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École Polytechnique Fédérale de Lausanne

Learning from Vernacular la terre crue

Étude de cas :
Mise en pratique de la construction en
terre crue sur un chantier au Togo

Dans le cadre du cours de :


Pr. Pierre Frey

Laetitia Meuriot
Nikos Topulos

2011
Introduction
En parallèle avec les différents exposés de notre cours ENAC � Learning
from vernacular, la terre crue �, nous avons eu l’opportunité de nous rendre
compte de certaines réalités de la construction en terre crue en approchant de
plus près un chantier d’une maison en terre crue au Togo.

Figure 1 – Tata, ferme traditionnelle au Togo. (photo O. Pasdeloup)

Nous utiliserons parfois les abréviations suivantes :

BTC brique de terre comprimée


BCm brique de mortier de ciment
Fbr fibrociment

2
Table des matières
1 Présentation du projet 4

2 Adaptation aux spécificités de Lomé 5


2.1 Le choix de la technique de construction en terre . . . . . . . . . 5
2.2 Le choix du ciment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.3 BTC : les étapes de fabrication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.4 L’introduction de piliers en béton armé . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.5 Le choix du fibrociment pour la toiture . . . . . . . . . . . . . . . 11

3 Les limites de l’analyse de cycle de vie 12

4 Mini analyse du projet 14


4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
4.2 Approche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
4.2.1 Matériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
4.2.2 Domaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
4.2.3 Volume ou masse ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
4.3 Valeurs et hypothèses de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
4.3.1 Prix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
4.3.2 Impact environnemental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
4.3.3 Matériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
4.4 Analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
4.4.1 Projet en cours de réalisation . . . . . . . . . . . . . . . . 20
4.4.2 Maison en briques de mortier de ciment . . . . . . . . . . 27
4.4.3 Variante en pisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
4.4.4 Variante en pisé et dalles de terre . . . . . . . . . . . . . . 29

5 Conclusion 30

6 Annexe 32
6.1 CCL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
6.2 Quelques photos du chantier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

3
1 Présentation du projet
Le projet est une villa familiale à deux étages située à Lomé, capitale du
Togo. Les maı̂tres d’œuvre sont un couple togolo suisse, et la direction architec-
turale est assurée par d’anciens diplômés de l’EPFL :
– Cyril Royez
– Olivier Dalang
– Asako Berwert
Sur place la direction des travaux est assurée par Robert Pataveli, architecte
togolais.

Figure 2 – Rendu 3d de la maison projetée.

L’idée initiale des architectes était de construire une maison durable, autant
que possible en matériaux naturels et locaux. Au cours des travaux préliminaires
sur le projet, cet idéal a dû être adapté aux contraintes locales.
Le chantier a commencé en février 2012, il est toujours en cours. Actuelle-
ment, le rez-de-chaussée est presque terminé.

4
2 Adaptation aux spécificités de Lomé
Les architectes s’étaient déjà rendus à plusieurs reprises au Togo et y sont
retournés pour préparer ce projet. Voulant depuis le départ construire une mai-
son en terre, leur projet a été influencé et s’est en même temps adapté aux
différentes spécificités locales.

2.1 Le choix de la technique de construction en terre


Voici les principaux facteurs qui ont influencé leurs choix :
– Un pays pauvre
Le Togo est un pays pauvre, il arrive entre 175ème et 185ème selon la
source 1 . Même Lomé, avec la majorité de ces rues en terre battue, est peu
développée par rapport aux autres capitales d’Afrique de l’Ouest.
Cette réalité influence directement le choix d’entreprises et de savoirs-faires
qui s’offrent aux architectes.
– Perception des matériaux
Une culture différente amène forcément une perception différente des matériaux
constituant l’habitat, et dans le cas du Togo il faut ajouter à cela sa pau-
vreté qui a pour conséquence une forte dépréciation des matériaux tradi-
tionnels et une idéalisation des matériaux dits ”modernes”.
– Climat
Le Togo jouit d’un environnement plutôt clément, il n’y a pas de cy-
clones ou tremblement de terre. Toutefois, avec ses pluies de mousson et
ses températures tropicales, la météo est très différente de ce que nous
connaissons en Suisse.
1. International Monetary Fund (2010-11), World Bank (2005–10), CIA World Factbook
(1993–2011)

5
Le principe des “bonnes bottes, bon chapeau” n’est ici plus suffisant pour
protéger un édifice en terre sans revêtement, puisque les pluies battantes
sont régulièrement accompagnées de vents forts.

