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3 3433 07581190 5
NK
L- -C
y-y.
L'AMOUR
ET L'ÉRUDITION
ou
FOLIÉS ~
DU CŒUR ET DE L'ESPRIT;
LETTRES ORIGINALES
TOME II.
PARIS.
LAURENT BEAUPRÉ, palais -royal, galerie de
BOIS, N°. 2l8;
x7 l8l5. ' .
. ht , - '-
FOLIES
DU
CŒUR ET DE L'ESPRIT.
PARTIE CINQUIÈME:
LETTRE CXVI.
george a la comtesse.
Madame ,
Vous savez que Zéphirine avait un oratoire.
Il était dédié à la Vierge , ce qui me donnait un
surcroît de vénération pour la mère de Dieu.
Chaque jour, dom Séraphin et Antoine y disaient
ilà messe, que je m'habituai à répondre bien dé
votement. Cette sainte pratique, la compagnie de
** trois prêtres, le genre de mes études, une âme
^ religieuse que j'ai reçue du ciel , tout me fai-
M sait adorer continuellement la divine mère notre
V patronne.
J'avais lu qu'elle apportait elle-même des pré-
a. *• • "
(»)
sens ( ce qu'elle fit pour saint Dominique) , et
qu'elle accordait de nombreuses faveurs à ceux
qui défendaient ses droits et sa virginité perpé
tuelle (1). J'espérais donc que , voyant mon
excessive ferveur, elle aurait aussi quelque bonté
pour moi.
D'illustres controversistes m'apprenaient qu'elle
était déesse et puissante comme Dieu. Peut-être
que, dans mon zéle , je l'unissais de trop prés à
la Trinité. Le directeur m'accusait du moins d'in
troduire quelquefois , par excès de dévotion ,
quatre personnes dans la substance immortelle.
Il exagérait. Mais enfin , comme sans cesse il
renouvelait ses reproches, cela me donnait un
peu d'humeur : hélas! il faut pardonner quelque
chose à la jeunesse. Je devins opiniâtre , et
plus il me parlait de trinité et de trois, plus je
lui parlais de quatre, toujours qualre : je lui
montrais des qualre partout.
Alexandre, qui riait des prétentions scolas-
tiques , nous engageait à vider la querelle par une
controverse régulière qui serait, suivant la cou
tume, appuyée des anciens comme des modernes,
profanes ou chrétiens.
i*
(M
MODÈLE DES ANCIENNES QUERELLÉS POLÉMIQUES.
LETTRE CXVII.
LETTRE CXVIII.
O vallons , ô coteaux !
~ï~
LETTRE CXIX.
, L'impétueuse rage
De ces vents africains précurseurs du naufrage ,
Contre les aquilons leurs combats dangereux ,
Les Hyades en pleurs , leÉVotus furieux ,
Souverain redouté des cavernes profondes ,
Pont le pouvoir apaise et soulève les ondes !(i).
LETTRE CXX.
LETTRE CXXI.
LETTRE CXXII.
(1) Bacchylid.
(2) Iren. , lifo. I , cap. 1 .
2.
(66)
théologiens. O folie ! folie ! Je félicite notre clergé
de ne pas envier ces occupations à nos voisins de
l'Italie et de l'Espagne.
LETTRE CXXIII.
LETTRE CXXV.
8." 6
LETTRE CXXV1.
SUPÉRIORITÉ DE LA BIBLE.
^ijL^i;^!*
( 100 ) •
CHAPITRE III.
BEAUTÉS DE LA BIBLE.
CHAPITRE IY.
CHAPITRE V.
MONTAGNES , PIERRES.
CHAPITRE Vf,
OLYMPES.
Ps. LXVII.17.
, III. Rois, XX, 28.
3) Gen. , XLIX. Deuter. passiui.
i
>)
(5)
Ps. , XXXV. Is. , XXII. Mich. V.
Génie , etc. part. II ? lir. V , ch. 8.
( "4)
dans les divines écritures; et si nous le savons
aujourd'hui, les païens savaient avant nous que
l'univers avec ses soleils , son océan , ses royaumes,
ses forêts et ses monts n'était qu'un des temples
de Dieu (i), un même palais commun à lui et à
ses enfans (2).
CHAPITRE VII.
ALLÉGORIES.
CHAPITRE VIII.
ALLÉGORIES PHYSIQUES.
CHAPITRE X.
