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Ethique et déontologie

(CASPER) cours n°5 du 9/12/09


Alors, donc nous allons terminer en essayant de réfléchir ensemble à partir des questions que vous
pouvez vous poser, des questions que vous rencontrez vous à partir de votre expérience de la pratique
clinique. Avant d’engager un échange avec vous au sujet de cette dimension éthique au combien
fondamentale, essentielle pour nous, je voudrais profiter de ce moment où nous nous voyons, toute la
promotion, une dernière fois avant les vacances de noël : je voudrais savoir si vous vous posez encore des
questions par rapport à la première session d’examens du premier semestre, qui va démarrer en fait assez
rapidement à la rentrée ? Pour vous les épreuves sont prévues, je crois, le 8 janvier. Donc je voulais
m’assurer que tout était clair pour vous. Vous savez à quoi vous attendre, à peu près en tout cas, pour cette
session du premier semestre ? S’il reste vraiment des questions et s’il y a des points qui ne sont pas clairs,
je souhaiterais qu’ils le soient, d’abord parce que vous méritez de profiter au maximum de cette période
de congés, et je ne voudrais pas que vous soyez encombrés par des questions. C’est bon alors pour vous
là ?

-Question : J’ai une question par rapport au rapport de stage, est-ce que vous en savez un peu plus ?
-Casper : Alors, le rapport de stage va concerner non pas la première session mais la deuxième
session, c’est-à-dire la session du 2e semestre, donc il ya encore un peu de temps. On a vu arriver des
choses plus importantes pour le moment donc je pense qu’on va s’en occuper en janvier. C’est-à-dire
qu’on va préciser les choses quant à la façon de répartir ou d’envisager l’évaluation du rapport de stage.
De toute façon, rapport de stage il y aura, ça c’est sûr, mais il faut encore que l’on discute de certains
points d’évaluation très concrets, très pratiques par rapport à la correction. On n’a pas eu l’occasion de le
faire, et je ne vous en dirai rien, car ce serait anticiper sur une discussion qui n’a pas eu lieu encore. Donc
je ne sais pas si je réponds à votre question ; cela dit, pour le moment, ce sont des préoccupations qui ne
devraient pas trop entraver votre formation. Je pense que même si vous êtes dans un travail d’écriture de
votre expérience de stage, et ça j’espère que vous l’êtes dans un travail d’écriture de votre expérience,
vous n’êtes pas encore arrivés à cette étape de rédaction, d’écriture du rapport de stage. Mais ce que je
peux vous dire c’est « écrivez » autant que possible, écrivez l’expérience de stage, écrivez ce que vous y
rencontrez, parce que tout ce que vous écrivez là va pouvoir vous permettre de rédiger justement ce
rapport de stage. Voilà.
-Question : J’avais quand même encore une question, l’épreuve concernant les cours de Mr Pommier,
je viens de découvrir ce matin sur l’affiche qu’il y a également présentation de malades. Donc ça veut dire
que ce qui nous est enseigné à ce niveau là est inclus dans l’épreuve ?
-Casper : Non, non, de toute façon la présentation de malade, je ne vois pas comment elle pourrait
donner lieu à une évaluation. C’est juste l’intitulé.
Alors ce qu’il faut vraiment que vous sachiez, c’est que, je vous l’avais dit, rappelez vous cela, en
début d’année nous avons été obligés d’organiser cette formation en M2 en semestrialisant et en
appliquant en fait une vraie semestrialisation. Cette vraie
semestrialisation se solde par une évaluation au bout du premier semestre. Donc on a été obligé de
regrouper les enseignements ou des points de formation dans des UE, et des associations peuvent paraître
un peu particulières, mais on a réorganisé les choses de façon à semestrialiser les UE, et de façon à ne pas
trop vous surcharger, ne pas trop charger l’évaluation du 1 er semestre. S’il n’y en a pas eu jusqu’à
maintenant d’évaluation du 1er semestre, c’est qu’elle ne nous paraissait pas indispensable, donc on
n’allait pas du coup faire peser cette session du 1er semestre.

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Il y a encore un point d’interrogation, l’UE psyché/soma niveau 1 : là vous savez que vous avez un
dossier à constituer. Alors ce dossier est un écrit de 4 ou 5 pages que vous allez devoir rédiger. Vous allez
avoir 4 sujets au choix, 4 enseignants dans cette UE vont vous proposer un sujet de réflexion, à partir
duquel vous rédigerez ces 4 - 5 pages. Vous en choisirez un parmi les 4 qui vous sont proposés, et la date
de remise de cet écrit est fixée au 20 janvier.
-Question : Est-ce-que Mr Pommier va continuer sujet-culture au second semestre ?
-Casper : Alors ça, je ne sais pas précisément où en est chaque enseignant dans son enseignement.
S’il n’a pas terminé, bien sûr qu’il va continuer.
- Question inaudible concernant le créneau horaire de ce CM de Pommier :
-Casper : Je vous épargne, ça c’est pour moi ça, je vous épargne les difficultés d’organisation au
niveau de l’emploi du temps. C’est très serré, ça va l’être de plus en plus. En plus, c’est vrai que c’est très
serré, et il y a non seulement les 3 jours disponibles pour les cours que sont les mercredis, jeudis,
vendredis, mais il y a aussi l’exigence des enseignants eux-mêmes dans leur propre emploi du temps, et
ça peut coincer partout là. Bon en général on trouve une solution, mais ça met parfois un peu de temps.

Voilà, d’autres questions ? Non, alors je vais vous donner une petite photocopie de quelques
indications de lectures par rapport aux questions que nous avons soulevées dans le cadre de cet
enseignement. Ce sont des textes qui concernent essentiellement la dimension du secret que j’ai abordé
avec vous, et dont je vous ai fait un exposé assez serré la fois dernière. A priori il y a parmi ces références
celles que j’ai mentionnées dans le petit document, j’espère que vous l’avez récupéré. Un petit document,
il vous a été transmis ce document ? Un document qui reprend des extraits des textes de loi concernant le
secret ; il y a une petite biographie à la fin ou au début, je ne sais plus exactement, c’est à peu près la
même, peut-être un ou deux textes que j’ai ajouté là sur cette liste.

Alors, je vous rappelle que la fois dernière je vous ai proposé un travail de réflexion qui m’anime
depuis quelques années maintenant, essentiellement sur le versant bien sûr de la pratique clinique, et en
particulier de la pratique psychothérapeutique, et à partir d’une réflexion qui se nourrit aussi de questions
qui ont trait à la recherche. Je vous ai donc proposé de distinguer, par rapport à cette réalité dont j’ai
souligné en fait le flou, cette réalité du secret, cette réalité que l’on appelle communément celle du secret
professionnel ; je vous ai donc proposé une distinction entre ce qui relève du juridique, ou en tout cas
cette dimension du secret prise dans une logique qui est celle du juridique ou de l’institutionnel, et de
distinguer cette réalité là d’une autre réalité qui est une réalité cette fois clinique pour nous, et qui nous
met en fait en contact avec ce qui fonde notre pratique clinique. Alors, avec ce qui fonde notre pratique
clinique, mais aussi avec la façon dont nous pouvons envisager de travailler cette dimension psychique
inconsciente qui est quand même au cœur de notre pratique.