Conséquences � Le choix d’un type de mise en œuvre dépend d’une quantité


de données d’ordre technologiques, économiques, climatiques ou culturelles � 2 .
Étant partis sur l’idée de construire une maison en terre, les architectes ont
rapidement dû choisir une technique adaptée aux conditions locales, notamment
aux fortes pluies qui rendent la protection de la terre primordiale. La chaux
apparaı̂t donc comme un matériau clé, puisqu’elle permet autant de stabiliser
la terre, que de préparer des revêtements.

Figure 3 – Bâtiment du CCL.

Sur place malheureusement, la pauvreté limite beaucoup les possibilités.


Ainsi, pour commencer la seule entité ayant une expérience dans la construction
“moderne” en terre semble être 3 le Centre de la construction et du logement 4
(CCL) à Lomé. Le CCL, qui produit uniquement du BTC, a donc fortement
influencé le choix de la technique de construction, mais d’autres raisons sont à
signaler.
Ensuite au Togo la terre, matériau vernaculaire, est directement associée au
village et à la pauvreté. Toutefois, la brique de terre comprimée apparente et
régulièrement disposée plaı̂t et engendre moins de réticences que les modes de
construction discutés ci-après 5 .
La construction en pisé n’est pas envisageable puisque le savoir-faire local
traditionnel donne un résultat incompatible avec l’idée de la modernité (grande
irrégularité du pisé). Le mode de construction en BTC est plus avantageux,
2. � Construire en terre � par le CRAterre, P. Doat, A. Hays, H. Houben, S. Matuk, F.
Vitoux (p.161)
3. Les architectes ont consacré plusieurs semaines sur place à cette recherche.
4. http ://www.ccltogo.org
5. Il existe bien entendu des techniques traditionnelles de construction en terre, mais celles-
ci ne donnent pas un résultat “moderne”, utilisées directement elles seraient totalement inac-
ceptable pour le maı̂tre d’ouvrage.

6
notamment car contrairement au pisé il offre la possibilité d’échelonner la fa-
brication tout au long du chantier. Étant donné que des modifications sont à
prévoir lors de la réalisation, une technique qui permet plus de souplesse dans
sa mise en œuvre est préférée.
Le façonnage direct ou la construction en briques d’adobe ne feraient pas
l’unanimité non plus : les murs créés avec ces techniques ont une esthétique
souvent associée au milieu rural par la population, cela serait mal perçu dans
la capitale. De plus, la résistance aux intempéries du mode de construction par
façonnage direct est médiocre 6 . Or dans cette région équatoriale, les pluies sont
abondantes en saison humide et souvent violentes ; elles vont jusqu’à endomma-
ger les constructions. Des techniques qui offrent une plus grande résistance aux
intempéries sont donc à préférer.
Pour toutes les raisons ci-dessus associées à l’absence de chaux (voir § 2.2)
c’est sur le BTC que s’est porté le choix des architectes.

2.2 Le choix du ciment


Les stabilisants les plus usuels sont la chaux et le ciment. La chaux présente
un avantage écologique important, comme l’illustre le tableau 1 7 .

Mortier de chaux Mortier de ciment


Unité 1 [m3] 1 [m3]
Energie primaire non ren. [MJ] 1477 2161
Energie primaire ren. [MJ] 9.6 27
Effet de serre [kg CO2 éq.] 177 389
Dégradation de l’ozone [kg R11 éq.] 0.000008 0.00002
Acidification [kg SO2 éq.] 0.15 0.85
Surfertilisation [kg PO4 éq.] 0.016 0.13
Smog d’été [kg C2H4 éq.] 0.029 0.099

Table 1 – Impact écologique du mortier de chaud et du mortier de ciment.

Cependant, la chaux n’a pas pu être utilisée dans la maison. Ce matériau


a cessé d’être produit au Togo en raison du prix moindre du ciment importé.
Malgré l’augmentation du prix du ciment, et la présence du savoir-faire et les
outils nécessaires (il y a deux unités de production de chaux opérationnelles au
CCL), la production de chaux n’a pas lieu 8 . C’est donc l’alternative du ciment
qui a été choisie comme stabilisant et comme mortier.

2.3 BTC : les étapes de fabrication


C’est donc le choix du BTC stabilisé au ciment qui s’est imposé. La pro-
duction de ces briques sur le terrain s’effectue en plusieurs étapes décrites en
images.

6. � Construire en terre � par le CRAterre, P. Doat, A. Hays, H. Houben, S. Matuk, F.


Vitoux (p.105 et 137-138)
7. � Construire, Atlas des matériaux �, M.Hegger, V. Auch-Schwelk, M. Fuchs, T. Ro-
senkranz, édition PPUR. Données issues du logiciel de bilan GaBi 4, qui exploite des données
issues de coopérations industrielles et d’ouvrages techniques ou traitant de brevets. (p.100)
8. L’achat de chaux importé est possible, mais sont s’avère est prohibitif.