CHAPITRE XI.
Seneq. , Quaet. II ,
(1) Ser 45.
Eustath. , Iliad. I ,
(2) Eu< art. i5.
(3) Iliad;
IHe VIL
(4) IbidXmi
(5) Ibid. xm.
(6) Ibid. VIII.
(7) Plat. , Loc. cit.
(8) Escbyl. près Çlém. d'Alex. , strom. V.
( i4o )
versalité des choses (1). Unique, et ne pouvant
être assimilé aux mortels, ni pour la forme, ni
pour l'ame (2); juste, sage, tout-puissant, inca
pable de crainte, de douleur, d'embarras; secou-
rable et toujours d'accord avec lui-même, arbitre
des combats; œil de la justice, qui voit tout et
ne peut être vu (3) ; esprit sans lequel la force
n'est rien (4); maître adorable, dont la bonté
conserve les races (5) ; divinité terrible et par
faite ; source unique du mouvement , de l'har
monie et des beautés du monde; Être prévoyant
qui tira l'univers du chaos et le soumit à des
lois éternelles (6); substance souveraine qui n'a
ni bornes ni fin, ni succession, ni dépendances;
principe semblable à lui seul et différent de tous
les autres (7). Dieu à qui rien n'échappe (8);
Seigneur dieu, au nom formidable que je n'ose
prononcer (9), grand dieu, tu es la chose infinie
qui ne tient l'être que de toi-même! Père du
CHAPITRE Xïï.
LE DIEU POLYONIME.
LETTRE CXXVHI.
ADAM, EVE.
CHAPITRE II.
LE SERPENT DE L'ÉCOLE.
CHAPITRE III.
CHAPITRE IV.
ADAM ET EVE AU PARADIS.
CHAPITRE V.
M. Mercator. , in Commanitor.
&} Virile semen.
(3) August. loc. cit. ch. XXII , 26. Sans rupture ,
dit Chrysost. (Homel. VIII ), ni dilatation, ni rétraction.
(4) August. loc. cit. ch. XlV, 22. Que de cynisme on
trouve sur cette matière dans un grand nombre de théo
logiens \ \
( »?7)
— Vous savez, chère disciple et chère épouse,
qu'on avait renvoyé de la séance mademoiselle
Guitte et moi. Le lendemain, je dis à la veuve :
Vous avez donc entendu hier de grands mys
tères? On m'exclut...; passe encore pour votre
Guitte ; mais moi qui sais déjà tout, puisque je lis
laBible, les casuistès,lesdocteurs,letalmud, etc.
je vous ferai la leçon, si vous voulez, aussi bien
que le père Séraphin et le père Antoine. Sans
vous entraîner dans de vaines discussions, et qui
désormais doivent rester ignorées , suivant le
langage de notre vénérable président mon maî
tre, souffrez que je vous propose une ou deux
questions à la manière des rabbins, et quelque
fois de l'école.
Nos pères vous ont-ils appris, ma bonne tu
trice, qu'Adam avaitd'abord unequeuecommeles
singes, et que Dieu la lui coupa pour en former
Eve(1)? ce qui est assez raisonnable. — Rejetez
ces fables , mon enfant. — Ne valait-il pas mieux
couper une queue extérieure et superflue , que
d'ôter une portion du corps d'Adam, comme si
Dieu y eût mis quelque chose de trop. — Gela
vous indique plus d'un mystère. — Vous ont-ils
conté que le séducteur de la femme avait éga
lement une queue ? L'ange se rendit serpent à
ANCIEN TESTAMENT.
CHAPITRE PREMIER.
MOYSË. SES LOIS.
2. in
( *7* )
GHAPITRE H.
JUIFS ANCIENS ET MODERNES.
, î
180
PARTIE SIXIEME.
LETTRE CXXX.
NOUVEAU TESTAMENT.
• '• :-l ' '". CHAPITRE PREMIER.
,i( .JttARIE. '• ;,
I • i
( i8a)
CHAPITRE H.
CHAPITRE HI.
NATIVITÉ.
CHAPITRE VII.
MORT DE JÉSUS-CHRIST.
CHAPITRE IX.
$AINTES UNIONS AVEC JÉSUS-CHRIST.
CHAPITRE X.
MORALE.
CHAPITRE XIII.
MORALE D'HOMÈRE.
CHAPITRE XIV.
