman. Feldman utilise aussi
l'indétermination et le hasard dans ses œuvres, mais est attiré par les sons tenus de longue durée et les paysages sonores calmes et
5, 17
plats . Bien qu'il ne soit généralement pas considéré comme un minimaliste, certaines de ses pièces, en particulier Piece for Four
Pianos (1957), peuvent se rapprocher des pièces ultérieures de Steve Reich utilisant le décalage de phase. Reich reconnaîtra d'ailleurs
21
son admiration pour Feldman .

Les musiques extra-occidentales


Dans les années 1950/1960, l'Europe occidentale et les États-Unis découvrent les musiques extra-occidentales. Ces musiques
généralement fondées sur desmodes auront une influence sur l'ensemble des compositeurs minimalistes.
22
Habitant la côte Ouest, La Monte Young découvre la musique indienne dès 1957 sur le campus de l'UCLA . Il cite Ali Akbar Khan
(sarod) et Chatur Lal (tabla) comme particulièrement marquants. La musique indienne aura une influence déterminante sur Young, et
particulièrement la découverte du tampoura, qu'il apprend avec Pandit Prân Nath. Le rôle de bourdon du tampoura fascine Young, et
pousse son intérêt vers les sons tenus de longue durée. Young reconnaît aussi l'influence de la musique japonaise et en particulier du
22
gagaku. Cette influence s'exerce dans la pièce considérée comme l'acte de naissance du minimalisme,
Trio for Strings (1958) .

Terry Riley découvre les musiques extra-occidentales lors de son séjour en Europe, en particulier la musique marocaine, ainsi que la
18
musique indienne, par l'intermédiaire de La Monte Young . Il collabore aussi avec Prân Nath pour le disque Music from Mills
(1986).

Pour Steve Reich, ce sont les cours de William Austin à Cornell qui l'initient aux musiques du monde. Austin fait écouter à ses
4
étudiants de la musique africaine et de la musique balinaise, fait assez rare pour l'époque . Sur recommandation de Gunther Schuller,
4
Reich étudie le livre Studies in African Music d'Arthur Morris Jones, qui lui fait forte impression . En 1970, il décide d'aller étudier
durant l'été les percussions au Ghana, ce qui aura pour effet de confirmer ses intuitions sur la richesse sonore des instruments
acoustiques (par opposition aux instruments électroniques) et son fort intérêt pour les percussions. La pièce Drumming (1971) est en
partie le résultat de ce voyage. Les musiciens Russell Hartenberger et Robert Becker de Nexus, membres réguliers de l'ensemble
instrumental de Reich, ont également étudié les tambours africains. Pendant les étés 1973 et 1974, Reich ira aussi étudier le gamelan
balinais sur la côte ouest des États-Unis. Reich déclare en 1973 que « Les musiques non-occidentales sont
actuellement la principale source d'inspiration d'idées nouvelles pour les compositeurs et musiciens
23
occidentaux » .

Pour Philip Glass, c'est la rencontre avec Ravi Shankar à Paris en 1965 qui l'initie à la musique indienne.
Il y découvre un principe d'accumulation de petites unités musicales pour en former de plus grandes qui
24
influencera fortement sa façon de composer . Glass fera aussi de nombreux voyages en Inde dans
24
différentes parties du pays pour en découvrir la musique et la culture .

Le jazz
Le jazz est d'une grande importance chez les minimalistes. Tous en reconnaissent l'influence, et en
particulier le jazz modal de John Coltrane, le free jazz et Ornette Coleman.
18
L'improvisation est centrale chez Terry Riley, comme chez La Monte Young . Ce dernier est
saxophoniste et possède une expérience du jazz en tant qu'instrumentiste, exercée principalement pendant
ses années de lycée et d'université. À Los Angeles, il joue dans des big bands et dans des petites
formations, en particulier avec Eric Dolphy, Don Cherry, Billy Higgins, et envisageait de se consacrer au
22
jazz . L'influence du jazz est clairement visible dans ses travaux, en particulier son jeu au saxophone
Une tampura, 22
sopranino, ou son intérêt porté aux formes d'improvisation . Riley est quant à lui pianiste, et a étudié le
instrument qui a
ragtime avec Wally Rose, et en joue pour gagner sa vie alors qu'il est étudiant à l'université, et lors de son
inspiré La Monte
Young séjour en France. Riley est aussi impressionné par John Coltrane, ce qui inspira entre autres son
18
apprentissage du saxophone soprano .

Pour Steve Reich, le jazz est aussi une influence marquante. Reich est batteur de formation, et a joué dans des groupes de jazz au
lycée et à l'université Cornell. Il a été extrêmement marqué par John Coltrane, allait le voir très souvent en concert, et cite les albums
4
My Favorite Things et Africa/Brass comme particulièrement marquants . Pour Reich, il est impensable que sa musique ait pu voir le
jour sans le jazz, en particulier le rythme, la flexibilité, et le sens mélodique du jazz, qui lui semblent être des influences
4
fondamentales .

Contrairement à ses collègues, Philip Glass, de formation musicale plus exclusivement classique, ne voit pas le jazz comme une de
24
ses influences, même s'il reconnaît avoir été fasciné par lefree jazz d'Ornette Coleman et de John Coltrane .

Le mouvement minimaliste
Le mouvement minimaliste apparaît dans les années 1960 avec les travaux de La Monte Young et Terry Riley, considérés comme les
précurseurs. Steve Reich et Philip Glass vont étendre leurs idées et proposer des processus de composition qui se révéleront très
fructueux.

Toutefois, le minimalisme ne concerne qu'une partie des œuvres de ces compositeurs, et on considère que le minimalisme tel qu'il est
5
généralement défini se termine vers le milieu des années 1970 . À partir de cette date, les compositeurs intègrent en effet des
éléments musicaux plus riches, plus de mélodie et d'harmonie, voire de contrepoint. L'ajout de ces éléments, sans trancher avec leurs
5
précédents travaux, apportent une nette évolution. On parle parfois alors de post-minimalisme , en particulier pour John Adams.
Philip Glass dit explicitement que, pour lui, le minimalisme se termine en 1974, en raison de son implication entière dans le « théâtre
19
musical » à partir de cette époque .

Des personnalités, parfois appelés « minimalistes mystiques », telsArvo Pärt, apparus à la fin des années 1970, ne sont par contre pas
les héritiers directs des répétitifs américains mais sont aussi inclus sous la bannière du post-minimalisme, ou plus généralement du
postmodernisme.