7
Figure 4 – Livraison de terre sur le chantier.

Figure 5 – Matériaux de construction en vrac.

8
Figure 6 – Tamisage de la terre.

Figure 7 – Presse Terstaram en situation réelle.

9
Figure 8 – Briques de terre entreposées.

Figure 9 – Les briques sèchent 3 jours en cuve humide, puis 3 semaines en cuve
sèche. Elles sont protégées par des bâches des intempéries et d’un séchage trop
brusque.

10
2.4 L’introduction de piliers en béton armé
Malgré la présence du CCL, la terre crue est utilisée principalement comme
remplissage et non pas comme structure porteuse dans la majorité des bâtiments
à Lomé. Cela entraı̂ne des méfiances lors de la construction en BTC : la maçonnerie
a dû sous la demande de l’architecte local être renforcée par des piliers en béton
armé.

Figure 10 – Exemple d’un structure en béton armé et remplissage en BTC.

2.5 Le choix du fibrociment pour la toiture


La charpente de la toiture est constituée de bois, technique fort répandue et
bien maı̂trisée. Reste toutefois le choix du matériau recouvrant celle-ci.
La forêt togolaise est menacée. Elle subit un empiètement incontrôlé par la
population rurale appauvrie, il y a braconnage de bois, et les plans de gestion se
limitent à quelques plantations de teck. À peine 300 hectares de nouvelles plan-
tations sont établis par an. L’option du bois pour couvrir la toiture n’apparait
donc pas comme particulièrement durable.
Une autre possibilité serait une toiture en pierre. Malheureusement, les toi-
tures en pierre ne sont pas utilisées au Togo et par conséquent il n’existe aucun
savoir-faire en la matière.
Pour ces raisons le choix s’est porté sur une toiture en fibrociment, largement
utilisé dans la capitale.

11
3 Les limites de l’analyse de cycle de vie
Le projet initial et celui effectivement réalisé sont différents. Il nous a semblé
intéressant de comparer les deux avec la méthode de l’Analyse de Cycle de Vie
(ACV). L’ACV est une méthode d’analyse environnementale qui permet une
évaluation des impacts à grandes échelles de temps et d’espace. Elle intègre le
cycle de vie complet des produits, et repose sur une évaluation multicritère.
Réaliser cet ACV pourrait nous permettre de déduire si l’utilisation de la terre
crue a réellement une plus grande performance environnementale que l’utilisa-
tion du béton sur le projet de la maison au Togo.
Cependant, l’application de cette méthode d’analyse environnementale est
problématique dans notre cas pour les raisons qui suivent. Tout d’abord, il
n’était pas possible d’inclure tous les processus de production, de fabrication,
et de fin de vie de notre maison. Or dans la méthode d’analyse de cycle de vie,
il est primordial d’introduire dans les limites du système les processus depuis le
berceau jusqu’à la tombe 9 .

Figure 11 – Arbre des procédés et principales étapes de l’ACV.

Même en choisissant un niveau de détail limité (en fonction des objectifs


de l’étude, on peut choisir un niveau de détail plus ou moins grand dans la
modélisation de notre système), il nous manquait de nombreuses données. Par
exemple pour la fin de vie des déchets, il n’y a pas de données chiffrées : en
sortant du chantier, les déchets peuvent être incinérés sur le bord des routes
tout comme directement récupérées par des particuliers. D’autres incertitudes
existent : les distances de transport ne sont pas toujours connues, et on ne
connait pas non plus exactement les conditions d’extraction et de raffinage des
matières premières, notamment le ciment et l’acier.
Outre les contraintes rencontrées lors de la définition des limites de notre
analyse, la description quantitative des flux de matière, énergie, et polluants
9. Source : Cours � Comprendre, réaliser et développer une vision critique en ANALYSE
DU CYCLE DE VIE (ACV) �, Jérôme PAYET, SIE 2011/2012

12
qui traversent les limites du système est problématique. Cette étape, nommée
inventaire des émissions et extractions, est fondée sur des facteurs d’émissions
répertoriés dans des bases de données telles qu’EcoInvent, North America, etc. . .
La qualité de ces données repose sur plusieurs critères : elles ne sont représentatives
que si le procédé qu’elles décrivent est en corrélation géographique, temporelle
et technologique avec le procédé que l’on souhaite décrire. La base de données
couvre l’Europe occidentale seulement et il ne serait pas réaliste de l’utiliser
pour un projet au Togo. De plus, les matériaux de construction vernaculaires
n’y figurent pas. Or Il n’existe pas de base de données fiable pour cette région
d’Afrique. La méthode de l’ACV ne peut donc pas être appliquée pour effectuer
notre comparaison.

