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Publié le 10/02/2018.
Métaphysique et spiritualité
Car il y a de l’épique, étrangement, dans ces œuvres
apparemment figées, quasi arrêtées, où il ne se passe pas
grand-chose. S’y nouent juste, et dénouent, derrière les
mots répétitifs et entêtants, d’amples mouvements et
torsions d’âme. Métaphysique et spiritualité nourrissent
ces dialogues apparemment matériels et simples, presque
pauvres. Y plane l’influence symboliste et inquiète d’un
Maeterlinck. On pourrait encore évoquer Tchekhov, tant
les trois sœurs qui se réjouissent ici de la venue si
attendue du frère absent rappellent celles du maître
russe… Jean-Luc Lagarce dialogue avec tout le théâtre, la
Bible, les grands mythes. Les vingt-cinq pièces qu’il a
laissées sont peuplées d’ombres et de fantômes, de
souvenirs. De cendres. Voilà pourquoi elles peuvent
émouvoir si fort, et envoûter. Dans la mystérieuse
scénographie blanche et fragile, quasi irréelle signée
Pierre Nouvel, la jeune metteuse en scène Chloé Dabert
dirige avec une précision toute musicale cinq comédiennes
— sœurs, mère, grand-mère — de magnétique présence.
J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie
vienne. Jean-Luc Lagarce. Durée : 1h30. Mise en scène
Chloé Dabert. Jusqu’au 4 mars, Théâtre du Vieux-
Colombier, Paris 6e. Tél. : 01 44 58 15 15.