Les précurseurs : La Monte Young et Terry Riley


On considère généralement que La Monte Young est l'initiateur du mouvement
minimaliste, en particulier avec sa pièce Trio for Strings (1958). Young est à
l'époque inspiré par Webern, et crée un univers sonore quasi statique avec de longues
notes tenues durant plusieurs minutes et très peu d'évolution. Cette pièce servira
aussi de base à Young pour ses futurs travaux sur les bourdons, et est une des
origines du courant musical dit de drone. Young compose toutefois toujours en
utilisant le système dodécaphonique, bien qu'il s'en démarque par l'utilisation des
notes tenues et qu'il favorise les intervalles basés sur des accords parfaits et des
22
septièmes majeures . Trio for Strings produit une musique qui ne ressemble à Terry Riley (à droite), interview au
25
aucune autre de l'époque, créant une atmosphère méditative, « d'un autre monde ». Lincoln Center, 2004

C'est Terry Riley qui introduit deux éléments fondamentaux du minimalisme : le


25
retour à la musique tonale et la répétition de motifs musicaux . Dans String Quartet (1960), Riley s'approche de la tonalité, tout en
s'inspirant fortement de La Monte Young, avec l'utilisation de longues notes tenues. C'est dans String Trio (1961) que Riley introduit
pour la première fois une structure fondée sur la répétition de motifs. L'utilisation de la répétition vient en partie des expérimentations
25
que Riley mène alors avec desbandes magnétiques au San Francisco Tape Music Center .
note 2
Mais c'est surtout In C (1964) qui marque une étape importante dans la définition de la musique minimaliste. Le titre peut être
vu comme particulièrement provocant pour l'avant-garde sérielle, puisqu'il annonce un retour à la musique tonale, dans la tonalité la
26
plus simple qui soit, Do majeur . In C est écrit pour n'importe quel nombre de musiciens et n'importe quels instruments. La pièce
comporte 53 motifs musicaux, que chaque exécutant répète autant de fois qu'il le souhaite, en suivant quelques recommandations. In
C est en général considérée comme l'œuvre fondatrice du minimalisme, qui en comporte tous les éléments : pulsation régulière,
25
musique tonale, et ensemble de courts motifs répétés, éléments qui créent un univers musical à part entière . L'œuvre est enregistrée
par Columbia Records, qui sort un disque en 1968. Elle sera largement diffusée et jouée, notamment par Toru Takemitsu au Japon et
25
Cornelius Cardew en Angleterre .

Les répétitifs : Steve Reich et Philip Glass


Les expérimentations de Riley avec les bandes magnétiques et In C ont une
influence fondamentale sur Steve Reich. Celui-ci participe à la création de In C en
tant que musicien, et reconnaît que la pièce, en réunissant des éléments de la
musique africaine, des apports de John Coltrane, et les répétitions de bandes
magnétiques, l'a aidé fortement à trouver sa propre voie, en particulier pour It's
4
Gonna Rain (1965) . Steve Reich élabore à partir de cette pièce une technique dite
de déphasage/phasage. Tout d'abord appliquée à des bandes magnétiques, le
compositeur expérimente ensuite la technique sur des instruments acoustiques, ce
qui donnera en particulier les piècesPiano Phase (1967), Violin Phase (1967). Reich
continuera d'utiliser le processus de déphasage jusqu'en 1971 et Drumming (1971)
note 3
considérée comme une œuvre de transition. Le terme de « musique de phase »
est parfois utilisé pour désigner la musique écrite à partir de cette technique qui
constitue dans l'œuvre du compositeur sa période dite du « minimalisme
27
précoce » . Après cette période, Reich s'écarte des simples techniques de phasing
pour écrire des œuvres plus ambitieuses en termes d'effectif instrumental, de durée,
et de techniques, en développant principalement ses recherches vers l'harmonie et la
pulsation rythmique. Cette période dite de « minimalisme mature » culminera avec
27
les pièces Music for 18 Musicians (1976) ou Music for a Large Ensemble (1978) . Philip Glass en 1993
Une troisième période de composition débutera avec des pièces telles que Tehillim
(1981) mais surtout The Desert Music (1984) et Different Trains (1988) qui sont
marquées à la fois par l'utilisation des voix et de la parole comme support d'écriture d'une « mélodie du discours » mais aussi le clair
engagement philosophique et spirituel du compositeur dans ses compositions ultérieures.
Philip Glass, après une période de tâtonnements dans sa recherche stylistique de la fin des années 1960 caractérisée par la simple
28
utilisation de processus de répétition/accumulation (comme pour Two Pages et Music in Fifths), réalise une grande avancée en
termes de timbre et d'harmonie avec la compositionMusic with Changing Parts(1970) qui marque le début de ses compositions dites
29
de « minimalisme mature » . Il poursuivra dans cette voie avec l'aboutissement de ses nouvelles bases d'écriture dans la pièce Music
in Twelve Parts (1974). Un tournant dans sa carrière se produit en 1973 avec la rencontre du metteur en scène Bob Wilson qui lui
demande de composer la musique de l'opéra-marathon Einstein on the Beach (1976). Cette œuvre constituera le premier volet de sa
fameuse trilogie lyrique, complétée de Satyagraha (1980) et de Akhnaten (1984), où apparaissent progressivement les motifs
thématiques si caractéristiques des compositions de Glass. À partir du milieu des années 1980, il s'oriente vers l'écriture massive de
six quatuors, neuf symphonies, et six concertos, variant les thèmes et les rythmes qui représentent désormais sa marque de fabrique,
immédiatement identifiable, mais s'éloignant de toute nouvelle recherche formelle au sein du courant minimaliste. Il gagne en
revanche en popularité auprès du grand public, notamment grâce à l'univers de la pop-music et du cinéma qui utilise largement ses
créations plus ou moins originales, contrairement à Steve Reich qui fait figure d'autorité et de référence dans le monde musical
30
classique .

De nombreux autres compositeurs participent au développement de la musique minimaliste à New York dans les années 1960 et 70.
Philip Glass insiste particulièrement sur le fait qu'il existait une grande vitalité et variété d'idées, auxquels ont fortement contribué
Meredith Monk, Frederic Rzewski, Pauline Oliveros, James Tenney, Charlemagne Palestine, Terry Jennings, Philip Corner, David
Behrman, Jon Gibson, Phill Niblock, Rhys Chatham, Ingram Marshall. Glass regrette que ces compositeurs n'aient pas bénéficié de la
19
même exposition médiatique que lui ou Steve Reich . En dehors de cette communauté new-yorkaise, des travaux se rapprochant du
minimalisme, ou directement inspirés par les œuvres des américains, se développent en Europe : Louis Andriessen en Hollande,
25
Gavin Bryars et Michael Nyman en Grande-Bretagne, Renaud Gagneux et Bruno Letort en France .

