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Catherine Gottesman
rire dans la salle, une absence de réaction très étrange pour moi qui avais vu
Le Shaga et Yes, peut-être. Même surprise le lendemain, quand, racontant
l’histoire à une collègue, je n’ai pu la convaincre de l’humour de cette répar-
tie ; elle n’a pas ri non plus ! Pour elle, toute parole de Marguerite Duras ne
pouvait être considérée que comme sérieuse. La connivence avec la jeune
impertinente m’avait pourtant parue évidente.
C’est pourquoi il me paraît très difficile d’aborder le rire du côté de la ré-
ception, de l’évaluation du risible. J’ai donc choisi un chemin plus accessible,
en commençant par relever les occurrences du mot « rire » (et de ses syno-
nymes) dans les textes ; les vieilles habitudes de l’analyse structurale m’ont
ensuite amenée vers ce qui pouvait faire système avec « rire » : intuitivement,
je me suis arrêtée sur les verbes « pleurer » et « crier ». Autrement dit, partant
du niveau lexématique, j’élargirai mes observations au contexte pour interro-
ger les fonctions du rire dans la narration. Enfin, quelques tentatives
d’interprétation conduiront vers ce que la sémiotique nomme des formes de
vie, constituées ici, selon l’hypothèse initiale, par rire, pleurer, crier, ou leurs
nominalisations, le rire, les larmes, le cri.
Niveau lexématique
Verbes :
– Rire : Des centaines d’occurrences de « rire » se trouvent dans Le Marin de
Gibraltar, mais le verbe se rencontre aussi très fréquemment dans Un bar-
rage contre le Pacifique, Le Vice-consul, L’Amant, Les Yeux bleus cheveux
noirs, La Pluie d’été, L’Amant de la Chine du Nord, Yann Andréa Steiner, de
même que les expressions : « éclater de rire », « rire les yeux pleins de
larmes », « rire ferme », « rire doucement », « la mère rit de toute sa gorge »,
« pouffer de rire », « s’étrangler de rire ». On trouve également, « [t]u disais
pour rire » (YAS, 100), ainsi parle le petit Samuel mais aussi les adultes :
« ⎯ Tu veux rire », « c’est pour rire, que je dis ça » (MG, 225, 146). Dans
LE RIRE, LES LARMES, LE CRI COMME FORMES DE VIE… 99
ces derniers cas, il s’agit d’un langage enfantin ; « pour rire » n’implique pas
qu’on rie réellement mais qu’on quitte le mode du réel ou du sérieux.
Adjectifs et noms :
– Rieur, moqueur, hilares, « hilarité vulgaire et assouvissante »
« Rieur » : il s’agit d’une qualité permanente, renvoyant à une attitude
existentielle attirante, qu’ont en commun l’enfant (la narratrice de L’Amant
parle ainsi d’elle-même) et le petit frère : « J’oublie tout, j’oublie de dire ça,
qu’on était des enfants rieurs, mon petit frère et moi, rieurs à perdre le
souffle, la vie » (Amt, 78), puis Yann Andréa et Jeanne, la monitrice de Yann
Andréa Steiner, qui a des « yeux à la fois tristes et rieurs » (YAS, 44) ; la
narratrice parle de même dans Emily L. des « yeux rieurs » (EL, 67) de son
interlocuteur, par ailleurs décrit par la périphrase : « L’homme aux yeux
rieurs et aux cheveux blonds » (EL, 129). En revanche, « hilares », qualifiant
les lépreux (VC, 34), produit un effet tragique, signalant le mal, la folie,
l’exclusion. L’« hilarité vulgaire et assouvissante » de la mère (BP, 92) est
fortement dépréciative et renvoie implicitement au jugement de Suzanne.
