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M IRGUET
DIRECTBUN DN 1,, Écor,E )ioRrALE DE Huï
DT I,ET]H flVILISATIOI\{
8,
I
BRUXELLES
J. LEBÈGUE & Ci", LIBRAIRES-ÉDITEURS
46, RUE DE LA ITTADBLEINE t*6
'
{ 896
HISTOIRE DES BELGES
nT.
DE LEUR CIVILISATION
'a
't.
l,
II pnÛl'AcE
étutles historiques.
0n trouvera peut-être que nous auriorrs dt
nous étendre
moins longuement sur certaines époques, sur certaines institu-
tions, sur certains hommes, pour faire une place à d'autres,
d'irnportance secondaire il
est vrai, mais que nous passous
complètement sorrs silence ou que nous mentionnons à peine.
Nous avons préféré nous borner et traiter avec plus tl'ampleur
les questions principales, nous souvenant de I'adage Peu,, :
mais bien,. C'est un danger, dans un manuel tl'histoire, de
prétendre toucher à trop de points. Au lieu de composer
un livre élérnentaire, clair et intéressant, comme i[ conviendr.ait,
on s'expose à ne produire qu'un abrégé obscur, aride, rebutant.
Le mot de Lakanal est toujours en situation : ( On corrfond
volontiers les éICmentaires a\ec les abrégés,. on oublie que
l'abré,gé est précisément I'opposé de l'éIintentaire. n
***
Le 2 septembre tlernier, L'Indé,ltenclance belge publiait un
résumé des discussions du Congrès de la Paix tenu à Anvers
pendant I'Exposition universelle. Noul; extrayons de ce compte
rentlu les lignes suivantes :
1894 1894.
-ÀNvERS-
Secri.tariat gënérat Ce I septembre {894.
Rue Joseph II, 39
BRUXELLES.
llonsieur llirguet,
POUR LD BUREÀU:
Le Secrétaire général,
LÀ'FotirAINE.
INTRODUCTION
( I ) tes vestiges pétrifïés des animaux et des végétaux portent le nom géné'
ritlue de.fos.siles.
(21 nn caractères hiéroglyphiques, cunéiformes, runiques,-etc.
(a) On est parvepu à reôonst,ituer, pâr lacomparaison de leuus racines, le
tliitidnnaire dà plusieurs langucs éteintes ; à rléterntiner I'dtendtre des idées
et des Connaissànces :rcquise.s par les peuples qui les ont parlées, et', consé-
quenment, le degré de civilisation auquel ils étaient arrivés.
8 Il{TftoDUCTtoN
Ouvrages à consulteF.
lndex géognaphique.
' St. Acheulprès cl'Amiens, (Somme). D'oir tlérive la qualilication rJ'achetiléen,
donnée d'abortl à la plus ancienne époque du quaternaire. Station tlisparue par
suite dc I'agrantlissement. de la ville,
Canstadt,près tle Stuttgar.d. Crâne découvert en {T00 dans une espèee de
limon nommé lehnt. Depuis, lous les ossemenls humains rencontrés dans le
nème limon ont é1é dits dc Iu rvce de Oanstatlt ou cle liéanderthal, lls
appartiendraient à I'fuomme clielléen. D'aucuns cepentlanl, M. Flaipont entre
autres, croient qtt'ils appartiennent all mouslérien.
l0 HIsrorRE DEs BELGES ET DE LEUR ctvILISATloN
tle Namur.
Sureau (le Trou du), à Montaigle(l'alaen)n
Yuoir, village belge sur Ia lfeuse, en aval deDinant. Le prateau rl'Herbois
est près de I'embouchure du llocq.
-
pÉRI6DE DES TEMpS pRÉIIIST6RIgUES ET pR6T6H1STSRIggES {I
TITRE I
TTTRE II
({) Le terme sédiment désigne les dépôts opérés par les eaux.
Notlon essentielle, Entre ces terrains ou âges, il n'y a pâs, comme la clas-
sificationdesgéologues- pourrait le laissercroire,de limite précise,pas ptus que
r:hez I'homme, par exemple, enl,re l'âge mur et la vieillesse. Un âge succède à
I'autre par évolution lente, non par révolution ni cataclysme. (Doctrine de
Lyell, universellement adoptée. )
(9) L'âge primortlial a été partagé par les géologues en trois périodes : le
lau'entien, le cambrien, le silurien,
(3) les eaux furent habitées en premier lieu; ce n'est qu'à la fin de la période
silurienne qu'apparaissent, d'ailleurs en variétés peu nombrerrses, quelques
véi;élaux et animaux terrestres (à respiration aérienne).
(4) te trilobite parait avoir été un ancêt,re des crustacés. 0n remarqrrait
chez lrritles rndirnenls d'yenx. II a disparu depuis la période carbonifère.
pÉRroDE or* rruo, pnÉutsronl0uns BT pRoToHISToRtouEs {3
des roches se poursuit; de nouvelles couches de sédiment se dépo-
sent au fond des eaux pour former les tercnins primaires (l').
Âveq l'âge nouveau naissent les premiers vertébrés, les poissons à
squelette cartilagineux ( 2 ) et les insectes. Plus tard apparaissent les
batraciens (grenouilles, salamandres, etc. ) ct quek.Jues reptiles
(serpents, lézards, tortue ).
L'Ardenne émerge avec le dévouieu,la Belgique centrale avec lecar-
bonifère. Sous I'influenced'une tempér'ature torride, il se développc'
dans le bassin houiller belge actuel, une végétatiorr luxuriante de
prêles géantes et de gigantesques fougères qui atteigttent souvcut
trente et quarante mètres de hauteur : leurs dcbris accumulés,
enfouis dans le sein cle lit tet're, dottnent à la longuc naissanse à la
houille.
FoRrIArr0N,J;;.;iilili"i:iiïii';;J;ï,#"-DAIRE'
({) Comme ceux tle l'âge précédent, les [errains de l'âge primaire ont été
divisés en trois périodes :le déuonien, le curbonifère et le permien ou batra-
cien.
(9) Représentés dans Ia faune actuelle par I'anzphiorus.
(3) 0omme les précédents, Ies temins secondaires se subdivisent en trois
pér'iodes z le triasirpe, le jurussirltrc et Ie crétacé.
14 HrsroIRE DEs BELGES ET DE LEUR cIYILISÀTIoN
f{ue I'homme aur.ait existé dès la fin du tcrtiaire. Cette opinion n'a '"xi
pas pr'évalu. I
'1
I
TITRE III
moyen de petits coups appliqués sur chaque éclat à I'aide d'un pcr-
cu,teu.r, par exempled'un moreeau de silex ou d'une autre pierre très
dure.
À son tour, la période paléolithique a é[é sulidivisée en quatre
époques, distinguées pal la matière et la forne des instruments
et par la nature des ten'ains oir ils ont été découverts. Ce sont :
{o l'époque chelléenne, caractérisée par l'insh'u,ment chelléen. lequel
affecte la forme amygdaloide et porte le norn de cou,p de poing ;
9o l'époqu,e moustérienne, qui a pour caractéristique l'instrwnent
tnotutérien, pointe triangulaire en silex, taillée sur une facc seu-lc-
nrent et dlte pointe ntou.sté.riennc .' I'instrument chelléen était plus
dangereux, I'instrument moustérien plus utile ; 3o I'époque soht-
tréenne, dont la caractér'istique est I'instrttment soht,tréen, qui a pour.
type une pointe de silex ert forme de feuille de lau,ricr ou er feu,ille
de sau.Ie (à cran); 40 l'époque nmgdaléninnne, signalée par la substi-
tution de I'os, de Ia corne, de I'ivoire et du bois au silex comnte
matières premières tles armes et, des outils, ce qui pemret d'en mul-
tiplier le nombre ct d'en rendre I'ernploi plus commode et plus
-iiiïi;r
iode néolithiqu,e, dtoe ausri ,oàrn hausienne,ou encore de
lit pierre polie, par laquelle débute l'âge actuel. L'homme, devenu
très habilc dans la taille du silex, façonne et polit, arec un art cle
plus en plus parfait, divers objets en cctte matière.
L'existence dc I'homme tertiaire étant, comrte nous I'avons clit,
demeuréc jusqu'ici très conjecturale, nous ne nous pr.éoccupel.olts
pas davantage de la pér'iode éolithique; Dous aborclerons immédia-
tement ce qui, au point de vuc anthropologiquc, se rrpporte au
*frlFle,E. paléolithique.
{+
I. Époque chetléenne ou de t'éléphant anlique.
- Au début du qua-
ternaire, I'Burope fortne uue île. La Gr-antle-Blctlgne ct I'h'lrrnde,
soudées entre elles, font col'ps avec Ie continent. illais l'Océan sub-
merge toujours la tlollande avec la nroitié sejiteltrionalc de la
Belgique, tandis qu'il communique pal le nord avec la nter Noire. Le
graduel abaissement clc température constaté dès lc tertiaire se
continue. Toutefois la tenrpérature de lrr l3clgiquc, colllme en général
celle dc toute I'Burope, dcùrcure rcl:rtivement chaudc. Blle est plus
humide, nrais plus uniforme quc cellc de nos jours : lcs hivers sont
rnoins froids et les étés moins chautls. L)e lir vient que dcs aninraux
cortstitués pour vivre en des clirnats cxtrêrrres se rencontlent dans
la Belgique d'alors : I'éléphant antiqu,e,le rluinocéros ù nnrines cloi-
pÉRroDE DES lElrps pnÉHls'roRrouES ET pRo'IoHISToRI0uES l7
sonnées le lion, Ie ligre, aussî
i l'ours des cuuernes, de la taille du bæuf;
de très grande taille;
l'hyène, Ie clnntoisr la marnrctte, el"c.
L'existencedc I'homme en Belgique, à l'époque chelléenue, semble,
nous l'avons dit ci'dessus, lieir àenrontrée. ll
existe à Mesvin un-...1';'.*f;*"**'-
remalrluable gisement de fossiles rapporté au chelléen. 0n croit,
aussi avoir retrouvé des traces de chelléen à Spy ({) et dans;'lr'1"'-"%Ï"
plusieurs grottcs dc la vallée dc lir llleuse, notamment au trou de '/trÉ'|rr'^-
Gerrdron. Ainsi, tlès Ie commellcement du quaternaire, oll voit la.r,",'.^.À:',:!f
'
Belgique hallitée par deux groupes de population de race chclléenrle,'
aux traits dolichocéphales et prognathes (2). L'un vit daus la vallée
de la llleuse, I'autre daus le bassin rle la Haine. Habitant des régions
séparées par de vastes forêts a peu près impénétrallles, les deux
groupes restent sllns rappolts entre cux ct probablement inconnus
I'un à I'autre. Aussi, tandis elue lcs Mesrinicns utilisent, pour la
flbrication de leurs outils ct de lcurs at'mcs, le silcx des carrières
de Spiennes, lieu voisin cle Mesvin, les llleusiens sont obligés de
tirer cle la Charnpagne celui qu'ils emploient.
Gr'âce à la douceur du climat, I'liomme chelléen peut vivre en plein
air et se passer de vêtement. Yolontier's, il s'instirlle i\ ploximité d'une
source ou d'une eau couraDte oir il
puisse facilement se désaltérer.
Des fluits sauvages, des racines, le produit dc sa chasse, lui servent
de nourriture. Il tencl des pièges aux attimaux sauvages, cléniche les
oiseaux, en mange les æufs, dér,ore leurs petits. Coureur rapide, il
sait atteiudre à Iir course un gibier qtri s'ébat nombreux autour de
lui ; espèce de fauve lui-rnème, it se ptait à déchirer à belles dents les
chairs pantelantcs de ses victirnes. Illais à son tour il sert souvent de
proie aux grands fauves qui peuplent Ia contrée. Contre lcurs griffes
acérées et leurs puissarttcs miichoires, ses dertts, ses mains, unc
branche d'arbre, une,picrre dute, aiguë ou tranchante, sont ses
seuls et trop faibles nroyens de défensc. Sous lc rapport intellectuel
comme au poirtt de vue physique, il est au plus bas degré de l'échelle
hurnaine. Sans doute, son langagc, non encore alticulé, consiste
sultout en exclamations, ert imitatiolls Tagues de sotts et rle bruits.
Que d'étapes il lui restc i\ frauchir pour atteintlre le plus arriéré des
sàuvages actuels !
Néanmoins, ilconn:rit I'uslge du feu. Ce trrn.iblc et pr.écieux
élément parai[ avoir été tlécouvcrt pirr. I'honrnre dès lcs temps les
plus reculés. Les voleans en éruption, I'Lln ou I'trutle combustible
accidentellement enflanrmé pirl la foudlc, lc folt saus doute décou-
vrir prr hasard. Dans lir suite, un rognotr dc p1'ritc frappé sur ull
morceru de silex; lc t'rottement dc deux nol.ceaux de bois léger.s
et [rès secs (.1 ) un seul c]e ces morccaux rlc bois engagé clans
;
uDe pierre ereusc et sorrnris à un llpitlc nrouyernent rotatoir,e,
d'irborcl avcc les m;rins, puis à l'iiide cl'une corde pirssée par son
milieu et vivement sclllicitée en rlcux scns oppostis; plus tard encorc,
ce procétlé pelfectionné pirr I'usagc d'nnc espècc de foret: tels son[
les moyens par lcsquels lcs plcmicrs hommes se procuront le feu.
lls ne tarclen[ pas i\ I'emplol'cr àh cuisson tle leurs ali-
ments.
II. Époque moustériennne ou de l'éléphant primordial (mammouth).
Pcndant l'époquc moustérienne,, les lrlanclres, le pa.vs d',\rrvers, -lc
Brabant, le Limbourg restcnt en partie submergés. Les pays-Bas
dcvaient fonner llors une sorte d'arehipcl., ciu. on clivers enclroits
de cette contréc on a letrouvé clcs osscments cl'hippopotamc. Iuscn-
sibletnent, sotts I'itctiotr do citttses divcrscs nral dtitcnuinées e1co1Lf ,
lc climrrt clu pays, ainsi quc celui de torrte I'Hurope cl'ailleurs,,
devient singulittrement froid et sur.tout lrunrirkr. 0'r,st, ir ccttc é1loc1uc
t1u'on a rlonné le nom r7e période glnci,nire., à cr'rusc de lrr grandc
extension prise par les glaciers. Toutefois, il inrportc cle r.emarqucr
que la vraie carrctér'istique de la période glrcirir.c n'est pas un froid
intense, mais uue ext,rclrne lrrrnridité. Penrhnt torrte r'époque mous-
tér'ienne, des neiges lbondlntes l,ornbent sur' lcs hauteurs les plus
élevécs du conl,inent europécn oir clles formenl cl'imrnenscs
glacicls, lin même teurps, dcs pluics tollenticlles inontlcnt les
plaines. Ainsi uaissertt tle trotnltrcttx ct puissirnts corrr.s rl'ciru r|ipt,
les flots intpétucux erttririltertt des rnasse's eorrsirler';r|lcs 4e sir;le.
.^
({)0-n a contesté la possibilité d'obtenir. du feu par cc procédé. Il résulte
d'une.lettre pulliée d,ans Lenlutuement gëooraphk|rc du 6 avril {gg0 quô ià
procédé est réellement praticable : c Dans Ie disfrict d'lrenge, j'ai vu, pour
la première fois, produire du feu par re lnottement de .letrx morieiux tle Èois.
Le bois. est léger, très sec, et le frottement pr.oduit un feu qui ,*e
communique à^très
une espèce d'amatlou. n (Licutenlnt DlHxrs. )
pÉnIoDE DEs rnups PRÉHIsIoRI0uES ET pRoToHIsroRI0uES l9
d'algile et de cailloux roulés (l). Àinsi se creusent peu à peu les
vallées. Certains fleuves atteignent des proportions énortttes. Ltt
Meuse, pour citer un exemple, avait, au dire du géologue Dupont,
douze kilomètres de largeur à Dinant et plusieurs lieues à sort
embottchure. D'o[t le norn cle périorle flu,uio-glacinire donné pirr
quelques savants à l'époquc tnoustérienne. L'éléphant primordial ou
mamnrouth, Successeur cle l'éléphant antique, protégé contrc le
froicl par unc longue et épaisse toisotl, apparaît alors d:rus notre
pays ell cornpagnie dtt bæuf, tlu chevrl et de I'irne (9). D'aillcurs, les
grirnds tauves de l'époque précédente continuetit u vivre ert Bcl-
gique. L'ltotume rttoustérien, toujours proguathe et dolichocépliale,
se lapploche, dans ses tlaits généraux, du type lapon. Il est petit,
trapu; sa taille ne dépassc pas l^,/n}. Ses jambes, courtes c[
ployées à I'irrticulation du genou, I'obligent à ntlrchet' dans h
position accroupic. C'est à lui qu'otl a parfois clouné le nolil
d'homme de Furfooz. Quant à Ia vcgétation de nos gontl'ées aux
ternps moustériens, c'était la végétation actuelle de la Scandinavie,
cle la Sibérie et des liautes montagites (3). Toutefois, lleaucoup plus
abonclante et plus développée, pttistlu'elle detait sttflire à I'alimen'
tation de gigantesques ruminants.
Par suite de l'abaissenrent de la tentpératut'e, I'houtne moustérien
ne peut plus vivre saus r'êtetttent ni abt'i. Iin préscnce de, nécessités
jusqu'alors ignorées, il appelle I'industlie r\ son secours.
Pour garantir son col'ps des ligueurs hivertiales, il se cortfec-
tionne tle gfossiers vètemetrts tle peau ; il intagine UII cet'tailt
nomble de ttouvcaux otrtils ell silex Ou en pielres locales très dures
:
(granit otr phtanite) des ltlmes et des scies; rles tacloirs potrr'
nettoyel., en les raclant I I'intérieut', tles peaux, assouplicts ensuite
;
avec de la graisse des pointe.s, potll' les coudre à I'iride de fi1es
lanières, de boyaux tortlus ou de crirts clc cheval. Désorrniris aussi,
llour se souStraile attx intetrtpér'ies rles sirisotrs, il lubite, dans les
pays montagreux, cles grottes ou des iibt'is sous t'oclte. Encorc inex-
périmenté detns I'art de se r:onstruire tles hrl-litations asscz chaudes
ponr. lc cléfenclre eotttre lc froicl, et suffisatitntcnt solitles poul' le pro-
({) Les dépôts forntés à ce m6ment o1t rlté parfois rlésignés sous le tlom de
terrains diluuiens.
(2) Tous à l'état sâuvâge.
(3) Dictionnaire tles scienccs uttthropoloqiques, p, 111.
20 Hrsrornu DES BBLcES rir DE LEUR cIvItrsATIoN
(1) Crr. Conrrllx, tlans son ouvrâge intitulé Géololie et Pttliontolooie, plaen
ces événements géologiques au quaternaire. FllFulnton, ouvfage cité, les
fait au contlaire remonlel ru nûocène (tertiaire).
pÉRIoDE DES TEIIPs PnITHISTonIQUES ET pRoToHISToRI0LIES 2t
L'homme solutréen cotttitrue d'hibiter les cavernes. Toutefois,
nieux armé que ses ancittres moustérietts, il eirmpe souvent en
plein air'.
Jusqu'ici, 0rl n'a pirs retrouY.é, en Belgique, de squelettes ni
tl'ossemcnts liumains susceptibles d'ètre rapportés au solutréen.
Cependant, le Trou lllagritte a offert aux fouilles de IIl. Dupont,
entle deux niveilux, I'un moustérien, I'autre magdalénien, une
couche renfcrmant des traces solutréenues.
Comrne nous I'avons dit, les instruments caracfuit'istiques de
l'époque sont la pointe en feuille de laurier et la pointe à cran, en
feuille dc sirule. Elles servaient de poignard ou de javelot. Dans les
gisements de l'époque, on retrout'e aussi desperçoirs à pointe aiguë
pour couch'e les peâux; des grnttofrs, qui rcrnplacent le racloir
moustériert; des 1teraileu,rs, faisant office de marteau; ete. En
général, ces instruments se distinguent dc ccux des époques
précédentes pùr unc lllus grande perfectiou dc forme. Au reste, de
tout l'irge quaternaire , l'époque solutrécune est celle qui prodrtit les
plus habiles ouvriers en silex. 0n attribue aussi à I'homme solutréen
I'inverrtiorr du procédé de l'enmtanchement qui dortnc aux armes e[
aux outils une plus grande puissance d'actiou.
Fréqucmment, otl remarquc, sul les outils de l'époque, des
ribauches de gravure, prenières manifestations d'un art à ses débuts.
Àjoutons que l'hotnme solutréen scmble avoir eu le gott de la parure.
De certaines ollsert'ations, on a pu couclure qu'il se livrait à la
pratique du tatouage. IJrt outrc, on û retrout'é, dans les gisemeuts
de l'époquc, dcs vestiges de colliers folmés de dents d'ours, de loup
et d'autres carnassiers.
0n a dit quc I'homrne de Solutré était anthropophage et mÔrne
t1u'il apportait du ralliuemeu[ dans le choix de la chair humaiue
clont il se nourissait : il n'aulait rnangé gue des femmes et des
enfants. Ccla est très coutesté.
IV. Époque magdalénienne ou des os travaillés.
- La tcmpérature
rnoyenrre de cette époque descencl cle plusieurs degrés au-dessous de
ll température actuclle. Mriis cotnme I'air demeure en tout temps
l,rès sec, qu'en étô il r'ègnc utte chirleur torride, les glaciers ({)
leculent inscnsiblement jusque dans les hautes vallées..
TITRE IV
Péniode néolithique ou de la pienne polie.
( { ) Certains historiens onl, cru reconnailre dans les Ibères une avant-garde
aryenne, chassée sans doute de sa patlie par I'excès de la population et le
manque de pàturages et arrivée par la voie du Danube.
( 2) Dont le front est dnoit et les mâchoires non proêminentes.
(3) ilIégalithique, du gtee ntégat, granrl, el, Iithos, pierre.
Montcntent mëgalithlErc est le terme collectif adopté aujourd'hui pour désigner
lespeuluens et les rnenàil's, les d,almens, les altgnemenfs et les cromleths.
Pointe de flèche dentelée HarDou eu bois de rettne ({/2 srandeur).
en silex ('ll2 granileur). Pointe de llèche eu os ('l13 graudeur).
Aiguilles en os.
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ë
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Hache en bronze. Haclte en bronze.
26 HrsTornE DEs BETGEs ET DE tnun ctuusATI0N
(4) Dont le coteau est folmé de craie lllanche. Les aleliers de falirication se
trouvaient non loin de là, à Spiennes, oir I'on a retrouvé. par milliers, rles
pièces de rebut en silex et autres débris.
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98 rrrsrorRn DES BELcEs ET DE r,EUn crvrlrsATroN
TITRE V
B. TEtrTPS PIIOTOHISTORIOUES
Age du bnonze.
({) Combinaison de neuf parties de cuivre avec trn'e pattie d'étain, le bronze
fut inventé et nlilisé longlemps avant le fer, plus diflicile à oltenir.
30 HrsloIRE DES DELcEs ET DE rEUR crvrLrsATIoN
d'un large goulot à la partie supérieurc, et, sur le côté, tl'un petit
bec tloué.
L'art du tissage se perfcctionne égalentent. 0n possèrle, dc
cet âge, des métiers qui sen'aieut à confrlc[ionncr d'assez lins
tissus.
Des perles en verre coloré, découveltes clans lcs stations do
l'époque. pcnnettcnt d'attribuer à ces 'temps lointains li-t couuais'
sance clu verre.
L'art de la navigation n'ost plus une simple ébauche. Peu à peu, on
a perfectionné le canot grossicr de I'irge de la pierre. De grautles
barques bicn construites apparaissent, pourvues de voiles en pcùu
ou ell toilc. D'ailleurs, I'us;rge génerrrl du bronze à cette époquc,
rnême err des lieux oùr n'cxistent ni mincs de cuivre, rti mines cl'étlitr,
permet de conclule à un comrnercc mirritirne assez iictif. La décou-
verte dans notre pays de divers produits rappel'.rnt I'iudustrie des
Étrusques, scmble établir que nous irulions eu dês lelatiorts collulor'-
cialcs avec ce peuple.
Pendant l'àge du bronze, Ia construction tles tumuli se corttinue.
lllais I'usage s'introduit, d'incinérer les morts et I'on ue tlépose plus,
clals les tumuli, que leuls cettdt'es, rettfcrnées en des unles.
Ainsi s'expliquc le pctit rtombre d'ossements hunains de l'époque,
letlouvés jusqu'ici. Cornme aux tentps néolithiques, à côté cles urnes,
on place divers objets qui ortt servi rnx défunts de leur vilant. C'esl,
grâcre à cet usagc surtout que I'induction a pu reconstituel cn prtrtic
les mæurs de poptrlations d'uue antiquité aussi reculée.
TITRE VI
Age du fen.
(l) Le Danube a été lagrande voic d'invasion des peuples orientaux depuis
les premières émigrations jusqu'aux Turcs qui ont assiégé Yienne en ttiZg.
(9) Si toutefois les Ibères sont aussi de souche aryenne.
(3) Dictionnaire de,ç sciences anthropohoiques, àn, mot Flance. Nomlre
d'historiens, identi{iant les Caulois et les Celtes, réservent ces caractèr'es aux
Germains. Dans leur opinion, les caractères des Celtes s'appliquent donc
aux Gaulois. Des liistoriens ratlachent d'autre part les Bolg.s à la farnille
gauloise.
(/+) 0r'iginaires du Danemark.
(5 ) Habitants des bords de Ia Baltique. Àujourd'hui les Prussiens.
Les Cimbres et les Teutons avaient été vaincus par les Romains, les Teutons
pÉrRroDE DES TEMps pRÉHrsroRtouEs ET pRoroursronlQuns gg
f+
à Àix en Provence, les Cimbres à Verceil sur le pô, en Ml, et {09 av. J.-C.
Au moment oir ils traversaient notre pays, ils avaient obtenu, de gré ou
de force, d'y laisser, sous la garde de ftuétques guemiers, un grand iombre
ue lemmes et d'enlants avec une partie importante de leurs bagages.
({ ) Voir dans Patria Belgicà te chapitre Ethnogralthie, -pir M. Vlnonn-
I(INDERE.
^ (Z) 0_n
n'est pasd'accord sur la question de savoir qui, des Gaulois ou des
celtes; du peuple vainqueur ou du peuple vaincu, aurait imposé sa langue à
I'autre. aucusuu Tumnnv a avancé que c'étaient les Gauiois qui avîient
ilnposé leurlangue et que le prétendu-rcIte serait du gaulois. pai suite, les
Gaulois et les celtes ne devraienl, être distingués qutau point de vue ethno-
graphique.
V. llirguet. - Histoire des Belges.
34 HISTOTRE DES BELGES ET DE LEUR CIULISÀTION
CHAPITRE PREMIER
llos Origines.
Ouvnages à consulten:
Wauters. Libert6s communalec. Scheler. -Histoire des langues (Patria
-
Belgica) Schayes. Les Pays-Bas avanl, et pendant Ia domination romaine.
- -
Xlortillet. Dictionnaire des sciences anthropologiques.
- nloke. llfæurs,
usages, fêtes, etc., des Belges. Yan Bt'ttgssel. Histoire du commerceetde
-
Kurth. Les Origines de la civilisation moderne.
la marine. -
Piot,
-
Géograplrie historique ( Patria Belgica ). Yanderkindere, Blhnologie.
(Patria Belgica). Poullet. Histoire politique interne de la Belgique.
- -
Brants. Essai historique sur la condition des classes ruralcs en Belgique
jusqu'à la fin du xyIIIe siècle. Césur, Commentaires. T'acite, Mæurs
- -
Alphonse Le Roy. Histoire des religions (Patria Belgica).
des Germeins.
-
Picot. Histoire rles Celtes. Rontbcrg. Histoire de I'industrie (Patria
-
Lubbock. L'Homme avant I'histoire. De Ylaeminc*. Les Adua-
Belgica).
- -
tiques, les Ménapiens et leurs voisins. l{s117sç1u. Climatologie (Patria
-
Napollon III. \ie de César (publiée avec la collaboratiotr de plu-
Befgica).
-
sieurs savants français ). KarI Griitt. Les Esprits élémentaires.
-
I{os origines.
- Àppartenons-uous à la race celtique, à la race
germallique, ou faut-il rlpporter nos origines à ces cleux souches ?
Question fort disctrtée. En ces derniet's teurps, cles historiens de
grand mérite ont beaucoup algué de ccrtairts rlpports anthropolo-
giques ({) ct philologiques (2) cntre les Wallons et les Celtes pour
TITRE I
. TITRE II
Les Genmains.
Leurs caractères moraux.
- Les Germains professent un très vif
amour de I'indépendance indivitluelle. Ils se distinguent par un
sincère respect de la liberté et de la vie d'autrui ({ ). Chez eux,
chacun jouit du droit de faida, c'està-dile du droit de vengeance
personnelle. Ils ne connaissent point I'esclavage, se bornant à
r'éduire les prisonniers à la condition domestique. Quant à la peine
de mort, Ies tribunaux I'infligent rarement : le sang humain parait
trop précieux aux Germains pour être versé ailleurs qu'ett champ
clos ou sur les champs dc bataillc.
({) Yoir BnÀnts, Essai sur ln conditiott des classes rurales, p. 40.
(9) c Les collectivités qui composaient la marche, le canton, la nation
entière, avaient chacune ses assemblées qui délibéraient souverainement sur
leurs intérêts respectifs... Chacune choisissait librement le chef qui devait
présider au groupe qu'elle représentait... A I'assemblée de la marche de
rlécider quelle partie du territoire on mettrait en exploitation, quelles règles.
seraient suivies dans la répartition des lots, quels châtiments seraient infligl
à ceux qui endommageraient le domaine collectif. L'assemblée cantonale atl
pour mission d'apaiser les conflits entre les personnes et les familles. L'as
blée nationale statuait sur les grands intér.êts contmuns, décidait, des allia
rle la guerre, de Ia paix; complétait, modi{iait, interprétait la coutu
(Kunru, Les Origtnes de la ciuilisafion, tome I, p. 79. )
TE}IIIS fiISTORIQUES. CELTES ET GERTTÀINS 39
-
suite appliqué). Il est interdit sous peine de mort de la défricher.
Deux chemirts, se coupantà angle droit, traversent Ie boel, I'un
dans la directiou du uord au sud, I'autre dans la direction de
I'ouest à I'cÈt. Un autel, gônéralernent un dolmen, s'élèvc au point
de croisement. Tou[ autour, on laisse un grand espace libre. Là se
tienrrerrt, à certaines époques, les ntûIs et les plaids locaux. Des
liabitations envirounent cette espèce de place publique; derrière
chacune d'elles, s'étendent les lots de ten'e à peu près équivalents
des familles de la marche. Ainsi, chaque habitant du boel peut se
rendre sur la place publique sans s'éloigner beaucoup de sa
clemeure(l). Une haie vive et continue entoure le boel. Âu delà,
s'étendeut les termins incultes forêts ou pâûulages sur lesquels
-
tous les troupeaux du boel ont droit de pâture.
-
Quelquefois les terres cultivées le sont er comnum et I'ou répartit
les récoltes entre les habitanl,s de la marchs, à mesure et en plopor-
tiou de leurs besoins. Le plus souvent, clracun cultive le terrain
contigu à son habitation et vit du produit de sa propre culture. Mais,
dans ce cas, on procède chaque année à un nouvcau tirage au sort
des lots.
Compagnonnages et Gildes. Nombreuscs sont les sociétés parti-
-
culières formées par les Germains. Suivant leur but, elles prennent le
nom de contpagnonnq,ge ou de gilde. Le compagnonnage a pour
objet la conquète ou le pillage. Autour d'un guerrier en renom (2),
se gloupent volontiers des jeunes gens hardis ct entreprenants. Ils
s'engagent t\ le suivre dans I'une ou I'autre entreprise qu'il médite.
0n les appelle ses contpûgnons. L'association est temporaire. Une fois
le terme de son engagement expiré, le compagnon, à la différence du
client, peut toujours quitter son chef.
L'association sous forme de gilde ( 3) revêt un caractèr'c plus
moral. Espèce de société de secours mutuels, la gilde a surtout pour
but de venir en aide à ceux de ses membres que I'adversité éprouve.
Elle se donne des statuts, élit ses chefs, organise des fôtes et dcs
banquets annuels.
Religion. Les Germains révèrent surtout les forces de la nal,ure
-
dont la puissance leur inspire une terreur superstitieuse. Ils adorent
le soleil,, la lune, le feu; ils honorent les arbres et les bois, les
rochers et les montagnes, les sources et les fontaines, les rivières et
les fleuves, etc. Les croyant lnintés par tles génies ou esprits, ils leur
adressent des prières et des invocations. Tltor,le premier de leurs
dieux, symbolise la lumière ct la foudre. Le rc,ulement du tonnerre,
c'est Ie bruit de son char, traîné par deux boucs dans les espaces
célestes. Odfrz préside aux batlilles ({'). Son épouse Frq1u, dont la
fête se eélèbre le vendredi (urijrlog), est la déesse de la fécondité. Les
Valkyries, femmes jeunes et belles de I'empyrée germanique, se
chargent tle transportcr au palais des dieux, dans le Walhalla, Ies
guerriers morts en hér'os sur les champs de bataille. De même que
les Gaulois ont leurs druidesses, les Germains possedent leurs
uoyantes. L'une des plus célèbres, l'elléda, dc la nation des Bruc-
tères, vivait à I'époque de Vcspasien. Son influence sur les Bataves
et autres peuplades habitant les bords du llhin, était immense.
Claudius Civilis, chef batave qui vivait au premier siècle de notre
t\re, s'étant révolté contre les Romains, réussit à tenir quelque tcmps
leur autorité en écliec clans le nord de la Gaule. Velléda prit une
part active à cette révoltc qu'ellc inspira.
Les Germains ne se construisent pas de tenrples couverts. Rare-
rnent aussi, ils se taillent des images de leurs dieux : la fameuse
statue d'h'minsul n'était rien de plus qu'un énorme tronc d'arbre.
Il n'existe pab chez eux, comme chez les Gaulois, une classe
sacerdotale se réservaut le monopole des sciences, 'r,ivant en dehors
du peuple et exerçant sur lui une influence plus ou moins despotique.
À I'origine, le père de famille r"emplissait lui-mème I'office de
prôtre. PIus tard, le sacerdoce paraît avoir étô Conlié aux descendants
de celtaines fantilles nobles.
CHAPITRE II
TII'RE I
({) Tandis que les uns le placent entre la ltyle et la rive gauche de Ia Meuse,
de Namur à Maestricht, les autres, parmi lesquels M. Ds Vr,aeurucn, assigncnt
pour cmplacement âu peys des Àduatiques Ia région comprise entre la Yesdre'
I'Amblève, l'Ourthe et le Rhin.
42 Hrsrolnn DES BELGES ET DE LEUR clvtlrsarroN
TITRE II
Aspect et climat du pays.
Àujourd'hui, notre pays est I'une des contrôes res mieux cultivées
e[ ]es plus riches du monde. Il n'en était pas ainsi il y a deux
mille ans.
a cette époque, la Belgique offre un aspect sauvage ct misérable.
Les régions du nord-ouest, nos Flandres actueiles, ne sont qu'urt
inmense marais, par suite de I'altitude fort basse du sor. 0r, il
n'existe alors ni dunes, ui digues pour contenir les eaux de la mer.
Aussi, à chaque forte marée, envahissent-elles la terre ferme jusqu'à
une grandc distance du rivage. Les rares habitants du pays cherchent
alors un refuge sur quelques hauteuls, naturelles ou artificielles,
émergeant du sein des eaux. D'autre part, les fleuves et les rivières
sortent aux moindres pluies de leurs Iits peu profonds et encore mal
détermiués, épanchant leurs eaux dans la praine, bientôt tlansformée
en un grand et iufect marécage. Eu r.éalité, Ie sol de la Flaudre ne
consiste guère qu'cn une suite d'îlots cnrbroussaillés.
.la [!Hollande
).D'après M. Qn vr,auuncr,-les ]Iénapiens, à I'époque de césar, habitaient
et la zélande ; re rittorar flàmand auraif été occupé'à la même
époque par les Morins, auxquels les ,'ïIénapiens I'auraient enlevê par la suite.
TEMI'S HISTORIQUES. _ tES ÀNCIENS BELGES 43
({) tes travaux des hommes expliquent suflisamment les causes de la dimi
nution rlu froirl en Belgique. Les grands bois qui dérobaient la terue aux
rayons du soleil ont été détruits. A mesure que I'on a cultivé le sol et
rle-sséché les eaux, le climat est devenu plus doux. (Gmnotr, Histoire de la
décadence de l'entpire rornain, tome II, chapitre 9.) Yoir aussi, à ce propos'
-
Patria Belgicrt, tome I, p. 27 l Climotologie, pat Houznau.
(2) < Strabon dit quC les forôts et les marais du territoire des Morins-y
eniretenaient nne tellê humitlité qu'il y pleuvait continuellement et que lorsqu'il
ne tombait pas de pluie, l'air était teilement o}scurci par-les brouillards qu'à
peine voyait-on ciair pendant trois ou quatre heures du jour. I ($CnlruSt
tome II, p. {51.)
44 HISToInE DES BELGES ET DE LEUR cIYILISATIoN
TITRE III
La pnopniété fonciène. Les campagnes. Les villes.
- -
La propriét6 loncière. Les campagnss. Il semble que nos ancê-
vécu dans une
-
sorte de conimunisme
-
qu'on a pu qualifier
tres aient
de communauté de village. Tout au moins, chacun d'eux avait-il
la jolissance d'une certaine é[endue de terre, sensiblement la même
pour tous. t< Per$onno, dit César parlant des anciens Belges, ne pos'
sùde en propre une mesurc déterrninée de terrain. Chaquc année, le
magistrat local attribue à chaque famille une part du sol cultivé,
que I'année suivante elle doit abandonner >. La proprieté foncière
individuelle rr'existait donc probablement pas chez nos ancêtres (l ).
TITRE IV
Institutions politiques.
Les tribus belges formeut rle petites républiques ou, si I'on
reut, des monarchies démocratiques dont les institutions ont de
grandcs aualogies avec celles cles Germains. La dignité royale
TITRE V
Institutlons judiciaines.
Droit des gens.
- 0n donne le nom de droit cles gens ou de tlroi[
international public, aux converttions univelsellenrent arlrtrises pour
régler les rapports des nations civilisées en YLle d'itssut'et' leur esis-
tcrce et lcur tranquillité (2).
(l) Les chefs élus, dit Mtirlnr, avaient plutôt I'autorité qui persuatle rlue
I'autorité qui commande.
(9) te droit des gens dérive du droil naturcl, lequel comprentl les lois
naturelles, lois primordiales qui rlérivent de la natule môme des ôtres et des
choses. x : On doit de lct reconnctiss&nr p{rta' les bienfaits rtçrrs. I'n etre
intelligent qui fait Iemnl m(rite d'éffe puni, Le droit naturel est le droit itléal
vers lequel doivent.tentlre les législations.
TEIIPS HISTORICIUES. LES ANCIENS BALGHS 47
-
Les peuples, comme les individus, sont astreints à ttes devoirs
mutuels; de même. ils ont, r'is-à-vis les uns des autres, des droits
réciproques. Par exemple, il est ér'idernment contraire au droit
international qu'une uation en attaque une autre sans motifs graves,
soudainement et sans préalable déclaration dc guerre. L'existence
et la tranquillité d'une nation faible seraient toujours en danger s'il
cn pouvait être autrement. Iln temps de guerre, c'est aussi violer le
droit des gens que de continuer le feu contre un errnemi qui arbore
le drapeau blanc ou avec lequel on a conclu un almistice. Le droit
des gens impose aux belligérants de respecter les propriétés privécs
et la vie des prisonniers, de soigner. ayec une égale sollicitude les
blessés des deux nations eû guerrc.
. L'objet du droit des gens est de déterminer tous ces droits, tous
ces devoirs. Il repose sur ce principe que les paryles se tloiuent faire
en tentps de pain Ie plu,s de bien, en tentps de gtærre le moins de mal
possible.
Dans I'antiquité, tout étranger était considéré comme un ennemi
et traité comme tel. 0nlui courait sus ; on s'emparait de ses biens, orr
le réduisait en esclavage, on le mettait à mort.
En dépit de leurs mæurs hospitalières, on peut dire que nos
ancêtres n'ont pas connu le droit dcs gens. Il n'existait pas chez eux
de principes régissant les relations dc peuple à peuplc, déterminant,
par exemple, les choses permises ou délendues en temps de guerre.
Des hostilités incessantes et furieuses, telle était la seule forme de
ces relations.
Droit civil. Par droit ciail, il faut entendre I'ensemble des Iois
-
dél,erminant les rapports des citoyens cntre eux. Il y a lieu de Ic
distinguer du droit politiqu,e qui règle Ies rapports entre les gouvcr-
nants et les gouverués.
Le dloit civil des Gcrmains est fort rudimcutaire; il cùnsiste
surtout en coutumes transmises par la tradition orale. La centenie
est, dans la nation, I'unité judiciaire cn môme temps que I'unité
politique. L'assemblée cantonale, présidée par le centenier, forrnc
le tribunal ou plnitl. Lc droi[ de vengeance personnelle
- le r]roit
de faida-existe d'aillcurs partout. Cc droit pour chacuu de se faire
son propre justicier explique I'indulgence excessive des tribunaux
pour certains crimes punis plus tard du dernier s,upplice. Cela
tient à ce que la loi et I'opinion publique considèrent les délits
et les crimes comme des offenses personnelles, non comme des
oiï'enses à la sociétô ou à la loi morale. La justice d'alors abandonue
118 HIsToIRE DEs DELcES ET DE LEUR cIvILISATIoN
TITRE YII
Religion.
0n trouve dans la religion des anciens Belges un curier',* mélange
cles croyances des Germains et cle celles des Gaulois. Comrne ces
derniers, ils croient à une sorte de métempsycose et tienuent
en grande r'értération le chône et le gui. D'autro part, à I'exemple
Y. Milguet. - Histoire tles Belges. 4
Lr cueillctle rlu gui,
TITRE VIII
Langue et écnitune.
-, TITRE IX
Bégime économique.
({) ce sont nos ancêtres qui apprirent _aux Romainsle tissage du lin et la
fadriéation du savon (8, Vlt'i El-Ewtcx, Lc Commerce et l'Irtdttstrie chez les
-Scn,l,rns,Ia dominetion rontaine, article cité).
Belges pendant
1â; tome t, p. 469. llnAnrs, Esni, p.40. S'AurDns, Liber'
tés crtrnmnnales, p. 54. - -
TEMPS HISTORIQUES. LES ANCIENS DELGES 55
-
de grosse toile, de euir ou de peaux souples et minces, avec des
àncres retenues par de fortes chaînes de fer, complètent le gréement
du navire.
Les marins de Ia Ménapie sont habiles et entreprenants. Mais, à la
différence des peuples de Ia Scandinavie, exclusivement préoccupés
de pillage, ils appliquent au commerce toute leur science et tous
leurs efforts.
Il existe sur divers points du littoral des marchés ot) se fait
l'échange des produits indigènes, salaisons, cuirs, miel, el,c., avec
ceux do l'étranger.
Les Nerviens évitent toute espèce de contact avec leurs voisins
du midi dont ils méprisent, les mæurs cfféminées. Eu vue de rendre
plus difiicile I'accès de leur pays, ils entrelaceut, aux frontières, de
jeunes arbles et des arbustes en buisson de façon à en former une
Iaie impénétrable. Ces défenses naturelles sen'ent surtout à empe-
cher les surprises de la cavalerie ennemie.
Les Belges connaissent les monrlaies d'or, d'argent et de cuivre.
0n a refrouvé des monnaies à I'eftigie de divers chefs indigènes et
en particulier d'Ambiorix. Toutefois, lc commerce est err général un
commerce d'échange, surtout ù I'intérieur. Un bouclier, une lance,
une hache d'armes s'estiment à un ccrtain rtornbre de peaux. 0n
donne deux bæufs en échange d'un cheval; dix sacs de blé pour un
lræuf ; une pièce d'étoffe se paye vingt brebis; etc.
Les voies de communication, tout au moins les voies charretières,
n'existent pas. A peine les villages se relient-ils I'un à I'autre par
quelques sentiers. Les mirrais et les bois dont, Ie pays est couvert
rendeut les relations plus difiiciles ercore. Les transports se font a
dos de cheval, plus rarement par le moyen de lourds et informes
ehariots âux roues de bois massives. 0n utilise aussi, pour le même
objet, des charrettes surmontées d'immenses mannes d'osier
appelées bennes.
TITRE X
Meuns êt coutumes. - Vie pnlvée.
lnstitutions civiles. Chez les Germains,le mari aehetait sa femme.
-
Il faisait, au père de la jeune lille, un cadeau consistant en armes,
bæufs, chevaux, etc. Pour conlirmer Ie marché, Ie fiancé offrait une
bague à sa future, à titre d'arrhes. Chez les Celtes, au contraire, la
56 rrsrornn DES BELcES ET DE LEUR clvlllsÀl'l0N
fcmme apportait uue dot, mais l'époux devait prélever sur ses
propres biens une part équivalente à cette dot et la faire entrer
dans la commuDauûé. Le survivattt héritait des biens ainsi mis ett
communauté. ltlos ancêtres admettaient la polygamie.
L'usage de I'incinération des morts se perpétue longtemps chez
eux. 0u brrile le corps des guerriers avec leur cheval de bataille,
'leur vivant.
lcurs armes et divers objets dont ils se sout servis de
Parfois, leurs femmes et leurs serviteurs se jettent volontairemeut
dans le bûcher. Aprc\s avoir rccueilli les cendres des défunts, on les
depose dans une urne qu'on ensn'elit en des constructiorts fail,es de
grosses pierres brutes, recouvet'tes ertsuite de terre et formant
tumulus. Il existe en Hesbaye url assez grand nontbre de ces tertres
rrrtiliciels qui ont servi de sépulture aux auciens Belges.
Noumiture. Les Belges se rtourrisselt surtout rlu produit de
-
lcur chasse ou de leur pôche; Ceux qui habitent à lroxintité des
l?trôts mangent russi cles faînes et d'autres fruik sauvages,
palticulièrement clcs giands (l) dont, en temps de disette, ils font du
pain. Cepenclant la nourriture des Nerviens est celle des populations
rgricoles. Ils nrangent du pain, des cnufs, du laitage, du miel, etc.
La chair des animaux domestiques est potll' eux une grandc
ressource ; ils montrent, pour la viande de porc, une préférence
marquée. S'ils n'enrploient que rarcment le sel, cela tient à ce que
cette substance cst rare et chère. Ils blutent leur blé au nro.ven de
cribles confectionnés avec du crin de cheval. À la pâte, ils mêlent de
Irr levure de bièrc et ainsi réussissent à faire un pain légcr. Comme
boisson, nos ancritres entploient la bière ouceruoise eL l'hydt"omel;
nrais déjà la bière est leur boisson préférée. Le Gambrinus de la
légende est un Belge. 0n lui irttrib,.re I'idée d'cmployer à la fabrica-
tion de la bière les céréales crues et germées.
Vêtement.
- Les hommes libres portent de longs cheveux aux-
quels ils donnent uttc teilte dorée en les lavant avec de I'eau dc
chaux ou âvec une composition formée de graisse de chèvte et dc
cendre de li(rtre. Ils se vÔtcut de la saie, petll manteau d'écorce, de
peau ou d'étoffe, de forme carrée, sans manches, attachée sur
l'épaule par une agrafe ou une simple épine. Des braics,, sorte de
(l) Les forêts étant très abondantes dans notre pays, nos ancètres se
nourrirent rl'abord beaucoup de glands. De là vient peut-êl,re Ia grande
vénération dans laquelle ils tenaient le chône.
TEtrps HrsToRIouEs. rES ANcrENs BELGES 5T
-
pantalon de mème matière, leur couvrent les ja.mbes. En géuéral,
ils aiment les vêtements à teintes multicololes. Quand ils ne vont pas
les pieds nus, ils les protègent par des semelles de cuir ou de bois
(galoches) ({), attachées à Ia jambe pal tles courroies. Un bonnet
polntu, espèce de bonnet phr.vgien, fait de peau, de laine ou de jonc,
r:otrrlrlùtc ltrrl toilcttc. Ils rir-'conrnissclt, irr-is I'u-"t5Jtl tlu lingr-l tlt:
r,ori)s. Toutelïris, ir's furrrncs, rlrri rl'rillt:ut's s'lttliillcrrt t pcti 1iItls
(.{,ntltl{i lcs ltrttttntts, So ('on{'ectiOtttiCrnt sortlCtit ciCS vùtcnttrltS dC
to ilc.
TITRE XI
CHAPITRE III
Période romaine.
Ouvnages à consulten:
schayes: Les Pays-Bas avânt et pendant Ia domination romaine. Ktnth.
Les Origines de la civilisation modern e. pottllet. Hjstoire politique - interne
dc la Belgique. -
- Génrd. Histoire poritique du moyen âge (patria Belgica).
Rrants. Essai historique sur la condition des classes rurales en Belgique.
-
seignobos. Histoire de Ia civilisation. -
van Dessel. Topographie des voies
romaines. césar. commentaires.
- Laurent. sur I'histoire de I'hu-
-
manité. ^- Fustel de coulanges. La cité - antique. tritudes
E. Hanoy. Les Éburons
à Limbourg. Le véritable Âduatuca castellum. -I{npoléon rrr, yie de césar.
-
TITRE I
Géognaphie histonique.
TIT RE II
Les faits.
({) On donnait ce nom aux peuples non soumis aux Rolnains et qni pour la
plupart vivaient dans un étal, à demi sauvâge.
(2) Franc signifie ltbre et aussi I'rnt'r, ltclliqueur.
TEMpS HIST0Rr0UES. pÉnr0DE RoMATNE 6?
-
au lieu de se livrer, comme les Ménapiens, au comnrerce
maritime,ils s'adonnent à la piratelie, obéissant ainsi à
I'instinct de pillage et rle rapine propre à leur race. En 287,
aitlés par le Ménapien Carausius, que des légions avaient
proclamé empereur de la Glande-Bretagne, les Francs
conquièrent l'île des Bataves, située entre la lner, le vieux
Rhin, le ril'ahal et la Meuse. Dès lors, leur puissance grandit
rapidernent. Peu après, on les trouve (vers 350) établis dans
la Campine, oil ils attendent Ie moment favorable pour s'empa-
rer du reste de Ia Belgique.
Les invasions du V" siècle. Yers la mème époque, apparaît
-
en Eulope, venu d'Asie, un peuple dont la repoussante lai-
deur n'a d'égale que la férocité. Ce sont les Huns ({). Ils ont
la taille petite, le teint jaune, les yeux obliquement fendus, le
nez éclasé. Sur tout leur passage, ils sèment la destruction et
la mort. Leur irnpitoyable cruauté n'épargne chez leurs ennemis
ni l'âge ni le sexe. Leur aspect effrayant et leur audacieuse
intrépidité épouvantent les peuples de I'Europe orientale. Se
poussaut les uns les autres, ceux-ci envahissent successivement
I'empire rornain, qui s'éæoule, trop affaibli pour résister à tant
de coups.
Les Vandales. - En I'an 406, des bandes nombreuses de
peuples gelmains : Suèues, Alairts, Vanrlales, flanchissent
le Rhin et passent, comme uD torrent furieux, à travers la
Belgique, la Gaule et I'Espagne. Ces hordes barbares pillent
les villes et les villas, les brrllent, tlévastent les campagnes.
Les Yandales surtout laissent de tels souvenirs aux poptt-
lations que leur nom est resté dans toutes les laûgues:
un qualificatif injurieux, s'appliquant à ceux qui détruisent les.
objets d'art et les monumerTts publics.
TITRE IIT
TITRE IV
Institutions politigues.
({)0n attribuere, pâr Ia suite, Ie nom tle cité à toute ville consitlérable
par son passé historique 0u per son importance dans le présent.
(9) Kunrn, Les Origirtes de Ia civilisatiort tnodernc, tome I, p. 126,
TE}II)S IIISTORIOUES.
- I)I{RIODB RO}TÀINE 73
du service militaire.
6o Les affrntch,is. Anciens esclaves à qui leurs maitres ont
accordé la liberté, ils ne jouissent que des tlroits civils.
70 Les colons. 0n donne ce nom à des campagnaflls qui
p. 69).
cultivent à colonie les terres tles grands. (voirplus haut,
80 Les esclaues. Ils sont la propriété absolue tle leurs
mallres qui peuvent à leur gré les vendre, les donner' les
à mort'
châtier, et même, sauf certaines lestrictions, les mettre
La loi les consitlère, non comlne des persortnes, mais
comms
de
tles choses. Les colons et rnêrne les curiules, incapables
satisfaire aux exigences chaque jour plus étendues et plus
esclaves.
impérieuses rlu fisc, sont fréquemrnent vettdus comme
Mais outre cette soutce d'esclaves, il y a les prisonniers de
guerre et les enfants issus d'esclaves'
Telle est I'orgauisation sociale aux temps de la tlomination
74 IIISTOINE DES BELTE$ BT DE IDUR
CIVILISÀÏIO).I
TITRE V
I nstitutions judiciaines.
TITRE VI
Institutions de bienfaisance.
De tout temps ces iustitutions ont exïsté chez les nations civilisées,
la charité étant une vertu uaturellc de l'ftmc humaine. Sous les
Romains, le patrimoine des pauvres provenait, soit d'allocations de
l'État, soit de dons particuliers. Les cités eu avaient I'administrir-
tion. De sou côté, le clergé chrétien, dans les premiers temps dc
l'Église, se chargeait cle distribucr les aumônes considérables et
irtcessantcs des litlèles. Sans enlever aux cités I'administration du
patrirnoiue des pauvres et sans ôter à chacun le clroit cle leur faire
iles legs, Constantin consacre légalement les attril-rutiorts du clergé
chrétien en rnatière de bienfaisancc publique. Lui-nrèrne fortde des
maisons hospitalières, dont il confic I'administratiou aux évèques et
aux prôtres. Il' autolise les citoyens à agir de mÔrne. Par la suite,
quatie parts sont, faites dans lcs fevellus de l'Église : la part dcs
évèques, celle des prètres, la part affectée aux frais du culte et celle
dCs pauvres. < La caisse colnnulle, aliurentéC âu m6yen de cotisa-
tions volontaires, et aclministrée par les diacres sous la haute direc-
tion des évêques, ftlurnissait les ressources nécessaires à I'cntretien
du culte, au soutien des pauvres, à l'éducation des orphelils, aux
funérailles dcs morl,s, au raohat des esclaves, etc. (l)."
TITRE VII
Onganisation financiène.
$ystème d,impôts. L'empereur répaltit entre les provinces
-
I'impôt à prélevcr; les gouverneurs détermineut la quotité imputable
à chaque cité dans les diverses provinces. Dans la cité, on dresse un
tableau appelé le liare de cens oir I'on insmit Ia somme à payer par
domaine. Chaque paysan mrile adultc rcprésente une tôte; sa fernme.
une deni-tête. De Iù I'impôt dit, dc capitation. [e propriétaire est
responsable vis-à-vis de Ia curie du payemcnt dt par ses colons.
De mème, Ia curie est, pour Ics contribuables dc tous rangs, res-
ponsable vis-a-vis du trësor ou fsc.
Yers la lin de I'empire, les impôts se multiplient à I'excès et la
rnisère des populations devient extrêrnc. << 0n a imposé le sel et le
pain, s'écrie un de nos ancètros; on lève un tribut sur tout ce qui
parait dans nos marchés; on prend le vingtièrne de nos successions
et de nos ven[cs. Si nous ayons vingt-cinq esclares, il y en a un qui
appartient a I'empereur'. ta centième tête de nos troupeaux est due à
ses agents. 0n impose la fumée (l). Nous-mômes sommes taxés:
une femme, un enfant, ne peuyent vivre sans pa1,er la capitation. Ce
qui est plus é[range, c'est que le droit d'avoir un platane dans nos
jardils soit soumis à la taxe. Ainsi nous pflIons jusqu'à la jouissancc
de I'ombre. > Dioclétien doit inter.dirc aux parents Ia vcnte de leurs
enfants; nrais commc cctte défense aurait pour conséquence de fairc
mourir de faim les uns et les autres, Constantin I'abolit. Sous un tel
régime, les villes ct lcs campagnes se dépeuplent rapidement. Par
haine dc I'empire, les habitants de Ia Belgique et de la Gaule en
vicnnent a sc ri{ouir de I'approchc dcs Birrbares.
TITRE VIII
Instltutlons militaines.
( | ) D'oir est venu le mot feu ernployé pour désigner. une famille.
TEIIPS IIIST0nI0L]ES.
- PÉnI0DE nOIIAINE 77
TITRE IX
Doctnines Feligieuses.
TITRE X
Langues et enseignement.
Langues.
- Les loies militaires établics par lcs Rornains dans
notre pa1's et leurs nombreuses ramilica[ious r'ayonnent surtout au
sud de la grande voic Agrippa qui rrlie Boulogne 'à Cologne en passant
par Tournai, Gomblonx, Tongres et lllles$riclrt. Blles alfermissent
I'influence romaine dans nos contrées. Cepenclant les populations
du Nord cle la Belgique corttinuent à vivre, aprùs Ia conquête,
en clehors de I'influence romaine. Aussi ne modifient-elles guère
lcurs coutumes et leur langlgc. L'icliome germanique s'enracine
môme de plus en plus chez elles, sous I'influence d'une incessante
irnniigration de tribus parlânt la môrne iangue. Àu contrairc, les
Uelges méridionaux ont avec Ies Rornains des rapports très fréquents
ct très inûirnes. Le prestige exercé sur des peuples encore à derni-
sau\'àges ptr une haute civilisatiou est naturellcment cxtr:rordinaire.
0n sait d'ailleurs que de deux lrces qui se môleut, la plus avancéc
nc tarde pas ù imposer ir I'irutresa r:ivilisation. Sous I'actionronaine,
inteuse et prolongée, lcs Belges du Sud changerrt pr'osque totalement
leur rnanière cle vivre et de penscr. Pour exprimer leurs idées nou-
vellcs, uu répcrtoirc de mots nouveaux lcur dcvient indispcnsable.
Ils abandouneut donc, peu à peu, poul'le latiu, Ieur langue à r'ocables
insuftisants et impropres, noll silns coDserver de nonrblcuses locu-
tions ccltiques ou teutoniques qui altùr'ent sensil-rlement cette langue
étrangèrc.ct préparent l'éclosion du rrirllon ou roman.
Instruction publique.
- Des éeoles pour lcs lrautes études existent,
ou I'on enseigrre en latin; Ies urtes établies pirr I'litat, les autres par
lcs cités. Â côté dc ces écoles publiques, plospt\rent bon nombre
c['ér'oles Iibres.
L'enseignement primaire et I'ertseignement secondaire se donnent
cn des écoles municipales, fondées par lcscuries et lessénats locaux.
Ceux-ci nomment les professeuls, tlont ils lixcnt les traitements, et
attrilrueut des bourses aux enfants clc condition libre, mais de
familles peu aisées. Ainsi I'olganisirtion tlc I'instruction publique ne
laisse pas [r'op à désirer sous lcs Romirins.
TErlrps rrrsToRI0uES.
- pÉRr0DE ROlrÀIt{E 7g
TITRE XI
Beaux-Ants.
Époque româine.
TITRE XII
Bégime économique.
TITRE XIII
({) un Batave qui levr contre Rome l'élbndard de la révolte, en l'an {i8,
84 rrrsrornn DEs BELGEs ET DE r,EUn cIuLIsATIoN
TITRE XIV
CHÀPITRE IV
Ouvnages à consulten :
TITRE I
Géognaphie histonique.
Le gau germanique se confond avec le pagus romain pour former le pagus
mérovingien. Les grands pagi belges sont: .lo La xIënapie, conprenant tes
pagi moyens de Flandre et de Tou,ncti. celui-ci se subrlivise en plusieurs petits
pagi : ceux de Tournai, ûe Courtrai, ùe Gand, de Waes, etc. go Le Brabant,
3o Le Hainaut. 4o La Taxandrie ( Limbourg et Ànvers
). Bo La r/csJ,raye (tiége).
6o Lepagus deLonzme (Namur). ?o Le pagus d.es Ardennes (partie duLuxem.
bourg), dont verdun est le chef-lieu. 8o Le pagus de woiure (arlon, virton,
Neufchâteau ).
a partir de la mcrt de clotaire 1er, fls tle clovis (56{), Ia contrée située
entre I'Escaut et la mer relève de la Neustrie; Ie pays compris entre I'Escaut
et le Rhin appartient à I'Austrasie.
Localités nou,uclles. llerstal, clrièvremonl,, I]Ions, Nâmur, Gantl, Nivelles,
Thuin, etc. sont mentionnés par des documents du vrre siècle.
TE}IPS IIISTORIOUES. PÉRIODE FNANQUE 89
-
TITRE II
Les faits.
({ ) Les critiques pensent que cette bataille fameuse n'eut pas lieu à Chàlons'
majs'à quelques lieu-es de là, entre Troyes et Sens.
(g) Cesfi-Aire p.ofessaiii la Aoctrine religieuse de l'évèque Ârius, lequel
nidit lâ rlivinité du Christ.
90 utsrornn DES rlErGES ET DE LBuR crvrlrsÀTroN
(4.) Austntsie signifiait Aesftr riil;e ott toyaume de I'Est ; Neustrie, Ne'oestet
rijke (qui n'esl pas à I'est), royaume de l'Ouest.
99 Hlslotrtn DES BELGES ET DE LEUn ctvtlrsÀ.l.roN
({) tes premiers rois francs sont désignés dans I'histoire sous le nom
de rors cheuelus parce qu'ils portaient la chevelure entièr.e très longue. Les
autres guerriers li'ancs avaient les cheveux coupés par derrière, longs par
devant.
(9) Ces caractères attribués aux rois rJils faittéanls, sont cependan[
contestés, 0n pense généralement aujour.d'hui rlue leurs vices ont été fort
exa$érés.
(3)Sous les rois de la seconde race, le terme leude fnL remplacé par celui
delidèle. Le terme baron oafeudataire(de Jief) servit plus tard à désigner les
vâssaux immédiats du loi.
96 rrrsrorRE DES IIELGES ET DE IEUR crvrlrsÀTloN
- C'est daus la
Famille des Pepins. maison d'un grantl
seignetrr lresbignon, Pepin. cle Lanrlen, que la charge de
rnaire du palais devient lxiréditaire à partir de 695. Son
neveu, Pepiu de Herstal, deveuu maire d'Austrasie, bat, en 691,
les l{eustriens à Testry (2) et cette victoire vaut à I'Austrasie
I'hégémonie de I'empile ft'anc, jusqu'alors exelcée par la
Neustrie.
Charles Martel (117-741). Son fils Charles le rernplace à
-
sa mor't, en qualité de maire du palais et de duc des Francs.
Guerrier intrépide et général heureux, il repousse, en vingt
combats, les attaques sans ce$se renouvelées des peuples
germains. Mais ce qui le rentl surtout célèble, c'est sa victoire
sur. les Musulmans qui, après avoir soutnis I'Espagne, entre-
prenaient la conquête de Ia Gaule avant de tenter celle de
I'Europe tout entière.
Charles ayânt rassemblé une formitlable armée, marche
contre eux, les rencontre à Poitiers (732 Le choc est ).
effr'oyable. Trois cent mille Musulmans, disent les historiens,
mordent la poussière (3). Ce terrible échec des sectateuri de
Mahomet arrête leur marche conquérante tlans le Sud-Ouest
de I'Europe (4). Pour récompenser ses soldats, Charles
({) 0n a dit toutefois que I'histoire étant, muette surce qui avait pu se passerr
ce silence signifïait peut-être que le nouveau roi et ses partisans avaient eu
intérêt à cacher les résistances éprouvées.
(9) Entre Péronne et Saint-Quentin.
(g) Uais ce chiff're doit être bien exagéré.
(4) ùlahomet Au commensement du Ylt" siècle parait en Arabie un homme
qui se prétend envoyé de Dieu pour régénérer I'humanité ; c'est Mahomet.
Tenant dans une main le Coran (l'Evangile musulman), dans I'autre l'épéc, ses
disciples disent aux hommes : q Crois ou meurs. r Les progrès de la nouvelle
religion ont quelque chose de foudroyant. L'hégh'e ou ère tles Musulmans date
de là fuite de llahomet à llédine, en692. Dès 7{'1, ceux-ciontconquis I'est de
I'Àsie, soumis I'Afrique septentrionale, envahi I'Espagne, et ils caressent
l'espoir de conquérir bientôt I'Europe tout entière.-En ?39, une armée musul-
mane d'avant-garde rencontre celle des Francs à Poitiers.
r!ïrps H'rsronrouEs.
- PÉnr0DE FIIAN0I.iE 9T
Établissement de la dtme.
- La victoire de charles }lartel â, pour
le clergé, des conséquences spéciales. [e plcstige qu'elle doune au
puissant maire du palais explique comment il peut, sans soulever,
au molnent mème, trop de rémiminations, reprenclre au clergé, pour
Ies distlibuer à ses compùgllons d'almcs, cles biens dolt la jouis-
Êar)ce avait été accordée aux évôques erl t-ue du service du culte.
Lorsque Pepin le Bref, successeur de Char.les Martcl, songe à
plentlrc lc titre de roi, il a llesoin dc I'appui du clergé catholique.
Ausitôt celui-ci, qui n'a ccssé cle regretter les biens qu'on lui a
enler'és, jugeant lc moment firvorable, en réclame la restitution.
Itl'osant les enlever' :i ceux qui les ctétiennent et qui sont aussi à
ménagcr, Pepin prend un mo)'en teirne. Il clecidc (concile de leptin-
nes ( { ) eu 743) que les nouyeaux plopriétaires des terres réclamées
paverunt au clergé uue dirne, jugée uécessaire pour le servicc du
culfe et I'en[retien de ses ministrcs.
charlemagne, qui rôr'e de fiiire du clergé un instrumenf dc son
autolité ct qui croit aroir intérèt à lui lssurcr une situation privi-
légiée, étendra à toutes les terres lc service dc la tlime. cette corr-
tribution devicndra ainsi obligatoire pour tous.
[a dîme ne consiste d'aliord quc dans Ie clixièmc dcs fruits de Ia
terre. Blle s'étend plus tarcl au ltétail. sirnplemcnt recommanclée
dans un premier concile, elle est imposée sous peiue d'excommuni
catiorr par un concile postérieLrr. charlemagne Ia rcnd. légalement
obligatoire par Ie capitulaire de llcrstal.
Charlemagne. Pepiu le Brcf avait guerroyé toute sa vie
-
contre les sarrasins, les Bavarois, les saxons, les Frisons et
les Aqnitains en vue d'asseoir solitlement I'empire des Francs
dans les limites qui lui avaient été primitivcment assignées par
clovis. charles, fils tle Pepin, plus tard sumornmé le Grnntl
(charlernagne), est forcé tle continuer les guerres commencées
pâr'sorl père; mais son autorité nrieux établie et sa puissance
plus considérable lui permettent d'étendre eucore ces limites.
Les cinquante expéditions militailes entreprises par Charles
orrt tour à tour pour théâtrela, Gernmnie,l'Espagne et IItulie.
('l) Le village- actuel dcs Estinnes, pr'ès de Binche, oir les carolingiens
avaient une résidcncc.
TErrps HrsToRIouES.
-
pERr0DE FnAr(QUE {0[
Er. Germanie, Ies Bavarois, les Avares, Ies Saxons, les
Danois et, plus à I'est, les Slaves sont successivement obligés
de se courber sous le sceptre du redoutable roi des Francs.
Charlemagne s'efforce de christiauiser tous ces peuples, espé-
raut les amerer ainsi à reconnaître plns volontiers son auto-
rité. lïIais les Saxons ne cessent d'offrir à ses ârmes, comme à
ses efforts pour les convertir, une invincible résistance.
N'ayant pu les dompter, quoiqu'il efrt barbarement ordonné de
décapiter à Yerdeu 4.500 d'entre eux qui étaient ses prison-
niers, il frit trausporter eu Flandre et eu Brabant une partie de
ce peuple énergique. Cette circonstance contribuera sans
doute au rnaintien d'une langue teutonique dans Ie nord de
notre pays.
En Espagrre, Chades plofite des divisions qui règnent entre
les Musulrnans établis dans la contrée pour faire Ia conquête
des territoires cornpris entre l'Èbre et les Pyrénées. Malheu-
lensement, sorl retour est signalé pnr un grand désastre. Son
arrière-garde, commandée par I'un de ses reveux, le pala-
din ({) Roland, est surprise et détruite par les Gascons dans
une gorge tles Pyrénées connue sous Ie nom de défu\é de
Ronceuau,æ.
' En ltalie, Charles secourt le pape Léon III, contraint par
ses enuemis de fuir la Ville éternelle. Il ratifie les donations du
roi Pepin au saint-siège et lui en fait de nouvelles. C'est ell
reconnaissance de ces services que le pape le sacre empereur
dans l'église Saint-Jean de Latlan à Rome, rétablissant ainsi
en Occident, au prolit d'un roi bat'bare, la digrtité impériale
disparue depuis plus de trois siècles (800).
Limites de son empire. Cet ernpire était immense. 0n
croit qu'il s'étendait
- jusqu'à l'0der et la
â I'est Theiss,
({) 0n tlonnait ce nom, ou celui de comte c|u pulais, à des nobles remplissant
à la cour certaines hautes fonctions.
{02 HrsTornu DES BELcEs ET DE mun crvrLrsATIoN
(4.) IIot qui signilie propr.iété entière (aI rotr), on entendait exprimer par son
emploi que I'alleutier avait I'entière propriété de sa terre. ^
(g) ryg pouvant satisfaire..à I'obligation tru ser.vice militaire auquel est
astreint le possesseur d'un alleu, les I'ernmes sont inaptes à en hériter,. Elles
n'ort.droit qu'à une part dans la fortune mobilièrede lôurs parents,
suliens, de la rivicre sn/c, aujourd'hui I'I/ssel, ou de I'aricien haut-allernand
sala, demeur.e, maison,
(3) Béné/ice, rle bienfait,
.,{4.) Ficf' du germain .feod, en flamand toetr, noùrriture, Ia nourriture
étant, en Germanie, dans les temps reculés, le salaire accordé par. un chef à
ses compagnons d'almes
TEMI'S HISTONIOUES.
- PÉNIODE FNANOUE IO7
({) C'est du terme ntanse que parait ôtrc venu leniot nr.zisort.
(2) Du radical tenir. Tewe relevant du domaine d'un seigneur. Le mot s'ap'
pliquait aussi parfois aux fiefs.
(3) Voir Poutr,Et, pp. 53 et 54.
(rn) o 1"" conmtenclàizts se remettait, corps et biens, à la merci de son sei-
gnàui, si cequi lui appartenait était peuconsidérablel sinon, il stipulait qu'il
Iurait, au moins sa viè-durant, et parfois hérédilairement, la jouissance tle ses
terres, moyennant redevance, Les premiers devenaient scl'ls, les seconds coknts.
L'abandon-d€s terres avait pout'côndition I'obligation, poun le propriétaire, de
nourrir et de loger ses serfi, de prolégel ses tenanciers. Le mouvement social
eut pour conséquence d'abaisser la condition des ltommes libres. Les petits
profriétaires rt'élaient guère à leur place dans le monde économique du tne et
du vgrt siècle. r Bnlnr-s, Essai stu'Iet classes rurules, p.95 et 9T.
'108 ursrornn DEs BELGEs ET.DE LEUR crvllrsÀTroN
est enfin accepté par les ancicns Belges. La bellc conduife dcs moines
qui manient, de leurs proples mains la cognée et la chalruc ou
diligent ar"ec intclligence le travail de leurs colons ( I ), qui ensuite
distlibuent aux néccssiteux le fruit, de leurs peines, touche les
cæurs cles plus farouches. Spoltanément, Ies habitants de la contrée
abanrlonnent leurs forèts et, leur tie eruante pour se joindre aux
moines. Àprès avoir reçu Ie baptêmc, ils se lrirtissent des huttes
dans le voisiuage des monastères et, sous I'liallle direction des
pieux solitaires, s'appliquent aux travaux de I'agriculture et dcs
diverses industries.