Post-minimalisme et postmodernisme
31
Le postmodernisme musical est une attitude de rejet contre l'isolement et l'hermétisme du post-sérialisme , les compositeurs
postmodernes revendiquent le métissage et le mélange des formes par la technique du collage, de l'emprunt, et de la citation. Là où le
post-sérialisme devait faire « table rase du passé » selon l'expression de Pierre Boulez, le postmodernisme le prend comme référence.
Ainsi John Adams considère que sa musique ne se nourrit « ...pas seulement de minimalisme, mais d'Alban Berg, Stravinsky, du
31
Rock'n roll, de la musique arabe, juive, etc.» . Par son retour aux formes mélodiques et tonales, à l'emploi d'un langage répétitif, au
recours au collage et à la citation, dans toutes ces caractéristiques le minimalisme est le courant le plus radical du postmodernisme
32
dans sa rupture avec le post-sérialisme .

Le post-minimalisme concerne aussi les compositeurs minimalistes de la première heure. Après Drumming (1971), Reich enrichit
17
l'instrumentation de ses pièces, et fait évoluer ses méthodes rythmiques et harmoniques vers plus de complexité. De la même façon,
Philip Glass se met à composer pour le « théâtre musical » et l'opéra à partir de 1974, avec des préoccupations qui s'éloignent du
minimalisme, en particulier l'utilisation de l'harmonie comme pour l'opéra Einstein on the Beach (1976) qui marque cette évolution.
33
Le post-minimalisme se démarque donc du minimalisme en étant moins radical et expérimental.

Les « minimalistes mystiques »


Ces compositeurs sont parfois regroupés et associés au mouvement minimaliste en raison de leur utilisation de certains principes de
composition de ce style (répétition, longs sons tenus, silences, une certaine simplicité) et d'une influence religieuse chrétienne ou
spirituelle ouvertement revendiquée dans leurs vies et dans leurs compositions. Alan Hovhaness est parfois vu comme un précurseur
de cette tendance, mais ce sont surtout l'Estonien Arvo Pärt, le Polonais Henryk Górecki, et le Britannique John Tavener qui sont
associés généralement aux « minimalistes mystiques ». D'une manière plus large, Giya Kancheli et Sofia Goubaïdoulina sont parfois
aussi retenus dans cette branche du minimalisme.

Les œuvres de Pärt et Górecki sont caractérisées par l'utilisation de la tonalité, d'un matériau musical simple utilisé souvent de
manière répétitive, et d'une composition influencée par les compositeurs du Moyen Âge et le plain-chant grégorien. Tous deux,
fortement marqués par la répression politique et spirituelle dans leurs pays sous régime communiste, ont commencé à composer dans
34
les années 1960 dans un style néo-classique avant de s'orienter vers le sérialisme provoquant leur censure de la part des autorités .
Pärt se tourne alors vers une musique du silence et de la contemplation en
composant Für Alina (1976), Fratres (1977), et Spiegel im Spiegel (1978), œuvres
fondatrices de ce mouvement interne au minimalisme qui jetteront les bases d'un
style spécifique qu'il qualifie de tintinnabulum. Ce style est caractérisé par
l'utilisation simultanée de deux voix, l'une arpégeant sur une triade tonique dite
« tintinnabulante » et l'autre reposant sur une basse évoluant de manière diatonique.
Son travail se tourne dès lors vers l'écriture quasi exclusive de musique sacrée, le
17
plus souvent chorale, développant une « luminosité des chants » . Górecki pour sa
part effectue sa transition entre musique sérielle et minimalisme sacré en 1976
notamment avec l'écriture de sa Troisième Symphonie qui aura un très grand
retentissement quelques années plus tard en Europe occidentale et aux États-Unis,
35
asseyant ainsi sa notoriété internationale .

Description musicale Arvo Pärt


L'ensemble des œuvres classées en tant que musique minimaliste est loin de
comporter une unité de style ou de posséder des caractéristiques musicales tout à fait
identiques. Bien qu'une classification soit toujours réductrice, on admet cependant généralement que l'esthétique de la musique
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minimaliste est fondée sur trois caractéristiques :

un retour à une harmonie « consonante » (voiretonale, ou modale dans certaines œuvres) ;


la répétition de phrases, figures ou cellules musicales avec ou sans petites variations graduelles ;
une pulsation régulière.
Ceci regroupe toutefois des œuvres aux profils très divers, et à l'utilisation de différentes techniques musicales. De même, les œuvres
des compositeurs dit minimalistes, ne peuvent pas toutes être considérées comme minimalistes, en particulier les derniers travaux de
Steve Reich et Philip Glass, ou les premières pièces (souvent non musicales) deLa Monte Young.

Entre théorie et intuition


Les pionniers du minimalisme La Monte Young et Terry Riley expérimentent des techniques de composition très variées. La Monte
Young produit en particulier des œuvres très diverses: des pièces inspirées du sérialisme et de Webern, des pièces conceptuelles
proches de John Cage, des groupes d'improvisation inspirés par la musique indienne et le jazz, des pièces fondées sur ses recherches
formelles sur les gammes naturelles. Terry Riley est lui beaucoup plus empirique, il expérimente avec les bandes magnétiques, et
utilise énormément l'improvisation.

À la fin des années 1950 La Monte Young utilise le sérialisme de façon détournée pour créer un style nouveau, fait de longues
37
périodes quasi statiques, composée de longues notes soutenues . Le choix des intervalles rend également ses compositions
caractéristiques. Dès 1957 et Variations pour alto, flûte, basson, harpe et trio à cordes, Young utilise essentiellement des quartes et
quintes justes ainsi que des septièmes majeures, qui se retrouvent dans de nombreuses compositions comme for Brass (1957). et
37
surtout Trio for Strings (1958), considérée comme la pièce majeure de cette période minimaliste de oYung .

Le langage harmonique de Young est construit en partie sur ces intervalles, ainsi que sur l'évitement de la tierce majeure, qui selon
37
ses propos, ne parvient pas à exprimer les sentiments qu'il souhaite . Young isole quatre accords qu'il appelle « Dream
note 4 37
Chords » , qui deviennent la base de son langage harmonique . L'abandon de la tierce majeure reçoit ensuite une justification
37
théorique avec ses recherches formelles sur les gammes naturelles . À partir de 1961, La Monte Young utilise l'improvisation au
saxophone sopranino, en répétant des séquences modales à grande vitesse, accompagné par un bourdon, où l'influence de John
38, 39
Coltrane et de la musique indienne est perceptible .