Figure 12 – Origine des principaux matériaux (Attention : CimTogo ne produit


que le clinker, la carrière elle, ne se situant pas à Lomé).

Suite à ces difficultés, nous avons finalement décidé de faire une analyse
quantitative simplifiée, en comparant les matériaux et les coûts des différentes
composantes de la maison. Cette méthode a ses limites aussi, mais elle est plus
simple et nous a semblé plus propice à la communication.

13
4 Mini analyse du projet
4.1 Introduction
Notre but fut de mener une analyse non seulement qualitative de ce projet
en terre, mais aussi quantitative.

4.2 Approche
Quantifier les différents matériaux utilisés peut paraı̂tre simple de premier
abord. Toutefois, un bâtiment est par nature un objet complexe, sans oublier
que nous étudions ici une construction en cours de réalisation, dont toutes les
valeurs ne sont pas encore fixées. Ajoutons à cela, le caractère artisanal de cette
petite entreprise où la flexibilité prend le dessus sur une stricte organisation.
L’étude s’appuie sur plusieurs documents à notre disposition :
– les devis estimatifs des architectes
– la comptabilité du chantier
– les plans et coupes du bâtiment
La synthèse de ces différentes sources s’est faite moyennant certaines hy-
pothèses, précisées par la suite, et en s’informant auprès des architectes.

4.2.1 Matériaux
L’étude se porte sur les quantités des matériaux principaux de construc-
tion utilisés ainsi que leurs composants plus élémentaires que nous appellerons
� matériaux élémentaires � : le matériau de construction BTC est par exemple

constitué de 2 matériaux élémentaires qui sont la terre et le ciment.

4.2.2 Domaine
La plus importante partie des matériaux utilisés dans la construction d’une
habitation l’est dans le gros œuvre, soit les étapes depuis la préparation du site
jusqu’à la mise en place de la structure du bâtiment. La terre étant justement
un matériau s’appliquant à ce domaine, c’est de cette manière que nous avons
délimité le champ d’études.
Toutefois, bien que ne faisant pas partie intégrante du gros œuvre, les enduits
et revêtements sont présents en quantités importantes et doivent par conséquent
êtres inclus dans l’analyse.

4.2.3 Volume ou masse ?


Nous avons opté pour une comparaison basée sur le volume des matériaux,
plus simple et directe pour une estimation d’un objet projeté, mais pas encore
construit.
Il est bien sûr possible de convertir ces volumes en masses, mais cette conver-
sion n’est pas évidente. La masse volumique de certains matériaux n’est pas
connue précisément à priori. Un béton par exemple a une masse volumique
fonction du rapport eau-ciment.
Ce choix a malheureusement pour conséquences certaines difficultés et imprécisions.
Le principal problème de cette approche est que nous évaluons le volume de vides

14
des bétons utilisés, et qu’il faut donc en faire de même pour les BTC par exemple
où cette approche est moins adaptée.
Se baser sur la masse aurait sûrement été pertinent et très précis pour une
construction existante, puisque les quantités de matériaux livrés, auraient était
facilement reportées depuis les documents du chantier. 10

4.3 Valeurs et hypothèses de calcul


Au vu du manque de données, de leur hétérogénéité et de notre connaissance
technique de la terre encore limitée, nous avons été contraints de poser certaines
hypothèses concernant les matériaux utilisés ainsi leur mise en place.
Tout d’abord, lors de calculs de coûts monétaires, le manque de documen-
tation nous a contraints à ne les quantifier qu’en terme de coût des matériaux
en omettant la main d’œuvre.
Cela ne représente toutefois pas un grand handicap de l’analyse puisque le
prix de la main d’œuvre est bas comparativement à celui des matériaux de
construction.

4.3.1 Prix
Sur la base des documents de comptabilité du début du chantier, nous avons
pu estimer le prix de la plupart de matériaux.

Matériau Prix [CHF/m3 ]


Acier 4722.08
Ciment 340.93
Gravier 38.89
Terre 7.63
Sable 7.58

Table 2 – Prix en considérant un taux de change de 547 CFA/CHF.

4.3.2 Impact environnemental


En nous aidant des valeurs proposées par “Construire Atlas des matériaux”
(PPUR, 2009) pour l’analyse du cycle de vie, nous avons dressé le suivant tableau
de valeurs :

10. À la fin du chantier il sera très instructif de comparer nos estimations avec les quantités
qui auront réellement été utilisées.