Le lexique durassien est donc assurément varié. Il lui manque pourtant,
par rapport à la liste fournie à l’entrée « RIRE » du Grand Robert, les élé-
ments suivants : « se bidonner, se fendre la pipe, rire comme des bossus, se
gondoler, se boyauter, se dilater la rate, se tenir les côtes, rire comme une
baleine, rire dans sa barbe, sous cape ». Constater ces absences n’est pas sans
intérêt : il s’avère que Duras parle peu du corps dans le rire ; pour elle, le rire
vient d’ailleurs et se ressent globalement, comme on le verra.
(BP, 58). Mourir de rire : « ⎯ Ah ! j’étouffe […], je vais avoir une crise »
(BP, 51), « c’est ce rire qui l’avait fatiguée » (BP, 61). Rire à gorge dé-
ployée : « La mère rit de toute sa gorge » (BP, 49).
Bien souvent, la motivation est poétique : elle procède du signifiant,
créant une paronomase : « Les marins se marraient » (MG, 377). Ailleurs,
dans ce même roman, c’est une assonance en « i » qui est mise en valeur, « je
me mis à rigoler » (MG, 115), « je me mis […] à rire » (MG, 210), « [i]l rit
lui aussi » et « je ris aussi » (MG, 213), « cela me fit rire » (MG, 261), etc.
Pourtant, ce n’est pas cette vocalisation qui est retenue, mais « ah ah ah »,
quand le texte durassien propose une lexicalisation du son émis.
B : Ah ah ah.
A, informe : Elle rit. Ah ah ah, c’est quand elle rit.
H : Tiens
B : Ah ah ah.
A : Elle se tord, là, en ce moment. (Sh, 190-191)
Classement
On peut donc classer les lexèmes relevés :
1
Voir Éric Smadja, Le Rire (Paris : PUF, coll. « Que sais-je ? », 1993), 42.
LE RIRE, LES LARMES, LE CRI COMME FORMES DE VIE… 101
2
Daniel Sibony, Les Sens du rire et de l’humour (Paris : Odile Jacob, 2010), 9.
3
Ibid., 19.
4
Ibid., 22.
5
Information recueillie dans une conversation privée avec Michelle Porte.
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atteint un tel degré d’hilarité qu’il en perdait la respiration et que son rire,
silencieux, le mettait au point mort du paroxysme » (BP, 50).
La posture du corps, beaucoup moins souvent évoquée, apparaît surtout
dans Le Shaga, il s’agit de la torsion : « Oui. Ça me prend la nuit tout aussi
bien. […] Je me réveille et je me tords. Oui » (Sh, 209)6. La description est
plus complexe lorsque les personnages A, B et H essaient de décrire le lieu de
survenue du rire dans leur corps :
H : Où riez-vous ?
B, montre sa tête, très douce : Là, là.
[…]
A, à H : Moi c’est plus bas (geste : le ventre). [sous l’ plexus]
H : Ah oui. [Dans votre tête, ah oui.]
[…]
H : Moi c’est … C’est là, là (il montre sa tête) et là, là. (Il montre sa poitrine.)
Ça monte d’un côté, ça descend de l’autre, ça se manigance ensemble, ça se
mélange, ça se bouscule, et puis hop ! ça sort. Alors je me marre, ça y est.
[qu’est-ce que j’me marre]
A, impressionnée : Eh bien dites donc…
H : Oui oui. Puis impossible de faire autrement. J’ai essayé… eh bien…
impossible de me marrer… alors…
A, enchaîne : … C’est pas marrant. » (Sh, 208-209)
Quant à l’audition par les témoins, elle donne aussi une image du person-
nage en train de rire, selon son âge, son caractère : ils entendent le « sourd
glouglou » (BP, 52) du père Bart ; le rire de Suzanne est « un peu sifflant,
plus aigu » (BP, 49) que celui de Joseph. « Et lui aussi il rit du rire de la mère
encore inégalé, immense. Un ‘rire du Nord’ disait le frère aîné » (ACN, 197).
