Mai 2009 ParisGo!
>>> Portrait
A 44 ans, l’ex-ministre de l’outre-mer s’aère à Troyes
François Baroin,
épicurien pudique
Bon vivant au physique de gendre idéal, ce Parisien d’origine,
chiraquien de cœur, attend sagement que le sarkozysme passe.
«J e me sens pro-
fondément
bien à la cam-
pagne », s'en-
thousiasme le député UMP de
l'Aube et maire de Troyes, né
dans le XIIe arrondissement et
« Je suis heureux de pouvoir
élévé à Nogent-sur-Marne.
développer un bout de terri-
toire », précise l'ex-chargé de
mission à la mairie de Paris,
qui s'adonne désormais à la
chasse et à la pêche en jurant
la main sur le coeur ne jamais
s'ennuyer.
Son quotidien est fait d'aller-
retours : plus de la moitié de la
semaine sur ses terres électo-
rales, le reste à l'assemblée na-
tionale. Sur son agenda
parisien, des réunions durant
lesquelles il lance des piques
remarquées sur l'audiovisuel
ou l'OTAN. Il célèbre aussi ré-
gulièrement ses retrouvailles
avec les survivants chiraquiens
lors de repas s'éternisant dans
les meilleurs restaurants. Le
provincial comblé en rupture
lesse : « Sarkozy me propose
de banc lance en toute gentil-
une traversée du désert, je
l'accepte avec bonheur et sou-
rire. » Un gentil sourire et des
son surnom tenace: « Harry
lunettes rondes qui lui ont valu
Potter ». Et même s'il opte
désormais pour des lentilles, il
conserve sa tête de premier de
la classe.
Une vocation avortée
aucune ligne « Ena » ou
Pourtant, son CV ne comporte
« Science Po ». Penché en
avant sur une chaise de son bu-
reau parlementaire, les coudes
sur les genoux et la cravate
pendante, il se souvient de son
« J'étais capitaine, mais pas vraiment leader. »
grand rêve d’adolescent : vété-
rinaire. Mais loin d'être un
élève modèle dans les très
chics collège Stanislas (VIe) et
au lycée Claude Bernard
(XVIe), le jeune Baroin joue
« J'étais capitaine, mais pas
assidument au football.
vraiment leader. Je bossais
moyennement. Pendant les
cours, je n'attendait qu'une
seule chose: que la cloche de
la récré retentisse. » Suractif,
il se disperse dans d'autres ac-
tivités. Ses résultats scienti-
fiques sont insuffisants pour
concrétiser sa vocation de vé-
térinaire. Il se tourne alors vers
une école de commerce, mais
bifurque rapidement vers le
journalisme via Europe 1, d'où
il part tous les soirs en catas-
trophe sur son scooter pour ral-
lier Paris VIII et ses études de
géopolitique. En 1993, il de-
vient le plus jeune député de
France. Mais, autre surprise,
l'étudiant Baroin sait aussi
faire la fête. Beaucoup même.
A 18 ans, avec deux amis, il
écume les rallyes guindés, les
caves de Saint-Germain-des-
Prés et les clubs des Champs-
Elysées. Non pas comme club-
de soirées-DJ « pour se faire
ber mais comme organisateur
des thunes », à l'époque des vi-
nyles.
Séducteur traqué
Inutile cependant de lui de-
lantes. « Vous connaissez ça
mander des anecdotes croustil-
mieux que moi », botte-t-il en
touche. En le questionnant sur
le lieu qui symbolise à ses
yeux le Paris-by-night d’au-
connaisseur trop pudique : « Si
jourd’hui, il répond en
je devais sortir jusqu’à deux
heures du matin, j'irais dans
des bars lounge où les clients
sont presque allongés sur les
banquettes. Ensuite, je me ren-
Daniel le Névé
drais chez les professionnels
de la nuit. A présent, je suis
trop fatigué pour ça. » Une re-
chute de langue de bois de
l'ancien porte-parole du gou-
vernement Juppé ? Sûrement.
Mais aussi une prudence due à
des cicatrices de presse. Une
presse vorace qui se précipite
pour le photographier aux bras
de (très) jolies femmes
connues. Ces indiscrétions lui
ont récemment fait dire à une
sentait épié « comme un pois-
classe de collégiens qu'il se
son rouge dans un bocal ».
Séducteur à la voix grave et au
verbe fluide, François Baroin
fut un jeune père, dont les trois
enfants sont à présent adoles-
cents. D'où ses soucis d'orga-
nisation dominicale dans la
capitale. Retour à la case mo-
dèle d'un homme à rebondisse-
ments. Pas si lisse. Pas si sage.
Paul Larrouturou
Juste au vert.