Les moines réussissent ainsi à desséchcr ds vastes marais, à crécr
de riches poldels, à défricher des bois immenses, enlin à changer
inselsiblemeut les marais fangcux des Flanclrcs en belles prairies ct
quantité tle temes boisées du pays cu lronnes terres arables (9).
Une grande partie de I'Europe a été défrichée de la mêmc façorr
pirl les rnoiues bénétlic{,ins. 0n peul dile quc I'influence de l'Églisc
(.1) Àppliquant, par exemple, au sol belge les procérlés agricoles apportés
d'Italie par certains d'entre eux.
(9) ll ne faudrait pas eroire cependant que les moines seuls aient travaillé
.au défrichernent des terres incultes daus nos contrées. Ils trouvrient dcs
jmitateurs chez les grands propriétaires fonciers. C'est ainsi qu'on cite un
seigueur flarnand du temps de Charlemagne, nommé Engelrame, comme aSant
converti en terres alables une immense élendue de Lois et élevé dans les
lerrains défi'ichds quantilé de rillages et de bourgs.
{{0 ursrorRu DEs BELGES BT DE IEUR crvILISATroN
(,t) r Les fermes des monastères, dit PoULLET, p. 35, administrées par
des rnaitres qui avaient l'avenir devant eux et qui ne songeaient jamais à
sul'nener le présent, restèrent jusqu'à la fin rle I'ancien régime de véritables
fermes modèles et des écoles permanentes d'agriculture perfectionnée. r
(9) Aujourd'hui bourg de { .500 h., à 40 kil. N.-[. d'Abbeville, dépaltement
de la Somme.
TEMpS HIST0nI0U8S.
- PÉRIODE T.RANoUE 1,'l,l
{ ) Crlrr.l,uBRrÀND.
LL9 IIISTOIRE DES BELGES DT DE IEUR CIVILISATION
TITRE IV
Institutions politlques'
- l"lggi. -
Classes sociales. Les rois mérovingiens sont
choisis par le peuple dans certaines farnilles illustres par
I'aucieuneté tle leur uoblesse et par la haute réputrtion de leurs
grrerriers. te soltlat élu en qualité ,Je clrc,f ou tle r.oi, est porté
sur le pavois (espècc de grand bouclier)et promené trois fois
autour du camp aux acclamations tle Ia multitutle.
Plus tartl, la ro"vauté étaut d'ailleurs devenue hérétlitaire,
Clovis et ses successeurs r.eçoivent en outr.e le sûct e ou
ottctiott royale. Cette cérémonie donne à l'élection et à I'autorite
TITRE Y
Institutions judiciaines.
Peu à peu, ces lois cessent d'ètre en rappot[ irvec les nouvelles
contlitions de Ia vie chez les conquêt'ants tle la Gaule et tombent
eu tlésuétutle. Les coltitttluires, reclleil de lois édictées sous les
Carolingiens, ont I'eçu ce nom parce qu'ils pr'ésentent les lois
classées et clmpttres. on y trouve réunies des lois pol-itl_qyq.q:
civiles, tles lois por.algs, rellgieuses, voit'e tles règles
pé1gl_e_s;
Elles étaient pioposOes, discutées et formulées dans
@ofriq:ls.
tes itmi*ps de mai.
Amentlée par les capitulaires, la lof ripu,aire Sel'â collllue' par
la suite, tlans le pays de Liége, sous le nom de lor,Charlenl'agne.
Lt toi er:cltisiastiqt6 06. droit ca,n7n, (ùe canon, règle) est le
droit de I'liglise, qui eu a puisé le fontl dans le droit t'omain,
rnotlifié cl'après les principes du christiauisme. Les décisions
des couciles sur les matières ayant rapport à la foi et à'la
tliscipline ecclésiastique, ont {ixé peu à peu la jurisprudence
canonique.
Droit de faida.et iustice publique. Principes judiciaires. -
Les institutions jutliciaires de nos ancètres se transforment
insensiblemeut, comme il arrive de toute institution humaine'
Le tlroit absolu de faida, ce droit terrible qui tlonne à chacuu
le tlroit de tuer sou euueni, ne se conçoit que chez tles
hommes vivaut à ]'état tle lature . Ule coutume, celle de h
contpositiott 1técuttiuire ot ueln'geld, âppgrtée de Gerrnanie par
les l'raucs, avait iutroduit rtn premier ternpérament dans
I'exercice de ce tlroit excessif. L:r satisfacl,ion par la composi-
tion pécuniaire repgse sur ulr plincipe supérieur à celui qui
sert,tle base au tlroit tle faitla. Elle suppose, en effe[, la pour-
suite tlevant le phid, c'est-à-tlire la lecherche du dloit par
une voie légale et pacifïque. Cependaut, les délits et les uimes
sOnt toujours consitlérÔs comme des offenses personnelles, non
conrme des offenses à la sotiété ou à la loi morale. En cortsé-
192 rrrsrotnE DEs BELGES ET DE LEUR crvrLrsATroN
. .({) Nous-evons aussi nos jurys, nos conseils de guerre et de discipline, nos
tribunaux de commerce, elc.
(2) a si, tlit le code, quelque homme libre a tué un Franc ou un Barbare
vivant sous Ia loi salique, il serajugé coupatrle au taus de deur cenrs sous. si
un Romain a été tué, celui qui sera convaincu de I'ar.oir tué sera jugé coupable
à ce?f sous.
ÎEIIPS fiISTONIQUES. : PËRIODE TNANOUE {93
Elle a ainsi sa justice, son code (le droit canotr) et elle réclarne
Ie tlroit rl'appliquer môme des peines ternporelles.
fuStiCe publique. TntnuxAux DES cgrtrES Er DES SENTENIERS.
-
Les comtes rentlent la jnstice dans les chefs-lieux de leurs
-
comtés. I.,estribunaux qu'ils présitlent ijugent toutes les causes
pouvaut eutraîtrer la confisCation des biens, I'emprisonnement
et la peine de mort. Les centeniers jugent en des tribunaux
dout le ressort cornprentl ordinairernent plusieurs marches ou
villages. Ils conrtaissent des canses d'importance secondaire
et, cl'habitude, cherchent à réconcilier les palties en les déci-
tlant à tles concessions réciproques. IIs jouent ainsi le rÔle de
nos juges de paix.
Coun DU Rot. de Charlemagne, il y a aussi la
A partir
-
cout, chr, roi, tribunal composé de grands seigneurs laïques ({)
et tl'évêques, présidé par le roi lui-même. La cour du roi
connaît des crirnes politiques, émeutes, révoltes, troubles
divers, e[ ne juge que des perso1nages appartenant à la haute
noblesse. ll u'y a âucune hiérarchie entre les divers tribunaux.
En général, tous jugent sans appel. Quelquefois, mais ral'e-
ment, la cour du roi sert de tribunal d'appel des sentences
rendLres par les tribunaux des centeniers et des comtes.
Justice privée. Indépendamment des tribuDaux publics,
-
il existe des tribu,nl&Im, priutis, seigneut'iatm ou ecclésiastiques.
Ces tribunallx l'elldent la justice en des domaines jouissant de
I'irnmunité, c'est-à-dire non soumis à la juridiction ordinaire.
Ces domaines appartiennent soit aux grands alleutiers et aux
grands bénéficiers, soit aux grands dignitaires ecclésiastiques,
évêqrres ou abbés. Les nafssa domùûci tlartchent les conflits
qui s'élèvent elltre la justice publique et la justice privée.
(t) Désignés sous I'appellation tle comtes du palais .ou. palatins, d'oir sans
Ooiri'e te titme palad^irr,'ôrdinairement employé pour clésigner les lidèles de
Charlemagne.
124 HrsrorRp DES BELGES ET DE LEUn crultsATroN
TITRE VI
Institutions de bienfaisance.
TITRE VII
I nstitutions financiènes.
Système d'impôts. A propremetlt parler, il n'existe pirs rl'itttpÔts
sous lcs Francs,
-
du moins d'irnpôts directs. Cependan[ i\ l'époquc
cle la graucle puissance des rois mérovingiens, on prélève sur
les sujets nou privilégiés dc la monarchie, sur les Gallo-Romilins,
I'irnpôt tlit de capitatiott, et I'impôt sur la cilEe, ntqnse ov nmisort
(irnpôt foncinr ou cerzs). MiiiS I'impôt, cn générirl, est extrêmetnent
inrpopulaire chez les Francs, e[ ces dernières retlevauces elles'
mèmes, si naturelles et si légitimcs, disparaissent à leur tour.
Aussi les finances de I'cmpire sortt-elles nulles. D'ailleurs, en tetttps
ordinaile, l'État u'etitretient ni soldrrts, ni généraux, ni fouctiotr'
naircs, ni arsenirux, ni forteresses. Les rois, comme les scigtlettt's,
vivent du revenu de leuls domaiues, oti ils prélèvent uue ditnc sur
les produits dc la culture. r\u besoitt, chaqtrc localité impose à ses
habitants les charges nécessaires à la création ou à I'entretien clcs
choses à I'usage de tous. Ordirtairemettt, ces charges consistettt ett
péagcs de barrièrcs, clc ponts, de portes de villcs, ctc...
TITRE VIII
Institutions militaiFes.
' Recrutement ds I'armée. Il n'existe poirtt, chez les FrAttcs, cl'ar'
-
méc pennanente : en cils cle guerre, tous les ltommes libres doivenÛ
le selvice rnilitirile e[ se riingcnt ù ]a suite du comte et du roi.
TITRE IX
TITRE X
Lettnes.
TITRE XI
Enseignement.
TITRE XII
Beaux-Ants.
Architecture.
- Â la suite des invasions du v. siècle, il fallut
rclever de lcurs ruines un grand nombre de monuments anciens. 0rr
en édilia.aussi de nouveaux. Ce fut I'occasion d'une rénovation de
I'architec[urc religieuse et en même ternps de la sculptule.
Nous posséclons, dans la'Belgique orientale, quelques églises
susceptiblcs cl'èf,re rapportées au style romarto-b1'zantin, qui est celui
de l'époque franque. Le vérritable type des églises de ce st1,le affecte
TEIIPS HISTONIOUES. _ PÉRIODE FNANOUE 135
(,1) Les clochers de Celles (Dinant) et de Ciney, par exemple, sont de vt'ais
tloirjons, percés de meurtrières.
(2) peinture qui est l'auxiliaire del'architecture.
i5i - Cu cenre de décoration, dit Yiollet-le-Duc, fut pratiqué dens les Gaules,
juùû'au mfiment otr Charlemagne {it venir des artistes d'ltalie el, d'$rient. I
" (+) l"a peinture à fresrlue est de toutes la plus durable.
(Si Car'actOte de la peinture byzantine : recherche des coloris éclatants ct
empioi tles fonds d'or destinés à rehausser les teintes.
{30 nrsrornr DEs BELGES ET DE rEUn ctvrlrsÀTloN
TITRE XIII
Féglme économique.
Agriculture.
- L'agriculture rérlise de très grands progrès en
Ilelgiquç pendant les prcmiers sièclcs de la période franque et aussi
sous Charlemagne. Au point de vue de I'histoire de I'agriculture, le
sieclc oir vécut ce prince est même considéré comme I'un des plus
irnportants. < La civilisation romriue était industrielle ct, urbaine ({);
hr société gerrnanique, patriarcale ct rgricole. La conquôte par les
Iiralcs eut donc pour résultat de restaurer I'orclre rural qui alliiit
rcstel pendant des siècles la base de toute l'éconornie socialc. >
Modes et procédés de culture.
- Les progrès réalisés en agriculture
sons lcs prcmiers lltérovingiens De sc continuent pas sous les maires
du prliris. Ceux-ci, trop absolbés par lcurs entreprises guerrières,
se préocctrpent peu d'encouriiger les travaux agricoles. ll en est
autrcmeut sous Charlcmagnc. Lc règne de ce grand prince a sur-
tout ôté caractérisé, sous le rappolt agricole, par I'intloduction
cri notre pirys de l'assolenrcttt tricnntl (2). Cc système de cLrlturc
consiste en ce que toute tcrre qui, une première année, a porté
urrc cérôalc cl'automrte, rcçoit, I'anrtée suir'ânte, une cérôlle cle prin-
tenrps, puis reste jachère, c'est-i\-dire se repose la troisième année.
en
II lirisse douc crt friche, cltaque année, le tiers cles tcrrcs arables.
Cct assolement sera enplolé r\ peu près seul en Belgique pendant
tout le mo.ven âge.
L'introdnction par Charlemagne, cn Flandrc ct en Brabant, d'un
grancl nombre cle familles saxonnes accroît nou sculement lir popu-
lation, mais accélôre I'assèchement des urarais et le cleflicheurent
rles bois. Chaque anrtée, la hrche et la houc des essartculs réduiscnt
l'étendue des terres irtcultes.
Les instruments aratoires employés à cette époque diffèrent peu
et les officinrs iht. comtc ltrcscriuent au,r uilains de nc Ttoint faire cettc
allinnce qu'ils appellent gildes, coutre ceux qui clirobent. Qu,qnt aut:
conjurations de serfs quù .sc lbnt en, Flantlre, dans Ie pays ménapien et
les qatres pays maritimes, nou"s t'lrillns qnc ?tls entoyés ordontrcnt it
lettrs seigneu,rs delcs empècher. >,
IIIais ces associafions r'ésistent à tous les efforts faits pour les
détruire et plus tard elles eontribuent a I'institution des ronununes.
commerce et monnaie. En t'ue de favoriser I'cssor du commerce,
-
charlemagne reduit le nombre et, I'importance des périges établis sur
les grands chemins ou sut les rïvières par les plopriétaires rivc-
rains. Il s'attache en outre à rétablir la sécuritc des routes et des
:rutres loies de communicirtion. sous peine cle confiscation, il
défend d'exporter les grains en ternps de clisette. Des étirpes ct
postes de soldats, établis Ie Iong des frontières, protègent re corn-
merce cles marchands ayec les peuples lnr,blres ou cnlemis.
Les mines d'or et d'argent ccs Gaules (l) ne sonI pas errcolc épui-
TITRE XIY
Meuns et coutumês. - Vle Pnivée.
Institutions civiles. Après la conversïon des Belges au christia-
-
nisme, on adopte les rites chrétiens dans les cérémonies relirtives
aux naissances, aux mariages et aux fuUéraillcs. Charlemagne
interdit sous peine de mort I'inciuéral,ion des cadavres. Par contte,
la tradition se maintient des repas funéraires, le jour de I'etrtert'e-
meut. De plus, ils se renouvellent le 7' jour et le 30'. Voulant douner
une couleur religieuse à des réunions qui trop souvent clégénùr'cnt
er orgies, Charlcmagne 6rdgnne que ces repas soiellf précétlés de
messes pour I'irme des défunts. De là,les messes dites aujourcl'hui de
trentaine eL de qu'nrantaine.
Ère chrétienns. Sous les rois de la deuxième dynastie, on cessc
-
\4T HISTOIRE DES BELGES ET DE LBUR CIVILISÀTION
cle conrpter les années par celles du prince régnant pour adopter l'ère
chrétiennc.
Nourriture et, ustensiles de cuisine. 0n continue à rnanger beau-
-
coup de gibier, mais la consonlmation de viande de porc, de Ïrrebis
et dc bæuf augrncnte. La volaille est fort recherchee : I'abondance
plus ou moins grande de pigeons, de tourl,erelles, de paous, de fai-
sans, de perdrix, dc cailles, ctc., dans un domaitte, en règle la valeur.
Les ustcnsiles de cuisine et la vaisselle de table sont en bois,
terre cuite, fer ou euivre,quelquefois en rerre, cristal, or ou argent,
suivant l'état de foltune de ceux qui les emploient. A I'occasion
des banqucts, on utilise ulle broche mécanique à dimeusiorts
ôuormes qui permet de rôl,ir i\ la fois un mouton entier avec
quantité de pièccs de gibier, cle volaille et de grosse viande. En ces
circonstirnces, une grande jarre de terre, placée au ceutre de lrr table
ct cians laquelle chrrcun puise à sa soif, contient la boissorr clestinée
iru l'epas. Le hunap,large calice à pied élancé, est fort cn honneur
chns les fcstins. [n temps ordirtairc, une corne de taureau sert de
velre à boire ct de coupe. Lir boisson se transportc souvent, dans des
outres de peau enduites de poix. 0n les suspend à la ceinture ou olr
les fait porter par dcs bêtes de somme.
0n mange la viande à la mail et en y mordaut à pleines dents ({).
L'usage de mangcl couché, introduit en Gaule dans les classes
liches par les Romains, disparait sous les rois francs. 0n mange
alors assis sur des bancs ou des escabeaux; I'emploi des bancs étant
toutefois réservé aux jours de fcstin. De là, I'expression banrptet et
banqueter.
Vêtement. À l'époque des Franes, Ics Belges portent, d'abord des
-
brries llottantes serrées à la chevillc, unetu,niqu,e ù manches, une
saie de forme quadrangulaire, nouée i\ la hauteur de l'épaule, de
grossiers sou,Iiers et un chapeau, conique. Plus tard, Ieur costume se
compose de la, cotte, ell peau oLl en étoffe de liiine, serrée à la
ceinture; de la .rilrcltte', manteiru de môme matière, tomllant dcs
ôpaules jusqu'i rni-jamlles et de chousses de laine, espèce dc panta-
lons forts courts. Des houseazr ( grosses bottes ), des semclles de
cuil ou de bois (9), retenues par des bandes croisées, cl'étoffe ou de
(l) Llcnox, Les Arts, page l!t. La cuiller fut connue très tôt, non la four-
chette.
(9) Llcnox, trIættrs et Coutunrcs clu nzoyen dge ( Le l.ëtanent). Les véritables
souliers n'apparaîtront qu'au xre siècle.
TEITIPS HIST0nI0UES. pÉnIODE FRÂNoUE '1,41
-
cuil, aux couleurs bariolées, complètent I'habillement. Bicn entendu,
il s'agit ici du costume portô par les gens aisés : le costume des gens
du peuple se récluit le plus souvent t\ I'indispensable : uue blouse '"\
courtes mattches, seruée à la taille et munie d'un capuchon, voilà
tout leur habillement. L'hiver, les pauvles se r'êtent de fourlures de
chèvre, de blebis, de lapin, etc. Bn cas dc grands froids, ils cachent
leurs mains ell de grosscs mouflcs dc lairre Ou de peau de mguton,
comme c'es[ encore aujottrd'hui I'usage à la campagne. Les liches
pol.tent des fourrures cl'hermine. Hommes et fcrnnes s'irabillent de
mème façon, ntais les vètentents fémipins sout plus amples et
plus longs que les vètemeuts cl'hotlltnes. Tous affectionnent lcs
couleurs vives et croisécs, dites aujourd'hui icossaises.
Les habitatigns.
- Les Belges, mème riches, u'ont pas le scntirnent,
du confortable et leurs demeures sont généralcment misérables.
du serf ou vilain ({) eom'
Lrs Heslr.aTIoNS DU PEUPLE.
-La dencule
prend trois divisiorts : Ia partie du birtirnent oi.r il engrange scs
récoltes ; celle ou it
loge sou bétail; son habitation proprement
dite, formée d'une seule pièce.
Un grand foyer oir brtle un clair feu de bois; une marmite et un croc
pour en retirel'la viande; ulle htlche, esltèce de coffre de boïspour
pétrir le pain que I'ott y gardc avcc les autres victuailles; uùe table,
un baltc ou des escalleaux de bois; tln mortiel pour pilcr le grairt ou
urr moulin à blrs (9); un grand lit, un seul, destiné à recevoir tous
les mcmbres de la famillc et au besoin l'étrauger, tels sont la dispo'
sition et I'aneulllement primitifs de la cabane du self, gértérale-
ment coul'efte de châume.
Des échelles, une coglléc, tlll lllarteau et des clous, avec dcs
ustensiles de pèche, complètent I'ameublement des plus fzivorisés dc
la forturre. La maisott, comme l'étable adjacente, est couvel'te dc
I
chaume. Un petit jardin contigu I'habitation fournit quelqucs
légumes.
Cette habitation et son ameubletttent ne se modifieront pas d'ttttc
firçou sensillle dans les calllpagllcs jusqu'à la Rér'olutiort françl:iisc.
Lns HlsttrrloNs Das GRANDS. Daus les temps imrnédiaterncnt
-
(4) Ilabitant de la t'illa.
(2) L'un des premie's procédés de mouture fut la trituration à la roue
nraniretle. On a irouvé, nous I'avons dit plus haut, des l,r'aces de moulitts à
bras dans les fouilles ârchéqlogitlues de n9s pl'ovinces. Lcs Francs a;rportèrenl,
I'usage des moulins à eau.
149 Hrsrornn DES DELGris El DE LEUn crvtlrsÀTroN
({) Il est naturel que I'homme, pour' étlilier une habitation, pour confec-
tiouncl ses vôtements, pour fabriquer les produits divers de son industrie,
enrploic d'alrord les rnatériaux qui abondent tlans Ie pays, qu'il a sous la main,
qui sont de l'apprôt le plus facile. Aussi le hois fut-il d'abord à peu près seul
ernpioyé pour la conslruction des habitations en notre pays. Plus tartl, lorsqu'on
birtila en pierre, la maçonnerie consistera souvent en simples nioellonages
qui tlonnerorrt aux constructious un aspect fort grossier. Les toits, ptimilive-
nient couvelts de tuiles, {irent assez vite place à des toits couvelts d'ar,doises,
tl:uis nn pa1's oùr l'on trouvait cetle pielle en abondance.
TE]IIPS IIISTONIOUES. PÉNIODE }'RANCIUE I43
-
.donjon, sc trouve lt gu,ette, d'oùr I'ou sutveille les euvirons. Entre lc
donjou c[ le fosse, s'élèvent les dcmeures des compagnons du chcf
ct dc scs serviteurs, puis diverses dépendances, telles que les
écuries, les grurges, les magasins et les remises. En outre, uu
ccltain esprce au deli\ du fossé est enceint de palissades.
Si le chirteau estassis sur une montagne, la distribution génér.alo
t'este la môme : lc clonjon occupe toujours le centre du domainc,
situation d'ailleurs vicieuse, pal'ce c1u'elle rend impossible toutc
sot'tie des assiégés, toute attaque des revcrs de I'ennemi. lorsquc
la première enceinte est envahie. Aussi, rprès les invasions des
)iormands, mais sultout à partir. du xrusiècle, verrons-nous le donjou
occuper,, dans les coustructions nouvclles, I'un des angles du
r-ectangle formé par I'cusernble.
Lns nlnrrarroNs RoyÀlns. Les rois francs viven[ de préférence i\ la
-
campagne. Ils n'ont clorrc pas, z\ proprement parler, de capitalcs li
dc pahis. Leurs clcmcures sont des espèccs de métairies entourées
d'étangs, de vergcrs, de chanps, tle bois ({ ). Cc sont parfois des
villas âssez somptueuses pour l'époque, rniris que nos plus nrodcstes
I'elnticrs d'aujould'hui trouver.aieut i\ pcirre habitables. Ils vivcnt,
ttou du produil des impôts, {ui u'existent gut)re, mais dc leurs
l)l'opres revenus, r'oyagearrt d'une de leurs propriétés 'i I'autr'e, afiu
(l'ert consommcr les produits sur placc. Lorsqu'ils se renclcnt de
I'utte à I'autre, ils sont hébergés dans lcs villages, les abbayes et les
r:liâteaux situés sur leur passage. Àu clépart, leurs hôtcs leur offrent
cn outre quelquc pt'éscnt.
lf,æurs. - Lr con'uption des mæurs est cxtrômc pendant toute lit
lroriode frlnquc. Les grands, tmbiticux, crucls, libertins, n'imposcnt
iluclnl frein à leuls passions. L'hist,oire de cctte époque lle rapportc
qu'assassirta[s, divorces, actes déshonnôtes. I]oire dcvient un vicc
général.
TITRE XV
Gonditions génénales et vue d'ensemble.
L'crnpire rontain rnarchait cle lLri-mr:me z\ la dissolution : clcs
ilvitsions répétées, uous I'avons dit,, hirtcnt sa cliute. Aidés en cettc
(Fuvre par les Belges que lcs exigences du fisc irnpôrial ont ruirtés
CHAPITRE V
Ouvnages à consulten:
lltarnkoenig : Histoire de la Flandre et tle ses institulions. Ketyn tle
Lettenhouc : Ilistoire de f'landre. - Hénaut : Hisloire du pays- de Liége. -
llrarnkoenig, tr.aduction tle Stanfslns Bormffits: Histoire deLiége. De Rei.[-
-
fenlterg : Histoire du Hainaut. - Borgnet : Histoire du comté de Namur. -
Ernst : Histoire du Limbourg. Bcctmi : Histoire de Ia villc d'Anvers.
- -
Henne et lYuuters : Histoire de la ville de Bruxelles. Stccher : Histoire tle
-
Pott'ïn: Nos Premiers Siècles litté-
Ia littéral,ure néerlandaise en Belgique.
raires.
-
Edmond Pimrd: Le Droit et la Race. l,ç1v1ll1svslle : Le Bon Yieux
Temlts.
- -
TITRE I
Géognaphie histonique.
De Charles le Chauve à Clnrles-Quint, la partie de la Belgique actuellc
située à gauche de I'Escaut relèvera de la Flance (sous le nom de Plandre).
Le reste, tprès avoir appartenu à Lothaire Ie. et à Lothaire II, lils et petit-tils de
Louis le Débonnaire, continuera, jusqu'en 9{9, à faire partie du royaume indé-
pendant de Lotharingie dont voici les limites approximatives : mer du Nord,
Escaut, Meuse supérieure, Saône, Rhône supérieur, Rhin. Tlansformé à cette
époque en duché, le royaume dc Lotharingie restera quelques années sous Ie
sceptr.e des rois de France. Ramené ensuite sous la suzeraineté de I'Allemagne
(925), le duché de Lotharingie sera subtlivisé (959) en Haute-Lotharingie ou
Lorraine et en Basse.Lotharing'ie ou Lothier, séparées par le Chiers et par la
l[oselle. Peu à peu se constitueront, dans la partie septentrionale tlu duché,
les principautés d'Anvers, de Braburt, de Limlrourg, tle Liége, de Hainaut, de
Luxemboulg, etc. Dn 4'106n Ia dignité ducale passera dans la maison de Lou-
vain; et en ,1155, le duclté de Lothier disparaissant, le titre de duc sera partagé
entre les comtes tle Louvain et de Limboulg. ( Yoir plus loin, en tête de
I'histoire de chaque principauté, un historique géographiclue plus détaillé.)
1'I]}IPS IIISTORIQUES. PI'RIODE FEODALE 't 49
-
TITRE II
Les faits.
Caroltngiens Carolingiens
SECTION I
- La Flanrlre ou
Géographie historiquo, pa1Js dcs Flurnands comprenait
antrefois le I'Iempisque et la cité des Tournaisiens, c'est-à-rlire toute la tsel-
gique à gauche de l'[scaut. A partir rle Baudouin Bras de Fer, la Flandle
s'étendit jusqu'à la canche, petite rivièr.e du Pas-de-calais. La Flandre impé.
riale fut acquise en {007, en môme temps que Yalencicnnes, échangée au
xII. siècle contle le comté d'Eenham. L'annexion du pays tl'alost date de'1056.
TEIIPS HISTORIQUES. PI'RIODE FÉODÀLE {53
-
Cramntont fut b:itie en 1068, Ninove en {'19i. Termonde n'appartint au cornté
de Flandre.qu'en'1355,
RorALtr. [lle comprenait : {o Les
Divisions administratives.
- Fr,lnnnn
clttitellaùes de Gand, Bluges, Courtrai, Audenarde, Furnes, Ypres, Warne-
tou. go Lcs z,a.ges (circonscriptions administrées par des baillis polleurs
ti'une
- verge hlanche, s.vmbole de la justice) dc Del'nze, lllenin, Thielt, Harle-
beke et des treize villagcs. 3o La généralité tles futit paroisses, dépendante
-et située entre Tpres et Poperinghe'
de I'abbaye rle Saint-tsertin
Fl.,r,lionn upÉnrllu. Elle comprenait : {o Les pays de wacs, d'Àlost, de
- 9o Les ntétiers, au nombre dc quatre (ntétier ou
Terrnonde et tle ]lornhem.
-
oflicc ; en flamand, untbuclû) d'Axel, Hulst, Bouchoute et Assenede.
FltUtnn ALL6DIÀLE. Les terriloires de Grammont, de Bornltem, tle Ter-
- plr la Suite, poltèrent le nOm rJe Flantlre ullodiale
rrrOnde et de Ninove, acquis
prlrce que les comles de Flandre les possêdaient en frauc alleu'
0rr tlistingtrait aussi la llandre en Flandre fiatningante, oir I'on pallait le
pays de
flanrand et en Flandre çlalltcane (chàtellelies de Lille, Douai, Qrchies),
langue française.
({) Dcs historiens admeltent que I'une des branches de I'Escaut inférieur
suivâit autrefoi's la tlirection du canal de Terneuzen'
(2) Ainsi nommée en mômoire tle l'empereur 0tton, qui.la fit, cretlser.
banni.
i3i fr;'T"ffi:i-i-'/l,;;;t;rài,, au saxin .fieatnilg gu't.signifie fuuitir,
L-'ii.iir;;i;i;.;;;i;;*e. doni'. le ré'tuge dei firsitifs .par.qe. qu'un grand
il;;;; tle Saxons, bannis cle leur pays, étraient venus s'y étrblir'
L54 irrsrornn DES BELGEs ET DE LEUn crvrlrsÀTroN
. jl) ,!" Zélande passera plus tard à la maison t|avesnes, mais demeurera
inféodée à la Flandre.
TEIIPS HIS'TORIQUHS. _ PÉRIODE TÉODALE {55
Tounnai.
(4) a Tousles ans, Ie{9 janvier, à dix heures du soir, Ia cloche de Saiute-
Gudule rappelle aux habitants lz l'ctllëe des Dames (Vrouwekensavoncl). Ce
soir.là, les femmes sont maitresses au )ogis; et jusqu'en ,tZ8{, le conseil de
justice du tsralrant prit vacance peudant l'après-dînée de ce jour. r ( Hru.rNs,
Ilistoire populaire de Ia Delgiçte, p. 93.)
TElrps HrsTORlQt'Es. PEITToDE l'it0D,\LE {57
-
, SBCTION II
( .l ) Bn 962, Otton 1er, roi de Germanie, s'étânt rentlu à Rome, s'y fait
couronner empereur. Cet exemple sela imité par ses successeurs penrlant cinq
cents âns(le dernier sacre auralieu en 4,&32). Mais même après et jusqu'a
Napoléon 1et', les rois de Germanie continueront à prendr.e le titr.e d'empereul
rlu ( saint-empile romain germanique r et leur hénitier. présomptif à r'ecevoir
celui de r roides Rontains >. Le lils de Napoléon Ier fut, encore roi tle Ilonrc.
(9) L'empereur Henri IY et le pape Grégoire VII voulaient également, attri-
huel les llefs ecclésiastiques (évôchés et abbayes) au spirituel et au tenporel.
0es prétentions inconciliables ftuent I'occasion d'une guerle rlui reçut lc nonr
tle querelle des Inuestitures,
TE}IPS HISTORIOUES. PERIODE TÉODÀLE 'I5O
-
par les troupes impériales à la ville de Rome, parvient le
premier sul les murs tle cette I'ille (1084). En récornpense de
ses services, I'empereur lui confère la dignité de duc de Lothier
(1089 ).
Dans son gouvernement, Godefroid déploie toutes les qualités
d'un ferme et sage administrateur. Mais liientôt la plernièr'e
croisade I'enlève à la Belgique.
Les croisa{gg. La race sémitique et la race aryenne, se
-
disputant I'empire du monde, avaient une pletnièr:e fois mesut'ér
leurs forces â Poitiers (l ). Les mahométans avaient été vaincus
par Charles-Martel et l'islamisme arrêté dans sa marclte ellva-
hissante. Par la suite, des querelles intestines, reiigieuses et
politiques, forcent les musultnans d'Asie à suspentlre leurs
attaques contre'I'ernpire romaiu tle Constantinople.
Les Arabes musulmans de la Terre saiute, dont la civili-
sation est fort avancée, tr:aitent d'ailleurs avec tolÔt'ance et
douceur les chrétiens d'Occideut, veuus en pèlerinage à Jeru-
salem. II en sera autrement Iorsque les Turcs seldjoucides, l'ace
farouche et fanatique, d'origine tartat'e, auront pris Jérusalem
et enlevé aux Arabes I'hégérnonie du monde musulmatt. A
partir de ce momeut, les pèlerins tl'Burope sont exposés, eu
Palestine, à toute espèce rl'affrouts et tle rexatiotts. D'un :tutrtr
côté, les Turcs reprennent la lutte coutre I'empire d'Orient avec
I'espoir de s'emparer bientôt de Constantinople. Plessés p:u'
le danger, les empereurs gl'ecs appellent à leul secoul's les
souverains d'Occident.
L'idée tle reconquérir sur les musulmaus la vilie sainte et le
tombeau du Christ fait tout à coup de graucls progr'ès etl
({) ta race sémitique comprend les peuples parlant ou dont lcs :tttcêtrcs ottt
parlé L'hëI,reu, l'et'abe,le phétticien, le chaltléen, le babylonictt eL l'étltiopiut ;
i'esprit de propagande de cette râce Se manifeste généralement sotrs la formc
du prophétisnte.La race arlJenna comprend lp,s peuples parlant ou lyant ltarlé
Ie scnscrrt, lepersort,legrec, le latin, l'ullentand, lc slot'e el le t'eltitluc. (Voir
Eo,ltotu PtcÀnl, le Droit et la liuce.)
{60 rrrsrornE DES nELGF,s ET DE LEUR cIyILIs.{'rI0N
(l) Guillaume rle Tyr ne lui attribue pas, cependant, lors de la prise de
Jéruialern, un rôle différent de celui des autres croisés.
L64 HrsrorRn DEs BELGES ET DE IEUR cruLIsÀTIoN
Gomté de Llmboung.
Géographie historique. Les bornes de I'ancienne principauté de Limbourg
-
élaient: au nord, la seigneurie de Rolduc (aujourd'hui teiritoire prussien);
à I'est, le duché de Juliers (id.); au sud, les principautés de Liége et de
Luxembourg ; à I'ouest, celle de Liége.
Le comté, puis duché de Limbourg, compreneit deur villes, deux pays et
quarante-trois villages répartis en des territoires nommés àans ou seigncuries.
l'illes : Limbourg et Herve. Pays r Hodimont et Eupen. Bans.. Baeten,
- -
Walhorn, Montzen, Herve et quartier (ban) wallon,-Setgncrn,ies: Sprimont,
Esneux, Baugnée, la Rimière, La Chapelle, Taviers, Villers-aux-Tours.
Les ducs de Limbourg possédaient en outre, à titre personnel, le comté de
Daelhem et Ies seigneuries de .lflontjoie, Rolduc et Fauquemont. Le comté de
Daelhem renfermait les bans de Cheratte et d'Aubel.
0n voit que presque tout le terril,oire de I'ancien duché de Limbourg était
compris dans celui de la province de Liége actuelle.
0rigine.
- Ce comté tira son nom de celui d'une petite
rivière, affluent de I'Escaut, appelée la Haine. Sou premier
comte, Régnier au Long Col, créé duc de Lotharingie par Charles
le Simple en g/1,2, s'illustre par le courage avec leqrlel il
combat le célèbre Rollon, chef d'une tr.oupe de Normands. Fait
prisonnier au cours de cette lutte, il est racheté par les soins
TEMPS HrST0nrQUES. pÉRr0DE FÉoDALE t67
-
de sa femme Albrade. L,a rançon à payer s'élève à uue somme
énorme. Pour la réunir, cette généreu$e épouse sacrifie jusqu'à
ses bijoux.
Première réunion du Hainaut à la Flandre. première
- Uue
fois, le Hainaut est réuni à la Flandre, de 1067 à {071, $ons
Baudouin de Mous, comte de Flandre, époux de la comtesse
Richilde de Hainaut; mais âucune vue politique ne préside à
cette alliauce dont le seul mobile est I'ambition des contractants.
D'ailleurs, la réunion u'a pâs de lendemain, Ia séparation
s'étant faite aussitôt après la mort de Baudouin de iVfons,
eu {071.
Baudouin II, fils de Baudouin de Mons et de Richiltle, I'un
tles trois princes belges qui prennent part à la prernière
croisade, périt obscurément en Telre sainte ({098).
0n doit à Baudouin III, successeur tle Baudouin de Jéru-
salem, la célèbre charte connue sous le nom de pa'iu de Valen-
ciennes, qui était à la fois un cotle civil, un cotle crirninel et
un code de procédure (1 1,1,4). Il sela reparlé de cette charte
à Ia période commuuale.
Géographie hlelorique,
- Boïnes: les bornes du Luxembourg ancien élaient:
âu nord, les principautés de Liége et, de Limbourg; à I'ouest, celle. de Liége ;
à I'est, I'électorat de Trèves; eu sud, Ia France.
RÉctoris. Le Luxembourg ancien se subdivisait en quatre régions princi-
-
pales: 4o l'At'dewte; localités principales: Luxembour.g et Àrlon. go lr
Mosellane; localités principales : Thionville et Remich.
-
30 le pays de tfloi-
rrre ,' localilés principales : Longrvy et Montmédy.
-
40 le pays de Biedltou'g ;
localités principales : Echternach et 0rval.
-
Cette principauté était, comme on le voit, beaucoup plus étendue que la pro-
vince actuelle du même nom.
Drvrsrons ADilINIsrRArrvEs. Les subdivisions administratives de Ia princi-
-
pauté étaient les suivantes. Conttës ; Àgimont, Rochefort, La Tour, Salm.
Prëuôtés.' Arlon, Bastogne, Durbuy, Etalle, La Roche, IlIarche, 0rchimont,
-
Saint-ùlarc, Yirton. Seigneu'ics.. Houffalize, Neufchâteau, etc. Îsyyss
- -
Jranches.' Bertrix, Masbourg, Nassogne, etc. possession de Saint-llubert
- La
était disputée au Luxembourg par le Brabant, les princes-évèques de Liége et Ia
France. Quant à la ville, elle se prétendait indépendante.
0rigine de la principauté.
- Yers 963, Sigefroid, seigneur
d'une glantle partie tlu pays correspotldant au Luxembourg
âctuel, âcheta, de I'abbaye Saint-Maximiu à Trèves; un château
fort bâti sur I'Alzette, le restâura, I'agrantlit. Dans le voisinage,
s'élevèrent bientôt des habitations nombreuses : ce fut la ville
de Luxembourg, qui donna son nom aux possessions de
Sigefroid.
De même que les comtes de Namur, les comtes de Luxem-
bourg ne jouent qu'rll rôle sans importance jusqu'au règue de
Henri I'Aveugle.
TErrps HrsToRIouES. pÉRroDE FÉODALE {69
-
Pninclpauté de Llége (698-{09{).
(4) Alleu, fie.f, tenw'e ou ceflstl,e exprimeient les titres différents des
alleutiers, des possesseurs de simples fiefs, dæ colorrs ou des selfs, sur la
propriété foncière.
(9 ) À raison de la redevance due par le détenteur de la tenure. De là le
Ierme censter (fermier ) et ccnse (ferme), encore usités.
(3) Bn.urs, Essai sur les clusæs rurales, page 67.
TEMPS HISTORIOUES. _ PÉRIODE FÉODÂLE 17S
puissant personnage. Son toit est muni de créneaux, scs angles sout
forti{iés de tourelles. A I'intérieur, une grande salle la seule qui
possède une cheminée
-
et, tout autour, de petits appartements. tes
-
fenètres manquent de vitres : on lcs ferme de rideaux d'étoft'e et de
volcts de bois.
Bn certains quartiers, les artisans d'un même méticr dominent :
ils donnent leur nom à la rue dans laquelle ils exercent leur pro-
fession. C'est la rue des brassetn"s, celle des tfl,nnetff.s, celle des
tisssrands ou des fou.lons, etc. D'habitude, chaque marchand vend lcs
produits de sa propre industrie. Installant son atelier au rez-de-
chaussée, il travrille sous les yeux du public. Sa famille demeure à
I'ctage quin d'ordinaire, s'avallcc cn dchors sur le rez-de-chaussée,
rétrécissant, ainsi la rue. Au-dessus cle la porte d'eutrée, unc enseigne
parlante, soutenue pâr ulre barre de fer, renseigne les passants sur
Ja nature de son commerce et de son métier.
Non loiu de ces quartiers, ou merne tout. à côté, des maisons en
bois ou en torclris, couvertes de chaume, parfois précédées d'une
cour, pourvues de jardins etde velgers, folrnent, au cæur de la ville,
de vér'itablcs fermes. La plupart n'ont ni caves ni grenicrs; aucurrc
ne possùde de vitlcs ni de cheminées.
Dans la rue ou dans Ia cour, s'ébattent en pleine liberté, sur les
tas de fumicr ou dans les trous à purin, des poules, dcs oies, des
canards, des porcs, etc. Tout Ie monde se sert de la rue à son aise :
le boucher y tue ses bêtes, Ie voiturier y abandonne sa eharrette; les
artisans y déposent leurs iustruments de travail : on la croirait faite,
rlon pour le public en géuéral, n"ulis pour I'usage exclusif de ses
habitants. Toutes les rues sont ilrégulières, larges ici, étroites plus
Ioin, sinueuses toujours; I'alignement des maisons est une chose à
laquelle on tre songc point. 0n ignore lussi I'usage dcs numéros.
Rarement on pave les rues; jamris on ne lcs entretient : Ies égouts
,v courent'à découvert. Dn temps de pluie, de grandes flaques d'eau
'les coupent à chaque pas dans toute lcur largeur. Parfois, la boue
abonde au point de rendre la circulation impossible. Alors, pour
permettre I'usage de la voie publique, on étcnd dc la paille devant
,les portes. Se prépare-t-on à recevoir le prince ou quelque grand
persorutage, le magistrat est obligé de prendre des mesures sévères
pour assurer I'enlèvement des tas de fumier et le nettoyage des
rues; parfois, il cloit firire décrocher les corps des pentlus, oubliés
aux fourclres patibulaires.
0n ne connaît pas l'éclairage artiliciel. Par les nuits srns lune, la
TEIIpS HrSTORrQUES. rrtiRr0DE FÉODALE 177
plongée dans une profonde obscurité.
'ille.rcste arors, res rues un
peu écartees deviennent de vraig coup€-gorge,
oir les voreurs et les
assassins trou'ent un champ }ibre pour
reurs exploits. Il y a bicn le
guet, chargé de fair"e des rondes de
mais on ne Ie redoute
guère. Rosser le gu,et est même u'fitre'uit,
de gloire pour les étudialts
et pour les nobles.
Bref, les villes du moyen âge, fort pittoresques
d'ailreurs, n,ont
rien soupçonné des choses ntcessaires pour assurer
une bon'e
hygiène pulllique, Ie confort dcs particuriers
et ra sécurité des
citoyens.
TITRE IV
.t ,l 'g i
- deII Flaudre,
Exposé du système féodaf. n'y a tl'abortl e'Belgique ll , ,/l' '{, '(
que deux grantls fiefs : le comté qui tlépend ae ta
France, le
tluché tle Lotharingie qui relève de l,Allemagne.
Plus tartl, la Lothari,gie se divise, comme nous I'avons
vu, et
I'on y distingue six fiefs pr.incipaux : le tluché tle Brabant,
qui
comprend le marq'isat tl'Anvers, le tluché tle Limbourg,
les
comtés de Hai'aut, de i\anrur et tle Luxembourg et l'évêché
tle Liége. Quant aux fiefs de seco'd, tle troisième et même tle
quatrième ordre, ils se multiplient à I'i'fi.i. Le tluché
de
Lothalingie, par exemple, {ief direct tle I'errrpire, se subdivise
en principautés secondaires; celles-ci en comtés tle deuxième
ou tle troisième ordre; les comtés en simples seigneuries Ies
;
seigueuries en terres nobles, ces dernières enfin, en colonies
et
en terres de serfs ou terres roturières ( I ).
..
sentant leur faiblesse, ils préfèrent s'inféoder à des dynastes plus puissan{,s,
ainsi avaient fait autrefois les simples hommes libres eri avournt leur terre à
Y. ilIirguet.
- Histoire des Belges. t2
178 HIsToIRE DEs BELGES ET DE IEUR cIuLIsÀTIoN
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t82 HISToInE DEs BELGES ET DE tEUn clrILISATloN
rÉservées aux personnes seules, mais que les villes, les bourgs,
Ies villages I'exercent ou la subissent également.
Variété des fiefs. L'une des caractéristiques de la féodalité
-
est de transformer toute terre, toute propriété, toute chatge ou
fonction (tout office), en un mot tout dtoit quelconque, ell ul]
fief héréditaire ({ ). Àinsi, ou détient en fief une seigneurie, un
château, un immeuble quelconque; un office (2)de judicature,
(une place de juge ou d'avoué par exemple); un office adrni-
nistratif (une charge tl'intendant, la garde d'un château); un
office domestique (une charge de maître tl'hôtel, de chambellan);
certains droits (le droit de chasse ou de pêche, celui de perce-
voir un péage sur une rivière, un pont, uue route, etc. ); une
rente sur le trésor public (les grands paient leurs serviteurs eu
Ieur donnant à fief I'un ou I'autre revenu). Le poste même de
bouffon du prince peut être donné à {ief (de là I'expressiort, fott'
fueff\; etc.
Gouvernement central. Le souverain, r'oi de France ou
-
empereur d'Allemagne, exerce I'autorité dans les grands fiefs
belges parl'intermédiaire d'un duc, d'ttn comte, d'un évêque, etc.,
qui lui doivent le service militaire et les autres obligations
r'ésultant du vasselage. Il
reçoit I'hommage de ses Yassarlx
directs, garantit les lois et les chartes données par les ducs et
les comtes, au besoin fait respecter la paix publique.
Lorsque la Lotharingie passe définitivement sous la suzeraineté
de I'Allemagne, les obligations des seigneurs lotharingiens
vis-ri-vis de I'ernpereur deviennent â peu près nulles. n'eu Il
({) n Les éléments mêmes les plus étrangers à ce système, Ies communes,
la royauté, furent contraints de s'y accommoder; les églises devinrent suzeraines
et vassales, les villes eurent des seigneurs et des vassaux, la royauté se caclta
sous la suzeraineté. Toutes choses furent données en lïef; non seulement les
terres, rnais cerlains droils, le droit de coupe dans les forêts, le droit cle pêche;
les é6lises donnèrent en lief leur casuel, lcs revenu.s des baptêmes, les
relevailles des femmes en couches. 0n donna en {ief tle I'eau, de I'argent. u
Gulzol, Ilisto[re de la ClL,ilisution.
(9) De là I'expression, hérëclité tlcsJiefs et des ofices.
F<
q)
a)
,,84 Hrsrolnn DEs BELcEs ET DE LEUR ctvrLISATroN
f{) Déià les villes possètlent un tribunal des êchevins chargé de gérer les
*--igi-poutLET, et de rônilre la justice aux habitants'
afàiies tôcales
Histoire politiqircintenrc dela Belgitlu-e, page {7'
t5i ù;il;né au disirict qui s'étendait autour de Bruges'
186 HrsrorRn DES BErcEs ET DE LEUn crvnrsATroN
par lo cha'
(4 ) Conlrairemett au principe de l'élection par les moines ou
pitre.
{88 nrsrornp DES BELGES ET DE LEUR ctvILIsÀt'IoN
. ({) Dg aubain-, é.tranger. Le serf aubain devenait le serf d'un seigneur sur les
terres duquel il arait séjourné pendant un an et un jour. iubahte por;t
le seigneur, car il y avait avantage à posséder un granâ nombre tle sàrfs.
aujourd'hui, on dit encore, pour- signilier une cÈose avantageuse : c'est
une bonne aubaine.
TEMPS HTSTONIOUES. PÉRIODE I"ÉODÀIE I9'T
-
profit, tles revenus de son pupille. A ce droit s'ajoute celui de
mariuge. Le suzerain peut présenter à I'orpheline, helitière 6l'un
fief, tleux ou plusieurs prètendants entre lesquels elle dOit
choisir. Toutefois, il est ordirrairement loisible à Ia jeune
Iille de raclteter cette charge, que justifie I'obligatiou du service
militaire dt par le vassal.
5o Le clroit enclusif de cltasse et de ytêche. Le droit tle
chasse, dont les nobles sont particulièrement jaloux, cause
le plus grantl tort aux campâgnes. Souvent les moissons se
voient piétinées comme à plaisir par les chasseurs et leurs
meutes, ou dévastées prr Ie gibier avant leur maturité.
6o Le d,roit ile garentte. Il permet aux seigneurs d'approplier
une certaine étendue de terle ou de forêt pour y élever du
gibier et particulièrement des lapius.
7o Le d,roit de colomltier. Les nobles pertvent, êlever à pro-
ximité du c,hâteau, une tour destinée à servir de refuge à leurs
pigeons.
Pigeols et lapils vivent aux tlépe1s des récoltes, consé-
quemment sans frais pour le châtelain, mais au grând dommage
des pauvres serfs, obligés rJ'assister impuissants au raYage de
leurs denrées encore sur Pied.
La chevalerie. Après Charlemagne, les hotnmes d'armes
-
seuls demeurent véritablement libres. Quiconque ne veut pas
servir daus I'armée ou ne possède pas les moyens de s'équiper,
ne tarde pas à tomber en servitude. Or, les hommes d'armes
combattent invariablement à cheval : tl'otr le nom de clrcaaliers
donné à ceux d'entre eux qui I'ont mérité, soit pal de hauts faits
d'armes accomplis sur les champs cle bataille, sgit par un
certain temps de loyal sel'vice en qualité de valet ou écuyer ({')
chez quelque baron ami tle leul père et chevalier lui-mêrne.
({) Il êtait ainsi appelé parce qu'il portait, ortlinairement I'dcu ou bouclier du
chevalier son maitre.
TEITPS rrrsTonr0ulis. pÉnr0DE !.ÉoDÂLE ,t93
-
La cérérnonie d'initiation est d':rbold très simple. Le parrairr
dc I'aspirant-chevalier remet à celui-ci tles armes, lui assène
ensuite sur la nuque un vigourellx coup de poirrg et les rites se
trouvent accomplis. Le nouveau chevalier saute alors eu selle,
puis, après avoir fourni un ternps tle galop, montre son habileté
ri I'exercice de la quintaine (i).
Plns tard, au ..irrru siècle, des cérérnonies syrnboliques et
religieuses remplacent les cérémonies sommaires des premiers
ternps de la chevalerie. L'aspirant-chevalier doit, en outre,
s'engaser par un serment solennel à protéger la veuve et
I'orpheliu et à ne jamais rieu rlire ni rien faire d'opposé aux
principes de la religion chrétienne. Au xv" siècle, on entourera
de plus de solennité encore la cérémonie d'initiation. souvent
clle sera l'occasiou de fêtes pompeuses.
Des serfs peuvent être annés chevaliers, mais, chose
curieuse, ils le perdent poiut pour cela lcur clualité de
serfs (9)
Lorsqu'un chevalier a dit ou fait des choses coutraires ii
I'honrreur, il peut être déclaré, ftilort, par. ses pairs..Dans les cas
tfès graves, il est publiquernent dégradé. Après l'avoir. fait
rnonter sul' nlr échafaud, cln brise ses armes et on en foule aux
pietls lcs déblis. son écu est noilci, rttaché à la queue d'une
jurnenl et traîné dans la boue. En rnême temps tles hérauts,
I'lccablaut d'anathèmes, proclament à haute voix son crirne et
son infamie. 0n lui lave eusuite la tête à l'eau chaude comme
pour en effacer le car.aclère samé de I'initittion. Enfin, Ie
,croupable est traîné sul la claie jusqu'à l'église oir I'on récite
sur lui la prière des mor.ts.
I-,ongtemps, les chevaliers demeulent ignorants, grossiers,
(4) Àttouer son domaine, c'est, pour un alleutier, homme frttnc et libre,
redréttre sa lerre entre les mains d'utt seigneur. L'hOmme srns a.reu cst celui
qui n'apasde seigneur. ll n'est pas seulement hors la loi, mais hors de la
société.
{96 Itrsrornn DES BELcES Et DE IEUR crvrLISATroN
moins dur. Mais ils devienneut les plus rnallleureux tle tous
lolsqu'ils dépeudcnt à la fois de leur église et rl'un seigueur
laïc. Eu effet, dans ce cas, ils doivent satisfaire de deux côtés
aux corvées et aux taxes (l).
D) Lus srnr.'s DE conps, les noinslibles de tous. Ils sont
attachés à la personne du seigneul auquel ils appartiennent
cor'ps et biens. Leur rnaître peut en tlisposer' à sa volonté, non
pourtant les tuer ni les vendre. IIs doivcnt tout leul tenps et
tout leur travail li leul seigneur qrri, de son côté est ceusé
pourvoir â tous leuls besoins (9).
c) l.,ns sERFS .,r. l,r clunn. Les serfs à la glèbe sont la
propriété, la chose du seigneLu' suf la telre duquel ils ont vu le
jour, oir ils vivent, oir ils doivent rnourir. L'arbre ne tient pas
plrrs au sol dans lcquel il plonge ses racinesqu'un serf ne tient
à la telre de son rnaître. D'où vient qu'on le dit attnché ù Iu
glèbe (3). Eu cas dc partage ou de vente de la terre, ou ell
distribue, ou en ventl les serfs aussi bien que les arbres des
vergers ou des for'èts.
Les serfs sont sournis aux droits de potrrsu,ite, de mariage,
ùe [ornmriage.; iis sont ntainnnrtables, coruéable.s, taillsbles.
Lorsqrre le serf, ne pouvaut supporter sa misèr.e, s'enfuit du
tlomaine de son seigneur', celui-ci a le droit ùe pou'su,ife, c'est-à-
dile qu'il peut lc poursuivle et le forcer à r.evenir habiter sa
terre.
Le serf ne peut se marier sans I'autorisation tle son seigneur.
Poul I'obtenir, il tloit pâyer un tlroit rJe ntariage, augmenté du
rlroit tle formuriage, si la sert'e qu'il épouse est étrangère à la
scigneurie
(4,) Lëgende, Lorsqu'un serf est mort, on lui coupe la main droite, on Ia
porte au seigneur. Dès ce moment, comme elle ne peut plus rien tenir, ni la
terre ni les autres biens dont le serf a joui dc son vivant., comme elle est une
tnain nnrte, tous les biens du serf tléfunt devienncnt I'héritage tlu sei-
gneur.
(ù) Catet de cheptel, terme de jurisprudence ancienne pour désigner un effet
mobilier considéré lictivement comme tel. 0n raconte qu'Adalbéron, évèque
de Liége, entendit un jour une pauvre femme, dont le mari venait de mourir,
se lamenler parce qu'on avait etrlevé sa charrue. L'évôque aurait alors sup-
primê le droit de main morte dans tout le pays de Liége \1124), titre rJe
gloire qui lui est contesté toutefois (Yoir WourERs, Lirertés communules,
page 394, tome I).
(3) Ce travail gratuit du serf portait, le nom de coruée.
(a) La laille é[ait ainsi nommée parce qu'on n'en donnait pas de reçu. mais
quten certains cas, le pelcepteur faisait, ilmême hauteur, une entaille sup deux
morceaux de boir dont il remettait I'un au serf et conservait l'autre.
"{98 HrsToInE DEs nELcEs ET DE LEUn cIvILIsarIoN
TITRE V
Institutions judiciaines.
Droit des gens. Au rnoyen âge, les progrès tlu droit
-
international ne sontguère plusapparents qu'à l'époque franque.
Le nom d'étranger n'a pas cessé d'être synonyme tl'ennemi.
C'est au poi't que le droit d'épave, c'est-à-dire le droit de
s'approprier les débris d'un navire naufr.agé reste toujours pour
un grantl nombre de seigneurs du littoral, une imporlante
source de reveuus. a J'ai Ià, disait I'un d'eux, parlant d'urr
rocher où souvent des navires venaient se briser, une pierre.
plus précieuse qu'aucune tle celles qui ornent la couronne des
rois. l
La guerre, à cette époque, ne se fait pas seulement aux
TE}IPS HISTONIOUES. PÉRIODE FÉODALE 9OT
-
soltlats, colnme aujourd'hui, mais â la population tout entière,
aux fernrnes colnme aux hommes, aux eufants et aux vieillartls-
Lorsqu'on prentl une ville, 0n la pille d'abord et 0n en
mâssâcre tous les habitants ; ou Ia brtle ensuite. Aucune
propriété n'est respectée. On iucendie les habitations ; ol]
détluit les semerlces; on brûle les récoltes ; on coupe les
arbles; 0n empoisoune les sources, les puits, les livières.
Si I'ou ne peut emmener tout le bétail, or er abat utte pârtie
sur place. Presque invariablement,.les guerres se termirtent
par la ruine et I'extermination des vaincus.
Les effets désastreux de I'absence d'une législation sut' le
tlroit des gens sout rendus plus sensibles encole par la multi-
plicité des guerres privées, si nombreuses au moyen âge,
Fehtes 0u guerres privées.
- Dans les temps de désortlre
et tle confttsion, lorsqu'il n'existe rti gouvernement recottuu, ni
justice publique, le tlroit de vettgeance personnelle et les
guerues pr.ivées constitttent une solte de justice. Quancl auculle
autorité u'est capable tle faile respecter le droit, force est bien
à chacun de preutlre les mesures utiles pour sa défense. 0r, à
l'époque de la féodalité, il
n'existe pns de justice sociale
régulière :
le tlouble et I'anarchie règuent partout. Àussi ce
temps est-il, par excellence, l'époque tles guerres privées, de
toules les plus terribles et les plus atroces, car, tlaus les
grandes guel'res de peuple à peuple, les adversaires tléfendant
des intérèts moins immétliats, appoltent tlans la lutte bien
moiris de haine et tle passion.
Une guerre privée. Guerre cle Ia Vache (1272-'1274).
- -en,
Reportons-Ilgtls, par Ia pettsée, à six siècles en art'ière,
I'an {2?2 (l ).
(a). Ne pas confondre donc la tréae de Dieu avec la pafu deDæ2. celle_ci
antérieure â celle-là qui subsista plus longtemps et frit u,, iulnpïrrment est
de la
seconde.
TEITPS IIISTORIOUES. PÉRIODE FÉODÀLE 205
-
vendredi de chaque scmaine au dirnanche inclLrsivemenf ; go du
premier dimanche tle I'Avent (période destinée à se prôparer.
. aux fètes de Noël e[ comprenaut les quatre dimrnches antérieuls
par de simples bénéficiers. Ces collrs tle justice jugent les grands
seigneurs et les carses relatives aux biens allodiaux ou
féodaux. Mais leur autorité n'est pas toujours respectée; et
il arrive que les plus puissants d'entre les barons, refusent
de se soumettle aux sentetlces défavorables à leurs préten-
tions.
Les cours de justice des comtes et celles des grands feuda-
taires qui se sont arrogé les attributions des cgmtes, sont
organisées sur le plan de celles du roi. Ils appellent à y siéger '
({) tes seigneurs hauts-jusficiers furent peu nombreux en Belgique oir les
grands dynastes se réservèrent presque toujours I'exercice de la haute justice.
(9) DEFACQz, Ancien droit Belgique. Tome {er, p. 43.
V. Mirguet, - Histoire des Belges. l4
2{0 HrsroIRE DEs BBLGES Er DE LEUR cIvlLISÀr'IoN
ôé
TITRE VI
tnstitutionb de bienfaisance.
TITRE VII .
Institutions financlènes.
Dans les domaines qul ne sont pas cles fiofs directs de la couronne,
il n'existcpas, âu moyen iige, d'impôts proprenent dits, perçus par
les souverains. llais si, dans les dornaines féodaux, Ies serl's nc
paient pas I'inipôt à I'Btat, leur. sort n'en c.et pas plus heureux.
N'ont-ils pas à payer la dîrne au clergé, le droit de champart et cerui
dc meillcur oatel, sinon de morte-main, aux seigneurs? Ne sont-irs pas
soumis ù uue multitude de tailles et de corvées? Écrasé sous ces
charges innombraltles autant c1n'itrbitraires, le peuplc est, aur
temps féodaux, plus miscrable qu'i\ aucune autre époquc dc I'his.
Ioire.
TElrrps HISTORIoUES. pÉnIoDE FÉI0DÂLE 9t3
-
TITRE VIII
lnstltutions mllltaiFes.
Becrutement des soldats.
- Il n'y a point d'armées pcrmanentcs
ir l'époque du hau[ mo.Yen âgc; I'obligatiou générale du servico
:lilitaire personnel potlr un temps et dans un l'ayon déterminés est
I'uue tlcs caractéristiques dc I'orgartisation féodale. En cas de guerre,
chaque prince, chaquc Seigneur, aclrCsse ull appel aux armes ut ban
Ct.tl'arrière-ltan, de ses Yassilux, c'est-à-dire à ses Vassilux directs et
à ses arrière-vassaux : a Arrivgz ou vous brtlerai >, fait aluloncel'
lC seigneur par crf pu,ltlic, clans lcs rues, les carrefours et les cam-
pagnes. Une seconde somtnation a lieu au Son du cor. Chacun est
tenu de répondre a cet appel. Quicorlque y mirllque est, déclaré félon.
De bourte hcure, cependûllt, les ltorttmes libres de la cantpagne .s(l
soumettent à payer un cens ou des prestations pour éviter le service
militaire (l).
- 01 ne prévoit riel
Approvisionnement des armées. pour I'appro-
visiOnnement des armées; chacun s'équipe, s'ârme, s'cntretient ir
ses frais. Les troupes en campagne rivent du pillage des contrées
qu'ellcs occupent : aussi la gucre a-t-elle toujotrrs pour collséquenc(t
là ruine, sinon I'anéantissemen[ des populations. C'est surtout fautc
cl'intendance e[ d'ttmbulrrttce que IeS croisades échouent. En proie
à la famine, atteiuts par les fièvres éruptives, la peste, la lèpre, les
croiséS malades ou blessés, privés cle soins, périsscnt par milliers'
Le château féodal. Pour forcer à I'obéissarrce le peuple des cam'
pagnes et pour se
-cléfendre contre leurs enncmis, les barons se
tririissent des châteaux construits cle façon à en rendre I'attaque et
Ia prise dilliciles. 0D appela ces cltirteaux des châ'teaun forts.
ie seigneur chgisit nflturellcilrcnt, pour bâtir son chitteau, un lieu
propicc à l. déftn*u. C'est, tl'ordinaire, un rocher escarpé' couronllant
une-moutagne. Dàns le fold de la vallée, coule presque toujours utt
ruisSeau ou ulle rivière. Souvent, I'un des revers de la montagne est
à pic. Le long de I'autle r'ègne url fossé profond que remplit I'earr
de la rivière.
Grâce aux avantages d'unc tcllc situation, le seigneur
peutr à
incliné, puis, à travet's les murs, percent une gâlerie par laquellc
les assiégeants pénètrent dans la place.
Lt mine est une galerie souterrairte ouverte, à une grande dis-
tance cles murailles, dans le cantp des assiégeants, Ignorée des
assiégés, elle conduit sous leurs foltifications. Lorsqu'on a
irvancé la girleric jusque sous les remparts, on l'ôlargit rapidement,
on l'étanq:onne au mo.ven de madriers, puis, après .avoir entouré les
(ltais de fagots et d'autres matièr:es inflammables,. on y met le feu.
Bientôt les défcnses cle la ville ou du chfrteau s'éctoulent avec fracas.
L'assiégeant entre alors dans la place par la brèche.
Le trtvail des mineurs estr seconflé pat I'action de macliines pro'
pres à opérer, les unes de près, les autres de loin.
Parmi les machirtes agissant de près, signalons les béliers.Ils se
composent d'utlc grosso et lourde poutre terminée pflr ulte tète dc
llélier., en fcr. Frappant à cogps redoublés le môme poiut d'une tour'
ou drune muraille, ils {inissent par l'ébranler (l). te bélier est
protégé par une chalpente de bois recouverte de peaux et cle terre
humide, quelquefois par une tour à étages. Il est ma1æuvré à bras
d'hommes ou monté sur loues.
Les appareils ma1æuvrant'de loin ont pour type la catapu,Ite, sol'tg
de frontle gigantesque à lfaide de laquelle.on lance des masses de
fer rougies au feu, cles quartiers de roche ou des }oulets de pierre
pesant jusqu'à 30 kilogramrnes. Comme le bélier, la oataptrlte de
eampagne est sourent montée sur des roues.
Il cxiste également cl'autres machirtes-frondes destinées à lancer
à 'la fois un grand uombredeballes demétal.
Les balistes sont dcs arcs d'une puissanee énorme. Elles lancenf
des tlaits aigus. cle dimensions extraordinaires, ayec assez de force
pour tr'.inspercer plusieurs hommes rangés en file.
Natulcllement, les assiégés.rendent I'approche de leur ville ou de
leur fortelesse le plus difficile possible. Ils minertt ou iuotrdent les
lieux par oir doivent passer les tours roulantes, nécessairement fort
lourtles. Lorsqtre les assaillartts sont à portée, les défenseurs d'utte
place vet'sent Sul' eux du plomb fondu, de I'huile ou de I'eau bouil-
iante, leur lanccnt d'énornres picrres pirr les mschicoulis ou les
accablent cle traits pâr les créucaux ct les arcltèreS de leut's mul'S.
Le feu grégeois (9), fort employé dalls les cotnbats au moycu âge,
1'ITRE IX
Sciences.
- Philosophie a monale. - Gnoyances
religieuses. Supenstitions populaines.
-
lf,athématiquss. Ver's le xto siècle, I'arithmétique des Arabesn
-
c'cst-à-clire leur système de numération, basé sur i'emploi du zéro'
succède aux précédents modcs de représcntation des nombres. Les
anciennes méthodes de calcul eu sont totalernertt bouleversées-
Auparavant, il fallait suivre, pour effectucr lcs calculs, des procétlÔs.
très longs que I'usage dcs chiffr'es rotnains compliquait encot'e-
L'cmploi du zéro (de I'arabe cifTon, vide, nul), jusque'là inconnu
rend des services dont I'importauce est facile à coucet'oir.
Sciences naturelles. Le noyen igc professe, en cettc matière.,
-
les idées les plus invraisemblables, les plus absurdes. Le lion,
rrflirment les savants, dort les yeux ouverts. AIin d'échapper aû
chasseur, il efface de sa queue la trace de ses pas. Poursuivi, le
porc-épic lauce ses piquants avec I'habileté d'un archcr. 0u croit à
I'existertce tl'animaux fantaStiques au uombre desquels on cite : la
Iicorne t1u'une jeune fille scule pcut apprivoiser; là, macreusc, 'oiseau
aquatiqnc, née de ccrtain fruit tonrbé à I'eau ; I'oiseuu'-serre' '.tvx
proportions énormes: I'agitation de I'itir produite par le mouvemcut
cle ses ailes peut arrêter un navire.
Les abeillæ, 'les fourtnfs, les aruignécs, les yapau,r./s, etc., sonf-
rartgés parmi les ucrs.
Tout aussi fantaisistes sont lcs notions scientiliques sur le$
propriétés cles plantes et cles mittôrattx. Le crktal est de I'eâu
solidilice sous I'action rles siècles. I'e saphir guér'it les u,Icères;
222 ursr'ornE DES BELGES ET IIE LEUR ctvILISÀTroN
(.{ ) c'est ainsi-que cherchant ltélixir de longue vie, on trouva Yulcoor clui
_^
d'abord est appelé eau-de-uie.
TEIIIPS HISTORIOUES. PÉRIODE }-IIODILE 923
-
prètres exorcisent les épileptiqucs, qu'on croiI possédés du
tlémon.
Hygiène.
- 0rl méconnaî[ les règles lcs plus élémentaires de
I'hygiène. Rarement nettoyées, les rues des villes s'empuatttissent
cl'odeurs insupportables. A la carnpagne, les clerneures des serfs, oir
d'habitude bôtes et gens habitent pêle.môle, forment, d'igrtoblcs et
malsirins taudis. Aussi les nraladies les plus terribles, aujourd'liui
disparues ou devertues anodines, clépeupleut alors ptiriodiquentcnt
des contrées entières.
Philosophie. Le mouvement intellectuel est très faible en Europe
-
avirnt le temps de la grande prospérité des communes. Jusqu'au
xrre siècle, la plrilosophie se réduit ù < un peti[ nombre d'aphorisntes
mal délinis > ('l ) et à d'aridcs spéculations. Bu Belgique, les étucles
abstraites se réfugient dans les écoles dcs cathédralcs et des monas-
tères, olr il ne se forme du reste aucun esprit véritablemettt supé-
lieur.
Morale.
- Les peuples sont profondément religieux au moyen irge;
mais leur moralité reste à un niveau très bas. C'es[ l'époque prr
excellence de la tyrannie de I'homme par I'homrne; l'époque oir
celui-ci se montre particulièrement cruel envers son semblable, où
les passions les plus violentes éclatent sans retenue et sans presque
produile de scandale.
0n rencontre, clans certains recueils de l'époque, des proverbes
dtls uttlgau,n eL nrcraaæ, déjil transmis sans doute par les siècles
antérieurs aux siècles d'alors, co.mmo ceux-ci nous les ont à leur
tour légués. Ils peuvent contribuel uéanmoins à donner une idée rle
l'état moral des populations au moyen irge. Citons-en quelques-ults :
Lo Ki donne tost, il donne deux fois.
- Ki 20plus
Itlieux vaut un tiens que deux tu I'auras.
a plus convoite.
-
Oignez villain, il vous
poindra; poignez villain, il vous oirtdra.
- Yillain affamé, demy
enragé. -
Villain enrichy, ne connaît pâs d'amis. (. Villain,
synonyme de poltron, lâche, curieux, badautl ). - 3" llesoin fait
vieille trotter. est roy entre aveugles. Ce n'est ltas
- Borgne
ortout ce qui luit. Dertouveau, tout est beau.
-Diligence passe
science.
- -
La plus méchante roue du char crie toujours. Tout
-
vrai n'est pas bon à dire.
-
travail est sain, disait la béguine. ïIais
êlle nc I'aimait pas.
-QuiLe donc était noble qurnd Adam bêchait
-
({) Llcnon, Scienca et lettres au moqen dge, Page &6.
224 Hrsrornp DEs BELcEs ET DE LEUR crvrlrsATroN
et qu'Ève lilait?
- Il n'est pas bon de manger des cerises avec les
seigneurs. Est, ouest; mieux vaut le logis.
-
Vins vieux, amis vieux et or vieux
. Sont aimés cn tous lieux.
< Nul doute, dit Lacroix, que le proverbe ne ftlt autrefois I'accom-
pagnement iudispensable du langage usucl, qui lui devait ainsi une
allure plus familière e[ un tour plus original. Le proverbe, qui
repr'ésentait I'opinion commune et en quelque sorte universelle,
revenai[ à chaque instant, comme un rcfrain, animer le discours,
en uccentuant d'une manière tout imprér'ue la pensée personnelle de
I'interlocuteur. La plupart des proverbes étaicnt sortis, originaire-
rnent, de la bouche tlu peuple, mais on les rctrouvait dans celle des
nobles et des bourgeois. >
Croyances religieuses.
- La t'eligion chrétiennc catholique est, au
rno)'cu âge, la seule pratiquée en Belgique où I'autorité de I'Eglise
est incontestée.
Le culte des saiuts, celui de la Vierge lllarie surtout, sont en grand
honneur au mol'erl ûge. Les restcs de siiints ou reliques ( ossements,
vètements et autres objets leur ayant appartenu ) sonI précieusement
recueillis. De nombreux miracles leur sont attribués.
Superstitions populaires.
- Ort peut rapporter à cinq catégolies les
croyances et les superstitiorts populaires qui ont cours dans ces
siècles de ténèbres ttésignés sous lc nonf de féodalité.
'croyance
{o La aux esprits. Les religions anciennes avaient légué,
-
aux générations du mo)'en irge, la croyance à des ôtres suruaturels
divers, souvenirs des divinités abandonnées. Aussi, à cette époc1ue,
la croyance aux esprits, ftes, ondines eL sylphes, gnanes et, lu,lins,
lbtlets eL reuenwtts es[ gelérale. Les fées, esplits généralement l;ons,
présidentauxévénements impoltants cle la vie. Des pirlais mervcillcux,
trillés dans le saphir et le diamant, sont leur résideuce orrlinaire. Li-r
séduisantc beauté de,s ondines leur attire des ndorateurs en grand
nombre. Âprès lcs avoir séduits, elles les précipitent perlidernent dans
les eirux de quelque lac ou de quelque rivière. Les sylplr,es se distin-
guent par leur douceur et leurs goûts cltampôtrcs. Âu contraire, les
gnomes sont méchants et cruels; ils habitent l'intérieur de la ten'e odr
ils gardent ayec un soin jaloux les mines d'argent, d'or et de diamant.