Gloussement (de la mendiante de Vinhlong) :
[E]lle crie et elle rit à gorge déployée. Elle a un rire d’or, à réveiller les morts,
à réveiller quiconque écoute rire les enfants. […] Elle crie, elle rit de son
gloussement miraculeux d’oiseau. À cause du rire elle trouve à Chittagong
une jonque qui la traverse [la mer], les pêcheurs veulent bien la prendre. (Amt,
106-108)
6
Nous donnons entre crochets des ajouts faits manuellement par Marguerite Duras sur
le manuscrit de Claire Deluca, lors des répétitions d’une reprise du Shaga en 1973,
afin que la pièce soit plus comique.
LE RIRE, LES LARMES, LE CRI COMME FORMES DE VIE… 103
Agosti continua à se marrer. [...] Les barrages de la mère dans la plaine, c’était
le grand malheur et la grande rigolade à la fois, ça dépendait des jours. C’était
la grande rigolade du grand malheur. C’était terrible et c’était marrant. Ça dé-
pendait de quel côté on se plaçait, du côté de la mer qui les avait fichus en
l’air, ces barrages, d’un seul coup d’un seul, du côté des crabes qui en avaient
fait des passoires, ou au contraire, du côté de ceux qui avaient mis six mois à
les construire dans l’oubli total des méfaits pourtant certains de la mer et des
crabes. Ce qui était étonnant c’était qu’ils avaient été deux cents à oublier ça
en se mettant au travail. (BP, 52-53)
Et elle [la mère] rit elle aussi. Joseph la tenait captive comme un oiseau.
C’était d’elle d’ailleurs qu’il tenait le don de rire comme ça, de pouvoir tout à
coup inventer de rire des raisons mêmes qui, la veille, la faisaient pleurer. (BP,
312).
Celui qui est là maintenant et qui dort, celui-ci, tout à l’heure, a ri. Il a ri à une
girafe qu’on venait de lui donner. Il a ri et ça a fait un bruit de rire. Il y avait
du vent et une petite partie du bruit de ce rire m’est parvenue. Alors j’ai relevé
un peu la capote de sa voiture, je lui ai redonné sa girafe pour qu’il rie de nou-
veau et j’ai engouffré ma tête dans la capote pour capter tout le bruit de rire.
Du rire de mon enfant. J’ai mis l’oreille contre le coquillage et j’ai entendu le
bruit de la mer. L’idée que ce rire était dispersé dans le vent, c’était insuppor-
table. Je l’ai pris. C’est moi qui l’ai eu. Parfois quand il bâille, je respire sa
bouche, l’air de son bâillement. « S’il meurt, j’aurai eu ce rire. » Je sais que ça
peut mourir. Je mesure toute l’horreur d’un pareil amour. (O, 281-282)
Nous voyons déjà dans ces derniers classements se dessiner les éléments du
niveau narratif.
Niveau narratif
10
Henri Bergson, Le Rire. Essai sur la signification du comique (Paris : PUF, coll.
« Quadrige », 1940), 6.
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On crie un nom d’une sonorité insolite, troublante, faite d’une voyelle pleurée
et prolongée d’un a de l’Orient et de son tremblement entre les parois vi-
treuses de consonnes méconnaissables, d’un t par exemple ou d’un l.
La voix qui crie est si claire et si haute que les gens s’arrêtent de parler et at-
tendent comme une explication qui ne viendra pas. (YB, 11)
Moins choquantes mais tout aussi remarquables, les larmes coulent abon-
damment des yeux d’Anne-Marie Stretter, commentées par le vice-consul et
Charles Rossett : « ⎯ Vous avez de la chance, dit-il, faire pleurer cette
femme. […] ⎯ J’ai entendu dire ça… son ciel, ce sont les larmes » (VC,
171). De même, les larmes presque continuelles caractérisent le couple des
Yeux bleus cheveux noirs, dont certaines pages détaillent la réitération (par
exemple 16-20, 57-58, 90-91, etc.).
Il pleure.