Alors, je vous l’ai dit, pour faire la distinction, j’ai retenu avec des collègues dans le cadre d’un
groupe de travail, j’ai retenu donc l’expression de « discrétion absolue ». Je tiens beaucoup à cette
expression, je tiens beaucoup au qualificatif d’ « absolue », puisque je vous l’ai dit la fois dernière, ça me
semble important de le rappeler : le principe de la discrétion ne souffre pour nous, dans notre visée
clinique, donc essentiellement psychothérapeutique puisque je souhaite la désigner, ne souffre en fait
aucune condition. Elle est absolue parce qu’elle ne souffre aucune condition. Elle est
inconditionnelle, cette discrétion est absolue car elle est inconditionnelle. Rien à
l’extérieur ne peut entraver cette discrétion.
Alors, je vous l’ai dit aussi, ce qui est du coup très compliqué dans notre pratique, c’est que nous

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sommes à la fois dans un travail clinique avec une visée qui nous est propre et que
l’on atteint en mettant en place un certain accompagnement, et donc en mettant en
place aussi un certain accueil de la parole de l’autre dans ce cadre là ; et nous sommes
aussi en tant que professionnels, nous sommes aussi tenus à respecter les textes de loi. Parfois, c’est vrai
que nous rencontrons des situations de ce point de vue là qui sont un peu délicates et un peu complexes.
Mais la distinction que je vous propose entre dimension du secret sur ce versant juridique et
institutionnel, et dimension du secret qui touche plus précisément la partie clinique : cette distinction
permet vraiment de penser ces situations un peu délicates ou complexes que l’on peut rencontrer.
Alors, je vous rappelle aussi et une question avait été posée à ce sujet là la fois dernière, il me semble
que cette distinction entre ces différents niveaux du secret professionnel permet aussi de préciser ce qu’est
la parole pour nous dans notre clinique de psychologue, ce qu’est la parole pour nous, et l’axe que j’ai
que j’ai emprunté pour cet éclairage est celui d’une autre distinction pour distinguer
information et parole. Information et parole, je vous l’ai dit la fois dernière, pour moi ce sont deux
choses qu’il est important de différencier. Et si l’information peut en certaines circonstances être la
propriété, soit de la justice, soit de l’institution lorsque cette information par le biais de la prise en charge

la
est confiée, si l’information peut être la propriété donc de la justice ou de l’institution,

parole dans ses modalités à la fois énonciatives et donc


psychiques ne peut appartenir qu’à son auteur. C’est vrai que dans les
cadres psychothérapeutiques c’est tout à fait particulier puisque la parole appartient bien sûr à
la personne qui parle au psychologue. Et pas dans n’importe quelle relation puisque c’est
dans le transfert que la personne adresse sa parole. Et c’est vrai que dans le transfert, c’est aussi un
élément tout à fait intéressant à développer, c’est que dans le transfert, l’adresse ne cesse de se dérober. Et
c’est bien dans le cadre de cette relation particulière que la parole s’élabore et qu’elle manifeste quelque
chose de la réalité psychique qui est notre objet.
Alors cette question de la discrétion absolue ne peut pour nous se développer, s’appuyer, se soutenir
qu’à partir du moment où la parole est nouée, où on envisage la parole dans son nouage au psychique et
en particulier à l’inconscient.
Alors c’était donc ce que je vous avais proposé la fois dernière. Je me disais que finalement, c’est une
réflexion que je me faisais encore ce matin, les 2 axes de réflexion que je vous ai proposé dans le cadre de
cet enseignement, que ce soit celui qui concerne ce qu’on appelle le secret professionnel, ou alors l’autre
axe de réflexion qui est de mettre en réflexion la pratique de la recherche et la pratique du psychologue
clinicien ; ces deux axes là nous confrontent à la nécessaire étanchéité que l’on doit mettre en place
lorsqu’on s’engage dans un travail clinique. Et je vous le redis, quelle que soit la façon dont vous allez
pouvoir penser ces aspects là de la clinique, ces aspects là éthiques : ce qui est important c’est que vous
vous donniez les moyens de le penser. Vous le pensez aujourd’hui avec moi, dans le cadre de votre
formation, éventuellement dans le cadre de votre expérience de stage, et puis vous le penserez dans
quelques semaines ou quelques mois en tant que psychologues, dans une fonction qui est celle du
psychologue. Vous continuerez j’espère à la penser.

Alors je voulais aujourd’hui vous proposer de terminer sur un échange à partir des réflexions ou des
questions aussi que cet enseignement a pu susciter pour vous dans l’expérience de la clinique que vous

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avez. De terminer sur un échange, et je vous propose du coup aussi d’entendre et d’écouter ce que vous
pouvez rencontrer de ces questions là, sachant que quel que soit le stage, lorsqu’on travail comme
psychologue clinicien, à un moment donné ou à un autre on les rencontre ces questions là. Je vous l’ai dit,
la parole du psychologue est
ça aussi c’est quelque chose qui traverse cet enseignement :
extrêmement sollicitée. Les institutions et les personnes qui y travaillent, les
instances attendent quelque chose du psychologue.