Les lu,tins, petits esprits légers, malicicux et taquins, se plaisent
ù faire des nicltes. Les esprits follets s'al,tachent aux membres d'une
famille pour leur être utiles ou pour les ipersécuter. Les feuæ-follets
TE]IPS HISTORIOUES. _ PIIRIODE FÉODÀLE 225
sont des lumièrcs guidant des âmes en peine. Si un voJageur égaré
a I'imprudence de les suivre, il va iuévitablement se perdre dans un
marais.
Les reuenanls sont les âmes de personnes défuntes. Elles revien-
nertt sur la terre pour troubler le sommeil de certains coupables,
ou poul accomplir quelque autre mission réparatrice.
2u La moyance aux sorciers. -- il
est généralement admis que Ie
diable entretient commerce avec certains hommcs. Pour conquérir
des âmes, il fait, dit-on, des pactes avec eux. ll
bâtit des châteaux
en des lieux inaccessibles ou jette des ponts sur des abîmes. De
là, les Ponts-du,-Diable qtli existent en de nombreux endroits. Par-
fois le Malin est dupé, dans ses marchés, par I'un ou I'autre saint
ou par quelque madré compère, et il se trouve ne recueillir, comme
fruit de ses artilices, que l'âme d'un chien ou d'un animal immonde.
Les sorci,ers, renient leur baptême, vendent leur âme au Maudit.
En échange, ils reçoivent le pouvoir d'évoquer les.morts ou Satan
lui-même et celui de provoquer toute espèce de calamités, particu-
lières ou publiques. 0n leur attribue le pouvoir de jeter des sorts aux
ger$, aux bètes, aux denrées. Un enfant vient-il à mourir, on accuse
un tel, sorcier dans le pays, de lui avoir jeté uu mauvais sort. C'est
par suite d'un sort aussi qu'une génisse esl morte, qu'un cheval est
malade, que la récolte d'un champ a manqué.
A volonté, les sorciers peuvent prendre une forme quelconque.
Par exemple, les loups-garou,s sont des solciers transformés en
loups : sous cette forme, ils dévorent les enfauts, et, la nuit, font, à
travers les campagnes, des courses fantastiques.
Les deuins, autre espèce de sorciers, prédisent I'avenir, découvrent
les coupables, trouvent les sources cachées, les trésors et les objets
égarés. Pour y réussir, ils se servent de cartes ou d'une baguette de
coudrier. Celle-ci, une pousse de I'année, coupée le premier
mercredi de la lune, entre onze heures et minuit, doit avoir été
bénite et conjurée sous des paroles rnagiques. Pour s'en servir
utilement, on la fait, tourner, posée sur les deux index, en rappro
chant et en éloignant tour à tour ces doigts. Par la direction prise,
elle indique le côté vers lequel il faut diriger les recherches. Ties
devins expliquent aussi les songes. Se voir eu rêve, la chevelure
aborrdante et bien frisée, signifie ntccès et riclrcsse; se Ia voir
en désordre, annonce'l'issue défavorable d'une entreprise.
Pour découvrir des choses cachées ou 'mystérieuses, lës sorciers
rs
Y. Mirzuet. - Histoire des Belges,
926 HISToIRE DEs BELGnS ET DE LEUR cIvILISATIoN
recette pour faire apparaître une bande de démons est un peu plus
compliquée. Elle réclame un mélange de coriandre, de persil et de
ciguë, arrosé d'un liquide dans lequel on fait dissoudre des extraits
depauotnoir,dejusquiante et de quelques autres plantes vénéneuses.
0n brrile ce mélange, et la bande infernale ne tarde pas à paraître.
Les philtres inspirent, suivartt les cas, la haine ou I'amour. Dans
leur composition, il entre un mélange d'aimant, de rognures
d'ongles, de sang humaitt, d'un peu de poudre de cantharide, de
belladone, de stramoine ou de jusquiame. Souvent, ces philtres
produisent des effets réels, occasionnant des rêves insensés ou des
hallucinations. Le sorcier n'assista jamais au sabbat qu'en songe,
après avoir absorbé I'une ou I'autre substance propre à procurer le
rève.
4o La foi aux légendes. Parmi les légendes du moyen âge, on cite
surtout celles d'Ahasuérts ou du Jtr;i,f-Enant, du Prêtre Jean,
du Dragon, la croyance à la fin du monde pour I'an mi,lle, etc.
Le Juif Ahasaé,ru,s vivait à l'époque du Christ. Au moment oir ce
dernier marchait au supplice, il
lui avait défendu de se reposer
devant sa porte; il I'avait même frappé bien fort, lui disant : << Va
donc plus vite ! Pourquoi t'arrêtes-tu ? > 0r Jésus, le regardant,
lui avait reparti : < Je vais; mais toi, tu attendlas que je revienne ! >
Sans jamais s'arrêter depuis lors, Ahasvérus marche, la poche
toujours garnie de cinq sous, jamais plus, jamais moins; revenant à
l'âge de 30 ans aussitôt après avoir atteint sa centième année, obligé
d'attendre le retour du Christ jusqu'à la consommation des siècles.
La légende du, Dragon est fort répandue. 0n se représente cc
monstre fabuleux sous la forme d'un reptile ailé, armé de griffes aiguës,
le dos hérissé de pointes et vomissant des flammes ou des odeurs
empestées. I-ln ange, un saint, un glorieux chevalier engagent avec
lui un combat dont ils sortent vainqueurs ( {. ).
Dans le pays dcs Indes, oir règne le roi Jean, on voit les choses
l'cs plus étranges et les plus extraordinaires : des chevaux verts
avecdes colnes,des arbres qui parlent ou qui versent des larmes,etc.
Yers I'an ntille, la croyance à la prochaine lin du monde jette une
profonde perturbation dans le monde chrétien. 0n voit des Anté-
christs partout. 8t Jnn avait écrit dans I'Apocalypse : << Au bout de
mille ans, Satln sortira de sa prison et réduira les peuples qui sont
TITRE X
Lettnes.
Langues. Le nord et le sud du pays conservent chacun leur
-
langage. Dans le nord, on continue à parler la langue germanique,
Ie wallon restan[ la langue dominante dans le sud. Toutefois, Ies
deux régions entretiennent de bons rapports et la question des
langues ne paraît pas les avoir jamais divisées. Du moins, ott
n'aperçoit dans I'histoire du duché brabançon, ni dans celle de la
principauté de Liége, composés pourtant I'un et I'autre d'uttc
TITRE XI
Instnuction publique.
L'enseignement populaire es[ très négligé ou n'existe pas du rxo au
xure siècle. Longtemps, les enfants du peuple se destinarrt au sacer-
--({) 0n_ donne l-e nom de langues romaneE oa néo-Iatincs, aux langues
tlérivées du latin. Ce sont : le français, le prouençal, I'italien, l,espagnol-el le
ltortugais..ces langues ne sontguère que du latin défiguré par àes pronon.
ciations différentes.
(2) te midi d-e la France a produit les premiers ; le nord tle ce pays et la
partie wallone de Ia BelgicJue, les seconds I les minnesangers sont pâr[iculiers
à Ia région néerlandaise.
. (3).Eginhard, élève d'alcuin, tlevint Ie secrétaire de charremag:ne dont il
écrivit aussi la vie. Né en 771, il mourut en 844.
TE}IPS HISTONIOUES. _ PÉNIODE TÉODAIE 23{
doce sont les seuls à reeevoir quelque instruction. Jusqu'au
commencement du xtve siècle, Bruxelles ne possédera que deux
écoles primaires. Pour en obtenir davantage, il faudra presque une
émeute cle la populatiou. Cd fait nous révèle combien était peu
répandue I'instruction populalre en Belgique, au moyen âge.
L'enseignement secondaire n'est pas non plus très brillant.
Cependant l'école épiscopale de Tourrtai jouit, au xe siècle, de
quelque réputation. Eracle, le prédécesseur de Notger, crée à Liége
plusieurs êcoles publiques. Voulant suppléer au petit nombre des
maît,res, il cliarge, dans chaque école, les élèvcs les plus avancés
d'enseigner aux autres. C'est, dès ce temps reculô, I'application du
mode mutuel dont la vogue sera un moment si grande en ^tngleterre
et en France, au commencement du xtx' siècle. Sous Nofger' les
écoles de la principautê acquièrent quelque valeur e[ prennent de
I'importance. Celles des monastères de Stavelot, de Saint-Hubert, de
Saint-Trond, de Gembloux, mais surtout celles de Liége, onl une
bonne réputltiou, même à l'ôtranger. Aussi le règnc de Notger
rnér'ite-t-il d'ètre appelé l'âge d'or de notre pays.
Une distinction est établie par ce sage prilce'entre le programme
des écoles destinées à recevoir les clercs ct celui des écoles ou
I'enseignement est donné aux laïcs. Désormais, ces derniers regoi'
yent uD enseigllemett en rapport avec leur âge, leur conditiou et leur
futur état dans le monrle.
Sous le règne de 'fVason, les écoles cle la ville attirent à Liége'
des jeunes gens de tous les pays et la cité de Notger est surnommée
par les étrangers l'Athènes dtt' Nord, tandis que I'Eglise de Liége
reçoit le surnom glorieux de nourrice dæ Beau'*'Arts.
Toutefois il n'existe point en uotre pays, à cctte époque, d'école
spéciale pour les hautes études.
TITRE XII
Beaux-ants.
({) Il faut pricipalement chercher dans la forme des pilicrs ou colonnes, des
portes et des fenètres, les earactères architecturaux des monuments.
Les colonnes peuvent généralement se rapporler à trois ordres princi-
paux : l'ordre dorique, le plus simple de tous, qui se distingue surtout par le
boun'elet de son chaltiteau; I'ordre ionique, remarquable pâr sa uolute, el,
l'ordre corlnthien, reconnaissable à la disposition de son chapiteau en corbeille
defeuilles d'acanthe. Un quatrième ordre, l'ord,rc composite, résulte de la combi-
naison des deux derniers.
rEtrps Hrsr0nrouEs.
-
pÉnr0DE }'ÉODÀLE 933
TITRE XIII
Bégime économique.
({) Qui n'a peut-ôtre pas réellement existé, ainsi que nous I'avons dit déjà.
(i) Le est le semage qui se fait en mars' particulièrement de
?narsa.ge
I'ai.oine et des petites graines pour fourrages. 0n donne le nom de aersaine
aux terres laissées en friche une ou plusieurs années.
936 Hrsrornr DEs BELGEs ET DE tEUn cIvttrsATIoN
lf,onnaies.
- L'usage commercial des lingots d'or et d'argent se
maintient pendant toute l'époque féodale. 0n les donne au poids en
échange des marchandises; I'argent monnayé est réservé au com-
merce de détail. Charlemagne s'était réservé le privilège de la fabri-
cation des monnaies. Par la suite, ce privilège devient celui de tous
les grands seigneurs,'des évèques et des abbés.
Généralement on désigne les monnaies par des uoms tirés de leurs
empreintes. Le sou d'or marqué d'une couroune, s'appelle commu-
nément clurlnne d'or. Sur I'une des faces de la pièce de monnaie
connue sous le \om d'éctt, se trouvs la ligure cl'un écu, ou bou,clier,
Des raisons lnalogucs expliqucnt les noms de ulie.ger ou uolant, de
mouton, ange, Iion ou griffon, lottis, carolu,.s, ridder, etc. donnés à
d'autres pièces de monnaie. De nos jours, ne dit-on pâs encore, dans
Ies campagnes, un napolcon et, dans certaine société. un loais, pour
signilier une pièce de vingt francs?
Voies de communicalion.
- Les routes sont un puissant facteur du
progrès, un des instruments les plus assurés de civilisation. En
permettant I'usage des voitures, elles réduisent cousidérablement la
somme de travail nécessaire àl'homme poureffectuer lestransports.
Dans la civilisation actuelle, elles joueui encore un rôle essentiel.
Nous nous imaginons difiicilemen[ une contrée sans routes.
Néanmoins, cette situation est encore celle de ll plus grande partie
du globe. Longtemps les villages, et même des localités plus
importantes, ne furent reliés que pâr de simplcs sentiers ou par de
mauvais chemins. Même jusqu'à l'époque des comrnunes, les routes
véritablement dignes de ce nom demeurent tr'ès rares en Bel-
gique.
Sans doute, dès I'origine de I'humanité, les cours d'eau navigables
ou flottables furent utilises pour les transports. Ce sont, suivant le
mot de Pascal, des chemirzs rltti marchent. lllalheureusement, ils
suivent toujours la même direction et exigent plus d'efforts au
retour qu'à l'aller. Sujets à geler, en certains pays, ils présentent
ailleurs des chutes de nature à interrompre la navigation. A certains
moments, ils sont à sec: en d'autres temps, ils debordent. Ils nc sont
donc pas la voie idéale de communication. Au point de vue de
I'utilité, les canaux leur sont supérieurs. Le cours de ces dernier.s
est uniforme; même, ils peuvent, par un système d'écluses, utùr
des bassins séparés par des montagnes. Très nombreux en Belgique,
les cours d'eau navigables suppléent longternps',r I'absence de routes.
Quant aux premiers canaux consfruits en notre pays, ils ne remontent
TEMPS HTST0RIoUES. PÉnIODE I'É0DALE 939
-
prs au delà du xre siècle. 0n ne devait pas tarder à en ueuser un
grand nombre dans les Flandres et le Brabant.
Postes.
- Parfois les pèlerins se chargent dc transporter des
lettres. Quelques nressagers portent aussi la cot'responrlance des
étudiauts : à cela se réduit toutc la poste de l'époque.
TITRE XIV
:
Vlg domestique, coutumes, meuFs.
siècle dernier, le
Actes de l'Êtat civit.
- Inhumations. - Jusqu'au
clergé aura la mission de tenir les registres de l'état-civil. Aucun
contrôle n'est exercé sur ce scrvice qui, par suite, n'offre pas, à
beaucoup près, toutes les garauties d'exactitude nécessaires.
Le cimetière entoure l'église, comme c'est encot'e la coutume dans
certains villages. Quclquefois, les inhumations se font à I'intérieur
même de l'édifice. Divers.conciles condamnèt'ent cet usage. Plus
tard, les gr.ands et les mcmbres du clergé seront seuls enterrés dans
l'église.
Les procédés d'inhumation varièrent beaucoup dans la suite des
âges. 0n ensevelit Charlemagne dans la position assise, Pepin lc
Bref et Hugues Capet furent déposés dans leurs tombeaux couchés
la face contre terre. Habituellement, on place, à cÔté du mort, ses
armes et des lioles à parfums. Souvent, on joint à ces objets une
pièce de monnaie, vestige sans doute d'un usage païen, I'obole à
Caron. Au xtu siècle, on pose, sur la poitrine du mort, utte croix de
bois, de plomb ou d'argent, dite .crzi,E d'absohtlion' parce que la
formule d'absolution y est inscrite. En ouvrant, en 1873,le tombeau
de Théodouin, aucicn évêque dc Liége, enterré à Huy en 1070, on y
trouva Une croix de I'espèce. L'oraison donùnicale eL la safutation
anEéIiçte y é[aient gravées à cÔté de la formule d'absolution-
Primitivement, les cercueils étaient de pierre. Au-dessus de la
tête, on plaçait une grosse dalle. Plus tard, les bières seront faitês de
plomb pour les riches, de bois pour lcs pauYres.
l{ourriture. Rarement le peuple mange de la viande; le plus
-
Souvent, il se nourrit de légumes. Sur le bord de la mer ou dans le
voisinage d'un cours d'eau, il yit de poisson. La bouillie au millet ou
au froment est fort gotitée et longtemps forme unc partie importante
de I'alimentatiou des campagnards; on Ia mange avec des cuillers.
240 HrsrorRE DES BULcES ET DE LEUR crvrlrsATroN
(9) Yoir dans -Les douze conuiues du chunoine d,e Totrrs, par Colr.rn or plAmcr,
la description de la maison de Henri de Marlagne à Liége, sous Notger
rBMps }rrsr0nr0uEs. pÉnr0DE FÉODÀLE 241
-
dcs armes appendues aux nurs, complètent un ameulirenent, tout
sommrire. Fautc d'cil conilaitle I'usirge, on sc passc dc chemindre.
Longtcmps, les lits demeulent comûrulls, mc\me chez res lobles,
a toute la fanrille. 0n les couvre de pièces dc drap : d'oir le termc
drap tle lit qui s':rpplique aujourd'hui aux pièces de toile ou de
coton dont se garnit, un lit, rnoll,é.
Éclairage domestique.
- Pour éclairer I'iutér,ieur cle leurs habitl-
tions, les homures u'on[, d'irborcl que Ia lunière du fol'er. veulent.ils
distinguer autour d'cux avec plus de netteté, ils preunent une
brasséc de fascines, h jcil,eut sur le feu; t)our un instant, une
lurnière plus vivc écliiire tous lcs objcts environnants. Ils utilisent
ettsuitc des branches ti'arbres résineux, comne le pin etlesapin.La
graisse dc certains ilninrilu.x, figéc en un moule autour d'une rnèchc
faitc tlcs lill'es cntrelacées de certaines plautes ligneuses, tionne
naissartce u la chandelle. L'éclairage à lzr clrandelle demeureril,
jusqu'au siècle dernier à pcu prt)s, le seul employé par le peuple ct
mûme par Ia bour"geoisie. L'emploi quoticlien des torches ou cles
flambeaux decire était trop cotteux pour se répanclre. ces derniers,
donl I'usirge est à peu prùs cxclusivemcut réservé aux égliscs, reçoi.
verrt le nom de ci,erges.
chez les gens les plus riches, à I'occrsiou des festins ct autres
circonstunces cl'irpparlt, des torchcs portécs par cles valets éclairent
les appartcneuts. Irroissard dit, parlant du luxe déployé par lc
comte de Foix : < Quirntl il venait pour solrper en la salle, il avait
tlevant lui douze torches, tenues clevant sa table, qui donnaient une
grattde clarté. l
TITRE XV
Considénations génénales & vue d'ensemble.
L'édit de Kiersy-sur-Oise (877), qualifié par cutains histolicns trc
gt'aude charte dc Ia féodali[é, avait ploclrrmé liinamovibilité dcs
délégués du roi dans lcs provinces et, Ic droit, dcs enfants à I'tréréclitû
cles licfs, des charges ct des fonctions occupés par leurs pères. rlais
les grauds bénéliciailcs ne tùrdent pas à s'arroger en outre les
pouvoils militaires, jutliciaires et financier.s rlcs comtes. Bientôt Ir
détention cle la propliété cntraîne la jouissance cle I'autorité. r\insi,
la décentralisatiort du pouvoir ct cle I'adnrinistration coneluit d'cllc-
mrlme à I'organisation féodale.
Y. lUirsuet. - Histoire tles Belses.
242 lrISTomE DEs BBLGES E'I DB LEUR ctvILIsAt'loN
({) Instituée en4.14l par le cotnte de Flandre Bautlouin YII, dità la Hache.
Voir pcriotle suivante.
244 HISToTRB DEs nELcES ET DE LEUn crvrlrsATroN
Lc despotisme féotlirl
- le plus pesrnt dc tous les despotismes
parcc qu'il s'exercc dc trop près n'était, plus supportablc. La
société retoumail à l'état sauvage.
-
Commc après les invasions llormilndes, le scntiment dc soliclalité,
si vivace clans lcs races gcrnartiques, r'ient unc fois eucore fournir
le remède aux maux du présent. Le souvenir des gilcles d'rutrefois
inspire I'idée d'associations entre marchlrtds, entle artis:urs, entrc
ouvriers campagnarcls, entre serfs mr)ne, groupelnents tlolt I'oltjet
est de s'entr'aidcr', au bcsoin de se défendre. Partout il se r:rée des
fraternités, des frairies, cles anùtiës, qui sont lcs gernres des futur.es
corporations, peut-êtrc le noyau des communes.
Les croisades survientcnt. Bn clébmrirssant I'liurope dc la paltic la
plus turbulente et la plus insociable de sa popirlation, sultout en
favorisant I'essor dcs oommutles, ocs expédil,ions portent un l,clriblc
coup rux institutions féodales.
Tanclis que beaucoup de seigneurs féoclrrux rle secoud rang s'affai-
blissent, se ruincnt ou clisparaisscnt aux crois:rdes, les cottlrltur]es
TEIII)S HISTORIQUES. PÉ1I9DE FÉSDALE 245
-
l)ilisscut, s0 multiplient, grandisscnt, étendant aux bourgeois la
jouissance dc la liberté inclividuelle, jusqu'ici
réserr.éc aux seuls
seigneurs féodirux. La féodaIté ébranlée est enfin contrainte
à
eédcl le pas a I'instiltt,liotz contmunale, sl,non,vme, aux
l,eux des
populations, de libert(. et de séurité, d'nrdt"c eL de pros|térité
maté-
rielle, partant rle ciuilisation,
246 IIISTOINE DES DELGES ET DE IEUR CIVILISATION
CHÀPITRE VI
Ouvnages à consulten:
TITRE I
Géognaphie histonique.
SBCTION I
a
950 nrsl'olnu DES nELGF,s rir Dll Lllin crvrlrsÀ't'roN
û
(J
i .,,iili,r
TETIIPS ilrSTOlllQUES. I)ÉRI0DE FÉ0DO-COrthltlNALE 255
-
reilt de cette grande ville, la reine de l'0rient ({904). Les
mêmes ltort'eurs qui avaient signalé la prise de Jérusalenr se
renouvellettt alors. Comtne la ville saittte, Constantinople est
pillée et saccagée pâf les uoisés. Mille cltefs-d'æuvre d'alchi-
teCture, de sCulpture, de peitttule Sont, ell eette circottstattce,
anéantis ou mutilés par ces rlotlveaux barbarcs ( '1 ).
Youlant s'âSSureI les fruits de leur vic1oire, les croistls
fbndent à Constantirtople urt empit'e latin auquel ils tlonuettt
Baudouin pour ernpereur. Malheureusemelit, le r'ègne de ce
prince si tlistingné tlevait être tt'ris court. ÀVant livré aux
Bulgar.es la bataille d'Àndrinople, il la perd et clisparaît (1205)
saùs que I'ott sltche avec certitucle qucl a été son sort.
lnlluence et résuttats des croisades. IILrit croisades sont succcssi'
-
veurent entreprises de '1090 ) 1970. De ces expôciitiols, lil première
et Ia cluatrième sont celles atrxquclles la Bclgique prend la part la
plus importante. Ce son[ aussi celles qui procluisent les eflbts
politiques Ies plus considérables.
Âprt)s saint Louis, I'enthousiasne pouf ces expéditions loitrtaincs
s'étcint tout à fitit et les chr'étiens abirndonnettt délirlitilement la
Terrc saittte aux Turcs.
01 a pu dire, avec vér'ité, clcs croisadcs : atlcune n'l t'éussi,
toutes ont réussi. C'es[ qu'etl eil'et leurs résultats durab]es ne
sont pts Ceux qu'ott poursqivait d'abo1d, puisque le tombeau
du tlirisb, mornentirnérnent délivré, retrrmbe bientÔt ef pour
toujours au pouvoir des rnusulttians et que lir chute de Constatt-
tinople u'es[ que retaldée.l\Iais les suites ttou lit'évues de ces expé'
ditious clépassent beaucoup en irnportance cclles qu'Otl ett at'ait
attendues. En voici les principales :
( { ) Le plus souvent néanmoins, les barons engagent tout ou parlie tle leurs
.temes aux évÔques ou aux abbês, Ainsi font Godefroirl de Bouilloir, qui
ventl sa
Tnrrps rilsTorrrot.l.ls. _ pËnr0Ds l-ÉcD0_c0ï.\IUr-.{LU 257
Les croisudæ font sortir I'Europe tle ra barbaræ. Elles meil,ent err
contacl deux rnondes jusque-li\ etrangcrs I'unà I'lutre. 0r,le mélange
tles peuples a souvent des effets avanr,ageux pour ra civilisirtion. Les
chemins de l'0rient deviennent famillers à un grand nombre dont,
luparavant, I'horizon se bornait aux limites de la seigneurie, sinon
mème du rillage oùr ils étaient, nés, et, ce fait si nouveau provoque
tlans les esprits un ébranlement des plus utiles au progrès.
 la suite des croisades, les pcuples de I'Europe occidentare
ircquièrent des connrissances importantes en philosophie et en
rnatlténtatiques (I ), en géographie, en médecine, en chirurgie et en
***
Bataille de Bouvines (1214). Apr'ès Ia mor.[ tle Bautlouin
-
de Constantinople, llr couronue tle Flantlre passe à Jeanne, sa
fille aînée. Livrée :i Philippe-Auguste par son oncle et tuteur',
Philippe le Noble, marquis dc l{amur, Jelnne épouse Fer.rantl
tle Portugal que lui propose le loi de France. Celui-ci avait
espéré trouver en Ferrand uu vassal sounis. Mais vc,yan[ ses
sujets hostiles à I'influence fr.ançaisc, le nouveâu conrte tle
Flandre refuse I'hornmage au roi tle Flance et contracte allilnce
avecle duc de Brabaut, le roi tl'Angleterre et I'enperellf tl'Alle-
nagne. Malgré Ia supériorité tles for.ces des allics, qui avaient
réuni plus tle 150.000hornmes (l), Philippe-Augusre les vainc
(4) Dans la ligue étaicut entrés tous les grands barons féodaux tles lt:rys-Bas
qui redoutaient tle voir Philippe-Auguste tenter la reconstitution de I'empire
de Charlemagne. ltareil projet ne pouvlit sourire aux princes lotharingiens
qui vivaient à peu près indércndanl.s sous le sceptre dcs empereurs rllemands.
Qlant à Ferrand, il aspirait à jouir d'une semblablc indépendrnce et rnême
d'agrandir son comté aux dépens dc la Fr.ance
960 HISToInE DES IIELGES ET DE LEUR clvILIsATIoN
- Entrc-temps, la
Traité de Paris (.1390). guepe continue avec la
France e[ les l,'lamands essuicrtt à leur tour dc grâ\,es échecs. Tou'
tcfois, lcur énergie nc fiiblit pas ct arraclie à leurs adversaires eux-
rurùmcs des paroles d'admiration. Les voyant arriver plus nomlreux
ei plus cléciclôs que jlmais tu secoul's de leurs compatriotes, assie-
giés cfuns Lille ('t), Philippe le Ilel s'écrie : a Hst'ce douc qu'il e1
plcr"rt, des Flarnands? >
, Le tlaité de Palis conclu en 1320, sous le règne de Robert de
llcthune(1305-1392), successeur dc Gui cle Dampierfe,laisse aux rois
de Fraltce les villes de Lille, Douiri ct Orchies, mais g:rrautit aux
Itlamands leur indépendance et leurs privilèges.
Les comtes de Flandre abandonnent la cause populaire. -
Jnsqu'alors, les contes de Flantlre étaient demeurés étroitement
unis de cæur et d'ârne avec leur peuple, dans la résistance à la
ùomination étrangère. lllais une fois I'iutlépendance de la Flan-
tlrc hors tle pér'il, en présence du développement chaque jour
plns cousitlérable des libertés communales et tles restrictions
de plus en plus importtntes apportées à lenr pouvoir par les
magistlatures démocratiques, les princes flarnands cherchent etr.
Frauce uu appui contre les exigertces populaires- Leurs
tentatives pour iutroduire eu Flanch'e le régime tle I'arbitraire
et leurs dépenses excessives indisposerlt contre ettx les popula-
tions. tsientôt lenr autorité et leur prestige ont à subir des
épreuves pénibles. Leur courolllle même Iinit par être en danger.
(,1,) Bruges exerçait son autorité sur le Fr.anc tle Br.uges; Gantl, sur les
euàtie-Ilét"iers, les Pays de \\aes et, d'Alosl, Ternonde, Âutlenaerde et Cour.
trai; Tpres, sut la Flattdre méritlionale jusqu'à la Lys.
212 rrrsrornF: DES TIELGES ET DE Lriun cIvTLISATIoN
SECTION II
('l ) < L'intérêt des seigneurs était tl'ém:rnciper leurs serfs qui, maltraités'
s'eirfriyaient de la seigneurie. D'ailleurs, les serfs de corps étaient souvent
paress-eux. LOgéS, nouiris et entreteltus, ils ne prenaient nullement à cæur
i'intér'êt, du pi.opriétaire et lorsque la population serve venait à s'accroitre
sensi|lement, comme l'cxploitation ne protluisait pas beaucoup plus, la
situation du seigneur devenait mauvaise eb son intérêt était l'émancipation de
ses serfs. r ( Bnaunrs, p. 40. )
(2 ) c Un homicirle doit peidre la vie, mais ce qu'il possèrle reviertt à ses
héritiers natulels, n
980 rrrsrornE DES DELcEs ET DE LEUR crvtlrsAt'toN
accortle de nouveaux et
importants plivilèges, en particulier
celui de ne pouvoir être taxés sans leur consentement exprès.
Ces keures les autorisent à refuser I'impôt et leur recon-
naissent le tlroit d'insurrection tlans le cas oir le prince en
violerait I'uu 0u I'autre article. Remarquons que les pr.ivilèges
politiques accordés pal les keures tle Jean Io' et tle ses prétlé-
cesseul.s f:rvorisent surtout les bourgeois, non les afiisans.
Cepe.ndant, en affirmant Ie principe tle l'égalité judiciaire,
elles ratifïeut et complètent l'érnarrcipation civile des ser.fs dans
les domaines pmticuliers du duc de Brabant, progrès considé-
rable pour le temps, et qrri'ne se rÉaliser.a que beaucotrp plus
tard dans le reste de la Belgique. Ainsi, en Brabant, le déve-
loppement cles libertés rurales suit nne narche parallèle à celle
tles Iibertés urbaines
0utle les libertés qu'elles galantissent, lcs keures tle
Jean I'" renferment quautité de prescriptions ou ce défenses qui
en font uue sorte de code pénll, expression tlu droit criminel
brabançon au xluu siècle.
Uue rigueut' excessive, nécessaile d'ailleurs â cette époque
tle violence et de barbnrie, caractérise les peines édictées
contre les coupables.
Yoici quclques-unes des pénrlilés comuritrées ptr ces keules :
{o Quicouque violeru unc trèr'e sertr coupé en quatre quartiers qui
seront cloués i\ des poteaux plantés rrux quatr'e coins de la seigneur.ie
ou le délit aura été comnris. 9o Quiconque volera au-dessous de
cinq sotts scl'ù rnarqué d'uu fel louge. Quiconquc volera au-dessus.
peldra ln moilie dc ses biens ou sera lrrs ù ntort. 3o Quiconque
injuliera ou donnera un clémenti scla puni d'une amende dc ciru1
sorr. L'ànende serl de cent sous si I'injure est adressée à un che-
valier prf un vilain. 4o Quiconque frappcra du birton sera passible
d'une aneutlc de uingt sozs;si lc sang coulc ou si un nrenrbr.e est
brisé, I'amende sera de quarantc .rous ( I ). pour des blcssures plus
({) Elle ne comprend d'abord que {/+ délégués. C'est Jean III qui en porle le
nombre à 16.
982 Hrsl'orRtr DES nELGES u'r' DE Luuu crvrlrs.,\'rr0N
0lrrrte de OortenLerg.
lrri ({314).
'e
La Bulls d'orbrabantine. En {349, Jern III obtint cle I'empereur
- autre chrrt'e
Chrrles IV, en faveur cles Braban(:olls, la concession d'une
importante , dlte Bu,IIe d,'or brubantine, qtti soustlait Ies hrllitants du
(l) Àcause des fètes auxquelles donna lieu l'entrée du nouveau duc dans les
à Loovain, le
prinôipales villes du pays. L'inauguration cle Wenceslas eut lieu
I
3 janvier {356.
I
I
I
\,
984 r{rslotRn DEs BELGEs ET DE LEUR clvrlrsÀTroN
Voici les clauses esscntielles tle cette charte célèbre : .lo Nulle
décision importantc ne peut ôtre prise, nulle obligation nouvellc
établie ou contracûée, nul trailé d'alliance conclu sans le oonsentc-
ment des villes. 9o Le prince ne peut faire la guerre saus en avoir
ûuparavantdélibéré avec les états (assemblée de Cortenlrerg). 3o Les
administrations tles villes son[ renouvelées annuellement. Chaque
année, les'magistrats communaux rendent compte cle leur gestiou,
dont ils sont responsables. 4o Nul ne peut ôtre admis aux fonctions
pullliques s'il n'es[ né et domicilié en Bra]rant. {00 Les Brabançons
sont déliés de leur serment d'obéissance au prince, si celui-ci viole
les libel'tés cousamées par la elrarte. ûo Les états de Brabant sont
régulièremcnt convoqués deux fois I'an. 7o Hors le ternps des
sessions, une commission permanente les remplace. 8o L'inclépen-
dance tles députés et la liberté de leuls votes sont garanties. go Tous
les fonctionnaires et lc prince lui-mèmc prètent serment à Ia Joyeuse-
}]rrtrée. {0,'Lc pays est indivisilrle
Comme on le voit, la Joyeuse-Entrée assure dès le nrilieu du
xrrc siècle, aLrx bourgeois des comrnulles, sinon à tous les
habitants rle la principauté, un grand nombre des libertés et
des droits insmits tlepuis tlans la'constitution belge tle {830.
Anvers ville libre impériale.- De tcrnps immémorial, la ville libre
d';\nvsls relùr'e clu duc de llrirbant, mùis eu même temps porte lc
titrc de utllelibre intpLtriale. L'adrninistrafion y est exercéc par quatre
ntentltres: {o Le ntagistrnt, fornré de ,18 échevins ({), conscillers
conrmunaux a l:r maison cor)lmunale, jugcs tt uiersclmar'r2).Il choisit
dcux hourgmestles dans son seirr et, se renouyelle par moitié tous
Ics ans. Il esi irssisté de deux âvoczlts, dits pensionnairas. 9o Le
conseil rJæ anûens, formé des ancicns bourgmestres et échevius.
3o La bourgeoisie, représentée par les dcux mpitaines tle chacune
rles treizc sections militailes de lavillc et par les qu,ntre prelbts
ou clrcfsJnmnes. En tout 30 mernbres. 4n Les artisans, représentés
par les deux do.vcus dc chacuu cles g4 métiers pr.inciplux :
48 menrble.q.
Dans lcs affirires dc haul,e importance, Ies quatre membr.cs se
réunissent pour folmcr le hrge conseil. Lc duc est représentô, rlans
(l) Anuers, métropole du comnwce et des arts, par Beetmé, tome I, pages 70
et suivantes.
(2) Famille puissante de Malines qui fut fréquemment en guerre avec ler
ducs de Brabant.
(3) Chitrre d'ailleuls sensiblement exagérd.
286 rusrotnE DES BELcES Et'DE LEUII ctvtLISATloN
'#/#hir,,
J,,
l)icrre Coutereel.
fUfaison d'Avesnes.
- Il,farguerite, pe|ite-Iille de Baudouin le Cou-
rageuxet lille de Baudouin de Constantinople, épouse successivement
Jcan d'avesnes et Gui de Dampicrre. Ellc partage ses étirts entre ses
enfants des deux lits, donnant, en vertu d'uu accord intervenu
cn 1246,la Flandre aux Darnpicrre et aur d'Avesnes, le Hainaut.
illons, capitale du Hainaut.
- Sous Jean II, d'Avesnes, des difficultés
s'élèverrt cntre Yalencicnncs et Ie prince au sujct des attributions
échevinales cle cette ville, jugées trop éfenclues par Jean II. Ce
dernier transfère ù l[ons le siège du comté ( {gg5 ). vorrlant donner
plus d'imporhnce à sa nou.r'elle capitale et y attircr la population,
il cn agranclit I'enceinte, exempte ses habitlnts dc la mainmorte,
exernption jusque-là presgue ignorée en Hrinaut, et remplace ce
droit prr une redevance lixe r\ pa.ver en deux fois, aux fètes de Saint:
Jean et de la Noôl. En outre, pour embellir la villc, il engage les
principaux seigneurs du comté ù s';* faire bfrtir des hôtels.
Maison de Bavière.
- À h mrisort d'Avesttes, succède ( {356 ), en
Iluinitut, la mrtisou de Bavière, dottt I'administrltion est souvcttt
ruirlheureuse. Vers '1398, un double ttraliage unit lcs tttirisotts de
Bourgognc ct cle Davière, urt tls et une lille du comte tle lrlattdre,
Philippe le lhrdin rtytttt tipousé dcs enfants de Gruillnu,me III, tle
Haiuaut: cc ntariage préparc Ia r'éuniort défiuiti'r'e du llairtaut à la
Flandre .
Tounnal-Tournaisis.
- 5. Les àlournaisiens
jtrdiciailes,
son[ exempts clu duel et des épreuvcs
I'exception de cellc dc I'ernt, froitlc.
ct I'uvoué (représentant, dc l'évôque) sont justiciables - 6. Le tlu
chirtelain
grand
1rrévôt. .l,e ch'oit d'lsilc n'es[ prs rcconnu aux égliscs de Toumai.
-7
8. Les taxes sont consenties par le conseil des jurés et réparties
-entre les bourgeois par une commission spéciale élue par Ie peuple.
9. La cornmune possède uu licffr'oi et unc cloche.
-privilèges - {0. Les
des Tonmaisiens leur sont rccolrnus à eondition cle
fournir au roi de Francc 300 homrnes hien irrmés chaquc fois qu'il
Ies en requel'ra.
SIiCTION Y
SIITTIOI{ YI
tirer dequoi vivt'e, eux et leur famille. 3o Ils ont I'usage des caux et
des bois rrommuuaux. 4o Des mesures sont prises pour assurer la
loyauté du commerce, surtout pour crnpêcher les fraudes des
meuniers, tles boulangers et dcs bouchers. lio Les bourgeois sou[
c.xempts du service militirire. Le seigneur liourloit à la défense
ordinaire de la conlmune moyerurant un dloit dit de sauuentent, clui
consistc, pal'exemple, en deux mesures d'avoine, une poule et un
rlenier: tournois pour chaque bourgeois. Cependant, au cas oir lc
territoire serait subitemen[ attrqué, on peut requérir les bourgeois,
ntais pour 94 heures seulerncnt.
SIjCTIOI VI.
Pnincipauté de Liége.
TITRE III
Aspect du sol ct cllmat.
- La pnopniété fonclène:
seg tnansfonmations et s€s conditions d'exploitation.
Âspect du sol.- Jusqu'au xtve sièclc, les marais et les bois couvreut
ulc paltic importante des l'lirudres. lllôme u cette ôpoque, ol]
cst encore obligé d'accorder des prirttcs pour la destluctiondes loups,
lbrt nornbleux cn Brabant et jusqu'aux alentours de Bruges. ilal
construites, mal entretenues e[ ntitl galdécs,lcs digues sont souvent
lenversées par les eaux tle lù tner, dont les'inondations ont liour
cflbt cl'applofondir les ports ltolland;ris et de combler quelques-uns
des nôtrcs.
Aussi, au xrne siècle, nos cùtes éplouvent-clles de nouveaux et
importants changements. ll sc produit, cn f291, t930 ct {242 des
irtondations terribles, dout I'uue cutre antres a poul' conséqucncc la
lbmration du Zuiderzec. Tout urt cautou, situé près d'Ostende, est
submcrgé pal les eaux, en 1334. Une autre irtondation, due au cléllor-
dencnt de I'liscaut occitlentrl, a lieu le {ti novembrc {3?T : elle
eilsevelit, plusieurs villages, sut' I'ernplacement dcsquels se forme
une baie, au grand dontmage du polt, de Dirmme, d'oir les eaux se
rctircnt clt\s lors peu ir peu. C'cst ir l'a suite d'unc inonclirtion quc le
TEtrII)S IIIS'I'ORIOUES. PÉNIOI-}E FÉO.DO-COM}ILNÂLE 3OT
-
Ilondt, jusque là sans largcur, devien[ une solte de blas dc ner.
Cependaut le dcsséchcment des marais, le déflichetucnt des bois
et la mise cn cultule des tcrres sortt encouragés d'une façon très
intelligeute par plusieurs priuces. Âr'ant Thierry ct Philippe d'Alsace,
lc laste sspùce compris entre Ypres et Poperinghe et connu depuis
sous lc uom de territaire dæ lwit ytroisses, ne for'rnait qu'une
immense plaine inculte et doserte. Ccs clcux princes, par un édil, du
{0 aotit l.'16'1, zrccordent glatuitement des terres sur ce ten'itoire à
tluiconriue serait disposé à s'y établir. De plus, ils exemptent les
tcrtancicls de toute taille, de toutc exactiou (l)ct tnêmc du service
rnilitaire stuf le cas ou il s'agirail, de la déiense du pays ct' -
-
s'engageut à y bâtir des égliscs (2 ).
llenri II de Brabant fait mettre crt culture de grandes étendues dc
tcrres yirgues tlui lui appartiennent.
Jeanne de Constantinople distribue les siemes à quicotique les
reu[ cultiver. Les villes d'Eecloo et dc Roulcrs sont foritlécs sous son
règne er des lieux iucultes (3).
Peu à peu, grâce à tous ces efforts et à I'actit'ité persévérante
d'une population énergiclue, un sol profond et fertile remplace les
bois et les marécages. 0n draine les terres hurnides, orr élève le long
de la ner et des cours d'eau des digues plus solides et nieux amé-
nagées. Le iit des lleuves est approfondi, et, sur leurs rives mieux
uialrluées, apparaissent de noureaux polders. Les gras pâturages,
oir paisscnt de nombreux troupeaux de bæufs et tlc blebis, se multi-
plient rapidement. Enlin, se montt'ent cle niagnifirlucs charnps de
oéréirlcs ct delin (4)et le pays dcs Flartdrcs, areo tout lc centre ile
ll Bclgique, deviertt insensiblernent I'uue des plus bellcs et cles plus
riches corrtrées de I'Durope. En mêrne tcmps, le clirnat s'adoucit, Ies
lourds brouillarcls des époques précédentes dcvietuient moins fr'é-
rlucnts, les pluies moius persistautes, les hivers moius rigoureux.
La propriété foncière, ses translormalions, sos conditions d'exploita'
tion.
- Pendartt la période féodo-communale, il exisl,e trois cratégo'
lics dc propriétailes terriens : Lo Ic clergci, tant séculier que réguliet';
(tl,) E.raction est ici pr"is clans son sens propre ( action d'exiger ce qui est dft ).
(2 ) Voir W.Lurnns, Libcrtés contmun&les,, page 56.
( 3 ) Yoir \Yrutnns, page 726.
(4) L'élève tles brcbis et la culture tlu lin devaicnt tlonner plus tard nais-
saice aux deux intlustries principales des Flandres, la fabrication du drap et
celle dc la toile,
308 HISToIRE DES BELGtss ET DE LEtiR cIvlLIsÀ'IIoN
TITRE IV
Institutions politiques.
Ce serait une erreur de croire que le système feodal ait brus-
quement dispar:u devaut,'l'institution communale. Au contraire,
Par la suitc, il irrrile quc totrs les groupcs rssociôs d'une môrne
loealité, lcs gildes dc nrlrchands, les corpolations il'artisans et les
conjurat,ions rie serfs s'unissent, se fédèrcnt ( l ) avec lc tlibunal des
échcvins pour forrncf Lll)o sculc ct glirrrde associrtion d'autant lrlus
puissante que les e'roupes dont clle se compose sont plus nombreux
ct, plus iurpoltiurts. Ccttc. association dc sociétis corrstitue la comrnune
propremcut ditc, clciut le non llc talde prs à s'aplrliquel au lieu mèrne
oir ellc s'rtst constituée. (2t
Caractères généraux des keures. Lcs comrnunes ainsi
-'
folmées se hâtent cle se dortner des Àeales ( 3 ), c'est-à-tlire un
ensemble tle statuts d'aprùs lesquels se rentl la juslice et se
règlent lcs affaires intér'ieures de h localité. Ces keures assnrcnt
génér'alernent aux uretnbres de la col]llnulle:
i." La liltertti incliuidu,elle . Ainsi tout cornmunier cesse d'être
attachô li la glèlic. Entièr'ement libre cle sa pelsonne, il lui est
permis d'aller" et de yenir cznlme ltou lu,i, sentble; il n'est plus
soumis at droit tle potu'suite.. Il peut se marier sans êtle astreiut
àen obtenir tl'al-rord I'autorisation rl'un seigneur capricieux, sans
(4 ) D'oir vient le nom tlc bou,rgeois donné aux habitants des communes.
(2 ) Y a-t-il véritablement lieu rle rlistingrrer entre la keure et Ia charte ? ces
TE}IPS TIISTORIQUES. _ PÉNIODE }-ÉODO-CO}I}IU|{ALE 3{5
Parfois cles seignerlrs, erl pressant licsoin d'argent, r'endent à Ieuls
lujets dcs privilèges que ceux-ci fon[ consigner dans une charte
(chlrrte de IIuy). ltiris il irrrive ilussi quc des chartes sont spontané-
uellt irccol'dées, môme àr titre gratuit, par des seigneurs qui voient
lvirntage a le faire, Ie cléveloppemeut de la liberté leur paraissant
propre à favoriser la prospérité du piiys et particulièrcment I'essor
de I'agricLrltule, de I'indush'ie et du commerce, chosc lvlntagcuso
pour eux (charte de Gramnont).
Traits généraux de I'organisation intérieure de la com-
mune. (1)
- Les conrmunes belges du xrv. siècle sont de
véritables républiques autonomes. A de faibles restrictions
près, elles jouissent tl'une entièr.e indépendutce politiqtre, adm,i-
nistratiue et ju,diciaire; elles forment ùes persoturcs tnl?.ttles et
leuls bourgeois sont des citogens liltres duns Ia cummune ùùé-
pendante.
L'indiltendance politique des communes est caractérisée pâr
Ieur droit de se fétlér'er entre elles, tle conclure des traités tle
paix et de commelce, tle battre rnonnaie à frais communs; par
celui de faire la guerre aux autres communes, souvent leurs
rivales, et aux seigneurs féotlaux qui, après avoir violé leurs
flanchises, refusent tle se soumettre au jugement de leurs
échevins.
L'intlépendrtnce ndmitûstrrttiue rJes comlnunes s'aflirme par
les institutions suivantes, que I'on trouve chez la plupar.t d'entre
elles.
l. Un nr,agish'nt (2) composé :
termes ne sont-ils pas des expressions di{l'érentes d'une seule et même chose
ou Iakeure est-elle plutôt spéciale eu pals flanrand, Ia charte eu pal's wallon?
( I ) Bn réalilé, I'organisation intérieure des communes belges a varié non
seulement de principauté à principauté et tl'une localité à I'autre dans une
môme principauté, mais encore de siècle en siècle et presque d'année en
Il est donc très diflicile de piotluire un lype
annee dans certaines d'enl.re elles.
de constitution communale interne auquel on puisse rapporter toutes les
autles, même en des lignes générales.
(2) 0n tlonnait alors le nom de nzaelistrat à l'ensemble des magistrats
c_hargés de rendre la justice. Le magistrat était donc composé des échevins ct
du bailli.
i
3t6 Hrsrornn DEs BELGES Er DE LEUR crvrlrsA'l'roN
I
Lo D'un bnilLi, (tr??,rltutt,
nttûetrl', écotttete, etc., reprOsentar[
et exerçant auprès tle la conmune une mission ,\
::,iffiirin
Le bailli a pour attributions : a) tle poursuir.re les coupables
en matière judiciaire, tle procéder à leur arrestation et de faire \
({) Ils portaient àGand Ie nom de prctnier ëcheuinrà Tournai celui de grand.
préuôt,
3{B IIISToIRE DEs BELGES ET DE LDUn clvlltsÀl'IoN
La commune rurale.
- L'a condition des serfs des carnpagnes cst
très dure, nous I'irvon$ vu. Dans I'ospoir d'améliortr leur sort, utt
grand nombre d'entre eux s'enfuient et vont s'ôtablir soit dans lcs
rilles, soitdals la frartchise de cclles-ci, et après un tn et un jour de
résidËnce. ils sont énrancipés, le droit de poursuite s'ôteignant, après
ce laps cle temps. 0r, les communes ut'baines, en rue d'augrnenfer
lcur populatiou, aident rolontiers les serfs à se cacher. Pour empê
cher la clépopulation clc lculs seigneuries, Ics barons sc voient
obligés cl'accorder à leurs selfs des chartes, analogucs ir celles dcs
villcs.Ce sout les chartes ruralæ.
Parfois, les chartes accordées favorisent tout urt catitou. C'est une
tellc charte que Baudouiu IX concède, ell I'an {900, au Flanc de
llruges. c'est-I-dire à une communautô folrnée de quatre-vingt:dix
lraroisscs, réparties cr uII plus grand nombre de villages. Dès lors,
lc Flanc a soll tribunal des échevitts, dottt deux boulgmestres. La
comtcssc Jeattne accorde des chartes semblables, vel's /,94û,, au pa)'s
i
de \\'aes, la châtellenie de Fulnes e[ tru territoire des fJuatre'
$létiers. Les territoiles auxquels cle telles chirrtes sont consenties
folment lcs communæ ruralns.
Iin Arclenne, c'est-à-dire clans lc sud du Luxcrnl)ourg et du l\amu-
rois, la pluprrrt cles villages suivent lt, loi de Beawnont qui, sans leur
TITRE Y
Institutions judiciaires.
({) Les ltiis, les pai.r', les l;eures comme_ les première.s .chartcs, sont
souvent de réritables codes. Témoin la keure de Jean ler. Plusieurs édictent
des peines qui témoignent d'une transformation considérable dans lcs idées et
rlans les nLeurs. Les délits et les crimes sont de plus en plus consitléré.s
comne des attentats à I'ordre public. Ilaudouin YII, comle de Flandre, prend
au sérieux et remplit ett conscience, bielt qu'un peu arbilrairement, son rôle
de ministère public et de justicier.
(2) Le sénéchal de Brabant était le grand justit:iet rfit Brabant, délégué
immédiat du duc.
( 3 ) Rappelons que le conseil des jurés avait dans ses attributions la justice
criminelle.
TEltps IIISlORroriBS. I [tRr0DB FB0D0-00]IMUN,\LE :125
-
les comnunes. Les tribunaux flarnurtls ressorl,issent, en outre, att
parlement de Paris.
Justice privée. Trlbunaux seigneuriaux. Comnte dans la période
- -
précédente, il cxiste des tribunaux seigneuliaux cle /route,de moyenrce
ct de l,osse ju.sticc. r\u surplus les seigneurs peuvent, i\ leur volonté,
instituer cles échevirlûges ct lcs présidcr ou les ftrire présider par
lculs baillis et rnaieurs.
Trihunaux ecclésiastiques. Ils portent le nom de cours spiri'
-
trtclles or ù'officialités. Lc seul juge r'éel du tribunal esl l'ofi,cial,
ecclésiastique délégué par I'évirquc. L'ttffïcial a droib de hautc,bassc
et moyenne justice sul les terrcs clu clergé. Il juge, en outre, toute
contestatiou clans laquelle est intércssé un justiciable cle celui-ei.
Son'r'ent, darrs lcs causcs jrrgées prr les officialités, le clergé se trouve
à la fois juge et partic, ce rlui entraine cle graves abus contre lesquels
les communes luttent énergiquement.
Procédure. Longternps lprès avoir disparu tles villes oir les
-
chartes intcrdisent d'y sountettrc les bourgeois. les épreuves et lc
combat judiciaires sc rnairttieuuent eucore clans le plat pays.
Quant au clroit dc vengeance pcrsonnellc, il
commence à ôtre
conclamné par les nlænrs mêmc dans les campflgnes, vers le nilieu
clurrycsîèclc, rrprès la prix des Douze ({33i) qui termine la guere
des Àrvans et clcs Waroux. Dès ce rnoment, la justicc des tribunaux
est la scule légalcment reconnue. llais, sauf le cas de Ilagrant délitt
les offTciers clc justice lte peurent procéder à I'irrrestatiou d'uu
accusé sans un tnanclirt du tribunal des échelius. Lrr dLrrée de la prison
prér'enl,ive clle-mômc est prér'ue et déterminée.
Sous les communes , la procédule ù pout' cttractère la publi.cité ; elle
esl orale, accusatoire ({ ) et adm.et la preuuepar sennent eL par ténnins.
Cette procéclure a pour olljet de galantir à I'itccuse une justicc équi-
tal,rle et impirrtiale. Cependrnt, après avoir quelque temps clominé, la
procédure orale e[ accusatoire f:rit insensiblemenl place, tnêute dans
triburraux des communes, à I'a procéfutre inqu,isitoriale.
Voici commcni cette ér'olution s'rccomplit. Des plaids artnuels
continuaient i\ se tenir dans les cirmpagnes. Lc clergé y établit
I'lrabitudc de recherchcr; par des voics secrètes, les auteurs
derncurés ineonrtus de certaines infractions aux lois. 0n appelait
({) Se tlit de l'acte écrit par lequcl Ie ministère public motive une accu-
sation.
396 nrs'r'orRn DBS BELcBS ET DB LEUR cIyu,ISÀTIoli
ocs plairls <les stille uaarlwden ot coies uëritës. Les coupablcs dccorr-
verts, Ia just,ice les frappait sans leur laissel la libcrté de se défendre
clcr vivc vois ct, publiqtrement. Âinsi la procécltue ccsse, rlans le plat
prr1.s, d'ùt,re u.ccu,satoire, prtbliquc et orule, pour clct"enir sccrèlc eL
i,nçr,isttu-[a/c. Inscnsi]rlentettt, cettc procôclurc s'introduit cltrns lcs
rrsages jrrtliciaircs cles villes.
I)'autlc prlt, des juriseonsulte,s clc ntéticr sc substitucnt peu à
peu, dirns los tribunrrux, ilux jug'es-cito1'ens cle la prernir)rc époquc
comrnunrle, Lcs juges nolttelrux, forntés par l'étutlc clu clloiI romaiu,
;rppliqucnt lolonticls cc droit qui 1trécouisc lr plocéCurc sccrètc. Au
cours rlc lir périodc commuttale , sous Gui dc l)iirnpien'e, Ia torture
elie-rnème pénr)trc en Flanclre. illention cu cst faitc aussi clans l;r
Jo1'eusc-lintr'éc tlu Brabattt.
Le priucripe de7'a pourstùte d'offtce ({) ne pénôtre que difricilenrcnt
eû assez tartl cllns les rucnurs, du moirts cn ce qui coucelnc les
nollles runlux et lcs graucls bourgeois clcs r,illes. Avec les pâ)rsar)s, olr
se gèrre pcrr ct d'habituclc les scigncurs ou lcs l;aillis rg'issent d'auto-
rite. Longtcnrps, c'est r\ lir partic oll'euséc sculc qu'il appartienl,
d'aecusci' ct d'établir en justice lc lticrt fouclé d'unc plirinl,e.
Aussi, llcirucoup cle délits et dc erincs restcnt néccssairenient
impunis, Ics petits rt'osant pas toujours introduire en justicc dcs
:rctiorts contre les griinds. D'autrc pitt't, rinsi qu'il I'a été dit pr'écé-
rlernment, lrr jrrsticc n'est ltas gratuite colrmc rujourtl'ltui : les
justiciables iloii'ent la payer. 0n eomprctrtl clue clans ccs conditions
un grand nonrl-rlc clc gcns peu fortunés, inccrtains cl'ètle jugés avcc
tirluité, crlignent clc lecourir aux trilturutttx.
Pénalités.
- r\vcc la disparition du ch'oit tle rcrlgeurce pelsonnellc,
lir coustiltition d'une justicc ull peu régrrliùr'c ct I'introcluction dirns
lcs mæurs rlu plincipe dc h portrsuite d'ofïicc, lii clouceur cxcessivc
cles lois pénalcs clisparaît, 0n tonrbc alors dans I'excès eontraile :
lir répression rh:s clôlits et des crintcs prcncl un caractr\re vérita-
blenient férocc. Dans I'espril, du tcmps, les pcincs corporellcs ont
pour but non sculement h punitiott, tulis utrssi I'exentple. Àussi
s''.rttrrcho-t-ou i les rcndrc rigoureuses alit d'imprimer dans Ies
imcs unc ônouvantc salulaire ct à les ontoulcl tl'urt cérdrrnolill
TITRE YI
Institutions de bienfaisance.
À partir clu xrrc siticlc, la sécurité des r,oies dc eontmunicttion
rrugmcnte peu i\ peu. llieutôt lc nornbre clcs vo"vagcul's se mull,iplie.
328 Hrsrornn DES BELcES ET DE LEUR crvrlrs.{TroN
TITRE VII
I nstitutions fi nanciènes.
Finances de I'Etat.- Pendant la périoclc conrurunale, aus.si bien rluc
rlrns lc's cleux précédentes, les linanccs de I'Fltat se confonclcnt avcc
cclles du princc qui tire, cl'ailleurs, de ses immcnscs clomaines lir
prrtic Ia plus impoltantc tle ses ressourccs. Toutefois, ses l.e!,enus
s'irugmr]lrtent par I'usa$e dc ccrtaines pr'érogatives, tclles que lc
riloit dc buttrc nronnaic, de vcndrc, avant tout aul,re, le produit tlc
Tulrlrs lrrsl.0trl{Juts. IrE0D0-C0}IIIUN,\LË 33t
-r'ÉltIODE
sos I'drcoltes, de sc faile clélivlcr à bls prix, clirns lcs locrlilés oir il
r.csitle, les olljcts ct lcs tlcnrées nôcessailes à I'etltret'ien de sa
m:risott. Ils sc gt'ossisscrtt encorc Pilr les dons plus ou moius volon-
1,irir,ts clu clergdt otl de la noblessc; p1r lc produit dcs con'ées
et dos
t,aillcs;par la r:cclcvi1tlcc annuelle et Ies subsiiles qui, au xwc Sièclct,
TIÏRE VIII
lnstitutions militaires.
Les forces militailes d'utre principauté colnprennent : {o Lcs
lmntrnes d'annes noblcs ou manants tirfu tlu, tlomaine purticulier
-
tlu' Ttrince. 2o Les seigncu,rs, ses aasiaun,
- suivis cles honrmes d'illrrrr_.s
lcr'és dans leurs seigneuries. 3n Les nilices rcntmtmures. Elles nc
rois. Tous lcs ans, ordinliretneuf le jour rle l'éleclion, lcs selutctrts
célèblent, alec grâlt(le ponrpc, tlcs fùles qtti, lc ltltts souveut,, str
trunsformcnt en r é,iouissltnces publiques.
À partir cle la bataille tle Courtrai, où Ies niliccs communalcs
llattent ln clter.alcrie frauçaisc,le r'ôlc de I'infirnterie clevient préport-
dér'ant. La chevalerie tend dès lors a dispirrtitre. Placée crttle les
princes ct ics griutdcs comlilune$, lir noltlesse llc peut nanqucr
rt'titre écraséc.
gens des niétiers lorsqtt'ils
Solde.
- Une sokle cst rttribuée aux
sont sous les arrnes. 0n la douLrle les jours oir ils plenrtcnt palt ir urr
assrut.
1'ITRB IX
Philosophie a monale. Gnoyânces neligieuses. -
Supenstitions populaiFes.
Sciences.
- Pcrsonrre ne possticle des cortnaissallces réelleurcnt
scienti{iqucs. Dutts les ltautes écttlcs, lcs plus savantcs cliscussiotrs
ne sont quc clcs disputes dc mots ct le.q scienccs rtatur.ellcs restctr[
r.russi i gnot'iies que I'ltistoire.
Lcs scicurrcs exactes clles-urt)utes, lc ciilcul, la géonétlic,
I'ulgùl-ue, lir statiquc et I'optitlue, qui, iiu mo.veu itge, avticttt attcint
un degle d'ù\'ancernent dont témoignertt les nagniliques cathéch'irlcs
rolnillles on gotlriclues de l'éporluc < ét,aietit uroius I'objet ti'un
cnscignemcuf spécial et public que d'utte étucle irtdividuelle ct
isolée, soit u I'ombte des cloitres, soit dirus lcs cortfrét'ies d'lrtisatts
tlui r:ouselvuieut rcligicusement les tlaclitions dc lcurs pr'étlc-
cesseurs. Lliins les centrcs univelsitail'cs, on négligeitit, généralentent
lir science platiqrrc poul' tle s'occultcr quc tlc la scietice spétula-
tive. > ('1 ).
Philosophie.
- Cependaut ls nlourelltellt ltltilosopliique qui sc lif(F
duit en Europc du xue Llu \tv(' siùcle tt'est pas situs produile quelques
homnies lerriarquables. C'est alot's que se r'éve\lent les tiotns célùlircs
à divcrs titres de saint, Tltomls (9), de Duns Scot (3), clc lliryntotttl
TITRE X
r LettFes.
({) Citê par Lrnou dans son llistolre dc l'enseignaneent polrtlur).e, pagc ,tBg,
Y.Itlirguet. - Ilisroire des Belges. 92
338 HtsrotRu IIHS TIELGUS E'r'DE LEUn ctvrlrsÀ'l'loN
Montle, paraî[ sur Ia scùnc. < Tou[ va mal, r dit-il et il s'en plaint
avcc amerf,ume. Un autre personnagc rl'Altu,s,lui persuade de ne plus
- s'inquiéter dc quoi que cc soit, : <r Il se ehnrge, dit il, de merrer
désormais tout à biett. u L'ancien Montle, [rop cortfiant, s'endort.
Alors irrterviennent de nouvctux pel"sonnagcs : lc ^Sbt glorieu,*, t,i:ltt
en lromme d'armes ; le Sot dissolu,, hrrbillé en clcrc, le ^Sol lriqtttn,
grimé en homme de loi. Cltacun d'eux débite des maximes propres ù
peindre son caractùre. Ainsi, le ,Sot glorieu"r chante le couplel,
suivanf :
À I'assaut! àl'assaut,! àchcval! 1
TITRE XT
Instnuction publique.
({) Voir les dessins relatifs à cet olrjet donrtés par Llcnon, dans Suiettccs
et lettïes uu no11en age.
(9) Fait tle peau de mouton ou tl'attintaux sâuvâges'
ie) Arcatte for'rée par deux a'cs de cercle croisés de môme raygn.
3ri9 llrst'olnE Dns D.ELGES ET DE LEUn ct\.rLIs,u'I0N
place et son rûlc sont donc quelquc tcrnps trùs effircés. peu à
lcu, on lrr voit s'afiinnel d'unc façron plus rcsolue, sc faisirnt
encadrer pùr des trcs romatrs ct, a son tOur, occuplrnt Ia plltce
.d'honneur. L'ér'olutiou prend tout un siùclc; aussi qualific-t-on
ordi-
lairement de style dc transition Ie st.vle des édifices du xrr. siècle.
Au cours du xrrro siècle, des rnot,ifs d'éconornie, dc gorrt ou cle
scntimcnt font, peu à peu abandonncr le plein-cintle. L'arc et les
vorites plein-cintre exercent une très forte pr.cssion sur les piliers et
lcs murs qui lcs souticnncnt; ils gxigcnt de glos piriers et, dcs ururs
épiris, rppuyés de puissrnts contr'eforts, pirr.snite, unc grandc quùrr-
tité dc mrtériaux et une grosse dépense . ALr rur* siùcle, les vclies do
cornmurricirtion sont r'tlcs et cn nuuviris é[iit, lo tt.iulsport, des rnaté-
liaux pénible, long, coriteux. Néanrnoins, pcnclant ce sièclc s'élèvent
'do nombreuses constluctions dc tout gerrrc lécessitées ou justifiées
p:rl I'accroissemcnt rle la populirtiou clonnéc à la
cull,ure arvant fuit naître un graud nourbre- I'extension
clc lillirgcs ct tle bourgs
piir lii cr'éation de nouveaux ordres religieur, plr lcs granclcs
-richesses du clcrgé, enfin plr la pr'ospér'ité dcs conuuullcs, qui
J-rirtissent des beffr,ois, dcs halles, des lrùtcls dc ,r,ille, ctc.
lin préserrcc de cctte ficvre de bfltisse, les lirchitcctes, pour écono-
nrisel des rnatérirux cli{licilcs à se proLrurer, chcrchent a rériuire la
rtlsse dcs nroilurnents. 0r, lir poussée cxcrcée pitr. I'ogive .sur les
rlurs ct sur lcs piliers qui la soutiennelt cst vcrticlle plutùt
c1u'horizontlle, partant, plus firible que eelle du plein-ciutro. L'cm-
ploi de I'alc blisé et des voûtes ogillles peruret, de diminuer Ic
l'olume des pilicrs, l'épaisseur ct I'eilcnduer des nrurs. Bientôt, lcs
pilicrs sc tlansfornicnt en colonnes t.S lindriques cû lcs fenôrl,res
s'elargisscnt, jusqu':.r prcntlre toute la pliice qui sépar-e lcs contreforts.
Telle parait ètre lir raison technique de I'abirnclon du plein-cintre.
nlais on a aussi expliqué, par des motifs esilrétiques, la substi{,utio1
de I'architecture ogivalc i\ l':rrchitcctule r.omirue. Le style roruiru
donnlit aux églises, avec une irpparence lourclc. ct nnrssive, ur carilc-
{,cre grave, rustùre, sornbrc mùmc, qui s'hiirurorrisirit avec l'éta[
uentirl des populirtions du haut nroycn irge, coull-rées sous le joug de
fcl de la féodrilité. Â l'époque eonlniunale, ce ne solt, prus, couuuc
au ternps dc I'ar'L rornan, des rnoines qui élèr'ent les constructions
nouvellcs, mnis des arclritectes llïcs. A leur insu sirns cloute, I'csprit
cl'émancipation qui tr:availlc le nonde, l'éurotion jo_rcusc qu'il
éprouve i\ se scntir lil;re, se traduiseut dans lcs pr.oduclions irrchi-
tecturrles des nouveaux artistes et le.q pousscnt ir clonncr ûu\ rnouu-
TBMPS [rS'r'0RrQUES. PÉRIODE rÉ0D0-C0]tUUlç,\LE 353
-
mcnts plus de harrlicssc et de lumière, plus d'élégance et dc lichesse.
Grfrce à I'emploi de I'ogirc, Iir rtef cetttrale s'élèr'e ct setnblc, sut'
ses colonrtes élancées, se projeter r-ers le ciel.
llais, pour tssurer, contre toute ér'etttuitlité, la solidité de l'édifice,
on appuie de solides contrcforts la paltie dcs muls qr,ri fiit fuce aux
colonnes intcrieurcs et, tlLr somtuet de ces contrcforts, on tctld par
dessus les toits des petites ncfs tles rrcsJloutiruts qui, après a't'oir
déclit ule coullie hat'die, viennent s'attaclier tur lnurs de la grarldc
ncf aux endloits convenrblss ({ ).
Dès lors, le vaisseau central cst susceptible de rccevoir le jour prr
le haut. Bn mÔme temps. lCs l1r'ges fcnùtres dcs ltefs htcirales iuon-
dent de lumièr'c tout I'intérieur, Pout' conserYer aux églises cettc
rlerni.teinte mystérieuse qui semblc inviter ittt recueillcment et à ltr
prièr'e, on est obligé tle garnil de vitraux les vastcs fenètres des nefs
et des trnnsepts ainsi que lcs intmcttscs rosilces du portail (9).
L'architecture'romane avait surtout visé à h soliditû, à la majesté.
L'arcliitccture ogivale tend'dat'arttrge à l'élégance, ù la grffce. Ellc
réduit les murs à leur plus ludimentaire cxprcssion et dès lors dispa'
raissent les peintures murales
Le style ogival domine en Belgique du xltto siècle au xYle ct mèntc
ilu x\rrre. ltais il a trois époques principales qui, approximativemettt,
colrespondent au xrtte, au xrve et auxYe sièclc.
Ces trois époques sont les suivantes :
4.o L'époqu,e printu,ire ott du, gotlûque pu,r, catactér'isée par I'ogive a
lancctte (chæur de Sainte-Gutlule à Bruxelles, églises primaires
d'Ypres et de Tougres, cathédrale Saint-Paul t\ Liége, e[c. ) : tr'ès
pcu d'églises belges appartiennent intégralcment au style ogival
primaire; 9o l'(poquc secondaire <ltt dtt gotlûçt'e rnyonnant (style
d'ailleurs rnal détennine) pcndant laquellc les ogives des portes et
cles fentitres sont ortlinait'ement lernplies clc ligurcs rayonllantes de
trèfles et de quatr"e-fcuilles (église Notre-Damc, a Huy; Sainte'Croix,
à Liége ; églisc paroissiirlc d'Audenaarde; extérietrr de l{otre-Dame, rr
Hal ). Àu clire de Schayes, l'église prirnaire de Huy est la plus belle
église de Betgique en style ogival secorrdaire ;3o l'cpoque lertùr'ire ou'
dtr, style gothiqu,e flanùoyant, rJit fleuri,pendlnt hquelle les architectcs
Beffroi de Bruges.
( l ) Il en fut ainsi tant qu'il n'exista pas d'hôtel de ville proprement dit.
-
(2)tacloche étaitalors le l.ocsin d'alarme (le toque selng), c'est-à-dire la
cloche quifrappe le signal.
(3) En ce^s circonstances, on appelait la cloche la bancloque (la cloche du
ban ) : c'était la cloehe appelant les bourgeois aux ârmes.
358 xrs'rotnu DES BELctss ET Du Lutitt ctvILISAl'loN
.e
z.'2."i1;'4
lriclrc fuI posée crr {377. C'est le scul motiutnent tcmarqurrble tlu
ert
ait transrnis le xrve siricle.
-gcru'e r{uc rlous
0rr leniarrlue ordinairement, clans lcs hôtels cle villc ancicns, se
tlétachrnt et s'avanç:ilnt sur la fiçacle, une sorte de loge
-la lrretèquc
oir le magistrat venait lire le texte des lois, ordonnances, procla-
-nrations et condamnations,
tlaisons des gildes, des métiers et dss confréries militaires.
- La
plupart des eorporations de marchauds ( gildes ) et d'artisans (rnéticrs )
possèdcnt des maisons olr elles conservent leurs archiyes, tiennent
lcurs réunions, donnent leurs btntluets. Les eonfréries militaires
irppropricrtt en outt'e leuls locaux de tclle sorte que leurs membres
peulcnt s'y excrcer au maniement des armes et spécialcment au tir
i I'arc ou u I'trbalète. De celles de ces construc[ions élevées itvant le
360 HISTOIRE DES OELGES ET DE LIII.JR CIVILISÀTION
xue siècle, il ne rcste que I'ancicn loeal clcs senncnts et eelui des
chambres de rhétorique à Louvrin. Encore esiste-t-il des doutes sur
le degré d'antiquitc de ce ntortument,
ffiaisons privées.
- Los uraisons prir'ées construites cn pierre
demeurent très rares, mùme dans les villes, jusqu'au xve, voire
jusqu'au xvr. siècle.
Seules, les maisons de quelques firmilles puissantes sont birties en
pierre. Yéritables fortcresscs d'aillcurs, elles afl'ectent, ordinairement
la forme d'un quadlilatère aux murs trr)s épais, avec revêtenrent
estérieur de pieres de taille. Leur rez-de-cbaussée le présenl,e qu'un
petit nombre d'étroites fcnfitres. Aux étages, les fenètrcs sont plus
nombreuses et plus larges, dc forme carrée ou ogivale. Une plnte-
forme, munie de créncaux sur ses bolds, oouronne généralernent ces
rnaisons. Âux angles, on remitrque des tourelles disposécs en encor-
bellement et percées de meurtrières.
Peinture et sculpture.
- En peinture et en sculpture, Ies productions
du bas mo-ven âge sont encore! pour la plupart, d'ordre mystique et
leur composition révèle toute I'ardentc foi religieuse qui est l'un des
carrctères du tcmps.
Dans leurs créations, les artistes s'attachent surtout à exprimer le
bonheur qu'ils espèrent gottcr dans l'ételnité. Aussi, les ligures dcs
personnages représentés ont-elles des Iignes souples, elancées. Blles
scmblent suivre I'cssor de I'irme vers lc ciel. 0n rcmarque aussi
tlans les tètes quelque chose de féminin, d'enfantin nrème, jusque
drns lcs figures d'hommes. A presque toutes, manque la vitalité.
