La planète en danger 170

Asie 2
Canne à sucre
Papaye

Les OGM,
160
Soja
150 Finlande
Canada Suède
Peuplier Nombre de variétés Danemark
140 déjà commercialisées Royaume-Uni Allemagne
Rép. tchèque
France Autriche

pari à trois
130
Etats-Unis Espagne Italie Bulgarie
Grèce Chine
Tabac Suisse Corée du Sud
120
Amérique latine Serbie-et-Monténégro Roumanie Pakistan
et Caraïbes Egypte
110
Cuba Inde
Tomate Thaïlande
Mexique

inconnues
100 Honduras Philippines
Venezuela Ghana
90 Pays en voie
Colombie Kenya
Coton de développement :
80 Nombre total
de variétés OGM Indonésie
Pérou Brésil
70 testées : 542
Pomme Bolivie Zimbabwe
de terre Nombre total
60 de variétés OGM déjà Paraguay
commercialisées : Australie
A la croisée des débats sur ous sommes de plus en plus 50
Maïs
environ 20 Afrique
la mondialisation et la notion
de progrès, la question
N nombreux à consommer de
plus en plus d’OGM. Les 40
Uruguay
Argentine
du Sud

combats écologistes contre 30 Proche-

des organismes génétiquement
modifiés (OGM) illustre
le constat selon lequel
la loi de l’économie s’impose
plus vite que les précautions
suggérées par l’état
des recherches. Résultat :
les produits issus
de la transgenèse sont dans
nos assiettes avant que
l’on puisse en garantir
la totale innocuité.
Une production croissante
Surfaces plantées en OGM
Millions d’hectares
100
Surfaces totales
80 Part des semences Monsanto
60
40
20
0 0
1996 1998
Sources : International Service for the Acquisition of Agri-Biotech Applications (ISAAA), 2004 ; Monsanto, 2005 ; Clive James ; United States Department of Agriculture (USDA).
la modification génétique des végétaux,
comme le fauchage très médiatique de
parcelles expérimentales, ne doivent
pas occulter ce constat : fin 2005, on
compte dans le monde 8,5 millions
d’agriculteurs qui exploitent 90 mil-
lions d’hectares de ce type. Les plantes
transgéniques, en hausse de 11 % sur
l’année 2004-2005, couvrent déjà 6 %
des terres cultivées sur la planète. Long-
temps réservées aux pays industrialisés
(Amérique du Nord), elles gagnent du
terrain dans les pays pauvres, et sur-
tout en Chine et en Inde, où des moyens
considérables sont engagés pour leur
développement.
Cette production, pour l’instant con-
centrée sur le soja, le maïs, le coton et le
colza, se retrouve nécessairement dans
l’alimentation. La mondialisation des
échanges, les contaminations naturelles
ou accidentelles et la complexité des
circuits agroalimentaires rendent assez
vains les efforts d’étanchéité des filiè-
res. A l’exception des produits garantis
sans OGM fabriqués à grands frais, par
précaution et par intérêt, nous mangeons
Surfaces plantées dans le monde
Millions d’hectares
160
140
? Soja
120
100
80
60
40 Part
20 des
OGM
2000 2002 2004 Soja Maïs Coton Colza
Afrique
Riz
20
Europe 2
10
0 25
Nombre de variétés génétiquement modifiées
en phase d’expérimentation dans les pays
en voie de développement 1
1. Dix principales espèces testées en laboratoire
ou en plein champ
2. Pays en voie de développement uniquement
Source : FAO-BioDeC, 2005.
Essais multiformes au Sud
11 Expérimentations tous azimuts dans les pays
tous des ingrédients génétiquement
en développement
modifiés. L’Europe a admis cette évi-
11 Les pays en développement dans la ligne de
dence
mireen autorisant
des industriesleur présence dès lors
biotechnologiques
qu’elle est mentionnée sur les étiquettes
(au-delà de 0,9 % du produit), au grand
dam des Américains qui suspectent une
« mesure protectionniste ». En quelque
sorte, c’est au citoyen consommateur de
prendre ses responsabilités.
Pauvre consommateur ! Outre que
la première génération de transgéniques
ne lui apporte pas grand-chose – il en
sera peut-être autrement demain, avec
les plantes enrichies, dépollueuses ou
Part des OGM dans la production totale
de coton, soja et maïs aux Etats-Unis
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 %
Coton
2001
