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Bonjour.

Je m'appelle Michel Grandjean et j'enseigne l'histoire du christianisme à l'Université de


Genève. Je vous souhaite la bienvenue dans cette séquence qui va être consacrée au concept
de réforme d'une part et à la présentation aussi brève que possible de quelques courants
réformateurs en Europe.
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Calvin, ce n'est pas l'homme de la réforme, c'est l'homme d'une réforme. Et c'est à dessein que
nous avons choisi cet article indéfini dans le titre de notre cours Calvin, Histoire et réception
d'une Réforme. Il nous faut commencer par définir le concept même de réforme. Je vous propose
d'écouter à cet égard ce qu'écrivait il y a quelques années Marc Venard grand historien de la
réforme catholique du XVIe siècle. Écrire l'histoire, notait Venard, c'est pour une large
part projeter un vocabulaire ordonnateur sur la confusion des réalités. Voilà ce que doivent faire
les historiens. La réalité est complexe, confuse même, et nous tentons de mettre des mots sur
cette réalité. Le concept de réforme, c'est l'un de ces mots. Qu'est-ce que cela veut dire? Il faut
commencer par prendre conscience du fait que jamais Calvin, pas davantage que d'autres
réformateurs, ne se serait réveillé un beau jour avec la conscience d'inventer ce qu'on pourrait
appeler la réforme de l'Église.
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Calvin, il est vrai, a parlé à plusieurs reprises de réformer l'Église. En 1549, il a notamment publié
un livre sur la vraie réforme de l'Église.
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Mais il ne faut pas oublier que le concept de réforme est tout sauf nouveau au XVIe siècle.
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Il est même abondamment présent dans toutes les bouches et sous toutes les plumes dans
l'Église latine depuis quelques siècles.
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Réformer, qu'est-ce que cela veut dire? C'est d'abord le latin reformare qu'il faut
comprendre. Reformare ne veut pas dire autre chose que reformer, reconstruire, rétablir une
chose dans un état originel, corriger une chose dans ce qu'elle peut avoir de défaillant.
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On réforme, reformare, un mur qui menace de s'écrouler, on réforme une canalisation qui est
percée, on réforme un toit, et c'est par extension qu'on va en latin médiéval parler de reformare
pacem, c'est-à-dire rétablir la paix ou alors, nous sommes maintenant sur notre terrain, reformare
ecclesiam, c'est-à-dire réformer l'Église. Il y a d'innombrables réformes ecclésiastiques au moins
à partir du XIe siècle. Dans la deuxième moitié du XIe siècle, des papes comme Léon
IX, Grégoire VII, Urbain II, mènent une réforme de l'Église. Ce sont souvent les ordres
monastiques qu'on a réformés. Voyez au XIIe siècle, Bernard de Clairvaux, le grand théologien
des cisterciens ne tente pas autre chose avec ses frères cisterciens qu'à réformer l'ordre
bénédictin.
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Quand Louis IX, Saint Louis au XIIIe siècle, voudra réformer le royaume, il nommera un certain
nombre de réformateurs généraux à qui il confiera les pleins pouvoirs.
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Un siècle avant Calvin, le concile de Constance qui se réunit de 1414 à 1418 n'a qu'un seul
objectif, celui de réformer l'Église.
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Un siècle plus tard, le concile de Latran V voudra lui aussi réformer l'Église dans sa tête et dans
ses membres, in capite et in membris, à Genève même au XIIIe, au XIVe, au XVe siècle, quand
on parle de réforme ecclésiastique, on désigne par là ainsi que l'a bien montré l'historien Louis
Binz, l'action de l'évêque de Genève qui va visiter ses paroisses.
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Réforme, c'est donc un concept tout ce qu'il y a de plus banal. Deux choses à noter d'entrée de
jeu, réforme, ça n'a rien de spécifiquement protestant.
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Banalité affligeante, je vous le disais, le concept est sur toutes les lèvres, tout le monde parle de
réforme et en particulier de Réforme de l'Église.
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Deuxième chose à noter.
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Toute réforme postule un état intérieur meilleur.
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Voyez, dans le domaine ecclésiastique, réformer l'Église, c'est exprimer le désir de revenir à
l'Église des origines, à cette Église telle qu'elle est décrite dans certains passages du livre des
Actes des Apôtres en particulier, une Église que l'on postule comme étant pure, comme
étant parfaite, parce qu'elle est toute proche de la réception de l'Évangile. En cela, on peut dire
que l'idéal de réforme, c'est un idéal par lequel on se tourne vers le passé.
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Et qu'à cet égard, la réforme est contraire d'une certaine façon au progrès. Le progrès espère un
avenir meilleur, la réforme postule un passé qui est meilleur que le présent et vers lequel il faut
retourner.
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Jean Calvin, Histoire et réception d'une Réforme.
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Une réforme, vous le voyez, parce qu'il y a beaucoup d'autres réformes. Mais il y a en particulier
un certain nombre d'autres réformes protestantes tout au long du XVIe siècle et c'est de ces