PUDEUR , DÉCENCE.
CHAPITRE XV.
AMITIÉ CHEZ LES GfiECS.
(1) Plut.,inLycurg.
( 224 )
aux Grecs, lorsque leurs dieux n'en avaient pad
et qu'ils s'étudiaient à pervertir les deux sexes?
— Les dieux ne s'approchaient de l'homme que
dans le dessein de perfectionner son cœur et
d'augmenter ses vertus... C'est par là qu'on ex
plique véritablement l'amour d'Apollon pour
Phorbas , Hyacinthe, Hippolyte. C'est ainsi que
Pan chérissait Pindare , et que tous les dieux ai
mèrent Archiloque , Hésiode , Zaleucus , Minos
et Numa (1). Les favoris des dieux devaient les
imiter. Aussi, on aimait dans l'ancienne Grèce i
ce sentiment faisait partie de l'éducation.
A l'âge de douze ans révolus, chaque Spar
tiate avait un amant (2) , d'après cette maxime
que le meilleur guide pour la bonne vie est
l'amour (3). En effet , il n'est point d'homme si
lâche dont l'amour ne fasse un être divinement
inspiré. La vertu le domine et l'embrase; il n'est
plus homme, c'est un ami tout plein de l'esprit de
Dieu (4).
— Que d'abus s'introduisirent sous ce dange
reux prétexte d'avoir un compagnon, un ami
tendre ou un frère d'armes !
CHAPITRE XVI.
HUMANITE. — VERTU.
i .. : ...
CHAPITRE XVII.
NE FAITES PAS A AUTRUI CE QUE VOUS NE VOUDRIEZ
PAS QU'ON VOUS FIT.
Simonid.
Seneq. , ep. XI.
Plut. , de 1 amour fratern.
Plut. loc. cit. et voyez Stobée , mor. des sept sages.
. M. Tabaraud. Hist. crit. du philos, ane. , toin. II ,
p. 334.
( a36 )
L'Orient tout entier se réglait sur ce principe :
Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'on
te fasse : il était l'âme de la religion de Zoroas-
tre (1). Jésus-Christ l'a transporté -dans sa doc
trine , comme il l'avait donné précédemment
aux Juifs, aux Grecs, aux Romains, aux Bar
bares. ....
« Ce que vous haïssez pour vous , ne le faites
pas à autrui (a)-. Ainsi parlèrent Cléobule, Pit-
tacus et Thaïes (3). Isocrate exprime cette sen
tence comme l'Écriture. Ne alteri feceris quod
tibi fieri non vis (4) .
En lisant Stobée (5), Plutarque (6), Strabon (7),
Lampridius (8), on verra que ce précepte est
partout, ,et que ceux qui l'accompagnent de
plus près sont l'oubli de l'injure et le pardon
des offenses. . , . ... .... t-, ..
CHAPITRE XVm.
OUBLI DE L'INJURE. — PARDON DES OFFENSES.
CHAPITRE XXI.
LETTRE CXXXL
LETTRE CXXXIL
LETTRE CXXXIII.
FOKME DE L'HOSTIE.
«XI
Thomas , in-4°. , Sentent, distinct. , 25 , q. 3, etc.
f2) -i*
i526, i548, i549.
(3) Bellarm. , ép. à son neveu , évêq. de Téano.
. (4j Laur. deMedicis à Jean son fils , (LéanX).
(5j Galand,vie de ce prélat, fa. i34.
(6) Galand les appelle ignaros, omnium sordium mœuiis
infâmes. 11 vaut mieux les croire encore plus malheureux
que coupables.
( 28o )
jusqu'à ce point-là. Félicitons-nous, messieurs ,
d'avoir abjuré tous les égaremens de nos anciens
frères. Leurs annales nous apprennent encore
qu'ils tourmentaient les fidèles , pour leur vendre
des messesneuveset votives. Souvent deux prêtres
( ou , je veux le croire , des malheureux qui usur
paient ce nom ) allaient au rabais l'un contre
l'autre. Quelquefois ils s'entendaient, et si on
ne venait pas à leurs limites, ils menaçaient de
l'enfer et de toutes les peines imaginables. Cinq
messes à des autels privilégiés arrachaient une
âme de l'enfer. Pascal I, à la cinquième pour son
neveu, avait aperçu la Vierge sur la fenêtre de
l'église ; elle tenait dans sa main l'âme de ce jeune
homme (1) : belle occasion de savoir comment
une âme était faite !