-Question : Par rapport au secret, enfin c’est pas vraiment une question mais c’est plutôt une
remarque : je suis au stage au foyer de l’enfance à la pouponnière. Les petits, tous petits, lorsqu’ils sont
en entretien avec la psychologue sont systématiquement avec leur maternante. Et il est demandé à cette
maternante de relayer auprès de l’équipe certaines choses dites en entretien parce que c’est plus du
soutien que du thérapeutique. Le travail thérapeutique, le soin s’il est nécessaire se fera en extérieur. Mais
c’est forcément relayé à l’extérieur, et c’est adapté au calendrier (ou « cadre » ?) éducatif parce que par
rapport à certaine limites, notamment de certains enfants qui les interrogent très très fort, c’est abordé en
entretien avec la psychologue et c’est repris ; et en fait la maternante va le reprendre de là ou elle en est
avec ses filtres, et elle va le relayer d’une certaine manière qui après échappe complètement. Et la
question du secret là, c’est pas qu’elle est inexistante, mais il y a un non psychologue dans le bureau de la
psychologue.
-Casper : Alors, par rapport à une question comme ça qui est intéressante, on peut repérer plusieurs
niveaux :
Alors il y a un 1er niveau qui est celui de l’objectif que le psychologue peut se fixer lorsqu’il se trouve
être en entretien avec quelqu’un, de l’objectif qu’il peut avoir dans un entretien, parce que c’est vrai que
finalement dans une institution, le psychologue peut se retrouver en entretien dans le cadre qui est très
classiquement celui de l’accompagnement psychothérapeutique, la psychothérapie, un travail de ce type
là, une rencontre à visée psychothérapeutique, là j’introduis des nuances parce que je pense qu’elles
peuvent être intéressantes à poser. Et puis, le psychologue peut se retrouver aussi en entretien avec le
directeur de l’établissement, il peut se retrouver en situation d’entretien avec un éducateur, et ce sont des
entretiens qui n’ont pas forcément de visée psychothérapeutique. Donc là, ce que je vous ai proposé, cette
distinction, elle s’appuyait sur, en tout cas elle s’inscrivait pour moi dans un cadre très particulier qui est
celui du travail psychothérapeutique, de l’entretien psychothérapeutique, ça c’est une 1 ère chose qu’il est
important peut-être d’indiquer. Donc cela fait partie de la réflexion que l’on peut avoir, et c’est pas une
question simple, que de pouvoir préciser l’objectif que l’on a dans un entretien, lorsque l’on se retrouve
en entretien. A quoi répond cet entretien, à quel objectif ? Question qui n’est pas
forcément simple.
Alors, je mentionne assez rapidement cette histoire d’objectif, parce que vous dites que le
psychologue a finalement proposé, demandé à la maternante de faire part. Bon, cela ne peut prendre place
que dans un certain objectif.
-étudiante : C’est toujours par rapport à une cohérence d’équipe quand même, parce que c’est pour
des enfants qui ont besoin de continuité dans leur prise en charge aussi. Que ce soit les mêmes discours à
tous les niveaux, enfin pas à tous les niveaux, mais il faut qu’il y ait une ligne de conduite, parce que ce
sont des enfants qui interrogent très fort ça, et si à un moment donné ils se rendent compte que l’adulte ne
parle pas avec l’adulte, ça peut, on va dire pas exploser mais ça peut être assez violent quand même.
-Casper : Du coup, on voit bien que la question se pose par rapport à un objectif qui serait un objectif
ou l’objectif du psychologue vis-à-vis ou à l’égard de l’équipe. A l’égard de
l’équipe ou du travail d’équipe. Donc là on a un objectif qui est très particulier et qui peut amener le

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psychologue à viser, alors je vais dire les choses comme ça, je ne sais pas si vous saisirez la nuance, mais
à viser éventuellement la transmission de quelque chose. Alors je dis les choses comme ça parce que viser
la transmission de quelque chose, on peut viser cela de mille façons possibles. On peut viser par exemple
cela en demandant, donc en formulant littéralement cet objectif, en demandant à quelqu’un de transmettre
à quelqu’un d’autre. Mais dans une pratique clinique on peut aussi viser la transmission en ayant le soucis
de ne pas la faire exister dans une demande. Vous pouvez viser la transmission de quelque chose en
l’installant dans l’entretien, mais sans pour autant en faire l’objet d’une demande. J’espère que vous
saisissez la nuance ?
Lorsque vous demandez quelque chose à quelqu’un, vous vous mettez dans un certain rapport à cette
personne, et dans rapport que vous ne pouvez que situer dans un rapport de professionnel à autre
professionnel, ou de professionnel à la personne qui bénéficie de la structure ou de la prise en charge. Là
on est quand même dans un rapport particulier. Lorsque vous demandez quelque chose à quelqu’un,
d’abord ça passe dans une formulation qui fait exister l’objet de manière tout à fait explicite, et vous
mettez, donc dans ce rapport, vous mettez la personne, vous la situez par rapport à vous dans la
perspective de répondre à votre demande, de faire finalement ce que vous lui demandez. Vous la mettez
littéralement dans cette perspective là lorsque vous formulez votre demande. Il y a dans un entretien
d’autres façons de faire exister quelque chose à transmettre, autrement que dans la demande explicite. Et
vous pouvez le faire exister de cette façon là justement pour ne pas mettre la personne dans cette position
de devoir faire ce que vous lui demandez, même si c’est fantasmé.
-étudiante : Mais quand je parlais de demande, la question que je me pose du coup c’est, en fait c’est
pas explicitement dit « ça il faudrait le reprendre à l’extérieur », c’est plutôt d’avoir expliqué à un
moment donné aux équipes que ça peut prendre sens, cette présence avec elle dans le bureau, que s’il y a
quelque chose de l’entretien qui est relayé à l’extérieur.
-Casper : Je ne connais pas votre situation.
-étudiante : Non mais j’étais en train d’y réfléchir car ce n’est pas anodin de mettre cette personne à
cette position là, car cette demande elle peut très bien la…
-Casper : Je disais cela car vous avez fait une remarque tout à fait judicieuse qui est que finalement
ça échappe au psychologue après. C’est-à-dire que le psychologue lorsqu’il est en entretien avec une
personne, ce que cette personne va faire de cet entretien, ou le destin que cette personne va réserver à ce
qui se dit dans cet entretien, ne nous appartient pas. Ca vous échappe de toute manière, il faut l’accepter
ça. La question du secret ou de la discrétion absolue, elle ne se situe pas là. Ca de toute façon ça vous
échappe, et la question que j’ai posé la fois dernière : « mais finalement dans le cadre
psychothérapeutique à qui appartient la parole ? », c’est une question fondamentale. Je crois qu’il est
peut-être, ou en tout cas je vous mets sur cette voie là, vous en ferez ce que vous voudrez, mais la parole
n’appartient pas au psychologue. Et il n’y a du coup peut-être pas lieu de s’inquiéter ou de veiller à ce que
ça ne sorte pas de ce cadre là, à s’inquiéter de savoir ce qui va pouvoir circuler. Ca échappe de toute
manière. Ce qui échappe c’est le destin de cette parole, ça vous n’en n’avez pas la maîtrise et
heureusement. Là où ça ne vous échappe pas, c’est ce que vous pouvez installer entre vous et la personne,
et ce que vous pouvez lui signaler de la valeur que prend cette parole ou la parole dans ce cadre là. Ca ça
ne vous échappe pas, c’est quelque chose qui vous appartient. Et la façon dont la personne va pouvoir se
saisir de cela, ça vous échappe et heureusement.

-Question : Je voudrais poser la question des entretiens qui justement n’ont pas de visée
psychothérapeutique. Disons que cette différence entre l’entretien de soutien ou l’entretien qui peut
aboutir à un travail de psy dans l’équipe, mais qui n’aurait pas a priori cette visée psychothérapeutique,
cette étanchéité à mettre entre la question de l’information et de la parole, c’est tout de suite beaucoup