15
Table 3 – Impact environemental par [m3 ] de matériaux. Valeurs tirées de “Construire Atlas des matériaux”, PPUR, 2009
Energie primaire [MJ] Effets de serre Dégradation de l’ozone Acidification Surfertilisation Smog d’été
Non-renouvelable Renouvelable [kg CO2 eq] [kg R11 eq] [kg So2 eq] [kg PO4 eq] [kg C2H4 eq]
Acier de construction a 187200.00 4212.00 13260.00 5.16E-04 39.7800 3.2760 6.3960
Béton local (C 35/45) 1764.00 23.00 320.00 1.60E-05 0.6800 0.1000 0.0780
BMc b 540.25 6.75 97.25 5.00E-06 0.2125 0.0325 0.0248
Bois (pin local) c 609.00 9512.00 -792.00 9.00E-06 0.3700 0.0410 0.3100

16
BTC 466.35 4.95 67.08 5.70E-06 0.1887 0.0294 0.0248
Mortier de ciment 2161.00 27.00 389.00 2.00E-05 0.8500 0.1300 0.0990
Pisé 158.00 1.00 9.70 3.00E-06 0.0680 0.0110 0.0110
Fibrociment 26839.00 116.00 2200.00 2.00E-04 4.3000 0.6000 1.0400

a. Convertie en unités par mètre cube.


b. Adpaté à partir du mortier de ciment.
c. Ignorant encore quel essence serait utilisée nous choisissons une valeur pour un bois local.
4.3.3 Matériaux
– BTC
Vciment
= 0.08
Vbrique
De manière générale, une brique en BTC contient environ 10% de ciment,
avec une certaine marge vers le haut et vers le bas. Au vu de la longue
expérience, de la qualité apparente des briques du CCL, ainsi que de la
faible quantité de ciment dans les briques de mortier de ciment, un rapport
légèrement inférieur semble crédible.

Vvides = 0.15
C’est ici notre hypothèse la plus problématique, ignorant comment est
calculé le volume de terre en vrac et de la terre contenue dans les BTC,
nous avons estimé une valeur par rapport au celle du béton.

– Pisé

Vvides = 0.1
Même remarque que pour les BTC.

– Briques de ciment
Constituées de sable et de ciment les briques sont fabriquées sur place
selon la recette d’un sac de ciment de 18 [kg] pour 18 briques. Connais-
sant la masse volumique du ciment et la taille des briques, et on faisant
l’hypothèse de 15% de vides, nous avons :
3
ρciment = 2900 [kg/m ]
3
Vbrique = 0.2 ∗ 0.2 ∗ 0.4 [m ]
Vciment /Vbrique = 0.06
Vsable /Vbrique = 0.79

– Béton préfabriqué
Un béton préfabriqué sera considéré de bonne qualité, avec un rapport
e/c = 0.6.
D’où :
Vciment /Vbeton = 0.18
Vsable /Vbeton = 0.21
Vgravier /Vbeton = 0.49

– Béton fabriqué insitu


Aucune attention n’étant accordée à la fabrication du béton sur le chantier
nous supposons e/c = 0.7 (béton bas de gamme).
D’où :
Vciment /Vbeton = 0.21

17
Vsable /Vbeton = 0.21
Vgravier /Vbeton = 0.49

– Béton armé des dalles


Estimation de la quantité d’armature.

Vmetal /Vbeton = 0.016

– Béton armé des colonnes


Grâce aux plans et aux informations fournies par l’architecte Robert Pa-
taveli, nous pouvons ici estimer relativement précisément les quantités de
matériaux.

Figure 13 – Coupe d’un détail de mur contenant une colonne.

Armatures utilisées :
– Darma = 12 [mm]
– Detrier = 6 [mm]

Connaissant les dimensions des colonnes et des armatures, nous calculons :

Vcolonne = hauteur · base = 2.92 · 0.1052

Varmature = 4 · Varma + n · Vetrier


Avec n = 6 le nombre d’étriers par étage, sous l’hypothèse d’un étrier tous
les 0.5 [m], on obtient les volumes suivants par colonne :

Béton armé 0.0322 [m3]


Béton 0.0308 [m3]
Ciment 0.0065 [m3]
Sâble 0.0065 [m3]
Gravier 0.0151 [m3]
Armature 0.0014 [m3]

18
4.4 Analyse
Sur la base de la maison en cours de réalisation, nous allons nous pencher
sur 3 cas, que nous tenterons de comparer :
1. La maison en BTC (telle que projetée et réalisée)
2. La maison en briques de mortier de ciment (BMc)
3. La maison en pisé
Le premier cas détaillera ce projet concret et dès lors complexe à appréhender,
le deuxième sera une bonne illustration d’une technique habituellement utilisée à
Lomé, quant au troisième cas il permettra d’illustrer les optimisations possibles
et souhaitables lors de l’utilisation du matériau terre.