Léon X mit le comble à ces désordres mercan
tiles, en vendant à douze sous pièce des indul
gences pour dix mille ans : exagération ridicule ,
véritable satire de la cour de Rome.
Savez-vous , frères , à qui les papes doivent
l'idée de leurs indulgences? Elle vient d'Alexandre-
le-Grand. — Ohibo ! — Qéomène surveillait ,
par son ofdre, la construction d'Alexandrie ; à la
mort d'Ephestion , il reçut le commandement de
(1 ) Isaïe , IX.
(2) Pœon, ap. Plut in Thes.
(3) Cone. d'Amer. , 678.
2. H ig*
( 292 )
CONSÉCRATION.
L'OBLATION DU SILENCE.
LETTRE CXXXIV.
LETTRE CXXXV.
LE PAPE ET ROME.
CHAPITRE PREMIER.
CHAPITRE II.
PRIMAUTÉ DU PAPE.
CHAPITRE m.
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
DROIT POLITIQUE.
CHAPITRE VL
SUBORDINATION DES PAPES AUX PUISSANCES-
TEMPORELLES.
CHAPITRE VIT.
. DIEU ET LE ROI.
CHAPITRE Vin.
LE ROI ET LE PAPE. RÉSUMÉ.
>
IL y a plus de quatre-vingts ans, mes frères,
que le parlement de Paris ne craignait pas de
publier cette doctrine salutaire qui n'étonne plus
1) Tertull. , apolog. , cap. II.
2) Rom. XIII.
3) Tertull. , loc. cit , cap. XXX. August. Enchirid.
4) Chrysost.,Homel XXIII.
a2*
C 34a )
patrimoine de la mort ; mais enfin c'est par
l'ordre de Dieu. — N'est-ce pas de Dieu que le
prêtre lient sa force et ses pouvoirs? — S'il vous
a parlé comme aux rois , il vous a laissés sujets
du trône ; il a soumis l'encensoir au sceptre.
Soyons les derniers à le rappeler ; mais , comme
prêtres, soyons les premiers à dire : D,ieu et le roi.
—•. Je vous plains d'être aussi mal pénétré de
toutes les grandeurs de votre caractère , d'un
caractère entièrement divin !
George. Mes bons pères , vous m'aviez promis
de m'expliquer les mystères de la divinité sacer
dotale. Faites-le, je vous en prie.
Alexandre. Croyez, messieurs, à toutes les
vanités qui vous abusent... — Nous croyons à des
vérités qui nous élèvent et nous consolent. —
Vous n'avez nul besoin de consolation , vous
devez l'offrir. La peine est votre bien le plus cher.
Messieurs, le premier devoir de l'ecclésiastique
est d'être chrétien. L'ecclésiastique n'est pi: s le
guerrier, ni le juge , ni le législateur , ni le monar
que ; il est le soutien et l'ami des hommes : ce rôle
est assez beau. S'il lui faut un trône , servir Dieu ,
c'est régner.
Le termepape ne doit nous rappeler que l'exécu
teur du rite consacré dans les empires , le chef des
prédicateurs de l'Évangile (docete gentes), un
( 345 )
des organes de la loi et le sujet du prince. Il doit
se croire , sous tous les rapports terrestres, le
dernier des fidèles , puisque l'humilité est la pre
mière des vertus ; et son rôle ne varie jamais, soit
qu'un prince ait Rome par droit de naissance , ou
d'élection , ou de conquête.
CHAPITRE PREMIER.
CHAPITRE II.
SUITE DES EXAGÉRATIONS DE QUELQUES
MOINES ULTRAMONTA1NS.
ERREURS A CE SUJET.
Jes. Siracli. Vf , 6.
13 St. François , loc. cit.
(3j Idem.
( 358 )
de droit canonique. — Zéphirine. Mais on pèche
en pensée... — Trois choses, ma fille, mènent à
l'iniquité : la tentation , le plaisir et le consente
ment. La tentation simple n'est pas péché. Le
plaisir est péché véniel pour l'homme intérieur ,
et n'est rien pour l'homme extérieur. — Zéphi
rine. J'entends bien peu cela. — Ma fille , il existe
en nous deux hommes. L'intérieur ou le spirituel
est l'homme de Dieu. S'il est tenté et s'il éprouve
délectation, il y a coulpe pour lui.