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plus flou pour moi. Et la sollicitation, je trouve, est d’autant plus grande de la part de l’équipe quand
justement il est clairement posé qu’il n’y a pas de psychothérapie dans l’institution. Donc je trouve qu’on
vient plus facilement solliciter ce qui se dit dans ces entretiens.
-Casper : Alors, « il n’y a pas de psychothérapie dans l’institution » : il y a quoi alors ?
-étudiante : Je parle de manière générale là.
-Casper : C’est une question qu’il faut poser pour vous dans l’institution, ou les structures que vous
connaissez, mais pour chacun d’entre vous dans les institutions ou vous rencontrez de la pratique du
psychologue clinicien. Parce que le cadre, encore une fois ce sont les termes qui sont utilisés pour
qualifier une certaine pratique du psychologue. Et c’est vrai qu’il y a dans certaines institutions, mais ça
vous le savez, dans certaines institutions le terme de psychothérapie est mis de côté, pour des raisons X
ou Y. Ca ne signifie pas que le psychologue ne soit pas engagé lui dans un travail de type
psychothérapeutique avec les personnes qu’il accueille dans son bureau. C’est vraiment important cette
différence et elle souvent extrêmement éclairante et très indicative aussi de l’institution et de l’histoire de
l’institution, et de l’histoire du psychologue dans l’institution. Des termes qui sont utilisés pour qualifier
finalement le travail du psychologue dans l’institution. C’est vous qui évoquiez la différence que l’on peut
faire entre une psychothérapie, un entretien de soutien, bon, il y a toute une série de termes, mais peut-
être que d’autres sont en train de s’inventer, et peut-être que vous en inventerez je ne sais pas. Il y a toute
une série de termes que l’on peut utiliser pour qualifier et du coup identifier aussi d’une certaine façon,
mais pour signaler plutôt le travail spécifique du psychologue. Il y a pour ma part quelque chose qui peut
être intéressant, c’est de passer par la dimension psychothérapeutique. Très fréquemment, que ce soit dans
des entretiens de soutien, dans des entretiens qui sont dits de psychothérapie, ou moi par exemple il
m’arrive assez souvent en institution de parler d’accompagnement psychothérapeutique ; ça c’est le seul
terme que j’ai adopté. Donc que ce soit de l’accompagnement psychothérapeutique, que ce soit un suivi
psychologique, pourquoi pas, ça c’est aussi des termes consacrés, des désignations très classiques : dans
toutes ces appellations se niche d’une façon ou d’une autre une dimension psychothérapeutique. Je ne
vois pas comment il pourrait ne pas y avoir de dimension psychothérapeutique, ou peut-être même plus
précisément de visée psychothérapeutique, dans toute ces appellations de ces activités de psychologue. Ca
ça fait partie pour moi très clairement de la visée du psychologue en entretien avec les personnes qui
profitent de la prise en charge de la structure.
Après, à côté de ce type d’activités, il peut y avoir toute une série d’autres activités, notamment
d’autres activités qui touchent plus précisément à l’organisation institutionnelle : ce qu’on appelle très
rapidement parfois le travail institutionnel. Effectivement le psychologue peut se retrouver en entretien
avec des professionnels, et non pas avec les personnes qui profitent de la structure, mais avec des
professionnels.
Alors, il y a donc cette différence là qui me semble importante, et effectivement dans certains
entretiens, il peut pour le psychologue ne pas y avoir de visée psychothérapeutique. Alors, c’est vrai que
la question peut se poser autrement pour lui. Parmi les activités du psychologue, il y a souvent ces
activités qui mettent le psychologue en contact non pas avec un professionnel dans un entretien
individuel, mais avec plusieurs professionnels dans le cadre soit de conférences, soit de groupes de
supervision des pratiques, enfin des choses comme ça. Là aussi, il y a un aspect qu’il est intéressant de
prendre en compte, c’est le collectif, parce que là le psychologue n’est pas seulement en lien avec un
professionnel, et donc avec les interrogations qui sont celles de ce professionnel là avec lui, mais le
psychologue est en lien avec les questions qui de manière assez transversale concernent un
métier ou des métiers dans l’institution. Alors, je ne sais pas si vous pouvez préciser votre question ?
-étudiante : Là finalement vous y avez répondu en disant que quels que soient les types d’entretien, il
y a toujours une dimension psychothérapeutique.

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-Casper : Oui, alors j’ai répondu d’une certaine façon, c’est-à-dire que la discrétion absolue dont je
vous ai parlé la fois dernière, comme elle a à voir avec cette visée psychothérapeutique, à partir du
moment, et quelle que soit l’appellation que vous utilisez pour qualifier votre activité, à partir du moment
où il existe une dimension psychothérapeutique, vous pouvez effectivement être amenés à penser cette
discrétion absolue, ou à avoir le soucis de cette, alors je vais dire les choses comme ça parce que je crois
que pour le psychologue c’est vraiment comme ça que la question se pose souvent en institution : peut-
être d’avoir le soucis de cette discrétion absolue.

-Question : Moi je fais un stage en maternité, et je suis toute seule au sein de l’équipe, il n’y a pas de
psychologue, et donc j’ai quand même ce rapport à l’équipe à avoir. Je ne peux pas, secret professionnel
OK, mais je suis désolée pour moi c’est quand même une question : je ne peux pas ne rien dire, sinon je
me coupe de cette équipe. Et ça je n’arrive pas.
-Casper : C’est vrai, c’est quelque chose, et là aussi à vous de faire votre propre chemin par rapport à
ça. Lorsque je parle de discrétion absolue, ça ne veut pas dire, et ça ne signifie pas que le psychologue est
muet. Surtout pas, car il travaille bien dans une équipe et justement le travail du psychologue en équipe et
le travail que le psychologue peut avoir avec l’équipe, c’est pas tout à fait pareil ; le travail en équipe et le
travail avec l’équipe est passionnant, et je crois que le psychologue a beaucoup à apporter. Aussi bien au
travail en équipe qu’avec l’équipe, ou au travail de l’équipe. Il a plein de choses à apporter qui sont
passionnantes, donc il ne s’agit pas de ne rien dire. Il ne s’agit surtout pas de se retrouver, et c’est pas
tellement dans le faire, là aussi j’essaie de vous décaler autant que possible de ça, c’est pas tant dans le
faire que la question se pose, mais c’est dans cette disposition intérieure à avoir. Il ne s’agit
pas pour vous, et je comprends en même temps que dans l’expérience que vous avez-vous soyez
confrontés à ça, il ne s’agit pas que vous soyez dans cette disposition intérieure que vous manifestiez
ce « je n’ai rien à dire » : ça ce n’est pas possible, en tant que psychologue on a toujours quelque chose à
dire. Alors ça peut paraître une pirouette mais ça n’en est pas une : il y a des moments où parfois ne rien
dire, c’est dire quelque chose. Mais ça ne veut pas dire être un psychologue muet. Ce n’est pas parce que
vous ne répondez pas à l’attente qu’on formule à votre égard, ou à l’attente que vous supposez être celle,
là aussi nuance importante, que vous supposez être celle du professionnel qui vous sollicite, ce n’est pas
parce que vous ne lui répondez pas que vous n’avez rien à dire. Et encore une fois, dans ce que vous
pouvez avoir à dire, un « rien à dire », c’est au contraire dire quelque chose.
Alors, je vais vous dire encore deux choses, peut-être que vous vous en êtes rendus compte d’ailleurs
à un certain moment, lorsque je vais vous le dire, ça va faire écho.
Mais, 1ère chose : dans la façon dont un professionnel (un éducateur, un infirmier, un directeur
d’établissement, un chef de service…) peut vous solliciter, la formulation qu’il adopte pour vous
solliciter, peut être parfois à côté de ses attentes. Vous pourriez être, et là aussi il faut être très vigilent,
vous pourriez être amenés à vous sentir convoqués par rapport à la formulation qui vous est adressée, et
en même temps, ça arrive assez fréquemment, vous rendre compte que ce n’est pas ça que le
professionnel attend, c’est autre chose. Donc ça peut être intéressant de se donner le temps de réfléchir un
petit peu à ce qui se passe pour ce professionnel, à la façon dont il vous sollicite, pour essayer de repérer
ce qu’il attend de vous, et de répondre par rapport à cette attente ; non pas par rapport à la question qu’il
vous pose, mais par rapport à cette attente.