L'enlurninure et la miniature sorrt particulièrernent, en honneur à
l'époque gothique et acquièrent dès lors un caractèr'e véritablement
rrtistique. Les couvertrrres et lcs pages des manuscrits s'ornen[
d'arabesques ({ ) ; on pcint et on cnjolive de dcssins coloriés les
premières lettres des chapit,r'es. Ces tlavaux sont cxécutés, tantôt par
des moines pour leur couvent, tantôt par des copistcs attitrés
ruprès des grands seigneurs.
À la peinture murale se substitue la peinture sur vcrre qui prend
une extension rernarquable. 0n peint aussi sur bois (diptyques et
TITRE XIII
Bégime économique.
Dans ces foires, qui se tieunent aux halles, on série les ventes.
Àujourd'hui, on vend lcs dlaps et riert d'irutre I tlemirin, les toiles ; le
jour suivaut, les grains, ctc. A l'époquc de lir foire, il est
défendu, paltout ailleuls dans le pays, de vendre elt gros cles produits
semblables à ceux exposés sur le champ cle foire. C'est ir la fois
forcer les murchands li s'y rendre avcc leurs marcltiinrlises et assurer
le débit cle celles-ci. Pcndant toute la durée de la foire, lcs ntalcltands
sont exempts des droits de tonlieu, d'étalagc, d'accise, ctc. l,n
tribunal, siégeant en permallence, tlit cles écheuins de fu foire, rJont
les membres sont, choisis par les narchands, en a la surveillirrrce et
jugc souverainement tous les litiges qui s'élèt'ent eltre les vcndeurs
et les acheteurs.
0roit d'étape.
- L'un des privilèges les plus recherclrés par les
eommuncs au nroyen irge cst le droit cl'ôtape sur les denrées e[ sur
les marchandises. La ville qui possède le droit tl'[ta.pe sur une
rnarchandise a le privilège de pouvoir faire lrrèt,er et urcttre en rentc
clrez elle (rl'oir le terrne, droit tl'éktpe) tout ou partie d'un transport
de cettc marcliartrlise, de passilge dans h loealité. Conférer à unc
ville le droit cl'étape sul' une marchirnclise, c'est en soninre lui attli-
liucr le pri$legc cl'cn firire Lr distribution iru rcstc du piil''s. C'est donr,
lui procurer uue impoltante source de bcnéIiccs. t'cs[ ainsi
qu'i\nvers dispute longternps à lhliues lc droit d'étrprt clc I'lvoincr,
rlu sel et clu poisson. Plus d'une fois, dc sunglanls conflits éclatctrt
cntre les deux villcs r ririson rle lir livalité qu'excitc l'cxcrt:ice ile ee
droit par I'unc ou par I'lutre cl'entre elles. (iancl possirde,ln flandle
le dloit d'étapc sur les l-rlés. Lc seizièrne tles gr':rius lcrnontiurt
I'Escaut, et lc qualt de ceux qui le desccntlcrrt, ,v duiveut ùtre
cxposés en vente.
Changes et banques. D'rrllord, les gros marcltarrds ne s'embilr-
-
rassent pas d'argent monnryé. Ils trarnportclt avec eux clcs lingots
dc métrl qu'ils fonû monna)'er àux lieux odr ils se lcnrlent. l[ais ccla
est peu pratique et folt gènirnt à cause de la multiplicité rles rnonnaics.
0n recourt alors aux cltangeurs. 0n porte a ccux-ci I'argent mon-
rra.vé dont ort désire se rléfailc; ils cn fixen[ la valeul ct, riroyennant
une certaine commission, dorurent d'autre monnaie en rir-.hluge. Des
tableaux indiqucnt le rapport des monuaies. l,ln certiiines localités,
les changeurs constituent uu méticl puissant. Plus tirrd, ils prcnnent,
lc rrortr de bunqtûels prlrce r1u'ils étalent leur lrgent sur un banc.lIs
prètent âussi, moyennant intérôt. Illiris l'Iiglise, r:ousirlér'lint, à
cette époque coltlne usure toute cspîrcc d'intér'rit, lcs .luifs sont
TEMPS HIST0nrQUES. pÉRr0DE Fti0D0-C0rn[jNÀLE 367
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d'abold à peu près les seuls à exercer.la profession de brrnquier.
Vers eette époque uaît, la lettre de change. Elle a pour objet
d'éviter les enrtuis et, lcs risqucs du trirnsport du uurnéraire par des
voies souvent peu stres. 0n lir conuaît en Itlandre clès Ie xur" sièclc.
Halles ou march6s.
- Les halles sout des marchcs couverts oir., ir
certains jours de la semaine,, I'on exposc en vente, une ou plusieurs
espèces de marchandises. Chaque nrétier irnportant a sa halle. 0n
connait à Liégc : la halle des drapiels, la hallc des tanueur'.c, lû halle
des bouchers, I:r halle des vignerons.
Lcs jours dc malché, lcs halles sont ouyerl,es au public clès six
heures du rnatin. Les doyens ou les rervards font alols I'inspection
des rnarchandiscs exposées pour s'irssurer que toutes sont, pourvues
tles malques r'églementiriles. Les malchanclises de bonne qualité
clui rte les possèdent pas en sonI inrnédiatement revctues. euaut aux
erutres, elles sont conlisquécs ct leurs propriétaircs punis d'une
rmertde. 0l ne peut vendrc r\ la halle avant le passage des rervtrds ;
dc urème il est, sévèrement interdit de veudre uuc rnarchanclise qui
a été apportée uprès leur inspection.
Bourses au Xllle siècle. Pour traiter leurs aflhires, les ncgociants
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dc la ville dc Bruges avaicrrt I'habitude de se r'éunif sur une certaine
place publique. Là, s'élevirit un hôtel dont lc propriétair.c avirit fait
gravcf, tu-dessus de la grandc porte d'entrée, troi.s bourses en éatsson.
0rr Iinit' plr donncr le noru cle bou,rse lux rôuliols quotirlier)ncs
tenues en ce lieu. Plus tiird le tcrme bourse s'étcnclra au locrl dans
lequel lcs malchrrlds se mettent. rr couvert 0lI cas de mauviris tcmps.
La premièr'e bourse ser.ir birtic a Ânvers en {SB?.
ilarine.
- À l'époque des croisades, les nlvires preullen[ dcs
diurensious considérables; ou en construit qui sont capables de
porter jusqu'à nrille soldats ct, cent chevtlux. Généralement, ils sont
i) plusieurs l'âng's superposés de rnmcurs. Dans l'ordre de grlndeur,,
trn les allpelle : galion, galèt'e, dronton, l,lc.
corporations d'artisans ou de métiers. Leur origine et leurs premiers
développements. Yoyons d'abor.d-leur or.igine. L'habil,Lrde de
chùcun, chcz nos irncùtres, de construire, de fabliqucr ou dc
confectionner soi-même tou[ ce qui cst inclispelsable ir lir vic simple
ct frugale de l'époque, empêche longtcmps I'industric de se clér'e-
lopper dans lcs villes ({). Lor"squc, par la suite, le comnrcr-ce a pris
('l ) L'indus-trie, pendant les premiers sièclcs dn moyen iige, n'est. r1n'un
accessoire de la produclion agricole. Pour qui travailler dans lésïiues, qiantl
368 rrrsrolnE DËs BELGES Et' DE LÈuIt ctvlLISÀl'IoN
ces notes ont été spécialement puisées dans I'excellent livre tle
-_(!)
M. suxtsre,s Bonual{s i Le boi métier des îenmew.s deIa cité tte Lié(te.
Y. trlirguet.
- Histoireiles Belges. 91
3i0 IIIST0IRE Dl'lS IIELGES ET DB LEUR CMLISrlt'I0N
_-une
iiutre propriété clu métier des tanneurs est ra maison des
Tunneurs otr se tieunent les assernblées et réunions
des membres du
métier et oir I'on serre une partie des archives (chartes
et diplômes,
règlements et, statuts folmulés par les membres
du métier, et
approuvés tant par.ra commu'e que par re prince;
titres dc pro-
priété, etc.). c'est lù aussi que le métier donne ses
fêtes et ses
banquets.
Les tanneursde Liége possèdent, une clrapelle dédiée
à saint Jean-
Baptis[e, Ieur patron. Le jour de Ia fête du saint, res
compagnoùs,
rprès s'êfre r'éunis au local du métier, se rendônt proccssionnel-
leme't à cette chapelle un cierge r\ la main, re cléposent sur |autel,
assisten[ à une grand'mcsse célébrée par leur chapàlain
et passent en
réjouissances le reste de la journée.
signes distinctifs. Les sig'es cristinctifs tlu métier des tanneurs
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sorrt au nombre de trois principaux : Ies arnrciries,quiconsistent
en
un aigle à deux tôtes ; une bannière cl'étoffe rouge couïerte
cl'insignes
et d'emblèmes brodés en or; enfin, uù sce(nt,rdont on marque Ics
pièces écrites rédigées au nom de la corporation.
Généralement,les armoiries d'un métier sont cles symboles parlants
qui représentent un ou plusieurs des outils à I'aicle desquels
I'es
compagnons exercent leur industrie. ÀiDsi les tauneurs
cle Huy et de
Ga'd onf pour armoiries u' hachoir et un écrra'roir; ceux d,ypres,
deux échamoirs; ceux de Bruxelles, uu liachoir et une corne
de
bæuf' Seuls peut-êtrc, res tanneu's cre Liége font exception
.etc. à
cetfe règle universelle
Lesuignerons ont pour embrème uùe grappe dcraisins
;
res tonneliers
utr tonne&u et un ntarteau de tonnelicr,. les nrurchund,s de grain
un
selier,les bo*langers une pelte ù, enfou,rner. L'emblème de ia
corpo_
ration des portefar"r est formé d.e detm porteurs q,u se,c, au naturel;
-brique,.
celui des nlaçlns, d'une paletteet cl'une celui d.eâ charpentiers:,
d'une tarùère; celui des taillpurs, d'une paire cle ciseaun. De,r
bottes
d'argent constituent I'emblème cles corclonnter,,r,.un ôæru/l
celui des
bouchers ou nx&ngons.
La bannièr'e des métiers cst le symbole cle leur inclépendance
et de
I'union de leurs membres. lls attirchent le plus haut prix
à sa con-
quête et à sa conservation. Les princes, au
contraire, s'empressent
généralement de la rlétruire auisitôl que I'occasion
de le faire leur
paraît favorable.
De même que tous les métiers ont une ban'ière,
tous possèdent
url sceau. Nous I'avons vu plus haut : les métiers forment
des per-
314 HISTOIRE DES I}IILGES ET DE LEUIT CIVILISATION
({) une ordonnance ùe 1434 Iire la quantité d'écorce que chaque tanneur
peùt îaire moutlre en une année c afin ainÀi que les petits se puissent servir e[
vivle auprès des grands, et l'un auprès de I'autre. I
(g) C'e règlemént et d'autres analogues eurent pour conséquence de fait'e
naùsier d'un"e façon excessive Ie prix d"u cuir. Cette circonstanc-e provoqua -ùe
la part des bourgeois non tanneùrs de vives protestations. et, en {5'19, il fut
aeciAe que chaq"ue tanneur pourrait moudie autant d'écorce que bon lui
semblerait. Le bésoin de sortir des entraves apportées par les corporations à
la liberté de I'intlustrie et du commerce commençail à se faire sentir,
378 IIISTOIRE DES BELGES ET DE LEUR cIvILISATION
à la rue, afin qu'on puisse surveiller son travail. Défense est faite de
tisscr quattd il gèle. Défcnsc aux foulons dc graisscr autrcment
qu'avec du beurrc. Le lustrrge doit ètre fait sans fr-lu ni graisse, avec
dc I'eau seulement, etc. (l).
De t,cls règlements, utiles i\ une certaine époque de I'histoiro
industlielle, sont de naturc pourtirnt i\ encltlïner I'initiative privée,
par suite à faire obstacle au progrès.
Toutefois on s'attache, clans une certail)e mesure, à prévenir ce
tlanger.Les maîl,res recherchent iucessammenI Ies meilleurs procédés ;
ils vont au devaut des ittnovatiotis, s'informant avec soin des proCédés
employés à l'étranger. <Lcs gouverneurs du métier, initiés à tous
les secrets de la fabricatiotl, intéressés eux-mêmes à ne pas laisser
déchoir lcur renommée, avaielt toujours les .veux out'erts sur les
innovatious à introduire. > (9).
Le priilcipe de la division clu travail est, pcu appliqué au moyen
îrge. Tout, au moins n'est-il pls, à bcaucoup près, étendu et gértéralisé
ràrm. nous le vo-Vons aujourd'ltui. Dans trn grartcl nombre de mé'
tiers, Ic môme ouvrier sait donner à la matière première toutes ses
appropriations successiles, ct I'objet à fabriquer sort complet de ses
tnriinr. Cependaut certaines irldustries, celle de la laine par exemple'
comportettt plusieurs catégories cle méticrs z les toncletws,les tisse'
't'ands,les fau,Ions,les tein,tttt"iet"s, etc. En pareil cas, cltaque produit
préliminaire est inspecté avant il'Ôtre retttis aux mains d'un nouvel
ouvliet'.
Sataire. Prix des choses nécessaires à la vie au XlVe siècle.-0n tr'a pas
cle renscigtremcnts exacts sur le chiffre auquel s'élevait le salaire
des ouvricrs tantreurs. Tout ce quc I'on sait à ce sujet, c'est qu'ils
étaient pal'és :\ la journée . D'ailleurs, ce sirlaire aula nécessairement
varié suivant, les époques.
L'onvr.ier, dtns chtquc cgrpolttion, travaille i\ la journée ou à ses
pièces. l|ais sa tiiche, pour g1 plix et pour un temps donnés, est
rlé[crminée et il doit s'en tenir lI, exactentent, et nc faile ou recevoir
ni plup, ni moïns. consentir r\ travailler dlvantrrge ou pour un
sakiir.e moitrdre, le proposct' sculcment, etttrrîlte une amcnde et
mème des peiles plus sévères allalt, porlr le patLol, jusqu'à la
déchéance de son lang penclalit tul an. Uû tcmps de repos 00nYe-
bonne récolte, une famine éclatait qui, pour êtle locale, n'en ilvai[
pas moins des suitcs désastreuses.
La situation de I'ouvrier est donc, à bien des égards, bcaucoult
plus favorable aujourd'hui qu'au l,emps des colpora[ions.
0bligations et'privilèges de la corporation ou de ses membres.
- L'irs$o-
ciation dcs tanneuls en corps dc métier les astreint à de multiples
obligations, à de sér'ieux dcr,oirs; ellc leul procul'e aussi de gmnds
avantrges.
L'association rcnd fr'èles tous les mernbles de la corporatiou :
la concurrence entre les patrons doit donc restet'honlôte. ilinsi, il
leur est interdit cle s'enlever leurs ouvliers. Un patron ne pcut
employer un conlplgnon dortt I'cngagement avec uu autre patron
n'es[ pas expiré depuis iru moius tluinze jours.
En temps de guerre, chaque compagrlon est tenu, aussitôt quc
sonne la cloche du bcffroi, de venir se langcr sous la bannière dc ll
corporation et de reniplir sou devoil de soldat. Quiconque, sans une.
ririson gravey s'exempte de ce dcl'oir patriotique, est passible
d'une amende de 40 florins d'or. Lcs nialades eux-mèntes et lcs
rbsenls sont teuus de ver,ser à lir caisse conrnune une somme déter'-
minôe.
Les membres du rnétier doivertt résider dans un quartier spécial.
Les tanneurs qui abandourtent ce quartier perdeut, ainsi que leur
postérité, tout tlroit d'cxclcer jamais le métier; ils ne peuvcnt mêure
plus le rachetcr a titt'e rl'étrangels.
Les obligations et privilèges, dans lcs rutres corporatious, sont
analogues à ccux cles tanneurs liigeois.
Les membres dcs métiers jouissent de certains avantages, les uns
généraux, les autres personnels.
Les privilèges généraux les plus inrpoltirlts consistcnt : {o dans la
personni{ication civile, c'est-à-dire dans le droit, pour Ia corporafion,
de posséder, d'acheter, de vendre, ctc.l 2o dans celui de choisir,
parmi les membres de I'association; des juges ou jur'és chargés de
décider en première iustarrce sul les coutcstrtions relatives I I'ildus-
trie du rnétier; 3o tianscelui de coacourir à h nominatiorr des admi-
nistrateuls communilux (l ); etc.
Le principal avantage personnel tlont jouissent lcs membres du
et it la qualité, des prorhtits, tcls sont clonc les calaetères spéciaux clc
I'industrie ct du commerce i\ l'époque communale.
(4,) r Le caractère tles peuples, dit une loi historique formulée par Hégel, est
priJigu'é dans Ie carttctèt'e tle Ia tene. t
TEITPS HIS'TORIOUES. PÉNIODE I..ÉODO-COil}II.]NÀLE 385
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entre l'Orienl, et le nord de I'Europe, font sentir au comnerce mari-
time le besoin d'un gt'aucl marché international. 0n décide de
l'établir dans les Pays-Bas : les marins des pays extrê'mes évitent
ainsi une navigation longue ct dartgereuse en des parages mal con-
nus. 9o Par Ia fertilité de leur sol et I'etcellence dæ procédés agricoles
en u,s&ge rtans Ie pays. Toutes les cérriales y viennenl, bien, ainsi que
le lin et le chanvre dont on fait des toiles.t'euommées. 3o Par les
o,bondantes richesses nùné.rules que renferme le sol dans la partie
méridionale du pays. 4o Par I'es1trùt conwrcrciul cles Belga dont ou
t+ouve les comptoirs dans toutes les parties du utonde.
Grirce aU préCiegx Concours de ccS circonstattces fi.rvorables, le
commerce atteint, dans notre pays, ull degré de prospérité incroy'able.
Bruges, notammcnl,, devient I'entrcpôt du commerce uttiversel et
remplit, dans le nord de I'Europe, le rôle joué par Venise dans le sud.
Trente-quatre uations entretienuent des relations régulières avec
notre rnétropole conunerciale. Dans la foule qui, chaque iour' se
coudoiepar les rues, des costumes étrangels s'aperçoivent de toutcs
parts, en mêtne temps que I'on entelld parler les idiomes les plus
àivers. Eu ses halles, à côté des laines anglaises, des foulrures du
Nord, des cuirs d'Écosse et de Norrvège, de l'él,ain de liolième, de
I'or de Hongrie et de I'argent de Pologlc, s'étalertt les cuitrs maro-
cains, les pelleteries de Fez, la basane d'Aragou, le coton d'At'nténie,
les étoffes de soie et d'or de Tartarie, les grains de Casl,ille, les olives
de Séville, les figues de Grenade, les raisins et les vins de France,
du RTrin, d'Espagnc, ile Poltugal et d'Italie, le fiz des iles Ba-
léares, etc., etc.
La pêche aussi deviett une branchc importante du corttmerce
flamand. C'est une école orl se folment tl'excellertts marins. Un grand
nombre d'expéditiolts navâles auxquelles ces dernicrs prennellt pal't
portent au loin uotre renommée ({ ). Des canatlx nombreux, i\ grande
et à petite section, creusés à frais énormes, sillonnent toute lrr région
du nord-ouest. Partout se rencontreut de belles et larges routes qui
servent au transport cles ploduits tlu pays ou cle l'étranger vers Ie
centre de I'Europe.
TITRE XIY.
$
l'ElIpS ilIST0RTQI;ES. 1..É0D0-C0]I}IUN.\LE 387
-PÉRrODE
Habitation et mobilier. La mirison de I'homme du peuplc, au
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xtv' siècle, est des plus moclestes, D'ordinilire, celle dc I'itrtisatt dcs
villes, faite de bois ou de torchis, est bâtie ltors des murs. En
temps de guerre, elle es[ presque toujours détruite par I'incendie.
QLrant aux habitrrtions des serfs, elles consistcn[ en cle sinrples liuttes
dont les plus belles sont cn torchis ct couvertes de cltaume. Faute dc
cherninée, ll furnée du foyer, dans toutcs les ntaisons, continue à
sortir par la polte. A I'intérieur, règne Ic plus souveut une obscu-
rité quasi cornplète, gar les carreâux de vitle sont une rarel,é, même
chcz les grands. 0n y supplée par de la toile cirée ort du papicr
huilé. Dans lcs comptes des rois de Frirnce, en {554, on rencontre
les denx postes suivants :
< Deux aunes de toile cirée dont a été fait un chlssis rnis en la
chambre de retrait de la dite dame reine au château de Mclun.
> Plus qtratre chirssis debois à tendre lc papiersur les fenêtres dc
la dite chambre et huile pour les oindrc pour Ôtre plus chirs. >
Éclairage.
- La chandelle est rare cncore ct considér'Ôc comme
une matièr'e si précieuse qu'on la résen'e pour I'offrir à la Vierge
dans dc griindes occasions. Combien I'ltivcr doit ôtre triste en la
froide et sornbre demeure de I'artisan, à pcinc éclairéc par la failile
lueur du foyer'!
Cepcndant le rnobilier est devenu plus confortable que par Ie passc.
Plus nombreux, les lits sont ordinairemcnt munis dc clraps de toile,
tle couvel'tures dc laine, de coussins.
Dans le service de la table, les campagrtards et les pctits bourgeois
emploient de la vaisselle d'étain; pour la cuisine, ils se ser"vent de
pots ct dc chauclrons. Dans les villcs, les bourgeois liossèdent des
chandclicrs, des bassins, des lavoirs en mctal, etc. La fourchette
apparirit.-llllc est à deux dents ct, longtemps, tlemeure Lln objet dc
la plus grande rareté. Dn I'an l300,le roi d'i\nglctcrre u'en possédait
ellcore, dit-ort, qu'une seule.
Le phfonnage dcs habitrtions reste iuconnu. Primitivement, cltez
les gralds personntges, on avait dissimulé la nudité des murailles
par des tcntures formées de fourrures d'hermille ou de vair. Darts la
suite, on emploie à cet usage des tapisscr'ies dc laine. Mais pcndant
des sièclcs, I'usage des tapis de pied demeurc ignoré jusque dans
les demeures princièr'es. Des roseaux séchés en. tiennont lieu, épar-
pilles sur le paventertt ou I'aire battue. ,, Le jonclLeu,r de roseaun étail
un personnagc important à la cour', et sou ofTice n'était pas ulle
sinéculc. Lcs convivcs nc se faisaient pas scrupule cle vider leurs
388 lrrsrorRE DES IIELGES ET DE LEUR crvrlrsA'rroN
militair"es, sinulant des combats. Ils ont pour but, dc récrécr, cl'cxer.-
cer la vigueur du corps e[ cl'entreteuir la p';rssion de Ia guerre. D'or-
dintire, les lournois ortû lieu rLrns des cilcorrstances solcnnelles.
Certains plinccs ntagni{iques crt donnenl tous lcs ans. IIs y invitetrt, les
drmcs les plus illustres. Aussi les succès dans les toumois sont-ils
très appréciés et for[ artt]ril,ionrtés.
Les luttes cles tour"nois nc sont d'ailleurs pirs sùns offr'ir rlu dangcr'.
il nc s'en passe guère, en effet, qui n'occirsionnent rlcs molts
d'honrmes ou des blessurcs grûvcs. Jean Io", duc dc Brirbirnt, nreurt des
srrites d'urte blessurc reçue t\ Dar, dans un tountoi.
Tournois à la foule. Certains touruois ont lieu ert pleine canr-
-
prgne : ils ligulent de r'éritrblcs batailles rangécs. Sous lc cornmau-
dcnicnt de capitairtes et de chefs renomrués, cles cirvalicls et des
fantassins y clonnertt le simulacre appelé irujonrd'hui ltetite guerre
ot grontlcs munftuu?"es. 0n désignc ce gcrtt.e dc tournois sous lc nonr
de trépigneries ou de tournois ù In foule. Lc conbattaul, firi[ prisourrier
doit par,er ur)e rar)çon à sort ildver.sairc.
Tournois ordinaires. Dans ces Oxerciccs, un cet'tain nonhre de
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chevaliers munis d'lfrnes émoussécs silns poirtte ni tlancliant
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attaquent en mtnic tentps un uombrc égal d'advcrsâircs, contre les-
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quels ils rontpcnt tl'abord une lance; ils contiluenû ensuife le combat
avec l'épée ou ltr hachc d'annes. 0n rloit frapper cntrc les quatrc
membres seulement, c'cst-:\-dire sur le plastron; il cst défcndu de
frapper de la pointe, dc blcsscr lcs chevaux, dc se r'éunir'a plusieurs
contre urt selrl, etc. ç
Outre I'armure cle fer qui les protège, lcs clrevrliers portent urt
vôtemen[ rcmbonrré, dcstiué à arnortir les coups. l\lllgt'é ces pré-
cautions, l'arcleur', la ntaladressc ou I'impruclcncc dbs comba[tants
amène prcsque toujours quclquc accident.
Les tournois se donnent, tlans une licc ou cattir\re entourée
d'cstrades lichernertt décor'ées otr sc lrltcent les chev'lliers, les d';rrncs
et les enfants des rtobles. Ordinairentent, clraque chcvrrlicl porte une
enseigne ou faueur aux coulcurs de sit dante. Cette frveur cottsistc,
soit etr un ouvrage tissé do la main de la jeune fcttrme, soi[ eu uu
objet quelconque clétacltô de sort vètemeut : une écharpc ou uu
næud do ruban, par exelrplc. Placée à I'cxtrémité cle leurs huces,
I'enseigne per'met de reconttlitre de loin les contl.iattants. Pour
juger les coups, on répaltit, ert clillércnts eudroits, des jrrges et des
maréchaux de camp.
Joutes ou passes d'armes. Or'dinairement, le tournoi sc tcrmirte
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TEUPS HrsÏOlrroutts. r'ÉtuoDE r..É0D0-cQMlIUIiÀLE 391
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des villes remplaçent les tourrtois par les tirs ù I'arc eLà,1'arbalète.
Fréquemment les confreries d'archers et d'albalétriers donncnt des
c0ncours dans lesquels leurs membres paraissent richemeut costumés
de velours et d'écarlate.
Dans les localités traversées par un fleuve ou ure rivière, il y a
aussi les joutes sur I'eau. lllunis d'une ltnce de bois, les combat-
tants, debout sur ut)e planche placée en travcrs d'une barquette,
cherchent à renverser dans I'eau leurs adversaires. Cltaque nacelle
est occupée par six hommes dont un combattant, utr tambour e[
quatre rameurs.
Danse des Machabées et ieu des échasses. Deux jeux populaires,
-
assez originaux, étaient particuliers à la ville de I\amur'. C'é[aient la
danse des Machabees etle conùat des éclmsses. Voici en quoi le premier
consistait. Sept jeunes gens vôtus de blanc, avec des uæuds de
rulian rougc aux jrutbes et aux bras, se murtissent chacun d'utle
épée r\ pointe émoussée. Ils la tiennent, de la main droite et serrent
en mème temps, de la mairt gauche, I'extrémité de l'épée de leur
voisin. Ensuite, ils cléclivent, au son du tatnbour, des figures variées
ou se livrent à des rnouvements divers dout I'exécution exige beau-
coup de vigueur et d'agilité.
Dans le jeu, tles échasses, quirtzc à seize cents ieunes gens, revêtus
de brillants unifornes, montés sur des échrsses et, conduits militai-
rement par des ofiiciers élus, se r'endent sur Ia grande place. Là, ils
se sé;iarent cn deux camps qui, après un défilé de parade, s'avancent
l'uu contre I'autre au solt des trompettes et des timbales, chacutt
jouant des coudes ou des échlsscs en yue de renverser ses advet'-
saires. Tantôt plie uncôté, tantôt I'autre. D'ordinaire, les parerlts des
cornbattlnts se tiennent aupre\s d'eux pour entptlcher lcs chutes trop
dangereuses. Enlin, lorsque I'un des deux partis a forcé l'autre à
reculer, il est proclarné vainqueur. Les inondations fréquentes aux-
quelles la ville de Namur était exposée, avaicut sans doute donné
naissance à ce jeu.
Par la suite, les joutes guelrières firent naitre I'idée des joutes
Iittéraires. Aux exercices des archers ct des arbalétriers, on ajoute
des chants et des récits poétiques. Pcu i\ peu môme, la partie lit-
térairc et théâtrale prend lc dessus. Tclle est I'origine des cottcours
si brillants qui sc produiseut au xyc et au xvre siècle ellùre les cham-
bres de rhétolique. II en a dejr\ été question dnus ce cliapitre ct
il en sera parlé encore au chtpitre suivant.
Diverlissements du peuple des campagnes. Il existe aussi dcs con-
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TEI}IPS HISTORIQUES. PÉRIODE FÉODO'COMIIUNÀLE 393
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fréries rurales s'exerçant a1 tir à I'arc et à I'arbalète; mais elle ne
sOnt pas adrnises aux concours clonnés pàf les confréries urbaines.
Lcs pa.vsans se dé{ient à la course, luttelt etltre eux, iouent à la
balle et aux quilles, motttettt au mirt de cocagtte, ctc.
leux des enfants. - Les jeux des euf:rnts de cette épOque ont tra'
vcrsô les âges et, à quclques modilictlions près, sont encore ceux.
des cufants rl'aujourd'hui. Alors déjà, on joue à la balle, aux billes,
à la toupie, aux quatt.e coins; olt cotlnùît égalemelt le jeu de barres,
le saut de mouton, I'escarpolette, la marelle et autres.
Les crrtes à jouer, inventées au xtve siècle, servent d'abord à amu-
ser lcs enfants. Les grancles personnes préfèrent jouer aux dés.
Processioris et ommegangen. LeS processiOns Ommegangen cn
pays {lamand
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s'organisettt i\ I'occasion des grandes fètes reli-
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gieuses. Mais elles n'out pas ttn caractère exclusivement religieux.
Qutre la procession proprement clite, elles comportent ull cortège
historique et une cavalcade a laquelle on s'attache à donner une
physionorhie burlesque. Ltt plus remarrluable de ces processions
e|aiL I'ontntegang de Lou,rtain drns laquelle, outre Ie clergé, les corps
de métiers et les confrér'ies. rnilitlircs, figuraient la magistrature
communale eu grând costume et, le corps universitaire lui'même.
Suivaient cles géants, des ttuimaux de ftrrmes grotesques et des
chars sur lesquels on représentait cles scènes bibliques ou myt'ho-
Iogiques, allégoriques ou simplement bouffonues.
Sur un char de I'omrnggatrg orgalisé à Bruxelles pour rccevoir
Philippe II, eu {51i9, on remarquait un ours irssis devant un clavier.
DeS crordes reliaient aux tottches IeS queues d'une vingtairte de
chats de différents itges, eufermés chrcun i\ part eu des loges étroites,
otr ils rte pouvaient se t'emuer. Clliiquc fois que I'ours appuyait sur
les touclies, lcs chats éclatirient cu miaulements furieux. Philippe II
n'y put tenir et rit.
La procession du Doudott,, à lllons, revêtait une allure analogue à
I'ommegang cle Louvain et, clatls ses pirrties profanes, S'est perpétuée
jusqu'à ttos jours.
Les mæurs. a l'époque comnunale, o1 trouve, dans toutes les
classes de
-
la société, des mæurs très relâchées. La richesse générale
fait naitre gott cles plirisirs et ettgendre le libertiuage. Les souve-
le
rains donnent lc plus détesti-rble exemple. Jean III ne laissa que dcs
lilles,pour lui succéder; mais il avait une quittzaine de lils illégitimes.
À tous les degrés de l'échellc sociirlc, oD mirnque aussi de sobriété
dans le boire et dans le lnaDger. (( ll meurt plus de gens' dit lloen-
394 rrrsrotnr DEs BELGES ur DE LEUtr cIvILrsAt'loN
dacle, de trop nranger ct ltoire que par. Ies nilux cle la faim >. Les
femmes sont à peine pltrs sobrcs et plus riser.t'ées que les homnres.
Dojà, lc Iundi est un jour dc ripaillc. Lcs rictes cle violence sout, fr,é-
quents. Iin résumé, on I'il dit, le lno)'cu lige n'a colinu ni Ia pucleur
lui Ia tlélicatessc.
TITRE XIV
tion dc leurs serfs, ils sont obligÛs de concécler ir ceux-ci des chartes
rtn"ales, qui leur gâIalltissert dcs trvantlges très étendus. Ainsi lrt
suprérnaticexercée t\ l'époque précédente par les campagncs sur les
villes disparaît et prsse délinitivement à cos dernièrcs.
II irnporte ogpendant de le remarquer : les contmulles et les métiers
rlu rnoyen irge ne jouissent pas de vraîes libertés,, mais seulemeltt de
priuitègas. 0n n'a pas alors ulle collccption juste des droits natu'rels
rle I'homme. Réclamer pour totts une égalité entie\re n'cntre dans la
peusée cle pcrsonrte : c'est que l'égalité de tous devant la loi tt'est
prs, à cettc époquc, regàr'dée comlne un droit, printortliul Les libcrtés
inscritcs dtrns lcs chartes sont tlniversellcmellt tellues pour de
sirnples privilèges, qu'il est legitime ct lionorable d'arracher tl ceux
qui prétendettt s'en réserver le monopole, mais qu'il n'est pâS iDiustc
ct qu'il peut titrc habile rle t'cfuser à ceux qui ne les possèdeltt p'.ts
encore. En cet état cles'espt'its, chaculr sc borno donc à cbtenir du
pouvoir le plus cle privilèges possible, salts se préocctlper de savoir
ii I'on ell Accorde t\ son voisin, heureux môme, le cas échéartt,
d'en jouir seul, pat'fois s'opltosilnt cle force à les laisser attribuer à
d'ltutres. C'eSt, au point que, clans beirugoup de communes' On est
amcllé à prenclre des précrutions nombreuses pour empèch€r cer-
taines col'porâtions d'opprimer les autres. Néanmoins ces précàu'
tions sout vailles.
En Flandre, lcs luttes pour h conquête cles droits civils et poli'
tiques se compliquent des luttes pour le maintien de I'indépendance
396 rrrsrorRr DBs DELGEs ET DE LEUR crvrlrsATroN
.....
Lambert [er, le Barbu + .t0l5 Henri III .... t4960
Vieux.
llenri Ier, le . -f .1038 ..... t 499,+
Jean ler, le Victorieux
Lambelt II, Baldéric i 4069 Jean II, le Pacilique. rS 4312
Henri II ..... -f 4076 JeanlII ..... -i 4355
Henrilll .... t.1095 ( t '1383
wenceslas et Jeanne .. , ..
Godcfroid ler, le Barbu, pre- i 'i' 1384
mier duc en 4406 . j- 4140 Antciine tle Bourgogne.... . r; 4,4{,,5
Godefroid II, le Jeune ..... JS Llrti) Jean lY ..... t 1127
Godefroid III, le Courageux. f ,tlg0 PhilippedeStPol ... 1 4430
Henri ler, le Guero-veur. . . . -i {235 Philippe lellon ..... 1' 4,467
Henri lI ... . . r; 4941
Comtes de Hainaut.
CHAPITRE Y
Ouvnages à consulten :
Pttul Fr(déncq : Bssai sur le rôle politique et social des ducs de llourgognc.
Il'atûers : Les Libertés communales. ll'auters : Préci.s de l'lristoire
-politique -
de la Belgique pendant Ies quatrc tlerniers sièclcs. Ed. Paullct :
Histoire politique nationale.
-
Ilenne: Histoire de la Belgique sous le règne
de Charles-Quint.
-
d,e Darunte .' Histoile des ducs de tsourgogne.
-
,lules l&'édét'icln : Le Grand conseil ambulatoire des rlucs de llourgogne et,des
-
arclritlucs rl'Autriche (l4t+4-15û4), Dc Leborde : Ilssai sur les lcttres, les
- Ilénaut:
arls et I'intlustr.ie au xyosiècle. Histoire du pays de Liége.
-
lI. Lonchuy : De I'attitude des souverains -
des Pays-llas à I'éganl rlu prays de
Liége au xvle siècle. Ch. Faider : Patria tselgica. Etutles sur les consti-
lutiorrs nationales.
- I'içtsy Brundts : lissai sur les
classes rurales.
-
l'an Dntltssel : Histoire du commerce et de la ntarine.
-
Stéchcr : Histoire de
la littéralure néerlandaise en Belgique.
-
Ale"randre.' Histoire du conseil
privé dans les anciens Pays-tsas.
-
Péniode bounguignonne-autnichienne.
Empereurs d'Allemagne
Bois de France contemporains.
contemporains.
Oharles TI, I'Insensé . t 1422
'lYencesles
de Luxembourg,
CharlesVII... t.t46l déposé en.... .... j- {400
LouisXI ,.... t4483 Robert de Bavièr'e . .. t {410
Charles YIII.. j- {408 Jossedel[oravie .... r; 4.4,1,1
Louis XII .. .. t ,151ts Sigismond de Luxembourg'. . -l {438
François Icr ... ..... -i',1547 Albert II, d'Autriche ... .... -f ,1439
Henri lI tr'rédériclll ... ..... i- 4493
Il[aximilienl"' .., ... tf5l$
Charles-Quintabtliqueen.,.. .t556
TITRE I
Géognaphie historique.
Les dix-sept provinces qui composèrent les llays-Bas au cours de cette
période sont : {o La ltlandre et l'Ârtois, enlrés par nariage dans le domaine de
TEtIpS HIST0RIQUES. PÉRI0DE L|OUttctltlN.-'\UTRICIt. 403
-
lanraison deBourgogne({3S ). 20Laseigrtcttie del}Ialtnes, acquise parhéritage
en {/130. Dllecomprenait troisparties: a) laville; ù) le distlict (cinqvillages à
clochers et six hameaux) ; c) le ressort (les villages de Heyst-op-den'Berg et
de Gestel). 3o Letna,rquisat tle Nutnut', acheté par Philippe le Bon en lt+2|,"1'129,
.4o Le tluctté de lirabant; 5o celui de Linùou'g et 6o le ntanptisat d,'Anrers.
acquis tous trois pâr succession, en 1430. 10 Les comtés de llainuut; 8o d.e
Ilouandc; go de Ztland,e et'l0o laseignetn'ie dc Ftise, acquis lous quatre par
cession (.4.428, concortlat de Delft) et par héritagc ({2136). 'l{o Le duché de
Gueklre, acheté par Charles le Ténréraire, etl /1.472. Cette proVince était formée
par la ville de Ruremonde €t quelques villages environnanls. Dlle avait un
corps d'état et un cOnseil souverain de justice. l2o Le contté de Zutphen, tnnl
à la Cueldre tlepuis {{05 et acheté par Charles le Téméraire en {479, perdu
ensuite avec lâ Gueldre, en[il), tous deux acqui$ tiétinitivement par Charles'
Quint, en {5/+3. 43o T'otuttui et Ia seigneurie de I'ournui et I'ou'narsls, cOnquis
en {59{ par Charles-Quint, qui euleva à Toulnai sa constitution démocra-
lique (l). La seigneurie tle Tournaisis complenait Tii villages. Olle fut annexée
au comté de Flanrlre, dont elte forma un distlict à part appelé la a seigneurie
de Tournai ct, Tournaisis r. Àu point de vue judiciaire, le lribunal des échevins
tlc To'ulnairelevaitdu conseil de Flandre et du grand conseil de Illalines. 4r+o
Les pûttcipautis t|'Iltrecltt et 45o ù'Orer-l'ssel, cédées à Charles-(Juint en {598,
par l'évêque Henri de Bavière. {60 Les pags de Drentlrc et {70 de Groeninghe
(avec les 0mmelanden), acquis en {536,
Toutes ces provinces formâient des états indépendants et séparés n'ayânt
encore aucune appellation collective. 0n les désignait indifféremment sous le
nom de Pays tle par rleçà (par deçà les monts) : Pays de par defti (par delà lc
Rlrin) : Pays d'en àas, de I'land.re, de Brabant' enfin' mais ralement, par
celui de Belgique.
TITRE II
' Les feits.
seigneurs -qui, trop pett âgés poul" l'ecevoil les ortlres, étaient
désignôs sous lc uom tl'iltrs. Ils n'apportaierlt pas toujouls,
dans I'acconrplissement cle leurs fonctions saccrdotales, toute la
convenaltce et toute la sagesse<lésirabies. Jean de Bavière, fr'ère
du courte dc Hainaut et ueveu de Jean sans Peur, comte de
lrlauth'e, fut au nonble des plus mauvais de ces princes.
Ses désortlres, ses exactions et ses abus tl'autorité sont si
criants que le peuple liégeois se t'rjvolte et le contraint de
s'cnfuir' à llaastlicht oir les rnilices comlnunales courent I'assié-
gef. Viverirent pressé pal ses adversaires, qtle ses partisans
tlrralifient ùe lutitlroils, parce qu'ils sont censés ltaïr les clroits
de l'évèquc, il sollicite la paix. I[ais les Liégeois sottt trop
irrités contrc lui pour accueillir ses âYances. Un pâquet, disposé
eu lbntre de lettle, scellé de sept cachets de bouse de vache, et
contennit un sirnple mgrcgau tl'écorcc, est toute leur t'éponse.
Irut'ieur dc cette iusuhe, l'évôc1ue ot'donue le massacre des
principaux prisonniers liégeois et rertvoie les autres après leur
avoil fait crevcr les reux. Toutefois, il laisse l'æil gauclte à
I'un tl'enx chargé de t'econduire ses tnallteureux compagnons
au caurp tlu parti populaile.
Désespérant tl'auiver :i utt accortl avcc ses sujets, l'évèque
sollicite le sec:ours de ses parcuts, les comtes tle Hainaut et de
Ill:iuth'e. Ceux-ei aruiveut bientôt :i la tÔte tl'utte arrnée de
98,000 hommes, presrlue entièrement corlposée de chevalicls.
Eu applenant I'arrivée de ces forces redoutables, le seigneur
de Pelrrez, marnbour cle Lîôge, fait publicr au Péron (t ) et
tlans hbanlieue,l'invitatiol aux ltomtnes valides de se rassem-
lllel en arrnes quaud ils entendrottt le sou de la grosse cloche
({) Péron (pin rontl), rle la pomme de pin surnrontée d'une ct'oix qui termine
à Liege la coloune à laquellc on a donné ce nom. Cetle colontte s'appuie sur un
l'ùt ert forme ri'anneau aurluel on .lrrive par quelques degrés, à droite et à
gauche desquels lcposeut tles lions. Lc péron, d'après I'historierl Htixlux'
rlaterait d'Àrnbioris.
410 urslornp Drs BELGRS ET DE LEUn crvrlrsÀTroN
- Il )'etaplus
Destruction de Dinant (1466). quatre siùcles, Ia ville de
I)i'ant éhit beaucoup plus im|orl,urte peuplée qu'elle ne I'est,
rujourd'hui. Iille s'étenclirit, rlor.s sur. les deux
ii,,., oc ia llcuse et sa
populirtion dépassai[ 90,000 hiir-riti-rnts. Naturcl]cnrcnt protégéc
par
lcs hautes collines qui l'environrlcnt, elle étrit cn outle àorr,ùu, p..
iie liu-gcs rnuls très éler,és, flirnrltrés d'énolmes tour.s. Aussi n'iivait_
clle janrais été prise, quoiqu'eile efrt subi clix-sept sièges.
Situéc sut' Ia llleusc et, cliuts unc contrée clont cllc était la seule villc
i'portante, elle jouissait d'u'e position comnierci:rle des plus ava.-
tugeuscs : tous les plocluits tlu couclroz passirient par ses foiles
et
-scs tnarchés. Ses llabitants se lirraicrtt aussi à uuc inclustrie spéciale,
la firbricltiol d'objcts crr cuivr,c (.1), plrticuliùremcrrt cl,objcts cle
ehaudro''eric eI d'irsrcnsiles dc ninage (plirts, \:âses di'ers, Ilmpes,
cltandeliers, potiles (9), etc.), counue dans Ie mond.e entier sou, l*
rronr de dinanderte.
Lcs Di'antais a'aie't, ai'si lcquis dc gra'des richesses dont
ténroignaient lcs *raguitques irclifices taut religieux clue civils
e; lcs
iutmcnses halles dont lcur. r'ille étrrit r.cmplie (B).
ll
Toutefois, Diniint, alirit, unc rivirle dans fabrication cle Ia clinln_
deric. c'était Bouvignes, localité située sur la live gruche de la
Ileuse, en aval et ù une dcmi-lieue i\ pcine de Dinant.
0r, à cet[e époque, Dinant, faislit partie de lir principauté de Liégc,
({) Dans un conseil tenu à Bouvignes, il avait êté tlécirJê. que Ia ville serait
rl'ahord pillée et ses habilants chassés, ensuite qu'elle serait détruite par le feu
(HÉnlux, Ilistuire tlu pay\ de Liége, page 195, lome Ie").
( 2 ) L'exactitude de ce détail légendaire n'est pas prouvée.
(3) Dinant renfermait tles riclresses immenses. 0n y avait rduni, disait-on,
des vivres pour tenir lrois âns. [Jn grantl nombre d'habitants des campagnes
environnantes, craignant d'être piltés et maltraités, s'élaient ,réfugiés, avec
lout ce qu'ils avaient pu emportcr de leurs biens, dans cette ville r'éputée
inexpugnable,
4lB ursToIRE Dns BELGES BT DB LEtiH crvrlrsrrroN
nombre dc Bourguignons et d'habitants périssen[ encore en ccttc
circonshnce, brûrlés vifs ou ensevelis sorrs lcs clécombres tlcs
rnaisons dont I'inccndie arnène la chute.
Le duc invite ensuite lcs habitants des princripautés voisines il r'cnir
consommcr la dcstruction de hr ville.
Pendanf sept mois, une centaine tl'ouvriers furent occupés, moyen-
nant un gros salaire, à cet,tc tr.iste besogne : murailles, tours, ponts,
édifices publics. naisous d'hal-ritat,ion, tout est nbattu et r.asé (l).
,0n veud ensuite lc terrain pour ètre cultivé. Lcs méchants princes
boulguignons voulaient 11u'on en frit réduit plus t,ar.d l sc denrander.':
Oir donc fut Dinaut? Iit, en cll'et, des fugitifs, rcvcllusparlnsuite, rtr_r
retlouvèr'ent même pls I'ernplircemcnt oir s'élcvaicnt autrelois leuls
habitatiorts.
(1 ) 0n retira des tlécornbres une énorme quanlité de mé(al fontlu que Ie rluc
- tsourgogne
.de lit vendre à son profit.
p[rirODE B0URGUTGN.-ÀuTRtcrr. 41,7
TElrpS rrrsToRrtJuES.
-
En 1,421, le jeune prince acquiert de Jean III, ruiné par les
prodigalités tle sou père, le marEtisut de Nantu,r, au prix de
139,000 couronnes d'or (envilon {,500,000 flancs).
Par le concordal de Delft, en '1498, J3cqqeliueùe Bavièrurh;:;*,
sa consine germaine, lui abanclorne I'atlministration <h Hai-i't>"'Âa*z-
naut, de la Hollande, de Ia Zélunde et de Ia lrrise.
La tnort ({430) du duc de Blabant, Philippe de Saint-Pol,
qui ne laisse pas d'héritim plus proche que Philippe le Bon,
varrt :i celui-ci le Brabuttt, lc Linùtourg ei Ant'et's.
Enfin, Elisabeth de Gollitz, duchesse rJe Lurentbourg,lui cètle,
en 1,441, son duché moyennant une pension de 8,000 florins.
Philippe le Bon u'entre tléfinitivement erl possession des
tlomaines tle Jean III, tle Jacqueline de Bavière et d'Elisabeth
tle Gorlitz qu'en 1,429, 1436 et {451, dates de la mort de ces
a
pnnces.
Airni, vers {4S0, la plupart des principautôs dont se com-
posent la Belgique et la Hollande actuelles, se trouverrt réunies
entre les rnains d'un seul prince.
Lutte contre la commune de Bruges.
- De retoul tlans leur
ville après I'abandon du siège de Calais, les Brugeois en ârmes
réclament la confirmation de leurs privilèges, ce que Philippe
cst contraint de leur accortler (octobre 1436).
Mais I'année suivante, se sentant mieux en situation d'im-
poser sa volonté, il abolit de nouveau la suprérnatie de Bruges
sur le F'ranc qui, derechef, forme \e quatriùne membre de
Flundre. L'érneute gronde aussitôt dans la ville et I'un des
magistrats, partisau du duc, est tué.
Plein de ressentiment, Philippe, ell ce rnoment à Arras,
s'occupe aussitôt de rassembler des troupes sous le prétexte
d'aller occuper la Hollande. Ayant réuni des forces suffisautes,
il s'avance vers Bruges, prolnettant aux magistrats inquiets de
n'entrer dans la ville qu'avec une faible escorte. Mais, informé
que ses soldats viennent d'emportel' une porte, il s'écrie,
Y. Dtirguet - Histoire des Belges.
4I8 HISToIRB DEs BELcES ET DE LBUR cIVILISATIoN
?:n
nier. Ils conptaieut sur le secours tlu roi de France, qui les
avait secrètement encouragôs tlarts leur sétlition. Combien ne
sont-ils pas surplis d'apprentlre que l'eul allié, loin tle leur
prêter lssislance comme il s'y êtait engagé, s'avance cotttre eux
avec Charles le Téméraire !
Yoici ce qui s'était passé. Pour
mieux tlissimuler ses desseius, le perfide Louis XI avait
dernandé à rencontrer le duc à Péroune, sous prétexte d'v
négocier un traité d'alliance et de paix. hiformé tle ce qui
était arrivé,à Liége, le Térnéraire avait forcé son délovrl suze-
rain à I'accornpagner, Ie menaçant de mort s'il s'y refrrsait.
Les tleux princes viurertt carnper aux euvirons de Liége avec
une armée de 40,000 soltlats aguerris. Or, les Liégeois sor-
taient à peine de tleux gllerres contre les ducs tle Bourgogne
qui leur avaieut infligé deux terribles tléfaites. Un grand nom-
bre des plus vaillattts d'entre eux avaient été tués pentlant ces
guerres; d'autres s'étaient eufuis ou avaieut été ôhassés du pavs;
quant à ceux qui avaiettt survécu et cotttiuuaient d'habiter la
principautti, ils s'étaient l'us coutraiuts de livrer toutes leurs
ârmes : mèrne, il ne Ieur était plus perrnis de posséder qu'un
couteau sarts pointe, pour couper le pain. La ville n'avait plus
ni tours, ni rernparts, ni câllolls. Une sirnple palissade rempla-
çait bien insuffisamrnerlt, les auciens murs abattus I'anuée
précédente. Aussi, à I'approche de Challes, une grantle partie
de Ia populatiou, prévoyaut le piltage et la destruction de la
cité, s'enpressa-t-elle de I'abandonner, elt solte que seuls les
plus pauvres de ses habitants y tlemeurèrent.
Dévouement des six cents Franchimontois.-Il ne restait dans la villc,
de valides et de bien ûrmés, que six cents liommcs ïcnus du pl.vs de
Franchimont, clont les habitants passaicnt poul les plus bt'aves e[ Ics
plus résolus rle lir plincipauté. La veille du jour oir les assiégeants
deraicnt livrcr I'assau[ à lir yille, Josse de Strrrilhe, comnandant dcs
Flanchimoltois, réuuit ses compùgnons ct leur parla ainsi :.
< Votts sayez que nous ne sommes llas crt éta[ cle vainclc nos
cnncmis, ni rnônie dc lcur résister lcingtemps. Dcmairt, la ville de
426 rrrs'fonru DBS IIELGES tsT DE LEUR ctvtlrsÀTroN
Liége sera plise et tous, peut-être, llous âurons cessé de livre. f,n
seul mo.veil nous reste de sauvel le pays et nous-môrles : c'est de
pénétrcr pendan[ la nuit prochaine dans le camp des Boulguignons,
dc nous rpprocher en silence des logis du duc de Bourgogne et du
roi cle l'r'ance et d'essaycr de tuer ces princes ou de les faire prisou-
liers. Si nous réussissons drns notre entreprise, nous sâuveroDs
rrofle patrie d'une ruirre certairte. Si nous pér'issons, du moins notle
mort sera uoble et glorieuse. >
Les blu'es Frauchimontois connaissaicnt leur devoir; aucun d'eux
ne connaisslit h crainte : tous font à I'instant le saclilice dc leur vie
ct approuvent, l:t proposition du capitaine.
Vers clix heures du soir, sortant sans bruit cle la ville, ils se
dirigent avec précaution et par des chernins détoulnés vers le logis
des pririces. Deux guides sùrs lcs précèdent, : ce sont les ploprié-
taires rnùmcs des maisons ocoupées par Louis XI et par Churles le
Téméraile. AIin d'ùtle llien dispos pour I'assaut du leudcmain,
ceux-ci s'étaient mis au lit plus tôt, quc d'habitude. Leurs soldats lcs
avaient imités, en sor'te que tout, le monde, dans le camp bourgui-
gnon, était plongé dlns un somnteil profoud.
Les six ccnts ltlanclrimontois arrivent sans encombrc à proximité
du logernent clcs prirtces. L'espoir du succùs fait b:rttrc leurs cæurs.
Tout à coup, quelques-utts d'eutt'e eux attaquent rnll à propos le
logis du dr-rc d',\lençon, situé den'ière celui de Cltalles, ct unc grange
oùr étirient logôs trois certts lrontmcs de la garcle du Témér'aire. Cetle
implurlence siluva les princes qui, réveillés prr le bruit et par les
clis d'ululnre. s'lrabilleut eu glrnde hârte ct se clisposent à la défense.
Concluits pal lc ntaitre clc Ia niaison, rluelques Flanchimontois péuè-
trent enfin dans Ie vestilrule du logis de Charles, rniris leur guide,
entlé le preruier, reçoit artssitôt, un coup ntoltcl e[ ceux de ses com-
pagnons qui I'ont suivi sont, repoussés ou mis hors de cornbat,.
L'autre guide tornlre égllerncnt I'un dcs prerniels. Cependant,
I'inquiétucle est grande au canlp boulguignoll, car, dans I'obscurité,
on rlc peut se r"ertdle compte du pctit uonrllle des rssaillants. llliris,
clc minute err minute, de rtouveaux renfolts arlivaut aux plirtces, les
Franchinrontois sc voien[ accablés par le nombre. Aucuu d'eux poul"-
tant ne songe à rcculer ou u fuir. Âu coutraire, le désespoir décu-
plant leurs forces, ils accomplisscnt, des prodiges cle valeur et tueut
rrn nombre incloyable d'cnnemis. Le corps cuuvert d'affr'euscs bles-
sul'es' on les voi[ se relever ellcorc, tout cliancelants, et rlsscrnbler
leurs forces épuisées pour porter urt delnier eoup. Aucun ne veut,
TEITPS ITISTONIQUIIS. _ PÉNIODE BOURGUIGN.-i\UTRICII. 427
qrrailes des églises; ils brisent, les ûalrcrlaclcs pour s'irppropricr les
l'ases sacrés.
Le mercredi, après quatre jours de pillage et, de meurtrc, le rluc
dcmanda à Louis xI cc qu'il clevrit faire de sa conquùte. L'infirnie roi
dc France dont lcs pernicicux conseils avaicnt provoqué la rér'olte
rlcs Liôgcois ne rougit prs dc racontcr à chlrles I'irpologue suivant :
r< Dcs oiscaux aviiient biti leur nid sur un lrbre planté sous les
fcnôtres de la chambrc à coucher dc mon pôre ct ccs oiseanx, par
lcurs cris, troublaicnt souvcnt son sorlrmeil au nroment otr il avait le
plus bcsoin de repos. Trois fois, il orclonne cre détr.uilc lcur nitl; trois
fois, ces oiseirux tcnaces Ie rcconstruisent. Â la fin, mon pùr,e prcnd
lc parti de firirc coupcl' I'lrbrc qui lcs abrite : alor.s sculcnelt il pept
dormir en paix. Le plus srlr movcn dc sc clébarrasser cl'oisetrux
importuns, c'est d'abattre I'ar,bre otr ils font, lcur nid. >
Le fôroce duc de Bourgogne s'cmpressc tre suivre I'oclieux conseil
qu'on lui donnc. Il appellc à Liégc trois à qurtre mille honrrnes tlu
piiys de Linibourg et lcs charge de clét,r,uile la ville et cle ll brûlcr.
Peudlnt sept semaines, le maltciru et llpioche cles démolisseurs
poursuivent leur cnuvrc cle clestruction. 0n irchr'rvc dc renvcrser ce
qui reste dcs remparts; tous les ponl,s ct toLrs lcs éctilices sont
lbattus. Seules, les d,glises sont prrlscr\'ées, avcc trois cclts mirisons
rlc prôtres. Quelques demeures de bourgeois, adossécs aux églises,
,échappent au.ssi à la destruction.
Dôs lc jeudi, le duc ar,ait clonné I'orch'c dc mcttre rc fcu aux quatre
,coins de la ville. Les rnrisons de Liége étaient, pour Ia plupart, con-
struites cn bois ct cn torchis; scs rues étlient étroitcs: aussi.l'in-
,ccndie sc clér'eloppc-t-il à I'instant ù\-cc une violenee inouie. Les
flùmnres, s'éler,lnt jusrlu'au ciel, rougisscnt l'horizon dix lieucs ir Ia
ronde. D'Aix-la-chapellc, orr cr) aper,çoit, lcs lueur.s. L'inccndic dure
quatorze jours; on lc rallume ct on I'active tous lcs rrutins, ct chiiquc
fois qu'il parait pr.ès de s'étcindr.e.
Entle-temps, le duc irtait parti pour re pa}'s cle Flanchirnont où
sont aujould'hni Yerviels, Ensival, Fr.anchinont, sPa, Theux, etc.
Au lieu d'adtnirer le noblc clévouemclt dcs six ccnts Flrnchimrtntois,
ce prince srrns génér'osité r'cut [rssoulir,, sur lcur pa,vs tout cnticr,
la soif de ïengcallce quc leul itudacicusc tentirtir-c lui irvlit, insgrirée.
Il étrblit le centre tle ses opérations au villagc de pollcur.oir il
demeura cinq ou six jours. Pirrtagcant son ulrnéc cn tlcux corps qui
s'éprrpillent sur toute la contr'éc, il semblc vouloir rcuouvclcr les
tlistes exploits de cesrr coutrc lcs Ébur.ons. Il br'ùlc lcs naisons,
TETIPS IIISTOIIIQUI'S. BOURGUIGN.-ÀUTRICII. 429
-PIIRIODE
détruit les forges de fer, la principalc ressource du pays, allat les
rnoulins c[ massacle indistinctemcnt lcs hotnmcs, Ies femmes, les'
cufi.rnfs et les vicillards. Lcs derniels Francltimontois se I'oiettt pour-
suivis jusqu'iru sein cles forôts et dcs fagncs oir cluelques-utts s'étaiettt
réfugiés. La plupart solt attciuts et tués. Quant, à ceux dont lir
retlrite u'est pas dôcouvelte, ils ne t'.rrdent pas à pér'ir dc faim, dc
froid et dc misôre. Des histolicns ét'irluent a cent niille envirotr Ic
nornbre clcs pcrsonncs qui I'hiver suiva[t, tnoururettt dc ]-resoin dans.
le pa"vs de Liege.
qu'il alail, tir'ée des infortunés Liégeois parut
La cruelle vengeauee
à peine satisfaile le rcssentimcrtt, du vindicatif cluc dc Bout'gogne'
Ilhis son nom sera à jamais maudit pirr lcs génér'ations.
Attaqué par les Suisses que Louis XI :rvait excités à lui faire
la guerre, il perd coutre eux les sanglantes batailles tle Granson
et tlei[orat, en 1476. Il est tellernent détesté que ses propres
sujets sc réjouissent tle ses revers. Instruits de ses défaites, les
Flamands s'elnparent tle sa fille et la retiennent en otage, tantlis
{lne, sur le bruit tle sa rnort, les Hollandais chassent ses I'ece-
veurs.
Voyant son autorité et sa réputation comprornises, le tlésespoir
le prend et le fait agir comne un insensé. Avec 4,000 soldats
qui lui restent et dont {,900 à peine sont en état de combattre,
il va, en plein hiver, rnettre le siôge tlevant lfancy, capitale tle
la Lorraine (l ), et livre à cette ville plusieurs assâuts qui sont
vaillarnment repoussés. Le froitl était tellement rigoureux que
400 de ses homrnes meurent gelés. Beaucoup tl'autres perdent
les pieds et les mains par la mème cruse. Uue partie tles
chevaux périssent aussi et la plupart de ceux qui survivent sont
si faibles, qu'ri peiue ils peuvent porter leurs caraliers.
Tout ù coup, la nouvelle se r'épud que le duc René de Lorrainc
alrire au secours de lir ville assiégée alcc une alrnée tlo 20,000
hommes. 0n conseille à Charles de se retirer : il s'y refuse. Il sent
qu'il en est an'ivé au point où, ir son tour, il devra implorer le par'-
don de ses sujets. 0r, il les a toujours si duremeu[ traités, qu'il
préfère la mort à cette hurniliation et, il se décide à livrer brtaillc.
Au moment où il nettait soll oa$'lue pour rnarcher à I'ennemi, le lion
tloré (cinier') qui le surntorttait tomba de lui-même. Charles voulut
voir dans ce fait insignifiant urt présage clu solt qui I'attertdirit et il
dit, tristement: Ceci est le signe de Dieu.
Résolu à mourir, il donne bientôt Ie sigrtal du combat, puis s'ôlance
avec intrépidité au-devant des enncmis dont il tue plusieuls de sa
main. Eff<lrts inutiles ! Tourrtant la tète, il rper'çoit des tourbillons cle
llamrncs qui s'élùvelt dc son cùmp : dans une sortic, les rrssiégés y
onf mis le feu pour enlever à leur aclversairc tout, mol'en de retraite.
(l) Pendant que Charles él,ait occupé en $uisse, le duc René avait repris
possession de ses étrts.
TE}IT'S IIISTORIOUES. PÉIIIOD!] IJOURGUIGN.-AUTIIICII. 433
-
ll
A vue de ce désastre, en proie à la plus grande panique, son
almée se déllande. Lui-même, tout couvert de lilessures, esf, cntraîné
par ses soldats. Il anive au Lrord de l'ôtang Saint-Jean et veut le tra-
verser à cheval. La glace cède sous son poids. Un cavalier le pour-
suivait; le duc lui crie : < Sauve le duc de Bourgogne ! > Le soldat
erttcnd mirl, comprend : < Vivc le duc clc Bourgogne > et le tue d'un
coup de pique sans se douter qu'il vicnt d'abattre un si grand per-
sonnage.
Le lendemain, comme on étaït sans nouyelles du duc, on lit des
recherches sur le champ de bttaille pour retrouver soll corps.
Dépouillés dc leurs vôtemenl,s par les pillards, la plupart des
cadavrcs gisaien[ tout nus sur le sol, raidis par la gelée et blanchis
de gir,re. 0n les soulèvc et ou les exanrine tour à tour. EnlTn, un
jeune page clie : < \roici rnon bon seigneur ! > Charles était étendu
sur lc côté, le corps souillé de boue, une joue mangéc par les loups,
I'autre par'tie du visage plisc dans la glace : la chair s'en détacha
Iorsqu'on vouiut dégager le cadavre.
Ainsi périt misérablement le farneux Char.les le Térnéraire, ce
prince violent et ennemi du peuple, dont la mort câusa dans
I'Europe d'alors un soulâgemeltt universel. Son despotisme et
ses cruautés devaient tôt ou tard amener sa ruine, car, presque
toujours, les bonnes et les mauvaises actions des hommes trou-
vent, dans les effets qui les suivent, leur châtirnent ou leur
l'écompense.
Elat des Pays-Bas à la morl de Charles le Téméraire. Cornparons la
-
sil,uation du pays à I'ar'ènement de Philippe le Hardi avec l'él,at oir
il se trouve à Ia morl de Charles le Téméraire, alin de nous faire
unc idée des effcts si différents tluc ploduisent le régime de Ia
liberté et celui du despotisme.
A I'avènemcnt de Philipe le Hardi, la Ilelgique est sans contredit
le pays le plus riche du monde entier. I{on seulement I'agriculture y
est florissarttc, mais I'industrie et le commerce des Flandres dépas-
sent cn prospérité tout ce que I'on avait vu jusqu'alors. Les plus
modestes particulicrs, taut à la villc qu'à la campagne, y vivcnt dans
I'aisance.
A la mort de Charles Ie Témér'aire, le pays tout entier est réduit à
la misère. Lcs grantles villes sont, ou dôtruites et ruinées, ou très
appauvriespar les fortes amendes dont on les a écrasées. L'industr.ie
V. Mirguet. - Histoire tles Belees.
434 rrrsrorRE DES BELGEs ET DE LttuR ctvrLISATIoN
drapière a émigré dans les pays voisins. Les tisserands ont aban-
donné la Flandre constamment désolée par la guerre civile et se
sont surtout réfugiés en Angleterre oti on les attire par lir pl'olnesse
tle toutes sortes d'avantages. Enlin,le contmercc de I}'uges s'est trans-
porté à Ânvers, d'ailleurs plus avantageuscmcht situé.
A la r-érite, les industries de luxe, c'cst-à-dire, celle cles trrpis, des
dentelles, de la tirille du diamant, etc. ont remplacé I'inclustrie dra-
pière; mais elles ne donttent à notre pays qu'une plospérité factice.
La population dcs Pa,vs-Bas est sensiblement diminuée et une si
graude misère règne parnti les classes laborieuses, qu'on est obligé
de polter des règlemertts sévères contre les mendiattts. Voilà ce qu'a
fait d'un pa.vs libre, riche et prospère, un sièclc dc despotisme.
({) ta chasse au vol fut interdite aux serfs dès l'époque de Charlcmagne.
Les nobles qui manquaient, des revenus nécessaires pour entqetenir des faucons
chassaient à I'aide du hobercqu,, qui est un oiseau de proiê de Ia plus petite
espèce. De là l'épithète de hobereau applirlué aux nobles de peu d'importance.
Le faucon mâle, d'un tiers plus petit que la femelle, était pour cet,te raison
nommê tiercelet. 0n I'employait, surtout à la chasse du petit gibier, lel que
perdrix et cailles,
(9) Il arrivait palfois que certains oiseaux, le héron, par exemple, avaient
conscience de cette manæuvre. Alors, portant tout à coup le bec en haut, ils
lecevaient le faucon sur cetle lance tl'un nouveau genre et le blessaient mortel-
lernent.
438 Htsrotnn DES nELGES ET DB LEUn OIvILISÀTIoN
valets, lancés dans une coursc rapide, allaient droit devant eux, à
travers les plairies et les chantps ertsCmencéS' stns s'inquiéter des
haies ou des fossés qui parfrris barraient leur passage. Par contren
cette chasse à cheval revêtait un cirractère singulièrement poétique.
Blle permettait aux dames qui y prenaient part de cléploycr toutcs
les gr.irces de leur personne et, pour les jeurtes seigneurs, elle était
I'oecasion tle faire assattt de galanterie auprès des nobles châtc-
laines et clemoiselles.
Marie de Bourgogne était passionnèe pour la cltasse au faucott. Se
trouralt à Bruges, au mois de nars 1482, ellc sort un matin avec
une nombreuse suite cle rtoblcs clames, de jeunes pages et de gentils-
hommes pour Se livrer à son plaisir favor'i. Au cours de la chasse, la
prin('esse aperçoit un faisrtt : ellc lui jette son faucon qui le blessc
mortellement et, se rnet aussitôt en devoir de dévorer sa proie. Tou[
Ie monde se précipite poul' lit lui etllever (l).
La cluchesse, les .veux fixôs sur I'oiseau, c6nduit d'ung nlâill un peu
distraite le clteval fougucux qu'ellc monte. Tout I coup' celui-ci butte
contre un tronc d'ittbre l'onversô et la princesse se trouve violemment
projetée pal' tet're. 0n lir relève évanouie avec une plofonde blessure
âu ventre. Sa vie nc parait cependant pas d'abord cn danger (2). Illais
la {iùvre le mal empile peu à peu et trois semaines
I'a.vant saisic,
aprt\s I'accidelt, elle expile au gratld désespoir de son époux, de ses
serriteurs et de toute la nation. Blle n'avait qtto vittgt-cinq ans.
' Jugement sur la maison de Bourgogne. -- Avec elle s'éteint
en Belgique cettc maisou fameuse de Bourgogne qui avait causé
tant tle mal à notre pâys. Sans doute, elle assure uotre indé-
pendauce nationale et jette les bases de notre unité politique et
atlministrative : c'est là ulle æuYre utile. IïIais elle méconuait
constamment nos aspirations uâtionales et Supprime brutale-
nent les privilèges essentiels des conmulles. Les moyens qui
permirent aux. rlucs cle Bourgogne de réaliser leurs projets les
(t) Car leS fauConS é{ant, COmme nous I'açons dit, des oieeaux très voraces'
il fàliait se presser de retirer le gibier topbé entre leurs serres' si I'on ne vou-
Iait qu'ils la tléchi*asserlt à I'instant. D'habitude' pouf les décider à s'en des-
on leur présentait un morceau de chair fraîclte.
saisir,'0n
(9) dit que, par pudeur et pour ne pas etl'rayer s6n mari, elle refusa de se
faiie donner à temps les soins nécessaires.
TEilIPS HISTORIfJUES. BOURGUIGN..AUTRIcII., 439
-pÉRIODE
ont fait ranger à juste titre parmi les princes les plus otlieux
dans la galerie de nos souverains.
Régence de Maximilien. Marie de Bourgogne laissait deux
-
enfants, Philippe et Marguer.ite. Leur tutelle, avec la régence
du pays, échoit à lllaximilien d'Autriche. cependant les états de
Flantlre demantlent à partager I'une et I'autre avec lui. llaximi-
lier, occupé à Ia répression de troubles survenus à Liége, en
Hollande et en Gueldre, est obligé de cétler. Mais, sorti
victorieux de ses embarras, il réclame pour lui seul la tutelle de
son fils et la Flantlre doit se soume[tr.e. Toutefois, les Flamands
couservent un vif ressentiment du procédé de ,Ylaximilien et
celui-ci ayant été vaincu au cours d'une nouvelle lutte avec la
France, c'est en vain qu'il sollicite tles états de Flandre les sub-
sides uécessailes ponr continuer la guerre (décembre l4s7).
Dans la pensée de conjurer la nouvelle révolte qu'il prêvoit, il
se renrl à Bruges. Le bruit se répaud daus la ville qu'il vent la
pillel et la détruire; aussitôt les rnétiers s'ameutent, s'emparent
de la personne de Maximilien et le retiennent prisonnier pen-
tlant trois rnois dans une maison appelée lc cranenburg (clu
{0 février. au 16 mai {488).
Pou' obtenir sa délivr:ance, I'architluc est obligé tle signer
uu traité qui satisfait aux exigences des révoltés. Mais, à
peine sorti de Bruges, il désavoue ses promesses et une nouvelle
guerre civile se déchairle sur le pays. Les villes de Bruxelles et
de Louvain ayant pris fait et cause pour. les états de Flandr.e,
la révolte devient générale. Cependant, après plusieurs années
d'une lutte ruineuse, les comrnunes se voient contraintes à la
soumission.
La paix tle cadza'd ({) proclame une amuistie générale, qui
met un telnre à la guerre $a92). Mais les communes sont con-
damnées au paiement d'amendes formitlables et leurs privilèges
('t ) Des cxécutions analogues eurent lieu dans toute la Flandre oir r'égnaicttI
l'eflroi et la terreur.
Y. Itlirguet. - Hirtoire des Belges.
4i0 TTISToIRE DEs DuLGIts E'f Dn LEUR cryllrsÀTlori
' Uilc cut licu le 95 octobrc {ir$S, dans la grande salle d'lronueur du
palais, I'uuc dc,s plus vastcs de cellcs qtri cxistaient alors daus lc
monde cnticr. 0n voyait, lu fold clc I'appirrtemeut, une longue
cstrade rccouvelte d'un magnilique trpis, sur laquclle on arrir'ûit par
un csc:tlicr de six ou sept rnarcltes.0n yavait préparô uu dais riclte-
rnent tlécoré irux anlies tlc Bourgogne. Sous ce dais, trois fauteuils,
disposés cn tri'lngle et, destinôs, I'un à I'empcreur, les clcux autres
I la gouvcrnante des I'lr,s-Dùs et à Philippc. A droite et à gauche, de
nombrcux siègcs réselr'és lux glauds seigncurs de ltr cour et aux
chcvrliers tle I'oldle de la Toisou d'or'(1)dortt Charles-(JLtitit était
le glurd rniiîtle. I}ilin, au pied dc I'cstlatle, urt certain uontbt'e de
bancs dcvirient ôtr:e occupés par les représcntants des dix-scpt pro-
linces.