réformes que j'aimerais maintenant très brièvement parler pour qu'on puisse ensuite situer Calvin
dans son contexte.
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On appelle communément la Réforme, avec un R majuscule et au singulier, le mouvement de
réforme qui est lancé par un ermite augustin, Martin Luther en Saxe dans les années 1515,
1517. Martin Luther paraît très loin de Genève. Sur la carte que vous voyez ici, un point noir
désigne sa ville Wittenberg où il enseigne à l'Université. C'est de là que partent les idées de la
Réforme de Luther.
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Entre 1500 et 1600, le phénomène de Réforme qui comprend toutes les réformes
protestantes, mais également la Réforme catholique romaine, la Réforme du concile de Trente,
est incontestablement le phénomène qui transforme le plus profondément le visage de l'Europe
toute entière.
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C'est le concept qui va contribuer à faire émerger ce qu'on appelle déjà la modernité, mais il en
sera question dans quelques semaines.
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Je viens de prononcer le nom de Luther. Il me faut en dire un mot, pardonnez-moi, ce sera très
bref. Luther est né en 1483, donc un quart de siècle environ avant Calvin.
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Au cœur de l'action qu'il entreprend, il y a d'abord chez Luther une inquiétude, l'inquiétude de
n'être pas capable de faire bonne figure face à Dieu, d'être par Dieu déclaré indigne et donc
d'être condamné à la peine éternelle de l'enfer.
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En 1928, Lucien Febvre, le grand historien de l'École des Annales écrivait déjà ceci à propos de
Luther. Ce qui importe à Luther de 1505 à 1515, ce n'est pas la réforme de l'Église, c'est Luther,
l'âme de Luther, le salut de Luther. Cela seul. Voyez, Luther, c'est d'abord la volonté de repenser
fondamentalement les rapports de l'humain avec Dieu.
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Le jeune Luther, si l'on en croit ce qu'il racontera lui-même bien des années plus tard, le jeune
Luther est comme obsédé par la crainte du jugement de Dieu. Et sa découverte libératrice a été
de comprendre la justice de Dieu non pas comme une instance qui nous menace et nous
condamne mais comme un don que Dieu fait à l'humain. Pour Luther, parler de la justice de Dieu,
c'est parler de la façon dont Dieu nous déclare justes, la façon dont Dieu nous rend justes, en
dépit du fait que nous sommes foncièrement injustes. Les théologiens, qui ont des concepts
parfois un peu compliqués pour toutes les choses, appellent ce principe la justification par la foi.
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Hors de ce principe, il n'y a pas de réforme protestante. Nous verrons et nous aurons l'occasion
de le voir à plusieurs reprises que ce principe traverse toute l'œuvre de Calvin. C'est le principe
souverain de notre foi, écrit-il en 1539. Et chez Calvin, il y a sans doute des inflexions différentes
un peu de ce qu'on trouve chez Luther et nous aurons, je pense, l'occasion des les signaler.
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Calvin n'a jamais rencontré Luther en personne. Calvin ne savait pas un mot d'allemand, Luther
ne connaissait pas un mot de français, mais les deux auraient fort bien pu converser en latin s'ils
s'étaient rencontrés. D'ailleurs, ils se sont écrits en latin et ils se sont lus. Nous avons une lettre
que Luther écrit en 1539 à Bucer à Strasbourg. Nous verrons que Calvin à ce moment-là est
précisément à Strasbourg, Luther termine sa lettre en disant à Bucer de bien saluer Jean Calvin
dont, écrit Luther, j'ai lu les ouvrages avec grand plaisir. Et six ans plus tard, en janvier 1545,
Calvin envoie deux de ses livres à Luther et il lui écrit en substance, je le traduis ici du
latin. J'aimerais pouvoir te rencontrer pour discuter avec toi de quelques questions. Mais comme
cela ne nous sera pas donné sur cette terre, ce sera, je l'espère dans peu de temps, dans le
royaume de Dieu. Effectivement, Luther mourra l'année suivante en 1546. Voilà donc la Réforme
luthérienne. Il y a un autre foyer de réformes protestantes, c'est celui de Zurich, avec
Zwingli. Zwingli que Calvin n'a jamais pu connaître non plus car il est mort sur le champ
de bataille en 1531 alors que Calvin n'est qu'un tout jeune homme de 22 ans. En revanche,
Calvin connaîtra, appréciera le successeur de Zwingli, Heinrich Bullinger, avec lequel il va
entretenir une correspondance très soutenue tout au long de son existence. La Réforme de
Zurich va gagner Berne en 1528 et Berne sera le principal allié, le plus puissant défenseur
politique de Genève.
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Il y a une dernière réforme qu'il me faut mentionner ici brièvement, c'est la Réforme humaniste
française. Autour de Lefèvre d'Étaples, cet homme de Normandie qu'on a surnommé
l'Érasme français, autour de l'évêque Briçonnet de la ville de Meaux, on trouve dans ce milieu un
certain Guillaume Farel qui déploie sa formation intellectuelle auprès de ces
humanistes. Guillaume Farel se retrouvera plus tard dans l'orbite de Berne, on le retrouvera à
Genève et il deviendra lui aussi un ami de Calvin.
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De tout cela, nous aurons l'occasion de reparler.
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Nous arrivons au terme de cette première séquence, je vous remercie de l'avoir suivie.

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