Une partie importante du travail de Terry Riley concerne les bandes magnétiques, sur lesquelles il s'enregistre au piano, enregistre de
la parole, des rires, des sons particuliers, ou des programmes de radio, et les utilise sous forme de boucle, c'est-à-dire sous forme de
40
courts motifs répétés . Il expérimente plusieurs techniques de manipulation de ces bandes, utilisant un dispositif pour générer des
effets d'échos par répétition retardée, changer la fréquence des sons en modifiant la vitesse de rotation des bandes, graduellement ou
40
soudainement, il découpe aléatoirement des morceaux de bandes et les recolle, espérant générer des phénomènes intéressants . C'est
40
essentiellement la répétition de motifs qui est au centre des expérimentations de Riley , répétition de motifs qu'il fait aussi jouer par
des instrumentistes, comme dansIn C (1964). La démarche de Riley est plus intuitive et expérimentale que structurée, le compositeur
tente toutefois de produire une « expérience abstraite » pour l'auditeur, dans laquelle des sons initialement reconnaissables sont peu à
41
peu déformés jusqu'à ne plus être identifiables .

Une autre caractéristique du travail de Riley est l'importance accordée à l'improvisation et au jazz. Le compositeur utilise parfois des
standards de jazz, comme Autumn Leaves, et développe un style particulier d'improvisation au piano, influencé en partie par le
ragtime. La plupart de ses pièces aprèsIn C ne sont plus notées, et sont en partie improvisées, en partie construites à partir d'ensemble
de motifs musicaux pré-établis, qui sont répétés à volonté, comme dans Keyboard Study n° 1 et Keyboard Study n° 2. Les motifs sont
41
joués rapidement, sans pause, de façon à obtenir un flux continu de notes, non accentuées . Riley improvise également au
saxophone soprano, notamment dans Dorian Reeds et Poppy Nogood and the Phantom Band, dans lesquels il utilise la répétition de
42
motifs et des bandes magnétiques pour créer un écho et générer des ef
fets complexes de contrepoint par le mélange des voix .

Processus de composition audibles


Contrairement à la démarche très intuitive de Terry Riley, Steve Reich et Philip
Glass vont définir des procédés de composition rigoureux, qui les aident à structurer
leurs œuvres. Reich est généralement vu comme le plus doué et le plus rigoureux
43, 5
dans la définition de tels procédés .
44
Dans son essai de 1968, La Musique comme processus graduel , Steve Reich
explique son intention de faire entendre à l'auditeur un processus musical. S'il
reprend à son compte l'idée de composition créée par un processus, il s'oppose à
John Cage, dont certaines des compositions sont fondées sur des processus aléatoires
Une représentation dePiano Phase
de construction de la composition. Reich veut rendre audible le processus même de
en solo par Peter Aidu, une des
construction de la pièce. Un autre élément important de dissociation avec Cage est le
premières pièces de Steve Reich
refus de l'indétermination : les processus de Reich sont purement déterministes, utilisant le déphasage
l'aléatoire ne joue aucun rôle.

Ces idées débouchent sur un procédé de composition que Reich appelle le « phasing » (déphasage en français). Ce procédé de
23
composition, qui peut se rapprocher de la forme classique du canon provient de son travail avec plusieurs magnétophones de
mauvaise qualité, qui perdaient peu à peu leur synchronicité. Le phasing se construit à partir de courts motifs musicaux, répétés ad
libitum par plusieurs voix, et consiste à introduire petit à petit un décalage entre ces voix, créant un déphasage. La progression du
déphasage entre les voix au fur à et mesure de la pièce crée de nouvelles structures musicales, complexifie ou simplifie les rythmes et
23
les harmonies, donnant effectivement à entendre le processus physique de mélange des voix souhaité par le compositeur . La
superposition des voix par déphasage est parfois si complexe que l'écoute de la pièce peut donner lieu à des perceptions sonores
45
différentes entre deux personnes, et même entre deux expériences d'écoute par une seule personne . À partir de Violin Phase (1967)
Reich commence à exploiter ce qu'il appelle les « sous-produits psycho-acoustiques » (ou motifs résultants) du déphasage, c'est-à-
23
dire les motifs qui se forment spontanément par combinaison des motifs de base . Il complexifie aussi la situation en introduisant
des motifs résultants spécifiques, à jouer explicitement par les instrumentistes, qui viennent s'ajouter ponctuellement à ceux qui se
23
forment naturellement, ou des lignes mélodiques qui ne suivent pas la découpe temporelle des motifs de base.

Les travaux de Philip Glass se basent aussi sur un processus de composition systématique, et audible par l'auditeur. Glass définit à
partir de 1968 un processus basé sur l'addition/soustraction de motifs de base, ceux-ci étant subdivisibles en deux ou plusieurs autres
motifs. La partition définit les motifs, et ne note ensuite que leurs extensions/contractions. Les figures résultant de ce groupement de
24
motifs sont à répéter un nombre de fois non spécifié. De même, l'instrumentation et les
nuances ne sont pas spécifiées .
Contrairement à Young ou même Riley, Reich et Glass récusent fermement toute interprétation de leur musique comme étant
46, 4
hypnotique, ou méditative, et rejettent tout terme de « transe musique », jugé péjoratif . Ils considèrent au contraire que l'écoute
46
doit être particulièrement active et alerte, afin d'entendre les détails des processus mis en œuvre.

Caractéristiques musicales

Le rythme

Une préoccupation majeure chez les minimalistes est le rythme. La plupart des
compositions possèdent une pulsation régulière, et sont construites par
enchevêtrement d'unités rythmiques de base. Ces considérations rythmiques sont
particulièrement marquées chez Steve Reich et sont réalisées par l'intermédiaire de
la technique de déphasage. Drumming (1971) marque le point culminant de la
fascination de Reich pour le rythme, exprimée par le phasing. Chez Philip Glass, le
travail sur le rythme est présent dès ses premières pièces minimalistes utilisant son Une exécution de Drumming à
24
procédé additif de composition, notamment dans la pièce1+1 (1968) . Stockholm en 2007.

Le rythme est ainsi le premier élément analysé systématiquement par les


24
minimalistes, avant la ré-intégration future de l'harmonie et de la mélodie .