A 3 hcules, I'cnpeLeur prririt: perclus des ntiritts et des jambes,
il avaucc péniblcment, appul,é dc la maiu droite sur ur)e béquille et
de lii giruche sur l'épaule du princc d'Or'ange, Guilhume de
l{'assau, alors a peinc iigé cte vingt-deux ans. Sa barlie et scs cltet'eux
blalcliis senblent encorc, pal le désordre dans lequel il les laisse,
irugmentel sn r'éelle catlucité. L'cmpereur s'assied pour écouter lc
rliscours dc I'un dc scs minis[res. Il met alors ses lunct,tes, non sùns
peine, se lève et, s'aitlant cle queltlues notes éclites : < Je viens, dit-il
ù I'iissembléc, prendre congé de vous. Yous lc s[rrez, mou règne a
éié long ct tlifiicile. L'intér'êt de rnes étirts et cclui de la religion
crtholiqLrc m'ont imposé d'incessants tr"âl'aux, cle fréqucnts et péni-
bles voyages. Je rrte suis rcrtdu ncuf fois cn Âllemagtte, six fois ert
Ilspagnc, sept en Itirlie, dix aux Pirys-Bas; quatre fois en Francc,
tant en prix qu'en gucrre; deux fois cn Angletcrrc, deux cq Àfi'iquc ;
cn tout tluarante voyiigcs saDS compter mcs nourbreuses visites ert
lnc)s irutl'e,s ro)'aulllos,pl),s e[ îles. 0nze fois, j'iri dt'ï pretrrlrc Ia nrcr'.
Ces grandes fatigucs ont usé nrorr corps. :\ussi ai-jc cru utile rru hicrr
rlc tous cle lemplacel'un vicillu'rl décr'épit, qui a dtlja ul picrl rl:rns
ki tornlie, I)'ùr' un prince jeune ef rigourcux, biclr fornré ilu gou\:crnc-
nrent. J'ai I'espoir 11u'il reprcrtdla t)lon û,u\:re d'nne ntirin fcr.rnc ct
rrec plus de srrccès rluc uroi.
< Je lui recommùlrcle surl,ou[ dc s'irttaclrcr à faile rôgner'cn tous
lieux lrr justice, lcs lois ct Iti leligion cirtholique. Surtout, ljouta-t.il.
cn sc [ournurt vcrs son !ls, nc pcnrrcttcz pi]s aux lrér'ésies de pénô-
tlcl tlans ces contr'écs. S'il s'y clt tfour-c, qu'ellcs soicnt extir.pécs.
lit maintcnant, jc vous dis adicu. J'li cu à soutcnir bien dcs Suorres,
nrais je ne lcs ai cntreplises que 161'-cr1uc j'y ai étr: forcé et à rcgr,ct.
Je sris que j'ai commis de griurtlcs frutes, talt plr mon jeune iig'r:.
rrutrefois, quc depuis pur ignolancc, négligcnce ct :nrtrcnrerrt,. Je n'iri
cependlurt janr:ris fait tort ou injusticc r-olontairernlnt cl, si ceh cst
alrir'é, j'cn ai r:cgret,et j'en dcnande peudon >.
Iin ent,endant paller tic la sorte un si puissant nlorlirruuc, 1n
graltl nornbrc d'assistirnts éclatort cn sanglots. Quunt à I'lim1ter.cur.,
épuisé par I'ellbrt qu'il I'ient dc firile, il retombe du{'rrilliurt sLll sotr
fautcuil et lui-môrnc fortcl eu l'armes.
Philippe rient irlors s'irgenoniller. der.lnt son pèrc eI Chirrles,
posant les rnrrirrs sur sa tirte,lni dit : <llon fils, je votrs bénis, lu nonl
de la Sailte-Tlinité. "
Philippe sc rclèr'c cnsuitc et, plcnant u son tour. lr piu.olc porrr.
remelcier son pèrc, il s'cxcusc tlo nc pouvoir s'crprinrcr ni err
flarnand ui en frlnr:ais (.1). L'ér'èque cl'Ârr"as se clral.gc tilors clc rlilr,
en sou nonr à I'assomlrléc qu'il prerrd I'clg'agernenl, dc travlillcr, :rrr
bonheur du pcuple ct rr"r triomphc tle lir leligion cirlholiqtrc.
L'llmpelcur et, les princcs quiûtcnt ensuitc la s..rllc. l,cs irssistlnts
se retilent à lcur tour', profoutlénrenI inryrressioutrés par. ccttc
émouvunte cér'émonic.
fflort de Charles (1558). L'annéc suivaute, Cirarles-Quint
se retirc en Espagne, dans
-
la province tle I'Bstrernadur.e, cn nn
château contigu au tnonastère tle Ynste, oil il vit encol.e
tleux ans 12).
qu'il firit longtcmps pitsser sr ruùr'c pour folle, afiri tlc ne poiut prr,tager
le pouvoil alcc cllc, ct cltt'otr a pu sius invlaiscrriltlancc I'accuscr de
vouloir fondcr h monirrchic ruriverselle .
Sa conduitc prir'ôe liiissc bcaucouir à clésirer,. Il cst, de maur,aises
mcnuls et manquc tout à fait dc soll,iété. 0n le voit par.fois sc
faire sclvir une vingtliuc clc plrts ir urirli ct nliulger. dc tous. Lc soir.,
il soupe clcux fois et rlrosc chaqde I'el)as cl'unc grandc quantité
rle virr ct, clc hitrlc. l\[ômc apr'ès rlurralte rns tlc ce réginrc, qui
naturcllcnrcnt t usô son cstornac, il nc sait pts sc montlcr.plus
nicsuré.
La laçon peu rcspectueusc clont il traitc sour,cnt le plpe firit rloutcr
qu'il soit sincùrement religieux. Les lcprésentltions du clrcf clc lir
catholicité lc touchcnl peu : < si lcs furies de Str s'riltetdr nc ccssent
point, Iui écr"it-il, au n)0nlcnt d'envoyer son irrrni'c i\ I'lssiruI dc
Roruc, llous serons dichargé cnrcrs Dieu ct cnrer,s le nrondc cles
thngcrs qui pourlont s'en suivrc. > Âssurémcnt cc langagc le tômoi-
glle pirs cl'un granrl lespcct porrl lc vieair"c clu Chr,ist. pcu après,
scs r'ég'iurents s'cruparcnt dc h clpitrlc tle I'l chr.éticutû ct la
livreut irLr pilhge. Pour Chlrlcs-QLrint : << La religion était un insl,ru-
mertt, rloll ullc conviction (11 >r.
Cepeudiutt, il ne lrrissc prs dc porter contre les lrroteshrrts clcs
otdonnrrtccs birr'l,rrrcs tlont I'cxécution corltc, dc son yir,l'rnt, lt vic
ir plusieuls rnillicls 11'hallitirnts clcs Pit,vs-I3tls. Dirns sir vicillcsse, il
devieut extrônicmcnt clévôt, jnstilirnt, aiusi Ic plover.bc : jcunc diable,
vicil cnnitc. Il trc se nrontlc cl'aillcurs prs l\ l'égarcl dcs Bclges un
nreillcnr sou\,erâin que l'avaicnt été les plinccs dc lir mirison dc
Ilourgogne, scs aucêtlcs dtltcstés. J'1nais, quoi qu'il cntrcpr.cirnc, le
bonhcur dc ses peuplcs ne lc pr'éoccrups. Lcurs ch'oits, Ie bicn de
lcur industrie ou de leul corliuler'cc, les lcttlcs ct lcs arts lc laissent
indiflcrcnt. Bn toute circonstanco! scs intôrôts sculs et, ccux dc sa
famille guiclent ses '.rctions. Aussi laissc-t-il des éhts et dcs pcuplcs
affaiblis plr lcs sucrilïccs que sc,ir unbition désordonnéc leur a
imposés.
Quirnt ir sa politique génémlc, Clrarlcs-Quint pirnit leltlcnrlrc, au
moins dans scs grandcs lignes, crellc cle Charlcmtgne. Que clc grauclcs
choses cn offct, lic semblc-t-on pas dcr.oir attcndrc de lui, en pos-
sessiorr dc trnt clc mo1'ens dc bicn flirc ! Ccpcndlnt, il consume $a
l)rarcl, fidèlc au traité cle {518, ltutiit iit'ec sér'érité lcs conjur'és clout
tlouze sont écaltelés ou no.vés.
Bien tlue cctte tent'.rtive rrit, été heurcuselnent déjouée, grirce à la
vigiliince clu prince-évôque, Cliarlcs scnt quel dangcr il.v auriiit pour
tui cte yoir sur le trônc episcopal tle Liegc cles hotnrncs hostiles à ser
mlison. ÂuSsi, r\ partir dc ccttc épor1uc, s'ingénie-|,-il à flrirc
acljoindlc, de letrr vit'attt, nux Ôvtl'clucs tituhircs, dcs coatljuteurs
cléi,orrôs àsLr politiqtre. Gt'âcc ir la sirgcsse dc cettc lllcsure
prévcutivc,
les plirtccs-ôvôques qui sc sLrccèclCnt tlésrlrtuais sur lc siège épiscoprl
resicnt rlc trli.les alliés clc Charlcs Qtrint. Son successcul', Philippe II,
cn cclir lliel inspir'é, suivra vis-'i-vis des Liégeois et, de leurs princcs
la trrtlition inaugurtie paf son ptirc ct n'aura qu'à se fôlicifer dcs
réstrltirts de cctte sage lignc dc conduite.
La réforme à Liége. - Erard de h Marck sévit lYec
r.igueur contfe les partisalts des llouvelles doctrines, assez llolll-
breux cn certaines localités du pa.vs de Liége. It fait publicr
rlans h principauté les placards tle Charles-Quint et essaye d'y
introtluire I'inquisitiou. illais lcs etats, comrrre les adminis-
trationS conmunales de la cité et des bonnes villes, s'opposellt
invinciblement à I'action des inquisiteurs. Eux-mêrnes se char-
gent de I'exécutiou des sentences lendues par les tribunaux
ortlinaires, collformémell[ aux éclits sur la matière.
Émeute des Rivageois. L'éntqutc rlcs lùipa.geofs, c'9st-u-dire la
habitants des
- borcls cle h llcuse et particulièremcnt des
révolte cles
commull..lutés cl'r\r't'oi, Irragnéo, SclcsSitl, Tilleur', 0ugrée, Seraing,
Jcmcppe, Flérnalle, ctc., qui se plocluit en tSSl paraît avoir été utt
épisode du mouvcmcrrt réformatcttr occasionnc par lCs agissemcnts
dô I'ofliciril. 0n la réprime dc la façorl la plus rigoureuse : tttt gt'ancl
ruombrc tle rér,oltés sont rnis ir mort et leurs biens confisqués. Iirt
ontre, 900 cl'errtre eur perdent lcur droit de bourgeoisic.
Gérard de Groesbeck (1538-1580). - Cet évôque se 11optre
un adltlinistrateur habile et.iutelligent. Il attache son llom à l{t
réfolnre collnue SouS le nom de rtifot'nr,ation de GroesbCr:À, dOnt
I'objel est de codifier les aucierules coLltumes et de réduire ]es
lenteurs de la procétlure. Très t'espectueLlx des formes judiciaires
et administratives, I'évôque ftrit ert cette circonstallce la clécla-
462 rnsrollru DRS BELGDS RT DB Lnrin crvrllsÀTrotr
ratiorr suivantc : (Jn, Ttrhtce tle Liége ne donne sentenccs que par
ses ju,stices ct ne fuit orclottnoilces qtrc rlu consententeut cles éktts.
Basé sur lcs mæurs et les usages nationaux, le cotle ainsi r'éfonné
tlemenle cn r,igueur dans la principauté jusqu'à la revolutiorr
tle { 789.
Gérartl dc Grocsbcck lloursuit aussi ulcc rigucul lcs heré[iques
rpe Ics sévérités d'Elzird de Il \lirrcli n'ont poinI tlécouragés. Il sc
voit obligé dc ur'rrchcl en pel'soturo contle les villes dc Htsselt,
Stint-Trond, Torrgrcs eI Mitastriclrt oir lcs prt-itcstuts dourinent.
,\_vlnt souuris ces r,illcs, il leul irnpcise cles conditions rrrodérécs.
lliris il en clrassc Ics ministles r'éfomrés.
Neutralité de la principauté.
- Lolsclue la guerre éclate
tlans les Pays-B:rs eutl'e les états généraux et les gouvernenl.s
tle Philippe II, la situation politique de la principauté tlevient
extrômernent tliflïcile. Placé, cl'nnc part, entre ses préférences
naturelles et la lidélité qu'il cloit à I'alliance tle 15{8 e[, tl'autre
part, les sympathies énergicpes tl'nne partie tle ses sujeis pour
les contôtl(rrés, Gérartl de Grocsbeck reste profondément per.-
plexe.
A cenx qui le sollicitent rle prentlre parti, il fait observer rlue
s'allier avcc les ét:rts généraux oLl se rat)ger du côte tles gou-
vcmeul's, c'est également violer les constitutious impériales qui
tléfendent rl'intervenir dans les gr-relres civiles d'un celcle cle
I'empire. llais la véritable causri des hésitations de l'évêr1ue,
c'est qu'il aperçoit clairernent qu'à prentlre parti il expose le
pays à ôtrc tour à tour pillé et ravagé par les tleur belligérauts.
En 1ii76, Gérard etles étlrts de tiége proclanrent donc Ia neu-
tralité dc la principauté, et c'est en vain que Philippe II cherche
par lt suite ù faile rcnouveler le traité tle 1518. tes Liégeois
s'y refuscnt et tlésorunis se renferment tlans une stlicte neu-
tralité.
Ce[tc conduite prudente épargue au pâys de Liége une par.tie des
utalheurs qui accablent llors le leste de la Belgique. Ainsi, la plin-
cipauté liégcoise, toujours entrc I'enclume et le marteau intcr
-
TFllIl's IIIS1'OIIIQLrES. I'Éltl0r)ti lJ0un{}L*I{;s.-Ât:1ntcII. 463
-
sacnt)n et E&r,u,nt, I'cxpression clc I'amllirssaclcur Nigri,
- sui\'ùntniotiifie
rapportée plr lL Lonchirl' en tcmps opportun sit politiclue,
' -
pass'rn[ dc I'ulliancc françiiisc, sous lit mlison dc l]oulgognc, à h
ncutriilité, sous h niaison cl'r\utlichc, dc h neutlalité à I'rlliancc
tléfcnsive ar-cc Charlcs-Qnint 1tr:ritc dc Stirrt-Trolrl {518) pour
rer,enir définitiverlcnt à la neutlrlité, eu {576. Les princes-ér'riques
rlui r'égnèr'cnt au xrr'siùclc et pirrticulièr,eruent dcux d'eutrc eux,
I}'ald dc la Xlarck ct Gcrrrl'd tlc Glocsliecli scrnblcnt, ptl. un gônic
diplomutiquc qui tonail srius rloute Lr lcur éducrtion ecclésiastique,
aloir ntieux sen'i lcs intcilirts politiqucs cle leur's sujcts rluc n'ùuLaient
fait clcrs sotttct'r"ritts luïqucs nroins cxpér'inrcntés ou plus accessibles
anx passions du sièclc. < Dlarcl clc la llarli et Gér'ard de Glocsbcck
portcrtt cles rtonrs qui mér'itcnt, clc prssel'Lr h liostér'itcl. Blarcl rle ll
lkircli fut, sirns contledit, lc lrlus gland princ:e-évùque cle Litige des
tenips modentes, ef c'est, lrec ltison qu'on I'ir suruonnnti le Notger
de h Reniriss'.rncc. >
Mais il irnportc aussi de lendre justicc au peuple liégeois qui, en
ccs tcntps dilliciles, cut le justc sentinrcnt cle ses inlérùts, dc ses
devoirs et dc sir respons'.rbilité. ( Les ntl,ions, a-t-ort rlit, ont, lc sort
qu'ellcs môr'itent. S'il est un peuple qui conrprit sl situltion ru
xvr" sir:r'lc ct se mcintra dignc dc la lilielté, c'est lticn le peuple
liégeois. Instruit pal scs rrnrlheurs et clégoûté prl cettc politique
cl'rvcntules pmtiquéc yllr Ics dém:rgogucs rlu siùcle précédent, il sut
pilrer lurx dangers qui I'assnillirerlt rlc tor-rtes qrarts. Le ticrs-état et
sut'tout lc conseil dc la cité rlonntlrrcnt quclclucfois dcs exemples dc
sagcsse politirluc folt rirlcs a ccttc éporlrre do tloubles (1).
"
TITRI] III
Aspect du pays. Pnopniété fonciène. Villes et campagnes.
f
484 rrrsrornu DES BBLGES ll' DE LEUn crvrLISATroN
qui active leur mise cu culturc. [,cs gr.andes forùts du midi cle la
Belgique se récluiscnt dc plus en plus. urre bonne partie clu pirys tlc
\Tiics est livrôe i\ lir cultule et ule gr:urdc étendue clc poklcr.s crééc.
Par suitc tle I'existertcc dc tligucs plus solides ct nricus sûr'r'cillécs,
lcs inondations dcr.ienncnt, plus rarcs. licanrnoins, cn .1477, une
.clcrnière gnnde niar'ôe cngloutil, encorc lir partie d'Ostende colllluc
sotts le norn clc uieille uille.
Dcs rnilliers de routes irvee cle très nornbreux callauli sillonncnt nos
contrécs, favorisent I'cssor de I'industric e[ du cornrncrce, et répau-
clent ainsi paltouI la vie et la riclresse.
Le climat esl cntiùremcnt lixé ct ne cliffère plus de celui dont uous
jouissons aujourcl'hui.
Propriété foncière. Longternps, les grandes farnillcs noblcs avlient
-
<létenu, conjointcment avec le clcrgri, uue pirrtie considérrble de lrr
plopriéte l,erritoriale, lcs rînés sculs, cornrtle il a éte clit, héritant clu
manoir et tle la pirrtic la plus importante du clornaine flmilial. Mais,
p'lr suite de I'angncntltion de la liclre.cse publiqLrc, Ic Iuxc et les
l-resoins glrntlissent, ct les lcdg'ances pll'écs aux nolrlcs par lcs
tcnirncicls de leurs terres dcr,iennent insuflisantes pour lcur per-
mettre tle soutenir lcur rang. Ils tornbcnt alols en des emllirrras
ti'argent qui lcs forcent, à r'ccoulil aux usuriers juifs. pour rcutrer en
p'ossession de leurs créirnccs, ccs dernicrs pousserrt leurs débiteurs
à se cléfair'e de leurs tcrrcs en faveur clc boulgcois opulents qui
offrent, de les lchetcr. unc partic de Iir propr.ieté fonciùre plsse ainsi
nux mains de lir richc lloulgeoisie ({) et nombre dc terr.cs nobles
tonbent en lotule (9).
souvent les nobles besogncux commcnceut par vcndr.e leurs
doma.irres sous fornre d'engagère. cette espèce cle leutc cornporte
poul le vcttdcur la faculté de rachctcr sa terre clans uu délai tltiter-
miné. Passé ce temps, I'acquéreur en dcvicnt définitir,emcnt pro-
priéhile, au prix dc ventc.
conditions d'exploitation.
jusque-là suivis - Aux modes tle location des tcrres
liaux rt renûe, champart,, rnéta-vage
lnil it lerme (3), -contrat irux temres duquel le tenaucier - s'ujoutc lc
exploite à
ses risques et périls, mais err toute indépentlance, les terres d'un
propriétaire pcndant un temps donné et moyennant un prix de
Iocation corlvenu. C'est lc contrrrt usité dans I'iigliculture émancipée.
Le soin apporté à la rédaction des baux à cette époque atteste la
préoccupation chez les propriétaircs d'accroître la valeur de leurs
ten'es. 0n y voit stipuler le nombrc et la valeur des bestiaux à tenir
par le fermier; la quantité de fumier ou de marne à rnettre sur les
terres; les soins i\ donner aux plantations, aux fossés, aux rigoles, aux
cours d'eau I I'obligation de jachères périodiques eI de certtins défri-
chenrents; celle pour le felmier sortant de laisser libre le tiers des
terres de I'exploitation,, en sorte que le nouvol occupant y puisse
faire lcs semailles indispensablos ; d'abandonner a\ son successeur le
tiers de la paille récoltée ct du furnier recueilli, etc. Mais le fermier
sor[ant doit être indemnisé du domrnage que ces stipulations peuvent
lui occlsionner.
Les baux sont ordirtailcmcnt de trois, six, neuf, douze,dix-hui[ ans:
trois, terme de la rotation; neu,l', celui cles grantles fumures; douae,
celui cle I'emploi de la lnrrne en celtaines terres. Parfois, on
rencontrc des birux de trente rns, reuouvelés tous les dix ans.
Il existe aussi des baux empÀytéotiqu.æ, c'esfà-dile r\ très long
terme pouvant atteindle 99 ans. Alors le locataire peut bâtir, plauter,
aménager les terrains et prolitcr de scs travaux.
Il alrive qu'on stipule Ie paiernent à I'avance (r'oorhuur) d'une
partie du fermage dri par le nouveau fermier. C'est' une garantie de
paiement pour le propr'ietrire. Il en trouve une autre dans le droit
qui lui est reconnu de saisir lc mobilier du locrrtaile en retard de
prienrent.
L'ancien clroit féodalgarantissant I'hélédité a disparu, mais I'nsage
maintient ce droit et I'on voit parfois.se succédcr dans la même
ferme de nombreuses génrlratious rl'une même famille.
Outre Ie paiement du ccns (l) ou fermage, le propriétaire d'une
ferme stipule souvent dans le bail diverses redevances ou prestations
en nature (jambons, poules, canarcls, oies, légumes, b.eurre et fro-
rnage); certaines corvées à faire par les attelages du censierl enfirt,
I'usrge d'une ou de plusieurs chambres de maîtres drns lir ferme.
Les villes. Les villes sont nombreuses. De hautes et épaisses
-
murailles, renforcées en cel'tains endroits pal' cles tours, les
ne sc répandent pas dans les cantpagilcs au mùmc degré que cliius les
villes. La fréquence et Il violencc des guen"cs cit'ilcs les appauvris-
sent sans cessc ct, à certaiues époques, lcs clépeuplen[ en gt'attde
paltie.
plus de progrùs n
Baces.
- Quant à Ia fusion des mces, elle u'a
faire clcpuis l'ôpoque comruunale. L'illflucncc des Bourguignons et
des Allcmauds en notre ptrys parait avoir été insiguifiante au point
de vuc ctliuoglaphique.
TITRE IV
(.1) Ainsi nonrmés parce r1u'ils exercent une action parallèle, ou pâr allusion
à leur position auprès du souver:ain. (llrlilrn, II, 209).
408 iilst0tnn DEs BnLcES Et'DE tEUn cluLIsÀTIoN
({) Il arriva cependant que les élats généiaux se réunirent de leur propre
iniiiâtive ; mais cô fait fut ôonsidéré comme un acte révolutionnaire.
TEMPS HrST0nroUES. pÉnr0DE B0UnGUIGN.-ÀuTRrCrr. 469
-
Les états généraux sont ordinairement appelés : {.o en cas
tl'avènement au trône ou tl'alldication ; 2o en cas tle déclar.ation
de guerre; 3o lorsqu'il s'agit tl'établir un uouvel irnpôt.
Procédure parlementaire. Après avoir ententlu les propo-
sitions du gouvernement,
-
les membres des états généraux
peuvent exprirner leur avis, rnais il n'y a pas lieu à vote de
leur part.
Avaut d'émettre un vote, ils se retirent pour aller cousultel
leurs commettants. Ils reviennent ensuite avec un madat
intpératif. Chaque province est liée par son vote seulement.
Ainsi elle u'est pas astreinte à payer Ies irnpôts non consentis
par ses rnandataires, lors rnêrrte que toutes les autres provinces
les ont votés. C'est que chaque province reste un état iudépendant.
Les membres des états généraux ne peuvent êl,re iuquiétés à
I'occasion de leurs discours ou tle leurs votes.
Gouvernement provincial. Le gonvernement provincial
comprentl :
-
{o Ln GouvERNEUn. II y a, à la tête tle chaque province, un
Iieutenant drr gouvemeur général qui s'appelle, suivant les
lieux, c apitaine g ti rtû' aI, statll rc uder, I ieutenatû-q aua ern,ew' ou
sirnplenrer'û gouuernetn". ll présitle les états provinciaux et les
conseils provinciaux tle justice, cornmande les milices et jouit
tl'autres pouvoirs étendus ainsi que du privilôge de I'inamovi-
bilité.
2o Lns rlrurs pnovrNcrAux. IIs comprennent généralement
les tlélégués des trois ordres : le clergti ou etat qtr''imaire; Ia
noblesse ot tltut n'obte et la bourgeoisie oa tiers état. Parfois
la noblesse (à Malines ct à Tourn:ri), et le clergé (dans ces cleux
seigireuries et en Gueltlre) sont exclus tles états provinciaux.
Les rnembres tles états ne sont pas élus. La qualité de tléputé
est attachée, lautôt à quelque tlegré de noblesse, tantôl à cer-
taines dignités ecclésiastiques ou civiles. Par exemple, ull
noble, pour faire partie des états, doit prouyer un nombre
410 ursrornr DES BEtcES ET Dn LEUn crvrllsllroN
Classes sociales.
- Lo Le souuer"ain,. Nous I'at'ons dit ci-dessus, le
lronvoir des souveraitts. ctt Belgique était cléterminé de far"rou à fait'e
rlc lcur goutcrnement unc nonat'cltie tempér'ée. Lors de son sernen[
&72 HISTOIRE DES BELGES ET Db LEUR cIvILISÀTION
( { ) Certains hislor.iens ont voulu voir en cel te création tle Pltilippe le symbole
de Ia richesse des Flandres basée sur I'induslrie de la laine. Itais il semble
quo la galanterie n'y soit pas demeurée étrangère.
(2) Heurin, Ilistoire de Chailes-Quittt,lome ll, p. 4&2,
47 4 Hrsrolnc DES IIELcES ET DE LEUn crvtusÀTloN
TITRT] V
I nstitutions j ud iciaines.
Droit des gens. -. Plus civilisées, mais aussi plus faibles que les
potentlts dltllemagne, cl'AnglctL-n'c, de Franee et d'Espagne, les
répul-rliqucs italicnnes s'attachent les prcmit)rres i\ introduire darns les
lllæurs et :\ fairc acceliter prr I'csprit public quclques-uus tles prirt-
cipes cssenticls du droit dcs gens. Dt)s le xvre siècle, Yenise accrédite
clcs :.rmlrassrdeurs auprès des cours étlangères, cr'éirrtt ainsi la diplo-
mltie, c'cst-à-dire la science rlc triritcr ilu nom des nations. Lcs
prcnicls umbassirdcurs sont des ageuts temporrires ({ ).
An tront du droit des gens, on traque et on cxtcl'mine les piratcs
de la I;risâ et de h Gueklre. C'cst au uom des urômcs principes quc
Clr:rrlcs-(.!uint organisc ulie expérlition contre les corsailes d'Âlger ct
qu'il déclirre uulle toutc convention rrf irnt pour objet la verrtc clcs
('l) De cette époque dale égalcment I'idée d'établir Ie fameux équililtre euro'
ptten rlonl le but est d'empôcher une puissance quelconque de devenir assez
forte lrcur nenacer l'intlépentlance des autres.
476 UIS'I'oIRE DES RELcES ET DE tEUn cIvItIs,\TIoN
-_
(:t) l,e grand Privilège 9e Marie de Bourgogne supprimale parlement de
llalines, créé en 1473 par tharles le Témérairé èt te grâna conèeil arlminis-
tralif rjes ducs de Bourgogne. Il établit un-nouveau [rantl conseil, organisé
sous I'influence des
ltlts générau1.,M_a]s philippe Ieleau r.établit re "g.rariù
rronseil de Malines Ie 22 ianvier {504. (L" ilroid cottseil rutbulatoirc deî ducs
de Bo.ut'gogne et des archiducs tl'Autt'iche, p. /lg, par.l. IrnÉti:nu;1s.)
_ (9) tes conseils de Brabantet de Hainaut lcstent souverains. Le conseil tlc
Lusembourg ne Ie devient qu'en ,lTB2.
TEIIPS IIISÏONIQUES, TÉRTODË BOUIIGUIGN.-ÀUTRICII. 479
-
bailli. Il en existe seize dans le seul comté tle lrlaudre. On peut
égalernent appelel des senlences des cotlts féotlales aux conseils
de justice. Àussi I'institution tlc ces derniers n'est-elle pas mieux
accueillie par les seigueurs (qui auparavirnt jugeaient sollve-
rainement) que par les échevinages.
Les olftcialités ot tribuluut ecclé,siastiques sont instituÛrs
par les évêques. Ils se composellt d'un juge ou olfr,cial, tl'utl
auocat frscal, d'un litorwteu'r (prncureur) et tl'ûelisilers ilpltû-
riteurs.
Ainsi qu'il I'a été dit précédemment, les tribunaux ecclésias-
tiques âccâpârent uue partie des attributiorts des juges civils.
Leur julidiction est à la fois spirituelle et l,emporelle, civile ct
pénale; leur compétertce s'étettd aux affair"es criminelles et
civiles des clercs, aux rnarirges et aux testanents tles laÏcs, aux
faits de sacrilège, tl'hérésie, de lnagie, de mæut's, de blas-
phème, tl'irtobservance du fepos dornilical, etc.
judiciaire qui a pour
L'inquisition.
- L'inquisition est utt sysl,ùme
objet, la recherche ct le chitimcnt dcs hérétiques. L'irtquisition
exerce son o{Iice en Belgique avec une ligueur extrême. Divers ordres
religieux, mais particulièrerneut les Dorninicains sont chargés dc
fournir des ofticiers inquisiteurs. Lorsque ceux-ci t'elèr'ent directe-
nrent rlu saint-siège, I'inquisition est ùi|';c ltu.pnle ou npostoliqu,e.
0rr la qualilie d'c,piscopale lorsque lcs inquisiteurs r"elèvcnt des
évêques. L'inquisition espagnolc, institution à la fois religieusc
et poli[iquc, pùsse pour elû'oyable entrc toutes.
Lcs iuquisiteurs ortt le droit de rcquérir, au besoin, le cottcours
de chacuri, clerc ou laic.
En tout, temps, ils peuvent s'introduire clans I'intimité des farnillcs,
pénétrer rlans les fastueuscs habitations des grands comme dans los
humbles demcures des piruvres. Unc simple dénoncia[ion suffiI pour
amenei" I'arrestatiot) d'utt suspect.
Les inquisiteurs instruisent sotnmairement les proct)s Sans que
I'accusé soit aut,orisé à s'aider d'un conseil. Le témoignage de ses
plus proches parenfs peut êtle irtvoclué coutre lui, et, s'il tt'itYouc
pas, il est soumis aux plus rffrcuses tortures. Les inquisitcurs pro-
noncent, sans appel. Ils commuuiquent leurs sentetlces aux cours
480 rrrsrornn DEs nDr,GES ET DE LEUn ctvrLtsATIoN
(l) sentir Ie fagot, c'est être soupçonné d'hérésie, d'impiété, par suite avbir
'-tgide redouter le bûchcr.
lieu
O";;int Benoii, parce que ce costume est celui tles religieux de saint
.Benoit.
TErrps Hrsr0nr0uEs. B0URGuIcN.-ÀurRrcH. 485
-pÉRr0DE
reux effort de la Révolution frauçaise pour faire disparaître
ces horribles et monstrueuses prirtiqucs judiciaires.
Pénalit6s appliquées par les tribunaux ecclésiastiquss.
pénalités in{ligées par les tribunrux - Quanf aux
ecclésiastiques, elles sont
d'abord seulement, spirituel les. El les consistent dans I' inlerdtt, l' ea-
tarrl, les juges ecclésias-
cltnrnunf.cation,les pèIerinagæ, etc. Plus
tiques infligent des peines pécuniaires sous forme d'aumônes
imposées, I'emprisonnemeut ct la fusûigation sans effusion de sang,
llEglise étant réputée avoir en horrcur Ie sang répandu. Les affaires
susceptibles d'entraincr une telle peine sont instruites par les tribu-
naux séculiers.
Les placards de Charles-Quint. -- Idcntiliant sa cause avec celle de
I'Eglise romairtc, Charles-Quint prend résolument la défense des
croyances orthodoxes et porte confre les protestants des édits d'une
extrêmc rigueur. Un premier placard général, daté de {599, interdit
les prèches et toute réunion des rôformÉs. Les hommes couvaincus
d'avoir adopté Ie nouveau cultc ou d'avoir seulement assisté aux
prèches, logé des hcrétiques ou cliscuté de religion sont décapités ;
les femmes, enterrées vives. D'autres placards particuliers parais-
sent bientôt excitant à la dénonciation et promettant aux délateurs
une partie des proprietés des personnes dénoncées.
Un édit de {531 enjoint aux juges de faire narquer en forme
de croix, par le moycn d'un fer rouge, les imprimeurs et les libraires
couvaincus d'avoir débité des livres non revètus de I'approbation
ecclésiastique. Les délinquants peuven[, cn outrc ètre condamnés
du même chef à la perte d'un æil ou d'un poing, à la discrétion du
juge. les blasphémateurs aussi sont traités par les placards avec la
plus grande sévérité. A la première faute, on les punit d'une simple
amende. En cas de récidive, on leur perce la langue d'un fer rouge et
on les expose au pilori. lls sont battus de verges et bannis à perpé'
tuité à la seconde rechute. .
qu'otl
Exécution des placards.
- C'est avec une inexorable rigueur
applique, en Belgique, les édits contre les protestants. Les moines
augustins d'Anvers qui ont adopte et répandu les idées de Luther
sont brrilés vifs et leur couvent, rasé.
Accusé tl'hérésie, le curé de llelsen est cousu dans utt sac de cuir
et jeté à I'eau. 0n prend ct on brtile ensuite cclui de Wærden, Jean
Bakker, coupable d'avoir distribué, à Bruxelles, une traduction en
langue vulgaire du Nouveau Testament.
La mêntc année, un moine augtrstin, Hcnri Vlaminck, qui s'est
480 HISToInE DES BEtcES BT DE LEUR cIvILISATIoN
marié, est < brtlé vif à petit feu, touruoyant autout d'une esfache,
alin de lui faire le plus de tor"rrment possible >.
Pour avoir lu la Bible et I'avoir commentée daus une réunion tenue
chez elle. Antoinette van Roosemael de Lout'ain est enterr'ée vit'e
sur la grartde place de cette ville.
En {540, Maastricht assiste à un aula da fe ûe vingt et, u1 réformés.
À Lïmbourg, en ull seul jour, ort conduit au liticher six personncs de
la même frrmille : le père et la mère avec les deux filles et leut's
tnaris. Tous marcheirt au supplice en chartant des psaumes et en
invoquant jusqu'à leul dentier souflle le uom du Christ.
Les chambres de rhétorique (l), les maîtles d'école et les ltommes
les plus illustres, comme I'anatomiste André Vésale et le géographe
Mercator, sont troulllés dans lcurs travaux par lc terlible tribunal.
La délation devient un devoir; s'abstenir de déuoncer un parent' un
ami, une personng quelconquC coupable d'hérésie, c'est s'expOscr à
la mort. À illons, 0ll condamne unc mère au supplice de la fossc pour
r'avoir pas signalé aux inquisiteurs son propre tls, coupable de lire
Ia Bible err langu,e w,lgaite.
Les condamnations sont ordinairemcnt précédées de la torture,
pour laquelle on imagine des rafiinements atroces. LeS plus ittnocents
ir'y résistent pas et avouent, pour en fittir, une fausse culpabilité.
Le premier grand inquisiterrr ou inquisiteur général dcs Pays-
Bas (9), nommé van der Hulst,, mérite d'ètre {létli devan[ la posté-
rité. Cct odieux personnage déploya, dans son ofÏice, une oxtrème
férocitô. A tous égards, c'étail, un méchant et malhonnôte homme.
0n lc révoqua de ses fonctiorts après qu'il cut été convaincu d'avoir
fabriqué des actes faux.
un historien protestant, Grotius, évalue à {00,000 le nombre des
rétormés condâmnés à mort et cxécutés dans rtotre pays' S6us le
règne de Charles-Quint. Si, avec Van Metelen, I'on réduit ce nombre
de moitié, on se trouye etrcore en présence d'tm chiffr'e effrayant de
victimes. En dépit de toutes ces rigueurs. la réforme ne cesse de
faire des progrès en Belgique pendartt tout le règne de I'auteur des
illacards.
Dcs usages singulicrs s'introduisent peu à
Usages iudiciaires.
-
({) Voir Plus loin : Lettres, tilre X.
tt i dvait des inquisiteurs généraux dont le po.uvoi_r s'étendait sur tous
iâi
pâVs-lias, provinciaux dont la juridiction s'arrêtait aux
feJ et des inqïisiteurs
limites d'une province.
TEMPS HISTORIOUES. PÉRIODE BOUNGUIGN..AUTRICH. 487
-
peu dans I'application des peines. Un condamné peut être sauvé du
supplice si une jeune femme consent à l'épouser. A la suite de pil-
lages qui s'étaient produits à Gand pendant les troubles de {531
(( un jeune ouyrier d'une papeterie rilablie à Linkenbeek avait été pris
parmi les pillards et condamné à mort. Conduit au lieu du supplice,
il fut sauvé par une jeune lille qui. lcs cheveux épars et la tète
couronnée d'épis de la nouvelle récolte, vint denrandcr à l'épouser >,
0n fait grâce de la vie à un supplicié par la pendaison, si la corde
qui Ie soutient se rompt avant qu'il ait expiré. L'usage interdit
d'inhumer cn terre sainte le cadavre d'un supplicié. Des pauvres
ou des lépreux procèdent seuls à leur enterrement.
0n punit le suicide avec ignominie. Traîné sur ulle claie jusqu'au
lieu ordinaire des exécutions, le corps du suicidé est pendu à une
fourche. 0n conlisque tout ou partie de ses biens.
Le bigame est mis au pilori, I'homme entre deux qucnouilles, la
femme entre deux bonnets. 0n le bannit ensuite après I'avoir fait
battre de verges.
Le boumeau.
- Comme il est en horreur au peuple, I'autorité
cherche à relever sa condition en lui conférant des titres Sonores
et de haute allure : elle I'appelle, le maî,tre dæ hautes æuuresl
l'officier crintinel,l'appariteur de justice,le hau't iusticier, etc. Il jouit,
cl'ailleurs, d'importants privilèges et ses services sort bien rémunérés.
TITRE YI
lnstitutlons de bienfaisance.
TITRE VII
Instltutions finenciènes.
TITRE YIII
I nstltutlons m ilitaines.
-
Montdidier sous Jean sans Peur, au siège de Calais sous Philippe le
Ron, fait comprendre aux souverains I'impossibilité de tenter aucune
entreprise impoltante avec le concours de forces'militaires aussi
TE'ITPS HISTORIQUES. PÉNIODE BOURGUIGN..AUI'RICH. 4gI
-
ilconsistantcs. Quant à la noblesse, elle s'exonère volontiers du
service militaire, for[ cotteux pour elle. D'aillettrs, elle est lente à
r.ejoindre I'armée, par suite tlu temps indispensable à ses préparatifs
d'équipemeut et de mobilisation. Aussi le moment, d'agir avec avan-
tage est-il souveut passé lorsque I'armée du prince se troul'e enfin
prête à ouvrir Ia camPagne.
Le prernier des princes belges, Charles le Téméraire songe à se
créer lne armée permaueute par la formation de ses fanreuse$
haniles d,'ordonnance.Il tt'eu recrute pas uniquemenf les chefs dans la
ngblesse indigène, mais aussi dans la ttoblesse étrangère. Souvettt,
clles renferment un grand uombre de soldats écossais ou gélois.
Chaque bande se compose de cent lances fou'rni'es. 0n donne ce
nom à ull groupe de sept à quinze soldats comprctltnt quatre cava-
liers et trois fantassins. Parnti tes quatl'e cavaliers, on trouve un
homme d'armes et trOiS archgt's. L'hommg d'arnes, Ordinairement utr
noble, dit chef de lnnce, entretierlt un coutilier et un page. Parmi les
fantassius, on distingue le couleuvriniet, I'arbalé[rier et le piquier.
Fréquemment aussi, des volorttailes s'adjoignertt à la pctite troupe
clans le but de se formor au métier des armes. Ces volontaires
rgçoivent we solde,d'ou le nom de soklat, par lequel on les désigne.
tine bande d'ordottnat)ce cgillpl'end souvent {.,200 à {,500 hommes,
Charlcs le Ténréraire trouve làles élénents d'une excellente
cavalerie. < Les bandes d'ordonnatrce furent l'école militaire de la
noblesse (Neny) >.
charles possède jusque 300 pièces de canon. En môme temps, il
dispose d'une puissante marine, plus considérable que celle de I'An-
gleterre elle-même. Sauf contre les communcs' Chârles ne parvient
pgurtant à tirer aucun parti de forcesrnilitaires aussi imposantes.
Charles-Quint crée les prenriers régiments d'ittfanterie, à la tête
desquels il place des colortels. Le régiment se compose de huit
enseignes ou conlpegnies, cgmmandees ctlacune par un capitaine. Urte
enseigne renferme cnviron 900 hommes.
lf,ilices communales, féodales et rurales. En prillcipe, tous Ies
le
- militaire. En faii, or ne
citoyens de 90 u 60 ans doivent service
convoque plus les milices communales, féodales et rurales, si ce
u'est dans les circonstances graycs nécessitant la levée en masse.
Encore ne les affecte-t-on alors qu'au service de la police ou à oelui
des garnisotts.
Les villes, dont les milices ne sort plus astreintes au service'
fournissenl au prince et entretiennent un ceftain lombre de soldats
492 Hrsrornn DEs BELcEs ET DE LEUn clvrlrsATroN
TITRE IX
TITRE X
Philosophie et monale. Gnoyances neligieuses.
-
Philosophie et morale. Après la chute de Constantiuople, les
-
Grecs fugitifs apportent en 0ccident lcs ouvrages dus à Platon et aux
philosophes de l'école d'Alexandrie,que I'on cro"vait perdus. Âccueil-
V. llirguet. - Histoire des Belges. 32
498 rusrotRp DEs BELGES ET DE LEUn cIYIIISATIoN
({) Yoir Lacnotx, ScreHces et lettres cut ,nolJen d7e, au chapitre Sciences
philosophtques -
(2) Philosophie enseignée dans les écoles au moyen âge. Elle est moins une
philosophie particulière qu'une métbode d'argumentation syllogistique, sèche
et serrée, sous laquelle on â réduit I'aristotélisme, fourré de cent questions
puériles (Dmnnot).
(3) Jouées en plein air à I'occasion des concours entle les clmnù)ves d'e
rhëtorigue.
PÉRIODE BOURGUIGN..AUTRIC[. 499
TEMPS HISTONIQUES.
-
Causes des progrès rarpides ds la réforme en Belgique.
- A cette
époque, le peuple belge est rela[ivement instruit. Raremcnt ort ren-
contre, même à la campagne, une personne ne sachant pas lire et
écrire. L'imprimerie permet de distribuer à profusiou les écrits de
toute sorte : elle favolise ainsi I'expansiort rapide des uouvelles doc-
trines. D'autre part, notre pals est Ie reudez-vous des négociants du
monde entier; des armées cosmopolites, formées de soldats de tous
pays, V tiennert ganrison. Ces conditions spéciales le désignent tout
naturellement pour devenir'.I'uu des foyers de I'Evaugile nouveau.
Aussi la réforme fait-elle, en Belgique, delgrands et rapides progrès.
Croyancos populaires.
- i\u xve siècle et 3u xvru, les superstitions
populaires des siècles précédents u'out en rien diminué. 0:r corrtinue
d'attribuer les phénomènes les plus simples à des ctuses suruatu-
relles. Les savirnts eux-mêrncs ne hasardent qu'avec précaution d'en
donner une explication raisonnable, lorsqu'ils en corutaissent, cal'
bien des erreurs se sortt ( pour les esprits faibles, transformées envér'i-
tés inaltaquables > et de ces erreurs vivent quantité de. gens qui
exploitent la crédulité publitlue. << L'inventaire des croyalces
absurdcs et mortstrueuses de nos arcêtres, dit Lacroix, serait un triste
monument dc leur ignclrauce, sur laquelle nous aimons mieux jeter
un voile d'indulgence et d'oubli tl). l
TITRE XI ,
Lettres.
Sous les ducs de Bourgogne, un très vif mouvement littéraire se
produit en Belgique. Les princes de cette maison ne reculent devant
aucune dépense pour I'encour:lger. Philippe lc Hardi jette les fonrle-
ments de la célèbre bibliothèque de Bourgogue; ses successeur's
s'attachent, .avec un soil cons[ant, à ]'enrichir. A côté d'un grand
nombre de poèmes de chevalerie, or y voit ligurer de nombreux
ouvrages de morale, de théologie, dlhistoire, etc. Considérée à cette
époque comme I'une des plus riches du monde, elle compte encol'e
aujourd'hui huit à dix mille voluntes. Toutefois, les princes bourgui-
gtrons sont plutôt, inspirés, dans leurs t-rfforts, par le goût du luxe
que.par uu véritable penchaut littéraire. Aussi attachent-ils moins
({) Peul FÂÉDÉIuco. tscai sar Ie rôIe politique d,es ducs de Dourgogne, p. gl B.
TETTPS HIST0nr0UES.- r'ÉnroDE BoURCUIGN.-ÀUTRriIr. 501
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rgnps HISToRI0uES. - PÉnlobu sounculcN.-AUTRIcH. 503
Enseignement.
TITRE XII
Beaux-ants.
La liberté et ia richcsse publique ont dc tout tenrps engendré le
gott des arts. A peine les communes sont-elles pan'enues à ce haut
degré de prospér'ité qu'elles atteignirent sous les Artevelde que nous
'-4;{
TEMPS HTSToRIoUES. pÉRI0DE BOURGUTGN.-AUTRrCrr. ô09
-
yoyolls les beaux-arts prendre le plus'vif essor dans notr.c pa.r:s. Les
ducs de Bourgogne les encourageut, toutefois plus par vanité que par
gorif.
Architecture.
- L'époque du gothiclue tertiaire est pour |architec-
tule ogivale une ôpoque de décadence. L'orncmentation des édifices
de cette époque offr'e parfois quelque chose d'excessif, de confus, de
tourmenté, otr le gorit semlile manquer. c'est cependirnt à ce style
qu'appar[icnnent la plupart de uos monumcnts tant civils que reli-
gieux du xv' et du xvr. siècle. Au commencement de ce dernier, et
rnême dès la fiu du pr'écédent, apparaissent I'arc su,rbaissé (en anse
de panier), tantôt simple, tantôt trilobé (bourse d'An\,ers ), et I'arc en
accolade ou en /alon (palais des princes-évêques, àLiége).
Architecture religieuse.
- Les principaux monuments religieux de
l'époque sont : liotre-Dame d'Anvers, le plus vaste et Ie prus rernar-
qulble de tous ceux de cette époque: elle est à sept nefs, chose
extrômement rar'e et possède une tour lilute de {28 mètres; lc
cloître de slint-Prul, à Liégc ( fiu du xv" sie\cle et commencemeu[
du xylu);Ia chapelle du Saint-Sacrcment, àSaintc-Guclule({); Sainf
Gommaire, à Lierre ; Sainte-Catherine, à Hoogstracteu; Saint-Rom_
haut, à Malines; Saint-Pierle, à Louvirin; Sainte-Waudru, à Mons;
saint-Jacques, à Liége, I'un des plus beaux monuments tre |Europc
eu style ogival tertiaire; Saint-Hubert, dans la ville de ce nonr ; de
riches mausolées en diverses églises; les splendides tabenracles
de l'église de Léau e[ de I'abba.ve de Tongelloo, etc.
Architecture civile.
- Hôtels
lille datent du xv'siècle.
de ui.lle.
- Nos plus beirux hôters de
ce sout : I'hôtel dc ville tle Bruxellcs, dont
la firçade est surmontée d'une toul en pierre découpée à jour., haute
de l'14 mètres, adurirable d'ôlégance et de légèreté; celui deLouyain
(première moitie du xvr" siècle) véritable pirlais de deutelles, le prus
parfirit des moluments de I'espèce en Belgique et mème, assure-t-on,
le plus bel édifice civil en stl'le ogival tertilire du nord de I'Europe;
enliu les hôtels dc ville de Gaud et d'audenaerde. La célèbre cheminée
du Franc de Bruges, exécutée el 1599, apputient au nôme st,vle.
.llfaisons des corporutions et des nations (9). 0n cite parrni les
-
({) Eglise très intéressante à étudier. Sa construction, commencée vers
,1920, ayant duré trois siècles, on y rencontre des parties architecturales se
rapportant aux différentes époques du style ogival,
(2) Matsons des Natittns, espèces de consulats oir se rétrnissaient les mem-
bres des associations des négociants d'une môme contrée.
5{0 Hlsrotnn DES tELcEs ET nB LEUR cIvILISATIoN
'I'ITRE XIII
Régime éeonomique.
({)Voirp.ii0g,Ârchitet:ttttet'ilile'0trappelaittt.q'tion*lesc^orporationsde
néÀociants établics tlatts une ville et appartenanl à une même ttation' Ce
-un tilnd,
Prospérilé des Flandres. égalcmrut redevcuue prospère,.
(]ompte, renfermée clans cilcuit cle quatr'e lieues de tour,, ulle
populal,ion égalc i\ cclle de Bruxelles et cle Liége. Il occupc
00,000 ouvriers à la firbricirlior des draps, de lir ierg. et dc lir
('l) a Les fourchettes, qui n'étaient pas connues des anciens, dir l,hûernû,-
diait'e des clrcrcheurs, furent mises en usage en France sous le règne de
0harles Y, mais elles n'étaient alors qu'un instrument servant à dépe-cer tes
viandes, tlont les morceaux étaient ensuite offbrts aux convives.
sous Henri l[, en {558, l'ondonnance d'un festin comprend q une r,rousse de
cuir doré contenant forches et cousteaux pour servir la fiande r. Les musées el
les collections particulières possèdent des spécimens de ces fourchettes à tleux
branches. Les estampes du moyen âge parvenues jusqu'à nous montrent lons
les convives se servant seulement de couteaux et de cuillers.
a Dans une rlc celles que le biblioplrile Jacob reproduit dans son ouvrage :
Jltr:tu's et toutulnes du nnyen dt1c, vrr instrument qui répond à peu près" au
signalement d'une fourchetle se trouve bien sur la fable, à côté d-'un des per.-
sonnages du banrluel, mais en facc de celui-ci, urr aulre conviye met carrément
TEITPS HIST0nI0r.IES. pÉRI0DE BOUnG[IGN.-AL-TnICII. 52it
-
tlc lit en toile, des cour-crtutes de laine, dcs coussins. À ce[tc époque,
lcs plemières voitules apparaissent, rgtl sirns exciter lc plus rif
ctonnement.
Eclairage.
- Chez les riches bourgcois, cltez les rtobles et tlhez les
princes, on s'éclaire iru moyen de llambeaux portés par des villets.
lUais chez les gens tlu peuple, il tt'y a cncore d'rutre éclairlge quc
celui du foyer. Lcs cliandelles dc suif restent pour eux à uu prix
inallordable. Les chiindelles dc r:ire se moutrcn[ au xvo siècle. Ort
les rrppelle bou.giæ, du uotn tle la ville de Bougie qui fournit berrucoult
dc circ. Iiaturellernent, le prix eu est plus éler'é encorc.
Confort.
- Ainsi le setttirneut du coufort s'évcille et s'irflirnte ltt
xve ct au xvle siècle. Toutefois les at'[isans et le's hlbil,irnts dCs
cilmpàrgncs prolitent des inventiotts ttouvelles beaucoup ntoius quc
les classes liches. Au point dc vue nratéricl, leurs cottditions d'exis-
tence restent,'i pcu de chose de prés, '.russi misérables que par lc
pNssé.
Chasse. Grande es[ la réputation des Belges en I'irrt d'élever dcs
-
faucons et de dresser lcs chiens pour la chasse. Cltarles-Quittt recrute
généralement ses mcutes dans sou pirys natal.
0u cloit, prrait-il, à ttarie de Hongrie I'introduclion en Bclgique du
procédé allemand de la râasse &u'il lotlæ.
A un certain momenl, Charles-Quint prcnd une mesuro crtricuse,
protcctliee de lrr chasse. II enjoint itux paysans ,. tle pcndre lux cols
de leuls mâtius un bastou cle hois cle trois pieds de long sotts peinc
tl'une amende de dix livres (1.) >.
tleurs. En mème temps que le luxe, Ia dépravation des nlæul's
-
s'accroit dans des proportions iniluiétantes sous les princes de lir
maison de Boulgogne : ( Ce sout, dit, Comincs, parlant rles Pays-llas,
les pays de la chrôticnté les plus ldonnés à tous les pliiisirs i\ quoi
I'homme est enclin et aux plus gr'lncles pourpcs ct dépcnscs (9) >r.
La splendeur de la cour de Bourgogrtc dépasse ce que I'imrginirtiou
peut concevoir'. Elle est, d'ailleurs de mauvais gorlt et ruineuse pour
la rnain tlans le plat. tlont il empoigne sans cérémonie une portion tlu conlertu.
r Àucune trace de fourchettes dans Rabelais, à notre connaissauce, non plus.
Le cuisinier du riche Gamache, à défaut rJe cuiller, n'y va pàs par quatre
chemins et plonge un poôlon tlans la marmite, rlont il extrait une poule et un
oison qu'il donne à Sanchc r.
('l) Ilistote de Charlcs-Quint, pac Hesrr:, t. lV, p. 978.
(2) Cité par Prul Fnennnrcq, lissui sur le rolc Ttolitiquc et socinl d,cs rlttu de
Iùturgoyne, p. 421.
TErlIpS UlSl'OrrIoUES. lltRIODn B0LIiGUIGN.-,IUTRICII. 597
-
le peuple qui doit pil"ver tous lcs capricos de ses princcs. Dn {4i4, au
l-rirnquet du l,\dsan.,, clortrté à Lille pltl Philipltc lc Bortaprès lii cltute
dc Cortstautinople, lc tlutr polte sul lui dcs pielrclies pour plus d'un
rnillion. Lc l-iutl'ct, 1rl:uré au fontl dc la salle. serttblc conlme éclasé
SouS lc llt vltissclle cl'or ct tl'argeltt. Au dcsselt.' il palait un
poicls tlc
pirté gigrrn[esquclcnfolmrut uu orclicstre dc 98 tttttsicietts. Dus la sttllc
ntitrnc du bltrquct, on voit trrt lion cnchrillÔ t urte coloune. Peldant
rurt cutlcntets, unc {lattie, symltolislurt I'ligliSC, cst irrtroduite danS la
sallC tlu festitt, lnontée Sur tlll élephant qttc couduit uu ltommc clc
très grantle taille, costuuté ett Turc. Iille se pl'.rint du mllhertt rles
chr,ûtiels cl'Or'ictrt. r\ltlrs prlait 'f'oisott tl'or, le lrérarrlt d'lt'ntes,
por,titrtI sut'lc lroing un lïr,isutr, ortté d'urr collier tle pellcs. Il cngirge
lcS coltvivcs tr julcr StlI'cC firislrn dc prcndre lxrr['"r la trottvelle c'roi-
Sil(lc qui se plé1lale dans lc liut tk: l'clirclldl'e Cortstrntinople aux
T'ur.cs. Tous lcs flsSiStilnts, ct I'hilippe ltti-mtiutc, font k: scrillellt
rlenrarrtlé : CC fLrt le célcbrc l-uu, tltt l"uisrm. lirttle tCurps, sur les
plirccs publiclucs ,, tlcs forttrrirtcs tle vin ct ti'eau de losc finc coulettt
tout le jour', à la disposition clu pcuplc ,.
lin {4i8, pour. fôtcr. sl t'écrtnciliirtion avec lc dLtc <. Gand Iit quatfe
nuits de suite dcs illuminirtions splenclitles et toujours tillrles mises
ûn pleines rues, vitts et viuitlcs clcssus à tous vctiants eomtnc si rien
ne coritassclt ct cltantoiettt ltortturcs ct fennes et faisoient dc la
rtuict Ic jottt'({)1.
Clrirrles le Témér'iril'e n'épilt'glte lieu potlr égâlcr ou Surpasscf SolI
pore elt rnagrtificertcc. l,ors du l.rlnquet donné à I'occasiotr de sott
ruirliàge avec ililI'guet'itC d')ot'li < otl poul'ait voir dans la salle utt
hu{l'ct, tlc dimeusions procligieusos. Des plirts et, des assicttes d'or et
d'argent étiriont, cnt:tssés duts lcs Iâyolls ilfér'ieurs. Sur les r:l,volls
rlu dcssus, olI I'eltlillqurtit cles gobelets en Ol' rcpoussé, émaillés de
picr,r'es précicuses ct d'autlcs oltjcts semblablcs tl'un pl'ix inestimable,.
rlui lbr,rnaicnt, des pylamidcs éblotrissantes. Peuclant le repas, ou vit
ctrtlcr tlans lr sllle uue birleitrc dc 60 pieds cle lotlg escor'[éc de dcux
géants. Sort colps étrrit si gros r1u'utr hontme à cheval aurait pu s'y
tcrtir circlté. Elle ouvrit, la guculc et I'on en viI sortir dcs sirènes qui
r:liirn[èrertt lDerveillousemel)t e[ clouze chevaliers qui clunsùrcnt, puis.
se colnl)atLirent jrrsqù'à ce quc les géants les lis.scrtl, relltlcl' dillls.
lcul baleinc >.
TITRE XIV
('l) L'historien llotley tlit, prrlant tle cette constilutiorr : u 0ir ailleurs sur
la tene y avait-il alors la liberté qui s'y trouvait grr.:rnlicl ,r
ïEUPS IIISTOnIQUltS, l'l',:RIODE IIOURGUIGN.-ÂUTRICI{. 53{
-
tronyc stipulé le droit pour lcs Ôhrts gônérirtrx cle se réunit u
ripOrluCS fixes, ttt bcsoirr
cotlvoc:itiou. Ptrrcille clattse, lOyale'
sâùS
nrcnt exécutôe, t'endaiI probablcs à lir lougue lcs plus sérieux
proglès politiqrres.
JlIiriS un llouvcilu rnariage prittcier, tlui uouS tlorlrte des sOuvet'ainS
plUs prtissluts ettcore et transporte a l'ét,rarrger le siègc dtr gou\Icr-
lgrnent, ftneantit ellcore utte fois I'cspér'ancc t1u'On arait, pu llouuil'
tle voir les lihertês publiques se rlévclolil)el' progl'essivcttteut sous
l'égicle dcs institutions natitlttrlcs.
Conscient clu pouvoir énornte quc I'lvettit' lui réserve, Pltilippe le
Iieau rcfuse de pr'ôter sel'msttt tu gt'u,ntl I'riuilège et le principe
rnôme clu réginre plrletnctttirirc displrrît de nos institutions' pOuI'
ll'l' relltrer qu'lprès '1789.
*'t,i:
.:'
;i:' +
CHÀPITRE VI
Ouvnages à consulten :
,lolm Jlotlcu. La révolution tles Pa1's-Bas au IIIe siècie. Eu11ène llubut.
-
Ilturie sur la condition des lrrotestants en llelgique, dc Charles-(luint à Plti'
lippe II. Discnillcs. Gtrillaurne le Taciturne et lï[arnix de Saintc-Àldegonde.
-
G. Iiectrni. Alvers, rnéttopole du commerce et dcs atts. Ch. Pott'irt.
-Âlbert et Isabelle, fragnlettts Sur leur rirgne. Bentiurtglio.- Histoire des
-
guerres {e la Fltntlre.
- L'tùbt Jrtnssetts. Histoile - I'att
des Pays-I}as.
Ptttct.Iissai sut' I'histoite politiquc tles quatre tlerniers siècles. - Guchatd.
.Correspontlances de Philippe Il et de (luillaume le Taciturtte, ' (;,'oeil uutt
Prirtsttrer. Àr'chives tle la ltaison rl'0rlnge-Nass.ltr. - Cunq)ct,t. Abrégé ltisto'
riquc du règnc d'Albert et d'Isabelle. P. J. ll'outels. Précis de I'histoire
- Pre''rcolt. His-
.polil,ique tle la lielgique peudant les quatre rlcrniels siècles. -
't,oilc tlc Philippe ll. lle Ga'lut:lrc.IIiStoire du ro1'ltutttc tles Pa-rs-Bas.
-
Péniode espegnole.
Empereurs d'Allemagno
Rois de France contemPorains. contemporains.
IlennitI ....._i,t55g Ferdinandltr ... .... -i-,li;64
Françoisll .... ..... -i{560 llaxirnilienll .... ... j-'157{i
.{jharleslX... -i'lô7& Rorf olplre Il . .. . .... t 1612
lHenri III... . . -i '1589 ltathias. .,... -i{6{tt
.HenriIV.... . t 4Gt0 FerdinantlII.... .... i- t637
IouisXIII. .,.r;l$43 Ferdinandllt ... .... -i-'16ô7
Louis XIV... Léopùldler... -i,170'5
Josephl(!r... .tl7ll
Charles VI. . ..
534 Hrs'r'onE DES TIHLGES ET Dr: LEUR clvrlrsÀTroN
TITRE I
Géognaphie histonique.
L'Union tl'Utrecht (1579) enk)ve aux lla,vs-llas la Hollande, Ia Zélantle, la
province d'Utrecht, une partie dc Ia Gueldre, les provinces de Zutphen, d'Over-
Yssel, de Drenthe, de Flise et de Groninglre. le tlaité tle ilunstcr' ({648),
-Par
les Provinces-Unies s'agrandissenl du ll'abartt seplentriortul, de llaaslriclrt, el,
sur la rive gauche de I'Escaut occidenlal, tlc L'Ecluse, Axel et Hulst. Lc
-
traité des Pyrénées ('t6ii9) attlibuc à la France Gmvelines, Bourboulg et
Saint-Venant, eu Flantlre; Àras ct l'Àrtois I Avesnes, Le Quesnoy el, Landre-
cies, en Hainaut; iUontmétly, Datnvillcrs ct Thiont'ille, dans le l,uxembourg.
(Nousnecitons que les villes demcurécs depuis à la ltlance.) tl'Àix-
- Celui paix
ll.Chapelle (4668 ) lui donne llergucs, Alntenlières, l,illc, Douai. dcr
-La
Nimègue rétluit encole les Pa,rs-ltas espagnols des villes dc Térouaue, Saint-
0mer, Cassel, Àire et llailleul, en Flaltdre; tlc Cambrai, llouchairr, Yrlcn.
ciennes, Condé, llavai et llaul.reuge, cn Hainaut.
TITRII II
Les taits.
I'liglise I'olnâine n'u jautais étc1 rnisc cn dotrte. Toute s1 vie, il s'at-
tar:lrc i\ ruér'iter le titre de roi très cltholique. < Je suis, disait-il' la
cololulc dc l'liglise. At'aut dc sou{fiit' ln nioindre chose qui pÔrtitt
pr,ôjuclicc ù l:r religioll ou au scr'\'icc de Dieu, jc perdrais plutÔt mes
iitrt*, et, je pcrclrais r1èrne celt 1ies, si je les avais, cilr ie ne peux
rui ne veux ètre roi d'hér'étiques >. l{ott SeLllcment il lenouvelle les
tcrribles étlits portés pal'SOll pèl'e contre lcs protestluts, nrïlis il les
{irit appliquet'avec une inllexible rigueur.
Traité de cateau-cambrésis. Proiet d'un massacre géné.
-
Dès l5S7'
ral des rétormés en France etdans les Pays'Bas. -
( { ) Nê à Yalladolid en {52?.
TEilrps rrrsT0trroutss. pÉnroDE ESP^GNOLE 537
-
la guerre reprend avec la France, et Philippe II ne peut sorrger
:i quitter les Pays-Bas avant tle I'avoir terrninée. Deux brillantes
victoires rcrnportées sur les troupes franç:aises, à Saint-Queu-
tin (1557)et ri Gravelines ({S58), par Ie comte d'Egrnout,
permettent à notre jeune souverain de tlicter au roi de France,
Henri I[, les contlitions du traité de Cateau-Cambrésis (3 avril
'1559)qui rernet les choses â peu près au point or) ellesétaient
avant les derrrièr'es gueres.
Après la signaturc de ccttc paix, des otilges, au nombre desquels
sc trouvent,, pour Pliilippe, le duc d'Albe et lc prince d'0range,
sont, échangôs cntre lcs deux princcs réconciliés, Pcndant une chassc
à hquelle assistait lc prirtce d'Or'ringe, Hcnri II, qui le croitdans le
secret, lui conlie inconsidérôment lc projet arr'ôté avec Philitripe II,
par I'intermédiairc du duc cl'Âlbe, d'exécuter, à la prcmière occa-
sion favolable, un massacre généritl cles rôformés dans les dcux
Io):llttntes et d'emplol'er a cet ofïicc les troupes espagnolcs catrtou-
ruées dans les Perys-Bas. Lc pl'incc dissimule I'impression que lui
càLrse cc plan cruel, rniris, paraît-il, forne dès lors le dcssein de tout
tcnter pour erl eurpecher la réalisation.
I,ln voici rleltx exctrtples. Urr jour, il écr"it tu roi c1u'il sait crtrpressé
:r accueillir lgs insirtultiotts, t1u'tul cornploI sc trame cOtttro son
irutolité clans lC plrlais du cornte d'ligurottt, niris il trjoute < c1u'ztpt'ès
tou[, il cortsiclerC tl'ligruolt colnille I'uu des plus hortnù[es cle tOus'
si les aqtput'encrs w. tt"otnltenl poittt. n
Dans utte autre lctlre, il lui tlit, plrllnt, tlu prince cl'$range et du
conrtc tl'Bgntottt : < Ccs deux scigneut's out, été informés que i'ti éclit
ir yotrc llijcstc que vous nc scriez jamris ltaîtrc dirns ces 1it'ovittccs
sarts:rl;irttre au moitts urte clerni'douzaitre de tètes... J'en ai ri comtnc
d'une irtventiort litlicule. > Il lui clemandô ensuite dc dérnentir ctl
bruit et le roi r:clit à Mirlgucrite : << Le cardinal tr'a jlmais couseillé
cl'abattrc unc tlenri-clouzaiue de Ùôtcs, tnuis qteu,t-(tre ne seruit-il pas
.si tnatrtnis tle le lnire,f > pt'ouvanl pal là que lir suggeslion it polté
fruit.
c'est Grlnrclle r1r-ri, plus tard, coneeYrù I'idée du farneux brn
contre lc Plirtce d'0rlrtge.
Toul,es scs lcttros décirlent ltr fourlierie savantc 11's6r Inquellc il
conduit lir politiclue. C'est ilirtsi r1u'r l'époqtre clu rettouvellement
rles placrrcli, il insiste auprt\s rlc Philippe pour qu'ott en fasse dispn-
540 rrrsTornu DEs nELcEs Et'DE LEUn crvrlrsAt,r0-\
(l ) Nous prenons ici le terme inquisition dans son acception la plus étendue
oir it signilie la reclwclrc et Iu condamnutiort ù la peine de mort des petsonnes
r1u.i, en matière relirlicuse, ne yn'ctJ'cssent pas lcs 'idées orthodo.rrtt, et nous ne
distinguerons pas entre I'inquisitton espaqnole,I'iruluisition ptrpulc, l'intpisition
épisco4tole et l'ùtquisitiort purcntent cit,ile, Qu'importait que I'inquisition reçùt
I'urt ou I'autre nom, puisque, en tout cas, elle appliquait les édits avec lami'ntc
inflexible sévérilé?Philippellnes'ytronrpait paslorsqu'il s'écriait: n L'inquisi-
tion des Pays-Bas est plus inpitoyable que celle tl'Espagne. r (Lettre à }largue'
rite de Parme. 0orrespondance de Philippe lI, I, 907).
ii44 rrrsrolnr DES BELGns ET DE LEUn crvrlrsAlroN
(l) 0n conlisquait les biens des hérétiques ou des personnes déclarées telles
pâr un jugement. Une part importante de ces biens était attribuée aux dénon-
ciateurs. Àussi arrivait-il que de bons catholiques se voyaientaccusésd'hérésie
et condamnés. C'est à ces abus que le comprotnis fait allusion.
*c{
TE]IPS UISÏONIOUES' !ÉNIODE ESPÀGNOLE 5S1
({) Plus tard, le môme comte de tserlaimont regartlant pâsser le cortège tles
eonfédérés, sous les fenûtres de sa maison, aurait ajouté : l'oilà rtos beau.r
yueun ! L'eractitude de ces propos a été contestée.
(2) Par le sel, par le pain, par la besace,
Les Guetrx ne changeront, quoi qu'on se fàche.
z
)
U
ll,€ \.
F
554 rrlsrotnn DEs rlErGEs ET DE LEUtt {lrvILIsÀTroN
({) En cette rencontre, pér'it Àtlolphe de Nassau, le plus jeune des quatre
fi'ères du prince d'Orange,
(!) Parce qu'on y distribuait autrefois, parait-il, les aumônes des souverains.
De plus, on y niettait cn vente,le ventlredi, jour oit il y avait franc-marché, lcs
pains cuits en dehors rle la ville.
564 HISTOIRE DES BELGES ET DE LEUR CIYILISÀTION
tout à i'heut'e par le corttlrct tlu bout'reau. Puis il attend I'ltt:urc tltt'
supplice, d'.rns la prii'r'e ct la nédilatiotl.
Dans I'erttrctenps, lc comte cle Honles rcç:oit irussi Ia Irouvellg'
impr.ér'uc de sir prochairtc erécution et I'itccttcillc alec uu graud'
cirlmc. Ut prtltrc le plcipale égalentcnt à ll tnort'
Le 5 juin ,1568, aux ltrcrttières luculs tlu jour', 3000 soldrtts cspa-
gnols ,. .,',uge,tt cn birtirillc lutour cle l'échafautl drcrssé sttr lit
proxiurilti de
[raltle place dc l]t'uxelles, en fuce tlc I'1Ûtcl 6o villc ct à
iir Mirison du Roi. Ce jour-là, lcs boutiques t'estent, fcrnities : la rillc
r:ntièr'e prcud le clctril. Totrtc hr joulnée, le glas funèbr:c soltttc datis'
lcs églises.
Sur l'échirfattcl, tCndtt tlc noir, oll apLll'ccvait deux piqucs de fer ct,
unc petite tal,rlc sur laquelle ou avitit trrhcé un cruci{ix cl'argent. Vet's'
oltzg hgurcs, ulle troupc tlc soldats llr chcrchcr le cotnte d'l'lgmottt''
0n veut lui lier les nrains : il s'y refuse avec in(lignirtiott. D'un prs'
fclme, il frarrchit I'espaco qui lc séprlle de l'échafaucl. ,\ ses cÛtés'
l'évùqtre d'Ypres r'écite la pritirC,illi sa"ere nci Dctls. S;rns cloutc I'espoir
d'un pat'clotltt'ù\'itit pirs abatttlonné Son esplit, clr ln'ivé sttr la platc-
forme dC l'échafrrttd,le Comte derurnclc att ntiiitrc cle cantp llomet'o :-
<N'1, a-t-il poipt tlc gr'ficC? > L'officier haussc lcs épi-rulcs ct firit u1
sigle négrtif. U'llgmotlt grirtce d'irltorcl les dCrtts tle colùrc, tttltis
bientôt leprencl son calnle. ll était, vÔttt d'une t'ollc de dlnrs IOrrgr-)
sur laqucllc il irrait jeté un coul't tnltttertu riuir brodé tl'or. Utre toquo
de soie uoire onrée de plurnes blâl)trhes couvritit s:r ttitc. Drtts srt
main. il tertlit ttu nloucltoir. ll défait sOu tnanÙCau, Sii t'OllC, s'ltgC-
nouille sur I'ut) des coussins et, se ntCt ir pricr. Alot'S, I'ér'cque ltri.
pr ésentc le Chlist qu'il etubt'asse. Ilienttrt, se relcvant,, il
jottc sa toqtte'
ôt sot mouchoir, puis s'agenouillant dc nouvcatr et inclirraut hr tcte,
ilS'éCrie d'utte vOix fOt'to ( $sig71g7n', ie renels tttott ùtrttt ettlTe L'1't'
i
mains. > En Ce ltometit, lC l-rOurreau se tlrotttt'e Ct, Cl'ttn Settl COttp
rlc hircltc. lui lbat lir tùtc.
