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22 Novembre 2013
INTRODUCTION
Plusieurs auteurs[1] talentueux ont pronostiqué, certes avec des nuances variées, ce
que seront les conséquences sociales et culturelles de l’usage des réseaux et les
Technologies d’Information et de Communication (TIC)[2] dans la sphère de
l’éducation et de la formation. Nous verrons par la suite comment se profile
l’émergence de nouvelles pratiques : serveur Web, plateformes, communications
synchrones mais aussi de nouveaux outils : vidéoprojecteurs et tableaux interactifs,
terminaux mobiles de tous types, qui prétendent contribuer à la transformation, ou
au moins à la facilitation de l'acte de formation. Ces nouvelles technologies
renvoient bien à deux principales potentialités des systèmes d’informations :
« l’accès, de manière délocalisée, à une grange quantité d’informations codées sous forme
numérique, et la communication à distance selon divers modalités que ne permettaient pas les
technologies antérieurs, la plus populaire étant la toile mondiale (World Wide Web) »[3].
Nous voulons analyser ici le rapport qui se révèle dynamique aujourd'hui entre les
trois éléments haut-cités. S'agit-il d'un nouveau triangle didactique comme
s’interroge Mangenot ou d'un simple passage obligé à l'heure où le multimédia dans
la didactique des langues connait un grand essor?
1.1. L'apprenant
La réalité actuelle nous oblige de constater que, dans la classe dite traditionnelle,
c'est le professeur qui trop souvent monopolise encore plus de la moitié du temps de
parole et que toutes les interactions ont un passage obligé par sa personne. Et en
plus, comme le constate François MANGENOT, c’est «la pédagogie de la
question/réponse»[4] qui est utilisée, une pédagogie qui se veut peu communicative
puisqu'un des deux interlocuteurs attend déjà une réponse bien précise.
De nos jours, la didactique des langues réclame des approches plus interactionnelles
et actionnelles; c'est ainsi que le CECR opte déjà pour la perspective actionnelle:
« La perspective privilégiée ici est, très généralement aussi, de type actionnel en ce qu’elle
considère avant tout l’usager et l’apprenant d’une langue comme des acteurs sociaux ayant à
accomplir des tâches (qui ne sont pas seulement langagières) dans des circonstances et un
environnement donnés, à l’intérieur d’un domaine d’action particulier. Si les actes de parole
se réalisent dans des activités langagières, celles-ci s’inscrivent elles-mêmes à l’intérieur
d’actions en contexte social qui seules leur donnent leur pleine signification. Il y a « tâche »
dans la mesure où l’action est le fait d’un (ou de plusieurs) sujet(s) qui y mobilise(nt)
stratégiquement les compétences dont il(s) dispose(nt) en vue de parvenir à un résultat
déterminé. La perspective actionnelle prend donc aussi en compte les ressources cognitives,
affectives, volitives et l’ensemble des capacités que possède et met en œuvre l’acteur social
»[5].
Les étudiants d'aujourd'hui sont finalement devenus des "apprenants digitaux ", ils
utilisent abondamment les médias. On peut même imaginer une moyenne de plus
de 62 heures par semaine dans le contexte angolais. Avant leur entrée à l'école, on
trouve déjà des enfants qui naviguent sur la toile et font plusieurs choses en même
temps (multitâches).
1.2. L'enseignement
Soulignons au passage que ce nouveau rôle est beaucoup plus exigeant que le rôle
traditionnel:
Le terme ordinateur est très présent dans les années 1980; il a tendance à être
remplacé par multimédia dans la décennie suivante, suivant en cela l’évolution des
matériels. Outre le fait qu’il entre dans la composition de l’acronyme[7] EAO
(Enseignement Assisté par l'Ordinateur), le terme d’ordinateur apparaît comme un
«auxiliaire de créativité», un «auxiliaire de l’enseignant» ; il permet un
«enseignement interactif»[8]
D’une façon générique, le terme ordinateur dénote une machine électronique qui
fonctionne par la lecture séquentielle d'un ensemble d'instructions, organisées
en programmes, qui lui font exécuter des opérations logiques et arithmétiques sur
des chiffres binaires.
Dès sa mise sous tension, un ordinateur exécute, l'une après l'autre, des instructions
qui lui font lire, manipuler, puis réécrire un ensemble de données. Des tests et des
sauts conditionnels permettent de changer d'instruction suivante, et donc d'agir
différemment en fonction des données ou des nécessités du moment.
Au-delà des outils, il faut s'intéresser aux usages ! Les technologies ont un potentiel
cognitif important, mais il faut aller au-delà de pédagogies expositives. Il faut être
conscient que cela prend du temps, que parfois ça ne fonctionne pas, mais que c'est
nécessaire pour mieux préparer les citoyens de demain.
Aujourd'hui dans les pratiques de classe, on assiste à une fascination de plus en plus
accrue de professeurs pour l'Internet. Cette passion se justifie en raison des multiples
possibilités d’exploitation pédagogique que cet outil offre que ce soit pour la
préparation des cours, pour l’utilisation en classe de langue ou pour l’auto-
apprentissage. Ce constat nous oriente, d'emblée, vers l'impression d'une mise à jour
des nouveaux modèles didactiques.