L'autre ou l'extérieur est l'homme de chair...
( Ici George et Guitte furent encore renvoyés ) ;
il peut céder à quelque impulsion, sans con
tracter la coulpe.
Les deux hommes qui composent Vhomme
étaient unis dans Adam. L'extérieur devint la
cause de la désobéissance et fit éclore une guerre
affreuse entre les deux parties (i). C'est là cette
lutte décrite par saint Paul, et cette loi des
membres et de l'esprit (2), qui divise l'âme en
deux parties, l'inférieure et la dominante (3).
Elles sont toutes deux victorieuses , quand on
ne passe point du plaisir de la tentation à celui
de la recherche.
(i) Monmor. , Homel XX.
(2) Galat. V.
(3) S. Franc, de Sales , etc. part. IV, ch. III.
(359)
Je n'examine point si l'attrait moral est aussi
puissant que l'atlrait extérieur. Je me tais éga
lement sur cette prémotion physique , cette ado
rable action de Dieu qui produit et détermine
l'action de la créature. Je dis simplement , pour
qu'on m'entende, que l'innocence n'est point
blessée , lorsque la tentation n'a excité le plaisir
que dans l'être subalterne et lorsque l'être su
périeur l'a maîtrisée. Alors, cette voluptueuse
irritation n'est que l'ouvrage secret de notre éco
nomie; elle entraîne l'homme des membres, et
déplait à l'homme de l'esprit; elfe est errant»
autour de notre volonté , sans être dans la volonté ,
ce quil'efface du rang même des péchés véniels (i).
Vous comprenez, ma fille, celte différence qui
existe entre la sensation et l'acquiescement. — Je
crois la deviner. — Une femme sera surprise...
la nature s'éveille... c'est une dette qu'elle paie
involontairement à de grossiers organes. Cette
femme est innocente, si elle n'a pas accordé son
adhésion. Un saint homme peut de même suc
comber à l'entraînement du physique; s'il se
débat en esprit, si son intelligence ne vole point
( i ) Nous nous tairons ici sur les malheurs et sur les éga,-
renicns du prêtre qui entend une confession , sur les amours
du clergé, sur la nature de la faute, suivant le lieu où elle
se commet , et les objets, qu'on avait sur soi , ete. ete-. Les
castiistes comprennent bien ce langage.
36o )
des plaisirs du désir au désir des plaisirs , il n'a
rien fait contre le salut; ce qu'il éprouve res
semble aux illusions du sommeil, ou à ce qui
peut résulter d'un évanouissement.
— Alexandre. Celte théologie est fort com
mode. — Vous la pouvez méditer dans saint
François, Bonaventure, Gerson, Denis le char
treux, Stella, Blosius, Louis de Grenade, Aria,
Pinelli, Dupont , Avila : dans saint Jérôme même
et dans les autres directeurs de saintes femmes...
— Ajoutez-y les fabricateurs de ces doctrines
téméraires, sources de l'avilissement de l'Eglise,
et la cause de son infortune, comme Font repré
senté tant de vertueux pontifes.
Vous venez, père Séraphin, de nous apprendre
les secrets de ces longues heures passées jadis dans
les oratoires de quelques dévotes , de ces éva-
nouissemens de complaisance que vous nommez
extatiques , et de tous les égaremens qui en pro
venaient... — O sainte Marie! — Ce n'est pas
vous que j'accuse. « J'accuse ici, avec nos grands
docteurs, j'accuse ces personnages saintement
amoureux qui commencent en esprit et qui fi
nissent en chair (1). » — Une âme chrétienne
est sûre d'elle-même. — Imprudent! « Noire force
r
V
C 3Ga )
Lia caslita è un tesoro che si porta in un' vaso...
divetro , ed ilvetro è sempre vetro (1).
Ma chère sœur , ce sont nos maîtres qui nous,
le disent, nul n'est fort pendant long-temps,
nemo diù fortis (2). Aussi Dieu ne veut pas que
nous soyons assis près de la femme étrangère...
et celui qui regarde une femme avec plaisir a déjà
commis l'adultère dans son cœur (3). Ne vaudrait-il
pas mieux encore avoir une femme qu'on put
regarder sans crime?
— Séraphin. C'est à dire, qu'il faut marier le
prêtre : jolie morale ! — Je ne l'enseigne pas ,
messieurs.