19
4.4.1 Projet en cours de réalisation
Grâce aux valeurs posées dans la section précédente, nous avons pu calculer
les quantités de matériaux de construction principaux, ainsi que leur répartition
dans les différents éléments.
Le résultat se trouve dans le tableau 4, et la synthèse graphique est visible
à la figure 14.

Figure 14 – Valeurs en [m3 ]

On remarque que la terre est prédominante dans cette construction, mais


que le béton y a aussi une place non négligeable.

20
BTC BCm Béton Fbr Bois Paille
simple armé

Fondation
Béton de propreté 4.72
Semelle 18.88
Soubassement 57.40
Longrine 11.39

Dalle RDC
Dalle RDC 20.72
Chape 7.77

Dalle ETAGE
Dalle en hourdis 11.91
Dalle béton 8.26
Chape 12.36

Maçonnerie
Murs porteurs 110.60
Bas en agglo 13.20
Chaı̂nage 5.54
Murs simples 41.28
Marches 7.28
Escalier 1.00
Garde corps 4.06
Colonnes 2.45

Toiture
Charpente 7.15
Paillotte 35.68
Couverture 5.35

Amngmt. ext.
Rvtmt. cour 3.48

TOTAL 159.43 70.60 32.13 80.15 5.35 7.15 35.68

Table 4 – Répartition des différents matériaux de construction dans le


bâtiment, en [m3 ].

21
Impact écologique Les quantités sont une chose, mais ces différents matériaux
n’ont pas les mêmes impacts écologiques et coûts économiques. En nous basant
sur les valeurs que nous avons exposées à la section 4.3, nous pouvons établir
les tendances qui suivent :

Figure 15 – Valeurs en [MJ]

Figure 16 – Valeurs en [kg eq. CO2 ]

Figure 17 – Valeurs en [kg eq. R11]

22
Figure 18 – Valeurs en [kg eq. So2]

Figure 19 – Valeurs en [kg eq. PO4]

Figure 20 – Valeurs en [kg eq. C2H4]

23
Finalement, il apparait que la consommation d’énergie primaire est représentative
de la plupart des autres impacts dans le cadre de la précision de ce travail. Pour
simplifier, nous utiliserons donc uniquement cette mesure par la suite.

Matériaux élémentaires Comme on le voit, certains composants élémentaires


des matériaux de construction ont des impacts très importants tant économiques
qu’écologiques : on pense ici particulièrement à l’acier et au ciment.
Nous allons donc nous intéresser directement aux quantités de ces matériaux
élémentaires (figure 21).

Figure 21 – Valeurs en [m3 ]

24
Parts dans les dépenses Le coût, lui aussi très différent d’un matériau à
l’autre, conduit une répartition des dépenses très différente de celle des volumes.
Rappelons que seul le prix du matériau est considéré sans la main d’œuvre qui
lui est associée sur le chantier.

Ciment Acier Gravier Terre Sable


des matériaux principaux 56.1% 27.5% 9.1% 4.7% 2.6%
du gros oeuvre 22.8% 11.2% 3.7% 1.9% 1.1%
du total 15.3% 7.5% 2.5% 1.3% 0.7%

Table 5 – Proportion des dépenses par matériaux.

Figure 22 – Proportion des dépenses par matériaux.

Malgré le faible volume d’acier utilisé, celui-ci représente 30% des coûts
des principaux matériaux élémentaires ! La terre quant à elle arrive à hauteur
d’environ 5% malgré sont utilisation massive.
Le ciment fait clairement grimer le prix du bâtiment avec 60% de la dépense
en matériaux. Ce résultat explique bien pourquoi un certain intérêt pour la
construction en terre est en train de réapparaı̂tre à Lomé.
L’acier et le béton étant les deux matériaux à l’impact écologique, mais aussi
économique, les plus importants, nous voudrions savoir où ils sont utilisés dans
la bâtisse. Pour le premier c’est évidemment les éléments en béton armé qui
sont concernés (dalle en hourdis, escaliers et colonnes), pour le second voici le
résultat :

Figure 23 – Valeurs en [m3 ]

25
Colonnes en béton Les architectes ont beaucoup regretté l’incorporation de
nombreuses colonnes en béton armé à l’intérieur de leur mur ainsi que le rempla-
cement des briques de terre inférieures des murs par des BMc. Ces deux modi-
fications découlent directement du manque d’expérience locale de construction
en BTC comme composante structurale et des incertitudes qui en découlent.
Nous pouvons ici voir l’influence que ces modifications ont eues sur l’utilisa-
tion des matériaux.