Je vais vous donner un exemple : la pratique du psychologue, activité qui a une dimension
psychothérapeutique, encore une fois quelle que soit l’appellation qu’on lui donne, attire très fortement la
curiosité des professionnels. Surtout lorsque le professionnel en question est discret par rapport à ce qui
peut se passer, puisque c’est souvent la question qui est posée : « qu’est-ce qui se passe dans ce cadre

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là ? ». Alors, ce que l’on repère assez souvent, c’est que le professionnel lorsqu’il pose une question à
propos d’une situation précise et d’une personne précise, lorsqu’il vous pose une question à propos d’une
personne particulière : « est-ce que untel t’as dit que ? Moi, il m’a parlé de ça, mais est-ce qu’il t’en a
parlé à toi ? ». C’est extrêmement classique. Parfois, cette curiosité ne porte pas tant sur la personne en
question, mais porte sur le boulot du psychologue : qu’est-ce qu’il fait dans ce bureau, qu’est-ce que c’est
que ce boulot ? Alors parfois, c’est ce qui peut mobiliser le professionnel lorsqu’il vous pose une question
précise à propos de tel patient ou de telle personne. Et ça, c’est intéressant d’être sensible à cela, parce
que du coup vous pouvez assez facilement « satisfaire », répondre à la curiosité qui est celle du
professionnel, mais sans pour autant aborder quoi que ce soit à propos de la personne dont il est question.
Là effectivement il faut de la finesse, il faut d’autant plus de finesse que l’histoire des institutions
imprègne les rapports entre professionnels, les rapports de professionnel à professionnel. C’est pas
toujours simple. Alors, ça c’est une 1 ère chose que je peux vous dire. Du coup, ça signifie que lorsqu’un
professionnel quel qu’il soit vous interpelle, donnez-vous le temps. Ca c’est vraiment une règle, donnez-
vous le temps d’explorer ce qu’il amène. Et quand je dis ça, je sais combien c’est difficile, parce que le
temps dans l’institution c’est souvent, et de plus en plus, quelque chose qui est compté. Je ne sais pas
comment vous vivez ça dans vos institutions respectives, mais c’est souvent dans la précipitation que les
choses se font dans les institutions, il faut faire les choses vite, on n’a pas de temps, on n’a pas de
moyens…, enfin tout ça ça fait partie de la réalité institutionnelle dans laquelle nous exerçons. Donc
prenez le temps d’explorer ce qui amène le professionnel vers vous, et alors là, il peut y avoir mais
vraiment plein de choses. Et c’est finalement assez rarement, et ça par expérience je peux vous le dire,
c’est assez rarement, ce qui amène le professionnel à vous poser une question précise par rapport à tel ou
tel travail psychothérapeutique, c’est assez rarement la personne en soi qui est à l’origine de sa curiosité,
c’est très souvent autre chose, pas toujours hein, mais très souvent. Et alors c’est très souvent aussi les
difficultés que rencontre ce professionnel là avec cette personne, et là aussi il y a vraiment une possibilité
de travailler ça avec ce professionnel, sans pour autant soulever, lever quelque chose qui concerne le strict
cadre psychothérapeutique.
Alors par rapport à ce « il faut bien dire quelque chose" », dans le sens où vous ne pouvez pas rester
muet ou vous êtes un être de parole ; professionnellement le métier de psychologue clinicien, quand on dit
que c’est le métier d’un être de parole, ça a son poids. C’est vraiment un être de parole, donc bien sûr
qu’il va dire quelque chose. La question que vous pouvez vous poser c’est pas tellement est-ce qu’il faut
dire quelque chose ou ne pas dire quelque chose, bien sûr qu’il faut parler, mais quoi dire ? Et là ce que je
viens de vous signaler c’est qu’une partie de la réponse à cette question là est à situer dans l’analyse de la
situation que vous rencontrez. Et dans l’analyse de la situation que vous rencontrez, et donc du coup, ce
que je vous ai indiqué à l’instant aussi, dans l’exploration de la situation.
Alors, par rapport à cette activité à dimension psychothérapeutique, là aussi quand vous
accompagnez une personne dans cette démarche là, que vous êtes engagés avec elle dans un travail de
type psychothérapeutique, que cette personne se trouve être prise en charge dans une institution, que vous
proposez cet accompagnement dans le cadre d’une institution : la plupart du temps, l’occasion est donnée
au professionnel qui accompagne cette personne de parler de cette prise en charge. Alors là aussi, quand
je vous parle de discrétion absolue, ça ne signifie pas que vous n’avez rien à dire de la personne que vous
accompagnez. Et là aussi, c’est vraiment des nuances importantes. Ce n’est pas parce que je vous propose
de réfléchir à ce principe de la discrétion absolue que cela se traduit dans la pratique par un « je ne parle
pas des personnes dont je m’occupe ». Effectivement, vous ne pouvez pas dans une institution, ne pas
parler des personnes qu’on vous confie dans cette institution, surtout s’il y a un travail d’équipe, surtout si
la prise en charge est prise dans un élan pluridisciplinaire, vous ne pouvez pas. Mais parler de la
personne, ce n’est pas décrire ce qui se passe dans le cadre psychothérapeutique avec elle. On évoquait

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cette question là au niveau des compte rendus qui peuvent être, entre guillemets, exigés aux psychologues
par rapport aux entretiens qu’il peut avoir. Le fait de dire que « le psychologue a rencontré la personne ce
jour là, à telle heure », c’est une façon de parler de cette personne là. Alors là aussi, dans ces moments
institutionnelles où l’équipe pluridisciplinaire se réunie, où le psychologue se réunie avec l’équipe
pluridisciplinaire, pour parler par exemple de tel ou tel cas, ou de telle situation, là aussi vous êtes en train
de l’apprendre : à vous situer dans ces réunions, et vous êtes en train d’apprendre en même temps quelle
peut être votre objectif à être présent dans ces réunions. Et par rapport à ça, vous ferez votre chemin de
psy. En tout cas, ce qui est certain c’est que le principe de discrétion absolue, et cette nécessaire
étanchéité dont je vous ai parlé la fois dernière, entraîne dans ces réunions que rien qui n’appartienne au
cadre psychothérapeutique ne soit sorti de là, et sorte à l’extérieur, pas même en réunion
pluridisciplinaire. Et surtout pas, quand je dis ça je suis dans la provocation, surtout pas sous le prétexte
du secret partagé. Parce que le secret partagé, là on est du côté d’une notion juridique institutionnelle.
Donc là si je parle d’une étanchéité, c’est toujours encore dans un principe clinique.