Harmonie

Les premières œuvres des minimalistes sont atonales, Trio for Strings (1958) de Young, String Quartet (1960) de Riley, même si
l'évolution extrêmement lente et la faible densité de notes donnent une illusion de la tonalité, en supprimant quasiment tout
47
mouvement . Même In C, qui est généralement considérée comme l'œuvre du retour vers la tonalité, n'est pas strictement tonale,
48, 18
mais une composition atonale sans indication d'armure, même si la composition est largement diatonique .

L'abandon progressif des bandes magnétiques au profit des instruments acoustiques favorise le développement de l'harmonie. Chez
Steve Reich, à partir de Piano Phase, un profil tonal ou modal s'établit au début de l'œuvre, mais reste ambigu. Le diatonisme
23
résultant des processus dephasing n'est pas choisi a priori, mais s'impose plutôt par l'expérience .

Registre et dynamique

Chez Young et Riley, la basse joue un rôle de bourdon, inspirés en cela par la musique indienne. Chez Steve Reich, il n'existe pas de
basse, et les hauteurs appartiennent en général au registre medium (Piano Phase ne possède pas de note en dessous de Mi4, Phase
Patterns en dessous de Do4). L'absence de basse produit certaines ambiguïtés que Reich cherche à conserver, tout en ne sachant pas
49
les définir précisément . De même, les minimalistes n'utilisent pas du tout de techniques de jeu étendues, très présentes dans les
autres courants de musique contemporaine.

Les nuances varient en général assez peu, voire pas du tout. Le niveau sonore est souvent très élevé, par exemple dans certaines
50 25
pièces de La Monte Young , et chez Glass, où on perçoit l'influence durock .

Exécution

D'une écoute abordable, la musique répétitive paraît faussement facile à exécuter. Les processus de déphasage de Reich requièrent
une très grande concentration de la part des instrumentistes. De façon similaire, Glass rapporte que plusieurs chefs d'orchestre venus
51
sans préparation à des répétitions se rendirent compte trop tard de la difficulté de ses partitions . En l'absence du compositeur, les
partitions ne sont pas toujours évidentes à décrypter pour les interprètes, nécessitant inventivité face au manque d'indications ou à
52
leur peu de clarté .

Liens avec les arts visuels


Danse
La danse, qui par nature a toujours été intimement liée aux créations musicales de son temps, n'échappe pas à l'influence de la
musique minimaliste, notamment autour de la notion et de l'utilisation de la répétition. D'une certaine manière l'origine de l'impact de
la musique minimaliste sur la danse remonte aux collaborations de John Cage avec le chorégraphe américain Merce Cunningham dès
le début des années 1950 lors de la naissance de la danse moderne. Par son entremise, Cunningham rencontra également Morton
Feldman qui composa pour lui des musiques pour ses chorégraphies novatrices comme Mélodie sans titre pour Merce Cunningham
53
en 1968 . Par ailleurs, un groupe comprenant d'une part les danseuses Simone Forti, Yvonne Rainer, Trisha Brown et d'autre part les
compositeurs Terry Riley et La Monte Young se forme autour d'Anna Halprin entre 1960 et 1962 pour réaliser des performances
54
notamment à la Judson Church de New York . C'est toutefois Trisha Brown qui explorera plus avant le principe de la répétition et de
54
l'accumulation successive des mouvements chorégraphique durant cette période de la danse moderne . Meredith Monk, qui est
également danseuse, s'associe par la suite à ce groupe où elle peut mêler à la fois ses recherches musicales et ses créations
chorégraphiques dans des performances orientées vers un mouvement plus épuré et une certaine transe spirituelle.

Après les premières années du minimalisme, se tisse une relation étroite entre la danse et ce courant musical grâce à Lucinda Childs,
une des élèves de Cunningham, qui, après s'être associée au groupe d'Anna Halprin, collabore intensément avec Philip Glass à la fin
54
des années 1970 pour son opéraEinstein on the Beach (1976) . Elle réalisera par la suite deux de ses chorégraphies Dance (1979) et
55
Mad Rush (1981) sur les compositions homonymes (Dance et Mad Rush) commandées au compositeur new-yorkais . Le travail de
Lucinda Childs s'est intéressé à différents aspects des recherches sur le minimalisme avec une collaboration poussée dans le domaine
des décors et des images réalisés avec le plasticien Sol LeWitt, l'un des chantres du minimalisme pictural. Twyla Tharp utilisa
également fréquemment les compositions de Glass à qui elle commissionne sa 4e Symphonie dite « Heroes » en 1996 pour son ballet
56
homonyme . De même Laura Dean travaille avec Steve Reich entre 1971 et 1975 notamment à la première mise en chorégraphie de
57
la composition Drumming . Cependant, ces chorégraphies, bien qu'utilisant des éléments répétitifs et des décalages, ne peuvent pas
être qualifiées totalement de minimalistes, la musique restant un support à une création chorégraphique relativement traditionnelle et
55
riche .

L'influence directe de la musique minimaliste dans les processus de créations chorégraphiques est réellement associée à la découverte
et à l'utilisation des œuvres de Steve Reich par la chorégraphe belge de danse contemporaine Anne Teresa De Keersmaeker, lors de
58
ses études à la Tisch School of the Arts à New York . De 1980 à 1982, elle crée sa pièce fondatrice Fase, four movements to the
music of Steve Reich dans laquelle elle théorise davantage l'apport de la musique de phase en danse en donnant réellement à voir les
principes de phasage/déphasage développés par Reich dans ses premières compositions Piano Phase, Violin Phase, Clapping Music,
57
et Come Out . Le lien étroit entre De Keersmaeker et la musique de Reich sera dès lors perpétuellement renouvelé dans de
nombreuses créations par la chorégraphe belge au cours des décennies suivantes, notamment dans avec le ballet Drumming (1998)
58
sur la composition éponyme Drumming et Rain (2001) sur Music for 18 Musicians . Steve Reich composera spécialement la pièce
Dance Patterns en 2002 pour la création Counter Phrases de De Keersmaeker qui à son tour lui rendra hommage en ouvrant les
cérémonies new-yorkaises célébrant les 70 ans de Reich en 2006 par une création spécialement dédiée intitulée Steve Reich
59
Evening .

Par ailleurs, le chorégraphe suédois Mats Ek s'est lui orienté un temps vers le « minimalisme mystique » en composant en 1995 le
duo Smoke pour Sylvie Guillem qui utilise les compositions Für Alina et Spiegel im Spiegel d'Arvo Pärt. Plus récemment, le
chorégraphe britannique Christopher Wheeldon a particulièrement utilisé les compositions de tous les grands noms du minimalisme
pour ses œuvres écrite dans un style néoclassique.