Figure 24 – Valeurs en [m3 ]

Ciment Acier Gravier Terre Sable Total


3
Voluem [m ] -0.35 -0.10 -1.15 10.74 -10.92
Coût [CHF] -119 -487 -45 82 -83 -652
Énergie [MJ] -0.7 -19759.6 -2.3 21.5 -21.8 -19762.9

Table 6 – Différence entre le projet réalisé et le projet originel sans colonnes.

Malgré l’inélégance de la variante construite, les coûts restent proches (coût


légèrement supérieur pour la variante avec colonne). On peut expliquer ce faible
impact relatif par la petite quantité d’armatures des colonnes comparativement
à celle des dalles. L’utilisation du ciment dans le BTC réduit aussi beaucoup
l’impact de l’incorporation de colonnes.

26
4.4.2 Maison en briques de mortier de ciment
Voyons maintenant ce qu’il se passe lorsqu’on remplace les murs en BTC par
des murs en briques de mortier de ciment (BMc). Rappelons que les BMc consti-
tuent l’une des manières les plus simples et rapides de construire actuellement
à Lomé.

Figure 25 – Valeurs en [m3 ]

Ciment Acier Gravier Terre Sable Total


Volume [m3̂] 11.03 0.01 0.09 -142.99 123.22
Coût [CHF] 3760 38 4 -1090 934 3646
Énergie [MJ] 22.1 1560.0 0.2 -286.0 246.4 1542.7

Table 7 – Différences entre le projet réalisé et une variante en BMc.

Les BMc constituent donc une alternative légèrement plus coûteuse.

27
4.4.3 Variante en pisé
Une grande part du ciment est utilisée pour la fabrication des BTC, les
architectes auraient volontiers réalisé ce projet avec la technique du pisé si celle-
ci était bien maitrisée sur place.

Figure 26 – Valeurs en [m3 ]

Ciment Acier Gravier Terre Sable Total


Volume [m3̂] -11.10 -0.10 -1.15 18.89 -0.49
Coût [CHF] -3783 -487 -45 144 -4 -4175
Énergie [MJ] -22.2 -19759.6 -2.3 37.8 -1.0 -19747

Table 8 – Différence entre le projet réalisé et une variante en pisé.

Cette fois l’impact sur les coûts est significatif avec une économie de plus de
4000 CHF. On remarque sur la figure 26 que le ciment est toujours une compo-
sante non négligeable de la construction, il a toutefois reculé d’une position.

28
4.4.4 Variante en pisé et dalles de terre
Puisque la plupart du ciment est encore consommé par les dalles (par dalles
nous entendons ici autant la dalle du rez sans aucune armature, que la dalle
de l’étage composé de hourdis puis remplis de béton). Nous voyons ici ce que
pourrait apporter le remplacement de ces éléments en béton par des éléments
en terre :
– au rez : remplacement total de la dalle béton par une dalle en terre
– à l’étage : remplacement du remplissage en béton du sol en hourdis.
Nous gardons toutefois dans les deux cas une chape en mortier de ciment à
la surface pour la finition.

Figure 27 – Valeurs en [m3 ]

Ciment Acier Gravier Terre Sable Total


3
Volume [m ] -15.38 -0.10 168.40 -99.68 -4.77
Coût [CHF] -5243 -487 -418 594 -36 -5591
Énergie [MJ] -31 -19760 337 -199 -10 -19662

Table 9 – Différence entre le projet réalisé et une variante en pisé et dalles en


terre.

L’utilisation de la terre à une plus large échelle et la réduction importante


des volumes de ciment qui en découle permettent des gains très importants avec
plus de 5500 CHF d’économie.

29
5 Conclusion
Résultats Le projet réalisé en BTC est une évolution positive par rapport aux
BMc, il apporte de légers gains (très probablement sous-estimés dans cette ana-
lyse 11 ), mais il ouvre surtout une voie nouvelle qu’est la construction moderne
en terre.
Au vu des gains de la construction en pisé avec des dalles en terre, on est en
droit de se demander pourquoi ces techniques ne sont pas largement répandues
au Togo.

Techniques de la terre L’explication est autant culturelle qu’économique :


les citadins ont une certaine aversion à utiliser des matériaux naturels, toujours
assimilés à la campagne et à sa pauvreté matérielle. Le béton, et par extension
le ciment, associé à la modernité, a joui de prix exceptionnellement bas durant
de nombreuses années. 12

Figure 28 – En vert la période de la mise en place du CCL, et rouge les prix


actuels.