-Question : Et ça voudrait dire que pour maintenir ce cadre là, admettons une situation, parce que je
pense que ça peut arriver, où la personne qu’on rencontre en entretien, notamment au niveau hospitalier,
va nous demander ou essayer de nous mandater pour essayer de passer un message auprès d’autres
professionnels, notamment des médecins. Donc à ce moment là pour maintenir ce cadre là, ça serait de
renvoyer à la personne que ça serait peut-être bien qu’elle en parle elle-même, sans passer par nous.
-Casper : Alors là, d’abord c’est pas tout à fait la même question que vous posez, que celle de la
discrétion absolue, puisque là en l’occurrence, si on part de cette idée que la parole appartient à la
personne, ma foi là de toute façon ce qu’elle va réserver comme destin à ce qu’elle dit, par exemple dans
le cadre d’une séance d’entretien (pas sûr, inaudible) : ça ne nous appartient pas. Par contre, il me semble
important, ça a à voir avec le travail clinique, que d’explorer avec elle ce qu’elle envisage là, ou ce
qu’elle vous demande éventuellement là, de voir avec la personne à quoi ça peut correspondre, et en
fonction de la façon dont cela s’inscrit dans le travail de cheminement au long duquel vous
l’accompagnez, et de voir avec elle comment cela peut se poser. Là vraiment, il ne peut pas y avoir de
règle, c’est vraiment quelque chose qui touche à la singularité du travail avec la personne, c’est avec la
personne, tant qu’on n’a pas creusé la situation avec cette personne là, on ne peut pas avancer. Parce que
vous « mandater », vous pouvez vous sentir mandaté aussi. J’ai l’exemple en tête d’un gamin qui disait
comme ça d’une personne : « de toute façon cette personne jamais elle acceptera de vous voir ». C’est
dans ce parcours là, cet accompagnement là, avec cette personne là, qu’il m’a semblé nécessaire
d’envisager de rencontrer avec l’enfant cette personne. C’est vraiment pour cette personne là, parce qu’il
y avait quelque chose qui avec moi se manifestait d’un questionnement, d’une interrogation. Alors là, je
n’ai pas été mandatée, pas du tout.
Par rapport à cette discrétion absolue, et par rapport à la question que vous posez, ce qui arrive assez
souvent, alors ça aussi, l’enfant est très démonstratif de ce point de vue là, mais l’adulte peut parfois
emprunter le même chemin : l’enfant met souvent à l’épreuve cette discrétion absolue, et de façon parfois
extrêmement inattendue. Il faut être très vigilant par rapport à ça. Il peut vous mettre, parce que c’est bien
le professionnel dont il est question, il
peut vous mettre à l’épreuve dans cette discrétion absolue. Et l’exemple qui me vient assez
facilement à l’esprit, parce que c’est très fréquent, je vous en ai déjà parlé d’ailleurs : lorsque dans une
institution on suit un certain nombre de personnes, il arrive très souvent qu’un enfant repère dans votre
bureau quelque chose, peu importe quoi, ça peut être un bout de pâte à modeler qui est resté accroché à la
moquette. L’enfant repère ce bout de pâte à modeler, alors c’est bien l’enfant qui, de la façon dont il est
attentif à cet environnement là, se saisit de cet élément là pour signifier quelque chose du genre : « Ah, ça