A ce lameltable spcctiltlc, des gérnissetncttts et tlcs sartg{ots'
s'ôchappert[ dc toutes lcs puitrines. nltjure les soldats esprgrtols, r1ui.
estimaient le contte pour sa laillance, uc peLtven[ r'ctenir' ]ettt's
lin'mcs. Caclré tlen'iùre lcs fentjtrcs tl'ttne milison placée crl face tlc
l'échafaud, lc duc tt'Albe tssisttit, prrait-il, à I'cxéctrtioll : 0ll plutcntl
qu'on vit aussi coulcr des l:rlntcs sur ses joucs ('l ).
(l ) Ce qu'on sait rlu caractùre du rluc d'Atbe rend cette aflirntation au moitts.
sujelte à caution.
Ttilrrs Hls'r0ntouEs. PËnr0DE ESpAG){OLE 565
-
0n étertdit un drirp noir sur le corps du comte d'Egmont. Quelques
rinstants après, le comte de Hornes parut. Avec ccttc môme tran-
,quillitc fcrmc rlue d'Bgmont av:rit rnontrée, il tmvclse la placc. Monté
snr l'échafaud, il aperçoit le drlp noir e[ s'infomre si c'est lr\ ]e corps
de d'ligmont. Sul la réponse aftirmative qu'ou lui donne, il plononcc
cn esllagnol cluelques mots que lcs assistants nc comprennent point.
itprùs at'oir dit une Jrir-\r'c, il tend son cou à I'exécuteur qui aussitôt
lui tranelrc la tète.
Alors, rrralgré l;r présence des soldats espaglols, Ie peuple'éclate
eu pleurs ct, en clis de nurlôdiction. For.rlant la ligne des glrrclcs, urr
,grlnd rtonrblc dc pcrsonnes seprécipitentautour de l'échafirud pour
,trempel leuls nrouchoils diins lc sang des martyrs.
Âprùs ûtre demeurés quelque tcmps sur l'échafautl, lcs cadi'rt'r'es
tlos suppliciés sont remis à Icurs farnilles. 0ulnt aux clcux têtes, lc
Itout'rcau les lixe à I'extrémité cles piques dont nous avons pirrlé ; elles
1 restcut pcndirnt, plusicurs heures exposées enlre dcux torcltes
rrdentes aux rcgards de la niultitudc. Dé1losée.s alols dans des coffr'es,
'cllcs fulertt, selon I'ogrinion commuue, euvo1,'écs à Pltilippe II, cu
Espagne.
C'est une cluestion delicate de clécider si Ie comte d'Egmont mérite
'r'écllernent le lion souvenir que lcs Bclges ont eortservé de Iui. Son
;r'rnloul dcs libeltés publiques n'ritzrit pcut-être pas du meilleur aloi.
Jl panit bien que ce fut surl,out sa jalousie contrc Granvelle qui lc
.jcta dans I'opposition. Il ne semble pas qu'au fond il aimirt le peuple,
ct, s'il le flattrit, c'est que sa vanité lui faistit trouret' du plrisir
dans I'rdmirrtion du gros pulllic. 0n peut donc se dcmandcr s'il n'ett
pas fait assez bon marché des aspirations populaires ct des droits
d'lutrui, du momcnt qu'on I'eût laissé lui-môme occupel dans I'Etrt
Ja première placc après le roi.
D'urtc olthodoxie irréplochable cn nratièrc religieuse, il n'ôtait pas
sincèr'ement tolérant; il se proDonça à plusieurs reprises pour I'ap-
plication des placards, et, :rux bcules ile r'érction, il déploya contrc
les réformôs uuc rigueul extrême. a D'Egmont cst, une gr'iutde figure
histolique, mais n'est certes point un grantl homrnc. Il a fallu lc
glaive de I'exéouteul' pour le l,ransfotmcr en unc idolc poltulaire quc
la poésie s'est plu à r"epréserttel conuue le chcvnlcrcsilue cltarnpion
de la lilrcrté ({). l
( I ) DlaSsacre ordonné par Charles-IX, roi d-e France-, qui poursuivait I'exter-
miàaiion générale des protestants français. Il s'étendit de Paris, otr il avait
commencé] à toute la France et coùta la vie à plus de {5,000 personttes' 0n a
dit 9Ë,000 et même 400,000. lllais ce det'nier cltift'r'e est certainement exagéré.
1't;ttps Hts'r0RIouES. priltl0DE ESPAGN0LU 5T{
-
d'écirapper à une m6rt certaine par la rapidité de leur fuite.
A quelque temps de là, les gueux de mer détruisent entièr'e-
rnent la flotte espagnole dans le Zuitlerzee.
Sentant son impnissance, et redoutant tle voir sombrer Sâ
réputation militaire tlatts cette guerre effroyable, le duc d'Àlbe
rlernande lui-mèrne son l'âppel. Il reconnaÎt ainsi avoir échoué
tlans sa missiott, bien qu'il se fasse un titre tl'hontteur d'avoir,
pentlant son gOuvemernent, envoyé à la mort plus tle t8,000
PeISOlUles.
Requesens ( 15?3 - 1576 Bataille de Nimègue.
).
Requesens contiuue la politique de son prédécesseur ses :
instructiotts sotrt les tuêtues. Quelques succès qui lhvorisent
tl'abord ses al'mes I'ettCOtrragent à persister dans cette voie. Les
comtes Louis et Henri de Nassau, fi'ères du Tacitunre, sont
vaincus et tués à lrr bataille tle Nimègue (lii74). La famille de
Nassau, on le voit, a bien rnérité cle la grantle cause de Ia
liberté et tle I'intlépentlatlce natiotlalcs, puisque des cinq frères
clont elle se composait tlous parlerolls tantÔt de I'assassiuat
tie Guillattrne d'Orallge
-cluatre sont morts en la dét'endant'
-
$iège de Leyde. Le sièg'e cle Le1'clc avait été cotuttteucti par le
cluc d'r\lbe.
-
Itequcscns le poussc avec vigueur. llais les li'rbitants de
lrr ville lui opposeut, utie lréroique et irlvincilllc résistauce. Lcs Estria'
gnols aSant ofl'elt rux irssiégésn pt'essés par'la clisettc, une capitula-
iiott honorlble ( I ), Ic bourgrnestrc Vartdcrdocs leur rrSporld :
< Qurrrcl lss vir,res tlotls nallquct'otrt tout à fait, UOUS ruùÛgerons
rtOtle ltllts gauclte et ttous réscrverorts I'autrc poul défendre rtotrc
libcr.té. > PIus tirrcl, comme ull groulre tl'assiégés, épuisés par lcs
plivrtions, I'engage à r'endre la ville : < Mangcz mol) corps, si vous
loulcz, Ieur dit-il, mais quatrt à reldle la ville, janrais!>BiertÙÔt les
mirlheur'eux habitants de Lclile sc voicttt réduits t\ uue ration qutlti'
tlienne de quatle ollces cle pain et, cle huit onces de vialdc de clieval
({) ta manière dont les Espagnols avaient respecté les p-r-écédentes capi[u-
tations n'étail, pas de nature â engager les habitants tles villes assiégées à en
conclure rl'âutres.
57E Hrsrorng DEs BELcBS El DE LEUR crvrltsÀr'roN
.-
J
TE}IPS HISTONIOUES. PÉRIODE ESPAGNOLB 575
-
on blrile leutement la plirnte tlcs pieds. 0rr torture les eufauts sotts
lcs yeux de leurs mèrcs. Les malheurcuscs victitnes sottt crtsttite
. rrlm rttlortrtc'es stt r phce, l'oltt pucs I mrrti lées, siitt glatt tes.
Six mille pel"soltnes de tout, âge et de toute condilion périssent
dirus ccs affr'euses journées. Huit ccnts tnzrisons sont bltilées.
0D évirltre t\ qu';trantc tontles rl'ot Iettt'it'orl '190 rnilliorts de frltlcs
rle notre ntonniric ) les sontntes extorcluécs alols ir la populatiott
anvclsoise piu'utlc solrlirtescFre féroce et déclrlînéc. tl ca ttlotrtcnt,
on voit de simplcs solcltrts joucr, sur un coup tle dei, rles somnes rlui
rmr;rient fait la f<rrtune cle tlix firntilles nécessitcuses. Anvers lle se
reldlr,Cra pas cle ce désitstre. In tttoilts cle dix illls, sa ltopulatirll
tlirlirruc tle't00,000 litttcs. L'histoile a dortrté lc tlont ùe ftu'te esltu-
gnolc ir ce tliste csploit clcs soldlts tle Philippe II.
Les ruines occasioullées er nn grutd llonbre tl'atttres loca-
lités dr pâys par les soitlats espagnols De sont guère lnOins
tlésastreuses.
Pacitication de Gand (1576). lln histoire, totr,t ast acttotr
ct riactiotù .' c'est là nne
-
loi coustante. Si Jes dévastations tles
iconoclastes avaietrt rapproche le pays tlu gouvernemeut légal,
les pilleries et les crtlautés exercées par les tloupes étrattgères
ont pout: conséquence de fortifier la révolLrtiou en rapprochant
les catholiques des protestallts. Sons les fluspices tlu prince
tl'Olange, ttn ar;te d'uuion est signé à Garrtl le 8 novembre {576
entre les tlélégués tle toutes les provinces. Il stipule : '1o f,'ett-
gagernertt pris au nom tles pl'ovinces tle s'unir pour chassef les
troupes espagroles et obtelrir le rétablissement des priviltl'ges
tles Pays-Bas. 9o Le pardon et I'oufuli de tous faits relatifs à la
revolution et, pour I'ayenit, utte amitié réciproque et sincère.
3" La restitution des biens des plotestants con{isqués par l'Etat
et tle ceux enlevés au clergé catholiqiie tlalrs les provillces otr
tlomilient les réformés. 4o L'abolition tles érlits contre les her'é-
tiqLres. 5" Provisoiremettt, I'exercice emhwif (l) tlu culte plo-
tenues cll ces lieux par rles protestants tlevront rester fcrmées les l
(f) te roi d'Espagne avait fait enlever, au mépris du droit des gens et des
privilèges de I'université, le jeune comte de Buren, {ils de Guillaume, qui
étudiait à Louvain. Conduit, en Espagne, ce jeune homme y reçut une éduca-
tion bien différente de celle que son père eùt voulu lui voir donner.
TElrps rilsl'0ur0riEs. pÉRlODE ESpÂGNOLE 583
-
fonner, tout lui esl, offert. S'il préfère se retirer en pâys étrauger,
son lils sera mis en possession de ses villes, terues et dignités;
lui-môtne recevrâ une compensirtion en Àllemagrle, ct, plr surcroît,
comme grrrtificalion, un million en argent comptant. L'envoyé de
I'empelcur, le conte de Schwalzenllourg, engilge son honneur et sa
réputation pelsonnels en garrntie du fidùle'aecomplissement des
promcsscs firitcs :ru prirtce ('l). Ces arùnccs sont, dédaigncusement
rcpoussécs.
Publication d'un ban contre le prince d'Orange. Cepen-
dant Philippe II
tient, non sâns raison, le prinee d'0range
-
cornme Ie plus dangereux tle ses adversaires. En prtisence de
I'insuccès de ses teutativcs pour le suborner, et suivant en cela
le conseil du cardinal Granvelle, deveuu ell Espagne son
premier ministre, le roi porte, le 15 rnars {580, contre le
Tacitume, un bau ou édit de proscription.
Le ban commence par itccuser Ie priucc d'Orange de s'ùtrc montré
Itypocrite, ingrat et félon; d'avoir iuslriré le Compromis et la Rcquête,
excité les fureurs des iconoclastes, eucouragé les prôches publics,
proclamô et defendu la liberté dc conscience, combattu le duc d'Albe,
fait échouer les effolts rle don Juan pour an'iver ir la paix, provoqué
I'Uniou d'Utrecht. S'attaquant cnsuil,e à sa vie privéc, il lui reproche
d'avoir épousé une ablrcssecluvivantnêrnedc sa précédente femme.
r< Pour ccs causcs, disait Philippc en terminant, le déclarons traître
et méchan[' enttemi cle nous et du pa1's, elonuons ious ses biens à qui
lcs pourra occupcr. Promettons, en ptrolc de Roi et comme ministre
de Dieu, que s'il se trouve rlrclrtru'un si géuéreux de cæur de le nous
tlélivler, mort ou vif, nous lui faisons donncr, pour lui et scs hoirs,
la somme de 25.000 écus d'or', et s'il a commis quelque delit ou for-
hit, quclque grief qu'il soit,, nous Iui promcttons lui pirrdonncr e[
dès maintenant lui parclonnons; môme, s'il uefùt noblc, I'anoblis-
solls pour sa vrileur. l
Apologie du prince d'0range.
- Le prince d'Orange r'épontl
à cette mesure o<lieuse par la publication de son apologie, le
plus formidable réquisitoire qui ait jarnais été formulé conh'e
un ilrauYaissouverain.
longtemps nourri par les patliotes tle former avec les dix-sept
provinces un seul corps de nation. Philippe II
et Granvelle
voyaient juste lorsqu'ils pensaient que pour empêcher la sépa-
ration complète des Pays-Bas et de I'Espagne, la main tl'un
assassin serait autremen[ efficace que les meilleures almées,
les plus inépuisables trésors, les plus savantes intrigues.
La supériorité tles talents p'olitiques et militailes d'Àlexaudre
Fanrèse complète I'æuvre tle Balthazar Gérard. Un an à peine
après la mort du prince d'Or:rnge, le duc tle Parme, employant
à propos la douceur, la corruption et une sévérité calculée,
avait replacé, sous I'autorité de Philippe II, toutes les villes du
rnidi restées âu ponvoir des confétlérés. Gand capitule le
l7 septembre {584. Ses anciens privilèges lui sont restitués,
une amnistie générale accordée à tous ses habitants. Mais le
rétablissernent tlu culte catholique est imposé par le vainqueur'.
A peine un délai tle tleux ans est-il laissé aux réforrnés portr'
réaliser leurs biens et quitter la ville. Onze mille ouvriers, en
grande parlie des tisserands, I'abantlonnent pour aller s'étalilir
en Angleterre et en Hollantle. Bruxellcs se soumet à des con-
tlitions analogues, le 10 mârs {585; Malines, le 17 juillet. La
chute tl'Anvers se fait plus longtemps attendre.
Siège d'Anvers. Philippe de Marnix Jusqu'alols ,
Anvels, la grande métropole commerciale des Pays-Bas, avait
été en quelque.sorte la capitale et le botùevartl de Ia confétléra-
tion. C'était le centre autour duquel convergeaient tous les
esprits et tons les éyénenents essentiels de la révolution.
Farrtèsrin cclmpret]ânt I'irnportance cle cette place, en avaii
commencé le siège du vivant mêrne du Taciturne. Philippe tle
Mamix, premier bourgnrestre de la vilie, en dirige h tléfensc.
( I ) Son rôle fut néanmoins plus pratique rJue bruyant. C'est ce qui explique
la place un peu eflhcée qu'il occupe dans les manuels d'histoire.
59E IItst'oInE nES BELGBS ET DE LEUR cIvILlsATIoN
AllJcrL ct Isilrcllc.
TE}IPS HISTONIQUES. PÉRIODE ESP,\GI{OLE 595
-
dont Charles-Quint avait brisé les ressorts moraux. Il éteignit
Ia royauté comme son père avait éteint la nation et, au moment
de mourir, il pleura sur la monat'chie espagnole l.
Gouvernement des archiducs. Albert, brave soltlat rnais
-
assez mauvais général, se fait battre à Nieuport par les Hollan-
dais, en 1600. Il rnet ensuite trois ans à s'etnparer de Ia ville
tl'Ostentle, au siège de laquelle il perd 70,000 hommes et
dépense tles sommes immettses.
Malgre ses insuccès, il voudrait contiuuer la guerre, car il
craint que la paix n'affermisse I'hérdsie en Hollande; nais la
nation épuisée I'oblige à cortclure avec les provilces tlu nord
ttne trè.ue de Doure otts. L'acte qui stipule cette treve t'econuaît
I'indépentlance des Pt'ovinces-tinies et leur accorde implicite-
ment le drbit, intertlit aux Belges, de commercel' avec les Indes.
D'une intelligence mÔdiocrc, I'archiduc est, excessivemeut orgueil-
leux. Jamais il ne rit, mômc s'il ert a les meillcurs motifs, claignant
de murquer à sa dignité. Dans ses discours rux rclirésetitan[s de la
nation, il s'exprittte toujours eu esprgltol, quoiqu'il parle le françilis
avec beaucoup dc facilité. S'il leur offre un repùs, il tre s'iissied pas
à la table commune : il mangc seul, sous un dais, isole dcs autres
convives. Scs domestiques lc scrvctt[ t\ genottx'
Isabelle est cle beaucoup supérieure à son époux par I'intelligarce
e[ le caractùre. Aussi son eutouttrge et Ic peuple lui-nrème I'aftbc-
tionnent-ils plus qu'Albut dont, lcs façons résen'ées rappellent trop
cellcs de soir ouelc PhilipPe II.
Sous le nom d'ridit TterpéhrcI, les architlut:s publient ull noll-
veau code de iustice tlestiné à être désormais appliqué par les
tribunaux civils. La promulgation tle ce cotle est la trleilleure
des rnesttres prises sous letlr règne.
Mais ces princes tte saveut pas s'astreindre à respecter nos
privilèges nationaux.
De temps imrnémorial, les natiotts de Bruxelles nommaient
'un
tles bourgmestres tle Ia ville : Allrert veut leur enlever ce
tlroit, violaut ainsi une charte qu'il avait jrrr'é de respecter. trt
596 firsToIRE DEs BELGES ET Dn LEUn cIvrLrsATroN
({) un article du tlaitô tles pyrénées stipule Ie mariage de Louis rIV avec
roi d'Bspagne, I'infante ltarie-Thércse. ë'est à titr.e de tlot à
une des lilles du
la.princesse qu'est faite la cession tles villes belges menlionnées au trail.é.
L'infante reçoit en outre un-e somTe de 500,000 écris d'or, mais renoncc, d'une
façon formelle, à lous ses droits éventuels au trône espagnol.
q)
15
È
-
Èo
d
}J
609 rrrsr'ornn DES BELcES ET DE LEUR crvrlrsATroN
Philippe Y ({ )'
noncée_. La légende qui la met dans la bouche tlu roi de France vient probalrle-
ment .ce que I'ambassadeur d'Espagne aurait dit, lor.s de I'avènencnt du
-rle
<luc d'Ànjou: n Les Pyrénées sont fondues. r
TEtnps rrrsTonr0uEs. pÉnr0DE ESp,rcÀ*OLE 605
-
I'olilige à concétler à ses sujets le Reglentent de 1603, oir les
th'oits tlu peuple reçoivent nlle uouvelle extension. Désormais,
les liourgmest,res solt nommés par un système d'élection à deux
degrés. Tous les ans, le 9ii juillet, le sort, désigne dans chacun
tles 32 métiers un électeur. Les 39 élccteurs aiusi choisis
nomment les tleux bour,grnestres :i la sirnple majorité des
voix.
Les Ghiroux et les Grignoux.- Le prince.évêque Fertlinand
tle Bavièr'e (16{2-1650) ne recevra jamais les oldres. D'urr
caractère orgueilleux et autoritaire, lui aussi essaie tl'abattre,
tout au moius cle diminuer consitlérablement, le.s libertés des,
Liégeois, mais les bourgmestres Guillaune Beckman et Sébas-
tien Laruelle, chefs airnes du peuple, s'opposent avcc énergie
aux empiètements tle I'autorité épiscopale. l)eux partis se for-
ment rlors dans la cité : celui du peuple et celui du plince,
autour duquel se groupeut la plupart tles grands.
Le parli populaire appelle Chirour les partisans de l'évêque,
parce clue le vêtement tle mode frauçaise, adopté par les jeunes
gens riches leur donne quelque ressemblance avec une espèce
d'hirorrdelles connues à Liége sons Ie uorn tle Clûrou,r. De sou
côté, le parti tles grands baptise de Grignou,r (ot grognards) les,
gens tlu parti populaire. Beckmau nieurt, ernpoisortné, dit-on,
par les oldres du priuce-évêque. llais la rnort de ce tribun ne,
change rien aux dispositions tlu peuple.
TITRE III
Institutions politiques.
Les libres institutions tles Belges sonl foulées aux pietls par
les rois tl'Espagne. Malgré I'opposition tlu conseil d'Etat et celle
de plusieurs conseils tle justice, Philippe II fait publier en
Belgique les décrets du concile tle Tt'ente et les rend obliga-
toires. Ainsi la loi de l'Eglise devient la constittttion de I'Etat.
Par Ia srrite, les cpnseils collatéraux voient leurs attributions
essentielles aunulées pâr celles de cornmissiorts spéciales ou
jointes qu'institueut les gouvel'Deurs généraux.
Sous Ie gouverrement tlu tluc d'Albe, lc conseil des Troubles
est non seulement le graud conseil judiciaire, mais eucore Il
principale institution administrative du pays, On invoque la
rafuon,cI'Etat pour expliquer cette situation illégale et arbiraire.
En {5.i6, les états génér'aux se réuuissertt spontattément et,
penthnt neuf années consécutit'es, siègelt ell permallence. Ort
tlevra successivemenl, à tout ou partie des membres de cette
assenrblée, la Paciftcation, tle Gand, I'It3dit perptituel, la
Pair d' Anuers, la Confedér'ation et l' Union d' Arrû8, I' Union
rI'Utt'eclû, etc,
Sous les archiducs, les étal,s génér'aux sout convoqLrés deux
fois par ces plinces qui veulent en obtenir le vote de nouvelles
taxes et le règlemeut de la paix à conclure avec les Proviuces-
Unies.
Plus tard, en 1S98, Philippe II fait des Pays-Bas espagnols
'un état en ûpparence indépendant, dont il choisit lui-rnême les
608 nts'rornn DEs rltstcns ET DE LEUn crvlrrsÀTroN
[a noblesse.
- La no]tlesse belge n'es[ guère considérée par le
gouvernemertt espagnol. Decimée par la proscription ou par h
guerre, elle se voit en outre enlever le gonveruemen[ des pro-
vinces et les grartds comnaudements militrires, presquc toLrjours
confiés à des étrangers. Sruf aux débuts du règne de Philippe II, lu
noblesse belge uc joue dortc qu'uu rôle très cffacé sous le régime
espagnol.
La bourgeoisie et le peuple. Une grarrde partie de ses privilèges
-
æt enlevée à la bourgeoisie des villes. Quant au peuple, tant dcs
villes que des campagnes, il per:d toute influence polititluc.
Organisation politique de la principautd de Liége. Lcs mouveruents
-
populaires, si fréquents dans i'histoire de Ia principauté, et lcs
incessants rctours offensifs du despot,ismc rcndcnt, fort instables lcs
insl,itutions politiques liégeoises. Cependant, clu xrve sièclc ù la fin
du xvlu, cortsidér'ées dans leur ensemble, ces insti[utions ne subis-
sent pas de rnodi{icatious inrpoltantes. Yoici quelques points esser}.
tiels de la constitution liégeoise en vigueur pendrrnt ccttc longue
période. {o Lc plince'évèque est clroisi pur lc chapitre de la cathédrale
de Saint-Lanllert et daus son sein. Son élcction est coulirmée par le
pape; I'empereur lui tlorue I'investiturc. Le prince-évôque prêtc
serment aux chartes et notlrnment a la paix de Fexhe. Il partirge le
pouvoir législatif avec les trois ordrcs du pays. Ses actes sont cotrtre-
signés par u1r cliancelier, fouctionnaile responsable. S'il se llomne
un coadjutcur, c'est avec le consentement du chapitrc. En cas de
mort tle l'ér'êque, I'intérin est rempli par un mambour. 2o ll s'engage
à vivre et. à s'entretenir sur ses propres rc\renus ct, promet de nc
nommcr quc dcs Liégeois aux ernplois publics. 3o Àu point de vue
politique, il existe, dans la principauté, trois ordres qui se partagent
le pouvoir legislatif t a) I'etat prinmire (clergé), eomposé des cha-
noines de la cathédrale, au nombre de 59; b)l'rtat noble, formé des
nobles ayant {icf; c) l'étot tiers, constitué par les bour'grnestres et
commis des 93 bonnes villes (ll rvallonnes et lg flanrandes)et
présidé par les bourgmestres de Liége. 4o Il faut I'assentiment, du
sens du pays, c'cst-ir-dire Je votc unanime des trois états, pour
rendre une loicxôcutoire. ltais cltacurt des trois corps délibère a palt
et dans des locaux séparés. 5o Lcs états sont convoqués par l'évêque.
Chaque session dure au moins dix jours. 6o Lolsque les états ne
siègent pas, ils sont remplacés par une commission permanente
composée de douze mcmbrcs, quatre par corps d'état, choisis pirr
cux e[ parmi eux. Lcs dék1gués du souvcmin ont sirnplerncnt voix
TE}IPS HIST'ORIQUES. _ PÉRIODE ESPÀGNOLE 6IL
consultrrtive au sein tle Ia comrnission permrnente. Cette commissiou
veille i\ I'exécutiori des lois, répartit I'impôt et ortlonnance lcs
mandats de payements. 70 Il existe uùe cour des comptes eû une
chambre féotlale.
Nous avons vu ce tlue le Rè"glement de 1684 fait des institu-
tions séculaires du pays de Liége. La souveraineté cesse d'êtr.e
exercée par I'universalité des citoyeus, répartis en 39 bons
métiers; désormais, elle pâsse à une minorité tle bourgeois
distribués en seize charnbres ( { ), dont le choix est presque
exclusivement réservé au prince. (Voir.plus haut, page 606.)
TITRE IV
I nstitutions jud icia ires.
({)
-L'h1'pnotisme, la suggestion mentale expliquent actuellement tous lcs
faits dc sorcellet'ie, y compris les surfaces insônsibles, tenues autr.efois pour
stigmates tlu rJémon.
TEltrps rrrsÏOnrouEs. pÉnr0DlJ ESPAGN0LE 613
-
incroyables aveux. Douter dc la sorrrelleric est tenu pour un grave
intlicc de culpabilité. i\u sulplus, tout, le monde, res gens instr,uits
cor)u)lc les ignorants, fait, profcssion tle cr.oire à lir sorcellcr,ie et,
chacttn, on aime clu moins à lc pcnscr, professe clc.bonnc fcli ccttc
crolancc inepte (,1).
TITRE V
Institutions financiènes.
À l'époque espagnole, Ios principales sonrces tlc rcvcnus clu t,rtisol
pulilic sont: lo le tlontnitrc tle l'Ettt,. 2o lcs su,bsitles rctés; Bo lcs
Ioteries,dont le gouvern€metrt sc rr-rscn'c lc nionopolc (clles clonncrrt
aux porteuls des billets le droit dc pirrticipcr itu tiragc d'un gros
lot);{o le tlon des ollices, ù, fenne, en engagùr.e, ir, tente d(ftnitita;
)o l'a. confïscat'ion rles biens dc;s conclarnnés ou des cxilés (lc gou-
vernemen[ espagnol tirc dc cette source plusieurs centaincs de
millions); 6o lcs tlouanes, c'est-à-clire lcs dloits d'entrée et de sor,tic
sur les marchirntli-qes. Les états de diverses provinces, et en particrr
lier ceux du Brirbant,, s'opposcut avcc opinititrcté an prélèvcrnent
dc ccs droits, qu'ils tlouvent inconsl,itutioturels. L"l edif de 1659 lcs
étrblit tl'urtc firçon pernancntc ct cléûnitivc.
L'institution tl'une chanbre dcs comptes en Gueltlrc prr Philippe II,
crt 1559, polte à quatrc lc nonrbrc clc ccs utiles insti[utions. Les
autres chambres siègent à Lillc, Bruxelles et [,a llaye.
trlais lc gouvomemeut csl)itgnol nc lespectc pas plus lcs insti{,u-
tions fiscales dcs tsclges quc lcurs institutions politiqucs ou jutli-
ciaires. Il les traitc mômc avcc nroins cl'égtrds cllcore, craignant de
les voir devenir un puissant nroyen tlc résistrrnce passive. Aux
subsides librcment et périodiquerncnt votés, le tluc dillbc veut
suhstituer les impôts permanents du t/iriinre et du uingtième dcnier.
C'est transfonner en gouvomcmeut, altsolu le régime cle monar chie
tempéréc pratiqué jusqu'rlors par lcs souverains rJcs Pa.vs-Brs. Hrr
cffet,, le caractère perpétucl tlos nouvcirux irnpôts annule lc droit
TITRE VII
Institutions militaines.
Rerulement. Drns les guen'es offensives, les Belges ne doivent
-
pirs le servicc ntilitaire, par contte strictement obligatoire pour tous
drns les guerres défensives. Àu cas d'une gucue offensive, les
enrôlements sont tolonlait'cs, it ltrime, ct généralencttt ù uie.Etr
principe, lcs Bclgcs peut'ent seuls faire part,ie de I'armée natio-
nale. Cependant, sous lc régime espagnol, des armées étrangères
occupent sans interruption les villcs et les places inrportantes de
rrotre pays. Le système de recrutement, employé est l'entbau,chage.
Des employés peu scrupuleux, nornmés ru,coleu,t's, recherchent des
jeunes gens robustes, disposés ou non à s'eurôler. Ils leur vaDtent
les ayantages du rnéticr de soldat, souvent profitent du coup de tète
ou de I'ivresse d'urt jeurtc étourdi pour lui faire accepter des arrhes
sur la prime et signer un engàgcrnent dès lors irrér'ocable.
Les armées ainsi rccrutées constituent un ralnassis d'at'cntut'iers
dont la conduite en temps dc guerre laisse énormément, à désirer et
qui passcnt avec indifférence d'urt selvice i\ I'autre. Elles se llattent
par oliligation, par devoir dc métier, non par convictiou ou ptr
patriotismo. En temps de paix ou de trève, les soldats de deux artlécs
belligérantes sont pleins d'égitrds les uns pour lcs autres.
Grades et uniformes.
- Les grutles s'achèteut. Il faut êtrc de nais-
siulce noble pour devenil officicr.
l,'unilorme date du xvttt siècle.
TElttI)S IIISTORIQUIIS.
-
l'}ÉRIgDE 'ESpAGN6LE 6{5
Art des lortifications et des sièges. Tactique militaire, La grânde
et la longue portéc
-
puissancc cle I'artillcric fortt disparaitre des
fortifications les lrautes tours et les rempalts élevés. Aux angles
tles plaees, lcs bastions sc substituont aLlx tours. 0n adopte lcs
remparts bas, folmés cl'urrc escarpe, (talus au-dessus d'un fossé,
tlu côté rle la place) et d'une contre-esanrpe (descendant cn pente douce
t'eLs la c'lmpagne). Entre les deux, s'ouvrc un fossé profond. Ce sont
les forlificalions rasnnle.s, int'entdcs pal'Vaulttn. Ponr s'emparer d'une
ville assitlgée, on cl'euso, à distance, dcs tranchées se rapprochant
peu à peu tles remparts e0 dans lesquelles s'abritent les soldats.
Quancl I'arméc assiégcante sc croil, à suflisante proximité de la phce,
elle livre I'assaut. Entretemps, la ville esf écrirséc sous une grêlc
tle bombes qui anéantissent les maisons ct lcs édifices. Pour se
garantir des projectiles, les haliitauts se réfugient en cles casentates (l)
pratiquécs sous lcs remparts.
Les guerres s'ouvrent au printcmps, se suspcndenf en automne.
 l'approche de la m.auvaise saison, I'armée construit, pour s'abriter,
rles baraquenerrts oir elle prenrl ses qu,artiers d'lùter'.
Les guerrcs nc sont pas, comme aujourrl'ltui, des campagncs
f inr'âsion, mais des guerres dc sic\ge, lentcs par, suitc : ordinaire-
ment,, elles durertt plusicurs années. Les généraux ont pour grantl
principe laclique dc nc laisscr dcrrière eux aucune place folte, Rarc-
ment lcs batailles sont décisiles.
Armes. Dans I'infirrrterie, beaucoup de soldats sont poun'us d'unc
-
pique de clcux fois et dcmie la liauteur d'un hommQ; d'autres sont
armés de I'arquebuse, à laquelle, vers '1690, succède le rnousquet.
0rr me[ le feu i\ la poudre au mo]'cn d'uue mèche. Les grenadiers
lancent, p la main, au milieu.des mngs ennemis, des csBèces de
bombes allumécs, appelées grenacles. Yers le milieu du xvrr" siècle,
on rcmplace la mèche par la pierre à feu (d'où, cr'oit.on, le terme
fusil ç9,\, et I'on itvente la ba'ionnetle. À la mème époque, les Espa-
gnols irnaginent la. cartou,che et les Suédois la giberne.
Marine. A l'époque espagnole, on voit apparaître sur I'océan des
-
vaisseauxde haut bord, à r'oile carrée, mnnis decanons, 0n distingue
des vaisseaux à deux ct à trois ponts, à deux ct r\ trois rangécs dc
canons, superposées, urle'sul chaque pont.
TITRB VII
Institutions de bienfaisance.
TITRE VIII
sciences. - Philosoqïi"ir"ïrale. - Cnoyances
Sciences.
- Grircc à Il ntéthotlc tl'observation qui vient cle rtiiîtrc,
les progrers scicnt,iliques sont rapidcs au xvrc siècle c[ au xvrre. 0n
s'r-rccupc moins d'étudier cc rtru'ortt clit les artcicns, que de trottle r rhr
llouveùu. PaltoLrt, sauf cn Belgiqur:, on voiI sc foudcr dcs sociéLis
pour lir rcclrerclte c[ la propagritiort des conrtrissaltces.
A lir géométrie ôlémentlire, s'ajoutcnt h géoniétlic anrrlS'tirlue c[
lc calcul différentiel, sciences justyu'llols irtconrtues 0u ltoll coor-
dorrnécs. Gnlilfe (1561-{649) troulc ll
loi tle la chutc tles colps c[
corrst,r'uiIlc premim télescopc ('1609). *"ewtott ({642-1797) fixe
Ies lois dc lir pes'.trttcur et dc lir gravitation. 'I'orrtcelli irtvertte lc
brronrètre en {6/r3 cL Cornt;liu,.t t'{tlt Drcbltel, le tltctntontètrc, lit
nèmc annéc. Lc microseopc est imaginô par l'l)cossais Grttgory,en
,1663 (l). nlnriotte (1690-1684) clécouvrc, ert 1680, lir loi qui portc
sorl nonr. IJn plrSsiologic, l',\rtgltis Hurrcy découvrc ct tlicriI lit
Vau Hehnont.
Sirnou Stivirr.
TITRI.] IX
Lettnes.
TITRE X
Enseignement.
(I) Ces amendes, inlligées par I'autorité ecclêsiastique, sont perçUes par le
pouvoir civil.
6È{ Ills'IolRE DES I}ELGES DT DE LEUtt clvlllsÀTloN
TITRE XI
Beaux-ants.
,-
'2
4
U
:J
-
-l
({) Parfois aussi nràc'rrier, a cause dc la part qui revient à Rubens dans sa
création.
TENPS IIISTONIQUES. PÉRIODE ESPT\GNOLD 697
-
Les artistes tle la Renaissance abantlounent les rt)gles tratli-
tionnelles d'une peinture de couventiou pour observer et suivre
de plus près la nature. L'école nouvelle cherche surtout à
obtenir la coruectiou et la vérité tlu dessin; I'expression vr:aie,
*?f
Vau D1'ck.
TITRE XII
Situation économique
Avant, la r'évolution du xvru siècle, la Belgique était, la contrée
la plus liclie du mondc. Ulle se lrouvc, après, r.uinée et dépcuplée.
TITRE XIII
Vie domestique, coutumes, meuFs.
diligences fout leur apparition et bientôt aussi les fiacres, lcs chai-
ses à porteurs, les chaises de postc et les carrosses, espèces cl'énor-
mes chars suspeudus, pcints et ornés de ghces.
Usages divers. L'usage de priser s'introduit dans la bonnc
-
société. L'homme du peuple fumc la pipc.
TITRE XIV
CHAPITRE IX
{ /1,4-1794)
Période autrichienne ( 7
Ouvnages à consulten
ltnn praet..Essai sur I'histoire politique des delniers siècles. - Discailles t
Les Pays-Bas sous ltlarie-Thérèse. - Borgnet: Histoiredes Belgesà la {in du
xvre siècle. Histoire tle la révolution liégeoise. IIénau;r.'Histoire
-Id.: Poullet : Histoire politique iuletne - de la Belgique.
du pays de Liége. -
-
Aletanrlre: Histoire des origines, tlu rléveloppement et du rôle des ofliciers
fiscrux. Il, Hubet't ; Étnde sur la condition des protestants en Belgique, de
-
Clrarles-Quint à Joseplr ll. - Jtûes Frësort: La Justice criminelle dansl'ancien
pays de Liége,
Péniode autFichienne.
Empereurs d'Allemagne
Rois de France conlemPorains. contemporains.
LouisXIV '.'. -i'17{5 Charles VI... t 1140
LouisXY. '... i 4'17tt llarie-Thérèse . . . t {780
Louis XYI Joseph II .... t .r7e0
LéopoldII.... t+ r1e2
FrançoisIL... I
TITRE I
Géognaphie histonique
TITRE II
Les faits.
A uneesseus.
({) 0n a, dcpuis quelques anuécs, ôler'é une stalue à Ànneessens sur l'une
des places putrliques tle Bruxelles.
644 Hrsrornr DEs BErcRs ET DE LEuR crvrLrsAlroN
'iF
I
(t) Cette couronne a été depuis près de neuf cents ans considérée comme le
palladium de la nalion hongroise, qui professe pour elle une vénération quasi
superstitieuse. Un Hongrois, llluslre par sa naissance et les services rendus à
sa patrie, disait un jour à ses compatrioles : <r Quand vous verriez la couronne
de Saint-Etienne porlée par un bæuf, vous devriez le reconnailre porr roi et
lui obéir. r
\,
tô46 rnsrolRn DBS BELGES ET DE LEUR cIvILISÀTIoN
celles tle son fils. Mais, plus prudeute ou plus habile, elle
s'attache plutôt à élutler, uon à changer formellement certaines
lois qni consâcrent des privilèges qu'elle tient pour abusifs.
Marie-Tlrérèse.
fu:t7
.\
ù-
\
I
Joselir Il.
. (.t) Les changements politiques inryosés par les souverains prennent Ie nom
de ré:form.es. Ces mômes. changenents, rcfusës par eux eL obtenus de ftvce,
sont qualifiés de réaolution,
(9) toi historique formulée par l'école scienti{ique (Voir appendice).
TEMPS HIST'ORIOUES. PÉRIODE AUTRICHIENNE 651
-
disparaître les privilègcs ; substituer la règle à I'arbitraire, I'ordre
au chaos clans les institutions juricliques; réduile les privilèges du
clergé catholique et mettre sur le pied d'égalité les citoyens des
divcrs cultes; surtout fortilier le pouvoir souverain, tel est le
multiple but de Joseph II. Voyons comment il essaie de I'atteindre.
Joseph II ({780-{790 ) règne tl'abord de façon à gagner les sympa'
thies des Belges. Il déchirc lc traité de Ia Barrit)re en ordonrtant la
démolition rles forteresses occupées par les Hollandais : ainsi cès
derniers sont forcés d'évacuer le pays.
Il réclame ensuite la liberté de I'Bscaut. Un instant, orr peut le
cl'oire déeidé à aller jusqu'au bout pour olitenir satisfac[ion. llalheu'
reusemeut, il abandonne tout à coup ses légitimcs revetrdications
lnoyennaut pne sommC de six millions de florilis, clirns Un moment
où, à I'instar de sa môrre, il songe à trafiquer des Pays'Bas.
Edit de totérance (1780). Le tlaité de.Murrster avait
-
accordé aux protestants le droit tl'habiter les Pays-Bas crtho-
liques sans danger de s'y voir poursuivis pour cause de religion,
à condition de ne doluler aucult scândale. rr Un rescrit de
rr
Marie-Thérèse leur avait même rendu ( t 768 ) leurs d|oits
civils, tout eu maiutenant leur exclusion tles cOrpOl'ations et
fles emplois publics. A peile monté sur le trône, dès 1781,
Joseph II, porte le célèbre Edit de tolér'unce dont voici les
clauses essentielles :
a) Le libre exercice.privé tle leur eulte est permis à tous les sujets
de llempire non catholiquds, protestants,'grecs ou autres. Tous les
dissidents sortt autorisés à élever des temples, à la conditiott
de ne donuer à ces édifices âugulle âpparellce monumentale à
I'extérieur et cle n'y placer ni clochers, ni cloches, ni sonneries
en malière quclconque. |1)Dals h collatiou des emplois' onse
pléoccupera urliquemenl, de recherchel' les plus capables e[ les plus
dignes, sarts égard à la différetlce de rcligiort. Les protestants peu-
vent aspirel aux grades universitaires, faire paltie des corporations
d'industrie, acquérir le droii, de bourgeoisie, etc. c) l'lul ne peut ètre
forcé d'ussister aux cérémonies d'un culte, ni èlre poursuivi pour
eause de religion
un tel édit ne pouvait recevoir I'appr:obatio[ tlu clergé. Il
soulève même les protestdtions de certaines autorités civiles,
659 lrrsTornu DEs BELGES ET DE IEUR crvILrsATroN
::{"',
t,
TEnps HrsroRroriEs. pÉRI0DE ÀUTRICHIENNE 659
-
comme les grandes uùllæ, à l'élection du tier"s état. Destirté à repré-
senter I'ordre de beaucoup le plus uombreux, celui-ci doît être
tledou,blé. Ainsi, un juste équilibre s'introrluit entre les trois ordres
dans la représenta[ion nationale.
Commc pouvoir exécutif, Yonck propose un conseil d'Elat de cinq
ntembres, dont rluatre r\ désigner par les leprésentants des trois
ordres, eT le cinquianei choisir parmi lcs membres du grand eonseil
de justice et par eux. Dès lors, le pouvoir législatif apparl,enant aux
états et le pouvoir judiciaire étartl, exclusivement réservé aux tribu-
ûaux, on aboutit à la sépalation des pouvoirs, principe rationnel,
universelleurent admis aujourd'hui.
Comme on le voit, tout en respectant les graudes lignes des insti-
tutions lationales traditionnelles le systèrne de Vonck lenaiI un juste
compte des idées modelnes.
Les Statistes. Leur système politique. Dirns ce par:ti, se rangent le
-
clergé, très influent sur les campagltitrds et sur le menu peuple des
villes, la plupart des nobles et les chefs patriciens des corporations.
Tous sentent leurs privilèges menacés par les voncliistes. Le systèmc
statiste comporte lo tm congrès, formé par les délégués des états ;J
La Pnincipauté de Liége.
TTTRE III
Aspect du Comrne nous I'avous dit, les bois, les bruyères et lCs
sot.-
marâis rcparaissent en Belgiqurl au cours de la domirral,ion espagnole,
dans les parties du pays jusqu'alors les mieux cull,ivées. Les quatre'
vingts tnnéu* de paix à peu près cortsécutives qui s'écoulent entre le
traité deRastadt etla bataille de Jcmmrppes pÛrmettent heurcusement
à I'agrictrlturc belge de r"éparer une partie dcs désastlcs de l'époque
précéclente et môme d'atteindre un certain clcgr'é de prospér'ité. Â
raison de la situation défa'r'oral-rle faito à nos industlies par Ie traité de
Rastadt. I'industrie agricole est à peu près la sculc qu'il soit possible
de renclre rémunératrice en notre pays et l'Ott S'y livre avec ardcur'
Une grande étenduc de bois, dC terrains lillgucs ou couYerts clc
bruyèies sont, à nouïeau défrichés, rlcs polders ertdigués, des
marais desséchés.
Pendant lcs artnées {785 et 1786, le duc d'Àrcrnberg flit, à lui scul'
dcssécher en Flanclrc plus de 70C bonniers de mat'ais, eutreprisc tlui
lui cofrte plus de 600,0C0 floritts.
(4) 0n lui a élevé une statue en {8I9, sur I'ancienne place deS Récollets'
ditè depuis place du Martyr à Yerviet's.
666 HrsrorRn DES BELGEs ET rln LEUII crvrlrsÀTroN
TITRE IY
Institutions politiques.
tlisparuissent
un à un sous le régime autrichien et- leurs attributions sont
exercées par les conseils provinciaux de justice. c'est un graud
pâs dans les voies tle la centlalisation. a I'avènement tle
Joseph II, uu seul gouverneur, celui de l{amur, existe encorc.
et ses fonctions lui sont conservées à titre personnel.
2o Lrs É'^'s pR'vrNcrAux. Les états provi'ciaux ne peu-
-
vent ni s'assembler ni se séparer sans I'autorisation du gouver-
nernent ({). Hors le temps tles sessions, I'assemblée est repré-
({) Leurs attributions étaienl, : lo le droit tlc level les impôts; 20 le droit
ïËMPS HISTORIoUES. t'tsRl0Dli ÀLirltIclIlBNNA 669
-
sentée par une commissigl] permalrente et un
greffier
pensionnaire (notre gleffier ploviilcial). 0rclinairemeut' les états
provinciau:i ont deux sessions par an.
Pour la constittrtion des états provittciaux, ou observe géné'
râlenellt Ie principe de la représentation tles trois ortlres, mais
on I'applique'suivant tles règles fort arbitraires. Le droit élec-
toral et celui d'éligibilité sont exerçés par privilège, rloll par
droit nrturel. Irii les états généraux ni les états provinciaux
n'émauent tlu suffr'age tlilect tles électcurs. Le r.lergé séculier
n'est représenté que pal' les évêqucs. Le clergé régulier I'est
par lc titulaire tle telle abbaye parmi les plus considtirables
({3 sur 40). Pour être mernbre des é[ats, ]es nobles doiverrt
tburnir certaines preuves d'antiquité de noblesse et posséder
tles r.evenus collsidérables. Les représentants tlu ticrs SoDt, soit
le titulaire de tel office de rnagismature civile ou jutliciaire, soit
le tlélégué cle telle corpolation plivilégiéc. Seules, Ies villes
principales llolrrrnent les délégués du tiers état : les villes tle
seoond ordl'e et les campagnes sollt absolument exclues de la
leprésentttiou provinciale et partant des états généraux.
Toutefois, en t7li5, or1 l'end le droit de représentation aux
petites villes et âux chiitellenies. Mais lorsque, grâce à leur
COltCOul.s, le gOuverllemellt aura obtenu des états le vote d'un
subside pct'manettt, il cessera de convoqucr ces tltlrnierS.
En sonlurc, la représentation provilciale, et par suite
Ia tléputation. llatiotlale, re repl'éseutent que les iutérêts de
quelqucs-uns. Ainsi abantlouués aux scius des privilégiés, les
intérêts tln plus grand uombre sout souvelt négligés, parfois
tout à thit sacri{ïés.
C. Administration locale 0u communale. CouuuNas
unr]ÀINES. Il s'était intr:oduit un tlésordre excessif dans I'adminis-'
Le peuple.
- Ni dans lcs villes ni dans les campagnes, il ne pcs-
sùtle plus de droits politiques. Pauvre et dégradé, il coupit dans
unc ignoriutce et uuc misère extr'èmcs. Grârce à cluelques progrès cic
I'lrgricultule, la conrlition des pa)'sans est, cependant un yreu moins
misérable que celle du peuple des villes. Ilfais, clans I'cusemble
du pays, uralgré les cffolts du gouvelnement, auxqucls il faut
rendre justice, lir situat,ion natériells et moralc ciu brrs pcuple reste
déplorable.
TITRE V
lnstitutions judiciaines,
(.1) c En certains cas, Ie contlamné, après avoir été fouetté, êtait é-tranglé
puis-décapité. On exposait sa tète, on Ïrrirlait, solt corps, on ell jetait les cen-
ilres au vent. 0n coupait préalablement le poing aux condanlnés au bannisse-
mentet on le clouait, àun poteau.r (Julns F'nÉsou).Le mÔme auteur- savant
jurisconsulte,
-crinùnelle couseiller à lacour d'appel de Liége- dans son Liwe, Lu iustite
au Pttrls tle LiL3qe, raconte, p, {73, qu'en {786, un certain Jacques
Pierlot condamné à ôtre étranglé, fut d'abord trainé sur la claie depuis la
place Saint-Lambert jusqu'au plateau de Saint-Cilles. Chemin Iaisant, on lui
mordit huit fois les chails avec des tcnailles rougies au feu. Ettsuite, on le
rompit et onl'exposa sur la rone I'espace de tleux heures.Bnlin, il fut étlanglé.
Le faux ténoin et son suborneur étaient condamnésà nlort. Les condan-
nations à la prison étaient rares.
V. llireuet. - Ilistoire des llelges.
614 ltISrotRE DEs BELcES ET DE LEUR ctYILIsATIol{
TITRE YI
Bienfaisance.
TITRE VII
Finances.
TITRE YIII
lnstitutions militaines.
TITRE VIII
Sciences. Philosophio & morale. - Gnoyances'
- neligieuses.
. TITRE IX
Lettnes,
graphe et cela non seulentent chez les pctits e[ clrez lcs nnonJ'mes,
rnrris chcz lcs honrmcs urarqunuts, Ort cst tcntc, ljotrte llcnncliert,
l
tlc s'écrier irvec un contempot'lin : Sirlul ! cnrpilc tle la birti-cc !
ll
Lir lcctur'e tlcs écrits laissris plr lcs clrefs de rér'olution brabln-
conns montle quclle disctte rl'ltonrnres il y eut en rtotlc pa1.s à la fiu
du siècle tlcr"rticr. Citmctùrcs égoistcs et srus dignitcl,csprits é[,r'oits
ef mesquins, lcs rnoirts ittclpablcs scrutclirleuscntent ignolrrnts, tcls
sc rôvèlent la plupart dc ccux qui ont joué les plcmicls r'ôlcs daus le
mouvemell t lclr-olutionnait'e.
Lc chirnoinc do Broux, sccrétairc du général Yiru der'Ilecrsch,
tenninail unc lettre pâr ccs rnots : " Nos cltels compirtliotcs lhusent
de la pennission d'ôtre bctes. > Àilleurs, ;rprès ar,oir qullilié de
malheulcuse c[ clc fatalc, uue rét'olrttion à laquelle il r pourlant
pris une si lalge prrt, il parle tlc < I'inrbôcillité clcs étatS. >
Pour encoul'ûgel' lir culture des sciertces et des lcttles, Clrar'les rle
Lorrtirrc fonde ert 1772, une Acudenie ûnpëriule et rorynle tle.ç seiences
el tles lttllts-teltres. Youlant hortorcrr les membl'es dc ccttte société cle
$avilnts, lc cluc décide quc cltacun d'cltx jouirl rles avantirges attrcliés
à hr nolrlcssc. C'est l'-itcadémie irctuellc clc Bclgiqrrc.
Rcmise en ortlre et enlicltic cl'un grand nonrble de rionveaux
ouvragcs, la biÏtliothèquc de Bourgogne csf ouvertc au public cL
devicnt I'une des plus importrntes dc I'liulope.
lr,n htstoire,les mëmaires tle Neny ont de la valcur.
Langue flamande.
- Les clirsses ricltes abartdonnenI presqtte com-
plùlenent lir lartguc flamartde, eI si lcs classes inféricures ]ui
dcrneurcnt fidèles, elles parlettl, un lrngage abirtardi, sans vigueur,
sans correction et sans clarté.
TITRE X
Enseignement.
irgit, il cst plus tl'une fois arnené à ne prs tenir compte de certains
plivilôgcs invoquôs pour enrit.rcr I'rrpplication dcs réformes lcs plLrs
'indispcnsrblcs. Dc là certaines rccusatiorts de dcspotisme dirigées
contrc llalie-Thért\se par les partisarn dt slalu' qtto.
Vorrlirnt d'abord porter la lumiùre clans I'csltrit dcs clttsses diri'
geantcs, llalic-Thdrrèsc s'occlrpc cn prenrier licu de réorganiser
I'cuscigncrnent supér'ieur c,t I'enseignemeut moyen. C'était,, lui
pu'riiss:rit-il, le ntoyen Ic plus sûr de comliattrc ellicacement la
loutirtc ct les préjugés.
Enseignement supérieur. Une conmissiou royale des études est
-
instituéc à Bruxelles. Yoici quclques-urtes dcs nlesures qu'ellc
antite, tlc concert avec lc goursrnement. L'ctlseignement laissait àt
rlésilcr ir I'université dc Louvain, la scule alors cxistirn[e en Belgi'
qlrc : clésormais lcs plirces de professcul i\ cette école nc sortt plus
lccordées qu'à la suite d'un coltcours. Lcs cottt's cl'histoire et de
littéruturc, qui ont cessé d'ê[r'e faits à ]'uttiversité, sonI rétablis.0n
tlcfcnrl I'emploi des méthotles vicillics. Etr vue d'empt"eindle l'érlu-
crtion des jeunes Belges d'un erractùrc naLiouirl, il ler"rr interdit
rlc faire leurs études i\ l'étranger.
Enseignement moyen.- Le papc CIémcnt XIV a1'ant supprinré I'ordre
cles jésuitcs qui dirigcaient alot's la plupaltdes collèges du pa1's, dcs
collt\ges laïcs rtationaux, dits collèges tltércsiens clu ttom de I'impé-
rritriec
-
sont irrstitués datts lcs localités irnportantes. Les ér'Ôques
-
ct les rnirgistlats en ont I'inspcction. Lcs phces de professeur y sottt'
égalernent, rnises au concottt's. 0n proscrit ccrtains ouvrages
surarrrtés, on en corrige d'uutres, oll etl rédiSe de uouveaux et I'on
oldonnc dc suivre partout lcs mfirnes livres, approur'és par les auto-
rités cornpétentes. Un règlemont d'ordre et cle disciplinc interdit
I'cmploi dcs verges et des ehâtimcnl,s corpot'els, considérés comme
propres à avilir lcs caractères. Un plan d'étudcs plus complet est
tracé. Des exrnrens publics remplacertt les représentations théâtrales
dc fin d'ùurtôe. Pour encourtrger les élèves intclligents et travailleurs,
une médlille d'argeut à I'efligic dc la souveraine, est att,ribuée à
ceux qui occupent le premicr rattg dans leur classe' avec rutorisa-
tion de la portcr en public.
Enseignement primaire. Peu considérés, mal rétrillués. les insl,i-
-
tutcurs crtmulaisttt ordilairement leurs fonctions de ntaitre rl'école
avec crcllcs d'employé i\ la mrisott commuuale, de sacristain, de
fosso-vcur, dc sonneur de cloches, de ménétricr ou violoncux aux
689. Hrsrornn DEs nELGES ET DE LEUR ctvrlrsÀTroN
deS ckrsses de rcpétitioz, tl'unc durée de deux heurgs, oit I'on revoit
l'écriture, la lecture, I'arithrnétique ct l'écouomie tanl domestique
que rurirle. Les apprentis ne peuvettt devenir oOmpa$rtons s'ils tt'ont
suivi avec fruit ces classes de répétition. IIs son[ tst,roiuts à les
fréquenter jusqu'à I'irge de virrg[ ans ( ècoles d'aclultes ).
Il est recommândé attx maîtres d'euseigrter et dc faire lire les
élèr'es simultanéntent; de moins s'attachcr à charger la rnémoire
des enflnts qu'i\ cultiver leur espri[ en Icur expliquant, tout avec
clrrl,é eI pr'écisiott.
Les enfants d'irge et de sexe différents, apprenartt les nèmes
matièrcs, SOut réuniS dans Ja rnème classe, mais sur des bancs
séparés. Là oùr il y a plusieurs ésoles, les filles sont instruitcs sépa-
rémcnt. 0utre les rlatiôrcs qui vienneut d'êtle indiquécs, on lettr
appret)d lrr cout,ure, le trico[ et tout ce qui cst convenable à leur
sexe. chrque classe cornpr"end trois divisions : la su,pbieare, la
moy enne, I' infér ieu,re
L'enseignemel)t cgt libre. Toutcfois tiul tie peut cnseigner s'il n'a
subi avec succès les épreuves dc I'exiimett dcvrnt le jury de l'écolc
normale.
Les parents son[ tcrttts d'cnvo1''er lcurs enfauts à l'école depuis
l'âgc de six ans jusqu'à celui de douze ou trcizc. Âu besoin, ils peu-
vent y être colttraints par les magistrats, qui soDt tenus de veillcr
strictement à I'observation dc cettc prescripl,ion. (Instruction obli'
gatoire).
Cct[e ordolnânce ne produit malheureusement pas en Belgique
les mêncs bons résultats qu'ctt Âllernagne, tattt cst grande la
torpeur. intellectuelle du pa5s. Joseph II lui-même fet'a peu de chose
pour I'enseignement primai|e. Le temps lui en matrqucra d'ail-
leurs.
La rénovation de I'cnseiguemeut primaire n'est pas possillle sans
I'institution de bonues écoles uorntales : Josepli II le comprend. Il
décidc la création dc plusieurs de ces établissernents. Det'ettu
inspecteur général des écoles des Pays'Bas, ull ccrtiritt Des Roches,
oliginaire de La Haye, est chargé par I'empereur cle col)tluire :i bieu
cette tâclre importante. Au mois cl'avril 1,797, uûe école norrnalc prin'
cipale est ouverte à Bruxclles et Des Roches Se proposait, d'eu orgù-
niser d'autrcs quand la mor[ le surprit en mai {787. Lcs troullles
politiques grâves qui Survielttcut peu aprùs empèchertt le gouverne-
mcn[ de poursuivre l'æuvre ébauchée.
684 rrrsrûrnn DEs TIELGES ET DE LEUR crvnlsÂT.roN
TITRE XI
Beaux-Ants.
TITRE XIII
Hégirne économique.
Agriculture.
- Le tlaité de Munster ({648) ayait interdit aux navires
tant belges qu'étrurgers de plrraitre dans les eaux de l'Escaut. Par
suite de ccttc intcldiction, les produits lcs plus importiints de notre
industrie, les draps, Ies toiles, les talris, les rlen[elles, les mé[irux
ouvrés, ctc., cessent de nous ètre achetés par l'étrangeret il fauten
réduire la production aux sculs besoius des habitants du pays.
Âinsi, un grand nombre de bras se trouvcnt inoccupés. Cettc cir-
cortstrlnce, défavolable pour I'inclusl,rie, est au contrairc avantiigeuse
pour I'agricult,ure.
En effet, pendan[ la paix profonde qui règne en Belgiquc sous
I'administration paternelle de Chiir.les rle Lorrline, I'activil,é uationalc
se tounle plincipalement vers I'irgr.iculture, qui fait, de raJrides pro-
grès. Pour en favorisel' I'essor, le gouvemement prend diflërentes
rnesures des plus ctïicaces.
II suppr'ime ou réduit les droits sur la sor.l,ie dcs graius et il dimi-
nue les autres impôts frappant les cultivateurs.
Les ouuiers cles canrpâgllcs sont dispensés du service militairc.
Certaines terles, transformées eu prairies altificielles, c'est-à-dirc
semées de slinfoirt, dc luzernc, de tr'èfle, etc., sont exemptées du
droit de vaiue p.{ture; I'usage d'abandouuer lcs tcrres cultivées i\
une jachère de trois us est déconseillé et mûtre défenclu.
II existait, cll certaines provinces, des fermes d'une étenduc
immense, ce qui réduisait à un pet,it nombre les personnes dirccte-
menû intércssées à une ltonne culture : on fixc l'étendue maximurn
desexploitations rurales à environ 60 bonniers de terres et à l0 dc
prairics ct jardinrges.
Dc lemps irnmémolial,les habitants d'une localité at'aient dr.oit à
la jouissancc des telrains coDlmullaux. Cette jouissance cornpr.etrait
pour'chacul : ln le clroit d'y firire paî[re son liétail, qui por.tait le
nom dc gr&sse pûture pirr opposition à celui de unine pûtu,re, cxercée
686 HISToTRE DEs lELcEs ET DE LEUR clvnrsATroN
sur les prés et les terres des particuliers ; 2o le droit d'y recueillir
les glands pour la nourriture des porcs (glandée) ; 3o le droit de
maisonnage ou droit de prertdre dans les bois de Ia commurte, le
bois rrécessaire à la constructiorr dcs liabitations ; 4o le droit au
bois de chauffage.
A plus d'une époque, les besoins d'une agriculture qui se perfec-
tionnait avaient conduit non seulement à lirniter ces droits, mais
aussi à faire des emprises sur les tenains communilux. 0n tlécide de
réduire encore l'étendue des clroits des particuliers sur ces terrains.
Le droit de pâturage sur les prés commun'ùux est limité aux saisons
mortes. 0n cesse d'y pouvoir faire paitre le bétail avant la prcmière
récolte. Pour les terres arables, ce droit est réduit aux terres en
jachère. La quantité de bétail jouissant du droit de grasse et de vaine
pâture est déterminé par l'étendue dc la culture exploitée.!
Le droit de vaine pâture, mème limité de Ia sorte, nuisait eùcore
à l'agriculture; il ne permettait, ni la seconde récolle des prairies
tant naturelles qu'artificielles, ni la culture des jachères, ni les
cultures dérobées : le droit de clôture le borne davantage. 0n iuter-
dit la vaiue pâture dans tous les champs clôturés.
Sous I'influence de ces excellentes mesures, I'agriculture accom-
plit les plus grands progrès, dans les Flandres, la Ilesbaye et
uue partie du }Iainaut. Les campagnes, er ces différentes régions,
sont si bien cultivées que les étrangers croient y voir non des cam-
pagnes, mais des jardins.
Cependant le numéraire étant rare dans les campagncs, les fcr-
mages se paient souvent en nature, du moins pour une part impor-
tante. Les ouvriers agricolcs reçclivent leurs salaires sous la même
forme. Parfois ils sont logés, nourris et, vètus dans la ferme. Ils ont,
de plus, droit, à unc part des produits agricoles ou des profits
réalisés sur la vente des animaux de I'exploitation. Les ouvriers
chargés de faire la moisson, de la rentrer et de la battt'c, retiennent,
le sixième ou le septième setier du grain fourni par le battage.
Plantes cultivdes. La culture du colza se répand en Belgique, à
-
partir de 1750; celle de la betterave fourragère introduite d'Italie en
France au xyresiècle,date chez nous de l775.La culture dela pomme
de terre se vulgarise vers {780. A la même époque, on commence
aussi à cultiver le tabac sur ulle certaine échelle.
0n attribue aux Romains ou aux croisés I'introduction eu notre
pays du pêcher, de I'ablicotier, de la vigte, du noyer, du châtaignier,
I'ETTPS IIISTORIOUDS. PÉITIODE AUI'IIICHIENNE 687
-
du cognrssier, du cerisier, du prunier,'etc. lllais longtemps après
leur naturalisation, les fruits des arbres que Ilous venons de citer
demeurent maigres et plus ou moins amers. Leur qualité commence
seulemenb à s'améliorer, il y a uu siècle, a\rec la multiplication des
espèces. C'est à un lllontois, I'abbé d'Ilardenpont, qu'est due I'inil,ia-
tive de la multiplication des cspèces par la fécondation arl,ificielle
des rneilleures variétés /{), notamment en ce qui concerne les poires
dont une espèce porte cncoro son nom, lebeu,rré d'Hardenpont.
Animaux domostiques. -. L'élève du bétail progresse e[ se fait sur
une échelle inportante. C'est vers le commencemcnt du xvrttt siècle
que s'introcluisent en Belgique l'épizootie des bêtes à cornes et la
morve des chevaux.
Industrie.
- En dépit des encouragentents du prince-gouverneur,
les industlies belges manquant de débouchés à l'étranger et ne trou'
vant pas dans le pays même des marchés assez intportants, ne recou'
vlent pas leur ancienne prospérité.L'industrie des laines a disparu des
Flandres et du Brabant : en 1752, la corporatiou des drapiers gan-
tois ne comprcnd plus que lutil maîfies (9). Par contre, la culture du
lin ayant pris dans ces proviuces une grande extcnsion, la fabrica'
tion des toiles se substitue à l'industrie tombée (3). La navette
volante,dont on attribue I'iuvention à uu ouvrier flamand,est employée
pour la première fois à Ypres en {740.
L'industrie nouvelle ne tarde pas i\ se développer au point que I'Es-
pagne et le Portugal tirent de notre pays toutes les toiles nécessaires
à leurs besoins et à ceux de leurs colonies.
Tournai conserve des fabliques de tapis renommés.
C'esC au plince Cliarles de Lorraine que I'on doit I'intloduction en
Ilelgique de I'art de fabriquer la porcelaine, dont lc monopole était
jusqu'alors, resté aux mains des Chinois (4).
D'autres industries prennent égalemelt naissance ou se dévelop-
peut à cette époque dans notre pays. 0n y voit naitre, particulière-
meni en Hainaut, des papeteries importantes. Les fabriqucs
bruxelloises d'indiermes, de carrosses, de chapeaux, de caractères
TITRE XIV
CHAPITRE X
Période française.
Ouvnage5 à consulten :
TITRE II
Les faits.
Situation potitique, économique et sociale du peuple en
Europe avant 1789. Dans la plupart des pays européens, la
-
royauté, unie aux classes tlirigeantes- clersé, noblesse, haute
PÉRIODE FNANÇÀISE 695
TEIIIPS IIISTOIIIOUES.
-
bourgeoisie avait, durant de longs âges, exercé sur le
peuple une tlomination souveut très lourtle. Mais, au siècle
tlernier, une multitutle tl'écrits paraissent, qui font à I'ancien
régime une guerre acharnée. Battu en brêche tle toutes parts.,
celui-ci sent à la fin le terrairt se tlérober sous lui. Plusieurs
souver:riils, ainsi qu'un certain nornbre tle nobles et tle prêtres,
encourâgent même Ie mouvement.
Entre les publications qui paraissent alors eu France, le
pamphlet fameux tle I'abbé $ieyès cause ulte irnpression
particulièrement profonde. Il se résume énergiguement dans
ce court dialogue : tt Qu;est-ce que Ie tters état? Tont.
-
A ryrci uspire-t-il?
Qtt'tr,-t-il été ju,sqùù pr'ésent? Rien.
A être yæIqu,e chose. n
- -
Les abus à réformer sont nombreux :
({) 0n rlonnait, en France, le nom de lettres rle cachet à des letires signées
par le roi et contre-signées pat un se*étaire d'Etat. 0n les appelait ainsi
irarce qu'on ne pouvait les lire sans briser le cachet dont elles étaient fermées
et par ôpposition à d'âutres lettres, dites leltles petentes. Les lettres tle cachet
servaienl souvent, soit à envoyer quelqu'un en exil, Soit â le faire arrê{er et
conduire dans une prison. C'était donc, sous ce rapport, un instrument de
tyrannie
- ei, d'arbitraire.
(9) Droits qui sont attachés à la qualilé de citoyen et ne se rapportent qu'à
I'intérêt privé.
(S) Droits qui sont attachés à la quatité de citoyen et se rapportent à I'in
térèt généml.
696 ursrornn DES BELGES ET DE LEriR crulrsÂl'roN
({) On sait que la jime avait été primitivement établie pour faire face, dans
les paroisses, âux besoins des personnes et à I'entretien des objets voués au
cultb. Peu à peu rJétournée {e sa destination originelle, elle passe en partie
anx rnains tles chapitres et des corporations religieuses,
0n dislinguail, les gr.osses dinrcs, prélevées sui les grains, les foins, les vins,
le gros lrétail, etC.; lès ditne* rnutuàs 0u dlntes rtettest pel'çues sur les produits
tle"la petite culture : légumes, petits animaux dornestique,s (moulons, chèvres,
porCs, volailles, ctc.) el, sur les plantes inrlustrielles, lirt, chatlvre, etc.; la
àime'rrouule, prélevée sur les terres ttouvellement délrichées, enfïn Ia dinrc dtt
luit, rlu beurre, dtr..fromutle, rlu nziel, rle Ia cire, tlu hurentl, etc.
D'ortlinaire,'on affernte la <Jîrne; elle n'etl devienl, souçent que plus otlieuse à
cause rle f inrpitoyable t'igueul avec laquelle la pcrçoivenL l_eS décintuteurs. Ott
voit ces elnirlol;és pénéirer avcc des chariots tlatts les chanps oir se fait la
lnoisson, fouiani au 6esoin, pout' y ârriver, les récoltes ellcol'e sur pied ; vérifier
le nonibie tles gerbes
"ries
et en-emporler lr dixiùme partie.Cette perception donne
parfois Iieu à conflits r,iolents, à rJes procès, à des ligues agraires, voire
à des révoltes.
(g) 1 serait diflicile de bien saisir I'esprit des institutions belges actuelles
si i'on ne possédait quelques clartés tleÀ grands événemcnts sociaux et poli'
tiques doni la France'l'ut ie théàh'e à la fin îu siècle dernier. Nous ferons donc
ici un historique sommaire de ces événcments.
(3) 0n consialait clraque année un tléticit tlc {,{.0.000.000 de francs dans les
builgets de l'Etat. Ce fut ta cause appârente et occasionttelle rle ll Révolutiott
française.
698 IITSTOIIIE DES BELGES BT DE LEUR CIVILISÀI'ION
({) La Belgique n'a pas été régie par cette conÈtitution. Néanmoins, il est
utile que tes"éteves en connaissint'les points essentiels s'ils veulent com-
prendre les constitutions postérieures sous lesquelles nous avons vécu'
' igl Refùi que fait le chdf de I'Etat de sanctionner une loi votée
par les
chambres.
f00 Hrs't'ornn DEs BtsLcES rir DE LEUn clvtttsÀTloN
(1) club des Jacobins, société populaire instituée à paris sous Ia Révolution
et rlont les membres se réunissaient dans un ancien couvent de jacobins. BIle
se distinguait par Ie radicalisme de ses idées et la violence avec laquelle elle
produisait ses revendications.
(9) Parti- politique de l'époque révolutionnaire dont les députés de la Gironrle
^
formè,rent Ie-noyau. les g'irondins, en opposition avec les jacobins oa nniltu-
gnards, se distinguèrent par une modéraiion relative,
?09 Hls'l'Olltli DBs BDLGES D'I DE LDUR 0IYILISÀTI0N
(|)Lapopulationr]eBruxelles,en|801,étaitde60,000âmes(Jusre,Ifds-
' ae Belgique,
toù'é tomelll, page l{8)- -. -
e\g}thËririOor, an II'(7"aoùt,1794). Dunots. Huy sotts la r,tltubliqtrc ct
sotis' l' empire, Page 54.
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104 rus'r'olnu DES tlELcES n'r DE LEUR clvtLISAI'loN
(,1) u Le pays, foulé pendant trois ans par d'innombrables légiors' était
eniiérement-epirise. Aux maux de la guerre, s'élaient joints ceux de I'adminis.
lration françgise, qui avait introduit à sa suite les assignats, le.maximum et
les réquisitioirs. Des municipalités provisoires, httit administrations intermé-
diairei et une administration cenlrale établie à llru.'ielles gouvetnaient la con-
tr'ée en attendant son sort déflnitif. Quatre-vingls nrillions avaient été lrappes
sur le Clergé, les ahbayes, les nobles, les corltorations. LeS aSsignats avaient
été mis en-circulation forcêe : les prix de Lille avlient servi à dédcrminer le
ntarlinurm datts loute la llelgique. Les denrées, lcS marchandises uliles aux
rrmées élaient soumises à la iéquisition. Ces règlements n'avaienl pas lait ces-
ser la disetle. [.es marchattds, les fermiers cachaienl tout cequ'ils possédaient,
et tout manquait, à I'ollicier Comne au soldat r. (TltmnS. Ilistoire tle la
Iiéuolution,frunçaise, livre XXV).