Arts plastiques
Les compositeurs minimalistes ont entretenu des relations étroites avec les plasticiens, en particulier avec ceux du courant
5
minimaliste et de l'art conceptuel . Steve Reich et Philip Glass ont eu de très bons rapports d'amitié avec Richard Serra, Sol Le Witt,
Bruce Nauman, Michael Snow, ou Nancy Graves. Reich écrit son essai Music as a Gradual Process (1968) qui sera inclus dans le
catalogue d'une grande exposition sur le minimalisme au côté de ses amis plasticiens au Whitney Museum en 1969 et lors de laquelle
60
il donne, avec Glass, des concerts . Par ailleurs une œuvre telle que Pendulum Music de Reich à laquelle participent Serra, Nauman,
et Snow en tant qu'exécutants tient plus de la performance que de la musique réellement. Steve Reich reconnaîtra une « attitude
commune », entre les plasticiens et ses créations, caractérisée par l'aspect « géométrique et métaphorique » de leurs travaux respectifs
60
mais pas d'influences réciproques directes . Il déclare : « nous nagions juste dans la même soupe ». En 1977, quelques artistes
61
participent à une vente de leurs œuvres pour renflouer les dettes résultant du montage d'Einstein on the Beach de Glass . Enfin,
62
Glass a été l'assistant personnel à plein temps de Richard Serra en 1969 . Glass ne fait cependant pas de lien direct entre son travail
61
de musicien et les œuvres de ses amis plasticiens .

La Monte Young a entretenu quelques brefs liens avec le mouvement Fluxus lors de sa période de création de pièces conceptuelles.
Ses œuvres de 1959-1961 sont jouées dans des festivals Fluxus, et certaines de ses pièces, dont Trio for Strings, sont publiées par le
5
mouvement . Young s'éloigne toutefois de Fluxus dès 1963. Il travaille par contre ensuite régulièrement avec sa femme, la
plasticienne Marian Zazeela, qui fournit des installations visuelles, notamment pour The Well-Tuned Piano ou Theatre of Eternal
22
Music .

Audiovisuel
Le cinéma et plus généralement l'audiovisuel ont fréquemment emprunté depuis le début des années 1980 les œuvres des
compositeurs minimalistes comme supports sonores de films, de documentaires, d'art vidéo, de publicités télévisées et de génériques.
Philip Glass et Arvo Pärt sont certainement les deux compositeurs qui ont le plus permis l'utilisation de leurs pièces comme bande
originale de films, voire ont composé spécialement à la demande d'un réalisateur. Ainsi on doit à Philip Glass les bandes réellement
originales des trois films de la Trilogie des Qatsi de Godfrey Reggio (de 1982 à 2002), Mishima: A Life in Four Chapters de Paul
Schrader (1985), et Kundun de Martin Scorsese (1997). Il réalise également a posteriori la musique du film Dracula de 1931 et a
collaboré à de nombreuses reprises aux musiques des films et documentaires d'Errol Morris en mettant à disposition et réorchestrant
ses précédentes compositions. Par ailleurs, Glass a également intensément travaillé avec le metteur en scène Bob Wilson pour la
création de spectacles ambitieux, mêlant l'opéra, la vidéo, le théâtre, notamment sur Einstein on the Beach (1976) ou The CIVIL warS
(1984) commandité pour les cérémonies d'ouverture des Jeux olympiques de Los Angeles. Concernant l'Estonien Pärt, il ne s'agit pas
de compositions originales pour le cinéma (bien qu'il ait composé au début de sa carrière de très nombreuses bandes originales mais
34
pas dans un style minimaliste ) mais d'autorisations d'utilisation de ses œuvres.

Par ailleurs, Steve Reich a, à de nombreuses reprises, travaillé en intime relation avec son épouse, l'artiste vidéaste Beryl Korot, à la
création conjointe d'une œuvre intégrant dès le moment de son écriture musicale l'utilisation de l'image vidéo multi-canaux jouant sur
le principe de la répétition. De ces recherches, qui ont débuté au début des années 1990, sont issus deux vidéo-opéras (The Cave en
1993 et Three Tales en 2001) dont l'exécution scénique (pour les deux) et l'enregistrement discographique (pour le second seulement)
intègrent la projection des vidéos associées.

Autres musiques
L'utilisation de la répétition comme structure est aussi utilisée dans la musique populaire, avec la publication en 1967 du disque à la
banane du Velvet Underground, le célèbre groupe de pop music produit par Andy Warhol. Les idées proviennent directement du
minimalisme, John Cale et Angus MacLise collaboraient avec La Monte Young et le Theatre of Eternal Music avant leur implication
dans le Velvet Underground,.

Une grande partie du travail de Philip Glass est lié au rock. Il s'implique au niveau de la production avec le monde du rock, et y
acquiert une réputation. Sa musique influencera quelques groupes de rock expérimental, en particulier allemand : Kraftwerk, Cluster,
ou Neu!. David Bowie et Brian Eno sont aussi influencés par Glass, voire par Steve Reich, et l'influence du minimalisme est
clairement perceptible dans le mouvement Ambient que crée Eno. De même, l'album d'Eno avec Robert Fripp, No Pussyfooting
24
(1973) est fortement influencé par Music with Changing Parts (1970) . Robert Fripp développe dans les trois albums qui marquent
le retour de King Crimson en 1981, Discipline, Beat, et Three of a perfect pair, un rock post-progressif influencé par le langage
63
minimaliste, qu'il mélange à des sons new-wave, électroniques, et ethniques .

À partir de 1976, Glass collabore avec des clubs de rock de Manhattan et le mouvement punk rock et post-punk, notamment par le
biais du Philip Glass Ensemble. Des groupes comme Theoretical Girls, ou des compositeurs comme Rhys Chatham sont également
24
influencés par l'expérience de Glass avec le rock . En 1995, il compose une version pour orchestre de Icct Hedral d'Aphex Twin, un
des auteurs majeurs de la musique électronique. Dans les années 1990, Philip Glass s'inspirera en retour des albums Low (1976) et
"Heroes" (1977) de David Bowie pour composer deux de ses symphonies (la Symphonie n°1 et la Symphonie n°4 respectivement)
soulignant ainsi les interactions mutuelles réciproques entre les deux artistes d'horizons dif
férents.