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c’est pas untel qui a laissé ça là ? » , ou alors autre possibilité : « ça je suis sûr que c’est machin qui a
fait tomber la pâte à modeler. ». Et très souvent, c’est une façon de mettre à l’épreuve la discrétion du
psychologue. Mais pas mettre à l’épreuve dans un but de contrôle, de mettre à l’épreuve parce que, et là
aussi c’est pas mettre à l’épreuve comme ça, c’est mettre à l’épreuve car pour l’enfant se joue une
inquiétude là, dans son histoire, dans ce qu’il vit, dans ce qu’il traverse là. C’est une inquiétude qui est
celle de l’enfant à ce moment là. Alors c’est vraiment intéressant de se donner les moyens d’explorer cette
inquiétude. Là c’est vrai que le travail en institution, en équipe pluridisciplinaire n’est pas toujours très
simple là.
Alors par rapport au travail pluridisciplinaire, toujours en lien avec cette discrétion absolue ; ce qu’il
faut aussi avoir en tête, ce que vous pouvez prendre en compte dans la façon de penser ces situations,
c’est que si vous avez le soucis de cette discrétion dans votre pratique, même dans votre pratique de
stagiaire, vous ne pouvez pas empêcher, ça aussi c’est tout à fait logique, vous ne pouvez pas empêcher
les personnes de parler du psychologue dans son travail, avec telle ou telle personne. Et là aussi un petit
exemple du côté de l’institution où j’exerce avec des enfants, un petit exemple : je vais chercher un enfant
avec lequel j’ai rendez-vous, je vais le chercher dans un environnement, dans un cadre qui est le cadre
scolaire. En le cherchant j’entre dans un contact avec l’enseignant qui au moment où l’enfant passe la
porte de la classe dit à l’enfant (alors je dis enseignant mais ça peut être un autre professionnel, c’est pas
ça qui est important), il dit à l’enfant quelque chose du genre : « ce dont tu m’as parlé hier tu en parlera
la discrétion absolue et l’étanchéité dont je
au psychologue ». Vous voyez là,
vous parle, elle est en vous, c’est celle que vous mettez en place par
rapport au cadre dans lequel vous accueillez la personne . Mais entre ce
qui constitue le contexte extérieur et ce cadre, il y a des tas de choses qui peuvent être en contact avec ce
cadre là. Et ça aussi ça fait partie de votre univers de travail que de prendre en compte cet aspect là. Alors
je vais ouvrir encore un tout petit peu cette question là : vous vous situez comment là dans le travail avec
cet enfant, si je reprends l’exemple là ? Vous faites quoi de cet épisode avec l’institutrice ?
-étudiante : je prendrais le temps de demander à l’enfant s’il a envie d’en parler, et je n’en parlerais
pas forcément avec l’institutrice car ça serait un peu trahir la parole de l’enfant. On ne peut pas faire
comme si on avait rien entendu. On ne peut pas s’insérer dans la parole que l’enfant a donné à
l’institutrice, car l’institutrice a parlé à l’enfant mais ne nous a pas parlé à nous. Donc être dans une
position d’attente en fait. C’est une question.
-Casper : Alors si je prends par exemple cette idée que l’institutrice a parlé à l’enfant mais ne vous a
pas parlé à vous : donc vous n’y touchez pas ? Je caricature un peu, je vous mets en attente. Je ne sais pas.
En même temps, alors je vais ajouté un élément à cette réflexion, c’est vrai que l’enseignante ne s’est pas
adressée à vous mais à l’enfant ; en même temps vous vous êtes là pour l’enfant. Avec l’enfant et pour
l’enfant. Alors, non seulement vous avez entendu, non seulement vous avez été le témoin de ce que
l’enseignante a dit a l’enfant, mais pas seulement ça : c’est à propos de votre travail avec l’enfant que
quelque chose s’est dit à l’enfant. Vous voyez ça prend une autre tournure. Alors là, c’est aussi quelque
chose qui me semble tout à fait transversal à la pratique clinique, cette souplesse que l’on doit avoir. C’est
que je ne répondrais pas aussi rapidement dans une certaine disposition, ou un certain schéma. Je pense
que ça va dépendre encore une fois de l’enfant et du travail
avec l’enfant. Alors quand je dis ça, c’est qu’il faut bien, là aussi c’est quelque chose que vous n’avez
pas forcément en tête, c’est que ça intervient bien à un moment donné de ce cheminement. Donc de toute
façon ce que vous proposez là, ce que je propose comme exemple, dans un artéfact, puisque j’isole en fait
quelque chose qui prend de toute façon place dans un accompagnement et dans quelque chose qui suit
l’enfant sur son fil. Donc du coup, pris dans cet accompagnement, dans cet itinéraire que vous proposez
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d’emprunter avec la personne, ça peut éclairer de manière tout à fait particulière la situation, l’exemple
que je viens de vous donner. Et ensuite, autre chose, il me semble qu’il y a, je le dis très souvent, il y a
mille façons de signaler à l’enfant que vous avez bien entendu ce que l’enseignant lui a dit, sans pour
autant par exemple l’interpeller précisément à propos de ce que l’enseignante lui a dit. Alors, signaler à
l’enfant la possibilité aussi de signaler quelque chose à l’enseignante, je dis bien « signaler ». Ca reste
encore une fois un éventail, je crois que ça fait partie de toute façon du travail psychothérapeutique, du
travail clinique, que d’avoir en tête que vous avez toujours affaire à une personne, et donc forcément prise
dans une situation qui lui est singulière, et que vous ne pouvez que penser certains épisodes qu’en
fonction de cette situation, de cette personne dans la situation qui est la sienne.
-étudiante : Alors lui signifier qu’on a entendu…
-Casper : « Accuser-réception » : c’est une expression que j’aime bien moi.
-étudiante : Accuser-réception de ses paroles mais respecter aussi le fait qu’il l’ a dit à l’institutrice et
pas au clinicien, tenir compte de ça.
-Casper : Ca c’est aussi un élément qui est intéressant, on aura aussi l’occasion de reprendre certains
de ces aspects au 2nd semestre, lorsqu’on abordera la question du travail psychothérapeutique avec
l’enfant. Et là aussi lorsque vous dites « ne pas aborder », c’est vraiment quelque chose à quoi j’aimerais
vous rendre attentif : c’est lorsque vous dites qu’il n’y a pas à aborder quelque chose que la personne
n’aborde pas elle-même, là aussi je nuancerais un peu les choses parce que vous supposez, en disant cela,
que forcément la personne est en mesure de relever ce qui pourrait vous paraître à aborder, et vous
supposez aussi que la seule volonté, la seule intention de le faire suffirait à ce que ce soit soulevé si la
personne le souhaite. Wouh, wouh, là je suis pas certaine que ça fonctionne toujours comme ça. Mais du
coup, en nuançant un peu les choses, à certains moments il est, dans le cours même du travail avec la
personne, important que le psychologue lui-même introduise ça d’une manière ou d’une autre. Attention,
je ne dis rien de la façon dont ça doit être amené. En tout cas, il me semble important parfois, ça c’est
quelque chose qui est assez fréquent, que le psychologue « dessine une porte » dans la parole (c’est une
image que j’utilise de temps en temps), dessine une porte de manière à ce que cette porte là, la personne
puisse l’ouvrir ou pas. Et le fait de dessiner cette porte là, ça peut être vraiment important parce qu’il se
trouve que pour certaines personnes la dessiner est impossible. Alors ça peut être intéressant de… mais là
encore c’est pas dans le systématique, c’est de toute façon une image qui se concrétise de manière tout à
fait singulière dans le travail avec telle personne ou telle autre personne.
-étudiante : (question inaudible)…simplement s’interroger.
-Casper : Alors de toute façon, lorsque je vous parlais d’accuser-réception, on est bien dans quelque
chose qui est un écart. Accuser-réception ce n’est pas expliquer, ce n’est pas interpréter, c’est simplement
signaler qu’on a été attentif.
-étudiante : C’est valable aussi avec les adultes.
-Casper : Alors, valable avec l’enfant, valable avec l’adulte, il y a beaucoup de chose de toute façon
que vous pouvez penser dans le cadre psychothérapeutique avec l’enfant, que vous penserez de la même
façon dans le cadre psychothérapeutique avec l’adulte. Ca c’est aussi un des points que nous soulèverons
au 2e semestre, c’est finalement de se demander ce qui est spécifique dans la prise en charge
psychothérapeutique, ou l’accompagnement psychothérapeutique de l’enfant. Ce qui est spécifique à
l’enfant dans ce travail là, pour dire les choses encore autrement. Mais il est évident que le travail clinique
est dans ses principes le même. Dans ses principes, dans la démarche, dans la visée, le même. Il y a
simplement des aspects qui sont spécifiques à l’enfant, et qu’il faut prendre en compte.

Alors, pour en revenir à la discrétion absolue, je vous parlais de ce qualificatif d’ « absolu »,


qualificatif qui a été réfléchi, qui a fait l’objet d’un choix. Absolu renvoie à un principe inconditionnel et