L'Internet est en train de prendre une telle place dans la vie économique et sociale
que l'enseignement ne peut plus l'ignorer. Il y a déjà des tendances dans certains
pays d'en généraliser l'utilisation. Et pourtant, il y a encore d'autres qui hésitent et se
demandent si tout cela n'est pas un peu précipité, si ce média est bien un outil
approprié à l'enseignement, car, disent-ils, l'information n'est pas le savoir et les
savoir-faire didactiques sont encore dans un état embryonnaire.
Alors que l'arrivée des appareils de radio à transistors avait assuré l'universalité de
la réception (notion d'information), l'Internet assure, en plus, l'individualisation de
l'émission: tous peuvent s'adresser à tous (notion de communication). La cherté et la
fragilité de l'équipement constituent encore un frein à ce développement. Mais,
comme pour la télévision et la radio, ce verrou économique finira par sauter, sauf si
les opposants de TIC tentent de confisquer la propriété de l'outil. L'universalité de
l'accession à ce nouveau média n'est, selon toute vraisemblance, qu'une question
d'années. D'ici peu, chaque individu pourra faire connaître à qui veut l'entendre ou
le lire toute information, toute connaissance, toute opinion. La conséquence la plus
visible de cette nouvelle diffusion, c'est sûrement l'impossibilité de contrôler les
contenus véhiculés par ce média. Il y a, comme on peut les constater, les réseaux du
sexe, de pédophilie, les sites néo-nazis, etc. qui côtoient les innombrables sites
réellement informatifs. D'autre part, la publication des articles et des ouvrages
s'effectue sans délai, ce qui entraîne l'intensification des échanges d'idées et
l'accélération des innovations, comme nous avons pu le constater à propos des TPE
au cours de l'année 1999-2000.
CONCLUSION
Tout compte fait, on peut attendre de l'outil Internet une plus grand efficacité dans
l'enseignement/apprentissage des langues, grâce aux possibilités de différenciation,
de la lecture en hypertexte (si l'apprenant est animé par le désir de trouver un
renseignement qui l'intéresse), des genres de textes très divers, etc. mais à condition
que les enseignants élaborent une mise en autonomie progressive de leurs
apprenants et intègrent aux dispositifs de nombreuses séances de mise en commun.
L'enseignement ne peut totalement se désincarner : l'existence de groupes réels, avec
des séances de débats argumentés, semble indispensable à toute situation de classe
de langue.
Il est bien évident de nos jours, que l’Internet propose beaucoup de ressources
iconographiques, sonores, vidéos, etc. Il s’avère prudent d’insister que les TICE sont
un outil de formation, d'expression et de créativité. Malgré leurs limites, de
nombreuses ressources sont mises à notre disposition en temps réel. Il est d'ailleurs
souvent avancé qu'Internet représente les traits culturels de notre société toujours en
mutation et où tout le monde profite de ce que chacun y apporte.
C'est pour cette raison que, même s'il faut envisager de nouveaux modèles
didactiques de l'enseignement des langues, l'Internet restera un support parmi
d'autres, dans la panoplie d'outils dont dispose l’enseignant de langues pour
s'adapter le mieux possible à la diversité d'apprenants qu'il retrouve en classe.
BIBLIOGRAPHIE
NOTES
[1]. D. Wolton (1999) : Internet et après, une théorie critique des nouveaux
médias,Flammarion, , Paris; P. Lévy, l’intelligence collective, Le seuil. Paris, 1997; M.
Guillaume : où vont Les autoroutes de l’information ? Descartes et cie , Paris, 1997; entre
autres et pour ne citer que des auteurs français…
[2] Dans le cadre de l’enseignement/apprentissage, au lieu de TIC on parlera de
TICE (Technologies d’Information et de Communication pour l’Education)
[3] J.-P. CUQ (2003) : dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde,
Paris, CLE International, p. 238
[4] Mangenot, F (1996): L'apprenant, l'enseignant et l'ordinateur : un nouveau triangle
didactique?, in Linguaggi della formazione : l'informatica", l'IRRSAE
[5] CECR, p. 15
[6] Mangenot, F (1996) : Op. Cit.
[7] L’acronymie désigne l’abréviation d’un groupe de mots formée par la ou les
premières lettres de ces mots dont le résultat, nommé acronyme, se prononce comme
un mot normal; on parle aussi de lexicalisation lorsque l’usage de l’acronyme se
généralise au point de ne plus être distingué d’un nom (et ne plus nécessairement
être attaché à sa signification initiale).
[8] Ces trois expressions sont extraites des titres des articles du Français dans le monde,
numéro spécial d’août-septembre 1988.
[9] Cf. MANGENOT, F (1996):L'apprenant, l'enseignant et l'ordinateur : un nouveau
triangle didactique? in actes du congrès "Linguaggi della formazione : l'informatica",
l'IRRSAE
[10] Le triangle pédagogique représente trois sommets ou pôles :
le savoir, l'enseignant et l'apprenant. Il modélise les éléments fondamentaux en
relation dans l'acte d'enseigner, donnant ainsi une image de la complexité de cette
situation. Pour cette raison, les auteurs parlent aussi à son sujet de système
didactique ou de triangle didactique. Du point de vue scolaire, on parle de "savoir,
professeur et élève".
[11] MANGENOT, F. (1998): Analyse de trois cédéroms de FLE", in Cahier de l'ASDIFLE
N°9, "Actes des Rencontres sur le multimédia et le FLE, in Alsic, Vol.1, numéro 2, p. 141