Il ne pleure que lorsqu’elle est là, dans ce lieu qui est à lui seul et qu’elle a en-
vahi. Il ne pleure que dans ce cas, qu’elle soit là alors qu’il voudrait qu’elle ne
soit là que lorsqu’il l’ordonne. Très vite les pleurs deviennent sans raison
d’être aucune, de même que le sommeil. Il pleure comme, elle, elle dort. Par-
fois, elle, elle pleure dans la nuit, sans bruit. (YB, 57-58)
On ne relève pas moins de six occurrences des pleurs dans l’espace de huit
lignes. Le même roman présente aussi de nombreuses survenues des cris et
du rire, révélant ainsi leur affinité dans certains états proches du désespoir.
Quelques interprétations
– Le rire
Dans les trois romans familiaux, Un barrage contre le Pacifique,
L’Amant, L’Amant de la Chine du Nord, nous avons vu comment la famille
exclut le prétendant étranger. Mais les membres de la famille ne sont pas tout
à fait unis : le rire de la mère la met à part. C’est un rire du nord, différent de
celui des enfants. Catherine Bouthors Cloarec11 nous a montré comment la
11
Catherine Bouthors-Cloarec, « Le Fantasme de fraternité métisse, un barrage contre
l’inceste et la déliaison ». Conférence prononcée le 14 mai 2011 aux « Rencontres de
Duras », Château de Duras, autour du thème « Fils, filles, frères, sœurs ».
110 CATHERINE GOTTESMAN
C’est pas parce que Dieu n’existe pas qu’il faut se tuer, je pense que c’est
parce que Dieu n’existe pas qu’il faut s’en foutre ! Et être joyeux ! Rien ne
remplacera Dieu. C’est une notion absolument irremplaçable et magnifique et
essentielle et, je ne sais pas, géniale complètement géniale. Bon, mais du mo-
ment qu’il n’existe pas, il n’existe pas. Donc soyons dans la gaieté, voilà,
donc dans le gai désespoir, le gai désespoir que Dieu n’existe pas et qu’en
quelque sorte on s’en réjouisse.12
Tel pourrait être finalement le sens du rire devenu forme de vie : un gai
désespoir face à l’absence de la transcendance.
Seuls les enfants accèdent à un rire d’une autre nature en raison de leur
pureté. « Le rire des enfants, leur gaieté, leurs fous rires, c’est la seule exi-
gence véritable, semblerait-il » (ME, 191). On peut penser aussi aux rires des
enfants de La Pluie d’été lorsque leur père plaisante et chante « La Neva » en
faux russe. Ils marquent des moments de grande harmonie dans cette famille
marginale.
12
Transcription du dialogue de Duras filme (1981), produit et réalisé par Jean Masco-
lo et Jérôme Beaujour. Voir DVD Agatha et les lectures illimitées (Benoît Jacob
Vidéo, 2009). Le texte est retranscrit de façon légèrement différente dans Le Monde
extérieur (ME, 190).
LE RIRE, LES LARMES, LE CRI COMME FORMES DE VIE… 111
J’ai dit que je ne pouvais rien contre ces pleurs-là. Qu’ils étaient devenus pour
moi comme un devoir, une nécessité de ma vie. Que moi je pouvais pleurer de
tout mon corps, de toute ma vie. […] Qu’écrire pour moi, c’était comme pleu-
rer. […] Que le deuil devrait se porter comme s’il était à lui seul une civilisa-
tion, celle de toutes les mémoires de la mort décrétée par les hommes, quelle
que soit sa nature, pénitentiaire ou guerrière. (YAS, 33)
Ainsi, les larmes quittent la sphère des chagrins personnels pour devenir une
réponse possiblement collective à la culpabilité historique née après
Auschwitz : l’événement a engendré une civilisation du deuil.