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renvoie aussi à un tout, ça ne peut pas être juste un peu, ça ne peut pas être absolument discret un peu.
Donc par rapport à la question que vous posiez, si vous pouvez vous demander « est-ce que je ne pourrais
pas dire un tout petit quelque chose, un petit bout, un petit truc ? », alors là aussi la pratique avec l’enfant
est assez illustrative parce qu’il y a bien sûr la parole, mais avec l’enfant il y a aussi toute une série de
supports que l’on peut utiliser, qui peuvent exister dans le cadre thérapeutique avec l’enfant. Et il y a un
support qui peut exister qui est celui très classique du dessin. Et on peut être tenté comme ça d’offrir
comme petit bout de quelque chose un dessin, par exemple. Surtout que c’est facile à trimballer un dessin,
c’est pas comme la pâte à modeler, si tant est qu’elle perdure quelque part. Une feuille de papier c’est
facile à emporter. C’est vrai que la question qui se pose c’est de savoir comment prend place un dessin
dans le cadre psychothérapeutique ? Est-ce qu’il est finalement détachable de ce cadre là ? Tout ça parce
que j’ai en tête des exemples de réunions où on peut se dire qu’il est parfois, je vais le dire comme ça,
qu’un dessin est parfois plus facile à exposer, à offrir à l’équipe pluridisciplinaire ou à la collectivité,
qu’une parole par exemple.
Ca fait partie d’un apprentissage qui ne doit quand même pas être facile, je ne sais pas comment vous
êtes accompagnés dans ce travail là, mais qui ne doit pas être facile, d’être confronté à des sollicitations
institutionnelles, qu’elles se fassent par l’intermédiaire de telle figure professionnelle, ou par
l’intermédiaire d’un espèce de collectif. Ca ne doit pas être facile. Comment vous faites quand on vous
demande de parler de, je ne sais pas, si vous êtes dans un travail de suivi avec une personne ? Si on vous
demande en réunion, ou en faisant la pause café dans une salle où il y a du monde, de dire quelque chose
de cette personne que vous suivez ? Vous avez déjà été confrontés à ça ?
-étudiante : Moi en fait je suis dans un ITEP en charge des enfants ayant des troubles du
comportement. Et on a fait les synthèses de ces enfants, synthèses du 1er trimestre là, et donc en synthèse
se retrouvent tous les professionnels concernés : l’éducateur porteur du projet, l’enseignant, le cadre
éducateur, la psychiatre du service, la directrice de l’ITEP, et donc le psychologue. Et donc les synthèses
que j’ai faites, j’ai fait le bilan du point où j’en étais dans la prise en charge de ces enfants, et j’ai dressé
comme ça un tableau de ce que j’ai compris de son mode de fonctionnement, de sa personnalité. Par
exemple, il y en a un où j’ai posé l’hypothèse d’une dépression. Voilà, ce qu’on a un petit peu appris en
théorie l’année dernière et guidée par ma référente.
-Casper : vous avez parlé de l’enfant dans une perspective diagnostique en fait ?
-étudiante : Non, enfin diagnostique dans un premier temps pour moi, parce que si vous voulez,
étant en formation j’ai besoin de passer par ce stade là. Du moins moi j’en éprouve le besoin, pour après
élaborer une prise en charge plus pointue, plus précise par rapport au mode de fonctionnement de tel ou
tel enfant. Du moins c’est ce que je ressens au jour d’aujourd’hui, peut-être qu’à la fin de l’année je ne
dirai pas la même chose, je ne sais pas.
-Casper : Alors, sans doute. Ca ne veut pas dire que vous basculerez dans autre chose. Là, l’axe de
réflexion passionnant mais pas simple non plus que vous soulevez est celui de l’articulation, de la façon
dont on peut envisager l’articulation entre prise en charge, alors dans ses modalités, et quelque chose qui
est quand même de l’ordre du diagnostic. C’est sans doute là assez spécifique à la formation en M2 où
vous êtes presque des professionnels, où
vous pensez beaucoup plus à partir du professionnel que d’être confrontés dans vos stages à ces
questions là. Parce que vous y êtes confrontés justement sur le terrain, donc dans un contexte qui n’est pas
du tout celui de l’université, et en même temps, dans une formation universitaire ; donc ce qui vous
permet vraiment de développer une réflexion sur la façon dont vous pouvez mobiliser des apports
universitaires et en quelque sorte faire exister ces apports universitaires dans la pratique sur le terrain.
C’est extrêmement complexe. Et alors sur un point aussi particulier, et quand je dis particulier c’est
extrêmement fréquent qu’on soit amené à développer cette réflexion là, aussi particulier que l’articulation

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entre peut-être ce que j’appelle moi la perspective diagnostique et la prise en charge. Alors je dis fréquent
parce que je ne pense pas que ça se pose dans toutes les structures où on travaille.
-étudiante : C’est ce qui m’interroge aujourd’hui.
-Casper : Alors pas forcément, en tout cas elle ne se pose pas forcément pas forcément par
l’intermédiaire de la structure. En même temps, vous parliez de votre stage en ITEP avec des enfants qui
ont des troubles du comportement. Alors c’est là où c’est des éléments importants je trouve, vraiment à
prendre en compte : c’est que d’emblée du côté de l’institution où vous faites votre stage, d’emblée existe
cette perspective diagnostique, puisque ce ne sont pas des enfants qui ont des troubles du comportement,
plus précisément, et c’est comme ça que je suis amenée à penser les choses aujourd’hui : ce ne sont pas
des enfants qui ont des troubles du comportement, ce sont des enfants qui sont accueillis dans cette
structure sur le motif de troubles du comportement. Pour être plus exacte et rigoureuse, c’est comme ça
que je dirais les choses. Donc d’emblée existe dans le contexte institutionnel, dans la structure, en fait de
ce stage, cet élément diagnostic, qui trouve à se ramifier, qui trouve de son épaisseur ensuite dans le lien
que l’on peut faire entre ce que l’on appelle les troubles du comportement et par exemple la question de la
structure psychique. Donc d’emblée cela existe, donc du coup la réflexion sur cette articulation entre
perspective diagnostique et prise en charge nous met du coup en lien aussi avec l’établissement lui-même,
sa politique, sa mission, et du coup ça nous oblige à réfléchir à la manière dont un psychologue peut se
situer dans établissement comme celui-ci. Ca c’est un niveau, un aspect, un niveau de cette question là.
Parce que vous parliez de réunion de synthèse, alors vous précisiez en quelque sorte la direction
empruntée, en tout cas la démarche qui est la votre dans ces réunions de synthèses. J’étais en train de me
dire que les mots que va utiliser le psychologue pour parler de la personne ont effet sur la réunion elle-
même, mais aussi sur les personnes qui sont présentes ; et il y a, ça aussi je crois que c’est intéressant
d’être vigilant en tant que psychologue à cette dimension là, il y a des mots qui ont une actualité
particulière. Alors je pense à ça parce que vous parliez d’une dépression. Il y a vraiment des mots qui ont
une actualité particulière de manière générale dans le discours social, et peuvent aussi avoir une actualité
tout à fait particulière dans le discours de l’institution, cette fois dans un discours social plus local, plus
restreint, dans le discours de l’institution. Donc il est important d’être extrêmement vigilant dans les mots
que l’on utilise. Il faut vous demander toujours comment en utilisant ces mots là, un mot, ou ce mot là, on
se met en contact avec ce discours là.
Alors, il y a encore un autre aspect, c’est que dans une équipe pluridisciplinaire, je ne sais pas si c’est
le cas dans ces réunions de synthèses, qui peut réunir des professionnels différents autour du même
enfant, mais peut aussi, et là c’est quelque chose aussi à prendre en compte, il peut aussi y avoir parmi ces
professionnels plusieurs psychologues. Là aussi avec pour chacun d’entre eux une manière d’envisager sa
propre pratique. Là aussi ça fait partie de cette réalité à laquelle vous êtes confrontés que d’être mis en
contact avec des pratiques de psychologues qui peuvent être parfois ou sur certains points, un peu,
beaucoup, ou très différentes de celle que vous pouvez envisager. Donc du coup là ce que vous engagez
c’est aussi les psychologues de manière générale, transversale dans l’établissement et votre propre rapport
aux confrères. Là aussi c’est toujours complexe parce que cette question là peut rencontrer celle des psys
dans l’institution ou celle de l’histoire des psychologues dans l’institution.
Bon je vais vous proposer d’arrêter là.

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