POPULATION, CÉLIBAT.
SOLITAIRES. MOINES.
CHAPITRE PREMIER.
(i) Cantie.V,I.
dèle du divin poëte deThéos... Chantons, buvons,
sages dans nos folies , riches dans nos plaisirs ,
chantons , buvons (i).
Dans une occupation si douce , le temps coule
rapidement. Une heure du matin se fit entendre ,
et le plus ancien des carmes , homme froid et
sentencieux, témoigna quelques inquiétudes. Au
cun d'eus n'avait de carte... et s'ils étaient saisis
par les patrouilles, ils iraient, comme tant d'au
tres , de la prison à la guillotine. Le remède était
simple : il fallait continuer ainsi, et l'on continua
jusqu'au jour. La conversation ne languissait pas,
le vin coulait à grands flots ; et quel vin ! du nec
tar. Cependant , de sept que nous étions, il n'y
eut qu'un seul personnage qui perdit la raison
tout-à-fait, et même il tomba sous la table. Ce
fut encore moi : oui , ma chère Volsinie , oui ,
ma disciple , oui , mon oncle , ce fut moi. — Je
vous en félicite. — Je voyais toujours , je le vois
encore le verset du chapitre V, verset enchan
teur et fatal... buvons, enivrons-nous.. Je suivis ce
conseil. A chaque coup , je saluais le verset.
Je ne fus coupable que de l'avoir trop salué, je
m'en confesse pour diminuer une partie de ma
faute.
CHAPITRE II.
(1) Jac.IV,9.
{•2) Proverb. H!, XI, XII.
(3) Hebr.X,34.
( 4) Bourdaloue , Ascens. de Jésus-Christ , part. II.
accepte et ce qu'il récompense dans son royau
me (i).. »
— Mais enfin quand on nous emprisonne in
justement? — Souffrez; « pour le chrétien per
sécuté, la prison est un lieu de délices (2). On
n'arrive au ciel qu'à force d'épreuves (3). »
— Vous pouvez jouir de toutes ces délices, le»
cachots nous sont ouverts. — J'y entrerai sans
bravade , mais sans peine : et qu'y pourrais-je
craindre? —Les diables , malheureux ! plus encore
que les hommes. — J'y serai fort peu inquiet de
leurs visites et plus rassuré encore sur ma des
tinée. — Allez -y donc, la mort vous attend.
— C'est moi qui l'attends. Ne sais-je pas « que le
prêtre qui veut autre chose de ses travaux que
la honte , la mort même , n'est pas un disciple de
Jésus-Ghrist? Ce Dieu ne fut récompensé de ses
fatigues que par l'opprobre et par un gibet in
fâme (4). » Vous entendez l'Écriture et saint
Vincent de Paul.
Mes bons frères , ne sentez-vous pas tout ce
qu'il y a de charmes dans l'Evangile? Vous souf
frez , Dieu vous en tient compte , et «'est même
CHAPITRE 111.
CHAPITRE IV.
VIE ET PRINCIPES DES SOLITAIRES.
CHAPITRE V.
(2) M. Geoffroy.
f
C 3«9 )
cher oncle le sait, il a donné cet exemple ;) les
malheurs sont le bonheur des justes et la source
de l'édification pablique. Il faut que les hommes
en soient témoins. Qu'est-ce qu'ils apprendront
d'un sauvage qu'ils ne connaissent plus , et qui
vit comme la bête ? Dieu a-t-il voulu que la terre
portât des objets inutiles? Non, mesdames, tout
y est pour servir à l'homme (1), image de Dieu,
ou sa créature la plus chérie.
CHAPITRE VI.
CHAPITRE VII.
• .
MOINES LITTÉRATEURS.
CHAPITRE X.
ANCIEN CLERGÉ. — SON ESPRl^T RELATIVEMENT AUX
SCIENCES.
CHAPITRE XL
SUR L'ÉRUDITION DES RELIGIEUX.
CHAPITRE XII.
CHAPITRE XIII.
ÉLOQUENCE ECCLÉSIASTIQUE.
CHAPITRE XIV.
CONTROVERSES. — LEUR ORIGINE. — LIVRES
MONASTIQUES.
VET ET L'OU.
CHAPITRE XVI.
