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© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 1 503 − 1
CATAPHORÈSE ________________________________________________________________________________________________________________________
Dans les années 1950, la protection était réalisée par des résines
solvantées appliquées au pistolet. Les parties difficilement accessi-
1.1 Définition bles et les corps creux ne pouvaient être protégés par cette techno-
logie.
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Les réactions à l’anode et à la cathode sont données figure 2. Les principaux paramètres sont les suivants (à titre indicatif) :
La réaction (4) suppose le transport des particules de liant catio- — extrait sec................................................. (15 à 25 %)
nique vers la cathode, c’est l’électrophorèse. — pigment/liant ........................................... (0,12 à 0,35)
— Meq amine ............................................... (40 à 65)
À l’interface cathode/peinture, le cation polymérique réagit avec — Meq acide ................................................ (15 à 30)
l’anion OH– (élévation du pH vers 11-12) et la peinture est coagulée
— pH ............................................................. (5,6 à 6,4)
sur la cathode.
— conductivité ............................................. (1 200 à 1 800 µS)
La réaction (1) d’acidification à l’anode nécessite une élimination — taux de solvants ...................................... 1 à 5 % en masse
de l’excès d’acide : c’est le rôle du circuit anolyte décrit plus loin
(§ 6). L’anolyte et l’ultrafiltrat (§ 6) sont également suivis par pH,
conductivité en Meq (milliéquivalents exprimés pour 100 g d’extrait
sec).
4.3 Électro-osmose
L’électro-osmose est la migration de la phase liquide à travers la 5.2 Paramètres d’exploitation
pellicule de peinture en cours de formation vers le bain, sous l’effet
du champ électrique. Le film est ainsi déshydraté et la teneur rési- On applique une tension continue comprise entre 200 et 400 V. Le
duelle en eau est d’environ 5 % en masse. redresseur utilisé ne doit pas avoir un taux d’ondulation supérieur à
L’excédent de peinture non coagulé est ensuite éliminé par rin- 5 %*.
çage et recyclé grâce à un système d’ultrafiltration. * La tension continue est fournie par un redresseur de courant alternatif et comporte un
pourcentage d’ondulation par rapport à la tension nominale, pouvant provoquer périodi-
quement des surtensions.
Des voltages trop élevés conduisent à des dégagements d’hydro-
4.4 Polymérisation gène excessifs provoquant la détérioration du film : au-delà d’un
seuil dit tension de claquage, il y a rupture irréversible de la pein-
La couche de peinture ainsi électrodéposée est insoluble, mais ture.
sans résistance physique ni chimique. Le film sera donc polymérisé La consommation électrique est d’environ 30 à 40 coulombs par
par étuvage afin d’acquérir toutes ses propriétés finales. gramme de film sec déposé. Cette grandeur est appelée impropre-
Le mécanisme de la polymérisation consiste à faire réagir, en pré- ment rendement coulombique et constitue une des caractéristiques
sence de catalyseur, les groupements hydroxylés de la résine catio- de la peinture.
nique avec des isocyanates aromatiques bloqués par des alcools Les autres paramètres importants sont la température du bain qui
légers, stables à la température ambiante. Ces isocyanates sont se situe entre 27 et 36 oC, régulée à +/– 0,5 oC et le temps d’applica-
mélangés avec le liant et se débloquent à l’étuvage en provoquant tion qui, suivant les installations, se situent entre 2 et 4 min. Péné-
une réaction d’uréthanisation du liant organique. tration, épaisseur, qualité du film dépendent fortement de ces
D’autres mécanismes de polymérisation sont envisageables. variables.
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vers des poches d’environ 25 µm. Des poches spéciales, dites absor-
6. Installation industrielle bantes, qui retiennent des polluants organiques (huiles), sont
occasionnellement utilisées.
Une installation industrielle de cataphorèse (figure 3) sera située
en aval de l’installation de traitement de surface et comprendra les ■ Alimentation en produit frais
éléments suivants. Elle doit maintenir constantes les caractéristiques du bain. L’ali-
■ La cuve de trempé cationique mentation se fait par pompage à partir des bacs de stockage des
Elle est en acier ordinaire, isolée électriquement et revêtue d’une produits frais dans le circuit de circulation du bain.
peinture anticorrosion de type époxydique. Cette alimentation peut être complètement automatique.
Ses dimensions sont calculées en fonction des pièces à peindre et
des cadences. Dans l’industrie automobile, les volumes peuvent ■ Les anodes
varier de 200 à 400 m3 ! Elles sont réparties symétriquement le long des parois latérales
du bain, parallèlement à l’axe du convoyeur des carrosseries. Elles
■ Le déversoir
sont en acier inoxydable (nuance Z2 CND 17-12 de la norme fran-
Il est installé en sortie de bain, pour maintenir le niveau, éliminer çaise ou 316L de la norme AISI).
les mousses et éviter les retours le long des parois.
■ L’agitation ■ Le circuit d’anolyte
Nécessaire pour la stabilité physique du bain, elle est assurée par Il est conçu pour l’élimination de l’excédent d’acide produit au
des pompes de circulation. L’ensemble sera conçu afin d’obtenir un cours de l’électrolyse, ce circuit relie les cassettes d’anolyte, en PVC,
mouvement du liquide dans le sens de l’avancée des pièces en sur- dans lesquelles sont enfermées les anodes :
face avec retour en sens inverse dans le fond. La face des cassettes tournée vers le bain est ouverte, mais isolée
■ L’unité de refroidissement de la peinture par une membrane spéciale, semi-perméable dite
Elle est nécessaire pour maintenir la température de travail, le membrane d’électrodialyse, qui laisse passer les électrons et les
bain ayant tendance à s’échauffer par effet Joule. anions présents dans le bain, notamment les anions de l’acide,
AcCOOH–, se dirigeant vers l’anode au cours du processus d’électro-
■ L’unité de filtration lyse, mais qui est imperméable à tout retour de l’acide généré à
Elle est composée d’un préfiltre puis de modules équipés de l’anode et à tout passage de la peinture et des solvants dans les cas-
poches filtrantes. La filtration normale de la peinture s’effectue à tra- settes.