Pourtant avec l’augmentation constante du prix du ciment, ce matériau de


construction devient de moins en moins abordable. La terre devient une alter-
native crédible. Comme on a pu le voir, l’utilisation de techniques plus évoluées
que sont le pisé et les dalles en terre, permettrait une grande réduction des
coûts économiques et écologiques de la construction. Ces techniques ne sont
malheureusement pas disponibles à Lomé, du moins pas dans le cadre d’exi-
gences minimales associées à une construction moderne.
Heureusement, les mentalités changent. Le BTC par exemple est largement
accepté du point de vue esthétique : son aspect net et homogène n’a rien à envier
à celui d’une brique de terre cuite.
11. remarques à la fin du rapport.
12. Témoignages des habitants de Lomé, confirmés par http://minerals.usgs.gov/ds/
2005/140/cement.pdf.

30
La construction en terre a de nombreuses conditions favorables pour son
développement aux Togo, manque seulement une impulsion de départ.

Autres avantages Notre petite analyse ne portait que sur un aspect parmi
d’autres de la construction en terre, relevons ici encore trois d’entre eux parti-
culièrement significatifs dans le contexte local.
1. Flux de captiaux
L’investissement financier lié à la construction en terre est à 70% destiné
à la main d’œuvre, les 30% restant au matériau 13 . Ce rapport est à peu
près inverse pour le béton.
Cette répartition prend une signification toute particulière au Togo où la
main-d’œuvre est bon marché contrairement le ciment. Le seul fournisseur
de ciment est actuellementCimTogo 14 , entreprise appartenant au groupe
allemand HeidelbergCement 15 La terre n’est pas seulement moins chère,
son utilisation permet aussi aux capitaux de rester dans le pays.
2. Durabilité
Les bâtiments, construits il y a 20 à 30 ans, commencent à poser de gros
problèmes de durabilité : diverse altération des bétons, corrosion des ar-
matures, etc. Assumer le coût de réparation risque d’être problématique.
Paradoxalement, le fait que la construction moderne de bâtiments de
faible envergure en terre demande un savoir-faire plus important qu’une
construction similaire en béton a aussi pour conséquence une plus grande
durabilité des dites constructions en terre.
3. Santé
La terre, contrairement au ciment, permet de travailler sans protection
particulière face au contact avec le matériau. Pratique sur les chantiers
Suisses, cet avantage est d’autant plus appréciable au Togo où la réglementation
des chantiers est quasi-inexistante et les moyens matériels plus limités.

Plus largement cette étude nous a permis de nous rendre compte des dif-
ficultés à appliquer des méthodes strictes à un environnement ouvert, surtout
lorsque celui-ci s’avère éloigné des cas classiques visés par la méthode d’analyse
en question.
Nous avons aussi pu découvrir la forte dépendance qu’a un projet aux res-
sources locales tant matérielles que de savoir-faire. Et qu’il n’est pas possible
- à moins d’apporter soi-même l’expertise nécessaire dans tous les domaines -
d’imposer une méthode de construction lorsque celle-ci n’est pas l’apanage sur
place.

13. source
14. http ://www.aget-togo.org/entreprises-togo-59-CIMTOGO.html
15. http ://en.wikipedia.org/wiki/HeidelbergCement

31
6 Annexe
6.1 CCL
Le CCL fut initialisé par la coopération danoise, abandonné par celle-ci pour
des raisons politiques. Il est actuellement directement financé par l’État togolais.
Au sein du centre, une division architecturale a pour tâche la prospection ar-
chitecturale dans le domaine de la construction traditionnelle. De plus, maçons,
menuisiers et ouvriers y sont formés. Trois presses mécaniques de type Tersta-
ram en bon état sont à disposition. Au niveau de la technologie et du savoir-faire
le CCL propose uniquement la construction en BTC.

Figure 29 – Formation de maçon dispensée au CCL.

6.2 Quelques photos du chantier

Figure 30 – Parcelle du projet.

32
Figure 31 – Construction des fondations superficielles.

Figure 32 – On distingue les BMc utilisées dans la partie supérieure des fon-
dations.

33
Figure 33 – Mise en place des longrines.

Figure 34 – Nivellement du sol à l’aide d’un apport de terre.

34
Figure 35 – La construction des murs en BTC peut commencer.

Figure 36 – Construction du premier mur.

35
Figure 37 – Un travail soigné est réalisé par les maçons du CCL.

Figure 38 – Mur en BTC vu de près.

36
Figure 39 – Avancement du projet sur les dernières photos à notre disposition.

37

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