LES PREDICATEURS,
(i) Pol^.,Hist,,lib.XIt,
coupables écrits théologiques précédèrent, ou sui
virent les grandes effusions du sang humain. Ces
vérités se retrou vent dans l'ouvrage de M. Fer-
rand , qui s'est fait un devoir de les retracer (i).
Dans ces courts intervalles où la guerre est
comme endormie , l'attention se porta sur les
connaissances de quelques prêtres ; on se mit à
célébrer le langage emphatique et les recherches.
Vaincu tour à tour ou triomphant , chaque parti
se trouva fier d'opposer le coryphée de sa bande
à celui de ses rivaux , et sur les débris de la reli
gion , chacun chanta les victoires de la science
et du délire.
11 fallut à certain prédicateur un auditoire su
perbe, des rois , des princesses , des jolies femmes,
des gens de lettres , une jeunesse brillante. Et
quel ravissement , si vous lui présentez un mort
qui fut illustre ! Il s'en empare avec avidité ,
comme d'une proie de délices ; il le caresse
dans la^ tombe, et au fond de son cœur il le
méprise.
Marchand d'éloges funéraires , prêtre de nom ,
courtisan servile , vendu également à toutes les
dynasties , sans mœurs , sans religion , sans pa-
CHAPITRE XVII.
VŒU DE PAUVRETÉ.
CHAPITRE XVni.
LE JEUNE.
(1) En 1705.
(2) ITimoth.,IV,7.
(3) Voyez Alexandre VII -, ses décrets contre ces différ.
proposa. , 24 septemb. i655 et 18 mars 1666.
( 435 )
le reste, mes frères, quelle indolence! quel abru-"-
tisseraent ! quel torrent d'impiété !
Séraphin. Je ne pais souffrir ce déchaînement
contre la plus respectable des classes. Les cha
noines réguliers de saint Augustin , à qui j'ai
l'honneur d'appartenir, consacraient huit heures
par jour à l'office et à l'étude. — Entre mille
exemples, je vais en choisir un seul; il ne vous
sera pas étranger, « J'interrogeais , dit un grave
docteur, des chanoines réguliers de saint Augus
tin, et je leur demandai ce qu'ils avaient appris
dans le temps de leurs preuves. — Nous avons
appris le chant grégorien ; et quand nous chan
tions faux, le maître nous punissait avec rigueur.
— Et la règle, messieurs? — La règle! que vou
lez-vous dire ? — La règle de saint Augustin.
— Ah ! nous n'en avons pas plus entendu parler
que si elle n'existait pas (1). » Ces reproches né-
pourraient-ils s'adresser à tout le corps ecclésiasti
que? Autrefois, dit Pascal , on n'y était admis quV
prés un examen très-exact. On y est reçu mainte
nant avant qu'on soit en état d'être examiné (2),
Celane justifie que trop nos remarques. Indignité 1
s'écrie le docteur dont j'ai cité les paroles : où
sont les larmes de la honte? où est la rougeur
n Proverb. XI , 28.
Vie du père de Condren , dans celle de Vincent de
Paul, liv. II, ch. VIII.
(3) Bourdaloue , sur la Pentecôte , part. I , et sur la
Trinité , part. III.
( 44o )
Ainsi, pour noire salut même, résignons-nous ;
souffrons gaiement , ravis de trouver des peines
et des outrages. « Souffrir pour Dieu , c'est une
grâce qu'il nous fait (1). » Humilions nos amours
propres, mes frères, accoutumons-nous à voir
une vengeance céleste dans la révolution qui nous
étonne et nous afflige. « C'est une des tempêtes
politiques par où le ciel a besoin de se décharger
quelquefois (2). » Elle nettoiera nos cœurs et
l'église , comme les orages purifient l'air ; tous
les bons prêtres en conviendront. Ceux-là n'en
censent pas l'erreur et le mensonge, ceux-là ne
craignent jamais de rappeler constamment l'hom
me à sa dignité. Quant à moi, frères, tout in
digne que je sois du beau nom de chrétien, je
parlerais devant nos bourreaux , comme je parle
devant vous. C'est à force de déchirer les voiles
qui obscurcissent la religion chrétienne que nous
parviendrons à lui rendre son éclat et sa richesse.
Nous serons secondés dans cette tâche par tous
les vrais fidèles.
( 1) Philip. 1 , 29.
(2) liossuet, orais. funèb. d'Anne deConzag.
( 44i )
LETTRE CXXXVI.
LETTRE CXXXVII.