La jeune fille est sous la faim trop grande pour elle, elle croit que la vague va
être trop forte, elle crie. Elle essaie de ne plus regarder le Stung Pursat. Non,
non, je n’oublie pas, je suis ici où sont mes mains. (VC, 19)
C’est à cette époque-là que Yann entre dans une période de cris, de hurle-
ments […]. Il crie contre moi, il devient un homme qui veut quelque chose,
mais qui ne sait pas quoi. Il veut, mais il ne sait pas quoi. Alors, il crie, pour
dire qu’il ne sait pas ce qu’il veut. (PCN, 11)
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Plus loin, après avoir affirmé : « [I]l n’y avait rien dans ma vie qui avait
été aussi illégal que notre histoire, à Yann et à moi » (PCN, 18-19), l’auteur
comprend et admet cette violence survenue pendant l’écriture de La Maladie
de la mort dont Yann tapait le manuscrit en disant : « Vous êtes folle, vous
êtes la pute de la côte normande » (PCN, 16).
Lorsque le vice-consul est confronté à l’exclusion, il crie, mais ses cris,
objets d’un accord préalable avec Anne-Marie Stretter, font d’eux des amants
secrets et transgressifs (VC, 146 ; IS, 100-103, 109-111). Lorsque l’homme
voit s’éloigner l’être aimé qui traverse le hall des Roches noires, il crie (YB,
11). Lorsque l’amant voit partir définitivement la petite, il crie (Amt, 123 ;
ACN, 194). Lorsque Lol V. Stein voit partir son fiancé Michael Richardson
avec Anne-Marie Stretter, elle crie « sans discontinuer » (RLVS, 22). Lors-
que le narrateur du Marin de Gibraltar prend conscience de son amour pour
Anna, il crie (MG, 405). Lorsque le frère perçoit l’impossibilité d’empêcher
le départ d’Agatha, il crie (Ag, 41). Qu’ont en commun ces cris ? Ils sont liés,
semble-t-il, à la perception d’une limite, à la notion d’un franchissement
mettant en jeu la survie. Sauf dans le cas de la mendiante, ils sont en relation
avec la sexualité, l’interdit, le refoulement.
De même que les coups de feu sur les lépreux de Lahore sont équivalents
aux pleurs de l’ambassadrice, les cris solitaires du vice-consul dans Calcutta
désert sont équivalents aux rires ou aux pleurs partagés par d’autres person-
nages. En effet, ces cris scandaleux ont fait l’objet d’un accord préalable avec
celle dont il fait retentir le nom de jeune fille, Anna Maria Guardi, son nom
de Venise, dans les rues de la ville. Préméditer ensemble ces cris, c’est faire
advenir quelque chose entre eux, c’est leur façon de vivre une histoire
d’amour.
Dans Agatha, la mise en place d’un protocole chargé d’assumer l’amour
incestueux tout en empêchant son accomplissement fait crier :
Tous les paliers du désir sont là, parlés, dans une douceur égale.
LUI.⎯ Je vais mourir.
ELLE. ⎯ Mourez. (Ag, 41)
Alors que le rire et les larmes sont toujours effectifs, le cri peut rester virtuel,
être « parlé dans la douceur ».
Proche de la dislocation totale de son être, le personnage est capable de
préserver sa vie en passant au niveau symbolique, au cri virtuel, celui de
l’écriture aussi, dont Marguerite Duras a largement commenté le sens pour
elle.
Dans Marguerite Duras, l’écriture illimitée, après avoir cité les mots de
Claire Lannes : « Je ne pouvais pas crier, alors j’ai écrit » (TAA, 99), Joëlle
Pagès-Pindon commente ainsi la paronomase CRI / ÉCRIT :
La formule va bien au-delà d’un simple jeu de sonorités qui fait de CRIER
l’inverse d’ÉCRIT. Comme dans l’équivalence entre la mer et la mère, la pa-
ronomase dit la proximité poétique, métaphorique entre le cri et l’écrit, entre
la folie et l’écriture.13
En guise de conclusion :
13
Joëlle Pagès-Pindon, Marguerite Duras, l’écriture illimitée (Paris : Ellipses, 2012),
159.
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