Reconnaissance et popularité
Le minimalisme est né comme un courant expérimental et s'est développé en dehors du monde traditionnel de la musique classique.
Les premiers concerts sont donnés essentiellement dans des galeries d'art ou des musées, et doivent être organisés par les
compositeurs eux-mêmes. Ce sont surtout les enregistrements qui permettront une large diffusion de la musique minimaliste, y
compris jusqu'en Europe, où l'accueil est plutôt bon. C'est d'ailleurs l'Europe qui fournira aux minimalistes leurs premiers grands
signes de reconnaissance, avec une commande de l'État français pourPhilip Glass, et un succès discographique auprès d'une audience
non restreinte aux amateurs de musique contemporaine, avec l'enregistrement de Music for 18 Musicians de Steve Reich, pour le
label allemand Edition of Contemporary Music.

Une diffusion beaucoup plus large intervient ensuite avec la reprise par le cinéma et la télévision des travaux des minimalistes, ou de
musique s'en inspirant très largement.

Débuts difficiles
Les premiers concerts des minimalistes se déroulent hors du circuit traditionnel de représentation de la musique classique. Les
compositeurs présentent leurs œuvres dans des galeries d'art (Park Place Gallery), des musées (musée Solomon R. Guggenheim),
chez des particuliers (le loft de Yoko Ono) ou dans des universités. Les plasticiens se montrent particulièrement ouverts à la musique
23
de Philip Glass et Steve Reich, et y reconnaissent une parenté avec leurs propres travaux.

Les premiers concerts plus officiels dans des salles de concerts classique sont l'occasion de scandales. Une représentation de Four
Organs de Steve Reich au Carnegie Hall en 1973 essuie des protestations de la part du public face au caractère hypnotique de
4 19
l'œuvre . Philip Glass subit quelques lancers d'œufs durant des représentations . À l'occasion d'une tournée en Europe avec Richard
24
Serra, le public réagit défavorablement aux œuvres de Glass, en particulier Amsterdam
à .

L'accueil des critiques est partagé. Tom Johnson du Village Voice, et Michael Nyman écrivent des critiques positives des premiers
concerts, mais ils sont eux-mêmes aussi des compositeurs, proches du courant minimaliste. D'autres journalistes sont beaucoup plus
23
sévères, en particulier Donald Henahan du New York Times sur les travaux de Reich . Harold Schonberg du Times est désarçonné
par un concert de Terry Riley comprenant A Rainbow in Curved Air, et Poppy Nogood and the Phantom Band. Le critique reconnaît
le caractère hypnotique obtenu par la répétition de motifs, la proximité avec la musique indienne, mais décrit le résultat comme
25
« monotone et désagréable » .

L'accueil des musiciens est aussi mitigé, La Monte Young est dénigré par ses professeurs et ses pièces sont largement
22, 64
incomprises .

Reconnaissance et succès
Terry Riley est parmi les premiers compositeurs à voir son travail reconnu, à la suite du succès d'In C (1964). En 1967, l'Académie
royale de musique de Suède lui commande une œuvre pour orchestre et chœur, Olson III. En 1969, c'est la fondation Dilexi qui lui
commande une partition pour une vidéo sur le travail du sculpteur Arlo Acton, ce qui deviendra Music with Balls. Il collabore
25
également avec la télévision suédoise et danoise .

Le chef d'orchestre américain Michael Tilson Thomas joue un rôle important dans la diffusion de la musique minimaliste, Il organise
en 1971 et 1973 les premiers concerts dans des salles importantes (Carnegie Hall en 1973), par le Boston Symphony Orchestra. En
1971, Reich et Glass effectuent ensemble une tournée en Europe, où leur groupe commun joue Four Organs, Pendulum Music, Piano
Phase, Phase Patterns de Reich et Music with Changing Partsde Glass. L'accueil des concerts à Paris et à Londres est encourageant,
23
plus mitigé en Allemagne .
Ce sont surtout les enregistrements qui permettent aux compositeurs d'accroître leur
diffusion. Dès 1967, Come Out de Steve Reich, et In C de Terry Riley sont
enregistrés pour Columbia Records, dans un album regroupant une vingtaine
d'œuvres contemporaines. l'album est critiqué dans la presse musicale, ainsi que dans
le magazine Time. It's Gonna Rain et Violin Phase de Steve Reich en 1969, et The
Church of Anthrax de Terry Riley en 1970, sont enregistrés, toujours chez Columbia.
En 1971, Philip Glass crée sa propre compagnie de disques, Chatham Square
Une représentation deMusic for 18
Productions, grâce à laquelle il sort Music with Changing Parts, Music in Fifths,
Musicians, une des œuvres les plus
Music in Similar Motion. Des enregistrements sont aussi produits par un label célèbres du minimalisme, par le
français, Shandar. C'est également de la France que viendra une véritable London Sinfonietta à Londres en avril
reconnaissance des minimalistes. En 1974, Michel Guy, alors secrétaire d'État à la 2008.
Culture commande Einstein on the Beach à Philip Glass. La création et la tournée de
l'œuvre en Europe en 1976 est un succès, de même que les représentations à New
York la même année.

La reconnaissance discographique viendra de l'Allemagne, avec en 1974 l'enregistrement sur le prestigieux label de musique
classique Deutsche Grammophon, de Drumming, Six Pianos, Music for Mallet Instruments, Voices, and Organ de Steve Reich. En
1978, c'est l'enregistrement de Music for 18 Musicians, qui fait véritablement connaître la musique de Steve Reich
internationalement, et à une large audience. C'est le label allemand Edition of Contemporary Music, dédié au jazz et aux musiques
improvisées, qui produit le disque, et qui permet à un public beaucoup plus large que celui de l'avant-garde de découvrir la musique
23
minimaliste . À l'inverse, le refus de compromis de la part de La Monte Young face aux compagnies de disques ou aux salles de
50, 15 65
spectacles rend sa production discographique rare, et son travail est de fait moins dif
fusé et connu .

C'est à partir des années 1980 et 1990 que la musique minimaliste est copiée et diffusée de façon massive par la télévision et le
cinéma. Les compositeurs de musique de film et de publicités télévisées copient en particulier des gimmicks de Philip Glass. Steve
66
Reich et Meredith Monk sont également imités . Un certain -renouveau du mouvement minimaliste américain semble émerger avec
67
une nouvelle génération de compositeurs tels que Nico Muhly, qui travaille notamment auprès de Philip Glass ou Dustin
O'Halloran, mais aussi en Europe avec par exemple le Français Sylvain Chauveau, l'Allemand Max Richter, ou le Luxembourgeois
68
Francesco Tristano, qui sont tous parfois classifiés au sein d'un mouvement dit « post-minimaliste ».