(9) Parcè qu'on assignait en garantie de leur paientent les àietrs nationaun
coritie lesquèls les porteut's pourraient les échanger'. 0n n'arait.pu scnger ^à
fair.e en bfoc la vente des biens nationaux et du mobilierdes églises: c'etlt
été cn avilirla r,âleur. Dansles débrrts,lacréationdesassignatsavaitconstitué
rrn vôrilable emprunt hypothécaire. Mais, bicntôt transfot'més en simple papier
montiaie pry li supprèssion momentanée de I'intérêt, ils perdirent la con-
fiance tlu iullic. La lÀi qui en établit le cours forcé précipita leur dépr'éciation.
(3) Décret du {1 juillet t?91.
TEMPS HISTORI0UES. pÉnroDE FnÀNçArSE 705
-
;
de les vendre aux prix imposés elle occasionne de grandes
pertes aux agriculteurs, aux industriels et rux négociants.
Réquisitions et logements miiitaires. En môme ternps, les
-
réquisitions (l ) et les logements militaires achèvent d'épuiser
les ressources tlu pays. L'armde française ne recevait guère du
gouvernernent républicain que des armes, de la poudre et autres
munitions de guerle. Il fallait bieu cependant nourrir et vêtir le
soldat qui manquait de tout (9). En conséquence, les généraux
se mettent à réquisitiouler tout ce qui peut être utilisé pour les
besoins de I'armée. On s'empare de tous les grains, farines,
bestiaux et fourrages qu'on peut trouver. Les grands seigneurs
et les couvents possédaient d'immenses troupeaux de moutons
et de bêtes à cornes : on prend ccs troupeaux. 0n se saisit,
pour Ia remonte de la cavalerie, de tous les chevaux de
luxe; on réquisitionne, pour le même service, la vingtième
partie des chevaux tle travail et I'on ne se fait pas faute de
s'emparer aussi du reste à I'occasion, ainsi que des tùarrettes,
chariots et autres moyens de transport. En outre, on
use de tout sans méuagement : on excède les attelages, on
maltraite les conducteul's qui souvent s'enfuient, abandonnant
chevaux et voitures, au risque d'être fusillés comme tléserteurs.
0n oblige les marchands et les négociants en étoffes à livrer les
toiles, les draps et autres tissus uécessaires à la confection de
vêtements pour les soldats. Et comme ces derniers manquent
({) Yoir, pour plus de détails, notre l{istoire pittoresque et anecdotique des
Belges, page {98.
(9) Yoir la Notice géographique ci-dessus.
(3) Yoir plus Ioin : Propriété foncière.
(4) lmposition établie sur certaines classes de personnes par un gouverne-
ment qui s'engage à leur en rembourser le montant, après un certain tempsn
avec ou sans intérôts-
;08 HTSToIRE DEs BBLGES ET DE LEITn.cIvILISATIoN
TITRE III
La pnopniété fonciène.
TITRE IV
In sti tutio ns'' pol itiq ues.
({) Ces dépari.ements r.eçurent pour Ia plupart des noms empruntés à des
accidents géographiques. Les anciennes divisions et appellations provinciales
furent abandonnées. 0n désirait avant lout tlétruire I'esprit particulariste qui
dominait dans toufes les provinces et empôchait souvent I'application ïe
mesures générales importantes.
TEnps HtsroRr0uEs.
- pÉnroDE l'RANÇÀrsE 7L7
({) Sauf toutefois les ministles du culte israélite, qui ne seront payés par
I'Btat français qu'en {831, et les musulmans un peu plus tard.
?20 IIISTOIRE DES BELGES EI'DE LEUN CIVILISI'I'ION
TITRE V
I nstitutions j udiciaines.
Oroit des gens. Lir constitution tls 179'1 avait hautemcnt répudié
-
le droit de la force, ce droit violent de jadis, par I'adoption de I'ar-
ticlc suivant : <c La nalion française renlnce ù, entreprendt'e aucarc
gu,erre dans la ate de faire des conqu,êtu et n'emploiera jantais sa force
contre la liberle d'a,ucu,n peu,ple. >>
TITRE VI
Bienfaisance.
Pnrxcrptr trouvn.lu : Les secou,rs pu,blics sont u,ne dette saciée. La sociÉté
doit I& sttbsistance au,æ citoyens malheureu'r, soit en lanr proar,rant dtt
traaail, soit en assurant les moyens d'exister ù, ceu'u qu'i sont lnrs d'état
de trauailler. (Art. 9'l dc la constitution de {793).
D'abord déclarés propriété nationale et destinés à être vettdus, lcs
biens des hospiccs et autres établissements de bienfaisauce sont,
dans la suite, restitués par I'Etat aux adtninistratiorls ptrbliques.
Dans les chefs-lieux d'arrottdissement, parfois clans les chefs-lieux
clecanton, on établit des comrnissions cetttrales de bienfaisrnce. 0n
créc uu grand nombre d'hôpitaux, d'hospices divers, de dépôts de
rnendicité. Alors disparait I'iutert'eutiou du clcrgé à titre d'autorité'
tlans la distribution des secours.
Dcs tours sont institués, par une loi de 18{{, datts tous les hospices
dcstinés à recevoir les enfants trouvés. Ces appareils consistent en
un cylindre de bois convexe d'uu côté, concare de I'autrc, et tour'
nant sur lui-mêrne arec une glande facilité. La partie convexe du
tour fait, face à la rue tandis que I'autre s'ourte à I'intérieur. Auprès
tlu tour, et r\ I'extérieur, on trouve une sonnette. Quicottque veut
exposcr un enfant agite la sonnette. Aussitôt Ie tour, déclivant un
TEMPS HrSroRrouES. pÉRroDE rRANÇArSE 727
-
demi-cercle, présente au dehors son côté concave, reçoit I'enfant,
puis, achevant son évolution, I'apporte à I'intérieur. l,a personne qui
exposc I'ertfaut ne peut être vue.
TITRE YII
Institutions finanoiènes.
(,t) Au nombre des impôts indirects actuels, citons encore ; les droits d'ac-
cise; les droits de barrière ou de péage sur les routes; les taxes sur les cor-
respondances postales ou télégraphiques; le revenu des chemins de fer, eh.
728 HIsrotRE DES BELcES ET DE IEUR clvILIsATIoN
à ârne llsse et se chargcnt par Ia bouche. c'est avcc ces armes que
Napoléon fait toutes scs mmpâgnes et remporte ses plus lxillantes
victoircs. au tricorne, se sulrstitue le chapeau cylindrique en toile
ciree,
Tactique et forlificalion.
- L'art de Ia str.atégie et la tactique se
transforment complètement à I'époque de Ia Révolution française où
I'on voit de simples soldats parvenir, presque du jour au lendemain,
aux grades les plus élevés de I'armée. Hoche commence une cam-
prgne avec le grade de sergent et la termine âvec celui de général.
Des généraux, ainsi improvisés, ne peuvent s'astreindre aux sayantes
combinaisons de la tactique ancienue. La rapidité de I'attaque et la
ccutralisation de forces considérables sur uu même point, de façon
';\ y ôcrascr I'ennemi, tels sont les cleux principes essentiels
de leun
rnéthode. Elle déconcerte entièrement les vieux généraux allemands
qui sont presque toujours battus par Ieurs jeunes adversaires.
D'autle part,, on n'al,tribue plus Ia même importancc aux places fortes.
0n les néglige même plus ou moirrs dans des guerres devenues avant
tout des guerres d'invasion.
TITRE IX
Sciences. philosophie et illonate.
Gnoyances neligieuses.
Itulton.
TITRE X
Lettres.
- La Rér'olution donne un puissant essor à la pensée, par
suite aux lettres, en proclamant ce priucipe : Lu libre conmutnfuatiott
dæ penséæ et des opinions est urz da droits les 1rthts 1trécieu,e de l'lrcmtne.
Tou,t ai,toyert, peu,t donc parler, éa"ire, inryrimer libretnent sau,f it,
répondre de l'abus de cette libertédans les cas déterninés par ln loi.
(Art. l{ rle l:a Dealara.tiorr,.)
TElrps HrsTORrQUEs. pÉRroDE I.RANçÀrSE 735
-
Des genres nouveaux apparaissent aussitôt z un théâtrc d'une har-
diesse siugulière ct d'une prodigieuse fécondité; une tribu,ne oùr se
fonû souvent entendre des accents d'une grande éloquence iune presse
qui crée pour la rue des centaines de journaux poliiiques.
Parmi les écrivains illusl,res de l'époque révolutionnaire, citons :
La Harpe, qui écrit des tragédies et des drames; Datlorges, Calin,
d,'Harleuille, tr'abre d'Eglantine, Andricu,*, Pi.card, etc., qui com-
poserrt cles comédles; Rou,get de l'Islc, poète lyriquc à qui I'on doit
la Marseillaise; Ecou,chard-Lebrun, autre poète lyrique, auûeur de
I'ode sur le vaisseau Le l'engetar ; les deux frères, Andt"é eL Joseplt
Chénier.' on doit, à Joseph, le Chunt tlu déptart, à André, la. Jemte
Captiue; Bernardin de Saint-Pierre, qui publie, en 1790, lzt Chau-
mière indinnne; Madame de StaëL, qui ecrit Delphine, en 1802,
Corinne ou Yftuhe, en 1807 ; Chatemtbrinnd, I'auteur dt Génie ùt
Christianisnr.e, qui donne successivement, en ,.801., Atalu; en ,1809,
René; en 1.809, les Martyrr (les débuts du roman historique);
Xauier de ll,laistre, à qui I'on doit, en l7g4,,Ie Voyage au,lour de nut,
chambre; en {811, le L(preu,æ de Ia cité d'Aoste;1.a, Jeu,ne Sibérienne
et les Prisonnicrs du Cau,case, tlui lui sont inspirés par ult voyrge en
Russie; Charlet I{odier, I'un des créateuls dela nou,uelle, Le poètc
Lesbroussarl était un Belge. Mais, nous I'irvons déjà dit, notre pays
ue produit guèrc, à cette époquc, d'homrnes éminents eu aucun gerrle.
Les grartds orateurs de Ia Rér'olution sont : Mirabeau,, Vergniaul
et Danton. Deux journalistes de grand tulcll se rét'èlent : le royalistc
Riuarol et I'ardent démocrate Cum,illeI)esmou,l;ins. Le Jou,rnal de
Lidge <late de l1g&.I.Javait été precédé de la,Gazettede Liége, fondéc
parJ. J. Desoer(1761).lllais la libertéabsolue dont ayaientd'aborrl joui
Ia tribune et la plesse le tarde pas à t)tre restreinte par la censure.
Napoléon linit môme par supprimer toute liberté de parler et d'ômire.
Âinsi disparaissent les orateurs et les écrivains politiques. L'époque
napoléonienne est d'ailleurs pour tous les lcttr,és une période dc
mntisme à peu près absolu. Napoléon n'encourage aucun taient
littéraire. chal,eaubriand etM*e destaôl sont ses adversaires déclrrr'és.
TITRE XI
Enseignement.
- La plupart des
Enseignement cup$rieur. grandes institutions
d'enseignement supérieur ct des établissements scientifirlucs quc
possède actuellemeut lu Flance, sout l'æuvre de la Conyentiorl.
La célèbre assemblée insl,itue de ttombrcuscs éeolcs spéciales :
l'école normale supérieure (pour la formation des professeurs des
lycées et des facultés) ct l'ôcole centrale des travatrx publics, qui
clevint plus tarcl I'Ecole poll'technique; trois écoles de médeciuc : u
Paris, à Uontpellier, à Strasbourg; deux écoles de droit, à Paris; des
écoles tl'artillerie, tle génic militaire, de topographie; des écoles de
navigation et de canoltnage malitime; un conservatoire de nusique
et un conservatoire des métiers (école supérieurc d'intlustrie destinée
à recevoir des moclèles de toutes lcs machincs); urte école dcs rnines
ct une école des ponts et chaussées.
La Colvegtion crée I'Iusti[ut dc France, formé par Ia fusiol dc
toutes les académies anciennes qui prettttettf ]e nottl dc classes dc
I'Institut.
0n y distinguc :
Une classe de littératwe eL de lteutæ-ttrls (iucieuncmeut acadéntie
française et acad.enti.e d'arcltitccture, d,e lteintu,re, de sculptu,'re, etc.)
Urre clirsse des scicncu physirptcs cL mathétrtatî.qu,es, et une cllsse
rJes sciences nnt"ales eLpolitiques (innovirtion duc à la Convention).
Enfi1, elle orgirnisc le muséc du Lotrvre, le ntuséum d'histoire
naturelle, le bureau des longitudes pour les études astronomiques et
h bibliothèque nat ionale.
Itn {798, un conseil de I'irrstruction publiqtte est ittstitué.
Enseignement moyen.
- La Convcntion fonde, Potlr I'enseignement
lno]'en, rlCs éColes centralcs OU secondaires, ttlle par départenettt. Il y
cr ir trois à Paris.
Enseignement primaire. lin matiùr'c d'enseignengnt primaire, la
-
Ttrilps rrrsr'0tuCIrrBs. ptrRrODE FRANçAISE 737
-
Convention formule des Iois, dues surtout ir I'initiative du député
Lakanal, qui al,testent un scntiment élcvé des bcsoins du peuple.
Dans la suite, lc Directoire, conrme lc lui prescrit d'ailleurs la
Constitution de I'an III, prcnd clivcrses ulesures pl'opres à compléter
I'organisation ébauclrée prr la Convenl,ion.
Loi organique.
- Voici, dans scs graudes lignes, la loi organique,
relative à I'enscignemctrt plimirilo, voféc le 30 brumaire an IV
(95octolirc {795).
Ilest établi uue école ;rrimuile dans chaque canton. Un jury,
composé de trois rnembrcs, désignôs plr I'administration départe-
mentale, enam.ine les aspirants ru title cl'instituteur i{). Les réci-
piendaires jugés mpalllcs sont iromurés pirr cette mrime administra-
tion, sur présentation faite prrr' les conscils rnunicipaux. Logés aux
frais dc I'Htat, ct, paycs p:rl leuls eltlrves (9), ils sont soumis à la
sulvoillùrlce tles :rdrniuistr".rl,ions municipalcs. Ils enseignent à leurs
élèves la lectu,re eL l'écritu'e, la cortstillslir,)Ttt la ktngtæ françaùse,le
calutl, llt géagraltlûc, I'lùsloire des actions lu;ro'iquesrles chnnts de
lri,omphe.
Cette loi produif, peu dc rôsultirts, ptr suite de la déplorable indif-
férence des citoycns et (lcs pouloils publics. Pour combattre une
inertie aussi préjudiciable à la clill'usiol dc I'instrucl,ion populaire,
le Direr:toile décitle de rl'accoLdcl les enrplois publics qu'aux
citoyeus qui tint frôrlucntô los écolcs nrrtionalcs ou y envoieut leurs
enfants.
L'Universit6 de France. In 1808, Napoléon confic le monopole
-
rle I'enseignemeut 'a l'(iniuersité de l,'rance, pr'ésidée par un grand
ntattre assisté d'un conseiL uniuer,çituire. L'Univclsité comprend
I'ensemble des insti[utions l1'anl, pour obleb le développement de
I'instructiou a tous Ics tlegr'és. Âncun éttblissement d'instmction ne
peut êûre ouvcrt srus I'i'rutorisation du grand mirître de I'Urtiversité.
Pour errseigner, il
t'aut ôtlc diplômé rlc I'une des academics ott,
faaùta de I'Université. A h tôte de chacune d'elles, se trouye un
rectaff, assisté tl'un conserl d'acatlétnie et d'un ou cle plusieurs inspe*
teurs. Chaque académie comprend une laculté des sci.endar et une
lacu,lté des lettres, des lyæes, ùes collngæ (anciennes écoles secon'
daires), des inslitu,lrons (écolcs tenues par des ntaîtres privés : le
programmc y est moius étendu que drns lcs collègcs), dcs pensiott-
nats (lc pr.ogramme l' cs[ plus rcstrcirtt crtcore) et rles pelftcs
écol,es ou, ûolæ printaircs, dout le progrilmmc comportc ltt leclurc,
l'écri[ure ct des ttotiotts dc cllcul.
Tous ces étal,rlissernents cltpcndent cle l't.niversité et, do I'Etat.
Pour encourtgcr lcs étudcs, Nirpoléon fonde six rnille qrratre ccltts
bourses, représelltant ii :t 6 millions dc francs de tet'eltu.
Deux acatlémics dcsservent la tlelgiquc. L'unc sit'ge à llruxellcs;
I'autre u Lii'ge. Iilles cornprcttnetlt vingt établisserneuts d'iustruc'
tion supét'icure ou mo)'ellne.
ll
Lc nombre dcs écoles prirltair'es oulet'tes à suitc cle cettc
organisatiort est petr considôrable; tle plus, les Itlaitrcs chargés do
les diriger sont génél'fllcment pcu cupables, quaut atr forttl et quant
aux méthodes.
IIn fait, I'enscignetucut primailc cs[ tout, cn[ier ou peu s'eu fiuI
coutiô uux fr'ùres dcs ôcoles chréticrnnes. Lc gouvetttentent, ue le'ut'
allOue d'aillcurs qu'tttt sullsicle àtlnuel absolumertt dérisoirc, rlc
4,950 frartcs. Telle cst la pal't faitc rtr budget palticulier de I'ensci-
gnemcut primirire dltns lc btrdgct gtlrtérll tle I'Empire.
TITRB XII
Bgaux-ants.
Cr'étrt'.
TITRE XIII
Régime économique.
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t6,s:
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l,itlr i rr l!:rurverrs.
TITRIi \IV
Vie pnivée, vie domestique, coutumes, m@urs.
Vêtement.
- Sous ll Républitluc, lc costulre des femmes affccte
générirlcrncnt Ia simplicité trrl,iqrre. 0u couuiril, succcssivement Ie
ncglige ù, lu putriotc, kt toiletle ù Iu ctnr,slittr,lion, Ies robes ù, la
uætale, etc,
Chez lcs hommes, c'es[ toute unc seconde r'évolution de voir les
personnes non militailes abandorner l'épée e[ marcher les lrras
TE IPS HISTORIQUES. _ PÉRIODE T'RANÇAISE 745
lrallants ({). Le pantalon se substitue à la atlotte,, d'otl le norn de
sans-culottas donné aux partisuns du régime nouveau' épii,hètc qu'il
rre faudrait pas prendrc à la let,t,re. Les bretella,s se montrent dès
{792. Yers la mème époque, lardingote remplace l'habit el le chapeau'
ùtrois clrnes ctispalirit,. Tous les hommes portetlt lt cocatde tricoloreatt
chapeau; les plus exaltÔs Sc goiffent dtbonnetr7uge eÛ se font con'
fectionner cles vôtements qui rappellent ceux de I'ouvrier. Telle Ia
utnnagnole, espèce de jaquette ou veste à gland collet, Ornée de
plusieurs nulgées de boutons en métal.
Apr'ès tlrermidor (9), se montrent lesnntscadins, les incroyables,les
merueilleu.n, aux Costumes extravagants. Les hommes portent aux
oreilles dc larges tnlleaux, au cou d'énormes crâYates, il la main de
formidables gourclins, dil,s pottuoir eræutif. L'habit est une vaste
redingote à granrl collel dont la nual]cc sert parfois dc signe dc
Irlliement aux factions. Les femmes se vdrtetlt ù, lo grecqu'e, ù, la
romaine.0n grasseye e1r parlalt. 0n dit, par exemple 1 c'est mcoyable,
ltaole d'honnetr'.
- Il n'5 a plus, à Paris du moins, de
Mours républicaines. domes'
tiqueS, mais des ofi.cieu^r, deS f ires seruants. L'appellatiou de
nrcnsieur est remplacée par celle dc citoyen: les armoiries sont enle-
vées des hôtets particuliels et dss monuments publics.
Non seulement on chante la Marseillaise el le Chant du Départ,
mais aussi lt Carmagnole etle Ça ira,
La Curntngnole ç1s| uûe ballilde dansante dont voici un couplet et
le refrain :
cabriolets, ainsi nommés à cause des sauts qu'ils font en cout'attt sur
le pavé.
Le cafendrier républicain.
pose la rélornte deci,nmle
- En {793, le représentant Romme pro'
du calendlier, préparée par Lagrange et
Laplace, deux illustres mathémrticiens. L'année républicaine com-
prend 1.9 mois de 30 jours, répartis chacun eu trois décades, eL cinrl
jours supplémentaires, dits sarrs-cttl,ottùIæ. Datts l'ère nouvelle, ott
compte I'an I de la République à partir du g9 septernbrc 1792. I.e
poètc Falrre d'Eglantine se charge de dounet aux tnois nouveaux des
noms poétiques. Ce sont : uentlcnûnire (septembre-octobre), ùru-
-
nmire (octobre-novembre), frintnirc (novembre'décentbrc), niuôse
(déceurbre-janvier), ythtuiôse (janvier'-février), aentôse (fér'rier-mars),
genninal (mars-avrill, floréal (avril-mai), ltra[,riul (utai'juin), nassidor
(juin.juiIIeL), thernriùor (juillet-aotlL), ltruclirlor (aorlt-septentble).
Des noms de légumcs, d'ùnimaux ou tl'instrumeuts utiles, rempla-
cent les noms des srirttsdlns le calendrier. Ledecadt se subsl,ituc au
dùnanche. Lc nonrble dar devicnt Ia brse de toutc espèce de calcul :
les montres elles-mêmes présenlent des divisiotts qui partagcrtt la
journée en dix unités de temps.
TITRE XV
Considénations génénales et vue d'ansemble.
Tandis que certains peuples, parmi les mieux doués, se voient
momeutanémenl arrêtés par lcs ér'énemertl,s dans leur évolution
naturellc; tandis que d'autres sont aba[tus et disparaisscnû de I'his-
toire, I'humanité ne laisse jamais de poursuivle son irrésistible
marbhe en avant.
Chez les âncierts, l'édifice socinl avait gértéralement I'esclavagc
pour basc et pour couronnement Ie despotismc du chef de I'Btrt,
sinon de I'E[at lui-même. Au moyen âge, I'Eglise parvient à substi-
tuer son autorité à celle de I'Etaf et, grirce à son inlluence, I'escla-
vage cst remplacé par le servage.
Pendant plusieurs siècles, les mcmbres du clergé et de la noblesse
jouissent seuls de la libcrté individuclle, primitivemenI I'irpanage do
tous dans Ia société germanique. Miris, à l'époquc des communes, le
principe de liberté reçoiI une application de plus en plus étenduc
par suite de I'établissement et de I'extension du régime communal.
' 'l'lirps IIISÏ0RIQUES. pÉnIoDE FnANÇAISE 1/!7
-
:\u xvrc siècle, Ies esprits nc licuverlt s'lubitucr à I'idéc de la
liberté r'eligieuse : réformés et catholiques se ntontrent égalentent'
intolérants. Cependlnt, lc grartd principe de libel'té de cotlsciencc
esl posé: ù I'avenir de le fiire etltrer dans lcs mæurs'
La Révolution française replend, développe, fortilie, sur Ie terraitr
politirluc, économique et social, t'æuyre ébauchée pat' les com'
mun*r. llans un dôcument fùnteux, la Déclaration des th'oits de
l'ltomtne et du citoyen, ellc proclanre rlroits nalurcLt, inalirnnbla,
impresa.i2ttiblcs, ces privilèges insuits irutrefois dans tlos cltartes,
ntris qui, nrème à l'époque la plus brillante des communes,
n'avaien[ jlmais été cousidérés conme des droits appirrtenattt sans
contcste à tous les hommes.
lt dêclaratiotl
De mittuc, eu iuscrivarlt,la liberté cle conscicnce dùlls
dcs droits, clle aflirme, sur le terrairt philosophique et religieux, le
principe de Iir toléranee, reconnu par toutes les cortstitutiotts
nrodernes.
Après une pÔriode {e troubles et de violelces inséparable du pro-
fond bouleversement social qui vielt dc se produile' la Fraltce
riprouve un ardent désir de rentrer dans le calme et de retrouver la
sôcurité. Napoléon parait. Âu plix de quelques-urlcs des Iibertés
récemmeut conquises, il clonne satisfaction à ce double c[ impôr'ieux
besoin de 11 clérnoclatie française, .l'antour cle I'ordt'e c[ la soif de
l'égalité. Les victoires de ce rucle soldat de la Révolution sur les
rois unis COutre elle ont pout'conséquellce, grâee à une organisation
politique et jurliciaire foltement ccntralisee, d'imposer ù 60'000,000
d'Européens I'uuité des lois et des tribunaux, pat' suite' d'étenrlre à
tous le bienfiriI tle la liberté et, dc I'cgrlité civiles, de la liberté reli
gieuse el, de la liberté du travilil.
Àinsi, les prilcipes essetltiels de la Revolution franqaise sc
répandent ir travers le molldo ltour profrter t\ I'humnnité tout cntière'
Ert cc qui nous concelllc spécialcmcnt, la dominatiott françaiSe
br.ise les traditions féodales luxquellcs la Ilclgique restrlii invinci-
blement attaehéc. Elle rtous taut I'uuil,é ct l'égalité dcs chsses,
la liberté de cOnscience, I'uniforrnite des lois et, des tributtaux, la
supplession de la ntttin mortc. Blle dctruit chez nous cet esprit de
pariicularisme funcste qui ttous avlitvllu tant tlc mllheursdans le
passé. Etle nous rend la liberté de I'Bscatrt ct tle nos ports, ferntés
,u ,o**uce international depuis {648, par suite, la prosperité de
lto1re commerce ct de llotl'c industrie. Dn{in, clle provoque parmi
748 flrsrornn DES TELGEs ET DË rEUn crvlrrsÀTloN
CHÀPITRE XI
Période hollandaise.
Ouvnages à consulten :
. TITRE I
Géognaphie hlstonique.
Le royaume des Pays-Bas fut composé : {o des anciens Pays-Bas
autrichiens, tels que les avait faits le traité de Rastadt; 9oduterritoire
des anciertnes Provinces-Unies et de leurs colonieS, savoit' : la Gu,yane
holhndaise, plusieurs Anlillps ainsi que les iles de Jaua, Tinw,
Célebes, Ilfolu,qu.es, Borné0, etc.
0n maintint les divisions territoriales, au nombre dc dix-huit,
établios pal la Converttiort, mais en leur attribuant les noms des
provinces ancienrtes correspondantes. Ce furent, en llelgique : les
provinccs actuelles; en Hollande : la llollande; Ia Zélande, le Bra-
bant septentrional, la Gueldre, la province d'Utrccht, l'0r'er-Yssel, la
Drenthe, Ia Frise, la province de Groninghe.
TITRT] II
Les faits.
Le royaume des Pays-Bas. L'armée des alliés était
entrée à Bruxelles en février 1,81,4. Au mois de juin, un traité
signé à Londres par les représentants tles puissarrces coalisées,
750 rtrsr'ornr DEs DIiLGES ET DE LEt It cIvItISAt'IoN
({) Sur {,G93 notables belges convoqués({ par 9,000 habitanls), .1,393 seu.
lement répondirent à I'appel qui leur fut adressé.
(2) [n résumé, le clergé catholique belge réclamait : a) le monopole de la
liberté religieuse; ô) I'exclusion des dissirlents rles emplois publics en rapport
direct ou indirect avecle culte; c) la suppression dela liberté de lapresse;
d) I'entrée du clergé dans les assemblées nationales et provinciates à titre
d'ordre reconnu par I'Etat; e) urre dotation fixe pour I'Eglise;.f) la direction
souveraine de loinstruction publique. )
Dans le domaine des intérêts ecclésiastiques, c'était le retour pur et simple
au régime d'Albert et d'Isabelle.
I
TEMpS Hrs'f0ftrCIritss. r'Énr0DB HOLLÀriDArsE 753
-
tilité sera I'une tles
causes principales, sinon Ia cause esserrtielle
et tlétermiuaute, tle Ia révolution clc {830.
Avantages de la réunion.
- L'idée de réunil la Belgique et
la Hollantle cornme à l'époque de Challes-Quint et de la Pacifi-
cation de Gantl poul' en faire un seul ctat sous le sceptre de
Guillarrnie d'Orange, paraissait de tous points excelleute.
D'abord, il y avait, entre lcs Hollandais et urre partie des
Bclges, communauté tl'origine e[ dc langage. Ensuite, au point
tle vue de la politique gd:nér'ale, Ia r'éunion semblait devoir
assurel' une lougue paix à I'Europe. Dans la pensée des Puis-
sances (l ), Ie louvel lltat tlcvait être pacifique et neutre.
Sans formel' une natioir susceptible tt'inquiéter par son ambi-
tiou les goLrvernements voisins, il devait être suffisamment
fort pour offrir éventuellement une résistauce vigoureuse à toute
nouvelle entleprise conquér'ante tle la France. Nul doute que
celle-ci n'hésitât désormais à attaquer un pays tlont I'arnrée et
la flotte selaient capables de lui résistcl assez longternps pour
perrnettre à I'Europe d'orgauiser ullc alnrôe tle seçours.
A ne cousitlér'er que I'intérôt éconotnique tles deux peuples,
leur union ne paraissait pas moirts convenable. La Belgique,
pays intlustriel, riche en productions miuérales de toute espèce,
avait en outre une agriculture florissalte e[ avaucée. De sou
côtô, la Hollande, ayec un génie tnercartiile athnirable e[ rles
relations conrnerciales solitletrrent établies, possédait d'impor-
tantes colonies susceptibles tle fottt'nir à nos produits tle lalges
débouchés. Ces conditions ftrvoraliles allaient permettre I'entier
tléveloppemeut de toutes les t'essources et tle toutes les activités
naturelles des tleux natious; elles sernlllaient préparer âu nott-
yeâu l'oyaume un brillant avenir. Aussi, en Belgique colnme ell
Hollaurle, I'union intime tles populations, clont les intérêts
I
Sur 28 diplonmtes acr:rédités à l'étranger', oD ne compte
I
I qu'zn cottsul belge. Des 39 lieutenmts-g(nëruun tle I'armée,
I
si;r scnlement sout nés en Belgique; il y a tout au plus zlc
i diztr,itrc de Belges sur les 54 gtinéraun-ntnjors; un cinquième à
peirrc ùes officier'.s d'it{anterie (259 sur | 459) sont belges. Dans
toutes les administratious, Ia rnêrne inrtgalité se constale.
D'autre palt, le siège permanent des grandes institutions drt
pays : Ia chanùre grinérale des comptes, la mur de cassution, Iu
Itarûe cout' de lu.stice ntilitaire; I'inqtrinterie de I'Etat; la
plupart tJes adnu,ttistratiorts cenh"ales, etc., se tlouvent ell
Holl:rnde.
A la vérité, le roi Guillaume prétend justilicr cel,tc installation des
grartds services nationaux cn pays néerlantlais l)Lir des motifs de
haute imlrortance stratégique. D'irprt)s lui, Iir Belgique formc, ltiit'
destination, un calrp retlauché. IJn cas d'irtvtsiott, elle Ite serait pas
un rnilicu suftisarnntcrtt sftr poul' ocs sct'vices. Âu contlaire, la faiblc
rltitudc clu sol holhndlis, et lcs etuboucltut'cs des trois grands
llculcs qtri le sillonncnt, rcntlenI lc pays fircilc a inonder, par suite
proplc à scrvir dc refugc aux griutdcs administrations ccutralcs.
Rernarquolls encore que le tempérarncnt des tleux perrples
s'accortle peu. Le Hollantlais, calnte et mesuré, glace le Belge
pal' sa froidcur; plus implessionuable, plus méridioual, celui-ci
chorlue de son côté, par ses faç)ons expansives, ses flegrnatiqrtes
frères tlu Nord.
Les libôraux belges l'eprochent tl'ailleurs .i la loi fondamen-
tale plrrsierrrs vices graves, ct, cn palticulier,I'absence dc resporr-
',saltilite
ministerielle , Ia tlticcnnalitti clcs trois quarts du ltudget
at l'itrtigulitc tl'wrc reprësentation natiorrale qui accot'tle lulant
tlc tléputôs ri dcux rnillions tle Hollancltis qu'ri trois milliors et
tlerui rlc Bclgcs.
7S6 nIS'foIllE DEs BELGES E'r' Dti LEtrIt cIvILIsAt'IoN
\
753 rrsrotnu DES BULGBS ET DE LEUR clvlLISÀTIoN
J
ÎEl[ps HrsTonr0uEs. pÉnr0DE rrOLLANDArsE 759
-
sous l'influettce tl'éminents olateurs et publicistes chrétiens,
Lamennais, Montalembert, Lacot"daire, etc., il se produit,
dâns le sein tlu clergé et du parti catholique, un mouvement
des plus iutéressants.
Ces hornmes, d'un esprit véritablement supérieur, recherchent
lcs causes de l'éloignement éprouvé par les classes éclairées de
l'époque pour la religion catholique romaine. IIs croient les
trouver dans une certaine disposition du clergé à tléfendre les
gouvernemerrts absolus mais surtout dans cette altdration que
les principes d'égalité et de fraternité sur lesquels repose le
christianisme subissent dans la pratique.
En conséquence, ils s'efforcent, sans engager I'intégrité des
dogrnes chrétiens, tl'ameuer un rapprochernent enlre I'Eglise et
I'esplit moderne, invinciblement résolu à réclamer I'application
des plincipes de 1789.
Une paltie importante du clergé de la France et dcs
Pays-Bas les suit dans cette évolution et s'imprègne de I'esprit
dérnocratique. Dès lors, trouvant un terrain commun sur
lequel ils peuvent s'entenrJre, les libéraux et les catholiques
belges concluent la célèbre union d'où t'a sortir la révolutiort
de 1830. Cette alliance a depuis été appelée, par des libéraux
et par tles catholiques, Ia grande dqterie de 1830, les uns et
les autres n'ayant pas retiré de l'union, pour le triomphe de
leurs itlées, tous les résultats avantageux attendus.
Yoici les principaux points du progrâmme commun. Les
unionistes réclament : lo la responsabilité ministérielle;
2o I'annalité du budget; 3" la répartition êquitable du nomble
des députés entre toutes les provinces; 4" la liberté de I'ensei-
gnement; 5" la liberté tle la presse, insmite dans la loi fonda-
mentale, mais restreinte par des lois réactionnaires; 60 le
rétablissement du jury; 7o la suppression de divers impôts
vexatoires
Pétitions pour le redressement des griefs. Des pétitions
-
760 rrrsr'ornE DEs BELGES ET DE LEUR cIvtLIsATtoN
Courons à la vengeance!
Des armes, des flambeaux !
Et que notre vaillanee,
Mette un terme à nos maux !
({) Gand et Anvers, dont les intérêts commerciaux étaient intimement liés à
ceux de la Hollande, conservèrent une attitude expectanle.
TEITPS ITISTORIOUES. _ PÉRIODE I{OLLANDÀISE 763
pa\'és, moubles' ustensiles de cuisine, poutres, torrcnts d'etu
bouillante et, tle lait de chrux leur sont jetés par toules ]es ouver-
tures cles maisons. Un un instartt, la rue est pleiue de molts et tlc
Lrlessés dont, la plupart tombcnt sans môme avoir vu d'oir part le
coup qui lcs atteint. Plis d'unc fraycur soudaine, les soldats hol-
Ianrlrris tournent lcs talons et s'cufuient, à la dêbandade.
Les Belges n'obtcnaient pas lc môme succès sur tous lcs points.
C'est airtsi qu'ils ne réussisscnt pas à empôcher les llollandais de
pénetrcr dans la ville hautc par la nrc de Schaerbceli. Apr'ès avoir
forcé la polte de cc faubourg et, bala5é à coups de crnon la longue
rrre Royale, I'cnnemi occul)e successivement le Jarilin botantquc,
l' Obscrmtoire ,lc Palnis dw Ekr,ts généruux,le Parc e|le Pah.is tlu, Roi,
c'est-à-dire une position tl'oir il dominc toute la ville. Né;rnmoitts,
les Hollandais, entour'és de toutcs parts de quartiers lestés au pou-
voir des Belges, se trouvcnt bientôt eufermés dans urt cct'cle de fer
ct de feu. [,es maisons de la rue Ro1'ale sont remplies de volontaires
ainsi que l'lûtel tle Betle-\lue eLle cu,fé de l'Anûtid. I-lnc folmidable
barricrrde détcnd I'rccès de Ia place Ro1'ale au point oir cllc coûlmu-
nique avec hl placc rlcs Prrlais et un patriote liégeois, le nommé
Clrallier, dit Jambc de bois, s'y instrllc avec une pièce rle canon. ll
en ftit le scrvice ârec uuc hardiesse incroyable pendant les quatre
journircs que dure la bataille, infligeant aux Hollattdais les plus
grandes peltes.
Après avoir prolongé la lul,te jusqu'à six heures du soir, les com-
bal,tants des cleux prrtis la suspendent d'uu accord tacite. Les volou-
taires, harlssés, nc songent môme pas à plaeel' une seule seutihelle :
tous sc retirent à I'intérieul dc la villc. Ileureusemcnt,les Hollartdais
ne se doutèrent pas d'une aussi impardonnable négligence.
Deuxième journ6e. Vendredi 24 septembrc. La ttui[ se ptsse
- -
rlans Ia fièvre. Une partie de la popuhtion la consàcre à renforcer lcs
barricarles et ù préparerdes cartouches pour Ie combiit, tlu lendemain.
L'emotiort dc la bataille qui vient de linir tiertt d'ailleurs tout le
monde éveillé. Le visage noirci de pondre, les volorttaircs s'étendcnt,
sur tlcs lits improvisés, sur des battcs, ou mème sur le sol. llais c'cst
cll vain qu'ils cherchent Ie sommeil, Pour trorrper leur ennui,
q uelq ues-uns fumen I et, boivent silencieuscment.
point., Charlier tlilige contrc le plrc un feu continu. De leur côté, les
canons ennemis foudroient I'hô[el de l]elle-Vue. Â quatre heures de
I'après-midi,, Ies Hollandais comnencent Ie bonrl-rardement dc la
ville. Plusieurs ineendies éclaten[ aussitôt, oeeasionuanL tlc gr'ands
'qui
dégâ[s, ce augmente encorc I'indignirtion des Bruxellois. Ce
jour-là, la luttc ne sc termine qu'à dix heures du soir.
Troisième journ6e. Samedi, 25 septembre. Le 95 septemllre, Ie
-
carron de Jamlte de bois
- près du
fait de llouveau fureur cafë, de
I'Antilié e[ les Belges, grave échec pour les Hollandais, prennent
possession de I'escalier dc la Bibliothèque. Le combat cesse vers
7 heures ll9 rlu soir. En préscnce de I'inutilité de ses efforts pour
péné[rer dans la ville, I'enncmi coûlmence visiblementà se découlager.
Quatrième journÉe, Dim rnche 2ô septombre. La quatrième et
- -
clernière journéc, celle du dimanche 96 septernbre, fut la plus rude.
Chacun pensait bicu ctu'elle seraiI décisivc. L'attaque des llollandais,
commencéc vers I heures du matin, paraît comme furieuse e[ déses-
pérée. Plusicurs fois, ils franchissent I'cspace compris entre la grille
du Parc et la place Royale, mais chaque fois ils se voient repoussés
avec de granrles pertes. Lc fracas de la bataillc est terrible. Le bruit
des trompettes hollandaises, celui de I't, gënërnle et, du tocsin de Ia
ville, les cris des combattants, le pétillement cle lir fusillade et lc
grondement du canon formcnt un cffroyable et assounlissant
concert. Dans la rue Royale, les Belgcs ont crénelé toutes lcs mai-
sons en leur pouvoir ct de là dirigcnt sur Ie pârc un feu nout'ri. En
même temps, un certain nombre d'entre cux pénètrent par dcs voies
soutcrraines dans les cavcs du palais qu'ils essaicnt d'ineentlicr.
L'animation des combattants est, extrême : la birtaille ne {init qu'ir
dcux heures du matin. Lcs Hollandais avaieut subi des pertes
importantes. Comprenant que la place n'es[ lilus teuable, ils évacuent
sileucieusement, la nuit, le Palc et la partie de la villc qu'ils occu-
peut. Le lundi, 27 septemlrre, quand les Bclges, vers cinq heures
du matin, veulent rcprendre la fusillade, ils sont bien étonnés
qu'on ne leur réportde pas. Quelques-uns des plus lrardis s'aventurent
jusque dans le parc, reconnaissent que I'ertnetni I'ir abaudonné.
Tout joyeux, ils reviennent vers leurs camarades, agitanb leurs fusils
et leurs chapeaux, et criaut : Victoire ! Victoire ! L'heurcuse nouvelle
so répand dans toute la ville aree la rrpidité tlc l'éclair. Ilientôt lc
bourdon de Sainte.ûudule sonne à toute volée; dcs drapeaux
nationaux sout arborés sur tous les édifices et lc peuple, rempli
d'une joie délirante, se porte en masse vers le parc.
TEIIPS lilST0liIQUES. l)tiltloDll II0LLANDAISE ?65
-
0rganisation d'un gouvernement provisoire' - Dès le
25 septclrtbre, uu gouverltemertt provisoire avait pris en main la
directiorr tles affaires. Il tlécitle que les citoyens morts au champ
d'honneur seron[ entert'és au milieu de la place Saint-Michel
qui tlepuis est deveuue la place des Maltyrs. On y voit aujour-
d'hui urt superbe morluuleut avec cette irrscliption, cornposée
par le poète Jenneval, I'autettr de la Brabunçonne z
TITRE III
Institutions politiques.
tlente ans au rnoins. Ils sont élus, pour trois ans, par lcs
états provinciaux. Les membres tles chambres ont le th'oit de
sowneth't au, roi des propositions tle loi. lls tlisuttent, a1ryr'otr-
uent or rejettent lcs projets tle loi et, les butlgets. La libelté tle
la tribune est absolrte.
Mais les tltats géuér,âux ne peuvent ni atnends?'ul) projet tlc
loi, ni en diuiser les alticles. Ce tte disposition cousl,itutiortnellc
amèue purfois les députés à r'cjeter en bloc un projet excellert[
dans certaines tlc ses pat'ties, parce qu'ils ne veulctt[ point
paraître tlonner leur approbation â tl'autres parties qu'ilsirrgr:nt
mauvaises.
Les r:harnbres siègent alternativetneut n I.,a Haye et à
Rruxelles. Leuls séaltces sont publiqucs.
Le ltottuoir c:r.eaûi,f est confié au roi. Àssisté de ninistles
ltlu, resplnsubles (l), le roi exerce directetnenf le porrvoir
exécut,if. Il a le droit de guerue e[ de paix.
Organisation provtnciale. Les dénornirtations rlcs
anciennes proviuces sortI ré[:rlilies, rnais leur tlélirnitatiorr t't'stc
celle tles dépalternerrts frarrçais eot'respolldants et I'ott t'cs-
pecte à peu près I'organisation adrninistrative françaistr. ll y
a des Ttrouinces avec tles gouvet'rtettrs; tles nrcon'dissenrnrts
pollrv[s tle cornmissaires; tles tuttl'orts et tles crnttnil.nût. { )u
rend en partie aux ploviuces e[ atlx oommunes leut'it,t'iltrtte
autonomie. Placées sur ull pietl tl'absolue égalité, elles s';t'irni-
nistrent elles-mêmes, d'après des r'ègles unitblnes. l,t's l,to-
vinces possèdent des ëtttts prouincittttæ oùr I'ott trolllr' ,irls
déltttttls tle Ia noblessc (léptttis cle l'ardre equestre), dcs ti,'1,,riis
tles uilles (cléputës urltuins), et tles cùiputes des canqtutltti',' :)tL
du.Ttlat pags (tlé.pu,tes ru,ratlr). Les étuts provirlciaux tlt'."ii-,t,'t)t
darrs leur sein utte cantnùssion Tternruttente.
0rganisation communale. Il existe deux calôg{rlrr''. rls
-
({)C'est-à-dire negouvernanf pas au nom de la nation, nrais aunonr rïrr l'oi.
TEMpS HISTORI0UBS. pÉftroDE rrOLrANDArSE 767
TITRE IV
Institutions judiciaines.
Pénalités.
- 0n doit au tlocteur Ghislain, né à tand,
en {797, mort professeur à I'université de cette ville, en {860,
un régime des prisous plus doux, plus hurnain que le précétlent.
Sous I'influence de ce philanthr:ope, le gouvernement hollandais
introduit dans le svstème pénitenciaire diverses réformes dont
I'objet est surtout tl'amener les contlamnés à rentrer dans la
bonne voie.
Par les arrêtés-lois des I septembre 1814 et 20 jauvier l8{5,
le prince-souverain des Pays-Bas étentl le système tles cit'cons-
tances attérruantes. L'article 463 tlu cotle pénal français
n'admettait les circonstances atténuantes que poul les faits
passibles d'emprisotrttetnent et si le préjutlice causé n'excé-
dait pas 25 francs. Les deux auêtés tlu roi Guillaume petmirent
tl'appliquer le système aux infractions punissables de la réclu-
sioir et même des travattx forcés à temps.
Presse. La presse, libre en principe, voit, sous la
pression tle la France, ses droits rêduits par la loi tlu 28 sep-
tembre l8{6.
TITRE Y
Institutions de bienfaisance.
Par un arrêté clu 7 décenrbre 1899, Ic t'oi Gttillaume institue un
burcau de bienfrisi'Il)cc ell trhaquc comlllutle. Cette mesure fait diS-
prrail,r'c les burenux cantonaux, adminisl,rés pal' des comnrissions
centrales de bienfaistùtc, qui avaient cxisté sous la domination
fr.ançaise. f,s prince établit, aussi tlcs colortics de liicrtfaisauce et
organise les dôpôts de mcnclicité. Il maintiertt lcs tours.
TITRE VI
Institutions financiènes.
(t) ta dette des tselgos ne s'élevail, qu'au chiffre relal,ivcment peu con-
siilèrable de 64,000,000 de francs
V. Uircuet, - Histoire des Belges. {g
\ \
TITRE VII
lnstitutions militaines.
TITRE IX
TITRE X
Lettnes.
Littérature françeise.
- Les poètes Lesbroussart, de Stassart et
Rouvcroy, publient, au couls de la période hollandrise, des fables
très appréciôes. Citons aussi, parmi les écrivains dc vrleur qui
se signalent pendant cette périodc, Delvez, historien, et tlc Potter,
lrhilosophe et publiciste, I'ttn des principaux actcurs dc la r ôr'olu'
tion de 1830.
Littérature flamande.
- La Iiltéml,ure llamande de l'ôpoqrre pré'
sente un doulile courant : l'un néerlandui^s,l'autre Ttartictth'risle o\t
flamand. Beaucoup de personnes croient à une différence essen-
tiellc entre le flamand et le hollattdais, erreur propagée à dessein
tlans les masses, afin de neutraliser I'influence hollandaisc. < En Bra'
lrant comme en Flandre, le peuple avait litri par croirc que les dia-
lcctes néerlandais et flanrand formaient cleux langues étrangères
aussi distinctcs I'une de I'autre que I'avaient été les dcux groupes.
C'est ce qui, jusqu'à un certain point, explique comment les Fla-
mrnds ont pu prititionner en {899 contrc la langue néerlandaise ({). ,)
TITRE XI
Enselgnement.
TITRE XII
Beaux-Ants.
Les beaux-arts sont sérieusemenI encouragés par le roi Guillaume.
0n ne peut pour'[ant dire qu'ils aicnt brillé'cl'uu bien vif éclat sous
son règne. llème après la chute de I'empire, le sceptrc des boaux-
arts demeure aux mainsdes classigu,e,s. De {815 ù {830,I'ar.chitecturc
est donc classique, cornme la peinture et la sculpture.
Architecture.
- L'urchitecte Roelandt termine, en 1826, I'université
de Gand, darrs la construotion de laquelle il s'inspire du ltanthéon
de Paris ct du temple d'Ântonin le Pieux, à Rome. Srys fait alors
ses débuts dans ce style corrcct qu'il allaiC longtemlrs imposer. aux
architectes de l'époque.
Peinture.-Lc peintre Dnuid,le chcf de l'école classique française,
émigré à Bruxelles après 1815, y exerce, en matière de peinture,
une royauté incontest,êe. << David fagonne sa pcinture à I'hér.oïsme
du jour. Il Ia pousse à I'idéal tragique des gens qui meurent pour
une idée ou pour Ia patrie ({). > Scs disciples, à la tèl,e desqucls se
TITRE XIII
Béglme économlque.
et particulièrement
({) Partisan de la libcrté conrmerciale,entre les nations
mufîo-*ôins forte rérluction des droits douaniers'
de llsupprcrrion, ,f'une
(2) Ainsi nomm6 R;;c; ï{i-f1t-ôonstitue- sur les conseils de ltterlin de
TITRE XIII
TITRE XIV
D'un autre côté, les vingt années pendant Iesquelles nous étions
restés unis à la France avaicnt à peine suffi pour nous familiariser
avec les grands principes de liberté et d'égalil,é proclamés par la
Révolution. Â Ia chute de Napoléort, le parti Yan der Noot relevait la
tête et annonçait d'insoutenables pr'éterttiorts, tendant à détruirc
toutes les conquô[es sociales ct politiques rôalisécs depuis vingt atts.
D'ailleurs, ni par I'instruction fort rare chez nous, ni pirr l'exercice
des libertés publiqucs, don[ nous n'avions gutire joui sous la domina-
tion françaisc, nous n'étions, en 1815, suffisamment préparés au self-
gouernmen, .'une tutclle nous était ttécessaile. Elle fut, dévolue à la
Hollande.
Mais une incompatibilité d'humeur accenl,uée s'ôl,ait, peu à peu
développée entre les Belges et les Hollandais. Leur histoire, leur'
leligion, leur hrngue, leur instruction, leurs mæuts, trop différentes,
cmpèchcnt, I'alliance d'ètre durable.
Néanmoins, quinze années de vie commune avcc la Hollande nous
initicnt pcu à peu à la pratique du gouvernemcnt repr'ôsental,if.
Lorsque survient la révolution de 1830, qui nous vau[ l'émanci-
pation définil,ive, nous sommes enlin mùrs pour I'exercice d'une
complète autonontie. Nous le prouverons par plus de soixante-cinq.
années d'une existence politique sage et constammen[ prospère.
îEups lusr'. pÉRIoDE DE RoYAurÉ coNsltruuonnnllr 779
-
CHAPITRE XII
Ouvnages à consulten'
'I'honissen: La llelgiqus sous Léopoltl [er. Hgntans .' Histoite de Léo-
-
I'cudcrltittdcre .' lliStOire ContempOrline. Ilynwns: Histoire
lrrrlrl ter. -
-
contemporaittc des Bclges. Adnet .' Ilistoire parlementaire belge.
- -
IIynzarc .. Hisloire parlcmentair.e de la Belgiquc ({831-{880). Goblec d'Âl-
-
llos'çi .' llistoire rlu droit
uiclla : Cinqtrante ans tle liberlé (vie politique).
-
pônal. ,t Dæteur J. Dallemuqne: La. peinc corporclle et Ses bases physiolo'
giques. Iùëdëric Ntilcc : L'Europe diplomatique et mititaire eu xlxe siècle.
-
Ilumbaurl.' Histoire rle la civitisation. Patria Belgica (<livers). Ctozale :
-llistoir.e dc la civilisation. Veron : Les- rssociatiOns ouvrières. - Blanqul :
- -
flistoire tle l'économie politique. E. Cofiignotr .' Les machines.
- -Gteyson:
Lebon : Histoire de I'enseigne'
Cinquante ans de liberté (enseignement).
-
PauI Janct: La philosophie contemporaine. Rlbot :
mcnt poputrire. - de la
- Rapport sur les progrès
La philosophie contemporaine. Ilauaf.rsorl .'
plrilosophie.
-
tr'iguier .' Exposition et histoire des principales découvertes
morfernes et
-
les principales merveilles dc i'inrlustrie. Gardia.' Histoire de
-
Ia métlecine. -. tinquante ans de libenté (les sciences) : (divers). - Baille :
TITRE II
Les falts.
.)><tc
:l
iI
t
-. r;-:€
Ès
790 IItsl'otRE DES BELGES ET Du tuÛn cIvILISÀTIoN
(!) fqs évèques retirèrent eux-mêmes la pétition qui arait donné lieu au
projet. d'ailleurs présenté, non par'le minislre, mais par tleux membres do Ia
majorité. (P. ts, II, p. 487.)
(2) 0n considéra le vote de eette loi comme un acte de déliance des catho-
liques vis-à-vis des grandes communes.
lnllps PHRIoDE DE RoYÀurt'l coxsrtturtonnnlln 793
Hoy.
L** .onr.ssions oppo$unes tlu ministère au parti démocra-
permettent
tique, en exécution des décisions du congrès libêral,
à notre pays tl'échapper à la tourrnente'
Parmi ces concessiotts, citols : le retrait tles lois réaction-
naires, I'abaissement', tant pour les villes que pour les
cam-
(à 49 fr'
pagres, tlu cens législatif au minimum constitutionnel
'gg I'abolition tle I'impÔt
.. ), I'orgrnisation tle la gartle-civique,
tlu timbre sul les jourttaux et les é6its périotliques, h tlétermi-
nation tles incompatibilités parlementaires, etc.
Toutes ces
paraissent insuffi-
réformes, votées e,r I'espace tle trois mois,
santes au député tournaisien Castiau, orateur d'une rare élo-
quence et partisan de la forme gouvernementale républicaine'
ie député ffoit tlevoir célébrer à la chambre belge les événe-
rnents politiques qui viennent rle se protluire e1
France eb
renant du dehors, à leur eutrée dans les villes' C'étai[ lii url
irnpôt vexatoire et, entre tous, impopulaire. sur le coutiuent,
I'iriitiafive de I'a5olition de ce tlroit, qui eriste ellc.ore e1 tlivers
pays et notamment en Ï-rance, a été prise prr la Belgique'
En vue de compeDser. pour les commuues à octroi la diminu-
tion {e reveuus résultalt pour ellcs de la suppressiol de cet
inrpôt, IYI. Fr.èr:e établit sous lc uorn de londs conunu,nal we
800 ursrorRc DEs BELGES ET DE LBUR crvILISATIori
- En tlécembre {865,
Mort du roi Léopold lu" (1865) le roi
Léopoltl I" desceud au tornbeau et sa mort cause, en Belgique
et au tlehors, de vifs regrets. Il avait su pratiquer, avec une
grande intelligence et une rare sagesse, ses devoirs de roi
constitutionnel.
< Pendant un règne de trente-cinq ans, Léopoltl le' avait
veillé, dans un poste émineut, au salut de Ia patrie, au déve-
loppernent des institutions nationales; iI avait déployé, dans
cette tâche délicate, souvent pénible, une activité infatigable, uu
sens exquis, une sagesse rare. L'Europe avait reconttu en lui
I'idéal du roi d'un peuple libre (l). ,
1865.-Avènement et inauguration de Léopold ll.-
Son lils
Léopoltl, duc de Brabant, lui succèdesousle nom de LéopoldII.
Le gouvernement est alors aux mains du ministère Frère-Bara.
Le nouveau roi, né à Bruxclles le I avril 1.835, avait trente âns seu-
iement, mais il était instruit, intelligent, réfléchi : ses lortgsvoyâges
à l'étranger (dans toute I'Europe, en Egypte, en Syrie, aux Indes, en
Chine), avaient de bonne heure mûri son caractère et forrné son juge-
ment.
susceptibles tle le devenir >r. On rattacltait, à cette êcole, leS libéraur doctri-
nrirei belges, mais en attribuant au terme dOctrinaire une idée de dénigre'
'
ment.
ilt nanning, Patria Belgica, Tome I[. Il sera parlé plus loin de la question
flainânde. Leîécret de priirial interdit les inhumations en cimetières distincts
d'après la confession religieuse ou philosgphique des défunts...
('?) Lanerand-Dumonce-au, homme d'affaires appartenant à I'opinion catho-
li(ilé. donl les projets séduisirent un grand nombre de renl,iers belges' pctits
et'auires, et doirt ies agissemenl,s, d'une moralité et d'une légalité discutables,
furent sévèrement contlamnés par I'opinion publique. (Yers {868.)
TEIïIpS HIST. pÉnIoDE DE RoYÀLiTil; ColtSrtruttOrcNnlln 80S
-
d'écrivains l'enommês, d'artistes brillants. Leurs efrorts
gnt été
puissamment encouragés par la fbndation, sur les revellus par-
ticuliers dn roi, d'un prix annuel de 95,000 francs à décerner
âu meilleur ouvrâge publié dans l'année sur un suiet belge.
Il faut relldre hommage au sentiment élevé qui inspire à notre
souverain un aussi noble elllploi de sa fortune.
1876. Réunion internationale. (Euvre de I'Afrique centrale.
En
-
mars {876, les présidelts des prilcipales sociétés géo-
-
graptriques de I'Europe et les plus célèbres explorâteurs de
I'Afrique sont réuuis à Bruxelles par les soins du roiLéopold II.
Cette réunion débat pendant quatre jours un projet tle pro-
gramme à la fois scientifique, commercial et humanitaire formulé
pâr le roi. Elle tlécide ensuite la fondation de l'(Eu,ure de
- (l) n sans doute ces trevaux, entrepris en t884, avaient eu pour résultat
d'augmenter notablement la valeur du domaine national, mais en'même temps,
ils s-upprimaienl les réserves naturelles qui régularisaient les rlébits rle'la
Yesdre etils soumettaient cetterivièreà tôus leI caprices des saisons. r (Dis-
cours de M. Ortmans.Ilauzeur lors de I'inauguratiori du barrage.
TEMps HIST. pÉnroDn DE noYAut'tl: COuSrtrUrtOXllsLLr 807
-
gnelnent religieux dans l'école, la loi lui en refusait I'entrée à
titre d'autorité. L'enseignement religieux était d'ailleurs rayé du
programme tles écoles normales officielles. Les catholiques font
à cette loi une ardente opposition.
1880. célébration du cinquantenaire de notre indépen-
-a I'approche de I'année {880, les Belges se dispo-
dance. -
sèrent à célébrer le cinquantième anniversaire de I'indépendance
nationale. La prospérité du pays n'avait cessé de grantlir peu-
dant ce demi-siècle : I'instruction s'était répantlue tlans touteS
les classes de la société; la richesse, taut publique que privée,
S'était inCessamment âccrue; en mème temps, au seiu d'une
paix profonde, la population devenait plus dense qu'en âucune
autre pârtie du montle. Il y avaît donc lieu de donner à la
solennité qui se préparait le plus grantl éclat possible et le gou-
vernement prit les mesures nécessaires pour atteindre ce but.
De son côté, tlans un tllscOurs prononcé à Tourrrai, le roi invita
les Belges à oublier un instant leurs querelles pour célébrer
les fètes du cinquantenaire tlans un esprit d'union et de frater-
nité.
te patriotique appel est généralement écouté.
Un crédit de plusieurs millions, tlemandé aux Chambres, est
accordé sâns opposition. Bientôt, sur I'emplacemettt du champ
des mânceuvres, s'élève uu maglifique palais tlans lequel
on ouvre une exposition à la fois agricole, irrdustrielle et artis-
tique des produits belges.
Au mois d'août {880, tles fêtes populaires, des revues de la
gartle civique et de I'armée, un grand cortège historique sont
organisés dans la capitale :
Le l6 aott, une grande fôte patriotique réunit à Bruxelles le roi
et la famille royale, les membres survivants du congrès de {830, les
membl'es cles chambres et des conseils provinciaux, la plupart des
bourgmestres et échevins du pays, Ies gratrds corps judiciaires, les
professeurs cles universitês, des députations de tout'os les légions de
la garde civique et de tous les régiments de I'armée, etc.
808 flrsrornË DEs BELcES ET DE LEUn crvrlrsarlorri
Les anciens membres du congrès son[ d'abord reçus par les chanr.
bres réunies au palais de Ia Nation (I).
Des applaudissements enthousiastes retentissent cre toutes parts
lorsque ces vénérables pères de la patrie paraissent tlans I'enceinte
cle la Chambre. Le président du sénat, M. le baron de Sélys, leur
:
adresse un discours touchant < Les chambres, leur dit-il, sont
heureuses et lières de vous recevoir dans cette salle clu palais de ll
Nation où vous avez élaboré la constitution. Yous êtes les pères de
la patrie; votrc æuvre grandit et ros fils, pénétrés de reconnais-
sance, r'ous bénissent. Honneur au gou\:er'nement provisoire et au
congrès national de {830. >
M. Leclerq, ancien membre du congrès et ancien ministre de ra jus-
tice, lui répond : < Nous I'ous remercions du plus profond du cæur
de votre bienveillanl, accueil. Nous sommes heureux de nous joindre
ù vous, pour célébrer le ciuquantième annivcrsaire de notre exis-
tence nationale indépendante, en acclamant, avec le pays tout enl,ier',
les grands souvenirsqui s'y rattachent,et parmi eux, avant tout, nos
libertés constitutionnelles, sauvcgarde de tous les droits ct de tous
lcs intérêts r.
Tous ensemble, ils se rendent ensuite au local de I'exposition, ou
le roi les attend.
Répondant aux discours qui lui sont, adressés cn cettecirconstalce,
notre souverain terminc le sieu en exprimant le væu cle voir la Bel-
gique continuer ri nrarcher, dans la paix, à I'lccomplisscment de ses
tlestinées.
1883. Réforme électorale. Adjonction des capacités au cens
en matière électorale.- Une loi électorale qui accorde lc droit
de suffrage pour la province et la commune aux citoyens ayant
foumi la preuve d'un minimum d'instluction (système rlit des
capacités) est votée en {883. Cent rnille nouveflux électeurs
anivent ainsi à la vie politique.
TITRE III
Aspect du pays. - Glimat.
- Pnopnlété fonclène.
Population.
-
Aspect du pays.
- L'aspect de notre pays a bien changé depuis
dcux mille ans. Pour s'en faire une idd.,'e, il suffiû de rapprocher doux
cartes, I'une représentant la Belgique ancienne, I'autt'e la Belgique
actuellc,celle du dépôt de la guerre, parexcmple. Tandis que la pre-
mière est presque nue, on a dù, pour figurer dans I'autre nos villes.
nombreuses et bien peuplécs, nos villages parfois rapprochés
jusqu'à se confondre, nos beaux fleuves au lit, profond, nos routes,
nos canaux, nos chcmins de fer, etc., mull,iplier les signes,
les points, les noms, les lignes droites ou sittueuses, Iixes, déliées
ou plus grosses : la carte en est presque noire. Et I'on n'a pu
cependaut y représenter ces riches campagnes oit l'on récolte tous
les ans tant de grains divers, Ia betterave, la pomme de terre,le lin
et mille autres produits agricoles.
Le littoral, définitivemen[ Iixé, est solidemenl, protégé sur toute
son étendue, par des dunes (l) et par des digues puissantes, bien
entretenues et bien surveillées. Les dunes forment des collines de
sable otr I'on ne rencontre Ie plus souvent qu'ulte r'égél,atiort spon-
tanée et rabougrie. Le sol y est essentiellenten[ mouvant. Poul lui
donner la stabilité désirable, on y plante le pelplicr, le tremble, le
pin et surtout certaine graminée, le hoyat qui peut servir à Ia fabri-
cation du papier.
(1) Ce chiffre s'élève d'année ett année par suite du reboisement qui s0 pra'
tique sur une échelle iurportante.
814 rusrornu DBs BETcES ET DE LEUI crvrLIsATroN
Ànvers: 757,000 h. z
Ânvers 256,000 h.
Brabant l,{?9,000 h. Bruxelles (sans les faubourgs) {88,000 h.
Flandre occidentale : 766,000 h. Bruges : 50,000 h.
n orientale : 981,000 h. Gand: 456,000 h.
z
Hainaut 4,,082,000 h. Mons: 95,000 h.
liége: 798,000 h. Liége : 16|,000 h.
Limbourg : 229,000 h. Hasselt : 14,000 h.
Luxembourg : 2'1,4,000 h. Arlon : 8,000 h.
Namur: 343,000 h. Namur: 39,000 h.
TITRE IV
Institutions politiques.
La constitution belge. Toutes les libertés vainement
r'éclamées du roi Guillaume dals les pétitions pour le redres-
sement des griefs, les constituants belges les insuivent dans
la loi fondameutale de {830, cette (Euvre admirable pour
l'époque. Plus heureux d'ailleurs que les premiers consti-
tuants français dont ils mettent à profit les travaux, les mem-
bles du congrès belge s'adressent à un peuple dont l'éducation
politique s'est faite peu à peu depuis quararile ans et surtout
pendant les quinze années de son union avec la Hollantle. La
première constitution belge a aussi cette bonne fortune d'être
tbrmulée tl'un seul effor[ par uu peuple généreux, tout fier de
son indépendance réc,emment conquise. Aussi, ne contient-elle
pas ces antinomies et ces anachronismes qu'on signale dans les
constitutions de certains pays de liberté, tels que I'Àngleterre
et la Suisse, par exemple.
({) te fait que Bruxelles, chef-lieu du Braban{, est en mème temps la capi-
tale tlu royaume parait ètre la cause essentielle de la place avantageuse occupée
par cette province entre celles dont la po;rulation augmente le plus rapide-
ment, la population de I'agglomération brurelloise étant de 500,000 hrbitants.
Tnrrps Hrsr. * pÉRrôDE DE RoyAUTÉ coxsnrunonrnlln 8{7
La constitution belge plonge ses racines dans nos chartes
primitives, locales ou générales. Mais elle s'inspire surtout de
la Dticlaration de,* droits de I'lrcmnte et du,citol1en,, formulée par
la première constituante française.
Voici quelques-uns tles principes qui lui servent de base,
des tlroits et libertés qn'elle garantit :
A. - Pnrncrpus sun LESouuLs IrEposE LA cot\srITUTIoN.
4,' La rcuueraineté du peuple. Tous les pouvoirs émauent de la
-
nation (art. 25 de la constitution). Celle-ci ne fait que les délé-
guer. Aussi tout mandat public est-il révocable.
20 La separatiott. des pouuoirs. C'est Ià une importante
garantie contre le retour du tlespotisme.
Toutefois, dans la pratique,. la séparatiou absolue des pou-
voirs offr'irait des iuconvénients graves. L'expérielce l'a
démontré (voir période française). Le pouvoir législatif est
exercé collectivement par le roi et par les chambres (art. 26);
le pouvoir exécutif appartient au roi seul (art. 29) ; le pouvoir
jutliciaire, aux cours et tribunaux (art. 30). Les agents des
trois pouvoirs sont donc suffisamment distincts.
3o La respottsubilité des fonctionnaires publics. Tout fbnc-
tionnaire, auteur d'un aete lésant les intérèts d'uu particulier,
peut être poursuivi par ce particulier, stlls âucune autorisation
préalable (art.24). Le roi est le seul fonctionttaire non l'espoll-
sable, mais les rninistres portent la responsabilité de tous ses
actes publics, attentlu que ces actes u'ont ni valeur ni autorité
s'ils ne sont contre-signés pâr un tninistre (art. 64).
4o L'inuiolubilité de Iu propridté. Nul ne pelrt être privé de
sa propriété si ce n'est pour cause d'utilité publique, dans les
cas prévus par la loi et moyennant ttne juste et préalable indem-
nité (art. t{).
8o L'ëgalite des Belges deuant Ia loi (afi. 6). Cette égalité
n'est pas absolue. Tous les Belges, pâr exemple, ne peuvent
être élus sénateurs. Mais le principe de l'égalité suppose qu'au-
Y. Mirsuet. - Histoire tles Belges.
818 tIIsrotRE DEs BELGES ET DE LEUR cIvILISATIoN
({) Examen cle livres, journaux, pièqes de théâtre, etc.., prescrit par le gou'
vein-ement avant d'en permeltre la publication ou la reprêsentation.
(2) Somme à déposer par les créateurs d'un journal pout' garantir le paie'
menl des hmendes ou des dommages-intérèts auxquels sa rédaction peut lcs
exp0ser.
TEMps rrrsr. prIRroDE DE RoTAUTÉ coNsrrrurronnerr,u 8{9
-
Le droit de réu,tti,ore dans I'intér.ieur tles habitations et locaux
fermés est assuré. Les réunions en plein air restent soumises
aux lois de police.
7o L'inuiolabilitë, du donticile et des lettres. Aucune visite
domiciliaine ne peut avoir lieu que dans les cas prévus par la
loi et dans les formes qu'elle prescrit (art. {0).
Le secret des lettres est inviolable. un cabinet noir ({) ne
pourrait être êtabli (art. g2).
80 La liberté dcs langues (nt. 2,3). Différ.entes mesures
legislatives, prises en ces dernières années, ont eu pour effet
de placer sur un pied d'égalité de plus en plus complet le
flamand et le français, les deux langues principales usitées en
Belgique.
9o Le droit deqtëtitiore. C'est le droit de formuler, soit indi-
viduellement, soit collectivement, des væui ou des plaiirtes, de
signaler des abus, tle dernander tles réformes aux autorités
publiques. Par des raisons tl'ortlre, il est interdit à tout péti-
tionuaire de présenter en personne sa requête à la chambre.
Il est à remarquer qu'en général la constitution laisse libre
-d'agir,
quitte à autoriser la répression des délits commis tlans
I'exercice de la liberté.
0rganisation politique et administrative de la Belgique
actuelle. Gouvernement central. Le gouvernement cen-
- -
tral se compose du roi, de ses ministres et de deux chambres:
la chambre des représentants et le sénat.
Lss crrnunnrs. Les charnbres sont des assemblées repré-
-
({) Àutrefois, il existait dans chaque capitale, tn cabinet zoil dont l'office
était ile décacheter les lettres suspectes, de prendre connaissance de leul
eontenu et de les recacheter ensuile, avant tle les remetl,re à leur adresse.
Pour échapper à cet espionnage, les gouvernements adressèrent à leurs
ambassadeurs des colrespondances chi!fi'ées tlont on ne tarda pas à trouver
la cleJ'(le chiffre: d'oir I'expression déchiffrer). En vue d'empècher le retour
rle procérlés aussi malhonnêtes, toutcs les constitutions modernes stipulent
I'inviolabilité des lettres.
820 HIS'IoInE DEs IlELcEs DT DE LDUn cIYILISATIoN
({) Le droit de su{lï'age peut ètle direcf comme en Belgiqrtg ou ri deur dcAtës
coùr*e I'instituait la coinstitution dc I'an [l[ et comme il est encore anlutrlle'
ment pratiqué en Allemqgne el mÔme en France pour.l'élection.des sénateurs.
Ces derniels sont étus dans chaque déparlement par les députés, les conseil'
iers généraux, tes conseillers d'arrondissement et les délégués des conseils
municipaux.
Le droit de suffi.age est dit ttniuusel dans les pays oit tous les ciloyens
I'exercent 1 restreint dans ceux oir il est le privilège de cerlaines catégories;
ceniltuire iorsqu'il est exercé par les seuls ciloyens payant -un cens requis,
déterminé par ùn minimum d'impôts. Lorsquton parle de l'opin.ion du pays, il
]. a lieu, dans les pays à suffrage reslreint, de distinguer enlre le pays
propre-
ment dit el le pa11s legal.
TEMps rrrsr. I.ÉnIoDE DE RoyAUTÉ col,lsrtrutlotwnlln 821
-
Lns urntsrnns. Il existe huit ministères, savoir : intdrieur et
instruction, Ttublique; affaires é.trangères; ftnances agricul- ;
ture, industrie et trauai,l; h'auaun Ttu,blics; chenùns de fer,
poiles et ttilégraphes; justice; guerre. Les milistres sont choisis
par le roi. Seuls, ils répondent de ses actes publics. C'est
pourquoi âucun arrêtê royal n'a de force s'il n'est revêtu du
contre-sein g ministériel.
Pour pouvoir gouverner, les ministres doivent posséder une
majorité dans les chambres. Dans Ie cas où, ne trouvant pas
une majorité pour les âppuyer, ils croiraient avoir raison
contre elles, ils peuvent proposer au roi de tlissoudre, soit la
chambre, soit Ie sénat, soit i'une et I'autre à la fois.
Les ministres assurent I'exécutiort des lois par des cùrcu-
Iaires et des arrêtés. Le titre de mhûstre d'Etat est purement
honorifique.
Ln Ror. [.,0 roi, avec ses ministres, forme le pouuoi,t'
-
ertictttif (on dit aussi Ie gouuernement). Le roi est le chef du
pouvoir exécutif. hr,uiolable et irresponsable, iI règne et ne
glu,uerne. pe,s. Selon la fïction constitutionnelle ({), le rai' ne
1teu,t nral faire (2).
Il exerce une partie du pouvoir législatif.