Convoyeur
Rail cathodique
Étuve
Rinçage eau
Rinçage UFR Rinçage UFN déminéralisée
UFR UFN
Pompe
Eau
Ultrafiltre
Anolyte
Rejets
Échangeur
Filtre
Rejet thermique
UFR ultrafiltrat recyclé
UFN ultrafiltrat neuf
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Dans ces boîtiers, circule une solution acide permettant le pas- De nombreuses industries sont concernées, de l’automobile à
sage du courant, sa concentration est régulée automatiquement par l’électroménager, en passant par les tracteurs ou le mobilier métal-
conductimétrie. lique.
■ Le circuit d’ultrafiltration Aujourd’hui, suivant les objectifs, les épaisseurs déposées peu-
vent varier de 18 à 28 µm.
Il est utilisé pour le rinçage des pièces et le recyclage de la pein-
ture non coagulée. Ce système permet également l’épuration des Il est intéressant de mentionner l’utilisation de la cataphorèse en
polluants minéraux et organiques entraînés par les carrosseries, monocouche colorée, pour certaines pièces spécifiques demandant
l’épuration de certains éléments du bain n’ayant pas réagi, et dont pour des raisons économiques et facilité de mise en œuvre d’obte-
l’accumulation serait nocive, et la régulation du taux de solvants. nir résistance à la corrosion et esthétisme à la fois : noir pour des
pièces détachées automobiles : filtres à huile, cardans, essuie-gla-
La peinture est envoyée sous pression à travers des membranes ces..., transparents et alimentaires pour couvercles de boîtes de
semi-perméables qui ne laissent passer que des particules de très conserve, couleurs plus vives, rouge, vert, etc., pour pièces de trac-
faible taille (10 à 20 nm). Passent à travers les membranes, toutes teurs et outillages.
les molécules de basse masse molaire comme :
— l’eau ;
— les sels minéraux solubles dans l’eau ;
— les sels organiques de faible masse molaire, n’ayant pas réagi
au cours de l’électrodéposition (amines) ;
8. Évolution
— une partie des solvants organiques.
Le liquide ainsi obtenu forme l’ultrafiltrat neuf (UFN). Depuis son application première comme primaire anticorrosion à
fort pouvoir de pénétration, cette technique a évolué dans différen-
Sont retenus par les membranes, le polymère cationique propre- tes directions, conduisant à des produits spécifiques adaptés à de
ment dit et les pigments : ce reliquat est recyclé dans le bain. nouveaux besoins : pouvoir nivelant de la rugosité du métal de
L’UFN est utilisé pour des rinçages en cascade inverse, depuis la base, utilisation en très forte épaisseur (35 à 40 µm) pour remplacer
sortie du bain, jusqu’à l’UFN, avec débordement par trop plein du les apprêts, évolution vers des produits polymérisants à basse tem-
bac en aval vers le bac en amont. Ces rinçages sont réalisés par pérature (150 à 160 oC), permettant l’introduction des plastiques,
aspersion et/ou par immersion. produit à bas taux de pigments pour une meilleure stabilité des
Au fur et à mesure, la pièce est donc nettoyée par de l’UF de plus bains...
en plus propre, et finalement par l’UFN. Actuellement, les nouveaux développements s’orientent autour
de produits encore plus écologiques : suppression du plomb et
Une fois sortie de ce circuit fermé, la pièce est rincée une dernière
autres métaux lourds, contribution encore plus grande à la diminu-
fois à l’eau déminéralisée pure en circuit perdu.
tion des émissions de solvants (COV : composés organiques vola-
Le résidu du premier rinçage, le plus riche en peinture non réagie tils).
est recyclé directement dans la cuve.
D’ores et déjà, l’industrie utilise des produits sans plomb à perfor-
■ L’étuvage mances au moins identiques aux produits conventionnels et prati-
quement sans solvants.
C’est le stade ultime de la ligne de cataphorèse. Il permet la poly-
mérisation du film de peinture.
Les temps de passage varient de 20 à 30 min, pour des tempéra-
tures métal allant de 150 oC minimum, à 200 oC, suivant les types de
cataphorèse utilisés. 9. Conclusion
Un four à convection est préférable, l’association convection-
radiation est aussi satisfaisante. La cataphorèse a été la technologie la plus performante en termes
La pièce est maintenant prête à entrer dans la ligne des peintures de protection anticorrosion du dernier tiers du XXe siècle.
de finition. À l’aube du XXIe siècle de nouveaux défis sont lancés :
— performances : extension de la garantie anticorrosion à 12 ans
voire plus ;
— environnement : de nouvelles restrictions apparaissent dans le
7. Utilisation recyclage des véhicules en fin de vie ;
— coût : la pression économique se fait de plus en plus forte ; les
fonctions doivent être assurées à moindre coût pour les produits et
Cette technique est utilisée chaque fois qu’une protection anticor- les installations.
rosion importante est exigée, alliée à une automatisation poussée, C’est dans ce contexte que de nouvelles évolutions ou révolutions
pour toutes pièces métalliques, que ce soit de l’aluminium, de l’acier dans le concept de la protection sont en gestation dans les labora-
ou des aciers zingués. toires, et la cataphorèse en sera encore un atout majeur.
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