Critique et analyse
Des critiques extrêmement fortes se sont exprimées envers le minimalisme, essentiellement de la part de compositeurs ou
musicologues proches de l'avant-garde, ou de philosophes. Le compositeur américain Elliott Carter a exprimé à plusieurs reprises son
69
fort rejet du minimalisme et plus généralement de la répétition en musique, considérée comme la mort du compositeur . Il fait en
46
particulier une analogie avec lapublicité, non sollicitée, intrusive et répétée jusqu'à la nausée . Le qualificatif de fasciste a même été
utilisé explicitement, de même que la comparaison de l'utilisation de la répétition comme une méthode de lavage de cerveau telle que
70
pratiquée dans la publicité ou les discours d'Hitler .
43
Une critique fréquente est d'accuser la musique minimaliste de superficialité voire d'anti-intellectualisme . Elle est considérée
71
comme ne « menant nulle part », niant le langage musical et n'étant qu'une « tapisserie sonore » . C'est surtout la musique de Philip
72 43
Glass qui concentre les critiques qui la qualifient parfois de « mensonge » ou de « régression » . Les qualificatifs de « monotone »
73
ou « ennuyeux » reviennent souvent dans les critiques vis-à-vis de La Monte Young et Terry Riley . Les critiques sont très divisées
19
et se posent en général en « pour » ou « contre » . En France, les premières réactions aux œuvres de John Adams n'ont pas été très
favorables. En 1990, le magazine Télérama écrit à propos de Nixon in China : « c'est le degré zéro de la musique. Une sorte de
74
produit typiquement américain, comme leCoca-Cola, Disneyland, et le nouvel ordre international » .

La critique du minimalisme se confond parfois avec celle du postmodernisme. Le compositeur avant-gardiste Brian Ferneyhough
refuse la postmodernité, et critique en particulier John Adams, chez qui il dénonce une absence d'éthique liée à la non-prise en
75
compte de la culture musicale .
Pour certains musicologues en revanche, le minimalisme s'inscrit parfaitement dans la modernité. Outre les influences certaines du
sérialisme, en particulier Schönberg et Webern, sur La Monte Young et Terry Riley, qui ont directement mené aux premières œuvres
du minimalisme, comme Trio for Strings (1958), l'application des processus rigoureux de génération de musique, comme ceux
développés par Reich et Glass, peut se mettre en parallèle avec les contraintes du sérialisme intégral ou les processus aléatoires de
John Cage. En particulier l'acceptation des résultats fournis par le processus de phasing (même s'il est déterministe, le processus
échappe partiellement au compositeur) peut se comparer directement à l'acceptation des produits musicaux générés par le hasard chez
5
Cage .

Pour le musicologue Keith Potter, un autre argument en faveur de la modernité du minimalisme est la « défamiliarisation », terme
proposé par le théoricien formaliste Victor Chklovski pour signifier la perte d'impact des éléments courants, amoindris dans leur
signification par l'habitude. Selon Chklovski, l'art aurait pour but de rendre cette signification aux choses auxquelles on se serait trop
habitué. Potter souligne que cette redécouverte d'éléments familiers avait déjà été effectuée par Cage et les sérialistes, mais que les
minimalistes la réalisent très différemment. Plutôt que de l'inouï, ils partent d'un matériau musical extrêmement simple et familier
5
pour l'étudier en profondeur grâce à une utilisation intensive de la répétition . Le premier paramètre ainsi étudié est le rythme, la
démarche systématique produisant des pièces proches de l'étude, et confèrent à ces premières pièces un vrai caractère de musique
expérimentale. Cette exploration s'élargit par la suite à d'autres paramètres (hauteurs, harmonie).

Keith Potter dit ainsi que :

« le minimalisme force les auditeurs à réinterpréter le familier, non seulement à travers leurs propres perceptions
et sensations, mais aussi par les énergies générées par les mêmes principes (pulsation régulière, et la sensation de
se diriger vers un but), qui ont sous-tendu l'approche de la musique tonale occidentale durant les siècles
5
derniers . »

Œuvres essentielles
76
1953 : Theme And Variations de Moondog, sacré père de la musique répétitive par Steve Reich et Philip Glass ;
1958 : Trio for Strings de La Monte Young, la première œuvre minimaliste faite uniquement de notes tenues ;
1964 : In C de Terry Riley, la première pièce fondatrice de la musique dite répétitive ;
1964 à maintenant : The Well-Tuned Piano de La Monte Young, œuvre monumentale sur unegamme naturelle;
1965 : It's Gonna Rain de Steve Reich, la première œuvre utilisant un décalage de phase ;
1967 : Piano Phase de Steve Reich, la pièce séminale du style minimaliste s'affirmant en tant que tel ;
1971 : Drumming de Steve Reich, pour la recherche stylistique sur les percussions minimalistes ;
1971 : Music in Twelve Parts de Philip Glass, comme somme de ses travaux sur le minimalisme depuis 1967 ;
1976 : Für Alina d'Arvo Pärt, qui créera le style tintinnabulum rattaché à la musique minimaliste ;
1976 : Einstein on the Beach, de Philip Glass, le premier opéra minimaliste ;
1976 : Music for 18 Musiciansde Steve Reich, la pièce minimaliste probablement la plus aboutie ;
1977 : Guitar Trio de Rhys Chatham, a combiné la musique minimaliste etpunk rock ;
1978 : Shaker Loops de John Adams, la première composition importante de John Adams, encore marquée par le
minimalisme ;
1987 : Concerto pour violon et orchestrede Philip Glass.

Annexes

Articles connexes
Musique classique des États-Unis
Techno minimale
Musique de drone
Minimalisme
Rytis Mažulis
Bibliographie
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1991 (ISBN 0-253-35498-6) [détail des éditions]
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Notes et références
Notes

1. Qu'est-ce vraiment que le minimalisme ?


2. In C se traduit en français parEn Do majeur
3. Ce terme a la préférence du compositeur pour la dif
férencier de la musique purement répétitive
4. En français, Accord de rêve

Références

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19850/), livret du CD Auvidis-Montaigne Œuvres de Brian Ferneyhough. 1997
76. « Philip GLASS » (http://neospheres.free.fr/minimal/glass.htm), sur neospheres.free.fr (consulté le
12 novembre 2017)

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