Orient 2 Surfaces plantées en OGM
Millions d’hectares
50
Les cinq pays produisant plus de 95 % des OGM commercialisés
Autres pays producteurs d’OGM commercialisés
N. B. : L’ISAAA, seul organisme à produire des
Plantations uniquement expérimentales statistiques mondiales sur les OGM, est financé
5 par plusieurs grands groupes biotechnologiques
Pays où plus de 5 % de la surface agricole totale
(dont Bayer CropScience, Monsanto et Syngenta).
sont plantés en agriculture biologique
Sources : International Service for the Acquisition of Agri-Biotech Applications (ISAAA), 2004 ; FAO, 2005 ; International Federation of Organic Agriculture Movements (Ifoam), 2005 ; Institute for Health
and Consumer Protection (IHCP) of the European Commission’s Joint Research Centre (JRC).
Les cinq plus gros producteurs d’OGM
résistantes à la sécheresse –, il a bien du Le doute demeure sur les consé- vaut d’ailleurs pour d’autres pays. Les
mal à se forger une opinion à partir des quences sanitaires à long terme de précautions prises en Europe – étique-
arguments contradictoires des experts, l’emploi des OGM, faute d’études sys- tage, refus de 172 collectivités locales
que le débat porte sur les conséquences tématiques, y compris aux Etats-Unis ou régionales d’autoriser les cultures
environnementales, sanitaires ou écono- où l’on consomme du transgénique transgéniques – et les actions des « fau-
miques des OGM. Comme pour tout ce depuis des années. Des expériences cheurs » d’OGM freinent les recher-
qui touche au vivant, il est difficile de – discutées – semblent démontrer des ches sur la biodiversité sans bloquer les
trier entre ce qui relève de l’émotion et modifications sanguines et rénales chez importations de semences ou produits
ce qui ressort de la raison. le rat. A l’inverse, les défenseurs des modifiés. Le vrai risque est alors que le
L’inconnue environnementale OGM expliquent que la diminution des transgénique se banalise et atteigne un
oppose avec acharnement écologistes mycotoxines, causées par les agressions point de non-retour avant que des précau-
et semenciers, mais aussi les scientifiques des insectes ravageurs, limite les risques tions élémentaires, les mêmes qui précè-
entre eux. La dissémination par le pollen cancérogènes des plantes génétiquement dent la commercialisation d’un nouveau
fait courir un danger à la biodiversité. modifiées. médicament, n’aient été prises. ●
Des observations faites en Allemagne Les bénéfices économiques sont tout
et au Royaume-Uni confirment ce ris- aussi discutés. En Afrique du Sud, cer-
que de « bio-invasion ». Au Mexique, taines proliférations d’insectes (telle la Sur la Toile
berceau du maïs, la colère a brusque- punaise du coton) ont parfois réduit à g Inf’OGM : www.infogm.org
ment monté lorsque l’on a eu confir- néant les gains escomptés à partir de
g GeneWatch : www.genewatch.org
mation de la présence sur des plants semences dont le brevet coûte très cher
traditionnels de gênes étrangers intro- aux petits producteurs. Dans d’autres cas g Organic Consumers :
www.organicconsumers.org
duits par des importations américaines. (pourriture des fruits, anomalies dans la
Au lieu de s’en expliquer, les avocats croissance de la vigne), les gains de ren- g Comité de recherche et
des OGM font valoir que les cultures dement semblent évidents. Mais, avant d’information indépendantes
transgéniques diminuent le recours aux de résoudre les déséquilibres alimen- sur le génie génétique (CRRI-GEN) :
Maïs produits phytosanitaires (traitement taires dans le monde, les OGM risquent www.crii-gen.org
des végétaux), limitent l’érosion des sols d’abord d’accroître la dépendance des
2004 g Site interministériel sur les OGM :
et encouragent les techniques d’agricul- pays pauvres à l’égard de quelques fir- www.ogm.gouv.fr
ture simplifiées. mes comme Monsanto ou Bayer. Cela

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