Dans ses attributions, il a : I'initiative, la sattction, la pro'
mulgation, la publication et I'exécution des lois, arrêtés et
règlements, le droit tle convocation, tl'ajournentent, de disso-
lution des chambres, la nomination aux emplois civils et mili-
taires; le commandement tles forces tle terre et tle mer; le droit
de faire la paix ou la guerre; celui de conclure les traités d'al-
liance et de commerce ; celui de battre tnonnaie; celui de
({) te droit de suffrage est aujourd'hui I'un des plus appréciés et des plus
recÏârchés par les partis avancés qui le considèrent d'ailleurs, non comme un
Jrruf, mais comme vnmoyen.
(â) Auarchie : de c, privatif, n, euphonique, archà, autorité.
898 IIISTOINE DES BELGES ET DE LEUN CIVILISATION
(l) Les dissentiments qui se sont élevés à ce sujet enlre les anarchistes ont
amené leur scission en deux groupes. On distingue aujourd'hui la catégorie
des anarchistes slh'uistes et celle des anarchistes indiuidualittes. Les premiers
sont des rèveurs qui poursuivent un liut, à leur avis humanitaire, par la pro-
pagande onale et écrite. Les autres, partisans de la propagande par Ie fait,
visent à réahser immédialement leurs aspirations au moyen d'une action
généralement violente et impitoyable. Les premiers sont, comme on I'a dit, la
force ntorale du parti I les seconds en sont la force tlgnamique.
TEMPs IIIST. PÉRIODE DE ROYÀUTÉ CONSTITUTTOXTIUIIN 899
-
fruits tlu tnrvail ertre les agents productcurs, à pruportion de la
capacité, tlrr tlavail et dcs besoins de chacun'
classes sociales. Le souverain. Le roi des Belgos est le type
- - dont il
accompli des souverains cotistitutionnels. Les pr'érogatives
jouit, assez cOlsidér'ables en al)pillencc, sottt rcstreitltes darts la pra-
publics par
iiquupar la nécessité dc fairc corrtresigner tous sos actes
les ministles. Ses droits tlc Se ]lolnent pas d'zrilleurs à I'exet'cice
du ;rouvoil exécutif. lls s'étendent à toutes les sphèr'cs : au
tlomaine législ.atif, par le ch'oit ri'initiatit'e, dc sanction
ou dc refus
de salction fles lois et pirr celui fle convocation,{'itjournemctrt
ou de
dissolution dcs cltamb,"rr; tu domainc judiciaile. par I'exér:tltioll des
ct cotnmunal, par le dIoit, dc
acl,cs ct arrêts; au dornnine lllovittcial
e[
sul,vOiller ct d'annuler cet'taius actes des cortscils ltlovinciaux
commulraux.
public sottt
Le clergé.-La libertÔ des cultes et celle dc leur cxercice
tlu
galaÙties par la constitutioil. Le clc|gé est abolumen[ indépertdartt
[ouroir cilil bien que I'l)tat ait i\ sa cha.ge cet'taittes tlépeltses
tudes et à ses gotts, toutc chose se fcrait rnieux. Nos vices ont leur
source clans notre mauvaise organisal,ion sociale. Lorsque celle-ci
sera bonne, le vice disParaitra.
Fourrier préconisait la vie en commun, dans des établissements
nommé phnlansttiræ.
À la même époque, se firit jour la théoric du d,roit au, trnaail. Elle
afiirme, comme un principe hors tle discussiolt, le droit des ouvriers
au travail. En application de ce principe, le gottverment républicain
Ogvre des otcliers nntionnur. L'cssai n'est pas heureux. L'Etat doit
bientôt fermer ses ateliers, après avoir dépcnsé, Sans résull,at appré'
ciable, des sommcs considérables.
Le socialisme, dont nous vençns de parler, tielt peu tle comptc
rles faits et de la naturc humaine; il est particulièrement l-iasé sur le
sentirtrcnt et s'étai[ surtout répaudu en Francc, il y a utte cinquan-
trine d'années.
Les socialistes allemands. Le socialisme allemand prétend
- scientifique
offrirun c;rractère à la fois plus et plus pratique. Il part
de la loi suivante, formulée pnr les écononmistes Âdam Smith et,
Ricrrdo : < Les richesses sont urriquement le produit du trayail;
la valeur des objets vient du travail nécessaire pour les produire. Lc
capil,al est donc eu lui-même sans valeur >. S'empat'ant de cette loi,
Karl Marx, célèbre socialiste allemand, en tire la conclusion ci-après :
< Le capital est du travail mort, qui, pour se vivilier, succ, comme
uu vampire, du travail vivant. Tout le bénélice résultant du travail
eloit rcvenir aux seuls ouvricrs >. Lasalle, autre socialiste allemand,
dénonce, d'autre pari, la loi cl'nirqin du, snlaire, dôjà adrtrise par
les aneiels éconOmistes et formulée notamment par Turgot: << L'ou-
vrier, écrivait cc dertlier, vend son travail à celui qui emploie ses
bras et celui-ci pâye ce travail lc ntoins cher qu'il peut. A raisort du
grand lombre dcs travailleurs, .l'ouvrier est obligé de réduire de
plus e1 plus le prix dc sa peine. Par suite, il arrive inévitablement,
que ron salaire se borne ir ce qui est strictement néccssaire pour lui
âssurer la
subsistance. ))
Ainsi I'ouvrier a beau travailler: daus I'orgarrisatiotr présente, il
peut gagner le strict nécessaire pour ne pas mourir de firim, mais
rien ou delà. Àctuellement, c'est le capital qui absorùe la part
léonine des bénéfices. Telle est la loi d'abnin du salaire. tc 0r, di[
Lasalle, Ce ne sont pas les travailleurs qui devlaient être au service
du capital, c'est celui-ci qui devrait être au service des travailleuls >.
Les coalitions de patrons et les grèves d'ouvriers. - Cette situa-
Tnnps Hrsr. ptsnroDE DE RoyAurË colrsrrturtonnnlln 83ô
-
tion rcspective du capital et du travail ir détermirté entre eux un
arttagonisrne plofond. De là, les grèues des ou,uriers el, les coaliti,ons
dæ patrons. La loi d'airain, r'ésultat tle l'ofii'e et de lo demande de
trauail,, règle le prix des salaires. S'il 1' a tbondance d'ouvriers, les
patrons peulcnt réduire, comme ils veulent, Ie taux des salaires,
surtout s'ils s'entendcnt, c'est-à-dire s'ils fon[ la coaliti,on des palrons.
Ilfais les ouvricrs pcur'ent églemerrt, se rnettre d'accord pour refuser
de travailler r"r urt moment donné ct sc nrettre cn grève, en vue de
forcer les patlons à relcver ce tilux tlcs srrlaires.
Le <lroit tle se mettre en grùvc est recoruru flux ouvriers par la loi.
ll leur es[ natnleilement intelrlit. soit d'attenter a la liberté du tra-
vail de leurs cornprglrons, soit de détruire chez leur patron les
htstrumeul,s de travail.
Les trade's-unions. L'association inlernationale deg travailleurs.-
De temps immérnorial, il existc en Angleterre des associations
d'ouvriers industriels ou agricoles rppartenant à toutes les régions
du pays. Lcur objet, est de prépalcr et cle soutenil les grèves cn vue
d'obteuir', soil unc augmentation de srhire, soit une réduction des
heures ou unc limitation de la journéc du travail. Ces associations,
admirrrblemeflt organisées pour h luttc, inspirèrent sitns doute
I'idéc d,e l'Associntion internrttionale tles lrutoilleurs. fondéc en 1865.
Cette vaste et, redoutable association avait pour objcl d'as-
socier et tle solidariser les ouvriers clu nronde entier. le produit, de
cotisations périodiques devait permettr.e I'orgatisation e[ le soutien
de grèves locales, eu fournissant aux grévistes, soiù des vivres, soit
de I'argettt. Plus tard, l',Irrlernationule propagea les idées collecti-
vis[es en pr'écortisant lar supplessit-rn tle lir propriété iudividuelle fon-
cière. gs1 ohef principal é[ait Iiar I ]Iarx. Cctte assoeiation tomba vers
tt874.
Pour lo moment, les ouvrie rs poulsuivent surtout la réalisation de
ccrtaines réformes politiques, eonsiclérées l)ar eux comme les seuls
noyens prélirninaires capables d'rmencr I'amélioration de leur sort.
C'est ce qui expliquc la ténacité avec laquelle ils ont réclamé le
suffrage universel. Ils demandent aussi. un peu partout, la journée
lI de huit hcures, qui leur permettrait de réaliser cet idéal : huit
heures de repos, ltuit heures de travail, huit heures de plaisir (ce
t1u'ils appellent les troæ huit).
Le l.' mai tend de plus en plus à dcveuir un jour de fête universel
pour les l,ravailleurs,
Emancipation soclale, civilo et politique de la fcmme. La Révo-
-
836 ilrs'r'olltn DES IlELcEs ET DE LEUn clvlLlsÀîIoN
TITRE V
Instltutlonr judiclalnes.
Droit des genr.
- Le dloit des gcns tt'cst, etl sonlme que I'applica'
tion du droit nuturel aux relatiorrs des peuples : De pas faire à autrui
ce que ngus ne voudrions pas qu'il nous fit, le traiter à I'occasiou
comme nous youdrions être traités en pareil cas, tels sont les grands
TEllps IIIsT. PÉnloDE DE noyÀuTÉ COXSnrurIolitçsLLu 837
-
principes à suivre dans les rapporl,s dc pcuple il peuple comme
darts lesrappolts d'individu à individu. Lc tlroit des gens a fait do
grands ptogrès depuis cinquante ans. Yoici les règles lcs plus
importantcs qui lc régisscnt aujourd'hui :
l,o En tentps de paùr.
- Principaux devoirs réciproques des
nations : observer les traités; tenir pour inviolable la personne des
ambassadeursl s'abstcnir de tout complot contrc I'existence des
autles goulernemcnts; respectcr leurs dr"apeaux et pavillons; pro-
téger lcs él,mngers; accordcr I'extradition dcs crirninels dc droit
commun ; r'cspectcf lc droit de chaque peuple ù se gouverner comme
il I'entcnd, pourvu l,outefois que cc dloit, ne porte pas atteinte à la
liberté égirlc cles autres nations, etc.
2o En temps Je guerrc. La Conuention de Genèue (1867), admise
-
par toutes lcs nations civilisées, détermine les devoils des belligé-
rants. Elfc prescrit unc dëclaratian dc guer're,, solennelle et préalable;
la protectiort dcs ambassadeuls ; le respect des personnes noll
militaircs et des soltlats désarmés; celui des parlementaires, des
villes ouvertes, des vaisseaux marclrands ; I'intcrdietion de la course;
la limitrtion du droit de blocus aux seules conditions en dehors
dcsquelles il serait inefficacc. Parexcmplc,on ne peut,par le blocus,
empôchcr I'entréc et la sortie dcs navircs portant des voyageurs,
tlcs balqucs dc pôclreurs, ctc.
La Convention impose aussi de respecter le personncl de santé
militaire, les ambulances ou la partic du matériel marqué tle la croix
l'ouge. Tout blcssé recueilli tlans une maison la protège et I'exemptc
des logemcnts militarires. Les blessés des dcux nations sont, I'objet
dcs rnèmes soins. Délensc est, firitc d'cmploS'er les balles explosibles
et les engins cmpoisonnés; cl'cmpoisonncr les fontaines ct les provi-
sions dc bouche. Lcs prisonnicrs dc guerre doivent être bien traités.
Un rcçu dos objcts enlcvés sera rcmis à la suite de tou[e réquisition.
Le plincipc dcs nationalités, qui s'est surtout affirmé à partir de
1848, vcut qu'on nc puissc disposcr d'un peuplc rnalgré lui. Dn vertu
de ce plincipc, une vingtainc cle pcuples sont palvenus, en ce siècle,
à se constituer cn nations librcs. Il a, cn quclquc sorte, changé les
conditions de I'equilibrc européen. Tirntlis que I'Italic et l'Âllemague
monl,aicnt au râllg de glandes puissances, la France descendait, pour
ainsi dirc au secontl rang ({).
- Il
Droit public. ll'y a, en Belgique, qu'tttte loi, qtt'un
poids, qu'une ntesut'e. La sournission de tous au mêlne pouvoir
judiciaire est I'un tles caractères fondâmentaux de notre droit
public, déterrniné : {o pâl' la constittttion; 9' par les lois; 3o par
les arr'êtés, règlements, et ordonllances.
Resté eu vigueur en Belgique, le code français a été modifié
dans plusieurs de ses parties par le pouvoil legislatif.
TEIIIpS IIIST. pÉRIoDE DE RoYÂUïÉ consrtrurtoNllulln 839
-
Laurent, Faider, Thonissen, Nypels, Bara, Le Jeune, Edmold
Picartl sont les noms des légistes belges les plus éminents dals
la période contempol'aine.
Tribunaux. 0n distingue en Belgique plusieurs catégories
-
de tli brr nau x . Les tri bun au x or d,in'uir e.s, les tribu n :d:ux rnil itair es,
les tribunaux tle clnmleTce, les cortseils de ltrud'honurees, les
cl,rseils cte d,isciplin'e de la garde ctui,qw, elc.
Tribunaux ordinaines. Les cilconscriptions judiciaires
des tribunaux ordinaires
-
sottt :
({) 0n voit qu'il reste quelque chose-, mcis peu .{9. c!9ser du principe révo'
lut'ionnaire comportant la nomination des juges à l'éleetion.
8{9 rrrsl'otnn DBS I}EtGEs ET DE LEUn cIvILISA't't0}1
({) Les cas de conflits entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire sont
tranchés par la cour de cassation.
(9) ta chambre du conseil peut toutefois,- cn admettant des circonstances
atténuantes par une ordonnance motivée rentluo à I'trnanimi[é, e,omeclionna-
liser les faits qualiliés crimes, c'est-à-dire les renvoyer devant le lribunal
TEttpS ltIST. pÉRIoDE DE RoYAUTÉ CoNSTITUTIONNIII,LE 8&3
-
L'indépqldance des juges est a}solue, mais pour les empôcher
d'abuser de eette situation, la constitul,ion lcur interdit d'appliquer
tucune pcine qui ne soit conforme à la loi.
Les juges *exécuknl, pas les sentelces qu'ils ont prononcées.
Ce soin est réservô au pouvoir exécutif.
par I'application des pénalités a
- Le but poursuivi
pénalités.
beaucoup tarié, clarts la spite des siècles. Il a été sucecssivemeilt h
,,rngronp iniliviiluetle,la aengeance collectiue ou sociu,le,,le chû'tintent i
infliger ou la sa/fsla ctiott. ir, obtenir pou,r at teinte portée ir' .l'ordre ptblic,
i Ia diuittilé, i Ia morale;l'influ,ence it, enercer pnr I'enanpJe. Aujour-
rl'hui, le but particulièrement't'isé açt de mettre lix nattr't'es uinieusu
dans l'irttpottibitita rle nu,i.re en les ltriunnt de leu,r liberté et de lcs
anænder en occtt'pûnt leu'rs bras et leur asprit.
Il n'existe plus en Belgique que trois modes de pénalité s: l'antende,
les ilommages-inlérêts eL l'a priuation cle libarté. La peine tle mort es|
rbolie dc fait (l).
Peut-être les dommages-intérêts et I'irmettde linilonl,-ils par rgster
la seule pénalité en usûge pour les mat,ières civiles dans lcs pays
civilisés. ces peines, cn elfet, sont à la fois rë,prnmtrices (propres à
servir à I'amendement du coupable) ; ré,primanfes (elles constituent
(susceptibles de servir
. porrr le coupablè un chiltirnent); enentplairæ
d'exernplc) ; enlln, réparatrices (2).
Le droit de punir que s'irttribue la société est justifié par le
devoir cle protéger ses membres contro la violence, la fraude
et autres iljustices. 0n a longtemps pcnsé, mème depuis la
Rér,olution, que c'est Ia nécessité dcs peines qui les rentl légitimes:
Âujourd'hui, le principc fle I'application des peines est la justiee; on
ne eonsiclère plus leur utilité que comme un effet accessoire. L'inti-
midation ou l'exemple est un effe[ utile des peines que le législateur
ne doit, pas poursuivre au détriment de la justice.
Le codc pénal llelge a été de plus en plus adouci. Âctucllement,
toutes les pôines infamantes sont supprimées. Lt marçte a été abolie
. -({-)
Yoir l'Etude mr Ie Bourt'eaù de Gand, par U. Pnospnn CL^lnrs, pâru en
189tr dans le llessager det sciences historiquet,
lDlIpS ilrsT. pt:lntoDg Dtl ItoYAUTti COnsrtruttOtinnlln 845
-
faites. Le régime cellulaire sépare ett outre les prisonuiers, le jour
comme la nuit. Dtus certaitrs cas portrtaut,, ils son[ Sculemcnt isolés
la uuit, et dans les intcrvalles qui coupent le travail, exécuté en
commull.
Quq vaut l'eùcellulernent? Sur cette qucstion, les avis sont
par'
tagés. Lcs condrmnris à perpétuité nc pcuvenfi ritte soumis à I'enccl-
lulement que peudilnt,lcs dix prenrièr:cs anttécs dc leul réclusion.
< J'ai visité e1 1886, dit, Itt. Léveillé, un ct'iminalistc françtis,
les établissements péniten[iaires belges, pour me rendre comptc
par moi-mômc des résultats qu'avait, dolnés le s-vstème belge. Jc
suis revenu très lrostilc à la cellule tlécennale. Lcs rnalhcureux qtti
out, subi cette dure épreuve m'oli[ paru l)resque totls déséquilibrés
au point dc vue intcllectuel; il m'a semblé qu'ils âvaien[ perdu
toute aptitude i\ lir vie sociale I ils tn'on[ laissé ce[tc imprcssiorl
navrantc qu'ils etaient désormais atl,eittts, à des degrés divers, dc
cette monomarlic que lcs rliénistes appcllcnt le délire dc la pcrsr!'
cution. Aussi me suis.je afi'ermi daus cettc opinion quc' si la cellulc
cou,r'le est ull procedé excellent, ltour le condamné printaire qu'elle
pr'éserve tlu eontact, dangelcux dc co.déterlus quolquefois plus mau-
vaisquelui, la cellule longueest,, au contrairc, ull engin dangereux,
qui nc peu[ ùYoil', en thèse gérrérale, qu'utte influettcc fàcheusc sur-
le cerveau et sur la santé du cottdamrté. >
Le code militaire, autrefois si clracolien qu'il prévoyait plus de
60 cas d'exécutiou câpitale, a égrlemcnt cté réformé et adouci.
[n général., le codenilifaire remplace I'emprisonnement par I'ineor-
Foration dans les,cûBpaguies de puni[iort.
Extradition. L'ætradition cousiste dans lc fait de livrer un
crimincl, réfugié en pays él,ranger, au gouvcrnement qui le réclamc.
Elte ne peut, tvoir licu pour délits politiques ott pour faits cottnexes
à des délits politiques ({).
L'extradition est un puissalt moyetr prét'entif. Elle a 'répandu
I'opinion qu'aucun crimirtel lle peut échapper à la justice, qu'il
u'existe pour lui aucun lieu de refuge odr il ne puisse ôtrc attcint.
(l) D'autre part, jamris un gouvernement n_e peut être contraint de livrer
un'national. Uir Français, qui cbmmettra un délit ou un crime en Belgique et
sO réfugiera en France, ne pourra ètre livré aux autorités belges, mais,_le cas
echéan[, il pourra ètre jugé en France à raison de I'infraction commise en
Belgique.
'
846 IIISTOIIIB DES I}ELGIIS IiT DE I,EUR CIYILISATION
TITRE Vt
Blenfalsance, Institutions de pnévoyencs.
Le paup6risme.
- Lorsque les anciennes corporations d'artisans
perdirent leur existenee légale, les ouvriers qui en avaient fait partie,
mal préparés à la lutte contle Ia misère, se trouvèrent fort désorien-
tés. JusqueJà, les rcssources de la corporzrtion à laquelle ils appartc-
naient les avaient protégés contre les besoins extrêmes, nés d'acci-
dents ou de revers imntérités. Mais, quaud Ia Révolution française
I'eut émancipé de toute tutelle, I'ouvricr dut songer à sc ménager
lui-même nne réserve pour I'avenir : faute d'un salaire sufrisant
parfois, de prévoyance souvertt, il n'y réussit guère. Ce fut pis
encorc rluand la machine a vlpeur, turnt lcs petits métiers, eut
concorrtré la grantlc industrie entle les ntaitts dc grands capitrlistes
ct de sociétés anonymes. Aussi le paupérisme est-il d'un des fléaux
de la société actuelle.
Les réformes.
- Ert présence de la situatiorr rnatériellc parfois si
misérable des classes ouvrières, en présence aussi de leurs tenaces
leveudicatiorts, certailres mesurcs, dues à I'initiative publique
ou privée, ont étô prises afin de diminucr l'étendue du paupérisme.
Des lois ont notamment r'églé le trlvail des eufants et des femmes
dans les mines et lcs manufactures.Ort a créé læ asilæ, Iæ crècltæ,
Les ëcoles enfnntines eL les atcliers de charité oir I'ort veille sur les
enfarrts des ouvriers; les ttcoles pri,ntaires, d'atlultes, ntëna.gères,
industrielLes, ugricoles eL professionnellæ, oti I'ort s'efforce de les
rrmer lral I'instruction en vue cle la lutte pour I'existcnce.
L'assistance publique s'es[ développée : des hopitaur, des lrcspices
pour les enfants abartdonnés, les femmes en couche, les vieillards,
les irrcurables; des orphelinats,des instittrr.s pour les avcugles et les
sourds-muctd, etc., ont, été fondés eu grartd ttombre.
Les administrations des hospices et, des bureaux de bienfaisance
sont nombreuses, bien organisées et généralemenI bien administrées.
Définitivement sécularisées par h Révolution françaisc, elles sont
indépendantes du clergé qui n'a pas d'action sur elles à titre
d'irutorité. Elles jouissent, de li'I personnification civile. La loi du
30 mars ,836 décide que le collège des bourgmestle et échevins
aura la surveillance des hospiees. bureaux dc bienfaisance ct monts-
deliété; que les budgets et comptes des hospiccs et cles bureaux de
TEupS rIrST. pERIoDE DE RoYAUlÉ CoxSrt'lu'Ltosxur.lu 84î
-
bienfaisant)C Seront, Sounis ù I'approbation du collscil conrmutlal'
Il
y a u11 buleltu de bienlrrisance dilns totrl,cs lCs communes et, lorsque
ia populltion dépasse 9,000 habitants, le collège des bourgmcstrc
et échcvirrs étatrlit des comil,és de charité dont les membres ' sont
nomrnés uisitews. Leur mission consiste t\ distribuer aux indigents
des secours etl algellt ou eu nature ct i\ veiller à ce qu'ils observeul'
les lois dc l'hygiène.
La loi cle 1845 sur lo clomicile do secours décide que tout
indigent doit être secouru par la commune oÙr il se trouve au
moment otr I'assistancc dôr,ient néCeSsait'e, SaUf rCCotlrs évCntUel
de cclle-ci contrc la communc cl'origine : la société ne peut lrtisset'
mourir cle faim utt cle ses membres. Les dispositions de cette loi u'ont
pas été nroclifiées cl'une faç:ou essentielle par la loi du 27 novembrc
{891.
Pentions. Les adntiltistrations publiques e[ p'.rrticulièremeut
-
I'Etat ont été les premières ir s'occupcr du sort de leurs employés
âgés ou irrvalides. De lù les pensions ciuiles, ntilitairæ, ecclisiastiqrrcs'
ùs caisses ile pensions ett favcur do leurs veuvcs et de leurs orphelins
orrt été orgallisées en 1844.
Uu arrôtô rolul de {845 a institué une coæse de retraite et de se'cottrs
pour les ou\'r'icrs attachés aux chemius de fer de I'Dtat'
Depuis {839, il existe, pour les ouvriers mineurs, dcs caisses tle
preuoyance ruxquelles la loi de l8{i8 accorde la personnification
.initt. ptr une t'etenue opérée sur le salaire
Elles sont, alimentées
des ouvriers ct par uue somme égale versée prr les patrons. Elles
accorden[ des pensious viagères aux ouvriers mutilés e[ incapables
cle travaille., à leuts veuves et orphclins, ilux vieux parcuts des
ouvrict's ntorts victimcs d'un acciclettt.
Enlin, tme cui;segënétu,le d'épargne et tle retraile pour leS ouvrierS.
prc-
sous lt garantic de l'litat, instituéc en {8Sl et réorganiséc uue
rniôre foit *n {865, a reçu rle ttouvelles uméliomt'ions en 1888'
Yoici lcs articlcs prirrciprux de I'1r'rô1,é orgauique de cette caisse :
T0ute pcrsonDc irgée rle dix-huit ans àu moins est admise à faire
tles verseutents, $git, pouf Son compte, soit au uont de tiers
irgÔs dc
({) D'oir, par exemple, Ies formules : la mine sun rnineurs, la aetterie oun
t,erïiers, la terrerie antæ ontriers, très en vog'ue arrjourd'hui clrez les travail-
leurs manuels,
(2) toi de novernbre 4.891,.
(3) Mort en {860.
V. ÙIirguet. - Histoire des Belges. s4
850 Hts'tolttli l)HS llEL{;ES El' l)li Llitilt cIvILISÀTIoN
TITRE YII
lnstitution s linanciènes.
Reyenus de I'Etat.
- Lir bonne organisltiort de I'lil,iit et dcs scrviccs
publics cliurs un ptys civilisé exige des dépenses ctltsitlér'ables. Lc
gouvernement trouve les t'essources nôcessaires pour y firire face :
{o dans lcs levenus domaniaux dont le ploduit, en Bclgique, est l\
peine cle clcux nrillions par all; 9o clans I'intpÔt, c'erst-ir'clile clans
des prcstations en rrgent, plus ralemeut eu uatut"e ou ell travail,
auxquelles sont assujettis tous les citoyens I 3o dans Ies lcccttes dc
I'enrcgistt'emcttt e[ du tirnbrc, des douiines, des cherriitts clc fer,
postes, [élégriipltes, ctc.
Trois principes président, en Belgiquc, à l'établisscmcnt dcs
inrpôts, sr\'oir : /l"oil n'exisle ltas de ltriuilège en maliire tl'impôts;
2, tottt itttpôt doit êlre ctabli, pûr utw loi; 3o Ia durrc dc cclle lai trc
peut rlépassel' u'n &n.
Eu principe peut-êfr'e lc plus équitable, I'irnpÔt progrcssif sur' ]c
revenu est folt tlifticile r\ établir. 0n a essa.ré en direls licrix et el)
diverses occtrsions rlc le faire, sarts ùrrit'er, semlrlc-t-il, à tlcs r'Ôsultats
tou[ à fait satisfitisarlts.
TEtrTPS }IIST.. *_ PÉRIODE DE ROY.\UTU COTTSIITUTIOI{NEI,T,E 851
(L) T'ranspor't, actc par lequel on affecte tout ou par'tie d'une sommg portée
au budget à une autre destination que celle pour laquelle elle a été rotée.
,
TITRE ,v*IlI
Heutralité de lr Belgique.
- La Belgique est, un pays neul,r'e, tnais
ce n'est, sem}le-hil, {uo sous la condition cl'Ôtre ell mesure dc
défendre sa ueutralité. Dc là notr'e armée,les fortificirtiotts d'Atrvers,
celles de la Meuse e[ tout notre système militaire qui absorbe chaque
annee une part importante de uos ressotlrces.
De la force publique. Ltr forcO pu|litlue a pour ntissiott, ittt
-
clehors, de défendrc I'indépendattee du pays; au dedrns, de firire
lespecter les institutions et les lois.
Divers élements la COmpOsent, saYoir :|'arntee,lt garde ciuirpte,lit
1end.nrmerie, la police, la dou,nne. L'armée belge compte envirott
{30,000 hotnmes dont le mode de rcclutemcut cst déterntirté par lû
loi.
Le contingent nùlitaire, c'est-a-dire le nombre de soldats à fournir
par le pays, est voté annuellcnrent. ll s'élève à 13,300 ltommes
effectifs. Aucune troupe étrangère ne peut être admise au selrice de
I'litat, occuper ott traverser Ie territoire, si ce n'est eu vertu d'ttttc loi.
TEIIpS tlIST. l'tittloDn DE RoT.rUIÉ COXSTITUïIoNNELLE 855
-
Mode de recrutsment. Il comportc : {o la cu6ffipti0n (tirage au
sorb pàr cantons cle
-
milice) crtre les jeurres gens ârges de '19 ans
ilcconlplis avùl][ 1s 1er janvier de I'attnée ou a lieu le tilage au S0r$..
Quicontlue ne se fait pas illscrirc ell temps et lieu est réputé
réfrac--
tairc ct iucorporé pour /ù?ti, âns, duréc légitle du scn'icc; 2o les enga-'
gernenls rclonlaires pour un lernte Ytri'able : trois, cinq ou htt'it ans,
Suivallt les circOrtstanccs; 3o le I'eInplûcemcn[ (engagemellt avec
prirne). Tout inclivittu clésigne pour filire partic de I'arméc I Ia suitc
rlu tirrgc au sorl peut se fairc r"emp]acet'.
Rémunération des miliciens,
- Le miliciel reçoiI trne indemnité
tle 10 frrrncs par mois verséi lt seS pareuts, '.t Ses ascCndants, à sa
femmc ou i lù crisse d'épargnc. Tout soldtit touche' en outre, utlQ'
solde de 't fi'. Oii ptrr cillq jours.
Lt. gendartnerie, prïncipalerneDt préposéc atl service de I'ordre'
pul-rlic, sc recrtrtc par voie rl'ertgagencnts volon[ait'es. Elle comporte
Lule force d'eut'irotl 9,000 hommes.
Ltr ltolice, force conrmuràle représerttée par un simple garde
chrmpèl,rc ou par un corps dc policc, se recrute de la mème façon-
La, gurde ciuiqr,e, organisée ptr colnmune, est active ou noll ilctive.
Ite 9'L i\ 50 ans, tout Belge fait partie de la gardc oiviquc. EIle cont-
prcnd dcux bans : les gardes de 9l à 35 ans, ceux de 35 à S0. Les
ti[ulaires, jusqu';tu grade dc capitaine, son[ uommés par les gardes.
La mobilisrtion dc la galcle civique lle peut avoir lieu qu'en rertu
d'une loi.
Llt tlouune est une forcc arrnéc qui veille ilu paiemenl, des droits
cl'entréc et clq sortie Âur les denrées et les marcltandises. 0n n'est
ldmis dans la drtuane qu'après un exaûton.
Armement.
- ll
Lc sabre, lattce, le revolçet', le fusil Mauser, à
magasin cle cirrtouches, se chargerrtt par'la culasse et armé d'un
sabreùirionne(te. Ie canon rayé à cltargel aussi par la culasse, telles
sont les principrles flrmes en usflge dans notre armée. Le fusil à
r'ôpétition Lebel, dont sont arntés lcs soldats françai.s, parait être
irctuellernent, le dernier mol du progrès t?) en cette matièr'e. llitis la
Irrance cn cache soigneuselnen[ le tnécanisme. C'est un fusil tres
légcr qui sc charge automrtiquement, la crosse du fusil servant'de
rnagasin. Les cartouehes sout faites de lialles nickelees et, d'une
poudre tr'ès puissante qui détonne -qans futnée.
Les ftrsils à poudre sans fumép ont lait nterueille devant Valparaiso
"(guerre civilc ehilienne, lin aott 1894).
856 rrrsr'orRu IIES Btlt,ctls Er Dts LEUR ctulrs.\uoN
TITRE IX
sciences, philosophle et monale. Gnoyances neligieuseg.
Supenstitions et croyances populalres.
({'l c$us-w. Field, le célèbre Américain à qui I'Europe doit .d'être reliée
àe. ôaUfu, transatlantiqu-es,est mort en '1899.
'-ifir- fi;t,t, qoip..emii
,u\irui.rïù.irOr
àà-naissance humble ei obscure, avait été employé
er n'avait pas tardéà la
à ili;...ni-,r1"à r* r,rîq* si'*||1; de New-Iork,fgrtune dans cette indus-
;"',tt;; ;.ils?iabtir ihùr'icant de pâpiers. Il fit, sa
d'un càble
i';;;;i'nôr* leS+, ,téË;-.Ëiùt Ëoûci particulier,enconçut.l'idée
état de communiquer'
iraîr"ttrntique qui mittrait le continent àméricain
jà"ï"p* joùr, lieure pr,i hrutu,- avec le.Yieux-Monde' L'itlée pareil'
loute
iî*fË *"i*.d'hui. nttà etait ausii neuve et destinée à proyoquer rJans le sys-
ffiË'Ë'il*uoitttion. universelles une révolution àussi complète que le
percement de I'isthme de Suez.
860 [ts't'ornr: DES BuLcES ]i'f r]E LEUn clvrLtsÀîtoN
- vcrs
tScanique.
qui révolutionne
1810, Tltimonicr irrvente lzt tttu,clti,ne ir, cotulte
I'lrt, dc la couture ({).
l,e scaplm,ndre, imaginé dès tTgT prl l',illcnrand Àlinger, mais
cousidér'ablernent pcrfectionné de puis, pernret tle clcscend r.c j u squ'ir u
fond de la mor e[ d'y rester assez Iongt,emps pour. y firire tics obser.
vatlons.
Biologie. Théorie de l'évolution. L'él,udc dc I'etnbrl,ologic a donné
-
naissance à I'hypothèsc dc I'unité originelle de l,oul,es les espèccs
organiques. Dn lcurs plemiers rudimen[s, tous les embr-yons se res-
scmblent : I'iufluence des nrilieux, lr sércction naturelle, h luttc
pour la vie ont, par cles dilférencirtions successives et inscnsibles,
produit, toutes lcs espèces organiques rctuelles. Lcs ôtrcs organisris
sont une irssociirtion, une fédér'atio,r dc gr.oupcs cft: cellulcs. L'en-
semble de ces hypothèscs, ducs à Darrviu, a ret:u lc nom r)e tlrfurie de
l'é,uolution.
L'hypot,hèse rJcl'étolutionet celrc de Iunité cles forecs physiques ont
pclnris dc llttachcr lcs uncs aux rutres toutes lcs scierrce È:llt géologie
etla paléontologie (dont les plogrès ont cr'éé la scicncc pr.ehistoriquô);
lt physinlogic géntrale (uiuiseAion) ct l,/rrtsto logtc (éLut)e au rnicros.
cope) ;'la chimir organirlu,e (qui pernrel de constituer, plr la s.vnilrèsc,
des corps olgrniclucs) ltclùnin u.gri,cotr. (r1ui révolutionnc en ce
TITRE X
Lettres.
le degier receù-
Les langues parlées en Betgique.
- Voici, d'après
sement fait el {890, la sil,ual,ion compflratiye des dettx principales
langues usitécs en Belgique : 2,485,000 habitants ne parlent que le
français; 3,744,000, le flirmatxl, 32,000, I'alletnaud. 70{'000' prrlel}t
le français et le fl'rrnancl; 59,0Û0 le frarlçais ct I'allemand; 7,0001'itl-
lomrntl et le flttnanrl. 36,0C0 connaissellt lcs trois lartgues. 5,000
habitartts ne parlertt âucune cies tlois lirngues ttirl,iottales (datts cc
nr-rmbre sont compris les sourds-mucts).
La ligne fle clémarca[io1 eltrc lcs terriloiles ou se parleut lcs
différentes langues tle s'cst pas scrlsiblenent déplacée tlepuis dcs
siècles.
Langue française.- En gônéral, les Belgcs pûIlcnt et éorivent, assez
mal le frauçais; leur phrase est trop Souvent lourde, embarrassée'
obscure. 0n peut citer potrrtan[ dans la période contolllporaille un
uomb.'c lclativcrnett élevé d'oratcurs et d'écrivains rentilrquables.
flnernuRs : Gazdebicn, Lelteau, Ilorgut'r, J.'8, Nothomb, Dtlntorttet,
Dellntryne,, Custiau, Iirère-Orltan, Eu,rlot'e Pirmni'., I)eclmntlts, Buru,
,Iucobs, 'trtfoeste, Beu'nacrl, Jans1n, Grau,t,, ctc. Htsrotttnxs : rle Ger'-
laclrc, (i achartl, P ou,llet, I{arn èc\rc, \l/au t crs, Tl nnissctz, [-nn Pro el,
Polain, Jtrste, Borgnet, Htnauæ, AIcn. Henne, Kertyn tle Lcttathoue,
T'undet'kintlere, Ku'tlt, Pau'l l,'retlcricq, Lonchty, ctc. Punt-tcISTES,
c1rrreugs, Écoxoutsrns : Lou'is tlc Fré., Emite rle Laueleue, tt- Leroy,
G. I7rétlh"in, Slér:her, Goblct d'Aluielln, Edlrtond Picttt"ù, M. IiulJb'
ratlr,,, Geuacrt eIc. Jounxtr,tstrs : Tliclor Hallaut, Renson, Gem'ges
Trau,tlûer, Tnrtliett, Léon Domntarlin, de l)nrùleuille, Dennrtemt,
[lercpeyen, lI*u Popp, ctc. Roltlxcmns, Nou\iELl,IsrES, coNTDUns :
Octaue Pirntet: surtout cgmnc rnoralistc délicat (I{cules dc philo-
soplrie\, CamiIIe Lemonnier (Uu coin de village, Lcs eharniers, Utr
864 Hrst'otRn IIES BELGES E'l' DE LEUn clvrlts,\Ttoti
({) Superbe édilice construit par la ville de Bruxelles dans Ia rue de Laeken.
868 IIISToIRE DES BELGES ET DE Ltlun clvILISÀ'lIoN
TITRE XT
Enteignement.
({) 0ertaines parties du programme des écoles normales ont été modifiées
depuis par voie tle cireulaires ou d'arêtés ministériels.
TEnrpS IIST. pilnloDu DE noYÀUTtl COXSTITUTIoNNELLE 873
-
TITRE XII
Beaux-Ants ({).
Unc loi historique veut quc la racc ct, lc siècle sc lésument dans
les grancls homnres d'uue cipoquc ct quc le choix des sujel,s
artisliques soit le pltts souvent, clételminé par l'ôttl des esprits'
C'est quC les arts, résultiittt de I'accord dcs facultes créatrices
individuelles aYec les inlluences colltemp6raines, sont néces'
sairemgnt I'cxprcssiou dc l'époque oir ils s'épanouissent' L'ùrt
trouvc son expliciltion ct sou origine dans I'ltumarrité ambi:rnte' Nous
arlorts coustâté I'cxisteucc tle c,ette loi a travers les différents siècles
de uotle histoirc. Nous itllorts pouvoir la r'érifigr rle tlouveru'
Architecture. Jusqu'ici, notre siècle n'a pts produit cle style
-
nouyeau en architec[urc. Les lrchitectes contetnporaitrs se molttrent
fort éclectiqllcs, irnitu[ ou conbitlalt tour à toul I'at't grec et I'art
romail), le style gothique et lc style renaissaucc' l)on sirns les mêler
parfois avec une snfidrrc flbsellce cle règle cl, mèrne de goût'
La lieauté clc nos édifices modcrnes et ll logîque
(le lettl alcltitec-
partie, empruntés
({) Les éléments rJe cc chapi[re ont été, en grantle
à
rel,enus. A
cette liste déjà longue, on pourrait d'aillcurs ajoutcr de
rourbreux noms, tellcntcrt[ lir lteinture est restéc florissante e[
honorée en Belgique; mais il faut bien so bomer.
Lr grande peinture n'cst ptrs seule en lronneur dans notre pays:
on y cultive aussi l'aquarell,e({) avee succès. Prr con[re rlt rninintu,rc
etleltastel, cct ar[ charrnant et frirgile, lendent à disparaîtle. De
toutes parts, en irrt comme en littératute, 0rl recherche c< les acccnts
fernes, les brutalités saines, l'expression imnôtliate de la rtature.
Les modes factices sont, écartées prl le besoin tl'un arl réel et solide >.
Lr peinture sur fai'ence jouit aussi d'une ccrtaine vogue en
Belgiquc. Âu contrairc, lil peintu,re su,r uilrnun est fort abandonnée.
Sculpture. La sculpture belge contemporaine atteint uneccrtainc
-
hautetrr daus les æuvrcs de quelques artistes et en particulier clrrns
celles d,e Hessels, dcs trois fr'èles Geefs, de Eintonis, Itraikin,
Jacqu,et, Bow'é, tle Groot, Cuttier, ctc. Àvec lrassin,la statuaile est
entréc dans la périotlc réaliste et rraturaliste. La formule s'est élar"gie
et précisee avcc tle Vigne, l'nn der Stnppen, l'inpttc, trIignon, Je[
Lanrbe{wfr., cle Lalaing, ehe.
Gravùre. D'abord florissante en Delgiqu e,lt grnuu,re su,r ltois a etc
-
peu à pcu clélaissée. Par contro, lt lithographie, h
gru.u?u'c lilhogra-
Tth.irpteella grawtre ù.l'eau,-lbrre sont des plus prospùres en notle pa1's.
Un grand rtomble de nos peintres cn rcnom ont aussi été des
gr:lveurs de mérite. Tels furent Lau,ters, I"lu,rmois, Ilfatlou,, etc. Les
graveurs proprcnrent tlits lcs plus connns poltcnt les noms dc
Erin Corr, Meunier, Biot, Cuns, Ilrnnck,lflnre @' Conell eL tr'ëIicien
Rolts,lc premier aqua-fortistc (graveur' à I'eau-forte) de Belgique.
l$usique.
- L'école dc musique belge est.tr'ès rentarquable par sott
importartce et le nombrc de scs artistes, tant compositcurs que
viltuoscs.
Entre les musiciell$ compositcurs, signalons : tr'étis, de son vivant
directeur du conservatoiredeBruxelles ; trfiry ; Grisur ; Linmnnder ;
Sou,bre, nnciennement directcul du conservatoire tle Liége ; Geuaert,
qui a succédé à Fétis comme dirccteur du conservatoire de Bruxelles;
Peter Benoit, direeteur de l'école de tnusiquc d'Anvcrs ; Radoun, qul
ir lernplacé Soubre comme directeur du conservatoire de Liégc;
E.-J. et Lfun Sou,bre; l\lman, clc.
({) Àction de tremper le lin dans I'eau pour faciliter l'cxtraction tle sa partie
ligneuse.
\
({) Elle s'étend à tous les pays civilisés. Pour ious les pays de I'union postale,
f. l,iJ OGàiàii.e orOinrird ni Oepasse jamais 25 centimes. Lcs cartes'co*res-
poiàrn.r* à destination de ces pâys se paient {0 centimes'
(2) Comme, par exemple,le p-eràement de I'isthmg dg.-Sugzr.rlu.mont Cenis'
rtu St-Gogrard et ,rr'Iiilr;;t;
la fondation de I'Dtat indêpendant du
Congo, etc.
890 Hrsrotnn DEs BELcEs ET DE LEUtr crvllrsÀTroN
Belgique. ces derniers ont lieu chaque semaine dans torrte localité
de quelque importuce. Les foires n'on[ ptus reurs proportions
d'autrefois. Généralement, ce sont dc simpres marchés lux chevaux et
aux bestirux. Les autres foires, simples réunions d'acrobates, saltim-
banques et ambulants de toute espèce, se confonden[ ordinairement
rvcc les fôtes prroissiales. 0n ne s'y rend guère que pap désæuvrc-
ment et elles ne sc soutiennent que par l'habitude.
Erpositions universelles.
- Lcs expositions universelles ont aussi
grandement contribué à la dill'usion des procédés indtrstriels et à la
prr)sp$1'116 du commerce. La Belgique a fait deux expositions
universelles a Anvers, en {885 et en {894.
$pécufation. Les krachs. Les bourses rle comnrerce sonl sou-
le - -
vent, siège d'opérations d'un caractèrc assez doutcux. 0n y ren-
contrc des gens d'affaires (agioteurs) qui vendeut à ternre des actions
sans les posséder: d'autres qui les leur achètent sans avoir d'argenl,
pour les payer. Le jour de la liquidation arrivé, on solcle la clifférence
entrc lc cours du jour et, celui du cours au moment cle I'opération.
c'est ce qu'on appelle l'agiotuge otr jeu it, la baisse et ù, ta hausse.
La fortune de certains grands linanciers n'a pas d'autre origine.
Quelquefois, les agioteurs font monter, sur une prace, certains tit,res
à un prix qui ne correspond nullemenl, à leur valeur réelle. si les
cotes vicnnent à tombcr tout à coup, la baisse entraine I'effonrlre-
ment des fortuues dc boulse et russi, malheureusencnt, Ia perte des
petites éconclmics : ce désastre s'appelle krach (.1).
Les crises économiques. Â notre époque, il ne se produit plus,
-
comme autrefois, de ces thmines capables de dépeupler toute une
contréé, tandis que, faute de voies de communicrtion et de moyens
de transport, le blé pourrissait dans un pays voisin, Mais, à certaines
époques, surviennent des crises éconontiqu,es générales, sous I'in-
fluence de causesdiverses, telles qu'une grande guerre, la fermeture
de marchés très importants, I'excès de production (crises d'abon-
dance). etc. Âlors, toutes les classes sociales souffrent; les capi-
taux se cachent, les banques font faillile, Ies entreprises ne sc
hasardent plus; la consommation étant moindre, la production se
ralen[it et les ouvriers se trouvent sans travail. Les criscs de I'espèce
TITRE XIV
Vie domestique, coutumes et mæuns.
(,1) Letonnage total annuel peut ètre évalué à4,500,000 tonnes. En {89{,
ce tonnage total a été exactement de 4,684,822 tonnes. Il a été de 4,413,9r+O
lonnes en ,1892.
899 trrsrornn DEs BELcES ET DE tEuR.cIvILtsÀtIoN
SYNTHÈSE CÉITÉNIIN
DE
Â. Temps' Pnéhistoniques.
-
l. primitifs: terrains primitifs (d'oligne ignée) ou azoÏques /
- Temps Temps primordiaux (trois é:oqucs : le laursntien, le
(sans vie).
-
cambrien,le silurien); primaires (trois éporltles: lc dévonien, Ie carboni-
fère, le permien ou batracien); secondaires (trois époques : le triasique,
le iurassique et le crétacé) ; tertiaires {trois époques: l'éocène, le mio'
cène, le pliocène. Lr fin clu teltiaile contporte l'époque de la pierre
éclatée og éolithique). Emcrsiou de I'Ardenuc et du terrain houiller
-
belge aux temPs Primaires.
quaternaires (Age de la pierre taillée ou pôr'iode pal6oli-
Z.
- Temps lllesvin et dals la vallée
thique).
- Epoque chelléenne.
- Apparition,à
chelléen aux traits tlolichocéphales et ltro'
tle la llleuse, de I'homme
gnathæ- Douceur dc la température: I'honme vit nu e[ en pleip
iit. Choi* du sfle.r commc matière première dcs instruments et des
ùrmes.
Epoque moust6rienne Ou tluvio-glaciaire. - Àbaissement de la
température. Usage, pal'I'homme, de vêtcments' de glgttes et d'allris
sons roche. Disprrritiou de I'homnlc du lllesvin'
Epoque solulréenne. Emersiolt de la Belgique septentrionale.
travail
- pierre.
la Invention du procédé dè l'emntanehe-
Apogée du cte
ment.
Epoque magdalénienne. Substitution de I'os et de la clrneL\Û silex.
-
Inverttiotr del'aiguille ù chas. Réapparitiou de I'homme à lllesvin'
s[NTltlisFi GltNÉttallt DE L'IIIST0IIItt D]ts BItt{;lis 897
B. TemPs Pnotohistonlques.
-
(Age de la pierre polie ott pél'irltlc néolirhique).-
3.
- Temps acluets
Âpparil,iorr en nOS colltréCs tl'une nouvcllc race tl'honttlcs veuus dtt
Surt (vaflée clu flanube?). Dontcslication, tlcs unirnaun; ngriur'Iltt're;
polissuge tlc Ia .qtierre. IlIo numen Ls nr,égalitlttrltæs .
Temps actuels. (Age des métaux). l. Age du Dronze. - tisage dtr
-
bronæ proltablCrncnt irpporté par des ttttirchlnds ol'ientaux, t'ct's lC
xuu siècle av. J.-t.
du fer. .- Epoquc ccllique. tlont lrt
- utilisalion /br
2. du
- Age
corrnaissauCe est fournie à nos itncêtrcs par les Celles, peuple dc rlcc
ilryenlle (arrivés par la viillie du Dirnrtllc?). Les CcltCs donrlertt lCttr
nonr à lt Çellique
:rr.rssi dc rrcc' ilf)'cllllc
3.
- Eporiue
gauloise.
- Ilvasiol dcs Grulls,
(arrivés par la Gelmanie? ).La Celliyæ prend d'eux le ttotri ùe Guu,le .
successives de divc|s llcuples
4.
- Invlsions
germanique.
- Epoquo
tle race aryenne, mais d'origine get'ntattirlue : les Rolgs (qtriclotlttcnI
leur nom à h Belgique, pt.vs compris entre l'flcéàn, lû scinc ct, lrr
Marne), les Nert'icns, les 'I'réuiriens,, l4gs ^lthmtir1ues, etc. Colrrlttrirtc
de lzr Dclgique prl" les Ronu'ir?r' \:ers I'iin 50 il\I. J.-C.
C.
- Temps histoniques.
APPBNDICIi
Quelques mots sur la philosophie de I'histoire.
It
rnême que les homnres et les peuples n'on[ pas toujours pensé et agi
ltvcc les mèmes dispositions, cle même ils n'ouI pas toujours vu les faits
sous le mèmc aspect. Cc qu'a étc le gellre humain, I'histoire l'a été:
c'était, justiee que la peinl,urc variât, comme lc modèle.>
Le caractèrc et la formc de I'histoire tienncnt donc t\ l'état cle la
civilisation. C'est dirc que lir firçou d'écrire I'histoire a passô par
plusieurs phases que nous allons successivemenl rcncontrcr.
Première phase.
- L'un des traits pirrticuliers tle I'hornme primitif
est son esprit profondément religieux et poétiquo. Ne moyant rien
possible sans la volontô ou I'intclvention dcs dicux, rnrnifestécs par.
tles voies extrrordinaires, il introcluit à profusion le merveilleux
dans ses récits.
Les premières producl,ions historiqucs sont,, crr consét1uencc,
les cosmogonies et les poèmes racrés, comnc lc [,im'e 'dcs
Védns chez les ilindous, ou lcs traditious mythologiques, tellcs qu'en
ont eu tous lcs peuplcs tlarts lcur enfance et en prlticulicr lcs Grccs,
Ies Romains, les Celtes, les Germains et les Slaves.
Dsuxième phrse.-Dans la deuxièmc phasc dc lr civilisiltion, uous
voyons apparaître les (popées, qui servent de tlrnsition cntrc les
récits purement merveilleux et I'histoire propremclI ditc. Des
légendes et des héros y syrnbolisent toute unc époquc, touI un ordre
d'idées. Ce son[, par exemple, dttns I'Inde, lc Rlnrir"vanl et lc
lllahabharata, épopées à la fois épiques ct religierrscs, oùr dcs histo-
riens poètes,charttent Ia conquête dc I'Irtde par les Âtyas, vcrs lc
XVe siècle avant J.-C.
Ce sont aussi l'.ilirutla, daus laquelle Homère ({) célèbrc la luttc
légendaire des Grecs contre les Tloyen s; I'Odysséa, oir il raconte les
aventures men'eilleuses d'Ulysse à son retourde Troie; etc., etc.
Plus que les précédertts, les récits de ce genre laisseut les homrues
agir pour leur propre compte; s'ils fou[ encore unc llrgc part au
merveilleux, ils contiennent cependant, un fond plus irnportant, tlc
vérité.
Lcs hommes dont on raconte ici I'histoire ont eu ou on lerrl a
prèté des aventures extraot'dinaires : Runta,l'une des incarnations
de l'ichnou est, avec,Sfla, sa femme,le hétos priucipal du Ramayana.
te Mahabharal,:r chante les luttes de tleux puissautes frrmilles rivales,
({) Homère, tlont I'e:iistence est d'ailleurs fort problématique, vivrit vers le
IXc ou Xe siècle avant J.-C,
luu.os()r)ruE DE t,'tttsrotttr: ; 905
les Pandous et lcs hourous. Achille, Nestor, Ulysse, etc., les héros
fameux de I'Ilirtle et dc l'0dyssée, sonl, des personnages à demi'
historiques
Iroisièms phase.- Diuts sa troisième phase, I'histoire, abandonnanI
la formc lyriqut'. se fiit, réalistc, mais aussi clescend, comme genrc
littéraire, justlu'au degrÔ le plus bas.
Itlle se borne à raconter lcs événements aveclidélité et tcls qu'ellc
les aperçoit. Ellc les enregistre 'ir mesure qu'ils se produisent, année
par année, rl'oir lui estvenu lc norn d'annales,parlcquel on la désigttc
lorsqu'ellc rer'ù[ ccl,tc formc.
L'histoire, tlans sa lraute acceptiott, fait ressortit I'enchaîuemenb
logique'des événemeul,s, lcur évolution lente e[ ert quelque sorte
nécessaire et lcs rappor:ts cle causes ir effets qui les lient. Les attnales
ne sont pas dc I'his[oire i]u sens élevé du mot. Elles consignent les
faits par émit. cLins nn ordre simplemeltt chronologique; elles
n'établissent, enlfc ou\ àlucun rappor'l nattrrel de succession; elles
uc sottt,, en sorln'nc, (lLrc lcs matériaux dc la vérit,able liistoire :
< DIles soltt u l'ltistoilc, I rlit un écrivain, cc (ltlo lcs matériaux sonl,
ilu illonuulcnt où ils doivent ètre mis en æuvre. ))
La plupalt iles llcuples ont eu leut's ruuales; nrais la Chinc pré-
tend, sous ce r:rppot'1,, à I'artCiqui[é la plus recul(lc. Elle fait rcmonter
lcs siennes i\ I'an 333 t avant J.-C.
Confucius, qui vivlit vers I'att 500 avant J.-C., aécrit, sous formc
d'unnales, une histoire clc la Chine, depuis I'an 9200 avant J.'C. C'est
unc sèclte uomenclatut'c tlc faits historiques, sans chartnc li[téraire
ou poétique, sans nuculte vue large et générale.
Les annalcs tles peuples orientaux, commc celles des peuples
afi'icains, sortt, souvenl écrites sul' la pierre des monuments.
B1 Ég1'ptc, on l'entotltre, en grand ttotnllrc' des sculptures sur
lrielre comrnerttécs pitl' des inscriptiotrs hicroglyphiques. Lcs unes
ct les autrcs llous l'agontent I'histoil'e des rois, dcs prêtres et des
pcuples dc I'itttciennc Ûgypte, nous font connaitrc leurs idées et leurs
rrræurs.
Les auttales de llabylone et del{iniven'on[ poirtt été écrites suf la
picrrc, puisqu'il ne s'ell trouve pas en Agsyrie. Mlis I'art plastique'
qui parvint en cette contrée à un haut degré de perfection, fourni[
d'autres moyens de conserver les annales de I'enrpire. La terre
cuite y devint non seulemelt la base de I'architecture et de plusieurc
autres arts, mais aussi celle des tribliothèques.
0n a retrouvé, en masses considérables, dans lcs ruines assy-
.l
Cet enploi s'est letrouvé, duns les temps modcrues, chez lcs lûsto-
riographes des princes, I.,'historiographe ôtait, un fonctionrurire ofli-
ciellement désigné pour écrire I'histoirc tlu tcnrps. Il était gagb
pour remplir cet ofllce cornme l'étaitun juge pour.rendre la jus[ice.
Hn Grèee, lcs plernières rclations des faits lristoriques avant
Hérodote sont de sirnplcs chroniques {9). Blles sc lrpportent, uniquc-
rnenl, au canton, à la cité, au tcmple oir lcs au[,eurs r'écurent,. sans
ofirir jarnais aucune vue d'eusemblc (3).
Il est aisé de comprendre les raisons qui ont dtitcr.miné l'.adoption
dc cette forme historique. La Grèce n'était rtlors qu'uue expressiorr
géographique; les petites lations qui I'habitaicnt. jalouses les unes
des autres, étaient constamment en guerre entre cllcs. Un prtriotisnrc
des plus exclusifs s'y manifestait. Àussi les auteurs de récits histo
lir;ucs sc prôoccupaient-ils uniquement, dans leur$ trùr'aux, de cc
({) tes chroniqucurs, conne les annalistes, raconteul, dans I'ordr.c chro-
nologique les évéucments qui se sont produits aux temgrs oir ils vivaient, sens
en rechercher davantage les relations, les ceuses ou les conséquences. La
seule différencc à faire enlre I'annaliste et le chroniqueur est qué Ie premier.
résidait généralcment à la cour d'un souverain, tandis que Ie second vivait
dans une sphôre moins élevée.
(9) La forme ta plus basse de I'histoire se trouve pour la première fois chez
les Dgypl,iens, les Assyriens et les Chinois. 0es grandes monarchies nous ont
transg,ris, ggmme documents historiques, tles généalogies royales, des regis-
l-res d'expéditions mililaires, traités, listes de tributs, annalès ou chroniq-ues
de différentes sortes. c'est le plus humble degré de I'histoire. (Fr,tnr. rlrro-
ductionrp. Xll(, La philosophie de l'histoit'e en Francr)
(3) Esther, Rlcnrr.
ptilL0s0Prrili Dti L'uts't'OilIE 907
qui sc rapportait à leuls cortrritoyens, cl, non de cc qui se passâit
d'ilns les cités voisincs.
Quatrième phare. lcvèù, à partir clu v" sièclc av. J..C., utt
-L'ltis[oire
caractère plus géuérrl, plus élcvé, plus littéraire.
Lc premicr histolicn dignc rle ce nonr tlont les æuvres soieut
:rrrir'ées jusqu'it nous es[ Hirrorlotc (484 à 40li lv. J.-C.) surnommé, ir
justc titrc. Ie Pèrc de I'histoire. 0n lui doit, une histoire générale dcs
raccs helléniques cl, ders rrirl,ions u'cc lcsquclles ccs races étaient on
conlact depuis plusieurs siôclcs.
Thucyditle , rutrc historicn grec, prrrit rrirrrluaute ans plus tard. Il
racontc ct, interprète ll
guerre tlu Péloponèsc avec la hauteur de
rtres ct h froidc iurparl,ialitrl d'un lristorien modemc. La véritablc
histoirc cxistc cnfin.
Polybc (nô ù trlégalopolis, en Grèce) cn fait unc scicnce par son
Histoire génh"ulc ths (:irccs et tle.s llomuins, écritc ilu trc siècle
* itv. J.-C.
Qirelqircs lristoricns lourrins, vcnrls plus trrd, mainticnncnl, I'his-
toire à cettc hautcur'. Citons, panni lcs plus célèbres :
, T'iteLiue (lig rv. J.-C. {7 ap. J.-C.) auteur d'uue Histoire du
7 Rontnins, donl. la forrne admirirble, mlis dramatiséc à plaisir, fait
souvent tort à la vérité historique.
Tacile (li5 à lSli), qui, sans s'élever à h philosophie de I'histoire,
a possédé un bon nombre des qualités que nous rencontrons chcz
les grands historiens contcmporains. 0n consttrtc chez lui I'rmour
passionné de la libcrté perdue, uue granrlc rechcrche de style,
I'exactitude et lir beauté des dcscriptions, enlin, urte énergique
concision â\'ec un sens sùr de la valeur dcs homrnes ct des
choses.
Jules Ccsar dont les Commentaires (l) sout si justenrent célèbrcs.
Ils offrent pout-ôtrc le plus parfait, modèle d'urt genre historique qui
triomphe aujourd'hui, Ie genre documcntaire et réaliste. César y
raconte les événernenl,s avec simplicité, sirns inutilc amplillcation.
C'est le récit dc h vér'ité poul la vér'ité (2).
({) La ce.ste est le récit tlcs exploits d'un prince ou tl'un preux catolingien'
-Oï,fonne
ilj le nom tJ'haoiographe aux historiens qui écrit'ent la vie des
saiiris ou font I'histoire tles choses saintes.
PIIILOSOPIIII] DE L HISI'OIIIli ;909
Salls ilucutl rcligf poul' lcs plUs colsideraltlgs. Sotneul,-le r'écit d'unc
app:rrition, d'une éclipse, dluue pluio dc sang ou de pierles y tient
auturt, sinnn plus de place, que celui clu renvet'setttcttt d'unc dynastie
ou de quclque rutre fait qui meltuit, en pér'il I'cxistettcc mêrne dc
I'Etat.
Itentlons cepeudant justir:c à ces naïfs ér:rivrins. Si les ltistoliens
actuels sont à nrèrrie dc composer des æuvres d'urt ordre plus relevé,
c'est à lcurs tr;rvaux qu'ils le rloivent, comnlc c'est clans ccs trat'aux
qu'ils puisent lir couleur locale indispcnsallle.
A partir tlu xvc siècle appirt'aissenl, les mentriit"es, r'ricit.s persouttcls
dans lesquels un hontme t'tcoutc ce r1u'il rr fait ttu liettsc, Yu ott
entendu clire, souvent, pottr tt'titre coutntuttitluÛ ou llrrblié t1u'liprès sa
mort.
Parmi les autours de rnémoilcs, il ctt est qui racontent, simplemcrtt
poul rirconter; les événeprents nc les touchent qtle par leurs côtés
éclatanl.s; ils n'irpcr'çoivent dirus lir vie socirlc rlui sc cléroule sous
leurs yettx que les actions cle g^uerre, les hauts faits rl'artnes, ltls
grarrrls coups d'épéc, les touruois célèbres. Les causcs et, les cott'
sequcuces des ér'énernents les préoccupent peu. La lccture de lcurs
æuvres, intéressantc au prolnielr abord, ne tartle pirs à lasser. Tott-
jours reviennent lcs tnômes sujcts. 0n dirait pirrtout h'r descriptiott
des mêmes batailles, des mèmcs sièges, dcs rttètues tournois,
lacontés eu des termes prcs(luc i<lentiques. 0u cotitpt'end si cela
devient r,ite fastidieux. Aussi consulte-t-on surtou[ ces mémoires,
comme aussi les rtnnalcs, pour y vérilier dcs faits on poln'-v prcndrc
le ton de l'époque et la couleur loeille.
Il y a ensuite lcs mémoircs de ceux qui, uyiut[ toujours vécu à la
cour dcs princes, ne parlent quc des souvcririns ou cles grands. Telle
la Chronique de Froissart, cet historien pcu fuvorrble aux petits;
qui, parlartt du pcuple, dit : ttette ntertlaille.
Le niveau littéraire s'étanI rcler'é i\u xrye e[ lu xv* siècle, on voit
la manière de traitel l'histoire rcprendlc aussi nrtc allure plus lalge
et plus sévère. Froissart, Monstrelet, Chastelairt, Contittes, pour lle
parler que d'historiens nés sur notre sol, clrirtient lcur style, s'attt-
chent à faire une peinture exactc des no:uls, à clonuer lir couleur ct
la vérité à leurs tiibleaux, et, en ccrtains entlroits, ils rtpprécieltt lcs
faits avec une intclligcncc ct une hautcul dc vncs qui lcs rappro-
chent des bons historiens cle I'antiquité. Toutcfois, I'histoire. jusqu'à
Ia lin du xvrne siècle, demeure ù peu prr)rs exclusiverncnt biog'r:aphiqrrc
et ethnographique. L'histoire nniverselle rcstc a crôc'r.
9l0 [rs'r'onlu Dtis t]ELcES ET Dts LEUtt cIvlLISÂI'toN
- ({) De tlrct's, Dieut et deÀr.atos, puissrmce. Les théocrates sont les partisans
d'un gouvernement, oir les chefs de la nation commandent au ndm dc Ia
Divinité, [.rr gouverlement des Juifs était nnc tltëouatic,
gt2 ltts'rOIltti Dlis ltliLGES E'l' I)l'l LlitiR 0tvll,lsA'tl0N
({) Âugustin Thierry est aussi te chef tle l'école hislorique dile desa'iptiue.
exactitude.
--(2) ecoÏe s'attache suitout à raconter les événementsle avec
Ceifé
nom s'applique s6uvent
Guigotest lcchef del'école docttinairerdont
-fataliste
i i;écote el, à l'école optimiste. L'école tloCtrinaile ne raconte les
faits cue {ans le but de les apprécier. Ses jugements sont dogmatiques'
(3) îhicrs est consirléré comme le chef tle l'écolc/atolistc '
I'llll,0stllilil,: Dti t, ttts'l'oilili 9t3
Done, tous les vaiucus des luttes rle la vie rnér'itcut lcur sort. La
rnlxirne : malheur aux vaineus ! est légitime.
6o Un gt'and lnmtne est grand et iL est hontme z ses grandes qttal;ilés
seu,les appnrtiennent ù I'histoire; les auffes sont du, Tessort de ln hto-
graplYic.
0n a fait observer qu'une telle doctrine ïecomrnande'cn sornme la
falsification de I'histoire; qu'en outre, elle prêche une croyailce dc'
valets, puisqu'clle conduit à dresser des idoles et pousse à leur
rdoration. C'est par une applical,ion legrcthble de cette doctrine
r;uc Thiers, écrivant I'histoire du Consula[ et de ]'Ernpire, créa la
kigende napoléonienne, qui fut si nuisible à la France.
La théorie de Cousin sur la guen'e n'est pas moins eurieuse. Voici
le principe d'otl il part : La gu,erre est toujo[trs ju,sle, Iæ uainaæ ont
tou.jwrs tort.
Cousin avance cnsuitc que chaque nation représente une idée et
non une autre. a Dès lors, dit-il, les nations ne peuven[ manquer de
regarder leurs idées particulières comme exprimant la vérité totale
et par srritc tromrnc ayant droit ri une domination exclusivc et
tuniversclle. De là, I'origine de la guerre, qui est simplement, Ia
ccrllision des idées particulières dc chaque nation. Le résultaû
certain et, inévitable de Ia guerre est Ie triomphc de I'idée Ia plus forte
sur la plus faible, de la nrtion qui a sa carrière à foumir sur la rtation
qui a fourni Ia sienne. La gucrre est nécessaire et bienfaisante, car elle
est Ia condition et I'instrument du progrès.
Une bataille n'cst autre chose que le comba[ de I'crreur et de la
vérité; une victoire, le triomplrc de la vérité d'aujourd'hui sur la
rrlrité d'hier, qui cst devenue I'erreur d'aujourd'hui. C'esl, une
rrréplise que de parler dcs chances de la gucrue; I'humanité ne percl
l)às une seule partie, rucune batrrille n'a eu une issue défavorablc
pour la civilisation. Ln gucrre n'est pas seulcment nécessaire et utile,
elle est encore juste. Le parti vaincu-mérite toujours son sort, cl, le
parti vainqueur trionrphe parce qu'il est meilleur, plus prévoyant,
;rlus sage, plus méritant que son adversaire.
Edgald Quinet, qui apparticnt, à l'école démocratique, a vivement
conrbattu les princitrres de l'école fataliste dont il résurne lcs
cloctlines sous la forme paradoxtle suivante :
Les honmtcs sont des inslrumcnls aueu.glæ enlre les mains tlu Dætitt
=.. Tou,s llnt le contruire de ce qu.'ils uoicnl lhire : PIus ils sont grands,,
yluviLs sont aaeu,gles. : De ntùne, chnqu,e (u(nement proùtit Ie
V, llirsuet. - Histoire rles llelgcs.
914 lltsr'olnp DES IlELGlts ET DB LEUn cl{ll,lst'fl0N
(l) ll soutient, quc le plaisir n'est i1u'ult itnt pttrernenl négal.if, que la douleur
-.;iJ ;;iil;iiii.]voior1tiers il s'écrièrait rvcc .Sophocle. : a Ne pas naître est le
renl'rer
iÀri-f u plirs heurelx possible; nais ensuile.le.plus grand.bonheur.esl' de
i.ïr"i Byron:
iiià iiàssirrre ilans la éonrlition rl'oir I'ôn est sorti D, et avecjou.s-
-
tei joies que tes hcures o't conttttes ; cornpte ceux tle.. tes qui
nni et,i librcs"d'angbiises et, rluoi quc tu rics élô, apprcntls qu'il y a queltluc
"-dou,pte
chosc de mieux I tle Pâs naïtrc >.
9{6 IIISI'OIIIE DES BELGI]S DT DE LEUIÈ CIVTLISA'TION
({) I}e ælectut, choisi. La sélection es[ une loi naturelle en vertu de laquelle,
les races s'amélioremient progresslvement, lés individus qui la cornposeili'
recherchant d'instinct les conditions les plus favorables à leur développement:
pltrt.osoPutE l]E t ltttsrotnp 9{7
bien doués, contiuueront à ritre broyés pat ceux qui serout, le mieux
armés pour la lutte ou plus favorisés par les circonstances. Et sans
doute les forces les plus ênergiques de I'humanité fiuiront elles-
mèmcs par succomber lorsque la terre vieillie n'offrira plus sufii-
sammenl, dc re$sources à leur activité >.
Ces trations, il est vrai, laissent des délrris d'oùr s'élerent souvcnt
rle jeunes pcuples rptes n rccommcDoer ullc existcnce nouvelle. Il
lrrivc môme que cùs peuplcs noureaux, mieux armés pour les lul,{,es
rle la vie, fournisscnt une carrièrc plus brilltnte que lcurs dclanciers.
(Par cxemple, les Belges, peut-ùtrc les Italiens et les Grecs nôs, err
ce sièclc, à une vie nouvelle).
Tel est, à glands traits. le systènre de philosophie histor.ique basé
sur la marche similaire du progrès dans I'individun dans les peuples
et dans I'humanité, système auqucl l'école scientitque a tlonné tout
son développement. Lo développement des instit,utious éconorniqucs
ou socialesn (cx. : gildes et corporations, féodalité ct comrnunes),
obéit à la même loi.
Un grand physiologiste anglais, Huxley uoit, qu'il .v aurait, du
tlanger à pousser trop loin paleil rrrpprochement ou r\ y athcher trop
PHILOSOI}IIIE DN L'TTISTOIII!] 9r9
Lirssaux.
< La marche du soleil, dit Hégel, syrnbolise la marche de
I'csprit'
Comme la lumière pliysique du soleil yil d0 I'Est à l'$uest, ainsi fait
celle clu soleil dc
ja coriscience. L'Àsie est le point précis où il sc
lùve, le commencerncnt absolu de I'histoire; I'Europe marque
I'0ccident ou la 1in de I'histoire. L'histoire du monde oriental
com-
il
llence en Chinc, passe flans I'l1de, cle I'IlrIe ir la Perse, de la Perse
rle celle'ci ir l:r Grèce, de la Grèce à Rome et de Rome à Ia
I'Egypte,
(iermanie par I'intermédiaire du christianisme' rr
Il parait, difficile d'atlnrettre un rflpport cntre la marche des astres,
gouvemée par rles lois rnécaniques, et le progrès de la civilisation'
D'ailleurs cette
ôe serait, u-t-on 4it, sourtrettre la liberté à lir fatalité.
parait po* onôir été biel rigoureusement appliquée dans I'his-
loi ne
ioire, puisquc t'Bgyptc a été civilisée bien avaut la Palestine et
l'Âssyrie.
Trolsièmo loi. - II se prodtût, it, lotttes ks époqws historiquæ, un
de bas,,ùe utire des périodes Ûitiqws et dæ pétindes orga'
tn,ouuetnent
niques.
(l)' Le célèbre
Cette toi d.'alternanc,e a été formulée par Saint'sirnon
constate que I'esprit humain rnanifeste son activité
r.evolutionnaire
par deux modes d'action: l'anulyse ella synthd.se. 0r les sociétés
alterlativement, comme les individus' par
iui paraissent procécler
analyse et Par sYnthèse.
l)ansles,poqu,,d'analyse,lepeupleportesOlrattentionsuftout
rien : c'est
cc qui a trait à i'organisoiiori toôiulé. Il n'est contentde
ttne' périod e critiqu,e',c'eçt /e tentps des r é'uolutions'
Pages.
PnÉnecn .
l
I
A. Temps Pr'éhistoriques.
2t)
B, TemJn Pfotohistoriques. .
lElll,s lllsl'0ftIotlES
5t
(;HAPITRE I"r. Nos origines .